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Projet Agriculture Durable de Moyenne Montagne En collaboration avec la Fédération régionale Auvergne des
Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu Rural
Diagnostic Biodiversité
de l’exploitation agricole de Serge GRANGE
- commune de Saint-Didier-en-Donjon -
Un réseau bocager et de zones humides au cœur
de la Sologne Bourbonnaise
Décembre 2010
1
Diagnostic Biodiversité
de l’exploitation agricole de Serge GRANGE
Département : Allier Exploitation centrée sur le siège
Commune : Saint-Didier-en-Donjon Production : Limousine
Altitude moyenne : 270 m Nombre de bêtes : 50 mères
Label / spécificité : vente en filière courte
Sommaire
1- Description générale ........................................................................................................................ 2 2- Présentation générale des infrastructures et unités agro-écologiques (IAE et UAE)...................... 3 3 -Diagnostic des infrastructures Agro-Ecologiques (HAIES – MARES – RUISSEAUX) ......................... 7
3-1 – HAIES ....................................................................................................................................... 7 3-2 – MARES et ETANGS ................................................................................................................... 9 3-3 – RUISSEAUX ............................................................................................................................ 11
4 -Diagnostic des unités Agro-Ecologiques (PRAIRIES NATURELLES, BOSQUETS) ............................. 14 4-1 – PRAIRIES NATURELLES et PRAIRIES HUMIDES ...................................................................... 14 4-2 – BOSQUETS ............................................................................................................................. 17
Conclusion .......................................................................................................................................... 18
2
1- Description générale
Située en région bocagère à l’ouest de la rivière Loddes, l’exploitation possède un réseau continu
de haies, mêlant des chênes centenaires, charmes, noisetiers et autres arbustes. Entre ce maillage
dense, s’intercalent des prairies pâturées sèches et plus humides à Crételle, graminée dominante
des pâturages, traitées aussi bien en fauche qu’en pâture. La flore y est majoritairement
relativement diversifiée.
Deux secteurs présentent cependant des prairies temporaires de plus de cinq ans encore pauvres
en plantes à fleurs, dominées par les pissenlits et les Rumex (espèce de refus).
L’initiative prise par l’éleveur de créer des mares est à encourager, d’autant que leur protection
par rapport au bétail est parfaitement opérationnelle à travers des mises en défens. Ainsi, la
création de quatre mares dispersées sur l’ensemble des îlots permet de tisser une trame bleue
secondaire efficace entre les étangs sur le territoire de la Sologne.
La présence d’amphibiens a été notée sur l’ensemble des mares et selon l’éleveur, la rainette
arboricole serait présente sur son exploitation. On peut supposer que ce réseau de mares et
d’étangs permet un lien entre les différentes populations d’organismes liés au milieu aquatique
(batraciens, odonates,…).
Soulignons aussi la mise en défens des rus temporaires traversant l’exploitation : la végétation des
berges est ainsi préservée. On peut y observer une diversité intéressante de grandes herbes
typiques de milieux naturels humides appelés mégaphorbiaies. Ces plantes sont valorisées comme
fourrage, bien que représentant des surfaces faibles.
Enfin, un bosquet présente aussi un intérêt pour des oiseaux nicheurs, mais aussi pour une
certaine flore : notons par exemple la présence d’une plante peu commune dans l’Allier : la
Parisette à quatre feuilles. Ce bosquet entretient une certaine diversité animale et végétale tout
en fournissant un abri au troupeau par temps orageux. Il supporte bien un rôle écologique et
agricole.
Occupation du sol
PRAIRIES TEMPORAIRES JEUNES 6,89 ha
CULTURES 0 ha
PRAIRIES NATURELLES ET PRAIRIES TEMPORAIRES DE PLUS DE 5 ans 73,62 ha
AUTRES INFRASTRUCTURES ET UNITES AGRO-ECOLOGIQUES 4,84 ha1
Total 85,39 ha
1 Comprend la surface des haies, qui peut être recouvrante des prairies périphériques
3
2- Présentation générale des infrastructures et unités agro-écologiques
(IAE et UAE)
2-1 Types d’IAE et UAE présentes sur l’exploitation
Surface totale exploitée : 83,72 ha dont 81.68 ha de SAU en 4 îlots PAC
Surface totale des UAE-IAE : 81,39 ha
L’exploitation agricole présente plusieurs infrastructures et unités agroécologiques
caractéristiques de la Sologne Bourbonnaise :
Carte 1 : localisation des IAE-UAE
� Infrastructures Agro-Ecologiques : éléments ponctuels et linéaires.
- Haies
- Mares et étangs
- Ruisselets
� Unités Agro-Ecologiques : éléments surfaciques
- Prairies naturelles dominées par des pâtures et prairies humides, hors prairies
temporaires peu diversifiées
- Forêts et bosquets
De manière générale, la présence d’une telle diversité de milieux est bénéfique à la diversité
des êtres vivants.
Part des IAE-UAE par rapport à leur surface totale
6%
67%
3%
0%
23%1%
Haie
Prairie naturelle
Forêt et bosquet
Mare et Etang
Prairie humide
Ruisseau
92%
8%
IAE-UAE
Prairies temporaires
4
5
Taux d’artificialisation de l’exploitation : 2,8 %
Le taux d’artificialisation est donc relativement faible sur l’exploitation : ceci est du à la présence
d’un réseau dense de haies ainsi qu’à de nombreuses prairies permanentes ou d’anciennes
prairies temporaires. Ce taux peut encore être amélioré si l’éleveur continue dans son optique de
favoriser la biodiversité en maintenant les prairies actuelles, qui se diversifieront au fil des années
si la fertilisation est limitée et si celles-ci ne sont pas retournées.
2-2 Etat de conservation des IAE sur l’exploitation
Etat de conservation général de l’ensemble des IAE-UAE : Carte 2-1 et 2-2 : Etat de conservation des IAE-UAE sur l’exploitation
Répartition de l'état de conservation sur l'ensembl e des IAE-UAE
23%
20%
57%
Défavorable
Moyen
Bon
Globalement, plus de la moitié des infrastructures et unités agro-écologiques sont en bon état de
conservation. Dans les 23 % qui sont en état défavorable, on notera des haies basses et des
prairies temporaires âgées de plus de cinq ans principalement.
Les cartes 2 et 3 suivantes représentent l’état de conservation de chaque IAE-UAE. En parallèle
sera dressé également une carte de l’intérêt écologique.
6
Carte 2 :
7
3 -Diagnostic des infrastructures Agro-Ecologiques (HAIES – MARES – RUISSEAUX)
3-1 – HAIES
3-1-1 CONSTAT
Les infrastructures Agro-Ecologiques sont représentées en grande majorité par le réseau dense de haies,
qui totalise un linéaire de 12 km. Ce chiffre est très important par rapport à la surface totale exploitée,
puisque en surface, il représente 3 % de celle-ci (2,3 ha-linéaire X largeur moyenne).
Différents types de haies sont présents sur l’exploitation :
- haies de haut–jet pluristratifées (strate arborescente – strate arbustive haute et strate arbustive
basse) et haies arbustives de taille moyenne en quantités équivalentes
En général, les haies présentes sur l’exploitation sont très bien structurées et diversifiées au niveau
des essences ligneuses, ainsi que bien entretenues, favorisant ainsi la régénération d’essences forestières
et d’essences arbustives. Ainsi, l’addition des trois strates favorise une diversité animale et végétale au
niveau de l’ensemble de l’exploitation et permet une liaison entre les populations animales (chauves-souris
par exemple) des massifs forestiers avoisinants.
Au niveau de la structure des haies, de nombreux très gros chênes sont présents sur l’exploitation et
font l’objet d’un élagage raisonné : ces individus accueillent une faune certainement riche. Nous avons pu
notamment observer un essaim sauvage d’abeilles de grande importance dans l’un deux.
Ponctuellement, au niveau de l’îlot 4, la haie dénommée 4-4 apparaît très bien structurée : elle présente
non seulement plusieurs strates mais elle est aussi très large, permettant ainsi l’abri du troupeau tout en
accueillant une diversité plus importante en faune et flore.
- dans une moindre mesure des haies d’épineux bas à prunelliers, aubépines et églantiers.
On note localement dans les différents îlots des haies basses où dominent les épineux, espèces
arbustives peu valorisées au niveau fourrager étant donné leur caractère inappétent. D’autre part, ces
haies arbustives sont piquetées de chênes, ne formant pas ainsi un linéaire continu d’une strate haute de
chênes.
Localement, au niveau de l’îlot 4, on note une initiative intéressante de la part de l’éleveur, qui a
planté un linéaire d’arbustes et d’arbres de façon à créer un corridor depuis le bosquet jusqu’à la haie
périphérique à l’îlot. Cependant, les espèces plantées (Robinier faux-acacia, Erable américain, If) sont
exotiques à notre région et présentent un fort risque d’envahissement ainsi qu’un effet de concurrence vis-
à-vis d’espèces indigènes (exemple du Robinier). D’autre part, en ce qui concerne les Pins et ifs, ce sont des
espèces inappétentes qui ne seront pas valorisées auprès du bétail. L’If est même toxique pour ce dernier.
Ainsi dans une optique de favorisation de la biodiversité à l’échelle de l’exploitation, ces espèces ne sont
pas opportunes.
Haie pluristratifiée Très gros chêne Allée bocagère
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3-1-2 FACTEURS D’INFLUENCE
3-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
3-1-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
� Amélioration des haies basses par éclaircies afin de favoriser les essences ligneuses hautes
(Chênes, frênes et charmes). Afin de renforcer la strate arborescente de certaines haies à
dominante arbustive, il serait intéressant de planter certains arbres de haut-jet tels que les
chênes et frênes. Ce dernier est intéressant pour le bétail en cas de sécheresse. Les essences
proposées peuvent dans une moindre mesure être broutées par le bétail et contribuent aussi à la
circulation des espèces animales.
� Suppression des espèces exotiques plantées sur l’îlot 4 (Chêne d’Amérique, If, Pins) et plantation
en espèces indigènes plus appétentes présentes sur l’exploitation (chênes, cornouillers,
noisetiers) pour renforcer le réseau de haies. D’une part, ceci valorisera l’élevage, comme
présenté précédemment et, contribuera à une diversité indigène.
Facteurs favorables :
- Linéaire important de haies (7 km) bien structurées et à plusieurs strates, formant un
réseau bocager dense
- Très gros Chênes favorables à la biodiversité
- Taille raisonnée des haies arbustives favorisant la diversité des essences ligneuses
Facteurs d’amélioration :
- Haies basses souvent dominées par des épineux et ponctuées de chênes
(linéaire = 4 km)
- Plantation locale d’une haie avec espèces non indigènes
- Toxicité de l’If (îlot 4-16)
INTERET FORT
- Structure à plusieurs strates majoritaire accueillant une faune diversifiée
- Continuité du réseau créant des axes de circulation pour la faune (chauves-souris et
oiseaux).
- Faune :
Territoire de chasse du Guêpier d’Europe
(agriculteur comm. perso)
Espèce rare en Europe (inscrite en Annexe II de la
Directive Habitats-Faune-Flore)
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3-2 – MARES et ETANGS
3-2-1 CONSTAT
Ces deux infrastructures sont également bien représentées sur l’ensemble de l’exploitation en terme
de nombre (trois, 0,50 % de la surface exploitée). La totalité des mares a été créée par l’éleveur dans les
plus bas niveaux et possèdent sur leur marge une végétation diversifiée et importante du fait de leur
mise en défens.
Ainsi leur intégrité en tant que zone humide n’est pas mise en danger par le piétinement du bétail
et elles permettent d’abriter une faune intéressante : amphibiens notamment. Sur l’exploitation, la
rainette arboricole est présente (S. GRANGER comm. perso). Cette espèce rare à l’échelle de la France doit
trouver ici un biotope favorable à son développement et peut ainsi se déplacer de proche en proche par
l’intermédiaire du réseau de mares.
En parallèle de ces mares sont aménagés des bacs d’abreuvement.
Ces mares présentent donc un fort intérêt en ce qui concerne la biodiversité animale et végétale,
malheureusement celles-ci se comblent progressivement, la pièce d’eau étant au final quasi-absente.
D’autre part, des espèces exotiques ont été plantées comme le Bambou qui peut devenir envahissant
et se propager dans la nature. Il conviendrait donc de l’éradiquer de l’exploitation et de laisser la végétation
évoluer naturellement.
Deux étangs sont aussi présents sur l’exploitation : l’un d’eux est isolé des surfaces pâturées mais reste
intéressant de par la végétalisation de ses berges et sa surface. Le deuxième (3-26) est en contact avec un
bosquet et la prairie attenante : ses berges sont surpiétinées au sud par le bétail qui vient s’abreuver à
l’étang.
3-2-2 FACTEURS D’INFLUENCE
3-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
Facteurs favorables : - Présence d’eau accessible pour l’abreuvement des bêtes
- Mise en défens des petites mares situées en bordure de prairies
- Végétation des berges importante accueillant une diversité faunistique
Facteurs d’amélioration : - Fermeture et assèchement naturel des mares
- Présence d’espèces exotiques plantées sur les berges (saule pleureur, bambous)
- Etang ayant localement ses berges surpiétinées
- Secteurs d’abreuvement peu adaptés
Mare mise en défens
dans l’îlot 4
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3-2-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
� Afin de mettre en valeur les mares vis-à-vis de l’élevage, il pourrait être envisagé
d’aménager des points d’abreuvement dont l’eau proviendrait des mares, dans la mesure
où celles-ci disposeraient d’assez d’eau sur la période d’utilisation.
� Sur l’étang, une mise en défens est conseillée sur la berge sud étant donné le
surpiétinement. La mise de la terre à nue régulièrement empêche le développement de
la végétation qui pourrait être valorisée au niveau de la diversité faunistique mais aussi
comme fourrage. Un point d’abreuvement relié à l’étang par un système de pompe
pourrait être mis en place.
� Afin de favoriser la pièce d’eau des mares et ainsi l’abreuvement des bêtes et la diversité
en faune aquatique et semi aquatique, un curage de plusieurs mares pourrait être
nécessaire (1-4, 4-11, 3-9).
� Il conviendrait d’éradiquer les espèces exotiques plantées, comme le Bambou, afin de
limiter leur extension et de favoriser la végétation locale.
INTERET FORT
- Berges très végétalisées
- Corridor permettant la circulation d’espèces « aquatiques »
- Faune :
Rainette arboricole (agriculteur comm.
perso)
Espèce rare en France, espèce déterminante des zones
d’intérêt écologique (ZNIEFF)
Cistude d’Europe (agriculteur comm.
perso)
Espèce très rare en Europe (Directive Habitats-Faune-
Flore)
Grenouille verte sp. Espèce commune
- Flore :
Eleocharis des marais Espèce assez commune en France
Plantain d’eau Espèce assez commune dans l’Allier
Renoncule aquatique Espèce peu commune
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3-3 – RUISSEAUX
3-3-1 CONSTAT
Deux rus temporaires parcourent l’exploitation, au niveau de l’îlot 1 et de l’îlot 4.
De manière générale, ces rus permettent de rafraîchir le bétail.
Le premier (1-6) serpente sous couvert arboré d’une haie : ses berges sont très végétalisées et sont donc
favorables à la diversité floristique et animale et favorise la biomasse végétale.
Ce ru est également préservé du piétinement par le bétail par une mise en défens ponctuelle, sans pour
autant gêner l’abreuvement des bêtes.
Le deuxième ru (4-13) présente également des berges végétalisées à hautes herbes (de type
mégaphorbiaie) : des végétations sur sols humides et eutrophes. Cette végétation localement
« luxuriante » peut être valorisée comme fourrage.
Soulignons aussi la mise en défens de ce ru par une clôture.
Il est conseillé le long de ce ru temporaire de favoriser le développement naturel des jeunes Aulnes
présents de façon à créer un corridor depuis le massif forestier jusqu’aux haies du chemin.
Ces deux rus sont donc bien préservés et en bon état de conservation.
3-3-2 FACTEURS D’INFLUENCE
3-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
Facteurs favorables :
- Mise en défens des ruisseaux
- Végétation des berges importante
- Source d’eau supplémentaire pour le bétail
Facteurs d’amélioration : Aucun
INTERET FORT
- Végétation à hautes herbes abondante omniprésente le long des rus
- Un habitat naturel d’intérêt patrimonial communautaire (Directive Habitat) :
MEGAPHORBIAIE : prairie humide le long des rus à Angélique des bois, Reine des prés
et Iris.
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3-2-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
� Ne pas agir sur le développement des jeunes arbres afin de favoriser un cordon d’arbres,
renforçant le réseau bocager et permettant de maintenir les berges.
� Maintenir les mises en défens afin de protéger les berges et éviter le piétinement des
bêtes dans l’eau
� Aménager un point d’abreuvement dans l’îlot 1.
La mégaphorbiaie est une prairie humide le long des rus à
Angélique des bois, Reine des prés et Iris.
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Carte 3 :
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Prairies à Rumex, en mauvais état de
conservation (îlot 1)
Prairie humide de bas-fond à joncs
4 -Diagnostic des unités Agro-Ecologiques (PRAIRIES NATURELLES, BOSQUETS)
4-1 – PRAIRIES NATURELLES et PRAIRIES HUMIDES
4-1-1 CONSTAT
Rappelons que les prairies temporaires les plus jeunes et par conséquent les moins diversifiées n’ont pas
été retenues en tant qu’unités agro-écologiques. Elles sont considérées comme des cultures, abritant une
très faible diversité animale et végétale.
Près de 70 % de la surface exploitée est recouvert en prairies dites naturelles : il y a donc un enjeu majeur
sur ces unités agro-écologiques.
Toutefois, il faut ajouter une nuance à ces prairies naturelles : sur
l’ensemble de ces prairies, 20 % sont d’anciennes prairies temporaires
moyennement diversifiées en termes de plantes à fleurs (marguerites
par exemple). Ainsi, on peut considérer d’après la faible diversité de leur
flore (dominante de graminées et recouvrement important en plantes
nitrophiles comme les rumex) que ces dernières sont dans un état de
conservation défavorable : elles sont localisées principalement dans
l’îlot 1 et 3. Dans cet îlot, on observe également des prairies
permanentes à dominante de graminées nitrophiles (Pâturin commun et
Brome mou), fournissant un fourrage non négligeable mais étant très
pauvre du point de vue de la biodiversité.
Au sein des prairies des îlots 2 et 4, deux grands types de prairies sont observés :
• La prairie à Crételle sèche
L’ensemble des prairies de l’îlot 2 comporte une flore spécifique aux pâtures sèches même si celles-ci sont
traitées régulièrement en fauche : ainsi, on y observe une graminée dominante typique des pacages, la
Crételle. Accompagnant cette dernière, on peut noter des plantes à fleurs variées comme les Marguerites,
centaurées, trèfles, gesses, lotiers. Cet ensemble floristique relativement diversifié permet d’accueillir une
diversité d’insectes également intéressante.
Notons près de la mare 4-11, la présence d’un dépôt de fumier non contrôlé entraîne des eaux de lessivage
directement dans la mare.
Ces prairies sont globalement dans un bon état de conservation.
• La prairie à Jonc à tépales aigus et Crételle plus humide
Localisées dans l’îlot 2 et au sud-est de l’îlot 4, ces prairies sont
plus humides car situées dans les bas-fonds. Elles ont fait l’objet
de drainages plus ou moins importants avant l’arrivée de l’éleveur
sur l’exploitation. Elles font encore l’objet de curages légers afin
d’éliminer une petite partie de l’eau, sans toutefois trop modifier
la composition floristique. Cette gestion paraît donc favorable à la
prairie humide.
Par contre, un fossé de drainage de section importante (H=1m,
l=1,5 m), localisé dans la prairie 2-2, a dû fortement modifié
la composition floristique de la prairie autrefois :
néanmoins, les espèces végétales présentes dans cette unité sont indicatrices d’un bon état de
conservation. On peut y observer notamment des espèces peu communes dans l’Allier comme l’Orchis du
15
mois de mai, (une orchidée), le Cirse des Anglais, le Carum verticillé et la Scorzonère humble, espèces
typiques des prairies pâturées peu amendées et peu perturbées.
On peut donc penser que cette prairie devait être une prairie très humide intéressante du point de vue de
la biodiversité avant la création du fossé de drainage, qui a dû évoluer en un type moins humide dégradé
juste après le drainage. Au constat des espèces végétales présentes actuellement et de la gestion douce
appliquée (faibles curages), cette prairie modifiée a pu donc cicatriser et apparaît donc être dans un bon
état de conservation.
Le fossé est à l’heure actuelle non entretenu : cela favorise donc la cicatrisation de la prairie. De plus, ses
berges sont très végétalisées avec de hautes herbes et des jonçaies à Jonc glauque, végétation de plus en
plus rare à l’échelle de la France.
Les prairies 2-2 et 2-11 ont donc sensiblement la même flore : elles sont toutes les deux en bon état de
conservation tout en produisant une biomasse assez importante, avec une dominante de graminées et
de nombreuses plantes à fleurs.
Au niveau des prairies humides de l’îlot 4, on note également de légers fossés, ne modifiant pas la flore
radicalement. La végétation est toutefois moins diversifiée que pour les prairies de l’îlot 2. On considère
qu’elles sont également en bon état de conservation.
Ponctuellement, en aval de la prairie, des modifications importantes du ruissellement ont eu lieu
récemment à l’aide d’engin lourd très certainement. Un talutage a modifié les berges ainsi que la
végétation environnante. Par ailleurs, la berge est localement surpiétinée par le bétail.
4-1-2 FACTEURS D’INFLUENCE
Facteurs favorables :
- Gestion douce des fossés par curage léger favorisant une flore assez variée ainsi qu’une
biomasse assez importante (fourrage important)
- Pâturage assez extensif de certains îlots
- Recouvrement en légumineuses important
Facteurs d’amélioration :
- Modification du ruissellement par creusement-talutage dans l’îlot 4
- Retournement des prairies favorisant les espèces rudérales (Rumex) et nitrophiles, peu
favorable à la diversité végétale
- Fertilisation directe très certainement importante sur certaines prairies de l’îlot 1, ne
favorisant pas non plus une forte diversité végétale et par conséquent animale
Scorzonère humble
Cirse des
Anglais Orchis de mai
16
4-1-3 INTERET ECOLOGIQUE
4-1-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
� En ce qui concerne les prairies humides :
- Maintenir une gestion douce des fossés par curage léger sans surcreusement plus profond sur
la période (septembre – octobre).
- Ne pas curer le fossé de drainage de l’îlot 2 afin de favoriser la végétation des berges et de
concilier la diversité actuelle de la prairie et un fourrage important.
- Ne pas créer de fossés supplémentaires qui mettraient en péril l’équilibre actuel de la prairie
déjà fragile
� En ce qui concerne les prairies sèches :
- Limiter les apports de fertilisants notamment au niveau de l’îlot 1 afin de favoriser l’apparition
de plantes à fleurs et ainsi une diversité en insectes pollinisateurs. Ceci permet également une
diversification du fourrage, ce qui peut être important au niveau sanitaire.
- Le recouvrement des Rumex sur certaines parcelles (unité 1-15 par exemple) semble affecter la
production : afin de les limiter, il pourrait être envisagé un pâturage tournant, en intégrant
plusieurs parcelles, de façon à ne pas
- Eviter tout retournement de prairies qui nuirait d’une part à la faune du sol qui contribue au
bon développement de la prairie mais aussi réduirait fortement la diversité végétale qui est en
train de se créer actuellement.
PRAIRIES SECHES : INTERET FAIBLE
- Faible diversité floristique étant donné l’ancienneté des prairies : dominante de graminées
- Intérêt entomologique faible
PRAIRIES HUMIDES : INTERET ASSEZ FORT
- Des prairies moyennement humides abritant des espèces végétales peu communes
- Intérêt entomologique moyen : nombreuses espèces de papillons
- Un habitat naturel de plus en plus rare en Auvergne : la Jonçaie à Jonc glauque, assez riche
en espèces végétales
- Flore
Intérêt floristique fort vis-à-vis du département de l’Allier : abrite plusieurs espèces rares dans ce
département mais sans statut de protection
Orchis de mai Espèce exceptionnelle dans l’Allier
Cirse des Anglais Espèce rare dans l’Allier, peu commune en Auvergne
Carum verticillé Espèce rare dans l’Allier
Scorzonère humble Espèce rare dans l’Allier
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4-2 – BOSQUETS
4-2-1 CONSTAT
Sur l’ensemble de l’exploitation, on note deux bosquets représentant 3 % de la surface exploitée,
participant ainsi à la diversité des infrastructures et unités agroécologiques.
L’un deux situé au milieu de l’îlot 4 est assez bien constitué et forme déjà une forêt de charmes et
chênes : il est utilisé par le bétail comme abri et est ainsi valorisé au niveau de l’exploitation. Par contre, le
surpiétinement observé en son sein est nuisible à la flore herbacée et à la régénération des essences
ligneuses comme le charme et le chêne. Notons la présence d’un Pic dans la zone. Une deuxième orchidée
est présente dans le sous-bois : la Listère ovale. On rencontre aussi une population de Parisette à quatre
feuilles, plante des forêts sur sol neutre, rare dans le département de l’Allier.
Le deuxième bosquet (4-19) se situe au bord de l’étang : il est constitué de jeunes frênes et chênes. La flore
herbacée est assez peu typique du fait du piétinement fréquent par le troupeau : on y trouve ainsi des
plantes nitrophiles telles que l’Ortie ou le Géranium herbe à robert.
4-2-2 FACTEURS D’INFLUENCE
4-2-3 INTERET ECOLOGIQUE
4-2-4 PERSPECTIVES D’AMELIORATION
� Maintien de l’existant
Facteurs favorables :
- Surface assez importante constituant un abri par temps extrême
- Un peuplement bien constitué au niveau des arbres
- Unité supplémentaire accueillant une diversité forestière relativement
intéressante
- Favorise la diversité faunistique (abri, zone de reproduction…) Facteurs d’amélioration :
- Surpiétinement important modifiant la strate herbacée et tassant le sol
INTERET MOYEN
- Une chênaie-charmaie avec une flore herbacée
assez diversifiée : abri pour la faune
- Flore : Parisette à quatre feuilles (photo), espèce
rare en plaine et notamment dans le
département de l’Allier
- Faune : présence du Pic vert notamment
18
Conclusion
L’exploitation agricole de Serge Grange possède donc une part importante de sa surface en
zones naturelles : prairies humides, haies, prairies sèches. Le taux d’artificialisation est donc
très faible. Par rapport aux surfaces topographiques (haies, prairies naturelles, mares) à
déclarer dans le cadre des Bonnes conditions agro-écologiques (BCAE), l’agriculteur est donc
bien supérieur au seuil minimum de 1 % obligatoire pour l’année 2010.
L’intérêt écologique des zones naturelles de l’exploitation est globalement bon. Le réseau
bocager bien entretenu présente dans sa grande majorité un intérêt écologique fort pour la
faune. Ce maillage contribue également à limiter l’érosion des sols et abriter le bétail.
Au niveau des prairies humides situées en majorité dans l’îlot 2 et 4, on remarque la
présence d’espèces rares dans le département de l’Allier : ces prairies constituent donc un
refuge pour ces espèces et sont à préserver en priorité en pratiquant une gestion douce des
fossés.
Les eaux stagnantes (mares et étangs) participent également à un corridor « aquatique »,
propice à des espèces comme la Rainette arboricole. Elles sont à valoriser au point de vue
agricole en limitant leur accès et en aménageant des points d’abreuvement fixes.
L’intérêt écologique est cependant variable en fonction des unités et infrastructures agro-
écologiques : il est relativement faible pour les prairies sèches étant donné la jeunesse des
prairies.
Globalement, les zones naturelles sont dans un bon état de conservation (77 %). 23 %
sont dans un état défavorable, il s’agit notamment des prairies temporaires de plus de cinq
ans ainsi que les haies basses à épineux.
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS :
Afin d’améliorer l’intérêt écologique de ces unités et de diversifier ainsi la flore et la faune,
principalement localisées dans l’îlot 1, il est donc conseillé prioritairement de ne plus retourner
les prairies et de limiter les intrants organiques.
La gestion actuelle des prairies humides est favorable à la biodiversité globalement : maintenir
un curage léger des fossés et éviter tout nouveau fossé pouvant perturber localement les
habitats (par exemple aval de l’écoulement dans l’îlot 4)
Pour ce qui est des haies, qui ne sont pas forcément prioritaires en termes de gestion étant
donné le maillage existant, l’éleveur pourra s’il le souhaite renforcer les haies basses en arbres
de haut-jet.
Des points d’abreuvement pourraient également être améliorés ou aménagés.
Carte 3 : localisation des actions proposées
19