Dossier de presse

43
Nicolas Guilbert Dossier de presse fév. 2006

description

Dossier de presse Nicolas Guilbert

Transcript of Dossier de presse

Page 1: Dossier de presse

Nicolas GuilbertDossier de presse

fév. 2006

Page 2: Dossier de presse

“Coco” dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie AttitudeParis, 1984

Page 3: Dossier de presse
Page 4: Dossier de presse

“Rue des Italiens”Exposition au journal Le Monde, rue Falguière, 100 dessins à l’encreÉdition La Découverte & Le MondeParis, 1990

Page 5: Dossier de presse

Sculptures en bois flottés, Espace Rochechouart, Eric DanelParis, 1993

Page 6: Dossier de presse

Sculptures en bois flottés, Espace Rochechouart, Eric DanelParis, 1993

Page 7: Dossier de presse
Page 8: Dossier de presse
Page 9: Dossier de presse
Page 10: Dossier de presse
Page 11: Dossier de presse
Page 12: Dossier de presse

“À Table” dessins, collages, photographiesSaint James, Bordeaux1994 - 1995

Page 13: Dossier de presse
Page 14: Dossier de presse
Page 15: Dossier de presse
Page 16: Dossier de presse

“À Table” dessins, collages, photographiesSaint James, Bordeaux1994 - 1995

Page 17: Dossier de presse
Page 18: Dossier de presse

Sud-Ouestjuin 1995

Page 19: Dossier de presse

Le Nouveau Quotidien (Lausanne)6 septembre 1995

Page 20: Dossier de presse

“Le ruban rouge à la plage” encres et collages, La Manufacture des ŒilletsIvry, 1996

Page 21: Dossier de presse
Page 22: Dossier de presse

P a ra l l é l e m e nt à son t ravail sur papier, to i l ee t b o i s, N i colas Guilbert dessine et p e i nt

sur des t u i l e s . Depuis to u j o u r s .De ces tuiles chaulées séculaire m e nt p at i n é e spar la mer dans les parcs à huîtres du bassind ’A rc a c h o n , i l a fa i t le support d ’un jeu deformes énigmatiques mais aussi d’un jeu ave cle mat ériau qui , a b s o r b a nt i n s t a nt a n é m e ntl ’e n c re , i nt e rd i t à l ’a rtiste to u t re p e nt i r.G u e r r i e r s, l a n c i e r s, a r m é e s - fa ntô m e s, nus mas-culins e t fé m i n i n s, si lhouet tes hiérat i q u e s,N i colas Guilbert p o u r s u i t ici son t ravail sur laf i g u re humaine, sur sa solitude, son mys t è re ,son inquiétude, ce dont t é m o i g n e nt é ga l e-m e nt co l l a ges et d é t rempes sur papier .

“Solo” détrempes sur tuiles, encres, collages et peintures, Muriel Durand-DomangeParis, 1997

Page 23: Dossier de presse
Page 24: Dossier de presse

“Tête à Tête” encres, collages et peintures, Eric ZajdermannParis, 1996“Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des OeilletsIvry, 2002

Page 25: Dossier de presse

Communiqué de pre s s e

Tête à Tê t eDe Nicolas Guilbert

Une ex p o s i t i o nUn livre

Pe i nt re et d e s s i n at e u r, N i colas Guilbert p o u r s u i t depuis plusieurs années un t rava i lsur la figure humaine – son identité para d oxa l e , son mys t è re , son inquiétude.U t i l i s a nt les techniques mixtes du co l l a ge , de l’e n c re et de la détrempe sur papier,cette galerie de port raits imaginaires se sépare de la pro b l é m atique de la re s s e m-b l a n ce pour mieux ex p l o rer la co m p o s a nte mythique de toute re p ré s e nt at i o nh u m a i n e.Comme le souligne Alain Jouff roy, N i colas Guilbert « p e i nt le visage de l’hommecomme un lieu de re n co nt re s, un carre fo u r, une plaque to u r n a nte de toutes sort e sde choses étra n gè res à l’homme ou fabriquées par l’homme. On n’y re co n n a î t p a s,a j o u t e - t- i l , le souci de coller à une act u a l i t é , à une co nt e m p o ranéité prov i s o i re quel-co n q u e. Ce sont les port ra i t s, co l l e ct i fs et a n o ny m e s, d ’une humanité en t rain den a î t re sur les désirs, les re s t e s, les déchets, les t ra ces d’une pré cé d e nte humanité. »Ni cubistes, ni surré a l i s t e s, ni ex p ressionnistes et e n co re moins abstra i t s, ces por-t raits se jouent du réel avec éléga n ce et h u m o u r, re co m p o s a nt la tête humaine d’u nt ra i t p u i s s a nt e t p o é t i q u e.

Décliné en de multiples fo r m at s, ce t ravail a déjà fa i t l ’o b j e t de plusieurs ex p o s i-tions parisiennes, n o t a m m e nt e n 1996 et 1 9 97. Au j o u rd ’ h u i , ce sont p rès de cin-q u a nte têtes inédites qui sont exposées à la Manufa ct u re des Œillets à partir du2 1 mars 2002.

Cette exposition s’a ccompagne de la publication d’un livre – Tête à Tête – re g ro u-p a nt plus de 65 port raits effe ctués depuis 1994.

Page 26: Dossier de presse

Une humanité clandestine par Alain Jouffroy

Rien n’est plus difficile que de décrire, en mots, unvisage. Chaque visage forme un tout singulier, quipeut devenir familier, se faire immédiatementre co n n a î t re , mais demeure inabord a b l e. P l a cé au-dessus du corps, il lui est supérieur dans tousles sens : il dit plus que les mains, plus que tousles ge s t e s . Il vit e t rayonne au-delà d’e u x.Photographié, on ne le reconnaît pas toujours, carla photographie n’en saisit qu’un très court ins-tant, le pétrifie dans l’arbitraire de ce seul instant.Mais quand l’écrivain tente de décrire un visage,même s’il réussit parfois à en communiquer lesexpressions, les mimiques les plus courantes, iln’entre pas dans l’énigme de son regard, qui ouvresur une intériorité insaisissable. Il se place, par lesmots eux-mêmes, dans ce que sa visibilité, sa « visagéité » même, rend intraduisible en d’autresformes que visuelles.

Fa ce à un visage , comme l’a fa i t si souve ntG i a cometti avec celui de son frè re Diego, s afemme Annette et bien d’autres encore, le peintreéprouve face à eux un vertige comparable, enintensité, à celui de l’écrivain. Et pourtant, contrai-rement à l’écrivain, le peintre habite le monde dela vue. Son regard croise un autre regard, ses yeuxse confrontent directement à des yeux : il vit, lit-téralement, une forme particulière du « corps àcorps », le « tête à tête ».

C’est aussi mon expérience, quand j’ai posé pource rtains peint re s, comme Jean Hélion, e t cedepuis mon adolescence. La confrontation qui alieu entre le modèle et son peintre est chargée desilences, de difficultés entrecroisées, toutes plusindéfinissables les unes que les autres. Le peintreobserve et voit, le modèle se sent observé et vu,mais quelque chose manque, un trou se creusedans la distance qui sépare le pinceau, ou lecrayon, du visage que l’on a, et que, soi-même, à

ce moment, on ne « voit » pas. Nous ne sommespourtant pas, le peintre comme soi-même, plusaveugles l’un que l’autre. Mais le « pour-soi », enl ’o cc u r re n ce , ne coïncide pas avec le « pour autrui ».Seul Matisse, peut-être, dans les très nombreuxportraits qu’il a dessinés d’Aragon, a approché, parla multiplicité même de ces port ra i t s, ce quibouge sans cesse, ce qui change d’une seconde àl’autre dans chaque visage d’homme éveillé. Maischacun de ces portraits pris à part ne dit jamais, àlui seul, ce qu’était le visage, infiniment mobile,i n q u i e t , révé l ateur jusque dans ses masques,d’Aragon.

Quand j’ai rendu visite, rue Christine, pendant lesannées cinquante, à Dora Maar, elle était encoree nto u rée d’une t re ntaine des port raits quePicasso a fait d’elle, et qui n’étaient pas tous com-posés d’une face et d’un profil contigus et convul-sifs. M’interrogeant à leur sujet, je lui en ai parlélonguement, en tentant de reconstituer le drameque fut sans doute, pour Picasso, cette extraordi-naire tentative de saisie totale du visage d’unefemme aimée, qui pleurait facilement, mais aussisavait être sereine, sourire, et même rire. A plu-sieurs reprises, venant chez elle, à cette époque,plusieurs fois de suite, c’était toujours pour luireparler de ces portraits, à peu près contempo-rains de Guernica. Dora, qui m’écoutait parfoisavec surprise, en déduisit que j’étais capabled’écrire sur la peinture, et d’en expliquer quelquesressorts cachés : j’étais loin d’en être convaincu, etc’est en quelque sorte contraint et forcé par elle,que j’ai commencé à écrire, de plus en plus sou-vent, sur les peintres et leurs tableaux. Mais celane résolvait pas du même coup la plus grande detoutes les difficultés : celle qui consiste à rendrecompte, de manière claire et convaincante, de ceque j’appelle l’aporie du portrait. Je crois n’y êtrejamais parvenu.

“Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des OeilletsIvry, 2002

Page 27: Dossier de presse

Pour se séparer de la problématique de la ressem-blance, à laquelle Pierre Klossowski a consacrétant d’attention, et tant de réflexion, les peintreschoisissent souvent une autre voie : celle de laré i nve ntion du visage. Ils peignent alors desvisages, des têtes imaginaires, qui ne visent àaucune ressemblance, mais créent de nouvellesprésences, fantomatiques, bizarres sinon mons-trueuses, décalées en tout cas de tous les visagesexistants. Des visages autonomes, qui n’existentque par la grâce de la liberté du dessin, de la pein-ture, ou du collage. Schwitters fut l’un des pre-miers à choisir cette voie, en sculpture comme enpeinture. Mais aussi Max Ernst, Victor Brauner etMatta. Quand les peintres inventent des visages,que cherchent-ils ? A percer le mystère de cettechose absolument inconnue qu’on appelle l’iden-tité ? A contourner ce mystère, à le dépasser ded i verses manière s, plus ave nt u reuses les unesque les autres ? Ils refusent, pour la plupart, deconfondre cette identité avec la ressemblancep h o to g ra p h i q u e , d o nt on sait combien mêmepour la police antiterroriste, elle peut être trom-peuse.

C’est ce qui se passe derrière le visage qui les inté-resse, et cela depuis Giorgio de Chirico. Mais quese passe-t-il derrière les visages ? Des idées, desrêves, des inquiétudes, des sentiments obscurs etcontradictoires ? Impossible de répondre à cettequestion. Ces peintres créent donc des sphinx,une multitude de sphinx, qui jalonnent toutel’histoire de la peinture du xxe siècle, et consti-tuent à eux seuls une toute autre sorte de Valléedes Rois. Mais on oublie, ce faisant, que le visagedu Christ, comme celui de Bouddha ou de Lao-Tseu, n’ont aucun modèle réel, même celui, plusque suspect , de la « Sainte Fa ce » de Tu r i n .L’Humanité a été gouvernée, pendant des siècles,par des visages imaginaires, dont l’identité mêmere l ève , p a rt i e l l e m e nt , de l’imaginaire.Re co m m e n cer à en peindre , a u j o u rd ’ h u i , c’e s taussi se lier à la t radition de ces visage smythiques, tenter d’y substituer d’autres mythespar d’autres moyens.

Nicolas Guilbert, peintre et collagiste, a choisi, àson tour et à ses risques et périls, cette voie fré-quentée par des peintres imaginatifs, créateursou non de mythes. Il a fait ce choix pour renouve-ler le concept même de visage, sinon pour le sau-ver en commençant par le détruire. Visages défi-gurés, ces portraits n’évoquent littéralement per-sonne, sinon l’homme – ou l’homme-femme. Il

peint le visage de l’homme comme un lieu de ren-contres, un carrefour, une plaque tournante detoutes sortes de choses étrangères à l’homme, oufabriquées par l’homme. On n’y reconnaît pas lesouci de coller à une actualité, à une contempora-néité provisoire quelconque. Ce sont les portraits,collectifs et anonymes, d’une humanité en trainde naître sur les débris, les restes, les déchets, lestraces d’une précédente humanité, où l’on a cru, silongtemps et si vainement, que A = A, et que, parco n s é q u e n ce implicite, B = B. Je les re ga rd ecomme les planches anatomiques de cette nou-velle humanité, dont on ne fait que commencer àprendre conscience, et qui triomphera sans doutede l’autre. Ce qui implique une toute autre diffi-culté que celles dont je viens de parler.

La nouvelle difficulté que suscitent les portraitssans modèles de Nicolas Guilbert, c’est celle quiconsiste à deviner ou à pressentir ce que pourraitêtre cette nouvelle humanité, telle que NicolasGuilbert en ressent lui-même l’avènement pro-bable. Il aborde ce continent-là avec franchise,détermination, volonté, avec la poésie, la lucidité,l’humour néce s s a i re s . I c i , un billet de banquebarre les yeux, ou le nez et la bouche. Là, c’est lanuit, toute la nuit et les étoiles qui occupent levisage. A côté, ce sont des explosions, des tachesde sang. A i l l e u r s, c’e s t le fa ntôme photo g ra-phique du re ga rd d’un poète qui s’y cache.Ailleurs encore, c’est le visage tout entier qui sed é c h i re , ne pré s e nte plus que des lambeauximpossibles à identifier en « regard », « nez », «bouche », etc. Une sorte de magma en fusion,habité par le feu, la poussière, ou je ne sais quellepartie inconnue du cosmos. Des préfigurations,plutôt que des figurations. Des avant-portraits,plutôt que des portraits. Des élans, des sauts dansun autre portrait, collectif, d’une humanité pos-sible, qui naît ici et là, au hasard de quelquessituations, de quelques événements imprévus.

Drôle de nouvelle humanité ! Elle est pourtant là,partout sous-jacente, nous pouvons en vérifierchaque jour, depuis quelques t re nte années,l’émergence souterraine continue. Pas forcémentdiabolique, pas forcément cruelle, pas forcémentindifférente, pas forcément « inhumaine ». Non.Une humanité simplement atypique, héritière del’autre, ou des autres, mais désagencée, décentréepar rapport à elles, et comme en porte-à-faux surtoute leur immense histoire, depuis mademoisel-le Lucy et quelques autres humanoïdes. U n ehumanité clandestine, en ré s e rve , p o t e nt i e l l e

Page 28: Dossier de presse

mais déjà toute puissante, puisqu’elle échappe àtoute prévision, à tout calcul, et ne sera pas exclu-sivement dépendante de la science, qui n’est pas,en soi, une forme de pensée. Une humanité anar-chique, polymorphe, plus que jamais contradic-toire, tragique et clownesque, apocalyptique etpacifique, au-delà de tout ce que nous appelonsencore, avec nos vieux concepts, « raison » et «folie », « intelligence » et « bêtise », « être » et «existence ».

Il faudra bien les interpréter, un jour ou l’autre, cesénigmatiques portraits d’une humanité qui nerelève pas uniquement de l’imaginaire et ne sesituent ni dans la perspective cubiste, ni dans lap e r s p e ct i ve surré a l i s t e , ni dans la perspect i veexpressionniste, ni dans la perspective « abstraite», mais déjà, au-delà d’elles. Et cela, sans jamaistomber dans le piège de la parodie et de la cita-tion postmodernes. En toute indépendance parrapport aux modes et aux goûts du jours. Commeça, avec une sorte de naturel, d’évidence sponta-n é e , en at t e n d a nt c a l m e m e nt l ’ i nt e r p ré t at i o njuste qui pourra, qui devra en être faite un jour.

Un tel face-à-face, un tel tête-à-tête avec unehumanité en train d’apparaître, en train de surgirà travers les mailles, les grilles et les codes du pré-sent de ce début, catastrophique, de millénaire,suscitera, on peut le parier, l’interrogation de nou-veaux chercheurs, plus indépendants que ceuxqui, aujourd’hui, ne cherchent que ce qu’ils veu-lent à l’avance trouver et ne découvrent donc pasgrand chose dans ce que les créateurs accomplis-sent, aujourd’hui, la plupart du temps à leur insu.Nicolas Guilbert n’en a cure. Energique et bienvivant, il fait comme s’il était mort. Mais ce mortest rieur. Ce mort est beaucoup plus vivant, beau-coup plus alerte que d’innombrables viva nt s,immergés comme ils le sont dans leur nihilisme,leur découragement, leur « à quoi bon » perma-nent. Et pourquoi est-il plus alerte, plus vivant ?Parce qu’il est libre. Une exception, une rareté : unindividu librement libre.

Il ne s’insurge pas contre la beauté. Il l’aime. Il nes’insurge pas contre la laideur. Il y découvre deschemins pour passer outre. Il ne s’insurge pascontre la peinture. Il la traverse comme on traver-se la mer, ou le ciel : en naviguant ou en volantp a r-d e s s u s . Il ne s’insurge pas co nt re l’a rt , n icontre l’anti-art. Il les concilie. Mais il se révolteco nt re le manque des grandes int e nt i o n s, l emanque de visions, le manque général de voyan-

ce dont les hommes, e t pas seulement l e sartistes, font preuve tous les jours.

M a î t re de sa révolte co nt re tous les poncifs,auteur d’une œuvre déjà considérable, dont cettesérie de portraits n’est qu’une petite partie, unjardin, secret parmi tout un pays presque incon-n u , N i colas Guilbert at t e n d , c a l m e m e nt , s o npropre temps. Celui des prévoyants. Celui où l’onne s’étonnera plus jamais devant la nouveauté etoù on saura la reconnaître, immédiatement etsans détours, quand elle commence à apparaître,d’où qu’elle vienne. Généreux, Nicolas Guilbertsera, dans ce temps-là – s’il arrive de son vivant –le premier à re co n n a î t re la nouvelle beauté,inventée par d’autres.

Alain JouffroySeptembre 2001

Page 29: Dossier de presse
Page 30: Dossier de presse

Melancolia par Suzan F. Urier

Peu d’ye u x. De vagues oreilles à la Jarry, ce rt e s .Quelques cro i x. Vagues nez . Au t a nt de barra ges surla figure. Du moi sans visage. Poursuite de soi ?Testarossa de Maranella, y voyait un cheval cabré,bien qu’apode.

La fin du Déluge — pierres humaines. Ô babelis-me.

Mélancolie.

Croyons-nous régner au moyen de telles images ?Ou plutô t , c royons-nous nous cacher quelquechose ? De quel sceau croyons-nous nous délivreralors ?Nos figures, empreintes qu’on pose sur les murspour défier nos propres regards.Ô Byzance, ô Coptes, ô retours, ô vieux siècles,Clouet, Quarton, ô têtes, vous qui tombez depuissi longtemps.Fils de l’homme. C répuscule infini du t e m p s .Question désertée par les mots. Qui pose, et pourqui ? Méandres sans fin de la représentationhumaine. Ô Graal. Des mots sur des mots pourgravir l’échelle du temps. Comme toujours.Lutte perdue. Lettre éperdue du temps.

Indevinable figuration. Y a-t-il une loi de ressem-blance ? Y a-t-il un dieu — même petit — derrièrechacun de ces portraits ? Et pourquoi donnerait-ilfigure à nos incertaines pensées ?Est-ce affaire personnelle que l’Imitation ? Est-cejamais soi ? Cette espèce de science qu’ont lespeintres : imiter. Doux Jésus ! que d’images. Quec h e rc h e nt-elles ? Nous rappeler sans cesse ànotre destin d’homme : qui jamais ne sera dieu.Aporie cruelle.

Songeons à l’extraordinaire précession des por-traits de l’humanité. Ils sont le Fils de l’Homme.Comme l’homme se croit Fils de Dieu ?

S’agit-il simplement d’une sauvegarde ? N’est-ceque l’impérieux désir de maintenir le dialogueavec le temps ?Les portraits sont nos souvenirs, nos songes. Ilsfont battre nos cœurs au rythme des ailes du jourqui meurt chaque jour. Et nous croyons être partiede l’image. Souvenirs. Rien que le temps perdu.Proust parle d’un écrivain unique au monde, faitde tous les écrivains du monde écrivant le mêmelivre. Un seul portrait : le nôtre. Un seul instant. Lamême lutte contre tous les anges. Un même lan-gage, quoiqu’on dise. Tout ce que nous consti-tuons, tout ce qui nous constitue depuis la nuitdu temps jusqu’à Francis Bacon. Ô Baal. Nous nerapportons rien de nous qui ne soit la ruine dutemps. Haut mal. Nos corps — têtes — représen-tés sont les pierres de nos existences. Il n’y a pasd’au-delà qui ne soit une image de nous.

Têtes rondes. Marques de l’homme. Têtes auxgestes sans noms, sans gestes, peintes du seulgeste du pinceau rond de Chine qui jamais nes’abaisse ni ne tremble. Insatiable présence de lamartre encrée, oreiller funèbre dessous la tête.Nos lointains sont si proches, comme au fond del’âme, prunelles noires effacées sous ces facesimmobiles.

G randes espéra n ces ou t r i b u t du malheur ?Q u ’ i m p o rte mon pauvre nom, co n cè d ePouchkine. Ne dit-on pas : parfaire le tableau ?Mortels nous sommes, et ce mot de mort nousest talisman.Silence.Derrière l’étroite porte, s’ouvre un visage noir.Notre étendue s’est rétrécie jusqu’à l’infime, etl’infime nous eff ra i e. Que sert-il d’a b h o r rer ladésolation ? Il suffit de la peindre. D’en faire unefin heureuse ?

S’arracher à la gangue de notre être au monde,

“Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des OeilletsIvry, 2002

Page 31: Dossier de presse

l’infléchir de toutes forces. Fuir. Oublier. Pourquoi? Jusqu’à la lie vidée, le parjure de nos consciencesnous requiert. Que sert-il de revivre ?Qui juge ? Les pans de la nuit ?

Il n’est pas inconcevable — aussi — qu’en cesmoments nous aimions mourir enfin : plus rienque l’instant perdu, à jamais perdu.Frapper contre un mur à la tête de la nuit. Vide dutemps.Noêsis absent e. Têtes abutées les unes auxautres. Invisible rotation. Toutes les Lunes et laTerre. Têtes séparées de même. Nettement tran-chées.

Peintes pour ne pas parler. Le réel se tait au jardind’Éden. Car imprononçable est le bruit du pin-ceau. Les paroles meurent sur les lèvres absentes.Passe la vie.Nos têtes, débarrassées de nos corps — verbesrefusés à la chair. Paroles défigurées. Sans langue,vous parlez le muet que nous sommes.Baudelaire.

Au plus près de soi, malentendu tu hantes.

Suzan F. UrierTraduit de l’anglais (États-Unis) par Paul Herlaut

Page 32: Dossier de presse

“One Shot” encres, collages et peintures, Le Garage / Valerie Abécassis Paris, 2003

Page 33: Dossier de presse
Page 34: Dossier de presse

Les bonnes choses de la vie, un livre d’Isabelle Giordano2004

Page 35: Dossier de presse
Page 36: Dossier de presse
Page 37: Dossier de presse
Page 38: Dossier de presse

PeinturesGalerie Teissèdre2004

Page 39: Dossier de presse
Page 40: Dossier de presse

PeinturesGalerie Teissèdre2004

Page 41: Dossier de presse
Page 42: Dossier de presse

Nicolas Guilbertpeintre, dessinateur & photographe

Expositionspersonnelles

1984 - “Coco” dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie Attitude, Paris1990 - “Rue des Italiens” dessins, Le Monde, Paris1993 - Sculptures en bois flottés, Espace Rochechouart (Eric Danel), Paris1994/95 - “À Table” Collages, encres et dessins, Saint-James (J.M. Amat), Bouliac-Bordeaux1996 - “Tête à Tête” Encres, collages et peintures (Eric Zajdermann), Paris1997 - “Solo” Détrempes sur tuiles, encres, collages et peintures (38, rue Sedaine), Paris2002 - “Tête à Tête” Encres, collages et peintures, (La Manufacture des Oeillets) Ivry2003 - “One Shot” Encres, collages et peintures, (Le Garage, Valerie Abécassis) Paris2004 - “Peintures” Peintures & mélanges photographiques, (Galerie Teissèdre) Paris2005 - Affordable Art Fair, (Galleria del Leone Venezia), Londres2005 - “Photoile” Peintures & photographiques, (Galerie Teissèdre) Paris

collectives1978 - Salon de la Jeune Peinture, Paris1982 - Dessins chez Cato Johnson, Boulogne Billancourt1985 - Dessins aux Aéroports de Paris, Orly1996 - Le ruban rouge, encres et collages (La Manufacture des Œillets), Ivry

catalogues1982 - Dessins Cato Johnson1984 - Dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie Attitude, Paris1993 - Ego Zoo n° 1 Edition Tatou t extes de J. - D. Vi n ce nt , M a rc Guilbert , Alain Pro c h i a nt z , Pi e r re Le p a p e1994 - EgoZoo n° 2 & 3 Edition Tatou textes de Cécile Guilbert, J.-D. Vincent, Marc Guilbert2001 - “Tête à Tête” textes d’Alain Jouffroy et de Suzan Urier

Livres1980 - Dessins in Alice au pays des merveilles de L. Caroll (Les Presses de la Cité)1982 - Des Histoires Ordinaires, en collab. avec Michèle Enouf (Luneau Ascot)1990 - Rue des Italiens/Album-souvenir,en co l l a b.avec B.Po i rot-Delpech (Le Monde - La Déco u ve rt e )1993 - Dessins in Celui qui parlait presque de J.-D. Vincent (Ed. Odile Jacob)1998 - Dessins in Parlez-nous de lui. Bibendum vu par… David Lodge, Agnès B, Terence Conran, Ben,

etc. (Ed. Textuel)2005 - Photographies in Singuliers d’Alix Brijatoff et Richard Caillat, portraits de 35 personnalités

(Ed. Denoël)en projet

À Table (dessins)2005 - PariStory (photographies)2005 - Humanimals (photographies) avec des textes de Cécile Guilbert

Page 43: Dossier de presse