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! Page 1 sur 18 DOCUMENT RÉSERVÉ AUX EXAMINATEURS DALF C1 - LETTRES ET SCIENCES HUMAINES TP9212318 SUJET 1 DOCUMENT 1 Thème de l’exposé : Enfants d’aujourd’hui et univers numérique Comment contrôler l’appétit des enfants pour l’univers numérique Consoles de jeux vidéo, téléphone mobile, ordinateur… Depuis dix ans, les enfants naissent et gran- dissent dans un univers où le nombre d’écrans s’est multiplié. Ces nouveaux objets communicants ont intégré l’école, ont trouvé une place dans les voitures, s’installent dans les transports en commun et ne quittent plus nos poches… L es parents peuvent être désorientés face à la boulimie des plus jeunes pour cet univers numérique qu’eux-mêmes ne maîtrisent pas toujours. Pour leur donner des clefs sur l’attitude à adopter, Jacques Henno, journaliste spécialiste des technologies de l’information et père de trois enfants, a publié un livre intitulé Les 90 questions que tous les parents se posent. […] « Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, il existe une fracture générationnelle dans la maîtrise des nouveaux outils de communication, répète M. Henno. Dans ce domaine particulier, des parents laissent le champ libre à leurs enfants. Ils n’osent pas imposer de limite, car ils se sentent moins compétents que leur progéniture*. » Mais « les nouvelles techno- logies se soucient comme d’une guigne* des besoins spécifiques de leurs enfants », poursuit dans son livre le journaliste. […] Âge minimum Trois ans serait l’âge minimum requis pour s’ini- tier aux arcanes* du grand réseau numérique. Télévision ou Internet ? Entre deux maux, choisir le moindre. Il est préférable de nourrir la curiosité d’un enfant en l’accompagnant dans une balade numérique sur le Web plutôt que le laisser face à un écran de télévision. Quel que soit l’écran, plus on laisse un enfant seul devant, moins il s’enrichit intellectuellement. Systèmes d’échange de fichiers, messageries instantanées, jeux vidéo, téléphonie mobile… M. Henno détaille l’ensemble des outils que maîtri- sent les enfants dès la préadolescence. Piratage, pornographie, pédophilie… il décrit également les dangers du réseau où les enfants peuvent s’égarer, et les méthodes à mettre en œuvre pour leur limi- ter l’accès. L’objectif de l’ouvrage est de donner aux parents les compétences et le vocabulaire pour « dialoguer d’égal à égal avec leur enfant », une condition sine qua non pour « établir une relation de confiance et garder le contrôle », souligne M. Henno. Eric Nunès, Le Monde, 17.01.08 * progéniture : enfants. * se soucier comme d’une guigne : ne pas prendre en compte. * les arcanes : les mystères. LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Épreuve de production orale 25 points Préparation : 60 minutes Passation : 30 minutes environ

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SUJET 1

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

Enfants d’aujourd’hui et univers numérique

Comment contrôler l’appétit des enfants pour l’univers numérique

Consoles de jeux vidéo, téléphone mobile, ordinateur… Depuis dix ans, les enfants naissent et gran-dissent dans un univers où le nombre d’écrans s’est multiplié. Ces nouveaux objets communicantsont intégré l’école, ont trouvé une place dans les voitures, s’installent dans les transports en communet ne quittent plus nos poches…

Les parents peuvent être désorientés face à laboulimie des plus jeunes pour cet univers

numérique qu’eux-mêmes ne maîtrisent pastoujours. Pour leur donner des clefs sur l’attitudeà adopter, Jacques Henno, journaliste spécialiste destechnologies de l’information et père de troisenfants, a publié un livre intitulé Les 90 questionsque tous les parents se posent. […]

« Toutes catégories socioprofessionnelles confondues,il existe une fracture générationnelle dans la maîtrisedes nouveaux outils de communication, répèteM. Henno. Dans ce domaine particulier, des parentslaissent le champ libre à leurs enfants. Ils n’osent pasimposer de limite, car ils se sentent moins compétentsque leur progéniture*. » Mais « les nouvelles techno-logies se soucient comme d’une guigne* des besoins spécifiques de leurs enfants », poursuit dans son livrele journaliste. […]

Âge minimum

Trois ans serait l’âge minimum requis pour s’ini-tier aux arcanes* du grand réseau numérique.Télévision ou Internet ? Entre deux maux, choisir

le moindre. Il est préférable de nourrir la curiositéd’un enfant en l’accompagnant dans une baladenumérique sur le Web plutôt que le laisser face àun écran de télévision. Quel que soit l’écran, pluson laisse un enfant seul devant, moins il s’enrichitintellectuellement.

Systèmes d’échange de fichiers, messageriesinstantanées, jeux vidéo, téléphonie mobile… M. Henno détaille l’ensemble des outils que maîtri-sent les enfants dès la préadolescence. Piratage,pornographie, pédophilie… il décrit également lesdangers du réseau où les enfants peuvent s’égarer,et les méthodes à mettre en œuvre pour leur limi-ter l’accès.

L’objectif de l’ouvrage est de donner aux parentsles compétences et le vocabulaire pour « dialoguerd’égal à égal avec leur enfant », une condition sinequa non pour « établir une relation de confiance etgarder le contrôle », souligne M. Henno.

Eric Nunès, Le Monde, 17.01.08

* progéniture : enfants.

* se soucier comme d’une guigne : ne pas prendre en compte.

* les arcanes : les mystères.

LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Épreuve de production orale 25 points

Préparation : 60 minutes

Passation : 30 minutesenviron

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SUJET 1DOCUMENT 2

Les enfants de la Net-génération

Mail, chat, blog, jeux en ligne : partout dansle monde, pour les 13-24 ans qui ont accès

à l’ordinateur, les liens sociaux passent par le Web.Aux Etats-Unis, plus de la moitié des 12-17 ans sontutilisateurs d’un site communautaire. En France,la messagerie instantanée attire 35 % des inter-nautes - des adolescents pour la plupart. Et l’im-mense majorité des blogs personnels (50 millionscréés dans le monde depuis 2004) est tenue par descollégiens et des lycéens, pour qui l’usage de ces TIC(technologies de l’information et de la communi-cation) est devenu aussi naturel que celui du téléphone ou de la télévision.

[…]Quels comportements auront à l’âge adulte ces

enfants de la Net-génération ? Seront-ils plussociaux que les générations précédentes ? Plus solitaires ? Affectivement plus fragiles, intellec-tuellement plus polyvalents ? Certitude : d’ores etdéjà, leur réseau de sociabilité s’étend bien au-delàdu réseau des contacts physiques. « Etre fille ou filsde… compte moins aujourd’hui qu’être en lien avec… »,constate Sylvie Octobre, sociologue au départementdes études, de la prospective et des statistiques duministère de la culture. « Ce que les jeunes sont entrain d’apprendre, c’est d’être capable d’entretenir labonne relation avec la bonne personne en n’importe quelpoint de la planète. » Un « capital social » qui, selonelle, constituera un véritable avantage dans nossociétés futures.

« Avec les communautés virtuelles, poursuit-elle, chacun prend conscience qu’il est un individu parmi desmillions d’autres, mais aussi qu’il peut être contactédepuis le monde entier. Cela confère aux adolescentsune légitimité nouvelle, qu’ils ne trouvent ni en familleni dans le milieu scolaire. » Au sein de la sphère privée et familiale, ces nouvelles compétences nevont pas sans bouleverser les principes tradition-nels. A la transmission descendante, des parentsaux enfants, s’est ainsi ajoutée une transmissionascendante, des enfants aux parents… Et, surtout,une transmission horizontale entre pairs.

Pour ces jeunes rompus à la Toile* dès l’entréeau collège, parfois même avant, les critères d’appartenance ne sont plus tant sociodémo-graphiques (avoir tel âge, être de telle région ou dans telle classe) que relationnels. Passionnés duchanteur Sean Paul, du jeu de go ou de fusées à eau,il leur est désormais possible de se retrouver entreinitiés autour d’un thème fédérateur, même si

celui-ci ne réunit dans le monde que quelques centaines d’aficionados*… « Se sentir unique tout ensachant qu’on n’est pas tout seul, n’est-ce pas le rêvede tout le monde, et plus encore des adolescents ? »,remarque Mme Octobre, pour qui cette nouvelleconception du réseau, rodée dès le plus jeune âge,« modifiera durablement les habitudes relationnelles ».[…]

Tout de même : à trop fréquenter ces commu-nautés virtuelles, nos enfants ne risqueraient-ils riend’autre que de mauvaises rencontres ? Les dédou-blements d’identité (pseudos, avatars) dont ilsusent avec bonheur ne peuvent-ils être nocifspour le développement de leur personnalité ? « Bienau contraire, l’alter ego numérique peut parfois redonner un peu de souffle à notre être réel », estimele psychologue Michael Stora, pour qui cettedouble personnalité, virtuelle et réelle, « est à l’imaged’un fonctionnement propre au narcissisme qui s’appelle le clivage ». Président de l’Organisation desmondes numériques et sciences humaines(OMNSH), il estime que le vrai danger n’est pas là.

[…]Moins pudiques, plus agiles et plus inventifs, les

enfants de la Toile, à en croire certains, présente-raient toutefois une tare majeure : à force d’être sollicités par mille choses à la fois, leur capacité deconcentration se réduirait comme peau de chagrin*.Mais comment en être sûr ? Et qu’est-ce qui sera leplus utile dans la société de demain : être capablede se fixer longtemps sur une même activité, ougérer plusieurs tâches en même temps ?

« À en juger par l’évolution récente du marché dutravail, de nombreux métiers demanderont de plus enplus de savoir être polyactif », estime Mme Octobre.Pour cette sociologue, le vrai enjeu, en termes demaîtrise de la connaissance, ne concernera pas lacapacité de concentration, mais la hiérarchie del’information. « Pour réussir, il faudra de plus en plusavoir appris à trier, sélectionner et classer par ordre depertinence la masse d’informations disponibles sur leNet. Là résideront la vraie difficulté, et la vraie sourced’inégalités. » Un terrain sur lequel, dès aujourd’hui,l’éducation a un rôle majeur à jouer.

Catherine Vincent, Le Monde, 25 octobre 2007

* la Toile : terme français pour internet.

* aficionado : mot d’emprunt espagnol, « être passionnépar… », ici, passionné.

* se réduire comme peau de chagrin : diminuer jusqu’à dispa-raître.

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SUJET 2

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

La profession de journaliste est-elle aujourd’hui menacée ?

Journalisme en crise ?

Le journalisme est-il le lieu d’une crise profonde,d’une perte de repère et d’identité dans un

monde où il y a de plus en plus de médias mais,paradoxalement, de moins en moins de réel plura-lisme ? Partant du constat de la marchandisationcroissante de l’information, Jean-Jacques Jespers,professeur à l’ULB*, démontrait lors du colloqueorganisé par l’École universitaire de journalisme del’ULB que la quantité et la qualité du contenu informatif des médias dépendent moins aujourd’huide facteurs idéologiques que de facteurs socio-économiques. Dans un contexte de concentrationimportante et de concurrence féroce, les médiasrecherchent le plus haut niveau de consommationpossible et, pour attirer davantage de lecteurs et d’auditeurs ou de téléspectateurs, ils choisissentdes options consensuelles, finissant par tous seressembler.

Marketing et contenu rédactionnel

Le « marketing rédactionnel » désigne cettetendance omniprésente à laisser les stratégiescommerciales de l’industrie des médias influencerle contenu même de l’information. Ainsi, en télé-vision, pour susciter l’adhésion et la fidélité du téléspectateur, on est passé d’une télévision demessage à une télévision de relation, mettant enavant l’émotion, les histoires vécues permettant aupublic de s’identifier à des protagonistes d’une information de plus en plus présentée comme un« divertissement ».

Les méthodes sont bien connues : l’obsession dela « proximité », le façonnage de « stars », l’atté-nuation des controverses au profit du consensus…Ces dérives sont omniprésentes au sein des rédac-tions et les armes à mobiliser pour les contenirpeuvent paraître dérisoires […]. Car elles s’inscri-vent dans un contexte général de fragilisation desjournalistes au sein de leurs entreprises : pressionsdes annonceurs ; précarité des statuts qui laissentles jeunes rédacteurs hantés par la menace du licen-ciement ; déséquilibre de plus en plus frappant entre

les moyens financiers dont disposent les servicesd’information des grands médias et les services decommunication des entreprises ou des institu-tions. […]

ONG* à la conquête du journalisme

Le même constat de l’affaiblissement de laprofession journalistique face aux « communica-teurs » est posé par Jean-Paul Marthoz, ancien direc-teur de l’information de Human Rights Watch* et directeur éditorial de la revue EnjeuxInternationaux. « Une grande partie des informationsqui circulent sont en fait incitées, fabriquées, par desagences ou officines de communication. La communi-cation peut être excellente, professionnelle, elle peut même être honnête, mais elle n’est jamais de l’information ». Pourtant certaines ONG* spéciali-sées dans la production d’information jouent unrôle croissant en nourrissant les médias généra-listes : ces « para-journalistes » travaillent commedes journalistes, menant des investigations poussées sur des questions stratégiques et cruciales(pillage des ressources naturelles dans certains pays,trafics d’organes…) mais ne font pas partie de laprofession. […]

Faut-il conclure que les journalistes ont vérita-blement abdiqué, se résignant et se repliant sur lesmaigres moyens de rédactions démunies ? […] Lanouvelle génération de journalistes sortant del’École universitaire de journalisme de Bruxelles doiten tout cas savoir que les défis sont nombreux etqu’elle devra mobiliser énergie, motivation, soli-darité et valeurs professionnelles pour que, commele stipulait l’un des intervenants dans sa conclu-sion, « le journalisme soit l’avenir du journalisme ».

Marie-Soleil Frère, Esprit libre, juin 2006 n°41

* ULB : Université libre de Bruxelles.

* Human Rights Watch : depuis 1978, organisation quidéfend les droits de l’homme à travers le monde.

* ONG : organisation non gouvernementale, à but huma-nitaire et non lucratif.

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Le journalisme en pleine crise

Depuis mercredi se réunissent à Lille lespremières Assises du journalisme. Les débats

en témoignent, la profession est interpellée surl’exercice de son métier à un moment où lesmédias dans leur ensemble subissent une crise deconfiance et de crédibilité. « Le journalisme n’a jamaisparu si fragile », commente Jérôme Bouvier* à l’origine de ce rendez-vous destiné à devenirannuel.

Hervé Bourges, président entre autres de l’ESJ*de Lille, l’une des écoles de journalisme coorgani-satrices de la manifestation, a décrit dans son allocution d’ouverture ce « journalisme en crise ».[…]

« Il faut, dit-il, lutter avec résolution contre une orga-nisation purement démagogique de l’information. »Visée : la consultation de l’information sur Internetoù derrière l’apparente fluidité de la circulation se cache « une hiérarchisation tronquée* » de l’information. Puis, visant sans les nommer les émissions politiques à la télé, il s’est élevé contre« la démission des journalistes face à des médiasqui leur dénient leur fonction propre, celle d’êtredes animateurs du débat public ». […]

Il suggère « la création d’un organe de médiationindépendant et professionnel à la fois, un conseil depresse qui pourrait être saisi par les citoyens ».

À l’appui de ces inquiétudes, le premier baro-mètre CSA* concernant le moral et le jugement desjournalistes sur leur métier publié à l’occasion despremières Assises du journalisme. Avec, commechiffre le plus spectaculaire, ces 90 % de journalistes

jugeant comme une menace la concentration desmédias. Inquiétants aussi les outils de mesure d’audience (pour 52 %) et la multiplication desappareils permettant à tous les citoyens de réali-ser des photos et des vidéos (45 %). Mais 62 %pensent que le journalisme multimédia est unechance.

Autres chiffres révélateurs : 63 % des journalistesjugent que leur métier a évolué négativement aucours des dernières années et 30 % songent à le quitter avant la fin de leur carrière. Parmi les faitsportant le plus atteinte à la qualité de leur travail,44 % citent l’insuffisance des moyens matériels et humains, 40 % le manque de temps, 38 % leconformisme des rédactions et 38 % la pressionéconomique. […] Parmi les mesures les plusurgentes pour défendre le journalisme, 58 % citentla protection des sources, 57 % les mesures anticoncentration* et 41 % la mise en place d’uneformation permanente.

Les débats se poursuivent aujourd’hui à Lille.Avec cette question finale posée : « Que serait unmonde sans journalistes ? ».

Claude Baudry, L’Humanité, 9 mars 2007

* tronquée : ici, incomplète, sélective.

* Jérome Bouvier : président de « journalisme et citoyenneté ».

* ESJ : école supérieure de journalisme.

* CSA : Conseil supérieur de l’audiovisuel.

* mesures anticoncentration : mesures visant à limiterl’achat d’un trop grand nombre d’entreprises de commu-nication par un seul grand groupe de médias.

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SUJET 3

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

Les diplômes sont utiles pour réussir ?

Le diplôme est-il une illusion ?Bac + 5, bac + 6*… Les diplômés du troisième cycle* sont de plus en plus nombreux. Former davan-tage de jeunes, et après ? […]

« Passe ton bac d’abord ! » Cette formule consa-crée résonne encore dans la tête de bien des géné-rations. Générations d’après-guerre, celle de nosgrands-parents, mais aussi celle des soixante-huitards*. Générations disparates donc, pourtantélevées dans une foi commune en l’école, perçuecomme vecteur d’intégration sociale. Croyance dansl’école et ses diplômes comme le préalable indis-pensable à toute réussite professionnelle. […]

Dans son livre L’Inflation scolaire. Les désillusionsde la méritocratie, Marie Duru-Bellat ose interrogerce qu’elle considère comme un tabou, quitte à s’at-taquer aux idéologues d’une école « porteuse deprogrès et de justice sociale ». […]

Attention au sentiment de déclassement !

Depuis les années 1950, rappelle la sociologue,l’allongement des scolarités n’a pas cessé. En1950, 5 % d’une classe d’âge atteignait le niveaudu bac, ils sont aujourd’hui près de 70 % de jeunesà franchir le cap. 40 % quittent le système scolaireà bac + 2, contre 15 % il y a vingt ans. Et ils ontraison. Le risque de chômage est inversementproportionnel à la durée des études : les jeunesdiplômés sont davantage embauchés que lesjeunes sans diplômes. À un bémol près : statisti-quement, on chôme plus avec un diplôme dedeuxième et troisième cycles qu’avec un bac + 2.La relation diplôme/ chômage n’est donc pascomplètement linéaire. L’examen, au bout d’uneannée, de l’intégration des bacs + 4 dans la société,montre que seulement un sur deux est cadre oufonctionnaire de la catégorie A*.

Penser […] que le diplôme est la clef d’une inté-gration professionnelle réussie est illusoire, consi-dère Marie Duru-Bellat. Ce serait oublier que lesembauches se font sur un marché où s’ajustent offreet demande de compétences. On conçoit bien, parexemple, qu’il n’y a pas de corrélation entre laproduction de diplômés à bac + 4 ou + 5 et la créa-

tion des emplois de cadres correspondants.Conséquence : des étudiants déçus qui acceptentdes emplois en deçà de leurs capacités présuméesavec, au final, un fort sentiment de déclassement.« Temporaire ! », s’empressent de préciser certainséconomistes qui se font fort de souligner qu’à unmarché riche en main-d’œuvre qualifiée correspondpresque systématiquement la bonne santé écono-mique du pays. […]

Le diplôme reste l’arme des plus faibles

Faut-il alors poursuivre cette escalade dans larecherche du meilleur diplôme ? Le nœud du débatest ici : il s’agit de savoir si, oui ou non, le marchéde l’emploi doit imposer ses besoins à l’éducation.C’est globalement l’interrogation qu’a suscitée lathèse de « l’inflation scolaire » développée par M.Duru-Bellat, qui pourtant concède volontiers quel’école ne saurait être réduite à sa productivitééconomique.

Dans une tribune du journal Libération (mardi7 mars 2006), Tristan Poullaouec, sociologue et cher-cheur au laboratoire Printemps, […] proteste qu’onne peut se limiter à la question suivante : « A quoibon décrocher le bac si c’est pour se retrouver ensuiteau chômage, intérimaire, caissière ou vendeur ? »,comme si l’enjeu des études s’arrêtait aux débou-chés professionnels immédiats. « On finit, dit-il, paroublier qu’on ne poursuit pas des études comme onconstitue un portefeuille d’actions*. »

Pour T. Poullaouec, le diplôme reste l’arme desplus faibles. Il permet d’atténuer certaines inéga-lités entre les jeunes. […]

Au bout de cinq ans, 90 % des titulaires d’undiplôme égal au moins à bac + 3, qu’ils soient issusd’une famille favorisée ou moins aisée, deviennentcadres ou professions intermédiaires. Tout laisse àpenser, selon lui, que les déboires connus par lesdiplômés du supérieur sont temporaires. Il recon-naît, à l’instar de M. Duru-Bellat, que c’est à la

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SUJET 3

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DOCUMENT 2

Que valent vraiment les diplômes universitaires sur le marché du travail ?

Dans le contexte français, le diplôme universi-taire n’a jamais été considéré comme la

reconnaissance de compétences professionnelles. Endehors de domaines bien précis, comme la méde-cine par exemple, auxquels correspondent uneadaptation des enseignements et une régulation desdiplômes forte, l’Université se trouve limitée dansles fonctions de reproduction des connaissances, deformation des formateurs et de recherche trans-disciplinaires. Pourtant, diverses vagues d’adap-tation ont tenté de changer ce profil, que ce soit,il y a plus de trente ans, avec l’émergence de forma-tions courtes dans les IUT*, ou il y a vingt ans avecles écoles d’ingénieurs intégrées dans les universi-tés et en partenariat avec le secteur professionnel,et plus récemment avec la reconnaissance devoies professionnelles dans l’architecture LMD*.

Diplôme et métier : de l’adéquation au filtre

Le monde parfait serait celui de l’adéquationentre les diplômes et le métier pour lequel ils prépa-rent. Les diplômes délivrés s’équilibreraient, entreles diverses spécialités, suivant les nouveauxemplois offerts. Si cette référence de pure adéqua-tion existe encore partiellement à l’exemple enFrance des diplômes médicaux ; il est évidentqu’entre les délais de formation et la volatilité del’économie, cette vision d’ajustement reste suspecte.[…]

L’insertion professionnelle des diplômés

[…] Sur le long terme, en référant aux compa-raisons internationales, la possession d’un diplômeélevé a toujours été un facteur impliquant la

qualité de l’insertion et le faible taux de chômageen France. Ceci, évidemment, dans la mesure oùl’insertion professionnelle est relativement plus déli-cate en France, comparée aux économies euro-péennes proches. Ainsi cette situation favorable desdiplômés sur le marché du travail s’estompe dansle temps ; comme pour l’essentiel de l’Europe, lediplôme universitaire ne protège plus guère duchômage en France, sans que l’on y rencontre unchômage spécifique aux études longues comme ceciexiste depuis longtemps dans l’Europe du pourtourméditerranéen. […]

Actuellement, plus d’un diplômé du supérieursur trois est « déclassé » du point de vue dusalaire : il touche moins que ce que touche la moitiédes titulaires d’un diplôme immédiatement infé-rieur. Les plus représentées dans ce phénomène de déclassement : les jeunes femmes. Sur près de10 ans, les enquêtes montrent que la proportion dediplômés de troisième cycle universitaire ou d’uneécole (Bac + 5) devenus cadres, trois années aprèsleur insertion, diminue régulièrement passant de80 % à 70 %. Les diplômés de cycles universitairesplus courts semblent, en revanche, moins souventdéclassés par rapport à leur niveau de formation.Côté salaire, au bout de trois ans de vie active, lesdiplômés de troisième cycle universitaire ou d’unepartie des écoles auraient même subi une sensiblediminution de leur pouvoir d’achat.

Jean Bourdon, www.lemensuel.net, N°7 - Juillet 2006

* IUT : Institut Universitaire de Technologie.

* LMD : l’université française est divisée en 3 cycles (LMD),Licence - Master- Doctorat.

persistance du chômage de masse et aux rapportsde force biaisés entre jeunes employés et employeursqu’il faut attribuer le déclassement dont se sententvictimes bien des jeunes diplômés, quand ils ne seretrouvent pas tout bonnement au chômage.Cependant, pour lui, et c’est ce qui le distingue desa consœur, la solution n’est pas à chercher du côté

d’une quelconque refonte du système de formation,bien davantage, c’est au terrain de l’emploi qu’ilfaut s’attaquer. Selon T. Poullaouec, il faut « fairereconnaître les qualifications » et non « contenir l’as-piration du plus grand nombre à la prolongation desétudes ». […]

Florence Mottot, Sciences Humaines, sept-nov 2006

* BAC +5… : nombre d’années supérieures après le baccalauréat, diplôme de fin du secondaire.* le troisième cycle : l’université française est divisée en 3 cycles (LMD), le troisième cycle correspondant au niveau doctoral* Soixante-huitards : génération qui a eu 20 ans autour des années 1968, marquées par un grand mouvement de boule-

versements sociaux.* Catégorie A : catégorie la plus élevée dans le corps des fonctionnaires.* portefeuille d’actions : ensemble de titres bancaires détenus par une personne ou une entreprise.

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SUJET 4

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

L’égalité professionnelle hommes-femmes, une utopie ?

Égalité hommes-femmes : la France peut mieux faireLes trente dernières années ont été rythmées par des « premières » qui ont donné le sentiment queles femmes accédaient peu à peu à l’égalité professionnelle : première femme à entrer àPolytechnique* (1972, Anne Chopinet), première femme devenue préfet (1981, Yvette Chassagne),première femme pilote de l’armée de l’air (1985, Isabelle Boussaert). Ces trajectoires-symboles dissimulent mal les inégalités persistantes du monde du travail : bien que les filles réussissent mieuxà l’école que les garçons, les femmes sont plus souvent au chômage, accèdent moins aux responsabilités et perçoivent des salaires plus faibles que leurs collègues masculins. […]

Pour les femmes, la deuxième moitié du XXe sièclea marqué une véritable révolution : de l’accès

au droit de vote à l’investissement massif dans lemonde du travail. Depuis les années 1960, le tauxd’activité des femmes de 25 à 49 ans a doublé, de41,5 % en 1962 à plus de 80 % aujourd’hui. « EnFrance comme partout en Europe, l’activité féminineprogresse, souligne la sociologue Margaret Maruanidans Travail et emploi des femmes. Depuis le début desannées 1960, ce sont les femmes qui ont assuré le renou-vellement et l’élargissement de la population active. »

Parallèlement, les filles ont rattrapé, puisdépassé le niveau scolaire des garçons : en 1971,les bachelières étaient plus nombreuses que lesbacheliers ; en 1975, les étudiantes plus nombreusesque les étudiants. Aujourd’hui, les filles réussissentmieux leur scolarité que les garçons : elles redou-blent moins souvent, ont moins de difficultés enlecture et obtiennent des taux de réussite plus élevésau brevet* comme au baccalauréat. Mais cesefforts n’ont pas vraiment porté leurs fruits. « Lesprogrès considérables des performances scolaires desfilles ne se sont pas accompagnés d’une améliorationproportionnelle de leur statut professionnel et familial »,regrettent Christian Baudelot et Roger Establet dansQuoi de neuf chez les filles ?

Car les femmes sont plus souvent touchées par le chômage et la précarité : en 2005, leur tauxde chômage atteignait ainsi 10,9 % (9 % pour les hommes) et elles formaient les gros bataillonsdu travail partiel subi. Les filles continuent en outreà s’orienter vers des métiers souvent dévalorisés,

associés depuis toujours à l’univers féminin dessoins : assistantes maternelles, aides à domicile,aides ménagères, infirmières. « Loin d’évoluer versune inéluctable égalité professionnelle, le marché dutravail a redessiné au cours du temps les clivages entrehommes et femmes, souligne le document prépa-ratoire de la Conférence sociale*. Les champs professionnels des hommes et des femmes restent de fait très distincts. »

Leur investissement scolaire n’empêche pas lesfemmes de se heurter à un « plafond de verre » etleurs salaires restent inférieurs à ceux des hommes :en 2002, les écarts de salaires mensuels moyensdépassaient 25 %, dont le quart ne peut s’expliquerpar la structure de l’emploi. « En France, depuis lafin des années 1960, le salaire moyen des femmes s’estnotablement rapproché de celui des hommes mais ce mouvement de resserrement semble presque en pannedepuis les années 1990 », constatent DominiqueMeurs et Sophie Ponthieux dans Economie et statis-tique.

Malgré l’adoption de trois lois en vingt-cinq ans[…], l’égalité salariale est encore négligée : selonle ministère du travail, moins de 5 % des entreprisesde plus de dix salariés ont signé des accords sur cethème en 2005…

Pour comprendre la persistance de ces inégali-tés, il faut élargir le champ : c’est au cœur de la vieprivée, dans les relations familiales et conjugales,que naissent ces déséquilibres. Malgré la révolutionculturelle des années 1960, les femmes assumentl’essentiel des tâches : selon l’enquête « Emplois du

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SUJET 4

DOCUMENT 2

Égalité professionnelle :le gouvernement envisage des sanctions financières

La Conférence sociale sur l’égalité professionnelle se tient aujourd’hui au ministère du Travail. Les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes et accèdent beaucoup moins à des postes à responsabilité.

[…] La Conférence sociale sur l’égalité profes-sionnelle se tient ce matin au ministère du Travail.L’état des lieux n’est guère réjouissant : l’écart desalaires horaires entre hommes et femmes dans lesecteur privé est encore, en moyenne, de 19 %. Pire,il stagne depuis quinze ans. Signe de la complexitédu phénomène, cet écart s’explique pour moitié pardes différences de salaires à travail égal, et pourmoitié par la nature des postes occupés. C’est l’autreversant du problème : les femmes grimpent moinssouvent, moins vite et moins haut dans la hiérar-chie. Dans le privé, 15 % des femmes sont cadres,contre 23 % des hommes et seul un chef d’entre-prise sur huit est une femme. Dans le public, 58 %des salariés sont des femmes, mais elles n’occupentque 12 % des postes à responsabilités.

Cette situation perdure alors que le cadre légis-latif, réglementaire et conventionnel est unani-mement considéré comme « satisfaisant et suffisant ».Les syndicats et le patronat ont même signé unaccord national en 2004, mais celui-ci, mollementdécliné dans à peine 500 entreprises, n’a eu que peude conséquences concrètes. D’autant que lesemployeurs ne se montrent pas non plus pressésd’appliquer la loi sur l’égalité salariale de mars2006, qui les somme de gommer d’ici à 2010 lesécarts de rémunérations. […]

« Campagne de communication »

Surtout, alors que les syndicats soulignent que« l’enjeu n’est pas de créer de nouvelles obligations maisde faire appliquer celles déjà en place », le ministère

du Travail envisage de durcir le ton en instaurant,à compter de 2009, des sanctions financières pourles entreprises n’ouvrant pas de négociations surla réduction des écarts salariaux […]. « Si l’onconstate qu’une négociation n’est pas engagée, il estnormal qu’il y ait une amende », a convenu LaurenceParisot*, hier, dans Le Journal du dimanche. Celaétant, la présidente du Medef* préfère d’abordproposer « une campagne de communication per-cutante et de grande ampleur ». Les services de l’Etatprévoient aussi d’émettre des réserves systématiquessur les accords salariaux de branche ne compor-tant pas de clauses sur l’égalité salariale, d’écar-ter des commandes publiques les entreprises nejouant pas le jeu de l’égalité professionnelle ouencore de moduler certaines aides publiques enfonction des progrès effectués.

La conférence devrait également déboucher surune série d’annonces visant à faciliter la fémini-sation de certaines professions, comme la généra-lisation des manifestations école-entreprise, desefforts accrus sur l’orientation des jeunes filles, ledéveloppement de l’apprentissage féminin, unerefonte du congé parental ou encore le lancementd’une vaste réflexion sur le travail à temps partiel,bien plus développé chez les femmes que chez leshommes.

Derek Perrotte, Les Echos, 26/11/07

* Laurence Parisot : présidente du MEDEF.

* MEDEF : le Mouvement des entreprises de France, princi-pal syndicat des employeurs.

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temps » de l’Insee* (1998-1999), une femme assumeen moyenne, sur un an, 680 heures de travaildomestique de plus que son compagnon, soit dix-neuf semaines de travail de 35 heures…

Et à l’arrivée des enfants, ce sont souvent ellesqui mettent leur carrière de côté : le taux d’activitédes femmes – 80 % lorsqu’elles ont un jeuneenfant – chute à 60 % lorsqu’elles en ont deux età 37 % lorsqu’elles en ont trois ou plus, alors quecelui des hommes reste, au fil des naissances, supérieur à 90 %. Selon le document préparatoire,

« le conflit travail-famille, vécu davantage par lesfemmes que par les hommes, reste un point névralgiquedes politiques d’égalité ».

Anne Chemin, Le Monde, 26.11.07

* Polytechnique : école d’ingénieurs française.

* le Brevet des collèges : examen de fin de collège.

* la Conférence sociale sur l’égalité professionnelle s’est tenueen novembre 2007 à l’initiative du ministère du Travailfrançais.

* INSEE : Institut national des statistiques et des études économiques.

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SUJET 5

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

L’accès à la culture doit-il être gratuit ?

Pour ou contre la gratuité dans les musées ?[…] Le gouvernement va lancer en janvier

2008, et pour une durée de six mois, une expériencede gratuité des musées, concernant l’accès à leurscollections permanentes. Quatorze établissementstesteront une gratuité totale, parmi lesquels six àParis et dans l’agglomération parisienne et huit enrégions. Quatre grandes institutions parisiennes,déjà très fréquentées, expérimenteront pour leurpart, une gratuité partielle, un soir par semaine,à l’adresse des 18-25 ans : le musée national d’Artmoderne du Centre Pompidou, le musée d’Orsay,le Quai Branly ainsi que le Louvre qui le fait déjà.

En pilotant cette opération, la ministre de laCulture répond à une demande formulée par lePrésident de la République. Elle a précisé qu’unesomme de 2 200 000 euros serait allouée auxmusées cobayes*, afin de compenser le manque àgagner occasionné par l’application de la mesure.C’est au terme de la période d’essai de six mois, etaprès une analyse réalisée par un prestataire exté-rieur, que la décision finale sera prise.

Mais on voit mal comment le principe degratuité totale pourrait être généralisé. La gratuitéa un coût que ne peuvent supporter les budgetsserrés ou insuffisants des musées. Les situations dechacun d’eux sont, en outre, très diverses. Un abîmesépare les grandes institutions dont le principalsouci est de gérer l’affluence, et les petits muséesqui souhaitent prioritairement développer leurfréquentation. Mieux vaut donc sans aucun douteétudier des politiques tarifaires plus ciblées, àl’adresse notamment de certaines tranches d’âgeet catégories socio-professionnelles, tout en permet-tant aux différents établissements de mettre enplace des outils pédagogiques adaptés. Ce qui signi-fie : préférer au spectaculaire une réflexion enprofondeur.

Annick Colonna-Césari, L’Express, 25 octobre 2007

* musées cobayes : ici,les musées qui expérimentent cettemesure.

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Jean-Michel TobelemDirecteur d’Option Culture, auteur du Nouvel Agedes musées. Les institutions culturelles au défi de la gestion.

– Les musées devraient être considérés commeun outil de politique culturelle, sociale et éducative,au même titre que les bibliothèques, qui, elles, sontgratuites. Car les droits d’entrée, en forte augmen-tation, sont pour certaines personnes un obstacleet ont engendré un phénomène de concentrationdes visites sur les plus grandes institutions.

La gratuité va accroître la fréquentation. Mais,

pour avoir des effets durables, cette mesure doit êtreaccompagnée d’autres dispositifs, dans lesdomaines de la médiation et de l’accueil, àl’adresse, notamment, des publics qui ne sont pasfamiliers des lieux. L’enseignement de l’histoire del’art à l’école serait également souhaitable.

La gratuité priverait, dit-on, les musées derentrées financières importantes. Mais ce que le visi-teur économise aux caisses, il peut le dépenser àla boutique et à la librairie, à condition qu’ellessoient attrayantes. Ajoutons qu’un niveau élevé de fréquentation, preuve du rayonnement d’un

DOCUMENT 2

Être ou ne pas être… gratuitDepuis le 1er janvier, les collections permanentes de 14 établissements sont en accès libre. Une expé-rience mise en place pour six mois. Mais son instauration, au nom de la démocratie culturelle, suscitetoujours les divergences. Deux spécialistes donnent leur avis.

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établissement, influe sur le mécénat. Les muséesanglo-saxons, dont les collections permanentes sont en accès libre, le savent bien.

Yves Michaud Philosophe, directeur de l’Université de tous lessavoirs.

– Avant d’être économique, la détermination àse rendre au musée est culturelle. Cette mesuren’aura donc aucun effet. Le public non averti nese déplacera pas, même s’il bénéficie d’un libreaccès. Pour de nombreux établissements, la miseen place de la gratuité constituerait un handicap,car les recettes de billetterie représentent desressources très importantes.

Je regrette en fait qu’on veuille développer leprincipe du libre accès dans le domaine culturel.Ce qui est gratuit est dévalorisé. Quand je dirigeaisl’Ecole des beaux-arts, à Paris, j’avais instauré lagratuité des expositions. Mais j’ai dû faire machinearrière, à cause du comportement de certains visiteurs se croyant tout permis. Et la fréquentationn’avait pas augmenté. Pour encourager l’accès au musée, mieux vaut étudier des modulations tarifaires. Mais le problème est simple : tant qu’onn’enseignera pas l’art à l’école, la situation ne chan-gera pas. Si on ne va pas au musée quand on estenfant, on n’y va pas davantage à l’âge adulte.

Propos recueillis par Annick Colonna-Césari, L’express.fr 03/01/2008

DOCUMENT 3

La gratuité des musées est-elle viable ?

Suite au désir formulé par le Président de laRépublique de faire des musées des lieux de

fréquentation courante accessibles à tous, lePremier ministre a entrepris « d’expérimenter » lagratuité dans certains musées à Paris et en provinceet a annoncé la mise en place d’un « passeportculture » pour les jeunes « valable sur l’ensembledu territoire national ».

Paris illustre bien cette ambitieuse politiqueculturelle, puisque le maire de la capitale aproposé, depuis 2001, l’accès gratuit à toutes lescollections permanentes des musées de la ville, enrichies et présentées dans des musées moderni-sés. Tempérant ce grand élan grâce auquel tous jouiraient enfin de l’émotion artistique, la ministrede la Culture perçoit dans la gratuité des muséesune idée séduisante mais aussi « porteuse d’effetspervers » et qui n’est pas une bonne chose si elle estappliquée « tout le temps pour tous ».

Certes le modèle britannique qui, depuis janvier2001, a rendu la visite des collections permanentesdes galeries et musées nationaux gratuite, donnedes idées. Cette politique s’est traduite par une trèsforte hausse de la fréquentation avec, par exemple,l’augmentation de 111% des visites au Victoria andAlbert Museum de Londres dès la première année.Mais, derrière ces chiffres, se cache une autre réalité.On a en effet constaté que la gratuité renforçaitsurtout la fidélité des habitués et avait un effet limitépour ceux qui fréquentaient peu les musées aupa-ravant. Ainsi la gratuité ne génère ni l’envie deconsommer de la culture ni un changement de

comportement de la part d’une population moinssensible aux musées. Il semble donc nécessaired’opérer une véritable révolution en termes decommunication, de programmation et d’expé-rience de la visite. Notons qu’en Grande Bretagne,la gratuité est aujourd’hui remise en question. HugoSwire, le Secrétaire à la Culture du « ShadowCabinet » (gouvernement virtuel formé par le prin-cipal parti de l’opposition) a suscité de vives réac-tions lorsqu’il a envisagé de revenir à des droitsd’entrée payants pour dégager de nouvellesressources. D’autre part, le Président français a-t-il réellement mesuré les impacts que la gratuitéinduirait sur « l’écosystème » fragile des musées ?

Dans tous les cas, elle aura une incidence : lesgrands musées seront touchés puisqu’ils dépendenten grande partie des recettes de la billetterie. Se poseront de nouvelles priorités comme le déve-loppement des recettes additionnelles notammentpar l’offre de services aux visiteurs (boutique,cafétéria, location d’espaces…) et qui, selon les sites,sera qualitativement variable. Compenser la pertede recettes par le mécénat reste optimiste et sera,de toute manière, limité aux musées de grandeenvergure. Il paraît donc difficile de renoncer aux droits d’entrée pour des raisons évidemmentéconomiques. La solution pour faire venir unpublic qui n’affectionne pas les musées se trouvecertainement ailleurs.

Albane de Campeau, www.connaissancedesarts.com, 18 septembre 2007

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SUJET 6

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

L’école de demain passera-t-elle par l’enseignement virtuel ?

Demain, un prof numérique ?L’introduction des Tice (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement)à l’école risque, à terme, de modifier en profondeur la nature du métier d’enseignant. Les profs vont-ils se transformer demain en guide de la complexité numérique ?

« Quand, il y a cinq ans, je suis entrée dans la classeet que j’ai vu ces 30 têtes d’élèves rivées sur leur écrand’ordinateurs portables, j’avoue avoir été un peudéroutée. Je me suis dit, ils ne me regarderont plus, jevais être obligée d’inventer une autre manière de fairecours ! Et puis, je me suis adaptée. J’ai par exempleimposé que l’on baisse les écrans quand je prends laparole. J’ai commencé à plus circuler dans la classe, etj’en suis arrivée à une conclusion : avec l’informatiqueen classe, il y a moins d’élèves inattentifs, le groupetravaille plus qu’avant, chacun fait toujours appel à moi, donc mon autorité naturelle d’enseignante n’a pas été atteinte », témoigne Fabienne Saint-Germain,professeur d’histoire-géographie au collège Jean-Moulin de Saint-Paul-lès-Dax. Nous sommes dansles Landes où depuis 2001 tous les élèves de 4ème

et 3ème * ont leur ordinateur portable personnel etle ramènent tous les soirs à la maison. L’expériencede cette enseignante est donc au cœur du débat surl’introduction des technologies de l’information etde la communication pour l’enseignement (Tice)dans les usages de l’Education nationale.

Des plus compétents aux réticents

Les Tice vont-elles transformer les pratiquespédagogiques ou ne doivent-elles rester qu’unoutil au service de la pédagogie ? Un débat loind’être tranché tant les résistances sont encorefortes au sein de l’institution, et chez bon nombred’enseignants vingt ans après le plan Informatiquepour tous lancé en 1986.

Certes, de gros efforts ont été réalisés en matièred’équipement : pour un paysage encore très inégaldans le primaire avec un ordinateur pour 15élèves, les établissements du secondaire sont prèsde 100 % à être connectés à Internet avec un ratio

de 5 élèves par ordinateur en lycée et de 5 à 10 encollège. Mais c’est en matière d’utilisation que lebât blesse*. Au niveau national, on peut dire qu’enmoyenne un tiers des enseignants font un usagerégulier des Tice dans leur classe, cet ordre de gran-deur incluant les plus férus jusqu’aux pratiques aminima (seuls l’ordinateur et le vidéoprojecteur).Ensuite, vient une bonne moitié de professeurs quis’interroge, ayant des usages ponctuels et hésitants.Enfin, environ 10 % d’irréductibles refusent d’uti-liser les Tice. Le paradoxe reste entier car plus de80 % des professeurs de France sont aujourd’huiconnectés à Internet à leur domicile, mais unebonne part d’entre eux ne voit pas l’intérêt de cetteculture numérique pour la classe. Ce fort passif tientsans doute à l’héritage des années 1970-1980 oùles premières expériences réalisées à partir delogiciels d’enseignement programmé avaient laissél’amer souvenir que la machine allait pouvoir sesubstituer aux enseignants. Il tient aussi au faitqu’utiliser les Tice exige, au moins dans lespremiers temps, un surcroît de travail non négli-geable pour l’enseignant qui, de plus, n’est abso-lument pas valorisé par l’institution. Mais il vientsurtout d’une peur, d’ailleurs largement justifiée,celle d’avoir à remettre en cause sa pédagogie, queles élèves en sachent plus que soi, que le métier nesoit plus tout à fait comme avant.

Sans compter l’angoisse d’être vite ringardisé*par les élèves. Forte de la formation de nombreuxenseignants, Fabienne Saint-Germain, qui estaussi interlocutrice Tice pour l’académie deBordeaux, le confirme : « Pour les profs, la grandepanique consiste à ne pas maîtriser l’outil et à échouerdevant les élèves. J’essaye alors de les rassurer enbalayant le vieux schéma du prof qui sait tout et en leurTP

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DOCUMENT 2

Les professeurs virtuels réagiront aux émotions des élèves

Elle s’appelle Eve. Elle porte les cheveux courts,des vêtements sport, enseigne les mathéma-

tiques et est spécialisée dans l’aide individuelle. Maiselle est loin d’être un professeur comme les autres.Eve est un personnage virtuel : plus qu’un simplelogiciel, un avatar* très perfectionné capable dedétecter, grâce à une webcam, les réactions de sonélève et d’adapter sa pédagogie.

Conçu pour les classes d’école primaire par lelaboratoire du docteur Abdolhossein Sarrafzadeh,chercheur à l’université Massey d’Auckland(Nouvelle-Zélande), ce système de « tutorat affec-tif » (Affective Tutoring System, ATS) fonctionnegrâce à une base de données d’environ 3 000 vidéos,réalisées auprès de trois professeurs dispensant leurscours à des élèves âgés de 8 à 9 ans. Gestuelle,paroles et expressions de ces derniers ont étésoigneusement décryptées et décodées. Résultat : Eve peut savoir si son élève est angoissé, perdu, encolère… et même s’il triche en comptant sur sesdoigts ! La prof virtuelle réagit en conséquence ens’adressant à l’élève avec une voix humaine, agré-mentée d’un sourire, d’un geste ou d’une attitudeadéquats. Sans prendre véritablement de décisions,elle reproduit ce qu’auraient fait des humains dansune même situation.

« En tant qu’enseignant, je change souvent ma pédagogie quand je sens que les étudiants ne suiventpas. Je pose parfois une question ou reviens sur ce queje disais précédemment en donnant davantage

d’explications », indique le docteur Sarrafzadeh, pourqui, « quand nous témoignons d’une émotion devantquelqu’un, nous nous attendons à ne pas être ignoré ».À ses yeux, la même exigence pourrait être espé-rée des ordinateurs.

Aboutissement d’un travail de sept ans, cenouveau système en est pour l’instant au stade duprototype*. Mais, selon son créateur, Eve pourraitintervenir dans certaines écoles de Nouvelle-Zélande d’ici un an ou deux, dans une versionaméliorée. L’équipe du docteur Sarrafzadeh travailleen effet à étendre son système de reconnaissanceémotionnelle à de nouveaux gestes, ainsi qu’à lavoix de l’élève, à son regard… et même à son pouls,qui pourrait être mesuré grâce à une souris intel-ligente.

Eve devrait également élargir ses compétencesà d’autres disciplines que les mathématiques. Etpeut-être apprendre à améliorer son savoir-faireprofessionnel au fil des cours. A l’heure où la forma-tion à distance et le tutorat en ligne sont en pleinessor, les perspectives du système ATS pourraientdonc être multiples. Y compris dans des domainestels que la sécurité, la santé ou le commerce élec-tronique.

Sophie Blitman, Le Monde, 19.04.08

* avatar : dans les jeux vidéo, un avatar est un personnagereprésentant un utilisateur.

* prototype : stade expérimental, non commercialisé.

expliquant qu’en cas de panne, il n’y a pas de hontesoit à faire appel à un élève, soit à repasser au coursclassique. » La mobilité des outils, l’interactivité, l’in-dividualisation, le développement de l’autonomie,la compréhension des échecs…, autant d’atouts desTice qui demandent de nouvelles compétences. Enplus de sa capacité à transmettre des connaissances,le prof de demain devra sans doute être unepersonne-ressource capable d’accompagner ses

élèves dans les arcanes de la culture numérique.Tout simplement parce que, de l’avis de spécialistes,la culture est en train de devenir numérique.

Fabrice Hervieu-Wane, Sciences humaines, Hors série, n° 5, oct-nov 2006

* 4ème et 3ème : les noms des deux dernières années du collègepour des élèves de 13-15 ans.

* le bât blesse : ici, le problème persiste.

* ringardisé : ici, démodé et ridicule.

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SUJET 7

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

Le travail est-il source de bonheur ?

Santé au travail : une dégradation manifeste« Zéro stock, flux tendus, sous-traitance, nouvelles relations avec la clientèle… », l’augmentationgénéralisée de la pression au travail ne laisse plus d’espace pour respirer. Si certains en retirent desgratifications, les enquêtes révèlent aussi une détérioration de la santé pour beaucoup.

Nombre de pays industrialisés font face, depuisles années 1990, à une épidémie mystérieuse :

l’expansion rapide des maux de dos ou des tendi-nites affectant poignet, coude ou épaule… Laprogression de ces troubles, baptisés dans certainspays « lésions pour efforts répétés », surprend car onpouvait croire révolue l’époque du travail répéti-tif et physiquement usant.

Une hybridation des modes d’organisationLes recherches récentes montrent que ces troubles

relèvent d’une combinaison entre répétition, pres-sion temporelle et mobilisation de l’attention.Dans ce domaine comme dans bien d’autres, lesévolutions de l’organisation du travail s’avèrentporteuses de nouveaux risques. Les mutationsqu’ont connues les systèmes de production depuisune vingtaine d’années, les contraintes nouvellesque ces mutations entraînent sur l’activité detravail et, surtout, la combinaison de ces contraintescompromettent des formes de préservation de soiusuellement élaborées par les travailleurs. Elles lesexposent ainsi, en ordre assez dispersé, à demultiples troubles de la santé […].

Aujourd’hui, les contraintes de type commercialont fait irruption dans l’industrie avec le zéro stock,le flux tendu, la sous-traitance, et l’organisation derelations clients-fournisseurs au sein même de l’en-treprise. La responsabilisation des petites équipesy a amplifié les contraintes domestiques. Ce n’estpas pour autant que les contraintes industrielles sesont allégées. Quand un atelier monte des piècesfabriquées par un autre atelier de la même entre-prise, si un problème survient, il peut être réglé parune négociation informelle. Si la fabrication de ces pièces est externalisée, un contrat formel estnécessaire et il devra inclure des normes de qualitéet des contraintes de délais. […]

Le bonheur dans l’intensitéPourtant, le travail intense n’est pas toujours mal

vécu. Il est même compatible avec une certaine

forme de bonheur, caractérisée par un fort inves-tissement professionnel, considéré comme volon-taire et récompensé tant sur le plan économiqueque sur celui de l’intérêt du travail. Ce rapport autravail est caractéristique notamment de ceux quisont détenteurs de capitaux économiques ou cultu-rels. Ainsi, pour beaucoup de dirigeants ou decadres, l’accroissement de la pression temporelle lesrapproche, certes, de la zone délicate où ils peuvent« craquer », mais le renforcement de leur champd’action professionnel, et les marges de manœuvreou les ressources que leur offre leur vie hors travailpeuvent les protéger, parfois durablement, de cebasculement.

Pour les catégories socioprofessionnelles situéesau bas de l’échelle des qualifications, en revanche,le retrait est la forme de résistance traditionnelleà la pression. Dans le retrait, on ne trouve pas desatisfaction positive dans son travail, mais on metcelui-ci psychologiquement à distance. L’effortpeut être limité (« s’impliquer juste ce qu’il faut »),ce qui rétablit l’équilibre avec la modestie des grati-fications économiques et symboliques dont on béné-ficie. Or l’intensification du travail rend presqueimpossibles ces attitudes de « retrait » – à plus forteraison pour les ouvriers et employés les plus quali-fiés ainsi que pour les techniciens, les enseignants,les infirmières…, que leur socialisation et leur iden-tité de métier portent à croire aux valeurs du travail.

Lorsque les travailleurs n’ont pas les moyens defaire face à la pression, ni ne perçoivent les grati-fications qui en découlent, ils expriment un profondmalaise. Le travail devient une impasse : sentimentd’aller dans le mur, d’être exploité parce quel’avenir ne compensera pas les efforts passés etprésents… Beaucoup d’ouvriers, d’employés sontainsi plongés dans le « malheur » au travail parune pression les empêchant de se mettre en retrait.[…]

Michel Gollac et Serge Volkoff, Sciences Humaines, février 2007

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DOCUMENT 2

Travail : ce douloureux objet de désirBonheur/malheur, jouissance/souffrance, émancipation/aliénation… Pourquoi les ambivalencesdont le travail est porteur prennent-elles aujourd’hui un tel relief ? Il semble que les nouvelles formesde management aient dans ce phénomène une large part de responsabilité.

« L’homme occupé est un homme heureux », affir-mait Claude Helvétius* à la fin du XVIIIème siècle,fustigeant ainsi les riches oisifs dévorés par l’ennui.C’est en effet l’une des innovations des Lumières*que d’avoir associé le bonheur au travail.L’étymologie du terme pourtant – tripalium : instru-ment de torture – n’augurait pas un tel devenirquant à la qualification de l’activité laborieuse desêtres humains ! Même si Karl Marx* en a bien souli-gné l’exploitation, vendre sa force de travail estsouvent considéré comme un moyen d’émanci-pation qui procure à chacun une autonomiefinancière et le sentiment de tisser un lien socialavec les autres tout en œuvrant, dans le meilleurdes cas, à son épanouissement personnel…

J’ai mal au travail

C’est d’ailleurs ce qui ressort des enquêtes euro-péennes auprès de travailleurs. En ce début de XXIe siècle, la « valeur travail » occupe sansdéfaillir le second rang, juste après la famille ; etles arguments que l’on avance pour en vanter lesmérites sont toujours l’indépendance qu’il procureet la réalisation de soi qu’il autorise.

Et pourtant ! Au rituel « bonjour, comment çava ? » lancé en début de semaine au collègue quipasse, qui ne s’est pas entendu répondre « bof !comme un lundi » ? Certes, la formule est ancienneet traduit plutôt une routine ennuyeuse qui recom-mence, une résignation qui suggérerait que l’onperd sa vie à la gagner… Il ne faudrait en effet pass’y tromper. Le travail s’est toujours vu reprochéd’être le contraire des loisirs et, en sus, entaché derelents d’esclavagisme, ou tout au moins de servi-tude, fût-elle volontaire…

Mais aujourd’hui, et notamment en France,l’ambivalence des représentations sur le travail n’ajamais été aussi forte. D’une part, sa valeur a étérenforcée par les difficultés croissantes pour tous ettoutes à l’obtenir et le garder […]. Mais, d’autre part,il n’a jamais été autant question de stress (dudimanche soir justement), de troubles musculo-squelettiques (entendre par exemple les tendi-nites du poignet et les maux de dos, en hausse

notable depuis plusieurs années), de souffrance autravail, de pression et de dépressions, de sentimentsd’injustice, de non-reconnaissance des mérites, d’exploitation (non plus conçue comme celled’une classe sociale par une autre, mais perçuecomme un « trop » demandé par le patron),quand ce n’est pas de mépris …[…]

Et pourtant la France ne semble pas être le paysle plus mal loti*. Vue de Grande-Bretagne ou desEtats-Unis, où la durée hebdomadaire du travail est d’environ 30 % supérieure à celle de la France (57 % des salariés travaillent plus de 40 heureshebdomadaires au Royaume-Uni), la France appa-raît comme le paradis des salariés. 35 heures… […]

Le blues* des travailleurs

Alors, pourquoi ce blues des travailleurs, cemalaise qui émane actuellement du monde dutravail ? Il semble qu’il faille, pour le comprendre,mettre en regard des constats objectifs et lesdiscours subjectifs qui en découlent. Autrement dit,considérer à la fois les nouveaux fonctionnementsdes organisations contemporaines et les représen-tations du travail qui ont émergé de l’individua-lisme contemporain.

Aujourd’hui, les formes de management – axées sur la recherche de la performance et de laproductivité maximales – ont intensifié le travailtout en exigeant de la part des salariés, et cela àtous les niveaux de qualification, davantage d’im-plication. Le management moderne fait ainsiappel à de nouvelles formes de motivation, solli-citant plus que jamais l’engagement psychique dessalariés. Ceux-ci sont appelés, depuis l’atelier deproduction jusqu’au bureau de direction à intégrerle projet, l’image et les objectifs de l’entreprise. […]

Martine Fournier, Sciences Humaines, février 2007

* Helvetius, Claude-Adrien (1715-1771) : philosophe fran-çais prônant le matérialisme.

* Karl Marx : activiste politique, philosophe et théoricien allemand dont la doctrine dénonce l’exploitation del’homme par le travail.

* être mal loti : défavorisé par les circonstances.

* le blues : ici, la tristesse, la nostalgie.

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SUJET 8

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

Droits à la personne et surveillance publique.

Trois fois plus de caméras dans les rues

La ministre de l’Intérieur a réaffirmé son inten-tion d’augmenter le nombre de caméras sur la

voie publique. En deux ans, elle souhaite eninstaller 40 000 supplémentaires.

La ministre de l’Intérieur veut multiplier par troisd’ici à 2009 le nombre de caméras de surveillancedans la rue, qui permettent selon elle de lutter efficacement contre l’insécurité.

« Les maires le disent : les caméras ont permis defaire baisser la délinquance chez eux d’environ 40% »,déclarait-elle la semaine dernière dans un entre-tien publié dans Le Figaro*. « Je veux en tripler lenombre sur la voie publique en deux ans afin de passerde 20 000 à 60 000 », précise-t-elle aujourd’hui.

Le PS* également séduit

Les villes petites et moyennes, de droite commede gauche, commencent à se laisser séduire par lesmultiples attraits de ce système de vidéosur-veillance qui font moins peur, ont estimé les

professionnels et élus lors des 2ème Assises nationalesde la vidéosurveillance à Strasbourg.

Si la promesse de la ministre de l’Intérieurs’adresse d’abord aux grandes métropoles quipeaufinent leurs installations, elle concerne égale-ment les communes de 20 000 à 30 000 habitants.

À gauche, les réactions ne sont pas forcémenthostiles: le député PS du Rhône, premier adjoint aumaire de Lyon, conclut après huit ans d’expérienceque le bénéfice retiré des 176 caméras, installéesdans des espaces publics avec l’accord des résidents,valait l’importance de l’investissement.

« Le risque liberticide a été écarté grâce à la créa-tion d’un collège d’éthique extérieur et indépendant »,a-t-il ajouté, se félicitant ensuite d’un meilleur tauxd’élucidation, de l’amélioration des secours et dela baisse de la délinquance (5 à 15 % en moyenne).[…]

Claire Sanjuan, lexpress.fr, 14 novembre 2007

* Le Figaro : quotidien national français.* Le PS : le parti socialiste français.

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DOCUMENT 2

« Les technologies rognent les libertés »Dans le cadre de la première Journée européenne dédiée à la protection des données personnelleset de la vie privée, qui aura lieu dimanche, la Commission nationale de l’informatique et des liber-tés (CNIL) entend sensibiliser les Français aux « traces » qu’ils laissent dans la vie de tous les jours.Les explications de Yann Padova, secrétaire général de la CNIL

Quel est le but de cette première Journée euro-péenne ?

[…] En France, nous avons voulu mettre l’accentsur les plus jeunes, ceux qui, dès dix ans, commen-cent à utiliser l’Internet sans aucune précaution.Pour eux, la technologie est avant tout ludique. Ilsne voient pas du tout son côté intrusif. Les anima-tions que nous avons conçues leur sont destinées.Comment s’exprime ce côté intrusif ?

C’est très simple. Voici quelques exemples,illustrés à travers ces animations. Utiliser un GPS*

pour se guider sur les routes, c’est très pratique, maisà tout instant on peut savoir où vous êtes, combiende kilomètres vous avez parcouru, etc. C’est lamême chose pour ce qu’on appelle la « télébillet-tique* », c’est à dire l’émission des cartes de trans-port équipées d’une puce. Cela facilite la viequotidienne, c’est vrai, mais c’est aussi une atteinteà la liberté d’aller et venir anonymement. Or c’estun droit fondamental en démocratie, tout commela liberté de réunion ou la liberté d’expression. Lestechnologies, si on n’y prend garde, rognent ces

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SUJET 8

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DOCUMENT 3

Salariés sous haute surveillanceCaméras, écoutes téléphoniques, géolocalisation, biométrie… Les dispositifs d’observation se multi-plient dans les entreprises, ouvrant parfois la voie à des dérives attentatoires aux libertés

Cela ressemblait à un boîtier électrique. Tout cequ’il y a de plus classique. À deux exceptions

près : son emplacement et un petit trou. Installédans un recoin des toilettes pour hommes, il a attirél’attention d’un employé. Le salarié curieux adémonté la fameuse boîte et découvert… unecaméra de surveillance hypersophistiquée!Interloqué, il a immédiatement pris son téléphoneportable-appareil photo et immortalisé l’objet. Latechnologie prise à son propre piège. En marsdernier, le fameux cliché a servi de preuve irréfu-table. Les dirigeants de l’usine automobile « SmartFrance », basée à Hambach, en Moselle, ont étécondamnés par le tribunal correctionnel deSarreguemines, notamment pour atteinte à la vieprivée. « C’était une question de sécurité, pas du tout de surveillance, justifie la direction. De plus, ledispositif était installé de façon à ne pas filmer lapersonne de face. » L’affaire est en appel.

Nous sommes entrés dans l’« ère du contre-maître virtuel »

Qu’ils soient désormais « classiques », commeles caméras et les systèmes d’écoutes télépho-niques, ou récents, comme Internet, la géolocali-sation et la biométrie, les nouveaux moyens desurveillance ont envahi le monde du travail etbouleversé l’équilibre traditionnel entre le contrôle

que peut exercer un chef d’entreprise et le respectdes droits de ses employés.

Nous sommes entrés dans l’« ère du contremaîtrevirtuel », indique la Commission nationale de l’informatique et des libertés – Cnil –. Une situationqui, selon cette autorité, permet de « tout exploitersans que le salarié en ait conscience » et d’établir, lecas échéant, « le profil professionnel, intellectuel ou psychologique du salarié ».

« Pas la peine pour autant de tomber dans la para-noïa Big Brother*, estime le juriste Jean-EmmanuelRay (Droit du travail, droit vivant, éd. Liaisons). Si lessalariés ne sont pas toujours conscients de l’étendue des possibilités de contrôle, les employeurs sont, euxaussi, débordés et ne s’amusent pas à espionner toutle monde tout le temps. » De plus, le droit decontrôle est nécessaire et légitime. « La surveillancen’a pas forcément un aspect intrusif, renchérit Me Nicolas Sauvage, spécialiste en droit social. Ilest normal que le patron puisse s’assurer de ce que faitl’employé. Ils sont liés par un contrat de travail, quiétablit un lien de subordination. »

Marie Cousin, L’Express, 09/05/2005

* Big Brother : principale figure du roman de science-fiction1984 de George Orwell (1948) qui est devenue une figuremétaphorique du régime policier et totalitaire, ainsi quede la réduction des libertés.

libertés. Si vous avez publié une tribune politiquesur le web et que votre employeur, en tapant votrenom sur Google comme cela se fait fréquemment,tombe dessus, vous pouvez avoir des ennuis.En se faisant l’avocat du diable*, on pourraitdemander où est le problème, si on n’a rien à sereprocher ?

À ce compte là, on peut mettre des caméras dansles maisons ! Notre rôle, c’est un rôle d’information.Les sondages que nous effectuons chaque annéemontrent que seul un tiers des Français s’estimesuffisamment informé dans ce domaine. Le plusimportant, c’est que les gens soient au courant desdonnées qu’on peut collecter sur eux, et de leursdroits. Et là, il y a encore un travail très importantà faire, même si on est encore très loin d’un pays

où Big Brother* régnerait en maître. L’État n’a pasà savoir tout sur tout le monde à tout instant, etnous veillons à ce que cela ne se produise pas,conformément à notre loi.

Yann Padova, propos recueillis par Thomas Bronnec,lexpress.fr, 26 janvier 2007

* le GPS : Global Positioning System, c’est-à-dire un systèmede géolocalisation par satellite.

* la billettique est un échange de données entre un appa-reil de validation et le titre de transport pour valider l’ac-cès à ce moyen de transport.

* se faire l’avocat du diable : être chargé de plaider pour unecause peu défendable.

* Big Brother : principale figure du roman de sciences-fiction1984 de George Orwell (1948), devenue une figure méta-phorique du régime policier et totalitaire et de la réduc-tion des libertés.

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SUJET 9

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé :

La publicité peut-elle avoir une vocation autre que commerciale ?

« La pub doit être revue totalement »[…] Maurice Lévy révèle sa face la plus secrète : celle d’un publicitaire devenu un militant de la paix,qui a mis toute son énergie et sa verve au service de l’amitié entre les peuples et des droits de l’homme.[…]

Qu’est-ce qu’un bon publicitaire, aujourd’hui?

C’est quelqu’un qui s’assure que les marquesqu’il défend apportent un vrai service au bon prixet tiennent le discours le plus juste à l’égard deconsommateurs que l’on sait confrontés, chaquejour, à des problèmes de plus en plus criants. Or cetexercice est bien plus compliqué qu’il y a vingt ans.Car, avec l’explosion des médias, notammentélectroniques, et l’hypersegmentation* des publics,il est devenu très difficile de délivrer le bon messageà l’ensemble des « cibles » que nous visons, pourreprendre le jargon* du métier. De même que lesmodèles de la télévision et de la presse sont à réin-venter, parce qu’en voie d’extinction, nos modèlessont également condamnés à être revus totalement.

L’émergence de citoyens consommateurs, soucieuxde bien-être, d’écologie, de produits bio ou de déve-loppement durable, n’affecte-t-elle pas dange-reusement les grandes marques dont vous défendezl’image ?

Il ne suffit plus, pour comprendre les grandestendances consuméristes, d’avoir de bonnes intui-tions. Citoyen du monde, le consommateur n’estplus passif, il a pris tout simplement le pouvoir. Lepouvoir de choisir à une échelle beaucoup plusgrande, jamais imaginée. Mais, surtout, le pouvoird’intervenir dans le débat et d’envoyer, quand il leveut, des messages comportant des « virus »,susceptibles de mettre à mal ces grandes marquesque l’on pensait à l’abri de tout. Ce risque doit inci-ter les industriels à se convertir, à adopter unenouvelle éthique. Bref, à faire preuve de vertu. Un

exemple? Nestlé* et son action citoyenne danscertains quartiers difficiles de la Seine-Saint-Denis*.Les grands groupes ne peuvent plus rester sourdsaux messages qui leur sont adressés, alors qu’il estde plus en plus question de commerce équitable,de délocalisation ou de droits de l’homme.Désormais, on exige de l’entreprise qu’elle soit toutsimplement irréprochable. Qu’elle produise commenous consommons : en conscience. Observez ainsiavec quelle rapidité Total* a réagi, dernièrement– en engageant sa responsabilité – à la suite d’unefuite de fioul survenue dans l’estuaire de la Loire.En d’autres temps, le même groupe aurait attendu,temporisé, hésité, cherché les responsabilités juri-diques… Une posture impensable aujourd’hui. Ilne suffit plus de proclamer que l’on vend desproduits au juste prix: il faut s’assurer qu’ils ont étéfabriqués dans les meilleures conditions. C’est-à-dire en ne détruisant ni l’emploi ni l’environne-ment. Un industriel qui ne manifesterait qu’uneattitude purement productiviste, en ne se préoc-cupant que de son compte d’exploitation, estassuré à terme de perdre.

Maurice Lévy, Propos recueillis par Renaud Revel, l’express.fr, 02/04/2008

* hypersegmentation : le fait de proposer des services très personnalisés à chaque consommateur.

* jargon : langage particulier à un groupe, incompréhen-sible pour les autres.

* Nestlé : société agroalimentaire internationale.

* Seine-Saint-Denis : département situé en banlieue pari-sienne.

* Total : multinationale dans le secteur des produits pétro-liers.

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SUJET 9

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DOCUMENT 2

« La publicité en avance sur la réalité de la vie des femmes »

INTERVIEW - Mercedes Erra, présidente del’agence de publicité BETC Euro RSCG, faitpartie d’une commission sur l’image de lafemme dans les médias, ouverte mardi. Pour elle,les annonceurs ne représentent déjà plus lesfemmes en ménagère.

Pourquoi faire partie de cette commission ?

On m’a demandé d’y participer, en tant quepublicitaire mais aussi du fait de ma connaissancedes problématiques de la place de la femme dansla société. C’est une bonne chose que les gens quiconnaissent le domaine de la communication yparticipent. […]

En tant que publicitaire, trouvez-vous […] que lapublicité propage une image sexiste des femmes ?

La publicité est au contraire souvent en avancesur le réel. Les publicitaires testent auprès desfemmes la représentation qu’elles ont d’elles-mêmes. Or les femmes ne veulent plus se voir enménagère. C’est une évolution. D’un point de vueefficacité, on ne représente donc plus dans unepublicité une femme en train de faire le ménage.Alors que dans les familles, c’est toujours elles quifont ! La publicité montre les aspirations desfemmes et non la réalité de leur vie.

Mais on continue pourtant à voir des imagesstéréotypées de la femme dans les publicités…

De moins en moins. Mais si les femmes ne sevoient plus en ménagère, elles se voient toujours

en mères nourricières. C’est ce qui ressort des testsque l’on réalise. Les annonceurs montrent doncencore la femme en train de faire la cuisine. […]On met aussi de plus en plus en scène des papasqui s’occupent de leurs jeunes enfants, non par soucid’égalité hommes-femmes, mais parce que c’est uneimage que les femmes adorent. Inversement,l’image de la femme d’affaires passe mal, je ne peuxdonc pas demander à un annonceur de l’utiliser.

Comment faire alors pour remédier à l’imageparfois stéréotypée que les femmes ont d’elles-mêmes ?

Si l’image de la femme d’affaires passe mal, c’està l’Etat et aux associations de faire des campagnesde publicité destinées à changer l’image desfemmes. Ce n’est pas le rôle des annonceurs. Lesagences de pub pourront en revanche offrir leursservices gratuitement pour ces campagnes. C’est ceque je vais proposer à la commission. C’est uneaction que mon agence de publicité fait déjà et jesuis sûre que d’autres agences le feront. De toutefaçon, il ne faut pas se tromper de cible. La publi-cité avec des images sexistes est l’aboutissement desinégalités dans la réalité. Ce sont des changementsréels, et non d’images, qui sont à faire en priorité.Comme faire en sorte que les femmes puissent accéder aux postes clés dans les entreprises, faireen sorte que la parité en politique soit vraimentrespectée.

Propos recueillis par Laure Daussy le figaro.fr28/02/2008