Didactique Fondamentale 2008-2009 1

8/9/2019 Didactique Fondamentale 2008-2009 1

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Universit de Provence - Dpartement des sciences de lducation

Licence 2008-2009

UE SCEE2 : Thorie de lapprentissage et didactique pluridisciplinaire

Yves [email protected]

Didactique fondamentale

Notes & documents

Unit 1.Le didactique et la didactique

1.1. Un cadre commun

1.1.1. LUE Thorie de lapprentissage et didactique pluridisciplinaire a pour ambition depermettre de prendre contact avec les phnomnes didactiques et leur tude scientifique, etcela dans un certain nombre de domaines de ce que nous nommerons ici la didactique. Ilsagira en particulier les domaines suivants : didactique du franais / didactique desmathmatiques et des sciences au primaire / didactique de lducation physique et sportive(EPS) [ Aix seulement] / didactique du franais langue trangre (FLE) / didactique deslangues vivantes trangres (LVE) / didactique des sciences physiques / didactique dessciences sociales / didactique de la recherche dinformation sur Internet (RII).

a) Ce choix nest pas d au hasard, certes ; mais il aurait pu tre autre, cartant(provisoirement) telle discipline et incluant telle ou telle autre (dont linventaire est, sur lepapier, presque illimit : arts plastiques, gographie, histoire, philosophie, musique,technologie, etc.).

b) Le choix retenu cette anne inclut des disciplines propos desquelles les recherches endidactique ont t historiquement pionnires ou sont en tout cas parmi les plus anciennes :

ainsi en va-t-il notamment des mathmatiques et du franais ou encore de lEPS. Mais on ytrouvera aussi des disciplines qui, au sens scolaire de matire enseigne , nen sont pasencore vraiment et dont la didactique se trouve encore ltat naissant : ainsi en va-t-il parexemple de la didactique de la RII qui est elle-mme une partie de la didactique du Web.

c) Les dcoupages adopts dans le vaste continent de la didactique peuvent se rvlermouvants, voire, en certains cas, opportunistes. On ne stonnera donc pas de la prsence,dans la liste indique ci-dessus, dtiquettes renvoyant a priori de vastes complexesdisciplinaires, telle ltiquette LVE, qui pourrait dissimuler, par exemple, tout aussi bien

langlais que lallemand, lespagnol, litalien, le portugais, le nerlandais, pour ne citer quedes langues trangres officielles dans des pays gographiquement proches de la France ; ou


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encore ltiquette Sciences sociales , sous laquelle on pourrait loger aussi bienlethnologie, la sociologie, la psychologie ou lconomie, entre autres. En outre, chacune deces didactiques de se laisse scinder en didactiques plus finement diffrencies par leurobjet : la didactique de lEPS, par exemple, contient (ou peut contenir) une didactique de la

gymnastique, ou une didactique de la voile, etc. ; la didactique des mathmatiques contiendraune didactique de lalgbre, une didactique de la statistique, etc.

1.1.2. Le cours de didactique fondamentale a pour ambition de donner un cadre commun labord de ces diffrents domaines de la didactique. Alors que lUE Thorie delapprentissage et didactique pluridisciplinaire se droule sur 66 heures environ, le prsentcours en occupera environ le tiers.

1.1.3. Les Notes & documents prsents lors de chaque sance seront disponibles dans lesjours qui suivent sur mon site personnel, ladresse

http://yves.chevallard.free.fr/spip/spip/article.php3?id_article=136 .

1.2. Didactique : dabord, le mot

1.2.1. Pour aborder le mot de didactique, on examine ici ce quen dit leDictionnaire culturelen langue franaise (Rey et al., 2005).

1554DIDACTIQUE [didaktik] adj. et n. f. (1554 ; empr. au grec tardifdidaktikos propre instruire, relatif

lenseignement , de didaktos adj. verbal de didaskein enseigner , p.-. de la mme famille

indo-europenne que le latin docere docteur).

I Adj. 1 Qui vise instruire, qui a rapport lenseignement. Trait, ouvrage didactique. Volont,

souci didactique. pdagogique. [...] une sorte dexpos idologique prsent sous la forme

habituelle, dont lefficacit didactique sur les militants de toutes origines tait reconnue. (A.

Robbe-Grillet, Projet pour une rvolution New York). Un logiciel didactique (didacticiel). Le

discours didactique : type de discours qui transmet des structures de connaissance (oppos au

discours scientifique, qui les labore) dune manire neutre (oppos par ex. au discours polmique). Hist. Le genre didactique : genre littraire o lauteur sefforce dinstruire sous une forme

esthtique, potique. Pome didactique.

Voir ENSEIGNEMENT ; PDAGOGIE ; COLE

2 Mod. Qui appartient la langue des sciences et des techniques. Terme didactique, inusit dans la

langue courante (abrv. : didact., dans cet ouvrage). Psychan. Analyse didactique : analyse dune

personne qui se destine tre psychanalyste. N. f. Une didactique.

II N. f. Thorie et mthode de lenseignement. pdagogie.La didactique des langues.

1754

DIDACTIQUEMENT [didaktik()m] adv. (1754 ; dr. de didactique)


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Didact. Dune manire didactique.

v. 1860

DIDACTISME [didaktism] n. m. (v. 1860, Baudelaire, genre didactique ; dr. de didactique)

(Souvent pj.). Caractre didactique. Ah ! Pourquoi suis-je n dans un sicle de prose ! Catalogue

des produits. Carte de restaurant. Magister. Didactisme en posie et en peinture (Baudelaire,

Curiosits esthtiques, Notes).

1870

DIDACTICIEN, IENNE [didaktisjn, jn] n. (1870 enseignant ; dr. de didactique)

1 Spcialiste de la didactique.

2 (XXe s.) Psychan. Psychanalyste spcialis dans les analyses didactiques.

1979

DIDACTICIEL [didaktisjl] n. m. (1979 ; de didactique et logiciel)Inform. 1 Programme livr avec un logiciel pour permettre lutilisateur de se familiariser avec ses

fonctions.Didacticiel interactif.

2. Logiciel fonction pdagogique, destin lenseignement ou lapprentissage. Un didacticiel de

langue.

1.2.2. Il est essentiel de noter que le mot de didactique reflte une attention immmoriale untype particulier de situations sociales, celles quon appellera ici situations didactiques. Dunemanire gnrale, on posera ceci.

Une situation didactique est une situation sociale dans laquelle quelquun ou, plusgnralement, quelque instance (personne ou institution) envisage de faire (ou fait)quelque chose afin de faire que quelquun ou quelque instance apprenne quelque chose.

Dans la formulation prcdente, tous les mots sont importants. Dans la suite de ce cours, nousserons amens en laborer le sens de faon approfondie. On dira quune situation didactique(au sens indiqu ci-dessus) contient du didactique ; et on verra que, en un sens prciser, ladidactique est la science du didactique.

1.2.3. On aura not aussi que lemploi traditionnel de ladjectifdidactique dnote souventune attitude critique, pjorative, dprciative. La charge dprciative que porte le mot nestnullement une chose anecdotique : on verra au contraire quelle exprime un trait decivilisation prenne, ubiquitaire, qui va de pair avec la pjoration, voire le refoulement dudidactique.

1.2.4. On aura aussi not la relation du mot didactique avec le substantif pdagogie etladjectif pdagogique : nous reviendrons plus loin sur ces liens.


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1.3. Didactique : ensuite, la chose

1.3.1. On examine ici les premires lignes de larticle Didactique de lencyclopdieWikipdia, dans sa version du 23 aot 2008.

La didactique est ltude des questions poses par lenseignement et lacquisition des connaissances

dans les diffrentes disciplines scolaires. Se sont ainsi dveloppes depuis le dbut des annes 70,

des didactiques des mathmatiques, des sciences, du franais, des langues, de lEPS, etc.

La didactique se diffrencie de la pdagogie par le rle central des contenus disciplinaires et par sa

dimension pistmologique (la nature des connaissances enseigner).

1.3.2. La dfinition Wikipdia de la didactique ne fait rfrence quaux disciplinesscolaires : didactique des mathmatiques, du franais, de langlais, de lEPS, de lhistoire,

etc.

a) Il sagit l dune dfinition qui exprime, certes, un certain tat historique du champ desrecherches en didactique, mais qui est en vrit trop troitpourfonderlensemble des travauxen didactique.

b) Nous adopterons dans ce cours une dfinition beaucoup plus large, qui nous permettra deparler de la didactique dun systme de connaissances (expression provisoire) quel quilsoit, en particulier lorsque ce systme de connaissances nest pas (ou du moins pas encore)

une discipline scolaire (expression que nous examinerons aussi).

1.3.3. La dfinition Wikipdia de la didactique mentionne dabord la didactique (ausingulier), mais elle distingue ensuite des didactiques ( des mathmatiques, des sciences, dufranais, des langues, etc. ).

a) Lacceptation ou le rejet du singulier parler de didactique tout courta-t-il un sens ? estaujourdhui encore matire dbat entre les didacticiens. Dans le cadre de ce cours, noustrancherons demble ce dbat. Bien quon ne fasse jamais de la sociologie, de la physique oude lhistoire tout court, et quon nen fasse qu propos de certains objets dtude (sociologiedu corps, sociologie du droit, sociologie de lducation, etc. ; physique des matriaux,physique des particules, physique de la matire condense, etc. ; histoire de lart, histoire delesclavage, histoire contemporaine, etc.), on se rfre couramment la sociologie, laphysique, lhistoire, etc. De mme, bien quon ne fasse jamais de la didactique, tout court,mais toujours de la didactique de systmes de connaissances dtermins (didactique duchant choral, didactique de lalgbre lmentaire, didactique des soins infirmiers, etc.), onparlera ici de la didactique, tout court, tant bien entendu, toutefois, que cette dnominationappelle un dterminatif qui rponde la question : La didactique de quoi ? .

b) La prcision implicitement attendue la didactique de quoi ? peut varier fortement quandelle se fait explicite. Elle apparat bien souvent dtermine moins par des considrations


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scientifiques pures que par des contraintes institutionnelles qui, parfois, peuvent trenettement opportunistes. Ainsi est-il certain que, lorsquon prtend pratiquer la didactiquede propos dun domaine tendu, voire trs tendu, on reprend son compte, de facto, leprincipe mme qui justifie que lon parle de didactique tout court. Car, si lon dclare faire de

la didactique des sciences, par exemple, cest quon prtend travailler sur la diffusion decertains systmes de connaissances relevant des sciences (au sens classique : physique,chimie, biologie). Cela ne signifie nullement que lon travaille sur lensemble desproblmes relatifs la diffusion de toutsystme possible de connaissances scientifiques ,cest--dire appartenant aux sciences.

1.3.4. On examine maintenant la dfinition propose par Guy Brousseau dans son Glossairede quelques concepts de la thorie des situations didactiques en mathmatiques (2003).

Didactique des mathmatiques

Cest la science des conditions spcifiques de la diffusion des connaissances mathmatiques

ncessaires aux occupations des hommes (sens large). Elle soccupe (sens restreint) des conditions

o une institution dite enseignante tente (mandate au besoin par une autre institution) de

modifier les connaissances dune autre dite enseigne alors que cette dernire nest pas en

mesure de le faire de faon autonome et nen ressent pas ncessairement le besoin. Un projet

didactique est un projet social de faire approprier par un sujet ou par une institution un savoir

constitu ou en voie de constitution. Lenseignement comprend lensemble des actions qui cherchent

raliser ce projet didactique.

1.3.5. Cette dfinition concerne, formellement, la didactique des mathmatiques. Mais elle esten fait ddouble en une dfinition au sens large et une dfinition au sens restreint. Au senslarge, la formulation adopte fournit un patron de dfinition qui permet de dfinir ladidactique dun certain systme de connaissances ( cur ) en ces termes : Cest lascience des conditions spcifiques de la diffusion des connaissances ncessaires auxoccupations des hommes. Par exemple la didactique du droit tudiera les conditionsspcifiques [qualificatif sur lequel on va revenir] de la diffusion des connaissances de droitncessaires aux occupations des hommes .

a) La formule connaissances ncessaires aux occupations des hommes a une histoire :elle dmarque la formule employe par lintroducteur en Occident des nombres dcimaux, leNerlandais Simon Stevin (v. 1548-1620), qui publie en 1585 un opuscule intitul (ennerlandais) De Thiende, le dixime , que son auteur traduit en franais la mme annesous le titre deDme. Il en prsente le contenu comme enseignant facilement expedier parnombres entiers sans rompuz tous comptes se rencontrans aux affaires des Hommes , cest--dire permettant de se passer de la technologie des nombres fractionnaires (un rompu estune fraction : en espagnol et en portugais, on parle aussi de quebrado, en allemand, de

Bruchzahl, en nerlandais, de breuk, etc.), technologie pourvoyeuse de techniques fort

anciennes mais juges par Stevin (et par dautres) exagrment lourdes et pnibles : au lieu


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de calculer (par exemple) 15

+ 14

il est plus facile et plus rapide plus expdient de

calculer 0,2 + 0,25, somme qui vaut 0,45, tandis quon nobtient la premire que fortlaborieusement, par exemple ainsi :

15 + 14 = 420 + 520 = 920 (= 4,510 = 0,45).

b) Notons que le thme de lutilitdes connaissances, des savoirs, des savoir-faire solidairede la notion de raisons dtre dune connaissance, dun savoir, dun savoir-faire seracentral dans ce cours.

1.3.6. Au sens restreint, la dfinition propose par Guy Brousseau semble reprendre larduction au cadre scolaire assume par la dfinition Wikipdia de la didactique vueprcdemment. Mais les situations didactiques voques travers elle le sont dune manire

plus abstraite, et donc en partie libre des contraintes propres au cadre scolaire : on nyparle pas dun enseignant mais dune institution enseignante ; on ny parle pas dun lvemais dune institution enseigne , etc.

a) Rien nempche, par exemple, que lon regarde comme relevant de la didactique ainsidfinie la situation suivante : dans un magasin dlectromnager (institution mandante ), unemploy (institution mandataire enseignante) montre un client (institution enseigne)comment se servir dun certain appareil : lanalyse didactique de cette situation relverait pardfinition de la didactique de llectromnager .

b) La dfinition examine esquisse le lien entre sens large et sens restreint : lune desconditions cardinales qutudie la didactique, en effet, est, selon cette dfinition, lexistencedune institution enseignante mandate ou auto-mandate sefforant (dune manirenon prcise, et donc tudier de plus prs) de faire quune certaine institution enseigne voie ses connaissances changer (dune manire non prcise ici). Cest l placer le didactiqueau cur de la didactique.

1.3.7. La dfinition que nous retiendrons dans ce cours titre dhypothse de travail

sapparente, on va le voir, la dfinition propose par Guy Brousseau, tout en tant aussilarge quil semble possible.

a) On appuiera cette dfinition sur un fait essentiel : toute science (y compris les sciences dela nature) peut tre regarde comme voue ltude, des fins de connaissance etdaction, decertains types de conditions et de contraintes dterminant la vie des socits. Est-il utile derappeler cet gard comment les conqutes de la physique, de la chimie ou de la biologie ontdplac les contraintes sous lesquelles vivaient les socits dautrefois ? Quil en aille demme pour les sciences sociales (quon nomme souvent les SHS, les sciences de lhommeet de la socit ) na pas sans doute pas reconnu au mme niveau, en partie au reste parce


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que les conqutes des SHS sont moins bien identifies et demeurent souvent peu lisibles sujet sur lequel nous serons amens revenir ( propos de statistique notamment).

b) En attendant, on ne prendra ici quun exemple, relatif aux sciences mathmatiques qui

seront un domaine de prdilection de ce cours.

On veut fixer le prix hors taxes dun objet de faon que, si on lui ajoute une taxe reprsentant 19 %

de ce prix, on arrive un prix taxe comprise de 1999 , si possible.

Pour beaucoup de gens qui ont oubli ce qui, en principe, leur a t enseign au collge, ilsagit l dune tche impossible : comme on ne connat pas le prix hors taxe , on neconnat pas le montant de la taxe (qui reprsenterait 19 % de ce prix) et, donc, il nest paspossible de calculer le prix taxe comprise auquel on arriverait en ajoutant la taxe au prixhors taxe Pourtant les mathmatiques du collge suffisent raliser cet impossible !Dsignons parx le prix hors taxe cherch ; alors 19 % dex, cest gal

19 % x = 19100

x = 0,19x.

Le prix taxe comprise est donc gal :x + 0,19x = 1,19x. On veut donc avoir :

1,19x = 1999.

On a l une quation du premier degr une inconnue, qui a pour unique solution

x = 19991,19

.

La calculatrice de mon tlphone mobile donne : 19991,19

=c 1679,8319. La calculatrice intgre

dans mon ordinateur donne, quant elle :

19991,19

=C 1679,8319327731092436974789915966.

Si lon prend x = 1680 pour montant du prix hors taxe, le montant du prix taxe comprisevaudra exactement : 1680 1,19 = 1999,2.

1.3.8. Dans la perspective gnrale voque propos de toute science, on dira(provisoirement) que la didactique est la science des conditions et des contraintes de ladiffusion des connaissances, des savoirs, des savoir-faire dans les institutions de la socit.Cette formulation appelle plusieurs commentaires et complments.

a) Tout dabord, lexpression conditions et contraintes peut tre regarde commeformellement redondante : les deux termes dsignent ici, simplement, des proprits dunecertaine situation. Mais elle nous rappellera que, ct des conditions ( bonnes ou mauvaises ), que lon regarde comme susceptibles dtre modifies, ou, du moins,

auxquelles on peut tenter dchapper(si elles sont juges mauvaises , dfavorables) ou, aucontraire, auxquelles on peut vouloir se soumettre (si elles sont juges bonnes ,


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favorables), il en est quon regardera, provisoirement au moins, et peut-tre tort, comme nonmodifiables : cest elles que lon donnera plus spcifiquement le nom de contraintes queces contraintes apparaissent favorables ou dfavorables.

b) La rfrence la diffusion ne prjuge pas le fait que cette diffusion soit spontane ou au contraire dlibre, volontaire, intentionnelle. On verra toutefois que le didactique, pardfinition intentionnel, se niche partout, sous la forme de ce quon peut appeler du micro-,voire du nanodidactique , mme lorsquon croit tel ou tel processus de diffusion largementspontan. Au sein dune socit donne, au sein dune institution donne de cette socit, il ya un contrle actif, plus ou moins troit, plus ou moins vigilant, des manires de penser, dedire, de prononcer, dagir, etc. Que beaucoup de Franais prononcent le mot anglais soul(me) dans soul music par exemple comme ils diraient dune personne quelle est sole(homophonie errone, mais exploite dans une chanson interprte par Franoise Hardy,intitule Jcoute de la musique soul) nest videmment pas le rsultat dune diffusionimpulse par le didactique observable dans les cours danglais, au collge et au lyce, enFrance. Elle ne peut pas davantage sexpliquer seulementpar une lecture la franaise dumot soul : sinon pourquoi les mmes personnes ne prononcent-elles pas (en gnral) les motsanglais boy (comme dans Game Boy) et road (comme dans road movie) respectivementcomme les mots franais bois et roide ? On peut donc postuler une diffusion systmatique(sinon consciemment intentionnelle) et donc un contrle (quil conviendrait dtudier plusfinement) de la prononciation sole , contrle et impulsion dont participe, au reste, lachanson voque plus haut.

c) Lexemple prcdent montre que la diffusion dun lment de savoir on croit savoir(au moins implicitement) que langlais soul se prononcerait comme le franais sole barre la diffusion dautres connaissances : ici, la connaissance de la prononciation authentique du mot anglais soul. Cest l un exemple minuscule dun phnomne plusgnral : celui de la non-diffusion, voire de la rtention dlibre, de certaines connaissanceset de certains savoirs. Il y eut et il y a encore les savoirs rservs aux puissants, dont lesgens ordinaires se trouvent exclus ; les savoirs dhommes, auxquelles les femmes nont pasaccs et inversement ; les savoirs de corporations et de castes (la mdecine et le droit ensont les deux exemples les plus clairs), que ceux (et celles) qui nen sont pas nont pas

connatre ; etc.

d) En opposition ce rgime de la connaissance, o celle-ci peut tre interdite daccs telsou tels (la transgression de ces interdits tant punie parfois svrement), les luttesintellectuelles et politiques poursuivies depuis le XVe sicle en Europe ont pouss en avant larevendication dun accs de tous toutes les connaissances. Dans ce cours, chacun sefforceradinterroger constamment et ses ignorances et plus difficile ! ses connaissances supposes, avec lide de savoirpourquoi on ignore ceci,pourquoi on sait cela (ou on croit lesavoir), etc. Du mme mouvement, on sefforcera, si cela apparat pertinent, de combler sesignorances et de contrler ses connaissances. Par exemple, propos du mot soul, voqu plushaut, chacun peut consulter le Online Etymology Dictionary (Harper, 2001) et y voir que,


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aprs avoir prcis lorigine (complique) du mot dans une premire entre soul (1) , cedictionnaire propose une seconde entre soul (2) dont le texte est reproduit ci-aprs.

soul (1)

soul (2)

instinctive quality felt by black persons as an attribute, 1946, jazz slang, from soul (1). Soulful

full of feeling is attested from 1863. Hence Soul music, essentially gospel music with girl in

place of Jesus, etc., first attested 1961; William James used the term in 1900, in a

spiritual/romantic sense, but in ref. to inner music. Also from this sense are soul brother (1957), soul

food (1957), etc.

Il nest alors nullement interdit et il est tout fait possible dapprendre qui tait William

James, ce quest la soul food, etc. Ce sont l des exemples dune attitude plus gnrale quersume bien le mot latin scilicet, contraction de scire savoir et licet il est permis : il est aujourdhui permis de savoir.

e) Il reste ce stade commenter dautres termes employs dans la dfinition ci-dessus. Toutdabord, on y fait usage des mots de connaissance, de savoir, de savoir-faire : cest de telles entits que la didactique tudie la diffusion (ou la rtention). Nous y reviendrons plus loinpour leur substituer un autre vocable, plus technique, celui de praxologie, sous lequel nouspourrons subsumer ces trois notions (que nous prenons ici, pour le moment, en leur sensordinaire en franais courant). Ensuite apparat le terme dinstitution : ce terme, sur lequel

nous reviendrons aussi, doit tre pris demble en un sens trs large une cole, une famille,une classe, ce cours mme sont en ce sens des institutions, cest--dire des ralits institues.Il importe de noter que diffuser des connaissances, des savoirs, des savoir-faire dans lesinstitutions de la socit , cest, bien sr, les diffuser auprs des acteurs de ces institutions personnels de lcole, membres de la famille, lves de la classe, etc. On verra quon ne peutsparer institutions et personnes : les personnes vivent et croissent dans des institutions (qui,en un sens explorer, leur permettent ainsi dexister) ; mais, du mme mouvement, cespersonnes permettent aux institutions dont elles sont les acteurs de vivre et de se dvelopper.

1.4. Systmes didactiques, enseignement, apprentissage

1.4.1. Dans tous les cas imaginables, faire de la didactique , mme titre de simpleinitiation, suppose quon accepte de se pencher sur ce quon appellera des systmesdidactiques, ralits sociales constitues chaque fois des trois entits dj nommes : une institution enseigne , que nous noteronsX; une institution enseignante , Y; un systmede connaissances , qui, prsent au dpart in absentia, par exemple sous la forme dunequestion, et que le travail du systme didactique consiste faire advenir, est pourtant situ

au curdu systme didactique, en ce sens que cest autour de lui que se trouvent rassembls( linstigation et sous lgide de linstitution mandante dj voque) les institutions


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Xet Y des lves et leur professeur par exemple. Nous noterons un tel systme didactiquepar lcriture S(X; Y; ), qui se lit s de x, de y et de cur .

a) Un type de systmes didactiques que chacun connat est, bien sr, celui des systmes

didactiques scolaires, o linstitution mandante est lcole le systme scolaire et o,trs gnralement, X est un ensemble dlves x1, x2, , xn (une classe ) tandis quelinstitution mandataire Y est constitue dun unique professeur, y, le professeur de la matire (franais, gographie, ducation civique, etc.) dont relve le systme deconnaissances . En utilisant les notations lmentaires usuelles en mathmatiques, on auraainsi :

X= {x1,x2, ,xn } ; Y= {y }.

b) Ce quest exactement est, comme toujours, plus difficile prciser pour un simple

observateur et aussi, de faon spcifique, pour llvexX, voire parfois pour le professeury lui-mme ! Quand, par exemple, on pntre dans une classe comme observateur, soitrellement ( physiquement ), soit par lintermdiaire dune vido (par exemple), il nest passimple didentifier ce qui est cens y tre lenjeu didactique , soit le systme deconnaissances dont lacquisition par les membres de X est en quelque sorte explicitement,officiellement visdans lactivit en cours.

1.4.2. On voit aussi que le fonctionnement dun systme didactique S(X; Y; ) peutprovoquer chez les membres de X des acquisitions htrognes lenjeu didactiqueofficiel . (Par exemple, en suivant ce cours, certains auront pu apprendre que le mot anglaissoul, me, ne se prononcepas comme le franais sole) En mme temps, ce fonctionnementpourra chouer plus ou moins largement provoquer lapprentissage de qui tait lorigine recherch.

a) En utilisant un vocabulaire sur lequel on reviendra, on peut dire que le fonctionnement deS(X; Y; ) peut engendrer chezxXun rapport qui nexistait pas jusque-l un certainobjet O, ou encore peut modifier le rapport que x avait dj cet objet O, mais ne rienfaire de tel propos de lobjet , en ne confortant chez x quun rapport grossirementinadquatau projet social denseignement et dapprentissage cristallis dans la formation du

systme didactique S(X; Y; ).

b) La distinction prcdente est parfois durcie de faon arbitraire, de sorte quon en vient sparer science de lenseignement que serait la didactique et science de lapprentissage,dont on dcouvrira le nom propos dans ce passage de larticle Didactic method delencyclopdie Wikipedia (version du 23 aot 2008).

Didactics is the theory of teaching and, in a wider sense, the theory and practical application of

teaching and learning. In demarcation from mathetics, as the science of learning, didactics refers

only to the science of teaching.


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Larticle Mathetics (version du 20 juillet 2008) de la mme encyclopdie prcise ceci.

Mathetics is the science of learning. The term was coined by John Amos Comenius (1592-1670) in

his work Spicilegium didacticum, published in 1680. He understood Mathetics as the opposite of

Didactics, the science of teaching.

c) Nous ne retiendrons pas cette distinction. La science didactique telle que nous lentendonsici ne serait pas en accord avec la dfinition donne plus haut si elle ne sassignait, parprincipe, dtudier lensemble des effets dapprentissage sur X du fonctionnement dunsystme didactique S(X; Y; ) suppos viser lapprentissage de (par X). Une raisonforte de donner une telle extension au champ dinvestigation de la didactique tient ce quecelle-ci doit dvelopper en son sein une ingnierie des systmes didactiques susceptibledclairer et dinspirer laction tant de linstitution mandante que de linstitution mandataire et

de linstitution enseigne: pour rgler de faon optimale le fonctionnement de S(X; Y;

)et de ses acteurs, il convient danalyser les effets dapprentissage de ce fonctionnement sur Xtant propos de qu propos dobjets O, lesquels par exemple pourraient gner, voire asphyxier lapprentissage de . Notons en outre que la dfinition de la didactique avanceplus haut conduit de mme tudier les effets dapprentissage (en subsumant sous cetteexpression aussi bien ce qui est dsappris) du fonctionnement de S(X; Y; ) sur Y, ainsidailleurs que sur les personnes et les institutions en contact avec S(X; Y; ).(Contrairement une vision dominante mais nave, linstruction scolaire des enfants est aussiun moyen de renforcer ou dactualiser linstruction des parents, voire des grands-parents, etc.)

1.4.3. Ltude dun systme de connaissances fait rencontrer des connaissances associes,en quelque sorte auxiliaires, dont la prsence dans lenvironnement de peut tre regarde a

priori comme plus ou moins fortuite. Dans les passages de lencyclopdie Wikipedia citsplus haut, on a rencontr ainsi, dabord, le terme mathetics, si proche en apparence demathematics ; ensuite, le nom de John Amos Comenius ; enfin le vocable latin spicilegium(dans le titre dun ouvrage posthume de Comenius). Chaque fois, le problme de la force dulien entre les ralits rencontres et lenjeu de ltude (ici, la dfinition et ltude de ladidactique, en gros) se pose. Est-il pertinent par exemple dlucider lorigine du motmathetics, de chercher en savoir plus sur lauteur du Spicilegium didacticum ou encore de

dchiffrer le mot latin spicilegium ? Faut-il donc enquter sur le mot (et la notion) demathtique (pour le dire en franais), sur Comenius, ou sur le mot (et la notion) despicilegium ? Pour y voir plus clair, amorons de telles enqutes.

a) Larticle Mathetics se poursuit par les lignes suivantes.

Seymour Papert, MIT mathematician, educator, and author, explains the rationale behind the term

mathetics in Chapter 5 (A Word for Learning) of his book, The Childrens Machine. The origin of

the word, according to Papert, is not from mathematics, but from the Greek, mathmatikos, which

means disposed to learn. He feels this word (or one like it) should become as much part of thevocabulary about education as is the word pedagogy or instructional design.


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On voit tout aussitt que lon rencontre ici de nouveaux objets par exemple SeymourPapert ou instructional design propos desquels la question denquter se poseitrativement. Par rapport notre enqute, on y voit que, selon lauteur (anonyme) qui cite

S. Papert, celui-ci prtendrait que the origin of the word [] is not from mathematics, butfrom the Greek, mathmatikos, which means disposed to learn. Lallgation est ambigu :signifie-t-elle que mathtique naurait rien voir avec mathmatique ? Ou que mathtique ne drive pas de mathmatique mais que lun et lautre drivent dunemme racine ? Pour tenter de rpondre, examinons ce que dit le Dictionnaire historique dela langue franaise propos du terme latin mathematicus dont provient le franaismathmatique (Rey et al., 1993, p. 1205).

Le latin la repris au grec mathematikos qui dsire apprendre, scientifique et spcialement qui

concerne les mathmatiques , substantiv dans mathamatik (tekhn) comme nom de science. Ce

mot est driv de mathma ce qui est enseign , employ au pluriel pour connaissances , par

opposition mathsis, qui met laccent sur le fait dapprendre. Lun et lautre sont drivs de

manthanein, verbe pass de sa signification premire, apprendre, par lexprience, apprendre

connatre, faire , au sens plus abstrait de comprendre .

On arrive ici une explication qui semble au moins cohrente : le verbe manthanein aurait eudeux rejetons, lun, mathma, du ct de lenseigner, lautre, mathsis, du ct de lapprendre de l sans doute quon ait pu envisager de nommer mathtique la science de lapprendre ;lais notons que la science de lenseigner devrait alors tre nomme mathmatique, si ce mot

ntait dj trs occup ! En fait, la didactique telle que nous ltudions dans ce coursintgre en une mme science une mathmatique et une mathtique , soit une thorie delenseignement etune thorie de lapprentissage. Et retenons aussi que les mathmatiques taient par excellence, dans la civilisation grecque, ce qui senseigne et ce qui sapprend:raison de plus pour en faire la premire pierre de touche dune science didactique enconstruction.

b) Le nom de Comenius mrite sans doute de ne pas rester inconnu de quiconque tudie lessciences de lducation et, en particulier, la didactique : de son vrai nom Jan Amos Komensk

(en tchque), auteur notamment dun ouvrage intitul Didactica magna ( La grandedidactique ou lart universel de tout enseigner tous , 1627-1632), trs clbre de son temps,puis longtemps oubli, enfin tir de loubli en 1870 (dans son livre Nos fils) par lhistorienJules Michelet, qui le regardait comme le Galile de lducation , Comenius a suscit cecommentaire de lauteur dun Dictionnaire dhistoire de lenseignement(Demnard, 1981,p. 126).

Plus quun grand pdagogue, Comnius apparat comme un mystique de lducation, qui voyait en

elle la possibilit de transformer lhumanit, et dont les idaux le rapprochent plus des hommes de la

Rvolution Franaise ou de la IIIe

Rpublique que des hommes de son temps, et comme lauteur dethories qui rivalisent de tolrance et de justesse avec celles de lducation nouvelle.


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Comme toujours, on voit surgir ici dautres ralits sur lesquelles il conviendrait peut-tre dese pencher : ainsi en va-t-il de ce que dsigne lexpression dducation nouvelle, laquellelauteur cit consacre par ailleurs, dans son dictionnaire, un dveloppement spcifique

(Demnard, 1981, pp. 256-257).

c) Quen est-il du mot latin spicilegium ? Est-il vraiment utile daller voir le sens de ce mot ?Le Dictionnaire culturel en langue franaise dj sollicit a une entre spicilge o on litceci.

SPICILGE [spisil] n. m. (1678 ; empr. au lat. spicilegium glanage , de spicum pi et

legere recueillir ).

Didact. Recueil dactes, traits et documents indits. (1875) Titre donn certains recueils de

notes, dessais et de rflexions. Le Spicilge, de Montesquieu (dit en 1944) ; Spicilge, uvre

de Marcel Schwob (1896). Rare. Recueil de pomesanthologie.

Compltons alors ces indications par un dveloppement d Rolando Minuti, auteur delarticle Spicilge duDictionnaire lectronique Montesquieu (Larrre, Volpilhac-Auger etal., 2008).

Vers la fin de 1713 le pre Pierre Nicolas Desmolets, bibliothcaire de lOratoire, prta

Montesquieu un gros recueil de notes et de fragments sur des sujets divers, rdig par un anonyme

sur lequel on na aucun renseignement. On avait donn ce recueil le titre latin de Spicilegium,

terme utilis au XVIIe sicle, surtout pour dsigner des recueils de notes (scientifiques ou

philologiques) ou des collections de documents indits ; trs clbre tait, par exemple, le

Spicilegium des crivains franais du bndictin Luc dAchry, publi entre 1655 et 1677.

Montesquieu, jeune avocat bordelais qui avait commenc largir ses centres dintrts et mrir,

dans le milieu culturel parisien, sa personnalit intellectuelle, fit grand cas de ce recueil, si riche en

curiosits diverses et parfois piquantes. Il lemporta Bordeaux et dcida, avant de restituer ce

recueil au pre Desmolets, de confier deux secrtaires la tche de le recopier intgralement, pour

en faire la premire partie dun de ses propres cahiers de fragments, auquel il continua donner en

traduisant en franais le mot latin le titre de Spicilge. Il eut cependant le soin de distinguer

prcisment sa propre partie de ce qui tait d lanonyme, dans lavertissement quil ajouta audbut du cahier (fragment no 1) et la fin de ce quon peut appeler le recueil Desmolets

(no 203) ; ce qui ne lempcha pas dintervenir directement dans ce premier corpus de plus de deux

cents fragments pour ajouter des titres ou des mentions, pour faire de petites corrections ou insrer

des annotations personnelles, en les distinguant, selon son habitude, avec un astrisque (comme cela

est explicitement rappel dans lavertissement du no 1). Cest donc avec le no 204 que commence

rellement le Spicilge de Montesquieu, auquel il commena travailler probablement la fin de

1715 et quil continua dvelopper et corriger jusqu la fin de sa vie.

On devine que le mot de spicilge, qui, cause de sa raret, peut paratre dabord se situer lapriphrie de notre tude, ny est pourtant pas un intrus : il dsigne en vrit un dispositif


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dtude, un dispositif didactique, semblable au fond ces Notes & documents, quon peutregarder comme constituant un spicilge collectif.

1.4.4. Un problme important peut tre rattach aux glanures prcdentes. Se peut-il que,

dans un systme didactique S(X; Y;

), on ait Y=

? Un systme didactique peut-il avoir laforme S(X; ; ) ? La rponse cette question est ncessairement double.

a) Si lon nomme autodidactique un systme du type S(X; ; ), on peut dire, comme lenote lauteure du texte reproduit ci-aprs (qui concerne le monde des savants ), que lautodidaxie absolue nexiste pas (Waquet, 2008, pp. 211-212).

Dans le monde du haut savoir, lpoque moderne, il est des pratiques dacquisition personnelle

dlments de savoir ou de savoirs mergents qui ne font pas encore partie du cursus universitaire ; pour

autant, lautodidaxie absolue na pas cours []. Ainsi, Jean-Luc Le Cam, parti la recherche de

lautodidaxie dans le monde germanique des annes 1550-1750, nen a gure trouv trace. Il a

pourtant lu des milliers de biographies contenues dans des sermons funbres ; or, ces vies de

membres de llite insistent sur tout ce que le dfunt a reu des autres et sur les filiations qui le

relient aux autorits, au sens scolastique du terme : cela va de sa gnalogie ascendante [...] ses

matres dcole puis duniversit, nominalement dsigns pour les plus importants dentre eux, en

passant par les institutions ducatives prsentes [] . Ce qui valait aux XVIe-XVIIIe sicles allait de

soi au XXe : pour lapprenti savant, cette heure, lautodidaxie na plus sens ni chemin , crivait

[en 1938] Georges Duhamel propos du futur chirurgien [].

Ainsi nexiste-t-il pas dinstitution enseigne vivant dans un isolement total, sans contactsavec desy jouant de faon mme phmre le rle daides ltude : on verra plus loin quecest mme la loi inverse qui prvaut.

b) De fait, le fonctionnement dun systme didactique ordinaire S(X; Y; ) suppose quese forment et fonctionnent dans son environnement immdiat des systmes autodidactiques,de la forme S(x ; ; ) ou S(x1,x2 ; ; ), ox tudie seul le systme de connaissances ,ou, encore, o deux membres deX,x1 etx2, tudient ensemble, sans le secours daucuny.

1.4.5. Il faut largir la remarque prcdente : dune faon gnrale, un systme didactiquedsign par linstitution mandante, dune certaine manire, comme systme didactique

principal (SDP) suppose dabord, en association avec lui, un ensemble de systmesdidactiques auxiliaires (SDA), et engendre au-del des systmes didactiques induits (SDI),qui, eux, chappent lemprise formelle de linstitution mandante ( linstar du coursparticulier quune mre fait donner son enfant en telle ou telle matire).

a) Cest ainsi que, traditionnellement, le fonctionnement de la classe (SDP) lcoleprimaire supposait, titre de SDA, lorganisation de sances dtudes aprs la classe. Cest

ainsi encore que, au lyce, sont actuellement prvues deux heures hebdomadaires daideindividualise : une telle aide, qui sadresse en priorit aux lves jugs les plus dmunis au


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plan scolaire (en franais ou en mathmatiques), doit tre regarde, ici, comme constituantdabord une aide la classeS(X; Y; ), cest--dire au SDP, aide apporte par le truchementde certains membres de X. En outre, dans tous les cas, on retrouve lexistence dun travail personnel ralis par la mise en fonctionnement dun systme autodidactique, ou encore

de systme didactique faiblement aids, du type S(x ;y* ;

), o x est llve et o y* peuttre lun des deux parents dex, par exemple.

b) Le mme constat la mme loi didactique vaut tout autant pour le petit enfant que pourles personnes engages dans des tudes savantes . Dans un ouvrage dj sollicit, lauteure,sexprimant sur la relation interpersonnelle dans la transmission des connaissances ,sarrte sur la multiplicit des acteurs qui peuvent entrer en jeu cet gard (Waquet, 2008,p. 213).

On pense assez spontanment dautres autorits qui ont pu intervenir divers stades de

lapprentissage ; ainsi, des savants ont mentionn plusieurs matres ct de celui auquel ils

devaient le meilleur de leur formation, si ce nest tout pour reprendre des expressions qui ont t

cites. Des documents rappellent le rle quont galement jou des pairs plus avancs. Cest l une

situation classique dans les laboratoires et les hpitaux. Justin Jolly qui travailla au Collge de

France chez Ranvier notait : Linitiation se faisait par les ans []. Linstruction vient aussi de

ces humbles que lhistoire intellectuelle a ngligs, pour ne pas dire oublis ; leur faon, ils ont

guid, aid, form lapprenti. Antonin Gosset leur rendait hommage quand il prcisait dans un texte

autobiographique que ce ntaient pas seulement ses matres en chirurgie qui lavaient instruit :

beaucoup dautres, et parfois de modestes collaborateurs de ces matres, ont contribu le faire ;

et de mentionner expressment un garon de salle, un garon de laboratoire et une premire panseuse[]. Ces mdiateurs qui mriteraient, tous, une attention particulire, attestent, chacun dans son

ordre, le rle que jouent des personnes dans la transmission des connaissances.

1.5. Se familiariser avec la diversit des systmes didactiques

1.5.1. Devenir si peu que ce soit didacticien suppose quon accueille avec une neutralitbienveillante chacun des trois termes dsigns parX, Y, , cest--dire quon se rende capable

assez vite de ne pas les repousser ou, linverse, de ne pas se passionner et senthousiasmer,mais au contraire de les approcher avec une curiosit ouverte mais tranquille.

a) Certains, ainsi, pourront avoir t rebuts par lvocation de lpisode de llectromnager,parce quil ferait rfrence une ralit sociale vcue culturellement comme trop triviale .Dautres au contraire goteront que, en didactique , on puisse parler aussi de cela, qui nerelve pas des grandes matires scolaires !

b) linverse, certains seront lectriss par lvocation qui suit, que dautres, loppos,

trouveront dtestable, dans les deux cas parce quelle renvoie une certaine noblesse acadmique affiche. Par del ces ractions passionnelles , on y verra notamment que le


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fait dentrer dans des systmes didactiques parfois improviss , voire forcs apparatcomme une exigence des tudes avances, en contraste avec la pure et simple obligationscolaire que nous connaissons tous. Cest ici la philosophe et philologue Barbara Cassin,ne en 1947, directrice de recherche au CNRS, qui parle (Cassin avec Briffard, 2006).

Je suis spcialiste de philosophie grecque, en particulier de rhtorique et de sophistique, et je

mintresse ce que cela peut permettre de comprendre daujourdhui.

Jai particip au sminaire du Thor avec Martin Heidegger chez Ren Char en 1969, juste aprs 68

donc. Javais, lpoque, Michel Deguy, philosophe et pote, comme professeur dhypokhgne, et

javais suivi parfois les cours de Jean Beaufret : une conjonction de personnalits. Je venais de faire

une matrise sur Leibniz, sur le Discours de mtaphysique et la Correspondance entre Leibniz et

Arnauld ; jtais trs tonne de voir que le moment o ils ne sentendaient plus du tout, ctait

prcisment le moment o ils disaient la mme chose avec les mmes mots : Ce qui nest pas un

tre nest pas non plus un tre ; chacun laccentuait diffremment, et puis ctait bloqu. Ce fut ma

premire exprience de philosophie lie au langage, la manire de dire. Il se trouve que le

sminaire du Thor portait largement sur Leibniz.

partir de l, jai intrioris avec un immense intrt ce que proposait Heidegger quant au rapport

entre philosophie et histoire de la philosophie.

Jai compris aussi comment le grec et lallemand sentre-impliquaient comme langues,

quaujourdhui je dirais dangereusement sacralises , mais qu lpoque je percevais comme

vraiment philosophantes.

Puis jai travaill sur le Trait du non-tre de Gorgias (ctait le sujet de doctorat que mavait

heureusement propos Pierre Aubenque), et je me suis aperue alors, chemin faisant, quon pouvait,

pour le dire simplement, tre autrement prsocratique ; faire un usage diffrent du langage :Gorgias montre comment le Pome de Parmnide, loin de partir, comme il le prtend, dun il y a

de ltre (esti : es gibt Sein, dit Heidegger), fabrique bien plutt ltre en le disant, le fait tre ; on ne

va pas de ltre au dire de ltre, en toute fidlit et adquation, mais, linverse, ltre est un effet

de dire, un produit du pome, la consquence dune performance discursive. Cest de l que je suis

repartie.

Jai travaill alors avec Jean Bollak et Heinz Wismann Lille, parce que javais besoin de savoir

plus de grec, et autrement, mme si javais fait des tudes classiques.

Le dernier alina de ce texte montre exemplairement comment une personne peut exploiterdes conditions existantes quelle juge favorables : devenir membre dune certaine institutionenseigne X, fonctionnant au sein dun systme didactique S(X; Y; ) existant en quelqueinstitution mandante (ici, luniversit de Lille III), o lon a en lespce Y= { Jean Bollak,Heinz Wismann } et = le grec (ancien).

1.5.2. Le travail dans cette unit denseignement, et en particulier dans ce cours, suppose etimplique que chacun sefforce de saffranchir dune particularit du rapport aux savoirsengendr par les tudes scolaires et universitaires, particularit que lon peut dcrire ainsi :

tant donn un savoir , on tend soutenir, ladresse de soi-mme et des autres, ou bien quelon connat parfaitement , ou bien quon ny connat rien.


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a) Un tel dira quil est matheux : sous-entendu, en maths, on ne la lui fait pas ! Un autre aucontraire dira quil a toujours t nul en maths, etc. Et de mme pour langlais, lhistoire, labiologie, etc. La culture scolaire-universitaire tend ainsi imposer une loi du tout ou rien : je

sais (tout ou presque) / jignore (tout ou presque). Cest de cette loi dairain quil faudradsormais smanciper.

b) Chacun en effet doit faire effort pour se librer de cette tyrannie doprette. Quiconque afait des tudes primaires et secondaires ne peut pas ne pas savoir de mathmatiques etpersonne, inversement, ne sait (toutes) les mathmatiques. Quiconque a fait delanglais de la 6e la terminale sait de langlais (mais personne ne sait langlais toutentier ). Qui, au cours de ses tudes secondaires, na pas tudi, si peu que ce soit, laphotosynthse ? Etc.

c) Dans cette conqute (ou cette reconqute) dun rapport aux savoirs libr de lobsession dematrise, rebelle aux despotismes pistmologiques et aux tentatives dintimidationintellectuelle, chacun semploiera aider chacun progresser sur les systmes deconnaissances utiles au travail de tous, en se gardant, linverse, de chercher marquer sadiffrence ( Moi, je suis et je peux vous dire que ), corriger, proscrire, ou mmedj prescrire ; bref, en cherchant en quelque sorte se mettre un tant soit peu distance desoi-mme, afin de ne pas gner la progression de tous et de chacun (y compris de soi-mme).

1.6. Quelle discipline ?

1.6.1. On sarrtera ici sur le mot de discipline, qui, on va le voir, mrite un examen plusattentif.

a) Pour cela, on examine dabord les entres Discipline et Discipliner du Dictionnaireculturel en langue franaise (Rey et al., 2005).

DISCIPLINE [disiplin] n. f. (1080 massacre, carnage et ravage en anc. fran., v. 1170

chtiment ; empr. au lat. disciplina action de sinstruire , puis enseignement, doctrine,mthode et par ext. principes, rgles de vie , dr. de discipulus disciple)

I (av. 1549) Fouet fait de cordelettes ou de petites chanes, utilis pour se flageller, se mortifier.

Laurent, serrez ma haire avec ma discipline [...]. (Molire, Tartuffe). Loc. Se donner la

discipline : se donner des coups avec la discipline.

II 1 (XIIe s.) Vx. Instruction, direction morale, influence. Dmocrite, aprs avoir demeur

longtemps sous la discipline de Leucippe, rsolut daller dans les pays trangers [...] (Fnelon,

Dmocrite, in Littr).

2 Cour. Rgle de conduite commune aux membres dun corps, dune collectivit et destine y faire

rgner le bon ordre, la rgularit ; par ext. obissance cette rgle.

loi, rgle, rglement. Unediscipline svre, rigoureuse. Une discipline de fer. Maintien de lordre et de la discipline.


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Enfreindre la discipline. Rtablir la discipline. Se conformer, se plier, obir la discipline.

Discipline collective accepte, librement consentie. autodiscipline.

Songez que la soumission nengage rien pour lavenir, et que la discipline impose nest rien non

plus quand on a le bon esprit de se limposer soi-mme.

E. Fromentin,Dominique.Spcialt. Discipline scolaire. Censeur des tudes (anciennt), conseiller* dducation charg de la

discipline dans un lyce. Discipline militaire : rgle dobissance dans larme fonde sur la

subordination. La discipline du bord, ctait l le grand frein qui avait conduit seul sa vie

matrielle, la maintenant dans cette austrit rude et saine qui fait les matelots forts. (Loti, Mon

frre Yves).Bataillon*, compagnie* de discipline. disciplinaire. Loc. Conseil* de discipline.

3 Rgle de conduite que simpose une personne. Sastreindre une discipline svre.

autodiscipline.Discipline morale. Discipline de lesprit. Dans cet effort quotidien o lintelligence

et la passion se mlent et se transportent, lhomme absurde dcouvre une discipline qui fera

lessentiel de ses forces. (Camus, le Mythe de Sisyphe).VoirLOI, NORME, VALEUR

III (1370) Branche de la connaissance. art, tude, matire, science. Les disciplines scientifiques,

littraires. Exceller dans une discipline. Qui appartient plusieurs disciplines : pluri-,

multidisciplinaire.Discipline carrefour. Les disciplines universitaires reconnues.

CONTR. Anarchie, dsordre, dsorganisation, indiscipline, pagae.

COMP. Autodiscipline.

DISCIPLINER [disipline] v. tr. (1174 chtier ; dr. de discipline ou form sur le modle du lat.

chrtien disciplinare enseigner, former, de disciplina)

1 (XIVe s.) Accoutumer la discipline ; donner le sens de lordre, du devoir, de lobissance (qqn ;

un groupe). assujettir, soumettre.Discipliner une classe. Discipliner une arme. Discipliner des

jeunes dlinquants. Au passif et p. p. Manuel ntait disciplin ni par got de lobissance ni par

got du commandement, mais par nature et par sens de lefficacit. (Malraux, lEspoir).

2 Plier une discipline intellectuelle ou morale duquer.Discipliner la volont, les instincts.

3 Fig. matriser. Discipliner un cours deau. Discipliner les cheveux, les maintenir bien coiffs

(surtout en parlant dun produit).

b) On complte ce qui prcde par deux extraits du Online Etymology Dictionary djsollicit.

discipline

c. 1225, from O.Fr. descepline, from L. disciplina instruction given to a disciple, from discipulus

(see disciple). Sense of treatment that corrects or punishes is from notion of order necessary for

instruction. The L. word is glossed in O.E. by eodscipe. Meaning branch of instruction or

education is first recorded c.1386. Meaning military training is from 1489; that of orderly

conduct as a result of training is from 1509. The verb is attested from c. 1300. Disciplinarian one

who enforces order is first attested 1639; earlier used of Puritans who wanted to establish the

Presbyterian discipline in England (c.1585).

disciple


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O.E. discipul (fem. discipula), Biblical borrowing from L. discipulus pupil, from *discipere to

grasp intellectually, analyze thoroughly, from dis- apart (see dis-) + capere take (see capable).

1.6.2. Le trait le plus frappant est le suivant : quoique, en franais, le premier sens de

discipline soit bien sombre (aux XIe

et XIIe

sicles, il signifiait, nous dit-on, massacre , carnage , ravage , chtiment ), le mot vient du latin disciplina qui signifie action desinstruire , puis enseignement, doctrine, mthode , enfin, par contigut et extension, principes, rgles de vie .

a) Ce quil faut retenir, cest donc que le sens de rgles de vie (auquel on se rfrelorsquon dit par exemple : Cette classe manque de discipline ) est en vrit second. Lesens premier est celui de discipline intellectuelle et (donc) celui de domaine (art,science, matire) o une telle discipline prvaut , de faon spcifique, et laquelle onvient se soumettre : discipline mathmatique, discipline potique, discipline philosophique,discipline historique, etc. Ce sens, on la vu, est attest en franais ds la fin du XIVe sicle.

b) Entrer dans une telle discipline, cest se discipliner . En mathmatiques, ainsi, onapprendra que les rgles de la discipline (mathmatique) ne permettent pas dcrire

15

+ 14

= 1 + 15 + 4

= 29

.

En revanche, les lves de collge (et de lyce) sont tenus dans lignorance il y a sur cepoint rtention de connaissances dune autre rgle de la discipline mathmatique,

savoir le fait que lon a bien, en revanche,15


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les comportements ordinaires , quelconques de la vie en socit. LOnline EtymologyDictionary est l-dessus plus clairant que le dictionnaire en langue franaise utilis : le sensde traitement qui corrige ou punit (treatment that corrects or punishes), prcise-t-ilainsi, drive de lexigence de faire rgner un certain ordre une certaine discipline, donc

pour pouvoir donner (et recevoir) une instruction dtermine, cest--dire pour faire entrerceux quon instruit dans une certaine discipline intellectuelle .

a) Ce mme dictionnaire fournit des indications chronologiques illustrant la primaut du sensde discipline intellectuelle : appliqu une branch of instruction or education, levocable discipline serait attest en anglais ds la fin du XIVe sicle, alors que le sens de discipline militaire ou, plus largement, celui de conduite ordonne rsultant dunapprentissage napparaissent qu lore du XVIe sicle.

b) Une autre notation va dans le mme sens, propos du latin : discipere, dont provient disciple (en anglais comme en franais), signifiait en effet saisir intellectuellement,analyser compltement . La rfrence intellectuelle serait donc premire.

1.6.4. On notera ici, titre de simple conjecture, lobservation suivante. Face des jeunes trslargement non disciplins , qui peut-tre ne sont jamais franchement entrs dans aucunediscipline un tant soit peu exigeante, ou qui, y tant entrs un jour, sen sont loigns au pointdavoir perdu lide mme de discipline, il semble plus expdient de tenter de les initier unediscipline au sens premier du terme, cest--dire relative des contenus dactivit et de savoirqui ne trouvent pas en eux-mmes leur propre fin, quau sens second (celui de discipline des

comportements quelconques ). Lide est que chacun apprenne (ou rapprenne) secomporter civilement lgard dautrui et de soiparce que, parvenant peu peu dsirer et assumer une certaine discipline dont le but nest pas juste de bien se tenir , chacun est prisdans une dialectique entre cette discipline spcialise et le minimum de discipline descomportements quelconques sans lequel la premire ne pourrait pas se mettre en place nipersister longtemps. Lentre progressive dans une discipline au sens premier du terme motiveet impulse alors lentre corrlative dans une discipline au sens second.

1.7. Engagement formatif et problmatique de ltude

1.7.1. Dans cette unit denseignement, et dans ce cours en particulier, on observera un petitnombre de principes essentiels dans notre rapport la connaissance, aux savoirs et auxlacunes (ou aux enflures ) de notre savoir.

a) Pour lessentiel, on peut ramener ces principes deux prceptes : 1) on sautorisera sansfaon ne pas savoir, et cela en tout domaine (y compris, dans son domaine de spcialisation ventuel) ; 2) on sinterdira de ne pas affronter son ignorance, quel que soitle domaine (mme si celui-ci parat dabord parfaitement tranger), pour progresser autant que


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possible et autant quil sera utile vers une connaissance adquate au projet de formation ou derecherche que cette connaissance est cense servir.

b) Dans cet abord de domaines de connaissances mal connus, ou mme tout fait inconnus (et

aussi, bien sr, dans labord des domaines que lon croit bien connatre), on acceptera deprendre le risque de laisser subsister des botes noires , en supposant parfois, hlas ! tort que la chose nest pas fortement invalidante dans le projet de connaissance poursuivi.Dans larticle Discipline du Online Etymology Dictionary, est-il invalidant daccepter quereste provisoirement (ou peut-tre indfiniment) obscure lindication selon laquelle the L.word is glossed in O.E. by eodscipe ? Daucuns pourront juger raisonnable de prendre lerisque, dans un premier temps, de faire lconomie douvrircette bote noire (ou cette suite debotes noires).

c) linverse, la qute de la connaissance utile, sa vrification ne sont jamais queprovisoirementcloses. Toute vrit que lon croit acquise doit toujours tre lobjet dundoute mthodique, remde la tentation du dogmatisme et de lerreur. Cela ne nousempchera pas dadopter fermement des hypothses de travail que lon sefforcera deconfirmer au fil du temps, sans carter la possibilit quun jour elles se trouvent infirmes !Cest ainsi que sera entendue ici par exemple la conclusion prcdemment formule selonlaquelle le mot de discipline aurait dabordle sens de discipline dinstruction, et que son sens jupitrien serait second, hypothse quun autre dictionnaire tymologique de langlais(Ayto, 1994) vient encore confirmer.

discipline [13] The Latin word for learner was discipulus, a derivative of the verb discere learn

(which was related to docre teach, source of English doctor, doctrine, and document). English

acquired the word in Anglo-Saxon times, as discipul, and it was subsequently reformulated as

disciple on the model of Old French deciple. Derived from discipulus was the noun disciplina

instruction, knowledge. Its meaning developed gradually into maintenance of order (necessary for

giving instruction), the sense in which the word first entered English (via Old French discipline).

disciple, doctor, doctrine, document

1.7.2. Tout au long de ce cours, chacun sattachera identifier les principales questions quesoulve ses yeux, du point de vue de son effort personnel de formation, la matire tudie.Formules de faon concise mais claire, ventuellement consignes dans un spicilgepersonnel, ces questions, si naves quelles semblent, me seront alors communiques ladresse dj prcise ([email protected]), aprs avoir indiqu, pour objet du messagelectronique, Cours de didactique.

Didactique Fondamentale 2008-2009 1

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