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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés cours Date : … / … / … DIVISION DU TRAVAIL & EXTENSION DES MARCHES SMITH (1723-1790) Objectifs : Différencier causes & conséquences de la division du travail (D.D.T.) ; Comprendre comment le marché peut être à la fois la motivation et l’organisateur de la division du travail ; Distinguer les enjeux d’une division du travail technique et sociale ; Relativiser les représentations de la mondialisation ; Cerner les permanences et les mutations du travail parcellaire ; Souligner l’idée d’un coût de recours au marché comme une limite à la taille du marché ; Réutiliser des notions vues en 1 e E.S. Savoirs 1 : aliénation, croissance économique intensive, division du travail, D.I.T., division technique du travail, division sociale du travail, domination, économie d'échelle, effet d'apprentissage, exploitation, extension des marchés, force de travail, néo taylorisme, principe de Babbage, productivité, réseau, taylorisme, toyotisme, ………………….., etc. Liens en 1 e E.S. : La Structure Sociale, Mécanismes du marché en CPP. Liens en Terminale E.S. : les courants fondateurs de l'économie et de la sociologie (E.D.S.), croissance économique & organisation du travail (tronc commun). Démarche proposée : Introduction Dès la fin du 18 e s., l’Angleterre connaît une révolution industrielle. L’agriculture, qui créait jusque-là l’essentiel des richesses, est progressivement supplantée par l’industrie. Contemporain des prémisses de cette révolution, Adam Smith (1723-1790), économiste classique, est frappé par le développement de la division du travail au sein de l’industrie. Pourquoi les tâches sont-elles décomposées ? Pourquoi les hommes acceptent-ils de se spécialiser ? Au-delà de ces causes de la division du travail, il cherche également ses conséquences. Quels sont les effets économiques de la division du travail ? Tous les individus en bénéficient-ils ? Un peu moins d'un siècle plus tard, au moment où l’Irlande connaît des famines et voit ses enfants émigrer vers le Nouveau Monde, Karl Marx (1818-1883) propose dans Das Kapital (1867) une critique de l’économie classique. Lorsqu’il aborde la division du travail, sa réflexion se réfère évidemment à Smith. D'où provient, selon lui, la division du travail ? Quels en sont les effets ? Loin d'être une remise en cause radicale de l’analyse de Smith, le travail de Marx apparaît plutôt comme une contestation du système capitaliste. Comment le capitalisme arrive-t-il à pervertir la division du travail ? En bref, la division du travail est-elle facteur de bien-être ou d’asservissement pour l’Homme ? les nouvelles formes d'organisation du travail ont-elles fait disparaître le taylorisme et l'exploitation ? I. L’analyse de Smith (1723-1790) 1. La DDT, certes, permet une croissance économique intensive (...) Doc. 1 p. 50 : Q°1à3 Doc. 8 p. 53 : Q°1à3 2. (...) grâce, entre autres, à l’extension des marchés (...) Doc. 4 p. 51 : Q°1&2 Doc. 6 p. 52 : Q°1à3 Doc. 7 p. 53 : Q°1à3 3. (...) mais, ses conséquences sont ambivalentes 1 . Définitions à écrire dans le lexique (et à restituer en évaluation). 1/28

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …

DIVISION DU TRAVAIL & EXTENSION DES MARCHESSMITH (1723-1790)

Objectifs : Différencier causes & conséquences de la division du travail (D.D.T.) ; Comprendre comment le marché peut être à la fois la motivation et l’organisateur de la division du travail ; Distinguer les enjeux d’une division du travail technique et sociale ; Relativiser les représentations de la mondialisation ; Cerner les permanences et les mutations du travail parcellaire ; Souligner l’idée d’un coût de recours au marché comme une limite à la taille du marché ; Réutiliser des notions vues en 1e E.S.

Savoirs1 : aliénation, croissance économique intensive, division du travail, D.I.T., division technique du travail, division sociale du travail, domination, économie d'échelle, effet d'apprentissage, exploitation, extension des mar-chés, force de travail, néo taylorisme, principe de Babbage, productivité, réseau, taylorisme, toyotisme, ………………….., etc.

Liens en 1e E.S. : La Structure Sociale, Mécanismes du marché en CPP. Liens en Terminale E.S. : les courants fondateurs de l'économie et de la sociologie (E.D.S.), croissance économique & organisa-

tion du travail (tronc commun). Démarche proposée : Introduction Dès la fin du 18e s., l’Angleterre connaît une révolution industrielle. L’agriculture, qui créait jusque-là l’essentiel des richesses, est progressivement supplantée par l’industrie.Contemporain des prémisses de cette révolution, Adam Smith (1723-1790), économiste classique, est frappé par le développement de la division du travail au sein de l’industrie. Pourquoi les tâches sont-elles décomposées ? Pourquoi les hommes acceptent-ils de se spécialiser ? Au-delà de ces causes de la division du travail, il cherche également ses conséquences. Quels sont les effets économiques de la division du travail ? Tous les individus en bénéficient-ils ?Un peu moins d'un siècle plus tard, au moment où l’Irlande connaît des famines et voit ses enfants émigrer vers le Nouveau Monde, Karl Marx (1818-1883) propose dans Das Kapital (1867) une critique de l’économie classique. Lorsqu’il aborde la division du tra-vail, sa réflexion se réfère évidemment à Smith.D'où provient, selon lui, la division du travail ? Quels en sont les effets ? Loin d'être une remise en cause radicale de l’analyse de Smith, le travail de Marx apparaît plutôt comme une contestation du système capitaliste. Comment le capitalisme arrive-t-il à pervertir la division du travail ?En bref, la division du travail est-elle facteur de bien-être ou d’asservissement pour l’Homme ? les nouvelles formes d'organisa-tion du travail ont-elles fait disparaître le taylorisme et l'exploitation ? I. L’analyse de Smith (1723-1790)  1. La DDT, certes, permet une croissance économique intensive (...)

Doc. 1 p. 50 : Q°1à3 Doc. 8 p. 53 : Q°1à3

2. (...) grâce, entre autres, à l’extension des marchés (...) Doc. 4 p. 51 : Q°1&2 Doc. 6 p. 52 : Q°1à3 Doc. 7 p. 53 : Q°1à33. (...) mais, ses conséquences sont ambivalentes Doc. 9 p. 54 : Q°1&2 Doc. 10 p. 54 : Q°1&3

II. Critique & prolongements (de l'analyse Smithienne)1. Sous quelles formes s’opère l’actuelle D.D.T ?

A. Plutôt taylorienne ou plutôt toyotienne ? Doc. 12: Q*1 : A l’aide de votre cours de tronc commun (et/ou de votre manuel ou autre), rappelez les ca-

ractéristiques du modèle taylorien et celles du modèle toyotien. Q*2 : Rappelez mes raisons principales de la crise du modèle tayloro-fordien. Q°2&3B. … en fait, néotaylorienne.

Doc. 15 p. 57 : Q°2 Doc. 16 p. 57 : Q°1à32. Faut-il faire ou faire faire ? Doc. 17 p. 58 : Q°1&2 Doc. 18 p. 58 : Q°1&3

Conclusion :

1. Définitions à écrire dans le lexique (et à restituer en évaluation).2. Doc. 9 p. 50 Hatier 2003

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …Biographie d'Adam Smith : 1723-1790

Cf. p. 49

Un homme de son temps Né (à Kirkcaldy) en Ecosse. (sans intérêt) Vit les prémices de la Révolution Industrielle de la fin du 18e s., celle-ci suscite donc chez lui

plus d'espoir que de désillusion (cf. Marx). C'est un érudit : étudiant à 14 ans (!) puis professeur de morale à l'université de Glasgow en

Ecosse, il enseignait la théologie, la jurisprudence (ce n'est pas vraiment du droit au sens où nous l'entendons car nos voisins Anglais ont surtout des règles non écrites), la philosophie et accessoire-ment l'économie.

Sa notoriété (due à la publication de la Théorie des sentiments moraux en 1759) lui vaut d'être nom-mé précepteur (d'un jeune duc) et chargé d'accompagner son disciple dans toute l'Europe. (c'est un touriste avant l'heure ! )

Il rencontre alors Voltaire (à Genève en 1765), les physiocrates et surtout Quesnay et les encyclo-pédistes (surtout Helvétius, rédacteur de l'article "Epingle").

De retour en Ecosse, il bénéficie d'une rente à vie (pour service rendu). (un vrai fonctionnaire ! )

Père de l'économie et père du libéralisme Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) : acte de naissance de la

science économique et du libéralisme économique. C'est une synthèse magistrale des connaissances de son époque repensée au niveau de la nation. C'est une théorie de l'individu rationnel (l'homo oeconomicus) qui est lié à sa nation (et donc à la

société) grâce au marché via la Main Invisible. Dans ce cadre libéral, l'Etat y a peu de place. C'est un thèse selon laquelle l’origine de la richesse se trouve dans la division du travail et dans

la liberté des échanges. Cette œuvre inspirera tous les Classiques, les néo-classiques et les libéraux actuels et ses contradic-

teurs comme Marx ou Keynes.

Ses contemporains : Physiocrates au 18e s. (avec Quesnay), Philosophes des Lumières qu'il côtoie.

Anecdotes : Devenu commissaire des douanes (à la fin de sa vie), Adam Smith se fait paradoxalement le défen-

seur du libre-échangisme. Professeur et donc fonctionnaire, il se fait l'apôtre de la non-intervention de l'État ! Moraliste du grand capital et de l'initiative individuelle, il décrit (dans La richesse des nations) les

propriétaires comme « impitoyables » ou « paresseux », les employeurs comme conspirateurs contre les ouvriers (tandis que les laboureurs supportent le luxe insolent des nouveaux riches).

Fonctionnaire et rentier à vie, quel étrange destin pour le père du libéralisme ! (ou "faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais")Quel goût du paradoxe et de l'opportunisme !

En rupture avec l’explication mercantiliste qui voit dans le commerce extérieur la source d’enrichis-sement, Smith développe la thèse selon laquelle l’origine de la richesse se trouve dans la division du travail et dans la liberté des échanges.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …I. L’analyse de Smith (1723-1790) 

1. La DDT, certes, permet une croissance économique intensive (...)

Doc. 1 p. 50 : Q°1à3

But : montrer par un exemple que la division du travail engendre des gains de productivité.Q°1. L’auteur compare les situations sans division du travail et avec division du travail.Q°2. La production est plus élevée lorsque le travail est divisé.Q°3. Quand le travail est divisé, sa productivité est plus importante. A travers l'exemple célèbre de la manufacture des épingles, le libéral Smith (1723-1790) nous apprend que

la division du travail ne se limite pas à une simple répartition des tâches entre travailleurs (c'est la spéciali-sation) mais plutôt : = à une décomposition du processus de production en de nombreuses tâches par-tielles, afin d’être plus efficace. (cf. dico. Hatier p. 428)

Donc diviser le travail accroît sa productivité [nous le montrerons ensuite]

Prolongeons l’analyse de cette fable car « Smith n’a jamais réalisé d’étude sur les manufactures d’épingles. Il emprunte sa description à l’Encyclopédie (1751-1772) de Diderot et d’Alembert » (cf. Le saviez-vous ? p. 50) : Cette division technique du travail débouche sur une nouvelle division sociale du travail qui suppose

l'autorité quasi-absolue de l'employeur (du capitaliste, dirait Marx) sur le travailleur (… prolétaire). (cf. schéma p. suiv.)

Ainsi, la production sociale, c'est-à-dire collective, d'une marchandise se substitue à la production indivi-duelle. Il y a dépossession du savoir et du pouvoir du travailleur (au profit de l’employeur).

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Doc. 8 p. 53 : Q°1à3

Les trois arguments de Smith pour expliquer les gains de productivité liés à la division du travail sont connus.On évitera de réduire cette analyse à une préfiguration du taylorisme. Il est d’une part important de ne pas maintenir la confusion entre une théorie économique qui tente d’expliquer la réalité sociale et une doctrine de management qui prône un certain nombre de principes pour la direction des entreprises. D’autre part, comme

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Seigneur (Suzerain)

Employeur

D.D.T.sociale & technique

Vassal(Sujet)

Salarié

Société d’Ancien Régime (Ordres)

Société industrielle (Catégories ou classes sociales)

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …nous l’avons déjà souligné, la théorie de Smith veut expliquer la société dans son ensemble et ne se réduit pas à la division du travail intra-entreprise. Q°1 : Les gains de productivité liés à la division du travail s'expliquent pour trois raisons :

1) Accroissement de l’habileté (compétence) de chaque travailleur spécialisé (= effets d’apprentis-sage ou ‘learning by doing’) ;

2) Gain de temps par la suppression des déplacements des salariés (temps mort) ;3) Progrès technique lié à la meilleure utilisation de machines (innovation).

Q°2. Le 3e argument ne s’applique pas au taylorisme, cela supposerait que les salariés sont suffisamment qualifiés pour innover.

Q°3. La D.D.T., en elle-même, est selon Smith source de progrès technique, donc de nature endogène.Cette conception endogène ne se retrouve pas chez les néo-classiques (P.T. exogène)

En faisant de l'invention des machines une conséquence de la division du travail, Smith met en évi-dence ce que l'on appellera plus tard des rendements d'échelle croissants, et il a dans cet extrait une conception endogène du progrès technique : il est engendré par les travailleurs eux-mêmes. S'il était im-posé par l'extérieur dans l'entreprise, il serait alors exogène.

En décomposant la fabrication d'une épingle en 18 opérations distinctes, et si chaque ouvrier n'en réalise qu'une seule, alors la production se montera à près de 48 000 épingles par jour. En revanche, si le travail n'est pas divisé, à peine 200 épingles par jour seront produites.

La division du travail entraîne des gains de productivité, source de croissance économique intensive (assi-milée par Smith à l'«opulence générale» ou à la «richesse des nations»).

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …2. (...) grâce, entre autres, à l’extension des marchés (...) Doc. 4 p. 51 : Q°1&2

But : Selon Smith, la division du travail n’est possible que grâce au marché.Q°1. Les agents qui échangent sur un marché sont motivés par leur propre intérêt, leur désir d’échanger. La division du travail pour Smith trouve son origine dans la forte tendance des Hommes à échanger

(« l'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables »). Il y a ainsi un « penchant (processus) naturel (inné) des hommes à trafiquer, à faire des trocs et des échanges ».

Les individus recherchent leur intérêt personnel et non une quelconque bienveillance pour satisfaire les besoins de leurs semblables. (Ces individus ne sont pas philanthropes.) (cf. passage souligné)

Cela traduit une logique individualiste qui se marie bien avec la division du travail : chacun se spécialise là où il est le meilleur afin d’obtenir + de productivité, + de profit.

« La division du travail une fois généralement établie, chaque homme ne produit plus par son travail que de quoi satisfaire une très petite partie de ses besoins. La plus grande partie ne peut être satisfaite que par l'échange du surplus de ce produit qui excède sa consommation contre un pareil surplus du tra-vail des autres. Ainsi, chaque homme devient une espèce de marchand et la société elle-même est pro-prement une société marchande ».

On retrouve ici le principe de la Main Invisible selon lequel la recherche de l’intérêt particulier concourt toujours à la réalisation de l’intérêt général. La somme des intérêts particuliers doit produire une société harmonieuse.

Q°2. Le surplus n’existe que parce qu’on peut l’échanger sur le marché.

la division du travail n’est possible que grâce au marché. Vision libérale : l’économie de marché est donc une économie où le travail est divisé entre des produc-

teurs spécialisés qui échangent des produits sur des marchés, dans le plus grand intérêt de tous.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / … Doc. 6 p. 52 : Q°1à3

Ce texte est plus complexe qu’il n’y paraît. Le dernier paragraphe demande notamment une lecture approfondie pour dégager l’idée que le recours au marché a un coût. Q°1. C’est la main invisible de l’intérêt qui pousse à la division du travail. Celui-ci n’est donc divisé que

dans la mesure des débouchés disponibles, i.e. c’est la taille des marchés qui permet le degré de spécialisa-tion. A quoi bon diviser le travail ou avoir un « penchant naturel à trafiquer » si les biens offerts ne ren-contrent pas une demande solvable ou ne répondent pas vraiment à un besoin des consommateurs.

Q°2. Un petit village n’est pas un débouché suffisant pour un commerce spécialisé, c’est pourquoi les commer-çants y diversifient souvent leurs activités. Q°3. Les coûts de transport (ou + généralement, tous les coûts de transaction (cf. document 17, p. 58)) li-

mitent la taille du marché. Ces coûts de transport dépendent de l'amélioration des voies de communication. D’un point de vue historique, les grandes nations commerçantes dominent aussi les voies de communication

les plus modernes de leur époque.

On retiendra : la taille du marché peut être limitée par : - facteurs juridiques (protections aux frontières, taxes intérieures, normes techniques) ;- facteurs économiques (coûts de transport et des moyens de communication, demande solvable) ; - facteurs culturels (hétérogénéité des habitudes de consommation).

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / … Doc. 7 p. 53 : Q°1à3

Voici la suite du texte ….« Tels sont les grands et importants services que le commerce étranger est sans cesse occupé à rendre, et qu'il rend à tous les différents pays entre lesquels il est établi. [...]La découverte de l'Amérique [...], en ouvrant à toutes les marchandises de l'Europe un nouveau marché presque inépuisable, a donné naissance à de nouvelles divisions de travail, à de nouveaux perfectionnements de l'industrie, qui n'auraient jamais pu avoir lieu dans le cercle étroit où le commerce était anciennement resserré, cercle qui ne leur offrait pas de marché suffisant pour la plus grande partie de leur produit. Le travail se perfectionna, sa puissance productive augmenta, son produit s'accrut dans tous les divers pays de l'Eu -rope, et en même temps s'accrurent avec lui la richesse et le revenu réel des habitants. »

But : Le commerce international n’est pas un jeu à somme nulle mais un jeu à somme positive. Si on suit Smith, la question n’est donc plus celle d’une condamnation morale (ou au contraire d’une valorisation) de la mondialisation mais celle de la répartition géographique de la croissance.

Q°orale : À quelle doctrine économique la première phrase fait-elle allusion ?En rupture avec l’explication mercantiliste qui voit dans l’accumulation de métaux précieux la source d’enri-chissement, Smith développe la thèse selon laquelle l’origine de la richesse se trouve dans la division du tra-vail et dans la liberté des échanges. Q°1&2 : L’internationalisation des échanges permet d’augmenter la taille des marchés et d’approfondir la

division du travail, ce qui est source de croissance.3. Les obstacles légaux ont pour effet de diminuer la richesse de la société car ils empêchent l’extension des marchés et donc l’approfondissement de la division du travail.

Cette Division Internationale du Travail, bénéficiant à tous les partenaires commerciaux, résulte de sa théorie des avantages absolus (cf. cours de T.C.) qui est un plaidoyer (une éloge) pour le libre-échange.

Théorie des avantages absolus d’A. SMITH (1723-1790)   : Chaque nation doit se spécialiser dans les biens

et services qu’elle produit à un coût inférieur au reste du monde, et inversement, délaisser celles où elle est moins efficace donc les importer du reste du monde.

Il faut importer ce que l’on peut avoir moins cher ailleurs.

En résumé, Smith énonce trois causes favorisant la division du travail : 1°/ le « penchant naturel à faire des échanges », 2°/ l'extension des marchés et 3°/ l'accumulation du capital (que nous n'avons pas étudiée dans le détail).

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …3. (...) mais, ses conséquences sont ambivalentes Doc. 9 p. 54 : Q°1&2

But : souligner la faiblesse du troisième argument dont Smith a lui-même conscience. Q°1. L’ouvrier n’aurait besoin que de savoir couper une tige de fer ou de planter une épingle ! En fait, le fractionnement du travail réduit le savoir-faire de l’ouvrier et a des effets abrutissants. Selon

Smith, cela rend l’ouvrier « stupide », « ignorant » et « engourdit ses facultés morales ».  Pour éviter cela, le gouvernement peut développer les formations initiale et continue ou prendre diverses

mesures sociales (aide au logement social, développement du tourisme et des loisirs populaires…). Smith n'est donc pas un ultralibéral, car son libéralisme est dans certains domaines pragmatique. Au final, sa vision reste fondamentalement optimiste, les effets positifs de la division du travail l'emportent

sur ses effets négatifs.

Nuançons : la D.D.T. favorise l'application du principe de Babbage3 (cf. schéma) :

Division du travail spécialisation des tâches et des postes

Baisse des salaires dévalorisation de la force de travail l déqualification

+ on divise le travail, + on spécialise les tâches et les emplois à effectuer, + on déqualifie les travailleurs (qui ne savent plus faire qu'une seule chose) et + on dévalorise la force de travail et - on la rémunère. ( a-t-on toujours intérêt à se spécialiser ? Ne vaut-il mieux pas diviser pour mieux régner ? ).

Cette nuance rejoint l’analyse marxiste : le travail parcellaire conduit à l’aliénation (la déshumanisation) des prolétaires. Du fait de leur déqualification, leur pouvoir d'achat (salaire réel) est faible et leur consom-mation réduite au "minimum de subsistance" (ou salaire de subsistance).

Q°2. Smith remet en cause le lien entre division technique du travail et progrès technique. (bien nuancer ce qui a été dit avant)

3 1. Mathématicien anglais du 19e s. qui a construit l'ancêtre des ordinateurs.

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But : À l’inverse, l’idée d’un lien entre division sociale et progrès technique que Smith souligne dans ses écrits philosophiques est plus solide.

Q°1. Dans une société de chasseurs-cueilleurs, par exemple, chacun se spécialise dans des activités de subsis-tance.Q°2. L’émergence de professions intellectuelles spécialisée est liée à la division (sociale) du travail entre diffé-rentes professions.Q°3. Le progrès technique est endogène en raison de la division sociale du travail (et non pas en raison de la division technique)

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …II. Critique & prolongements (de l'analyse smithienne)

1. Sous quelles formes s’opère l’actuelle D.D.T ?

A. Plutôt taylorienne ou plutôt toyotienne ?

Doc. 14: Q*1 : A l’aide de votre cours de tronc commun (et/ou de votre manuel ou autre), rappelez les ca-ractéristiques du modèle taylorien et celles du modèle toyotien. Q*2 : Rappelez les raisons principales de la crise du modèle tayloro-fordien. Q*3 : Quelles sont les relations entre le chef d’équipe et ses subordonnés dans le système toyotien ? Q*4 : Pourquoi le toyotisme reste-t-il tout de même assez différent du taylo-risme ?

Dans le cas de l'organisation taylorienne, c'est le service des méthodes qui détermine les tâches et les temps standards, alors que chez Toyota ils sont établis par le chef d'équipe. Ce dernier analyse toutes les opérations élémentaires de son segment, et chronomètre le temps nécessaire pour les exécuter, y compris celui de réalisation, d'attente, de déplacement et le temps de la machine. Le temps de cycle signifie celui dans lequel un opérateur doit terminer la totalité des opérations qui lui sont assignées. Ce temps est donc déterminé en même temps que la tâche standard. L'opérateur doit exécuter ses opérations suivant la tâche standard et le temps de cycle ainsi déterminés.Des traits du taylorisme semblent donc présents même dans le toyotisme. Pourtant, même si persiste une division entre conception et exécution, l'écart est moindre quand on le compare avec la division qui caractérise le taylorisme canonique dans lequel un fossé insurmontable existe en matière de travail intellectuel. En fait, dans le toyotisme, le chef d'équipe, qui lui-même était auparavant opérateur, se comporte comme un des membres de l'équipe, et les représente face aux supé-rieurs. De plus, la direction conseille aux chefs d'équipe de faire participer leurs subordonnés (chefs de groupe et opéra-teurs) à la détermination des taches standards pour qu'ils puissent travailler en percevant qu'ils les ont eux-mêmes éta -blies. Si tel est le cas, l'organisation toyotienne du travail ne peut être qualifiée de tayloriste, bien qu'elle lui emprunte ses méthodes pour analyser et déterminer les tâches standards.

Koïchi Shimizu, Le Toyotisme, coll. Repères, La découverte 1999.

4. Doc. 9 p. 50 Hatier 2003

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Modèle tayloro-fordien Modèle toyotien- O.S.T. (« service des méthodes »)- D.D.T. horizontale (travail à la chaîne & verticale- production standardisée- hauts salaires (5$ a day)

- just in time - cercle de qualité(implication du personnel)- kanban- production diversifiée- sous-traitance

Crise du modèle tayloro-fordienFacteurs internes Facteurs externes

- coûts croissants liés au rejet du tra-vail taylorisé- moindres gains de productivité (ra-lentissement)

- saturation de la demande de pro-duits standardisés - demande + variée & + exigeante- augmentation de la concurrence

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …B. … en fait, néotaylorienne.

Doc. 15 p. 57 : Q°2

But : Paradoxalement, les nouvelles formes d’organisation du travail qui promettaient de valoriser l’autonomie de l’opérateur et non le chronomètre de la hiérarchie se traduisent par une augmentation de pression ressentie sur le rythme de travail.

1. Entre 1984 et 1998, les contraintes dans le rythme de travail ressenties par les salariés français augmentent fortement. Par exemple, la proportion de salariés déclarant subir des délais de réaction inférieurs à l’heure est multipliée par quatre.2. Le principal motif pour lequel le rythme de travail est imposé est l’existence d’une demande à satisfaire, de-mande qui peut provenir d’une entreprise cliente qui demande à ses sous-traitants d’être très réactifs.De même, le fait que la demande doive être satisfaite immédiatement et que les délais soient inférieurs à l’heure est à lier avec la mise en place du principe du juste-à-temps. L’autonomie et la responsabilisation des salariés ont consisté en la valorisation du travail en équipe, ce qui se traduit notamment par une accentuation du senti-ment de dépendance vis-à-vis de ses collègues.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / … Doc. 16 p. 57 : Q°1à3

But : Le travail de Luc Boltanski et Ève Chiapello sur Le Nouvel esprit du capitalisme permet de resituer l’évo-lution des formes d’organisation du travail dans celle des idéologies du management. Le capitalisme nécessite l’accumulation du capital pour elle-même.Selon les auteurs, cette accumulation est absurde au sens premier du terme : elle n’a pas de sens en elle même.C’est par une idéologie, appelée esprit du capitalisme, qu’on trouve du sens. Les auteurs comparent, à l’aide d’un logiciel d’analyse quantitative,des textes de management des années 1960 et des années 1990. La fin de l’organisation fordiste du travail, avec sa cohorte de management participatif, de cercle qualité et d’élargisse-ment des tâches, doit se comprendre comme une modification des idéologies de soutien du capitalisme. Les au-teurs consacrent une part importante de leur travail à montrer comment le capitalisme a récupéré les critiques qu’on lui adressait dans les années 1960 et les a intégrées dans ses nouvelles formes d’organisation du travail.

Q°1. Les auteurs étudient le discours managérial, c’est-à-dire les textes produits par les managers qui tentent de décrire leurs propres pratiques, mais aussi de les justifier.

Q°2. On critique le tayloro-fordisme pour son organisation hiérarchique dont la fonction est d’interdire toute autonomie aux ouvriers. La crise de Mai 1968 en est une bonne illustration.

Q°3. Le nouveau discours managérial a repris ces critiques sur l’organisation du travail (et de la société). Les critiques du tayloro-fordisme ont alors servi à justifier la mise en place des nouvelles formes d’organi-sation du travail présentées comme des solutions aux critiques.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …2. Faut-il faire ou faire faire ? Doc. 17 p. 58 : Q°1&2

But : L’économie des coûts de transaction explique le recours à une organisation hiérarchique du travail plu-tôt qu’au marché par l’existence de coûts de transaction aux échanges marchands. Ceux-ci sont liés à la spécifi-cité des investissements (les machines que j’achète pour répondre à la commande de l’entreprise A ne peuvent pas nécessairement servir à répondre à la commande de l’entreprise B) et aux asymétries d’information (un des deux agents engagés dans la transaction possède une information privée).Si la spécificité des investissements et les asymétries d’informations sont faibles, l’entreprise peut recourir sans coût à n’importe quel fournisseur sur le marché. Lorsqu’ils sont élevés, elle a intérêt à internaliser la production des biens dont elle a besoin.Entre ces deux situations, il existe une multitude de contrats conclus à plus ou moins long terme entre un sous-traitant et son client.

Q°1. Un coût de transaction est le coût pour une entreprise du recours au marché plutôt que de produire soi même un bien ou un service. Le simple fait d’acheter sur un marché a un coût, indépendamment du prix même des biens et services : il faut prendre en compte les coûts de conclusion d’un contrat avec une autre entreprise et les coûts liés au risque que l’entreprise ne respecte pas le contrat (faillite, retards,voire escroquerie).Q°2. Une entreprise choisit de produire elle-même plutôt que d’acheter sur le marché si cela lui coûte moins cher. Elle choisit de faire plutôt que de faire faire si son coût de production est inférieur à la somme du prix de la marchandise et des coûts de transaction.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / … Doc. 18 p. 58 : Q°1&3

But : La décomposition internationale des processus productifs (DIPP) est une préoccupation très actuelle avec la mondialisation. Pour véritablement comprendre ce processus, il faut revenir aux choix que doit opérer une entreprise entre faire et faire faire. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les politiques d’ouverture des marchés font diminuer les coûts de transaction. On retrouve alors les théories du commerce international.Ici, le texte a été coupé de façon à faire disparaître le terme d’« avantages comparatifs ». Si on a déjà traité le chapitre portant sur l’analyse de Ricardo, on pourra mettre en relation ce document avec l’analyse ricardienne qui montre que les coûts à considérer pour l’entreprise sont les coûts relatifs et non les coûts absolus.

Q°1. La modularité consiste à décomposer le processus de production d’un bien en la production de plu-sieurs modules qui seront ensuite assemblés.

Q°2. Lorsque les coûts de transaction baissent, il devient plus intéressant pour beaucoup d’entreprises de faire faire plutôt que de faire.

Q°3. La production ainsi décomposée, il est possible de produire chaque module dans un pays différent se-lon les avantages comparés de chaque pays.

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M. Kintzler – Terminale E.S. - E.D.S. – Division du travail & Extension des marchés – cours Date : … / … / …Conclusion :

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