Diaporama 4 Introduction conservation préventive 05 03 18 · Du théocentrisme à...

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Conservation préventive Alfredo Vega-Cardenas 5 mars 2018

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Conservation préventive

Alfredo Vega-Cardenas 5 mars 2018

Rendre les biens culturels durablement

disponibles et facilement accessibles

Causes de dégradation

Causes naturellesSéismes,incendie, inondation, environnement.

Causes humainesIgnorance, incompétence, inconscience,vandalisme

CAUSES HABITUELLES de détérioration

1. Climat : température et humidité

2. Lumière

3. Polluants : poussière, pollution

4. Infestation

Déformation d’une toile

La dégradationFrèquence et amplitude

• FRÉQUENCEConstante, sporadique ou rare

• AMPLITUDECatastrophique, sévère ou graduelle

Florence, 1966

L’usage

Types de risque

• Type 1 : rare et catastrophique

séisme, inondation, éboulement

• Type 2 : sporadique et sévère

choc, fuite, variation brutale de l’humidité

• Type 3 : constant et graduel

température inadéquate, pollution

La conservation préventive

• Analyse les conditions présentes pour éviter qu’un

processus d’altération ne se déclare (notion de

risque).

• Analyse les effets de la dégradation pour en

éliminer les causes.

L’APPROCHE GLOBALEprendre en compte tous les aspects de la conservation

•Les conditions environnementales : climat, lumière, infestation...

•Les lieux d'exploitation des biens culturels : bâtiments (musée, bibliothèque ou archives...), organisation, fonctionnalité.

• Les pratiques et habitudes , liés au comportement humain (public), aux règles d'usage, aux fonctions : exposition, transport, mise en réserve...

L’approche globale part de la notion de système

On considère que tout ensemble d'éléments,

pouvant être isolés mais entretenant des

relations dont on peut définir les

propriétés, fait système.

Danger d'une mécanisation des actions, d'une modélisation rigide des pratiques et du recours sans

distinction des référentiels inadaptés.

La conservation préventive est surtout un processus de

discernement

HISTOIRE DE LA CONSERVATION PRÉVENTIVE

D’une simple attitude à une discipline

Période antique

La prévention spontanée

Non systématisée

Marcus Vitruvius PolloVITRUVE26 av. JC.

« Les livres ne se gâtent pas si facilement dans les bibliothèques [tournées au soleil levant] que dans celles qui regardent le midi ou le couchant, lesquelles sont sujettes aux vers et à l'humidité qui fait moisir les livres. »

Livre VI, chapitre VII

L’expérience accumulée depuis l’Antiquité,établit les bons procédés de fabrication ou deconstruction.

Artisans et artistes, sélectionnent matériaux etproduits pour assurer la pérennité de leurcréation.

Fresques de Lanslevillard (Haute Maurienne), fin XVe

Ces principes sont consignés dans des traités techniques comme ceux du moine Théophile au XIe siècle, de Cennino Cennini au XIVe ou de Giovani Fontana XVe

Période moderne

Du théocentrisme à l’anthropocentrisme

Memento mori

• L’humanisme développe une conscience de la caducité des choses et des vivants.

• Cette conscience de la précarité se manifeste dans les vanités, les memento mori ou les trompe-l’œil.

• Le Renaissance inaugure une représentation de la mort plus intimiste, plus affective.

Barthel BRUYN L’AINÉ

Vanité , revers du Portrait de Jeanne-Louise Tissier, 1524

La révolution française et les premiers principes et lois de protection

La convention et les Instructions de 1790 et 1791

Ces textes, établis par la commission des monuments, constituent le premier ensemble méthodologique en matière de conservation du patrimoine et d’inventaire.

LA ROCHEFOUCAULD

15 décembre 1790

« Rien n’est plus nuisible aux manuscrits quel’humidité […]; on établira des courants d’air,afin d’empêcher l’air stagnant de produire[…] une fermentation qui ne tarderait pas àles altérer. »

Décret de la Convention Nationale16 septembre 1792

« Il importe de préserver et de conserver honorablement les chefs-d’oeuvre des arts, si dignes d’occuper les loisirs et d’embellir le territoire d’un peuple libre»

Félix VICQ D’AZIR1748 - 1794

« Le transport nuisant en général à laconservation des objets. Plus les morceauxsont fragiles, plus ils ont besoin d’êtreenveloppés avec précaution de papier doux,et ensuite environnés de corps mous. »

Le vandalismeLa violation des caveaux des rois dans la basilique

Saint-Denis, octobre 1793 Hubert ROBERT

Démolition de l'église Saint-Barthélémy sur l'Ile de la Cité vers 1791

Joseph LAKANAL1762-1845

« Les monuments des beaux-arts quiembellissent un grand nombre debâtiments nationaux, reçoivent, tous lesjours, les outrages du vandalisme. Il esttemps que la Convention arrête cesfunestes excès. »

Rapport à la Convention, 4 juin 1793.

Louis DUBOIS1799

« Ce n'est que sous les yeux et dans lesmains du bibliothécaire, qui doit veiller àleur sûreté et à leur conservation que lesouvrages échapperont aux influencesdestructrices des locaux malsains où ilssont contenus. »

La protection des monuments

Alexandre LENOIR

1761-1839

Portrait par Marie-Geneviève Bouliard, 1796Musée Carnavalet

Alexandre LENOIR sera mandaté par la

Constituante en 1791, pour rassembler

des oeuvres sculptées au couvent des

Petits Augustins (actuelle École nationale

supérieure des Beaux-arts).

Du dépôt au musée

• Alexandre LENOIR a l’autorisation, le 21 octobre 1795, de transformer son dépôt en musée des Monuments français.

La salle d'introduction du musée des Monuments franç ais

Prosper MÉRIMÉE1803-1870

Reconnaître et connaître le patrimoine français

Création en 1830 par Guizot de la charge d’inspecteur des Monuments historiques.

En 1834 Mérimée devient inspecteur des monuments historiques.

John RUSKIN

La dévotion des monuments, le culte de l’original et la prévention comme viatique.

« Prenez soin de vos monuments et vous n'aurez nul besoin de les restaurer. [...]

Veillez avec vigilance sur un vieil édifice ; gardez-le de votre mieux et par tous les moyens de toute cause de délabrement. »

Les sept lampes de l’architecture, 1848

Louis RÉAU1909

« Quand les musées n'auraient d'autre raison d'être que la nécessité de préserver les œuvres d'art contre tous les risques de destruction qui les menacent, leur existence serait par là-même suffisamment justifiée.

[...] Il faudrait commencer avant toute chosepar mettre les œuvres d'art à l'abri des vols,de l'humidité, des incendies. »

L’émergence de la prévention

Période contemporaine

Le fouilles de la Vallée des Rois

dans la période de l’entre-deux-guerres

Musée du CaireLe département de l'Art égyptien, inauguré en 1906,

expose les collections rassemblées depuis 1874

Découverte de la tombe de Toutankhamon par

Howard Carter en 1922

• 3500 d’objets exhumés sur 5 années.

• Rapide dégradation à l’air libre des matériaux sensibles : bois peint, ivoire, plume...

« Ne parlons pas de restauration .

Bornons-nous à la seule conservation,

dont on ne peut nier la nécessité. »

Igor GRABAR1930

L’émergence de la prévention est associé à la création des organismes internationaux de protection des biens culturels

Centre international d'études pour la

conservation et la restauration des

biens culturels

De la naissance de la notion de patrimoine mondial à la création de l'ICOMOS

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le patrimoine architectural est l'affaire de chaque nation. De cette époque date la plus grande partie des législations des monuments

en Europe. Les associations pour la protection des monuments foisonnent sur le plan national mais ne dépassent jamais les frontières. L'internationalisme au plan

culturel, tel que nous l'entendons aujourd'hui, est né de la première guerre mondiale, avec la création de la Société des Nations , et surtout de la seconde

guerre mondiale, avec la création de l'Organisation des nations unies et celle de l'Unesco .

La conférence internationale d'Athènes (1931) sur la restauration des monuments, organisée par l'Office international des musées , et la charte d'Athènes , rédigée

par Le Corbusier à l'occasion de la quatrième assemblée des congrès internationaux d'Architecture moderne (1933) et publiée anonymement en 1941 à Paris, représentent une étape capitale dans l'évolution des idées parce qu'elles reflètent une prise de conscience des professionnels sur le plan international et

introduisent pour la première fois la notion de patrimoine international.

La charte de Venise est née de la nécessité de constituer une association de professionnels et de spécialistes de la conservation et de la restauration

indépendante de celle des muséologues, l'ICOM. En 1957, à Paris, le premier congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques

formulait, entre autres, le vœu que les pays ne disposant pas encore d'une organisation gouvernementale de protection des monuments prévoient une

structure de tutelle et, au nom de l'UNESCO, que tous les états membres de l'UNESCO adhèrent au Centre international d'études pour la conservation et la

restauration des biens culturels, l'ICCROM.

Le deuxième congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques qui s'est tenu à Venise en 1964 adopta treize résolutions, la première

étant la charte internationale de la restauration, plus connue sous le nom de charte de Venise, la seconde étant la création du Conseil international des monuments et

des sites (ICOMOS), sur proposition de l'Unesco.

ICOM, la communauté muséale mondiale

• Créée en 1946 par un groupe de directeurs de musée.• Un réseau unique de plus de 35 000 musées.• Un forum diplomatique rassemblant des experts issus de 136

pays et territoires. • Un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des

Nations unies.• 119 comités nationaux et 30 comités internationaux représentant

les spécialités des musées.• Un rôle de premier plan en matière de déontologie.• Un des membres fondateurs du Comité international du Bouclier

Bleu (ICBS).

Les précurseurs

• Harold PLENDERLEITH (1898-1997)

• Paul COREMANS (1908-1965)

Paul COREMANS

Georges Henri RIVIERE (1897- 1985)

Premier directeur du Conseil international des musées (ICOM)

Adrien FÉDOROVSKY1931

« La vraie formule de la conservation est de prévoir et de prévenir. Si elle est strictement établie et appliquée, elle permet de réduire et même de supprimer la nécessité de la restauration. »

RIVET, RIVIERE et FÉDOROVSKY dans le laboratoire du MET

Un programme complet et cohérent de conservation:

le musée de l’Homme 1937-2004

• Les réserves du musée de l’Homme

Louis HAUTECOEUR, 1934

et l’idée de programme architectural

« L’architecture d’un musée dépend duprogramme fixé . Ce programme imposele plan du musée, c’est-à-dire la formedes salles, la distribution, lacirculation . »

« La plupart des magasins de peinturecomprennent des panneaux glissant sur rail.

Ces magasins ne doivent pas être des recoinsdispersés dans le musée, mais de vastes sallesclaires et accessibles. »

H.J. PLENDERLEITH

1956

« Le maximum qu'un conservateur de musée

puisse faire est de reconnaître les dangers

potentiels inhérents à l'atmosphère et d'y

répondre en assurant le meilleur climat

possible pour ses collections . »

Humidité Pollution de l’air Négligence

Humidité excessive

Sécheresse

Variations

Gaz

Poussière

Accident

Exposition

Manipulation etemballage défectueux

InfestationChaleur humide

Suie

D’après HJ PLENDERLEITH, 1966

1967 conférence de Londres

• IIC organise un colloque sur la climatologie dans les musées

1969ICOM

Publication de l’ouvrage :

Problèmes de conservation dans les musées

où il est affirmé la priorité

de la conservation sur la restauration

1975

Cours de l’ICCROM où sont associés

pour la première fois les mots

conservation et prévention

Code de déontologie IIC-GC, 1989

« Toutes les mesures destinées à retarder la

détérioration d'un bien culturel ou à prévenir

les dommages, grâce à l'établissement des

conditions optimales de transport, de

manutention, d'entreposage et d'utilisation. »

La fin du XXe siècle

De la conservation préventive à la conservation prédictive :

• Calculer les risques

• Modéliser la dégradation et quantifier la perte d’intégrité

• Faciliter l'exploitation des biens culturels

Deux colloques internationaux sur la conservation préventive

1992 1994

Gaël de GUICHEN

Ingénieur chimiste de l’école polytechnique de Lausanne.

Responsable de la division des musées et conseiller du directeurgénéral à l'ICCROM - Centre international d'études pour la conservationet la restauration des biens culturels - à Rome en 1969.

Gaël de GUICHEN1994

« La conservation préventive demande un changement total de mentalité :

� qui pensait autrefois objet singulier doit penser aujourd'huiCOLLECTIONS

� qui pensait autrefois individu doit penser aujourd'hui ÉQUIPE

� qui pensait autrefois jours et semaines doit penser aujourd'hui MOIS etANNÉES

� qui pensait autrefois à un seul type d'attaque doit penser aujourd'hui àL’ENSEMBLES DES AGRESSEURS

� qui pensait autrefois dépense immédiate doit penser aujourd'huiÉCONOMIE À LONG TERME. »

ICCROM1998

«Le but [de la conservation préventive] est de

protéger les collections, au moyen d'actions

comprenant la maintenance du bâtiment, le

contrôle des pratiques du personnel, la

sensibilisation du public, le contrôle du climat et

de la législation. »

Ces actions deviendront les indicateurs de conservation

préventive

« La conservation préventive doit être

entendue comme la conception, la

coordination et la mise en œuvre d’un

ensemble de stratégies organisées dans le

temps et dans l’espace, développées par

une équipe interdisciplinaire. »

Gaël de GUICHEN2001

Jean TÉTREAULTInstitut Canadien de Conservation

2003

Contrôle et gestion desrisques

Roland MAY2011

Directeur du Centre interrégional de Conservation et

Restauration du Patrimoine (CICRP) de Marseille

• La conservation préventive : une sensibilité accrue à la matérialité de l’objet et à son environnement et un intérêt pour des outils et des procédures : réserves, chantiers des collections, inventaire, récolement, conditionnement, travaux normatifs…

• Son objectif : la pérennisation du bien patrimonial à travers des références opérationnelles et scientifiques.

• Le défi de la conservation préventive: un programme d’anticipation, d’adaptation et de développement au gré des contextes politiques ou socio-économiques.

« Je crois cependant qu’en gérant mieux les ressources mises à notre

disposition , qu’en ne cherchant pas à tout conserver, mais en faisant

des choix, qu’en associant le public à ces choix en lui expliquant les

défis auxquels nous sommes confrontés, en passant le message que

« le patrimoine est fragile » et qu’en réfléchissant plus au pourquoi

nous conservons plutôt qu’au comment, notre génération préparera

l’avenir. »

« Politiques de conservation : les mots et les choses », CeROArt

Gaël de GUICHEN2012

Forum ICCROM 2013

Sciences de la conservation

Preventive Conservation: The State of the Art

Turin, 10 – 14 September 2018