DIRTYLOFT

Saison3

DumêmeauteurauxÉditionsSharonKena

DefeuetdeglaceTome1

DefeuetdeglaceTome2

DefeuetdeglaceTome3

DefeuetdeglaceTome4

Lesraisonsducœurpartie1

Lesraisonsducœurpartie2

Lefruitd’unamourimpossiblepartie1

Lefruitd’unamourimpossiblepartie2

LoganeTome1

LoganeTome2

LoganeTome3

LoganeTome4

LoganeTome5

LoganeTome6

JaydenCrossl’intégrale1

JaydenCrossl’intégrale2

Miseenscène

CœurCriminelTome1

CœurCriminelTome2

CœurCriminelTome3

CœurCriminelTome4

L’Entre-Monde–OrigineTome1

DirtyLoft–Saison1

DirtyLoft–Saison2

SecondeChance

Russ.Htome1

BackgroundTome1

AngieL.DERYCKERE

SAISON3

DIRTYLOFT

«LeCodedelapropriétéintellectuelleetartistiquen’autorisant,auxtermesdesalinéas2et3del’articleL.122-5,d’unepart,queles«copiesoureproductionsstrictementréservéesàl’usageprivéducopisteetnondestinéesàuneutilisationcollective»et,d’autrepart,quelesanalysesetlescourtescitationsdansunbutd’exempleetd’illustration,«toutereprésentationoureproductionintégrale,oupartielle, faitesans leconsentementde l’auteuroudesesayantsdroitouayantscause,est illicite»(alinéa1erdel’articleL.122-4).«Cettereprésentationoureproduction,parquelqueprocédéquecesoit,constitueraitdoncunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticles425etsuivantsduCodepénal.»

©2016LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

REMERCIEMENTS:

Toutd’abord,jenem’attendaispasàunpareilengouementpourlespremièressaisons.Vousavezréponduprésentetjevousenremerciedetoutcœur.

JeremercieCyrielleWalquan,monéditrice,quicontinueàmefaireconfiancepourcettenouvelleaventure, ainsi qu’à tous les membres de l’équipe des éditions pour le travail monstre qu’ilseffectuentencoulisse.

JeremercieégalementPascalePrudhomme(maWonder)pourletempsqu’ellepasseàtraquermesfautesavecunerapiditésurprenante.

FrédériqueCotret, etma collègueChristelleMorize pour l’aide précieuse qu’ellesm’apportent,peaufinantmesécritsavecdextérité.

MerciaussiàJulieVasseur,masœurdecœurquim’apporteunsoutieninconditionnel.ÀAudreyetSylvieRobertquimefontpartdessentimentsetdesémotionsàchaquefoisqu’ellesrefermentundemestextes.

ÀVéroniqueBarrère,MélissaLetabareuxpourleursoutienetleurdisponibilité.

Jen’oubliepasnonplusderemerciermesprochespourlapatiencequ’ilstémoignentquandjesuisplongéedansmonmanuscrit.Franck,Jymmy,Jason,NathanetNolwenn(jevousaimemesamours).

Àmesnouvelleslectricesetproches.

Merciàtousceuxetcellesquimesuiventsurmapageetquim’encouragent…

Etenfin,unimmensemerciàtousleslecteursqui,jel’espère,apprécierontlasuitedesaventuresdeSarahetTravis,mêmesijel’avoue,ilsnesontpasencoresortisd’affaire.

Bonnelectureàvous.

Jevousembrassetendrement.

AngieL.Deryckère

Àcellesquiaffrontentl’impensable…

«Ladifférencedel’infidélitédanslesdeuxsexesestsiréellequ’unefemmepassionnéepeutpardonneruneinfidélité,cequiestimpossibleàunhomme.»

Stendhal

Tabledesmatières

CHAPITRE1

CHAPITRE2

CHAPITRE3

CHAPITRE4

CHAPITRE5

CHAPITRE6

CHAPITRE7

CHAPITRE8

CHAPITRE9

CHAPITRE10

CHAPITRE11

CHAPITRE12

CHAPITRE13

CHAPITRE14

CHAPITRE15

CHAPITRE16

CHAPITRE17

CHAPITRE18

CHAPITRE19

CHAPITRE20

CHAPITRE21

CHAPITRE22

CHAPITRE23

CHAPITRE24

CHAPITRE25

CHAPITRE26

CHAPITRE27

CHAPITRE28

CHAPITRE29

CHAPITRE30

CHAPITRE1

*Travis*

Jen’enpeuxplusd’attendre…celafaitplusdevingtheuresquejesuisenfermédanscettecellule,souslasurveillancededeuxagentsdepolicequimelorgnentpendantdelonguesminutes.Jeneparlepas,ainsijemedisqu’ilsn’aurontrienàmereprocher,misàpartlefaitdemesoupçonnerdetraficdedrogue.

C’estridicule!

Je secoue la tête, tentant vainement de reprendremes esprits. Je ne sais plus comment j’en suisarrivé là, mais d’après ce que j’ai compris, pendant la conversation de ces deux bouffons enuniforme,quin’ont riendemieuxà fairequedeme jaugerdu regard, ilsontessayédepersuadermondemi-frèredeporterplaintepourcoupsetblessures.

Heureusementpourlui,ilarefusé.

Jesoupirede lassitude,enayantvraimentassezderesterdansce trouàratquipue lamerde.Leprécédentdétenuadûsechierdessus,jenevoispasd’autresraisonspourquelesdeuxmètrescarrésempestentautant.

Jecontinueàfairelescentpasdansmonconfinementetlèvelesyeuxverslesdeuxconnardsquiseredressentdevantmoi.

Qu’est-cequetuveuxencore?

Unrictusmalsainseformesurmeslèvresetjeretiensunerépliquecinglante,visantàinsulterlamorphologiedel’hommequivientdeparler.

Ilestdepetitetaille,maissonventreestsiimposantqu’ilsembleêtresurlepointd’exploser.

Fier de parvenir à retenir lesmots déplaisants quime brûlent la gorge, je hausse les épaules etréponds:

Jeveuxsavoircombiendetempsilfautàvotresupérieurpourprendreladécisiondemelaissersortird’ici.

Pourtouteréponse,legringaletquisetientàcôtédugrosétouffeunrire.Jelefoudroieduregard.

Quand ton père se décidera à venir voir l’inspecteur pour confirmer qu’il s’agit bien de sonargent.C’estbiença,n’est-cepas?Tuasbienditquec’esttonpaternelquit’adonnétoutceblé?

C’estexact,grogné-je,n’enrevenantpasquemonpèrenesoittoujourspaspassépourconfirmerlavérité.

C’estluiquit’adonnécesachetd’herbeaussi?

Jesecouelatêteetavoueàcesdeuxagentsqueçavientd’unpetitdealerducoin.

C’esttapetiteconsopersonnellealors?

C’estça,réponds-jeensoupirantdelassitude.J’aidéjàtoutexpliquéunedizainedefois!

Les deux agents me fixent d’un mauvais œil. Je soutiens leurs regards sans ciller, espérantsecrètementquemonpaternelnetarderaplus.D’ailleurs,jemedemandelesraisonspourlesquellesiln’apasaccouruàlaminutemêmeoùilaapprisquej’avaisétémisengardeàvue.

Jesuispersuadéqu’illesait,Seans’estempressédelemettreaucourantdemesexploits.

Pauvreabruti!

Jetentedemeviderlatête,maisl’impressionquemonpèresefoutdemagueulerevientsanscesseàmonesprit,embrouilléparledécormalodorantdemacellule.

Ilestaucourant,etiln’atoujourspaspointéleboutdesonnezpourmesortirdecetendroit.

Qu’attend-il?

Espère-t-ilqueçameservedeleçon,carj’aifrappésonfilsdepute?

Lacolèresommeilleenmoi.Depuistoujours,elleestprésente,là,auchaud.Toutefois,jeparviensàlaretenirauplusprofonddemestripes,maissicesabrutiscontinuentdemedévisager,unsourirenarquoissurleslèvres,jerisquebiend’explosermalgrémoi.

C’estàcetinstantquel’imagedeSarahmerevienttelleunevaguemeurtrière.Mapoitrinedevientdouloureusetandisquemoncœursemetàbattreàunrythmeirrégulier.

Jecessedefairedesalléesetvenuesdemacouchetteauxbarreauxquimeretiennentprisonnieretm’installesurlematelasdégoûtant.

Jefermelespaupières,meconcentrantsurlevisagedecettefillequimebouleverseauplushautpoint.Quand les flicsm’ontmis dans leur voiture, j’ai aperçu la profonde tristesse dans ses yeuxhumides,ainsiquelacolèreetl’impuissancequiémanaientd’elle.

Sean,cetenfoiréadûbienentirerprofit.

Saleconnard!

Cettepenséemeficheenrogne.Jeposelescoudessurlesgenouxetenfouismonvisagedansmesbras. Je suis épuisé…moralement épuisé, fatigué de devoir toujours justifier mes actes, de faireprofilbasquandtouttourneauvinaigre.

Mavieestpourrie…

Complètement pourrie, et pourtant, quand je suis avec elle, j’ai l’impression que tout peuts’arranger,quejepeuxtrouverlebonheuràsoncôté.

Évidemment,cesentimentagréableatendanceàs’effondrerquandlepassémerattrapepourunesimpleraison.Ilsuffit justequemonregardcroiseceluidemasœurpourquecetespoirs’envole,que mes amis me rappellent mon comportement minable pour que la simple idée de vivre unerelationnormaleavecSarahs’évanouisse.

Ilsonttousraison.

Sarahn’estpasfaitepourmoi.

Elleméritemieuxqueça…

Etceputaindepassénepeutêtreeffacé.

Ilmepoursuivrapartoutoùquej’aille…

Ilfaitpartiedemoi,pasSarah…

J’ai dûm’endormir. Jeme redresse sur la couchette difforme et puante.Tousmesmuscles sontendoloris. Je grimace, constatant aumêmemoment que les deux agents de police ont disparu. Jebaisselesyeuxversmonpoignetetémetsungrognementderésignation.Jen’aipasmamontre,cesenfoirésdeflicsm’ontdépossédédemesbienspersonnels…ilsontmêmeétéjusqu’àmeconfisquermespompes,parmesuredesécurité,m’ont-ilsdit!

Le sommeil m’a sans doute fait du bien, hormis les courbatures que j’ai subies à cause de cematelasdefortune,maisj’aibiendessaouléetmesidéessontplusclaires.

Entoutcas,madécisionl’est.

J’aibienréfléchiavantdetomberdanslesbrasdeMorphée–sicen’estpasdanslesténèbres–etj’aiprisladécision,quoiqu’ilarrive,jemettraideladistanceentreSarahetmoi.Jen’aipasledroitdeluifairevivreneserait-cequ’unfragmentdemaminablepetiteviebordélique.

Et pour ce faire, je vaisme tirer d’ici. Pas très loin,mais j’ai besoin de prendre du recul et dediscuteravecmamère.Personnenepenserametrouverchezelle.

Jelèvelesyeuxversleplafondetpousseunsoupirderésignation.Jemedirigeverslesbarreauxetconstatequelesagentsquim’ontsurveillédepuismonarrivéeontétéremplacéspard’autresgars.

L’und’euxcroisemon regard. Il esquisseunsourireet s’excuseauprèsdesescollèguesavantd’avancerdansmadirection.

Suspicieux,jeplisselesyeux.

Alors,onestréveillé?Tuasbiendormi?

Jelèveunsourcilsarcastique.

Pasterrible,j’auraismieuxdormidansunlit.

Danscecas,tuauraisdûéviterdetebattre,tunecroispas?

Jehausselesépaules.Ilsemblemoinsdétestablequecesgroscons.

Ouais,maisj’avaisbesoindemedéfouler.

Surtonfrère?J’ailutondossier,m’informe-t-il.

Mondemi-frère!rétorqué-jeenserrantlespoings.

Ilhochelatêtesansinsisteretpasselesdoigtsdanssaceinturesansmequitterduregard.

Quandest-cequejepeuxpartird’ici?

Jevaisvoirça,merépond-ilavantdes’éloigner.

Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse dema vue. Je pousse un long soupir, espérant que jepourraisortird’icirapidement.

Jenesais toujourspas lesraisonspour lesquellesmonpèreamis toutce tempspourconfirmerquelesbilletsm’appartiennent,maisj’aihâtedediscuteravecluipourconnaîtrelavérité.Jesuissûrquec’estuncoupdeSean.

Quandl’agentrevient,ilaunlégersouriresurleslèvres.Jeserrelesbarreauxquej’aiempoignésdansmesmainsetl’interrogeduregard.

Bon, tu peux sortir. Ton père est passé en début dematinée pour confirmer ta version sur laprovenancedel’argent.Ettuaseudelachance,mongarçon,dit-ilensortantuntrousseaudeclés.Leprocureuradécidédenepas tepoursuivrepourpossessiondedrogue,mais ilne te ferapascettefaveurdeuxfois.Tuasbiencompris?

Jehochelatêtesansriendire,soulagédenepaspasseruneminutedeplusdanscetendroit.

Quandlaportes’ouvre,jefaisunpasversl’agentensoupirantdesoulagement.

Merci.

Tupeuxmettreteschaussuresetsuis-moi,jevaisterendretesaffaires.

D’accord,dis-jeenobtempérantaussitôt.

Unefoischaussé,jelesuisdansunlongcouloirquinousmènedansunepièceoùunefemmeenuniformesetientderrièreuncomptoir.

Salut,Jane,ilmefaudraitlesaffairesdeTravisSpencer,s’ilteplaît.

Lafemmemegratified’unregardlourddereprochesetesquisseunfaiblesourireàl’adressedel’agentavantdefouillersursonbureau.

Elleposesurlecomptoirunplastiquecontenantmesaffairespersonnelles.

Aussitôt, je l’arracheetattrapemon téléphone,constatantque j’ai reçuplusieursappelsdeNina,despotesetde…

Sarah…

J’aiprononcésonprénomàvoixhaute,maisjemefichedesregardsinterrogateursquemelancentlesdeuxagents.Jem’empressedeluienvoyerunSMS.

Jevaisbien.Désolé,maisjequittelavillependantquelquetemps.Jet’appellerai.

Tupensesquec’estunebonnesolution?

Jesursaute,choquéquecemecaitlumonmessagepar-dessusmonépaule.

Dequoiparlez-vous?demandé-je,furieux.

Sarah… cette fille est passée ce matin, avec ta sœur. Nina, c’est ça ? Elles étaient vraimentinquiètespourvous.

Mêlez-vousdecequivousregarde,OK?

Ilmefixeenserrantleslèvresavantd’échangerunclind’œilavecsacollègue.Jesecouelatêteetenvoielemessageavantderécupérermamontreetmonargent.

Sous leurs yeux, je les provoque en comptant les billets,mais l’agent reste demarbre, arboranttoujourscepetitsourired’hommegentil.

Jerangeletoutdansmapocheetenfilemaveste.

Tuveuxquej’appelleuntaxi?Tonpèren’apasvouluattendreet…

Jevaismedébrouiller,merci.

Je leur tourne le dos sans attendre et quitte la pièce en percevant les bruits de pas de l’hommederrièremoi.Ilmesuitjusqu’àlaporteducommissariatetm’attrapeparlebras.

Jeluilanceunregardassassin,ilmelâcheaussitôtenlevantlesmainsensignedereddition.

Toutvabien,OK.Jeveux justem’assurerque tu sais repartird’icidansdebonnesconditions.Laisse-moit’appeleruntaxi.

Jerestesuspicieux.Pourquoicethommesesoucie-t-ildemoicommeça?Aprèstout, jenesuisqu’unpetitmerdeuxquesescollèguesontarrêtéetmisencellule…pourquoifaut-ilqu’ilsemontresiprévenant?

Jesecouelatête,refusantderéfléchirinutilement.Jemefousroyalementdecequ’ilpense,decequ’ilveutpourmoi,jem’enmoque…toutcommelereste.

Cependant, jeremarquequ’ilestbiendécidéànepasmelaisserpartirsansavoirappeléuntaxi.Alors,jehochelatêteetaccepte.

Ilsemblerassuré.

Vraiment?

Jerevienstoutdesuite.

Je le regardepartirvers l’accueilpour téléphoneret jeprofitedesonabsencepoursortirdecetendroit,avantdememettreàcourirsanssavoiroùjevaisexactement.

J’aicouruunebonnedizainedeminutes.Jen’enpeuxplusetm’arrêteuninstantpourreprendremon souffle. Je me trouve à moins d’un kilomètre du loft, mais je ne continuerai pas dans cettedirection,jenepeuxpas…

Jemedirigeversleparcet traverselalongueallée, la têtebaisséejusqu’aupremierbancquejevois.Jem’yinstalleetsorsmonportabledemapoche.Ilfautquej’appellemonpère,carj’aibesoind’avoirdesexplicationssurcequil’aretenuaussilongtemps,avantdemesortirdeprison.

Lesdoigtstremblants,jecomposesonnuméroetpatientemoinsd’uneminuteavantd’entendresavoixgravequis’élèvedansl’écouteurquej’aiplacédansmonoreille.

Jeserreaussitôtlesdentspournepasluihurlerdessus.

Jesuissorti,papa,maisjeveux…

Lecommissariataappelé!Tuasfui,Travis!

N’importe quoi ! J’ai refusé qu’ils m’appellent un taxi, j’avais besoin de m’aérer la tête !Pourquoit’asmistoutcetempspourdirelavérité,bordel!J’aipassépratiquementdeuxjoursdanscetteputaindecellule!

Et tuauraispassébienplusde tempssi ton frèreavaitdécidédeporterplainte !Tudevrais le

remercier!

Quoi?aboyé-je,outré.Tuplaisantes?Toutestdesafauteetjetejurequ’ilvamelepayer,cefilsdepute!

Jemedoutaisbienquecetteinsulteseraitlagoutted’eauquiferaitdéborderlevase,maisc’estlavérité!Seanestunenculédepremière,etjemefichedesavoirsimonpèreserafurieuxoupasquejel’insulteainsi.

D’ailleurs,ill’est.Plusquejenem’yétaisattendu.Ilhurlependantquelquesminutes,m’envoyantparlamêmeoccasionquejenevauxpasmieuxquelui,encorepire,quepourlui,jesuisenbasdel’échelle,comparéàcefilsprodigequinefaitpasd’histoires.

Moncul!

Pensecequetuveuxdemoi,finis-jeparrépondre.Jemefichedesavoirsiàtesyeux,jesuisunmoins que rien, papa. Tu as Sean, ça a toujours été pour lui ! Tu nous as brisés pour ce grosmanipulateuret…

Arrêtedediredesconneries!Tonfrèrenemanipulepersonne.Regardelavéritéenface,Travis.Tuestoujoursmêlédansdesalesaffaireset…

Jesais!hurlé-jeenserrantlesdents.

Jelèvelesyeux,jemedétestederessentirça.D’éprouvercetteputaindedouleurdanslapoitrinequimemetleslarmesauxyeux.Jedétesteça.Jelehaïs,luietsafamille!

Tun’entendrasplusparlerdemoi,resteavectafemmeettonSean!Ilt’apporterabienplusquemoi.

Surce,jeneluilaissepasletempsderépondreetmetsfinàlaconversation.

Je ferme les paupières un instant, tentant vainement de reprendre le contrôle surmes émotions,maisc’estcompliqué.Monpèrearaison.Seannes’estjamaisretrouvéenprison,devantuntribunalpourdesfaitsgraves,contrairementàmoi.

CHAPITRE2

*Sarah*

La scène de l’arrestation de Travis ne cesse de passer en boucle dans mon esprit. J’essaie decomprendredepuiscesderniersjours.

Envain.

Quandj’aiquittéleparkingdelacliniquepourretrouverNina,j’étaisprêteàluiavouerlavéritésurmessentimentspoursonfrère,aussipournotrerelation,maisjen’ysuispasarrivée.

Elleétaitautéléphoneavecsonpèreethurlaitcommeunefuriecontrelui.Jen’aipastoutdesuitecompriscequisepassaitentreeux,maisCalvinm’atoutexpliqué.D’aprèscequ’ilsavait,lepèredeTravis refusait tout bonnement de se rendre au commissariat pour confirmer les dires de son fils.Celaauraitpuluiéviterdepasserprèsdequarante-huitheuresengardeàvue,maisvisiblement,lepèredeNinadésiraitcequ’illuiarrive.

La veille, Jaredm’a rapporté quemonsieur Spencer voulait justement que « le retour à la caseprison»fasseréfléchirTravissurseserreurs.

Jen’enrevienstoujourspas.

JecroisTravis,toutcommeNinasemble,àprésent,luidonnercrédit.ElleacomprisqueSeanluivoulaitdumaletqu’ilavaittoutorchestrépourlepousserauboutdeseslimites.

Etcetenfoiréyestparvenu.

Je secoue la tête, refusant d’ypenser davantage.Cela fait plus de cinqheures quenous sommesressortiesbredouilles,avecNina,ducommissariat.Nousyavonsététôtdanslamatinée,espérantquenouspourrionsparleravecTravis,maislesagentsdepoliceontrefusé.

Je pousse un énième soupir etme lèvedu lit avecdifficulté.Mon attellemepèse et j’ai hâte del’enleverpourdélivrermajambe.Heureusementquelesdouleurssontmoinsfréquentes.

Debout, je fais quelquespasdansmachambre etmedirigeversmonbureauoù j’ai laissémontéléphoneportable.Jel’attraped’ungestevif,remarquantquej’aireçuunmessageenapercevantlapetitelumièrevertequiclignote.

C’estTravis.

MoncœurmanqueunbattementavantdeseserrerdouloureusementàlalectureduSMS.

Jevaisbien.Désolé,maisjequittelavillependantquelquetemps.Jet’appellerai.

Non!

Uncriétranglévientdem’échapper.Jem’arrachelescheveux.

Ilnepeutpaspartir,cen’estpaspossible.

Jen’hésitepasuninstantet luiréponds.Lesdoigts tremblants, jepianotesur leclavier,pestantàvoixbasselorsquejemetrompedetouche.

Travis,rentreauloft,s’ilteplaît.Ilfautquenousparlions.

J’attends une éternité de recevoir une réponse. Les secondes et lesminutes s’écoulent. Ellesmesemblentdevenirdesheures.Irritéequ’il refusedemeparler, j’envoieunsecondmessage,pensantpeut-êtrelerassurer.

Ninam’aditlavérité.Jesaistout...S’ilteplaît,rentre.Tun’aspasàfuir.Ons’inquiètepourtoi.

Jegrimace,peuconvaincuequeçalefasserevenirsur-le-champ,maisjel’envoietoutdemême.

Quinetenterienn’arien.

Plusieursminutespassent…

Jen’enpeuxplusd’attendre.Jetentedel’appeler,maisjetombedirectementsursamessagerie.Jefermelesyeuxetmerendsàl’évidence:ilaéteintsonportable.

J’hésitependantuninstantàprévenirNina.Jemedemande,detoutefaçon,siçachangeraitquelquechose.Camilleestlàcommelerestedescolocatairesetjenesaispassiceseraitbienqu’ilssoienttousaucourantqueTravisnerentrerapas.

Alors,jetenteànouveaudel’appeler,maismatentativeresteinfructueuse.Cettefois,l’agacementmonteenmoietjedécidederetrouverlesautrespourlesinformerdumessagedeTravis.

Quandjedescendsausalon,jeremarquelesvisagesgravesdeNinaetJared.CamilleetCalvinontdisparu,jenelesvoisnullepart.

Oùsontlesautres?lesinterrogé-je,lessourcilsfroncés.

Ninabaisselesyeuxethausselesépaules.

IlssontpartisvoirSean,m’informeJared.

Surprise,jeplisseleregardetrejoinsNinadanslecanapé.

Pourquoifaire?

Camillea rencontréConrad,unamideSean, et il lui a expliquéquemon frèreaurait tentéderendrejalouxTravis,c’estpourquoiilauraitpétéunplombàlafête.

Quoi?Mais…

Jeme tais et fixeNina quime considère d’unœil étrange. Elle semblem’en vouloir pour uneraisonquej’ignore.

Jenecomprendspas,soufflé-jeavantdeserrerleslèvres.

Je pense au contraire que tu comprends tout, Sarah ! s’exclame-t-elle en se levant d’un bond.Commentj’aifaitpournerienvoir?Bordel,Sarah!Tum’asditquemonfrèrenet’intéressaitpaset…tuascouchéaveclui,n’est-cepas?

Jepiqueunfardetfermelespaupières.JesensJaredquis’agite.J’ouvrelesyeuxaumomentoùils’éclipsedelapièce,sansdoutepournepasêtretémoindeladisputequiestprêteàsurgiravecmameilleureamie.

Je…suisdésoléedenet’avoirriendit.

Bordel,Sarah!Jepensaisquetuétaismonamie!s’écrie-t-elle,visiblementfurieuse.

Nina…

Ellelèveunemainpourm’arrêter.Ellerefusedem’écouter.Alors,jebaisselatêteetfixeunpointimaginairesurcetteputaind’attellequejevoudraisarracher.

SeanauraitaffirméàConradqueTraviss’estenvoyéenl’airavecunefillepourgagnerunparietilauraitunevidéopourleprouver.Nemedispasquec’esttoi!

Mesmainssemettentàtrembler.Jen’aipasbesoinderépondre,jesaisqu’elleconnaîtàprésentlavérité.

Commentpeux-tuêtreaussistupide!grogne-t-elle,visiblementtrèsencolèrecontremoi.Jet’aiditdenepast’approcherdelui,bonsang!Travisn’estpasunmecpourtoi!

Cettefois,jenepeuxplusmetaire.Jedoisréagir.

Ton frère fait peut-être beaucoup d’erreurs, Nina, mais c’est Sean qui a mis en scène cettehistoire!Travisn’ajamaisfaitdeparimeconcernant!

Ettuledéfends!s’écrie-t-elle,outrée.

Jeme lèveàmon tour etmedéplaceengrimaçant jusqu’à ceque je la rejoigneprèsde labaievitrée.

Nina…je…pensequejel’aime.JesuisamoureusedeTravisetj’allaisteledire,luiavoué-je,leslarmesauxyeux.À l’hôpital, tum’asditqu’ilpouvait changer…j’ai cruque tuavaisdevinépournousdeuxet…

Unrirenerveuxs’échappedesagorge.Jelafixe,lecœurserré.

Tuessinaïve,Sarah,dit-elleensecouantaveclassitudelatête.Monfrèresecomportemalaveclesfillesetj’imaginequetusaispourquoiàprésent.Ilnepeutpasaimer…tuensouffriras.

Je le sais,murmuré-je engardant la tête haute.Ceque je ne comprendspas, c’est pourquoi turefusesdevoirquiilestvraiment?C’esttonfrère,Nina,ilaledroitd’êtreaimé.

Elleclaquelalangue,agacée.

Nina!larattrapé-jeavantqu’ellenes’échappedelapièce.

Ellesetourneversmoietmefoudroied’unregardnoirdecolère.Monsangseglacedanschacunedemesveines.

Jesuisvraimentdésolée,j’aiessayédeteledire.Mais…tuassansdouteraison,jesuispeut-êtrenaïve,Nina…

Arrête!mecoupe-t-elled’untontranchant.Leplusimportantàprésent,c’estd’espérerqueSeandonnecettevidéoàCalvinetCamille.

Jeplisselesyeux,unétrangepressentimentmonteenmoi.

Pourquoi?luidemandé-jeavantdedéglutirpéniblement.

D’aprèssonpote,Seanveutlamettreenligne.ToutlecampusauralapreuvequeTravisestunsalauddepremière,mêmesitoutlemondelesaitdéjà,maisçarisquedeluicoûterchersielletombeentredemauvaisesmains.

Jesenslesolsedérobersousmespiedsàcetteinformation.Cen’estpaspossible,onnepeutpaslaisserSeanrendrelasituationplusdifficilequ’ellenel’estdéjàpourTravis.

Soudain,lamainqueposeNinasurmonbrasmesortdemaléthargie.Jeplongeleregarddanslesienetbredouille:

Il…ya…quelquechosequejedoistedire.

Elleplisselesyeuxetavancesonvisageverslemien.

Qu’est-cequ’ilya?Sarah?

Je baisse le regard et lui tends mon portable, la laissant prendre connaissance elle-même dumessagequeTravism’aenvoyé,carjenetrouvepaslesmotspourluiannoncermoi-même.

Ungrognementsourds’élèvedesagorge.Ellerelèvelatêteetprononcequelquechosequejenecomprendspas.

Tuasuneidéeoùilpeutêtre?

Ellesecouelatête.

Jel’observesanssavoirquoidireouquoifaire,tandisqu’ellecommenceàfairelescentpasdanslapièceenprenantsonvisageentresesmains.

Puis,quelquesminutesplustard,ellesembles’êtrecalméeets’installesurlecanapé.Jelarejoinsd’unpashésitant.Ellefixemajambeetrelèvelesyeuxpouratteindrelesmiensavantdepesteràvoixhaute:

Bordel!Tusavaispourlavidéo!C’est…lesoiroùtuaseutonaccident,c’était…

Jememords l’intérieur de la joue si fort que je sens le goût du sang envahirma bouche. Leslarmesmemontentetjeneparvienspasàlesretenirpluslongtempsavantqu’ellesnecoulentlelongdemesjouesmeurtries.

Merde,souffle-t-elleavantdeseleverd’unbond.

Jen’aipasletempsderéagirqu’ellem’attirecontreelleetmeserredanssesbras.Etlà,jefondsenlarmes,lâchantlessanglotsquimepèsentdepuistoutcetemps.

Jenesaispaspourquoijememetsàpleurerainsi,danslesbrasdemameilleureamiequej’aicruperdre,pendantun instant.C’estpeut-être l’appréhensionde leperdre luiaussi,à jamais, jenesaispas…

Toutefois,jetrouveassezdeforcepourbalayerleslarmesdemesjouesd’unreversdelamancheetmedétachedesonétreinte.

Jeconstate,enlevantlesyeuxverselle,qu’elleestaussiabasourdiequejelesuisparlesémotionsquinousbouleversenttouteslesdeux.

Jeculpabilisede luiavoircachémarelationavecTravis,de luiavoirfaitdumalégalement,carellesouffre.Seslarmeslatrahissent.

Jesuistellementdésolée,Nina,murmuré-jed’unevoixsincère.

Ellehochelatêteetm’attireànouveaudanssesbras.

Moiaussi,jelesuis.Tuasraison,Sarah…j’aiétéunemauvaisesœur…

Ellefaitunpasdereculetprendsmesmainsdanslessiennes.

Jeveuxquetumeracontestout.Dis-moicequis’estpassélesoirdetonaccident.

Jememetsàdéglutirpéniblementetacquiesced’unhochementdelatête.Ellearaison,jevaistoutluidire.Jeluidoisbiencela.

CHAPITRE3

*Sarah*

Pendantplusd’uneheure, je raconteàmonamiecequis’estpassé lesoirdemonaccident.Ellesembled’abordincrédulepuissecouelatêteavantdelâcherunlongsoupirderésignation.

Ettupensesvraimentquetul’aimes?

Je…nesaispas.Oui,jelecrois,maisilestcompliquéet…

Tuasraison.Travisesttropcompliquéàvivre,Sarah!Etpuis,tuasunpetitami.Jesaisquecen’est pas la grande joie entre vous, mais mon frère ! clame-t-elle, visiblement horripilée en ysongeant.Jel’aime,tusais,mais…jenepeuxpasoublierquemameilleureamieamisfinàsesjoursàcausedelui.Jeneveuxpasteperdreet…j’ail’impressionquec’estdéjàfait.

Biensûrquenon,murmuré-je,émueparsonaveu.Tunemeperdraspas,Nina.

Àunmomentouunautre,ilsemettraentrenous.Ilnecomprendpaslesensdel’amitiéetencoremoinsdel’amour.

Jememordille la lèvre, bien tropblessée intérieurementpourpouvoir lui direque cen’est pasvrai.

Jenepeuxpaslecroire.

Toutefois,toutestdesafaute!

Travis s’est bien trop renfermé sur lui-mêmedepuis des années et il a laissé les genspenser cequ’ilsvoulaientbiendelui,aulieudeleurprouveràtousqu’ilssetrompaient.

S’il enlevait cette carapace, tout serait beaucoup plus simple. Je ne serais pas la seule à le voircommejelevois:siattentionnéetdouxàlafois.

Sarah…promets-moid’yréfléchir,s’ilteplaît.Avantqu’ilnesoittroptard.Travisestpeut-êtremonfrère,maiscen’estpasquelqu’unpourtoi,ilneteméritepaset,crois-moi,j’ensuisvraimentdésolée.

Mais…

Ellelèveunemainpourm’interrompreavantdelaposersurmesdoigtstremblantsquejetrituredepuisdelonguesminutes.NoussommestoujourssurlecanapéàpatienterenattendantleretourdesautresetjeremerciesilencieusementJaredd’avoireuladélicateattentiondenouslaisserseules.

Jenesaispasdire,àcetteminute,commentjemesensréellementaprèsavoirracontéàNinatoutelavéritésur«lecouple»quejeformeavecsonfrère…sionpeutappelercelauncouple.

Toutefois,jesuissoulagéedeneplusdevoirluimentir.

Jegarderaiçapourmoi, ilnefautsurtoutpasqueCalvinsoitaucourantde lasituation,car jedoutequ’illuilaisseraunechancedeplus.

Jecomprends,murmuré-je,merendantcomptequelesdifficultéspourêtreavecluis’accumulentpeuàpeu.

Ninaasûrementraison.Ilestvraiquenotrerelation,àTravisetmoi,adébutén’importecomment,pouruneraisonbienprécise:lesexe.

Riend’autre…

Etvoilàquejemesuisentichéedecemauvaisgarçonquisemblefairesouffrirtoutlemondedansunrayondecinqkilomètres–etpeut-êtreplus.

JeserrelesdoigtsdeNinaentrelesmiensetinspirelonguementavantdeluiavouer:

J’aiprislerisquedel’aimer...

Tu as aussi pris celui de le perdre, Sarah. Travis ne temérite pas. Promets-moi d’essayer det’éloignerdelui.

Je baisse les paupières humides et opine de la tête. Nina a raison, notre relation était vouée àl’échecavantmêmequ’ellen’aitcommencé.

Alors, lecœurdouloureux, jeplongeleregarddansceluidemameilleureamieetprononcelesmotsqu’elleattenddemoi:

Pour le moment, ce ne sera pas difficile, il a disparu... lui rappelé-je avant de déglutirpéniblement,maisjeteprometsd’essayer.

Elleopineduchefetfroncelessourcils.

Jemedemandeoùilapualler.

Tun’enasvraimentaucuneidée?EtCalvin,tupensesqu’ilsauraitoùletrouver?

J’endoute…murmure-t-elle,réfléchissantàl’endroitoùils’estcaché.

Soudain,lasonnerieduportabledeNinas’élèvedanslapièce.Dansungesterapide,ellel’extirpedesapocheetchuchoteàmonadresse:

C’estmonpère.

Jemecrispedetoutesparts,espérantqu’ilappellepourdonnerdesnouvellesdeTravis.Ninanesemble pas gênée de prendre la communication en ma présence. Au contraire, elle exerce unepressionsurmamainqu’elletienttoujoursdanslasiennecommesielleavaitbesoindesoutien.

Jefaiscequejepeux.

Tendant l’oreille, j’écoute la voix demonsieur Spencer quime parvient difficilement. Sesmotssonthachésetjenepeuxsuivrelaconversation.

Toutefois,Nina lui répliquesurun tonsec,acerbe.Jecomprendsalorsqu’ilssonten traindesedisputer.Pendantquelesminutesdéfilent,jeprendsconsciencequeNinaaimevraimentTravis.Elleprendsadéfensecommeellelepeut,dumoins,quandsonpaternellalaisseparler.

Soudain, lorsque j’entends Nina demander à son père où Travis se trouve actuellement, je meconcentre,plissantlesyeuxenlesplongeantdanslessiens.

Ellesecouelatête,dépitée.

Iln’aaucuneidéed’oùsetrouvesonfilsetuneinquiétudeirritantem’envahit.J’aipeurqu’ilfasseuneconnerie.Travisestdugenreàsefairedumals’ilsesentpiégé,aubordd’ungouffredanslequelilestquasicertainêtreenfermépendantuneéternité.

Cependant, jeneme laissepasenvahirparce sentiment impuissantdevidequi renddouloureuxchacundesbattementsdemoncœur.Jenepeuxpasêtre faibleàcet instant tandisqueNinasembleretenirunecolèreégaleàcellequej’éprouvetoutaufonddemoi.

D’ailleurs,elleélève le tonet fait lapromesseàsonpèrequesiSeanrecommenceàsemontreraussiodieuxetsournois,ilauraaffaireàelle.

Jenepeuxretenirlepetitsouriredesatisfactionquiétiremeslèvres.J’appréciegrandementqu’elleserangeducôtédeTravis.Malheureusement,iln’estpasprésentpourlevoir,c’estbiendommage,carjesuiscertainequecelal’aideraitàavancer.

LorsqueNinametfinàlaconversationavecsonpère,jen’aipasletempsdeluidemandercequ’ilenestquelaported’entrées’ouvreengrand.

Camille et Calvin pénètrent dans le salon, une expression d’inquiétude et de désolation sur levisage. D’un même mouvement, Nina et moi nous levons du canapé quand je prends consciencequ’unetroisièmepersonnesedirigeversnous.

L’enfoiré!

JenepeuxretenirpluslongtempsmacolèreetfoncesurSeanquisetientdebout,prèsdeCalvin,unfaiblesourirearrogantauborddeslèvres.

Rageusement,j’abatsmespoingsavecviolencesursontorseetgronde:

Qu’est-cequetufaisici?

Le son de ma voix, qui passe entre mes dents serrées, exprime la répulsion qui m’anime.Heureusementpour luiCalvinsemetentrenousetmedemandedemecalmer–ceque jen’arrivetoutefoispasàfaire.

Cependant, je recule d’un pas et serre les poings, plantantmes ongles dans les paumes demesmains.L’espaced’uninstant,lechocselitsursonvisage,maistrèsvite,ilreprendsonairsupérieur.

J’airamenélavidéo,dit-ild’untonneutre.

Tous les muscles de mon corps frémissent d’indignation tandis qu’un sourire condescendanteffleureseslèvres.Ninasembleaussiindignéequejelesuis,elles’avanceversluiettendlamain.

Ilsemblehésiteruninstantavantdeplongerlesdoigtsdanslapocheintérieuredesaveste.Quandil en sort une carte mémoire, je bouscule légèrement Calvin et me rapproche de Sean pour luidemander:

Quinousditquetun’aspasfaitdecopie?

Ilsecouelatêteavantdelâcherunriremesquin.

Personne,tudevrasmecroire.

Surce,ilplacelacartedanslapaumedesasœur.Ninalaprendentresesdoigtsetl’observeavantdejeterunœilversCalvin.

Visiblement, ils avaient conclu de faire quelque chose bien avant son départ avecCamille pourchercherlavidéo.

Sousmesyeux,Calvinprendlacartemémoireetlamanipuleentresesdoigtsjusqu’àcequecelle-cisecasse.

Onnetelaisserapasfaire,Sean.JenesaispascequetuascontreTravis,maisc’estnotreami,ditCalvinenlefixantd’unregardfroid.

Jaredapparaîtdenullepartetintervient:

Ila raison.Onnevapas te laisser faire.Toiet tesputainsdecoupsendouce,c’est terminé, tupeuxtecasserd’icietn’yremetsjamaispluslespieds.

Jerefoulel’enviedeluirireaunez.Seandéglutitpéniblement,jemepencheverslui,histoiredenerienmanquerdesonmal-être.

Ilcroisemonregardetlesoutient,unepointedecolèredanssespupilles,maisjem’enfiche.CeconnardacausébeaucoupdetortàTraviset,parsafaute,j’aieuceputaind’accident.

Tuessourd?luidemandé-jed’unevoixsarcastique.

JesensqueNinaaagrippémonbras,maisjenebaissepaslesyeuxfaceàSeanquimedévisage,visiblementfouderage.

Tuesvraimentstupideouquoi?Tun’asriencompris!s’exclame-t-iltoutàcoup.

Iln’yarienàcomprendre,répliqué-jesansluilaisserletempsdecontinuer.Tuasessayédefairetombertonproprefrèrepourjenesaisquelleraisonetcen’estpaslapremièrefois!Travisestsansdouteunsalaudcommetuledis,maistuespirequelui!

Il avale sa saliveet son soufflen’estplusqu’un frémissementhésitantquand il acquiesceàmoninsulted’unhochementdelatête.

Trèsbien…murmure-t-ilenfaisantunpasderecul.

Ilnousobservetousàtouretarboreunpetitsourire,feignantd’avoirgagnélapartie.

Ilvaudraitmieuxquetupartes,Sean,lanceNinaenserrantmonbrasentresesdoigts.

Sean considère sa sœur pendant un instant comme s’il s’apprêtait à la combattre à la secondesuivante,maisiln’enfaitrien.Detoutefaçon,ilvautmieuxpourlui,carjedoutequeCalvinlelaisses’enprendreàNina.

Et,tandisqu’ilsetourneets’avanceverslaportepourquitterleloft,monsangseglaceensentantqueCalvinglissedansmamainlesdeuxmorceauxdelacartemémoire.

CHAPITRE4

*Travis*

Ilyabien longtempsque jen’aipasemprunté les transportsencommun.Cependant, jen’aipasprislapeinederentrerauloftpourprendremamoto,jeneveuxpasvoirnicroiserpersonne.

J’aibesoinderéfléchiràtoutça,demeretirerdetoutlemondependantquelquesjours,histoired’yvoirplusclairet surtout,comprendre les raisonspour lesquellesSeanetmonpèreveulentmefairetomberàcepoint.

Lebusémetungrondementlorsqu’ils’arrêteàmonarrêt.Jepousseunlongsoupiretdescendsduvéhiculeavantderegarderdesdeuxcôtés,l’interminableavenueoùhabitemamère.

Un sentiment pesant et excitant à la fois monte dans ma poitrine, mais j’arrive à garder uneexpressionneutrequandjemedirigeversl’habitationuniquequirègnesurlarouteReynolsAv.

RoseHillestunepetitebourgadeoùl’onpeutcompterlenombred’habitantssurlesdoigtsdelamain.Mamèreviticidepuissaséparationavecmonpaternel.Elleditqu’ellesesentmieuxdanscetendroit,loindetoutelapopulationexcentriquedeL.A.

J’aimeraislacroire,c’estd’ailleurspourcetteraisonquej’aidécidédevenirluitenircompagnie,espérantquel’isolementmeseraprofitable.

Lamaisonressembleplusàuncottagedecomédieromantique.D’ailleurs,elleaétélouéepourletournagedeTheholidayavantquemamannel’achète.Lorsqu’ellenousaannoncé,àmasœuretmoi,queCameronDiaz avait cuisinédans sacuisine,dormidans lapièceoùelledort àprésent, j’avaiséclaté de rire, me foutant royalement que la célèbre comédienne ait sans doute été chier dans lesmêmeschiottesqu’elle.

Toutefois,jen’arrivepasàoublierl’enthousiasmedemamanpourcettemaison.Jesaisqu’elles’ysent bien et qu’elle a pu repartir à zéro après tout lemal quemon père lui a fait. Elle lemérite,sincèrement.

Etc’estavecuneappréhensionmonstrueusequejemetiensdevant laported’unrougedélavéetpoussiéreux,àcausedecettefoutueroutecaillouteuse.Dansl’allée,lavieilleCamarobleuede68estgarée.Jesuissoulagéqu’ellesoitencoredanslemêmeétatqueladernièrefoisoùjel’aiconduite.

Çafaitunbailquejenesuispasvenuluirendrevisite,ellemelereprocherasansdoute.Jesuisprêtàfrapperpourluiannoncermaprésence,maisj’aiunmauvaispressentiment.Jenesaispasce

quisepassedansmatête,maisjeprendsencorequelquesminutesetmedirigeverslebancqu’onainstalléilyadeuxans,prèsdelafenêtre.

Jecherchedansmespochesetpestequandjemerendscomptequejen’aiplusuneseulecigarette.J’aienviedefumeretj’ailaflemmedefairecinqkilomètresàpiedpourm’enacheter.

Qu’est-cequim’aprisdevenirdanscetrouperdu?

Jesoupire, irritéparmaréflexiondébile,etdécidequ’ilest tempsdefrappercontrecettefoutueporte.

J’attendsquelquesminutesavantquemamèreveuillebienouvrir.Jeplaqueunsemblantdesouriresurmeslèvresenvoyantsonvisagedevantmesyeux.

Elleestbelleetaussifraîchequedansmessouvenirs.

Salut,murmuré-jeenentrant,n’attendantpasqu’ellem’yinvite.

Travis!Qu’est-cequetufaisici?

Jelèveunsourcilnarquoisetladévisage.

J’auraisdûappeler?

Non,non,mais…jesuissisurprise!s’exclame-t-elleenpassantunemainsursonvisage.

Tunerêvespas,jesuisbienlà,commenté-jed’untonmoqueur.

Ellehochelatêtetoutenmedévisageantdebasenhaut.Jenesaisplusexactementdepuiscombiendetempsjen’aipasmislespiedsici,maisj’aipassélessixmoissanslavoir,ça,c’estcertain.

Tum’astellementmanqué,mongarçon!clame-t-elle.

Merde…

J’aperçoisleslarmesemplirsesyeuxetjedétesteça.Jemedétourned’ellealorsqu’elleétaitsurlepointd’approcher,sansdoutepourmeprendredanssesbras,maisjerefusetouteeffusion,ellelesaittrèsbien.

Jeme dirige vers lemur où est accroché un écran plat dernier cri.Des photos deNina etmoi,enfants,trônentunpeupartoutsurlemurenguisededéco.

Travis…

Je ferme les paupières, son murmure me fend le cœur, mais quand je me tourne, je plaque ànouveaucesouriresarcastiquesurleslèvres.

Çatedérangesijerestequelquesjours?

Ellesemblesurprise,maisellesecouelatêteenm’affirmantqu’elleenseraitheureuse.

Jen’aipaseuletempsdeprendremesaffaires…

Ilyenaencoredanstachambre.

Je suis légèrement étonnéqu’elle n’ait rien jeté. Je la regarde, l’interrogeant avecde gros yeuxronds.

Tasœurarefusédechangerdechambre.

Pourtant,ellevoulaitlamiennedepuisunbonboutdetemps.

Jesais,dit-elleenhaussantlesépaules.

Unblanc s’installe entrenous,puismamèredécidedemeservirun soda. Je la laisse se rendredanslacuisineetm’installedanslecanapéensoupirantlourdement.

Quandellerevient, je l’observe tandisqu’ellepose leplateauavecdeuxsodassur la tablebasse.Mamann’apaschangé,elleesttoujoursaussiélégantemêmevêtueainsi–d’unpantalondejoggingetd’undébardeurnoir.

Tudevaisêtreoccupée,jetedérangepeut-être?luidemandé-je.

Non,jeviensdefinirmaséancedeyoga,net’inquiètepas.

Jerouledesyeux,pensantqu’elleavaitcessécettepratiquequi,visiblement,l’aidetoujoursautantàresterzenaprèstoutl’agacementetlacolèrequ’elleaéprouvésàcausedemonpère.

Dis-moi…lance-t-elled’untonpeuassuréens’installantenfacedemoi.

Quoi?

Je…tasœursaitquetuesici?

Non,etjevoudraisquetuneluidisesrien.

Ninaest toujours restéeencontact avecmaman.Elles sevoient autantquepossible,maisdepuisqu’elle a emménagé dans le loft, ses visites sont moins fréquentes. Cependant, je suis au courantqu’elle lui téléphone aumoins une fois par semaine, histoire de ne pas couper le lien. Et je suisconvaincuqu’elleestaucourantdecequisepassedansmavie.

Ninaetsagrandelangue…

Commentvontlesétudes?medemande-t-ellealorsquejeboisunegorgéedusoda.

C’estcool.

Ellesourit,n’insistepaspourensavoirplus.

Çameva.

Jesuisvraimentcontentequetusoisvenu.Çafaitunmomentquejen’aiplusdenouvelles.

Jesais…maisjen’aipasletempspourça.

Travis!Pourquoinepasmerépondrequandj’appelle?Situm’enveuxencorepour…

Pourquoi,maman?insisté-je,irrité.

Elle se ferme et j’en suis satisfait. Je sais, je suis un gros connard, mais de ressasser le passén’arrangerapasleschoses.

Tasœurm’aditquetuvivaisavecelleetdesamis.J’espèrequelacolocationsepassepour lemieux…àmoinsquecesoitlaraisonpourlaquelletuesici?

Non,çan’arienàvoiraveceux.

Donc,ilyabienuneraison!grogne-t-elle,visiblementagacéeparmoncomportement.

Jeredresselatêteetl’observe.J’ail’impressiondevoirNinaenplusvieille.Ellesseressemblentbeaucoup,etmêmequandelleestoffusquée, les lèvresdemaman tremblentcommecellesdeNinaquandjelapousseàbout.

J’esquisseunsourireàmaconstatationmentaleetvided’untraitleverredesoda.Dommagequecenesoitpasdel’alcool,j’auraisbesoind’unbonverredescotch.

Maman,tunepeuxpastecontenterd’êtreheureusequejesoisici?luidemandé-jeenarborantundouxsourire.

Bien sûr que si, mon chéri, mais… je veux savoir ce qui se passe, je te connais mieux quepersonneetsituesici,c’estquetuasressentilebesoindeteréfugier,defuirquelquechoseouunepersonne.Jemetrompe?

Merde!

Lâche-moi,tuveux,jesuiscrevé.

Ellerouledesyeuxetjem’enamuse.

Tunevaspastevexer,hein?Tusaistrèsbienquejen’aipasenviedeparler.

Tuneveuxjamaisparler,Travis!gronde-t-elle.

Visiblement,elleesténervée.Cependant,jenelacontrariepasetmelèveavantdemedirigerversl’escalier.

Travis!merappelle-t-elleàl’ordre.

Jem’immobiliseetfroncelessourcils.

Jesuisaucourantdetonarrestation.

Unfrissonmeparcourtdetoutesparts.

Ellenepeutlafermer,tafille?

Cen’estpasellequimel’aappris.

Surpris,jemetourneversmamèrequis’estlevéeàsontour.Elles’approchedemoisanscilleruneseuleseconde.

Cefilsdeputet’aappelée?

Ils’inquiètepourtoi!

Tuplaisantes?hurlé-je,furieuxqu’elleosedireunetellechose.

Ellegarde les lèvres serrées tandisque lacolèrem’enveloppede toutesparts. Je faisdemi-tour,prêtàquittercettemaison.

Qu’est-cequetufabriques?

Jemetire!grogné-je.Sij’avaissuquetuparlaisencoreaveclui,jeneseraisjamaisvenuici!

Attends!hurle-t-elleenm’agrippantparlebras.

Je ne parle pas avec lui ! J’ai reçu un message en disant que mon fils avait encore fait desconneries ! Je n’ai pas répondu, j’allais justement contacter ta sœur pour en savoir plus. Mais,maintenantquetueslà,tuvasposertonculsurcefauteuilettuvastoutm’expliquer!

Une longueminutes’écoulesansque jenepuisse trouver lesmotsàprononceraprèscequ’ellevient deme balancer. Sous le choc, je reste là, à la fixer comme si découvraismamère pour lapremièrefoisdemavie.

Bouge!grogne-t-elle.

Je hoche enfin la tête et m’avance vers le canapé en me disant que ma présence a bien dûinterrompresaséancedeyoga.

CHAPITRE5

*Travis*

Jemarche en direction du seul bureau de tabac de Rose Hill. Je suis sorti il y a cinqminutes.J’auraispuprendre laCamaro,commemamèreme l’aproposé,mais j’aibesoindemarcher.J’aibesoindemeviderlatêteaprèsavoirdiscutéavecmamèrependantunebonneheure.

D’ailleurs,jen’enrevienspasd’avoirtenuaussilongtemps…nid’avoirracontétoutcequis’estpassépourquejemeretrouveici.S’ilssavaient,mespotesdiraientquejesuisqu’unfilsàmamanquipartseréfugiersoussesjupesàlamoindrecontrariété.Maisc’estfaux.J’aijustebesoindeprendrele temps de réfléchir, de m’isoler de mes amis, des gens que j’aime, afin d’affronter mes vraisdémons.Etpuis,jedoisbienavouerquejesuispartipourm’éviterlaprisonàvie…parceque,sijecroiseSean,jerisquedenepasmecontenterdeluibousillerleportrait.

Cefilsdeputeaététroploin.

Lepire,c’estqu’enréalité,jemefousdeconnaîtrelesraisonspourlesquellesildésireàcepointmemettrehors-jeu.Pourtant,plusieursexplicationssesontimmiscéesdansmatête,lefaitestqu’ilestcertainementamoureuxdeSarahoualors,qu’ilapeurquenotrepèresoitdemoncôté.

Çanesepasserajamaisainsi.

Papan’ad’yeuxquepourSean.Depuislarévélationqu’ilafaiteàmamère,desannéesplustôt,iladécidédevivreavecFabiolaetsonrejeton,nousmettantdecôté,mamère,Ninaetmoi,sansaucunscrupule.

Mamèreabeaucoupsouffert,ainsiqueNinaquin’ajamaissupardonnerànotrepèrecettedoublevie.Quantàmoi,jefaisminedem’enfoutre,quecenesontpasmesaffaires,maisiln’enestrien.J’ai eu,par lepassé– surtoutquand jevoyaismamanetNinaenpleurs–,desenviesdemeurtres.Évidemment, je ne suis jamais passé à l’acte, et jeme dis que j’aurais sans doute dû y remédier,personned’autren’auraitsouffertdavantageparsafaute.

EncequiconcerneSarah,lamoindrepenséed’imaginerqueSeanpuisseêtreamoureuxd’ellememethorsdemoi.Toutefois, jepeux le comprendre : elle estbelle, intelligenteet semble si fragilequ’onsedoitdelaprotéger.MaisSeannelaconnaîtpas.Sarahestbeaucoupplusfortequ’ellen’yparaît.

J’esquisseunsourireetdonneuncoupdepieddansunepetitepierrequiroulesurlaroute.Depuisdixminutesquejemarche,jen’aipasencorecroiséuneseulevoiture.

Je ressasse mentalement la conversation que j’ai eue avec maman, et je n’en reviens pas ducaractèrequ’elleaprisdepuiscesderniersmois.Ellen’apasmisdegantspourmedireleschosesetquejedevaischangerdecomportementsijevoulaisfairequelquechosedemavie.

Jel’aiécoutéesansriendire.

Unexploit.

J’ai encaissé chaque reproche, chaque commentaire surma façon de dire les choses lorsqu’unepersonnemebraque.Etétrangement,avecelle,pour lapremière foisdemavie, jenemesuispasferméetj’aiécoutécequ’elleavaitsurlecœur.

Puis, laconversations’estaniméeautourdeSarah lorsqu’ellem’ademandési jeconnaissais lesraisonspourlesquellesNinan’étaitpasvenuechezelle, lorsdesdernièresvacances.Jeluiaidit lavérité,quenousétionspartisàAbilenepourchercherSarahaprèssonaccidentdelaroute.

Évidemment,elleasemblésurprisequejem’inquièteautantpourcettefille,etjeluiaiavouésansdétourquenousavionsunerelation–purementsexuelle.

Pourtouteréponse,ellearegardéleplafondavantdel’admirerpendantquelquessecondes.Puis,elles’estlevéeets’estapprochéepourmetenirlamainavantdesemettreàdélirer.

T’esamoureuxdecettefille.

Ce n’était pas une question, plutôt une affirmation à laquelle j’ai répondu par un juron. Uneréprimandes’enestsuivie.

J’aimeassezlamèrequ’elleestdevenue.Toutaumoins,jem’enamuse.Elleessaiedeprendreunairautoritaire,maisquandmonregardcroiselesien,j’aijustel’impressionqu’elletentedeparaîtreainsi.Ilenesttoutautre,etnouslesavonstouslesdeux.

Cependant, j’ai joué le jeuet aiprésentémesexcusespour les insultes.Elle les a acceptées sanshésiter. Je lui ai demandé de garder secrète ma présence chez elle. Elle n’a pas refusé, j’en suissoulagé.

Lenomdemonpèreaétéévoquéàplusieursreprisesdansnotreconversationet je luiai fait laremarquelorsqu’elleasortiunemultitudedenomsd’oiseauxpourlenommer.

Elleari,jel’aisuiviedanssonamusement,maisnoussavionstousdeuxquelecomportementdemonpèrenousblesseencoreaujourd’hui.

Jepasseunemainsurmonfrontpouressuyerlesgouttesdesueurquicollentàmapeau.Ilfaittrèschaud,l’airestpresqueirrespirable.Cependant,jenem’arrêtepas,mêmesiunedouleurbroiemoncôté gauche. J’ai cessé de regarder ma montre, mais ça fait bien une demi-heure que je marche.J’auraisdûaccepterdeprendrelabagnole.

Unpeuplustard,auloin,j’aperçoislapompeàessence,lebureaudetabacsetrouvetoutjusteàcôté.Jepresselepas,impatientd’atteindremonbut.Quandj’yarrive,j’achèteaussitôtdeuxpaquetsdeclopesetunebouteilled’eau.Jesorsetenboislamoitiépourm’hydrater.

À côté, un véhicule à la pompe attire mon attention. Je m’avance et esquisse un sourire enremarquantlemodèledelacaisse.UneCamarode68.Celledemamère.

Jemedirigeversellequandellesortdelaboutique.

Qu’est-cequetufouslà?luidemandé-je.

Ellemefaitdegrosyeuxetjebaisselatêteengrimaçant.

Nemeditespasqu’ellevajouerlamèreautoritaireH24?

J’avaisbesoindefairelepleinetjemesuisditquetuenauraisassezdemarcher.

Ah…

Allez,monte,onvamanger!

Je laconsidère sansbougeret fronce les sourcilsà lavuedu largesourirequ’ellearbore. Je latrouveaussijoliequedansmessouvenirsd’enfance.

Alors,tutedécides?melance-t-elled’untonamusé.

Jehochelatêteetsourisenmedirigeantverselle.

Jepeuxconduire?

Tuasrefusédelaprendre,mongarçon.Jet’emmène,monte!

Oùm’emmènes-tu?

Manger,dit-elleens’installantderrièrelevolant.

Elleclaquelaportièreetmetlecontact.

Je roule des yeux, me demandant où elle compte aller. Cependant, je m’installe à son côté etm’allumeuneclope.

Pasdanslavoiture!grogne-t-elleenfaisantdegrosyeux.

Jesoupire,agacéetouvrelavitre.

Jefumedehors,répliqué-je,laregardantd’unairmoqueur.

Elle ne s’offusque pas et appuie sur l’accélérateur avant de prendre la direction d’HaciendaHeights.

***

*Nina*

J’aivraimentétéconneden’avoirrienvu.Etaussilapiredesidiotesdem’êtrerangéeducôtédetouslesautresàlaplacedesoutenirmonfrère.

Jem’enveux,surtoutquemameilleureamiesouffredelasituation.Aprèsl’épisodedeSeanetdecetteputaindecartemémoire,Sarah s’est enferméedans sachambreet refusede rester avecnouspourledéjeuner.

Calvinatentédetempérerleschoses,maisellessontbienplusgravesquecequ’ilprétend.

MonpèreaoséseretournercontreTravis,sonproprefils.JedétesteSean,etc’estdesafaute.Luiquipensaitquenousformerions,unjour,unegrandefamillerecomposée,ilpeutsemettrel’idéeoùjepense.JamaisjeneconsidéreraiSeancommeunfrère,pasaprèstoutlemalqu’ilacausé.

EncequiconcerneSarah,iln’estpasleseulresponsable,évidemment.Travisestlepremier,maisjenesuispassurprisedesoncomportement.Travisestainsiaveclesfilles.

Toutefois,l’idéequ’ilss’envoientenl’airnemeplaîtpas.J’aibeauessayerdeconvaincreSarahdenepluss’approcherdelui,d’ailleurs,ellem’enafaitlapromesse,maisjemedoutequeceneserapasévidentpourelle.

Il va falloir que j’aide Sarah à passer à autre chose et quand une idée traverse mon esprit, unsentimentdetrahisons’emparedemoi.

Jefermelespaupièresettentedemepersuaderquec’estlameilleuresolution,mêmesijerisquedeperdreSarahàjamaissiellevenaitàêtreaucourant.

***

*Sarah*

Je peste à nouveau en essuyant mes larmes. J’ai écrit une dizaine de messages à Travis, luiexpliquantquesasœurestaucourantpournotrerelation.Jeneluiaipascachénonplusquej’aifaitlapromesseàNinaquetoutétaitterminéentrenous,qu’illefallait,pourlebiendetous.

Detoutefaçon,ensignantlebail,noussavionstousqu’ilnousétaitinterditd’entretenircegenrederelation,alors,àprésent,nousseronsamisetriendeplus.

Évidemment,monSMSreflétaitplusmonsentimentaumomentprésent.Ilétaitévidentquej’avaisfaitcettepromesseàNinadepeurdeperdresonamitié.

Toutefois,Travis fait lesourd. Iln’apas réponduàmesmessagesniàmesappels incessants. Jem’inquiètepourlui,toutcommelesautres,mêmesiCalvinchercheànousrassurerendisantqu’ilestungrandgarçon,qu’ildoitêtrequelquepartàl’abripourréfléchiràlasituation.

Je soupire, essayant demedire qu’il a raison.Cependant, je n’arrive pas à effacer ce sentimentd’avoirtoutfichéenl’air.Ilmedévoredel’intérieur.

Soudain,montéléphonevibre.Jemejettedessusetgrimaceenconstatantquecen’estpasTravis.C’estAaron.

Surprise,j’ouvreleSMSqu’ilvientdem’envoyeretlelisavecunedouleurdanslapoitrine.

Salut,Sarah.J’espèrequetuvasbien?TonpèreesttoujoursfouderagequetusoisrentréeàL.A,maisilcommenceàsefaireàl’idéedenepaspouvoiryfairegrand-chose.Tumemanques...Sij’écrisaujourd’hui,c’estparceque,danstroisjours,j’aiunesemainedecongésetj’aimeraistevoir.Penses-tuqueceseraitpossible?Tessœursm’ontdonnédespetitscadeauxpourtoi.Tiens-moiaucourant.Je

t’aime.

Aaron.

Jen’enrevienspas.Jelaissetombermonportablesurlematelasetm’effondrecontrelesoreillersavantdepester.

Merde!

CHAPITRE6

*Travis*

Emma!Jesuistrèsheureuxdetevoir!s’exclamel’hommequicontournelecomptoirlorsquenousavançonsdanslerestaurantquemamèreachoisi.

Mamanafficheunlargesourirejusqu’auxoreillestandisqu’ellel’enlaceàsontour.Jefaisunpasderecul,spectateurdelascènemalgrémoi.Jen’aimepaslesentimentquej’éprouveàcetteseconde.Devoircetinconnuaussiprèsdemamèrenem’enchantepasdutout.Toutefois,j’ail’impressionquemamantrouveduplaisirdanslesbrasdugars,ellechercheàfaireperdurerlemomentdeseffusions.

J’ailanausée...

Cependant, jegarde la tête froide lorsqu’ils se tournentversmoi tous lesdeux. Je fixemamèred’unregardnoir,luicriantsilencieusementquejerefusequ’ellemeprésenteàcetype.

Malheureusement,elleprendunjoliplaisiràmecontrarieraujourd’hui.Elleposeunemainsurlebrasdesonamietluiexpliquequijesuis.

JenedécrochepasunmotlorsqueledénomméStevensHoods’adresseàmoi.

Enchantédefairetaconnaissance,mongarçon.Tamèrem’abeaucoupparlédetoi.

Jemefocalisesurlevisagedemamèrequisemblefigéedansunsourireenfantin,heureux.J’aienviederoulerdesyeuxetdequittercetendroitoùl’odeurdubacongrillémechatouillelesnarines.

Soisgentil,soufflemaman,mefixantd’unregardinquisiteur.

J’esquisseunfaiblesourireetprendsenfinconsciencequeStevensmetendlamain.J’imaginequemamèreseraitoutréesijen’échangepaslesamabilitésd’usage.Parlepassé–deuxoutroisjoursplus tôt–, jen’auraispashésitéuneseulesecondeà lesnoberavecarrogance,mais leschosesontchangédepuis.J’aibesoindemesentirdifférentdel’êtrequejesuisdevenu.J’aibesoindeprouveràmonpèrequejepeuxm’ensortir,quejesuisungarsbien…

Alors, je ravalemafiertéetprends lamaindemonsieurHoodque jeserredans lamienneavecforce.

Ilancresonregardaumienetnesemblepasdutoutimpressionnéparlavraiefaçadequejecachesouscettepoignéedemain.

Visiblement,mamanest soulagéeque jemeprête au jeudugarçonbienélevé.Ellem’attrape lebrasets’exclamed’unevoixexcitée:

Tuverras,Travis,lesmeilleurshamburgerssontdanscetendroit!

Hoodmelâchelamainetconsidèremamèred’unœilméfiantavantdeluirévélerqueMartha,lacuisinièreduHaciendaGrace,estmalade.

Oh,j’espèrequecen’estpastropgrave?

Non,elleavaitlamigraineàsonréveiletellem’aappelépourprévenirqu’elleresteraitchezelle.Heureusement,Ivyn’apascoursaujourd’hui.

Elleestici?demandemamère,visiblementravie.

Jemeposedesquestionssur larelationquiexisteentre lepatrondecerestoetmamère.Ilsontl’airdesibienseconnaîtretouslesdeuxquejemeretrouvelà,aumilieud’uneconversationprivéedontjemefousroyalement.

J’aifaim!

Cependant, jenememontrepasmalpoli,mêmesi jemeursd’enviedetraînermamèreversunetablepourquenouspuissionscommanderdequoimanger.J’écouteladiscussionquiseprolongesurlacertaineIvyquiremplacelapauvrecuisinièremigraineusepourlajournée.

J’apprendsdoncqu’elleestlafilleuniquedeStevensHoodetquelademoiselledeseizeansenfaitvoirdetouteslescouleursàsonpère.

Jel’appréciedéjàcettegamine.

Hoodsemblevraimentcontrariéquandmamanl’interrogesurladernièredisputequis’estproduiteentreeux.D’aprèscequejecomprends,elleacommencéàfumerdelaMarijuanaetaenchaînélesaventuresd’unsoiraveclesmembresdel’équipedefootballdesonbahut.

L’adolescence,quoi.

Jenepeuxpasm’empêcherdesoupirerquandj’entendsmamères’offusquersoudainement,maisellesemblenerienremarquerdemonagacement.D’ailleurs,jeprendsconsciencequej’aidûlouperunepartiedelaconversation.Jemeconcentresurlevisagedemamèreoùl’inquiétudeaprisplace.

Ilsl’ontarrêté?

Merde!

Dequoiparlent-ils?

J’avanced’unpasetoublielestroisfillesattabléesàquelquesmètresquimereluquentdepuisunmomentenémettantdesgloussementsétranges.

Hoodcroisemonregardàcetinstant.

Désolé,maisvousdevriezvousasseoir.

Oh…d’accord.

Mamèreestvraimentsouslechoc.J’attendsqu’ellesedécideàsedirigerverslatablelibrelaplusproche.Puis,unefoisinstallés,Hoodnouslaisseregarderlemenu.

Je soupire etpasseunemaindansmescheveux sansquittermamèredu regard.Elleobserve lemenusansvraimentlevoir.

Qu’est-cequetuas?

Jeluidemandeça,enposantlescoudessurlatableetpenchelatêteverselle.

Elleémetunpetitsoupiravantdeposerlacartedevantelle.

Rien,jem’inquiètejustepourlafilledeStevens.

Je n’ai pas entendu ce qu’il a dit,mais de qui parlait-il quand tu lui as demandé s’il avait étéarrêté?

Del’amid’Ivy,enfin,sonexpetitami.

Pourquoi?

Elleplisseleregard,hésitantàmerévélercequis’estpassé.

Maman?

J’insisteparcuriosité,maissurtoutparcequejen’appréciepasdutoutdelavoircommecela.Elles’inquiètepourquelqu’unquejeneconnaispasetc’estétrange.

Ilyaunmois,IvyaétéretrouvéesurlaroutedeRoseHilldansunétat…insoutenable,Travis.

Commentça?demandé-jeenfronçantlessourcils.

Audébutdeleurrelation,JeffCoptel’aentraînéedansladrogueet…unefoisqu’ilaobtenucequ’ilvoulaitd’elle,il…l’abattueetlaisséepourmorte.

Surprisqu’unetellechosepuissearriverdanscetroupaumé,jefixemamèreavecdegrosyeuxronds.

C’estsûrquec’estcegars?C’estellequil’adit?

Non,évidemment,Ivyniedepuisledépart,maisc’estavecluiqu’elleétait,cesoir-là.Elleétaitinconsciente,c’estvrai,mais…

Elles’interromptuninstantetreprend:

Depuis,iladisparudelacirculation.Lesautoritéslerecherchentpourl’interroger,évidemment,il reste introuvable. Mais il y a une semaine, Ivy a reçu un appel. Stevens sait que c’était lui. Ils’inquiètepourelle,maisellerefusedeluiparler.

C’estétrange,soufflé-je.

Explique-moicequetutrouvesd’étrange,Travis?

J’ancremonregardausienethausse lesépaules.Enfait, jemefouscomplètementdecequevitcettefille,maissilavictimeditqueledénomméJeffn’estpaslecoupable,alors…

Jeluifaispartdemonsentiment,maisellesecouelatêteetrefusedecroirequel’agresseurpuisseêtrequelqu’und’autrequel’ex-petitami.

Elleestamoureusedeluietledéfendraquoiqu’ilarrive.

Ill’abattue,sansdoutemêmeviolée,ettupensesqueceluiqu’elleaimepeutagirdelasorte?

Ellerouledesyeux,visiblementagacéeparmesmots.

JeffCopteestunpetitcon,chéri.Ilnel’aimepas,d’ailleurs,iln’aimepersonne.Ilcourtaprèslespetitesfillesdebonnefamillepourlespervertiret…

Unpeucommemoi,quoi…

Elle me regarde, la bouche entrouverte, et ferme les paupières avant de prendre une longueinspiration.

Tuneferaispasdemalàquelqu’unphysiquement,monchéri.MaisceJeff,jet’assurequ’ilenestcapable.

Situsavais,maman…

Sicettefilleditquecen’estpaslui,ilfautlacroire,dis-jesansciller.

Touteslespreuvesmontrentqu’ilestcoupable.

Parcequ’ilafui?S’ill’afait,c’estprobablementparcequ’ilsaitcequetoutlemondepensedeluietquevousl’accuserezdecequiestarrivéàcettegaminesansmêmequ’ilpuissesedéfendre!

Tuaspeut-êtreraison,finit-elleparsouffleraprèsquelquesminutesdesilence.

Bref,ons’enfoutdecettehistoire,cen’estpasnosaffairesetjecrèvedefaim!Jevoudraisbienlemenudujour!

Maman sembledéçue,mais elle fait signeàStevensquinousobservedederrière soncomptoir.Deuxminutesplustard,ilvientversnous,lesourireauxlèvres.

Jel’observeattentivementpendantquemamanpassenotrecommande.Ilpossèdeunvisagecarréetdes sourcils épais. Ses cheveux bruns bien coiffés cachent ses oreilles et une partie d’un tatouagegravé sous l’une d’elles. Je fronce les sourcils et tente de deviner ce qui est dessiné avant qu’ils’adresseàmoi.

Quevoudrais-tuboire?

Oh,unsoda,s’ilvousplaît,réponds-je,poli.

Jemesurprendsmoi-mêmed’afficherunetellepolitesse.Ilhochelatêteetesquisseunsourireàmamèreavantdedisparaître.

Depuisquandtuconnaiscegars?

Mamanmedévisageuninstant.J’ail’impressionqu’elleaenviedem’envoyersurlesroses,style:qu’est-cequeçapeuttefaire,maisellerejettel’idée.

Depuisquej’aiemménagéici.Stevensestunhommebien.

Tucouchesaveclui?

Travis!s’offusque-t-elleavecdegrosyeuxréprobateurs.

Jehausselesépaules.

C’estarrivéunefois.

Cette fois, c’est àmon tour deme sentir offusqué. Je la considère d’un air outré et refuse d’ensavoirdavantage.Malheureusement,mamèreprendplaisiràmemettremalàl’aise.

Mais il s’est avéré que c’est un peu compliqué. Pas l’acte en lui-même, c’était vraiment bien,super,génialissime.Biensûr,jenerefusepasàuneautretentative,maisavecIvydans…

Maman!m’écrié-jebrusquement.Arrête,jeveuxriensavoir,t’entends?

Tuasposélaquestion,chéri.Jeterépondsentoutehonnêteté.

Situappréciescegars,épargne-moilesdétailsparcequeje…je…

Tu vas faire quoi, mon cœur ? Lui foutre une raclée car il a couché avec ta mère et le feracertainementencore?

Jeserrelesmâchoiresetlespoingstandisquelacolèremesubmergedetoutesparts.

Non,grogné-jesansdesserrerleslèvres.

Bien!claque-t-elle,gagnante.

Àcondition,évidemment,quetunemedisesplusunmotsurvossaloperiesaulit!

Elleesquisseunlargesourireetacquiesce.

Quand Stevens revient vers nous avec nos plats, je tourne la tête sur le côté et fixe l’extérieur,comptantmentalementlessecondesquis’écoulentjusqu’àcequ’ilnouslaissedébuternotredéjeuner.

Lorsqu’il disparaît, je regarde ma mère qui se fiche de moi en m’adressant une grimacesarcastique.

Mange!

Ladiscussionsurlaviesexuelledemamèreauraitdûmecouperl’appétit,maisiln’enestrien.Lavuedecefameuxhamburgerentourédefritescroustillantesmemetl’eauàlabouche.

Pendantlescinqminutessuivantes,nousneparlonspasetnousnouscontentonsdedévorercequisetrouvedansnosassiettes.

Effectivement,mamanaraison.C’estlemeilleurburgerquejen’aiejamaismangé.

Et cette constatationme fait penser à Sarah. Je suis convaincu qu’elle aimeraitmanger dans cerestaurant.

Tuesentrainderêver?

Jesorsdemespenséesdansunsoupirlongdereprochesetregardemamèrequiarboreunsouriremoqueur.

Non,réponds-jeenreculantmonassiettevide.

Tuasaimé?

Délicieux,t’asraison,c’estl’undesmeilleursburgersquej’aiemangé.

Jem’endoutais.

Ellesourit,visiblementsatisfaitedesonpetiteffet.

Tuveuxuncaféavantdepartir?

Ouais,maisjesorsuninstant,j’aienviedefumer.

Trèsbien.

Jeme lèveetmedirigevers laportede sortiequandmon regardcroiseceluideStevens. Ilmesourit et, dans l’intention de sortir de son comptoir, il m’interpelle. Je soupire de résignation etm’approcheverslui.

J’espèrequetuasaimé?medemande-t-il.

J’acquiesceetm’excuseavantdesortirprendrel’air.Jen’aipasenviedefairelaconversationavec

cethommequimepousseaurespect,etlepire,c’estquejenecomprendspaspourquoi.Ilestsansdouteplusgentilquemonproprepère,c’estpeut-êtrepourcetteraisonquejepréfèreattendreavantdelejuger.

Entoutcas,ilsembleéprisdemamère.Depuisl’extérieur,jepeuxlesvoirdiscutertouslesdeux.Ilsarborentunlargesourireetseregardentavectendresse.

Encore une fois, cette scèneme fait penser à Sarah, à la façon dont elle seuleme regarde,medévoreparsessouriresirrésistibles.

Ellememanque.

Cruellement.

Cependant, jenepeuxpasmepermettrede ressentir cegenrede sentiment. J’aimerais l’appeler,m’assurerqu’ellevabien,maisjeredouted’allumermontéléphonequej’aifiniparéteindreaprèsavoirreçusonmessage.JesuissûretcertainquemamessageriedébordedeSMSinquietsfaceàmadisparition.

Je secoue la tête, éloignant les sujetsdélicatsquiviennenthantermonesprit, broyantmoncœurdéjàenmiettes.Jefaisquelquespassurlebitumepoussiéreuxetcontournel’établissementavantdem’asseoirsurunpetitmuret,prèsdulocalàpoubelles.

J’allume ma clope et tire une première bouffée en levant le visage vers le ciel. Je ferme lespaupièresetlaisselesrayonsdusoleilréchauffermapeau.Çafaitdubien.Jevidematêtedetoutespenséesettentederesterserein.Jemerépètequetoutiramieux,queSarahestàprésentensécurité,loindemoi,l’enfoirédeservicequejesuis.

Soudain,unlégerbruitsefaitentendrederrièremoi.Jemetourneverslasourcedudérangementetesquisseunsourirenarquoisà lavued’unegaminequivientdesortirendoucedescuisines. Jesupposeaussitôtqu’ils’agitde lafilledeHood.Ellesembleunpeuplusâgéequ’unefilledeseizeans,néanmoins,aveclatonnedemaquillagequ’elleasurlatronche,riendeplusnormal.Elleaungenre gothique, du moins, elle essaie de se le donner, mais le regard enfantin qu’elle possèdedémontrelecontraire.Lapeinturenoiresurseslèvresainsiquesursespaupièressontl’opposédurefletduvertdesesyeux.

Jerisintérieurementquandjelavoispesterenfouillantsespoches.Ellejetteunœilverslaportequ’elleaprissoinderefermeretgrimaceavantdesetournerversmoi.Voilà,ellem’aenfinpisté.Ilétaittemps.Jecroisqu’onvarireunpeu.

Ehtoi,t’auraispasuneclope?

Surprisdesonlangage,jelèveunsourcilnarquois.Jenerépondspasetcelal’agacevisiblement.Tum’étonnesquesonpèreenvoitdesvertesetdespasmûresavecunefillecommeelle.

Ivy,c’estça?luidemandé-je,moqueur.

C’estàsontourd’êtresurprise.Elles’avanceversmoitoutenmeregardantd’unairméfiant.

Onseconnaît?

Heureusementquenon,maisj’aientenduparlerdetoipartonvieux.

Ellebaisselesépaulesetsoupirelonguementavantdetâterànouveaulespochesdesontablier.

Tupeuxm’enfilerune,j’aioubliélesmiennesàl’intérieur.

Je la considère un instant avant de finalement lui tendremon paquet. Elle en extirpe une etmeremerciesimplementd’unhochementdelatête.

Tuveuxpeut-êtredufeu?luiproposé-je,sarcastique.

Ellemeregardedebasenhautquandjemelèveetacquiesce.

T’espasunpeujeunepourfumer?

T’espasmonpère.

Jemedemandes’ilestaucourantquetutebarresdescuisinessurlapointedespiedspourt’enfumerune.C’esttout.

Qu’est-cequeçapeuttefoutre?réplique-t-ellesanscilleravantd’inhalerunepremièrebouffée.

J’aimebiencettegamineaufinal.Ellen’apassa languedanssapocheetc’estquelquechosedebien,surtoutaprèscequ’illuiestarrivé.

Merde!

Pourquoitumeregardescommeça?grogne-t-elled’unevoixtranchante.

Elleasansdoutecompriscequisepassedansmatêteàcetteseconde.Ellesembleprofondémentapeuréecommesil’idéequejesoisaucourantdelasituationluidonneenviedegerber.

Riendutout!assuré-jeenlevantlesmainsensignedereddition.

Jenesaispaspourquellesraisons je tentedecalmercetteadolescenterebelle,mais jepréfèreyallerdoucementetnepasbrusquerlafilledugarsquisetapemamère.

T’asraison…écoute,fumesiçatechante,cen’estpasmonproblème.Perso,j’enaiassezpourmesoucierdeceuxdesinconnusquejerencontre.

Je tire une dernière bouffée et jettemonmégot d’une pichenette. Puis, je croise son regard unedernièrefoisetm’éloignepourrejoindremamèrequandellem’interpelleànouveau.

Dis,commenttut’appelles?

Jelaconsidère,leregardplissé.

Tuconnaismonnom,jesuisendroitdeconnaîtreletien.

Sérieusement?

Jenet’airiendemandé,claqué-je.Situveuxlesavoir,débrouille-toitouteseule,BabyBlack.

Surce,jeluiadresseunclind’œilamuséetlalaissem’insulterdegrosconnardtandisquej’avanceversl’entréedurestaurantenretenantunfourire.

CHAPITRE7

*Sarah*

Jen’aipaspurépondreauSMSdeAaron.Jen’aipasréussiàtrouverlesmotspourcela.J’aiététrouvéNinadanslacuisineaprèsunlongmomentd’hésitationetjeluiaiparlédumessagedemonpetitami.Ellen’apaseubesoindemedirequelasituationdanslaquellejemetrouveactuellementestcomplètementtordue,jel’aibienremarquédanssonregard.

Cependant,ellem’aconseillédeluirépondrequej’étaisheureusedesavenueàL.A.;j’aihausséles épaules et j’ai attendu qu’elle me donne les points positifs de me sentir ravie de son arrivée.Évidemment,j’auraisdûm’attendreàcequ’ellem’abalancé;queceseraitlameilleuresolutionpouroubliersonfrère,oudumoins,d’yvoirplusclairdansmarelationavecAaron.

J’aifiniparacquiesceretprisbonnenotedesesprécieuxconseils.Ninaaraisonet,detoutefaçon,cettehistoireavecTravisétaitperdued’avance, jenepeuxpasgarderespoirqu’il changeun jour.TravisresteratoujoursleTravisquej’aiconnuàmonarrivéeici.

Alors,j’airéponduàAaron,luidisantquej’étaisimpatientedelevoiràmoncôté.Aufonddemoi,j’espèretrouverauprèsdeluiledéclicdontj’aibesoinpouroublierlefrèredemonamie.Etpuis,jemedisaussiqueAaronn’estpasmauvais,ilm’aimevraimentetn’iraitjamaisvoirailleurs,lui!

Quandjeparcoursmentalementtoutesleserreursetlesobstaclesquisesontdressésdevantnous,jemerendsà l’évidenceque jesuis laseuleresponsabledecette tensionquiexisteentremonpetitamietmoi.IlatoujoursétélàpourmoietamêmeacceptémondépartpourlaCaliforniesansfairetropd’histoire.Biensûr,iln’étaitpastrèscontentquejepartesiloindelamaisonfamiliale,maisilcomprendlesmotivationsquimepoussentàréalisermonrêvedegosse.

Jesoupireettented’effacerlesentimentlourddenostalgiequim’envahitàmessouvenirsdupassé.Jeme rends compte que j’aimerdé plus que je ne le pensais et l’horrible sensation d’avoir trahiAaronm’empêchederespirernormalement.

Cependant,j’essaiedefairefaceàlaspiraled’émotionscontradictoiresquim’envahissentdetoutespartsetdécidederejoindreNinadanslesalon.Toutàl’heure,ellem’ainforméequ’ellepasseraitdesappelsà toutes lespersonnesqu’elleconnaîtetquiseraientsusceptiblesd’avoirvuTravis.J’espèreavoirunebonnenouvelleenlaretrouvant.

Quandj’arriveausalon,elleestinstalléedanslecanapéetzappeleschaînesducâble.J’esquisseunsourirelorsqu’elleprendconsciencedemaprésence.

Alors,çava?

Ouais,soufflé-jeenm’asseyantàsoncôté.

Ilarépondu?

Jehochelatêteetluiexpliquequ’Aaronestpresséégalementdemeretrouver.

Ilm’aditaussiquenousdevrionsparlerdenous.J’ai…jecrainsqu’ildécouvrecequej’aifaitet…

Arrête,personneneluidirarien,net’inquiètepas.

Mais…jedoisluidirelavérité,Nina.

SituveuxcontinueravecAaron,neluidisrien,Sarah.Ceseraituneénormebêtise,crois-moi.

Maisje…

Stop !clame-t-elle toutenplongeant son regarddans lemien. Jesaisque lasituationn’estpassimple,maissitudisàAaronquetuaseuuneliaisonavecTravis,quepenses-tuqu’ilvasepasser?

Jehausselesépaulesetrestesilencieuse.Nonpasquejen’aipaslaréponseàsaquestion,jesaistrèsbiencequ’ilsepasserasij’avouelavéritéàAaron.Ilsesentiravexé,trahietpartirapourtoutraconteràmonpèrequisesentiraobligédemedétesterplusqu’ilnemehaitdéjà.

Tuasraison,soupiré-jeenpassantunemainsurlevisage.Jeneluidirairien,mais…pourêtrefrancheavectoi,Nina,jenesaispasvraimentoùj’ensuisaveclui.

AvecAaron?

Oui.Jepensaisl’aimersincèrementmais…

Travisestarrivéetafoutulebordeldanstessentiments.

Undemi-souriresedessineaucoindemeslèvres.

Toutàfait,murmuré-je,évitantleregardinquisiteurdemonamie.

Jesaisquejeluiaipromisdemedétacherdesonfrère,maiscen’estpasaussisimplequecela.

Jepensequ’aprèsunebonnediscussionavecAaron, tuyverrasplusclairetpuis…monfrèren’estpaspourtoi,Sarah.

Jesais,avoué-jeàcontrecœur.

Malheureusement, j’en ai conscience et c’est bien là le pire de la situation… on aime toujoursl’impossible.

Bon,j’aiappelélespotesdeTravis,commejetel’aiditetfigure-toiqu’ilademandéàWesdeluienvoyerlescourssursonmail.

Oh…c’estqu’ilvarevenirtrèsvitealors?demandé-je,unelueurd’espoirdanslefonddesyeux.

Jenesaispas,iladitàWesqu’iln’iraitpasaucampusavantunebonnesemaine.

Ilneluiapasditoùilétait?

Non.Ilaessayédesavoir,maisTravisrefusedeleluidire.Illuiajusteditquesil’undenousdemandedesesnouvelles,Wesdoitdirequetoutvabienetqu’ilreviendraquandilseraprêt.

Prêtàquoi?

Jen’ensaisrien.Ilestsiétrangeparfois.Écoute,mabelle,inutiledet’enfaire,Trav’estungrandgarçonetjepensejustequ’ilabesoindes’isoleraprèsleplantorduquenotrepèreluiafaitpourluifairepayerseserreurs.

Tuassansdouteraison,dis-jeaprèsuninstantd’hésitation.

Ellemesouritetm’informeque lesautressontpartisaucinépourvoir ledernierMarvel sorti.Puis, pour changer de conversation, elle me rappelle mon rendez-vous dès le lendemain dans leserviceorthopédiquedelacliniquedeL.A.

J’avaiscomplètementoubliécedétail important.Normalement, si tout sepassecommeprévu, jen’aurai plus besoin de porter cette attelle qui me handicape trop à mon goût. Cependant, jecommencerailarééducationetjesaisd’avancequ’elleseralongueetdouloureuse.

Bon,tuveuxfairequoi?medemandeNinad’unevoixenthousiaste.

Je la fixe, l’interrogeant silencieusement en me demandant ce qu’elle peut bien avoir en tête.Franchement,jenesaispascequej’aienviedefaire,jen’aimêmepaslegoûtderéfléchiraurepasdecesoir.Cettesemaine,jesuisdecorvéeavecCalvinencuisineetilmetarded’êtreàsamedipourchangernosrôles.

Alors?Onnevapasresterenferméesicialorsqu’ilfaitbeau!

Jenesaispas,soufflé-je.Jen’aipastroplatêteàsortir.

Eh!s’exclame-t-ellesoudainementenselevantd’unbond.Seannevapluss’immiscerdanstavieprivée,jepensequ’ilaretenulaleçon.

PourquoimettreSeandanslaconversation?Detoutefaçon,iln’yaplusdequois’immiscerdansmamisérablevieprivée,jeluiaipromisqu’entresonfrèreetmoi,c’étaitterminé!

Cependant,jeneluifaispasderemarqueetlalaissedéblatérersurlefait,qu’àprésent,jeseraienpaixpourfréquenterquijeveux.Sursesmots,jesoulèveunsourcilironiqueetluirappelle:

TuviensdemedirequejedevaisarrangerleschosesavecAaronettusoulèveslapossibilitéquejepuissefréquenterd’autrespersonnes?

Ellegrimaceetlèvelesbras,brassantl’airdesesmains.

Cen’estpascequejevoulaisdireettulesaisbien!Jeveuxjustequetusortesetquetut’amuses,mabelle.

Jerouledesyeux,légèrementexaspéréeparlesenviessubitesdemonamie.

Etqueproposes-tu?

Jenesaispas,onpourraitfairedushopping.

C’est à mon tour de grimacer. Je n’apprécie pas trop perdre mon temps à faire les boutiques.Pourtant, je sais quema garde-robe en a bien besoin.Depuismon retour à L.A, j’ai l’impressiond’avoirtropperdudepoidscarjeressembleàunsacàpatatesdansmesvêtements,bientroplargesàprésent.

Bon,OKpourfairelesboutiques,maispasplusdedeuxheures.

Trèsbien!lance-t-elleenseprécipitantverslecouloir.

Qu’est-cequetufais?

Jevaischangerdechaussures,jerevienstrèsvite.

OK,soupiré-jeavantd’esquisserunfaiblesourire.

Je profite deme retrouver seule et extirpemon portable dema poche. Je vérifie si Travism’aenvoyéunmessage,maisl’espoirs’envoleaussitôt.

Latristesseetlacolèresontunmauvaiscocktail.J’aienviedebalancercefichutéléphonecontreunmur,maisjen’enfaisrien,jenetienspasàl’endommagerpourlecasoùTravissesouviendraitenfindemonexistence.

Je peste intérieurement quand Nina revient vers moi. Elle m’observe d’un regard lourd dereprochesetbaisselesépaulessansriendire.Detoutemanière,ellen’apasbesoindeprononcerquoiquecesoit,jecomprendsl’irritationqu’elleéprouve,jem’agacemoi-même.

Allez,Sarah!Allonsnouschangerlesidées,tuveux?

J’arrive,grogné-je.

***

Je traîne lespiedsderrièremonamiedepuisplusdedeuxheures. Je savaispertinemment, avantnotredépart,quenousdépasserions lechrono.Ninan’apasrésistéàsepromenerdans lanouvellegalerie marchande qui vient d’ouvrir ses portes. Nous en sommes ressorties après de longues etinterminablesminutes,lesbraschargéscommedesbaudets.

Cependant,jen’aipas,uneseulefois,émisdeplaintes.Elleétaitbientropheureusededéambulerdanslesalléesrempliesdevêtementsdelanouvellecollectiond’hiver.

Etpuis,j’avaisprisplaisiràm’acheterdenouveauxvêtementsàmataille.Jen’enrevienstoujourspasquej’aiperduautantdepoids.Plusdesixkilosenmoinssurmonenveloppecharnellemefontvraisemblablementparaîtrecommeunepauvrefilleanorexique.

Toutefois, je n’en fais pas toute une catastrophemême si les remarques deNinam’ont blesséequelquepeulorsqu’elleestentréedanslacabined’essayage.J’avaispasséunerobedesoiréeblanche–quejevoulaisporterpourleréveillondeNoël–etNinaavaitpalicommejamaisquandsesyeuxontparcourumoncorpsamaigri.

Pourenfinir,j’étaissivexéeaprèssaremarqueacerbe–MonDieu,Sarah!Ondiraituncadavre!Tu n’as que la peau sur les os, regarde un peu, tes hanches ressortent si fort qu’elles pourraientcraquerletissu!–quejem’étaisdéshabilléeetavaislaissélarobeoùelleétait.

Nous sommes sur le point de partir quand elle se stoppe soudainement. J’ai juste le temps dem’arrêteravantde lui rentrerdedans.Ellese tourneetmedévisageun instantavantde fairedemi-tour.

Qu’est-cequetufais,Nina?

Elle ne répond pas et continue de marcher en direction de l’imposante vitrine du magasin devêtementspourhommes. Je soupirede lassitudeet la rejoins.Elle regardeunmagnifiquecostumesombretrois-pièces.C’estvraiqu’ilestpasmal,elleal’airdel’apprécierentoutcas.

Tucomptesl’offriràquelqu’un?luidemandé-jed’untonlégèrementamusé.

Ellemejetteunœiletsourit.

J’imaginaisjustequ’iliraitbiensurCalvin.

Calvin?

Ellehausselesépaulesdenonchalanceetfaitvolte-face,maisj’ailetempsd’apercevoirsesjouesrougir.

Oh,jevois!m’exclamé-jeavantdepouffer.

Jelasuistandisqu’elleaccélèretoutenruminantdesparolesquejenepeuxentendre.Jel’aimiseencolèreetjem’enamuse.Toutefois,jelarattrapeenmimantunedouleurdansmajambe.

Attends,s’ilteplaît.

Ninas’arrêteetm’observeenarborantunsourired’excuse.

Désoléepouravoirplaisantésurlesujet«Calvin».

Cen’estrien,assure-t-elleensoupirant.

Je la remercie silencieusement et nous poursuivons notre chemin jusqu’au parking.Après avoirchargénosachatsàl’arrièredemonPick-up,jeluitendslesclés.Ellelesprendetgrimpederrièrelevolant.

Bon,écoute…jet’aitoutditàproposdemarelationavecTraviset…situveuxparlerdeCalvin,tupeux,tusais,tenté-jepourenapprendreplus.

Ellecroisemonregardetl’éviteaussitôt.

Iln’yarienàdire.

Jeprendsconsciencedelagênequ’elleéprouve.Cependant,ellen’estvisiblementpasprêteàmedire quoi que ce soit. Elle met le contact et enclenche la première vitesse dans un dangereuxcraquementdeboîte.

L’embrayageestsuperdur,luidis-jeensouriant.

Nina semble toujours perdue dans ses pensées lorsque nous quittons le parking souterrain de lagaleriemarchande.Pendantlamoitiéducheminquinousmèneauloft,lesilenceestuniquementbriséparlebruitassourdissantdumoteur.

Jeprofitede l’arrêt au feu tricolorepour lui rappelerque je suis sonamieetqu’ellepeutavoirconfianceenmoi,espérantainsiqu’ellecrachelemorceausurcequis’estpasséavecCalvin.Carjesuiscertainequ’ils’estpasséuntrucentreeuxquej’ignore.

Iln’yarien…justeque…

Elles’interrompt,visiblementmalàl’aise.Jepeuxcomprendrecequ’elleéprouveàcetteseconde,j’étais,àmontour, iln’yapassi longtempsqueça,dans lamêmeposition.Toutefois, jesaisbienqu’elleaenvied’enparleretj’insistejusqu’àcequ’ellepousseunlongsoupirderésignation.

Quandnousétionsàl’hôpital,lesoiroùTraviss’estfaitarrêter…j’aicraquéetCalvinestrestéavecmoi.

J’esquisseunfaiblesourire,devinanttrèsbienlasuite.

Ilt’aimebien,Nina,lancé-je,remarquantlesdoutess’immiscerdanssonregardbrillant.

Jen’ensaisrien.

Jefroncelessourcilstandisqu’ellegrognequelquechosed’incompréhensible.Jemerendscomptequenousarrivonsauloft.Ninasegareetcoupelemoteuravantdesetournerversmoi.

On a failli s’embrasser…mais… ça ne s’est pas fait, Sarah, et depuis, j’ai l’impression qu’ilm’évite.

Maisnon,il…

Si!J’aivoululuiparler,maisilarefusé.Ils’estexcusépourl’autresoir,ilm’ajusteditqueçan’auraitpasdûsepasseret…

Tuviensdemedirequ’iln’yapaseudebaiser!

Non,mais…jepleurais, ilm’aprisedans sesbraset…j’avaisvraimentenviede l’embrasser,d’allerplusloinaveclui,etjesuiscertainequ’iléprouvaitlamêmechose.Maisilm’arepousséeetlesautresnousontrejointsdanslasalled’attente.Etmaintenant,ilm’évite,ilfaittoutpourquenousnenousretrouvionspasseulsdanslamêmepièce.

Jesuis…désolée,maislesregardsnetrompentpas,Nina.Calvinéprouvedessentimentspourtoi,c’estévident.

Ellesoupireetrouledesyeuxavantdesecouerlatête.

Jen’ensuispastrèssûre.Entoutcas,jecomptebienluiparlermêmes’ilrefuse,ilm’écoutera.J’aibesoindeluidirecequej’aisurlecœur.

Tuesamoureusedelui…

Ilestparfait!s’exclame-t-elled’ungrandsourire.Oui…tutesouviensquandonestvenuesicilapremière fois pour visiter le loft ? J’ai eu l’impression que mon cœur allait sortir de ma cagethoracique.Ça fait plusieurs semaines que j’essaie de trouver une ouverture avec lui et ce terriblesoir… j’étais convaincue que… qu’il attendait tout comme moi le bon moment pour unrapprochement.

Merde…j’aimeraisêtrecommetoi,Nina…Tuessiforte.

Ellemeregardeavecdegrosyeuxronds.

Jelesuispas,contre-t-elle.

Si,biensûrquesi,tul’es.Tuvasprendrelecouragepourallerluidirequetul’aimeset…

Eh,medit-elledansunmurmurelorsquejem’interromps.ToutsepasserabienavecAaron.J’ensuiscertaine.

J’esquisseundemi-sourire.JenepensaispasévidemmentàAaron,maisàTravis.

Je l’espère, dis-je tout de même. En tout cas, je souhaite qu’il t’écoute et qu’il t’avoue sessentiments.Vousméritez tous lesdeuxd’êtreheureuxet…vous feriezunbeaucouple, c’est d’uneévidence.

Ninasembleémueparmesmots.Sonregardestbrillantd’émotionsetjeredoutependantunbrefinstantqu’ellesemetteàpleurer.Toutefois,ellenelefaitpas.Ellen’estpascommemoi,bientropémotiveàpleurertoutsonsoûlàlamoindrecontrariétéouappréhension.

Ellemeremerciedel’avoirécoutéeetjerefusetoutbonnementqu’elleenfasseunemontagne.

Noussommesamies,Nina.C’estnormaldeseconfierl’uneàl’autre.

Jet’aime,Sarah.

Moiaussi,murmuré-je,émueauxlarmes.

Nousnousétreignonsmaladroitementdans l’habitacleétroitduvéhiculeetnoussortonsenriantavantdeprendrenospaquetsàl’arrière.

Quand nous entrons au loft, les autres sont déjà revenus de leur séance de ciné. Jared fait desréflexionsfutilessurnosachatscompulsifsquandilnousvoitdébarquer,lesbraschargés.

CamillediscuteavecNinad’uneboutiquechicdechaussuresquiaouvertlasemainedernièresurHollywoodboulevard.J’entendsmonamiedirequ’elleyferaunsautdansquelquesjours.

Calvinparts’isolerdanslacuisine.Jelerejoinsaprèsavoirdéposémessacsdansmachambre.Jerangeraimesaffairesplustard.

Salut!

Calvinsetourneversmoietm’adresseuntendresourire.Ilestentraindemélangerquelquechosedansunecasserole.Surprise,jem’approcheetluidemande:

Qu’est-cequetufais?l’interrogé-jeenplissantlesyeux.

Jaredm’amisaudéfideréussirdesIrishcoffeedupremiercoup.

J’ai déjà entendu parler de ça, mais c’est quoi au juste ? lui demandé-je, intriguée enreconnaissantl’odeurd’alcool.

C’estduwhisky. Je lemélangeavecdu sucre. Il fautquece soit fait à feudouxpour labonneréalisation,fautsurtoutpasqueçafoire.

OK…etsituperdstondéfi?

Ilpâlit.Jesourisàlavuedesesjouesquirosissentlégèrement.

J’aibienpeurd’êtredansunemauvaisesituation,ilestentrainderéfléchiraugage.

Ah,jevois…vautmieuxquetuleréussissesalors.

Jecroisaussi,dit-ilenriant.

Jesourisetl’informequejerejoinslesautres,jenetienspasàêtrelaresponsabledesonéchec;sitoutefois,illeratecarjeledérange.

Jaredvients’installeràmoncôtédanslecanapéetmelanceunclind’œilcomplice.Jeleluirendsquanduneidéevients’immiscerdansmonesprit.

CHAPITRE8

*Travis*

Jenesaispascommentj’aifaitpourretenirl’enviepressantedepéteruncâble.Quandj’airejointmamèreànotretable,lecafévenaitd’êtreserviparStevens.C’estlàquemamèrem’ainforméquecesoir,nousdînerionschezsonmecetqu’elleavaithâtedemeprésentersafille.Évidemment,jemesuisbiengardédeluidirequejevenaisdelarencontrerdehorsetquejeluiavaismêmedonnéuneclope.

Elleauraitfaitunesyncope.

Danstouslescas,contrairementàl’idéederefuserl’invitation,j’aiacceptéledealdemaman.Ellesedoutaitcertainementd’unrefusdemapartetm’avaitassuréquesi j’acceptaisdel’accompagnersans rechigner, elle tiendrait sa langue etmentirait àNina si celle-ci l’appelait pour savoir si ellem’avaitvu.

Ducoup,jen’avaispaslechoix.

Etvoilàquemaintenantjetraînelespattesderrièreelle,dansl’imposantealléed’unedemeureaustylemédiévaldansunquartierrésidentieldeRoseHill.Hooddoitavoirunsacrépaquetdepognonpourvivreici.Cetteénormepropriétéconviendraitàunchirurgienréputéetnonàunpauvregarsquitientunrestominabledanscecoinpaumé…Bon,j’avouequeleshamburgerssontlesmeilleursdetoutelaCalifornie,maisdelààimaginerquel’amantdemamanvitdanscetteputaindebaraque,ilyaungrandfossé.Commequoi,ilnefautjamaissefierauxapparences.

Turestespoli,d’accord?

Lapiqûrederappelmentionnéed’untonsarcastiquedemamèremefaitleverlesyeux.

Jelesuistoujours.

Depuisquand?

Jelafixe,réprimantl’enviedel’envoyersurlesroses.

Bien,souffle-t-elleenappuyantsurlasonnette.

J’esquisseunsourireencoin,remarquantlanervositédanssesgestes.Ilestévidentqu’ellecraquepour ce gars et d’un certain côté, je suis content pour elle. Au moins, elle ne pense plus à mon

paternel, elle passe à autre chose après toutes ces années de souffrance. Mais je ne peux pasm’empêcherd’appréhendercedîner.Jemeconnais,sijetrouvequ’untrucnevapasdansmonsens,jeseraiobligédelefaireremarqueretj’aipromisàmachèremèrequejeresteraiscourtoistellefilsbienéduquéquetoutlemondeespèrequejesois.

Jesoupirede lassitudeenbaissant lesyeuxvers lepantalonquemamanm’aobligédeporter.Jedétesteêtrebienfringuédelasorte.Elleaexigéquejeportelecostumequ’ellem’apayéaumariaged’oncleVictor,deuxansauparavant.Heureusementpourelle, ilmesiedàmerveillesaufquejemesenslégèrementétriquédanslaveste.J’aiprisdumuscledepuis.

Laportes’ouvreenfin.Ilétaittemps!

Une vieille dame nous accueille d’un sourire chaleureux. Maman semble la connaître, ellel’embrassesurlesjouesetsetourneversmoipourmeprésenterladénomméeClaudia.Sij’aibienentendu,Claudia est la gouvernante.Ben tiens !En plus d’être friqué,monsieurHood se paie unegouvernante.

Claudianousemmèneverslasalleàmangeroùunetableestdéjàdresséepourquatrepersonnes.Jememordsl’intérieurdelajoue,jesensquelasoiréevaêtrelongue,trèstrèslongue.

Aumoins, Ivy sera présente et j’ai hâte d’ailleurs de voir sa tête quand elleme verra. J’ai bienl’intentiondel’énerver,m’amuseravecelle,cesoir.Çapasseraletempsetcommeellealesensdelarépartie,jenem’endormiraipassurmeslauriers.

StevensHoodfaitenfinsonapparition.Ilarboreunlargesourire,visiblementheureuxdevoirmamèrequ’ilenlacefurtivementencomprenantleregardhargneuxquejeluilance.Nousnousserronslamainparpolitesseetilengagedirectementlaconversationsurnotredéjeuner.Mamanluiexpliquequejen’aijamaismangéunsibonburgeretjesoupiredelassitude,elleenfaittroppourtenterdem’attirersesbonnesgrâces.

Si elle savait combien jem’en fous de plaire ou non à ce gars. Tout ce qui compte, c’est qu’ilprennesoind’elleetqu’illarendeheureuse,lereste,j’enn’airienàcirer.Maissiparmalheur,ellesouffreàcausedelui,jenerépondraiplusderien,ça,c’estcertain.

OùestIvy?demandemamère.

Elleterminedesepréparer,ellenedevraitplustarder.D’ailleurs,permets-moidetedirequetuesmagnifique!

Jerouledesyeuxdiscrètement.Heureusementqu’ellel’est!Elleapasséplusdetroisheuresdanslasalledebainsàsepréparer.Sarobeécrueluivacommeungant.Quandelleestvenuememontrerlatenue,lorsqu’elleétaitenfinprête,jesuisrestécommeunpauvrecon,laboucheencœur.

Ilyabienlongtempsquejen’aipasvumamèresienjôleuseetçafaitdubien.Commequoi,touteslespeinesdecœurfinissentparguérirunjouroul’autre.

JesuisperdudansmespenséesquandlavoixdeStevensm’arracheàmarêverie,envoyantdanslesténèbresl’imagedeSarahquinecessedem’envahir.

Quoi?

Merde!

Mamanmelanceunregardréprobateur.Jemerattrapeaussitôt.

Désolé,jeréfléchissais.

Net’enfaispas,mongarçon.

Arf!Jesuispassongarçon,bordel!

Jetedemandaisjustecequetudésiraisboire?

Oh,unevodka,ceseraitbien.

Il lanceun regardversmamèrequiapprouvemonchoixd’unhochementde la tête.Dois-je luirappelerquejen’aipasbesoindemamèrepoursavoirsijepeuxboireoupas?

Non,jenedisrien,carmamanadécidédemeréprimanderduregarddèsquej’ouvrelabouche.Pourlarassurer,jeluioffreunlargesourireetmerapproched’elle.JepasseunbrasdanssondostandisqueStevensnoussertunverre.Ensuite,ilnousinviteàlesuivredanslapièced’àcôté,letempsqueledînersoitservi.

Lesalonestaussiimposantquelasalleàmanger.Ladécorationetl’ameublementnereflètentpasautant le luxeque je l’avais imaginé.C’est assezneutre àpart peut-être cettemonstrueusepeinturemuraled’unepeintrefrançaiscélèbrequitrôneau-dessusdelacheminée.

Aufonddelapièce,unescaliertournants’élève,toutdemarbreblanc.Jeprésumequelagothiqueva descendre d’uneminute à l’autre. D’ailleurs, je ne suis pas le seul impatient. Son père semblevisiblementpréoccupéparletempsquesafilleprendpournousrejoindre.

Maman aussi, elle lui demande si tout va bien avec Ivy. Stevens croisemon regard et n’a plusd’yeuxquepourmamère.

Ons’estencoredisputés.Elleauraitpréférésortiravecsesamisetelleapenséquej’auraislevélapunitionparcequ’ellem’adonnéuncoupdemainaurestaurantaujourd’hui.

J’écouteStevensd’uneoreilleattentivetoutenjetant,detempsàautre,uncoupd’œilverslehautdel’escalier.

Non,jenepeuxpas,Emma.Ivyaunsacrétempéramentetsijerevienssurmadécision,ceserapirequemieux,tusais.Sonmédecinm’aappelétoutàl’heure,elleaannulélesdeuxderniersrendez-vous.J’aiparfoisl’impressionqu’ellen’apasenvied’allermieux.

Jesuisdésolée,maislesadosnesontpasfaciles.Jesuissûrequ’ellevafinirparcomprendretoutcequetufaispourelle.Ellet’aimeetc’estcequicompte.

J’espèrequetuasraison.

Ivyestmalade?demandé-jeenfronçantlessourcils.

Ilsmeregardenttouslesdeuxcommesijevenaisdedirequelquechosedemal.

Non,non,répondStevens.

J’ignoreleregardfroiddemamanetmeconcentresurStevens.

Pourquoivoit-elleunmédecin?

Euh…c’estunpsychologue.Jenesaispassitamèret’enaparlémaisIvyaétéretrouvéesurunerouteàquelqueskilomètresd’iciet…disonsqu’ellen’apasdebonnesfréquentationsetungarçonaprofitéqu’elleétaitdansun…

Elleétaitdroguée,lecoupé-je,remarquantqu’iln’arrivaitpasàmettredesmotssurlesmauxdesafille.

Ilhochelatête,hébétéparlesourireaucoindemeslèvres.

Qu’est-cequ’illuiafait,aujuste,cegars?

Ilpousseunsoupir,ennuyéparmesquestions.Mamantentedemettreuntermeàmacuriosité.

Chéri,c’estcompliquéet…

Désolé,m’excusé-je,prenantconsciencequejen’aipasmemêleràcettehistoire.

Non,nelesoispas,merassureStevens.Ivyn’aplusaucunsouvenirdecequis’estpassé.Elleaétébattue…violemment.Nouspensons tousqu’il s’agitde sonex-petit ami,maiselle refusede lecroire.

Jehochelatêteetluidemandes’ilconnaîtcegars.Ilrépondquenon,qu’ilnel’aaperçuqu’uneseulefois,maisquesaréputationn’estpastrèsélogieuse.D’aprèslui,ilestconnuparlesservicesdepolicepourdesaffairesdedrogueetdeviolence.Ensomme, ilestunpeucommemoi.C’estsansdoutepourcette raisonque jem’obstineàpenserqu’iln’estpas responsabledecequiestarrivéàcettefille.

Donc,soufflé-je…Ivyleconnaîtmieuxquevoussij’aibiencompris,alors,pourquoinepaslacroire?Jeveuxdire…quesiellenepensepasqu’ilsoitcapabledeluifaireunetellechose,elleasansdouteraisonetilfaudraitpeut-êtreentrevoird’autrespossibilités.

Cettefois,j’ail’impressionquemamèrenourritsérieusementl’enviedem’arracherlatêtesijenelabouclepas.Sonregardmeprometunebellevengeanceànotreretouràlamaison.Cependant,mesmotssemblentavoirheurtéStevens.Ilrestesilencieuxtoutenm’observantd’unœilavisé.

D’aprèstoi,jedevraisécouterIvyalorsqu’ellenesesouvientderien?

Jehausselesépaulesdenonchalance.

Vous faites ce que vous voulez, mais de juger aussitôt quelqu’un parce qu’il a mauvaiseréputation…

Tuasraison,murmureStevensaprèsunmomentderéflexion.

Stevens!

Non,tonfilsaraison,Emma.J’aijugécegarçonsansqu’ilpuissesedéfendre.

Mamèremefoudroied’unregardglacialavantderappeleràsonamantqueJeffCoptes’estenfuiavantquelapolicenepuissel’interroger.

Jememêleànouveaudelaconversation.

Quelcon!

Tu n’en ferais pas autant si on t’accusait d’avoir commis un crime qui t’enverrait en prisonpendantunlongmoment?

Mamèrenemerépondpas.Ellebaisselesyeuxverssonverredevin.

Si j’étaisàsaplace, j’aurais faitpareilque lui, j’auraisdisparu, le tempsqu’ilsarrêtent levraicoupable.Ildoitsedouterquepersonneneluilaisseraitletempsdes’expliquer.Commevousledites,ilamauvaiseréputationetàlamoindreconnerie,ilestvisédudoigtpartoutlemonde.

Travis…murmuremaman.

Jeserrelesdentsettentedecalmerlatensionquejeressensaufonddemoi.Jenesaismêmepasquiestcetypeetjeledéfendsdevantleproprepèredelavictime.Y’auntrucquinetournepasronddansmatête.

Merci.

Surprisd’entendrelavoixdeStevens,jerelèvelatêteetl’interrogeduregard.

Depuisquelquetemps,surtoutquandils’agitdemafille,jejugelespersonnessanslesconnaîtreettuasraison…jedoisluilaisserlebénéficedudoute.

Jen’aipasditqu’iln’étaitpasfautifdanscequiestarrivéàIvy,pourmoi,ill’estcariln’apasfait attention à elle lors de cette soirée. Tout ce que je voulais dire, c’est que vous devriez faireconfianceàvotrefille…etl’écouter.

Ilsembletrèsémuparmesmotstandisquejepesteintérieurement.Jen’osepasregarderdansladirectiondemamère,depeurdeliredanssesyeuxqu’elleabiencomprislesraisonsprofondespourlesquellesjedéfendssiardemmentcetinconnu.

Cependant, lorsque nos regards se croisent, j’éprouve une immense fierté d’observer le sourireraviqu’ellearboreauborddeseslèvres.

Jevaisprendreencomptetesconseils,Travis.Jeteremerciedem’avoirparléavecfranchise.

Pasdequoi!m’exclamé-jed’unevoixtriomphante.

Stevenslèvesonverredansmadirection.J’enfaisautantetmamannousimiteavantdesoupirerderésignation.C’estàcetinstantprécisqueBabyBlackdécidedesejoindreenfinànous.

Stevensetmamanselèventd’unseulmouvementàl’apparitiond’Ivy.Quantàmoi,jeresteleculposédanslecanapé,leregardécarquilléetlaboucheouvertedevantcettecréaturemystérieuse.

Cen’estpasIvy,cen’estpaspossible.Cellequej’aivueàl’heuredudéjeunerneressembleenrienàcettefillequidescendlesmarchesavecunegrâceépoustouflante.

Lapeinturenoiresursonvisageadisparu.Sapeauestdépourvuede toutartifice,cequi la rendbeaucoupplusjolieetplusagréableàregarder.Elles’estvêtued’unelonguerobevertanisquimetenvaleursafrêlesilhouetted’adolescente.

Travis?

La voix de ma mère me sort de ma contemplation exagérée. Je hoche la tête en signed’acquiescementetmelèveparpurepolitesseavantdelarejoindre.Heureusement,Ivynesemblepasm’avoir vu,mais cette fois – alors qu’elle s’avance vers nous – son regard s’ancre aumien et jeremarquelasurprisequis’installesurlestraitsdesonvisage.

Je ne peux pas m’empêcher de la gratifier d’un large sourire sarcastique tandis que ma mèrel’enlace affectueusement. Cette petite peste profite que personne ne la voit pour lever dans madirection, son troisièmedoigt. Jecontinuedesourire,nonvexépar songeste,ethausseunsourcilamusé.

Elleveutjouer,onvajouer.

Puis, sonpèremetun termeaux retrouvaillesentresa filleetmamèreetattrape Ivypar lebrasavantdeladirigerversmoi.

Travis,jeteprésentemafille,Ivy.Mapuce,c’estTravis,lefilsd’Emma.

Voilà enfin le fameux Travis ! s’exclame-t-elle d’un ton narquois, tout en arborant un largesourire.

Siellepensequeçamefaitquelquechosedesavoirqu’elleaentenduparlerdemoi,ellesetrompe.Jeluitendslamain,amusé.Ellehésiteuninstantetagrippemesdoigtsdessiens.Nousnoussourions,puis sonpèremetun termeànotre échange,nous invitant à le suivredans la salle àmangerpourdébuterlerepasquiprometd’êtretrèsricheendivertissement.

CHAPITRE9

*Sarah*

J’aitentédemettreJaredaucourantdelapetiteidéequis’estincrustéedansmonesprit,concernantlegagequiseraitutilepourunrapprochemententreCalvinetNina,maisiln’arienvouluentendre.Ilaprétextésavoirexactementquoiluifairefairesil’IrishCoffeeétaitimbuvable.

Évidemment, c’est lui et Camille qui décideront s’il a réussi le pari. Je croise les doigts, toutcomme Nina le fait à cet instant sous le silence électrisant qui a envahi le salon depuis quelquesminutes.Calvinsemblesûrdelui.Ilafficheunsourireaucoindeseslèvrestandisqu’ilresteassissurl’accoudoirducanapé,visiblementserein.

C’est tout le contraire deNina qui est agitée. Elle remue sans cesse alors que Jared et Camilleprennentleurverreenmain.

Jesoupire,lesbrascroisés,etattendsqu’ilssedécidentenfinàgoûterlebreuvage.

C’estCamillequiavancesonverreversses lèvres lapremière.Elleplisse lesyeux, retrousse lenezetlanceuncoupd’œilinquisiteurversCalvinquin’apasbronchéd’unpouce.Puis,elletrempeseslèvresdansl’alcoolquiaembaumélapièce.Jesouris,attentiveàlamoindreexpressionquipassesursonvisagelorsqu’elleavaleunepremièrepetitegorgée.

Elle joue le jeu à la perfection et j’ai du mal à savoir si elle aime ce qu’elle vient d’avaler.Cependant,ellenesemblepassiconvaincuequeCalvinl’avaitsansdouteimaginé,carellereprendunenouvellegorgéeavantdeposerleverresurlatable.

Lesilencerestelourdautourdelapetitetabledusalon.Nousnousscrutonstousduregard.Puis,c’estautourdeJareddegoûterl’IrishCoffee.

Ninaestàcôtédemoi,etj’ail’impressionquejepeuxentendresoncœurcognerdanssapoitrine.J’imaginequ’elleahâtedeconnaîtreleverdict,maissurtout,qu’elleestpresséedesavoirquelgageluiaréservéJareds’ilsdécidentqueCalvinafoiréleparilancé.

ToutcommeCamille,Jaredresteimperturbable.Ilestsilencieuxetavaledéjàlatroisièmegorgée.Riennefiltredesesémotions.Là,monimpatiencedevientaussitôtpalpable.Ninamejetteunregardcompliceetsoupirelonguementavantdelancer:

Alors?Onnevapasattendretoutelanuit!

Camille et Jared semurmurent quelquesmots à l’oreille tandis queNina peste à voix basse. JesourisetportemonattentionversCalvinquirestedétendu.

Bon,ilestpasmal,vraiment…ditenfinCamille,lesourireauxlèvres.

Merci!clameCalvin.

Nelaremerciepastoutdesuite,lanceJaredàsonadresse.J’ail’impressionquelacrèmen’estpasassezferme.

Nouslefixons tous.Jaredsembleonnepeutplussérieux.Calvinse lève, leregardfroncé,etsedirige vers lui d’un pas assuré.Nous sommes toutes perplexes et silencieuses tandis que les deuxgarçonsseregardentd’unairmenaçant.

Puis,duboutdel’index,Calvinattrapeunpeudecrèmeetlalèveverssonvisage.Ill’observeetbaisseleregardverssonamiquifroncelessourcilsd’unairinterrogateuretméfiantàlafois.

Etsinon,ilestréussioupas?demande-t-ilsansquitterlesyeuxdeJared.

Ilhochelatête,visiblementpeuconvaincu.

Jetel’aidit,ilfautqu’ilsoitparfaitetlacrèmeest…

Elleesttrèsferme,lecoupeCalvinensouriant.

Non,ellen’estpasaussifermequeça…

Tiens,regarde,elleestparfaite,contreCalvinenmettantlacrèmequ’ilavaitsurledoigtsurlenezdeJared.

Jepouffe, incapabledemeretenir tandisqueCamilleetNinasemordent la lèvrepouréviterdelâcherunrireàlavuedeJaredquialesyeuxécarquillés,louchantverslacrèmeauboutdesonnez.

Elletientparfaitement,assèneCalvinavantdesetournerversNinaetmoi.

Cettefois,lesriresfusentdanslapièce,brisantlesilencedesminutesprécédentes.

Ilaraison,cetIrishCoffeeestparfait,Jared.

Celui-ciregardeCamilled’unemouedubitative.

Jesupposedoncquej’airelevétondéfi!

Ouais,murmureJaredens’essuyantlenez.

Calvinlèvelepoingvictorieuxetluidemande:

C’étaitquoilegage?

Jaredrougitethausselesépaulesd’unairnonchalantavantdel’informerdecequ’ilavaitentête.

Tudevaisêtredecorvéedecuisineetdeménagependantunesemaineentière.

Maisc’estàmontour!interviens-jed’unevoixamusée.

Jesais,maisquandonlanceunpari,onaledroitdechamboulerlesrègles.N’est-cepas,Calv’?

Ildéglutit,malàl’aisequetouteslespairesd’yeuxsetournentverslui.

Ouais…c’estça.

Ehmerde,murmuré-jeensoupirant.Çam’auraitarrangé,avoué-je.

Calvinme regarde en levant un sourcil.Aussitôt, je lui adresse un sourire d’excuse quand il setourneversJared.

C’étaitpasmalcommegage.Donc,c’estàvousdeuxdelefaire.

Cen’estpasmoiquiailancécedéfi!sedéfendaussitôtCamille.

Oui,maistuasvoulujouerdesoncôté,donc,àpartirdemaintenant,Jaredettoiêtesdecorvéepourfairelacuisineetleménagejusqu’àlasemaineprochaine.

Jepousseuncrivictorieux,raviequelegagesesoitretournécontreJared.Ilpesteàvoixbasseetselèved’unbondengrognantjusqu’àcequ’ildisparaissedanslacuisinesousnosrires.

Nouspoursuivons la soiréedans labonnehumeur, cequim’aidevraiment ànepaspenser troplonguement àAaron ni à Travis. Toutefois, je ressens toujours ce vide immense au fond demoi,commesiquelquechoseavaitdisparudemapoitrine.

Nina semble heureuse également. Elle rit et s’amuse à lancer des piques à l’adresse de Jaredpendantquenousmangeons le repasqu’ilapréparéavecCamille. Ilsnesesontpas foulés, ilsontjustesortiducongélateurdeslasagnespréparéesqu’ilsontréchauffées.Toutefois,jemesurprendsàterminermonassiette.Ce soir, j’avais vraiment faimet la réflexiondeNina, pendant notre séanceshoppingconcernantmaperteaffligeantedepoids,m’aouvertlesyeuxsurcellequejesuisdevenuemalgrémoi:uncadavreambulant,dépriméetinvalide,par-dessuslemarché.

Toutcequejenevoulaispasêtre.

Etpourtant…

Ilasuffidecetaccident,deTravisetdesaffrontementsdeSeanainsiquedescomplicationsavecAaronpourdevenirenquelquesmoislafemmequejerefusaisd’être.

Cependant,grâceàladiscussionquenousavonseuedansl’après-midiavecNina,jevaisreprendrelecontrôledelasituation.Illefaut,jeledoisetjeparviendraiàêtreaussifortequ’ellel’est.

Jen’aipluslechoix…

***

*Nina*

Discrètement, je fixeCalvindu coinde l’œil. Il discute avec Jareddesprochainesprisesdevuepourletournagedesonfilm.Ilditnepasêtreennuyéparl’absencedeTravispoursontravail,qu’ilarriveraàgéreretàs’organiserentempsvoulu.Etpuis,ilestcertainquemonfrèrereviendrad’icipeu.Chosesurlaquellejenesuispasprèsdeparier.

Jesensqu’àmoncôté,Sarahsetendenécoutantlaconversation.Jetournelatêteverselleet luisouris.Complice,ellemelerendetunsentimentdesoulagementmesubmerge.Jen’aimepasquandelles’apitoiesursonsort.Elleméritebienplusetilfautqu’elleserendecomptequeTravisnefaitpaspartieduplansielleveutêtreheureuse.

Cependant, je peux comprendre la difficulté qui la ronge à cet instant même. Le manque estpalpableetsurtoutprendreconsciencequ’ilnedonnerapasdesesnouvellesdesitôt restefrustrantpourtoutlemonde.

Je soupire quand j’aperçois un rictus de douleur se former sur les lèvres demon amie. Jemepencheverselleetluidemande:

Tuasmal?

Non,çava.C’estjustequec’estunpeudésagréable,c’esttout.

Jebaisselesyeuxsursajambequ’ellemasseàtraversl’attelle.

Tularetiresdemain,çairamieux.

Ouais,j’aihâte,souffle-t-elleavantdefroncerlessourcils.

Quoi?

Jemedemandais…est-cequetu…

Viendraisavectoi?continué-je,arborantunlargesourire.

Tuvasvenir?

Biensûrqueoui,Sarah.JenevaispastelaisseryallerseuleetpuisCalvinaussiseraprésent.

Je jette un œil dans la direction de Calvin qui nous observe silencieusement depuis quelquesminutesdéjà.

Elle a raison. Nous avons prévu de t’y accompagner depuis un moment, confirme-t-il enplongeantsonregarddanslesien.

Jesourisetbaisselesyeux,sachanttrèsbienqu’ilrefusedemeregarderpluslonguementqu’ilnele faut. Cette constatationme fait rougir quelque peu, mais très vite, l’exclamation demon amie,visiblementravied’apprendrequenousl’accompagneronschezlechirurgien,m’ôtetoutespenséespeucatholiques.

Vousêtesdesamours,touslesdeux!

Eh!grogneJared.Jevoulaisveniraussi,maisj’aidescoursàrattraperet…

Laisse tomber, Jared, souffleCalvinen secouant la tête.Tuas aussi leménageà fairedemain,oubliepas.

Camillepouffe.

N’oubliepasquetoiaussi,tuvasdevoirlefaire!rétorque-t-ilàl’adressedesavoisinedetablequisembleavoirperdutoutetraced’amusementsursonvisage.

Ilaraison,intervientCalvin.D’ailleurs,lavaissellevousattend!

Souslesmarmonnementsdesdeuxquisontdecorvée,Calvinselèveetsedirigeverslabaievitréedusalon.Uninstantplus tard,CamilleetJareddébarrassent la tableetdisparaissentdans lacuisinetandisquejevoisSarahquiselèveàsontour.

Qu’est-cequetufais?

Jevaisdansmachambremereposerunpeu.Jenevaispastarder,cesoir,jesuisépuisée.

Jeposelamainsursonbrasetmelèvepourlaserrercontremoi.

Repose-toibien.

Ellemesourittendrementetacquiesced’unmouvementdelatêteavantdefiler.

Jel’observejusqu’àcequ’ellequittelapièceetpousseunlongsoupirderésignation.Jesaistrèsbienqu’ellesouffreetqu’elleessaiedemelecacheretjenesuisplustrèssûred’avoirprislabonnedécisionconcernantAaron.

Perduedansmesréflexionsmentales,jemetourneversCalvind’ungestevif,prêteàluiparlerdecequisepasseentrenousquandjelepercutedepleinfouet.

Ah…

Jenem’étaispasattendueàlevoirsiprèsdemoi.Jenel’aipasentendus’approcher.Jelèvelatêtevers lui et nos regards se croisent avant de se souder l’un à l’autre. Je prends conscience à cettesecondequ’ilmetienttoutprèsdelui.Lecontactdesesmainschaudesbrûlelapeaudemesbrasnus.Cependant,jenefaisrienpourqu’illesretire.Là,toutprèsdelui,jesuisbien.Moncorpsfrissonnetandisquejerésisteàl’enviedemecoulerdanssesbrasforts.

Calvin doit s’apercevoir de mon trouble et de l’attirance que j’éprouve pour lui, car un légersourirevienteffleurerseslèvrestentantes.

Bordel!

Voilàmaintenant que j’observe ces deuxmagnifiques lèvres humides qui appellent lesmiennes.Toutefois, je parviens à lever les yeux jusqu’aux siens. Là, un élan de chaleur m’emprisonnetotalementàlavuedesespupillesdilatéesdedésir.

Calvin,murmuré-jeenposantlespaumessursescoudes.

Ilneditrien,ilsecontentedemeregarderdansleblancdesyeuxpendantcequimesembleêtredelongues minutes. Puis, je remarque ses lèvres qui tremblent légèrement avant d’entendre un songracieux.

Nina…onnedevraitpas…

Jesais,dis-jed’unevoixfaible.

Jedéglutispéniblement. J’ai les joues rougesetmoncœurme jouedes tours.Ce salaud semblevouloirs’échapperdemapoitrinesansmapermission.

Calvinexerceunedoucepression surmesbraset jevois sonvisageavancervers lemien. Ilvam’embrasser,enfin!

Je ne peux retenir le petit sourire qui se dessine au coin demes lèvres lorsque les siennes sonttoutesprochesdesmiennes.Jesenssonsouffleeffleurermonnez,mabouchequ’ilfinitparprendred’undouxbaiser.

Cettefois,moncœurbatàcentàl’heureetj’aibienpeurdesuccomberaussitôtauflotd’émotionssensationnellesquimebouleversentauplushautpoint,maiscen’estriencomparéàcequej’éprouvelorsqu’il force le barrage de mes lèvres. Sa langue vient s’enrouler à la mienne dans une faibleretenuequim’amuseintérieurement.Iltransgressesespropresrèglesetiln’estpassûrdelui,maisl’attiranceestplusfortequelereste.

Doucement,jeglissemesdoigtssursesbrasjusqu’àcequej’attrapesesmains.Ilreculesonvisageetjecroismourirsurplaceauvideimmensequis’installeàl’intérieurdemoi.

Lesmainsjointes,nousnousfixons,lesoufflecourt.Puis,ledésirmonted’uncranetnousnousembrassonsd’unbaiserfiévreuxauquelnousrépondonsl’unetl’autreavecpassion.

CHAPITRE10

*Travis*

Je n’avais pas imaginé un seul instant queBaby Black serait la jeune adolescente intelligente etintrépidequi se tient devantmoi à cette seconde.Ellevient officiellementdeprendre laplushauteplace dans mon estime, en contrant son père durant la conversation ennuyeuse qu’il a engagée àl’entréeduplatderésistance,quelquesminutesplustôt.

J’étaisàdeskilomètresdepenserqu’ellem’auraitsortilesmotsdelabouche,énonçantexactementceque j’avaisenviedebalancer,avantque jenepuisse le faire.Jenemesouviensmêmepaspourquelles raisons laconversationadérapé sur le sujetde l’amouret la souffrance. IlmesemblequeStevensaévoquédeuxdesesclientsquiontfiniensembleoualors,c’estautrechose.Bref,ons’enfout.

Le principal, c’est que la petiteBabyBlack a rétorqué que l’amour n’était que passager et qu’ilfinissaittoujoursparfairesouffrirquiquecesoit.

Ellearaison,évidemment…

Cependant,jesuisheureuxdenepasavoireuletempsdem’engagersurceterrainminé.Ellel’afaitàmaplaceetj’ensuisravi.Cen’estpasmoiquemamèreregardecommesielleavaitenviedem’arracherlatête.EllefixeIvyavecdegrosyeuxetsecouelatête.

Ehvoilà,nousysommes!

Jesuiscurieuxàprésentd’écouterlesrépartiesdeBabyBlackquandmachèremamanvaenfinlacontredire.

Cequ’ellefaitsanstarder.

Tun’ypensespasvraiment,n’est-cepas,Ivy?

Dequoi?demande-t-elleenfronçantlessourcils.Quel’amourestvacheavectoutlemonde?

Jejetteunœilversmamère,elleacquiescedelatête.

Biensûrquesi.C’estlavérité,Emma.Tuassouffert,non?Papaaussiettouteslespersonnesquejeconnaisontfaitlabêtisedetomberdanslepanneau.C’estunechosequejeneferaijamais.

Sonpèrepousseunlégercrietladévisage.

Chérie,tuesbienamoureusedetonpetitami!s’offusque-t-ilavantdegrimacerenévoquantlefuyard.

Jen’aijamaisditl’aimerdecettefaçon.Jel’apprécieetonbai…jeveuxdire,c’estquedusexeentrenouset…

Ivy!s’exclameStevens,furieux.

BabyBlack ne semble pas être désolée de s’êtremontrée vulgaire en pleinmilieu du repas.Aucontraire, elle affiche un large sourire en piquant unmorceau de viande à l’aide de sa fourchetteavantdelemordreàpleinesdents.

Tuesincorrigible,mafille,souffleStevensens’excusantpourelle.

Mamanposelamainsurlepoignetdesonamant,luimontrantainsisonsoutien.J’aienviederirequandleregarddeBabyBlackcroiselemien,maisjesaisquemamèreneseraitpasd’accord,alors,jememordslalèvreetterminedemanger.

Non,maisfautarrêterdevousvoilerlaface!continue-t-elle,visiblementsatisfaitedepoursuivrecetteconversationfutile.

S’ilteplaît,Ivy,terminetonassiette.

Papa,souffle-t-elle.Jesaisquetuaimaismaman,maisquandelleestpartiecommeçaavantdemourirdeuxansplus tard, tuasvraiment souffert.C’est l’amour toutça. Il finit toujoursparvousmettreenmietteset…jen’aipasenviedefinircommeçapourunmecquin’envaudrapaslapeine.

Tuesencorejeune,lancemamère.

Iln’yapasd’âge.J’aivupapaplusbasqueterreet…

Çasuffit!

NoussursautonsaucoupdepoingqueStevensvientdefrappersurlatable.Jeregardemamère,elleesteffrayéeetdéglutitavantd’intervenir.

Nousdevrionschangerdesujet.

Personnenerépond.Stevenssecontentedefixersafilleavecdesyeuxassassins.Quantàelle,ellenecillepasuneseulesecondeethausselesépaulesdenonchalance.

Unevraiepeste.

Jedevineaisémentquelasituationrisquedepartirencouillesetjedécidesur-le-champdenepasassisteràcedivertissement.Alors,jemelèveetm’excuseauprèsdemonhôte.

Ilfautquejesorteunmoment.

Oui,biensûr,Travis,ditStevensenforçantunsourire.

Jerouledesyeuxquandleregarddemamancroiselemienetmeruehorsdelapièceoùlatensionestpalpable,maisj’ailetempsd’entendreStevensquis’adresseàsafille.

J’espèrequet’escontentedetoi!

C’estbon,papa,çanevapasletuer!

Bordel!

Dequoiparle-t-elle?

Cettediscussionm’était-elleadresséepouruneraisonquej’ignore?

Furieux,jesorsdelamaisonetmeretrouvesousleporche,lesoufflecourt.

J’ail’impressiondem’êtrefaitavoiretçamedéplaîtfortement.Jesorsmonpaquetdeclopesdemapocheetenallumeuneavantdem’asseoirsurlereborddelabalustradeblanchequientouretoutelamaison.

Je la fume rapidement et je prends conscience que la conversation que nous avons eue à tablen’étaitsansdoutepasdirigéeversmoi.Detoutefaçon,jen’airienfaitnirienditpourêtrevisédudoigt.

J’allumeunesecondecigarette,jen’aipasenviederentreretpréfèrecontemplerlecrépusculequitombe sous mes yeux. Heureusement, il fait chaud, le temps est assez lourd, mais j’aime cettesensationd’étouffement.J’ail’habitude,jemesensàl’aisedanscetteambiancecalmeetétouffanteàlafois.

Jepenseàceuxquej’ailaissésàL.A,enparticulieràSarahquidoitsouffrirdemonabsence.BabyBlackaraison:l’amourfinitparfairesouffrirtoutlemonde.

Jesaisqu’elleadessentimentspourmoi,maisjenepeuxpasluiapportercequ’elleattendet jem’enveux.

Terriblement.

Jefermelespaupièresetapprécielalégèrebrisequisouffledunord.Dehors,toutestcalmeetj’ail’impression d’entendre les battements de mon cœur qui se précipite lorsque le visage de Sarahapparaîtsousmespaupièresclosescommechaquefoisqu’elleslesont.

Jesoupirederésignation.J’aienviedeluienvoyerunmessagepourlarassurer.Jel’imagine,enpleursetagitéeaufonddesonlittandisquemasœurfrappeàsaportepourlaconsoler.

Jesecouelatêteetouvrelesyeuxavantd’extirpermonportabledelapocheintérieuredemaveste.

Merde!sifflé-je,remarquantqu’ilestéteint.

J’aicomplètementoubliédelemettreenchargechezmamèreetc’estdesafaute.Siellen’avaitpasprismontempsàmefairelamorale,j’auraispulecharger.

Envoilàdesfaçonsdeparler!

JerouledesyeuxàlavoixdeBabyBlackquivientdesurgirdansmondos.Cettepestesaitresterdiscrète,jenel’aipasentenduevenir.

Jemetourneverselleetlafusilleduregardavantdeluirappelerqu’ellen’estpasmieuxquemoi.Etàlaplacedem’envoyersurlesroses,ellemeremercie.

Dequoi?

Denepasavoirfaitallusionànotrepremièrerencontredevantmonpère.

Oh…jen’allaispasenvenimerleschosesentrevous,enluidisantquetutesauvesdescuisinespourt’engrillerune.

Ouais,etjeterevaudraiça,dit-elleensoupirantavantdemerejoindresurlabalustrade.

Jelarattrapeparlebrasavantqu’ellenetombeenavantlorsqu’elles’installeàmoncôté.Ellenemeremerciepas,maism’adresseunlégersourireavantdemedemanderunecigarette.

Ilnem’enresteplusbeaucoupetsitonpères’amèneici…

Jeluidiraiquejetel’aiofferte,répond-elle,unsourireénigmatiqueauborddeslèvres.

Jerouledesyeuxet,hésitantpendantunefractiondeseconde,jeluientendsune.

Merci.

Je secoue la tête, cette adolescente est vraiment différente de toutes celles que j’ai rencontréesjusqu’àprésent.

Qu’est-cequit’estarrivéaujuste?

Dequoituparles?

Toutàl’heure,tuétaisplusportéedanslegenregothiqueetmaintenant…tufaisattentionàtonlangageet…

D’oùlesurnomBabyBlack?

Mouais,acquiescé-je,riant.

Elle hausse les épaules et prétendqu’elle essaie de faire des efforts en présencede sonpère. Jepeux la comprendre,mais je redoutequeStevens soit aussi stupidepournepasvoir dans son jeu.Puis,elleengagelaconversationsurlarelationquenosparentsentretiennent.

Arrête,lastoppé-jeenlevantlamain.Jen’aipasenviedesavoirplusquejenesaisdéjà,cen’estpasmonproblèmes’ilscouchentensemble,parcontre,sitonpèrelarendmalheureuse…

C’est ce que je disais tout à l’heure, l’un et l’autre finiront par souffrir,m’interrompt-elle enlevantlesyeuxversleciel.

Jefroncelessourcilsetesquisseunsourire.

Tun’ensaisrien.Ilpeutêtreaussipurquedestructeur.

Ellemeregardeaveclesyeuxplissésetmedemande:

Surlequeldesdeuxes-tutombé,TravisSpencer?

Jelafixeavecl’enviedeladégagerdelà,maisjen’enfaisrien.Sonvisageenfantinetsarcastiquemeperturbequelquepeu.Jesoupireettireuneboufféedemaclopeavantdelajeterd’unepichenette.Jelaregardedisparaîtredansdesrosierssoigneusementbienrépartisdemanièreàreprésenteruneformegéométriquedansleparterre.

Jenecroispasenl’amour.Maisj’aimecroirequeceuxquienontsouffertserontenfinheureuxunjouroul’autre.

Foutaise!claque-t-elleavantdepouffer.

Jelaconsidèredelonguesminutesetréaliseàcettesecondequ’ellesouffreégalementdecemal.Elle a vu son père plus bas que terre, et jeme demande ce qui s’est passé pour qu’elle soit aussiconvaincueàsonjeuneâgequel’amourestdestructeur.

Ques’est-ilpasséavectesparents?

Ellemeregardeavecdegrosyeuxrondsavantdelesplisser.Elleprendunelongueinspirationetm’avouequec’estcompliqué.

Commepartout,dis-jed’unmurmure.

Ouais…quandj’avaishuitans,mamères’estbarréeavecleboulangerdeRoseHill.Ellenousaabandonnés,monpèreetmoi,ennous laissantuniquementunelettred’adieu.Papalagardeencoredans son coffre…depuis ce jour, il n’aplus jamais été lemême. Il a commencé à sortir avecdescopainsetquandilrentraità lamaison, ilempestait l’alcool.Ilpleuraitetcriaitsur lagouvernantepourqu’ellelelaisseseul.Claudianel’ajamaisécoutéetelleestrestéepours’occuperdenous.Papaavaitbesoind’aideetelleétaitlà.

Toiaussi.J’imaginequetaprésenceauprèsdeluiétaitungrandréconfort.

Tu te trompes. Ilm’évitaitautantqu’il lepouvait.Quand je réclamaissaprésence, ildisait toutsimplementqu’ilavaittropdetravail.

Elles’interromptuninstantetbalancelesjambesdanslevideenregardantlesmouvementsdeses

pieds.Jen’éprouvepaslebesoindelaprendredansmesbraslorsquejeconstatequ’unelarmeroulelelongdesajoue,maisjecomprendslatristessequivientdel’envahir.

Quandj’aieuonzeans,onaapprisqu’elles’étaitsuicidée.Jepensaisquepapas’étaitremisdesondépartet…àcetteannonce,ilestdevenufou.Jenel’aipasreconnu.Pendantdesmois,ilestrestéenfermédanssachambre.Lanuit, jel’entendaishurleraprèsmamère.Ilcriait, ilpleurait…c’étaitinvivable.Alors,unjour,jeluiaiditquejevoulaispartirloindelui.Ilm’aregardéecommesic’étaitlapremière foisqu’il découvraitmonexistence. Jen’oublierai jamais ce jour-là… ilm’a justeditqu’ilétaitd’accord,qu’ilcomprenaitquejevoulaislequittertoutcommemamèrel’avaitfait.

Jesuisdésolé,murmuré-je,touchéparsonhistoire.

Non,nelesoispas.Jen’aijamaissucequiétaitpassédanslatêtedemamèrepourqu’ellenousabandonne,maisdevoirmonpèreainsim’étaitinsupportable.Jenepouvaisplusresterdanslamêmepiècequeluisanspenserqu’ilmedétestait…jeluiressemblaisbeaucoupetellel’avaitbrisé.

Tun’espastamère,Ivy.

Elleritnerveusementetmeregarde,émue.

Cen’estplusBabyBlack?

Jesourisethochelatête.

Tusais…l’amourestunechosealéatoire.Toutlemondepeutvivresansetseportebienmieux.

T’asdesstatistiques?Parcequej’aimeraisbienlesvoir.

Jenemesuispasrenseignéeetjem’enfous.Ettamèreaeusonquotaaussi,jesuisaucourant.

Ouais,maiselleacceptaitlasituation.

Une putain de situation pourrie, tu veux dire ! grogne-t-elle. C’est ça aussi l’amour, desconcessionsàlaconqu’onsesentobligéd’accepterparcequ’onaime.

Oualors,parcequ’onnepeutpasfaireautrementparfoisquedesuivresoncœur.

Elletournesonvisageversmoietjemesensridiculed’avoirmurmurécesmotsquiontfranchimeslèvressansquejeleveuille.

Tut’yconnaistoiaussi.

Cen’estpasunequestion,maisjerefusedem’engagersursonterrain.Alors,jeluidis:

Tonpèresembles’enêtreremis.

Commeondit,onn’oubliepas,maisletempsfinitparpanserunpeulesblessures.

Mouais,c’estcequ’ondit,soufflé-je.

Jesorsànouveaumonpaquetdeclopesetenprendsuneavantdeluitendreladernière.Nousnousregardonsd’unaircompliceetnousnoussourionsavantd’allumerlescigarettes.

Pendantquelquesminutes,nousrestons là,silencieuxàfumernotreclope.Jemesensbien,maisquelquechosemechiffonne.J’aienviedesavoircequis’estpassépourelleparlasuite.

Alors,jeluiposelaquestionetellen’hésitepasàmerépondre.

JesuispartieeninternatàChicagopendanttroisans.Jevoulaispartirloind’icietcelaarrangeaitbienmonpère.Àmonretour,ilavaitchangé.Ilétaitredevenulepapaquej’avaisconnuavanttoutecettemerde.Dumoins,ilmelefaisaitcroire.Puisilarencontrétamèreetjepensaisquetoutallaitbien jusqu’à ce qu’il refuse d’écouter ses sentiments. Ça fait juste quelquesmois qu’ils se voientrégulièrement.Jesuiscontentepoureux,maisjen’arrivepasàcroireàunefinheureuse.

C’estlogique…murmuré-je,conscientqu’elleseprotège.Ettoidanstoutça?J’aiappriscequit’estarrivé…

Lesnouvellesvontvite!grogne-t-elle,soudainementmalàl’aise.

Jeneteforcepasàparler,consentis-jeenlevantlesmainsensignedereddition.

Jesais…jemesuisfoutuedanslamerdepourpasgrand-choseenfait…J’airencontréJeffilyaquelquesmois.Onétaitd’accord,c’étaitquedusexe,maisjesaisqu’ilm’aime.

Ettoi?

Ouais,mais…disonsquejeneprojetteriend’autreaveclui.J’aiétéclairedès ledépartet ilaaccepté.

Jebaisselatêteetfermelespaupièresuninstant.Elleetmoi,onseressemblesurcepoint.

Lesoiroùt’asétéagressée,iln’étaitpascenséêtreavectoi?

Si… il l’était. Mais… j’ai rencontré des gars qui semblaient être sympas. Ils m’ont proposéd’essayerdestrucs,tusais…pastrèslégaux.

Tonpèrem’aditquec’estJeffquit’afoutulespiedsdansladrogue.

Onnefaisaitquefumerunjointdetempsentemps.Iln’estpasleresponsabledecequis’estpassécettefois-là.J’aisuivicesgarscommeuneconneet j’aiprislespilules.Jenemesouviensplusderienensuite.Jesaisquejemesuisretrouvéesurlebitumed’uneroute,saleetensang…

Ilst’ont…

Non.Ilsm’ontfaitdesexamensàl’hôpitaletjen’aipasétéviolée.

Tun’asvraimentaucunsouvenir?luidemandé-jeendéglutissantpéniblement.

Elle secoue la tête et m’avoue que parfois, des flash-back lui viennent en mémoire, mais elle

n’arrivepasàidentifierlegarsquis’enestprisàelle.

Quelquesfois,j’ail’impressiondereconnaîtrelesvoixquihurlentautourdemoipendantqu’ilmefrappe,mais…c’esttropéloigné,tropbrouillé.

Jecomprends.Tuasdûêtre…

Bouleversée?Choquée?mecoupe-t-elleavantdehocherlatête.Ouais,maisjesuissurtoutencolère,cartoutlemondepensequec’estJeffalorsqu’iln’arienavoirlà-dedans.

Oùest-il?demandé-je,plongeantmonregarddanslesien.

Ellenerépondpas,ellesecontented’esquisserunfaiblesourireavantdedétournerlesyeux.

Tusaisoùilest.N’est-cepas?

Cen’estpastonproblème,c’estlemienetjecomptebienprouverqu’ilestinnocent!

Pour ça, il faudrait que tu retrouves lamémoire,Baby Black. Et je te déconseille de jouer lajusticièreavecdescamés.

Elleserrelesdentsetsautedelarambarde.

Qu’est-cequetufous?

On a assez discuté, beau gosse.On devrait les rejoindre avant qu’ils ne sautent sur l’occasionpourmettreleursmainsdansleurssous-vêtements!

Petitepeste!

J’éclatederireetlasuis.Nousentronsetarrivésausalon,nousnousfigeonssurplace,constatantquenosparentssontentraindeseroulerunepellephénoménale.

T’avaisraison,jelecrains,murmuré-jeàBabyBlack.

Ellemelanceunclind’œilcompliceets’exclamesansaucunregret:

Alors,onestdéjàaudessert?

Ilssursautenttouslesdeuxets’éloignentl’undel’autre,trèsmalàl’aise.Quantàmoi,j’éclatederireetreviensàtableenconsidérantmamèred’unregardamuséalorsqu’ilss’excusenttouslesdeuxdansdesmarmonnementsmalassurés.

C’est bon, ne soyez pas gênés, c’est des choses qui arrivent ! lance Baby Black d’un tonsarcastique.

Stevensluisouritetsecouelatêteavantdeseconfondreànouveauenexcuses,cequi,avecBabyBlack,nousfaitpouffer.

Commejel’avaisprédit,cetteadolescenten’apasfroidauxyeux,maisjeresteinquietdecequ’elleprépare en secret concernant son agression. Elle veut se venger, je le devine dans son regardlorsqu’ellerestesilencieuse.Etlesentimentdelaprotégerestplusfortquemoi,cettegamineaassezsouffertpourquejerestelà,lesbrascroisés.

CHAPITRE11

*Travis*

En fin de compte, la soirée s’est bien passée. Je n’en reviens toujours pas de la personnalité deBaby Black. Cette fille, malgré son jeune âge, a un passé compliqué, mais elle est restée forte,beaucoupplusquejelesuisàl’heureactuelle.

Jefroncelessourcilsetjetteunœilversmonportable.Ilestentraindechargerdepuisdixminutes.Je n’ose toujours pas l’allumer, appréhendant la tonne de messages que j’ai dû recevoir de mesproches.

Toutefois,ilfautquej’enprenneconnaissanceetjedoisrassurerSarah.Lapauvre,elleatoujoursétélààmesouteniretjel’aiécartéepourpouvoirfuirmesproblèmes.Jesecouelatêteetmedisqueje suis le roi des salauds. Je m’allonge dans mon ancien lit et esquisse un léger sourire tout enadmirantleplafond.

Mamanapasséunebonnepartiedel’après-midiànettoyermachambreetàchangerlesdraps.Ici,jemesurprendsàbienmesentir,àl’aisedansmonuniversavantquejeprennelelargeetclaquelaporteàmamèrequipréfèresemorfondrequed’avancer.

Jelâcheunlongsoupir.Enregardantbien,jesuiscommeelle.Elleafuisafamilleetsesprochespours’installerici,dansuntrouperduquandelleacomprisquesonchermarinereviendraitjamaisverselle.

Leplus ironiquedans cettehistoire, c’estque j’en suis aumêmepoint alorsquemaman sembleavoirenfinavancé.Quandje l’aivuecesoiravecStevens,entraindesebécotercommedejeunesamoureux, j’ai senti un espoirm’inonder de toutes parts. Je veux qu’elle soit enfin heureuse, elleméritevraimentqu’onl’aimesansfaux-semblants.

Perdu dans mes réflexions mentales, je sursaute quand j’entends que maman frappe contre maporte.

Entre!sifflé-jeenmeredressant.

Ellepasselatêteparl’embrasuredelaporteetmesourittendrement.

Jepeuxentrer?

Jehochelatêteetl’observetandisqu’elleapproche.Ellesemblehésitanteetfinitpars’installersur

lematelas.Jedéplacemesjambesetattrapemontéléphonequejefinisparallumer.

Évidemment,jenecomptepasprendreconnaissancedemesmessagesensaprésence.

Alors,quepenses-tudecettesoiréechezStevens?

Jehausselesépaulesdenonchalanceavantdeluirépondre.

C’étaitcool.

Ouais…tusemblesbient’entendreavecIvy.Jemetrompe?

Non,c’estunechouettegosse.

Elleaunsacrétempérament.

Jesouris,jenepeuxpaslacontrediresurcepoint.

EtStevens?medemande-t-elleaprèsunbrefinstantdesilence.

Ilestsympa,blindédefricluiaussi.

Travis!serenfrogne-t-elleenroulantdesyeux.

Quoi?Jeveuxjustedirequec’estétrange,non?

Commentça?

Ilvitdansuneputaindebaraqueetilbossedansunrestominable!

Ilahéritédesesparents,chéri.Etconcernant le restaurant, ilapromisàsonamid’enfancedes’enoccuperaprèssamort.C’estunhommebien,etiltientsespromesses.

Tul’aimes?luidemandé-jeenplongeantmonregarddanslesien.

Ellenes’attendaitpasàcettequestion,c’estévident.Ellebaisseleregardetlerelèveverslemien,arborantunpetitrictusréprobateuraucoindeslèvres.

Jenesaispas,c’estcompliqué.

Compliqué?

Chéri…jen’aiaimévéritablementqu’unseulhommedansmavieet…Stevensestsidifférent…

Ouais,ilnecouchepasavecdeuxoutroisfemmesenmêmetemps.

IlaunpassédouloureuxetIvypasseavanttout.

Jevois,murmuré-je,perplexe.

Travis,chuchote-t-elleenposantunemainsurmajoue.Jeneveuxplusvivreenattendantquelquechosedesautres.J’aiassezsouffert,ettulesaisaussibienquemoi.

Alorsquoi?Tucompteslevoirjustedetempsentempscommeça?Tusaistrèsbienqu’unjouroùl’autre,tuenvoudrasplusouluiet…

Qu’est-cequ’ilya?mecoupe-t-elle,caressanttendrementmonvisage.

Rien, mens-je avant de soupirer lourdement. C’est juste que… je n’ai pas envie de te revoirmalheureusecommeautrefoiset…

Jevaismieux,chéri.Crois-moi,jemesensmieuxmaintenant.Etavectoiici…

Jevaisrepartir,maman.Tulesais,n’est-cepas?

Ellehausselatête,visiblementdéçue.

Jelesais,maislaisse-moiprofiterdemonpetitgarçonencoreunmoment.

J’éclatederireetattrapesamainquejeserrefortdanslamienne.

J’aigrandi,tusais.Jenesuisplusunpetitgarçon.

Jesais,approuve-t-elle,leslarmesauxyeux.

Jemeredresseunpeuplusetlaprendsdansmesbras.

Jet’aime,maman.JeneveuxquetonbonheuretsituaimesvraimentStevens,alors…dis-lui.

Oh, je t’aime tellement, mon fils, murmure-t-elle d’une voix douce enme serrant fermementcontresoncœur.

Nousrestonsdanslesbrasdel’unl’autrependantquelquesminutes,puisellesedétache.Nousnousfixonsetsourionstandisqu’ellepasseunemaindansmescheveuxébouriffés.

TuasdesnouvellesdeSarah?

Jenesaispas,luidis-jeenmontrantmonportable.

Elleécarquillelesyeuxenvoyantlenombreincalculabledemessagesquej’aireçus.

Tesamiss’inquiètentpourtoi.

Jevaisleurrépondreetleurassurerquejevaisbien.

Ce n’est pas unmensonge ?me demande-t-elle en sondantmon regard, espérant y trouver lavérité.

Jesecouelatêteetluiprometsquejevaislefaire.

Trèsbien.Jevaismecoucher.Faisdebeauxrêves,monchéri.

Toiaussi,réponds-jeensourianttandisqu’elledéposeunbaisersurmonfront.

Ému, je laregardequittermachambre.J’attendsqu’ellefermelaporteet jesoupire longuementavantdedéverrouillermontéléphone.

Lesourireauxlèvres,jefaisdéroulerlalistedemescontactsquim’ontlaisséunmessageetquionttentédemejoindre.J’enaipasmaldeSarah,maisaussideNinaetCalvin.Monpèreatentédemejoindre une seule fois, il a laissé unmessage surmamessagerie. Je l’efface aussitôt sans prendreconnaissancedecequ’il a àmedire, jem’en fous.Qu’il aille auDiable, jeneveuxplus entendreparlerdelui.C’estterminé.

JedécidedelirelesSMSdeCalvinavantdem’attaqueràceuxdemasœur.

Calvinnes’inquiètepasautantqueNina,ilsaitquej’aibesoind’espacepourréfléchiretilsembleavoirunegrandeconfianceenmoipourquejerevienneenfindesemaine.

Je souris et entreprends d’écrire unmessage pour le mettre au parfum de la situation actuelle.Évidemment,jeneluidispasoùjemetrouve,carleconnaissant,ilseraitcapablededébarquericipourmeramenerauloftparlapeauduculs’ils’aperçoitquejemanquedetropaurestedelatroupe.

CesontlesmessagesdeNinaquimelaissentperplexe.Elleaussiveutsavoiroùjemetrouve,maisellesaitquejenevendraipaslamèche.Sonderniermessageestlongcommelebras.Ellem’expliquequ’elleconnaîtlavéritésurmarelationavecSarahetqu’elleestfurieusecontremoi.

Çanechangerapas.Jen’aifaitquelablesserdepuistoujours.

Toutefois,lesautresetellesonttenduunpiègeàSeanpourrécupérerlavidéosurlaquelleonmevoitaccepterledéfidemespotes:dépuceleruneviergedanslasoirée.

Bordel!

Toutelamerdeacommencéavecça.

Jesecouelatêteetpoursuismalecture,lecœurlourdderegrets.

Ninam’avouequ’elledétesteSeanetqu’ilestmortàsesyeux,toutcommenotrepère.Ilfauts’enremettreetavanceretellecomptesuruneexplicationàmonretour.Biensûr,elleajoutequejedoislaisserSarahtranquille,quejenesuispasassezbienpourelle,carmessentimentsnesontpasréels.Detoutefaçon,jenepeuxaimer,etellemelerappelle.

Unedouleur s’incrustedansmapoitrine.Ellea raison, jenepeuxque l’admettre,mais jene luiferaipaslafaveurdemettreuntermeàmarelationavecSarah.Ellememanquetropet jenepeuxpas…c’estplusfortquemoi.

Alors, je tapemonmessage demême contenu que celui que j’ai envoyé àCalvin. Toutefois, jerajoutequejesuisprêtàdiscuteravecelledemarelationavecSarahàmonretour.

J’esquisseunsourire,hésitantàrajouterquejesuisravidesoninquiétude.Puis,jelefaisetajoutequejel’aimemalgrétout.

QuandjeprendsconnaissancedesSMSdeSarah,j’ail’impressiond’étouffer.Jerejettelacouettequirecouvremesjambesetm’assoisaumilieudulitlorsquej’arriveàsonderniermessage.

Tasœurasansdouteraison.Jesuisdésolée,maisilvautmieuxpourtoutlemondequenousarrêtionsça,touslesdeux.Jet’apprécie,tulesais,maisjenepeuxplusmevoilerlaface,Travis.C’estterminéet…Aaronestmonpetitami,jen’aipasledroitdeletrahirainsi.Jeleregrette.

Sincèrement.

L’airdevientsuffocant,j’aideplusenplusdemalàrespirer.Mesyeuxnecessentdeparcourirlesmots de Sarah. Des mots que je n’aurais jamais cru lire un jour venant de sa part. Je saispertinemmentqu’elleestamoureusedemoietàlamoindredifficulté,elleécoutemasœuretmejettecommeça,parmessage!

Jesecouelatêteetpasseledosdemamainsurmonfrontpourépongerlapelliculedesueurquis’estinstalléesurmapeau.

Bordel!

Çanepeutpasêtrevrai.Ellement!Ellen’aimepasAaron.Cen’estpaspossible…

Fouderage,jemelèvedulitd’unbondettourneenronddanslapièce.J’aienviedetaperquelquechose,mais jen’en ferai rien,mamèreneméritepasd’affronterunecrisedemapart. Jenepeuxpas…

Sarah!

Jemeprécipiteversmontéléphonequej’ailaissétombersurlelitettentedel’appeler.Vul’heuretardive,jetombesursamessagerie.Jegrogneetraccrochesanslaisserdemessage.Detoutefaçon,quepuis-jedireàcela?

Ellemelaissetomberetj’aiméritécequim’arrive.Jen’aijamaisrienfaitpourluimontreràquelpointellecomptepourmoi.

Lecon…

Jemerendsàl’évidencequej’aiencoretoutfoiré.

Tout.

Commetoujours.

Je me dirige vers la fenêtre et l’ouvre en grand afin de trouver assez d’air pour respirer

convenablement.

Envain…

Rien n’y fait. Je me sens toujours oppressé comme si quelque chose appuyait contre ma cagethoracique,m’empêchantderespirernormalement.

J’aimalpartout,à l’extérieurcommeà l’intérieur.Laseule idéed’imaginer lacohabitationavecSarahsansquejepuisselatoucher,l’embrasser,m’endormirtoutcontreelle,m’estinsoutenable.

Jerefusequeçasedérouleainsi.Etelledoitlesavoir.

Alors,jetenteànouveaudecontrôlerlacolèrequim’asubmergésidouloureusementetdécidederépondreàsonputaindemessage.

Jeviensseulementdeprendreconnaissancedetesmessages.Sarah…jevaisbien.Pourêtrehonnête,jemesentaisbienquandj’aivuquetut’inquiétaisainsipourmoi,quetumesuppliaisderevenirauprèsdetoi,maislà,avectonderniermessage,jet’avouequejesuisfurax.Depuisquandt’écoutesmasœuretsurtout,depuisquandtuluiobéisaudoigtetàl’œil?Tuluiaspromisdeneplusm’approcher?Terends-tucomptedecequeçaveutdire?Tonpetitconnardd’Aaron,laisse-moirire!S’ilt’aimait,jen’auraispasdûtedépucelermoi-même,surtoutaprèstoutesvosannéesderelation.Iln’estpasquestionquejemeretire,Sarah.JecomptebientefaireMIENNEencoreetjesaisquec’estcequetudésires,auplusprofonddetoi.Nememenspas,jelevoisdanstesyeuxchaquefoisquejem’approchedetoi,quejetetouche,t’embrasse.Bordel,SARAH!N’écoutepersonne.Quandjevaisrevenir,jetefaislapromessequenouspasseronsdutempsensemble,rienquetouslesdeuxettusaiscequeçasignifie.Cen’estpastoiquejefuisetjeneleferaijamais.J’aijustebesoindetempspourréfléchiràcequis’estpasséavecSeanetmonpère,çan’arienàvoiravectoi,Sarah.Jet’enprie,bébé,n’écoutepasNina.Onsevoitbientôt.C’estpromis.Enattendant,personned’autrequemoine

tetouchera,mets-toibiençaentête,bébé.Onn’enapasfinitouslesdeux.

TravisS.

J’ai bien conscience que ce n’est pas lemessage qu’elle attenddemoi.Elle est romantique, pasmoi.Maisjesuissincèrequandjeluidisquejenelaisseraipersonnelatoucher.

J’envoielemessageetcoupemonportableensoupirantlonguement.Ellenemerépondrapasdansl’immédiat,elledoitdormiretc’estcequejedevraisfaire.

Alors,convaincuderecevoiruneréponsedesapartdans lamatinéededemain, jemecoucheetferme les paupières, priant de trouver le sommeil rapidement afin d’éviter de penser à toute cettemerdequimepoursuitencore.

CHAPITRE12

*Sarah*

Quand je me réveille, le lendemain matin, j’ai l’impression d’être passée sous un rouleaucompresseur. Jen’ai pasbeaucoupdormi, et le peuque j’y suis arrivée, c’était pourme retrouverdansunsommeilagité.

Heureusement, j’avaisdécidéd’éteindremon téléphoneportable afinde contrecarrer toute envied’envoyerunmessageàTravis.Hier,j’aiprislabonnedécision,luietmoi,c’estterminéetdetoutefaçon,jen’aipasvraimentlechoix.Ilestparti,Ninam’afaitpromettredemettreuntermeànotrerelationetAaronarriveraicidansquelquesjours.

Je pousse un long soupir tout en fixant le plafond dema chambre. Je décide deme lever aprèsavoir paressé au lit encore un petitmoment et allumemon téléphone. Le temps qu’il s’allume, jepréparemesvêtementsquejeplaceenpilesurmonlit.

Ce matin, je suis pressée mais inquiète également. J’ai rendez-vous avec le docteur Stone, lemédecinquim’areçueàmonretourd’Abilene.Ladateaétéfixéeàaujourd’huipourm’ôterl’attelleainsique lesbrochesquimaintiennentmongenou.J’aihâted’être libéréeet,enmêmetemps,peurd’éprouverencoredesdouleurs,bienquecelles-cisesontatténuées.

Toutefois, je suis soulagée que Nina et Calvin m’accompagnent. Je jette un coup d’œil sur laphotographiedemespetitessœursetattrapelecadrequejecaressetendrement.Ellesmemanquentterriblement.

Soudain,lavibrationdemontéléphonemesortdelanostalgiequivientdem’envahirquelquepeu.Je replace lecadresur la tabledechevetetm’installesur lematelasenprenantmonportable.Mesmainssemettentàtremblerlégèrementenconstatantquej’aireçuunmessagedeTravis.

Mesyeuxs’écarquillentàlalectureduSMS.Puis,unelarmes’échappedemapaupière,jelabalaiedureversdelamaindansungesterageur.

Bordel!

Pourquiseprend-il?

Je secoue la tête, me rendant à l’évidence qu’il ne laissera pas notre relation s’arrêter de sitôt.Cependant, j’éprouve un sentiment de soulagement, mais je ne peux pas trahir, à nouveau, mameilleureamieainsiquemesrésolutions.

Alors,jerefusedeluirépondreetverrouillel’écrandutéléphoneavantdelelaissersurmonlit.J’attrapemesvêtementsetmeprécipitedans lasalledebains,espérantque ladoucheme tirera lesalternativesquimepassentàl’esprit.

Unedemi-heureplustard,jerejoinsmescolocatairesàlacuisine.NinaetCalvinsemblentjoyeux.Il a dû se passer quelque chose hier soir entre eux, c’est évident vu les regards discrets qu’ils selancenttouslesdeux.J’esquisseunsourire,ravieaufonddemoiquelapossibilitéqu’ilssemettentensemble arrive à grands pas. Cependant, les règles que Calvin a établies pour le bien descolocatairesnejouentpasvraimentenleurfaveur.

Nous prenons le petit-déjeuner ensemble avant que Jared et Camille quittent le loft. Si j’ai biencompris,Jaredl’accompagneàuncoursprivédethéâtre.Cesdeux-làsemblentbiens’entendreaussi,cequimefaitpeurpourcerèglementquej’aiétélapremièreàbriseravecTravis.

Ninameparledurendez-vousetjelarassureenluidisantquejesuisconfianteetquej’aisurtouthâtequeleDrStonem’enlèvecepoids.

Il est presque neuf heures quand nous quittons le loft tous les trois. C’est au moment de nousinstallerdansle4X4queNinamedemandesij’aireçudesnouvellesdesonfrère.

JenedisrienetlanceunregardversCalvinquim’avoueavoirreçuunSMS,luidisantdenepass’inquiéter,qu’ilvabienetqu’ilreviendrabientôt.

Moiaussi,c’estcequ’iladit,lanceNinatandisquejebouclemaceinturedesécurité.

Elletournelatêteversmoi–jeluiailaissélaplaceàcôtéduconducteur,elleenmouraitd’envie.

Il m’a aussi adressé un SMS. Ça doit être un copier-coller qu’il a envoyé à tout le monde,réponds-je,plaquantunsemblantdesouriresurmonvisage.

Ninaémetunesortedegrognement incompréhensibleet se tourne faceà la route. Je soupiredesoulagementtandisqueCalvinaugmentelesondel’autoradio.

LamusiquedeRihannamontedansleshaut-parleurs,envahissantl’habitacledelavoiture.JefermelespaupièresetneparvienspasàrefoulermespenséesquisedirigentversTravis.Àcetinstant,jenevoisquesonvisage,arborantcepetitsourireencoinirrésistiblequilecaractérisesibien.Unegrandeémotionsediffusedanstoutmonêtreàcetteimagequejevoudraisgarderàjamaisenmoi,dansuncoindematêteetdansmoncœur.

Cependant,maraisonprendledessussurmessentimentsetémotionsquimebouleversent.J’ouvrelesyeuxenm’obligeantdefixerlaroutequeCalvinempreinte.

Plusunmotn’estéchangéjusqu’àlacliniquedelaville.Calvinsegaredèsqu’ilaperçoituneplacedeparkingdisponibleetcoupe lemoteur.Lestresscommenceàmontercrescendo.Mesdeuxamissortentduvéhiculetandisquejeresteimmobile,effrayéed’entrerdansl’hôpital.

Laportières’ouvreetunemaintenduesedressedevantmoi.JeregardeNina,leslarmesauxyeux,etinspireprofondémentpourapaiserlapaniquequis’emparedetoutmonêtre.

C’estàcausedetonaccident,cettephobiedeshôpitaux,machérie,maisçasepasserabien,OK?Letoubibvat’enlevercemachinettupourrascourir!

Je la remercie d’un léger sourire, ne parvenant pas à dire quoi que ce soit à cause de la bouled’angoissequis’estlogéeaufonddemagorge.Cependant,jepuiseassezdeforcepourmedépêtrerdececarcandiaboliqueetplacemesdoigtsdanssamain.

Elleexerceunedoucepressionpourmerassureret jesorsdelavoituretoutenfuyantleregardcompatissantdeCalvinquis’obligeàdirequetoutsepasserabien.

Je les remercie d’une voix faible et serre mon dossier médical contre ma poitrine avant dem’avancerversl’accueil,mesdeuxamisàmescôtés.

***

*Nina*

QuandSarahs’estlevéecematin,j’aisuqu’ellen’allaitpasbien.Jenepensaispasquesavenueàl’hôpitallarendraitsimaletjemedisquej’aibienfaitdel’accompagneravecCalvin.Évidemment,je la comprends et admets volontiers que l’état dans lequel elle se trouve est difficile pour elle.Toutefois,ledocteurStoneasutrouverlesmotspourlarassureravantdel’emmenerdanslasalledesoins.

Calvinetmoiattendonsdanslebureaudepuisplusieursminutesdéjà.Lemédecinnousaprévenusquel’interventionprendraitplusd’unedemi-heure.JesuisassiseàcôtédeCalvin.Lesyeuxfermés,jesensànouveaucettebouled’angoissequis’incrusteaufonddemagorgecommechaquefoisquejemetrouveseuleaveclui.

J’aime sa présence, je l’apprécie grandement, mais après le baiser que nous avons échangé laveille,j’aipeurqu’ilmedisequ’ilregretteetquenousnepouvonspascontinuerainsi.

Perdue dansmes réflexions, je sursaute légèrement lorsque je sens ses doigts se poser surmamain.J’esquisseunlégersourireetfixenosdoigtsqui,instinctivement,sesontentrecroisés.

Unsoupirdesoulagements’échappedemeslèvresentrouvertes.

Tuvasbien?

Jetournelatêteafindeplongermonregarddanslesien.

Oui,j’aihâtequeçasefinisse.

TusemblesaussinerveusequeSarah.

Jesouris tandisquemoncœurmanqueunbattementà lavuede la lueurvivequidansedanssesyeuxverts.

Jelesuis...j’espèrequel’interventionsepasserabien.

Tu as entendu lemédecin,Nina. Tout se passera bien, dit-il en passant samain libre dans sescheveux.

MonDieu…

Cegestelerendsexyplusquejamaisetjenepeuxdéviermonregarddeseslèvresquej’aienviedegoûterànouveau.

Elleaurabesoindefairebeaucoupderééducationpourretrouverunemobilitéparfaite,maiselleyparviendra.

Elleestforte,soufflé-je,incapabledeposerleregardailleursquesursabouche.

Ilsourit,affichantunerangéededentsparfaitementblanches.

Jememetsàdéglutirpéniblementtandisquesonpoucefaitdesalléesetvenuessurledosdemamain.

S’iln’arrêtepastoutdesuite,jenemeretiendraipasunesecondedeplus.

Nina…

Jelèvelesyeuxverslessiensetjeprendsconsciencequ’iléprouveautantdemalquemoipournepasmesauterdessus.

Tunedevraispasmeregardercommeça,souffle-t-ild’untonrauque.

Calvin…je…

Il m’interrompt soudainement par ses lèvres qui s’abattent sur les miennes avec empressement.Vivement,jerépondsàsonbaiserquim’envoûtedetoutesparts.Toutcequisetrouveautourdenousdisparaîtsubitement.Iln’yplusqueluiquicompteetseslèvresquinecessentdesepressercontrelesmiennes,salanguequitaquinelamienne,nossoufflesquisemélangent.Plusriend’autren’existeàcetinstantetledésird’envouloirplusnoussubmergetouslesdeuxsansattendre.

Alors,avecsonaide, jemeretrouveassiseàcalifourchonsur lui tandisquenotrebaiserdevientplussauvage,plusimpatient.

Sesmains dansmon dos et les caresses qu’il effectue de ses doigts habiles entremes côtesmedonnentlasensationdemeconsumersurplace.

Lebesoinderespirernesefaitpasplusattendre.Ilbriselebaiseretopposesonfrontaumienenfermant les paupières. Doucement, je prends son visage en coupe dans mes mains et caressetendrementsespommettes,sesjoues,lecoindeseslèvres.Jesuisbien,là,danssesbras.

Onnedevraitpas,murmure-t-ilsibasquej’aidumalàentendrecequ’ilvientdedire.

Toutefois,unedouleurs’immiscedansmapoitrine.Jesecouelatêteetnosregardss’ancrentl’unàl’autresouslesilenceélectrisantquivientd’envahirlapièce.

Je…suisbienavectoi,Calv’.

Moiaussi,souffle-t-ilenmeserrantcontrelui.Mais,j’aiétablidesrèglesauloftet…

Personnen’abesoindesavoir,lecoupé-je.

Jelefixe,unelueurd’espoirdanslesyeux.

Nina…tonfrèreetSarahsont…

Iln’yaplusrienentreeuxetcen’estpaslamêmechose,Calvin.TravisetSarah,cen’étaitquedusexeetriend’autre.Nous,c’estdifférent.

Ilhausseunsourcilnarquoisetinterrogateuràlafois.

Jemelanceaussitôt:

Écoute…jenesaispaspourtoi,maistum’attiresetjepensequec’estréciproque.J’aimeraisêtreavec toi,Calvin. Je sais…que tu as instauré ces règlespour lebien-êtrede toute la coloc,mais…nousn’avonsqu’ànousmontrerdiscrets.

Cen’estpassifacile,Nina,répond-ilensoupirantavantdeprendremonvisageentresesmains.J’éprouvelamêmechose,maiscen’estpasbien.Tut’esmiseentretonfrèreetSarahettuveuxquenousayonsunerelation.

Tuleveuxaussi,grogné-je.Nemedispaslecontraire,jelevoisdanstesyeux,dans…

Cen’estpas laquestion,bébé.Cen’estpaséquitablepour lesautreset jedétesteêtreceluiquiprend…

Alors,enlèvecesfichuesrègles!

Je ne peux pas, refuse-t-il en caressantmes lèvres du bout des doigts.Allons-y doucement, tuveux?Prenonsletempsdevoiroùçanousmène.Ensuite,nousaviserons.

Jehochela tête, les larmesauxyeux,satisfaitequ’ilnerejettepasnotrerelationavantqu’ellenedébute.Etquandseslèvresviennentfrôlerlesmiennesdansundouxbaiser,moncœursegonfledebonheurcommejamaisauparavant.

CHAPITRE13

*Travis*

J’ouvrelespaupièresbrusquementetgrognefurieusementenmerendantcomptequejeviensdefaireuncauchemar.Del’étage,j’entendslamusiquequemamèreaalluméeausalon.Elledoitsansdouteêtreentraindefaireuneséancedeyoga.

Jefermelesyeuxetpesteàvoixbasse.Jedétestecegenredemélodiequienvahittoutelamaison.Commesinousétionsauborddel’océan…

N’enpouvantplusd’entendrelebruitdesvaguesetlechantdesmouettesaffamées,jemelèveetmedirigeverslasalledebains.

Quelquesminutesplustard,jesorsdeladoucheetenrouleuneservietteautourdematailleavantdemedirigerversmachambre.Jetendsl’oreille.Satisfaitquelamusiqueaitcessé,jemerueversl’armoireoùmesvêtementssontparfaitementrangés.

Jepasseunjeantrouéauxgenouxetenfileuntee-shirtnoir.Unefoisprêt,jeprendsconnaissancedesmessagesquej’aireçus.

Sarahn’apasdaignémerépondre.Jem’endoutais.J’aireçudeuxSMS.UndeCalvinetlesecondprovientdemasœur.

J’enprendsconnaissance.

Salut,Travis.Préviens-moiquandtucomptesrevenirauloft.J’espèrequetuvasbien.Jet’embrasse.Nina.

Jesecouelatête.Furieux,jepestecontresontoupet.

Commentose-t-ellecroirequejevaisrépondreàsademandeaprèscequ’elleademandéàSarah?

Petitegarce!

J’effacedirectementsonmessageetlisceluideCalvin.Surpris,jeplisselesyeux.

Hey.Tudevraisrentrer.Jesaisquetuasbesoindet’isoler,maisnoussommeslàpourtoi,Travis.S’ilteplaît…rentre.J’emmèneSarahàl’hôpitaldemainmatin,elleenlèvesonattelle.Jesupposequetuvoulaislesavoir.Situlesouhaites,jetedonneraidesnouvelles,maisappelle-moidèsquetupeux.

Bye.Calv’.

Jesoupiredelassitudeetm’assiedssurleborddulit.J’hésiteuncourtinstantavantd’ouvrirmescontacts.Jefaisdéfilerlalistedespersonnesrépertoriéesdansmontéléphoneetcliquesurlenomdemonmeilleurami.Ilfautquejeluiparle.

Calvinrépondàlatroisièmesonnerie.

Uneminute…

Surpris,j’écarquillelesyeuxenentendantdesmurmures.Ilmesemblequelavoixestcelledemasœur,mais jen’en suispascertainà centpourcent. J’attendsquelques secondes,voireuneminuteentièreavantqu’ilmeréponde.

Salut,Travis.Désolédet’avoirfaitattendre.

T’esoù?luidemandé-je.

Euh…àl’hôpital.TuasreçumonSMS?

Oui,oui,maisilestplusdemidi.Vousêtesencorelà-bas?

Ouais,Sarahvientderemonterdubloc,touts’estbienpassé.

Jelâcheunsoupirdesoulagementetpasseunemainsurmonvisage.

Tantmieux…commentelleva?

Çava.Elleestencoreunpeugroggyparl’anesthésie,maiselleestraviequesajambesoitlibre.

C’estbien…trèsbien,marmonné-je,ungrandsourireauxlèvres.

SiCalvinmevoyaitàcet instant, ilpenseraitque jesuis leplus idiotde laTerreàsourireaussibêtement.

Tuvasenfinmedireoùtues?medemande-t-il.

Jesorsdemespenséesetsecouelatête.

Tuledirasauxautres.

Sérieusement?Jepensaisquetuavaisconfianceenmoi.Bordel,Trav’!Toutlemondes’inquiète

pourtoi.

Arrête tes conneries. Ils en ont rien à foutre, soufflé-je avant de déglutir péniblement. Écoute,mec…j’aiconfianceen toi,cen’estpas leproblème,mais jesuis foude ragecontremasœur,cen’estpaslemomentdemefairerentrer,crois-moi.

Qu’est-cequ’elleafait?m’interroge-t-ild’unevoixgrave.

Jenesaispassituesaucourantetdetoutefaçon,jem’enfousquetulesois,àprésent.Mais…Sarahetmoi…ellemefaitbander,Calv’,et jen’aipasenviequeçase termine,maismagarcedesœurluiafaitpromettredeneplusm’approcher.

Merde, l’entends-jepester.Écoute, tout lemondeestaucourantpourvousdeux,maispersonnen’en parle vraiment. T’as encore foiré, Travis… Je ne sais pas quoi dire, mais Nina a sans douteraison.ElleaimebeaucoupSarahetelletientàelle.

Etalors?Tupensesqueça luidonne ledroitd’interférerdanssavieprivée?Bordel,Calvin,réveille-toi!Jenel’aipasviolée,elleétaitbienconsentanteetje…

Tu,quoi?Travis?

Jefermelespaupièresetadmetsquejemesensperduaveccettefille.

Tuesamoureuxd’elle,n’est-cepas?

Nedispasn’importequoi,grogné-je,malàl’aise.C’estjusteque…avecelle,c’estdifférent.Jemesensbienquandonestensembleet…écoute,laissetomber…

Arrête,noussommesamistouslesdeuxetj’étaislàpourtoiquandçan’apasété,tutesouviens?

Biensûrqueoui.Jenel’oublieraijamais,dis-je,ému.

Çavaaller,Travis.SiSarahpartagetonsentiment,vousfinirezbienparretournerdanslesbrasdel’unl’autre.

Surprisqu’ilsoitaussicompréhensif, jerestesilencieuxpendantuncourtinstant.Jedevinealorsquequelquechosecloche.Jeluidemande:

Attends une seconde, Calv’. Qu’est-ce qui a changé ? Tu as établi des règles à tenir entre tescolocatairesetlà,tumerassuresenmedisantqueSarahetmoi…

Cen’estpascequej’aivouludire,serattrape-t-il.C’est justeque…Tuassansdouteraison.Sij’ai établi ces règles, c’est en partie par ta faute. Tu sautes sur tout ce qui bouge, Trav’… j’aiuniquementvoulupréservertoutlemonde.

Ouais,peut-être,maisçaachangé.Jenesuispluslemêmeettulevoisbien.

Depuisquand?Lesfillestecollentautraincommedessangsues.

J’aidégagétoutlemonde,Sydneyégalement.

C’estdoncpourSarahquetuasfaitcela?

Jenerépondspasdansl’immédiat.Jenesaispasrépondreàcettequestionpertinente.

Jevois,dit-ild’untonamusé.

Tufaischier,Calv’.Nedisàpersonnequejet’aiappelé,OK?

Bouchecousue.

Jerouledesyeux,exaspéréparl’amusementdemonami.

L’enfoiré!

Bon,écoute,jenedirairien,c’estpromis,continue-t-ilavantdepousserunsoupir.Ilfautquejetelaisse,Sarahnevapastarderàsortir.Dis-moioùtutetrouves,jegarderaiçapourmoi.

Tufaisvraimentchier !Chezmamère. Je rentreraidansdeux jours toutauplus.Enattendant,essaiedeconvaincremasœurdesemêlerdesoncul,s’ilteplaît,tumerendrasungrandservice.

C’est toi qui me fais chier, Travis ! Ta sœur est la personne la plus bornée que je connaisse,commentveux-tuquej’yarrive?

Jepensaisquec’étaitmoi…réponds-je, amuséavantde reprendremonsérieux. J’en sais rien,Calvin,maisdébrouille-toipourqu’ellenouslâche.

Jeferaiaumieux,maisjenevaispasm’engueuleravecellepourtesbeauxyeux,sache-le.

C’estdemasœurdontonparle,Calvin!Qu’est-cequeçapeutfoutresiellefaitlagueule?

Unblancs’installe.Suspicieux,jem’interrogesursonsilence.S’engueuleravecmasœurn’estpasdanssesobjectifsetjepeuxcomprendre,maissonsilenceestéloquent.

Y’auntrucquejedevraissavoir?l’interrogé-jeavantdeserrerlesmâchoires.

Non, non… Y a pas mal de tensions depuis ton départ, et disons que je n’ai pas envie d’enrajouter.

OK…Jerentredanspaslongtempsetjepensequeçasepasserabiensimasœurresteàsaplace.Tupeuxessayerdefaireça?

Jeleferai,Travis…maisjeneteprometsrien,murmure-t-ilaprèsuninstantd’hésitation.

Esquissantunsouriredesatisfaction,jeleremercieetluidemandedenepasoublierdemeteniraucourantdelasituationpourSarah.

Tuveuxquejeluiparledenotreconversation?

Non,claqué-je,appréhendant,pendantunebrèveseconde,laréactiondeSarahsielleavaitventdenotrediscussion.

Trèsbien,jeneluidirairien,maissiellesaitoùtues,ellepourraitpeut-êtrevenirtevoirpourdiscuter…

Elleattendsonpetitami,lecoupé-je,unedouleurdanslagorge.

Tuesaucourant…

Ouais,ellemel’aapprisparSMS.

Nefaispaslecon,Trav’.

Jesuischezmamère,monvieux,queveux-tuquejefasse?

Ildevraitêtreicidansquelquesjoursettudécidesderentrerpourêtreprésentquandilarrivera.Jenesuispasstupide,Travis.Jetedemandejustedenepasfairelecon.

Jeneferairiendestupide,PAPA.

Ilrit,maisjereconnaisl’amertumedanslesondesavoix.Ilsemblequemonamisoitplusaucœurdelasituationquespectateur.

Cependant, je n’ai pas le tempsde tergiverser davantage. Jemets fin à la conversationquelquessecondesaprèsl’avoirencoreremercié.

Jemelaissetombersurlelitetobserveleplafondpendantquelquesinstants.JemedisqueCalvinaraison,qu’ilseraitbienqueSarahconnaisselelieuoùjemetrouveafinqu’ellepuissemerejoindre.

Ungrognements’échappedemagorge.Jerefusecetteidéecarjesaiscommentsetermineraitcettevisite.Elleserait là,allongée,nueetoffertedansmon lit tandisque je la feraismiennependantdelonguesheures,peut-êtreunenuitentièrecellequejerêvedepasseravecelle.

Jefermelespaupièresetimagineaisémentcettescènequinecessedemehanter.

Oui,j’aimeraistantqu’ellesoitlà,àcetendroitprécis.Làoùjepourraisluidirecombienjesuisfoud’elle, que je l’aime.Làoù jepourrais la couvrir debaisers ardents et passionnés, làoù je lagarderaisdansmesbraspouruneéternité.

***

*Nina*

Jenesaispascequisepassedans la têtedeCalvin,maisdepuisqu’ilestsortide lachambredeSarahpourprendresonappel,iln’estpluslemême.Ilsemblemalàl’aise,oseàpeinemeregarderdanslesyeux.

Jen’enpeuxplus.Çafaitdixminutesquenousroulonsendirectionduloft.Sarahestàl’arrière,elleestencoreàmoitiégroggyparl’anesthésie.Lesilenceestélectriquedansl’habitacledu4X4etjen’aimepascela.

Je tentede faire comprendre àCalvinque j’ai besoinqu’ilme regarde, qu’ilme fasseun signepourm’assurerquetoutvabienentrenous.

Envain.

Ilrestetrèsconcentrésurlaroute,lesyeuxbraquésdroitdevantlui.Lorsquenousnousgaronssurleparkingdu loft, jepousseun long soupir de résignation.Calvin est distant et, visiblement, il necomptepasm’adresserlaparolepourlemoment.

J’aide à extirper avec soinmon amie quimarmonne desmots incompréhensibles. J’esquisse unsouriretandisqueCalvinmecontourneafindeprendreSarahdanslesbras.

Qu’est-ceque…fais?ronchonne-t-elleenserrantlecoudeCalvin.

Jeteporte,ceseraplussimpleetplus…rapide.

J’enaiassez…jeveuxmarcher…etcourir!

Tupourrasfaireçaunefoisquetuteserasunpeureposée,Sarah.

Je suis Calvin qui transporte ma meilleure amie qui délire dans ses bras. J’apporte mon aide,ouvrantlesportessurnotrepassage.

Danssachambre?demandé-jeàl’adressedeCalvin.

Pourtouteréponse,ilhochelatêteetjem’empressedemonterlesmarchesquimènentàl’étage.Lesautresnesontpasprésentset j’ensuissecrètementsoulagée.UnefoisqueSarahseracouchée,Calvinetmoinouspourronsdiscuterplusintimement.Jecomptebienluiposerlesquestionsquimeturlupinent.

Quelquesminutesplustard,Sarahestallongéedanssonlit.Lesyeuxclos,ellesoupired’aiseetjemedisqu’ellenevapastarderàs’endormir.JefaissigneàCalvindemesuivreàl’extérieurdelachambre.

Ilobtempèreet,toutàcoup,j’ail’impressiondeperdrelepeudecontrôlequim’aaniméejusqu’àprésent. Une fois qu’il a pris soin de fermer la porte, je l’agrippe par le bras et l’attire versmachambre.

Nina…

Tais-toi!grondé-je,furieuse.

Vivement,jefermelaportedemachambreetlefusilled’unregardassassin.

Jepeuxsavoiràquoitujoues,Calvin?

Qu’est-cequeturacontes?medemande-t-ilenprenantunairinnocent.

Jelèveunsourcilinquisiteuretluiexpliquequejevaisfinirparperdrepatiences’ilnemeracontepaslesraisonspourlesquellesilachangédecomportementvis-à-visdemoi,aprèscefameuxcoupdefilqu’ilareçu.

Cen’étaitriend’important!s’exclame-t-ilavantdesoupirerdelassitude.

Jesecouelatête,refusantdelecroire.

Je n’ai pas changé de comportement, Nina, continue-t-il sur un ton beaucoup plus doux etensorceleur.

Sceptique,jeleconsidèred’unregardplissétandisqu’ils’avanceversmoi.Jedéglutis,constatantqu’ilestsincère.Lentement,unfaiblesouriresedessinesurseslèvresetsespupillesétincellentd’unelueurdedésir.

Immédiatement, un nœud se forme dans mon estomac alors qu’une sensation époustouflanteenflammemonbas-ventre.

Jeledésirecommejamaisjen’aidésirépersonneauparavant.

Calvinestsimerveilleux,sisincèremalgrél’appréhensionquenouséprouvonstouslesdeuxpource qui va se passer dans les prochaines minutes. Nous n’avons pas besoin de parler, nos corpssemblentlefaireparfaitementd’eux-mêmes.

Sisimplement…

J’ail’impressiondeperdrelanotiondutemps.Jemeretrouvedosàlaporteclosetandisquesoncorpsépouse lemien.Nos lèvres se frôlent, se caressent tendrement enunbaiser chaste.Puis,nosrâlesdeplaisirs’échappentdenosgorgesassoifféesdel’unl’autre.

Sonregardbrillantdedésirsondelemien.Là,notreimpatiencecroulesousl’attentedemettrefinàcettesensationinouïed’apaiserlefeuquinousconsumedel’intérieur.

Nina…murmure-t-il,plaçantsesmainsautourdemataille.

Un long frisson me parcourt tout le corps, faisant tressaillir chacune de mes terminaisonsnerveuses.

Jedevineencorecetteappréhensiondanssonregardetj’ymetsfintoutenprenantsonvisageentre

mesmains.

Calvin…jeveuxêtreàtoi.

Mesmotsfinissentparmourirdanssabouche,étouffésparsalangueexigeantequis’enrouleàlamienne.

Moncœurexploselittéralementalorsquesonbaisers’approfonditdavantage.Jeleluirendsavecuneaviditétoutaussiforte.Nosmainss’actionnentsurnoscorps,nousdécouvrantl’unetl’autre.

Ilmerendfolle…

Calvin,soufflé-jecontreseslèvres.

Ilcessedem’embrasseretm’interrogeduregard.J’esquisseunsourireet,audacieuse, jefaufileunemainsoussontee-shirt.

Toussesmusclessecrispentsouslacaressequejeluiinfligesursapeau,àlaceinturedesonjean.

Àcetinstant,ilsemblecomprendrecequejeveux,cequejedésire.

Et, dans ungémissement de plaisir,Calvin capturemes lèvres avec fièvre avant deme souleverdanssesbrasetdem’allongersurlelit,l’endroitoù,pourlapremièrefois,jesuissurlepointdemedonneraugarçonquej’aimeplusquetoutaumonde.

CHAPITRE14

*Travis*

Endébutd’après-midi,jesuisassezsatisfaitdemoi.Aprèsavoirprisconnaissancedemesmailsdanslamatinée,j’aiterminélesdevoirsdemandésetlesaienvoyésdirectementauxprofesseurs.

L’envie de demander des nouvelles de Sarah à Calvin me taraude depuis la fin de matinée.Cependant,j’aipréférénerienenvoyer,niSMSnimessagevocal.Depuismadiscussionaveclui,jemesuisrenducompteque,mêmesij’aibeaucachermessentiments,ceux-làreviennentaugalopdèsquemespenséess’adressentàcettefille.

Cettefille…

Jen’auraisjamaispuimaginer,neserait-cequ’unseulinstant,ressentircequej’éprouvepourelle.

Ellemerenddingue…minableauplushautpoint.

Parmoment,j’arrivemêmeàrêverquenouspourrionsêtreheureuxensemble.Toutefois,j’aibienconsciencequecen’estquechimère.Cettehistoireestperdued’avance.Jesaispertinemmentquemasœuramillefoisraison:jenesuispasassezbienpourSarah.

Malgrétout,lacertitudedenepouvoirm’éloignerd’elleestbienprésente,bienréelle.

Lefaitd’apprendrequesonmecnetarderapasàlarejoindreauraitdûmerésigneràresterloind’elle,maisc’esttoutlecontrairequis’estproduit.

J’aifaitunchoixetjenetardepasàlesoumettreàmamèrelorsquejelarejoinsdanslacuisine.Elleestencommunicationtéléphoniqueetmefaitsignedepatienter.Jesourisetsautesurlatableoùjem’installe.Trèsrapidement,ellemedonneuncoupsurl’épauleenmegrondantduregard.Jerouledesyeuxet,amusédesonautorité,jebondissurmespiedsavantdeprendreplacesurunechaise.

Je tends l’oreille car maman semble mal à l’aise aux paroles de son interlocuteur. Ses jouess’empourprentetellefuitmonregardinterrogateur.

Jedevinequ’il s’agit deStevens car leprénomdeBabyBlack est prononcé. Je tente deparaîtreennuyé, mais lorsque je lis l’inquiétude grandissante dans le regard de ma mère, je ne peuxm’empêcherdemesentirconcerné.

Eneffet, l’inquiétudemonteenmoi lorsque j’entendsmamandireaupèred’Ivyqu’ildevrait en

parleràl’inspecteurdepolice,chargédel’enquête.

Parlerdequoi?

Jen’ensaisstrictement rien,maisdevoir les traits tirésdemamèren’apaisepas la tensionquej’éprouve à cet instant. Je ne peux pas ne pas m’en faire pour cette gamine, faire comme si ellen’existaitpas.Elleadesproblèmesetjenemevoispasresterdemarbre,ignorantfaceàcela.

Pourtant,jeneluidoisrien.Ellen’estrienpourmoi,maisjesaisque,quelquepart,Ivyetmoi,onseressemble.Ellepossèdececôtérebelledanslequeljemereconnaisettoutcommemoi,jesaisquecen’estqu’unecarapacequ’elles’estforgéepourseprotéger.

Trèsbien!Jeleluidirai.Àcesoir.

Jeplisselesyeuxpendantqu’ellemetfinàsacommunication.

Qu’est-cequisepasse?l’interrogé-jeaussitôt.

Mamansoupireethausselesépaules.

Steven a entendu Ivy demander à ses amis de la retrouver dans l’usine désaffectée, ce soir, àminuit.

Et?insisté-je.

Ilaentenduqu’elleévoquaitlasoiréedesonagression.D’aprèslui,elleessaiederetrouversonagresseuretseraitsurlepointd’yparvenir.

EttuconseillesàStevendeprévenirlesflics?

Jesecouelatêteàl’airdésabuséqu’ellepossèdeàcetteseconde.

Queveux-tu que je fasse ? Ivy a eu assez de problèmes comme ça pour s’entraîner dans cetteaventuredangereuse.C’estirresponsableet…

Etquoi,maman?Elleabesoindesavoirquiluiafaitdumal,c’esttoutàfaitnormal.

Lapoliceestlàpours’enoccuper!

Ilsn’ontrienfait!Sijecomprendsbien,l’enquêten’apasavancéetilssecontententdecherchersonmecquiadisparudelacirculationalorsqu’elleclamesoninnocence!Laisse-las’occuperdeça.

Tunecomprendsrien,Travis!grogne-t-elleavantdes’énerver.

Jelaconsidèrelonguementtandisqu’ellesemetàbrasserl’airdesesmains.

Ivyestjeune,vulnérable…

Ellen’estpassifragile,maman.

Ellemefixe,visiblementsurprisequejelacontredise.

Tunelaconnaispas,Travis!

Peut-être,maisIvyn’estpasstupide,maman.J’ailonguementparléavecelleetellesaitcequ’ellefait,crois-moi.

Ellesecouelatête,puisémetunlongsoupirderésignation.

Jen’ensaisrien,mongarçon.Stevens’inquiètebeaucouppourelle,etmoiaussi.

Jesais,soufflé-je.Qu’est-cequevouscomptezfaireaujuste?Tulevoiscesoir?

Oui…jevaisl’accompagneràl’usine.Ellen’estpascenséeêtredehorsàcetteheuredelanuit,etStevenaeul’idée…

Delafiler,continué-je,enroulantlesyeuxd’unairexaspéré.Vousn’êtespassérieux?

Jeviensdecrier,remarquantquej’aivujuste.Jemelèved’unbondetm’approchedemamère.

Tunevaspasallerlà-basaveclui!Jepeuxyaller,moi.Elleseramoinsfurieusequesiellevoitdébarquersonpaternelavectoi,tunecroispas?

Maisc’est…

J’iraietjeferaiattentionàcequ’ilneluiarriverien,luipromets-je.

Jeprendsconsciencedecequejeviensdedireetmerenfrogne.

Tuferaisça?Pourelle,unefillequetuneconnaispasplusqueça?

Maman,jenesuispasunmonstre.Cettegaminen’apasfroidauxyeux,elleveutjusteprotégersonpetitamipourledisculperensejetantpeut-êtredanslagueuleduloup.Jeneseraipasloinetjelaprotégerai.PréviensjusteStevenqu’illaissetombersonplans’ilveutquesafillelereste.

Queveux-tudire,mongrand?medemande-t-elle,lesyeuxhorrifiés.

Jehausselesépaulesetbaisselesyeux.Jefixemespiedspendantquelquessecondesetluirépondsentoutehonnêteté:

Je sais ce que ça fait quand un père temet des bâtons dans les roues, surtout sur des chosesauxquellestutiensplusquetout.Ivyveutprouverquesonmecn’arienàvoiraveccequis’estpasséet,crois-moi,elleestprêteàallerjusqu’aubout.

Elle semble réfléchir à ce que je viens de lui dire. Cela lui fait de la peine. Évoquer les coupsfoireux demon père lui fait mal. Les larmes envahissent ses paupières et je serre les dents pourretenirlesinsultesquejevoudraism’adresser.Jen’aipasledroitdelafairepleurer.

Toutsepasserabien.PréviensSteven,maman.

Ellehoche la tête en levant lesyeuxvers leplafondpour retenir sespleurs. J’esquisseun faiblesourireetsorsdelapièce,ressentantunevivedouleurdanslapoitrinelorsquej’entendsqu’ellemeremercie.Jem’arrêteetfermelespaupièresavantdemetournerverselle.Nosregardss’ancrentl’unàl’autre.Jedéglutispéniblement,jedétestecemoment-làoùmoncœurcogneprécipitammentdansmapoitrinedouloureuse.L’émotionmesubmerge,maisjelarefouletelleunepestiférée.

Tuvoulais…medirequelquechose?medemande-t-elle,levantunsourcilinterrogateur.

Jeserrelamâchoire.J’avaiscomplètementoubliélaraisonpourlaquellej’étaisdescendulavoir.Cependant,lemomentestmalchoisipourluirévélerquejeseraipartiauplustarddansdeuxjours…jenepeuxpasluiavouerlesraisonsdemonretourauloft,elleenseraitheureuse,j’imagine.

Non,rien…AppelleSteven,maman.

Elleacquiesced’unsignedetêteetjemeruehorsdelapièce,refusantdepenseràSarahpourlemoment.

BabyBlackabesoindemoi.

***

*Nina*

Jememords la lèvre inférieureetesquisseungrandsourire.Jemesensbien,merveilleusementbien. Calvin est sorti précipitamment de la chambre lorsque nous avons entendu Jared et Camillerentrerauloft.

Jeplaqueunemainsurmes lèvrespourétouffer le rirequimenacedes’échapperdemagorge.Monamants’enfuyantdemonlit,nucommeunveraprèsm’avoirembrasséeamoureusementestunesituationdespluscomiquesquej’aiconnues.Jem’ensouviendraiàjamaisdecettepremièrefois.

D’ailleurs, il s’estmontré trèspatientet trèsdoux.Je ferme lespaupièresetmeconcentresur lasensationquej’aiéprouvée,quelquesminutesplustôt,lorsquenoscorpssesontunis,quesesmainsontcaressédesendroitsoùpersonnenes’étaitaventuréauparavant.

C’est comme si je pouvais encore sentir ses lèvres caresser les miennes, sa langue taquiner lamienne.

Bonsang!

J’ouvregrand lesyeux,affoléesoudainementà l’idéequequelqu’unapprennecequivientdesepasser entre nous. Calvin veut garder ça secret, je le comprends, mais honnêtement, je me fichecomplètement que notre relation éclate au grand jour. Je l’aime tellement. Il est si adorable, sitouchantetsihumble.C’est leseulgarçonquejeconnaissequiestprêtàaider lesautressansrienattendreenretour,sansaucunearrière-pensée.

Calvinestparfait,leplusmerveilleuxdeshommeset,c’estdemoi,NinaSpencer,dontilesttombééperdumentamoureux.

Cependant,danscemomentparfaitpourvudebonheur,jenepeuxm’empêcherdepenseràSarah…etàmonfrère.Dans les sous-entendusdeCalvin, j’aicomprisque,pour lui,Sarahseraitpeut-êtrecellequiparviendraitàchangermonfrère.

Etjemesenscoupable.

Coupable de vivre une belle romance secrète avecCalvin alors que je refuse quemon amie enfassedemêmeavecTravis.

Merde!

Je refuse de penser à cela. Mon frère est loin de ressembler à Calvin. Il ne fait que mentir ets’amuseraveclagentféminine.Ilnepeutpasaimer…

J’aimeraisycroire,mais tout cequem’amontrémon frère jusqu’àmaintenant, c’estunmépristotaldessentiments,quelsqu’ilssoient.

Je sors brusquement demes réflexionsmentales lorsque de petits coups sont frappés contremaporte.Jeplisseleregardetinvitelapersonneàentreraprèsavoirterminédemerhabiller.

Laportes’ouvredoucementsurSarahquisembletoutensommeillée.

Eh!Commenttutesens?luidemandé-je,accourantverselle.

Sarahmesourittendrementetavancelentement–boitantquelquepeu–verslelittoutenfouillis.Jedéglutispéniblementlorsquejeconstatequ’ellem’interrogeduregard.

Tuasfaitunesieste?

Euh,oui…jemesuisendormie,mens-je,malàl’aise.

Elleplisselenezàplusieursreprisesetjesenslanauséem’envahir.

Merde,merde!

Cettechambrepuelesexe,elleabiendûledeviner.

Ettoi,çava?Tuarrivesàmarcher!tenté-jedeladistraire.

Ellehochelatêteetplongesonregarddanslemien.

Ouais,çava.J’aireçuunmessaged’Aaron.Ilcompteveniraprès-demain.

Oh,c’estunebonnenouvelle!

Ellehausselesépaules,visiblementpeuconvaincue.

Écoute…jesaisquej’aiétéunpeubrutaleavectoi,cesderniersjours,mais…jenevoulaisquetonbien,Sarah.Jesuisdésoléesitupensesquejet’aimislecouteausouslagorgeconcernantTravis,mais…

Non !me coupe-t-elle. Tu as raison. Travis n’est pas un garçon pourmoi. Je n’aurais pas dûcroirequeçapouvaitmarcher.Jenesaispascequim’apris.

Neteblâmepastrop.C’estvrai,ilestsexyetilsaitcharmertouteslesfilles.

Ellebaisselesyeux,visiblementpeinée.

Jesuisdésolée,Sarah,m’excusé-jeànouveau.

Jenet’enveuxpas,murmure-t-elleenmeregardantdanslesyeux.

J’esquisseundouxsourireetl’attiredansmesbras.Jefermelespaupières,refoulantlaculpabilitéquim’envahitmalgrétout.

Jetiensàtoietjesuissûrequ’avecAaron,vouspourrezrepartiràzéro,luisoufflé-jeàl’oreille.

Tuasraison.

Soulagée,jeresserremonétreinteetmeprometsquejenelaisserairiennipersonnebrisernotreamitié.

CHAPITRE15

*Travis*

Commeconvenu,lesoirvenu,j’attendsdansuncoinsombrequeBabyBlackfasselemurafindepouvoirlasuivrejusqu’àcetteusinedésaffectéeoùelleadonnérendez-vousàjenesaisqui!

Je jette unœil versmamontre et peste intérieurement. Il est passévingt-trois heures, et il n’y aaucunsignedevieàl’étagedelamaisondeSteven.

Mamèrel’aconvaincuderesterchezlui,letempsquejem’occupedesafille.Lasituationn’ariend’aisé,elleestdangereuseetjelesais,j’enaiconscience,maisjemesensbien,àl’aise,quandtoutestprèsdedéraper.J’aimeledangeretjemedisquejedoisavoirunsacréproblèmepourprendreautantdeplaisirdanscegenredesituation.

Cependant, l’adrénaline est loin d’être à son maximum. Mon impatience, par contre, montecrescendoquandjeconstatequelachambred’Ivyesttoujoursplongéedanslenoir.

Jenesaispascequ’ellefabrique,maisjecommenceàressentirdel’agacement.J’aihâtedelavoirescaladerlarambardequientouretoutl’étagedelademeurepourpouvoirmettrelespiedsausoletsesauverdansl’obscurité.

J’esquisse un large sourire, imaginant qu’elle se casse la figure sousmes yeux.Toutefois,monamusements’effaceenpensantàcetteadolescentequiestprêteà toutpour innocenterceluiqu’elleaime.Etqu’ellenemedisepaslecontraire,elledoitavoirdessentimentspourcegarspourrisquerdesefaireprendreparsonpaterneletaffronterledangerquil’attendpeut-être.

Jesoupiredelassitudeetallumeunecigarette,espérantquelanicotinemepermettradecalmerunpeucettenervositéquej’éprouve.

Cinqminutesplustard,jeremarquedumouvementderrièrelafenêtredesachambre.Jemecacheplussoigneusementderrièrel’arbrequim’assurederesterdiscretetobserveattentivementcequisepasse.

BabyBlackouvrelafenêtretoutenvérifiantderrièreelled’unregardanxieux.Jesouris,assistantsansmemontreràsonévasion.Elleporteunsacàdosetenjambesafenêtreavantdeseretrouverprèsdelarambarde.

Jerestelà,immobile,àl’observerattentivement.Unepartiedemoivoudraitqu’ellechute,celaluiapprendra à ne pas enfreindre les règles de son père, mais d’un autre côté, j’ai bien trop envie

d’assisteràcequ’ellecomplotedansledosdetoutlemonde.

Stevenestcertainqu’elleatrouvésonagresseuretjemedoisd’êtreprésentaumomentoùcelui-cimontreraleboutdesonnez…pourquejepuisseleréduireenbouillie.

Je serre les dents à la colère puissante qui monte en moi. J’ai dû mal à concevoir ce besoinsalvateurdeprotégercettegosse,maisj’enaiassezdechercherlesraisonsquimepoussentàlefaire.

Ivy a enjambé la rambarde et a sauté d’unmouvement souple jusqu’au sol. Surpris qu’elle soitretombée sur ses pieds avec autant de grâce et sans aucun problème, je reste perplexe et me disqu’elledoitavoirl’habitudedefairelemur.

Petiteinconsciente!

Ducoindel’œil,ellevérifiequelaportedelamaisonrestebienferméeetcommenceàcourirlelongdel’alléeavantd’emprunterlecheminsinueuxquitraverselebois.

Je la laisseme devancer d’une bonne dizaine demètres avant de la suivre, me cachant parfoisderrièredegros troncsd’arbresquibordent cettepartiedeRoseHill lorsqu’elle se retournepours’assurerqu’ellesetrouvebienseule.

J’ai envie de rire,mais je n’en fais rien. Jeme retiens, je n’ai pas besoin qu’elle découvremaprésencepourlemoment,ilviendrabienasseztôt.J’ensuispersuadé.

L’usine désaffectée se trouve un peu plus loin de la forêt que nous venons de traverser.Inconsciente, elle sautedansune sortede tranchéeet jedécouvreunpeuplus tardqu’elle longe lavoieferrée.

Cette fille est imprudente.Ellemarche dans l’obscurité comme si rien ne pouvait lui arriver. Jesecouelatêteetempruntelemêmecheminlorsque,soudainement,ellegrimpedel’autrecôtéetsemetàcourir.

Merde!

J’étouffeungrognementdemécontentementetmeprécipiteàsasuite.Quandellesefaufiledansunpetittroudugrillagequientourelesite,jemedemandecommentjevaisfairepouryentrer.

Jeréfléchisrapidementàunesolutionenregardanttoutautourdemoisijenepourraispastrouverunautrepassage.MoncorpsnepassepasdanscetroudesouriscontrairementàIvyquiestpetiteettoutemenue.

Furieuxdenepastrouverdesolutiondansl’immédiat,jememetsàgrognertelunvieuxbougon.Soudain,monregardseposeunpeuplusloin,suruneporteoùunechaînesembleavoirétécisaillée.

Je cherche Ivy du regard et, rassuré qu’elle ait déjà pénétré dans le bâtiment B de l’usine, jem’avance vers la probable issue.Heureusement, comme je le pensais, le cadenas a déjà été forcé.J’entresansproblèmedansl’enceintedélabréeetm’avanceaupasdecourseversunefenêtre.Lavitreest brisée. Satisfait, je grimpe sur un vieux fût qui traîne, me permettant ainsi de voir Ivy et lespersonnesquisetrouventavecelle.Deuxgarsetunefillequisembleêtreunpeuplusâgéequ’ellese

tiennentfaceàBabyBlack.Jeplisselesyeuxettendsl’oreille,espérantcomprendretoutcequ’ilssedisent.Undesgarspossèdedes tatouagessursoncrânerasé tandisque l’autreadescheveuxaussilongsquelagaminequis’estfourrée,visiblement,dansunsacrépétrin.

Je constate que ces hommes doivent appartenir à un clan de motards peu fréquentables. Leuraccoutrement lesdistingueparfaitement.Surmesgardes, je fixe Ivyquicommenceàprésenterdessignesnerveuxd’anxiété.Elle faitdegrandsgesteset sembleagitéeparceque la fillevientde luidire.Évidemment,jen’aipascompriscequ’ilenest,maisjedevineaisémentquecen’estpascequel’adolescenteattendait.

Situsaisoùilestalors,dis-le-moi,Meg!Jet’enprie!

Ilneveutplusrienavoiràfaireavectoi,mapauvrefille.Tun’asriencompris,ilnet’aimepasetnet’ajamaisaimée!

T’en sais rien !Notre histoire nous appartient et je sais qu’il n’a rien à voir dans ce qui s’estpassé,jeveuxjustel’aiderpourqu’ilpuisserevenir!

Ils’enfichedetoi!Jedoisteledirecombiendefoispourqueçarentredanstapetitecervelledemoineau?

Lesdeuxgarssemettentàricaner.L’und’euxcrachevulgairementauxpiedsd’Ivyetlesnerfsmemontentaussitôt.Cependant,j’essaiederestercalme,maisàlamoindreintentiondeluifairedumal,jesortiraidemacachetteetleurferailapeau.

Jene te crois pas ! s’énerve Ivy, fixant la fille d’un regard assassin.Tudis çaparceque tu astoujourseudesvuessurJeffet…

Mais tu es loin de la vérité, ma pauvre ! s’exclame-t-elle avant de se mettre à rire à gorgedéployée.

Jeserrelamâchoireàlavueduvisagedéfaitd’Ivy.

Lesdeuxautresapprochentdelafilleetl’und’euxchuchotequelquechoseàsonoreille.

Vousavezraison.Ellen’estpasprêteàdécouvrirlavérité.

Qu’est-cequetuveuxdire?SitusaisquelquechosesurJeffalorsdis-le-moi,Meg!exigeIvysanscillermalgrélesregardsmenaçantsdesmotards.

Jen’airienàtedire,maisc’estàtoidetrouverdesréponsessurcequis’estpasséàlasoirée,mapauvrepetite!Tunet’espasdemandépourquellesraisons,Jefft’alaisséeseuleavecl’autreconnardquiaprofitédetoi?

Suspicieux,jeregardeattentivementBabyBlackquisecouefrénétiquementlatête.

Biensûrquenon,tunesaispas!ajoute-t-elled’untonemplidesarcasmes.

J’ai envie de lui foutre ma main sur la gueule pour lui faire ravaler son sourire de vipère.Toutefois,c’estl’étatd’Ivyquimepréoccupe.Ellesemblesifragileàcetteseconde,sidésespéréequeçamefaitmalpourelle.

Il…iln’avaitpasl’intentionde…c’estfaux.Tudisça,cartu…

Arrêteunpeu tes simagrées,mabelle !Tonmecest un salaud, c’est tout. Il voulait juste faireprofiter ses potes parce que, d’après lui, tu fais des pipes àmerveille, il voulait juste semontrergénéreux.

C’estvraiqu’unteltalentdoitêtreexploité,ditlecheveluens’avançantversIvy.

Cettefois,jenepeuxplusmeretenir.Sicefilsdeputeoses’enprendreàelle,jeledémolis.

Arrête,laisse-la!Jeffasûrementgonflélachose.Regardecommentelletremblefaceàunmec.Allez,lesgars,onsecasseavantqu’ellesemetteàchialer,lapauvrepetite!

J’assisteà la scène tandisque lablondinetteattrape lesgarspar lesbraspour les tirerverselle.J’attends,lespoingsserrés,qu’ilsdisparaissentpourquejepuisseretrouverIvy.Elleestdansunsaleétat.Elles’estrecroquevilléesurelle-mêmeets’estmiseàpleurercommesiellevenaitdeperdrelapersonnequicomptaitleplusaumondeàsesyeux.

Je ferme les paupières et esquisse un pauvre sourire tandis que j’entends le bruit de grossescylindréesquis’éloignent.Sij’avaissucequiallaitsepasserici,etquej’avaistrouvéleursbécanes,jelesauraismisesdansunétattelqu’ellesn’auraientpluspuêtreutiliséesparcescrétins.

Je n’attends plus une seconde de plus. Je saute du fût et cours pour rejoindre la gamine quisanglote.

Ivy…

Elle sursaute de frayeur et pose son regard sur moi, tandis que j’arrête de marcher dans sadirection.Elleestapeuréeetsesyeuxemplisdelarmesquimesondentavecinterrogationmedonnentl’impressiond’êtreimportantpourelle.

Elleserelèvetoutengardantsonregarddanslemien.Ellenefaitpaslamaligneetessuiesesjouesbaignéesdelarmesavantdecourirversmoietdesejeterdansmesbras.

Un cri de surprise s’échappe dema gorge sans que je le veuille, et sansm’en rendre vraimentcompte,jeresserrelesbrasautourd’elleetlapressecontremoi.Elles’accrocheàmoicommeàunebouée de sauvetage. Je serre les mâchoires à la colère puissante que j’éprouve pour ces grosconnardsquil’ontblesséeetluimurmuredesparolesapaisantes.

Çavaaller…arrêtedechialer,onvaretrouvertonJeff,d’accord?

Elles’écarteunpeuetrelèvelementonpourmeregarderdanslesyeux.Jeplaqueunsouriresurmeslèvres,comprenantqu’ellesaitquej’aitoutentendu.

Sicettepoufaraison,alors,iltelediralui-même,enface,etjeserailà.Tun’aspasàêtreseule,Ivy.

Ellesembleaussisurprisequemoiauxmotsquiviennentdesortirdemabouche.Toutefois,elleaccepted’unmouvementdetêteetmeremerciedansunmurmurepresqueimperceptibleavantdeseblottirànouveaudansmesbras.

Jenesaispascequimeprendpournepasladégagerdemoncorpsquiesttenducommejamais.Jedétestecesmomentsd’effusionsoùl’émotionprimesurlereste,maiscettefilleabesoind’aide,elleabesoindemoietj’aipromisàmamèred’êtrelàpourelle.

Etjeleserai,quoiqu’ilarrive.

CHAPITRE16

*Sarah*

J’ai décidé de reprendre les cours pour ne pas trop penser à l’arrivée d’Aaron. Cependant,manervositénecessedes’intensifieràl’idéed’allerlechercheràl’aéroport,demain,enfindematinée.

J’ai l’impressionquetouslesautressontenthousiastesàl’idéedelerencontrer,surtoutNinaquin’arrêtepasdemedirequetoutsepasseramieux,unefoisqu’ilseraici.J’aibeauluiexpliquerqu’ilrepartiratroisjoursaprès,maisNinasembleendouter.

Je pousse un énième soupir et attends patiemment quemon amie sorte de la salle de diapo. Leprofesseurdevaits’entreteniravecelleetjemedemandecequ’elleabienpufairepourlemettreencolère.Pendantl’heure,iln’apasarrêtédedévisagerNinaavecdegrosyeuxfurieux.Etsurtout,ilsous-entendait qu’une partie de ses élèves, une en particulier, se fichait bien d’obtenir ou nonl’examendefind’année.

Jen’aipasletempsdecogiterpluslonguementsurlescausesdecetentretien,carCalvinapproche.Commetoujours,ilarboreunlargesouriresurleslèvres.Ils’arrêtedevantmoietmedemandesijetienslecoupavecmajambe.Je lerassureaussitôt.J’ai l’impressionderevivreetd’être libéréedufardeauquim’emprisonnaitlajambe,c’estcequejeluidis.

Calvin sourit et, comprenant ce que je ressens du fait de ne plus devoir supporter cettemauditeattelle,ilhochelatêteavantdebaisserlesyeuxverslesdossiersqu’iltientsouslebras.Jeremarquedesuitequequelquechosenevapas.Ilaperducettelueurdejoiedansleregardetlestraitsdesonvisagesonttirésparl’appréhension.

Jeplisselesyeuxetluidemandecequisepasse.Ilrefusedem’avouerlesraisonsdesontrouble.

Tuasl’airennuyé,Calvin.

Jesais,c’estjusteque…j’imaginequeçanedoitpasêtrefacilepourtoi.Tonpetitamidébarquedemainet…

Ouais,etjepensaisquetoutlemondeétaitplusexcitéquejel’étaisàsavenue.SurtoutNina…

Oui,elleattendvisiblementbeaucoupdecetterencontreavecAaron.

J’aibiencompris,grogné-jeenm’adossantcontrelemur.Etpourtant,j’ail’impressionquec’estuneerreurqu’ilvienneici.

Pourquoi?

Jehochelesépaules.Jen’aipasledroitdeluiparlerdeTravis,ilcomprendraitquejenesuispasprèsd’obéiràses règleset,pourtant, j’aipromisàNinade tirerun traitdéfinitif surcette relationavecsonfrère.

Tuvastrouverquejesuiscinglée,mais…tusais,cen’estpasévidentdenepluspenserà…

Travis?continue-t-il,plaquantunlargesouriresurseslèvres.Tun’espascinglée,Sarah.Travisabeaucoupdecharme,decharisme…jecomprendsquetusoistombéedanssesbras.Iln’ajamaisvraimenteubesoindedraguer,tusais…

Ouais,lecoupé-jeenlevantlesmains,espérantqu’iln’endisepasplus.

Ilpousseungrognement incompréhensibleetpasseunemaindanssescheveuxavantdeplongersonregarddanslemien.

Écoute,j’aicompriscequis’estpassé,toutlemondelesait,maispersonnen’enparlepouréviterdetemettremalàl’aise.

C’est… très gentil,murmuré-je, émue.D’ailleurs, je suis vraiment désolée que ce soit arrivé,Calvin.

Ilsecouelatête.

Non,arrête.Çava,t’inquiètepas.Etpuis…j’aiparléàTrav’,Sarah.

Mesjambessemblentseliquéfiersurplace.Encoreheureuxquejesoisadosséecontrelemurquimesoutient.Remarquant le regard interrogateuretà la fois inquietdemonami, je tentedecachermonmal-êtreetplaqueunsemblantdesouriresurmeslèvres.

Toutefois,Calvinn’estpasstupide,ilabiensaisiquemontroubleaétéprovoquéparl’aveuqu’ilvientdemefaire.

Tuas…parléavecTravis,répété-jed’unevoixbredouillante.

Ilacquiesced’unhochementdetêteetplisseunregardcompréhensif.

Jeleconnaisdepuistrèslongtempset…jesuissûrqu’ilregrettelamanièredontças’estterminépourvousdeux.

Je lui ai dit que sa sœurm’a fait promettre demettre un terme à notre histoire. Il est encorefurieuxcontreelle,parmafauteet…

Non,mecoupe-t-il.Travisn’abandonnerapas.Iltientàtoietjepeuxtedirequejenel’aijamaisvuaussi…amoureux.Jepensesincèrementqu’ill’est,Sarah.

J’entrouvre les lèvres pour réfuter aussitôt ses mots, mais je ne peux pas. Je reste immobile,incapabledeprononcerquoiquecesoittandisqueCalvinposeunemainsurmonbrasensignede

réconfort.

Je constate alorsquemavueestbrouilléepar les larmesquimontentdangereusementdansmespaupières.Vivement,jemeredresseetmereprends,refusantdepleurerànouveaupourcegarçon.

Cen’estpaspossible,Calvin.Travisnecroitpasàl’amouretpuis…j’aipromisàNina...Aaronarrivedemainet…

Vousdevriezvousparleravantqueturetrouvestonpetitami.Cen’estquemoi,mais…jepensequetuenasbesoin.

C’estimpossible,murmuré-je,unebouled’angoisseaufonddelagorge.

Jesaisoùilsetrouve!lâche-t-iltoutàcoup.

Cette informationmeheurtedeplein fouet. Je sonde son regardet tentedecomprendrecequ’ilattenddemoiexactement.

Je ne peux pas, Calvin. J’ai promis à Nina et je ne veux pas la trahir encore une fois. Tucomprends?

Biensûrquejepeuxcomprendre,maisSarah…Travisestmonami.Jetiensàluietsitunevaspasleretrouverpouravoirunebonnediscussionavantl’arrivéed’Aaron…jen’osepasimaginerunseulinstantcequipourraitsepasser.

Jefermelespaupières.Ilaentièrementraison.Ilfautquejelevoieetluifassecomprendredenerienfairequipourraitenvenimernotresituation,letempsqu’AaronseraàLosAngeles.

Jeneveuxpas teforcer,Sarah.Mais jeveuxquetusachesque…tuaschangéTraviset j’aimeceluiqu’ilestdevenu,mêmesiy’aencorepasmaldeprogrèsàfaire,dit-ilavantdepouffer.

Jenepeuxpasm’empêcherderireàmontour,maistrèsvite,toutessesinformationsetaveuxdemonamimetroublentauplushautpoint.

Ilestsi…spécial,dis-jed’unevoixdouce.

Tufaisressortircequ’ilyadebonenlui,Sarah.Jegardeespoirqu’ilprenneenfinconsciencequel’amourpeutlesauver.Etj’espèresincèrementqueceseraavectoiqu’illetrouvera.

Bouleversée,jeravalemeslarmesetesquisseunpauvresourireavantdeluiexpliquerquejemesensperdueentreTravis,Aaron,etlapromessequej’aifaiteàmameilleureamie.JenepeuxpasmepermettredeperdreNina.Elleytenaittellementetjesuisconscientequ’elledésireuniquementmonbonheuretTravisn’apasdeplacedanscelui-ci,jemedevaisd’accepter.

Net’occupepasdeNina,OK?Jem’encharge.Vajusteleretrouvercesoiretparle-lui.Vousenavezbesointouslesdeux,etçatepermettrad’yvoirplusclairavantqu’Aaronn’arriveici.

Jemordsl’intérieurdemajoueenprenantconsciencequec’estcequejedésireégalement.Oui,

j’aimeraisleretrouverpourquenouspuissionsenfindiscuterdelasituation.Nousenavonsbesoin,et tantquenousn’auronspasmisleschosesàplatentrenous,jemesentirai toujoursaussi…aussicoupable.

Coupabled’aimercegarçonalorsquejesuisencouple.

Coupabledefairesouffrirmameilleureamie.

Coupabledemesentirheureuseenimaginantque,peut-être,cesoir,ilm’avouerasessentiments.

Alors,jeplacelamainsurcelledemonamietnousnoussourions.

Tuneluidirasrien?

Bouchecousue!s’exclame-t-ilavantdemeregardertendrement.Jeneluidirairien,c’estpromis.

D’accord.Tuasraison,ilfautquenousparlions.

Calvinsemblesatisfait.Ilhochelatêteetm’avoueoùTravissetrouve.

IlestàRoseHill.Chezsamère.

J’ouvredegrosyeux,surpriseparcetterévélation.

Sa…mère?

Ouais.Ilsavaitquepersonneneletrouveraitlà-bas.Jet’envoiel’adresseparSMS,d’accord?

Jeleremerciechaleureusementet,confuse,jeluidemande:

Je…Ninavas’interrogersiellenemevoitpasauloftcesoiret…

Net’enfaispas.Jem’enoccupe,jepourraisl’emmeneraurestoetaucinéma…

Jesuissûrequeçaluiferaplaisir!m’exclamé-je,toutsourire.

Cettefois,c’estàsontourd’êtretroublé.Jeleconsidèrelonguementetesquisseunlargesourireàlavuedeses jouesqui rougissent. Ilestadorableet jesuispersuadéeàcet instantqu’ilbriserasespropresrèglestrèsbientôtavecNina.

Bon,jedoistelaisser.Ilfautquejefilemeprépareret…

Camille et Jared sortent ce soir avec des amis en commun. Je pense qu’ils rentreront tard, net’inquiètepaspoureux.

Mercipourtout,Calvin.

Pasdequoi!Jet’envoiel’adressetoutdesuiteetj’attendsNinapourl’inviter.

Ellevaaccepter,clamé-jeenluiadressantunclind’œilcompliceavantdem’éloigner,presséedemepréparerpourrejoindreTravis.

***

*Nina*

Quandjesorsdelasalledediapo,jesuisénervéecontreleprofquim’afaitplusieursréflexionssurmontravailditprécaire.

Quelconnard!

À croire que pour lui, je suis la seule à me tromper sur les différentes dates de parutionscinématographiques.J’aiobtenuunC,cen’estpassimalaprèstout!

Je contourne le couloir B et plisse les yeux en apercevant Calvin et Sarah. Je m’arrête et lesobserveattentivement.Mameilleureamiesembleavoirbonnemine. J’esquisseun faible sourireetattendsqu’ellesesauveenluidisantquelquechosequejen’arrivepastrèsbienàcomprendre.

Ellevaaccepter?

Jemedemandedequoiilsontparlé.Alors,jem’avanceversCalvinquimetourneledos.

Hey!m’exclamé-je,lefaisantsursauterquelquepeu.

Ilsetourneversmoietjemerendscomptequ’ilestmalàl’aise.Ilpasseunemainnerveusedansses cheveuxet, cette fois, un tasdequestions concernant ladiscussionqu’ilsont eue tous lesdeuxhantemonesprit.

Çava?

Ouais,ouais,répond-il,deplusenplustroublé.

Jel’interroged’unregardsuspicieuxetluidemande:

C’étaitSarahquivientdepartir?

Oui.Ellen’apaseuletempsdet’attendre.

Oùest-ellepartie?l’interrogé-je.

Oh,j’aicrucomprendrequ’ellevoulaitpasseràlabibliothèqueducampus.

Ah…lâché-je,sceptique.

Bon,viensavecmoi,ilfautquejetedisequelquechose,medit-ilenm’attrapantlebrasavantdem’attirerversdeuxportesbattantesquis’ouvrentdansunecaged’escalier.

Quesepasse-t-il?

Calvin neme répondpas, il regarde par les deuxpetites lucarnes des portes pour s’assurer quenoussommesseuls.Puis,ilrevientversmoitandisquejeresteimmobile,suspicieusecommejamais.

Toutefois,lesourirequ’ilm’adressemefaittoutoublier.Ils’approcheetaccrochesesmainsàmeshanchesavantdecapturermeslèvresd’undouxbaiser.Trèsvite,plusriennecompte.Jerépondsàsonbaiseretnoslanguesseretrouventavecfièvre.Lapassionnousemporte,ledésird’approfondirnotreétreintedevientimpatient.

Àboutdesouffle,jem’écartedesabouchesitentanteetluisourisamoureusement.

Qu’est-cequisepasse?luidemandé-jealorsquesonregardestplongédanslemien.

Cesoir,jeteveuxpourmoiseul,Nina.

Ce…soir…

Ilhochelatête,visiblementsatisfaitdutroublequ’ilprovoquechezmoi.

Nousironsaurestaurantetpuis…j’aipenséàlouerunechambred’hôtel…situesd’accord,biensûr.

Surprise, je le considère béatement sans être capable de prononcer quoi que ce soit. Une nuitentièreaveclui,seulàseule…

Alors?Qu’enpenses-tu?

Oui,soufflé-jeavantdegrimacer.Maislesautres?Ilsvontsedemander…

Net’enfaispaspoureux,jem’occupedetout,OK?

J’hésite puis, lorsqu’il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes, je ne peux résister pluslongtemps.

OK,réponds-jeavantdel’embrasserplusprofondément.

Notrebaisers’intensifiedangereusement.Sesmainssefaufilentsousmonhautetaucontactdesespaumesbrûlantescontremapeau,unlongfrissonmeparcourtdetoutesparts.

Partonsmaintenant,murmuré-je tandis qu’il enfouit son visage dansmon coupourm’affligerunemyriadedebaisersmouillés.

D’accord,dit-ilavantdem’attirerverslasortie,visiblementpressédepoursuivrenotremomentintimedansunendroitplussûr.

CHAPITRE17

*Travis*

J’aipassélajournéeavecIvy.Cetteadolescentenecesserajamaisdem’étonner.Ellem’aentraîné–presquecontremongré–voirunedesesamiesàlafrontièredeL.A.Celle-ciétaitcertained’obtenirdesrenseignements–selonelle–quipouvaientinnocenterpourdebonsonpetitami.Jen’aidonceud’autrechoixquedel’accompagner,appréhendantànouveauunpiègepourlamettreauplusmal.

Toutcomptefait,jesuistrèssatisfaitdel’avoiremmenéevoirTracy,uneadosansproblèmeetdebonne famille.Ellem’a semblé avoir lemêmeâgequeBabyBlack.Cependant, la différence entreellesétaitflagrante:IvylatémérairefaceàlatimiditédeTracy.

Celam’a d’abord amusé, mais quand Tracy nous a raconté qu’elle était présente à la soirée etqu’elle avait vu les personnes avec qui Ivy avait quitté la fête, un frisson d’effroi m’a traversé.L’adolescenteluiaexpliquélesdétailsimportantsdulieudelapetitepartie,maissurtout,elleadécritlemecquil’avaitdraguéeunebonnemoitiédelanuit,unefoisquesonpetitamiavaitdisparudelacirculation.Etce,grâceauxdétailsbienspécifiquesdeTracy,Ivyacommencéàretrouverpeuàpeulamémoirejusqu’àcequ’ellesemetteàpleurer.

En état de choc, j’ai remerciéTracy et lui ai filémonnumérode portable au cas où elle auraitbesoindemejoindre,puisj’airamenéBabyBlackchezelle.

Là, j’ai tout racontéàStevensqui a toutde suite appelé les inspecteurs chargésde l’enquête.Cegangdemotardsqu’elleavaitrencontrélaveilleétaitàprésentdansdesalesdraps.C’estenmilieud’après-midiquejesuisrentréàlamaison.J’enaiprofitépourdiscuteravecmamèreaprès,biensûr,lui avoir raconté que la fille de son amant avait retrouvé la mémoire et pouvait, dès à présent,identifierlefilsdeputequiavaitportélamainsurelle.

Évidemment,l’intentiondelavengermoi-mêmem’avaiteffleurél’esprit,maisj’aiaussitôtpenséàSarah et je ne pouvais pasme permettre dememettre à nouveau dans les emmerdes, je lui avaispromisdemetenirtranquille.

Alors,j’aiditàmamanquejepartiraislelendemainpourreprendremavieenmain.Demoncôté,jemesensmieuxetjen’aipasl’intentiondelaisserAarondébarquerauloftsansquejesoisprésent.

Mamèreatentédemepersuaderderesterencoreunpeuchezelle.Elleasortisescartespourmeculpabiliser,maisjen’aipascédé.

Loindelà…

Ce n’était pas en me disant qu’elle se sentait bien depuis mon arrivée, que nous pourrionsreprendreuneviedefamillenormale,quejevaisresterdanslesparagespluslongtemps.

Non…

Sarah,leloftetlesautresmemanquentbeaucouptrop.

Il est presque dix-sept heures quand ma mère débarque dans ma chambre. J’ai juste le tempsd’enrouleruneservietteautourdemataillepourcachermespartiesintimes.

Bordel!T’auraispufrapper!grondé-je,lafoudroyantduregardtandisqu’ellesemetàrire.

Qu’est-cequetufichesàpoil?

Jesorsdeladouche!

Ah.C’esttrèsbien.Stevensnousinviteàdîner.

Quoi?Non…jen’aipasvraimentenviedebouger,bougonné-je.

UnejournéeentièrepasséeavecBabyBlack,c’estéreintant.

Tuesmalade?

Non,justefatigué,réponds-jeensoupirantavantdem’asseoirsurlelit.

StevensvoulaitteremercierpouravoiraidéIvy…

Ill’adéjàfait,soufflé-je.Lapolicearetrouvécetenfoiré?

Non,Ivydoitretournerdemainmatinpourétablirunportrait-robot.

J’esquisseunsourire,espérantsérieusementqu’ilsretrouverontcefilsdepute.

Chéri,murmuremamèreens’installantàmoncôté.

Merde!

Jesuispresquecertainqu’ellevatenterànouveaudemepersuaderderesterencoreunpeuauprèsd’elle. J’aimerais accepter, vraiment.Cependant, je ne peux pas laisser le champ libre àAaron. JecomptebienrécupérerSarah.

Pourdebon.

Jeserrelesmâchoires,constatantquemamèremeregardecommesielleconnaissaitlesraisonsdemondépart.Jedéglutispéniblementtandisqu’elleposelamainsurmonépaule.

Mongrandgarçon…

Arrête,maman.Jereviendraitevoir,c’estpromis.

Danstroisousixmois?medemande-t-elle,visiblementblaséedemoncomportement.

Jeplisseleregardetpousseunsoupir.Ellearaisondedouterdemavenueprochaine,etjem’enveux.Ellemeconnaîtsibien.

Jeferaideseffortsmaintenant.Jeteprometsdevenirtevoirtrèsvite.

D’accord,minaude-t-elleenfaisantlamoue.

C’estjuré,maman!insisté-je,agacé.

Bien!s’exclame-t-ellesoudainement.Maispourcesoir,tuessûrquetuneveuxpasvenir?Onpourraitavoirunedernièresoiréetouslesdeux,situpréfères,jepeuxannuleret…

Non!Surtoutpas!Jetedislavérité,maman.Jesuisépuisé,vachezStevensetjevaismaterunfilmavantdedormir,jesuisvraimentcrevé.

Ellehésitependantquelquesinstantspuiselleacquiesced’unmouvementdelatête.

Trèsbien.Jevaismepréparerdanscecas.

Jerépondsàsondouxsourire.Jel’observetandisqu’elleselèveets’approchedelaporte.

Aufait…nousn’avonsplusparlédetonpèreet…quecomptes-tufaireaveclui?

La colèremenace de s’échapper demon corps tendu à l’extrême. Il suffit qu’elle parle demonpaternelpourquejeressentecesentimentvifdehainequej’éprouveàsonencontre.

Jeluiaipardonnépourcequ’ilnousafaitdanslepassé,tusais,maiscettefois,àmesyeux…ilestmort. Jeneveuxplus jamaisentendreparlerde lui.Notrevieà tousserabeaucoupplussimpleainsi.

Unelueurdetristessepassedanssesyeux.Àcetteseconde,unevivedouleurdansmapoitrinemerappellequejelafaissouffrir,moiaussi…commemonpère.

Tuasraison,monchéri,dit-elleenfinavantdes’éclipserdemachambre.

Jeresteimmobileetefface,dumoins,j’essaiedelefaire,lesentimentdeculpabilitéquim’envahit.Jesaisbienquemamannes’estjamaisremiseducomportementmachoetdeladoubleviedemonpère.Àcausedecetenfoiré,ilnousatousdétruits,masœurégalement,mêmesicelle-ciatoujourssufairebonnefigure,contrairementàmoi.

Conscientque,parsafaute,j’aiagicommelepiredescrétins.Maisaujourd’hui,jedoisavanceretagirenhomme.Pourcommencer,jevaisrécupérerSarahavantqu’ilnesoittroptardetjetenteraidemettremonputaindecaractèredecôtéafindelareconquérirsansjouerlessalauds.J’enaiassezdemecomportercommelui,ilnemériteenrienquejecontinueàgâchermaviecommeiladétruitlanôtre.

Non,jedoisarrêteretprendresoindespersonnesquej’aime,etjetiendraicettepromessequej’aifaiteàmamère.

***

*Sarah*

JesuisprêteàretrouverTravis,maisavantcela,j’attendsauloftqueCamilleetJaredsortentpourrejoindreleursamis.

Jemedemandetoujourss’ilnesepassepasquelquechoseentrecesdeux-là.Ilmesemblequ’ilssontdevenusdeplusenplusproches.ToutcommeCalvinetNina.

Toutefois,mespréoccupationsprincipaless’adressentàTravis.Jenesaispascommentilvaréagirenmevoyantdébarquerchezsamère,maisjesupposequ’ilserafurieuxquesonmeilleuramim’aitvendulamèche.

J’appréhende beaucoup la soirée que je compte passer à discuter avec lui, mais aussi l’arrivéed’Aarondemainaprès-midi.J’aireçuunSMSdesapart,m’informantquejedevraisêtreàl’aéroportdeL.Aàquatorzeheurespétantes.

Çamerenddingue!

J’ai promis àNina de ne plus approcher son frère, d’essayer de recoudre lesmorceaux demarelationavecAaronet,aufinal, jen’aipaslamoindreenviedesuivreaupieddelalettrecesdeuxchosespourtanttrèssimples.

Jerouledesyeux,refusantdepenseràplustardetdesconséquences–certainementdramatiques–sicettesoiréeavecTravistourneauvinaigre.

Jem’approche de la porte dema chambre dans laquelle jeme suis enfermée depuis une bonneheuremaintenantet tends l’oreille.Aucunbruitne filtrede l’extérieuret jemedisqu’ils sont sansdoutedéjàsortis.Alors,surlapointedespieds,j’attrapemavesteenjeanetouvrelaporteavantdedescendrelesmarchesdel’escalier.

Comme je m’en doutais, je suis seule. Un sentiment de satisfaction m’envahit, comprenant queCalvinaréussi–jenesaiscomment!–àobligerNinadepartiravecluipourlanuit.

Àmonavis,iladûluipromettredeluimontrerdesvieuxfilmsdesannéestrentequipassentdans

uncinémaenpleinairàLongBeach.

Danstouslescas,ilsnesontpasrentrésetc’estunebonnechose:j’ailechamplibre.

Trèsvite,jeterminedemeprépareretplacemonsacàmainsurl’épauleavantdequitterleloft.Quelquesminutesplustard,jeretrouvemonPick-upetgrogneentremesdentslorsquecelui-ciémetunbruitmétalliqueaupremiercoupdeclé.

Je frappe sur le volant, constatant quemalgrémon insistance, lemoteur refuse de semettre enmarche.J’auraisdûécouterlesautresetlebalanceràlacasseafind’acheterunvéhiculedignedecenom,maisjesuistropsentimentale.

Ce vieux Pick-up nem’a jamais lâché et ça ne va pas commencer. Alors, j’inspire une longueboufféed’airquipénètreparlavitreouverteetmemetsàprierpourqu’ildémarre.

Allez,monvieux!Ilfautquej’aillevoirTravis,tunepeuxpasmefaireça…

Soudain, dès que je tourne la clé, le moteur recommence à crier gare avant de prendre unronronnementnormal.

Jelèvelesyeuxetremercielecielavantdequitterleparking,lesourireauxlèvrestandisquemoncœurbatàcentàl’heure.

CHAPITRE18

*Sarah*

Celafaitplusd’uneheurequejemetrouvesurcecheminpauméàguetterunsignedeviedecettemaisonnéeauborddelaroute.

Jesuisparalysée,incapabledebougerdemonsiègepourallerfrapperàsaporte.Jevérifiepourladixièmefoisl’adressequeCalvinm’aenvoyéepartexto.Jenemesuispastrompée,c’estbienlàqu’ilse trouve,mais je doute qu’il soit présent. Il n’y a aucune voiture devant la demeure, rien autourd’elle.

Je pousse un énième soupir, m’agaçant moi-même de mon comportement puéril. Je dois mebouger,allerleretrouveretluidemanderderesteràl’écartducouplequejeformeavecAaron.

Jemeledois…

Mêmesicelamebriselecœur.

Alors, après encorequelquesminutesde réflexions idiotesquime traversent l’esprit, je sorsduPick-upetavanced’unpasverslamaison.

Jetraverselaroutedésertesansregardersiunvéhiculepasseàcemoment-là.Iln’yapasâmequiviveàdeskilomètresd’ici.

C’estflippant.

JenesavaisabsolumentpasquelamèredeTravisetNinas’était isoléedansuntelendroitaprèsqueleurpèreadécidéderesterauxcôtésdelamèredeSean.

Cependant,enypensantbien,jenesaispasgrand-chosesurcettefamille,misàpartquemonsieurSpencerestunenfoirédepremière.

Je reprends mes esprits lorsque je longe l’allée bordée de buissons fleuris de mille couleurs.Arrivéeprèsde laporte, jepeuxentendredesbribesdeconversationprovenirde l’intérieur. Ilmesemblequec’estlatélévision.Ilyabienquelqu’un.

Moncœursemetàbattrelachamade.J’appréhendeet jesuispresséeenmêmetempsdefrappercontre la porte pour découvrir Travis. Je ferme les paupières et l’imagine tandis qu’un nœud seformedansmonventre.

Agacée et frustrée à la fois de cette attente interminable que je prolonge par l’appréhension, jem’administreunegiflementaleetlèvelepoingendirectionduboisécarlatedevantmoi.

C’estlemoment.

Deleretrouver…

Desedireleschosesqu’onnes’estpasdites…

***

*Travis*

Jemesersuneautrebièreavantdemeposerdanslecanapé,devantlatélévision.Unfilmquejen’ai jamaisvu,nientenduparler,passesur lecâbleet je le regarde.Dumoins, je tentede le faire,maisjesuisincapabledemeconcentrersurl’écran.

Je ne cesse de penser à cette longue journée, à demain, quand je retrouverai enfin Sarah, et lesautres.ÀcetterencontreavecAaronquejecomptebienbriserendeuxs’iloses’aventurersurmonchemin.

Quand, tout à coup, j’entendsun léger coup. Jeme redresse,posemabière sur la tablebasseetbaisselevolumedelatélé.Tendantl’oreille,jemedisquej’aidûrêverquandunbruitplusfort,cettefois,provientdel’entrée.

Jesiffled’agacementetmelèved’unbondducanapé.Jemedemandequicelapeutêtre,sansdouteIvyquis’estaperçuequelasoiréeentresonpèreetmamèreesttropennuyantepouryassister.

Etàcetteréflexion,j’esquisseunlargesourireetm’empressed’ouvrirlaportelorsquemoncœurcessedebattreàlavuedemadouceSarahsurleseuil,tremblantedetoutesparts.

***

*Nina*

MonDieu!C’estmagnifique!m’écrié-jeenobservantlavuequenousoffrelafenêtredenotrechambred’hôtel.

Calvinentouremoncorpsdesesbrastandisquejescrutetoujoursl’horizon.Lavueestvraimentextraordinaire et je profite de cet instant magique, dans les bras de l’homme que j’aime, face àl’océan.

Jecalemondoscontresontorse,emmêlemesdoigtsauxsienstandisquenousprofitonspendantdelonguesminutesducalmequirègneàcetinstant.Noussommesbien,là,touslesdeux.Sousnosyeux, le coucher du soleil, loin à l’horizon, parsème l’océan d’unemyriade de couleurs des plusspectaculaires.

Nousneparlonspas.Seulesnosrespirationsenveloppentlapièced’unedouceetagréablechaleur.Jemedemandecequej’aifaitpourmériterqueCalvindécidedem’emmenerdanscelieumagique,leplusgrandhôtelluxueuxdeLongBeach.

Jemetournelentementversluietlèvelesyeuxafind’ancrermonregardausien.

Pourquoisommes-nouslà,Calvin?luidemandé-jeenfin.

Jen’aipascessédevouloir luiposer laquestion,mais ila refuséque je lequestionnesurnotredestinationlorsqu’iladécidédem’éloignerduloftaprèslescours.

Ilhausselesépaulesetesquisseunlargesourire.Sonregardpétilledemalice.

Jevoulaisjustepasserlanuitavectoi,bébé.Auloft,c’estimpossibleet…j’aienviedepasserdutempsavectoi.Tun’espascontente?

Bien sûr que si ! réponds-je vivement. C’est juste que…Nous aurions pu passer au loft pourprendrenosaffaires.

Lesourireauborddeslèvres,ilpenchelatêteafind’opposersonfrontcontrelemien.

Lesautresseseraientdoutésdequelquechose.

Iln’apastort,maisSarahdoitêtreinquiète.

Maisilsvontsedemander…

Non,non,mecoupe-t-il.Jeleuraifaitcroirequenousétionsinvitésàunepetitesoiréeprivée.Net’inquiètepas,tuveux?

Jelèveunsourcil,peuconvaincuequecetteexcusebidonaitprovoquél’effetescompté.

Toutefois, lesouriremutinqu’ilafficheet la lueurdemaliceque je lisaufonddesesyeuxfontcesseraussitôtleflotdequestionsquihantemonesprit.

D’accord,soufflé-jeenesquissantuntendresourire.

Jeteprometsquetuneregretteraspasdem’avoirsuivi.

Ahoui?dis-je,taquine.

Ilesquisseundouxsourireetlèvelesyeuxversleplafond.

Jepensequeoui.Laisse-moijustetefairecomprendrequetupasserasunenuitinoubliable.

Jeleregardeamoureusement.Jen’aiaucundoutelà-dessus.

Alors,montre-moi,murmuré-je,conscientedemonempressement.

Doucement,ilfrôlemeslèvresdessiennes.Aussitôt,l’envied’approfondirlebaisernousenvahitderechef.

Il reposealorssabouchesur lamienne.Jefaispassersontee-shirtpar-dessussa têteet le laissetombersurlesol.Sesmainsseposentsurmeshanchesautomatiquementetsabouchedéviedansmoncou. À ce contact, un gémissement de plaisir s’échappe de mes lèvres. Je ferme les paupières etpenchelatêtepourluidonnerplusd’espace.Mesmains,quantàelles,passentdanssondospourytoucherchaquecentimètre.Sesdouxbaisersmedonnentdes frissonset je les ressens jusqu’àmonentrejambe.Ilreprendàcetinstantmaboucheetdéboutonnehabilementmonchemisier.

Trèsvite, jeme retrouvedanssesbras,uniquementvêtuedemonsoutien-gorgeetdemon jean.Pantalonqu’ils’empressedeglisserlelongdemesjambeslorsqu’ilm’attireverslelitmajestueuxquitrôneaucentredelapièce.

J’entreprendsdedéboutonnersonjeanàmontour.Ilm’aide,visiblementpressédel’enleverlui-même.Presquenu,ilm’allongesurlematelasetapprocheseslèvresdesmiennes.Salangueplongedansmabouche,titillantlamiennetandisquedesesdoigtsexperts,ildégrafemonsoutien-gorge.

Unefoisquecelui-ciarejointlerestedenosvêtementssurlesol,Calvinposeseslèvressurl’undemestétonsetlelèchedélicatementavantdepasseràl’autre.Samainparcourtmescourbesetjemecambre,gémissantsoussescaresses.

Le souffle court, nous nous observons pendant un instant, dans le blanc des yeux, avant que lapassionnenousemporte.

Maculotteetsoncaleçonnesontbientôtplusunebarrièrepournoscorpsbrûlants,avidesdenefaireplusqu’un.Cependant,Calvinadécidédeprendresontemps.Ilportesesdoigtsàmaféminitéetjenepeuxm’empêcherdemecambrerdavantageengémissant.Salanguevientléchermonlobeetsabouchedéposedesbaisersfiévreuxdansmoncou.Ilarrêtesadoucetorturepourdescendrelelongdemoncorpstremblant,pourluiinfligerdescaressesinouïes.

Deseslèvresbrûlantesethumides,ilembrasselavalléedemesseinspuismonventre,descendant

toujoursplusbasjusqu’àcequejepousseuncrid’appréhensionetdesurprisemêlée.

Incapable de faire lemoindremouvement pourmedéfaire de son emprise, sa langue joue avecmonboutonrosédélicattandisqu’ilpénètreundoigtdansmonantre.

J’ail’impressiondesuffoquersousletourbillondesensationsquiexplosentenmoi,danschacunedemesterminaisonsnerveuses.

Je tire légèrement sescheveuxetpenche la têteenarrière, tentantdecalmerma respiration.Sesbaisers,salanguequitournoiedélicieusementautourdupointsensibledemonpauvrecorpsmefontl’effetd’êtreenfeucontinuellement.Maislorsqu’ilaccélèresescoupsdelangueetlesmouvementsdesesdoigts,jesensl’orgasmemonterhâtivement.Là,ancrantsonregardaumien,j’exploseautourdesesdoigts.

Larespirationsaccadée,jeneprendspasletempsdereprendreunsemblantdesouffleetpasseau-dessusdelui.Installéeàcalifourchon,jedécidedeluirendrelamonnaiedesapièceenl’embrassantpassionnémenttandisquemesdoigtsdescendentlelongdesontorse.

Ilgémitdansmabouchelorsquejeprendsàpleinemainl’objetdemaconvoitise.Jecommencedelongs va-et-vient en l’embrassant sur les lèvres.Ma bouche lui inflige lemême traitement que lasienne.Jedéposedesbaiserslelongdesamâchoire,desontorse,avantd’embrasserchastementsongland.Ilgémit.J’aimeentendrecesonrauquequis’échappedesagorge.Alors,jeprendslesdevantsetglissedansmabouchesonmembreque je sucegoulûment. Ilgémitdeplusenplus fort.Cequim’incite à accélérer la cadence demes caresses, passantma langue le long de son sexe fièrementdressé.Ilmurmuremonprénometjelereprendsdansmabouche.

Situcontinues,jevaisvenir,medit-ild’unevoixentrecoupéeparsesgémissements.

Je luioffremon sourire leplusmalicieuxqu’ilme rendavantdeprendremonvisageentre sesmains.

Bébé…

Ilmebasculedefaçonàcequejesoisallongéesurledosetsepencheverslesol.J’imaginequ’ilchercheunpréservatifdanslapochedesonjean.

Bingo.

Il se positionne à genoux à mon côté et l’enfile d’un mouvement rapide. Je ne loupe rien duspectacle.Unefoislatâcheterminée,jemereplacesurluietilsaisitsonmembredesamaindroite.Ilplacesonglanddevantmonentréeetmepénètrelentement…doucement.

Jebasculelatêteenarrièreàlasensationfabuleusedenousappartenirl’unàl’autre.Jecommencealors à remuer doucement les hanches après avoir collé nos fronts l’un à l’autre. J’accélère mesmouvements, ilm’embrasseet jegémisdanssabouchequandilagrippemeshanchesetdonnedescoupsdereinsplusardents.

Trèsvite,l’orgasmemonteunenouvellefoisenmoi.

Calvin,gémis-je.

Ilcomprendetmebasculeimmédiatementsousluiavantd’encadrermonvisagedesesmains.Satêtereposeaucreuxdemoncou,et,sesva-et-vientdeviennentplusaffamés,pluspassionnés.

J’explose une nouvelle fois autour de lui en criant son nom. Il me rejoint dans la jouissancequelque temps après et m’embrasse d’un long baiser passionné. À bout de souffle, nous nousremettonslentementdenosémotionssansbouger.Nosfrontscollés,nousreprenonsnotresouffle.

Unefoisquenosrespirationsrespectivesredeviennentnormales,ilseretiredemoiets’allongeàmoncôté.Heureuse,jeposelatêtesursontorseetfermelesyeux,songeantàcetinstantd’intimitéquenousvenonsdepartager.

Calvinpassesonbrasautourdemesépaulesetcaressemondosduboutdesdoigts,provoquantunlongfrissondesplusagréables.

Noussommesbien,là,touslesdeux,loindetous.

Danscetendroit,nouspouvonsexposernotreamour.

Nouspouvonsnousaimersansappréhenderquoiquecesoit.

Etcetteconstatationmuettemedonneenviedepoursuivrenosébatsamoureux.

Alors,jemelèvelevisageverslesienetcequejepeuxliredanssesyeux,àcetinstant,nefaitplusaucundouteauxmiens.

Calvin…dis-jedansunsouffle.Jet’aime.

Il semble ému et incapable de me répondre. Soudain, une douleur sans pareille me broie del’intérieur.Jen’auraissansdoutepasdûluirévélermessentiments.

Tropvite,troptôt.

Alorsquej’aienviedemecacherdansuntroudesouris,Calvinsemblesortirdelatorpeurdanslaquelleils’estplongé,quelquesminutesplustôt.

Il prendmon visage en coupe dans sesmains et plonge son regard brillant d’émotions dans lemien.

Jet’aime,NinaSpencer.

Soulagée, des larmes de bonheur me montent aux yeux. Je capture ses lèvres, avalant le largesourirequ’ilpossèdetandisquenotrecorpsréclameceluidel’autre.

CHAPITRE19

*Travis*

Sijem’attendaisàça…

Sarah.

C’estelle.Ici.

J’aidumalàreprendremesesprits,etjedoisparaîtrevraimentstupideàcetinstant,maisjem’enfouscomplètement.

Elleestlà,avecmoi.

Jesecouelatêtelorsquejeconstatequ’elledéglutitdifficilement.Jelatrouvesibelle,sivivante.Sesjouesontprisuneteinteroséetandisquesonregardesthésitant.Ellem’observe,lesyeuxplissésàtraverssescilsépais.Jeconstateàcettesecondequ’elleneporteplussonattelle.

Qu’est-cequetufaisici?luidemandé-je,conscientàlasuitedutonincandescentquejeviensdeprendrepourluiadresserlaparole.

D’ailleurs,ellesemblesurprise.Elleaunpetitmouvementdereculetfroncelessourcils.

Sijetedérange,jepeux…

Non,lacoupé-jed’untonplusdoux.Viens,entre.Jet’enprie.

Pendantunefractiondeseconde,l’appréhensiondelavoirrefusermonoffreestforte.Puis,ellesedécontracteetacquiesced’unhochementdetêteavantd’avancerversmoi.Jemerecule,luiouvrantlaporteafindelalaisserpasser.

Lorsqu’elleme frôle, je ferme lespaupièrespendantquelquessecondes, savourant sonodeurdevanillequimonteinexorablementàmesnarines.

Cependant, jemereprendsrapidement, jenesaispascequ’elleestvenuefaire ici,maisquelquechosemeditqueçaaunrapportavecsongarsquidébarquedemainauloft.

De toute façon, je compte bien en avoir le cœur net. Je ferme la porte et me tourne vers elle.J’esquisse un léger sourire tandis qu’elle observe le bazar que j’aimis au salon.Des cadavres de

bièretrônentsurlatablebasseaucôtéd’unpaquetdechipsàlatomateàmoitiérenversé.

Ellemejauged’unregardsévère,sedemandantsansdoutesijeneseraispasentraindedéprimer.Jem’amuseàlepenser.Ellepeutcroirecequ’elleveut,jem’enmoque.

Enfin…pastoutàfait.

Quoi?luidemandé-je,hésitant,n’enpouvantplusdesonobservationmuette.

Ellesecouelatête,puisredressefièrementlementon.

Tuvasbien?

Eh,nousyvoilà!

Jem’attendaisàl’éternellequestionqui,j’ensuissûr,seraprésentedanslabouchedetouslorsquejeseraideretourauloft.

EnparticulierCalvin.

D’ailleurs, jemedemandebiencequiapuluipasserparlatêtepouravoirditàSarahoùjemetrouvais.

Ouais,çava,réponds-jeenfin.

Onnediraitpas,réplique-t-elledemanièresatisfaite.

Jefroncelessourcils.Cen’estpasdansseshabitudesdemecontrediredecettefaçon,avecsonairhautainetsarcastique.

Qu’est-cequisepasse?

Jepousseunsoupir,révélantmalassitudesoudaineetm’avanceversSarahquiresteplantéeprèsdelaporte.

Quoi?Tupensesquejedéprime,c’estça?Tut’attendaisàquoi,Sarah?Jevaisbien!continué-je,remarquantdansl’expressiondesonvisage,sonincertitude.Jenemesuispasgoinfrédecrèmeglacéeauchocolat.

Cettedernièretiradeauraitdûlafairesourire.

Envain.

Ellemefixetoujoursdesesgrandsyeuxbleusetrétorqued’untondécevant:

Peut-êtrepas,cequinet’empêchepasdetesaoulerencoreunefois.

Jesoulèveunsourcilnarquois.

Tupensesquejesuisivre?

Ellenemerépondpasetsecontentedejeterunœilverslessixcannettesdebière.

Jerouledesyeux,exaspéréparlamaniequ’ellepossèdepourmefaireculpabiliser.

OK.J’aibu,mais…cesontdesbièressansalcool.Jenepeuxpasêtreivreavecça!

C’estvrai?

Elle me fait rire. Elle n’a pas changé et semble toujours aussi fragile malgré ses efforts pourparaîtreplusforte.

Ouais.Pourquoijetementirais?

Cette fois, toute trace de naïveté s’échappe de ses traits. Elle me contemple avec un sentimentdémesurédecontradiction.Jepeuxlevoir…jepeuxlesentir.

Mamèrerefusequejepicolesoussontoit.

Je ne sais pas pour quelles raisons je me justifie. C’est idiot, mais je ne sais pas quoi ajouterd’autre,sansdouteparpeurdelablesserànouveau.

Jen’aipasenviequ’elleparte,jen’enaiaucuneenvie.

Aucontraire.

J’aimeraisqu’elleresteàmoncôté…toutelanuit.

Jepourraisluifaireoublierl’idéedefairevenircetAaronauloft.Nouspourrionsrepartiràzéro,surdebonnesbases,maisjedoutequ’elleveuille.

Sarah…

Oui?insiste-t-elle,unfaiblesourireauborddeslèvres.

Jedéglutispéniblement.Voilàquec’estàmontourd’éprouvercetteappréhensiondémesuréefaceauxsentimentsquej’éprouve.

Merde!

Jeplongelamaindansmatignasseendésordreetfuissonregardinterrogateur.

Eh…souffle-t-elletoutàcoupenposantunemaininnocentesurmonbras.

Ce contact m’irradie de toutes parts. Elle n’aurait pas dû me toucher. Une vive brûlure scannechaqueparcelledemapeau.Sesdoigtssecrispentsurmonmuscle tenduluiaussi.Je laregardeettoutm’échappe.

Sesyeux,imbriquésauxmiens,brillentdemillefeux.Quelquechosed’inexplicablesepasseentrenous,commechaquefoisquenousnousregardons.

Çametue.

J’ai envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, sentir ses lèvres sous les miennes, salangue…

Çafaitsilongtemps.

J’ail’impressionquecelafaituneéternitéquejenel’aipastenuedansmesbras.

Bordel!

J’enaibesoin.J’aienvied’elle,maisjeneferairien,mêmepaslepremierpas.Jenecomptepasgâcherànouveausavie.J’enaiassezdétruit.

Oui…jenedoisrienfaire,mêmesiçametueàpetitfeudelavoirsiprèsdemoi,desentirlapeaudoucedesapaumesurmonbras.

Jesuisvraimentdésoléedecequis’estpassé,medit-ellesoudainement.

Jeplisseleregardtoutencontinuantdecontemplersesirislagon.

Rienn’estdetafaute,Sarah.

Si…jesuisresponsablepourSean.Sijenem’étaispas…

Arrête,lacoupé-je,furieuxd’entendreleprénomdemondemi-frère.

Je me recule légèrement jusqu’à ce que le contact physique entre nous se brise. Puis, je medétourned’ellepournepasrisquerdecraquersur-le-champ.

S’ilteplaît,Travis…Parle-moi…

Jeferme lespaupièresàsondouxsuppliceet les rouvreaussitôt, sentantqu’elles’estapprochéedansmondos.

Putain!

Elledevraitpartir.

Cependant,quelquechosemeditqu’ellen’enapaslamoindreenvie.Toutcommemoi.

Iln’yarienàdire,Sarah,soufflé-je,alorssansmeretourner.

Tonmessage…jevoudraisconnaîtretesintentionsconcernantAaron.

Elleestsérieuse?

Elleestvenuemevoiricipourparlerdececrétin?

Nan,maisjerêve!

Cettefois,jefaisvolte-faceet,aussitôt,unnœudseformedansmonbas-ventre,enconstatantquenoussommestropprochesl’undel’autre.

Tuesvenuedanscebledpourripourmeparlerdelui?T’aspeurdequoi?

Rien…répond-elleensecouantlatête.Jeveuxjustesavoircequetucomptesfaire.Tuaspréciséquetuseraisderetourauloftdemainet…

Tonpetitcopainseraprésent,continué-je,irritéàcettepensée.

Ellehochelatêteensigned’acquiescementavantdebaisserlesyeux.

Jetel’aidit,Sarah.Jen’abandonneraipas.Maisjeterassure,jeneferairienquipuissetemettremalàl’aise.C’esttoiquicomprendrasquetuasfaituneerreur.

Dequelleerreurparles-tu?

D’écoutermasœur!D’essayerderecollerlesmorceauxaveccetabruti!

Jeserrelesmâchoires,furieuxdelafairesursauterainsienélevantlavoix.Jenevoulaispasluifairepeur.

Jen’aipasétécorrecteavecNina,jetel’aiexpliqué.

Mouais…peut-être,maiscen’estpasàmasœurdetedemanderdechoisir!

Ellen’apasfaitça!contre-t-elle.

Oui,c’estvrai,avoué-je.Ellet’aimposédeneplusm’approcherett’aobligéedefairevenircemeccheznous!Lepiredanscettehistoire,c’estquetuesd’accordavecellealors…queveux-tuquejefasse,bordel?

Elleneditrien.Ellesecontentedegarderlatêtebaissée.

Merde.

Jel’aiencoreblessée.Pourtant,cettefois,jenepensaispasqu’ellemelaisseraitparlerainsi,bienquecesoitlastrictevérité.

Écoute…jevaistelaissertranquille,dis-je,émuendécouvrantlesyeuxbrillantsdelarmesdemabelle.Tuveuxresteraveccegarsquinet’ajamaistouchéedepuisdesannées,alorsvas-y.Jeneveuxpast’obligeràquoiquecesoit.Enattendant,jesaiscequetuéprouves,bébé,ajouté-je,certainquej’airaison.C’esttoiquiferaslechoixfinal,c’esttoiquireviendrasversmoi.

Nesoispasaussisûrdetoi,Spencer!claque-t-elle,visiblementagacéequejelametteaudéfi.Et

pourtoninformation,jen’aipasdechoixàfaire.Toutestclairdansmatête!

Jelèveunsourciletesquisseunsourirenarquoismalgrél’appréhensionquej’éprouveaufonddemoi.

Sitoutestaussiclairdanstatête,Sarah…qu’est-cequetufichesici,avecmoi?

***

*Sarah*

Merde,merdeetREMERDE!

Je savais que c’était une mauvaise idée de venir. Le voir une dernière fois, seul à seule avantl’arrivéed’Aaronn’arienàvoiraveccequej’avaisentête.

Pourtant, l’attraction quime pousse vers lui est bien réelle. Je reste toutefois sur les fesses auxparolesqu’ilm’abalancéesenpleinefigure.

Lepiredanstoutcela,c’estqu’ilaraison.

Bien que j’apprécie fortementNina, elle n’a pas àm’imposer quoi que ce soit, et surtout pas àm’interdiredevoirTravis.

Faiblecommejesuis,jen’airienditetailaisséleschosessefaire…

Aaronseralàdemain.

J’aienviedememettreàchialercommeunegamine,maisjemeretiens.Priseentredeuxfeux,jesuisincapabled’avouercequejeveuxvraiment.

Encoreunefois,TravisSpenceraraisonsurtoutelaligne.

Bordel!

Jen’aimepasdutoutcequ’ilvientdemedire.Medéfierainsin’estpasfranchementlameilleurechosequ’ilaitfaite.

Merde!

L’enviedetaperdupiedmetaraude.Cequim’agace.Ilmeregardecommes’ilattendaitlaréponsequ’ildésiredepuisquej’aifranchiceseuil.

Cen’estpasunebonneidée.

Alors?Pourquoit’eslà,Sarah?

Jefermelespaupières,souslechocdeladouceurlimpidedesavoix.

Qu’attend-ildemoi?

Queje luiavoueavecsincéritéque jevoudraispasserunedernièrenuitdanssesbras?Quej’aibesoindesentirunedernièrefoisseslèvressitentantescontrelesmiennes,sesmainscontremapeaunue?

Oui,ilaététrèsclair.C’estcequ’ilattenddemoietsurtout,quejefasselepremierpas.

Ensuis-jecapable?

Mêmesitoutmoncorpsetmoncœurlechoisissent,unepetitevoixdansmonespritnecessedemerépéterdefuirtrèsvite.

ChoisirAaron serait la sécurité assurée,mais avecTravis, c’est commesi jeme réveillaisd’unsommeilsombreetténébreux.Aveclui,jemesensvivante…importante.

Bordel!

Arrêtedemeregardercommeça,leprié-jeintérieurement.

Jesuisconscienteques’ilcontinuedem’observeravecceregardinsistant,brillantdedésiretdeprovocationmêlée,jeneparviendraipastrèslongtempsàgardermoncalme.

Detoutefaçon,c’estcequ’ilcherche.Ilm’atoujourspoussée,etce,dèsledébutdenotrerelation,àdévoilersanspeurmesenviesetmesbesoins.

AvecAaron,iln’enajamaisétéainsi.

Sarah?Tuvasenfinmedirepourquoit’esvenueicioutumelaissesimaginercequejeveux?

Unsourire,aussifaiblesoit-il,sedessinesurmeslèvres.Jenepeuxpasm’empêcherdeletrouversisexy,sibeauquec’enestentêtant.

D’ailleurs,ilsaittrèsbienl’effetqu’ilproduitenmoiets’enamuse.

Enfoiré!

Lafaçondontsessourcilsseformentlorsqu’ils’interrogesilencieusementanimeindéniablementlespapillonsdansmonventre.Ilattenddemoiquejefasselepremierpas,maissurtout,ilestcertainquejen’auraipasassezdecrandelefaire!

Je secoue la tête, cessant immédiatement mes réflexions mentales et lève le menton dans sadirection.

Fièrement,jeluiavoue:

Je suis venue ici pour toi, Travis. Je veux passer une dernière nuit avec toi avant l’arrivéed’Aaron.

CHAPITRE20

*Sarah*

Danscecas,qu’est-cequetuattends?

Jesursauteàsesmots.Jeremonteleregardverslesienetconstate,aprèsunepetitehésitation,lamalicedanslestraitsdesonvisage.

Jetel’aidéjàdit,bébé.Prendscequetuveux,cessedeteposerdesquestions!poursuit-il,toutengardantsonregardancréaumien.

Marespirations’emballedangereusement.Cettefacilitéqu’ilpossèdepourparlerdecegenredechosesmemetchaquefoissurlesfesses.

J’aimeraispouvoirêtrecommelui,savoirparlerouvertementdemesdésirs,mais j’éprouvepasmaldedifficultés.

Ilfautdirequejen’aipaseul’occasiondediscuterdetoutcelalibrement.AvecAaron,parlersexeesttabou.

Qu’est-cequetuveuxvraiment?m’interroge-t-ild’untonsuave.

J’ancreànouveaumonregardausienetunechaleurm’irradiedetoutesparts.

Qu’est-cequejeveuxvraiment?

Lui.

Sansaucundoute.

Alors,lance-toi,meditunepetitevoixdiabolique.

J’ailadésagréableimpressionqu’unangeetundémonsesontinstalléssurmesépaules.

Toutefois,celuiquimeprie–toutcommelesyeuxduDieudusexedevantmoi–d’écoutermesbesoinsatotalementraison.

Àcentpourcent.

Qu’adviennedemain,jem’enmoque.

Décidée, j’esquisse un semblant de sourire avant dem’assurer que Travis n’aura aucune attenteaprèscela.

Donc…tupensesquejedoisécoutermoncorps?Etaprès,qu’est-cequetuattendrasdemoi,sijepasselanuitici,danstesbras?

Demainestunautrejour,bébé,souffle-t-ilenavançantunpeuplusprès.

Moncœurcessedebattre.Travisrefusetoujoursdemetoucher,ilattendquecesoitmoiquimejetteàl’eau.

Lesalaud!

Cependant,ilaraison.Ilveutquejem’ouvresanspudeuraumondequim’entoure.Ilveutquejevivecommelui,unjouràlafois,sansseprendrelatêtepourl’avenir.

Etjepeuxlefaire.Jelesais,jelevoisdanssesyeuxemplisd’admiration.

Personnen’ajamaisattenducelademoi.

Çameterrorise,maisçameplaît.

Ilaconfianceenmoietlepeuquejepuissefaireestdeleremerciercommeilsedoit.

J’aienviedel’embrasser,demordresalèvrecommejel’aisisouventfaitenrêve,maisc’esthorsdequestion.J’aimeraisquecesoitluiquisoitàl’originedecebaiser,maisaussi,qu’ilm’avouecequ’iléprouvepourmoi.Jesuispersuadéequ’ilaparlédesessentimentsàCalvin,sinon,pourquoiaurait-ilmisceplanenplaceafinquejeleretrouve?

Àvraidire,jen’ensuispascertaine,maisjesuissûred’unechoseàcetinstantprésent;jelisdel’amourdanssonregard,toutcommejesuisconvaincuequeceseraituneerreurderaterl’occasion.J’attendsdeleretrouverdepuisbientroplongtemps.

Alors,jemelance,lecœurbattantàcentàl’heure.J’approchemonvisagedusien,espérantqu’ilm’embrasse.Cependant,iln’enfaitrien.Ilnecherchepasnonplusàm’éviter.

D’accord…ilveutjouer!

Jelefixeuninstant,lisl’amusementsursonvisage.

OK,Travis.Onvavoirsituvasparveniràattendreencoreunpeu.

Retenantmon souffle, je glisse lesmains sous son haut. Sa peau se contracte aussitôt sousmesdoigts.J’esquisseunlargesourire,satisfaite,etpoursuismesdoucescaressesavantdesouleversontee-shirt.

Jesuisreconnaissantequ’ilm’aideàluipasserau-dessusdelatête.Lorsqu’ilseretrouvetorsenu,àmamerci,jeplaquemapoitrinecontreluietlèvelesyeux.

Quandj’atteinslalueurbrillantededésirquidansedanssespupilles,jemesensforte.

Travis…

Monsoufflefaittremblerseslèvresquejefrôledoucementdesmiennes.Ilfermelespaupièresetattendquej’approfondissemonbaiser.Cequejefaissansplusattendre.

Jemordssalèvresupérieure.Surpris, ilouvrelesyeuxetm’interroged’unregardamusétandisquejeprofitequ’ilaentrouvertleslèvrespourglissermalanguedanssabouche.

Rapidement,elletrouvelasienneetjelataquinelégèrement,savourantlespetitsgémissementsquiluiéchappent.

J’aimecesonrauqueetdélicatàlafois.Celam’avaittantmanqué,irrémédiablement.

Travissembledemoinsenmoinssupporterleseffortsquil’obligentàmelaissermenerladanse.Salangues’agiteautourdelamienne,ellel’enrouleavantdesesauver.

Jesourisintérieurementàl’écoutedusoupirdefrustrationqu’ilémet.Alors,jel’aide,lelaissantêtreleMaîtredenotrebaisertantattendu.

Noslanguesseretrouventdansunmaelstromdesensationsinouïes.Toutefois,jeveuxmevengerde lui,decetteattenteépouvantablequ’il a sibiennourrie.Alors,quand jecomprendsqu’ildésireapprofondir davantage notre échange buccal, je recule le visage et embrasse son torse brûlant,savourantlepetitcridefrustrationqu’illaisseéchapper.

Travisattenddemoiquejelibèrelavraiefemmequisecacheenmoi.

C’estdécidé…jevaislaluifairerencontrer.

***

*Travis*

Sarahnecesseradoncjamaisdemesurprendre.Leregardemplidemalice,elleglisselesdoigtssousmaceinture.Jefrémisinvolontairementàl’audacequiaccompagnesescaresseslesplusfolles.

Bordel!

Siellecontinuecommeça,jevaisfinirparjouirdanssamain.Elleentamedelongsva-et-vientsur

maqueue.Monsoufflecommenceàdevenirerratique.Ilfautquejel’arrêteavantqu’ilnesoittroptard.

Poussé par un élan de passion, je capture ses lèvres et l’embrasse presque violemment. Cettebouchem’atantmanqué.Jelasavouregoulûment,avecfièvre,puis,envoulantplus,jel’agrippeparles bras, l’empêchant deme torturer davantage.Son regard espiègle est interrogateur lorsquemesyeuxvrillentlessiens.

Putain,lâché-je,àboutdesouffle.

Déboussolé,jelasoulèvedansmesbras.

Tumerendsfou…

Tum’asmanqué,murmure-t-ellecontremonoreilletandisquejel’emmèneàl’étage.

Toiaussi,bébé.

Danslachambre,jelaposesurlesol,toutprèsdulitoùjerêvedepuisdesjoursdelaretrouver.Jeconstatequ’elle regarde toutautourd’elleet jemesens légèrementmisànusous sonobservationmuette.

Déshabille-toi,m’ordonne-t-elletoutàcoup.

Surpris,jelaconsidèred’unœilamusé,maistrèsvite,jeredevienssérieux.Ellenejouepasetc’estcequej’aimechezelle.LaSarah,toutetimideetnaïve,semblevouloirenfinsemontrersoussonvraijour.

Alors,jerépondsàsondouxsourireetenlèvepantalonetboxerd’unmêmemouvement.

Sesjouesrougissentfaceàmanudité.

Àtontour,luiordonné-je.

Jen’avaispasimaginécequiallaitsuivre.Jepensaisqu’elleallaitsetourneretôteraitdifficilementsonhaut.Or,ellen’agitpasainsi.Sansjamaisquittermonregard,ellepassesonhautau-dessusdesatête et dégrafe son soutien-gorge. Elle en fait de même avec son jean qu’elle baisse jusqu’à seschevilles.

Monregardladévoretoutentière.Unefineetlonguecicatricebarresongenouetlamoitiédesonmollet.Àcettevue,laculpabilitém’envahit.Jebaisseleregard,souslechoc.

Travis…

Jen’arrivepasàlaregarderdanslesyeux,parpeurdelireunesortederemarquenarquoise:Ehoui!Regardebienmajambe,c’estdetafaute!

Cependant, quand ses yeux trouvent les miens, je ne vois rien de tout cela. Au contraire, uneémotionfortebrilledanssonregardetjen’aiqu’uneenvie:labasculersurlelitetmeperdreenelle,

làoùjemesensmieux.

Bébé,l’appelé-jedansundouxmurmure.

Elle fixe la main que je tends vers elle avec hésitation.Mon cœur cogne sourdement dans mapoitrine tandis que je prie pour qu’elle approche. J’ai besoin de la tenir contremoi, de l’enlacerpendantdelonguesminutes,desheures…uneéternité.

Envain.

J’ai l’impression que plusieurs minutes interminables se sont écoulées lorsqu’elle approche.Toutefois, elle ne prend pasmamain. Elle plaque ses deux paumes surmon torse,m’obligeant àm’asseoir sur le lit. Lematelas craque sousmon poids tandis que de sesmains, elle caressemesépaules,mesbrasavantdevrillersonregardaumien.

Bébé…

Nedisrien,murmure-t-elletoutensepositionnantàgenoux.

Cettefois,j’ailasensationquemoncœurvaexploser.Ellebaisselesyeux,fixantmaqueuedresséeversseslèvres.

Bordel!

J’aiconnubeaucoupdefillesquim’ontfaitdesfellations,maisavecSarah,c’estdifférent.Ellen’apasvraimentd’expérience,maisjelalaissefaire.Detoutefaçon,ellenemedonnepasvraimentlechoix.

Seslèvressefermentautourdemavergeetj’ail’impressiondem’évaderdansunautremonde.Ledésirmebrûledetoutesparts.Jen’aijamaiséprouvécequejeressensàcetinstant.Salanguelèchemonglandavecdouceur,puiselleavalemaqueuetoutentière.

Jevaismourir.Debonheur.D’uneextaseparfaite.

Avantquejereprennemesesprits,ellesemetàmesuceraveclamêmepassionquirythmaitsesbaisers.

Sarah…Oh!

Bordel!

Ellevamefairejouirendeuxminutessielleymetautantd’entrain.Jeserrelesdentspourétoufferunrâleetlagronde.

Arrête!Çasuffit…

Touts’arrête.Ellerelèvelatête,toutintriguée.

Désolée,s’excuse-t-elle,lesjouesenfeu.

Non,bébé…nelesoispas.

Pourquoitu…

Bébé,lacoupé-je.Sijetelaissecontinuer,jevais…

Et?

Surpris, je la considèreun instant sans savoirquoi luidirepour lui faire comprendreque jeneveuxpasjouirdanssabouche.Dumoins,pascesoir.

J’aienviedetoi.

Non,dis-moi?Jenelefaispasaussibienquelesautresfilles,c’estça?

Bonsang,Sarah !Pasdu tout !C’était justeparfait, je t’assure,mais jeneveuxpassouiller tabouche,avoué-jeencaressantdélicatementseslèvresdemespouces.Pasmaintenant…

Tuas…uneautreidéeentête?medemande-t-elle,intimidée.

MaSarah timide est revenue et je dois bien avouer que j’aime ce côté-là chez elle, ainsi que ladélicieuseaudacedontellepeutfairepreuve.

J’enaidestas,bébé,réponds-jeenlatirantversmoi.

Tendrement, je l’allongesur le lit et recouvre soncorpsdumien.Nos lèvres se retrouventavecfièvre. Nos langues s’agitent l’une autour de l’autre. Elle m’excite. Tout chez elle me rendcomplètementdingue.

Soncorpschaudprovoquemille sensations lesplusagréablesaumien. Jecasse lebaiseret faisdansermalanguesursapeau.Elleréagitaussitôtenlâchantundouxgémissementdeplaisir.

Plus tard, lorsque j’emprisonneson tétonentremes lèvrespour le suceravecgourmandise, ellepousseuncrideplaisir.

Jepoursuismonexplorationavecmabouche,ma langue.Elles’abandonneetquand jedescendssursonventrepourmeglisserentresescuisses,ellesecrispe.

Détends-toi,bébé.

Elle s’ouvre pour moi, se cambre en réagissant à la première caresse de ma langue. Sesgémissements sont une douce musique à mes oreilles, je veux l’entendre chaque jour, pourtoujours…

Malanguefinitparjoueravecsonclitorispourpénétrerdansl’entréedesonsanctuaire.Là,jesenssesdoigtsglissersurmoncrâne.Elleagrippemescheveux,retenantmonvisagecontresaféminité.

MonaudacieuseSarahestrevenueetjecomptebienlagardervivantejusqu’àsalibérationfinale.

Ellehalèteplusieursfois.Malangueaccélèresursonpointsensibleetletitillevolontairement.

Ellecriemonnom…

Sesdoigtsseserrentdavantageautourdemesmèches.

Je luidonneunderniercoupde langueetelle jouitdélicieusementcontremaboucheencriantànouveaumonprénom.

CHAPITRE21

*Sarah*

Jen’ai pas le tempsdeme remettrede ce fabuleuxorgasmequeTravis remontevers le haut. Ilm’embrasseavecpassion,cequimefaitvibrertoutentière.

Mêmesisonlitestétroit,ilécartemescuissesavecempressement.J’aimesafougue.

Alorsquejegéraislasituation,jemeretrouveétenduesurledos,sesmainscourantpartoutsurmapeau.

Seslèvresnerestentpasinactives.Ellesattaquentmoncou,messeinsqu’ilemprisonneentresesdents,titillantmestétons,l’unaprèsl’autre.

Ilvamerendredingue.Entresesbras,jenesuisplusqu’unepoupéedechiffonqu’ilmanipuleàsaguise.

Bébé…restelà…

Jenebougeraipas,lerassuré-je,émuedusupplicequirésonnedanssavoix.

Uneappréhensionestprésenteégalementdanssonregardqu’ilplantedanslemien.Jeprendssonvisageencoupedansmesmainsetleramèneversmoi.

Je t’aime, Travis, lui avoué-je, me fichant complètement, sur le coup, de sa réaction ou desconséquencesdecetaveu.

Et sa réactionnese faitpasattendre.Tout soncorpsse figeet ilme fixedroitdans lesyeux. Jen’arrive pas à définir son expression et c’est sans doute cette impuissance quime faitmonter leslarmesauxyeux.

Jesuisprêteàparierqu’ilvamedirequejenedoispasressentircegenredechoses,qu’iln’estpasquelqu’undebien,commeilmel’adéjàfaitentendre,maisiln’enestrien.

Délicatement,ilfrôlemespaupières,effaçantmeslarmesquisontprêtesàs’échapper.Puis,d’uneinfinietendresse,ilposeseslèvrescontrelesmiennesetm’embrasseavecpassion,unepassionquejeneluiconnaissaispas.

Unbrind’espoirnaîtalorsenmoi,auplusprofonddemoncœur,demonâme.Jerépondsàson

baiser,enroulantmalangueàlasienneoùj’aimeraisqu’elleresteàjamais.

Cemomentn’arienàvoiravecceuxquenousavonsdéjàpartagés.Travissembleplusdoux,plussensible.

Plusamoureux?

Entoutcas,j’aimelecroire.

Mêmes’ilnem’apasrépondu,toutchezluimefaitpenserqu’iléprouveuneviveémotion.Ilsemontre plus attentif et, lorsqu’il quitte mes lèvres pour reprendre notre souffle, il ancreamoureusementsonregardaumien.

Le coin de ses lèvres remonte en un doux sourire, il n’a rien de sarcastique et je profite de cedélicieuxmomentpourmeredresserafindecaptureràmontoursabouche.

Touten répondantàmonbaiser, ilm’obligeàmerallonger.Sesmainsmontentetdescendent lelongdemoncorps.Jefrémisd’impatienceetchercheàglisserlamainentrenoscorpspouragripperl’objetdemaconvoitise,maisilm’enempêche.

D’uneautoritésimple,ilattrapemespoignetsetlesplaceau-dessusdematête.

Nebougepas.

Mais…

Bébé…situt’obstinesàmetoucher,jenevaispluspouvoirmecontrôler.

Ah…

Petitcriminable…

Ilsourit,semoquantgentimentdemonexpressionbéate.

Ilm’embrasseànouveau.Cettefois,iladministreunemyriadededouxbaisersdélicieuxsurmeslèvresentrouvertes. J’aimeraishappercettebouchesi tentante,mais ildescend les lèvresversmoncou.Jefrissonne,sentantsalanguelécherlelobedemonoreille.

Ungémissementdeplaisiretdefrustrationmêléem’échappe.Jeserrelesdents,tentantderetenirunsecondcrilorsqu’ilm’écartelesjambespourseplacerentreelles.

J’aitellementenviedetoi,bébé.Tumerendsfou…tulesais?

Toiaussi,réponds-je.Fais-moil’amour,Travis,murmuré-je,n’enpouvantplusd’attendre.

Sa bouche fond sur la mienne avec fièvre, d’une passion dévorante qui amplifie notreempressementmutuelànefaireplusqu’un.

Redis-le-moi!medit-il,capturantmonregardpournepluslelâcher.

Jeplisselesyeux,medemandantpendantquelquessecondescequ’ilattendaujuste.

Néanmoins, je comprends tout à fait ce qu’il veut en ce moment et lui ordonne d’une voixentrecoupéeparlapressionconstantequ’ilexercesurmoncorps.

Prends-moi,Travis.Maintenant!

C’estça,bébé…

Ilplongesonnezdansmoncoutandisqueleboutdesonsexepénètremonentrée.Jeretiensmonsoufflealorsqu’ilétouffeunrâledansmonoreille.Cequiprovoquedelongsetdouxfrissonsdanstoutmonêtre.

Oh,bébé…tum’astellementmanqué.

Jesuissiheureusequejesuisincapablederépondre.Seul,unlonggémissementm’échappealorsqu’ilmepénètreentièrement,d’unseulcoupdereins.

Toutefois,cettesensationdebonheurtotals’estompealorsqu’ilseretiresoudainement.Jepousseungrognementdefrustrationquilefaitsouriretoutencherchantmonregard.Lorsqu’illetrouve,jedécouvreunelueurbrillantedanssespupilles.

Là,ilreplongeenmoietsefigependantuninstant.

J’aimeêtreentoi,bébé.

J’esquisseunsourire,satisfaitequeceTravis-làsedévoilepeuàpeu.

Alorsreste,réponds-jeenprenantsonvisageentremesmains.

J’ycomptebien.

Ilnemelaissepasletempsderéagirqu’ilcapturemeslèvrestoutenentamantdelongsva-et-vient.

Leplaisirmontecrescendo.Nosgémissementssemélangentcommenossouffles.Puis,ilquittemabouchepourfixermesprunellesdilatéesparleplaisiravantd’accélérerladansefrénétiquedenotrealliance.

C’estmajestueux.

Fabuleux.

Inouï.

Ilsaitquejenetiendraipaslongtemps,maisjen’aipaslamoindreenviequ’ilralentisse.J’aimesesassautsimpatients,presqueviolents.J’aimecesrâlesqu’ilétouffedansmabouche,m’embrassantencoreetencore.

Oh,Sarah…jevaisvenir,meprévient-ilenglissantunemainentrenoscorpsenlacés.

Viens…

Jen’aipasletempsdecomprendrecequiarrive.Sesdoigtsexpertsexercentunepressionsurmonpointsensibleetjejouisviolemment.

Ildonnealorsunderniercoupdeboutoiravantdemerejoindreauparoxysmeduplaisir,lesyeuxancrésauxmiens.

***

*Travis*

Une fierté exceptionnelle s’empare de moi lorsqu’elle crie mon nom. Ses yeux brillent d’uneintensitéfarouche,égaleàlamienne.

Elleestmagnifique.

C’enestscandaleux.

Ellen’apasbesoindedirequelquechosepourquejecomprennequ’elleestbien,qu’ellesesentenfinmieuxaprèscesinterminablesjourssansmaprésence.

J’éprouvelamêmechose.

C’enestdéroutant.

Ellem’aimeetcettevéritéquejerefusaisd’admettremesauteauvisageàcetteseconde.

Siêtreamoureuxestunsentimentdevide lorsqu’elle se trouve loindemoi, siplus riend’autren’existequandmesyeuxs’ancrentavecintensitéauxsiens,alors,jelesuis.

Indéfiniment.

Toutefois, je ne peuxme permettre de le lui révéler. Elle doit faire un choix et je ne veux pasqu’ellelefasseaveccettecontrainte.

Jerefusequ’elleconnaisselessentimentssincèresquej’éprouvepourelle,detoutefaçon,jeferaisunpiètrepetitami.

La caresse qu’elle effectue surma joueme sort demes réflexions silencieuses. Je l’observe, le

cœurlourdetenvoûtéparsabeauté.

Tuesmagnifique,murmuré-je,frôlantduboutdesdoigts,sesjouesrosies.

Ellerougitdavantage.Jebutinetendrementseslèvresdepetitsbaisersetentreprendsdemeretirerd’ellepourlasoulagerdemonpoids,maiselleagrippemesépaules.

Jel’interrogeduregardetconstatequ’elleenveutencore.Cetteidéemeplaîtetlebaiserqu’ellemevolemefaitbanderànouveau.

Bordel!

Elle veut ma mort, mais si je dois choisir l’heure et le moment de mon trépas, je le choisisvolontiersàcetteminute.

Noslanguess’enroulentavecpassionl’uneautourdel’autre.Cettefois,jesuisprêtpourelle,pourunsecondround.

Toutefois,jepressensqu’elleveutmenerlabataillejusqu’àladélivranceduplaisir.

Pasdeproblème.

D’un mouvement ample et rapide, je roule sur le dos et la soulève de façon à ce qu’elle soitpositionnéeau-dessusdemoi.

Un rictusde satisfaction sedessine sur ses lèvres.Ellemedonneundernierbaiser et seplaceàcalifourchon. Mes mains descendent le long de son buste. J’observe ses seins délicieux quicommencentàsebalancerdevantmonvisagetandisqu’elleremuelebassin.

Elleestincroyable…

Fasciné,jereluqueavecgourmandisesestétonsdressésdansmadirection.Jenepeuxplusattendreplus longtemps. Je l’enserre par la taille etme redresse pour posermes lèvres sur sa poitrine.Lechangementbrutaldemapositionluiarracheungémissement.Maqueuefrémittoutaufonddesonantre.

Travis…

Continue,bébé…Doucement…laguidé-je.

Je l’aideà trouver lacadenceadéquateenmaintenantseshanchestandisquejeprendsleboutdesonseindansmabouche.

Elle gémit de plus belle et glisse ses doigts dansmes cheveux pour s’y agripper. Elle se frottedavantage,balançantdoucementlebassind’avantenarrière.

Noscorpssonthumides,brûlants.

Cettesensationestsiagréableetparfaitequejevoudraisqu’elleperduretrèslongtemps.

Travis…je…vais…

Attends,luiintimé-je.

Jeluifaiscomprendred’accrochersesjambesdansmondos.Unefoisqu’elleaobtempéré,elleestencoreplusouverte.

Jem’enfonceprofondémentenelle.

Ah…

Sonrâlerauqueprovoquemonimpatience.

Çava?m’inquiété-je,remarquantdeslarmesaucoindesespaupières.

Ellehochelatêteensigned’acquiescement.Rassuré,jeprendssesmainsetlesplaceautourdemoncou.

Accroche-toi,bébé,murmuré-jeenl’embrassantd’unbaiserchaste.

L’appréhensionestprésentedanssesyeux,mais trèsvite,unvoiledeplaisir intense le remplacelorsquejelasoulèvepourlaramenerauplusprèsdemoi.

Là,unesymbiosetotaleopèreentrenous.

Travis,murmure-t-elled’unevoixentrecoupée.

Continue…

Cemomentestjusteparfait.C’estlapremièrefoisquenousfaisonsl’amourdecettemanière,aussiprochesquel’onpuissel’être.J’ail’impressiondetoutluidonner,detoutluirévélerainsi.

D’ailleurs,lorsquelajouissances’emparedenous,jenepeuxretenircestroismotsquimebrûlentleslèvresdepuisnosretrouvailles:

Oh,monamour…

Ellesefigeàmesparoles.J’enfaisautant,constatantl’importancedemesmots.

Toutefois,notreélandetendresserevientbalayerletroublecommunquinousalégèrementprisdecourt.

Nos lèvres se retrouvent, nos souffles erratiques se mélangent. Nous nous embrassons avectendresse,cequi,pourmapart,megonflelecœurdejoie.

Commentest-cepossiblequ’unefillecommeellepuissesibienmerendreheureux,sivivant?

L’idée d’une relation à long terme entre nousme devient tout à fait concevable.Avec Sarah, jeparvienspeuàpeuàimaginerunbelavenir,chosequejenepensaispasréaliserauparavant.

Cettefilled’Abileneachangémavie.Elleatouchémoncœur…mavisionfutureetj’aipleinementconscienced’êtresurunfil,enéquilibre,tantqu’ellen’aurapasfaitsonchoix.

Je reprendsmes esprits lorsque je sensqu’elle rompt le baiser pour reprendre son souffle.Nosregardss’ancrentl’unàl’autreetnousn’avonspasbesoindedirequoiquecesoitpourréaliserquecemomentparfaitresteraàjamaisgravéennous.

Alors, jem’allongesur ledos,emportantmadouceavecmoi.Jefermelesbrassurelleetnousnousendormons,bercésparnosbattementsdecœur,cognantsurnospoitrinesgonfléesdetendresse.

CHAPITRE22

*Sarah*

Oh,monamour…

LesmotssortistoutdroitdelabouchedeTravisnecessentderésonnerdansmatête.Jel’observedepuis que j’ai ouvert les yeux, incapable de faire lemoindremouvement, de peur de le sortir dusommeil.

Ilestsibeau,ilsemblesisereinetdétendu.

J’aimeleregarderdormir,j’aitoutleloisir,ainsi,pourl’admirer.Mêmesijevoulaisbouger,jenepourraispas.Travisaenserrémoncorpscommes’ils’accrochaitàunebouéedesauvetage.

Noscorpsnus,l’uncontrel’autre,c’estuneimagequiresteragravéeàjamaisdansmamémoire,dansmoncœurqui,àcetteseconde,estgonfléd’unamourpuissantpourcegarçonsiénigmatique.

Et à ma pensée silencieuse, Aaron revient dans mon esprit, plaçant le doute et les questionspertinentessurnotrerelation.

CommeTravisl’amentionné,j’aiécoutéNinasansbroncher,acceptantd’écarterceluiquej’aimesans réfléchir. Jenesuispasdéçue,mais je suisconvaincuequ’unediscussionouverteavecAaronm’aideraàfaireunchoix.

Unultimechoix,mêmesijedoismebrûlerlesailes.

AaronouTravis?

Aaron,monpetitamidelonguedate,respectantlesrèglesetlestraditionsimposéesparmonpère,attendantqu’auxyeuxdel’église,noussoyonsunispourconsommernotremariage.

Travis, un garçon, ou plutôt, le Bad-boy impulsif et dragueur naturellement, hante toutes mespenséesdepuisnotrerencontre.

Ilestaussiceluiquim’atoutappris,sexuellementparlant.Cependant, il reste l’amantdetouslespéchésinterdits.Ilaimelerisque,et,aveclui,jemesensvivante,entière.

Merde!

Jecessededresserlespointsnégatifsetpositifsdesgarçons.Monamantvientdepousserundouxrâleetsesmainseffleurentdélicatementmondos.

Aucontactdesesdoigtssurmapeau,moncorpsréagitaussitôt.

C’enestperturbant,vraiment…

Iln’apasouvertlesyeux,maisjeconstatequelecoindeseslèvresserelèveenunrictusamusé.

Tumeregardesdormirdepuislongtemps?medemande-t-il.

Jedéglutispéniblementtandisquejesuissurlepointdenier,maisilouvreunœiletm’observeàtraverssesépaiscilsnoirs.

Priseenflagrantdélit!

Bonjour,lesalué-je,netrouvantriend’autreàdirepourespérerqu’ilcessedesourireainsi.

Salut,murmure-t-il,rapprochantsonvisagedumien.

Ilfrôlemeslèvresd’unbaiser,puisjereculelentement,l’empêchantdemettresalanguedansmabouche.

Laisse-moimebrosserlesdents,tuveux?

Jen’attendspassaréponseetentreprendsdemelever.Toutefois, ilestbeaucoupplusrapidequemoietmeretientavantdemetirerversluid’unmouvementbrusque.

Jem’étaledetoutmonlongsursoncorpsetgrondeunjuron.

Tuesfou,Spencer!

C’esttoiquimerendsfou!rétorque-t-ilenriant.

Jerouledesyeuxetlâcheunpetitcridesurpriselorsquejesenssonérectionsurmonventre.

Iln’exagèrerien.Visiblement,jeluifaisuncertaineffet.

Resteaulitencoreunpeu,mesupplie-t-il.

Malicieuse,j’ancremonregardausienetsouris.

Pourquoifaire?

Laisse-moitemontrer.

Je n’ai pas le tempsde désapprouver sa proposition qu’il enlacemonvisage entre ses doigts etcapturemeslèvres.

Innocemment, je réponds à son baiser en entrouvrant les lèvres,mais très vite, sa langue part àl’assautdelamienneetjeresteincapablederefusercettedansemalgrél’heuredel’arrivéed’Aaronquiapproche.

D’ailleurs,mêmecettepenséeneparvientpasàmefairereprendremesesprits.JesuisprisedansletourbilloninfernaldeTravis.Ilembrassedivinementbien.Seslèvres,salangueetsesmainsexpertesquisepromènentsurmoncorpsm’enhardissentdeplusbelle.

Lasensationd’êtreuntrésorprécieuxàsesyeuxestausummum.Desgémissementss’échappentdemagorgelorsqued’undoigt,ilpénètremonantrehumide.

Moncerveaum’ordonnedemettreunfreinàsesardeurs,maismoncorpslerefuse,profitantdessensationsextraordinairesquesondoigtetsesbaisersenfiévrésmeprocurent.

Toutàcoup, lapetitevoixsagemerappellequedansmoinsdedeuxheures,Aaronm’attendraàl’aéroport.

Merde!

Un grognement de mécontentement m’échappe, mais Travis semble bien trop concentré sur leplaisirqu’ilmeprovoquepoursesoucierdecegrondement.Aucontraire,ill’étouffedanssaboucheoùilm’embrasseplusprofondémentencore.

Ilvametuer…

Travis!crié-jed’unevoixentrecoupéelorsqu’ilplongedeuxdoigtsdeplusdansmonantre.

C’estça,bébé…

MonDieu…

Ilnecomprendpas.S’ilcontinueainsi,jevaisjouir.

Vas-y,bébé,m’encourage-t-ilenvrillantsesyeuxauxmiens.

C’enesttrop.

Lafaçondontilmeregardearaisondemoi.J’exploselittéralementdanssamainethurlesonnom.

***

*Travis*

Stupéfaitparl’orgasmequejeviensdeluidonner,jerestelààl’observeramoureusement.

J’attendsqu’ellereprennesonsouffleetl’embrassetendrementsurleslèvres.

Tues…incroyable,toi!

Jesais,réponds-je,amusé.

Son visage est étincelant de beauté. Ses joues rosies, ses yeux brillants demille feux la rendentencoreplusbellequ’ellenel’estdéjà.

Ilfautquejeparte,Travis.

Sesmotsmesortentsoudainementdemonémerveillement.

Qu’elleparte?

Ilesthorsdequestionquejelalaissepartir.

Jenepeuxpas,j’ensuisincapable.

Sarah…

Elle m’interroge du regard et ma poitrine devient douloureuse. Elle veut partir pour rejoindrel’autre.

Cetteidéem’estinsupportable.

Jedoisvraimentyaller,Travis.

Jesais…mais…as-tuaumoinsréfléchi?

Ellesecouelatêteetsemblemêmeagacéeparmaquestion.

Jenesaispas,Travis.Jesuisunpeuperdueet…dans tous lescas, j’aibesoindediscuteravecAaron.

Jenepeuxm’empêcherdegrogner.

C’esttoietmoi,bébé.Dis-luidesetirer.

Cen’estpassisimple,contre-t-elle.

Biensûrquesi!m’exclamé-je,sentantlacolèremonterenmoi.

Pourtouteréponse,ellemelanceunregardnoiretcommenceàs’habiller.

Merde!

Sarah…

Qu’est-cequetuveux,Travis?medemande-t-elleensetournantversmoi.

Elleestensous-vêtements,etjen’aiqu’unechoseentête:lesluiarracher.

Quetureviennesdanscelitavecmoi.

Ellelèvelesyeuxetsecouelatête.Visiblement,cen’étaitpaslaréponsequ’elleattendait.

Iln’yaqueçaquicompteàtesyeux,n’est-cepas?Toutcequetuveux,c’estquej’écarteAaronpourquenouspuissionscontinuercepetitjeu.Quetupuissesmeprendredanstonlitquandtuveux!

Pasqu’aulit,bébé…jepeuxtrèsbiente…

Merde!

Jemecoupeauregardorageuxqu’ellemelance.

Jebaisselatêteetpasseunemainnerveusedansmescheveux.

Elleremonteàprésentsonjeanetjemeprécipiteverselle,nucommeunver.

Tum’asditquetum’aimais,Sarah!

Oui,etm’as-turéponduquelquechoseenretour?réplique-t-elle,deslarmespleinlesyeux.

Jerestebouchebée,figéfaceàl’interrogationdecettefillequimebouleverse.

Neparspas,bredouillé-je.

Jetendslamainverselle,maiselleévitelemoindrecontactphysiqueentrenous.

Bébé,arrête,insisté-jedouloureusement.

Elle nem’écoutepas et ramasse ses chaussures avant d’attraper sonhaut pour s’avancer vers laporte.

Moncœursaigne.

Sarah!hurlé-je,laretenantencoreunpeu.Tuveuxquejeteledise?Trèsbien!Jet’aimeàencrever,bordel!Tumerendscomplètementdingueetçamefichelatrouille!

Jecessedehurler,prenantconsciencedesmotsquejeviensdeformuleràvoixhaute.

Sarahsetourneavecunelenteurcalculéeversmoietjedécouvredeslarmesquiroulentlelongdesesjoues.Jemeprécipiteverselleetprendssonvisageentremesmainsavecuneraretendresse.

Reste,Sarah,murmuré-je,frôlantseslèvresd’undouxbaiser.

Ellenemelerendpas.J’éprouveuneimmensedéception,maisjen’enlaisserienparaître.

Soudain,ellequittemonregardetposesesmainssurmespoignets.Uneétincelled’espoirjaillitenmoi,mesubmergetotalement.

Toutefois, celle-ci s’estompe pour disparaître complètement lorsqu’elle ôte mes doigts de sesjoues.

Lesbrasballants,jedemeurestupéfaitquemadéclarationsoudainenel’aitpastouchée.

Sarah,insisté-jeunedernièrefois.

Ilfautquej’yaille.Jesuisdésolée…

Puis,elleouvrelaporteetdisparaîtdemavue.

Anéanti,jepousseunjuronetpasselebrasdansungesterageursurtoutcequisetrouvesurmonbureau.Lesobjetsexplosentdansunbruitfracassantsurlesol,aussiassourdissantqueleshurlementsdemoncœurbrisé.

CHAPITRE23

*Sarah*

Jeme sensmal. Depuis que Travis a dit qu’ilm’aimait, j’ai unmal fou à ôter cette culpabilitéancréeaufonddemoi.

Pourquoij’éprouvecesentiment?Jesuispresquecertainequ’ilment,qu’ilauniquementditcequeje voulais entendre pour que je reste auprès de lui.Cependant, je ne suis pas stupide.Amoureuse,assurément,maisjesuisloind’êtreuneidiote,commeilsemblelepenser.

Celafaitplusd’uneheurequejesuisàl’aéroport.Assisesurunbancaumilieudesvoyageurs,jescrute lepanneaud’affichage,espérantauplusprofonddemoiquel’aviond’Aaronn’yapparaissepas.C’estcruel,maisceseraittellementplussimple.

Cependant,quandlenumérodesonvols’affichesurl’écran,jeressensunepointedesoulagementmalgrétout.

Ilfautquejemetteuntermedéfinitifàcettepressionquej’éprouveconstamment.Etpourcefaire,jedoisdiscuterdenotrerelationavecAaron.Ilnousfaudraunesolutiondesplusradicales.Illefaut.

Quand, quelques minutes plus tard, je l’aperçois enfin, je reste paralysée. Je suis incapable debougeretmecontentejustedel’observerdemoncoin,tandisqu’iljettedesregardstoutautourdelui.

Iln’apaschangé.Grand,leteintbientrophâlépourunblond,ilesttoujourslemêmegarçonquemonpèresouhaitepourfuturgendre.

D’ailleurs, du point d’observation, je le vois se diriger vers les bagages. Il cherche sa valise,souriantauxvoyageursquiposentleregardsurlui.

Là,c’estuneévidence.

Aaronestl’opposédeTravis.

Travis…

Je ferme les paupières et tousmes sens deviennent hyper sensibles. C’est comme si je pouvaisencoresentirseslèvresseposersurlesmiennes,sesmainscaresserchaquecentimètredemapeau,demoncœur.

MonDieu…

Je tentedebalayer les imagesdenos corpsunisdemonesprit,mais la déclarationqu’il a faiteavantmondépartprécipitéfaitéchoauxbaiserslangoureuxqu’ilm’adonnésavectoutelatendressequ’ilpossédait.

Jet’aimeàencrever!

Sarah?

Je sursaute à l’écoute demon prénom et ouvre de gros yeux ronds, découvrant Aaron, deboutdevantmoi.

Jemelèved’unbondetbaisselesyeuxverssavalise.

Tues…

Bonjour,Sarah!mecoupe-t-ild’untonréprobateur.

Euh…salut.

Jemefigetandisqu’ilposeseslèvressurlesmiennes.

Sonbaiserestchaste,maisjemesensencoreplusmalqued’autreslèvresquecellesdeTravisaientfrôlélesmiennes.

Etc’estvraimentdingue.

Pathétique.

C’estavecAaronque jesuisencoupleet si jedoismesentirmal,c’estvis-à-visde lui,car j’aicouchéàplusieursreprisesavecmonamant.

Alors,commenttesens-tu?

Jebatsdescilsavantd’esquisserunsemblantdesourire.

Jevaistrèsbien,ettoi?Lesétudes?

Toutestparfait.Lescourssontautop,c’estvraimentintéressant.Dèslemoisprochain,jefaisunstagedansunecliniqueprivée.

Ah,c’estgénial!

Oui,effectivement.Aufait,jepasseducoq-à-l’âne,maistonpèrem’ademandédetedirequetudoisl’appeler.Apriori,iln’arrivepasàtejoindresurtonportable.

Normal,j’aibloquésonnuméro!

C’estjusteque…

C’esttonpère,Sarah!lance-t-ild’untondereproche.

Nerecommencepas,Aaron!Jen’aipasenviedemedisputeravectoiàcausedelui.

S’ilsuffisaitd’unepauvredisputepourtoutarrangerentrevous,jesuispartant!

Ilplaisante?

Mêmepas.

Pff…

Agacée,jelefoudroied’unregardglacialetl’inciteàmesuivreàl’extérieurdel’aéroport.Jen’aipaslamoindreenviedemedonnerenspectacledevanttouscesgensenluicriantdessus.

ArrivéeauPick-up,jen’aitoujourspasdécrochéunmot.C’estluiquirelancelesujetunefoisquejesuissortieduparking.

Alors,tuvasl’appeler?

Jesoupire.Jen’aipasbesoinde lefaire.J’aidesnouvellesde lamaisonpar lebiaisdemaman,maisjedoutequequelqu’unsoitaucourant.

Alors,restantprudente,jedévielaquestion.

Tuesvenuiciuniquementdanslebutdeparlerdemonpère?

Non,biensûrquenon.Maisils’inquiètepourtoi,commenoustous.

Noustous?répété-je,surprise.

Tesparents,Janice,moi…

Jevaisbien,ronchonné-jeàl’évocationdeJanice.

Tun’appellespersonneetc’estnormalquenousnousinquiétions.

Peut-être, mais tu pourras rassurer tout le monde à ton retour, lancé-je, espérant qu’il cessed’insister.

Mm…jeleferai.

Je le regarde et, rassurée au sourire qu’il me lance, je soupire de soulagement avant de meconcentrersurlaroutequinousmèneauloft.

***

*Travis*

Jen’enpouvaisplusd’attendre.AprèsledépartprécipitédeSarah,jemesuislevéetj’aidûrendredescomptesàmamère.Enbalançanttoutcequisetrouvaitsurlebureau,levacarmel’aréveilléeet,malgrémoi,jemesuisconfiéàelle.

Mamann’apassemblésurprisedemessentimentspourSarah.Aucontraire,ellem’amêmedonnéquelquesconseilspourlarécupéreravantqu’Aaronnelefasse.

Jeneveuxpaslaperdre.Ellemerendmeilleursurbiendespoints.Avecelle,j’aidesrêvespleinlatêteetmesenssivivant,sifort,quejepourraisluidécrocherlalunesiellemelademandait.

Etj’ensuismalade.

Totalement.

Jen’aijamaiséprouvéquelquechosed’aussifortpourquiquecesoit.Etleplusdrôle,c’estquejesuisprêtàcriersurtouslestoitsquejesuisfouamoureuxdecettefille,quejel’aimeàenmourir.

Cependant,lepiredanstoutcela,c’estqueSarahn’apassemblévouloirmecroirequandjeluiaiavouémessentiments.

Néanmoins,jepeuxlacomprendre,aprèstout.Moncomportementviolentetpuérilnecréditeenaucuncascequejeressenssincèrement.

Et,meconnaissantetsachanttoutelavéritésurlasituation,mamanm’aconseilléderesterpatient,d’êtreprésent,maisdeluilaisserletempsnécessairepourfairelechoixquejeluiaiimposéàmontour.

JenevauxpasmieuxqueNina.

C’estdoncpourcesraisonsquejesuispartidechezmamère,oubliantmêmedelaquestionnersursasoiréeetsurBabyBlack.

J’attendsdepuisunebonnedemi-heure,ausalonquand,enfin,laportes’ouvresurJared.

Eh,mec!Tuesrevenu!

Jehochelatête,unsourireauboutdeslèvres.

Ouais,commetulevois!Mais,toi,t’étaisoù?Lesautresnesontpaslà?

Oh,euh…tasœurestavecCalvin,ilavaitbesoind’ellepourvisionnerdesvieuxfilmspourlescénario.J’ailaisséCamilleavecsespotes,maisparcontre,Sarahdoitencoredormir.

Non.ElleestpartiecherchersonMECàl’aéroport.

Ah…dit-il,visiblementgêné.Donc,tueslàdepuisunmoment…

Cen’estpasunequestionqu’ilmepose.Jeris,amuséparsagrimaceréprobatrice.

Assezpourcomprendrequetun’aspaspassélanuitici.ToutcommeCalv’etNina,d’ailleurs.

Ilsegrattelehautducrâneetgrimacedeplusbelle.

Cettefois,jenerisplus.Aucontraire.

Y’auntrucquejedevraissavoir?

Maquestionlemetmalàl’aise.Jemelèveducanapéetm’approchedeluid’unpasmenaçant.

NemedispasqueCalvinsetapemafrangine?

Quoi?Oh,non…enfin,j’ensaisrien,moi,répond-il,visiblementcontrarié.

Jeplisse leregard,medemandantdonccequ’ilcachesicen’estpasuneprobablerelationentremonmeilleuramietmasœur.

Soudain,jecomprends.

Non!

Quoi?m’interroge-t-il,agacédurirenerveuxquim’échappe.

ToietCamille?Ouais,jesuissûrqu’ils’estpasséuntrucentrevous,jenemetrompepas,n’est-cepas?

Ilsiffle,énervé.

J’aivujuste.

Vas-y,raconte!luiordonné-je,amusé.

Y’arienàraconter!grogne-t-ilavantdedisparaîtredanslacuisine.

Jelesuis,lesourireauxlèvres.

Jevoisquetuveuxgarderçasecret,c’esttondroit,lancé-jetoutenouvrantleréfrigérateur.

Je plonge la main à l’intérieur et en sors une bière. Aussitôt, Jared me fait remarquer l’heurematinalepourcommenceràboiredel’alcool.

Jel’envoiechieretm’installeàlatable,meperdantànouveaudanslessouvenirsdelaveillequej’aipartagésavecSarah.

Cependant, les images folles de nos corps unis s’échappent au claquement sec que fait Jared enposantunetassedecafésurlatable,sousmonnez.

Boisça,c’estplusraisonnable,medit-ilens’installantenfacedemoi.

Jeplisseleregardetobservelacannettedebièrequejen’aipasencoreouverte.

Agacé,jelarepousseetleremerciepourlecafé.IlaraisonetpuissiSarahdébarqueavecl’autreetmevoitavecunebièreàlamain,jemedisquecen’estpascommeçaquejegagneraidespoints.

Situmeracontaiscequis’estpassé?Oùétais-tudepuislasemainepassée?m’interrogeJared,mesortantainsidemesréflexionsintérieures.

Jehausselesépaulesetleregardedanslesyeuxavantdeluirépondre.Ilsemblesurprisquej’aietrouvérefugechezmamère,maisn’exprimeaucuncommentaire.

C’estvraimentdommagequetonpèreaitprispartipourSean,sansmêmevouloirt’écouter.

Jem’enfous!Qu’ilcontinueàêtreunbonpèrepourcetenfoirésiça lechante,encequimeconcerne,c’estterminé,qu’ilm’oublie!

Jaredpossèdeunelueurdecompassiondanssonregardetjen’aimepascela.

Jen’aipasbesoindeluidetoutefaçon,argumenté-je.Çafaitlongtempsquej’auraisdûcouperlesponts.Maintenant,c’estchosefaite.

Jesuisdésolé,vieux.

J’esquisseunsourireavantdeboireunegorgéedecafé.

Tusais…jevoulaistedire,pourSean…commence-t-ild’unevoixhésitante.

Jesuisaucourant.Calv’m’atoutraconté.

Tusaisqu’ilestvenuici?

Oui…réponds-je, tentantd’apaiserlesentimentdecolèrequimonteenmoi.Jenevaisplusluicréerdeproblèmess’ilresteloinde…

Sarah?continue-t-il.

Je l’observe d’un air béat et siffle un juron qui m’échappe sans m’en rendre compte dans laseconde.

Ehmerde!

Cettefillemefaitvraimentperdrelatête.

Noussommestousaucourantdecequis’estpasséentrevous,tusais.

Ah…

Quelcriminable!

Mal à l’aise, je termine mon café d’une traite et repose la tasse sur la table d’un mouvementbrusque.

Jesupposequelesujetafaitl’actualité,cesderniersjours!

Net’emportepas,Trav’.Oncomprendtous.Sarahestunechouettefille.

Ouais…mais y’aura ce connard ici dans quelques minutes et je ne crois pas que je pourraisupporterdelesvoirensemble,luiconfié-jeavantdemeleverd’unbond.

Rienqued’ypenser,jem’énerve,souslesyeuxdemonpotequisemblepeuàpeucomprendremessentiments.

Tusais,siçasetrouve,elleserendracomptequ’ilsnesontpasfaitspourêtreensemble.

Ouais…soufflé-je,passantunemainnerveusedansmescheveux.Çam’étonne justequ’ellenel’aitpascomprisavant.

Jelevoisplisserlesyeux.

Moi,cequim’étonne,c’estqueSaraharéussiàtefairechanger.

Qu’est-cequetuveuxdire?l’interrogé-je,surpris.

Ilhausselesépaulesd’unairnonchalantetm’expliqueavoirremarquél’absencededéfilédefillesquejeramenaisautrefois,justepourunenuit.

Jenepeuxm’empêcherd’esquisserunlargesourireetmeperdsdansmespensées.

C’estvraiquedepuisSarah, jen’aiplusenvied’enbaiseruneautre.Mêmesi j’aiencorefailliànotrearrivéepourallerlachercheràAbilene,j’aiperducebesoinquim’étaitétrangementvitaldedécompresserenbaisantlapremièrevenue.

T’esamoureux,monpote.

LaréflexiondeJaredmeprenddecourt.Mêmesijecommencetoutjusteàleréaliser,jemesensmalàl’aiselorsqu’undemespotesl’émetàvoixhaute.

Cependant,jen’aipasletempsderéagirquejemefigeenentendantlebruitdelaporte.

AvecJared,onseregardeetjeconstatequ’ilmefaitunclind’œilcompliceensignedesoutien.

Là,àcetteseconde,lavoixdeSarahs’élèvederrièrelaportedelacuisine.Jeretiensmonsouffledouloureusement.

CHAPITRE24

*Sarah*

Là,c’estlacuisine!

Oups.

JemefigeàlavuedeJaredetTravis,assisàlatableentraindeboireuncafé.

Jenepensaispasqu’ilseraitdéjàici.Sesyeuxmescrutent.Ilssontinterrogateursetréprobateursàlafois.Unedouleurvivedansmapoitrinemefaitdéglutirpéniblement.

Salut.

HeureusementqueJaredestprésent.Ilvientd’effacerlatensionquivenaitdenaîtredanslapièce.D’ailleurs,jesuispresquecertainequ’Aaronl’aressentieluiaussi.

Toutefois,même s’il a dû se questionner, il ne semontre pas curieux et, le sourire aux lèvres,Aaron échange une poignée de main et quelques mots avec Jared qui se charge de faire lesprésentations.

Enchantédeteconnaître.Sarahnousabeaucoupparlédetoi.

JelanceunregardversJaredetleremercied’unsourire.Noussavonstousici,exceptéAaron,quec’estfaux.

Àsontour,Traviss’approche.Jemecrispe,appréhendantcequivasepasser.

Cependant,cettefois,c’estAaronquim’interrogeduregard.Jemedemande,pendantuninstant,cequisepassequandjecomprendsqu’ilattendquejeluiprésenteTravis.

Merde!

Oh…euh…Aaron,Travis,Travis…voiciAaron.

Monpetitamiluitendlamain,maisTravisnebougepaslepetitdoigt.Ilsecontentedejeterunœilversluitandisquejelesupplieduregard.

Et lorsque ses yeux trouvent lesmiens, je sensmon cœur cogner lourdement dansma poitrine

douloureuse.J’enoubliemêmel’attented’AaronfaceàunTravisquinecillepasuninstant.

Jemimeduboutdeslèvres,leprénomdemonamant,cequiluiarracheunsourireencoincommejelesaime.

Bordel!

Jevaisletuer.

Je ne sais pas ce qu’il compte faire durant le séjour d’Aaron ici, mais je doute qu’il resteratranquille.

Néanmoins,ilfinitparagripperlamaindemonpetitamietlaserredanslasienne.

Il ne décroche pas unmot, se contente juste de le saluer d’un hochement de la tête avant de setourneretdesedirigerverslabièrequisetrouvesurlatable.

Aaron cherche alors mon regard et esquisse un sourire, mais je devine très bien que lecomportementdeTravisl’ainterpelléetqu’ilattendquenoussoyonsseulspourmequestionner.

Cequejeredoute.

Cependant,pourlemoment,jemecontentederépondreàsonsourireetl’inviteàmesuivreafindepoursuivrelavisiteduloft.

Montre-luilaterrasseégalement,Sarah!lanceJared

Biensûr,réponds-je.

Jeprendslamaind’Aarondanslamienneetl’entraînehorsdelapièceoùjesurprends,enl’espaced’uncourtinstant,lacolèreprofondedanslesyeuxdemonamant.

Lasituationestcocasse.Aaronneditpasunmot,maisjedevineaisémentleflotdequestionsqu’ilaentêteàproposducomportementdeTravis.Cequejemedemande,c’estquandviendraexactementlemomentoùilm’interrogera.

Jesuisconscientequejevaisdevoirluiavouerlavéritésurmaliaisonaveccegarçon…avantqueTravisouquelqu’und’autrenemedevance.

Jeredoutecemoment,maissurtoutquecenesoitpasmoiquiluiannoncequejefiledanslelitdeTravisdèsquejelepeux.

Nous sommes à l’étageoù les chambres sont disposées et jeme sens vraimentmal à l’aise auxregards discrets qu’il me lance. Il pourrait au moins dire quelque chose pour rompre ce silenceoppressant!

Bref,jedoisbienavouerquejesuislaseuleresponsabledecettesituationinconfortable.

Jem’administreuneclaquementaleetouvrelaportedemachambre.Jel’inviteàentrerdansmon

sanctuaireetconstatequelesdrapsdulitsontbiendressés.

Jelâcheunfaiblesoupir,évidemment,Aaronnepeutpassavoirquejen’aipasdormiici,lanuitpassée.

Jemedétendsalorsetesquisseunfaiblesourire.

J’espèrequeçanetedérangepasdepartagermonlit?Toutesleschambressontpriseset…

Çavaaller,Sarah.Cen’estquepourdeuxnuitsdetoutefaçon.

Benvoyons!

Quelgoujat!

Sijecomprendsbien,passerunenuitsupplémentaireavecmoiseraitdoncunevraietortureàsesyeux.

Eh…murmure-t-il,ancrantsonregardaumien.Çava?

Jereprendsmesespritsetplaqueunsemblantdesouriresurmeslèvres.

Oui.Justeunpeufatiguée,réponds-je.

Jeneluimenspas.Ilfautdirequelanuitdernièreaétémouvementée.Travisnem’apaslaisséletempsdemereposer.

Bordel!

Voilàqu’àprésent,jememetsàsourirebêtementdevantAaronquim’interrogeduregard.

Soudain, remarquant mon mal-être, il pose son sac sur le lit et s’avance vers moi. Je déglutispéniblementlorsqu’ilm’enlaceparlataille.

Illefaitsirarement.

Tumemanques,Sarah.

Ilnemelaissepasletempsderépondrequoiquecesoitqu’ildéposeunbaisersurmeslèvres.

Heureusement, il ne va pas chercher à aller plus loin, dumoins, c’est ce que je pensais, car ilréitèresonbaiseret,cettefois,ilappuiepluslonguementsabouchesurlamienne.

Merde.

Ses bras se referment plus fermement autour de ma taille. Je suis tellement surprise que je neparvienspasàréagiralorsqu’ilforcelebarragedemeslèvres.

Salanguecherchelamienneavecunesortededésespoir.Jenepeuxquelarepousserettentedeme

dégagerdesonétreinte,maisvisiblement,Aaronn’estpasdecetavis.

Sous le choc de sa fougue, je reste immobile et le laisse m’embrasser comme il le désire,répondantdifficilementauxassautsdesalangueexigeante.

Nousnoussommesdéjàembrassésainsi.Unefois.Lejourmêmeoùmonpèrenousasurpris.S’estengagéealorsunelonguediscussionentreAaronetlui.Etdepuiscejour,monpetitamis’estcontentédemedonnerdechastesbaisers.

Aurait-ildécidédemettredecôtélesrecommandationsdemonpère?Letempsd’unweek-end?

Jen’ensaisstrictementrien,maiscetAaron,exigeantdanssonétreinte,mefaitpeur.

Enréalité,celameterrifie.

Jenesupportepluslongtempslapressionquej’éprouveetposemespaumessursontorsepourlerepousser.

Àboutdesouffle,ilplanteunregardbrillantdedésirdanslemien.

Vraiment?

Troublée,jem’éloignedeluietluiproposedepoursuivrelavisiteavantquelesautrescolocatairessoientderetour.

Commetuveux,maisçapeutattendresitupréfèresquenousrestionsiciencorequelquesinstants.

J’ouvredegrandsyeux,stupéfaitedesasuggestion.

Euh…c’estque,c’estàmoidepréparerlerepaset…silesgarçonsnedéjeunentpasàl’heure,ilsvontêtreintenables.

Jenesaispascequej’aiditdesidrôle,maisilestprisd’unfourire.

Jeleconsidère,surprisedesonamusement.

Çadoitêtrepourcelaquecegars…Travis,c’estça?ildoitavoirl’estomacvidealors,vusonimpolitesse.

C’estbiença,c’estTravis,répliqué-je,agacée.Etiln’estpasimpoli,c’estjustequ’iladessoucispersonnelsencemoment,ledéfends-je,trèsénervéequ’illejugeainsi.

Pourtouteréponse,ilhausselesépaulesdenonchalance.

Bon,onyva?m’agacé-je.

Commetuveux,Sarah!

J’acquiesce d’un hochement de la tête etm’avance rapidement vers la porte avant que l’idée de

refaireunetentativepourm’attirerdanssesbrass’insinuedanssonesprit.

Danslecouloir,jepoussediscrètementunsoupirdesoulagementetl’inviteàmesuivrejusqu’àlaterrasse.

Illâcheuncrid’admirationendécouvrantleslieux.

Jecomprendsmaintenantlesraisonspourlesquellestuteplaisautantdanscetendroit!

Jesourisetsuissespastandisqu’ilsedirigeverslapiscine.Jel’observealorsqu’ilsepenchepourtoucherl’eaudelamain.

Elleestbonne!s’exclame-t-il.

Oui,elleestchauffée.

Tutebaignessouvent?

Pasvraiment,réponds-jeenhaussantlesépaules.

Pourquoiça?Tuadoraisnageravant!

Jehausseunsourcilsarcastique.Sefiche-t-ildemoi?

Jeterappellequ’iln’yapassilongtempsquejeneporteplusmonattelle.Jen’aipasvraimentpuprofiterdelapiscine.

Ah,c’estvrai…réagit-il,visiblementennuyé.Excuse-moi, j’aioubliédetedemandercommentallaittajambe.

Ça va mieux, merci, murmuré-je, balayant la colère qui vient de monter en moi à cet oublidéroutant.

Tantmieux,maintenanttupeuxdoncnager.

Jenecroispas.Lestempératuresnevontpastarderàbaisser.

Tupenses?Ilfaitencorebonicipourlemoisdedécembre.

Jerouledesyeux.

Ouais,maisjedoutequelamétéosemaintienne.

Peut-être,maistudevraisenprofiteravantqu’ilnesemetteàgeler.

Onverra,réponds-jed’untonnonchalant.

D’ailleurs,tesparentsvoudraientquetupasseslesfêtesdefind’annéechezeux.

Surprise,jeledévisageunmomentavantdesecouerlatête.

Jenepeuxpas.J’aiunexamenàprépareret…

Sarah!mecoupe-t-il,légèrementexaspéré.Tunepeuxpasleurrefusercela.NousavonstoujourspasséNoëlensemble.

Ouais,maisc’estdifférentàprésent.

Commentça?

Jevisiciet…

Tupeuxprendredutempspourlestiens!contre-t-ilaussitôt,nemelaissantpasunesecondepourcontinuercequej’aiàdire.

Jelefoudroied’unregardnoirdecolère,maisdanslefond,ilaraison.Jen’ai jamaispassélesfêtes de fin d’année ailleurs que dans ma famille. Chaque année, mes parents invitent la familled’AaronetdeJanice,ainsiquedesamisprochesdemonpère.

Néanmoins,commejeleluiaidit,toutestdifférent,àprésent.JevisàLosAngelescontrel’avisdemonpère,notrerelationneseraplusjamaislamême,bienqu’ellen’aitjamaisétéaubeaufixe.

Toutlemondeseraitheureuxdet’avoirpendantlesfêtes.Réfléchis-yaumoins,s’ilteplaît.

Son insistance m’exaspère, mais pour qu’il cesse, j’acquiesce d’un hochement de la tête et luiprometsd’yréfléchir.

Visiblement satisfait, il m’offre un large sourire. Je lui réponds, bien que j’éprouve encore unsentimentd’agacementaufonddemoi.

Soudain, jeressensquelquechosed’étrangemonterenmoi,commesiquelqu’unm’observaitdeloin.Jen’éprouveaucunepeurniappréhension,justeunsentimentdebien-êtrequim’enveloppetoutentière.

Alors, je fronce lessourcilsetc’estàcet instantque j’entendsquelqu’unquis’éclaircit lagorgederrièrenous.

***

*Travis*

Sarah se fige instantanément quand Jared émet un bruit de gorge pour faire remarquer notreprésence.Avantcela,nousavonspuentendrelapetiteconversationqu’ilsonteueetjen’enrevienspasquececonnardaitpuoublierlablessuredesajambe.AvecJared,nousenavonsassezentendupourcomprendrequececrétinnesepréoccupepasvraimentd’elle.

Etilosesedireencouple!

Ilmefaitrire.Bienquejesoiscommejesuis,jerestepersuadéquejeferaisunmeilleurpetitamipourelle.D’ailleurs,nousnousentendonsdéjàtrèsbienaulit,ilnepeutpasendireautant.

Jesorsdemespenséesetconstatequ’Aarons’esttournéversnous.Jaredluitendunebièrequ’ilrefusepoliment.

Merci,maisjeneboisjamaisd’alcool.

Jenesuismêmepassurpris!

Sarahchoisitcemomentpoursetourneràsontour.Monregardchercheautomatiquementlesien,maisellemefuit.

Tuenveux,Sarah?

Jaredluitendlacannetteet,contretouteattente,elleaccepte.

Merci.

J’esquisseunsourireamusé,remarquantl’étonnementdanslestraitsd’Aaron.

Cependant,iln’émetaucuncommentaire,cequiestdommage,j’auraisaimém’amuserunpeu.

Toujoursà la recherchedu regarddemabelle, Jarednous inviteànous installer sur la terrassepourprofiterdusoleilencorepersistantencettesaisonhivernale.

Jelessuis,debonnegrâce,espérantqueJaredneferaaucunegaffesurnotreliaisonsecrèteavecSarah.Jem’installeenfaced’elle,unlégersourireauborddes lèvres, tandisquel’autres’assoitàsoncôté.Ilsnesemblentpasaussiprochesquejelecraignaisetj’ensuissatisfait.

Heureusement pour lui, car je ne sais pas, en toute sincérité, comment je réagirais s’il venait àl’embrasserenmaprésence.

Àcette réflexionmentale,unpetitcrid’agacementm’échappe.J’avaleune longuegorgéedemabièretandisquelaconversations’animesurlesétudesdemonsieurMinet.

Ilestclairqu’ilabienl’intentiondedevenirmédecin,spécialisédanslachirurgiecardiaque.

Entoutcas,ilestemplidenarcissisme.

J’espèrequejepourraiassisteràuneopérationdèslemoisprochain.

Déjà?s’exclameJared,visiblementintéresséparl’avenirdececon.

Jerouledesyeux,exaspéréàsaréponsequinesefaitpasattendre.

Évidemment.Jevais faireunstagedansunecliniqueprivée,oùdegrandsmédecinsontdébutéleurcarrière.

MonDieu,tuez-moiavantquejecommetteunmeurtre!

Jenecomprendsvraimentpascequ’attendSarahpourmettreuntermeàleurrelation.Cemecn’estpascommemoi,ilnemeressembleenrienetj’aibiencomprisqu’elleestplusmongenre.Ungarsprêtàlaprotégers’illefaut,quelqu’unquipenseàelleavantsonproprebien-être.PasunégoïsteetprétentieuxcommecetAaron!

Soudain,Sarahm’observe et unpetit sourire de soulagement s’étire surmes lèvres. Je n’écoutemêmepluslaconversationquis’estengagéesurlatransplantationcardiaque.Jen’aid’yeuxquepourSarah.

Nousnousfixonsetjesuissatisfaitdedécouvriruntimidesourirenaîtresursonvisage.Jeleluirendsaussitôtetdevineàsonregardqu’elleestautantagacéequejelesuis.

J’aimeraismelever,laprendreparlamainetl’emmenerloind’ici,loindecemecquineluiapasadresséunseulregarddepuisquenousnoussommesinstalléstouslesquatreautourdelatable.

Cependant,jesaispertinemmentquejenepeuxpasmelepermettre.Jedoislalaisseragirseuleetpuis, jeme dis que deux jours, ce n’est pas lamort, il finira bien par repartir pour retrouver saconfortableviedepetitintello.

Tuveuxbienallermechercherquelquechoseàboire,chérie?

Chérie?

Jeserrelesmâchoiresaupetitsurnomqu’ilvientdedonneràSarah…MASarah!

Tuveuxunsoda?luipropose-t-elle,fuyantànouveaumonregard.

IlacquiesceetjeprofitequeSarahserendàlacuisinepourmeleverd’unbond.

Ilsmeregardenttousd’unairinterrogateur.

JevaisappelerNinapoursavoirsiellecompterentreravantledéjeuner,informé-jeJaredavantdedisparaîtredelaterrassesansundernierregard.

Jemedirigedirectementverslacuisine,espérantqueSarahmerejoignerapidement.Uneminutes’écoulelorsquelaportes’ouvresurelle.

D’un œil rapide, j’observe si quelqu’un se trouve derrière elle avant de me précipiter dans sa

direction.Jefermelaporteetlapoussedoucementjusqu’àcequesondossoitplaquécontrelebois.

Travis!

Chut,luiintimé-je,pressantmoncorpscontrelesien.Bébé…

S’ilteplaît,nousnesommespasseuls,medit-elle,posantlespaumessurmontorse.

Cecontactm’électriseaussitôt. Jeplongeunemaindanssescheveuxetapprochemonvisagedusien. Je crève d’envie de prendre ses lèvres, de l’embrasser jusqu’à ce que nous manquions desouffle.

Ne fais pas ça,me prie-t-elle d’une voix hésitante quandmes lèvres ne se trouvent plus qu’àquelquescentimètresdessiennes.

Tuenasautantenviequemoi,nemedispaslecontraire,jelevoisdanstesyeux.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre ni de réagir que je l’embrasse avec passion sansmesoucierdel’autreconnard,toujoursinstalléàlaterrasse.

Sarahrépondavecunefougueinouïeàmonbaiser.Salangues’animeautourdelamienne,laissants’échapperdesgémissementsdeplaisirquej’étouffedansmabouche.

Pourtant,ellefinitparmerepousserbientroprapidementàmongoût.Ellesemblemalàl’aise.

Onnedevraitpas.Cen’estpasbien.

Ons’enfiche,bébé.Jeveuxêtreleseulàpouvoirfaireça,t’embrasser,teprendredansmesbraset…

Aaronestici,merappelle-t-elle,plongeantsonregarddanslemien.

Pasbesoindemelerappeler,Sarah,maiscommetulevois,ilesttropoccupéàvantersafuturecarrière auprès de Jared.Détends-toi, il n’y a que toi etmoi, insisté-je, embrassant à nouveau seslèvres.

Cette fois, elle neme repousse pas et passe ses bras autour demon cou, s’accrochant àmoi demanièredésespérée.

Nous partageons alors un baiser des plus passionnés, jusqu’à ce que nous ne puissions plusrespirer.

Nefaisplusça,Travis,meprie-t-elle,leslarmesauxyeux.

Jenecomprendspas.Commentpeut-ellemedemanderdeneplusl’embrasser?

C’estimpossible.

Cependant, je ne la blâme pas, constatant qu’une larme s’échappe de ses paupières.Un nœud se

formedansmonestomacàcettevue.Jeprendsdesuitesonvisageentremesmainsetopposemonfrontcontrelesien.

Bébé,murmuré-je,balayant,duboutdesdoigts,lalarmequiroulelelongdesajoue.

Ses yeux brillants d’émotion vrillent les miens. Je comprends alors qu’elle a besoin d’êtrerassurée,desavoircequil’attenddèsqu’elleauraenfinchoisid’écarterAaron.

Etsic’estleseulmoyenpourqu’ellelefasseleplusvitepossible,alors,jesuisprêtàréitérercettedéclarationquiajaillidemoncœur,plustôtdanslamatinée.

Bébé…cequejet’aidit,toutàl’heure,jelepensaisvraiment.Tumerendsfou,Sarah…je…

Sarah?

Vivement,jem’écarterapidementàl’appeld’Aaron.Sarahaprispeur,ellesemblecomplètementterrorisée.Jen’aiqu’uneenvie:lareprendredansmesbras.

Toutefois,elleneme laisserapas faire.Sansunmot,elleouvre le réfrigérateuretenextirpeunsodaavantdesedirigerverslaporte.

Sarah…murmuré-jed’unevoixempliededéception.

Ellesetourneversmoietesquisseundouxsourireavantdemedemanderd’attendre.

JeparleraiàAaron,Travis.Laisse-moijustetrouverlebonmoment.

Mêmesi jenemesuis jamaissentiaussipressé, j’acquiesced’unhochementde la têteetmerueversellepourl’embrasser.

Ellesouritcontremeslèvresetrépondàmondouxbaiseravantdesortirdelapièce,melaissantseul,àboutdesouffleetamoureuxcommejamais.

CHAPITRE25

*Nina*

CelafaitplusdedixminutesqueCalvinetmoi roulonsendirectiondu loft.Nousnoussommesprécipités, tels des retardataires nerveux lorsque nous nous sommes rendu compte de l’heure bienavancée.

Ilfautdirequenousavionsencorelatêtedanslesnuages,aprèscettenuitmagiquequenousavonspasséedanslesbrasl’undel’autre.

Toutefois,nousdevonsreprendrenosesprits,lesautrespourraients’apercevoirdequelquechosesinouscontinuonsànousregarderdecettefaçon.

Cettenuitaétémerveilleuse.Calvinm’aprouvéàmaintesreprisesqu’ilestamoureuxdemoi.

Toutcommejelesuis.

J’exerceunepressionsursesdoigtsenlacésauxmiens.Ilquitteleregarddelaroutepourancrersesyeuxd’unvertincandescentdanslemien.

Jet’aime.

Ilmesourittendrementtandisqu’uneémotionfortemetraverseànouveau.Cettenuit,jen’aipascessédeleluirépéter.

Moiaussi,moncœur.

Ilprofited’êtrearrêtéàunfeupourpenchersonvisageverslemien.Noslèvressescellentdansuntendrebaiser.

Tuvassavoirtenirlecoupdevantlesautres?

Jegrimaceethausselesépaules.Jeluirépondsentoutesincéritéqueceseradifficile,maisquejeferailemaximumafinquepersonneneseposedequestionssurnotrerelationsecrète.

Jetrouveraiunesolution,mepromet-il.

Ilsuffiraitquetuenlèvestesfichuesrègles,luiproposé-je,conscientedesonairréprobateur.

Jenepeuxpas faire ça,Nina, répond-il.Lorsque j’ai décidéde faire la colocation au loft,mafamilleaexigécetterègleplusprécisément.

Mais…tafamillevitenAustralie,ilsneseraientmêmepasaucourant!

C’estpluscompliquéqueça,mapuce,ajoute-t-ilavantderedémarrer.

Jepousseunsoupirdelassitude,necomprenantpaslesréellescomplicationsauxquellesilpense.

Alors,jevaisdéménager!

Tun’espassérieuse?medemande-t-ild’unevoixforte.

Jehausselesépaules.Sic’estlameilleuresolutionpourquenoussoyonsensemble,jesuisprêteàchercherunautrelogementdèsaujourd’hui.

Cependant,Calvinrefusecatégoriquementcetteidée.

Ilesthorsdequestionque tupartesdu loft,Nina. Je trouveraiunesolution, laisse-moi juste letempsnécessaire,OK?

Unegrimacedéformemeslèvres.

Trèsbien,maisjeveuxsavoircequetuvasfairepourabolircetterègle?

Jenesaispasencore,etpuis…si j’ôtecetteconditiondurèglementdevie, ilva falloirque tulaissestonfrèreetSarahêtreensembles’ilsledésirent.

Stupéfaite,j’écarquillelesyeux.Unrirem’échappe.Puis,remarquantqu’ilesttoutàfaitsérieux,jesecouelatêteetm’exclame:

C’estridicule!

Nina…nousnepouvonspasimposerauxautresdenepasêtreensemblesinousdeux…

Cen’estpaslamêmechose!grogné-je,refusantd’enentendredavantage.

Jelevoisroulerdesyeuxavantdeseconcentrerànouveausurlaroute.

Voilà!Ilserefermecommechaquefoisquejem’énerveunpeu.

C’estirritant.

Cependant,jecesseaussitôtdeluienvouloiretluiexpliquegentimentmonpointdevue.

Noussommesamoureux.Travisn’éprouverienpourSarah.

Tun’ensaisrien,contre-t-ildansunmurmure.

Surprise,jeplisseleregard,medemandants’ilensaitplusquemoiausujetdeSarahetTravis.

Monfrèren’a jamaisétéamoureux,Calvin. Ilaimebien trop lesfillespoursecontenterd’uneseule. Crois-moi… il apprécie peut-être Sarah, je le conçois volontiers,mais il n’éprouve pas desentiments.

Jenesaispas…neniepaslefaitquedepuisqu’ilconnaîtSarah,ilachangé.

Jeneleniepas,mais…c’estimpossible.J’ensuiscertaine.

Ilnerépondpas,cequimemettoutdemêmeledoutesurlesintentionsdemoncherfrère.

Soudain,lasonneriedemontéléphoneenvahitl’habitacleduvéhicule.

Quandonparleduloup!m’exclamé-jeenfixantlenomdemonfrèresurmonécran.

Jedécrochetandisquej’aperçoisl’interrogationdansleregarddeCalvin.

Oui,Travis?

Salut.Qu’est-cequetufousencore?Calv’estavectoi?

Euh…Ouais,nousarrivonsdansquelquesminutes.

Génial.Ben,grouillez-vous!

Pourquoi,qu’est-cequisepasse?Tuesrentré?

Ouais,j’espèrequeçatefaitplaisir,sœurette?

OùestSarah?luidemandé-je,sansprendrelapeinederépondreàsaquestion.

Ici,auloft,avecsonmec!

Oh,Aaronestarrivé!

À mon exclamation enjouée, Calvin me foudroie du regard. Je ne laisse rien paraître de moninterrogationetécoutemonfrèregronderdecolère.

Je ne sais pas ce que tu cherches à faire,Nina,mais je te jure que ça nemarchera pas. Je nem’éloigneraipasd’elle.Quetuleveuillesounon,Sarahestassezgrandepourprendrelesdécisionselle-même!

Jenesaispasquoirépondreàsatirade.Detoutefaçon,ilnemelaissepasl’opportunitédelefaire.

Ilm’araccrochéaunez.

Connard!

Perplexeetfurieuseàlafois,jefuisleregardamusédemonvoisin.Ilavisiblementtoutentendu,maisilnefaitaucuncommentaireetjel’enremercieintérieurement.Jen’aipaslamoindreenviedemedisputeraveclui.

Çava?medemande-t-il,unefoisqu’ilagaréle4X4surleparking,quelquesminutesplustard.

Toujoursvexéedem’êtrefaitcrierdessusparTravis,jenerépondspas.

Nina…insiste-t-il,prenantmamaindanslasienne.

Jel’ôteaussitôt.

A-t-iloubliéquenousdevonsresterprudents?

Quelqu’unpourraitnousvoirdelafenêtre,dis-jed’untonnarquois.

Ilémetunsoupirdelassitudeoudefrustration?Jenesaispas.Entoutcas,ilsefermeànouveau,nerépliquantpas,cequim’agaceencoreplus.

TupensesvraimentqueTraviséprouvedessentimentspourSarah?

Jeluidemandecelad’unevoixposée,toutenancrantunregardcourroucéausien.Calvinesquisseunsourireetcaressemajoueduboutdesdoigts.

Jelepense,oui.Maisjedoutequ’ill’avoueunjour.

Jefermelespaupières,lâchantungémissementd’impuissance.

De toute façon, Aaron est ici et elle compte bien recoller les morceaux avec lui, ajouté-je,espérantsincèrementqu’elleyparvienne.

Je ne sais pas, Nina. Tout ce qui m’importe, c’est que, pour le moment, nous fassions bienattentiontouslesdeux.

Tuasraison,admis-jeensoupirant.

Ilm’offreunsouriredesatisfactionetnoussortonsduvéhicule,gardantunecertainedistanceentrenouspournepaséveillerlessoupçons.

***

*Travis*

Jen’aipaspum’empêcherdetéléphoneràNinapourlaprévenirquejenelalaisseraispasfairesielleespèrepousserSarahdanslesbrasduminet.

Celafaitdéjàquelquesminutesquejemesuisenfermédansmachambre.ParleravecAarondesinterventionschirurgicalesqu’ilespèreprochainementmaîtrisernem’intéressepasdutout.

Je suis d’ailleurs surpris que Jared l’écoute avec attention. Je ne savais pas que la médecinel’intéressait.Ou alors, c’est juste une ruse afin de lui tenir la grappepour que je puisse passer dutempsavecSarah.

Ilfaudraquejeluiparle.

L’arrivéedeCalvinetdemasœurestimminente.Alors,jesorsdemachambreetmedirigeverslesalonoùlesgarssesontinstallés.J’interrogeJaredduregard,netrouvantpasSarahaveceux.

Ilcomprenddesuiteetjetteunœildiscretverslacuisinepourmesignifierqu’elles’ytrouve.Jeleremercied’unsourireetentreprendsdelarejoindrelorsquelavoixd’Aarons’adresseàmoi.

Ettoi,Travis?Tuveuxégalementdeveniracteur?

MonDieu…voilàqu’ils’intéresseàquelqu’und’autrequ’àsaproprepersonne.

C’estl’idéeentoutcas,réponds-jeavantdecontinuermonchemin.

Travisestuntrèsbonacteur!Lemeilleurd’entrenous,intervientJared,toutsourire.

N’exagèrepas,Jared,grogné-je,lefoudroyantd’unregardassassin.

Jenelefaispas!Tuastoujoursétéretenuàtouslescastingsoùtut’esprésenté!Toutlemondesaitquetuvasallerloindanscemétier,monvieux.

Peut-être,soufflé-je, lassé.Maispour l’instant, j’aid’autrespréoccupationsquedeparlerdecequejeferaiounondanslesprochainesannées.

Voilà,ça,c’estenvoyé!

MêmesijemesuisadresséàJared,ilcomprendquemarépliqueétaitlancéepourmonsieurMinet.D’ailleurs,celui-cisemblestupéfait.

Jedoismemordrel’intérieurdelajouepournepasexploserderire.

Cependant,jenemedonnepaslapeinederépliquer,caràcetinstant,laported’entrées’ouvresurCalvinetmasœur.

Jeplisseleregard,lesobservantdemoncointandisqu’ilsfontconnaissanceavecAaron.Jaredse

chargedefairelesprésentations.Aumomentoùilembrasselesjouesdemasœur,Sarahrejointlesalonetm’interrogeduregardavantdesetournerverslesautres.

Vousêtesrentrés!s’exclame-t-elle.

J’aperçois l’échange de regards complices entreCalvin et elle. Je souris intérieurement, il a dûdevinercequis’estpassécettenuitetneparaîtmêmepassurpris.

Au contraire, il s’approche de moi, un sourire de satisfaction aux lèvres, et m’étreintfraternellement.Jerépondssansdesserrerlespoingsquej’aifermésàlavuedeNina,toutsourirederencontrerl’autreconnard.

Çava?

Ouais,réponds-jedoucement.

Calvinmedonneunetapedansledospourmedonnerducourageoualorspourmeprouversonsoutienfaceaugarsquiestsupposéêtreaveccellequej’aime.

Jeleremercieetvaism’installersurunfauteuil,observantlesautressansdireunmot.

NinaetSarahsemurmurentdesmotsàl’oreille.Puis,ellesdisparaissentensembledanslacuisine.

Décidéd’intervenirsijamaismasœuressaiedemettrelapressionàSarah,jemelèved’unbondetlessuis.

CHAPITRE26

*Sarah*

Je suis dans la cuisine avecNina en train demélanger lesmacaronis qui ont bientôt terminédecuirequandlaportes’ouvrebrusquement.

NousnousfigeonsenvoyantTravisquisembletrèsénervé.

Contrairementàmoi,Ninasedétendetplaqueunrictusdeprovocationsurseslèvresavantdeluilancer:

Tupeuxnousaider àpréparer le repas !Comme tues là, tupeuxaussi t’occuperdemettre latable.

Jesensqueçavamalfinir.JetentealorsdepersuaderTravisd’unregarddenepasentrerdanssonjeu,maisilsembletropfurieuxpourlafermer.

Tum’asbienregardé?demande-t-ild’untonacerbe,posantsesfessessurleborddelatable.

J’observeNina,ellesoulèveunsourciletrépond:

Ouais,justement.Aulieudenerienfaire,tupeuxterendreutile,pourunefois!

Jejetteunœilverssonfrèrequil’affronted’unregardnoirdecolère.Ninaestaussicoriacequelui,l’unetl’autreveulentavoirlederniermot.Nousnesommespassortisdel’auberge…

Çanevapastetuerd’aiderunpeu!ajoute-t-elle.

Je…

C’estbon,Nina,interviens-je,coupantTravisdanssonélan.Jevaislefaire.

J’éteins le feudespâteset retourne lescordonsbleusavantdem’exécuter.Jesuisassezsurprisequ’aucun d’eux n’ait relevé quoi que ce soit. J’ai juste perçu des soupirs de lassitude avant quej’ouvrel’armoirepourprendrelesassiettes.

JevaisdemanderàAarondet’aider,lui,ilnevapasrefuser.

Exaspérée,jefermelespaupièrespendantuncourtinstantavantquelacolèredeTravisnejaillisse.

Maisbiensûr!Valecherchers’ilestmieuxquemoi!Etpourquoinedemanderais-tupasàSarahdepasserlanuitaveclui?Jesuiscertainqu’ilaimeraitça!

Va te faire foutre,Travis !Aumoins, avec lui,Sarahest sûred’avoirquelqu’unde stable,pascommetoi!

Tun’ensaisrien,réplique-t-il.

C’estévidentpourtant !Regarde-toi,bonsang !Depuisqu’elle teconnaît, elleestmalheureuseet…

Tunesaispasdequoi tuparles !hurle-t-il, foude rage.Je t’aiditdenepas temêlerdenotrerelation!Cen’estpasàtoideluidirecequ’elledoitfaire!

Ellesaittrèsbiencequ’elledoitfaire,cequiestmieuxpourelle!Ellen’estpasaussistupidequetusembleslepenser.

Waouh…

Je n’en reviens pas qu’ils osent parler demoi à la troisièmepersonne enmaprésence ! Je suisestomaquéeparlasituationdanslaquellejemetrouve,aumilieudufrèreetlasœurquisedéchirent.

Je pensais qu’avec ce qui s’était passé, le soir de l’arrestation de Travis, les choses se seraientarrangéesentreeux.Visiblement,jemesuislourdementtrompée,leurrelationsemblebienempirer.

Unbruitm’alerte,mesortantdemesréflexionssilencieuses.Jeconstatealorsquec’estTravisquivientd’abattresonpoingsurlatable.Ilestdebout,faceàsasœuretlafixed’unregardmenaçant.

Jen’enpeuxplus…

Ni l’un ni l’autre ne pensent à Aaron qui se trouve dans la pièce d’à côté. De toute façon, ilssemblentégalementneplussepréoccuperdemaprésence,alors…

Fiche-moilapaix,Nina!

Oh,maisj’enairienàfairedetoi!Cequim’importe,c’estquetulalaissestranquille,unebonnefoispourtoutes!

Ellen’enapeut-êtrepasenvie!

Aaronn’estpasicipourrien,Travis!IlestavecSarah,pastoi!N’est-cepas,Sarah?

Tiens,onvientdesesouvenirdemonexistence!

Néanmoins,jen’aipasletempsderépondrequeTravismedevance:

C’esttoiquiasarrangésavenue!

Tudisn’importequoi!s’exclame-t-elle,lesjouesrosies.

Jeplisseleregard,constatantdouloureusementqu’elleestmalàl’aise.

Bordel!

Ninaserait-ellecapabled’êtreàl’originedeceplantordu?

Oui…

Elleferaitvisiblementtoutpourm’éloignerdesonfrère.

Jenevaispasmerépéter,tunouslaissestranquilles!

Iln’yapasdeNOUS!Jeterappellequetuascouchéavecelleuniquementdanslebutdetetaperunevierge!

Cette fois, je ne peuxplus retenir la colère qui explose. Je suis tellement furieuse par ce rappelminabledeNinaquej’implosesurlecoup,jetantausol,lesdeuxassiettesquej’aienmain.

Çasuffit!

Mon hurlement jaillit, se joignant au bruit fracassant de la porcelaine qui éclate en plusieursmorceauxsurlecarrelage.

Souslechoc,ilsmedévisagenttouslesdeux,lesyeuxexorbités.

Sarah…

Non!coupé-jeNina.Çasuffit.Jeneveuxplusentendreunmotdevousdeux!

Monamiebaisse la tête, touchéeparmacolèresoudaine.QuantàTravis, ilancresonregardaumienetjesurprendsunelueurdesatisfactiondanssesprunelles.

Jerêve!

Ilestcontentdeluialorsquejen’aiqu’uneenvie:fuirsesdeuxrageurspourpleurer.

D’ailleurs,c’estlapointed’inquiétudequitraversetoujourslesyeuxdeTravisquimefaitprendreconsciencequ’unelarmederageetdetristessemêléeroulelelongdemajoue.

Déstabilisée et sous le choc enme rendant comptede la vaisselle cassée, j’étouffe un sanglot etm’agenouillepourramasserlesmorceaux.

T’escontentedetoi!entends-jedireTravis.

Jen’entendspaslaréponsedeNina.Seullebruitdelaportequis’ouvreàlavoléem’interpelle.Jevoisalorsducoindel’œil,JaredetCalvinpénétrerdanslapièce.Trèsrapidement,Aaronestlàluiaussi.

Merde.

Jenefaispasattentionauxmorceauxdeporcelaineetm’entaillelamain.

Aïe…

Trèsvite, j’aperçoisplusieurspairesde jambess’approcher.Jen’aipasbesoinde lever lesyeuxpoursavoiràquiappartiennentlesjambeslesplusprochesdemoi.

D’ailleurs,jenemetrompepas.Traviss’estagenouillédevantmoietprendmamainensanglantéedanslasienne.

Deslarmesm’échappent.

C’estvraimentdouloureux,mais jeme sens simalqu’ilm’est impossiblede calmer la crisedelarmesquimonteenmoi.

Ques’est-ilpassé?

Honteuse,jen’osepasregardermonpetitamiquivientdeposerlaquestion.Heureusement,Ninaluiexpliquequecen’estqu’unpetitaccidentsanslamoindreimportance.

Ilinsistetoutdemême,visiblementpeuconvaincu.

Ah,mais…nousavonsentendudescris.

Oh,cen’estrien,répondNinaenlâchantunrirenerveux.Monfrèreadoremehurlerdessus,tuverras,ons’yhabituetrèsvite.

Je lève enfin les yeux versTravis afin de connaître sa réaction face auxmots de sa sœur. Sansgrandétonnement,ilestfurax,maisilcontientsacolère.Lorsqu’ilplongeleregarddanslemien,unegrandetristessevoilelebleud’ordinairepétillantdesesyeux.

Çava?s’inquièteAaron,remarquantenfinmeslarmes.

Oui…c’estjustesuperficiel,dis-jeenôtantlaservietteaveclaquelleTravisexerceunepressionsurmacoupure.

Mm…Tudevraisdésinfecteretmettreunpansement.

C’estcequejevaisfaire,répliqué-je.

Travism’aideàmerelevertandisqueNinaoffreunbalaiauxgarçons.

Contretouteattente,c’estAaronquileluiprend.

Oh,chérie?m’appelle-t-il.Tuveuxquejem’occupedetablessure?

Jem’enoccupe!grogneTravis,nemelaissantpasletempsderépondre.

D’ailleurs,jen’arriveplusàdirequoiquecesoit.Jesurprendsleregardfoudroyantdemonamant

dirigéversAaronavantqu’ilm’attireverslaporte.

***

*Travis*

Jenelesupporteplus!

J’emmèneSarahhorsdelapièceetladirigeversl’escalierencolimaçon.

Elles’arrêtesoudainementetm’interrogeduregardtandisquejeconstatelablancheurinquiétantedesapeau.

Sans dire un mot, je m’approche et passe un bras dans son dos, l’autre sous ses genoux et lasoulève.

Ellelâcheunfaiblecridesurprise,maisnefaitaucuneremarqueàmongeste.Aucontraire,elleplongesonvisagedansmoncouetcontinuedepleurer.

Bébé,arrête.Jesuisdésolé,murmuré-jetoutenl’emmenantàl’étage.

Jesaisqu’avecNina,nousnoussommesmalcomportés.Résultat :c’estànouveauparma fautequ’elleversedeslarmes.

Jem’enveux,jesuisfurieuxcontremasœurmaisencorepluscontremoi.

J’avaispromisàSarahd’essayerdechanger,deneplusm’emporteràlamoindrecontrariétéetj’aiencoretoutfoiré.

Quelquesminutesplustard,noussommesarrivésàl’étageetj’ouvrelaportedelasalledebainsàl’aided’uncoupdepied,refusantdelâchermadulcinée.

Jelaportejusqu’àlacommodeoùjel’installeavantdel’obligeràmeregarderensoulevantsonvisageentremesmains.

Lorsque ses pupilles trouvent lesmiennes, une forte douleur enserrema poitrinemeurtrie. Sesjouessontbaignéesdelarmes,sesyeuxsontdéjàrouges.

Merde!

Bébé,soufflé-jetoutenposantmajouecontrelasienne.Jesuisvraimentdésolé…

Çava,Travis.

Jereculemonvisageetcaressesapeaudouce.Unegrimacededouleurdéformeseslèvres,cequiramènemonattentionverssacoupure.

Jeprendssamainetôtedélicatementlaserviettedetabledesapaume.

Çava,tun’aspasbesoindepointsdesuture,constaté-je,rassuré.

Çapique,grogne-t-elle,provoquantmonsourire.

Jeveuxbienlecroire,maisjenedisrien,remarquantencorequ’elleestsurlepointdecraquer.

Çavaaller,mabelle.Tiens,passetapaumesousl’eau,luiordonné-jeenallumantl’eau.

Jevérifieavantcelaquelatempératuredel’eaun’estnitropfroide,nitropchaudeetl’aideàsepenchersurladroitepouratteindrelerobinet.

Retenantsonsouffle,ellepasselesdoigtsetlamainentièresouslefiletd’eau.

Putain…çabrûle,bordel!jure-t-elle.

J’esquisseunsouriresanslevouloirvraimentetj’obtiensenretour,uncoupsurlebras.

Jefermelerobinetetprendsuneservietteproprequejeplacesursesgenoux.

Posetamain.Ici.Tourne-la!

Ferme-la!

Quoi?demandé-je,surpris.

Tucries.

Non,jenecriepas,murmuré-je,plongeantmonregarddanslesien.

Sceptique,ellehausseunsourcil.Jesoupirederésignationetconcède.

Ouais,désolé,maisilfautquejedésinfectelaplaie.

Non,onapassédel’eau.

Çaneladésinfectepas!

Metsjusteunpansement.

Jerefused’unmouvementdelatête.Ellegrogneunjuron.

Si tuneme laissespas ladésinfecter, ilva falloirque j’appelle le futurmédecin ici,danscettesalledebains,ettudevinesbienquejen’enaiaucuneenvie.

Alorsnelefaispas.Metsjusteunpansement.

Sarah?

Travis!Dépêche-toioujelefaismoi-même.

Tunesauraispas,tuesdroitière.

Merde,siffle-t-elleavantderoulerdesyeux,visiblementexaspérée.

Jenemepréoccupeplusde son refusetmemets à chercherdans laboîte àpharmacie,dequoidésinfectersablessure.Lorsquejetrouveledésinfectant,jeplacelabouteilledevantsesyeux.

Ellegrimace.

Tunesentirasrien,dis-jeenimbibantdeproduitunecompressestérile.

C’esttoiquiledis!

Fermelesyeuxsitupréfères.Jeteprometsqueçanepiquerapas.

Çapiquedéjà!râle-t-elle.

Jerouledesyeux,agacédesesenfantillages.

J’attrape samainet l’obligeà lagarderbienouverte.Elle forceunpeu,mais ladouleur lui faitregrettersonmanquedecoopération.

Je tamponne délicatement la blessure à l’aide de la compresse en jetant un coup d’œil vers sonvisage.Sestraitssontcrispés,maisellenes’estpasmiseàhurlerd’appréhension,c’estdéjàça.

Unefoisquej’aiterminé,jelâcheunfaiblerire.

Ellemefixed’unregardmauvais.

Onvaattendrequeçasècheunpeuavantdemettrelepansement.Tuasdelachance,çanesaigneplus.

Elleplisselenez.Jesuisprêtàparierqu’elles’estretenuepournepasmetirerlalangue.

SacréeSarah!

Çavaunpeumieux?luidemandé-jed’unevoixdouce.

Elleesquisseuntimidesourireethochelatêteensigned’acquiescement.Jenepeuxplusmeretenirdavantage.J’enveloppesajouedansmapaumeetvrillemonregardausienenavançantmeslèvres

verslessiennes.

Jenem’attendspasvraimentàcequel’onéchangeunlongbaiserpassionné,pasaprèscequivientdesepasserdanslacuisine,maiscontretouteattente,c’estellequicapturemaboucheetm’embrasseavecfougue.

Noslanguesseretrouvent,ambiancéesdansdesgémissementsdeplaisiretsoulagementmêlésquinouséchappent.Nousnousembrassonslonguement,avecdouceurjusqu’àcequejesentequ’elleserapprochedemoncorps.

Je suis entre ses jambes et jenepeuxplus supporter ladistancequi est encore entrenous.D’ungestedelamainquejeplacesursesreins, je l’amèneversmoi,approfondissantplusencorenotrebaiser.

Ledésirnoussubmergederechef.

Bébé,chuchoté-jecontresabouche.

Ellerefusequejemereculeetmeramènedavantagecontreelle.

Àcetinstantprécis,jemesensl’hommeleplusheureuxaumonde.

Néanmoins, je suis conscientquenousne sommespas seuls,quequelqu’unpourrait entrerd’unmoment à l’autre. Et je sais pertinemment que Sarah serait encore au plus mal si cette situationarrivait.

Alors, j’attrape ses poignets qu’elle a posés dansmon cou et cesse de l’embrasser.Aussitôt, unlong soupirde frustration s’échappede sagorge.Elleme fixedroitdans lesyeux,m’interrogeantsilencieusement.

Lesautresvontsedemandercequ’onfait,bébé.

Ellefermelespaupièresetabandonnesonfrontcontremonépaule.Jesourisetdéposeunbaisersursescheveuxavantdelaredresserpourancrermonregardausien.

Bébé…jevaisattendrequetupuissesexpliqueràAaronlasituation.

Jenevaispasluidire…

Quoi?m’exclamé-je,apeuré.

Pour nous… continue-t-elle. Je vais rompre, mais ce n’est pas évident, Travis. Fais-moiconfiance.

Jetefaisconfiance,monange,murmuré-je,émuparsonaveu.

Elleveutrompreaveccetype.

Ellemechoisit.

Moi,l’enfoirédepremièrequinelaméritepas.

Eh?

Jeplaqueunsourireforcésurmeslèvresenprenantconsciencedesoninterrogation.

Çavaaller.Jeveuxjustequ’enattendant,onessaiedenepassefaireremarquer,tuveuxbien?

Ouais,réponds-jeaprèsquelquessecondesderéflexion.Maissicegarstecolledetrop,jenesaispassij’arriverai…

Tuneferasrien,Travis.Ilneconnaîtpasmesintentionsetjeneveuxpaslebrusquer.Çafaitdesannéesquenousnousconnaissonsetavantd’êtreensemble,nousétionsamis.

Jecomprendsquelquepeul’appréhensionqu’elleéprouve,etaussiqu’elleveutleprotéger.Alors,j’accepte,mêmesiçameretournelestripes.

OK,maispromets-moiqu’unefoisparti,nouspourronsêtreensemble,touslesdeux?

Lesyeuxbrillants,ellem’observeetfinitparhocherlatêteensigned’acquiescement.

Oh,Sarah,clamé-jed’unevoixbasseenlaserrantdansmesbras.Jesais,j’aiétécondèsledébut,maisjetejurequetuneleregretteraspas.

Ellemesouritetmeforceàreculerpourprendremonvisageentresesmains.

Aïe,couine-t-elle,repoussantsamainblessée.

Attends,jevaismettretonpansement.

Ellemetendlapaume.Unefoislepansementposé,ellereprenddélicatementmonvisageentresesmainsetdéposeundouxbaisersurmeslèvres.

Jet’aime,TravisSpencer.

Jet’aimeencoreplus,bébé.

CHAPITRE27

*Sarah*

Lelendemainmatin,jemeréveilleavecunmaldecrânemonumental.Ilmefautplusieursminutespourmesouveniroùjemetrouveetsurtout,decequis’estpassélaveille.

Aprèsavoirsoignémablessureà lamain,Traviss’estmontréplusdistantquejamaisdevant lesautreslorsquenouslesavonsrejoints.

Ninaet lesgarçonsavaient terminédepréparer lerepasainsiquededresser la table.Jen’aipasvraimentmangé avec appétit, bien trop troublée par l’absence demon amant qui a improvisé unepetitebaladeensoloenmotoavantdepasseràtable.

CequiasoulagéNina,elles’estmontréebienplusbavardependantledéjeuner.Elles’estpermiseégalementdelancerplusieurspiques,sous-entendantqu’avecAaron,jeformaisunbeaucouple.

Cependant,heureusementqueCalvinétaitprésentpourchangerlesujetdeconversationquandillefallait.

Parler de son projet de fin d’études a particulièrement intéressé Aaron pour mon plus grandétonnement.Jen’avaisaucuneidée,jusqu’àprésent,quediscuterducourtmétragedanslequeljedoisjouerunrôleimportantl’engoueraitàcepoint.

En tout cas, grâce à cette bonne surprise, j’ai pu respirer plus calmement.Nina n’a plus fait desous-entendusdéstabilisantsetnousavonspupasserlerestedelajournéeavecplusdesérénité.

J’esquisseunfaiblesourireenrepensantaumomentoùCamilleestrentrée.Avecsafaçonbienàelledeparlersanssepréoccuperdulangagequelquepeuvulgairequenousluiconnaissonstous,elleaprovoqué–sanslevouloir–uncertainchocchezAaron.

D’ailleurs,ils’estprécipitépourmeparlerdeCamille.Dèsquenousnoussommesretrouvésseulsdans la chambre pour changer de vêtements afin d’assister à la sortie improvisée de Jared, ilm’aavouéquelecomportementdemacolocataireétaitdécevantpourunesibellefille.

J’ai ri deboncœuren lui répondantqu’ici, àLosAngeles, tout lemondeétait différent etqu’iln’avaitpasàlajugerenseulementquelquesheurespasséesensacompagnie.

Heureusement, le sujet Camille n’est pas revenu sur le tapis pendant la soirée que nous avonspasséedansunebrasserieduquartier.

Jesuis restéeun longmomentdansmoncoin,déçuequeTravisnesoitpas rentréà tempspournousaccompagner.J’aiàpeineparticipéauxconversationsquisesontaniméesautourdenotretable.Monespritétaitailleursetj’aisudanslesregardsdiscretsqueNinamelançaitqu’ellesedoutaitquejepensaisàsonfrère.

C’estd’ailleurspourcelaqu’aucoursdelasoirée,monamiem’asuiviejusqu’auxtoilettespourtenterunenouvellefoisdemesortirlesversdunez.

Grâceauxtroisverresdevodkaquej’aiingurgités,jenemesuispaslaisséfairequandellem’ademandédeluidires’ils’étaitpasséquelquechosedenouveauentresonfrèreetmoi.

Évidemment, unegrande tension est née entre nous lorsque je lui ai avoué ceque j’avais sur lecœur. Je luiai toutsimplementditqueTravisavait raisonetqu’elledevaitnous laisser tranquilles.J’aiprofitéde lastupéfactionsursonvisagepour lui révélermadéceptiond’avoirsuggéréàmonpetitamidepasserleweek-endauloft.

Mêmesi jen’étaispasvraimentcertainequec’était lavérité, jen’aipluseudedoutequantà saréaction.

Tuvastebrûlerlesailesaveclui,Sarah.Tuasraison,jen’aipasàmemêlerdevoshistoiresetjeneleferaiplussiçaterendaussiméchante.Maissachequejeneseraipaslàlejouroùtuapprendrasqu’iltetrompe.Jet’aiassezprévenue.Ilnechangerajamaisalors,s’ilteplaît…nelaissepaspassertachanceavecAaron,ceseraitdugâchis.

Jegrimace,repensantauxdouloureusesparolesqueNinam’aadresséesavantdepartir,melaissantseule,leslarmesauborddespaupières.

Après ce moment pénible, j’ai eu besoin d’entendre la voix de Travis et l’ai appelé.Malheureusement,jesuistombéesursamessagerieet,furieuse,j’airetrouvélesautrestoutenévitantleregarddedéceptiondeNina.

J’aibuplusquederaison.

Pour être honnête, je n’ai pas lemoindre souvenir de ce qui s’est passé après cela. Ce quimeterroriseunpeupluslorsquejesensuncorpschaudsepresserdansmondos.

J’ouvredegrandsyeux,mefigeantirrémédiablement.Jen’aipasbesoindemetournerpoursavoirquecen’estpasavecTravisquej’aipassélanuit.

Dansmonesprit,lebrouillardsedissipepeuàpeuetjeprendsenfinconsciencequejemetrouvebiendansmachambre,maisaussi,quejesuisàmoitiénuesouslesdraps.

Bordel!

Àmes constatations, aussi décevantes soient-elles, j’émets un faible cri de frustration. Aussitôt,Aarons’agitedansmondos.

Tuesréveillée?medemande-t-il,unlargesourireauborddeslèvres.

Cequineprésageriendebon…

D’ailleurs,ensepenchantversmonvisagetournéàsonopposé, jesenssonérectioncontremesfesses.

Vivement,jemedécale,évitanttoutcontactphysiqueaveclui.C’estàcemoment-làqueladouleurdemoncrânedevientplusforte.

Ungémissement étouffé s’échappedemagorge tandis que jemeprends la tête entre lesmains.Aaronnesemblepass’apercevoirdutroublequ’aprovoquésondésir.

Aucontraire,ilsemoquegentimentdemagueuledebois.

Jet’avaisbienditdenepasboireautant.Tuneseraispasdanscetétat.

Jerouledesyeuxetpousseunsoupird’agacement.

Quelle heure est-il ? lui demandé-je en fermant les paupières, espérant ainsi que la douleurs’apaise.

Prèsdeonzeheures.

Quoi?m’exclamé-jeenécarquillantlesyeux.

Ons’estcouchéstard.

Sérieusement?

Jeplisseleregardetl’observealorsqu’ilritàgorgedéployée.

Qu’est-cequ’ilya?

Tuvasmefairecroirequetunetesouviensderien?

Jesecouelatête.Eneffet.

Tuneterappellespasavoirprovoquéunebagarreaubar?

Unebagarre?

Oui.

Jemeredressed’unbond,provoquantànouveausonhilaritéàmoncridedouleur.

Avecqui?l’interrogé-je.

Jenelesconnaispas.Tuétaispartiechercherunautreverrequanduntypet’aproposédedanseraveclui.Tuesdevenuefolle,tul’asgifléeetCalvinasurgiàtonsecours.Ilt’aretenue,tuvoulais,jecitetesmots:luiarrachersapairedecouillespourlaluifairebouffer!

Merde!

Jememordslalèvrepournepascouinertantj’aihonte.

Et…ils’enestprisàCalvin?luidemandé-je,angoisséeàl’idéequ’ilsoitblessé.

Sonami,oui.MaisilaeudelachancequeTravisestarrivé…

Travis?Ilestvenu?

Je n’arrive pas à déchiffrer le ton de voix avec lequel je viens dem’exclamer.Cependant, voirAaronplisserleregardaugmentemonappréhension.

Oui,ilestvenu,Sarah.Leplusdrôle,c’estquecepetitconimpertinents’enestprisàmoi!

Quoi?Comment…ça?bégayé-je,labouleauventre.

Aaronseredresseàsontourethausselesépaules.

Jenesaispasexactementcequiluiapris,maisd’aprèslui,j’auraisdût’attacheràunechaise.

J’ai dûmal à croire ce que j’entends. Pourtant, c’est tout à fait le genre de paroles que balanceTravislorsqu’ilestencolère.

Je…

Danslefond,ilaraison,mecoupe-t-il.Jen’auraispasdûtelaisserboireautant.Jepensaisjusteque tuétaishabituéemaintenantque tuvis ici.MaisTravism’aaffirmé lecontraire.Àsesyeux, jesuisunpiètrepetitami,maistuastellementchangé,Sarah!

Sesmotsmetouchentenpleincœur.Ilaraisondepenserquej’aichangé,maisjesuistoujourslamême,saufqu’ici,jemesenslibéréedelaviequejemenaisetquejedétestais.

Cependant,jenepréfèrepaslecontrarierdavantageetluidemandealorscequis’estpasséparlasuite.

Et c’est sans laisserparaîtreunequelconqueémotion sur sonvisagequ’ilm’informeque jemesuiseffondréedanslesbrasdeTravis,unefoisqu’ilamisl’autregarsausol.

Jem’efforcedenepasmontrermonémotionlorsqu’ilm’expliques’êtreinterposépours’occuperdemoi.Travism’auraitalorsjetéedanssesbrasavantdedireàCalvindenousramenerauloftsur-le-champ.

Je… suis désolée. Visiblement, j’ai gâché ta première soirée ici. J’ai fait n’importe quoi,m’excusé-je,honteuse.

Aaronpousseunlongsoupirpuisattrapemonvisageentresesmains.

Jetepardonnesitumeprometsdeneplusboireunegoutted’alcool.Dumoins,letempsqueje

serailà.

J’esquisse un faible sourire et accepte le deal. De toute façon, si j’ai bu hier, c’était juste pouroublierl’absencedeTravisquimepesaitplusquejenel’auraisvoulu.

Pourscellercepacte,Aarondéposeunbaisersurmeslèvresetselève.

Qu’est-cequetufais?

J’ai envie d’un café. Tu devrais essayer de te rendormir. Ce soir, je te veux en pleine forme,ajoute-t-ilavantdesortirdelachambre.

Encoresouslechocdesinformationsquejeviensd’apprendre,jeresteimmobilependantquelquesinstants.Puis,jeprendsl’oreillerpourleposersurmonvisageafind’étoufferuncridefrustration.

***

*Travis*

Je sais, ce que je suis en train de faire depuis une dizaine deminutes est puéril, mais je m’enmoque.J’aibesoindesavoircequisepassedanscettechambre.

Heureusementpourlui,Aaronsecontentejustedeluinarrersesprouessesdelanuit.

Visiblement, elle ne se souvient de rien. Je sourismalgré la profonde colère que j’ai éprouvéequandjel’aitrouvéedéchaînée,lesbrasdeCalvinautourd’ellepourlaretenirdesejetersurl’abrutiquiluifaisaitface.

J’aiaussitôtsautésurcegarslorsquesonpoteaenvoyésonpoingdanslevisagedemonmeilleurami.

Ilsonttousdeuxétémaîtrisésrapidement,etlà,j’aipum’enprendreàlui,cefichud’AaronquiestrestéenretraitalorsqueSarahavaitbesoindelui.

Toutefois,j’aiétéd’autantplussurprislorsquemaSarahs’esteffondréeenpleursdansmesbras.Ninaatentédeladégagerdemonétreinte,maisjenevoulaispaslalâcher.

C’estalorsqu’elleaplantésonregarddanslemienetm’asuppliédenepasfairecetteerreur.Puis,j’aisurprisl’interrogationdansleregardd’Aaronquinousobservait.

Alors, j’ai pris surmoi et j’ai écarté Sarah qui s’accrochait désespérément àmon cou avant del’envoyerverslui.

Aprèscegestequim’acoûtécher,émotionnellementparlant,j’aisurprislesoulagementdanslesyeuxdemasœuretj’aidemandéàCalvindelesramenerauloft.

Soudain,j’entendsdel’agitationderrièrelaporteetcomprendsqu’ilestentraindeselever.

Vivement,jemeprécipiteverslaportedelasalledebainsquiestentrouverte.Jetendsl’oreilleetpatientequelquesinstants,letempsqu’ilsoitdescenduaurez-de-chausséeavantderespirerungrandcoup.

Jepasseunemainsurmonvisage.C’étaitmoinsune!

J’aimeraisprofiterdecemomentpourallervoirSarah,maisjen’aipasletempsdepeserlepouretlecontrequelaportedesachambres’ouvre.

Jeplaquemondoscontrelemurafinqu’ellenes’aperçoivepasdemaprésence.

Soudain,c’est laportedelasalledebainsdanslaquelle jemeglisseentredeuxarmoires,sur lecôtédelaporte,quis’ouvre.

Retenantmon souffle, je l’observe alors qu’elle ne porte que ses sous-vêtements. Elle tourne leverrouettordlesbrasdanssondospourdégrafersonsoutien-gorge.

Aussitôt, mon sexe commence à gonfler. Sarah, sans doute encore ensommeillée par la nuitdifficilequ’elleapassée,nes’estpasaperçuedemaprésencedanslapièce.

D’ailleurs,ellesemblebientroppresséepourcela.Sapetiteculotteatterritprèsdemespiedsetjenepeuxpasm’empêcherdesourireàlavuedesonpetitculnudevantmoi.

Elle entre dans la douche et allume l’eau, ce qui lui provoque un petit cri de surprise. À cetteminute,jesuisconscientquejesuisincapabled’ouvrircetteportepoursortirdelapièce.

Detoutefaçon,jen’enaipaslamoindreenvie.

Toutcequejedésireàcetteseconde,c’estlarejoindresousladoucheetmelibérerenelle.

Et c’est ceque je fais sans attendreuneminutedeplus. Jebaissemonpantalonetmonboxer etm’avanceverslacabinededouchesansfairedebruit.

Jefaisglisserlaportecoulissanteavecprécautionetladécouvre,magnifiqueavecl’eauquiglissesursoncorpsnu.

Elleestdedos,latêterenverséeenarrièreet,lesyeuxfermés,ellesavourelesjetsdeladouchequifouettentsonvisage.

Cetteimageestsisexyqu’ellemefaitbanderdavantage,sifortqueçamefaitmal.Jenerésistepasbienlongtempsetcollemoncorpsausientoutenposantunemainsurseslèvres,étouffantsoncride

frayeur.

Cen’estquemoi,bébé,murmuré-jedanslecreuxdesonoreille.

Ellesedétendmiraculeusementetsetourneversmoi.Nosregardss’ancrentaussitôtl’unàl’autreet,dansunélandepassionincontrôlable,noslèvressescellentdansunbaiserenfiévré.

CHAPITRE28

*Sarah*

Moncœurn’apasletempsdeseremettredelafrayeurquej’aiéprouvéequeTravissejettesurmeslèvres.Nousnousembrassonsavecfougue,d’unepassionencoreplusinouïe.

Sesmainssebaladentpartoutsurmoncorpsdéjàbrûlant.Affamés,nousnousobservonssouslejetdeladoucheavantdereprendrenotrebaiser.

Ilesttorride,vivifiant.

Le désir me submerge de plus belle lorsqu’il fait glisser une main de mes seins jusqu’à monintimité.Jemordssalèvreavantdelataquinerdepetitsbaisers.Ilgrogne,enserreunbrasautourdemataillepourmeramenerauplusprèsdelui.

C’est à cet instant qu’il caresse mon sexe trempé de désir. Il enfonce un doigt, puis deux, etcommenceàfairedesalléesetvenuesdansmonantre.

Jegémis…

Les lèvresentrouvertes, je tented’apaiser lacadence infernaledemarespiration.J’aichaud, j’aienviedelui.Alors,remarquantlepetitsouriresatisfaitsurseslèvres,jedescendsunemainverssonsexequej’agrippedemesdoigts.J’exerceunedoucepressionenleserrantdansmapaume,ignorantles petits picotements de ma blessure. Puis, j’effectue un mouvement de va-et-vient sur sa queuedressée.

Ilgémitdoucement.Jenepeuxm’empêcherdeletrouvervraimentbeaulorsqu’ilseretientainsi.Sesdentssontserréesl’unecontrel’autre,iltentedesecontrôlerànouveau.

Toutefois,jeparviensàluifairepousseruncrideplaisirenaccélérantlerythmedemacaresse.

Putain…j’aienviedetoi,bébé.

Moi aussi, avoué-je, retenant difficilementmon gémissement lorsqu’il accélère ses va-et-vientdansmonantre.Onpourraitnousentendre…

Jesais…jem’enfous,bébé.Jeteveux.

Labrillancedanssonregardetlafaçondemefixeravecamourmefontvibrertoutentière.

Prends-moi.

Unsouriresedessineaucoindeseslèvrestandisqu’ilretiresesdoigts.

Tourne-toi.

Surprise,jel’observe,perdantmesmots.

Net’inquiètepas,mechuchote-t-ilprèsdemonoreille.

Toutefois,j’appréhendecemoment.Jen’aijamaisfaitl’amourdanscettepositionetjenesaispassijeseraicapabledefairecommeilsedoit.

Çavaaller,bébé,m’assure-t-ilenembrassantmonoreille,moncou.

Sesmainsdescendentsurmeshanchesetilm’aideàmetourner.Facecontrelemur,ilm’obligeàpencherlebusteenavantetsoulèvemesbras,plaquantlui-mêmemespaumescontrelecarrelage.

Détends-toi,monamour,grogne-t-ildansmoncou.

Jefermelespaupières,émuedupetitsurnomqu’ilvientdemedonnerettented’obtempérerquandjesensseslèvresembrasserlapeaudemondos.Puis,ilaccrochesesdoigtsàmeshanchesetsecollecontremesfesses.

J’étouffeungémissementcontremonbras,sentantsonérectionpointerversmonentrée.

Écartelesjambes,bébé…

J’obéis.

Aussitôt,c’estleparadis.

Ilplongeenmoid’unseulcoupdereinspuissant.

Oh,bordel!lâché-je.

Ilaccélère le rythme,etmesdoigtssecrispentcontre lemurpendantquemoncorpss’ouvreauplaisir.Descriss’échappentdemabouche.

Travisgronde…

Dis-moiqueçateplaît…

Ohoui…net’arrêtepas!

Il accélère alors, les doigts enfoncés dans mes hanches. Plus forts, ses coups de boutoir sontmajestueux,m’emportantauplusprèsduplaisirabsolu.

Danscetteposition,jeressenstoutbeaucoupplusloin,plusfortaussi!Sescrissemêlentbientôt

auxmiens,etjeneprêtepasattentionàquipourraitnousentendre.Jesuisbientropfascinéeparcesonmagnifiquequenousproduisonstouslesdeux.

Trèsvite,jemeretrouvehappéedansuntourbillonmerveilleux.

Travissecolleàmapeau,mechavired’untrait.Jecriesonnom,ivredeceplaisir.

Je dois attendre quelquesminutes pour reprendremes esprits.Mon amant est haletant, toujoursderrièremoi,lebustecollécontremondos.

Quandilseretire,ilm’attirecontreluietcapturemaboucheavectendresse.

Alors?mequestionne-t-il.

Lesjouesrouges,lesouffleerratique,jeluisourisetréponds:

C’étaitparfait.

Oui,j’aivuquetuasaimé.

Jel’enlaceetfermelespaupièrestandisqu’ilnousmènesouslejetdeladouche.

Ettoi,tuasaimé?

Bébé,répond-ild’unevoixtendreenprenantmonvisageencoupedanssesmains.Quandjesuisentoi,dansn’importequelleposition,jesuisleplusheureuxdeshommes.

Touchée,jereprendsseslèvresd’unlongbaiseretluisusurretoutmonamour.

Plus tard, après nous être lavés l’un et l’autre, nous décidons de sortir de la salle de bains l’unaprèsl’autre.

Heureusement, personne ne se trouvait à proximité et nous avons pu regagner nos chambresréciproquessansencombre.

***

*Travis*

Aprèsl’épisodedeladouche,Sarahetmoin’avonspluséchangéunmot.J’ail’impressionqueles

autresnousscrutentavecattention,commes’ilsattendaientàcequel’undenouscommetteunimpair.

Maisc’estsanscompterlejeud’acteursqueSarahetmoijouonsàlaperfection.Pendantlerepas,CalvinetNinaontproposédesortirenboîtedenuitpourlasoirée.Toutlemondeaaccepté,mêmesij’auraispréférérefuserl’invitation.

Évidemment,jenesuispasobligéd’yaller,maisjenecomptepaslaisserSarah.Aveccequis’estpassélaveille,jepourraiainsigarderunœilsurelle.

Aaron part demain soir, et je suis pressé qu’il se tire. J’aimerais bien accélérer le temps.Heureusement,Jaredl’ainforméqu’uncolloquesurlatransplantationcardiaquealieudanslaville.Aaronasembléêtreenchantédel’apprendreetmonpoten’apastrouvémieuxquedeluiproposerd’yaller.

J’ai aussitôt pensé qu’il traînerait Sarah avec lui pendant tout un après-midi, mais contre touteattente,elleluiafaitclairementcomprendrequ’ellen’yassisteraitpas.

SaraharemarquéladéceptiondemonsieurMinet,elleluiadoncproposéd’yallerseul,etc’estlàqueJaredadéclaréqu’ill’accompagnerait,aprèsm’avoirlancéunclind’œilcomplice.

J’avais raison de penser que son rapprochement avec Aaron n’était pas si anodin qu’il n’yparaissait. Ilm’aideen l’éloignantdeSarah,demoi, et il faudraque je trouveunmomentpour leremercier.

Àmagrandesurprise,Ninarestesilencieusependantdelonguesheures.Jemedemandecequ’ellepréparedanssapetitetêteetlarejoinspourm’assurerquetoutvabiendanslacuisinelorsqu’elles’yrend. Jen’aipas lamoindreenviedemedisputeravecelle,mais je remarque la tristessedanssonregardetjedoisbienavouerquejemesensmal.

Alors,jem’approche,lafaisantlégèrementsursauterlorsqu’elleseretournepoursedirigerversleréfrigérateur.

Qu’est-cequetuveux?medemande-t-ellesèchement.

Qu’est-cequet’as?réponds-jeàsaquestionparuneautre.

Qu’est-cequeçapeuttefaire?Detoutefaçon,tunepensesqu’àtapetitepersonneet…

Jenem’appellepasAaron!contré-je.

Aaron?s’exclame-t-elle,d’unairsarcastique.Ilestbeaucoupmoinségoïstequetoi,Travis!

C’estcequetupensesvraiment?Bordel,Nina.Arrêteunpeu…

Jen’arrêteraipas,Travis!Tuvasluifairedumalsitucontinuesàluitournerautour.

Jeneluitournepasautouretjet’aidéjàditdecesserdet’occuperdeça.Çanousregarde,Nina.Sarahestunegrandefille,etjenecomptepaslafairesouffrir.Je…jel’aime.

Ellefermelespaupièresàmesmotssincèresetsecouelatête.Moncœurseserredouloureusement.

Pourquoirefuse-t-elledemecroire?

Nina…jesuissûrdemoi,c’estellequejeveux.Jet’enprie,essaiedecomprendre.

Ausupplicedemavoix,ellerouvrelesyeuxetplanteunregardincendiairedanslemien.

Tunesaispascequec’estd’aimer.Souviens-toi,tum’astoujoursditdeterappelerquetun’étaispasquelqu’undebienpourêtreaimé…aprèsledépartdepapa…

Nousétionsgosses,Nina.J’aichangé.Ellem’achangé!m’exclamé-je.

Jenesaispas,dit-elleensecouantànouveaulatête.

Ellesembleaussiperduequejelesuis.

Jetedemandejustedenepast’immiscerentrenous,Nina.

Ellenemerépondpasetmelanceunregardemplid’animositéavantdemebousculerpoursortirdelapièce.

CHAPITRE29

*Sarah*

Leslumièressontintenses,toutcommelamusiquequiasansdoutedépassélesdécibelsautorisés.Laboîtedenuitestimmense,jemesensperdueaumilieudetoutcemondequiremuesurlapistededanse.

C’estCalvinetJaredquinousonttousobligésàlessuivrepoursecouernotrepopotin.Debonnegrâce,j’aiacceptépournepasêtrelaseuleàresteràlatable.Etpuis,mêmeTravisestavecnous.Cequim’estinsupportable.

Non pas que sa présence m’indispose, au contraire. Mais de le voir si rayonnant, dansantmerveilleusementbiensurlerythmeeffrénédeDavidGuettasanspouvoirmerapprocherdeluipourl’embrasseràpleinebouchecommejeledésireesttrèsfrustrant.

D’ailleurs,quelquesfillesontremarquélebeaugossequ’estmonamant.Ellessesontapprochéesetsedéhanchentinlassablementtoutprèsdelui.

Jesuisagréablementsurprisequ’ilneleuradressemêmepasunseulregard.Iln’ad’yeuxquepourmoi,ets’ilcontinuedemedévorerainsid’unregardenivrant,jevaisfinirparfaireunebêtise.

Quelques minutes plus tard, la mélodie endiablée s’estompe peu à peu. La musique est viteremplacéeparunemusiquemoinsrythmée,maisJaredrefusequenousquittionslapiste.

Onesticipourdanser,lesgars!

NinaetCamillerientàgorgedéployée.Cesoir,elless’amusentauxblaguesquelesgarçonsleurmurmurentàl’oreille.

Jem’aperçoisainsidurapprochement inévitablequis’opèreentreNinaetCalvin.Ilssontbeaux,touslesdeux.Ilnefautpasêtrestupidepourcomprendrequ’ilsseretiennentdetomberdanslesbrasl’undel’autre.

Entoutcas,jeleursouhaitedesetrouver,contrairementàNinaquinepensequ’àm’éloignerdeceluique j’aime.Toutefois, ellen’apas réitéré, àproprementparler, ses intentionsoralesdenousséparer.

Cequiestungrandsoulagement.

Bien que, jeme demande ce qui s’est passé entre Travis et elle, ils semblent plus éloignés quejamais.J’espèrejustequ’unefoisquej’auraiparléavecAarontoutelatensionentrenouss’apaiseraenfin.

Aaron…

Cesoir,ilestenformeetsembleprendreduplaisiràdanseravecnous.Unlargesourireestplaquésur ses lèvres tandis qu’il bouscule gentiment, d’un coup de bras, Camille qui écarquille les yeuxavantdesevenger.

Je ne peux pasm’empêcher de retenir le rire qui s’échappe dema gorge. Elle a failli le fairetomber,maisCalvin,enbonami,l’aretenuavantqu’ilnes’écrouleaumilieudesdanseursdéchaînés.

Plustard,lebesoindesoufflernousaccaparetous.Nousnousretrouvonsàlatableettrinquonsànotreamitiéautourd’uncocktail.Lemiennecontientpasd’alcool.Jen’aipasoubliélepactequej’aipasséavecmonpetitami.Jeluidoisbiencela,carj’ail’intentiondeluiparlerdemainmatin,avantqu’ilneserendepourl’après-midiaucolloqueorganisépardegrandschirurgiens.

Jepousseunfaiblesoupiretlèvelesyeuxverslapistelorsquelamusiquechangebrutalement.Unslowestdiffuséparleshaut-parleurs,maistrèsvite,l’ambiancesecharged’électricitélorsquemonregardtombedansceluideTravis.

Nousn’avonspasbesoindeparlerouvertementdudésirquinoussubmergeàcetteseconde.Toutcommelui,jerêvedeletoucher,del’embrasser.

Soudain,unbruitincongrus’échappedelagorgedeCamille.Gênée,elleplaqueunemainsurseslèvrestandisquenousrions,amusésqu’ellesoitprised’unecrisedehoquets.

Enbonsamaritain,Aaronluiproposedemangerquelquechose.Illuitendundesbiscuitsapéritifsque nous avons commandés à notre arrivée. Sceptique, elle le prend après quelques secondesd’hésitationetlemange.

Siçanepassepas,tudevrasboireungrandverred’eau,luiconseilleAaron.

Jeperçois le soupirde lassitudedeTravis. Je le regardeet surprends l’agacement traversant lestraitsde sonvisage.Là, je remarquequesa sœur le fixedroitdans lesyeux,visiblementgênéedes’apercevoirqu’effectivementAaronfaitunpiètrepetitami.

Cependant,jenepeuxpasluienvouloir.C’estmoilaresponsablequidétruiranotrecouple.C’estmoiquil’aitrompéetjeneleregrettepas.

Loindelà.

Aaronsemblesoudainementagacé.Jeconstatequ’ilareçuunappel,ilfixel’écrandesonportableavecennui.Quandjemepenchepourvoirquil’appelleàcetteheure-ci,iléloignesonmobileetselèved’unbond.

Désolé,jereviens.

C’estqui?luidemandé-je,surpriseparl’airabattuqu’ilafficheàcetinstant.

Ilnemerépondpasetpassederrièremachaiseenposantlesmainssurmesépaules.Jelesenssepencherversmoipourmemurmureràl’oreille.

Jedoispasseruncoupdefil,jeteretrouvedansdixminutes,mapuce.

D’accord,dis-je, incapabledequitter lesyeuxdeTravisdont le regardnoirdecolèreseporteversAaron.

Bon,jesaisqu’iln’estpastrèscontentquanduncontactphysiqueentreAaronetmoialieu,maisiln’apasbesoindel’assassinerainsiduregard.

Je tourne la tête,m’assurant qu’Aaron s’est éloigné.Une fois rassurée, je cherche l’attention deTravisquandCalvinetJaredselèventd’unboncommun.

Allez,onyretourne!s’exclame-t-il.

C’estunslow!grogneTravis.

Etalors?demandeJaredentendantunemainversCamille.

J’esquisseunsourirequandelleaccepte,desétoilesdanslesyeux.Ellen’apaseubesoindeboireungrandverred’eau,sacriseestpassée.

Tum’accordescettedanse?entends-jeproposerCalvinàl’adressedeNina.

Celle-ciaccepteaussitôtenfermantlesdoigtsautourdesamain.

J’esquisseunfaiblesourire.

Qu’est-cequet’attends,Trav’?InviteSarahàdanser!

Je déglutis péniblement au regard réprobateur que pose Nina sur son partenaire. Cependant, ilsemblevouloirl’ignoreretl’attireverslapistededanseoùJaredetCamillesontdéjàenlacés.

Seuleàseul,Travismeregardeamoureusement,esquissantunfaiblesourirederavissement.Puis,il se lève et tend la main vers moi. Je m’empresse de retrouver la douce chaleur de sa peau etentrecroisemesdoigtsautourdessiens.

Travism’emmène au bout de la piste, loin des autres,mais je peux voir queNina et Calvin sedisputentavantquemavisionsoitobstruéepardenouveauxcouples.

EtquandTravism’enlaceavectendresse,j’oublietout.Moncorpssecollecontrelesienetjeposemonfrontcontresonépauletandisqu’ilmeserrecontrelui.

J’aienviedetekidnapper,bébé.

Lesourireauxlèvres,jelèvelatêteetplongemonregarddanslesien.Jemelèvesurlapointedes

piedspourluisusurreràl’oreille:

Encoreunpeudepatience.JevaisparleràAarondemainavantqu’ilneparteaucolloque.Jenepeuxpasattendrepourlefaireàl’aéroport,justeavantsondépart.

Jesenssesdoigtssepressersurmeshanches.Jereposelestalonssurlesoletplongemonregarddanslesien.

Ilhochelatête,remarquantquej’attendaisqu’ilmedisequelquechose.Nousnoussourionsetnousnousenlaçonsànouveauplusfermementencore,commesinousavionspeur,l’unetl’autre,d’êtreséparéstropvite.

Lorsquelamusiques’arrêtepourpasseràunrythmeeffréné,nousétouffonsunrire.Nousn’avonspasbesoindenousdireleschoses.Nousavionsenviedenousembrassertoutaulongdeceslowqui,ànosyeux,s’estdéroulébientropvite.

Plustarddanslasoirée,c’estAaronquim’inviteàdanserunslow.Jenepeuxrefuser,mêmesijesouhaiteraisquecesoitTravisquim’enlaceaussiamoureusement.

Jenesuispasàl’aiseaveclafaçondontilmènelacadencedenotredanse.Sonvisageestbientropprèsdumien…soncorpstropcollécontrelemien.

Jen’osepas jeteruncoupd’œilvers la tableoùTravisest restéassis,unwhiskysecà lamain.Heureusement,Calvinvients’asseoiràsoncôtéetilcessedenousfixerd’unregardnoir.

Çava?

JereprendsmesespritsetregardeAarond’unairinterrogateur.

Oui,pourquoi?

Ilhausselesépaules.

Jenesaispastrop,tusemblesailleurs.

Non,çava,dis-jeenplaquantunsemblantdesouriresurmeslèvres.

Ilneparaîtpasconvaincuparmaréponse,maisn’insistepasdavantage.

Ilfautquejeluiparleavantqu’iltentedem’embrasser,carjedistingueclairementsondésirdanssesyeux.

C’étaitquiquetuasjointautéléphone?

Oh…c’étaitsansimportance,tusais.

Tu es resté plus d’une demi-heure au téléphone, pourtant, insisté-je, plissant le regard à sonprofondmal-être.

C’était…Janice.Ellemeposaitdesquestionssurtoi,poursavoircommenttuallais,c’esttout!sejustifie-t-il,visiblementagacé.

Ah…et,elleracontequoid’autre?

Riendespécial.Concentre-toisurnotredanse,mapuce.

Je n’y suis pas arrivée dès le début, alors, de comprendre qu’il me cache quelque chosed’importantn’arrangerapasmaconcentration.

Heureusementpourlui,lamusiques’étouffedansleshaut-parleurspouranimerlapistededansesur un air espagnol. Aaron tente dem’attraper les mains pour continuer à danser, mais je refusepoliment.

Jedoisallerauxtoilettes.

Il fait un geste de désinvolture de lamain, ce quime blesse profondément, et rejoint Jared quibougedefaçonimpressionnantedubassin.

Je m’éclipse aux toilettes des dames d’un pas rapide et reste enfermée à l’intérieur pendant delonguesminutes.Quandjerejoinslatable,jeconstatequeTravisesttoujourscontrariéparladansequej’aipartagéeavecAaron.

D’ailleurs,celui-cinesemblepass’êtreaperçudemonretour.Ilarboreunlargesourire,lesyeuxbrillants,braquéssurleSMSqu’ilvientderecevoir.

Lesdoutesquejenourrissontplusforts.Jel’observeetplisselesyeuxtandisqu’ils’empressederépondreaumessage.

Trav’?

L’appeldeCalvinm’interpelle.Jemeconcentresurlui,ils’estpenchéversTravisetluiproposedel’accompagner à l’extérieur pour respirer l’air frais. Il accepte. Il me lance un dernier regard ets’éloigneavecsonmeilleurami…moncomplice.

J’aimeraismejoindreàeux,maisnoussavonsquejenepeuxpasfairecela.

Pasmaintenant.

Demain,peut-êtrequelasituationchangera,dumoins,jel’espère.

CHAPITRE30

*Travis*

Lasoiréedelaveillealaissédestraces.J’aiunmalfouàlatête,maisjemelèvetoutdemême,presséqueSarahenfinisseavecmonsieurMinet.

HeureusementqueCalvinétaitlàpourmeretenir.J’aienvisagéplusieursfoisd’échafauderunplanpourletuer,maisj’aipréféréjouerlaprudence,accompagnantalorsmonpoteàl’extérieur.

Quandnoussommesrevenus,nousavonsdécidéderentrer.Ilétaittemps,jen’enpouvaisplusdevoirl’autreconnardroucouleravecquelqu’und’autreparmessages.

Lepire,c’estquejesuissûrqueSarahacaptésonpetitjeu.Après,jemedisqueçatomberaitbiens’ilcouchaitavecquelqu’un,ilprendraitmoinsmallefaitqueSarahveuillerompre.

Etpuis,pourêtrehonnête,jen’enairienàbranlerqu’ilsoitmaloupas.J’aiconfianceenSarah,comme elle me l’a demandé, et dès qu’il partira d’ici, j’ai bien l’intention de l’aimer sans nouscacher.Sicelaposeunproblèmeàquelqu’un,alorsnouspartirons.

Dansma tête, tout est clair. J’aimeplusque tout cette fillequiestparvenueàme faireperdre laraison,àromprelesbarrièresquejem’étaisimposéesetàbriserlaseulerèglequejem’étaisfixée:celledenejamaistomberamoureux.

Ausalon,j’aperçoisJaredetCamillequis’éloignentl’undel’autreàmonarrivée.

Jepouffe,amusédelagênequejedistinguesurleursvisages.

Çava?

Euh…ouais,ettoi?

Jehochelatêteensigned’acquiescement.

Lesautressontencoreentraindedormir?

Non,ilssontlevésdepuisunmoment.SarahetAaronsontentraindediscutersurlaterrasseavecCalvin.

Ah…

Merde!

J’espère secrètement qu’elle a eu le temps de rompre avec cet abruti avant que Calvin les aitrejoints.

Ninaestpartiechercherdesviennoiseries.Ellenedevraitplustarder.

Super!lancé-je,m’empressantdemerendreàlacuisineafindejeterunœilverslaterrasse.

Soudain,jem’arrêteettrouveCalvindanslapièce.

Çava?Tuasl’airsurprisdemevoir,disdonc!

Euh…Jaredm’aditquetuétaisavecSarahetl’autre.

Ouais,j’yétais,maisj’aipréféréleslaisserseulsvulatensionquirègneentreeux.

Commentça?demandé-je,trèsintéressé.

Ilhausselesépaulesavantdem’expliquerqu’ilasurprislaconversationdeSarah,disantàAaronqu’ellen’envisageaitpluslemêmeavenirqu’autrefois.Toutcequemonamimerapportemedonneun grand espoir pour que ce couple soit cassé avantmême que je ne puisse pousser un soupir desoulagement.

Jesuisdésoléquetasœursoitsibutéevousconcernant,toietSarah.

Ouais,moiaussi.

Tu l’aimes vraiment ? Parce que si c’est un coup comme ça et que tu n’es pas sûr de tessentiments,nousauronsunsoucisupplémentaireàgérer.

Commentça?

Trav’…cetterègledanslescontrats,jecomptelarayerdéfinitivement.

J’écarquille les yeux, surpris de cette décision. Puis, les doutes montent en moi tel un serpentvenimeux.

Qu’est-cequit’afaitchangerd’avis?luidemandé-je.

Jenesaispastrop…enfait,ta…

Lepetit-déjeunerestarrivé!lancelavoixdeNinaavantquelaportenes’ouvresurelle.

Àmavue,sonsourirerayonnants’évanouit.JeplisseleregardetportemonattentionversCalvinquisemblemalàl’aise.

Non,cen’estpaspossible!murmuré-jeensecouantlatête.

Leregardinsistant,jetentedecomprendremonamiquisembleplusquemalàl’aiseenlaprésencedemasœurdanslapièce.

Je… j’ai du mal à te suivre, Calv’, avoué-je Explique-moi, lui ordonné-je, m’installantlourdementsurlachaise.

Ninaintervient.

Qu’est-cequisepasse?

Riendutout,clameCalvinenm’adressantunregardappuyé.

Surpris,jepasseunemainnerveusedansmescheveuxébouriffésetcomprendsquemasœurn’estpasaucourantdesadécisionet,surtout,qu’ilneveutpasquejevendelamèche.

Alors, jen’ajoute riend’autre. JaredetCamillenous rejoignentautourde la table.Peude tempsaprès,SarahetAaronviennents’installeravecnouspourlepetit-déjeuner.

Riendanslestraitsd’Aaronnelaissesupposerqu’ilsviennentderompre.

Toutefois,jelisunecertainecolèredanslesyeuxdemabelle.Jemeposeuntasdequestions,maisn’enposeaucuneàvoixhaute.J’attendsdelonguesminutesquenousayonsterminédemangeretquelapiècesevidepeuàpeu.

Bientôt,nousnousretrouvonsseulsSarahetmoi.

Jeluidemandeaussitôt:

Alors,vousavezrompu?

Elle se lève et se dirige vers l’évier pour y poser sa tasse.Mon cœurmanque un battement. Jeredoutequecenesoitpaslecas,qu’elleaitchangéd’avisàladernièreminuteetqu’ellereparteaveclui.

Non,c’estimpossible.

Jeme lève, constatant qu’elle ne bouge pas d’un pouce.Derrière elle, je pose délicatement unemainsursonépauleetmurmuresonprénom:

Sarah?

Ilaquelqu’und’autre.

Quoi?m’exclamé-je,souslechoc.

Sarahseretourneetmedévisage,deslarmespleinlesyeux.

Tuastrèsbienentendu.Ilrefusedemedirequic’est,maisilaeuuneaventure.

Tut’enfiches,non?Leprincipal,c’estquetusoislibreet…

Jenesaispas!

Cesquatremotsricochentviolemmentsurmoncœurmeurtri.

Je…necomprendspas.

J’essaiedesavoirquiestcettefille.Jesuissûrequec’estJanice,mameilleureamie,etilnel’apasnié.Ilm’ajusteditqu’ilétaitdésoléetquenousenreparlerionsplustard.

Tuplaisantes?grogné-je.Bébé,tum’asditquetum’aimais.Laisse-lepartir,laprié-je,prenantsonvisageentremesmains.

Oui, je t’aime, Travis.MaisAaron n’est pas honnête et c’est encoremoi qui passerai pour lamauvaisefilleauxyeuxdemonpère.Tunepeuxpascomprendre,medit-elle,laissantunelarmederages’échapperdesapaupière.

Jecomprends,biensûrquesi.Qu’est-cequetuveux,aujuste,Sarah?

Elledéglutit,fixantmesyeuxpendantquelquessecondesavantd’esquisserunsourire.Cequimesoulageprofondément.

C’est toiquejeveux,Travis.Rienquetoi.Jeluidiraicesoirquec’est terminé,quejeneveuxpluslerevoir.

D’accord,murmuré-je,émuetsoulagéàlafois.J’aienviedet’embrasser.

Alors,fais-le.

Elle ne doit pas me le dire deux fois. Je pose mes lèvres sur les siennes et l’embrassepassionnément,oubliant,pendantun instant,qu’à chaque secondequelqu’unpourrait entrerdans lapièceetnoussurprendre.

Seulcemomentnousimporteetnousprofitonsl’undel’autre,liantnoslanguesdansuntourbillondesensationsinouïes.

***

*Sarah*

Endébutd’après-midi,latensionaugmenteentreAaronetmoi.Jenem’étaispastrompéesursoncompte,iln’estpasaussibienquemafamillelepensait,surtoutmonpère.

D’uncôté,jesuissatisfaitequececomportementprovoqueunchocénormeàmonpèrelorsqu’ill’apprendra.Etjecomptebienl’eninformeretallerchezmesparentspourleurprésenterl’hommequej’aime.

J’ail’impressionqueplusriennepeutm’atteindre.

Jemesensbien,etjemesentiraiencoremieuxlorsquej’auraibalancélesquatrevéritésàAaron,cesoir,lorsquejel’accompagneraiàl’aéroport.

Pourlemoment,ilestentraindesepréparerpoursasortieavecCamilleetJared.Ilm’aproposéànouveaudel’accompagner.J’aiencorerefusé,préférantrestericiavecmonamant.

D’ailleurs, une fois partis, jem’installe sur le canapé et pousse un long soupir de soulagement.NinamelanceunregardréprobateurquandCalvinintervientaussitôt.

Tuviensavecmoi?

Oùça?demande-t-ellesèchement.

Ondoitfaireleplein,lesautresveulentfaireunbarbecue,cesoir.

OK,répond-elleaprèsunmomentd’hésitation.

JesourisintérieurementàlaperspectivedemeretrouverseuleavecTravis.D’ailleurs,celui-cinesegênepaspourarborerunlargesouriresatisfait.

J’évitedeleregarderpournepaséclaterderireetattendsqueNinaetCalvinpartentpoursauterdanslesbrasdemonamant.

Oh,bébé,grogne-t-ilenm’embrassantavecfougue.

***

*Travis*

Jerenverselatêteenarrièretandisqu’ellesuçotelapeaufinedemoncou.Elleestàcalifourchonsurmoi,aussichaudequelabraise.Mondésiraugmente,ilestàsonmaximumtandisqu’ellepasselesdoigtssouslaceinturedemonjean.

Bonsang!

Jecaptureseslèvrespourétouffermongrognementdeplaisiralorsqu’elleagrippemonsexedanssamain.Cependant,notreplaisirredescendaussitôtlorsquequelqu’unfrappecontrelaporte.

Vivement,jerepousseSarahetgrogneunjuron.

Quiestl’enfoiréquiosevenirplomberl’ambiance.

Nousnousregardons,indéfinimentconvaincusquenousneseronsjamaistranquilles.

Laisse-moimedébarrasserdeça,lancé-jeenmelevant.

J’admire les joues rougesdemonamante tandis qu’elle se recoiffe rapidement d’ungeste de lamain.Jemedirigeverslaporte.J’aiàpeineletempsdel’ouvrirqu’onmesauteaucou.

Merde…

BabyBlack.

Elleestenpleurs,dansmesbras.jerépondsaussitôtàsonétreinteetluidemande:

Qu’est-cequisepasse?Quelqu’unt’afaitdumal?

Ellesecouelatêteetsereculequelquepeupourmeregarderdroitdanslesyeux.

J’aibesoindetoi,Travis.Ilfautquetuviennesavantqu’illetue.

Quoi?Quivatuerqui?laquestionné-je,troubléparcequ’elleraconte.

Ivysemble sous lechoc, j’essaiede la rassurerenprenant sonvisageentremesmains,oubliantmêmeSarahquinousobservesansbroncher.

Regarde-moi!luiordonné-je.Raconte-moitout.

Monpère…onsaitquim’afaitçaetilestpartileretrouver.J’aivuquesonarmen’estplusàsaplaceet…

Merde,soufflé-je,prenantconsciencedelagravitédelasituation.OK…attends-moilà,d’accord.

Ellehochelatêteetrenifleavantd’essuyerseslarmes.J’entredanslesalonetmerendscomptedel’étatdecolèredeSarah.

Bébé,jedoisfiler,jen’aipasletempsdet’expliquer,maisje…

Iln’yarienàexpliquer!gronde-t-elle,repoussantlamainquejetendsverselle.

Cen’estpascequetucrois.Jevaisrevenir,d’accord?

Ellesecouelatêteetmefoudroied’unregardquimebouleverseauplushautpoint.

Jet’aime,Sarah.

Pourtouteréponse,ellefaitvolte-faceetpartd’unpasrapideversl’escalierqu’ellemontesansseretourneruneseulefois.

Merde!

Travis?

Jefermelespaupières,lecœurdouloureuxdelaisserSarahsansexplication,maislasituationesturgente.Alors,j’attrapemesclésetrejoinsBabyBlackdansl’entrée.

***

*Nina*

Jen’enrevienspasqu’ilsoitducôtédeTravis.Depuisnotredépartduloft,j’aiconfiéàCalvinladernièredisputequenousavonseue,etilpensequemonfrèrearaison.

Jen’enrevienspas!

Tusaispourtantcommentilest,bonsang!grogné-je,espérantluifaireentendreraison.

Ilestvraimentamoureuxd’elle,Nina!merépond-ilsansquitterlarouteduregard.

Jepousseunsoupird’agacementetcroiselesbrassousmapoitrine,vexée.Jedoisressembleràunegaminequiboude,maisjem’enfiche,c’estlecas.

S’ilteplaît,essaiedeprendreletempsdelesobserveretnousverronsbiencequisepassera.Situasraisonounon.

Sionattendpluslongtemps,tusaiscommentçavafinir?

Ilhausselesépaulesetmejetteuncoupd’œildiscretavantdesoupirerdelassitude.

NousdevronsramasserSarahàlapetitecuillèreetjelerefuse.Avec…non,jenepeuxpas.

Ilachangé,mapuce,murmure-t-ilens’arrêtantaufeu.

Jesecouelatête,refusantdelecroire.

Travisa toujoursaimélesfilles, ilnesecontenterajamaisd’uneseule.Peut-êtrequeçadureraquelquesjours,quelquessemaines,jen’ensaisrien,maisilfiniraparfaireuneerreur.

Alors,qu’est-cequetuveuxfaire?Laisse-levivreetassumers’ilcommetunefaute!

Non…

Qu’est-cequetuasentête?medemande-t-ild’untonsec.

Gênée,jebatsdescilsetprendsunegrandeinspirationavantdeluidire:

Demande-luidepartir.

Quoi?

Jesursauteaubruitdupoingqu’ilvientd’abattresurlevolant.Sidéréedelevoirautantencolèrepourlapremièrefois,jenelaramènepas.

C’estlaseulesolution,luidis-jed’untonplusdoux.

Jeneferaipasça!C’estmonmeilleurami, jetiensàlui,Nina,m’avoue-t-ilenredémarrantlavoiture.Jeleconsidèrecommemonfrèreet…

Là,toutm’échappe…

J’ai juste le temps d’entendre un hurlement jaillir de ma gorge en voyant du coin de l’œil lecamionveniràunevitessefollesurlagauche.Puis,jesensunegrossesecoussequimefaitperdreconnaissancependantquelquessecondes...

Quand j’ouvre les paupières difficilement, une odeur incommodante de brûlé me monte auxnarines. J’ai envie de vomir, ma tête me fait un mal fou. J’essaie de concentrer mon regard surCalvin,maisj’aibeaucoupdemalàretrouverunevuenormale.

Puis,jelevois.

Enfin…

Calvin,l’amourdemavieestpenchéversl’avant.

Jemeforceàgarderlesyeuxouverts.Cependant,ladouleurlancinantequej’éprouvedanstoutlecorpsnerendpaslachoseaisée.

Toutefois,j’yparviens.

Là,moncœurcessedebattre…

Descrisdeterreurs’échappentdemagorge,horrifiéeàlavuedeceluiquej’aimeplusquetoutaumonde,immobile,lesyeuxgrandsouvertsd’effroi…sansvie.

Àsuivre…

**

*

ÀDécouvrirégalement,lepremiertomedelanouvelletrilogied’AngieL.Deryckere:

RUSS.H

Extrait:

CHAPITRE1

Salut,jem’appelleJoyceMcDonweletjevisàDétroitdepuisdeuxmois.

Purmensonge!

Jegrimaçaiettapaidupiedtoutenfixantmonrefletdanslegrandmiroirdemachambre.Jen’yarriveraijamais,medis-jeensoupirantdelassitude.

Celafaisaitdéjàplusdedixminutesquejem’entraînaispourmonentréeàl’universitédeMartius.Jesavaispertinemmentquejenepasseraispasàcôtédesprésentationsd’usageentantquenouvelle–surtoutà troissemainesdesvacancesscolaires–devantdespairesd’yeuxquimescruteraientavecironie.

Cela me fichait bien sûr la trouille, surtout que ma présentation serait basée sur un tas demensonges,toutcommecequejesuis…unesupercheriepourmegarderenviequemononcleavaitmiseaupointdepuismesdixans.

Cependant,jen’avaispaslechoixdecontinuerainsi.Onvenaitdemefournirmadeuxièmefausseidentitéetc’était inconcevablepourmoiderévéleràquiconquequi j’étaisvraiment.CommeoncleClidedisaittoujours,sijamaisquelqu’unvenaitàapprendrequij’étais,jeseraissousterredanslesprochainesquarante-huitheures.

Irritéequemoncerveaumerappellesubitementlascènequiavaitbouleversémavieàjamais,mesépaulessevoûtèrenttelleunefemmeâgéeenmaldevivreetmonvisageblêmitdeplusbelle.

Jedétestais repenser aupassé,maismaconscience se faisait unmalinplaisir deme rappeler enbouclelejouroùmonpèrefutassassinésousmesyeux.Jen’avaisquedixans.

Frustrée de ne pas parvenir à évacuer ces images douloureuses demon esprit, jeme redressaivivementetmedirigeaiverslacuisine.Lapièceétaitétroite,maislasuperficiedemonpetitstudiom’importait peu. Je me contentais du minimum depuis que j’avais pris la décision de quitterPhiladelphiaenPennsylvanieoùmononclem’avaitcachéedepuisdixannées.

C’étaitàcemoment-làqu’onm’avaitdonnémanouvelleidentité:JoyceMcDonwel.Jen’étaisplusLizCampbelldePhiladelphia,quantàcelleque j’étais avant tout cedrame,AnushkaPétrovia, elleétaitbeletbienmorteàMoscou,enRussie,monpaysd’origine.

Jevidaid’untraitl’eauquejevenaisdemeserviretposaileverredansunclaquementsecsurleplandetravailridiculementpetit.Jen’avaisplusuneminute,ilfallaitquejemerendedanslebureaududirecteuruniversitaire.Alors,jemeruaidanslepetitcorridoretattrapaimavestequejeposaisurmondosdansdesgestesrapidesetquittaimondomicileenpassantmonsacàbandoulièreautourducou.

L’immeublenepossédaitpasd’ascenseur et j’entamaimadescentepar l’escalierde secoursafind’éviterlepropriétairedeslieux:GrahamStencil.

Jeluidevaisunmoisdeloyer,etjen’avaispaseuletempsd’appelermononclepourluisoutirerlestroiscentsdollarsmensuels.

Unefoisparvenuedanslaruelle,jepressailepas,espérantpouvoirsauterdanslebusàtempspourmerendresur lecampus.Heureusement, lachancefutavecmoi.Arrivéeaucoinde la ruedemonimmeuble, le bus était encore à l’arrêt, j’eus le temps d’y grimper. Je remerciai d’un sourire lafemme chargée de paquets qui avait pris plus de cinq minutes à monter dans l’autobus, traînantderrièreelledeuxgaminsagités.

Assise au fond du bus, j’en profitai pour regarder le nom des rues par lesquelles passait le

conducteur.MadisonSt.m’inspirait.Larueétaitlongueettoutenlargeur,desimmeublesdeluxesedressaientsurlagauche.Quandnousnousarrêtâmesaufeutricolore,mesyeuxs’agrandirentdevantunepâtisserieappeléePierreHermé.

La devanture étaitmagique avec toutes ces différentes pâtisseries de couleurs harmonieuses quiéveillèrentmespapilles.Jemepromisd’yfaireuntourtrèsvite.Letrajetjusqu’aucampusMartiusnefutpasaussilongquejeleredoutais.

Quelquesminutesplustard,j’entraidanslehalld’administrationetdemandaiàunebrunetteassisederrièreunimmensecomptoiroùsetrouvaitlebureaududirecteur.Ellemedemandamonnom.

Liz…pardon.J’airendez-vousaveclui,JoyceMcDonwel,meprésentai-je,pestantintérieurementdemonerreur.

Erreurquejenedevraispluscommettre.

La secrétaireme lorgna par-dessus ses verres et hocha la tête avant de vérifier l’agendade sonsupérieur.

Ilvousattend.Aufondducouloir,troisièmeporteàdroite,m’indiqua-t-ellesansunsourire.

Jelaremerciaiavantdedisparaîtredesonchampdevisionaussivitequejelepus.Arrivéedevantla porte du directeur, je jetai un regard circulaire autour de moi et poussai un long soupir desoulagement,personneenvue.J’hésitaiencoreuninstantetfrappaiunlégercoupsurlebattant.Unevoixgraveetautoritairem’invitaàentrer.Jeprisunedernière inspirationet redressai la têteavantd’ouvrir.

Bonjour,jesuisJoyceMcDonwel.Vousm’avezdonné…

Oui,entrez,jevousprie,mademoiselle.

J’acquiesçaietm’avançaid’unpasassuréverslebureau,l’hommeselevaetmetenditlamain.Jel’acceptaivolontiersenesquissantunfaiblesourire.

Enchantédefairevotreconnaissance.Votreonclem’abeaucoupparlédevous.

Très bien, ça m’évitera donc de le faire moi-même, murmurai-je en m’empourprant aussitôtlorsqu’ilfronçalessourcils.

Installez-vous,jevousprie.

J’obtempéraietposailesfessessurlefauteuildecuirenfacedusien.Ilouvritundossieràmonnometl’analysapendantquelquesinstants.

VousvenezdoncdeChicagoetvousavezsuividescoursàdomicileduranttoutevotrescolarité.

Non,jeviensdePennsylvanie,maisvousnedevezpaslesavoir,eus-jeenviedelecontredire.

C’estexact.

Bien,lâcha-t-ilenrefermantmondossier.

Il levalesyeuxverslesmienset j’eus,pendantuninstant,enviedemefondresousterrefaceauregardinterrogateurqu’ilposadanslemien.

Vousallezavoirvingtetunans,n’est-cepas?

Encoreexact,répondis-je.

D’après les informations que votre oncle m’a données, vous n’avez jamais fréquenté d’écolejusqu’à aujourd’hui, j’aimerais comprendre les raisons pour lesquelles vous voulez entrer àl’université.

J’ai…besoindechangerdevie,c’estunnouveaudépartet j’aimeraisvivreenfincommeje leveuxet…suivredescourscommedesgensnormauxfaitpartiedecequejesouhaitefaire.

Ilmeconsidérad’unœilsuspicieux,puisunlargesourirevints’installersurseslèvres.Soulagée,jesoupirai.

Trèsbonneréponse,Joyce.Jememordislajoue,troubléeparleregarddudirecteurdescendantsurmoi.

Sans doute encore un pervers comme mon propriétaire. Je les collectionnais, c’était vraimentagaçant…

Bon,vousavezchoisidesuivrevosétudesdansl’artdeslettres,c’estexact?

Jehochailatêtepourconfirmer.

Vouscommencerezdoncdemainmatinàdixheures.Jevaisvousdonnercettefeuillequevousremettrez àma secrétaire en partant,me dit-il en griffonnant quelque chose sur le document. Ellevousdonneravotreplanningàvotrearrivéedemain.

Trèsbien,dis-jeenprenantlafeuillequ’ilmetendait.

Jemelevaietleremerciaiavantdemetournerpouravancerverslaporte.

Mademoiselle?Jem’arrêtaietlançaiunregardpar-dessusmonépaule. Oui?

BienvenueàMartius,j’espèresincèrementquecetteuniversitévousplaira.Sivousavezunsoucioudesquestions,n’hésitezpasàvenirmevoir.

C’est très aimableàvous.Mercibeaucoup. Ilhocha la tête en souriant,visiblement ravidecetentretien.

Aurevoir,Joyce.

Aurevoir,monsieurledirecteur.

Surce,j’ouvrislaporteetsortisdubureauavantdem’adossercontrelemur.J’expirail’airbrûlantdemacagethoraciqueetmefélicitaidenepasavoirgaffé.Avantdepartir,jedonnaicommeconvenuledocumentàlasecrétaireet,unefoisàl’extérieur,jelâchaiunpetitriretoutenregardantcequisepassaitautourdemoi.

Le parking, désert àmon arrivée, se remplissait à vue d’œil. Jem’avançai vers un banc etm’yinstallaiquandunevieilleCamarorougeoùdeuxaffreusesgrossesbandesnoiresbarraientlecapotfit son apparition sur le parking des étudiants. Le véhicule pétarada tandis que la conductricegrimaçaitd’appréhension.Ellesegaraprèsdu lieuoù jeme trouvaisetcoupa lemoteur.Aussitôt,unefuméebleutéeapparutdevantlepare-brise.Jeretinsunriremoqueurlorsquedeuxjeunesfemmessortirentduvéhiculeentoussantetenbattantl’airdesmains.

Mauditevoiture!crachalapassagère.

Jefixailascènedemonbancetcroisailesjambes,jemedoutaisquej’allaisassisteràunecrisedecolèredelapartdelapropriétaire.Elledonnauncoupdepiedsurlepneuetposalespoingssurseshanchesavantdehurleràl’adressedesonamie:

Mauditevoiture!Jetesignalequ’elletesertautantqu’àmoi,pauvreidiote!

Tuauraisdûécoutertonpère!Cettecaisseestbonnepourlacasse!

Lagrandebrunesecoua la têteetcrachaquelquechoseque jenepusentendre.Jenedoutaispasqu’ils’agissaitd’uneinjure,àvoirlatêtedelapetiterouquine!Jesouris,évitantd’éclaterderireàlavuedecesfillesfuribondesquin’hésitèrentpasunesecondeàleverletroisièmedoigtendirectiond’ungroupedegarçonsquisefichaientd’elles.

D’ailleurs,l’und’euxapprochaetentamaladiscussionaveclabrune.Celle-cisemblaquelquepeuperturbéeparlabonneintentiondecegarçonquiluidemandad’ouvrirlecapot.Jesecouailatêteetsoupiraidelassitudeaumomentoùmonregardcroisaceluidelarouquine.Ellemesaluabrièvementd’unsignedelatêteetvintversmoi.

Merde!Prépare-toi!

Salut!

Salut,répondis-jeenesquissantunfaiblesourire.

Tuesnouvelle?Jenet’aijamaisvueici.

Oui…jecommencelescoursdemain.

Génial!s’exclama-t-elleenmetendantlamain.

Jelaconsidéraiuninstantetmemisàdéglutirpéniblement,nesachantpasvraimentquoifaire.

Jem’appelleJessica,seprésenta-t-elle.

Jeplissailesyeuxetmeconcentraidavantagesurcequej’allaisdire.J’acceptaisamaintendueetrépondis:

Moic’estJoyce,JoyceMcDonwel.

Enchantée, dit-elle en m’offrant un large sourire. Elle, c’est Jenna Cooper, nous sommescousines,jesuisuneCooper,moiaussi.

Ah…super.

Ouais,sionveut,clama-t-elleenriantdeboncœur.

Jel’observaietmedemandaipourquellesraisonsellesemoquaitainsi.Cependant,jen’euspasletempsdem’étendredavantagesurmespenséesquemontéléphonevibradanslapochedemonjean.

Mince…ilfautquej’yaille,vraimentenchantéed’avoirfaittaconnaissance.

Moiaussi,onseverrasansdoutedemain?

Oui,pasdesouci.Àplus!lançai-jeenmeprécipitantverslasortieducampusetextirpantmoncellulairedemapoche.

Merde!grognai-jeendécouvrantquec’étaitmononclequitentaitdemejoindre.

Jepressailepasendirectiondel’arrêtdebusetobservailepanneaud’affichage.J’avaisunepetitedemi-heured’attente avant l’arrivéeduprochaincar. Jem’installai alors sous l’abri et jetaiunœilinquisiteur autour de moi. Satisfaite d’être seule, je composai le numéro de mon oncle sur letéléphoneetpatientaiquemoninterlocuteurdécroche.

AppelpourClideYale?

Jelevailesyeuxetrépondis:

Numéro46820JMD.

Nequittezpas.

J’attendisuneminute,voiredeux.Puislavoixfamilièredemononcle,aiguëetgraveàlafois,sefitentendre:

Machérie!J’attendaistonappeldepuiscinqjours!Toutvabien?

Jeroulaidesyeuxànouveauetrépondis:

Oui,toutvabien.Jemesuisfaitvirerdupetitjobquej’aicommencéilyaunesemaine,tusais?Figure-toiqueresterplantéedevant l’entréeavecuneénormetêtedepandan’estpasmontruc.J’aibesoind’argent.

Qu’as-tufait,cettefois?

Rien,cesalauddepatronaessayéde…laissetomber,dis-jeavantqu’ilnemetteseshommessurlecouppourluitrancherlagorge.J’enavaisassez,c’esttout.

Mm…grogna-t-il.Ilfautqu’onsevoie,machérie.Tuaurasbientôtvingtetunansetilesttempsquetusachesceàquoituasdroit.

Surprise,jefronçailessourcilsetdemandai:

Commentça?

L’héritagedetonpèreterevient,machérie.

Jeneveuxriendelui,tulesaisbien.

Dansmoinsdequinzejours,tuserasaussirichequejelesuis,mapetite.Necrachepassurcejolipactoleettoutcequivaavec.

Situpensesquejevaisreprendrelarelèvedesesactivités,nerêvepastrop,oncleClide.

Jeneparlepasdereprendreleflambeau,tusaisbienqu’unautres’enestchargé.

Alors,dequoiparles-tu?

Jetediraitoutlorsquenousnousverrons.Unchauffeurviendrateprendredemainsitues…

Non,lecoupai-je.J’aicoursdemain,jesuisàl’université,maintenant.

Jel’entendisgrognerunjuron.Jelevailesyeuxetsourisavantdeluiproposerunerencontrecesamedi matin. Il accepta et je coupai la communication en soupirant de lassitude, me demandantnéanmoinsàcombiensemontaitl’héritagedemondéfuntpère,leplusgrandmafieuxdeRussie.

Tomesprécédents:

Saison1Saison2

APROPOSDEL’AUTEUR:

Angie.L.DERYCKEREestnéele24janvier1978enFrance.Àdix-septans,etaprèsl’obtentiondeson diplôme de Secrétariat de comptabilité, elle arrête ses études de commerce pour des raisonspersonnelles.Àdix-huitans,ellesemarieetquatreenfantsnaissentdecetteunion.C’estàlasuitedudécès de sa mère qu’elle se plonge plus rigoureusement dans l’écriture. Ayant l’imaginationdébordanteetuneinspirationsansfin,elleavaitdéjàécritplusdedixhistoiresaussipassionnanteslesunesquelesautresavantd’êtrepubliéechezleséditionsSharonkena.

Aujourd’hui,aprèsplusd’unedizainederomanssortisenmoinsdetroisans,Angieseconcentredansl’écritured’unnouveauprojet,qui,espérons-le,sauratoucherseslecteurs.

SiteWebdel’auteur:http://angielderyckere.weebly.com

LesEditionsSharonKena

www.leseditionssharonkena.com

3ruedelasource-57340Morhange

dépôtlégal:octobre2016

N°ISBN:978-2-8191-0092-8

Photographiedecouverture:Fotolia

Illustrationdecouverture:ALD

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