Dans les quartiers, l'égalité c'est maintenant !

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Tous les droits de traduction, de reproduction et d’adaptationréservés pour tous pays

Couverture : Shelomo Sadak© Le Pari(s) du Vivre-Ensemble, 2014

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DANS LES QUARTIERS,L’ÉGALITÉ C’EST MAINTENANT!

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Sous la direction d’Esther Benbassaet de Jean-Christophe Attias

Dans les quartiers,l’égalité c’est maintenant !

Livre blanc

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À la mémoire de Mouloud Aounit (1953-2012),combattant de l’égalité.

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AVANT-PROPOS

par Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias

Les livres blancs posent des diagnostics, mettent ledoigt sur les questions qui font mal. Mais ils ouvrentaussi des horizons, suggèrent des solutions, invententdes projets. Celui-ci, qui se veut un vade-mecum utileen des temps difficiles et troublés, ne fait pas excep-tion à la règle.

Prolongement de deux journées de débats citoyensqui se sont tenues à Paris fin 2012 1, soit six moisaprès deux élections décisives pour notre pays (la pré-sidentielle et les législatives), il paraît à la veille dedeux autres, qui ne le seront pas moins : les munici-pales et les européennes. La promotion de l’égalité,dans nos quartiers populaires, est, de fait, bel et bienun défi politique, qui engage la responsabilité del’État, des collectivités territoriales, et sans doute del’Europe, et qui exige l’action résolue et conjointed’institutions et d’organismes de tous niveaux et detoutes natures. Mais pas seulement.

François Lamy, ministre délégué chargé de la Ville,a récemment porté une loi de « programmation pour

1. Une vidéo d’Anthony Foussard, qui présente la synthèse de ces deux jour-nées, est accessible sur www.parisduvivreensemble.com.

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la ville et la cohésion urbaine », définitivementadoptée par le Parlement le 14 février 2014. Cefaisant, l’exécutif et le législateur ont marqué leurvolonté de faire bouger les lignes et d’ouvrir de réellesperspectives de changement. Pendant quelquessemaines, au fil des débats dont ce texte a fait l’objet,nos quartiers populaires ont été – enfin – au centre del’attention. Mais chacun sait qu’une loi ne peut pastout, qu’une loi ne fait pas tout. Et cette loi elle-mêmele dit en inscrivant pour la première fois un principefondamental : celui d’une « co-construction » avecles habitants.

Les habitants. Ce sont précisément eux dont parleet que fait parler ce livre blanc. Parce que c’est d’euxque tout doit partir et à eux que tout doit revenir. Etla formule que nous avons choisie pour l’intituler– Dans les quartiers, l’égalité c’est maintenant ! – n’estpas qu’un détournement, mi-sérieux, mi-ironique, duslogan de campagne d’un certain François Hollande.Ce maintenant !, ce sont les habitants de nos quartierspopulaires qui le disent. Il exprime une lassitude, uneexigence, une impatience : on a trop attendu, cela nepeut plus durer, il faut que ça change, et vite. Mais ilexprime aussi une réalité : d’ores et déjà, maintenant,sur le terrain, les acteurs locaux agissent, et montrentpar leur action que l’égalité n’est pas un horizon loin-tain, mais qu’elle est, en un sens, déjà là.

Le présent livre blanc, comme les débats, toujoursvifs, parfois rudes, dont il est le fruit, hésite entre la

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colère que justifient les réalités du quotidien et l’espé-rance que certaines initiatives locales autorisent dèsaujourd’hui. Il fait résonner la protestation, parfoisvirulente, de ceux qui vivent dans ces quartiers depuislongtemps laissés à l’abandon. Il relaie un discourspas assez entendu sur l’urgence qu’il y a à affronter lesredoutables problèmes auxquels se heurtent les popu-lations de ces « banlieues » qu’on n’appelle souvent« quartiers » que par euphémisme. Il rappelle l’absoluenécessité où nous sommes de combattre les discrimi-nations dont ces populations sont victimes, la ségré-gation qui pèse sur elles comme un plafond de verrequ’il leur est trop souvent impossible de briser.

Encerclés et enfermés dans des territoires situés à lapériphérie des villes, ne disposant que de moyens detransports incommodes, vivant dans un environne-ment bruyant, pollué, sans verdure, entassés dans deslogements verticaux qui blessent le regard de ceux,mieux lotis, qui vivent en centre-ville ou dans deszones résidentielles protégées et qui pour rien aumonde ne songeraient à s’exiler là, sortis trop tôtd’une école discriminante, mal formés, pourvus d’uneadresse « infamante » qui ne les recommande guère àd’éventuels employeurs, ne pouvant toujours accéderaux soins dont ils ont besoin autant que d’autres, lesrésidents de nos quartiers populaires grossissent lescohortes de chômeurs. La pauvreté, l’abandon, l’oubliy sont la règle. Qui s’étonnera qu’on y trouve aussi dela délinquance et du crime ?

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Et pourtant, nos quartiers populaires ne sont pasque cela. Il s’y tente, il s’y fait aussi de bien belleschoses. On y a des idées. Et des idées qu’on met enœuvre, parfois avec de tout petits moyens. Sans toutattendre de la loi ou de l’État. Il en sort des individua-lités volontaires, créatrices, déterminées, qui nousmontrent dès maintenant que le succès est à portée demain. Et que ces quartiers qui semblent privés de toutrecèlent aussi un potentiel d’énergie phénoménal quenous aurions grand tort d’ignorer. C’est pour cetteraison que ce livre blanc n’est pas et n’a pas voulu êtresimple déploration, amère lamentation. On y parlede projets. On y fait des propositions concrètes. Eton illustre tout cela par l’évocation d’expériences deterrain réussies. Qu’il s’agisse de logement et de trans-port, d’éducation, de formation, d’emploi, de citoyen-neté, de sécurité, de culture ou de médias.

La gauche est au pouvoir depuis presque deux ans.Les habitants des quartiers populaires en attendaientbeaucoup. Nul n’osera affirmer que cette attente a étécomblée. Il y a tant à faire. Il y a des lustres qu’onparle d’un « plan Marshall » pour les « banlieues ». Ce« plan Marshall », il n’est jamais venu. La loi Lamy, silouables que soient ses intentions, restera-t-elle lettremorte ? On n’ose le croire, bien sûr. On verra àl’usage. Mais tous les signaux ne sont pas positifs,loin de là. Et l’indigence de la feuille de route pour« l’égalité républicaine et l’intégration » présentée le

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11 février 2014 par le Premier ministre n’est certespas là pour rassurer.

Fin 2012, nous avions invité une ministre, CécileDuflot, en charge du Logement et de l’Égalité desterritoires, ainsi que bon nombre de conseillers,hommes et femmes de cabinets, courageusement des-cendus de leur ministère dans l’arène houleuse de noséchanges. Était-ce pour les entendre ? Peut-être pas.Peut-être notre objectif était-il exactement inverse :qu’ils et elles prêtent enfin l’oreille aux clameurs, auxdemandes mais aussi aux suggestions venues d’en bas.Élus locaux et régionaux, journalistes et créateurs,militants associatifs, simples citoyen-ne-s avaient – etont toujours – des choses à dire, à montrer, à pro-poser.

Ce petit livre, où la colère se confond avec le réeldésir d’agir, et qui n’est rien de plus qu’un aiguillon,le rappelle. Qui sait ? Peut-être le lira-t-on aussi enhaut lieu… Du moins n’est-il pas interdit de l’espérer.

Paris, le 18 février 2014.

Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias sont lescofondateurs du Pari(s) du Vivre-Ensemble. Ils sont tousdeux directeurs d’études à l’École pratique des hautesétudes (Sorbonne). E. Benbassa est par ailleurs, depuisoctobre 2011, sénatrice du Val-de-Marne.

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AVERTISSEMENT ETREMERCIEMENTS

Les 30 novembre et 1er décembre 2012, Le Pari(s) duVivre-Ensemble organisait au Palais du Luxembourg, àParis, deux journées de débats citoyens intitulées Dansles quartiers, l’égalité c’est maintenant ! Une petite cin-quantaine de personnalités – militants associatifs, élus,responsables politiques, enseignants, chercheurs, jour-nalistes, artistes et créateurs – était appelée à intervenirsur quatre grands thèmes : Habitat, logement et trans-ports ; Éducation, formation, emploi ; Citoyenneté etsécurité ; Culture et médias. Le présent livre blanc pro-longe ces débats.

Cette action n’aurait pu être conduite sans leconcours d’acteurs multiples.

Il nous faut tout d’abord remercier les services duPalais du Luxembourg de leur dévouement et du pro-fessionnalisme de leur accueil. Un grand merci, aussi, àl’ensemble des membres du comité d’organisation desdeux journées de débat : Christophe Bertossi, MarcCheb Sun, Patrick Farbiaz et Louis-Georges Tin. Cecomité d’organisation a été secondé par un comité decoordination à la fois engagé et efficace : GuillaumeCapelle, France Facquer, Caroline Grange et Emna-Zina Thabet. C’est France Facquer, assistante d’édition

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et de production au Pari(s) du Vivre-Ensemble sur unemploi-tremplin subventionné par le Conseil régionald’Île-de-France, puis Audrey Guyonnet, qui lui a suc-cédé à ce poste en novembre 2013, qui ont assuré lacollecte, la relecture et la mise en forme des contributionsréunies dans le présent volume – puis la correction desépreuves.

Le Pari(s) du Vivre-Ensemble est particulièrementreconnaissant au Conseil régional d’Île-de-France,à l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’éga-lité des chances (ACSÉ) et à la Ville de Paris de leursoutien financier. Mais un mot doit être dit aussi despartenariats très fructueux conclus avec l’Institut fran-çais des relations internationales (IFRI) et avec l’asso-ciation Anachromiques qui ont, de leur côté, supportécertains coûts inhérents à cette initiative, et qui ont aidéà lui donner, pour l’un, une indispensable dimensioneuropéenne, pour l’autre, une précieuse portée culturelleet artistique. Ont également fortement contribué à l’élancollectif qui a assuré le succès de ce projet, trois asso-ciations : L’égalité d’abord !, Le 93 au cœur de laRépublique et Sortir du colonialisme. Enfin, nos par-tenaires médias ont efficacement aidé, en amont, à ladiffusion de l’information, et en aval, à la restitution desrésultats : Bondy Blog, Le Huffington Post, Le Point,Politis, Presse & Cité et Respect Magazine.

Ce volume est diffusé gratuitement. Il peut être éga-lement téléchargé – au format PDF – sur www.parisduvivreensemble.org.

E. Benbassa et J.-C. Attias

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PREMIÈRE PARTIE

HABITAT, LOGEMENTET TRANSPORTS

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DROIT AU LOGEMENT

Pour un vaste plan d’urgence

par Jean-Baptiste Eyraud,porte-parole de Droit au Logement (DAL) 1

La crise du logement que traverse notre pays a vuces dix dernières années la résurgence des bidonvilleset la multiplication des habitats de fortune, le double-ment du nombre de personnes sans-logis parmi les-quelles un très grand nombre de femmes et d’enfants,le doublement des expulsions locatives et une accen-tuation des situations de surpeuplement. Près de lamoitié des locataires ont des difficultés à payer leurloyer, et un quart ont peur de perdre leur logementun jour.

Les loyers ont augmenté de 50 % environ, sur lamême période, certainement plus dans les zones ten-dues, comme à Paris et en Île-de-France, les prix del’immobilier ont également doublé, tandis que les prixdu foncier bâti, si l’on en croit les enquêtes INSEE

1. Le DAL est une fédération rassemblant 35 associations et comités locauxautour de la défense des personnes en situation d’exclusion par le logement, ettotalisant environ 10 000 adhérents, mal-logés, sans-logis, en instance d’expul-sion, militants et bénévoles compris. Site web : droitaulogement.org.

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sur le patrimoine, ont été multipliés par au moins3,5.

Cette flambée est sans précédent dans notre paysdepuis la Première Guerre mondiale. Les économistes,tel Jacques Friggit, s’interrogent sur la vitesse àlaquelle les prix vont revenir à un niveau pluscompatible avec les revenus moyens des ménages carils ont aujourd’hui dépassé de 80 % leur capacitécontributive.

Les profits locatifs déclarés aux impôts par lesbailleurs de logements sont montés à 33 milliardsd’euros en 2009, contre 19 milliards en 2000,(+ 74 % en 10 ans !). Les profits tirés des activitéslocatives, y compris le locatif d’entreprise (bureaux,locaux d’activité et intermédiaires) sont passés de 45 à65 milliards d’euros pour la même période 2. Les loca-taires, particuliers et entreprises, ont été lourdementponctionnés par la rente locative.

Ce désastre est le fruit amer de dix années de poli-tique orientée vers le soutien à la rente immobilière etlocative, précédé par vingt ans d’hésitations alternantavec des réformes à caractère néolibéral. La gauche adonc failli en leur laissant le champ libre : elle a aban-donné les locataires et les mal-logés à la brutalité deslois du marché.

2. Jean-Baptiste Eyraud, Claire Le Strat, Willy Pelletier (coord.), En finird’urgence avec le logement cher, Paris, Syllepse, coll. « Les Notes et Documents dela Fondation Copernic », 2013.

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Ce faisant, la concurrence pour accéder à un loge-ment décent et choisi s’est accrue, ouvrant un conflitlatent entre les mal-logés et les nouveaux arrivants,comme les jeunes, les retraités fragilisés, les petitesclasses moyennes insuffisamment logées…

Les formes extrêmes de mal-logement, telles queles bidonvilles, ont favorisé la stigmatisation de leurshabitants, nourrie par les prises de position à tendancexénophobe du gouvernement précédent et les politi-ques répressives du ministre de l’Intérieur actuel.

La peur du pauvre s’est renforcée, l’effet NIMBY 3

s’est accentué, les discriminations urbaines se sontaggravées. Dans un tel contexte, la notion de vivre-ensemble, basée sur des principes de tolérance etd’ouverture à l’autre, a reculé.

Il apparaît donc nécessaire, pour remonter la pente,de mettre en œuvre un vaste plan d’urgence, per-mettant de mobiliser ou créer 100 000 logementsd’urgence, notamment par voie de réquisition, soli-bail 4, ou mobilisation du patrimoine public vacant,de suspendre les expulsions sans relogement, afin de

3. NIMBY : Acronyme de « Not In My BackYard », en français : « pas dansmon arrière-cour ». Ce terme est utilisé pour évoquer une réaction d’oppositiondes résidents à un projet local d’intérêt général.

4. Solibail est un dispositif d’intermédiation locative. Un propriétaire loueson logement à une association conventionnée par la préfecture de sa région.Cette association, qui est le locataire, assure le paiement des loyers mensuels etdes charges, l’entretien et la remise en état du logement, s’il y a lieu. Les occu-pants du logement sont des ménages modestes accompagnés durant toute ladurée de leur contrat par l’association.

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Habitat, logement et transports 21

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satisfaire la loi DALO (Droit Au Logement Oppo-sable) et le Droit à l’hébergement, constammentbafoués par l’État.

Sur le fond, il est indispensable de produire massi-vement des logements sociaux pour les couches popu-laires en mobilisant les fonds et les terrains nécessaires,d’encadrer et de baisser les loyers de 20 %, de taxerlourdement la rétention de terrains à bâtir, de locauxet logements vacants, ainsi que la spéculation immo-bilière et foncière, d’encadrer les loyers et de stabiliserles statuts locatifs, de revenir sur la marchandisationen cours dans le logement social et de redonner dupouvoir aux locataires pour se défendre contre lacupidité et les abus de nombreux bailleurs.

Ces conditions sont nécessaires pour instaurer un« vivre-ensemble » dans le champ de l’habitat, maiségalement faire que le droit au logement devienne unnouveau volet de la protection sociale dans notre pays.

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DROIT À HABITER

Déconnecter le droit de propriétédu droit à habiter

par Patrick Farbiaz,fondateur et animateur de l’association Sortir du colonialisme 1

Le droit au logement est considéré comme décou-lant, en France, de la rédaction des 10e et 11e alinéasdu préambule de la Constitution du 27 octobre 1946.En 2007, la loi DALO (Droit Au Logement Oppo-sable) a consacré le caractère opposable renforçant sonapplication. Pourtant, dans les faits, 3 500 000 mal-logés sont recensés et des centaines de milliers de per-sonnes se retrouvent sans logement, nombre d’entreelles devenant des SDF. Le logement est la premièredes discriminations. Dans les quartiers populaires, laquestion du logement est devenue la question prin-cipale.

Or, entre l’habitat privé livré à la spéculationimmobilière et l’habitat public, géré par les bailleurssociaux, il existe un tiers habitat composé de loge-ments à statuts divers qui pourrait être le levier d’un

1. Site web : anticolonial.net.

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tiers secteur de l’habitat participatif, écologique etdiversifié. Ce tiers habitat regroupe une grande partiedu logement des classes moyennes et des travailleurspauvres. Il regroupe aussi un habitat hors normes.

Créer un droit à l’expérimentation des collectivitéslocales en matière de politique de logement permet-trait de pérenniser un certain nombre de pratiquesnon soutenues en raison de leur statut flou et nonreconnu par la loi, notamment dans le domaine del’habitat mobile et diversifié, et d’introduire dans ledroit français un droit à l’initiative citoyenne dansle domaine du logement. Il s’agit d’ouvrir le champdes possibles en développant toutes les formes d’expé-rimentation qui se heurtent aux règles du Code del’urbanisme et du Code de la Construction et del’Habitation (CCH).

C’était l’objet de la proposition de loi faite en 2010par le groupe des députés Verts et portant sur le tierssecteur du logement participatif, écologique et diver-sifié. Ce projet partait de l’idée simple qu’il y a toutun secteur du logement, le tiers habitat, qui n’est nilié au secteur spéculatif privé, ni lié aux bailleurssociaux. Ce secteur est considérable et peut être pro-ducteur d’une nouvelle approche du droit au loge-ment : mise en place d’un statut pour les coopérativesd’habitants, d’un développement des pouvoirs desrésidents dans les foyers de migrants, de jeunes tra-vailleurs ou de retraités, de l’expérimentation et de la

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dépénalisation des formes d’habitats précaires (yourte,camping…), comme de celui du statut des squats oudes réquisitions de logements.

L’exemple des foyers des travailleurs immigrés etaujourd’hui des chibanis, ces travailleurs immigrés àla retraite, est parlant. Les comités de résidents n’ontaucun contrôle sur la transformation de leurs foyersalors qu’ils y vivent depuis parfois un demi-siècle. Orles bailleurs suppriment les cuisines collectives ettoutes les parties communes pour transformer cesfoyers en résidences sociales où les anciens locatairesn’auront plus aucun espace commun.

Le pouvoir des citoyens sur leur logement supposeque celui des bailleurs ou des propriétaires soit réduitface à celui des locataires. C’est parce que le droitau logement est une chose trop sérieuse pour ne lelaisser qu’aux seuls professionnels que nous devonsaujourd’hui lancer l’idée d’états généraux du droit àla Ville pour que tous les invisibles, ceux des cités,des quartiers populaires comme ceux de l’habitatpavillonnaire puissent « prendre la ville ». Organiserce débat public sur le droit d’habiter est décisif. Il aété instauré sur la transition énergétique. Pourquoi nepas le faire dans le domaine de l’habitat ?

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LOGEMENTS-FOYERS

Les logements-foyers resteront-ilsdans le sous-droit ?

par Geneviève Petauton,Collectif pour l’avenir des foyers (COPAF) 1

Le logement-foyer est défini par le Code de laConstruction et de l’Habitation (CCH) comme unétablissement destiné au logement collectif à titre derésidence principale qui comporte à la fois des locauxprivatifs meublés ou non et des locaux communsaffectés à la vie collective et qui peut accueillir aussibien des personnes âgées ou handicapées que desjeunes travailleurs, des étudiants, des travailleursmigrants ou des personnes défavorisées.

Dès 1973 et 1974, lors des premières grèves deloyers dans les foyers de travailleurs immigrés de laSonacotra (à l’époque foyers-hôtels), les résidentsrevendiquaient la baisse des loyers, le statut de loca-taire (le droit de visite, le droit de réunion, le départdes gérants racistes qui faisaient régner un ordre quasi

1. Site web : copaf.ouvaton.org.

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militaire…) et l’égalité des droits entre travailleursfrançais et immigrés.

Quarante ans plus tard, les résidents des foyers,transformés ou non en résidences sociales, ont lesmêmes revendications ! Ils n’ont toujours pas le droità la vie privée (pas le droit de changer leur serrure, pasle droit de vivre avec quelqu’un…) ; ils n’ont toujourspas les droits et garanties des locataires (par exempleen ce qui concerne les procédures pour impayés ou lareconnaissance de l’indécence du logement) ; les délé-gués sont regroupés dans des comités de résidents quine sont toujours pas reconnus officiellement et quin’ont que la compétence d’être « consultés ».

Dans les faits, la situation n’est pas bonne :— le taux d’effort dans les résidences sociales est

de plus en plus insupportable, d’où une augmenta-tion du nombre des expulsions ; personne ne connaîtle décompte des charges et des prestations ; les ges-tionnaires augmentent les redevances au-delà de l’IRL(Indice de référence des loyers) ;

— les dégradations sont nombreuses, l’entretien etle nettoyage sont scandaleusement insuffisants ;

— le personnel gestionnaire entre chez les habi-tants sans autorisation ; de nombreux résidents sontexpulsés pour avoir hébergé des proches et les règle-ments intérieurs sont répressifs ; les Conseils deconcertation ne sont pas de vraies instances où lesdélégués sont entendus ;

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— les réhabilitations actuelles sont faites ouverte-ment pour déstabiliser les communautés de tra-vailleurs immigrés des foyers qui arrivaient à résisteraux difficultés de l’exil et des dures conditions de tra-vail ainsi qu’à prendre en charge les plus précaires,grâce à une forte cohésion sociale et à toute une séried’activités collectives et solidaires qu’ils faisaient fonc-tionner tant bien que mal ; il s’agit aujourd’hui defaire disparaître ce mode de vie (et pas simplement sesdérives) et d’expulser un maximum de résidentsactuels.

Pour l’État français, c’est sans doute l’idée qu’ainsiil pourrait freiner l’immigration en opprimant un peuplus encore ceux qui sont censés l’accueillir. Certaine-ment aussi les pouvoirs publics veulent-ils avoir sousla main un produit souple leur permettant de caserrapidement les sans-logis. Une machine de guerrecontre les travailleurs immigrés des foyers : travailleursimmigrés, poussez-vous que je loge mes pauvres etmes précaires ; restez sans droits, il sera ainsi plus facilede vous expulser.

Le COPAF et les résidents des foyers refusent cettelogique. Ils demandent :

— le droit à la vie privée et l’ensemble des mêmesdroits et garanties que les locataires ;

— le droit à la vie collective avec des espacescollectifs obligatoires, réglementés en fonction dunombre d’habitants et cogérés avec les délégués élusdes résidents ;

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— la reconnaissance des comités de résidents dotésd’un statut juridique permettant de recevoir des sub-ventions, d’aller au tribunal et de bénéficier desmêmes droits de contrôle et de négociation que lesamicales de locataires ;

— une redéfinition du statut du logement-foyer(hors logement-foyer pour personnes dépendantes) etune réhabilitation des foyers qui parte des vœux etdes besoins, non pas de l’administration, mais deshabitants.

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MOBILITÉ, ÉGALITÉ

Se penser librement dans la mobilité,une urgence politique pour l’égalité

par Stéphane Coloneaux,adjoint au maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne)

et premier élu délégué aux Métissages en France

L’urgence sociale contraint les élus locaux à l’agiren lieu et place d’anticipations nécessaires. Alors quela pensée politique finit par se diluer dans l’action« concrète », « efficace », presque « miraculeuse », ilest nécessaire de penser à partir des aspirations deshommes et des femmes habitant nos quartiers.

Prioritaires ou pas, les habitants des quartiers, detous les quartiers, s’inscrivent désormais dans unespace social territorialisé. De véritables frontièresmentales se sont construites. Elles sont, entre autres,les conséquences des inégalités sociales, de la percep-tion réelle ou supposée des discriminations des der-nières décennies. Pour les faire exploser, car c’est unenécessité, il faut en premier lieu penser la mobilitédans toutes nos politiques d’égalité. Le rattrapage nesuffit plus, il faut désormais mettre en connexion, enrelation, tous les enfants de la République.

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On construit sa vie dans la perspective de sortir oupas de sa cité, de sa ville, voire de son pays. Alorsqu’Internet et nos généalogies d’enfants des diffé-rentes migrations nous portent à concevoir le mondedans toutes ses dimensions, dans le réel, prendre lebus pour aller au musée, étudier ou passer une soiréeen dehors de son quartier, de sa ville, est une entrave,une contrainte, si ce n’est une véritable galère. Galèred’autant plus vive lorsqu’elle concerne l’accès à la for-mation, à l’emploi ou à la recherche de logement.C’est l’une des problématiques qui, chez les plusjeunes, fissurent le socle de l’égalité républicaine. Ilappartient aux politiques, particulièrement aux éluslocaux, d’agir pour que chacun puisse se mouvoirau-delà de son lieu de résidence. Ainsi, lors d’unerécente étude sur « les jeunesses l’haÿssiennes », menéepar la ville de L’Haÿ-les-Roses, nous avons obtenudes éléments qualitatifs sur la perception des jeunespar rapport à leur mobilité.

Cette étude vient valider un sentiment général, plusglobal, sur les ressentis des habitants des quartierspopulaires. De prime abord, soit les jeunes l’Haÿs-siens ont une très forte aspiration à vouloir resterancrés sur un territoire, soit ils ont une envie debouger vers d’autres villes, notamment Paris.

Qu’est-ce qui contribue à leur envie de mouve-ment ? Et au contraire, qu’est-ce qui contribue à leurmanque de mobilité ? Les conditions sociales et écono-miques influencent beaucoup leur perception de la

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mobilité. Exemple : quand on est un jeune qui habiteun quartier populaire, que l’on est en décrochage sco-laire, on ne s’imagine pas vivre ailleurs que dans sonquartier. Il est difficile d’isoler la question du logementet celle du transport. Nous ne voulons pas être desvilles résidentielles qui creusent encore plus le clivagedes quartiers populaires et des quartiers de maisonsindividuelles. Nous voulons un maillage de transportefficient. Et cela tombe bien, car L’Haÿ-les-Roses, suiteà l’arbitrage du gouvernement, profitera du réseau detransport du Grand Paris-Express avec l’arrivée d’unestation de métro, mais seulement en 2027 ! Près de40 000 personnes sont concernées par l’arrivée dumétro. L’aménagement de ce quartier qui est déjà unezone d’habitat dense doit se penser avec cette vision de« la mobilité en termes de désenclavement de toute laville ». Nous sommes déterminés car pour concevoirl’égalité dans les quartiers populaires, il faut les incluredans les développements territoriaux et non pas donnerdes enveloppes de subventions aux politiques de la ville.

Cette vision de la mobilité est un acte d’égalité, unprocessus d’élimination de discriminations territo-riales dont sont aujourd’hui victimes certaines villesen périphérie de Paris. L’arrivée du nouveau réseau detransport est très attendue, il y a urgence à accélérer samise en œuvre. Parce qu’elle sera une reconnaissancedes habitants, une invitation à la participation àconstruire ensemble, tous ensemble, ce « GrandParis ».

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TRANSPORTS EN COMMUNS

L’accès à la mobilité dans les quartiers

par Pierre Serne,vice-président de la Région Île-de-France, chargé des transports

En m’appuyant sur ce que nous, à la région Île-de-France et au syndicat des transports d’Île-de-France(STIF), réalisons ces dernières années, j’aimeraisapporter quelques propositions d’action en faveur desquartiers en difficulté sous l’angle des déplacements etde l’accès à la mobilité.

La mobilité est souvent très difficile dans certainsde ces quartiers du fait d’un véritable enclavement(notamment du fait de coupures urbaines majeures)et de la faiblesse en transports en commun. Les effetssont nombreux, empêchant ou complexifiant l’accèsau marché de l’emploi, aux loisirs, voire aux servicespublics.

Nous avançons donc sur une série de projets detransports en commun qualitatifs desservant des quar-tiers ou des communes cumulant les difficultés : letramway T5 reliant Garges/Sarcelles au pôle d’emploide Plaine Commune à partir de l’été 2013, la branche

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du tramway T4 qui va d’ici quelques mois desservirles quartiers enclavés de Clichy/Montfermeil, letramway T8 qui sera mis en service à l’automne 2013dans le nord-ouest de la Seine-Saint-Denis, le prolon-gement d’ici quelques années du tram T1 de Noisy-le-Sec vers Fontenay-sous-Bois en passant par lesquartiers des Hauts de Montreuil, pour ne citer quequelques exemples.

À chaque fois, ce sont des milliers d’habitants,longtemps isolés ou oubliés, à qui l’on donne, enfin,une solution de mobilité, un lien avec d’autres bassinsde vie et surtout des bassins d’emplois, à qui du mêmecoup l’on donne ou redonne une forme d’employabi-lité. Ou tout simplement à qui l’on permet des tempsde parcours largement diminués et donc une amélio-ration de la qualité de vie.

C’est la même chose lorsque, comme ces dernièresannées, on renforce l’offre de bus dans ces mêmesquartiers, en particulier en allongeant les amplitudeshoraires de ces lignes (le soir, le week-end, enjournée), trop souvent conçues, au départ, commedevant emporter les travailleurs vers leurs emplois lematin et les ramener chez eux le soir. Certaines lignesne fonctionnaient d’ailleurs pas du tout hors des deuxheures de pointe du matin et du soir. Considérerdésormais la desserte de ces quartiers en continu, passeulement dans une optique domicile/travail, c’estaussi reconnaître un droit à la mobilité moins « utili-tariste » pour leurs habitants, permettre de sortir du

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quartier aussi pour ses loisirs ou simplement sa viequotidienne. Les témoignages d’habitants desservispar ces lignes renforcées sont très parlants sur le chan-gement induit dans le quartier et le gain de mobilitéet donc de qualité de vie immédiatement engrangé aumoment de l’élargissement horaire.

Continuons donc à faciliter la mobilité des quar-tiers les plus isolés, enclavés, mal desservis, à retisserdes liens entre territoires et à améliorer la capacité à sedéplacer, y compris hors du temps de travail.

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GENS DU VOYAGE

Le pari de la diversité des modes d’habitat

par Jérôme Burcklen,chargé du pôle habitat à la Fédération nationale

des associations solidaires d’action avec les Tsiganeset les Gens du voyage (FNASAT) 1

Apparu dans les années 1970, le terme générique« Gens du voyage » est une dénomination administra-tive désignant une population hétérogène qui résidehabituellement en abri mobile terrestre. Les Gensdu voyage représentent une population de 250 000 à400 000 citoyens français. Du point de vue popula-tionnel, cette catégorie est loin de constituer une« communauté » ; les modes de vie, les activités éco-nomiques, les modes et formes d’habitat des Gens duvoyage ne présentent pas d’homogénéité, l’identité estplurielle et n’a pas de contour défini.

La loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et àl’habitat des Gens du voyage, dite loi Besson II,prévoit l’élaboration de schémas départementaux

1. Site web : fnasat.asso.fr.

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d’accueil des Gens du voyage et la réalisation d’airespermanentes d’accueil destinées aux populations iti-nérantes sur des durées de trois à neuf mois dans lescommunes de plus de 5 000 habitants.

Fin 2011, seulement 57 % des 41 000 places cara-vanes prévues en France étaient réalisées.

L’application de la loi a rapidement révélé que lamajorité des demandes exprimées par ces familles tra-duisaient des besoins d’habitat permanent.

En effet, les modes d’habiter de la majorité desGens du voyage tendent de longue date à l’ancrageterritorial (établissement local injustement appelé« sédentarisation ») par une « résidentialisation » quis’opère principalement (mais non exclusivement) parle maintien du logement traditionnel et choisi, àsavoir la caravane.

Des outils de financement du logement existentpour répondre à la plupart de ces besoins 2, (PrêtLocatif Aidé d’Intégration/terrains familiaux 3/amélioration de l’habitat existant…), mais l’invisibi-lité des Gens du voyage dans les politiques publiquesde lutte contre l’exclusion par le logement confortel’absence de volonté politique à tous les niveaux dedécision, de programmation ou de financement.

2. Voir le Guide de l’habitat adapté pour les Gens du Voyage, DGUHC,2009, groupe REFLEX, http://www.dguhc-logement.fr/infolog/droit_logt/gdv_guide_2009.pdf.

3. Circulaire du 17 décembre 2003 relative aux terrains familiaux permettantl’installation des caravanes constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs.

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Bien qu’aucune donnée officielle ne vienne confir-mer nos estimations, à l’échelle nationale, la FNASATestime que, fin 2011, moins de 1 500 ménages deGens du voyage avaient accès à une offre de logementlocatif adaptée à leur mode de vie.

Les solutions dépendent donc avant tout de l’ini-tiative des acteurs locaux, des élus et/ou associationsqui parviennent à réunir autour d’une même tablel’ensemble des partenaires techniques, sociaux etfinanciers pouvant contribuer à solutionner une situa-tion de mal-logement des Gens du voyage.

Un exemple de réponse : l’opération d’habitatadapté 4 de Brétigny- Sur-Orge

Sous l’impulsion de l’Association départementaleGens du voyage de l’Essonne (ADGVE), lescommunes de Brétigny-sur-Orge et de Saint Michel-Sur-Orge en Essonne se sont engagées dans une Maî-trise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS) visant àrépondre à la grande précarité d’habitat d’une tren-taine de ménages de Gens du voyage installés depuisquarante ans le long de la nationale 104, sans eau, niélectricité, ni sanitaires.

Animée par l’ADGVE, cette MOUS comprendraun important travail de diagnostic social des ménages,

4. Réduit à sa dimension technique, l’habitat adapté correspond à une opéra-tion jumelant caravanes et bâtis. Plus largement, il s’agit de réaliser un logementqui garantisse aux destinataires la possibilité de reconduction d’un mode choisid’organisation de la vie familiale sociale ou de la mobilité une partie de l’année.Les caravanes peuvent donc y jouer un rôle prépondérant dans l’équilibre entreindividu, logement, habitat et environnement.

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la définition concertée avec les destinataires du pro-gramme d’habitat, la mobilisation du foncier et desfinancements du logement social, le suivi du chantieret de l’entrée dans les lieux pendant la première annéede fonctionnement.

Financées via un prêt locatif aidé d’intégration etconstruites de plain-pied en rez-de-chaussée, les vingt-sept maisons (du T2 au T4) sont simples, fonction-nelles et intègrent diverses exigences liées à la maîtrisedes charges, la protection de l’environnement et audéveloppement durable.

Chaque lot comprend un jardin permettant l’ins-tallation de une à deux caravanes. Au choix des usa-gers, ces places de caravanes peuvent être destinéesà loger les membres de la famille (décohabitation desenfants par exemple) ou à accueillir de la famille envisite. Les pièces sanitaires et techniques des maisonsdonnent sur jardin pour l’accessibilité des occupantsde caravanes.

Les toitures des maisons sont végétalisées et favo-risent la régulation et la collecte des eaux pluviales.Chaque maison est chauffée au gaz mais les famillesont le choix d’installer un poêle à bois. L’accessibilitéet le confort des personnes à mobilité réduite ont éga-lement été pris en considération, tous les logementsde la résidence sont adaptés.

Le programme a obtenu la certification « Habitat& Environnement » qui récompense le soin apporté à

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l’isolation phonique, la qualité du confort thermique,le choix des matériaux utilisés et la gestion écologiquedu chantier, ainsi que le label Qualitel Très HautePerformance Énergétique (THPE 2005), correspon-dant à une consommation conventionnelle d’énergieinférieure de 20 % à l’exigence réglementaire.

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NOUVEAUX MODES DE VILLE

La ville et la mobilité

par Clément David,de l’association HALEM

(Habitants de logements éphémères ou mobiles) 1

Il existe une ville difficilement soluble dans la villecontemporaine, fondant ses codes au milieu duXIXe siècle dans les politiques de grands travaux et deproduction cadastrale. Ce sont pourtant ces mêmespolitiques qui produiront et marginaliseront cet autremode de vie ou « mode de ville » qu’est l’habitermobile ou léger et, par extension, hors normes.

Un nombre croissant de citoyens seuls, en familleou en collectif, par choix, par héritage culturel ou parnécessité, font l’expérience de la « re-détermination »en habitant autrement. Or, nous pouvons considérerqu’ils font partie de ce mode de ville léger et mobile,complètement inscrit dans les économies commer-ciales, touristiques ou de loisir et dans les rapports del’urbain au travail saisonnier.

1. Site web : halemfrance.org.

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Ils investissent souvent des interstices que ne peuventni revendiquer la ville comme espace de projets à amé-nager ou à bâtir, ni l’agriculture lourdement mécaniséecomme espace de production. Ils établissent et cons-truisent leurs lieux de vie sous des formes libérées desconventions.

De ces milliers d’histoires personnelles ou collec-tives émanent des choix et des parcours d’habiter quipeuvent paraître étrangers à ce qui est souhaité ouaccepté par la majorité des habitants de ce pays.

Il s’agit parfois d’installations spontanées collec-tives, en ville ou en campagne, répondant à desbesoins de solidarité. Ce sont souvent, également, desinstallations sauvages répondant aux problèmes de lacrise du logement ou du besoin de mobilité, ou bienencore des aménagements plus individuels ou fami-liaux. Ils peuvent répondre à des envies, entre autres,d’une vie plus légère, cohérente et soucieuse de l’envi-ronnement.

Dans tous les cas, c’est bien de l’impensé de la villedont nous parlons. Il garantit, aujourd’hui de manièremalheureusement non durable et à la périphérie dudroit commun, la non-discrimination et, si l’on peutdire, l’inclusion de ces modes d’habiter à la ville. Lasectorisation de ces différents modes d’occupationaboutit de fait à une impossible reconnaissance de ce« mode de ville » et, par là même, à un impossiblepartage des services (aux) publics.

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Il convient de considérer cette question de l’habitermobile ou léger de manière large, afin de ne pasrecréer une série de catégorisations supplémentaires etcontre-productives, séparant, en régimes distincts, cesdifférents modes de vie en fonction de l’habitation.L’ethnicisation de la question de l’habiter mobile nepermet pas d’en appréhender les formes neuves etcontemporaines (travellers, retraités en camping oucamping-car, nouveaux travailleurs mobiles vivantplus de la moitié de l’année sur les routes…).

La reconnaissance de ces enclaves serait un pasdécisif dans la reconnaissance des personnes, toutcomme dans la reconnaissance d’un autre « mode deville ».

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DEUXIÈME PARTIE

ÉDUCATION, FORMATION, EMPLOI

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SOLIDARITÉ ÉDUCATIVE

Le contrat étudiant

par Akli Mellouli,adjoint au maire de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne)

Proposition 1 : Le complément du revenu salarialétudiant

Il apparaît que beaucoup d’étudiants travaillent àcôté de leurs études. Si, en dessous de quinze heurespar semaine, ce travail étudiant peut être valorisantaux yeux d’un futur employeur, il s’avère qu’au-dessusd’un mi-temps il accroît les risques d’échecs demanière très significative.

Au lieu de l’allocation d’autonomie réclamée parl’UNEF depuis quinze ans, il pourrait être proposéun complément de revenu salarial pour les étudiants àhauteur de 50 %. Concrètement, cela signifierait quepour 100 € perçus, la puissance publique complèteraità hauteur de 50 €.

Cela permettrait aux étudiants de ne pas travaillerplus de quinze heures par semaine et de pouvoiraccéder à l’autonomie plus facilement. Cette mesure

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aura certes un coût important compte tenu dunombre d’étudiants qui travaillent parallèlement àleurs études. Mais elle aura un impact positif automa-tique dans l’économie réelle par l’augmentation deleur pouvoir d’achat.

Proposition 2 : L’aide aux devoirs

Afin de lutter contre l’échec scolaire, on pourraitproposer, toujours dans le cadre du contrat étudiant,qu’au sein des universités françaises soit créé unmodule d’aide aux devoirs qui viendrait remplacerune option B librement choisie, équivalant à troisECTS dans le premier cycle de licence.

En lieu et place de cette option B, les étudiantsauraient à aider un ou deux jeunes collégiens tout aulong du semestre. Au second semestre, ce seraitd’autres élèves au sein d’un autre établissement quibénéficiraient de cet encadrement. Il s’agirait de deuxheures de soutien scolaire par semaine. Des associa-tions comme l’AFEV (Association de la Fondationétudiante pour la ville) pourraient faire partie desmembres pilotes de l’application de ce dispositif ausein des universités françaises.

Proposition 3 : La préparation aux concours

Certaines collectivités territoriales donnent desenseignements pour la préparation aux concours des

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collectivités territoriales. Cependant, cette prépara-tion coûte cher à ces collectivités qui font déplacerdes intervenants ou mobilisent leurs salariés, et toutesne peuvent se le permettre.

Il pourrait être envisagé de créer une passerelleentre les collectivités territoriales et les IPAG (Insti-tuts publics d’administration générale) des universitéset de s’accorder sur un certain quota de personnes quipourraient suivre une préparation aux concours de lafonction publique. En fonction des statuts des candi-dats, une contrepartie sous forme de soutien scolairepourrait être proposée au sein de la bibliothèquemunicipale ou du collège le mercredi après-midi.

En effet, si les frais d’inscription universitaire nedépassent pas 200 € pour les étudiants, ils sont enrevanche beaucoup plus élevés pour les salariés àtemps complet. Si ceux-ci bénéficient d’un certainniveau de vie, il est alors normal qu’en contrepartiede cette formation sans frais d’inscription, ils aidentdes collégiens.

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RÉUSSITE ÉDUCATIVE

Le Coup de Pouce, un coup de cœurpour un coup de chance

par Samy Mamlouk,coordinateur du programme « Réussite éducative »

à la Mairie de Trappes (Yvelines)

Dans notre société scripturale, tant qu’on ne se saitpas lire, la vie sociale est compliquée. On commencepar ne pas pouvoir répondre aux consignes des ensei-gnants, ce qui nous rend différents des camarades quiy parviennent. Au collège, en pleine entrée dansl’adolescence, on chahute, on se replie… on souffre.Adulte, l’entrée dans le monde du travail et la partici-pation aux affaires de la société ne vont pas de soi.

Apprendre à lire, c’est certes d’abord apprendre àparler. Et c’est le cœur du quotidien quand on asix ans, en classe de CP. Et quand on sait que 90 %des enfants qui redoublent le CP n’obtiennent pasle baccalauréat, on comprend pourquoi l’APFEE 1 adéveloppé le concept du Coup de Pouce Clé.

1. Association pour favoriser l’égalité des chances à l’école. Site web :apfee.asso.fr.

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Il s’agit de permettre aux élèves de CP qui ne dis-posent pas, chez eux, des ressources suffisantes pourles accompagner dans cette année décisive, de bénéfi-cier d’un temps de jeux de lecture et d’écriture, aprèsla classe et par groupe de cinq, à raison de quatre soirspar semaine pendant vingt-quatre semaines.

Si l’objectif premier semble le soutien aux enfants,il est en réalité d’abord dirigé vers les parents. Eneffet, le premier facteur de réussite scolaire est l’intérêtque les parents portent à la scolarité de leur enfant.En valorisant systématiquement les parents et enrecherchant par tous les moyens leur participation auxdifférents temps festifs et joyeux qui jalonnent l’annéedu coup de pouce, l’APFEE parie sur un effetd’entraînement : l’enfant aime jouer au club Coupde Pouce, son parent se sent invité – et non pasconvoqué – à partager des moments agréables,l’enfant aime l’attention que son parent porte à la viede son club… Premier coup double !

À Trappes, dans les Yvelines, cela fait huit ans queles clubs Coup de Pouce fonctionnent dans le cadre duDispositif de Réussite Éducative 2. Et s’ils reçoiventtoujours l’accueil qui se doit de la part des enfants,des parents et des enseignants, la gageure se situe dansle recrutement des intervenants chargés de les ani-mer… Se retrouver avec des moyens financiers mais

2. Loi no 2005-32 de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier2005.

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Éducation, formation, emploi 51

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personne à mettre devant les enfants, ô rage ô déses-poir ?

Mais non, coup de chance, il existe une université àquelques encablures de la ville, avec un vivier d’étu-diants qui se forment au métier d’enseignant. Un par-tenariat se tisse progressivement pour que les futursenseignants découvrent le monde dans lequel ils vontbientôt se plonger ; les enfants ont face à eux desjeunes motivés qui ne sont pas là (que) pour gagnerun peu d’argent… Bingo, second coup double !

Une porte est donc ouverte pour mobiliser toutesles ressources locales au bénéfice de tous. Bien que lechemin reste long et semé d’embûches (les modalitésde formation des enseignants changent, les acteurs àréunir et convaincre sont nombreux, variés et muspar des logiques pas toujours compatibles…), ce genrede modeste initiative révèle et s’insère dans uneconception renouvelée de l’éducation. Les ProjetsÉducatifs de Territoire ont pour vocation de fédérertoutes les richesses locales. Il est tout à fait probableque de nombreux territoires foisonnent de trésorsdissimulés qui nécessitent, pour s’épanouir, moins del’investissement public en euros que d’une imagina-tion artisanale et résolument tournée vers le faireensemble.

C’est un pari de société, c’est une invitation auxcoups de cœur qui nous font bien vivre ensemble.

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ÉGALITÉ POUR TOUS

Une « égalité des chances »dans l’accès à l’éducation

par Carole Diamant,de la Fondation Égalité des chances 1

Sur le papier, l’égalité pour tous est garantie par laConstitution et les lois. Pourtant, l’histoire bégaie etl’inégalité est partout dans les faits. Nous vivons dansune société démocratique et libérale qui garantitl’égalité des droits mais ne garantit que cela.

Tous les enfants – ou presque – sont scolarisés dansl’école républicaine. Pourtant nous savons qu’ilsn’accèdent ni aux mêmes études supérieures, ni auxmêmes métiers. Les enfants des établissements despériphéries urbaines comme ceux des zones ruralessont ceux qui subissent le plus injustement et le plusdurement les inégalités :

— pas de repères dans la jungle mouvante des for-mations et des études ;

— aucun réseau professionnel ;

1. Pour plus de détails : http://www.institut-de-france.fr/institutions/fondation-égalité-des-chances.

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— aucune connaissance du monde du travail ;— pas d’accès aux stages, moins encore aux

métiers ;— ignorance des codes de l’entreprise ;— ignorance des codes sociaux qui interdit à la

fois l’accès aux écoles de prestige et l’accès à l’entre-prise.

C’est dans cet isolement que se concrétisent ets’ancrent les difficultés qui finissent par produire desdéterminismes totalement verrouillés.

Mais ni les valeurs collectives, ni notre Constitu-tion ne nous autorisent à condamner ces enfants.C’est pourquoi, au-delà des distinctions naturelles, lafigure la plus pertinente de l’égalité, celle sur laquellechacun d’entre nous peut et doit agir, c’est l’égalitédes chances, mission première de l’éducation. Mêmesi l’expression paraît aujourd’hui galvaudée, c’estpourtant encore un véritable levier de modificationdes conduites. Et parmi les disparités constatées entreles établissements – reconnues, codifiées, mesurées,affichées dans les revues spécialisées – nombreusessont celles qui sont susceptibles de disparaître et surlesquelles nous pouvons agir.

C’est Richard Descoings (1958-2012) qui le pre-mier s’est emparé efficacement du sujet. En 2001, ilrévolutionnait le Landerneau parisien par la créationd’une nouvelle voie d’accès destinée à intégrer lesmeilleurs de ces jeunes lycéens à Sciences po. Malgré

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tout le bruit qui s’en est suivi, la procédure s’est régu-lièrement développée et il ne viendrait à l’esprit depersonne – du moins peut-on l’espérer – d’y mettrefin.

Il a suffi d’entrouvrir les portes. Aujourd’hui, c’estplus de 1 200 lycéens qui ont réussi cet examen etsont entrés à Sciences po. Ils ont presque tous prouvéqu’ils étaient capables de réussir cette scolarité exi-geante. Grâce à ce nouveau dispositif, les établisse-ments d’origine ont affiché de bien meilleurs résultatsau baccalauréat et notamment un plus grand nombrede mentions.

Rien ne nous empêche de développer cette ouver-ture sur bien des terrains.

Rompre les digues de l’exclusion, établir des rela-tions concrètes entre les élèves isolés et les salariés descentres-villes, rapprocher l’école de l’entreprise, c’estégalement la volonté engagée de la Fondation Égalitédes chances. Fondée par de très grandes entreprisesfrançaises à l’initiative du ministère de l’Éducationnationale, elle se donne pour objectif de lutter contrele décrochage scolaire et de participer à l’élaborationde réseaux professionnels :

— en soutenant financièrement des projets péda-gogiques qui permettent aux élèves de sortir des quar-tiers dans lesquels ils sont – encore – enclavés ;

— en organisant des rencontres (notamment destutorats) entre les individus – enfants et adultes – qui

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appartiennent à des secteurs sociaux devenus de plusen plus étrangers les uns aux autres.

La relation interpersonnelle est un ressort puissantà la portée de tous pour faire progresser l’égalité dansles faits, par la lutte contre les déterminismes. Noussommes dans une société dure, tranchante, clivante,mais nous sommes la société et chacun d’entre nous,travaillant à retricoter un lien social distendu, par-tout, quels que soient son environnement ou son acti-vité, travaille au progrès moral et au changementconcret de notre société. Une société plus justeviendra peut-être des gouvernements politiques maisce qui est à la portée de chacun d’entre nous ne peut,et ne doit pas, être négligé.

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PROGRAMMES SCOLAIRES

Intégrer vraiment l’histoire colonialedans les programmes scolaires

par Louis-Georges Tin,président du Conseil représentatif

des associations noires de France (CRAN) 1,maître de conférences à l’université d’Orléans

Il faudrait partir de cette idée simple : une meilleureconnaissance du monde dans sa diversité devrait per-mettre de faire reculer l’intolérance.

À cet égard, l’histoire des Juifs de France est riched’enseignements. Longtemps stigmatisés, discriminés,persécutés, ils furent au XXe siècle déportés dans lesconditions que l’on sait. Même après 1945, ils durentencore se battre : parler de la Shoah n’était pas chosefacile. L’antisémitisme n’avait pas disparu. Et le trau-matisme était tel… Mais peu à peu, les survivantspurent s’exprimer. Ils savaient que pour lutter contrela bête immonde, il fallait parler, témoigner, enquêter,mobiliser les historiens, les professeurs, la société touteentière. Ce ne fut pas facile, mais ce travail de péda-

1. Site web : le-cran.fr.

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gogie ne fut pas sans effet. Pour lutter contre l’antisé-mitisme, la connaissance valait mieux que les leçonsde morale, si bienveillantes fussent-elles.

Mais la bataille n’est jamais définitivement gagnée ;elle est toujours à mener, encore et encore. Une pro-fesseur d’histoire racontait à quel point, depuis laseconde Intifada, il était devenu difficile pour elled’enseigner en classe de 3e : dès qu’elle abordait lechapitre consacré à la Shoah, un certain nombred’élèves d’origine maghrébine, mais pas seulement,protestaient bruyamment : selon eux, parler du géno-cide, c’était faire de la « propagande pour Ariel Sharonet la colonisation israélienne dans les territoiresoccupés ». Certains même allaient jusqu’à développerdes théories négationnistes. Grandes étaient la colèreet la violence. Dans toutes ses classes de 3e, la situa-tion était intenable. L’année d’après, ce fut la mêmechose. Les leçons de morale n’y faisaient rien. La troi-sième année, cette enseignante changea de méthode.

En y pensant, elle se rendit compte que l’histoiredu Maghreb était fort peu enseignée. Qu’on ne disaitpas grand chose de la guerre d’Algérie, la première,qui fut non pas cette conquête héroïque qu’on pré-sente parfois, mais bien plutôt une guerre coloniale,une guerre sale, comme toutes les guerres. Ce cha-pitre intervient normalement à la fin du programmede 4e, très brièvement, et on n’y arrive jamais. Elledécida alors de le traiter au début du programme

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de 3e. Puis elle continua avec la fin du XIXe siècle, puisla Première Guerre mondiale, la Seconde, la décolo-nisation, le monde d’aujourd’hui, etc. Et elle n’eutaucune difficulté avec quelque élève que ce fût. Mieuxencore, jamais elle n’avait eu classe aussi attentive.Dès le début de l’année, les élèves écoutèrent avecbeaucoup d’intérêt ce qu’elle avait à dire sur la coloni-sation de l’Algérie, et ils participèrent d’une manièreremarquable. Et quand ensuite elle raconta la Pre-mière, puis la Seconde Guerre mondiale, jamais ilsne songèrent à perturber le cours. Nulle remarquedéplacée sur la Shoah, nulle agression antisémite.Mais au contraire, des marques d’intérêt et de respect,régulières et renouvelées.

Jusqu’alors, les élèves de cette enseignante avaientle sentiment qu’en évoquant la mémoire de la Shoah,elle faisait de la « propagande sioniste ». Mais aveccette approche nouvelle, ils comprirent que le coursd’histoire raconte non pas une histoire pour les Juifs,ou pour les Arabes, mais une histoire globale, danslaquelle chacun a sa place. Des élèves qui, parfois, sevoulaient opposés au système scolaire, aux Juifs, aux« Céfrans » et à la France elle-même, après ce courssur la colonisation, l’écoutèrent avec une attentionparticulière. Ils croyaient, à tort ou à raison, que laFrance était hostile à la mémoire de leurs ancêtres, àla mémoire de la colonisation, et ils constataient quece professeur leur enseignait une histoire qui était la

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leur, mais aussi celle des autres. Au fond, grâce à cetteperspective nouvelle, ces élèves étaient enfin récon-ciliés : leur mémoire était reconnue, leur histoire étaitenseignée.

La connaissance contre la violence, tel est le parique nous faisons ici.

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ENTREPRENEURS DES QUARTIERS

Pour un développement économique desquartiers à travers leurs entrepreneurs

par Majid El Jarroudi,délégué général de l’Agence

pour la diversité entrepreneuriale (ADIVE) 1

Le développement économique des « quartierspopulaires » par les forces économiques qui peuplentces territoires est un thème étrangement absent dudébat public. Comme s’il ne fallait parler des quar-tiers que sous l’angle des faits divers. Alors, rien denouveau sous le soleil ? Pas vraiment : un formidabledynamisme entrepreneurial y réside ainsi qued’incroyables opportunités qui permettent – et per-mettront – de tirer la croissance économique de laFrance d’aujourd’hui, et de demain, vers le haut.

Pas convaincus ?

Saviez-vous par exemple que la Seine-Saint-Denisaccueille la plupart des « data-centers » (serveurs) en

1. Site web : adive.fr.

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France ? Saviez-vous que le 93 est en passe de devenirun « hub d’innovation technologique » car ce terri-toire est un réservoir d’entrepreneurs, avec des infras-tructures de logistique incomparables, et uneproximité – stratégique – avec la capitale ? Ces centresde données sont un exemple, parmi d’autres, quimontrent le dynamisme nouveau d’une zone qui fut,il y a peu encore, une des plus grandes « friches indus-trielles d’Europe ». Première vague de transformationradicale.

En effet, ces territoires sont en réalité des « clus-ters » en puissance qui tendent de plus en plus às’affirmer. Les « quartiers » peuvent compter sur unelocalisation stratégique, un marché local puissant lar-gement déconsidéré, un bassin d’emploi riche et uneréelle connectivité entre les acteurs du territoire. Audemeurant, ces zones renferment des avantages compé-titifs encore largement sous-exploités par le mondedes affaires. C’est cette raison qui a présidé à la créa-tion de l’ADIVE en février 2009. Le rôle de notreorganisation est de flécher, et de (ré-)orienter, les mil-liards d’euros générés par les achats effectués par lesgrands groupes privés et publics pour que l’activitééconomique puisse bénéficier à tous, y compris auxentreprises situées de « l’autre côté du périphérique ».

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Quel rôle pour la puissance publique ?

C’est un pari sur l’avenir simple que nous faisons,et qui a le mérite de coûter très peu au budget del’État : encourager et inciter les grands groupes àouvrir leur chaîne d’approvisionnement à la diversitédes entreprises compétitives et innovantes présentessur ces territoires. Cet encouragement n’est pas néces-sairement obligé de se manifester par une « incita-tion » financière ou des aides de la part de l’État : eneffet, de nombreuses pistes existent, de l’outil légis-latif à la mobilisation autour du « label diversité » (eny incluant par exemple une référence claire à la diver-sité dans les achats), ou encore via un travail autourdu code des marchés publics. L’objectif, in fine, restele même : favoriser et inciter la création d’emploisdurables et non délocalisables dans une logique desolidarité territoriale. C’est en soutenant l’activitélocale à travers la commande publique ou privée quenous serons en mesure de créer des emplois pérennes.

En conclusion, le combat de l’ADIVE est de faireaccepter une nouvelle répartition « plus juste » de lacréation de richesse et de valeur ; en engageant despratiques responsables dans les achats, les grandesentreprises, les TPE/PME et les territoires peuventtous en sortir grandis. C’est cette deuxième vague detransformation radicale que nous appelons de nosvœux.

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TROISIÈME PARTIE

CITOYENNETÉ ET SÉCURITÉ

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DISCRIMINATIONS

Combattre les discriminations

par Madjid Si Hocine,médecin et animateur de l’association L’égalité d’abord 1 !

Le débat sur la question des discriminations estincontournable. On a déjà progressé puisqu’on adésormais quitté l’époque où Jacques Chirac, prési-dent de la République, s’étonnait du fait que l’onpuisse refuser l’accès d’une boîte de nuit à unMaghrébin et que les multiples campagnes de testingont prouvé le fait discriminatoire. On sait que lesdiscriminations portent sur le logement, l’emploi, ledéroulement de carrière, l’accès aux loisirs. Elles sontdues à l’origine, la race, la religion supposée, le lieu derésidence, le sexe… À dire vrai les motifs de discri-miner ne manquent pas !

La discrimination est rarement avouée, bien quepeu « pénalisée » : trois condamnations en 2010, deuxen 2009, et, année faste, 2002, onze condamnations 2.Il en est de la discrimination comme de l’alcoolisme,

1. Site web : legalitedabord.fr.2. Source : ministère de la Justice/SG/SDSE/Exploitation du casier judiciaire.

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une pratique secrète et souvent honteusement dissi-mulée même quand elle est institutionnalisée. On sesouvient d’Adecco recrutant pour Garnier des candi-dats BBR (bleu, blanc, rouge), condamné en 2011après cinq années de procédure, ou encore d’AirFrance affectant ses personnels navigants en fonctionde leur origine sur des destinations spécifiques. Mêmechose pour Eurodisney, mettant face au public lesseuls salariés « européens ». La liste est très longue,trop longue. Marie Diouf a 2,5 fois plus de chancesd’être recrutée selon une étude méticuleuse de l’uni-versité de Stanford que Khadija Diouf. Un Arabe a7,5 fois plus de chance d’être contrôlé qu’un Blanceuropéen et un Noir 6,5 fois (nouvelle étude à l’ini-tiative d’une fondation américaine) !

Quelles propositions faire ?

Mieux connaître les discriminations

On ne peut éradiquer que ce que l’on connaît. Laprise en charge des questions de discrimination imposedes études épidémiologiques. L’écueil principal estle dogme du refus de la réalisation de statistiquesethniques. Étrange posture ! On sait exactementcombien il y a de personnes infectées par le VIH oucombien il y a de téléviseurs dans le domicile desFrançais, mais il est très difficile de mesurer l’impor-tance des discriminations en raison de l’origine ou de

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la religion. Drôle de paradoxe qui fait que l’on parled’un sujet sans la rigueur du chiffre, et qu’en vertud’un principe républicain très respectable, on se refuseun moyen d’agir.

Oui aux statistiques ethniques ! Il faut être capablede lutter à armes égales. Il ne faut pas en avoir peur,il existe des moyens de sécuriser et d’anonymiser lesdonnées et les fichiers générés. Le modèle du recen-sement, gigantesque compilation d’informationssensibles, est une bonne base. Le consentement etl’anonymat doivent être les deux seuls impératifs. Ilexiste des moyens de les garantir raisonnablement etplusieurs études pourraient être menées très facile-ment dans des quartiers défavorisés sur la base dequestionnaires anonymes, le fait d’accepter d’yrépondre étant déjà une preuve de consentement desparticipants. Ce genre de questionnaires est réalisabledans le milieu professionnel (entreprise privée etadministration), les établissements scolaires, les struc-tures de santé, etc. Ce seraient des études de ressenti.Quand les résultats seraient croisés avec d’autres sta-tistiques, on pourrait apprécier par exemple l’écartentre le ressenti et la réalité. On peut entre autresmesurer ainsi la distribution du personnel en fonctionde l’origine et du diplôme. Depuis les années 1970,les États-Unis offrent la possibilité aux citoyens des’« auto-déclarer » ou de s’« auto-classer » et cela faitlongtemps qu’ils se sont débarrassés du « color blind-ness ».

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Mener ces études nécessite des moyens, financierset humains. Plusieurs pistes pour cela : tout d’abordla création de bourses de recherche destinées à desdoctorants pour multiplier les travaux et les réflexionssur le sujet. Bourses issues de fonds publics maispourquoi pas aussi par le recours au mécénat avec desfonds versés à une fondation de lutte contre les discri-minations, en particulier par des entreprises qui ygagneraient une image d’entreprise responsable et desexemptions fiscales. Cette fondation aurait vocation àlancer des appels à projets, que ce soit pour des tra-vaux de recherche ou des actions de lutte contre lesdiscriminations (contrôle du fonctionnement assurépar la Cour des comptes ou le Comité de la Charte).

Une étude de suivi de cohorte, comme celle deFramingham, devrait être perpétuellement en coursavec de nouvelles inclusions d’individus pour suivrel’évolution de la population, les parcours, les diffi-cultés rencontrées pendant des périodes longues, idéa-lement en partant de l’enfance ou au plus tard del’adolescence. Au fur et à mesure du temps, on auraitun formidable réservoir de données.

Mieux faire connaître les discriminationsau grand public

Beaucoup de nos concitoyens ne mesurent pasl’importance ni même l’existence des discriminations.Certains ne comprennent pas la gravité des choses et

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sont même convaincus de bonne foi qu’il y a uneexplication rationnelle au phénomène. Ils sont parfoisencouragés par des discours du type : « C’est normalde contrôler plus les Noirs et les Arabes car tout lemonde sait que la plupart des trafiquants sont noirsou arabes. » Il faut imposer le débat dans la sociétéfrançaise, non pas pour développer une forme derepentance ou pour entretenir une victimisation, maispour faire entendre que les discriminations sont unpoison, qu’elles sont injustifiées et qu’elles sont pas-sibles de sanctions. Développer le débat a aussi uneautre vertu, prouver à ceux qui se sentent délaissés etdiscriminés que, d’une part, ils ne sont pas respon-sables de leur sort, et que, d’autre part, on ne laissepas faire. Ce sera la marque que l’État et la Répu-blique sont attentifs au sujet.

Le meilleur instrument reste la télévision : onattend des campagnes de spots (sur le modèle de cellespour l’arrêt du tabac, les violences routières…), desémissions de débats sur les chaînes publiques, descampagnes d’affichages à mener régulièrement.

Faut-il créer un ministère, un haut-commissariat ?Le débat reste ouvert, mais si c’est le cas, cela ne doitpas être une coquille vide et sans pouvoir comme on apu le voir dans le passé. À sa tête, il ne peut y avoirqu’une forte personnalité, compétente en la matièreet dotée d’une solide connaissance du sujet.

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Modifier les représentations sociales

On est aujourd’hui à certains égards dans unesituation proche de celle qui a précédé la Révolutionfrançaise : une crise économique, et une partie de lapopulation qui se sent exclue, une colère et un ressen-timent qui vont croissant. Certains sont pénaliséspour des motifs économiques, d’autres en raison deleur origine, d’autres encore cumulent les deux han-dicaps. Des pans de la population, faits de gens pour-tant citoyens du même pays, ne se côtoientqu’incidemment (on peut ici regretter la disparitiondu service militaire).

Il est urgent de modifier un certain nombre dereprésentations sociales pour, si j’ose dire, « les deuxparties ». On doit faire admettre par tous qu’on peutavoir un père éboueur malien et être français, êtredescendant d’un immigré algérien et être médecinvoire conseiller du président de la République sansêtre membre de l’énarchie qui se sentira sans doutebousculée. Énarchie dont la qualité première n’est paspour l’instant de connaître la diversité sociale et doncencore moins la diversité ethnique.

Pour cela, il faut lancer un immense travail d’ico-noclaste, c’est-à-dire de briseur d’images.

En tout premier lieu, proscrire à tout jamaisl’expression « français d’origine… » qui, elle, a droitde cité contrairement aux statistiques ethniques… On

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ne voudrait plus non plus entendre parler de « corpsfrançais traditionnel », terme qu’avait employé leministre d’une République dont nous sommes toussupposés être des enfants également aimés et traités.

Il faut aussi majorer dans les médias la représenta-tion des couches sous-représentées pour un reflet justeet égal de la réalité de la population françaiseaujourd’hui. La contribution d’un Rachid Arhab pré-sentant le journal télévisé est sans doute plus impor-tante que toute forme de discours de lutte contre lesdiscriminations. Une série comme « Plus belle la vie »en a fait plus pour montrer qu’une famille maghré-bine est une famille comme une autre que n’importequelle étude sociologique. Djamel Debbouz, OmarSy, etc. jouent le même rôle qu’ont pu le faire Arnoldet Willy aux États-Unis ou le Cosby Show (je ne suispas loin de penser que c’est grâce au Cosby Show queles Américains ont pu voter pour Barack Obama).Imposer des visages différents et donc des référencesdifférentes que celles couramment diffusées permettraun plus juste reflet de la normalité de ces élémentsperçus encore trop souvent comme allogènes.

La valorisation des réussites a elle aussi une doublevertu, prouver à ceux qui se sentent condamnés àl’échec et au rejet que les parcours brillants, les nomi-nations et les hautes fonctions sont possibles, maisaussi prouver à ceux qui en doutent encore que l’onn’est pas obligé de cantonner les fameux « issus de »

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aux fonctions subalternes. Il faudrait presque desquotas dans l’attribution de décorations pour que laNation rende hommage à ces parcours. Mais il fautaussi convenir que ce n’est pas « Polytechnique ourien », les parcours d’ascension se font sur plusieursgénérations, paysan, ouvrier des villes, puis à la géné-ration suivante instituteur, et plus tard dans le déroulédes générations, médecin, avocat, journaliste, ingé-nieur… Tout ne peut se faire d’une génération àl’autre, mais il doit être acquis que chaque générationdoit avancer plus loin que la précédente. Seule l’écolepeut permettre d’y arriver.

La question de l’école permet de faire la transitionvers le débat sur les quotas. Il ne peut être balayé sousprétexte d’égalité républicaine, puisque ce peut êtrejustement une solution pour la rétablir. Commentfaire quand des situations présentent un tel retardqu’il faut donner une forme de « coup de pouce »pour les corriger ? Même chose pour ce qu’on appellela discrimination positive, il serait d’ailleurs préférabled’utiliser le terme d’« affirmative action », d’actionpositive, je dirais d’action compensatrice. Il faut clai-rement le dire : quand les choses ne se font pas natu-rellement, il faut utiliser des mesures correctrices, sansimposer pour autant des quotas ethniques partout,mais dans des endroits déterminants pour l’avancéesociale.

Les testings à l’entrée des boîtes de nuit c’est bien,mais à l’entrée de l’ENA ou de la haute fonction

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publique et des postes à responsabilité c’est mieux !On voit bien l’impulsion provoquée par les mesuresprises à Sciences po il y a quelques années et qui nesont plus contestées aujourd’hui. L’État a là un rôleessentiel à jouer, il ne faut pas hésiter à étendre cegenre de mesure de promotion à l’accès à l’Universitéet surtout aux grandes écoles. Mais il faut aussi etsurtout agir à la source, c’est-à-dire au niveau del’enseignement dans les quartiers populaires, là oùtout commence :

— classes à effectif réduit ;— tutorat par des enseignants ou un adulte réfé-

rent pour les enfants fragiles ;— généralisation et caractère obligatoire de

l’étude ;— revalorisation de l’enseignement professionnel ;— régionalisation des offres de formation en fonc-

tion des besoins locaux ;— internat pour les enfants en difficulté, en perdi-

tion, mais aussi pour « extraire » les enfants brillantsqui ne trouvent pas toujours un milieu propice à leurépanouissement (il ne faut pas méconnaître le risquede nivellement par le bas de celui qui est considérécomme un « bolos » et qui doit se soumettre au modèledominant).

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Punir et réprimer les discriminations

À tout seigneur, tout honneur, il faut commencerpar les politiques. Ceux qui ont tenu des propos où ilsparlaient de « sous-hommes », ceux qui dans destweets ont fait preuve d’un mépris pour des gens sup-posés héritiers de l’esclavage, auraient dû être déchusde leur mandat. Le politique est un élu de la Nation,il a un devoir d’exemplarité et ne peut se faire l’apôtrede propos et de pratiques de cet ordre.

Il faut punir les pratiques discriminatoires et leracisme. Pour cela, il faut une grande loi sur la discri-mination. On dira « une de plus », certes, mais celle-cidoit prévoir des sanctions fortes et communiquersur l’existence de ces sanctions. Il y a moins devingt condamnations pour discrimination par an. Ilfaut souvent plusieurs années pour que les procéduresaboutissent. Les procédures doivent, dans ces situa-tions où l’on doit aller vite quand il faut un logement,un emploi…, être raccourcies avec la possibilité d’uneprocédure en référé pour discrimination. Dans cesprocédures, le testing doit être reconnu comme uncommencement de preuve.

Le dépôt de plainte doit être facilité et enregistrédans les commissariats de police, l’anonymat desprocédures doit être garanti pour éviter représailles,sanctions, menaces d’employeur. Le délégué départe-mental du Défenseur des droits doit se voir doter de

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plus de moyens et de pouvoirs, il doit pouvoir sesubstituer au plaignant dans une procédure pour pro-téger celui-ci.

Dans la lutte contre les discriminations, la préven-tion par l’éducation et la prise de conscience sontindispensables, mais la sanction est incontournable,on en a pour preuve l’effet dissuasif de la loi Gayssotsur le racisme.

En revanche, la sagesse impose de se garder detomber dans des excès et de voir et/ou de poursuivrela discrimination là où il n’y en a pas, travers toujourspossible.

En conclusion, le retard pris dans la lutte contreles discriminations est une faute politique et uneimmense erreur de gestion des ressources humainesdu pays. Il est urgent d’agir contre elles. Le poisonqu’elles représentent, quelles qu’elles soient d’ailleurs(sexe, âge, handicap), est tellement important ques’impose une attitude pragmatique et de bon sens.On ne doit s’interdire aucun moyen en vertu dedogmes. La volonté et l’opiniâtreté du politique etdes acteurs sociaux sont indispensables. Ce n’est pasune grande cause nationale, mais une grande causequi pourrait sauver l’idée même de la Nation que sefont les républicains.

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INSÉCURITÉ CIVILE,INSÉCURITÉ SOCIALE

Former et sécuriser les parcours de vie :la construction d’une nouvelle citoyenneté

responsable

par Nassurdine Haidari,adjoint au maire du 1er secteur de Marseille,

délégué à la Jeunesse, aux Sports et à la Politique de la ville

De l’insécurité sociale à l’insécurité civile

Une fois de plus, les règlements de compte à l’armelourde dans les quartiers nord de Marseille ont plongéla cité phocéenne dans la spirale du sang et de la peur.Ces jeunes tombés sous le feu de la « kalach » ont étéabattus en plein jour sous le regard d’enfants inno-cents, comme si le crime ne se cachait plus, comme sices voyous encagoulés pouvaient condamner à morten toute impunité.

Ces crimes ne sont plus de simples règlementsde comptes entre bandes rivales organisées, pourcontrôler un bout de territoire ou s’emparer d’unecargaison de « shit » ou de « coke », qui sera savam-ment distillée dans toute la ville par les bataillons de

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la délinquance et du crime. Aujourd’hui ces crimesd’une extrême violence sont devenus une marque dedéfiance à l’égard de toute autorité et une menacepermanente pour l’ensemble des Marseillais.

Ces règlements de comptes en cascade, qui ébran-lent le vivre-ensemble des Marseillais, traduisent nonseulement le désespoir d’une certaine partie de la jeu-nesse marseillaise, proscrite, réduite à des conditionsde vie misérables et vautrée dans le trafic de drogue,mais surtout la mainmise des dealeurs sur nos quar-tiers. La drogue ne détruit plus simplement des par-cours de vie, elle délimite des territoires, elle organiseune économie, elle fait vivre des familles entières, elleaccompagne l’insertion sociale des plus jeunes, et ellecongédie des habitants jugés trop encombrants. Unegangrène qui s’étend dorénavant sur toute la ville…

La question de l’insécurité civile se pose d’unemanière particulièrement aiguë à Marseille. Et il fautà présent avoir le courage de la regarder en face.Cependant, la regarder frontalement, sans regarderavec la même exigence l’insécurité sociale, qui estl’une des racines du mal marseillais, ne sauraitapporter à Marseille et aux Marseillais des solutions àlong terme. Car aucune réponse temporaire ne seracapable de faire reculer l’organisation de ces crimes desang et aucune réponse temporaire ne pourra porterdurablement atteinte à la première économie de cesquartiers dits sensibles.

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Qu’est donc cette insécurité sociale qui accule cettejeunesse marseillaise à accepter de jouer avec des viespour une poignée d’euros ? Que dire de cette ville quiplonge inexorablement dans une précarité endémiquequi condamne dès le plus jeune âge ? 44 % des moinsde 18 ans vivent sous le seuil de pauvreté ; le chômagetouche 30,5 % des moins de 25 ans et atteint le tauxvertigineux de 49,9 % dans certaines cités sensibles.Que dire de la crise du logement, qui concentre tou-jours les mêmes populations aux mêmes endroits,créant une ville à deux visages ? Que dire du niveaud’éducation de cette ville, quand plus de 24 % desMarseillais sortent du système scolaire sans diplômeni formation, les éloignant définitivement des emploisdisponibles ?

Oui ! Une partie de Marseille s’éteint dans cettedégradation des conditions d’existence et une autrepartie de la ville s’éteint dans ces trafics de drogue quiassiègent nos cités, détruisent la scolarité de nosenfants et étouffent nos réussites. Oui ! Cette insécu-rité sociale multiplie les effets de cette insécurité civileque nous condamnons de toutes nos forces. Luttercontre ces trafics de drogue passera impérativementpar une réponse « sécuritaire constante » mais surtoutpar des mesures sociales plus que nécessaires dans lamétropole la plus inégalitaire de France. Car lorsqueles armes parlent, la démocratie se tait.

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De l’économie parallèle à l’emploi réel

L’économie parallèle est devenue en quelquesannées le premier bailleur de fonds de ces jeunesexposés à la dégradation avancée des conditions devie. Dans ces quartiers touchés par le chômage demasse, l’emploi réel doit se substituer à l’économieparallèle. Plus l’emploi avancera, mieux le trafic dedrogue reculera. Pour ce faire, la création d’une plate-forme de formation de proximité implantée au cœurdes cités sensibles sera le pilier du retour au vrai tra-vail. La plate-forme anticipera les formations donnantaccès à l’emploi disponible afin d’offrir de réellesopportunités d’embauche. Un véritable plan de for-mation local qui donnera la possibilité aux plus fra-giles d’accéder aux emplois trop souvent cachés et quipermettrait à Marseille, comme à toutes les autresvilles de France, de connecter le marché de l’emploiaux quartiers défavorisés.

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NOUS… LA CITÉ

Pour améliorer la vie dans les cités

par Joseph Ponthus,coauteur de Nous… la cité 1

Après concertation, les coauteurs de Nous… la citéavancent les propositions concrètes suivantes :

— dissolution immédiate et effective des Brigadesanticriminalité (BAC), source de provocations, d’arres-tations arbitraires, voire de décès « inexpliqués » dansles quartiers populaires ;

— enquêtes administratives indépendantes sur lesdécès dans lesquels la Police nationale est impliquéesur le modèle du Contrôle général des lieux de priva-tion de liberté, avec élargissement des fonctions deveille et de conseil à des fonctions décisionnelles pourle Contrôle général et pour cette nouvelle instance ;

— application immédiate des propositions rele-vées par la « Conférence de consensus » dans le cadrede la politique pénale française : abolition des peines

1. Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Riadh Lakhechene, Alexandre Phili-bert et Joseph Ponthus, Nous… la cité. « On est partis de rien et on a fait unlivre », Paris, La Découverte, 2012.

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plancher, élargissement de l’application des peines, findes quartiers disciplinaires, des fouilles à nu, etc. ;

— strict contrôle des reportages « embedded » avecla police ou tout type de forces de l’ordre ;

— droit de regard et de correction sur ces mêmesreportages par les habitants des quartiers populairesconcernés ;

— développement des conseils de quartier auto-nomes et d’associations d’habitants avec pouvoir déci-sionnel par rapport à des enjeux municipaux.

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UNE DIMENSION EUROPÉENNE

Égalité et relations aux institutions :une question également européenne

par Christophe Bertossi,Guillaume Capelle et Lise Thibult

du Centre Migrations et Citoyennetés de l’Institut françaisdes relations internationales (IFRI), Paris

L’enjeu de l’égalité dans les quartiers populairesn’est pas uniquement une question française, loin s’enfaut. Depuis septembre 2011, un projet du CentreMigrations et Citoyennetés de l’Institut français desrelations internationales (IFRI) propose d’ouvrir cetteréflexion à plusieurs pays européens. Ce projet a pournom SUCCESS 1.

Un projet européen de participation locale

À Montreuil, Palerme, Birmingham et Oeiras (prèsde Lisbonne), des groupes d’une quinzaine d’acteurs

1. Ce projet est soutenu par le programme « L’Europe pour les citoyens » dela Commission européenne et le Conseil régional d’Île-de-France, et développéen partenariat avec la Fondation Calouste Gulbenkian, l’université de Palerme etla ville de Birmingham.

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locaux ont été mis sur pied. Ils réunissent des habi-tants et des représentants d’institutions sociales, sani-taires, éducatives ou de la police à l’échelle d’unquartier. Ces quatre groupes se rencontrent régulière-ment et fonctionnent en réseau par l’intermédiaired’une plate-forme sociale que nous avons développéepour eux 2.

Ensemble, ils travaillent à l’élaboration d’un dia-gnostic et de propositions sur les relations souventdistantes ou conflictuelles avec les institutions et surl’enclavement géographique mais aussi culturel etsocial de leurs quartiers.

L’essentiel du projet est de donner une voix à cesacteurs en suivant un schéma « bottom-up », allantdes citoyens vers les institutions nationales et euro-péennes, et les médias. Les réalités vécues dans cesquartiers viennent nourrir le dialogue entre habitantset institutions, et constituent le socle d’une discussionde dimension européenne.

Cette perspective comparée à l’échelle de l’Europemet en lumière de fortes similitudes : tous les quar-tiers sont confrontés aux mêmes problématiquesd’enclavement, de stigmatisation de ces territoires etde leurs populations, d’une faible participationcitoyenne et d’un déficit de confiance entre habitantset institutions.

Cela souligne surtout des réalités historiques,sociales, politiques ou culturelles très variables d’un

2. www.voicingsuccess.eu.

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quartier à l’autre. L’histoire récente de l’immigrationà Palerme n’est pas comparable avec celle qu’a connueBirmingham dans les années 1960. L’organisation des« communautés », la place des associations, leurs rela-tions plus ou moins négociées avec la police, trèsdéveloppées à Birmingham, sont des réalités plus fai-bles à Montreuil et Oeiras, et quasi inexistantes àPalerme.

Ces problématiques communes et ces différentscontextes constituent le cadre général du travail dessoixante citoyens qui se sont lancés dans ce projet etqui les conduiront, fin 2014, à formuler des proposi-tions sur ce que pourrait être une politique euro-péenne de la citoyenneté.

Une comparaison européenne pour mieux luttercontre les préjugés sur les quartiers

Une image sociale stigmatisante de ces quartierspopulaires isole leurs habitants et nourrissent des pré-jugés à leur égard : « trafics », « délinquance », « immi-gration », « problèmes des banlieues », « émeutes »,« incivilités ». Mais d’un quartier à l’autre, le contexteinstitutionnel et social est très différent et ces ques-tions ne se posent pas de la même façon.

Ainsi, à Birmingham, la police a organisé desconsultations de citoyens et la première élection ausuffrage universel du no 1 de la police pour la région

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des West Midlands à l’automne 2012. Les « commu-nautés » locales sont un interlocuteur consacré desforces de l’ordre, des officiers étant chargés spéciale-ment de la relation avec les citoyens, et une attentionparticulière est accordée aux problèmes de racisme.

Palerme offre un exemple tout à fait opposé : lesforces de l’ordre n’entrent pas dans le quartierimmigré de Ballarò, où l’on ne trouve qu’une seuleécole. Quartier le plus densément peuplé, Ballaròapparaît comme « vide » au recensement, une majo-rité de ses habitants étant en situation irrégulière.D’où des politiques éducatives et sociales dépendantesdes associations locales, généralement liées à l’Églisecatholique, et des politiques locales peu développées,dans un contexte général d’absence de participationcitoyenne à Palerme – le problème n’est donc pasuniquement celui des populations immigrées.

À Montreuil, la relation entre les habitants et lapolice est perçue comme particulièrement conflic-tuelle. Le quartier ne possède aucun commissariat surplace. La BAC y « descend » parfois en cas d’incident.Les habitants ressentent comme « arbitraires » ces« descentes », ainsi que les contrôles au faciès et l’usageparfois disproportionné de la force. À cela s’ajoutel’enclavement géographique et social du quartier, quiest mal desservi par les transports en commun et queles habitants du centre-ville ne connaissent pas.Cet enclavement est également culturel, faisant duMorillon un îlot où ceux qui n’habitent pas le quar-

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tier n’ont pas de raison d’y venir. Cette distanceaggrave in fine la relation aux forces de l’ordre, struc-turée autour de peurs croisées, entre les habitants etles policiers, et empêche que cette relation apparaisse« normale » aux uns comme aux autres.

Autre exemple, le Portugal. Helder, un membre dugroupe du quartier d’Outurela-Portela dont la familleest originaire du Cap Vert, raconte qu’« au Cap Vert,de très grandes familles vivent dans des villages éloi-gnés les uns des autres. Quand il y a un enterrement,les proches doivent marcher sur plusieurs kilomètreset se réunissent autour d’un repas. Au Portugal, lesgens du Cap Vert ont conservé cette tradition. Unjour, la police a vu beaucoup de gens se rassembler enbas d’un immeuble dans le quartier. Les policiers neconnaissaient pas les pratiques de la communautécapverdienne… En voyant autant de monde, leurpremière réaction a été d’appeler des renforts ! »Helder conclut : « Beaucoup de conflits pourraientêtre évités si l’on encourageait la police à rencontrer etfaire la connaissance de la communauté avec laquelleelle travaille. De cette manière, son travail deviendraitplus efficace… »

Le constat est partagé par tous les groupes et neconcerne pas seulement la relation aux forces del’ordre : les représentations publiques stéréotypées des« quartiers » ont un coût sur l’efficacité des institu-tions telles que l’hôpital, la police, l’école dans cesterritoires. Il devient alors essentiel d’organiser un

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dialogue permanent entre les représentants locaux deces institutions et les habitants. Cela permet de révélerdes préjugés mais aussi des angoisses, de part et d’autrede la relation entre institutions et habitants. C’est àcette mission que s’attèle SUCCESS.

Remettre l’Europe au cœur de la réflexion sur l’égalitédans les quartiers populaires

Plus généralement, les participants constatent undécalage entre les valeurs fondatrices de l’Europe tellesque l’égalité, la dignité et le respect de la personned’une part, et l’exercice quotidien de la citoyenneté,semé d’embûches, d’autre part.

Cette réflexion ne s’appuie pas sur les principesabstraits d’une citoyenneté européenne trop souventperçue comme étant « éloignée » des citoyens oucomme une question « réservée » aux élites culturelleset politiques des pays européens, mais sur les vécusconcrets et quotidiens de ces habitants et profession-nels.

Les pistes de réflexion initiées par SUCCESSconcernent d’abord l’extension du droit de vote localet national des étrangers. La question n’est pas obso-lète, tout particulièrement dans des contextes commela Sicile ou la région de Lisbonne, qui connaissentune immigration récente. C’est une question decitoyenneté également pour les groupes du projet enFrance et en Grande-Bretagne. De ce fait, la question

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de l’élargissement du vote des étrangers aux électionsnationales devrait être posée au niveau européen.

Ensuite, à la notion d’« intégration » qui fonctionnesouvent comme un synonyme d’« assimilation », tousles groupes s’accordent pour lui préférer la conceptiond’une citoyenneté active de tous. Dans un contexte dediversité socioculturelle, le processus de rapproche-ment, de dialogue et d’échanges culturels que suggèreune telle citoyenneté active est à double sens. En effet,il va des « nouveaux » citoyens vers les sociétés euro-péennes dont ils sont les membres à part entière – unequalité qui doit leur être reconnue sans condition. Ilva également des sociétés européennes vers les popula-tions immigrées et leurs descendants, en faisant en sortepar exemple que les réalités de cette diversité sociale,culturelle et religieuse soient mieux connues, et qu’ellesdeviennent une dimension normale et valorisée dessociétés européennes. Ce processus pourrait être davan-tage encouragé par la mise en place de programmes deformation des professionnels de la santé, de l’éduca-tion ou des forces de l’ordre, programmes qui pour-raient être initiés au niveau européen.

Par ailleurs, la pratique de la citoyenneté se heurteà un déficit de connaissances des populations desquartiers populaires à l’égard du fonctionnement desinstitutions. Les institutions nationales sont peuconnues, perçues comme distantes, et on ne leuraccorde pas beaucoup de crédit. Les institutions euro-péennes et les programmes de l’UE en matière de vie

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associative, d’activités culturelles, d’éducation ou deformation restent aujourd’hui totalement inconnusdans ces quartiers. Si un accès à l’information s’avèrenécessaire, il n’en demeure pas moins qu’un travailplus en profondeur doit être réalisé, dans le but derapprocher l’Europe et les citoyens, tout en redéfinis-sant substantiellement le projet européen et en asso-ciant les habitants des quartiers populaires à ce travailde redéfinition. S’annonce alors un travail de longcours qu’il faut imaginer et structurer, très pragmati-quement.

Autre piste suivie par les participants au projetSUCCESS : sur le modèle du Parlement des jeunesqui existe en Grande-Bretagne, des forums publicspourraient être ouverts aux citoyens les plus jeunes.Ces forums travailleraient de concert avec les institu-tions publiques, qui, de leur côté, recevraient des for-mations sur le quartier dans lequel elles doiventtravailler. Enfin, l’accent mis sur la lutte contre toutesles formes de discriminations est partagé par tous lesgroupes du projet.

Toutes ces pistes donneront lieu en décembre 2014à des propositions et des recommandations qui serontprésentées aux décideurs européens sur l’avenir d’unepolitique de la citoyenneté dont l’échelle de référencetient dans l’articulation entre le local, le national et ladimension européenne.

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QUATRIÈME PARTIE

CULTURE ET MÉDIAS

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AUDIOVISUEL ET DIVERSITÉ 1

L’audiovisuel français doit refléterles réalités qui traversent la société

par Rokhaya Diallo,éditorialiste et cofondatrice

de l’association Les Indivisibles 1

Proposition compilant les propositions effectuées par NoriaBelgherri, Laurence Lascary, Bader Lejmi et Linda Baha

– membres des Indivisibles – dans l’Appel pour uneRépublique multiculturelle et postraciale en 2010

La radio et la télévision sont de puissants médiasqui touchent des publics variés. Leurs dirigeants ontdonc une indiscutable responsabilité quant au fait deveiller au respect de la représentation objective de ladiversité de la population française. Ainsi, pour toutecoproduction ou pré-achat de programmes de fiction,animation ou flux, les diffuseurs français doiventimposer dans leurs contrats avec les producteurs uneclause engageant ceux-ci à respecter au mieux cettereprésentativité tant dans le scénario, le casting, que

1. Site web : lesindivisibles.fr.

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l’équipe de production. La responsabilité des diffu-seurs doit également être engagée dans la ligne édito-riale de ces productions et ils doivent veiller à ne pastolérer d’insinuation ou de renforcement des préjugésracistes.

Les chaînes doivent opérer une réelle diversifica-tion de leurs sources d’achats (notamment en recou-rant aux sociétés de production et aux artistes issusdes quartiers populaires) et des cadres des unités deprogrammes.

L’État pourrait également subventionner la créa-tion d’une banque d’images avec des citoyens françaissans discrimination aucune pour servir d’illustrationsà des publicités. Au quotidien, les images que nouspercevons de la société française modèlent nos repré-sentations de sa composition, de son visage. Ce qu’onnous donne à voir influence très fortement notre idéede ce que sont la France ou les Français aujourd’hui.Or trop souvent – de la télé à la presse en passant parle Web, la radio ou les affiches publicitaires – les per-sonnes non blanches sont absentes de ces représen-tations de la France, cantonnées à des positionscommunautaires.

Les agences de communication, les entreprises, etl’ensemble des métiers de la communication, utilisentdes visuels qui sont achetés à l’étranger, dans des ban-ques d’images américaines notamment. Afin de dis-poser d’images de personnes plus « représentatives »

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de notre population, nous proposons la constitutiond’une banque d’images de résidents français. Le choixainsi que les prix proposés par cette banque d’imagesdevront être suffisamment attractifs pour que les dif-férents acteurs préfèrent piocher parmi ces visuels.

Enfin, les médias d’information doivent veiller àadopter une phraséologie et des orientations édito-riales veillant à ne pas stigmatiser les populations« non blanches » : interdire la mention des originesdes protagonistes de faits divers quand cela n’apporterien à l’information, circonscrire le terme d’« intégra-tion » à des populations primo-arrivantes, l’analysed’un événement ne doit jamais se faire uniquementsur des critères ethno-raciaux.

Un traitement égalitaire des origines dans la circu-lation de l’information doit être effectué. Il ne doitpas être perdu de vue que la plupart des individusmentionnés sont des Français égaux en citoyennetéquelles que soient leurs origines. En effet, il n’est pasrare que seules les ethnicités non blanches soientmentionnées le plus souvent dans des circonstancescontribuant à alimenter les préjugés à l’encontre desgroupes minoritaires.

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AUDIOVISUEL ET DIVERSITÉ 2

L’audiovisuel publicaux couleurs de la France

par Nordine Nabili,directeur du Bondy Blog 1

Les médias expriment les représentations que lasociété a d’elle-même. Il est donc impératif d’utiliserun levier politique à la disposition des décideurspublics : le service public audiovisuel. Il s’agit de fairecomprendre et de montrer à tous les personnels leurintérêt à prendre en compte la diversité. Chacun doitveiller à la qualité de son message dans un souci deresponsabilité en matière de cohésion sociale et delutte contre les discriminations.

Chaque média, dans son domaine de compétenceset son cahier des charges, doit faire preuve d’ambitionet de pédagogie pour susciter l’adhésion en interne eten externe, parce que la diversité est source de perfor-mances économiques et de développement desaudiences. Pour atteindre ces objectifs, il faut irriguerles organigrammes des groupes, les rédactions, les

1. Site web : bondyblog.fr.

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unités de fictions, la publicité, la production de docu-mentaires, les orientations DRH, les stratégies mar-keting, la formation continue des journalistes. Lesréférences aux engagements du service public sur cesquestions doivent faire l’objet d’études indépendantesdans des rapports officiels, pour nourrir la réflexionde la vie parlementaire, ainsi que les débats dans lesmédias.

Il s’agit d’aider les professionnels de l’audiovisuel às’affranchir des schémas de pensée préexistants pourdéfinir des politiques managériales et de créationsinnovantes sur les thématiques de la diversité. Il fautformuler des propositions aux différentes directions(DRH, information, programme, fiction, documen-taire, marketing…) en s’appuyant sur leur recherchepersonnelle mais aussi en s’inspirant d’exemples perti-nents en France et à l’étranger.

Les médias publics doivent entretenir des relationsrégulières avec les pouvoirs publics, les institutions,le monde de l’entreprise, le réseau associatif et lesmembres de la société civile pour faire passer leurmessage et rester en phase avec les dynamiques liées àces thématiques. Une concertation permanente avecdes médias européens partenaires s’impose.

Pour être en alerte afin de suivre et informer lescadres des différents groupes sur l’actualité et lesgrands enjeux autour des questions liées à la diversitéet aux thématiques urbaines en France et en Europe,

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la création d’une Fondation « Médias/Diversités/Banlieues » avec un financement mixte (fonds euro-péen, État, collectivités locales, entreprises de presseet hors presse) s’impose.

Un comité technique ou groupe de travail pourraitréfléchir aux objectifs, aux actions et au montagefinancier de cette structure susceptible de s’inscriredans un mouvement profond, de devenir leader surces questions. Quelques pistes à explorer (liste nonexhaustive) :

— création d’une Conférence annuelle sousl’égide des ministères de la Culture/Communicationet de la Ville sur le traitement des questions urbainesdans les médias afin de sensibiliser et de mobiliserl’ensemble des acteurs des médias : agences et entre-prises de presse, sociétés de production, éditorialistes,sociétés de journalistes, syndicats, écoles de journa-lisme, Commission de la carte…;

— développer la formation continue des jour-nalistes professionnels à la diversité, aux questionsurbaines et à la prévention de la discrimination, enleur permettant de mieux comprendre ces enjeux. Ilest nécessaire de mener des programmes d’informa-tion et de formation qui prévoient différentes pra-tiques et approches pour comprendre les questionsinterculturelles et les mutations sociales en cours ;

— élargir le panel d’experts pour aider les rédac-tions à ouvrir l’éventail de leurs invités aux experts

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issus de la diversité. Ces experts doivent être appelés àtraiter tous les phénomènes de société en France, enEurope ou dans le monde ;

— organisation d’un événement national autourde la création audiovisuelle « Nouveaux talents,Nouveaux outils, Nouveaux usages » ;

— développer un maillage territorial avec lesacteurs engagés sur ces questions (appel à projets,création de bourses, Prix de l’initiative citoyenne…) ;

— développement d’un partenariat privilégié avecdes universités et des lycées : échanges pédago-giques, visite des journalistes du groupe dans les éta-blissements, appel à projets, animation de débats,stages, orientation sur les métiers du groupe ;

— participation active de France Télévisionset de Radio France aux rencontres (événements,colloques, débats…) sur les questions de diversité. Legroupe doit se positionner comme un acteur incon-tournable et engagé sur ces questions ;

— faire évoluer la sociologie des étudiants desgrandes écoles de journalisme. Pour cela, il faut dupli-quer l’expérience « Classe prépa égalité des chancesESJ Lille/BondyBlog » aux concours des écoles, surtout le territoire. Pour faire entrer des profils issus desquartiers dans les rédactions, il faut développer laformation « Contrat professionnel en alternance » ;

— ajouter une discipline académique « histoiredu développement urbain en Europe » dans les

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contenus pédagogiques des écoles de journalisme(1re et 2e années filière généraliste).

Ce projet doit permettre aux acteurs d’innover etd’inventer de nouvelles pratiques, d’associer des pro-fessionnels de l’information et des acteurs de la sociétécivile, d’explorer de nouveaux territoires, d’élargir lescercles et les réseaux, d’utiliser les nouvelles possibi-lités techniques et d’impulser des initiatives sur toutle territoire français.

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MÉDIAS DE BANLIEUE

Médias de banlieue : « Ils ne mouraientpas tous, mais tous étaient frappés »

par Akli Alliouat, directeur de Kaïna TV,Anne Bocandé, rédactrice en chef de Afriscope,

Moïse Gomis, fondateur et ex-directeur de Radio HDR,Gabriel Gonnet, rédacteur en chef de Regards2banlieue,

Farid Mebarki, président de Presse & Cité,Ahmed Nadjar, directeur de Med’in Marseille,Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines,

l’agence de presse des quartiers

En 2005, la France s’embrasait. Trois cents cités enpériphérie du récit national et en marge de l’hexagones’insurgeaient contre la dégradation de leur quotidien.Une presse nouvelle émergeait alors de ces zones. Elledonnait à voir une France nouvelle. En 2013, elle està l’agonie. La droite l’a vue se développer, la gaucheva-t-elle l’enterrer ? Achever les embryons qui incar-neront le monde de demain, c’est ça, le changement ?

Toute la presse s’est émue des émeutes de 2005.Elle s’est esbaudie de l’émergence du Bondy blog.Nouveaux médias, nouveaux journalistes, nouveaux

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points de vue… Pendant ce temps, la presse tradi-tionnelle continuait de boire la tasse. En particulierpour une raison : le lectorat populaire ne s’y intéresseplus. Et pourquoi s’y serait-il intéressé, puisque cettepresse elle-même ne se préoccupait pas de ce lectorat ?Et en même temps que les élites et leurs médiass’enfermaient dans l’entre-soi, ils fustigeaient l’enfer-mement, la « communautarisation » des quartiers !

Quelle reconnaissance des quartiers par les institu-tions ?

Au même moment, la première génération demédias issus des quartiers, souvent en format maga-zine, passait de vie à trépas : Fumigène, Dawa, 5style,Orbeat, Vu d’ici… les historiques Pote à Pote et Res-pect Mag connaissaient les pires difficultés. Vous neles connaissiez pas ? Pourtant, ils ont transmis laparole des quartiers pendant des années, à qui voulaitbien l’entendre ; mais la bonne société ne souhaitaitpas l’écouter, et encore moins la prendre en compte.Malgré bien des difficultés et des humiliations endu-rées par les quartiers sous le quinquennat de NicolasSarkozy, le bout du tunnel apparaissait : en fin demandature, le ministère de la Culture de FrédéricMitterrand se penchait sur ces nouveaux acteurs de lascène médiatique, et leur permettait d’accéder aux

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aides à la presse numérique (fonds « SPEL » 1). Cettepresse des quartiers trouvait même de nouveaux inter-locuteurs auprès de certaines DRAC (Direction régio-nale des Affaires culturelles), grâce à la création d’unfonds d’expérimentation créé ad hoc, dans la foulée dela dynamique Espoir banlieue de Fadela Amara. Engros, pour une fois, une fraction des aides aux médiaspuissants était allouée aux médias émergeant des péri-phéries. Plusieurs jeunes médias de quartier avaientbénéficié de cette reconnaissance, d’autant qu’ilscommençaient à tenter l’aventure du Web, plus pro-portionnée à leurs moyens et à leurs lecteurs, repré-sentatifs de cette nouvelle génération de digitalnatives. Med’in Marseille, Kaïna TV, No ghetto,Afriscope, Presse & Cité et tant d’autres pouvaientainsi offrir de nouvelles perspectives à une pressedominante, frappée d’endogamie sociale et culturelle.

Pas d’émeutes, pas de sous

Avec l’arrivée de la gauche, les médias des quartiersespéraient sortir définitivement la tête de l’eau. Maispatatra ! Regards2banlieue (80 salariés passés parses chantiers d’insertion depuis 2007) se voit retirerune bonne partie des aides : pourquoi existeRegards2banlieue ? Parce que France 3, avec lesémeutes de 2005, souhaitait filmer les quartiers vus

1. Fonds d’aide aux « Services de Presse En Ligne ».

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par ceux qui y habitaient. La chaîne a proposé à cesspécialistes de l’insertion de former des habitants desquartiers au métier de journaliste. Autres exemples ?L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’éga-lité des chances (ACSÉ), localement fondue dansl’obscure et byzantine Direction régionale de la Jeu-nesse, des Sports et de la Cohésion sociale (DRJSCS),arrête aussi de soutenir Kaïna TV (au cœur d’unréseau d’une centaine d’associations de quartiersmontpelliéraines). Med’in Marseille (1995 articlesdepuis l’année 2007) boit la tasse épisodiquement, etmenace de fermer ses portes. Radio HDR (18 ansd’activité, 30 000 auditeurs dans l’agglomérationrouennaise) se voit gratifier d’un plan d’apurement dedettes, et licencie ses responsables. Yahoo met fin àson partenariat avec le Bondy Blog. Le groupementd’intérêt public Échanges et productions radiophoni-ques (EPRA), portant 171 radios, voit son budgetamputé de 300 000 euros et doit donc stopper sonactivité (en attendant une hypothétique résurrection).Conclusion ? On est au milieu d’un champ de ruines.Qui veut la peau des médias de banlieue ? La plupartde ces médias sont nés suite aux émeutes de 2005. Iln’y a plus d’émeutes ? Donc il n’y a plus de sous poureux. En peu de chiffres, mais beaucoup de symboles :le ministère de la Culture de Mitterrand (droite) :280 000 euros d’aides à ce secteur en 2010 et 2011.Le ministère de la Culture de Filippetti (gauche) :

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0 euro. Oui : 0 euro. Budget purement et simplementsupprimé. Les banlieues ? En haut lieu, on doitestimer qu’elles ne vivent que d’amour et de thé à lamenthe.

La cruelle réalité est là : « Ils ne mouraient pas tous,mais tous étaient frappés », disait Jean de La Fontainedans Les Animaux malades de la peste. Les vrais« pigeons » ne se cachent pas dans les nuages dunumérique, mais bien dans les coursives des cités enrénovation. En guise de peste, on leur a inoculé unnouveau virus : ils sont devenus les pestiférés du récitnational, les galeux des plateaux télé, les parias despartis, les misérables de la culture, les indignes del’emploi ! En très haut lieu, on psalmodie tous les joursle retour du « droit commun » pour les quartiers. Pourceux qui sont en charge de ce droit commun en direc-tion des médias, c’est l’exact contraire qui se passe :on l’éradique.

Autisme des politiques publiques ?

À qui la faute ? À la crise ? À une administrationdécidant de sacrifier certains de ses administrés lesplus mal en point sous prétexte de Révision généraledes politiques publiques (RGPP) ou de transfert d’unepartie des budgets initialement dévolus aux associa-tions (soutien scolaire, insertion…), vers des acteurspublics ? La faute à l’autisme des nouveaux cabinets

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ministériels, prisonniers des lobbies traditionnels dela gauche et de leurs mandarinats culturels ? À leurincapacité récurrente à s’intéresser à des quartierspopulaires qui comptent pourtant près de dix mil-lions de Français ? Mais qui veut donc la peau desbanlieues ? Qui peut aujourd’hui, dans la situationsociale que connaît le pays, se passer de certains deleurs porte-voix, qui sont aussi déshérités que jeuneset créatifs ? Aujourd’hui on parle de « gel des bud-gets » dans les institutions. Mais pour les médias debanlieue, c’est une amputation pure et simple ! Et letout sans la moindre discussion. Car que pèsent lesbanlieues ? De quels lobbies disposent-elles ? De quellepossibilité d’accès à la parole publique, médiatique ?On peut clairement les amputer sans débat, sansmême l’once d’un arbitrage politique. « Que nepeut-on même amputer la France de ses banlieues ! »doivent se dire certains chargés des budgets minis-tériels.

Des médias qui relient

Et pourtant, ces médias insèrent des jeunes en dif-ficulté et forment de futurs journalistes, issus desquartiers et des minorités. Ils sont un tremplin versd’autres médias, plus puissants. Ils donnent la paroleà un peuple qui ne l’a guère. Ces médias créent dulien dans les quartiers, sensibilisent à la vie locale, à la

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citoyenneté. Ils portent des idées et des cultures nou-velles, comme les cultures urbaines. Ils ont médiatisébien des stars issues de cet environnement, bien avantqu’elles soient passées dans les radars de la pressetraditionnelle. Ils inventent un style d’écriture, unemanière de raconter, de filmer. Ils tissent un nouveaurécit de la société française. Ils tentent de nouveauxmodèles économiques, et de nouvelles manières dechercher un public qui s’esquive. En un mot, parcequ’ils ont faim, ces médias créent, innovent ; ils ontl’énergie de leur jeunesse et de leur rage. Pour cela, ilssont aussi l’une des solutions à la crise des médias.

Ces médias, baromètres sociaux des quartiers,indiquent que la température du volcan françaiss’approche de la fusion. Lors des prochaines émeutes,il ne faudra pas compter sur eux, qui sont parmi lesderniers médiateurs des cités qui les ont vu naître,pour tenter de « recréer du lien » et de « renouer ledialogue » avec les institutions honnies, les policierscaillassés, les journalistes tabassés, et on ne sait tropqui encore. On ne pourra plus venir les chercher, cesdamnés de la presse, puisqu’ils seront bientôt six piedssous terre.

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JOURNALISTES ET DIVERSITÉ

Proposition concernant la formationdes journalistes

par Pascale Colisson,responsable pédagogique, en charge de la mission Diversité

et égalité des chances à l’Institut pratique du journalisme (IPJ) 1

La vocation du journaliste est de rendre comptedu monde qui l’entoure, un monde de plus en pluscomplexe et difficile à appréhender. Les médias sontcensés être les miroirs d’une société mixte et plurielle.Or le dernier baromètre de la diversité publié enmars 2013 par le CSA (Conseil supérieur de l’audio-visuel) affiche des résultats qui montrent que noussommes loin du compte. Après avoir étudié les pro-grammes sur seize chaînes de la TNT gratuite pen-dant deux semaines, soit 1 450 heures, l’étude pointele fait que les cadres et les professions intellectuellessont surreprésentés, ainsi que les personnes perçuescomme « blanches ». Quant au handicap, on atteintle fond. Seules 0,8 % des personnes présentes dansces programmes sont en situation de handicap, alors

1. Site web : ipj.eu.

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qu’on estime que 7,5 % de la population française estconcernée par le handicap.

Qu’en est-il de la composition même des médias ?Même constat : les femmes qui sont une majorité àembrasser la profession sont sous-représentées auxpostes à responsabilité, les personnes d’origines socialesmodestes ou d’origine étrangère peinent à pousser lesportes des rédactions. Quant au handicap, on compteles journalistes en situation de handicap visible sur lesdoigts de la main. Quelques journalistes malvoyantsen radio, deux journalistes en fauteuil à la télé.

La clé du changement : la formation des futursjournalistes

C’est au sein des écoles de journalisme que le chan-gement peut avoir lieu. Et ce, sur deux axes : le recru-tement des étudiants et le contenu pédagogique.

Certaines écoles parmi les quatorze reconnues parla convention des journalistes mènent des actionspour favoriser la diversité dans la profession. Il estfondamental de développer et de soutenir ces actionset de promouvoir les partenariats entre les entreprisesde presse et les écoles concernées.

L’exemple de l’IPJ Paris-Dauphine

Première école à avoir ouvert une filière par appren-tissage (avec une priorité aux boursiers) en 2004, l’IPJ

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accueille depuis 2007 des étudiants en situation dehandicap.

Parmi les actions menées :— développement des partenariats avec les entre-

prises de presse afin de favoriser l’apprentissage pourdes profils de boursiers. Création d’académies (parexemple avec l’AFP), pour identifier des profils avecdes établissements partenaires en ZUS (Zonesurbaines sensibles) ;

— actions de sensibilisation avec des lycées enZUS ou dans le cadre d’opération comme les Entre-tiens de l’Excellence pour lutter contre l’autocensureet promouvoir les métiers du journalisme auprès dejeunes qui ne se projettent pas dans ce métier faute derôles modèles ;

— travail sur les épreuves écrites du concours pourles diversifier vers une culture moins « classique » ;

— cours obligatoires sur les stéréotypes dans lesmédias et sensibilisation à la diversité dans les médias ;

— projets menés par les étudiants sur le thème dela diversité : blog sur la diversité en Île-de-France etblog sur le thème « journalisme et handicap ».

Ma proposition

Les pouvoirs publics peuvent impulser, voireimposer, une dynamique aux écoles et entreprises depresse qui dépendent d’un ministère (Enseignement

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supérieur pour les écoles universitaires, Culture etCommunication pour des entreprises telles queFrance Télévisions, Radio France, AEF). En lien avecle CSA, on pourrait imaginer qu’un financement spé-cifique soit alloué aux entreprises de presse et auxécoles qui travaillent ensemble pour une meilleurediversité dans les médias : partenariats, échanges debonnes pratiques, stages, recrutement, sensibilisationà la diversité dans le contenu de l’information.

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WEB

Oumma.com : 14 ans de combatpour la reconnaissance du premier site

de l’islam francophone

par Said Branine,de Oumma.com

Opiniâtreté, passion, courage, abnégation. S’il yavait quatre qualités essentielles requises pour cons-truire, pierre après pierre, depuis quatorze ans, unepasserelle de la Connaissance unique entre l’islamfrancophone et le monde qui l’entoure, notammentla société française, ce serait indéniablement cesquatre vertus précieuses dans lesquelles l’équiped’Oumma.com a puisé la force d’aller de l’avant,contre vents et marées.

Des ressources à toute épreuve qui lui ont permisde surmonter les conséquences en France du cata-clysme planétaire que fut le 11 Septembre et des’élever au-delà des torrents de calomnies qui ontcherché à la déstabiliser, pour créer du lien intelligentet novateur au sein de la galaxie musulmane nationaleet internationale, avide d’enrichir ses connaissances et

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de nouer des échanges, mais aussi entre internautesmusulmans et non musulmans, de toute obédience etsensibilité, à la lumière du débat contradictoire etconstructif.

1999 : année de naissance d’Oumma.com à Paris

Né sur la Toile en 1999, à l’heure de l’éclosion del’Internet dans les foyers, Oumma.com, basé à Paris,restera dans les annales électroniques comme le sitepionnier de l’islam francophone à plus d’un titre : lepremier à avoir compris les prodigieuses potentialitésdu Net, le premier à y avoir fait irruption, le premierà s’être doté d’une WebTV, OummaTV, en 2008,actuellement en plein essor, le premier, enfin, à avoirchoisi de réhabiliter les valeurs islamiques universelles,en mettant en lumière la richesse patrimoniale,cultuelle et culturelle de l’islam, faisant l’éclatantedémonstration qu’elle n’a d’obscurantiste que l’oublidans lequel on l’a reléguée, sciemment ou non.

Un développement dans un environnement hostile

Alors que de violents courants contraires ont essayé,à maintes reprises, de saborder une plate-formemusulmane devenue très vite incontournable, cher-chant à diaboliser à tous les micros, à toutes les tri-bunes, un site d’information et de réflexion, traité au

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mieux de « site communautariste », au pire de « siteislamiste », l’équipe d’Oumma.com, tout en s’insur-geant contre ces attaques indignes, a opposé la plusbelle des réponses, à défaut de n’avoir jamais puobtenir un droit de réponse : enrichir continuellementsa ligne éditoriale pour la faire évoluer vers une plura-lité des contenus et des courants de pensées, si chère àses fondateurs, l’exigence de qualité en plus.

Liberté d’expression, liberté cultuelle et culturelle,pluralité des auteurs et des intervenants, telle est lapierre angulaire d’Oumma.com, qui peut s’enor-gueillir de n’avoir jamais sacrifié son éthique et sesambitions sur l’autel du marketing ou de la compro-mission.

En l’espace de quatorze ans, le site phare de l’islamfrancophone, fort de la confiance d’intellectuels, depolitologues, d’historiens, de sociologues musulmanset non-musulmans de premier plan, a élargi sa noto-riété à l’échelle internationale (Europe, Maghreb,Afrique, Canada, États-Unis), s’imposant comme unsite majeur d’actualité et d’information privilégiantl’accès à la connaissance pour tous qu’elle soit théolo-gique, culturelle, géopolitique, sociale ou écono-mique.

Véritable fer de lance du débat alternatif sur le Net,Oumma.com a aussi relevé d’autres défis qui luitenaient particulièrement à cœur : prouver que l’islamn’est pas antinomique avec le cadre républicain de la

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société française, lutter sans répit contre les plus noirspréjugés, contre la stigmatisation populiste et électo-raliste des musulmans, et contre le fléau de l’islamo-phobie, favoriser l’émergence d’une élite musulmanefrançaise désireuse de s’impliquer dans tous lesdomaines, et porter haut l’étendard de la justice.

Un développement en toute autonomie

Sous l’impulsion d’une équipe de professionnelsaguerris et passionnés, Oumma.com a réussi à tissersa toile au fil du temps et aux quatre coins du monde,s’affirmant comme un grand média engagé et indé-pendant, affranchi de toutes les tutelles, d’ici etd’ailleurs.

C’est également en toute autonomie que le site s’estdéveloppé, certes contraint et forcé au début, aprèsavoir très vite compris que le lourd climat ambiant,assombri par la suspicion, la stigmatisation, et l’hosti-lité farouche à l’égard des initiatives musulmanessortant de l’ordinaire, surtout médiatiques, serait unobstacle insurmontable pour prétendre à des aidesfinancières ou autres subventions, qu’elles soientpubliques ou privées. Une situation inique reflétantla cruelle réalité du « deux poids deux mesures » quigangrène aussi la médiasphère, entre les médias géné-ralistes privilégiés et les médias classés « communau-taires », méprisés ou craints comme la peste, a fortiori

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quand ils sont musulmans… Et peu importe si leurvocation est noble et belle, et si leurs perspectivess’annoncent prometteuses en termes d’emplois dansune France pourtant accablée par un chômage endé-mique.

Oumma.com : ni subventions publiques,ni investissements privés

Oumma.com disposait de formidables atouts quiauraient largement mérité un petit coup de pouce despouvoirs publics, ne serait-ce que pour promouvoir lafrancophonie dans le monde en contribuant au rayon-nement de la langue de Molière auprès d’un largepublic, en constante augmentation.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l’équiped’Oumma.com a retroussé ses manches pour se donnerles moyens de ses ambitions, et peut aujourd’hui setarguer de ne devoir sa formidable réussite qu’à elle-même, et au fruit de son travail acharné et persévérant.

La publicité, les abonnements internes, et diversesautres prestations, dont prochainement un site devente en ligne, constituent les principales sources definancement du site phare de l’islam francophone,grâce auxquelles il a pu se pérenniser, se diversifier,et acquérir une visibilité et une notoriété nationales etinternationales.

« Nul n’est prophète en son pays. » Oumma.com afait l’amère expérience de ce proverbe qui se vérifie

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chaque jour avec une rare acuité, et tandis qu’on jetaitle discrédit sur sa vocation et ses objectifs en France,l’ambassade américaine à Paris le reconnaissait à sajuste valeur, à savoir comme le site majeur de l’islamfrancophone qu’il est devenu.

Loin du suffixe en « iste » dévastateur qui aspire àréduire Oumma.com à ce qu’il n’est pas, loin desgrands pourfendeurs de l’islam de France, loin desislamophobes de tout poil et des extrémistes de droite,le premier site de l’islam francophone veut croire auvivre-ensemble dans une société cimentée par desvaleurs républicaines fondamentales et se projette plusque jamais dans l’avenir, fort d’une longévité qui estle plus beau gage de son succès.

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Culture et médias 119

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LITTÉRATURE

Le Prix des lecteurs de banlieues

par Mabrouck Rachedi,écrivain, scénariste, animateur d’ateliers d’écriture

Partant d’un triple constat :— l’accès à la culture en général et à la littérature

en particulier dans les quartiers populaires est insuffi-sant ;

— l’image des quartiers populaires par rapport auxautres et par rapport à eux-mêmes est dévalorisée ;

— aucune initiative nationale de prestige en faveurde la promotion de la littérature générale n’existe dansces zones défavorisées,

je propose de créer un Prix littéraire annuel piloté parune association de type loi 1901 pour les habitants debanlieues, et non un prix de « littérature de banlieue »ou seulement pour les « jeunes de banlieues », en cinqétapes :

— le recrutement des banlieues populaires : trentebanlieues populaires françaises sont sélectionnéesaprès appel à candidatures ;

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— la sélection d’un panel de libraires implantésdans les banlieues populaires qui sélectionnent uneliste de quinze romans francophones de littératuregénérale parus pendant la rentrée littéraire sans autrecritère que leurs goûts ;

— l’organisation de comités de lecture, lieux dedébat : les municipalités identifient ou créent descomités de lecture dans les bibliothèques municipales,les écoles, les universités, les maisons de quartier, leslibrairies, les locaux des associations culturelles locales,les foyers pour retraités… ;

— l’organisation des comités de lecture : les livrescirculent dans les comités de lecture, des liens se créententre ces comités et les villes par des visioconférenceset des rencontres avec des auteurs qui permettrontd’incarner la littérature, de la rapprocher des habitants ;

— l’élection du lauréat, geste citoyen et valorisantpour l’électeur.

L’objectif est triple :— social : créer un événement populaire vecteur

de lien et de mixité sociale, culturelle, générationnellesusceptible de favoriser le désenclavement ;

— culturel : proposer un accès à la littératuregénérale à des zones populaires qui en sont coupées ;

— image : créer un événement prestigieux, vec-teur de valorisation pour les populations enclavées.

Il ne s’agit pas de créer un prix littéraire ad hocpour un public spécifique mais d’instaurer un instru-

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ment pour la « littérature pour tous ». La qualité estun principe d’action via la présélection des meilleursromans francophones de la rentrée selon des librairesindépendants, professionnels aguerris.

Ma vie en banlieue, mon expérience d’écrivain, mesinterventions dans plusieurs festivals du livre, l’orga-nisation de certains événements culturels m’ontconvaincu qu’il était possible de mobiliser autourd’un prix littéraire. En cette période de crise où lespopulations fragiles souffrent plus que les autres, laculture produit des valeurs universelles non cotées enbourse dans lesquelles il serait bon d’investir, en parti-culier pour les plus exposés dans les banlieues.

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CRÉATION

L’École Miroir, pour l’égalité des droits

par Catherine Jean-Joseph,présidente de l’association École Miroir, cofondatrice

et codirectrice de l’École Miroir 1, consultante audiovisuel

L’École Miroir est une école gratuite de formationd’acteurs, de réalisateurs et d’auteurs issus de la diver-sité culturelle et sociale des quartiers populaires de lasociété française.

L’École Miroir, c’est aussi découvrir des jeunestalents et transmettre une éducation artistique et cul-turelle exigeante, faire progresser l’égalité des droits,créer les conditions de la réussite par l’insertion pro-fessionnelle. C’est concevoir des événements et encou-rager les échanges avec d’autres établissements d’arten France et à l’étranger. C’est également se tournervers l’avenir et lui manifester sa confiance.

L’École Miroir pourrait avoir des antennes dans lesgrandes villes françaises comme Marseille, Lyon ouLille, ou Bayonne, les Dom Tom… L’École Miroir

1. Site web : ecolemiroir.fr.

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pourrait travailler sur des partenariats avec des asso-ciations locales et former les talents de demain dansles grandes villes françaises, et pourquoi pas déclinerce modèle à l’échelle des pays francophones. Celaimplique bien sûr le soutien des politiques de cha-cune de ces villes. Aujourd’hui l’École Miroir a pourambition de développer un partenariat avec une écolede Cinéma au Brésil et au Maroc avec des échangesdéjà planifiés.

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POSTFACE

Innover, enfin !

par Marc Cheb Sun,auteur, éditorialiste 1

L’injustice sociale signifie qu’on se refuse à soi-mêmebeaucoup de choses, afin que les autres y renoncent à leurtour ou, ce qui revient au même, ne puissent pas lesréclamer. C’est cette revendication d’égalité qui constituela racine de la conscience sociale et du sentiment dudevoir. 2

Décembre 2005, coup de fil. Je découvre l’accentchantant d’Esther Benbassa, sa « négritude », commeelle me dira plus tard. Esther me propose d’intervenirpour la première grande manifestation du Pari(s) duVivre-Ensemble en mars 2006. Là-bas, à l’UNESCO,je les rencontre, elle et Jean-Christophe Attias, initia-teurs enthousiastes et passionnés d’une passerellecontre toutes les formes de discriminations. La« diversité », mot ô combien galvaudé depuis (car vidé

1. Site web : marc-chebsun.com.2. Sigmund Freud, Psychologie collective et analyse du moi, Paris, Payot, 1924.

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de son sens) prend bien corps ici entre tables rondes,concerts et ateliers avec des lycéens. En 2013, sept ansplus tard, ce « vivre-ensemble » est plutôt mis à mal.Mais à défaut de vie commune, des pratiques impul-sent du « faire ensemble ». Concrètes, souvent inno-vantes, déclinables, elles interpellent tous les terrains.

Habitat, logement, transports. Pouvoir « sepenser librement dans la mobilité » 3, au-delà desfrontières urbaines, sociales, raciales, au-delà de ce quiest palpable, visible, et des frontières mentales aussi,celles qui assignent à résidence ou à origines tout cequi nous construit… Vaste projet. Des vies, des exis-tences, des rêves, des réalisations… Et une sociétécommune pour partager ce qui nous constitue, avecnos différences, dont la reconnaissance permettrait detous pouvoir accéder à nos ressemblances. C’est biencela qui ressort de ces pages, de ces initiatives, de cespropositions. Penser, créer, agir coûte que coûte.

Éducation, formation, emploi. Il est tempsd’investir, oui enfin, sur nos potentiels, hors desschémas et des normes paralysantes. Il est temps defaire place à l’invention, à l’inclusion. Les banlieues,une pépinière de talents ? À voir. Gare aux nouvellesmythologies, toutes aussi enfermantes, qui déclarentles uns « exceptionnels » et les autres inutiles…

Ouvrir ou enfoncer les portes… Descoings a osé dès2001 et, rappelons-le, contre vents et marées. Carole

3. Citation de Stéphane Coloneaux, supra p. 32-34.

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Diamant lui rend hommage et rappelle l’urgence– toujours d’actualité – de « lutter contre les détermi-nismes ». Voilà un enjeu de taille !

L’histoire est ici convoquée par Louis-Georges Tin :celle qui nous relie à un fil et dont l’enseignement sedoit d’évoluer. Notamment dans l’appréhension del’histoire coloniale dont le récit nous éclaire sur nosblocages actuels et nous permet d’analyser les rapportsde domination persistants. C’est cela que nous avons,tous, besoin de comprendre : ce qui depuis hier – ouavant-hier – rebondit dans notre présent. Sinoncomment changer la donne, comment passer à uneautre ère, réellement post-coloniale et post-raciale ?Comment, si ce n’est par le savoir ?

Le développement économique, souvent mis de côté,est ici traité. Nous attendons encore notre « SmallBusiness Act » 4 qui aidera à propulser nos petites etmoyennes entreprises et encouragera, notamment pourprétendre accéder aux marchés publics, les entreprisesinstallées et les grands groupes à diversifier leurs four-nisseurs. Technique ? Non, il suffit juste d’un effortpour comprendre… Notre développement impose debriser, là aussi, les automatismes qui mettent dans lacourse toujours les mêmes et bloquent l’innovation– ou juste l’initiative.

4. « Small Business Act » : loi du Congrès des États-Unis (30 juillet 1953),ayant pour but de favoriser les petites et moyennes entreprises dans l’économiedu pays.

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Combattre les discriminations. DISCRIMINA-TIONS. Cernables et mesurables, pour peu qu’ons’en donne les moyens. DISCRIMINATIONS.Celles qui mettent à mal notre pluralité faite de par-cours de vie, d’héritages migratoires – moins linéairessouvent, chaotiques parfois – mais potentiellementriches d’une effervescence qui se nourrit d’ici etd’ailleurs. Une pluralité stimulée par nos rapports aumonde, aux corps, aux désirs. Les ailes coupées, sousl’entrave de territoires urbains qui se complaisent à– tous – nous imaginer avec deux bras, deux jambes,deux yeux vaillants, des oreilles aux aguets, une mus-culature en éveil et une colonne vertébrale à touteépreuve, faisant fi des défaillances du destin…

Culture et médias. D’une « École miroir » pro-posée par Catherine Jean-Joseph à une refondationdynamique de la presse et de l’audiovisuel, qued’explorations… Curieux de voir pourtant commeon continue de se heurter aux mêmes facilités, auxmêmes paresses de pensée, à l’étroitesse des référencespoussiéreuses. Récemment, un média meanstream medemandait un avis sur la « culture banlieue ».

— La quoi ?— La culture banlieue.— Ah…Drôle d’idée que de réduire une culture à un terri-

toire social. D’autant plus étrange lorsque ce territoireest, lui-même, fortement…multiculturel ! Le « mul-tiple » aurait-il une frontière, un checkpoint à passer,

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dans notre douce République égalitaire dont la réalitén’en est, certes, pas à une contradiction près ? « Ban-lieue » d’un côté, « universel » de l’autre ? Un péage ?Des visas ? Un droit de passage ? Du détaxé ? Unmarché de l’art bradé, dégriffé, avec logos dupliqués ?De l’import-export ? Un ministère des banlieuesétrangères ? De la culture out, off, bis, autre ? La« banlieue », dans cette logique ne serait pas la France,pas la vraie, car la vraie, elle, fait de la culture, pasde la culture « banlieue », de la culture centrale. Uneculture « mise au banc », ça fait quand même bizarre,non ? Ça ne fait pas très culturel… Et puis, qu’est-cequi la définirait cette « culture banlieue » ? De senourrir de France, outre-mer cette fois inclus,d’Afrique, de Maghreb, d’Asie, de States, et d’ailleurs ?D’être dans une sorte de mondialisation positive ? Paseffrayée, pas renfrognée, pas plus spéculative qu’uneautre, pas moins non plus. Mixée. Imprégnée dededans, de dehors, d’avant et d’arrière-garde. De mes-sages et de contre-messages. Alors arrêtez de noussaouler avec votre « culture-banlieue ».

La culture, les cultures, sont faites pour transcenderles frontières. Ouvrir les portes, déranger nos habi-tudes, bousculer les consciences, faire groover lesesprits. Les artistes, d’un côté ou de l’autre du périph’,ne sont pas des singes. Et la vie n’est pas un zoo.Enfin, jusqu’à nouvel ordre…

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Table des matières

AVANT-PROPOSpar Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, cofon-dateurs du « Pari(s) du Vivre-Ensemble »… ........... 9

AVERTISSEMENT ET REMERCIEMENTS ......... 15

PREMIÈRE PARTIE : HABITAT, LOGEMENTET TRANSPORTS

Pour un vaste plan d’urgence, par Jean-BaptisteEyraud, porte-parole de Droit au Logement(DAL)............................................................ 19

Déconnecter le droit de propriété du droit àhabiter, par Patrick Farbiaz, fondateur et anima-teur de l’association Sortir du colonialisme ......... 23

Les logements-foyers resteront-ils dans le sous-droit ? par Geneviève Petaudon, Collectif pourl’avenir des citoyens ......................................... 26

Se penser librement dans la mobilité, une urgencepolitique pour l’égalité, par Stéphane Colo-neaux, adjoint au maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et premier élu délégué aux Métissagesen France ....................................................... 30

L’accès à la mobilité dans les quartiers, par PierreSerne, vice-président de la Région Île-de-France,chargé des transports........................................ 33

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Le pari de la diversité des modes d’habitats, parJérôme Burcklen, chargé du pôle habitat à laFédération nationale des associations solidairesd’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage(FNASAT) ..................................................... 36

La ville et la mobilité, par Clément David, del’association HALEM (Habitants de logementséphémères ou mobiles)..................................... 41

DEUXIÈME PARTIE : ÉDUCATION,FORMATION, EMPLOI

Le contrat étudiant, par Akli Mellouli, adoint aumaire de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne).... 47

Le Coup de Pouce, un coup de cœur pour un coupde chance, par Samy Mamlouk, coordinateur duprogramme « Réussite éducative » à la Mairie deTrappes (Yvelines) ........................................... 50

Une « égalité des chances » dans l’accès à l’éduca-tion, par Carole Diamant, de la Fondation Éga-lité des chances................................................ 53

Intégrer vraiment l’histoire coloniale dans lesprogrammes scolaires, par Louis-Georges Tin,président du Conseil représentatif des associa-tions noires de France (CRAN), maître deconférences à l’université d’Orléans ................... 57

Pour un développement économique des quartiersà travers leurs entrepreneurs, par Majid El Jar-roudi, délégué général de l’Agence pour la diver-sité entrepreneuriale (ADIVE) .......................... 61

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TROISIÈME PARTIE : CITOYENNETÉET SÉCURITÉ

Combattre les discriminations, par Madjid SiHocine, médecin et animateur de l’associationL’égalité d’abord ! ............................................ 67

Former et sécuriser les parcours de vie : la cons-truction d’une nouvelle citoyenneté respon-sable, par Nassurdine Haidari, adjoint au mairedu 1er secteur de Marseille, délégué à la Jeunesse,aux Sports et à la Politique de la ville ................. 78

Pour améliorer la vie dans les cités, par JosephPonthus, coauteur de Nous… la cité................... 82

Égalité et relations aux institutions : une ques-tion également européenne, par Christophe Ber-tossi, Guillaume Capelle et Lise Thibult duCentre Migrations et Citoyenneté de l’Institutfrançais des relations internationales (IFRI),Paris .............................................................. 84

QUATRIÈME PARTIE : CULTURE ET MÉDIAS

L’audiovisuel français doit refléter les réalités quitraversent la société, par Rokhaya Diallon, édi-torialiste et cofondatrice de l’association LesIndivisibles ..................................................... 95

L’audiovisuel public aux couleurs de la France,par Nordine Nabili, directeur du Bondy Blog..... 98

Médias de banlieue : « Ils ne mouraient pas tous,mais tous étaient frappés », par Akli Alliouat,directeur de Kaïna TV, Anne Bocandé, rédacriceen chef de Afriscope, Moïse Gomis, fondateur et

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Table des matières 133

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ex-directeur de Radio HDR, Gabriel Gonnet,rédacteur en chef de Regards2banlieue, FaridMebarki, président de Presse & Cité, AhmedNadjar, directeur de Med’in Marseille, ErwanRuty, directeur de Ressources Urbaines, l’agencede presse des quartiers ...................................... 103

Proposition concernant la formation des journa-listes, par Pascale Colisson, responsable pédago-gique, en charge de la mission Diversité et égalitédes chances à l’Institut pratique du journalisme(IPJ) .............................................................. 110

Oumma.com : 14 ans de combat pour la recon-naissance du premier site de l’islam franco-phone, par Said Branine, de Oumma.com.......... 114

Le Prix des lecteurs de banlieues, par MabrouckRachedi, écrivain, scénariste, animateur d’ateliersd’écriture........................................................ 120

L’École Miroir, pour l’égalité des droits, parCatherine Jean-Joseph, présidente de l’associationÉcole Miroir, cofondatrice et codirectrice del’École Miroir, consultante audiovisuel .............. 123

POSTFACE : Innover, enfin !par Mac Cheb Sun, auteur, éditorialiste................. 125

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Cet ouvrage a été composé et impriméen mars 2014 par

27650 Mesnil-sur-l’EstréeNo d’impression : 121047Dépôt légal : mars 2014

ISBN : 978-2-9547523-0-3

Imprimé en France

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