Données sur l'égalité des sexes en RDC

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Page 1: Données sur l'égalité des sexes en RDC

Social Development Direct 1

La RDC arrive au 149eme rang parmi

les 188 pays classés par rapport à

leur niveau d’inégalité entre les

sexes

La proportion de femmes non

instruites est environ deux fois plus

élevée que celle des hommes.

Ces disparités se résorbent, le taux de

fréquentation des enfants étant de

83,4% pour les garçons contre 80,6%

pour les filles

La taille moyenne des ménages s’établit à 5,3 personnes pour l’ensemble du pays

La polygamie reste une pratique assez répandue (ceci concerne 22 % des femmes actuellement en union).

Les femmes chargées de famille des

provinces du Kivu représentent

environ 25% de l’ensemble des foyers

Chaque femme congolaise donne

naissance, en moyenne, à 6,6 enfants.

Les décès maternels représentent 35

% de tous les décès de femmes de 15-

49 ans.

La prévalence de la malnutrition chez

les moins de 5 ans est plus élevée

chez les garçons que chez les filles

(24,7% contre 20,4%).

4/5 des enfants enrôlés dans les

forces et groupes armés sont des

garçons

9% des hommes et 22% des femmes

auraient été confrontés à des

violences sexuelles durant le conflit

La prévalence du VIH chez les 15 à 49

ans est de 1,6 % pour les femmes et

de 0,6 % pour les hommes.

Dans près de trois cas sur dix, les

femmes décident elles-mêmes de

l’utilisation de l’argent qu’elles

gagnent, mais dans 30 % des cas, c’est

le mari qui décide principalement

66 % de femmes et 46 % d’hommes ne

sont habituellement exposés à aucun

média (presse audiovisuelle et écrite)

CHIFFRES CLEFS

Données sur l’égalité des sexes en République Démocratique du Congo

La crise humanitaire au Congo affecte différemment les filles,

les garçons, les femmes et les hommes. Etre un jeune garçon,

une adolescente, un homme dans la force de l’âge ou une femme

âgée détermine grandement le rôle que chaque personne joue au

sein de la famille et de la communauté. Chacun a une

expérience et des capacités différentes ainsi que des priorités

distinctes sur ce que devrait apporter l’assistance humanitaire.

En tant qu’acteurs humanitaires, il est de notre responsabilité

de comprendre ces différences et de planifier une aide qui

assiste tous les segments de la population, tout en ne mettant

personne à risque. Ce document vise à aider la communauté

humanitaire en RDC – en particulier OCHA et les clusters- dans le

développement de leur aperçu des besoins (HNO) pour 20171.

Bien que la République Démocratique du Congo ait enregistré un taux

de croissance économique continuellement élevé depuis 2010, elle se

maintient en avant-dernière position au classement 2014 de l’Index de

développement humain.

Les discriminations entre filles et garçons, femmes et hommes restent

un obstacle majeur au développement humain en RDC. Le pays arrive

au 149eme rang parmi les 188 pays classés par rapport à leur niveau

d’inégalité entre les sexes2. L’indice d’inégalité révèle d’importantes

disparités dans les trois dimensions clefs du développement humain que

sont la santé reproductive, l’éducation et l’accès à l’emploi.

1 Document préparé par Delphine Brun, consultante pour l’appui à l’intégration

du genre dans le PAH de RDC, La pépinière/Social Development Direct,

24 octobre 2016. 2 UNDP, Gender inequality index, 2014.

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Les rapports sociaux entre les sexes et la perception que femmes et hommes ont de leur rôle et de celui du sexe

opposé ancrent, justifient et maintiennent des pratiques inégalitaires au sein des ménages et de la société. Ces

inégalités se révèlent de différentes manières :

Rôles sexués et charges de travail :

En RDC, la responsabilité pour les différentes activités de base— préparer les repas, chercher et stocker de

l’eau, s’occuper de l’hygiène des enfants et de l’hygiène ménagère, prendre soin des personnes dépendantes du

foyer et de la communauté (personnes avec handicap, âgées, malades, orphelins) est principalement portée par

les femmes et les filles. Dès lors et parce que ces taches nécessitent un investissement en temps quotidien

important, celles-ci sont particulièrement affectées par le manque d’accès aux activités génératrices de revenus

et aux forums de décisions. Dans des situations de déplacement, la charge de travail des femmes augmente

considérablement, du fait d’une hausse de la morbidité engendrant des soins accrus et du fait que les tâches

quotidiennes, telles que la collecte de l’eau ou du bois de chauffe, deviennent souvent plus ardues.

Environ 75% des femmes Congolaises travaillent. La majeure partie travaille dans le secteur agricole et jouent

un rôle majeur dans la production de vivres et dans le maintien d’économies locales fragiles.

Les différentes analyses menées sur le partage des temps de travail entre femmes et hommes révèlent de gros

déséquilibres. Ainsi, l’analyse au sein des ménages menée par le cluster sécurité alimentaire en 2010 auprès de

650 paysannes et paysans du Nord Kivu indique que, quelle que soit la saison, les femmes travaillent en moyenne

17 heures par jour contre 7 heures pour les hommes. Ceci signifie moins de temps de repos et un plus faible

accès aux loisirs et aux forums de prise de décision.

Dans les provinces frappées par les conflits, les rôles de chacun sont amenés à évoluer. Les déplacements

bouleversent profondément la répartition des rôles et des responsabilités. Les hommes ont davantage de

difficulté à trouver un emploi : d’une part, leurs compétences sont parfois inadaptées sur un marché du travail

local surchargé ; d’autre part, ils ne font pas partie des réseaux informels qui leur permettraient d’accéder à

des activités génératrices de revenu. En conséquence, ils peinent à subvenir aux besoins de leur famille,

situation qui compromet leur rôle de chef de ménage. Dans le même temps, pour gagner leur vie, les femmes

assument de nouvelles responsabilités tout en continuant à s’occuper du foyer3.

Tandis que les hommes cherchent à reproduire les idéaux masculins de soutien et de chef de famille, le contexte

politique et économique actuel à l’est de la RDC leur fait subir une pression croissante. Il y a un lien direct entre

le sentiment d’échec qui en résulte et les moyens malsains d’affirmer la masculinité, le manque de productivité

et la violence. 75% des hommes se déclarent honteux face à leurs familles du fait de leur manque d’accès à un

emploi4. Le modèle de « masculinité hégémonique » qui prévaut crée un climat général de violence et de

conflit, indiquant la nécessité d’approches holistiques qui confèrent les moyens aux hommes de faire des choix

de vie non violents5.

Accès et contrôle des ressources :

Dans près de trois cas sur dix (29 %), les femmes décident elles-mêmes de l’utilisation de l’argent qu’elles

gagnent, mais dans 30 % des cas, c’est le mari/partenaire qui décide principalement6.

La proportion d’hommes qui possèdent une maison et des terres est plus élevée que celle des femmes

(respectivement 43 % et 40 % contre 37 % et 34 %).

Lorsque la terre est en jeu, les femmes n’ont que peu la possibilité de faire valoir leurs droits.

Traditionnellement, les femmes n’ont pas droit à hériter de la terre au sein de la hiérarchie familiale.

Souvent, les femmes n’ont pas le droit d’enregistrer la terre en leur nom propre. Pour celles qui souhaitent

faire valoir leurs droits, elles auront besoin d’argent et de l’autorisation d’une personne de sexe masculin

3 IDMC, Des familles déchirées, les effets des déplacements répétés sur la dynamique familiale dans l’est de la RDC, 2015 4 Sonke Justice et ProMundo, Gender Relations, Sexual Violence and the Effects of Conflict on Women and Men in North

Kivu, Eastern Democratic Republic of Congo, 2015 5 Désirée Lwambo, « Before the war I was a man », Men and masculinities in Eastern DRC, Gender & Development, 2013 6 L’ensemble des statistiques fournies, sinon autrement spécifié, provient du rapport du Ministère du Plan et Ministère de la santé publique, Deuxième enquête démographique et de santé, Septembre 2014.

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pour commencer un procès. Ceci rend la situation fort difficile pour les femmes chargées de famille des

provinces du Kivu, qui représentent environ 25% de l’ensemble des foyers7.

Au Nord Kivu, l’analyse menée par le cluster sécurité alimentaire a montré que l’utilisation et le contrôle

par les femmes des ressources du foyer est d’autant plus faible que le bien a de la valeur, que celle-ci soit

sociale (prestige) ou économique. Plus la valeur du bétail est importante et plus il appartient à l’époux.

L’accès aux bénéfices de la production agricole est lui aussi inégal. L’argent et l’épargne, accessibles aux

deux membres du foyer avec un avantage marqué pour le conjoint, sont essentiellement contrôlés par ce

dernier. Les femmes ont un accès quasi nul au crédit.

Participation aux prises de décision et vie publique :

8,2% des sièges parlementaires étaient occupés par des femmes en 2014.

Les hommes ont un accès privilégié aux réunions publiques communautaires et prennent souvent seuls les

décisions qui concernent la communauté.

Les femmes participent moins que les hommes à la prise de décision concernant les soins de santé et différents aspects de la vie du ménage.

Malgré le rôle prépondérant des femmes dans la production agricole, les décisions concernant ce qui sera produit, vendu ou consommé, si elles impliquent les deux époux, sont davantage prises par le mari.

Informations sectorielles : Santé :

Chaque femme congolaise donne naissance, en moyenne, à 6,6 enfants. Les femmes qui n’ont aucun niveau d’instruction ont, en moyenne, 1,1 enfant de plus que celles qui ont le niveau secondaire.

Le taux de mortalité maternelle est particulièrement élevé (846 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2015, soit un taux de 43% supérieur à la moyenne sub-saharienne de 2013). Les décès maternels représentent 35 % de tous les décès de femmes de 15-49 ans.

Le taux de grossesses parmi les adolescentes âgées de 15 à 19 ans y est de 135,3 pour 1000.

Le taux de couverture vaccinale des filles et des garçons de 12 à 23 mois ne démontre pas de différence

notable.

VIH : le taux de prévalence parmi les jeunes de 15-24 ans serait de 0,4% pour les jeunes hommes et de 1%

parmi les jeunes femmes. La prévalence du VIH est nettement plus élevée parmi les femmes de 15 à 49 ans

(1,6 %) que parmi les hommes de la même tranche d’âge (0,6 %). Seulement 19 % de femmes et 29 %

d’hommes de 15-49 ans en ont une connaissance considérée comme « approfondie » des modes de

transmission de la maladie.

Le nombre moyen de partenaires sexuels sur la durée de vie est estimé à 3,0 chez les femmes contre 11,6

chez les hommes de 15-49 ans.

Education :

La proportion de femmes non instruites est environ deux fois plus élevée que celle des hommes8. Seulement 12,8% des femmes de plus de 25 ans contre 32,4% des hommes de la même tranche d’âge avaient fréquenté une école secondaire. Ces disparités de sexe ont des implications distinctes sur la vie des femmes et des hommes, dans des domaines tels que la santé ou la nutrition. Il est en effet démontré que le niveau d’instruction influence aussi le comportement procréateur, l’utilisation de la contraception moderne, le comportement en matière de santé ainsi que les habitudes d’hygiène et de nutrition9.

Au niveau primaire, les filles sont légèrement désavantagées par rapport aux garçons, le taux de fréquentation des enfants étant de 83,4% pour les garçons contre 80,6% pour les filles10 . Ceci démontre une amélioration du niveau d’instruction des générations anciennes aux plus jeunes. Au niveau secondaire,

7 Cordaid, On land and women, 2016 8 19 % des femmes congolaises n’ont jamais fréquenté l’école et n’ont donc aucun niveau d’instruction, alors que chez les hommes cette proportion est de 8 %. Ibid, EDS. 9 L’EDS révèle que le pourcentage d’adolescentes ayant déjà commencé leur vie féconde (grossesses) diminue de manière très importante lorsque le niveau d’instruction augmente, passant de 39 % parmi les adolescentes non instruites à 23 % parmi celles ayant atteint le niveau secondaire (p80). 10 Ibid, EDS

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l’écart entre la fréquentation scolaire des filles et des garçons est plus élevé. Pour la tranche d’âge des 15 à 24 ans, le taux d’alphabétisation est de 91,2% pour les garçons contre 73,6% pour les filles.

Dans des situations de déplacement, les enfants sont souvent retirés de l’école pour des raisons économiques et pour aider leurs parents. Les files devraient abandonner leurs études avant les garçons11.

Nutrition : Comme il était déjà le cas lors de la précédente enquête nationale de santé, la prévalence de la malnutrition

des garçons de moins de 5 ans est plus élevée que pour les filles du même groupe d’âge (24,7% contre 20,4%). Le

taux de MAG est de 9,1% pour la population masculine et de 6,6% pour la population féminine12. Les raisons de

cet écart devraient être analysées et prises en compte dans la réponse apportée

Protection :

Filles et garçons, femmes et hommes sont distinctement affectés par la violation de leurs droits. Les filles

sont confrontées aux mariages précoces et à l’exploitation sexuelle (notamment dans le cadre scolaire).

Filles et femmes sont également confrontées aux violences conjugales, aux violences sexuelles et autres

formes de violences basées sur le genre de manière particulièrement préoccupante. Plus de 13 000 cas de

violences sexuelles ont été rapportés en 2015 par le ministère du genre. Les discriminations structurelles à

l’égard des filles et des femmes expliquent que les violences atteignent en RDC un niveau pandémique. Les

situations de conflits et les déplacements qu’elles provoquent exacerbent cet état de fait (les éléments des

groupes armés constituent les principaux auteurs des cas de VSBG rapportés dans les contextes de violences

à l’Est du pays).

9% des hommes et 22% des femmes auraient été confrontés à des violences sexuelles durant le conflit13.

Les garçons sont les plus concernés par les recrutements forcés dans les forces et groupes armés (ils

constituent 4/5 des enfants enrôlés). Les garçons et les hommes sont aussi confrontés de manière

importante aux risques de blessures (du fait de leur rôle traditionnel de défenseurs), aux arrestations

arbitraires et aux enlèvements.

En 2015, 88% des survivant-e-s aux violences sexuelles ont reçu une prise en charge médicale. 16% ont reçu

un appui psychosocial14.

11 IDMC, Ibid. 12 EDS et Aperçu des besoins humanitaires en RDC, 2015 13 Sonke Justice et ProMundo, Ibid, 2015 14 Aperçu des besoins humanitaires en RDC, 2015