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E-CHANGER POUR UNE COOPÉRATION SOLIDAIRE ÉDITO E-CHANGER: C’EST PARTI! HOMMAGE ADIEUX À GUY BALET DE BERNE À OUAGADOUGOU FEMMES EN LUTTE CONTRE VIOLENCE ET PAUVRETÉ BRÉSIL LES PREMIERS PAS DU «NOUVEL» E-CHANGER NO 2 - MARS 2017 | LA PUBLICATION D’E-CHANGER | CHF 4.- | Abonnement annuel de soutien CHF 20.- Cours de formation « art culinaire » des femmes restauratrices de rue au Burkina Faso. Photo © Aja Diggelmann

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E-CHANGER COOPÉR-ACTION NO 2 - MARS 2017 1

E-CHANGER POUR UNE COOPÉRATION SOLIDAIREE-CHANGER POUR UNE COOPÉRATION SOLIDAIRE

ÉDITOE-CHANGER: C’EST PARTI!

HOMMAGEADIEUX À GUY BALET

DE BERNE À OUAGADOUGOUFEMMES EN LUTTE CONTRE VIOLENCE ET PAUVRETÉ

BRÉSILLES PREMIERS PAS DU «NOUVEL» E-CHANGER

NO 2 - MARS 2017 | LA PUBLICATION D’E-CHANGER | CHF 4.- | Abonnement annuel de soutien CHF 20.-

Cours de formation « art culinaire » des femmes restauratrices de rue au Burkina Faso. Photo © Aja Diggelmann

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2 E-CHANGER COOPÉR-ACTION NO 2 - MARS 2017

ÉDITO

C’EST PARTI!Depuis le début de cette année, E-CHANGER vole à nouveau de ses propres ailes.

Élément clé de ce redémarrage : son programme institution-nel 2017-2020 vient d’être approuvé par UNITE – la plateforme des ONG d’échange de personnes – et sera ainsi cofinancé par la Direction du développement et de la coopération (DDC). E-CHANGER bénéficie également, comme autrefois, du précieux appui d’Action de Carême, avec qui elle partage nombre de valeurs.

À la manœuvre au secrétariat, une petite équipe jeune et moti-vée, coordonnée par Gaspard Nordmann, notre secrétaire général : cinq personnes 1, totalisant un temps de travail de 190%. À quoi s’ajoutent des représentant-e-s officiel-le-s dans six cantons (Fribourg, Genève, Jura, Vaud, Valais et Berne) fai-sant office de relais et de mobilisateurs bénévoles de réseaux pour des activités régionales. En outre, plusieurs groupes de travail (communication, Sud, etc) sont déjà actifs, en appui à l’action du secrétariat.

Le comité 2, lui aussi partiellement renouvelé, est composé de membres issus des cantons de Fribourg, Vaud, Neuchâtel et du Jura. E-CHANGER continue d’être membre de la majorité des fédérations cantonales de coopération. Elle partage désormais l’adresse de son nouveau siège, à Lausanne, avec d’autres orga-nisations telles qu’Action de Carême, Alliance Sud, Pain pour le Prochain, Uniterre. Une proximité physique et « idéologique » de bon augure pour de futures collaborations et de possibles synergies opérationnelles.

Pour l’heure, E-CHANGER reprend ses activités au Burkina Faso et au Brésil. Elle structure son action autour de deux axes : la souveraineté alimentaire et la promotion des droits des popula-tions vulnérables et marginalisées. Mettant à disposition de ses partenaires les compétences techniques, organisationnelles et humaines de ses coopér-actrices et coopér-acteurs, elle aspire à contribuer au renforcement de la société civile et à promouvoir la justice sociale et environnementale.

Au cours des prochains mois, elle mettra l’accent sur le déve-loppement de modalités d’échange novatrices, valorisant les compétences présentes dans les pays du Sud et développant un programme de sensibilisation en Suisse romande.

En mars-avril 2017, E-CHANGER organisera une campagne d’information dans différentes villes, avec la présence de l’une de ses coopérantes au Burkina Faso, qui collabore avec la Marche Mondiale des Femmes (MMF), un partenaire historique de notre organisation. Elle a également renouvelé son ancien partenariat avec le Festival international de films de Fribourg (FIFF) à qui, de conserve avec Fribourg-Solidaire, elle apportera son appui par le biais d’une initiative novatrice.

Cette nouvelle étape où s’engage E-CHANGER a connu son « baptême associatif » le 3 décembre 2016, lors d’une fête de la Renaissance, qui a réuni plus de 100 membres et ami-e-s de notre mouvement à Vaulruz, en Gruyère, autour d’une bonne fondue.

Si l’on résume, tous les voyants sont au vert pour une reprise d’activité qui démarre sous les meilleurs auspices, guidée par ses valeurs fondatrices : la solidarité et la justice. Des prin-cipes éthiques d’une actualité intemporelle, aujoud’hui plus nécessaires que jamais.

Antoinette Romanens – co-présidenteClaude Desimoni – co-président

Dernière rencontre en Amazonie des coopér-actrices/acteurs et partenaires du programme Brésil en mai 2015. Photo © Josua Schädelin

Comité élargi d'E-CHANGER, le 27 janvier 2017, dans les nouveaux locaux à Lausanne

1 Sergio FERRARI – information et communication | Raymonde GALUFFO – recherche de fonds | Maité LLANOS – chargée de programme Brésil et administration | Gaspard NORDMANN – secrétaire général | Frédérique SORG GUIGMA – chargée de programme Burkina-Faso, Sud-Nord et recrutement

2 Xavier ALLART, Bernard BOREL, Claude DESIMONI, Bernard FRAGNIERE, Pierre MEYER, Pierre-yves MORET, Luc RECORDON, Antoinette ROMANENS, Joëlle RUEDIN

IMPRESSUM : Responsable d’édition : Sergio Ferrari, E-CHANGER, avenue du Grammont 7, CH-1007 Lausanne / Rédacteurs-rédactrices de ce numéro, photos et traductions : Aja Diggelmann, Antoinette Romanens, Claude Desimoni, Gaspard Nordmann, Chica et Bernard Bavaud, Agnès Jubin, Josée Martin, Hans Peter Renk, Frédérique Sorg Guigma, Marianne Ebel, Marche Mondiale des Femmes Suisse (Anne, Catherine, Christine, Leana et Marianne), Marche Mondiale des Femmes / Action Nationale du Burkina Faso ; CEDECA / Novo Movimento, Raymonde Galuffo, Sergio Ferrari / Correction : Claude Desimoni / Mise en page : Christine Luetscher (4.000 ex.)

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HOMMAGE

HOMMAGE À GUY BALET, NOTRE AMI…Adieu au fondateur de Frères Sans Frontières

Evoquer la mémoire de Guy Balet, fondateur avec Pierre Duc d’Informations missionnaires pour laïcs, en 1959, devenu de suite Frères sans Frontières (FSF), puis E-CHANGER, en 1997, c’est parcourir avec admiration le chemin de cet homme simple, fraternel, en constante évolution.

En tant qu’hommage après son décès – mi-décembre 2016 – nous pensons à lui comme à un père de grands enfants dont les choix l’étonnent, le bousculent, mais acquièrent son adhésion et son soutien indéfectibles.

Quelques moments clés :

En 1980 : le mouvement choisit Bernard Bavaud, prêtre marié, et Chica comme secrétaires généraux de FSF. L’évêque du diocèse est réticent face à ce choix. Une délégation de FSF, dont Guy et Jeanine, son épouse, rencontre l’évêque pour justifier ce choix.

En 1981 : Bernard Bavaud décide d’objecter pour son dernier cours de répétition, en solidarité avec les jeunes objecteurs de conscience encore emprisonnés en Suisse. Guy pose des ques-tions, puis donne son soutien.

En 1985 : les fonds de FSF sont placés à la SBS (intégrée à UBS par la suite), une banque accusée de soutenir l’apartheid en Afrique du sud. Dans sa majorité, l’assemblée générale de FSF décide le retrait de ces fonds et Guy acquiesce.

En 1979 : victoire de la révolution sandiniste au Nicaragua. Les années suivantes, beaucoup de jeunes choisissent de s’y engager pour soutenir cet élan vers plus de justice. Certains sont motivés par leur engagement chrétien, d’autres par leur humanisme militant. C’est difficile, risqué, utopique, mais Guy donne son accord. Il sera là aussi, en compagnie de Jeanine,

lors de la célébration et de la marche, à Bulle, en mémoire de Maurice Demierre, assassiné le 16 février 1986 avec cinq mères nicaraguayennes.

En 1997 : Frères sans Frontières prend le nom d’E-CHANGER. Le choix de la nouvelle appellation correspond à une démarche d’échange de personnes dans la coopération Nord-Sud et Sud-Nord. Il n’était pas évident de faire le pas et, là encore, les fondateurs ont suivi ce mouvement dans son évolution.

Le mouvement avance, évolue, se transforme. A chaque étape importante, Guy et sa merveilleuse épouse, Jeanine, donnent leur assentiment et leur appui jusqu’à ces derniers mois, avec les responsables actuels d’E-CHANGER. Les fondateurs, qui croyaient avoir mis en route, pour quelques années seulement, un petit mouvement de solidarité Nord-Sud et Sud-Nord, accom-pagnent avec tendresse ce nouvel E-CHANGER, qui fait face à de nouveaux défis dans un monde globalisé où les pauvres, les petits, revendiquent leur place, leurs droits et leur dignité.

Quel beau chemin d’accompagnateur fidèle et confiant tu as parcouru, Guy !

Et que dire des merveilleux moments vécus à Grimisuat, autour d’une raclette, ou au Bouveret, lors des cours de formation, aux assemblée générales parfois tumultueuses, comme peut l’être la vie dans toutes ses étapes.

Guy, tu as été un coéquipier plein d’attention, d’écoute, de sou-tien et de tendresse. MERCI de ce que tu as été et que, sûrement, tu deviens, au-delà du visible.

Chica et Bernard Bavaud – ex-secrétaires généraux de Frères Sans FrontièresAgnès Jubin – ex-co-secrétaire générale d’E-CHANGER Au nom de tout le mouvement E-CHANGER

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BURKINA FASO

« AU BURKINA, JE REÇOIS PLUS QUE JE NE DONNE… » Aja Diggelmann, coopérante au Burkina Faso

LEÇONS D’UNE COOPÉRATION SOLIDAIRE DIFFÉRENTE

De Berne à Ouagadougou… de la Suisse au Burkina Faso. Un « voyage » professionnel et existentiel aussi profond que significatif, reconnaît l’anthropologue suisse Aja Diggelmann, qui travaille depuis novembre 2015 dans ce pays africain. Elle renforce les activités de communication et de gestion de pro-jets de la Marche Mondiale des Femmes / Action Nationale du Burkina Faso (MMF/ANBF), l’un des partenaires historiques d’E-CHANGER (E-CH). « Mon séjour au Burkina Faso est une sorte de retour adulte à mes racines enfantines, vu que j’ai passé les trois premières années de ma vie à Kasangulu, en République Démocratique du Congo ». Cette étape signifie, pour moi, un saut qualitatif en avant. « Après avoir travaillé en Suisse avec des migrants, sous un grand stress et qua-siment à 150%, j’ai récupéré au Burkina Faso un équilibre existentiel et professionnel important », souligne Aja Diggel-mann, qui fait bénéficier son projet actuel des expériences accumulées durant plusieurs séjours africains, ainsi qu’en Colombie et en Thaïlande.

Y a-t-il des parallèles entre le travail que vous avez effectué en Suisse avant votre départ, dans un centre de migrants du canton d’Argovie, et votre actuel engagement avec la Marche Mondiale des Femmes ?Aja Diggelmann : Il y a des éléments communs, en ce qui concerne mes valeurs éthiques et personnelles, pour effectuer l’une et l’autre tâche. Néanmoins, je dois reconnaître qu’au Burkina Faso, bien que nous ayons beaucoup de travail et que nous soyons une petite équipe, je suis plus tranquille qu’avant mon départ, en novembre 2015, en raison d’une surcharge quotidienne dans un espace rempli de tensions liées à de vrais drames personnels.

Que signifie « une petite équipe » professionnelle dans un mouvement social comme la MMF / ANBF ?Nous sommes cinq personnes : la coordinatrice, la secrétaire, le coursier – un aide qui effectue toutes les démarches – un spé-cialiste en matière comptable (à temps partiel) et moi-même comme responsable de la communication.

Une équipe mixte de femmes et d’hommes…Effectivement. Nous avons aussi des personnes ressource qui participent aux commissions, comme celle de la communica-tion, aussi bien des femmes que des hommes. Ce n’est pas un problème pour la MMF du Burkina Faso. Je comprends qu’il faut promouvoir des synergies avec les hommes pour atteindre certains objectifs.

Quels sont les axes de travail de la MMF au Burkina Faso ?Nous impulsons plusieurs projets. Actuellement, l’un des plus importants – qui compte sur l’appui d’OXFAM – c’est l’appui aux femmes restauratrices de rue. Elles ont de petits restaurants qui peuvent accueillir une dizaine de personnes.

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Nous essayons de faire en sorte qu’elles améliorent l’offre de service, qu’elles assurent la qualité de la relation avec les employé-e-s et nous y incluons aussi leurs maris. A un niveau plus global, nous venons d’élaborer un plan stratégique de cinq ans, basé sur la lutte contre la pauvreté, contre la violence envers les femmes, en faveur du développement organisationnel et de la paix. Nous voulons organiser des cours, dans les écoles et les villages, sur la sexualité et la planification familiale. Nous promouvons aussi une série de synergies avec d’autres organi-sations, féminines ou non, dans tout le Burkina Faso, afin que la thématique de genre soit présente dans les différents secteurs et activités de la société civile.

En ce qui concerne vos tâches spécifiques…J’ai eu la responsabilité d’élaborer, comme partie du plan stra-tégique, le programme de communication. Je coordonnais un groupe mixte et interdisciplinaire de cinq personnes qui m’ac-compagnaient dans la réflexion et la définition des contenus. J’ai créé un site web pour la MMF / ANBF, dont je m’occupe, ainsi que de Facebook et des réseaux sociaux. Nous avons élaboré un flyer de présentation et actualisé le bulletin. J’ai la charge d’écrire les rapports, ainsi que les procès verbaux de toutes les réunions, aussi bien celles de l’équipe que des structures extérieures. Dans le cadre du projet des restauratrices de rue, j’ai élaboré une proposition de suivi. J’effectue donc un travail très varié dans la communication, dans le renforcement insti-tutionnel et dans la conceptualisation de la gestion de projets.

Considérant cette abondance de tâches et de responsabilités diverses, quel a été votre principal apport durant ces 16 premiers mois de travail ?Durant les quatre premiers mois, je me suis limitée à écouter, à observer, à comprendre les dynamiques internes. Ensuite, j’ai commencé, peu à peu, à agir et à suggérer. Peut-être mon principal apport consiste-t-il à combattre un stéréotype : celui de la coopération venue du Nord, appliquée de manière vertica-liste et parfois autoritaire. Je rejette cette manière de voir et de la concevoir. Je suis toujours à l’écoute et disponible pour des suggestions, des critiques, des propositions.

Et vos principaux apprentissages…Bonne question… J’ai appris à être plus détendue, existentiel-lement et professionnellement. Nous travaillons intensément, mais selon une rationalité collective qui apporte beaucoup.

Quel est, à votre avis, le principal apport de ce type de coopé-ration personnalisée, avec des coopérant-e-s sur le terrain ? Quelle est, pour vous, la plus-value d’un programme comme celui d’E-CHANGER au Burkina Faso ?Sans aucun doute, la tranquillité d’avoir un contrat de 3 ans minimum facilite énormément le processus pour atterrir, « s’ac-culturer » et s’habituer à un nouveau cadre de vie et de travail.

Sans avoir l’anxiété de devoir intervenir à toute vitesse dans l’équipe, avec le risque de se tromper. Un autre élément-clé est le concept d’E-CHANGER – comme son nom l’indique – sur le type de coopération, d’échange horizontal, sans transferts ou impositions verticales. Que les partenaires puissent choisir la personne dont ils ont réellement besoin pour leur travail et pour l’équipe est aussi un facteur-clé. Tous ces aspects font la diffé-rence. Ils définissent un paradigme de coopération solidaire, à visage humain, auquel je m’identifie pleinement.

Une réflexion finale…Je suis persuadée que, dans mon travail et dans ma vie burkinabé, je reçois plus que je ne donne…

Propos recueillis par Sergio FerrariVersion complète sur www.e-changer.org

MMF / E-CHANGER : UN PARTENARIAT HISTORIQUE

En Suisse, pour 100’000 naissances, 6 femmes meurent en couche, 300 au Burkina Faso. Ici, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 4 ‰, là-bas de 102 ‰ ; l’âge moyen d’une mère à la première naissance est de 30 ans en Suisse, de 19 ans au Burkina…

Le contexte général de pauvreté touche la majorité de la population au Burkina Faso, mais plus particulièrement les femmes et les filles qui assument la plus grande partie des tâches ménagères et sont souvent très dépendantes, finan-cièrement et socialement, de leur conjoint. Les violences conjugales sont, dans bien des cas, banalisées et le mariage précoce encore souvent considéré comme normal.

Dans ces conditions, l’action de la Marche Mondiale des Femmes / Action Nationale du Burkina Faso représente un phare pour nombre de femmes, de filles, d’associations membres, qui luttent pour une réduction de la pauvreté et de la violence. La MMF / ANBF est active au Burkina depuis plus de 15 ans, dans un travail à la fois de terrain avec les com-munautés et de plaidoyer pour que progresse l’équité entre les sexes et que cessent toutes les violences. Ses actions touchent près de 170’000 femmes et filles à travers le pays.

E-CHANGER développe depuis de nombreuses années, des partenariats avec des mouvements sociaux comme la Marche Mondiale des Femmes, que ce soit au Brésil et au Burkina Faso ou en Suisse. Nous soutenons la MMF au Burkina depuis 2009. C’est maintenant grâce à Aja Diggelman, anthropologue et journaliste, que les actions de la MMF se voient renforcées, dans le domaine de la communication, du suivi-évaluation et de l’utilisation des médias sociaux.

Frédérique Sorg Guigma – responsable programme Burkina Faso d’E-CHANGER

Rencontre d’information sur le projet d’appui institutionnel en partenariat avec le fond mondial pour les femmes. La photo présente les facilitatrices régionales et quelques personnes ressource de la MMF/ANBF. Photo © MMF/ANBF

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CARTE BLANCHE

FEMMES EN RÉSISTANCE : UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE !

Face aux guerres, à l’offensive néolibérale mondiale, à la montée des extrémismes de droite et du racisme, la Marche Mondiale des Femmes (MMF) résiste et cherche à se trans-former en un mouvement permanent. En octobre 2016, lors de la 10ème rencontre internationale à Maputo, une série de dates communes ont été définies pour continuer dès main-tenant nos actions revendicatives et de solidarité, sans attendre la 5ème action planétaire prévue en 2020.

Depuis plusieurs années, l’air du temps est à la réaction et la MMF, comme tous les mouvements sociaux, en souffre : en 2015 et 2016, nous avons perdu plusieurs militantes très engagées : Berta Caceres du Honduras, Pakize Nayir, Fatma Uyar et Sêve Demir du Kurdistan turc, ont été brutalement assassinées. Eva Moreno, alors permanente au Secrétariat international à Maputo, a été arrêtée dans une manifestation organisée au Mozambique et expulsée vers son pays d’origine, l'Espagne. Le travail du Comité international et du Secrétariat est, du coup, plus difficile. En Turquie, Erdogan a récemment interdit toutes les ONG féminines et fémi-nistes, scellé les locaux et confisqué des listes confidentielles de plus de 2000 femmes ayant subi des violences.

Mais le 21 janvier 2017, un vent frais, rose, a déferlé sur le monde entier lors de l’investiture de Trump : 5 millions de femmes ont répondu à un appel, lancé au départ, sur Facebook par une femme indignée par les menaces et les insultes sexistes et racistes de ce populiste réactionnaire devenu président des Etats-Unis. Saurons-nous, partout où nous sommes, tisser des liens forts et durables entre toutes les féministes en marche pour que cette mobilisation extraordinaire ne soit pas qu’un feu de paille ?

En Suisse, ensemble avec les femmes kurdes, nous avons par-ticipé à plusieurs actions et manifestations de solidarité avec nos sœurs du Kurdistan turc. Le 9 janvier, nous avons pris part à la journée internationale de solidarité avec les militantes maltraitées, violées, emprisonnées, tuées. Nous étions aussi présentes le 21 janvier au Global Women’s March à Genève.

Il faut le dire et le répéter : la MMF est un réseau féministe inter-national, mais ancré au niveau local. Il se construit et s’enrichit au niveau international avec ses alliés, E-CHANGER, Amnesty International, ATTAC, etc, mais des groupes nationaux ou locaux peuvent aussi rallier les rangs de la MMF s’ils sont en accord avec notre plateforme. Toutes les femmes (ou hommes soli-daires) sont les bienvenues. Chacune s’engage selon son temps et sa disponibilité.

Dès maintenant, nous cherchons des alternatives, une autre façon de vivre. Vous qui nous lisez, rejoignez-nous : ensemble nous voulons construire des ponts de paix, de solidarité, de liberté, d’égalité et de justice.

Anne, Catherine, Christine, Leana et Marianne pour la MMF / Suisse

JE RÉSISTE, DONC J’EXISTE : NOS PROCHAINS RENDEZ-VOUS DE SOLIDARITÉ FÉMINISTE

24 avril : 24 heures de solidarité internationale pour des conditions de travail dignes1er mai : fête des travailleuses et des travailleurs3 juin : paix et démilitarisation, en solidarité avec les réfugiées14 juin : égalité des droits entre femmes et hommes1er septembre : paix en Turquie, solidarité féministe28 septembre : droit à l’avortement dans le monde entier16 octobre : femmes et souveraineté alimentaire17 octobre : journée internationale pour l’éradication de la pauvreté24 novembre : journée internationale contre les violences faites aux femmes

Pour information : www.marchemondiale.chPour prendre contact : [email protected]

Solidarité entre les femmes du monde entier. Manifestation du 21 janvier 2017 « Global Women’s March » à Genève. Photo © Marianne Ebel.

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BRÉSIL

« RENFORCER LE PARADIGME D’UNE COOPÉRATION RÉELLEMENT SOLIDAIRE »

Depuis janvier 2017, E-CHANGER (E-CH) a relancé son pro-gramme historique au Brésil. On trouve à la tête de ce pro-gramme le théologien et éducateur populaire Djalma Costa, lié au mouvement depuis 20 ans. Costa est en outre coordi-nateur du Centre de défense des droits des jeunes et des adolescents d’Interlagos (CEDECA Interlagos) à São Paulo et personne de référence pour notre organisation partenaire Novo Movimento . Interview avec Djalma Costa.

Que signifie pour vous le fait de reprendre la coordination du programme E-CHANGER au Brésil, dès janvier 2017 ?Djalma Costa (DC) : C’est une grande joie. Cela implique la pos-sibilité de continuer à promouvoir une coopération construite de manière commune avec les partenaires. Cela montre que la solidarité entre le Nord et le Sud est forte et toujours possible, lorsqu’il existe une réelle conviction.

Quel est le plus grand capital hérité de la présence d’E-CH dans votre pays depuis plus de 25 ans ?Son énorme crédibilité. Dès le début, Frères sans Frontières (FSF), puis E-CH, ont eu une relation forte et horizontale avec les partenaires. Ceux-ci participaient toujours aux propositions et aux définitions du programme lors de chaque étape. Ils nous ont toujours transmis leurs certitudes, leurs expériences et leurs projets, comme mouvements sociaux et comme acteurs essentiels de la société civile brésilienne. Cela donne une grande force à cette identité d’une coopération réellement solidaire de la part d’E-CH.

Au cours des dernières années, ces mêmes partenaires avaient manifesté leurs inquiétudes par rapport à l’identité d’E-CH…Effectivement. Les partenaires brésiliens ont appuyé E-CH, lorsqu’ils ont eu connaissance de l’alliance construite en Suisse avec d’autres ONG, basée sur l’hypothèse de renforcer ce type particulier de coopération par l’échange de personnes. Mais ils ont conditionné leur confiance à l’existence même d’E-CHANGER

comme acteur social en Suisse. Cela signifiait qu’E-CH conti-nuait à être protagoniste d’un type de coopération opposé à la vision traditionnelle, verticaliste, de transfert de valeurs. E-CH remet en cause le modèle néo-libéral, incompatible avec un développement planétaire durable, équitable et solidaire. Les partenaires brésiliens ont donc enregistré avec préoccupation certains signaux qui leur parvenaient depuis la Suisse. Cela explique pourquoi, lors de la dernière rencontre nationale entre partenaires et coopérant-e-s, tenue à Manaus en mai 2015, ceux-ci se sont prononcés en faveur de la reprise par E-CH de son propre programme, fondé sur ses valeurs historiques, bien que ce dernier soit plus réduit et modeste qu’auparavant.

Vos priorités pour 2017 ?Remettre la maison en ordre. Assurer que le nouveau pro-gramme 2017-2020 soit installé tranquillement. Ces prochains mois, nous devons reprendre la relation privilégiée et historique avec nos partenaires et nous centrer sur un apport à leur ren-forcement institutionnel. Les mouvements sociaux brésiliens, en général, et nos partenaires, en particulier, vivent un moment très difficile, un moment de fragilité. Ils sentent la menace d’un Etat ayant rapidement changé de perspective après le coup d’Etat parlementaire de l’année passée. Comme le relèvent des personnalités qui ont toujours été des amis d’E-CH – comme les théologiens Leonardo Boff et Frei Betto – aujourd’hui les orga-nisations sociales sont criminalisées et chaque jour davantage poursuivies. Je pense que la décision de débuter en 2017 avec des coopér-actrices/acteurs nationaux est cohérente. Mais sans perdre de vue la présence future de coopérant-e-s suisses, qui constitue l’axe central de la coopération impulsée par E-CH.

D’autres réflexions complémentaires…?D’une manière ou d’une autre, il est important d’intégrer aussi, dans le travail d’E-CH au Brésil, quelques ancien-ne-s coopé-rant-e-s suisses resté-e-s dans ce pays. Nous devons réfléchir à la manière de le faire. Et il est fondamental que d’ancien-ne-s coopér-acteurs/trices reparti-e-s en Suisse continuent à offrir leur apport au mouvement. Il est aussi important d’innover et de créer de nouveaux mécanismes pour que le travail des coo-pérants nationaux serve activement, dans cette phase, à l’infor-mation et à la sensibilisation en Suisse. Il n’y a pas de recettes magiques. C’est l’aspect merveilleux de cette étape. Nous devons partir quasiment de zéro quant à nos méthodologies. Mais avec le capital énorme, je le répète, de la crédibilité d’E-CH et de la qualité, du courage et de la vaillance de nos partenaires, qu’il s’agisse des mouvements travaillant pour le droit à la terre, pour les droits des populations urbaines marginalisées et ou en faveur des indigènes Yanomamis.

Propos recueillis par Sergio FerrariTraduction: Hans-Peter RenkTexte complet de l’interview sur www.e-changer.org

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8 E-CHANGER COOPÉR-ACTION NO 2 - MARS 2017

31e édition du 31.03 au 8.04.2017A partir de 2017, E-CHANGER, co-fondateur et partenaire histo-rique du FIFF, soutient le Prix Visa Etranger en partenariat avec Fribourg-Solidaire. Programme et informations : www.fiff.ch

NOUS SOUTENIR

VOTRE DON, UN APPUI DIRECT ET CONCRET SUR LE TERRAIN

Depuis son redémarrage au début de l’année, E-CHANGER poursuit un objectif ambitieux : faire en sorte que, grâce aux partenaires que nous appuyons par l’insertion de nos coopér-actrices/acteurs, des hommes, des femmes et des enfants défavorisés ou marginalisés puissent bénéficier de meilleures conditions de vie.

E-CHANGER rémunère les coopér- actrices/acteurs, qui, comme Aja Diggelmann, s’engagent au Sud pour une durée de 3 ans. Nos par-tenaires locaux œuvrant auprès des populations vulnérables béné-ficient de leur appui dans divers domaines de compétences.

Nous soutenons nos coopérant-e-s en leur versant une indemnité de

vie adaptée aux coûts de vie locaux. Pour préciser les idées, voici quelques montants illustrant le coût de la vie au Burkina Faso :

CHF 15.- Partager un repas avec ses amis et offrir une tournée de bièresCHF 50.- Manger : prix d’un sac de riz de 50 kgCHF 100.- Se déplacer sur le terrain en moto : carburant pour deux moisCHF 150.- Se connecter via Internet pour communiquer : prix de la connexion pour 3 moisCHF 200.- Vivre dans un endroit confortable : loyer mensuel d’une maison de taille moyenne

Votre don appuie directement l’action de nos coopér-actrices/acteurs auprès des populations les plus vulnérables du Sud ! Leur travail ne serait pas possible sans votre générosité ! Merci d’avance pour votre soutien.

Nouvelles coordonnées bancaires !CCP 14-331743-0 IBAN CH12 0900 0000 1433 1743 0

E-CHANGERAvenue du Grammont 7, 1007 LausanneTél. 021 601 10 [email protected]/associationechanger

NOTRE CAMPAGNE EN SUISSE

PROMOUVOIR LES DROITS EN RENFORÇANT L’AUTONOMIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

LE CAS DES RESTAURATRICES DE RUE À OUAGADOUGOU

Conférences-débat avec Aja Diggelmann, coopér-actrice auprès de la Marche Mondiale des Femmes au Burkina Faso.

RÉSERVEZ LA DATE !

DELÉMONT : Lundi 27 mars, 20h30Fondation rurale interjurassienne (FRI)Salle des Ateliers, CourtemelonCo-organisé avec la FICD

GENÈVE : Mardi 28 mars, 19h00Maison des AssociationsSalle Mendes, Rue des Savoises 15

BERNE : Mercredi 29 mars, 18h30InfoDoc Alliance SudMonbijoustrasse 29

LAUSANNE : Jeudi 30 mars, 16h00Bureaux d’E-CHANGERAv. de Grammont 7

BURGDORF : Vendredi 31 mars, 19h00El BelediaKornhausgasse 12

SION : Mardi 4 avril, 19h00Lycée-Collège de la PlantaAv. du Petit-Chasseur 1Co-organisé avec Valais Solidaire

FRIBOURG : Jeudi 6 avril, 18h30Paroisse Saint PierreAv. Jean-Gambach 4

GIVISIEZ : Jeudi 6 avril, 12h10 – 13h10HETS-FR salle JP 10 1.1 et 1.2, Rue Jean-Prouvé 10

Retrouvez le détail desévénements sur www.e-changer.org !