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PERVITINE (*) (chlorhydrate de métamphétamine) C’est à partir de la Deuxième Guerre mondiale que la consommation de Pervitin va exploser. Selon certains documentaires télévisés notamment les ‘’Junkies d’Hitler’’ diffusé le 11 décembre 2015 sur RMC Découvertes, on apprend que les soldats du Reich étaient devenus invincibles grâce au Pervitin, une pilule miracle qui leur permit de mener le blitzkrieg (la guerre éclair) et d’envahir la Pologne, la France et une partie de la Russie à une vitesse et avec une puissance imparables. Cette métamphétamine découverte par le laboratoire allemand Temmler, en 1934, permet de rester concentré et éveillé pendant 48 heures de rang et « donne aux soldats un sentiment de toute puissance et d’invulnérabilité » fut distribuée à la Wehrmacht à raison de 740 millions de comprimés entre (*) Pervitine en français, Pervitin ® en Allemagne, Belgique, Suisse

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PERVITINE (*)

(chlorhydrate de métamphétamine)

C’est à partir de la Deuxième Guerre mondiale que la consommation de Pervitin va exploser. Selon certains documentaires télévisés notamment les ‘’Junkies d’Hitler’’ diffusé le 11 décembre 2015 sur RMC Découvertes, on apprend que les soldats du Reich étaient devenus invincibles grâce au Pervitin, une pilule miracle qui leur permit de mener le blitzkrieg (la guerre éclair) et d’envahir la Pologne, la France et une partie de la Russie à une vitesse et avec une puissance imparables.Cette métamphétamine découverte par le laboratoire allemand Temmler, en 1934, permet de rester concentré et éveillé pendant 48 heures de rang et « donne aux soldats un sentiment de toute puissance et d’invulnérabilité » fut distribuée à la Wehrmacht à raison de 740 millions de comprimés entre 1939 et 1943. Et ce sur les ordres d’Hitler, lui-même addict, et des cadres du Reich. Par ailleurs, les britanniques lors de la bataille de Londres entre le 16 juillet et le 12 octobre 1940 avaient trouvé la parade pour augmenter la rotation des pilotes de la Royale Air Force : la (*) Pervitine en français, Pervitin® en Allemagne, Belgique, Suisse

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Méthédrine, elle aussi une métamphétamine. Cette dernière appelée à la rescousse est baptisée de noms évocateurs : co-pilot, wake-up, eyes-openers. La population, angoissée sous les bombes, s’y met aussi. Les Anglais ingèrent des quantités faramineuses de psychostimulants. A tel point qu’un grand journal britannique peut titrer : « La Méthédrine a gagné la bataille de Londres ».En 1943, on fait les comptes : le ministère de l’Approvisionnement anglais en a distribué soixante-douze millions de tablettes. Après la fin du conflit en 1945, les métamphétamines au même titre que les amphétamines (Maxiton®, Ortédrine®, etc.) rejoignent les pharmacies des étudiants et des sportifs. Dans les deux cas, il faut affronter un adversaire plus ou moins coriace, soit un concours universitaire, soit un concours athlétique.Dans les années 1950, ce stimulant du système nerveux central connaît son heure de gloire sur les pentes du Nanga Parbat (un sommet de plus de 8 000 m vaincu le 03 juillet 1953), lors de la finale du Mondial de foot entre l’Allemagne et la Hongrie en 1954 ainsi que dans les compétitions de cyclisme et d’athlétisme. Depuis la fin des années 1980, le retrait du marché de la spécialité Pervitin® des pharmacies allemande, belge et suisse mais aussi la facile détection urinaire en a stoppé la consommation. Aujourd’hui, on trouve encore du Pervitin® sur l’e-commerce. Mais l’utilisation de cette drogue boostant l’orgie motrice est trop à risque de provoquer un contrôle positif.

A/ ASPECTS PHARMACOLOGIQUESSPÉCIALITÉS PHARMACEUTIQUES(exemples)

NOM COMMERCIAL Dénomination commune internationale (DCI)

Mis sur lemarché(MSM)

Retrait dumarché(RDM)

PERVITIN® (Allemagne) métamphétamine 1937 1987

PERVITIN® (Belgique) métamphétamine 1947 1989PERVITIN® (Suisse) métamphétamine ? ?

HISTORIQUE1934 – Découverte de la spécialité pharmaceutique Pervitin® par le laboratoire allemand Temmler

1940 - Seconde Guerre mondiale : la Méthédrine® résiste victorieusement au Pervitin®. Récit de Christian Bachmann, enseignant en politique sociale à l’université Paris-Nord et Anne Coppel, spécialiste des problèmes de toxicomanies et du sida : « Le 16 juillet 1940, Adolf Hitler s'engage dans l’« opération Otarie », nom de code pour l'invasion de l'Angleterre. Treize divisions allemandes sont stationnées dans les ports français, en attente d'envahir l'Angleterre. Le Royaume-Uni semble perdu. Ses défenses côtières sont faibles, sa flotte aérienne réduite. Le 13 août, s'ouvre le plus grand affrontement aérien de l'histoire : la bataille d'Angleterre. « Je ne capitulerai pas » proclame Winston Churchill. A l'étonnement

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de tous, la Grande-Bretagne résiste bel et bien. Les chasseurs anglais, plus modernes et plus rapides que les lourds bombardiers du Troisième Reich, accomplissent des miracles. Grâce au radar, invention dont les Britanniques ont le monopole, les offensives ennemies sont mises en échec. Sous un déluge de bombes, la population tient bon. C’est Hitler qui abandonne, le 12 octobre. Sans que les bombardements cessent pour autant (…). Les psychostimulants sont d'abord réserves aux pilotes d’élite de la Royale Air Force. Comme on vise dans l’obscurité, la vigilance devient une arme stratégique. Le gagnant est celui qui dort le moins. La Méthédrine®, appelée à la rescousse, est baptisée de noms évocateurs : co-pilot, wake-up, eyes-openers... La population, angoissée sous les bombes s'y met aussi. Les Anglais ingèrent des quantités faramineuses de psychostimulants. A tel point qu'un grand journal britannique peut titrer « La Méthédrine® a gagné la bataille de Londres ». En 1943, on fait les comptes : le ministère de l’Approvisionnement anglais en a déjà distribué soixante-douze millions de tablettes. »[Bachmann Ch. et Coppel A. .- Le dragon domestique .- Paris, éd. Albin Michel, 1989 .- 564 p (pp 441-442)]

PROPRIÉTÉS, INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES ET POSOLOGIEIndications médicales – (Texte du Pr Victor Demole, professeur à la faculté de médecine de Lausanne)

« En médecine générale : l'hypotonie, la lenteur de la convalescence, l'apathie des névropathes déprimés l'intoxication par les somnifères. En chirurgie : le réveil difficile de certains opérés. En psychiatrie les états dépressifs, le coma insulinique et alcoolique, la narcolepsie et le parkinsonisme.Effet sur le travail intellectuel : à faible dose, le Pervitin® agit principalement sur le cerveau. Les idées sont plus vives, la sensation de fatigue disparaît. Le travailleur intellectuel est étonné de passer sa nuit sans voir baisser la qualité de sa mémoire. Le travail est aisé, rapide. Mais il paiera ces avantages par une prochaine nuit d'insomnie.Effet sur l'adresse : les tests psychologiques de calcul, d’attention, d'adresse, ont montré que le Pervitin® facilite l'idéation. Le nombre des fautes diminue, le rendement augmente. L'usage chronique du Pervitin® provoque l’épuisement. Les excès se paient cher. Un Américain m’écrit : « Après les cocktail-parties nous croquons régulièrement des pastilles de Pervitin® ou de Benzédrine® avant de monter dans nos autos. La sécurité est absolue. On prend les virages à la corde, sans hésitation. Parvenu à domicile on avale un ultime cocktail contre l'insomnie. Essayez ! »

Effet sur le travail musculaire : Szakall, Lehmann ont vu le Pervitin® augmenter le travail musculaire. Dans l'épreuve de force (dynamomètre couplé à une bicyclette, avec freinage progressif jusqu'à épuisement) l'augmentation de rendement atteint 10 à 15 %. Ces faits paraissent indiscutables. Dans l'épreuve de durée (freinage léger, constant, jusqu'à épuisement) le travail fourni double ou triple. On a décrit des cas dans lesquels il avait décuplé (chez des individus mal entraînés).Comment expliquer la grande différence des résultats des épreuves de force et d'endurance ?Dans l'épreuve de force l 'oxygène disponible est entièrement consommé, avec ou sans Pervitin®. C'est pourquoi les effets du médicament sont à peine sensibles. Au contraire, dans l'épreuve d’endurance, l’oxygène est en excès, seule la fatigue limite le travail musculaire et empêche l'utilisation des dernières ressources. Fouetté par le Pervitin®, l'utilisateur ne perçoit plus l'effet modérateur des mécanismes d'arrêt (essoufflements, point mort, fatigue). Il utilise ses forces jusqu’à l'épuisement. C'est pourquoi le rendement augmente, mais c'est au détriment des réserves et de la phase de récupération, toujours prolongée. On voit que le Pervitin® supprime la perception des sensations prémonitoires de l’épuisement, elle étouffe la voix de la nature. L'athlète court comme un animal forcé. C'est là un danger évident, pour les hommes des classes d'âge supérieures, dont les artères ont perdu leur élasticité. Des accidents graves les menacent.

Effets pervers

Certains sujets sont avantageusement influencés par les doses usuelles (4 à 6 mg = 2 à 3

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tablettes), d'autres désagréablement surpris par des malaises arythmie, maux de tête, sensations de froid, bouffées de chaleur, vomissements, sudation, angoisse, vertiges, insomnie, tremblement). L'ingestion de quantités élevées (50 à 100 mg), sans mettre la vie en danger, provoque une intoxication qui peut être grave (arythmie, tachycardie, angine de poitrine, vomissements, salivation, agitation, collapsus, confusion mentale, délire, insomnie qui peut durer plusieurs jours).Le Pervitin® est en vente sous forme de tablettes à 3 mg et d'ampoules à 15 mg. La dose habituelle est de 3 à 6 mg. Elle provoque une stimulation de l'activité mentale, efface la sensation de la fatigue. Cet effet dure six à huit heures. La marge thérapeutique est fort étendue. Les effets toxiques commencent environ une heure après l'ingestion de 30 à 60 mg (10 à 20 tablettes). Certains intoxiqués ont pris jusqu'à 120 tablettes par jour. On s'accoutume à son effet. L'augmentation des doses provoque la toxicomanie. L'accoutumance aux médicaments constitue pour certains névropathes et les individus dont la volonté est faible un grand danger. Le "pervitininomane" est contraint d'élever les doses pour obtenir un effet satisfaisant. Insensiblement il glisse dans la toxicomanie grave.Le Pervitin® a surtout été employée en Allemagne où elle a provoqué de nombreuses intoxications. Un certain public s'en est servi d'abord pour combattre les effets de l'alcool. La Benzédrine®, médicament analogue, est utilisée en Angleterre et aux Etats-Unis aux mêmes fins. Une réclame éhontée a favorisé la diffusion de ces deux toxiques dans tous les milieux. On leur a donné les noms menteurs de pilules de repos, de vacances, de force, d'intelligence, "Stuka-tabletten", etc. Certains confiseurs les ont mêlées au chocolat des pralines (14 mg par praline). On recommandait d'en consommer neuf à douze, en spécifiant qu'elles étaient inoffensives, contrairement à la caféine, accusée d'être un poison. L'usage de ces médicaments se répandit rapidement parmi le public des bars, dans certains milieux sportifs et universitaires. L'État dut intervenir, interdisant la vente, sauf sur prescription médicale (en Suisse, le décret d'application a été promulgué le 22 juillet 1941).[Victor Demole .- Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941 .- Lausanne (SUI), éd. Lib. de l'Université F. Rouge, 1941 .- 205 p (pp 183-202)]

DANGERS (contre-indications et effets indésirables)Cf rubrique amphétamines et apparentées

B/ PRATIQUE SPORTIVESURNOMS (en gras : appellations sportives) Chocolat dynamite (inclus dans les carrés de chocolat) ; Tintin ; Pépère (témoignage de Maurice Moucheraud, cycliste professionnel de 1957 à 1961) ; Halt Schlafen (halte au sommeil) ; Stuka-tabletten

EFFETS ALLÉGUÉS ET RECHERCHÉS PAR LES SPORTIFS ET LEUR ENTOURAGE MÉDICO-SPORTIF (théoriques, empiriques et scientifiques)Cf rubrique amphétamines et apparentés

SPÉCIALITÉS SPORTIVES(témoignages et contrôles antidopage) Alpinisme ++ Athlétisme (lancers, sauts, sprint) Base-ball Cyclisme +++

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Escrime Haltérophilie (petites catégories) + Judo Hippisme (jockey et chevaux) Militaires (air, terre, mer) Natation Ski alpin (descente) Patinage Spationautes Sports collectifs : basket, football (Allemagne ++), hockey, rugby à XV, jeu à XIII, volley TennisEn fait, à des degrés divers, tous les sports sont touchés.

PRINCIPALES AFFAIRES(extraits de presse)1937-1945 – DIRIGEANT POLITIQUE – Adolf Hitler (ALL)   : une médication tonique

mystérieuse à base de Pervitin ® et 30 prescriptions différentes par jour

« ... Soucieux de plaire et d'avoir réponse à tout, le docteur Théo Morell, spécialiste des maladies de la peau et vénériennes, abreuve Adolf de pilules, piqûres, vitamines, injections. L'organisme du Führer commence à se détraquer. Hitler a peur de manquer de temps pour atteindre ses objectifs. Son impatience grandit. Il ne tient plus en place. En 1937, il évoque la possibilité d'une mort prochaine. Il ébauche un testament politique qui sera suivi, le 2 mai 1938, d'un testament privé. Ainsi, c'est un véritable malade (du moins un homme qui se croit tel) qui, en 1939, donne l'ordre d'envahir la Pologne et, en 1940, la France. Pour le soutenir, le docteur Morell le bourre de calmants, d'anti-infectieux, d'antiballonnements, d'antispasmodiques, d'anticoliques, de défatigants.

Adolf se verra ordonner plus de 30 prescriptions par jour. Toute la pharmacopée y passera : Brom-Nervacit®, Cardiazol®, Cortiron®, Euflat®, Eukodal®, Eupaverin®, Glucose®, Homatropin®, POS Augentrofen® (collyre), Intelan®, Luizym®, Mutaflor®, Omnadin®, Optalidon®, Progynon B-oleosum®, Strophantin®, Sympatol®, Veritol®, etc... En outre, comme il ne fume pas, ne boit pas (à la suite d'une cuite à 16 ans, il a juré de ne plus toucher à l'alcool et a tenu parole), il a besoin de stimulants. Il absorbe d'énormes quantités de caféine, et Morell lui compose une médication tonique mystérieuse à base de Pervitin® (chlorhydrate de méthylamphétamine).Qui s'en douterait ? Au sommet de la gloire et de la célébrité, en plein allegro de victoires, le Führer est un homme traqué, à la fois physiquement et psychiquement. Jusqu'en 1940, les dopants ne semblent pas trop menacer son état général (...).

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Bientôt, l'hypocondrie s'installe. Adolf s'observe sans arrêt. Il prend son pouls. Il informe chaque visiteur de son degré de constipation ou de sa dernière colique (...). Il essaie sur lui des remèdes de bonne femme, se bourre de somnifères, de médicaments contre la grippe, de préparations digestives, de capsules de vitamines et même de bonbons à l'eucalyptus. Du coup, Morell redouble de zèle. Du matin au soir, il injecte à son patient des médicaments à base de sulfamides, de glandes endocrines, de sucre de raisin ou d'hormones. On ne le voit plus que la seringue à la main. Goering le surnomme « le maître piqueur du IIIe Reich ».Rapidement, les doses habituelles ne suffisent plus, il faut les augmenter. Les sédatifs succèdent aux excitants. Le physique d'Adolf se modifie de façon troublante. Ses yeux brillent dangereusement, ses propos acquièrent une agressivité exceptionnelle. Dans un discours au Palais des Sports, à Berlin, il menace l'Angleterre de faire larguer sur son sol en une nuit, un million de kilos de bombes. Ses projets deviennent de plus en plus insensés. Il décrète la « solution finale » du problème juif en Europe, assortie d'instructions littéralement démentes.Adolf a maintenant le comportement d'un drogué. Il passe de la prostration à l'excitation la plus intense. Pâle, faible, usé, il se plaint de frissons, de diarrhées terribles... »[« Le petit Hitler illustré », Le Crapouillot, 1974, n° 31, pp 71-72]

1939 - EFFETS ERGOGÉNIQUES - Drs E. Atzler (ALL) et G. Lehmann (ALL)   : augmente de façon très notable la quantité de travail fourni

Étude rapportée par le Pr Charles Kayser (1899-1981), directeur de l’Institut de physiologie de la faculté de médecine de Strasbourg et de l'Institut régional d’éducation physique : « Au laboratoire d’E. Atzler et G. Lehmann(1), on a étudié l’action d’un agent pharmacologique, le Pervitin® (méthylamphétamine), l’équivalent de l’Ortédrine®. En faisant faire du travail sur bicyclette ergométrique, ils ont vu que cet agent augmente de façon très notable, la quantité totale de travail fourni jusqu’à l’épuisement.Mais la restitution se fait d’autant plus lentement que l’effort a été plus longtemps soutenu. Par conséquent, l’emploi de cet agent n’est pas absolument sans danger. »(1) Pervitin als leistungssteigarndes mittel .- Arbeitsphysiol, 1939, 10, pp 680-691[Kayser Ch. .- Physiologie du travail et du sport .- Paris, éd. Hermann, 1947 .- 264 p (p 158)]

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1939 - 1941 - MILITAIRES - La guerre éclair du Pervitin ®

Le 11 décembre 2015, la chaîne de télévision RMC Découverte a diffusé deux documentaires inclus dans la série Les Dossiers secrets du IIIe Reich. Le premier intitulé Le projet D-IX expliquait que les nazis voulaient créer une armée de soldats qu’une drogue secrète aurait rendus invincibles. Le second réalisé par François Pomès, Les Junkies d’Hitler s’intéresse à la pilule des nazis, autrement dit au Pervitin®, une métamphétamine dite la drogue des surhommes (invincible, infatigable, héroïque…). Le journaliste Hubert Lizé résume les soixante minutes consacrées à cette potion du survoltage artificiel : « C’est l’un des secrets les mieux cachés de la Seconde Guerre mondiale. L’existence d’une pilule miracle qui permit aux soldats du Reich de mener le blitzkrieg (la guerre éclair) et d’envahir la Pologne (1939), la France (1940) et une partie de la Russie (1941) à une vitesse et avec une puissance imparables. Ce passionnant documentaire nous révèle comment une molécule découverte par un laboratoire allemand en 1938, le pervitin, puissante métamphétamine permettant de rester quarante-huit heures sans dormir et donnant aux soldats un sentiment de toute puissance, fut distribuée à la Wehrmacht à raison de 740 millions de doses entre 1939 et 1943. Et ce sur les ordres d’Hitler et des cadres du Reich, sans se préoccuper des effets secondaires addictifs. Conçue d’abord pour remonter le moral des populations civiles, le pervitin va finir par faire des ravages sur le front : dépendance, hallucinations… pendant la campagne de Russie, les soldats meurent par moins 40°C : « Ils n’ont plus la capacité de ressentir le froid et gèlent sur place. » C’est la raison pour laquelle l’armée américaine, qui testait elle aussi l’amphétamine, renoncera à la prescrire aux GI. »[Le Parisien, 11.12.2015]

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1939-1945 - MILITAIRES   - La pharmacopée des belligérants

Commentaire du vétérinaire Jacques Gastellu dans sa thèse de doctorat soutenue en 1968 : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, les produits de la famille des amphétamines furent largement utilisés par les combattants. Les pilotes de la chasse allemande recevaient du Pervitin®, qu'ils appelaient « chocolat-dynamite » ; les Anglais, surtout les aviateurs au moment du « Blitz », usaient de la Benzédrine® 72 millions de comprimés d'amphétamines furent fournis par le Ministry of supply aux contingents britanniques) ; les soldats américains absorbaient de l'Ortédrine® pendant les grandes attaques. »[Jacques Gastellu .- Le doping du cheval .- Thèse Vét. : 1968 ; N° 7, p 18 (Pdt Marc Chambon)]

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1940 - ALPINISME – Pr Victor Demole (SUI)   : «   son cœur céda   »

Récit du Pr Victor Demole de la faculté de médecine de Lausanne : « Voici quinze mois, un alpiniste se dopait au Pervitin® (méthylamphétamine). Il accomplit une ascension difficile, sur le chemin du retour, son cœur céda, il souffre encore d'une lésion cardiaque grave. »[Victor Demole .- Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941 .- Lausanne (SUI), éd. Librairie de l'Université F. Rouge, 1941.- 205 p (pp 183-202)]

1941 - ATHLÉTISME (cross) – Coureur anonyme (SUI)   : saute dans une rivière et se noie

Texte du docteur allemand R. Staehelin rapporté par le Pr Victor Demole de la faculté de médecine de Lausanne : « Par temps chaud, 150 coureurs participent à un cross dans les environs de Bâle. Cinq ont consommé du Pervitin® (métamphétamine). Le premier (il a pris une seule tablette de Pervitin® = 3 mg) arrive « pompé » au but, se repose un quart d'heure, s'agite, parle de façon incohérente, menace ses camarades, veut avaler des éclats de verre. On le ligote et le transporte à l'hôpital où il retrouve bientôt la raison.Le deuxième coureur a consommé trois tablettes de Pervitin®. Il ressent des malaises pendant plusieurs heures. Un troisième coureur très musclé, mais suffisamment entraîné a pris trois tablettes de Pervitin®, du Kola et peut-être du cognac. Sur le dernier tiers du parcours, il est angoissé, ressent des secousses dans les bras, les jambes, le visage. Il est persuadé que l'usage du doping lui vaudra les tribunaux et une condamnation à mort. On l'étend sur l'herbe à l'ombre. On lui administre de la Calcio-Coramine®. Il paraît s'apaiser. Subitement, il se lève et saute dans une rivière où il se noie. »On ignore comment se sont comportés les deux autres coureurs pervitinisés. Les 145 concurrents, qui ne sont pas dopés, accomplissent normalement le parcours. »[Staehelin R. .- Bedeutung der sog. Weckamine für die Neurologie und Psychiatrie .- Schweizer. med. Woch., 1941 .- p 1197][Victor Demole .- Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941 .- Lausanne (SUI), éd. Librairie de l'Université F. Rouge, 1941 .- 205 p (p 198)]

1941 - MARCHE – Militaire anonyme   : un coup de fouet chèrement payé

Témoignage d’un participant rapporté par le Pr Victor Demole de la faculté de médecine de Lausanne : « Un camarade régulièrement entraîné qui a participé à un concours militaire de marche de 42 km (Frauenfeld, 19 octobre 1941) où il s’est classé cinquantième parmi 1 380 concurrents, a fait le trajet en compagnie d’un dopé. Voici ses commentaires : « Au départ, S... avale deux tablettes de Pervitin® (métamphétamine). Pas d’effet apparent. Peu avant St Gall, entre les quinze et vingt premiers kilomètres du parcours, il lutte contre une fatigue intense et a faillit abandonner. A Wil, nous prenons une tasse d’Ovomaltine®. Au kilomètre 21, S. avale deux tablettes de Pervitin®, deux ou trois minutes après il suit sans difficulté. Nous parcourons 10 km au pas de course. Au kilomètre 38, S. avale encore deux tablettes. Nous avançons rapidement, sans fatigue, rattrapant de nombreux concurrents. Parvenu au but, S. dit son étonnement. Il aurait pu tenir longtemps encore. Sous la douche, il remarque que ses pieds saignent. Le soir, il est loquace, enjoué, toute la nuit, il a les yeux ouverts, pas trace de sommeil. Le lendemain, ne ressent pas de fatigue particulière, a néanmoins de la difficulté à travailler. Suivent trois nuits d’insomnie, d’abattement, de fatigue intense, de maux de tête. Les pieds endoloris enflent. Il garde le lit. Tous les ongles tombent à l’exception de ceux des petits orteils. Pendant plusieurs semaines, il sera incapable de se chausser. Après la course, que j’ai supportée sans médicament, j’étais fatigué. Le sommeil m’a délassé. Le lendemain, j’ai accompli mon travail comme de coutume, sans effort. Je n’ai pas de courbatures. S. a 22 ans, j’en compte 34. »[Victor Demole .- Médecine sportive et doping in «Contrôle médico-sportif et fatigue ». Recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941 ».- Lausanne (SUI), éd. F. Rouge, 1941. - 205 p (pp 198-199)]

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1941 - MILITAIRES - Balkans   : guerre éclair

Texte et commentaire du Pr Pierre Deniker, pionnier de la psychopharmacologie moderne, membre de l’Académie nationale de médecine : « Au printemps de 1941, le Führer s’apprêtait secrètement à attaquer l’Union soviétique, jusque-là son alliée. Dans le même temps, son complice, Benito Mussolini, laissé dans l’ignorance, décidait de son côté de faire cavalier seul et d’attaquer pour son compte l’Albanie et la Grèce, où il ne tardait pas à essuyer d’humiliants revers.Obligé de venir au secours de son piteux compère, Adolf Hitler devait absolument en finir très rapidement dans le Balkans afin d’avoir, à nouveau, les mains libres du côté de la Russie. Aussi devait-il réaliser la campagne la plus foudroyante de son répertoire. En onze jours, toute la péninsule balkanique, la Yougoslavie et la Grèce, jusqu’en Crète, furent balayées par les troupes d’assaut, fonçant sans relâche, de jour et de nuit. Pour parvenir à ces exploits(1), les tankistes, les aviateurs et les parachutistes étaient précisément dopés à une métamphétamine qui leur ôtait la fatigue et le sommeil, et leur conférait davantage d’agressivité.Malheureusement pour l’Allemagne, le retard pris au cours de cette guerre éclair devait peser lourdement sur le sort du conflit en retardant l’invasion de l’URSS. Prévue pour le mois de mai 1941, elle ne démarra que le 22 juin et s’arrêta, comme on sait, sous les murs de Moscou en décembre 1941. Peut-être sans le Pervitin® (métamphétamine) allemand, les choses se seraient-elles déroulées différemment. »[Pierre Deniker .- Les drogues. Trafic et contagion .- Paris, éd. Plon, 1988 .- 258 p (pp 144-145)]

(1) Ce fut une des campagnes les moins meurtrières de la Seconde Guerre mondiale.

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1941 - MILITAIRES - Suisse   : la mise en garde du médecin-chef

« Je rends spécialement attentif aux fait que le Pervitin® (métamphétamine) à la dose de deux tablettes peut déjà conduire à des états confusionnels et délirants. Ce danger est surtout marqué par temps lourd (augmentation de la prédisposition aux dommages causés par la chaleur, coups de chaleur, coups de soleil) et lors de l’absorption concomitante d’alcool. L’abaissement du seuil de la sensation de fatigue peut provoquer des lésions cardiaques permanentes, consécutives à une surcharge aiguë du cœur : l’abolition des inhibiteurs psychiques expose par ailleurs au danger d’entreprises irréfléchies. Le Pervitin® déclenche des réactions d’intensité très variable d’un individu à l’autre. Elle doit être considérée comme un « separadum » et ne peut être délivrée que par le médecin. Sa prescription reste limitée au cas où le médecin peut en observer personnellement les effets. » [Bulletin, 1941, n° 91, 30 juin, repris dans : [Victor Demole. - Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941.- Lausanne (SUI), éd. Librairie de l'Université F. Rouge, 1941.- 205 p (pp 183-202)]

1943 - SKI ALPIN – Dr Paul Gut (SUI)   : cinq tablettes de Pervitin ® pour dévaler les pentes

Récit du Dr Paul Gut, chef de sauvetage de l’Association suisse des clubs de ski, chef et médecin de la station alpine de sauvetage du club Alpin suisse de St Moritz : « Le premier janvier 1943, nous dûmes traiter un jeune ingénieur qui s'était cassé un bras en faisant du ski; il avait abusé de boissons alcooliques pendant la nuit précédente et, voulant faire du ski à tout prix, avait pris cinq tablettes de Pervitin® (métamphétamine). Il nous donna sa parole de ne plus jamais prendre un tel produit, sans l'ordre du médecin. D'après un ordre d'armée, le médecin militaire ne peut prescrire qu'une ou deux tablettes par jour. Le Pervitin® est interdit comme doping (Materia med. mil. 1943) »[Paul Gut. - Secours et hygiène pour skieurs et alpinistes. - Lausanne, Lib. Payot, 1948. - 312 p (p 254)]

1944 - MILITAIRES – Japon   : pour entretenir l’exaltation psychique des kamikazes

Récit et commentaires du Dr Jean Thuillier, directeur de recherche à l’INSERM : « A partir de 1944, les Japonais, sous la pression des forces américaines qui reconquéraient peu à peu toutes les positions stratégiques du Pacifique, avaient recruté des soldats volontaires pour lutter jusqu’à la mort dans des combats désespérés. Ainsi étaient fabriqués dans des usines, des avions-

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suicides, les kamikazes, dont la construction sommaire ne permettait que le transport de bombes et d’explosifs jusqu’à l’objectif, avec une quantité d’essence réduite pour assurer le seul vol aller ; car l’avion et l’équipage n’avaient pour mission que de s’écraser sur le but à atteindre, usines, concentration de troupes ou navires de guerre.Les pilotes de ces avions, tous volontaires, étaient entraînés dans des camps où on leur organisait une ambiance destinée à entretenir leur élan combatif pour ces missions suicidaires. En contrepartie de l’exaltation de leur foi patriotique, et du sacrifice consenti de mourir pour leur pays, on accordait la licence du jeu, la liberté de toutes passions. Les restrictions étaient supprimées pour ces héros auxquels on fournissait nourriture abondante, courtisanes payées, alcool à discrétion, mais aussi, pour entretenir leur excitation psychique, des doses régulièrement croissantes d’amphétamines et en particulier, de méthylamphétamines.Administrée par voie orale, mais aussi par voie intraveineuse, l’amphétamine produit une sensation de bien-être, d’excitation, de puissance physique et intellectuelle, sans hallucination, sans perte de self-control. Quand les prises se font en groupes, une excitation réciproque se propage d’un individu à l’autre, entretenant un climat général d’euphorie, de désir de jouissance ou d’action immédiate. S’il est vrai que le rendement total n’est pas fortement influencé, l’hyperactivité provoquée par la drogue est manifeste, comme on a pu s’en rendre compte au cours de réunions organisées par des groupes musicaux modernes où l’orchestre, les chanteurs et les spectateurs communiaient dans un enthousiasme qui parfois dégénérait en fureur destructrice. L’utilisation des amphétamines s’est répandue au Japon après la guerre de façon si importante que ce pays fut le premier à instaurer une législation prohibitive contre ces produits. »[Jean Thuillier .- La révolution des tranquillisants .- Paris, éd. Renaudot, 1988 .- 329 p (pp 140-141)]

1944 - MILITAIRES – Le «   D-IX   » ou pot d’Adolf pour ranimer la flamme des guerriers

1. « Le régime nazi a tenté de fabriquer une substance à base de cocaïne permettant de galvaniser des troupes de la Wehrmacht à bout de souffle dans la dernière phase de la Seconde Guerre mondiale, révèle l’hebdomadaire allemand Focus. La publication fait état de recherches conduites par un spécialiste en criminologie, Wolf Kemper, selon lequel Adolf Hitler, bien que

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personnellement hostile à l’usage de drogues, souhaitait mettre au point une « drogue miraculeuse », baptisée du nom de code « D-IX ». Cette substance expérimentale aurait même été distribuée à des cobayes, des détenus du camp de concentration de Sachsenhausen qui, grâce à cette drogue du miracle, ont pu effectuer des marches de 90 km avec une charge de 20 kg sur le dos sans prendre un seul repos. Ces pilules contenaient un mélange de cocaïne, de Pervitin® (une méthylamphétamine) ainsi qu’un antalgique à base de morphine. « On espérait que cette substance donnerait aux soldats des forces quasi-illimitées pour se battre au moment même où le front commençait à s’effondrer et où les nazis commençaient à reculer. Les médecins nazis furent enthousiasmés par les résultats », écrit Focus. La guerre se termina avant que les D-IX puissent être fabriqué en grosses quantités. »[Reuters, 18.11.2002]

2. Wolf Kemper (ALL) : le pot d’Adolf pour galvaniser la Wehrmacht - Récit du Dr Jean-Pierre de Mondenard : « L’expression « pot belge » s’est fait connaître du grand public à l’occasion des procès qui ont défrayé la chronique au cours de ces quinze dernières années : Paris, Laon, Poitiers, Lille, Reims, Rennes et, bientôt, Perpignan prévu en mai 2003. Tout le monde le sait à présent : il s’agit d’un cocktail dopant aux multiples ingrédients – morphine, cocaïne, caféine, amphétamines – qui permet une véritable « orgie motrice », lève les inhibitions et retarde la sensation de fatigue. Dans le sport, on le retrouve surtout chez les amateurs où les contrôles antidopage sont rares et chez les professionnels en période d’entraînement ou lors des fêtes accompagnant les remises de trophées, les mariages, les présentations d’équipe, etc. On le surnomme parfois le « nectar du onze dents » (par référence au plus petit pignon de la roue arrière que l’on entraîne sans souffrance sous l’effet de la drogue). L’expression « pot belge » demeure plus mystérieuse. Certes, il y a toujours eu beaucoup de soigneurs belges dans les pelotons, mais l’idée de mélanger les stupéfiants paraît plus ancienne encore. Dans le livre Histoire de la drogue de Jean-Louis Brau, on apprend l’existence de petites « pilules rouges » que des trafiquants proposaient en 1920 déjà sous des noms évocateurs comme « Tigre féroce » ou « Cheval magique ». Dans leur composition, on trouvait pêle-mêle de l’héroïne, de la caféine, de la strychnine, de la quinine, etc. A l’époque, il manquait évidemment les amphétamines commercialisées pour la première fois en 1930 sous le nom de Benzédrine® par un laboratoire américain dans le traitement des rhinites. Son incorporation au « pot belge » date vraisemblablement de 1944. L’hebdomadaire allemand Focus, vient de consacrer un article aux recherches d’un spécialiste en criminologie, Wolf Kemper qui révèle qu’Adolf Hitler, bien que personnellement hostile à l’usage des drogues, avait commandité la fabrication d’une substance censée galvaniser les troupes de la Wehrmacht. C’est ainsi que fut mis au point le D-IX, un mélange de cocaïne, de méthylamphétamine (Pervitin®) et d’un antalgique à base de morphine. Cette substance expérimentale fut alors testée sur des détenus du camp de concentration de Sachsenhausen qui purent, grâce à elle, effectuer des marches de 90 kilomètres avec une charge de 20 kilos sur les épaules sans prendre le moindre repos. Les chercheurs étaient enthousiastes. Mais la guerre se termina avant que les D-IX ne puissent être fabriqués en grosses quantités. Comment les comprimés trouvèrent le moyen de passer de la cantine des soldats aux cuissards des cyclistes, cela reste un mystère ! »[Jean-Pierre de Mondenard .- Sur le front du dopage : un pot belge né allemand .- Sport et Vie, 2003, n° 76, janvier-février, pp 70-74 (p 74)]

1945 - DÉTECTION - Pr De Laet (BEL) : le tout premier à déceler les amphétamines

Commentaires du vétérinaire André Hennau : « Tout récemment, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, une recrudescence importante de ces manœuvres fut signalée. Profitant des perfectionnements pharmacodynamiques mis au point au cours de ces dernières années, les méthodes de doping furent remises à l’honneur. Mais elles avaient délaissé les alcaloïdes facilement décelables au profit de médicaments nouveaux, tels le Pervitin® (métamphétamine), dont la recherche n’était pas jusqu’alors effectuée dans la salive. En Belgique, c’est au professeur De Laet, expert du Jockey Club que revient le mérite d’avoir décelé le Pervitin® dans la salive et d’avoir mis au point la technique de microcristallisation qui permit d’identifier les cristaux du nouveau doping. »[André Hennau.- Le doping du cheval de course .- Ann. Méd. Vét., 1946, 90, mai-juin, p 76]

1948 - HIPPISME – Dr Paul Gut (SUI)   : pour stimuler son canasson

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Récit du Dr Paul Gut, chef de sauvetage de l’Association suisse des clubs de ski, chef et médecin de la station alpine de sauvetage du club Alpin suisse de St Moritz : « La guerre a donné une telle actualité au Pervitin® (métamphétamine) que récemment un cocher, en état d'ivresse, m'arrêta dans la rue pour me demander du Pervitin® pour son cheval, qui avançait trop lentement. J'ai appris par la suite qu'un mauvais sportif lui avait vanté, autour de nombreuses bouteilles, les mérites du Pervitin®. (...) La situation était naturellement toute différente dans la guerre passée et nous connaissons déjà les nouveaux moyens de doping, Pervitin® (Allemagne) et Benzédrine® (Angleterre), qui fouettent l'organisme d'une façon fantastique. Il va sans dire que l'on admet parfaitement, dans les opérations de guerre, un succès ou une victoire obtenu grâce au Pervitin® ou à la Benzédrine® et il n'est plus question ici de disqualification ! Ces médicaments étaient, au contraire, réglementaires dans les armées en question. La guerre ne tient aucun compte de la santé des hommes.Depuis 1941, le Pervitin® n'est délivrée, en Suisse, que sur ordonnance médicale. Le médecin ne prescrira ce médicament dangereux que dans les cas où tous les autres moyens n'ont pas donné de résultat (comme « ultimum refugiens »), mais jamais à titre prophylactique régulier (provoque insomnie et toxicomanie). Le Dr Victor Demole de Lausanne en décrit les abus comme suit : « Le Pervitin® étouffe la voix de la nature. L'athlète court comme un animal forcé. C'est un menteur. Les excès se payent cher. La Coramine® agit sur un corps très fatigué, le Pervitin® redonne des forces à celui qui est à bout aussi bien moralement que psychiquement, la caféine aide les deux. (Staub). L'influence de la Coramine® ou du Pervitin® sur un être normal, non surmené, est nulle ou minime. »[Paul Gut .- Secours et hygiène pour skieurs et alpinistes .- Lausanne (SUI), Lib. Payot, 1948 .- 312 p (pp 249-250)]

1953 - ALPINISME - Hermann Buhl (AUT) : «   Deux tablettes de Pervitin ® pour me rendre des forces   »

1. Témoignage du chef de l’expédition austro-allemande, le Dr Karl Herrligkoffer (Nanga Parbat (03.07.1953 - L'assaut final d'Hermann Buhl) : « Sur le plateau, le soleil se fait brûlant. L'air est extraordinairement sec. Pas un souffle de vent. Après chaque pause, je dois me faire violence pour me remettre en route. Je n'ai pas l'impression de progresser. L'antécime me paraît toujours aussi éloignée et il y a des heures que je marche. Moi qui avais pensé atteindre le sommet à midi ! Il n'y faut pas compter. Je gagne le bord du plateau, espérant y trouver une brise fraîche. Rien. Pas un souffle. Mon sac pèse lourd, m'écrase les épaules. Je m'en débarrasse et l'abandonne au pied de la rampe menant à l'antécime. J'espère ainsi aller plus vite. Je compte encore revenir ce soir. J'enroule mon anorak à ma ceinture, je mets dans mes poches le fanion, mon appareil photo, mes gants de rechange et la gourde pleine d'infusion de coca. J'y ajoute du Pervitin® et de la Padutine® contre les gelures, et je saisis mon piolet. Du coup, je me sens plus fort, mon allure s'accélère, mes arrêts se font moins fréquents et, de toute mon énergie, je monte en direction de l'antécime. Le chemin me paraît bien long et je ne sais si je pourrai tenir jusqu'au bout. Je suis sûr, en tout cas, de pouvoir gravir cette antécime haute de 7 910 mètres qui, si elle ne fait pas partie des plus de 8 000 mètres, n'a encore jamais été escaladée. Mais finalement je coupe sous l'antécime en direction de la brèche du Diamir. De là, par des éboulis recouverts de neige et de glace, je redescends légèrement jusqu'à la brèche. Il est 2 heures de l'après-midi. Je me trouve maintenant en présence d'une muraille verticale de roche vive, coupée de fissures interrompues et de pentes glacées. Je prends deux tablettes de Pervitin® pour me rendre des forces. L'action ne s'en fera sentir que pendant six ou sept heures, je le sais et il me faudra avoir trouvé, entre temps, un abri. Une arête glacée et couronnée de corniches mène à l'épaule. Le versant sud du Nanga Parbat tombe verticalement de quelques milliers de mètres et tout en poursuivant mon ascension, tantôt sur des rochers, tantôt sur des plaques de neige, mon regard plonge dans cet abîme prodigieux : je n'ai jamais vu pareil gouffre ! (...) A 6 heures du soir, je suis sur l'épaule, à peu près à 8 000 mètres d'altitude.Je suis à bout de forces. En tant que montagnard, je sais qu'il faut aller jusqu'au bout, tout en haut, mais ce sentiment ne s'applique par particulièrement au Nanga Parbat, ce pic inviolé qui a coûté déjà tant de vies humaines, d'où sept expéditions ont dû s'en retourner, vaincues. Je prends une dernière gorgée de coca qui me réconforte pour un instant. Puis je passe sur le flanc nord. Un entassement rocheux mène au sommet qui est à 100 mètres au-dessus de moi. J'abandonne mes

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bâtons de skis et, incapable de marcher, j'avance à quatre pattes. Brusquement, le sol s'abaisse tout autour de moi. Je suis au sommet. » (pp 178-181)Dans les pages suivantes, Hermann Buhl aborde le bivouac nocturne et le retour au camp C : « La remontée vers le Silbersattel est interminable. Il me faut recourir au Pervitin® pour mobiliser mes dernières réserves de force; sans cela, je n'arriverai pas au bout. A 17 h 30, me voici enfin sur la croupe. Je regarde en bas et aperçois deux camarades sur la Tête du Maure. Je reprends courage et, poussé par une force mystérieuse, je repars plus facilement. » (p 188)

Karl Herrligkoffer, le chef de l'expédition, reprend la narration du retour du vainqueur : « Hermann Buhl parle avec volubilité, sans arrêt. Pendant que Hans prépare du Nescafé® et du thé de coca, il lui donne de l'oxygène, Hermann se perd en explications confuses, entre dans les détails. Il a pris trois tablettes de Pervitin® alors qu'il était déjà sur le champ de glace supérieur. C'est ainsi qu'il a pu passer relativement vite l'arête, et c'est aussi la raison de son extrême excitation. C'est une pénible impression.Quelques minutes après son arrivée, nous pouvons faire par sans-fil le plus beau rapport de toute l'expédition. Buhl prononce quelques mots, s'adresse à Karl d'une voix faible. Une soif inextinguible et une faim dévorante lui assèchent le gosier. Je me mets aussitôt à l'ouvrage et soigne ses deux orteils gelés que je masse une partie de la nuit avec un onguent. L'épuisement physique a enfin raison des excitants puissants qu'il a dû prendre et il s'endort entre Hans et moi. Nous passons tous deux la nuit tant bien que mal; nous gelons mais un indescriptible sentiment de joie nous soutient. Le Nanga Parbat est vaincu - son vainqueur est ici, sain et sauf, et demain nous abandonnerons glaces et neiges pour retrouver la vallée verte. » (pp 194-195)[Karl Herrligkoffer .- Nanga Parbat .- Paris, éd. Julliard, 1954 .- 229 p (pp 178-181, 188 et 194-195)]

2. Le Pervitin® pour « monter » toujours plus haut - Le dernier acte de la bataille tragique qu'ont livré depuis deux décennies, les Allemands au Nanga Parbat, la « Montagne du destin », comme ils l'appelèrent, s'est conclu par un exploit prodigieux. L'Autrichien Hermann Buhl, le 3 juillet a, en effet, atteint le sommet seul depuis le dernier camp situé à seulement 6 900 mètres...Dans un article paru dans la revue du groupe de Haute Montagne Alpinisme (avril 1954), Hermann Buhl a raconté sa lutte solitaire pour les treize cents derniers mètres du Nanga Parbat et où il apparaît que le Pervitin® (métamphétamine) faisait partie de la musette des grimpeurs de parois verglacées : « Au pied des rochers enfin atteints, je m'allège au maximum, je laisse le sac, enroule mon anorak à la ceinture et ne conserve que mes gants, l'appareil photo, une gourde, du Pervitin®

(métamphétamine) et de la Patudine® (...) J'hésite à prendre du Pervitin®, cela est tentant mais je

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sais que son action ne durera que six heures, où serais-je dans six heures ? Si je ne suis pas encore de retour elle me perdra. J'entame l'escalade mais très vite je sens décroître mes forces et prenant mes risques, je prends deux tablettes de Pervitin®... »[Pierre Mazeaud . - Nanga Parbat, montagne cruelle .- Paris, éd. Denoël, 1982.- 262 p (pp 31-32)]

3. ... Mais aussi pour mieux « descendre » - L'exploit le plus fantastique de l'Autrichien a certainement été accompli lors de la descente puisqu'il a réussi à s'en sortir après un bivouac sans matériel debout à 8 000 mètres.Dans son récit, Hermann Buhl raconte son fantastique retour du sommet du Nanga Parbat où, terrassé par la fatigue et le manque de sommeil, il dut faire appel aux amphétamines : « Tiraillé, poussé, nargué par ma propre ombre, j'avance en chancelant. Je ne suis qu'une ombre marchant derrière son ombre. Puis, je me souviens du Pervitin®. Le sang et la salive me coulent de la bouche, tout est collé, je m'enfonce les trois tablettes dans le gosier, comme si elles étaient des copeaux de bois. »[Herman Buhl. - Buhl du Nanga Parbat .- Paris, éd. Arthaud, 1958]

4. La cécité du mensuel Vertical - Dans son n° 100, Vertical raconte à sa façon cent ans d'escalade et d'alpinisme. La victoire d'Hermann Buhl est copieusement idéalisée et, bien sûr, comme souvent dans pareille situation, épurée par la presse. Cette dernière, sans état d'âme, occulte tout ce qui pourrait ternir le rêve des lecteurs. En l'occurrence, les tablettes de Pervitin®

(métamphétamine) ont disparu corps et bien du récit : « Hermann Buhl, natif d'Innsbruck, va accomplir l'exploit total en gravissant 1 200 m de dénivelée (du dernier camp au sommet, 8 125 m), seul, sans oxygène, le 3 juillet 1953. La seule aide de Buhl consistera en une petite gourde de thé au coca rapporté de Bolivie par Hans Ertl. »[Vertical, 1997, n° 100, juillet-août, p 94]

1954 – FOOTBALL – Le miracle de Berne grâce aux injections de… Pervitin ®

« Et si « le miracle de Berne », surnom de la finale du Mondial 1954, n’était qu’une supercherie ? La légende de l’équipe de RFA, victorieuse de la Coupe du monde en Suisse après un succès renversant contre les favoris Hongrois, risque en tout cas de prendre du plomb dans l’aile après les révélations d’une étude universitaire commandée par le Comité olympique allemand. Selon ce rapport, les footballeurs de la Mannschaft auraient reçu au cours du tournoi des injections de Pervitin®, un produit dopant (spécialité allemande contenant du chlorhydrate de méthylamphétamine).

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Etrillés sur le score de 8-3 en match de poule par le onze d’or de la grande équipe de Hongrie, les Allemands et leur buteur Helmut Rahn avaient déjoué en finale tous les pronostics en infligeant aux coéquipiers de Ferenc Puskas leur première défaite depuis quatre ans, à l’issue d’une finale à rebondissements (3-2). Mais les ‘’héros de Berne’’ qui croyaient bénéficier d’un traitement à base de vitamine C, recevaient en fait des injections de métamphétamine. Une substance donnée notamment aux troupes allemands lors de la Seconde Guerre mondiale et figurant depuis cette date sur la liste des produits dopants (*). Cette information est issue d’une étude baptisée ‘’Dopage en Allemagne’’ et financée par le Comité olympique allemand qui se penche sur le dopage dans le sport ouest-allemand. Les premiers résultats de ce travail révèlent que le dopage était utilisé dans le sport de haut niveau en RFA dès 1949. »[lemonde.fr avec AFP, 26.10.2010]

(*) Commentaires JPDM – En 1954, à l’époque du Mondial de Berne en Suisse, même si les amphétamines et apparentés tels que les métamphétamines sont considérées comme des stimulants, elles ne sont pas prohibées par la Fédération internationale de football (FIFA).Les premiers contrôles antidopage effectués lors d’un Mondial le seront en 1966 en Angleterre. Trois joueurs de chaque équipe furent régulièrement contrôlés après chaque rencontre. L’arbitre avait la latitude de désigner d’autres joueurs dont le comportement lui aurait paru anormal. Aucun directeur de jeu n’usa de ce droit. Le Français Robert Herbin, 23 fois international entre 1960 et 1968, a été contrôlé négativement pendant cette coupe du monde anglaise.Par ailleurs, deux joueurs allemands, à la suite de la demi finale remportée face à l’URSS (2-1) ont été testés positifs à l’éphédrine. Aucune sanction ne leur a été infligée car ils étaient sous traitement médical. Pour soigner un refroidissement, ils avaient reçu une inhalation d’éphédrine 48 heures avant la rencontre

1959 - CYCLISME - Paul Bigler (SUI)   : une surdose fatale

Le cycliste suisse Paul Bigler s’écroule à 200 m de la ligne victime d’un cocktail d’amphétamines comprenant du Pervitin®. Différents auteurs dont les médecins qui l’ont examiné témoignent :

1. « Le 5 juillet 1959, Paul Bigler, coureur suisse de 25 ans, 80 kilos, 1 m 87, prenait part aux championnats de Suisse amateurs sur une distance de 191 kilomètres. Au petit-déjeuner, il prit un café et trois œufs. Il remplit son bidon de café et de huit comprimés de sulfate de phenyl-isopropylamine (amphétamine). Pendant la course, il prit encore treize comprimés d'amphétamine 0,005. Malgré cela, il était en queue de peloton et en difficulté. Peu avant l'arrivée, alors que la route descendait, il commença à zigzaguer et tomba par terre. Malgré l'administration d'un analeptique et d'un cardiotonique, il décéda dans une clinique, avec tous les symptômes du dopage. Le cœur était un peu dilaté, comme c'est le cas pour la plupart des sportifs, mais l'autopsie révéla en même temps, de manière irréfutable, qu'il avait avalé une grande quantité d'amphétamines. »[Koomen T. - [25 ans de dopage] (en néerlandais) .- Laren (HOL), éd. Luitingh, 1974 .- 144 p (p 129)]

2. «  B. est né le 12 juillet 1934 (25 ans). Il participe le 5 juillet 1959 à un championnat cycliste amateur. L'épreuve comporte 191 kilomètres avec 2 300 mètres de dénivellation. Ce jour là, il faisait chaud (25°9 et vitesse du vent : 5 km/h), B. s'est couché la veille vers 22 heures et s'est levé vers 7 heures. Après le petit déjeuner (café noir et trois œufs coque), il s'est préparé une grande tasse de café dans laquelle il introduit huit comprimés de Sténamine® (Benzédrine® 0,002 g + Pervitin® 0,003 g). De plus, pendant la course, il a absorbé treize comprimés de Simpamina® (amphétamine 0,005 g) et peut-être une dose supplémentaire d'amphétamine sous la forme de Sténamine® (soit une dose totale minimale de 115 mg d'amphétamines, alors qu'en thérapeutique, on ne dépasse pas 15 mg par jour). En cours d'épreuve, B... est vu peinant parmi les derniers, peu avant l'arrivée, dans une descente, il se met à rouler en zigzag, puis s'affaisse. Il s'agrippe au bras du témoin qui s'est approché et présente apparemment un état spastique. Il est transporté à l'hôpital cantonal.

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Extrait de l'observation clinique : à l'entrée à 16 heures trente : coma profond ; vers 17 heures 15 : épisodes de contractions cloniques. Malgré le traitement analeptique et cardiotonique, le refroidissement par glace, l'essai d'équilibration hydrosaline, la tension reste basse. L'encombrement pulmonaire n'est pas corrigé par l'aspiration ni ensuite par la trachéotomie. Décès vers 21 heures. A 22 heures, l'autopsie est pratiquée selon la méthode chromatographique et photométrique de Vidic. L'amphétamine a été retrouvée dans une proportion qui correspond à la dose que B... est sensé avoir absorbée. »[Bernheim J. et Cox J.-N. .- Coup de chaleur et intoxication amphétaminique chez un sportif .- Schweig Med. Wochensch., 1960, n° 11, 12 mars, (pp 322-331)]

3. « Les méfaits du doping se multiplient dans le cyclisme jusqu'à entraîner la mort de leurs adeptes. Quant aux ravages du doping chez les amateurs, ils sont plus inquiétants encore. La jeunesse et l'inexpérience de ces coureurs qui désirent par une éphémère action d'éclat, retenir l'attention des foules et des dirigeants, peut les amener à commettre des fautes funestes. L'enquête pénale sur les circonstances du décès survenu le 5 juillet lors du Championnat suisse pour amateurs sur route, n'est pas terminée. On se souvient qu'à l'arrivée à Genève, le jeune Paul Bigler, de Berne, s'était effondré. Il avait 43° de fièvre et 140 pulsations à la minute. En dépit de soins immédiats et dévoués, il était mort le soir même. En plus de l'autopsie, des analyses toxicologiques ont été ordonnées. On en attend le résultat. Tant que ce résultat ne sera pas connu, on ne peut pas à coup sûr affirmer qu'un excès d'excitants - combiné peut-être avec les effets de la chaleur qui régnait ce jour-là - a provoqué la mort navrante de ce jeune homme. Et s'il est établi qu'il était dopé, encore faudra-t-il savoir s'il était seul responsable ou si un tiers lui avait fourni des substances nocives. Déjà, tant à Genève qu'à Berne et Gumligen, la police a poussé très loin ses recherches. Les parents de la victime, ses camarades et les dirigeants de son club bernois, des médecins et des pharmaciens, l'ami et ancien coureur chez qui Bigler a passé sa dernière nuit, les concurrents, commissaires et soigneurs qui l'ont approché le 5 juillet, ont déjà répondu à maintes questions et pourront, selon les conclusions de l'expertise, être cités à nouveau par le juge d'instruction Dunand. On a analysé les récipients et les effets de course de Paul Bigler. On s'est enquis de ses maladies antérieures et de ses habitudes (il semble bien qu'il s'agissait d'un adolescent équilibré et sain). On a vraiment cherché dans bien des directions. S'il devait y avoir, en cas de doping avéré, un autre coupable que le défunt lui-même, espérons qu'on le retrouvera malgré les aléas d'une telle investigations judiciaire, retardée par les expertises scientifiques indispensables. " [Le Journal de Genève]Qu'attend-on pour coffrer les individus ignares qui, sous un titre quelconque, autour des coureurs, se livrent à l'exercice illégal de la médecine ? »[Sport Mondial, 1959, n° 45, novembre, p 11]

1966 - CYCLISME - Theo Sijthoff (NED) : «   J'ai vu la neige noire   »

Texte du journaliste hollandais Theo Koomen : « Pendant un an, j'ai vu la neige noire » déclarait Theo Sijthoff (cycliste professionnel de 1961 à 1965) en ce précoce hiver de 1973. Il était affalé dans un fauteuil et regardait le paysage enneigé. Il clignait des yeux devant le décor étincelant du sud de la Hollande, comme si le blanc de la neige le blessait. Pendant toute une année il avait vu la neige noire : c'est une expression que les coureurs (d'hier et d'aujourd'hui) utilisent entre eux pour exprimer l'état d'aliénation engendré par le dopage. (...) Un soir du mois d'août 1966, Théo Sijthoff rentra chez lui après une course à Schiedam, qu'il avait remportée.- Par des moyens naturels ? « Bien sûr que non. Je ne pouvais plus sans rien prendre. Personne ne peut sans quand on a commencé une fois avec....J'étais assis à table et soudain cela a commencé. La chambre a rapetissé. Les murs me tombaient dessus. Je voyais ma femme dans le lointain. Appelle le docteur, lui dis-je. Je vais mourir. Ses yeux s'agrandirent, je m'en souviens. Elle quitta la table. Tout à coup, l'idée me vint que j'étais en train de devenir fou... A un certain moment, le médecin fut près de moi. Il me parlait. Il me donna un calmant. Du Librium®. Un dixième (10 milligrammes). Je reçus une deuxième tablette. Encore un dixième. Je savais ce qu'était le Librium®. Je connaissais tous les médicaments de la pharmacie. Finalement, enfin, je m'assoupis. Je m'endormis avec une sensation de béatitude. Puis je me réveillai... Le médecin de famille ne pouvait pas m'aider. J'appelais M. Strikwerda à Utrecht. Viens tout de suite me dit-il. Strikwerda a été fantastique avec moi. Il m'a tiré de la neige noire. Le Dr J.H.M. Rolink que j'avais rencontré quelques fois ne savait

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plus quel conseil me donner. Va voir un psychiatre, me disait-il. Il n'en est pas question, répliqua Strikwerda, je t'envoie à mon collègue Schadé, un spécialiste du cerveau à l'Université Libre d'Amsterdam. Mon cœur, voyez-vous, ce cœur fou se démenait comme un forcené. Au milieu de la nuit, j'entendais les battements résonner dans ma tête. Je me levai et sortis dans la rue.

Pendant des heures j'ai marché dans l'obscurité. En fin d'après-midi, j'étais à Amsterdam. Les couloirs de la clinique étaient vides et calmes. Je cherchais ma chambre... Je me mis à courir. Le couloir était terriblement petit. Est-ce qu'ils n'auraient pas pu le construire un peu plus large ? Je me heurtais aux murs. Tout à coup, j'aperçus une porte ouverte. Je regardais dans la pièce et je vis partout des cages avec des souris blanches. Des souris très rares avec des fils sur la tête... Je voulais crier mais je ne pouvais pas. Je savais, oui, je savais, que je devenais fou. Ensuite, j'entendis une voix, c'était le docteur Schadé. Venez avec moi, me dit-il. Il me plaça devant un appareil compliqué et m'examina. C'est peut-être curieux, mais dès qu'il s'occupa de moi je me sentis mieux. J'étais à nouveau capable de penser. Mon cœur allait bien, me dit le docteur. Mes nerfs seulement, étaient atteints, une forme grave d'empoisonnement au Pervitin®

(méthylamphétamine). Je n'ai plus jamais fait de vélo. »[Theo Koomen. - [25 ans de dopage] (en néerlandais) .- Laren (HOL), éd. Luitingh, 1974 .- 144 p (pp 114-115)]

1968 - ALPINISME - Pic Bernina (4 052 m)   : les guides stimulent leurs clients au Pervitin ® (métamphétamine)

Il y a quelques années (11 juillet 1968), un drame de la montagne, dans les Grisons, en Suisse, a été expliqué, après enquête et prélèvements post-mortem, par l'usage de produits amphétaminés. C'est l'ascension de la face sud du Pic Bernina (4052 mètres) qui avait été le théâtre d'un drame.L'un de ces deux grimpeurs, Gustav Arthur Hickmann, 60 ans, musicien, domicilié à Utrecht (Pays-Bas) de même que son jeune compagnon Henk Van der Veete, 20 ans, étudiant, s'écroula soudain pris d'un malaise alors que le vent soufflait violemment. Il était trois heures du matin.Faute de pouvoir transporter le sexagénaire jusqu'au refuge le plus proche, en raison de la tempête, le guide suisse, Hans Wohrie, avait confié la garde du malade à son jeune équipier et lui-même était parti chercher du secours. Revenu, il n'avait pu que constater le décès de Gustav-Arthur Hickmann. On avait donc organisé la descente vers la plaine. Or, tandis que la caravane revenait à son point de départ, l'étudiant hollandais fut pris à son tour d'un malaise et il s'affaissa brutalement, mort sur le coup. Le diagnostic pour les deux victimes fut le même : collapsus

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cardiaque. Dans les poches de l'un des deux montagnards, on avait retrouvé des pilules d'origine indéterminée. Aussi, l'affaire ayant fait grand bruit, on finit par apprendre que quelques chefs de course helvétiques administraient à leurs clients, lors de conditions climatiques extrêmes, du Pervitin®, spécialité pharmaceutique à base d'amphétamine.

1969 - ATHLÉTISME – Surdose : 200 mg soit 20 fois la dose

Témoignage du Dr Manfred Steinbach (ALL), directeur de l’institut de médecine sportive à l’université de Mayence et ancien athlète olympique (4e de la longueur en 1960 aux JO de Rome) : « Alors qu'en thérapeutique on prescrit la Pervitine® à la dose de 10 mg par jour, on connaît des exemples de dopage où l'athlète absorbe vingt fois cette dose, soit 200 mg. » [Manfred Steinbach. - Le dopage peut être mortel, Sport, 1969, n° 4, pp 34-40]

1977 - NATATION – Christiane Knacke (RDA)   : pour battre le record du monde du 100 m papillon

« Les nageuses de haut niveau de la RDA étaient dopées, à leur insu, avec un excitant, le Pervitin® (métamphétamine) selon le quotidien berlinois Tagesspiegel paru samedi.Le journal cite l’exemple de la nageuse Christiane Knacke, âgée de 15 ans en 1977. Elle avait absorbé ce produit à son insu, lorsqu’elle battit, le 28 août de cette année-là, le record du monde du 100 m papillon (59’’78) lors d’une compétition contre les Etats-Unis. Cette substance, décelable, était connue à l’époque à l’Ouest sous le nom de « Speed ».La décision d’utiliser le Pervitin®, ainsi que le Turinabol® ou la nandrolone, avait été prise en 1976 lors d’une réunion d’experts à Leipzig, à laquelle auraient participé, entre autres, le médecin du club Dynamo SC de Berlin, Dieter Binus, le chercheur spécialisé dans les produits dopants Winfried Schaeker et le médecin de la Fédération est-allemande Lothar Kipke, a précisé Tagesspiegel.Dieter Binus comparaît actuellement devant le tribunal de Berlin au procès du dopage d’État pratiqué en RDA. Selon le journal, l’un des co-accusés de ce procès, le médecin sportif Bernd Pansold, avait retenu les informations sur l’utilisation du Pervitin® et sur les risques qu’il faisait courir. »[Agence France-Presse, 08.08.1998]

1987 - CYCLISME - procès de Laon   : le Pervitin ® à la barre

19 coureurs et 40 membres du corps médical face au tribunal

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« Le 12 octobre 1987, dix-neuf coureurs cyclistes du nord de la France dont deux anciens professionnels comparaissaient devant le Tribunal correctionnel de Laon (Aisne) pour usage illicite et trafic de produits dopants, essentiellement du Tonédron® et du Captagon®, deux amphétamines. Quarante quatre membres du corps médical (médecins, pharmaciens et préparateurs en pharmacie) sont à leurs côtés. La plupart écopent de peines de sursis, mais Eric Ramelet, coureur de 1re catégorie, est condamné à dix-huit mois de prison dont seize avec sursis. »[Miroir du Cyclisme, 1988, n° 403, février, p 20]

Bernard Hinault – « Pas concerné »

1. Dans le cours des plaidoiries, côté prétoire cette fois, maître Latour réussit le tour de force après plus de sept heures d'effets de manches et de trémolos de la part de ses confrères, à souffler toute l’assistance. Et à tirer le procureur Brunel de son demi sommeil :« Bernard Hinault a voulu jouer les redresseurs de tort à la télé, dira-t-il, mais je connais ici quelqu'un parmi les coureurs inculpés qui a la preuve qu'Hinault lui-même venait se fournir chez lui en Pervitin® (l'équivalent belge du Tonédron® français). » Mais cette preuve, l'avocat ne l'a pas apportée hier.La suspicion, le doute, s'enfonçaient néanmoins un peu plus dans les esprits. Des rêves vont sûrement se briser devant l'étendue des dégâts et c'est aussi l'autre facette de ce procès que l'on voulait exemplaire. Un procès ou les petits refusent de plus en plus fort de passer pour des lampistes. » [L’Équipe, 16.10.1987]

2. « Le nom de Bernard Hinault a fait sensation au procès de Laon. Une accusation de la défense portée comme un coup bas puisque la « preuve » attendue à son encontre reste à fournir.Depuis, tout le monde se tait. C'est la règle de la langue de bois : rien vu, rien entendu, rien dit.Même Hinault s'est tu. Eclaboussé, égratigné, le Blaireau a opéré un mouvement de recul en découvrant la presse relatant le dernier compte rendu d'audience : « Je n’ai aucun commentaire ni aucune déclaration à faire à ce sujet », s'est-il borné à dire.

Hinault est devenu un homme d'affaires. Pressé comme beaucoup. Hier il arrivait d'un voyage en Italie où la société Look qui l'emploie l'avait mandaté et immédiatement après, ses fonctions de conseiller auprès de la société du Tour de France l'appelaient à plancher tout un après-midi sur l'analyse des forces et faiblesses du Tour. Invisible donc ou presque. Le regard dur, le sourcil

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agressif, il ne voudra pas entendre parler du procès de Laon : « Ce n’est pas le mien, ce ne sont pas mes affaire, je ne me sens pas concerné. » [L’Équipe, 17.10.1987]

Dans le Figaro du 19 octobre 1987, Daniel Gisiger et Maurice Le Guilloux prennent la défense du Blaireau : « le Suisse Daniel Gisiger, ancien vainqueur du Grand Prix des Nations, spécialiste des Six Jours, ne cachait pas en effet qu’il avait usé lui-même de produits interdits en certaines occasions. « Qu’Hinault se soit dopé à un moment ou à un autre de sa carrière, c’est sûr, disait-il. Moi-même, je me suis dopé. Et quel est le coureur qui ne l’a pas été au moins une fois dans sa vie ? Mais il y a dopage et dopage. Si un jour on se laisse tenter, ce n’est pas pour gagner une grande course parce que de toute façon aucun artifice ne permet de faire d’un âne un cheval de course. En revanche, quand au mois d’août, on fait une tourné de critériums, qu’il faut parcourir 500 kilomètres pour honorer un contrat et que le lendemain on doit recommencer, qu’on nous demande de faire du spectacle parce qu’on est payé pour, c’est différent. Et il n’y a rien de scandaleux à cela. On ne devient pas champion à coups de seringue. Et moi je n’ai jamais eu l’intention d’écourter dix ans de ma vie pour remporter un Tour d’Italie. »

De son côté, Maurice le Guilloux, entraîneur adjoint de l’équipe Toshiba se voulait pourtant rassurant : « Tout ce déballage lors du procès de Laon est désolant pour l’image du vélo qui a déjà beaucoup de difficultés à se vendre. C’est même catastrophique à l’heure où la plupart des équipes cherchent à compléter leur budget. Moi, personnellement quand j’entends Hinault mis en cause je trouve ça injuste car il n’a jamais été positif durant toute sa carrière et il a été contrôlé un nombre incalculable de fois ! Bien sûr, le problème de dopage existe chez les professionnels mais il a régressé d’une manière spectaculaire. A mes débuts de coureur cycliste il y a quinze ans, c’est vrai, j’étais impressionné par ce qui se passait. On me disait : ‘’Tiens Maurice ça vaut 25 F la boîte’’ et je en savais même pas ce qu’il y avait à l’intérieur mais c’est de l’histoire ancienne ; maintenant dans le vélo l’on peut franchement parler de sportif à l’état pur. Que les cyclistes professionnels eux-mêmes réclament des contrôles toujours plus sérieux, toujours plus fiables, en administre la preuve. Le milieu des amateurs est certainement beaucoup plus malsain. »

Commentaires Dr JPDM – Dans ces interviews, les idées reçues ont la vie dure. Bien qu’éculées, elles sont colportées avec constance par le milieu professionnel du vélo. Deux exemples : ‘’un âne ne devient pas un cheval de course grâce au dopage’’ ou ‘’il n’a jamais été positif durant toute sa carrière et il a été contrôlé un nombre incalculable de fois’’, sous-entendu il ne s’est jamais dopé. Or, tout le monde sait depuis le début de la lutte qu’un contrôle négatif est la preuve de rien du tout car il existe de nombreuses substances à la fois en liste rouge, efficaces et indécelables par le labo antidopage officiel.Depuis le grand déballage de Laon en octobre 1987, de nombreux procès se sont succédé. De plus, il y a eu l’abandon groupé de l’équipe PDM du Tour de France 1991 pour dopage mal maîtrisé. En 1998, l’affaire Festina démontre que le peloton professionnel dans sa quasi-totalité carbure aux transporteurs d’oxygène. Rebelote en mai 2006 avec l’opération Puerto de la Guardia Civil qui a pour conséquence d’écarter du prochain Tour de France quatre candidats au podium. On pourrait affiner la litanie démontrant par là que contrairement à ce qu’explique avec angélisme Le Guillou l’ex-coéquipier de Bernard Hinault le dopage n’a jamais régressé et encore moins de manière spectaculaire.

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1990 - ÉTUDE SCIENTIFIQUE - Infarctus   : 90 minutes après l’inhalation

« La cocaïne fait des ravages dans différents organes dont le coeur, et la survenue d'un infarctus après l'utilisation de cocaïne est bien documentée. Le lien entre infarctus et amphétamine l'est moins, et peut-être en rapport avec l'élévation des catécholamines circulantes, secondaire à l'inhalation de ce toxique. Ce sont les conclusions des auteurs américains qui rapportent l'observation d'un homme de 41 ans hospitalisé pour un infarctus, 90 minutes après l'inhalation de méthamphétamine hydrochloride. »[NEJM, 1990, 323, 1147]

RÉGLEMENTATIONDATES DES PREMIÈRES INTERDICTIONS

1965 - Loi antistimulants n° 65-412 du 1 er juin 1965   (cf décret du 10 juin 1966)

Répression de l'usage des stimulants à l'occasion des compétitions sportives (amphétamines elle-même, ses homologues et dérivés)

1966 - Décret n° 66-373 du 10 juin 1966 

Portant règlement d'administration publique pour l'application de la loi du 1er juin 1965 tendant à la répression de l'usage des stimulants à l'occasion des compétitions sportives (substances vénéneuses : c’est-à-dire les substances appartenant aux tableaux A,B,C dont les amphétamines et les métamphétamines)

1967 - Liste Union cycliste internationale (UCI)

Dans sa première liste parue le 01 janvier 1967, l’organisme international réglementant les compétitions cyclistes fait figurer deux catégories de substances : les stupéfiants (héroïne, morphine…) et le groupe des amphétamines y compris l’amphétamine elle-même, ses homologues et ses dérivés méthyl et hydroxy.Une deuxième liste datant du 13 octobre 1967 est communiquée aux fédérations nationales. Dans cette dernière, l’UCI ajoute cinq familles à la nomenclature initiale.

1968 - Liste Comité international olympique (CIO)

La première énumération des substances prohibées par l’organisme olympique l’a été à l’occasion des Jeux d’hiver de Grenoble (38). Dans ce document, cinq groupes de dopants sont mis à l’index :

1. Amines sympathicomimétiques (amphétamines, éphédrine et substances similaires)2. Stimulants agissant sur le SNC (strychnine,…)3. Analgésiques narcotiques (morphine,…)4. Antidépressifs (ex IMAO), imipramide et substances similaires5. Tranquillisants majeurs (ex phénothiazine)

2003 - Listes CIO, UCI et ministère de la Jeunesse et des Sports (arrêté du 31.07.2003)

Dans le cadre des compétitions, les amphétamines, métamphétamines et apparentées sont prohibées par l'ensemble des réglementations internationales. En revanche, seule l’UCI les prohibe lors des contrôles hors compétition. Il faut attendre la sortie du Code mondial antidopage pour que les Fédérations internationales « jouent » dans la même équipe.

2004 - Liste Agence mondiale antidopage (AMA)

Depuis janvier, l’AMA édicte et publie au plan international, la seule liste faisant désormais référence pour l’ensemble du mouvement sportif. Les métamphétamines ou méthylamphétamines appartiennent à la section des « Stimulants » (S1). Elles sont prohibées seulement pendant les compétitions.

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On croit rêver quand on sait que ces produits stimulants permettent aux sportifs d’augmenter l’intensité et la durée de l’entraînement. Merci l’AMA !

2016 - Liste Agence mondiale antidopage (AMA)

Les métamphétamines appartiennent à la section S6 des substances interdites seulement en compétition et sont classées dans les stimulants non spécifiées (aucune excuse n’est recevable).

C/ RÉFÉRENCESDEMOLE Michel. – Les dangers de la Pervitine. – Journal trimestriel des officiers suisses du service de santé, 1942, n° 19, p 82

DEMOLE Michel. – La place des anorexigènes dans la thérapeutique des obèses. – La Revue de Médecine, 1968, 9, n° 21, septembre, pp 1391-1394

DEMOLE Victor. – médecine sportive et doping in « Contrôle médicosportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941. – Lausanne (SUI), éd. Librairie de l’Université F. Rouge, 1941. – 205 p (pp 183-202)

FOLTZ E.E., IVY A. et BARBORKA C.J. . – The influence of amphetamine (Benzédrine®) sulfate d-desoxyephedrine hydrochloride (Pervitin®) and caffeine upon work output and recovery when rapidly exhausting work is done by trained subjects. – J. Lab. Clin. Med., 1943, n° 28, pp 603-605

KARILA Laurent et coll. .- Focus. Addiction à la métamphétamine. – Rev. Prat. Méd. Gén., 2007, 21, n° 786-787, 6 novembre, p 977

de MONDENARD Jean-Pierre. – Métamphétamine (Méthédrine®, Pervitin®, Tonédron®) in « Dictionnaire du dopage ». – Paris, éd. Masson, 2004 ; - 1236 p (pp 750-760)

NOUVEL Pascal. – Histoire des amphétamines. – Paris, éd. Presses Universitaires de France, 2009. – 296 p