Diabétologie || Avant-propos

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Avant-propos Plusieurs traités de diabétologie ont été édités au cours des trente dernières années. Un de plus, diront certains. Chaque ouvrage a ses caractéristiques propres. Celui-ci a été conçu dans un esprit pratique. Notre choix a été de limiter la partie fondamentale pour faire une place plus importante à la partie clinique laquelle a bénéficié d’avancées substantielles au cours des dernières années. Certains pensent que la diabétologie n’a pas progressé. Il suffit de jeter un regard sur le passé récent pour se rendre compte que cette affirmation est erronée. L’autosurveillance glycémique, développée dans les années quatre-vingts, a fondamentalement modifié le traitement du diabète sucré de type 1 en permettant l’avènement des traitements par multi-injections d’insuline et de l’insulinothérapie par pompe portable. N’oublions pas que dans les années quatre-vingts, au moment des premiers balbutiements de l’autosurveillance glycémique, d’éminents diabétologues croyaient que cette technique était vouée à un échec inéluctable. Aujourd’hui, elle est largement utilisée et la maîtrise sans cesse croissante de l’enregistrement glycémique continu en ambula- toire fait penser que cette technique va progressivement supplanter la surveillance glycémique discontinue. Le traitement du diabète de type 2 qui stagnait depuis les années soixante-dix est l’objet d’un renouveau indiscutable. Les dernières classes d’antidiabétiques oraux, les analogues du GLP-1, bousculent le paysage traditionnel de la prise en charge du diabétique de type 2. Certains diabétologues que nous pourrions considérer comme des conservateurs s’arc-boutent sur les traitements éprouvés, ayant un recul de plusieurs années, voire de plusieurs décennies. D’autres veulent brûler les étapes pour élargir dans les meilleurs délais le champ d’application des nouvelles thérapeutiques. Ceci explique que les recommandations ne cessent de proliférer, venues d’horizons divers, émises par des groupes d’experts qui se font et se défont en fonction des circonstances et de la sensibilité de chacun. Elles troublent le diabétologue et de manière plus générale, tous les professionnels de santé impliqués dans la prise en charge du diabète. Le meilleur ou le pire exemple – selon l’opinion que l’on s’en fait – est donné par le débat lancé au cours des derniers mois sur l’utilisation de l’HbA1c comme test de dépistage du diabète sucré. En effet, depuis toujours, il nous a été enseigné que la mesure de la glycémie est l’outil de choix pour diagnostiquer les états diabétiques, l’HbA1c n’étant qu’un élément de surveillance pour vérifier l’efficacité du traitement. Le but d’un traité de diabétologie est de faire le point sur l’état des connaissances à un moment donné. Il a également pour objectif de s’inscrire dans la durée en tenant compte du passé, en estompant les enthousiasmes excessifs et les déceptions temporaires. L’avenir de toute spécialité médicale, et la diabétologie n’y échappe pas, ne peut être gravé dans le marbre. Dans les années quatre-vingt-dix, certains pensaient que le diabète sucré de type 1 serait guéri en l’an 2000. Cette prédiction s’est malheureusement avérée fausse. En revanche, des avancées qui n’avaient pas été envisagées ont vu le jour. L’enregistrement glycémique continu en ambulatoire en fait partie. En

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Avant-propos

Plusieurs traités de diabétologie ont été édités au cours des trente dernières années. Un de plus, diront certains. Chaque ouvrage a ses caractéristiques propres. Celui-ci a été conçu dans un esprit pratique.

Notre choix a été de limiter la partie fondamentale pour faire une place plus importante à la partie clinique laquelle a bénéficié d’avancées substantielles au cours des dernières années.

Certains pensent que la diabétologie n’a pas progressé. Il suffit de jeter un regard sur le passé récent pour se rendre compte que cette affirmation est erronée. L’autosurveillance glycémique, développée dans les années quatre-vingts, a fondamentalement modifié le traitement du diabète sucré de type 1 en permettant l’avènement des traitements par multi-injections d’insuline et de l’insulinothérapie par pompe portable. N’oublions pas que dans les années quatre-vingts, au moment des premiers balbutiements de l’autosurveillance glycémique, d’éminents diabétologues croyaient que cette technique était vouée à un échec inéluctable. Aujourd’hui, elle est largement utilisée et la maîtrise sans cesse croissante de l’enregistrement glycémique continu en ambula-toire fait penser que cette technique va progressivement supplanter la surveillance glycémique discontinue. Le traitement du diabète de type 2 qui stagnait depuis les années soixante-dix est l’objet d’un renouveau indiscutable. Les dernières classes d’antidiabétiques oraux, les analogues du GLP-1, bousculent le paysage traditionnel de la prise en charge du diabétique de type 2.

Certains diabétologues que nous pourrions considérer comme des conservateurs s’arc-boutent sur les traitements éprouvés, ayant un recul de plusieurs années, voire de plusieurs décennies. D’autres veulent brûler les étapes pour élargir dans les meilleurs délais le champ d’application des nouvelles thérapeutiques. Ceci explique que les recommandations ne cessent de proliférer, venues d’horizons divers, émises par des groupes d’experts qui se font et se défont en fonction des circonstances et de la sensibilité de chacun. Elles troublent le diabétologue et de manière plus générale, tous les professionnels de santé impliqués dans la prise en charge du diabète. Le meilleur ou le pire exemple – selon l’opinion que l’on s’en fait – est donné par le débat lancé au cours des derniers mois sur l’utilisation de l’HbA1c comme test de dépistage du diabète sucré. En effet, depuis toujours, il nous a été enseigné que la mesure de la glycémie est l’outil de choix pour diagnostiquer les états diabétiques, l’HbA1c n’étant qu’un élément de surveillance pour vérifier l’efficacité du traitement.

Le but d’un traité de diabétologie est de faire le point sur l’état des connaissances à un moment donné. Il a également pour objectif de s’inscrire dans la durée en tenant compte du passé, en estompant les enthousiasmes excessifs et les déceptions temporaires. L’avenir de toute spécialité médicale, et la diabétologie n’y échappe pas, ne peut être gravé dans le marbre. Dans les années quatre-vingt-dix, certains pensaient que le diabète sucré de type 1 serait guéri en l’an 2000. Cette prédiction s’est malheureusement avérée fausse. En revanche, des avancées qui n’avaient pas été envisagées ont vu le jour. L’enregistrement glycémique continu en ambulatoire en fait partie. En

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VI Avant-propos

examinant les événements passés, qu’ils soient récents ou plus anciens, on s’aperçoit que l’évolu-tion d’une spécialité s’inscrit le plus souvent dans un continuum sur lequel peuvent s’insérer des avancées, des reculs ou des espoirs qui se confirment ou qui se dissipent au bout de quelques mois ou de quelques années. Des idées abandonnées retrouvent de la vigueur lorsque les technologies progressent. Des concepts un peu oubliés revoient le jour après quelques années de somnolence. Nous sommes conscients du fait que certains chapitres de cet ouvrage paraîtront démodés d’ici quelques mois ou quelques années mais les principes généraux resteront. C’est pour cette raison que nous avons demandé aux auteurs de toujours rappeler les concepts essentiels, de les dévelop-per dans le cadre de nos connaissances et des techniques actuelles et de voir comment ils peuvent évoluer dans un futur proche. Nous espérons que nous n’aurons pas failli dans notre tâche. Nous souhaitons que cet ouvrage vous soit utile et que vous trouviez sa lecture agréable ; que soient remerciés ici tous ceux qui ont participé à cette aventure : les auteurs et les éditions Masson – Elsevier sans qui cet ouvrage n’aurait pas pu voir le jour.

Pr Louis Monnier