Dictées préparées CM2

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Dictes prpares CM2Dicte n1 CM2 Les souvenirs dun petit berger.

Je me rappelle que la premire fois que jai couch avec mes moutons, je ne savais pas o faire mon lit. Jai mis une botte de paille dans le rtelier pour y dormir. Quand je me suis rveill le matin, il ne restait plus un brin de paille sous moi. Les moutons mavaient mang mon lit. Et je me rappelle que la nuit suivante, il faisait un gros orage. Javais peur tout seul. Je me suis lev pour aller prs de mon chien qui dormait sous un chariot dans la cour : ctait une compagnie. Jules Renard Dicte n2 CM2 Escapade. La fillette se mit courir Elle avait franchi la grille rouille, toujours ouverte, par laquelle on passe sans transition du jardin dans le bois. A bout de souffle, elle sarrta dans la premire clairire. Son chien, la langue pendante, la regardait avec des yeux intrigus. Elle se mit rire, lui tirer la queue. Puis elle repartit dans une cabriole. Elle ne savait plus o elle allait Un lapin qui dtalait la ramena brusquement dans le domaine des ralits. Lucie Delarue-Mardrus

Dicte n3 CM2 La fouine et le merle.

Ds que tombe le crpuscule, les merles commencent, solitaires et mfiants, un chant passionn, bruyant, ttu, vari linfini comme pour forcer la venue du printemps. Cest alors que la fouine se glisse, sans faon, sous les taillis et arrive silencieuse au pied de larbre o sgosille le siffleur. Tant que loiseau chante, elle avance, sarrtant quand il se tait, grimpant sans bruit, redevenant immobile, puis reprenant quand il recommence, se collant la branche, faisant corps avec elle. Quand elle se sent assez proche, elle se prcipite dun bond sur la bestiole, dont le chant strangle entre ses griffes.

Dicte n4 CM2

Les moulins sur la rivire.

Ces petits moulins trs vieux, trs fatigus, coupaient d'une agitation de vie la doue sauvagerie des tranquilles valles. La grande roue ruisselante scandait sourdement les rumeurs du travail, les mulets passaient lentement sous le fouet, chargs de farine, faisant claquer le caillou du sabot ; des troupes de canards conduits par des oies s'apostrophaient sur l'eau et proraient tous la fois. Quelques coups d'aviron, la grande paix de la nature retombait nouveau sur le fleuve et les rives muettes ne renvoyaient plus, de loin en loin, que l'aboiement d'un chien de berger ou le beuglement du taureau qui appelait ses gnisses.

CM2 dicte n5

Sur le Rhne.

Il me semble que c'est hier ce voyage que j'ai fait sur le Rhne. Je vois encore le bateau, ses passagers, son quipage. J'entends le bruit de ses roues et le sifflet de la machine. La traverse dura trois jours. Ces trois jours, je les ai passs sur le pont, descendant au salon juste pour manger et dormir. Le reste du temps, j'allais me mettre la pointe extrme du navire, prs de l'ancre. Il y avait l une grosse cloche qu'on sonnait en entrant dans les villes. Je m'asseyais ct de cette cloche, je posais la cage du perroquet que j'avais achet entre mes jambes et je regardais. Le Rhne tait si large qu'on voyait peine ses rives. Dicte n6 CM2 L'enfant et la fontaine. C'tait, au bout du monde, au fond du temps, le paradis. Sur le versant d'une lande boise qu'elle regardait, la limite des prairies qui s'tendaient au-dessous d'elle, une vieille demeure avec un toit montant sur lequel poussaient des herbes. Point de terre attenante. Rien qu'un petit verger derrire la maison et, au bas de ce verger, une fontaine, le premier et le plus beau miroir o je me suis mir. Dicte n7 CM2 La nuit du petit oiseau.

Perch sur une petite branche, le petit oiseau crut pouvoir dormir sans crainte, la tte ensevelie sous ses plumes, quand, la lueur d'une toile, il vit se glisser dans les arbres la chouette silencieuse. La fouine tait venue du fond de la valle, l'hermine tait descendue du rocher, la martre des sapins avait quitt son nid, le renard rdait dans les broussailles. Qu'elles furent longues, ces heures o, n'osant bouger, il n'eut pour protection que les longues feuilles qui le cachaient! Quelle fut sa joie, au lever du soleil, de pouvoir s'lancer tire-d'aile, protg, dfendu par la lumire! Dicte n8 CM2 L'enfance aux champs. Avec ma petite faucille, je moissonnais dans mon sillon. On ne me permettait pas d'emporter le bl que j'avais moissonn. Je devais me contenter des pis que j'avais glans. Mais de ces glanures, je faisais des gerbes qui m'appartenaient. Je dressais moi-mme mon aire, je battais mon bl. Je l'enfermais dans un sac, je l'envoyais au moulin. Et quel heureux moment lorsque je recevais en retour une blanche farine! Je la ptrissais en gteaux et je les faisais cuire dans un petit four que j'avais construit avec de belles briques. Dicte n9 CM2 Une partie de pche. Un jeudi, de grand matin, debout sur une roche, je laissai flotter ma ligne dans le tourbillon des belles eaux claires. Ah ! quel bonheur quand, au bout de quinze vingt minutes, en allongeant et retirant lentement l'amorce sur l'eau agite, tout coup une secousse rpte m'avertit que le poisson avait mordu et qu'ensuite le bouchon descendit comme une flche habilement lance... C'tait un gros ! Je le laissai filer, et puis, relevant la gaule la force du poignet, une truite colore fila dans les airs et se mit sauter au milieu des ronces coupes et des herbes pleines de rose. Dicte n10 CM2 Une belle soire. La soire fut si belle et si parfaitement limpide qu'on aurait pu se croire encore au milieu de l't. Il y avait de la lune, un clair de lune blouissant, et la route crayeuse, avec ses maisons blanches, en tait claire comme en plein midi, d'un clat plus doux, mais avec autant de prcision. La grande rue droite qui traverse le village tait dserte. On entendait peine, en passant devant les portes, des gens qui soupaient en famille derrire leurs volets dj clos. Partout, chez les habitants, on n'tait pas encore au lit. Un troit rayon de lumire s'chappait

par les serrures et jaillissait comme un trait rouge travers la blancheur froide de la nuit qu'on gotait avec dlice. Dicte n11 CM2 Deux enfants surpris par l'orage. En un instant, Otto et Christophe furent envelopps par l'ouragan, affols par les clairs, assourdis par le tonnerre, tremps des pieds la tte. Ils se trouvaient en rase campagne, dans un endroit o aucune habitation ne se trouvait. Dans le tourbillon d'eau, rougeoyaient les lueurs si normes de la foudre! Ils avaient envie de courir, mais leurs vtements, que la pluie avait colls, les empchaient de marcher. Leurs souliers clapotaient sans cesse, l'eau ruisselait sur tout leur corps sans rpit. Et soudain, ce fut fini. L'orage s'en alla comme il tait venu. Mais ils taient tous deux en piteux tat. Dicte n12 CM2 Un jeu ingnieux. J'ai invent un jeu, un perfectionnement du rat en lambeaux que les gamins vulgaires font courir au bout d'une ficelle, le soir, dans les jambes des passants. Le soir, donc, ds que le jour a baiss, des oiseaux que j'ai fabriqus, espces de corbeaux saugrenus, charpents en fil de fer avec des ailes de soie noire, sortent sournoisement d'entre nos persiennes qui sont trs vite refermes, et descendent d'une allure drle se poser au milieu de la rue sur les pavs. Un anneau auquel ils sont suspendus peut courir librement le long de la ficelle avec laquelle je les fais sautiller par terre. Et quand les passants se sont baisss pour regarder ces btes qui se trmoussent, je tire la ficelle que j'ai garde dans la main. Dicte n13 CM2 Le petit chien. Parce qu'il tait si maigre, le petit chien tranger a pntr frquemment dans le jardin, ouvrant la porte et s'y glissant. Nul ne l'avait jamais vu. Un petit animal tout nu, le poil jaune, le ventre rose, des yeux de pervenche ne lanant jamais un regard mchamment, des pattes raides, l'air si indpendant! Les enfants l'ont appel Kiki. Les gros chiens de la maison l'ont flair

indulgemment. On lui a donn le manger, le boire et un trou dans la paille pour s'y coucher. Nous l'avons gard trois jours, puis nous l'avons rendu la nature qu'il a retrouve avec plaisir. Dicte n14 CM2 La fuite du cerf. Il but la mare au-dessus de laquelle voletaient les ramiers, puis il repartit en plaine, la tte haute, d'une foule sre, traversa un troupeau pour mieux brouiller sa voie. Plus loin, il y avait l une valle dans laquelle serpentait une rivire. Il s'y jeta, nagea quelque temps, puis il marcha dans l'eau, longtemps. Aprs quoi, choisissant un sol sec, dur comme du roc, o son empreinte ne marquait pas, il repartit sur la terre ferme que le soleil avait sche. Cela dura huit heures, jusqu'au crpuscule qui l'a protg de l'attaque des chiens. Dicte n15 CM2 Le petit djeuner. Le moment du djeuner tait pour nous fort agrable; sur l'paisse table de chne cir fumaient deux grands bols de caf au lait qui rpandaient une odeur dlicieuse. Aux fentres les stores taient baisss, mais par la porte grande ouverte qui se dcoupait en un rectangle de lumire, nous parvenaient les chants mls des oiseaux et des insectes, ainsi que le murmure des feuillages froisss par les souffles du vent... Maman tait assise en face de moi; ses cheveux, qui taient dnous, retombaient sur ses paules et dans son dos en longues mches souples. Nous prenions notre temps, beurrant de longues tartines que nous mangions en silence. Dicte n16 CM2 Un chemineau. C'tait un homme de moyenne taille, fort et bien proportionn, dans la force de l'ge. Il pouvait tre g d'une cinquantaine d'annes. Une casquette visire de cuir cachait en partie son visage que le soleil avait brl. Sa chemise de grosse toile jaunie laissait dpasser sa poitrine velue. Il portait une cravate qu'il avait tordue en corde, un pantalon bleu us et rp, blanc un genou, trou l'autre, une vieille blouse grise en haillons. Il portait toujours un norme bton noueux. Il allait, les pieds sans bas, dans des souliers qu'il avait ferrs, la tte tondue et la barbe longue. Dicte n17 CM2

La bonne femme. La maison, riche ou pauvre, o il y avait une bonne femme, se distinguait tout de suite des autres, sans hsiter. Rien n'tait livr au hasard; jusque dans les plus petits dtails, il s'en dgageait une intention, et chacune de ces intentions sortait de son bon cur pour aller celui des autres. Sa personnalit rayonnait, rchauffait. On la sentait sans la voir. Le signe distinctif d'une bonne femme est de ne pas faire tapage, de ne pas attirer les regards et de passer inaperue dans la famille. Il existait, ce type excellent de la femme bonne et dvoue. Je l'ai rencontr souvent pendant les longues annes que j'ai connues. Dicte n18 CM2 La poule. Pattes jointes, elle sauterait du poulailler ds qu'on lui ouvrirait la porte. Eblouie de lumire, elle ferait quelques pas, indcise, dans la cour. Elle verrait d'abord le tas de cendres o, chaque matin, elle a coutume de s'battre. Elle s'y roulerait, s'y tremperait, et, d'une vive agitation d'ailes, secouerait ses puces de la nuit... Droite, l'il vif, elle couterait de l'une ou de l'autre oreille. Sre qu'il n'y aurait rien de neuf, elle se remettrait en qute. Elle lverait haut ses pattes raides. Elle carterait les doigts et les poserait avec prcaution prs de l'cuelle que l'averse aurait remplie. Dicte n19 CM2 Les vents de printemps. Aux alentours de Pques, la terre sera livre aux vents. Ils se lveront, brusques, rageurs, puis tout coup retomberont, abattus. Ils s'en iront haut, dans le ciel, chercher du renfort, puis ils reviendront, plus furieux, pour faire la guerre. Alors, les arbres rassembleront leurs forces pour lutter fort. Les vieux ormeaux se mettront gmir tous ensemble et leurs branches, qui porteront sans peine la neige de l'hiver, se mleront, se tordront comme des bras dsesprs. Il semblerait, alors, que dans un craquement terrible

tout s'croulerait. Puis les vents retomberont de nouveau et les arbres fatigus se reposeront en poussant un long soupir.

Dicte n20 CM2 La grande lessive. Rapidement le flot des caniveaux se ternissait. Pailles, papiers et pelures le souillaient. De leurs repaires sortaient les concierges, pandant largement cette eau sur le pav, le trottoir de leurs immeubles, faisant en hte le grand rcurage. De tous les tages, les femmes descendaient, les bras chargs des habits que l'on avait tachs. On les talait sur le trottoir, on les lavait... Le trottoir devenait un lavoir, plein de rumeurs et de savonnage et de blancheurs parpilles dans les corbeilles. On tait coude coude, penches sur cette eau prcieuse, qui prenait maintenant des reflets bleutres. Debout, tout nu, le ventre en boule, un marmot subissait, dans les larmes, le savonnage hebdomadaire. Il tremblait comme une feuille. Dicte n21 CM2 On tue le cochon. De novembre fvrier, dans les rues des bourgades, plus d'une fois vous entendrez des hurlements vous percer l'oreille. Que vous tourniez le coin, vous verrez les gens s'activer comme des diables autour d'un grand feu claquant et rapide. Des bonnes femmes aux bras rougis brassent le sang dans des terrines. Les gamins, qui se sont excits, promnent des torches de paille sur les flancs de la bte, tandis que s'est rpandue une bonne odeur de grillade. Par ce piquant matin, des voisins se sont avancs sur leur porte. Les parents et les amis viendront dner et l'on fera des prsents de boudin et de saucisses aux personnes ges, pourvu qu'elles soient du pays. Dicte n22 CM2 Rveillon. C'tait veille de fte. Dans les vieilles cuisines, il y avait un remue-mnage inaccoutum. Pour le rveillon du soir et la fte du lendemain, les mnagres avaient ptri et cuit une double fourne de pain et de gteaux dont le parfum chaud embaumait toute la maison. Oubliant les jeux et les querelles, les enfants, avec des exclamations joyeuses, avaient suivi tous les prparatifs et dnombr

bruyamment ces bonnes choses, attendant impatiemment l'instant dsir d'en jouir.