Diabetes Voice

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Désastre et diabète: le double fardeau Volume 59 – Mars 2014 PERSPECTIVES GLOBALES SUR LE DIABèTE

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Volume 59 | Numéro 1

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Désastre et diabète: le double fardeau

V o l u m e 5 9 – M a r s 2 0 1 4 P e r s P e c t i V e s g l o b a l e s s u r l e d i a b è t e

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 3

Fédération internationale du diabètePromouvoir la qualité des soins, la prévention et la guérison du diabète à travers le monde

Diabetes Voice est publié trimestriellement et est également disponible en ligne à www.diabetesvoice.org Cette publication est également disponible en Anglais, et en Espagnol.

Rédacteur en chef : Rhys Williams Responsable de la rédaction : Olivier Jacqmain, [email protected] Rédactrice : Elizabeth Snouffer Assistante de rédaction : Agnese Abolina Comité de consultation : Pablo Aschner (Colombie), Ruth Colagiuri (Australie), Maha Taysir Barakat (Emirats Arabes Unis), Viswanathan Mohan (Inde), João Valente Nabais (Portugal), Kaushik Ramaiya (Tanzanie), Carolyn Robertson (USA). Mise en page et impression : Ex Nihilo, Belgique, www.exnihilo.be

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ISSN: 1437-4064Photo de couverture : Reem, 13 ans, dans le camp pour réfugiés syriens de Al Za'atri, près de Mafraq en Jordanie le 25 Novembre, 2013. © Ed Kashi

sommaire

P o i n t d e V u e 4

n o u V e l l e s e n b r e f 6

l a c a M Pa g n e M o n d i a l eun grand pas pour le diabète : retour sur la Journée mondiale du diabète 2013 10Merry Rivas González et Lorenzo Piemonte

soins du diabète au rwanda : contre toute attente 13Crispin Gishoma

compte-rendu du congrès mondial du diabète 2013 de la fid à Melbourne 17 Anne-Marie Felton

la déclaration de Melbourne sur le diabète 20 Adrian Sanders

s o i n s d e s a n t éMise à l'épreuve des limites : désastre et diabète 22 Elizabeth Snouffer, Talia Raab, Juvy Holasca, Stéphane Besançon, Assa Traoré Sidibé, Bah Traoré, Djibo Amadou, Paulette Djeugoue, Anne-Laure Coulon, Serge Halimi et Carolyn Robertson

P r a t i q u e c l i n i q u etraitement du diabète et cancer : cinq ans après l'annonce de « nouvelles brûlantes » 36Andrew Renehan

débat : sécurité à long terme de l'insuline pour le diabète de type 2 40Sarah Holden, Craig Currie et Steve Bain

Phénotypes asiatiques du diabète : problèmes et opportunités 44Juliana CN Chan, Roseanne Yeung, et Andrea Luk

lutte contre le diabète gestationnel dans les pays en développement : la situation dans les régions rurales du Kenya occidental 51Sonak D. Pastakia, Beryl Ajwang’ Onyango, Mercy Nabwire Ouma, Astrid Christoffersen-Deb et Carolyne Cherop

l'atlas du diabète met en lumière le fardeau élevé de l'hyperglycémie pendant la grossesse 55Ute Linnenkamp

Hyperglycaemia and adverse Pregnancy outcome (HaPo) - 2014 : faits, frustrations et besoins futurs 56David Hadden et David McCance

d i a b è t e e t s o c i é t éune nouvelle directive de la fid pour la gestion du diabète de type 2 chez les personnes âgées 58Trisha Dunning, Alan Sinclair et Stephen Colagiuri

les voix du diabète : le pouvoir de l'éducation pour la vie 62

V o i c e b o X 66

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 14

Point de vue

Michael Hirst, Président de la fédération internationale du diabète.

D'après la 6e édition récemment publiée de l'Atlas du diabète de la FID, le nombre de personnes atteintes de diabète a connu une hausse cataclysmique, pour atteindre 382 millions en 2013. Les données probantes recueillies indiquent par ailleurs que la prévalence du diabète explosera d'ici 2035. Près de 600 millions de personnes seront alors atteintes de diabète, et environ 470 millions présenteront une intolérance au glucose. En d'autres termes, 1 personne sur 8 dans le monde sera atteinte de diabète ou à risque, soit 1 milliard de personnes.

Le diabète est un avertissement pour ce 21e siècle.

Derrière ces statistiques stupéfiantes se cachent les décès souvent évitables d'hommes, de femmes ou d'enfants à cause d'une forme quelconque de diabète. Les statistiques ont l'art de se transformer en révélations anonymes, dont l'ampleur atténue injustement l'importance des millions de vies perdues, ainsi que le poids de la pauvreté et des souffrances imputables au diabète.

Le diabète sous toutes ses formes destructrices n'est pas uniquement une crise sanitaire. C'est un problème de développement non résolu pour les pays à faible et moyen revenu du monde entier. L'attitude consistant à fermer les yeux sur la pandémie ne confère aucun avantage économique, pas plus qu'elle n'a d'utilité politique. Pourtant, les données statistiques montrent que c'est précisément ce que fait notre planète.

La Fédération internationale du diabète (FID) et ses Associations membres se battent contre la hausse constante du diabète. À cette fin, nous disposons d'un arsenal incroyable d'outils – stratégies de prévention, traitements salvateurs et action dédiée d'un consortium mondial de défenseurs de la cause, d'experts, de chercheurs et de professionnels médicaux. Mais malgré cela, nous sommes en train de perdre le combat visant à protéger les personnes à risque et sans accès à des soins, mais aussi la croissance économique et la stabilité des pays en développement.

Une nouvelle page de l'histoire a été écrite en 2011 avec l'adoption de la Déclaration politique de l'ONU sur les maladies non transmissibles (MNT), dont le diabète. En novembre 2012, les États membres de l'ONU ont approuvé le tout premier Cadre mondial de suivi pour la prévention et le contrôle des MNT, qui comprend notamment un ensemble d'objectifs mondiaux volontaires et d'indicateurs visant à enrayer la hausse de conditions chroniques mortelles telles que le diabète et l'obésité. 2013 a vu l'adoption de l'architecture mondiale contre les MNT en vue d'accélérer les progrès. Les neuf objectifs globaux et les 25 indicateurs approuvés

constituent des pas en avant déterminants. Ils envoient un message fort exhortant l'ensemble des pays à s'engager à réduire le nombre de décès prématurés dus aux MNT de 25 % d'ici 2025.

La fixation d'objectifs mondiaux volontaires à une époque où une multitude d'intérêts contradictoires sont inscrits sur les agendas politiques peut conduire à une résistance. Notre principal défi en vue d'encourager une action de la part gouvernements consistera à fournir aux dirigeants et décideurs politiques des données probantes qui les pousseront à adopter et à réaliser les objectifs de l'ONU en matière de MNT. Ce défi fait partie intégrante de l'objectif de sensibilisation mondiale de la FID.

C'est avec beaucoup d'admiration que nous pouvons célébrer un signe de progrès dans la foulée du Congrès mondial de Melbourne. Lancée officiellement le 2 décembre 2013, la Déclaration de Melbourne sur le diabète a été approuvée et signée par 50 parlementaires. Ceux-ci s'engagent à s'assurer que le diabète figure en bonne place de l'agenda politique dans tous les pays, ainsi qu'à encourager la prévention, le diagnostic précoce, la gestion et l'accès à des soins adéquats, à un traitement et à des médicaments.

Je voudrais rendre hommage à Guy Barnett qui a travaillé dur pour mettre sur pied le forum parlementaire à Melbourne. Je suis également reconnaissant à Judi Moylan, qui a généreusement accepté le rôle de coordinatrice mondiale de la FID de notre Global Network of Parliamentary Champions for Diabetes aux côtés du président, le député britannique Adrian Sanders. Le député maltais Simon Busutti et la députée kenyane Rachel Nyamai occuperont la vice-présidence. Nul doute que sous leur direction, et avec l'engagement d'autres parlementaires à travers le monde, la mission de la FID engrangera davantage de succès. Nous sommes face à un défi mondial et, désormais, avec cette réponse mondiale au plus haut niveau, nous devons réussir à obtenir l'attention, le soutien et les fonds requis pour réprimer la hausse du diabète à travers le monde.

Un avertissement mondialDiabète : le problème de développement non résolu de ce 21e siècle

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 5

Mon opinion actuelle par rapport à ce point important est que la question de savoir si l'insulinothérapie à long terme pour le diabète de type 2 augmente considérablement le risque de cancer ou de maladie cardiovasculaire est, pour l'instant, « non fondée ». En revanche, à la question connexe plus profonde (et plus importante) de savoir si les avantages de l'insulinothérapie pour le diabète de type 2 – à savoir, un meilleur contrôle glycémique conduisant à une réduction des complications microvasculaires, etc. – ont la capacité de l'emporter sur le risque accru de maladie cardiovasculaire ou de cancer à long terme, la réponse est « oui ».

Il n'y a pas si longtemps, les professionnels de la santé ne prononçaient pas le mot « cancer » devant un patient. L'utilisation plus ouverte du terme et le regain d'optimisme face à cette maladie sont indiscutablement le résultat des progrès en matière de traitement. Lorsque les personnes atteintes d'un cancer ont accès à l'aide spécialisée d'une équipe en cancérologie, avec possibilité de chirurgie, de chimiothérapie, de radiothérapie et autres interventions, les chances d'une issue finale positive sont souvent assez bonnes. Mais, de même que pour le diabète, des millions de personnes n'ont pas accès aux services nécessaires et l'issue n'est pas du tout ce qu'elle devrait être.

Cette année, la Journée mondiale du cancer est tombée le 4 février. Les « quatre mythes du cancer » sur lesquels l'attention s'est focalisée à des fins de « démystification » étaient : « il n'est pas nécessaire de discuter du cancer » ; « aucun signe ni symptôme n'est associé au cancer » ; « il n'y a rien que je puisse faire contre le cancer » et « je n'ai pas droit à des soins du cancer ». Ces mythes sont tellement similaires à ceux qui entourent le diabète.

Parmi les nombreux autres articles à découvrir dans ce numéro, citons : l'analyse approfondie du diabète en Asie par Juliana Chan et ses collègues ; des observations sur la Journée mondiale du diabète et le Congrès mondial du diabète de Melbourne ; de nouvelles informations importantes sur l'hyperglycémie pendant la grossesse et le diabète chez les personnes âgées. L'article Les voix du diabète est quant à lui dédié aux éducateurs en diabète et à la dette des patients à leur égard. Je vous invite à poursuivre votre lecture et à continuer à nous faire part de vos commentaires sur Diabetes Voice au [email protected] !

Le contenu de ce numéro de Diabetes Voice illustre différents types de bataille.

La première est celle que les gens mènent pour assurer l'autogestion de leur diabète au lendemain de cataclysmes naturels – ouragans, typhons, inondations, séismes, feux de forêts et autres catastrophes.

Ceux qui ne succombent pas à la catastrophe doivent alors mener un dur combat pour survivre dans un état de santé raisonnable. Outre la nécessité de trouver un abri, de l'eau potable et de la nourriture que tous connaissent, les personnes atteintes de diabète ont besoin d'un soutien plus spécialisé et urgent pour rester en vie et en bonne santé – le type d'aide que des organisations comme SEMPER (Stanford Emergency Medicine Program for Emergency Response), Insulin for Life, Sweet Alert et d'autres organisations humanitaires similaires peuvent offrir. Celles-ci sont à l'avant-garde des réponses humanitaires rapides requises pour permettre aux personnes atteintes de diabète de recouvrer une vie raisonnable. L'exemple du typhon Hayan qui a frappé les Philippines en novembre dernier, décrit dans ces pages, nous a tous choqués par sa violence extrême. Bien que plusieurs mois se soient écoulés depuis lors, une assistance demeure nécessaire et le restera encore longtemps.

La deuxième bataille est celle à laquelle les gens sont confrontés lorsque des combats d'un genre plus évident font rage autour d'eux – dans des zones de guerre comme la Syrie et, avant cela, le Mali. Si, ainsi qu'il a été dit, « la première victime de la guerre est la vérité », la deuxième, juste derrière, est l'ordre. L'ordre social est indispensable pour assurer la distribution de fournitures essentielles pour les soins de toute condition à long terme et, sans cet ordre social, tout n'est que chaos. Dans le cas du diabète, ces fournitures essentielles peuvent être de l'insuline et les dispositifs pour l'administrer, des hypoglycémiants oraux et autres agents oraux ou le kit et l'équipement requis pour la surveillance de la glycémie. Comme moi, je suis sûr que votre cœur saignera à la lecture de l'article sur les conditions de vie dans les zones de combat en Syrie.

Le troisième type de bataille est le combat silencieux et caché qui se déroule au niveau moléculaire et cellulaire chez les personnes atteintes d'un cancer. Le lien entre le diabète et le cancer (un « double coup dur » s'il en est) est traité dans plusieurs articles de ce numéro. Andrew Renehan examine divers aspects de ce lien et aborde la question de savoir si l'insulinothérapie chez les personnes atteintes de diabète de type 2 augmente le risque à long terme de développer un cancer. Ce point, et la question similaire qui se pose pour les maladies cardiovasculaires, est également abordé dans les deux contributions de la section « Débat ». La question de l'innocuité à long terme de l'insuline est suffisamment grave pour que nous ayons demandé l'avis d'un expert en cancérologie (Renehan), d'un expert en diabète (Bain) et d'un pharmacoépidémiologiste (Currie). Il s'agit d'une question complexe et l'interprétation des données n'est pas aisée. En outre, toutes les données probantes nécessaires ne sont pas disponibles.

Point de vue

des batailles de différents types

rhys Williams est professeur émérite d'épidémiologie clinique à l'université

de swansea, au royaume-uni, et rédacteur en chef de Diabetes Voice.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 16

nouvelles en bref

Les nouveaux membres effectifs par région de la FID sont les suivants :

AFRique■ Diabetes Association of Botswana à

Gaborone, au Botswana■ Association des Diabétiques du Congo

(ADIC) à Goma, en République démo-cratique du Congo

La FID accueille de nouveaux membresÀ l'occasion de sa 22e Assemblée générale, la Fédération internationale du diabète (FID) a accueilli 18 nouvelles Associations membres, ce qui porte leur nombre à 231. La FID souhaite la bienvenue à ces nouvelles Associations membres dans la grande famille de la FID.

AMéRique CentRAle et du Sud (SACA)■ Asociación para El Cuidado de la Diabetes

en Argentina (CUI.D.AR) à Buenos Aires, en Argentine

■ Asociación Día Vida Pro Diabéticos à Curridabat, au Costa Rica

■ Fundación Aprendiendo a Vivir con Diabetes (FUVIDA) à Guayaquil, en Équateur

■ Fundación Los Fresnos « Casa de la Diabetes » à Cuenca, en Équateur

■ Fundación Santandereana de Diabetes y Obesidad (FUSANDE) à Bucaramanga, en Colombie

ASie du Sud-eSt (SeA)■ Research Society for the Study of Diabetes

in India (RSSDI) à Delhi, en Inde■ Eminence à Dhaka, au Bangladesh

PACiFique OCCidentAl (WP)■ Diabetes Committee of Hospitals

Association of Korea (DCoHAK) à Pyongyang, en Corée du Nord

Retrouvez la liste des membres effectifs sur le site www.idf.org/membership/meet-our-members.

euROPe■ International Diabetes Association of

Ukraine à Kiev, en Ukraine■ Federación de Diabéticos Españoles

(FEDE) à Madrid, en Espagne■ Panhellenic Federation of People with

Diabetes (PFOPWD) à Athènes, en Grèce■ DiabetickyDorast– DIADOR à Bratislava,

en Slovaquie■ Tashkent Charity Public Association of the

Disabled and People with DM « UMID » à Tashkent, en Ouzbékistan

MOyen-ORient et AFRique du nORd (MenA)■ Arabic Association for the Study of Diabetes

& Metabolism (AASD) au Caire, en Égypte

■ Upper Egypt Diabetes Association (UEDA) à Fayoum, en Égypte

■ Chronic Care Center à Baabda, au Liban

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 7

nouvelles en bref

Qu'est-ce qui vous a attirée vers la FID ?« Je travaille dans le secteur de la santé publique depuis plus de 20 ans et il est clair pour moi que le diabète est un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés en termes de bien-être social et économique partout dans le monde. D'un point de vue personnel, j'estime que l'heure est venue de faire quelque chose qui me passionne et qui puisse avoir un impact direct et tangible sur les personnes atteintes de la condition. »

De quelle manière votre expérience professionnelle peut-elle contribuer à faire avancer la cause de la FID ?« Chez Cisco, je travaillais au sein de l'équipe de solutions professionnelles de soins et de santé pour l'Europe, aux côtés de l'OMS et de gouvernements nationaux et régionaux, sur des politiques visant à utili-ser les technologies de communication pour rendre les systèmes de soins de santé plus sûrs et efficaces. Je pense qu'il est essentiel que la FID commence à examiner comment mettre la puissance de l'eHealth et de la mHealth au service de la communauté du

diabète de façon à briser les barrières géo-graphiques et sociales au niveau des soins, et ce au bénéfice des personnes atteintes de diabète et des équipes de soins. Je ne pense pas qu'une organisation du diabète ait déjà pleinement exploité la puissance des technologies de communication. »

En quoi cette technologie peut-elle amé-liorer la vie des personnes atteintes de diabète ?« Je crois en l'approche consistant à offrir une "touche de chaleur à une technologie froide". Mon but n'est pas de remplacer la chaleur d'un contact humain mais d'étendre et d'améliorer la portée des soins de santé professionnels dans les pays en développe-ment en profitant des avantages de nouvelles technologies incroyables. Si la FID parvient à exploiter cette technologie, nous pourrons surveiller la manière dont les gens gèrent leur diabète et fournir aux professionnels de la santé des informations vitales sur la prise en charge des problèmes de gestion existants ou potentiels. Par exemple, une technologie de capteur capable de détecter les épisodes

d'hypoglycémie et d'hyperglycémie d'un patient et de dégager des tendances dans ces épisodes peut être tout bénéfice pour la gestion future du diabète et empêcher l'apparition de complications. »

De quelle manière espérez-vous étendre l'empreinte de la FID ?« Mon but est d'étendre l'empreinte de la FID à travers le monde et d'élargir notre action en nouant des contacts avec de nouveaux partenaires actifs dans le domaine du diabète et en dehors. Nous devons impérativement établir des partenariats avec différents sec-teurs si nous voulons mieux comprendre la condition et contribuer à l'éducation. La FID est par ailleurs en train de mettre en place des partenariats en vue de combattre et de comprendre les complications du diabète, telles que les maladies cardiovasculaires et la rétinopathie. Ces partenariats renforceront la position de la FID au moment de négocier des objectifs et des plans d'action politiques pour le diabète avec les gouvernements natio-naux et des organisations unilatérales telles que l'OMS. »

Rencontre avec la nouvelle directrice générale de la FID - Petra WilsonEn novembre dernier, la Fédération internationale du diabète (FID) a accueilli le Dr Petra Wilson en tant que nouvelle directrice générale. Nous avons interrogé Petra sur sa vision pour la FID et la manière dont ses expériences passées peuvent contribuer à vaincre les obstacles et à servir les personnes atteintes de diabète.

Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 1DiabetesVoice8

manaGinG tHe diabetiC footPar Michael E. Edmonds (auteur), Alethea V.M. Foster (auteur)248 pages, anglais, Wiley-Blackwell ; 3e édition (3 mars 2014)

Rédigé par Mike Edmonds et Alethea Foster, tous deux récompensés par le prix BMA (British Medical Association Award), Managing the Diabetic Foot est un guide pratique et accessible de la gestion clinique des maladies graves du pied associées au diabète. Riche de plus de 150 photos cliniques et de nombreux conseils et astuces à des fins de référence rapide, ce guide présente les dernières directives nationales et internationales dans ce domaine.

ContrÔler son diabÈte et mener Une vie aCtive: 500 réponses aUX QUestions fondamentales Par Claude Colas (auteur), Charles Fox (auteur), Anne Kilvert (auteur)320 pages, français, Éditions du Dauphin (31 octobre 2013)

Pour les personnes atteintes de diabète de type 2, ce guide complet, écrit par trois dia-bétologues expérimentés, est maintenant entièrement mis à jour. Écrit sous la forme de 500 questions et réponses, il offre tout ce dont une personne vivant avec le diabète a besoin de connaître concernant les causes, les signes, les questions, les traitements, la vie quotidienne et le suivi du diabète.

HypoGlyCaemia in CliniCal diabetes Par Brian M. Frier (rédacteur), Simon Heller (rédacteur) et Rory McCrimmon (rédacteur)392 pages, anglais, Wiley-Blackwell ; 3e édition (21 janvier 2014)

Ce guide complet de l'hypoglycémie, rédigé par une équipe d'experts, contient de nombreuses références aux directives de l'ADA et de l'EASD. Parmi les sujets traités figurent la physiologie de l'hypoglycémie, les caractéristiques cliniques, la morbidité potentielle et la gestion clinique optimale en vue de parvenir à un contrôle adéquat de la glycémie. Une attention particulière est accordée à la manière dont l'hypoglycémie est gérée au sein de différents groupes, tels que les personnes âgées et les enfants, ainsi que pendant la grossesse.

DRCP est la revue officielle de la Fédération internationale du diabète (FID). Les articles suivants ont récemment été publiés ou sont sur le point de l'être dans cette revue. Les informations d'accès sont disponibles dans le code QR.

DIAGNOSTIC CRITERIA AND CLASSIFICATION OF HYPERGLYCAEMIA FIRST DETECTED IN PREGNANCYArticle paru dans la presse : disponible en ligne

Cette mise à jour des critères de diagnostic de l'OMS de 1999 prend en considération de nouvelles données probantes issues de l'étude HAPO, propose une nouvelle classification de l'hyperglycémie détectée pour la première fois pendant la grossesse, met fin à l'ambiguïté née en 1999 concernant les valeurs de la glycémie et clarifie les critères de l'IADPSG relatifs aux plages de valeurs de la glycémie permettant de distinguer le diabète pendant la grossesse du diabète gestationnel.

THE EFFECTIVENESS AND SAFETY OF BEGINNING INSULIN ASPART TOGETHER WITH BASAL INSULIN IN PEOPLE WITH TYPE 2 DIABETES IN NON-WESTERN NATIONS: RESULTS FROM THE A1CHIEVE OBSERVATIONAL STUDYHome PD, Latif ZA, González-Gálvez G, et al. Diabetes Res Clin Pract 2013; 101: 326-32.

« A1chieve était une étude non interventionnelle de 24 semaines chargée d'évaluer les analogues d'insuline dans les soins cliniques de routine chez 66 726 personnes atteintes de diabète de type 2 dans 28 pays non oc-cidentaux. … Les données soutiennent l'utilisation de régimes d'insuline basale et prandiale dans la pratique clinique de routine chez les person-nes atteintes de diabète de type 2 affichant un contrôle inadéquat. »

INSULIN DETEMIR IN THE MANAGEMENT OF TYPE 2 DIABETES IN NON-WESTERN COUNTRIES: SAFETY AND EFFECTIVENESS DATA FROM THE A1CHIEVE OBSERVATIONAL STUDYZilov A, El Naggar N, Sha S, et al. Diabetes Res Clin Pract 2013; 101: 317-25.

« Cette analyse de sous-groupe de l'étude A1chieve a examiné les données recueillies auprès de 15 545 personnes ayant entamé un traitement à base d'insuline détémir ± hypoglycémiants oraux dans le cadre des soins cliniques de routine. … Les personnes atteintes de diabète de type 2 présentant un mauvais contrôle de leur glycémie qui ont entamé un traitement à base d'insuline détémir ont fait état d'améliorations con-sidérables de leur contrôle glycémique, associées à une meilleure tolérance au traitement … après 24 semaines. »

ACTUELLEMENT DANS Diabetes Research and Clinical Practice (DRCP)

PUBLICATIONS

nouvelles en bref

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 9

La Fédération internationale du diabète (FID) a conclu un partenariat de dix ans avec la Fred Hollows Foundation, principale organisation caritative australienne dans le domaine des yeux, afin de lutter contre la rétinopathie diabétique, la forme de cécité évitable qui enregistre la croissance la plus rapide au monde. L'alliance a été annoncée à Melbourne en 2013, juste avant le lancement du Congrès mondial du diabète.

La nouvelle alliance s'efforcera de donner la priorité aux soins des yeux dans le cadre des soins de santé généraux prodigués aux per-sonnes atteintes de diabète et de développer de nouvelles directives mondiales en matière de traitement. En investissant dans des trai-tements peu coûteux et une main-d'œuvre qualifiée, le partenariat espère améliorer les soins liés à tous les aspects du dépistage et de la gestion de la condition. Le partenariat travaillera également au développement de programmes du diabète, notamment pour

le dépistage de masse, dans une série de pays en développement.

D'ici 2035, le diabète devrait toucher quelque 592 millions de personnes. Parmi celles-ci, 177 millions devraient être confrontées à un risque de rétinopathie diabétique à un moment donné – pour la majorité dans des pays à faible et moyen revenu – sans accès à un examen annuel des yeux. Pour Brian Doolan, PDG de la fondation, « Le dépistage de la rétinopathie diabétique suffisamment tôt nous permet d'intervenir et d'empêcher des gens de devenir aveugles. Mais la fondation n'y arrivera pas seule. »

La rétinopathie diabétique n'est associée à aucun symptôme pré-coce et apparaît généralement 10 à 20 ans après le début du diabète. Malheureusement, la rétinopa-thie se développe plus rapidement

lorsque le diabète n'est pas diagnostiqué et traité.

La Fred Hollows Foundation est une agence internationale indépendante et sans but lucratif pour le développement basée en Australie, qui opère dans 19 pays afin de mettre un terme à la cécité évitable et d'amé-liorer la santé des Australiens indigènes. Elle puise son inspiration dans la vie et le travail du Professeur Fred Hollows (1929-1993), chirurgien des yeux de renommée inter-nationale et défenseur de la justice sociale.

Les soins des yeux au cœur d'un partenariat pour le diabète

Gilbray Alum, ancien chauffeur routier, s'est découvert un diabète de type 2 qui l'a rendu aveugle. Il est devenu dépendant et ne peut plus partager ses expériences et connaissances. Photo: Kabir Dhanji

Allied Hospital à Faisalabad au Pakistan Photo: Sam Phelps

nouvelles en bref

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 110

UN GRAND PAS POUR LE DIABèTE : retour sur la Journée mondiale du diabète 2013Merry Rivas González et Lorenzo Piemonte

visant à promouvoir la sensibilisation au dia-bète et des styles de vie sains, à améliorer la vie des personnes atteintes de la condition et à réduire le risque individuel de développe-ment du diabète de type 2. Les participants pouvaient choisir parmi différentes activités, allant de 30 minutes d'activité physique par jour à des événements de sensibilisation de grande envergure impliquant des centaines de personnes. Une plate-forme en ligne a été créée pour collecter tous les pas et l'objec-tif a été fixé à 371 millions, le nombre de personnes atteintes de diabète en 2012. La campagne s'est déroulée de mai à décembre

2013 et a rencontré un immense succès, l'objectif des 371 millions de pas ayant été atteint bien avant l'échéance. Plus de 650 personnes et groupes se sont inscrits, ont enregistré des pas sur la plate-forme et, bien souvent, ont consacré beaucoup de temps et d'efforts pour présenter leurs activités au monde en soutien à la cause du diabète.

En reconnaissance de ces efforts, la FID a adressé une lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon au nom de tous les participants à la cam-pagne Un pas pour le diabète, réaffirmant l'importance de respecter les engage-ments mondiaux en matière de diabète pris à l'occasion de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les maladies non transmissibles (MNT) de 2011 pour l'agenda mondial de la santé.

Le 14 novembre 2013 a également vu la publication de la 6e édition de l'Atlas du diabète de la FID, qui renferme les dernières estimations de la prévalence mondiale et régionale de la pandémie de diabète. D'après cette nouvelle édition, 382 millions de personnes sont atteintes de diabète, avec des hausses notables par-tout dans le monde. La JMD fait partie de

La Journée mondiale du diabète (JMD) 2013 marque la cinquième et dernière année de la campagne 2009-2013 dédiée à l'éducation et à la prévention du diabète. La principale priorité de la campagne était d'aider les communautés locales à comprendre que le diabète est une menace sanitaire mondiale aux conséquences graves et étendues en les sensibilisant au moyen de messages impor-tants liés à l'éducation et à la prévention. La campagne de la JMD a également donné lieu à une série d'activités visant à renforcer la reconnaissance du diabète au travers de l'initiative Un pas pour le diabète. Le message était clair : une multitude de petites actions simples peuvent déboucher sur d'importants résultats pour les personnes atteintes de diabète et à risque. La communauté mon-diale du diabète a été encouragée à se rallier autour du slogan « Diabète : protégeons notre futur » et des quatre messages clés (voir l'encadré).

Une nouvelle initiative, Un pas pour le diabète, a été mise sur pied dans le but d'impliquer les Associations membres de la Fédération inter-nationale du diabète (FID) et la communauté plus large du diabète en les encourageant à faire des dons symboliques de pas engrangés au travers d'une série d'activités individuelles et de groupe. Il s'agit notamment d'actions

1. Pays les plus peuplés au monde : 1. Chine 2. Inde 3. DIABÈTE 4. USA 5. Brésil

2. 1 personne sur 2 atteinte de diabète ne le sait pas : êtes-vous à risque?

3. Diabète, attention aux complica-tions : amputation, cécité, crise cardiaque et insuffisance rénale

4. Les personnes atteintes de diabète sont comme vous et moi : non à la discrimination

la camPagne mondiale

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 11

UN GRAND PAS POUR LE DIABèTE : retour sur la Journée mondiale du diabète 2013

la camPagne mondiale

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 112

la réponse mondiale et est l'occasion pour des millions de personnes de se rencontrer et de s'exprimer d'une voix forte et unie en faveur de la lutte contre le diabète afin de protéger notre avenir.

La campagne 2013 a également vu l'initiative Mettons un pin's sur une personnalité prendre son envol et s'imposer comme un moyen populaire d'améliorer la sensibilisation au diabète. Lancée en 2012 pour accroître la reconnaissance du cercle bleu en tant que symbole universel du diabète, la campagne a atteint plus de 1 000 personnalités publiques mondiales désireuses d'en savoir plus sur le diabète grâce au pin's en forme de cercle bleu. Plus de 10 000 pins ont été distribués dans le cadre de cette initiative en 2013 et utilisés pour améliorer la sensibilisation au diabète parmi les dirigeants nationaux et internationaux et les personnalités associées, issues notamment du monde artistique, scientifique, religieux, politique, sportif, des divertissements et des médias. Toutes les personnalités portant le pin's sont présentées sur le site web de la FID.

D'Abu Dhabi au Zanzibar, le monde s'est paré de bleu pour le diabète en novembre. Le défi des monuments bleu est resté l'activité phare dans de nombreux pays. Plus de 60 pays ont mis le diabète sous le feu des projecteurs en, 2013 avec quelques favoris de longue date comme l'Opéra de Sydney et la Petite sirène à Copenhague, mais aussi plusieurs nouvelles illuminations dans des pays tels que l'Espagne, l'Indonésie et l'Arabie saoudite.

la communauté hispaniquePartout dans le monde, des organisations du diabète, des professionnels de la santé et des personnes concernées se sont réunis autour du cercle bleu et ont organisé une multitude

d'activités de sensibilisation tout au long du mois de novembre. La communauté hispa-nique du diabète s'est montrée particulière-ment active et a soutenu avec enthousiasme la campagne au travers d'événements de grande envergure tels que des dépistages, des fêtes, des marches et des courses. En voici quelques temps forts :

■ En Argentine, la communauté du diabète a apporté son soutien à une campagne en ligne à l'initiative de plusieurs organisa-tions locales réclamant la modification de la loi nationale pour la protection des personnes atteintes de diabète (Ley Para la Protección a Diabéticos) et des médi-caments essentiels pour les personnes atteintes de la condition. La campagne a connu un immense succès et des progrès majeurs ont été enregistrés.

■ Au Brésil, les trois Associations membres de la FID ont organisé des activités dans plus de 1 000 villes et cités du pays. À Rio de Janeiro, le mont du Pain de Sucre a été proclamé « sans sucre » (Pão sem Açúcar) le 14 novembre, et le célèbre stade de football Maracana s'est paré de bleu pour la première fois pour la JMD, à l'instar de nombreux autres monuments et bâtiments brésiliens.

■ Au Mexique, les gouvernements locaux et national ont adopté de nouvelles régle-mentations de lutte contre le diabète. À Mexico, une nouvelle loi pour la prévention, le traitement et le contrôle du diabète (Ley Para la Prevención, Tratamiento y Control de la Diabetes) a été adoptée en septembre et, quelques jours avant la JMD, le président mexicain Enrique Peña Nieto a présenté la nouvelle Stratégie nationale de lutte contre le diabète et l'obésité (La Estrategia Nacional para la Prevención y Control de la Obesidad y Diabetes). D'importants monuments de la capitale ont été illuminés en bleu et des cen-taines de personnes se sont réunies autour du célèbre Angel de la Independencia pour former un cercle bleu humain.

■ Au nicaragua, l'Asociación de Padres de Niños y Jóvenes Diabéticos (APNJDN), une Association membre de la FID, s'est adressée aux députés pour réclamer une nouvelle législation pour les personnes atteintes de diabète et, en particulier, un programme national de promotion de l'éducation et de la prévention du diabète intégrant la Charte internationale des droits et responsabilités des personnes atteintes de diabète de la FID.

■ Au Paraguay, l'Association membre de la FID Fundación Paraguaya de Diabetes (FUPADI) a eu une audience spéciale avec le Président Horacio Cartes et des membres du gouvernement national, dont le mi-nistre de la santé, qui se sont vus remettre le pin's du cercle bleu.

■ En uruguay, l'Association membre de la FID Asociación de Diabéticos del Uruguay (ADU) a réalisé plus de 15 000 dépistages du diabète et a distribué plus de 300 000 brochures et posters sur la JMD afin de promouvoir l'importance de l'activité phy-sique et d'un meilleur contrôle glycémique. Plusieurs activités de collecte de fonds pour des camps pour enfants atteints de diabète ont également été organisées.

L'engagement et l'enthousiasme affichés lors des événements et activités organisés aux quatre coins du monde en novembre 2013 soulignent l'unité de notre communauté, en apportant un regain d'espoir pour les personnes atteintes de diabète aujourd'hui et pour la prévention et un remède demain.

merry rivas González et lorenzo piemonteMerry Rivas González est coordinatrice de projet pour la Journée mondiale du diabète au sein de la FID.Lorenzo Piemonte est coordinateur des communications au sein de la FID.

d'abu dhabi au Zanzibar, le monde s'est paré de bleu pour le diabète en novembre.

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 13

soins du diabète au rwanda : CONTRE

TOUTE ATTENTECrispin Gishoma

Les institutions rwandaises se sont retrou-vées submergées par diverses urgences, et le secteur de la santé a consacré l'essentiel des ressources restantes aux maladies infec-tieuses, dont le VIH. Les soins du diabète au Rwanda se sont détériorés pendant le conflit et les personnes atteintes de la condition ont dû se battre pour survivre. Il n'existait aucune politique de soins du diabète et la gravité de la condition était minimisée par les médecins et ignorée par le grand public.

C'est pour remédier à ces problèmes, ainsi que pour améliorer le bien-être de l'ensemble des personnes atteintes de diabète au Rwanda et participer à l'effort mondial en faveur d'une meilleure sensibilisation aux soins et à la prévention du diabète que l'Association rwandaise du diabète (RDA) a été créée en 1997. Depuis 16 ans, la RDA bénéficie du soutien du ministère rwandais de la santé,

le diabète a été négligé, mettant en péril la vie de personnes.

Le siège de l'Association rwandaise du diabète (RDA)

Le Rwanda est un petit pays en dévelop-pement de 26 338 km², enclavé en Afrique centrale, qui compte une population d'envi-ron 12 millions d'habitants. La majorité d'entre eux sont des agriculteurs produisant le minimum vital. Le Rwanda a été le théâtre d'un des crimes les plus effroyables du 20e siècle et il faudra plusieurs générations de Rwandais pour cicatriser les blessures cau-sées par la dévastation et les pertes. Lors du génocide des Tutsi de 1994, plus d'un

million d'innocents ont été tués, des milliers d'autres ont été bannis ou jetés en prison, laissant bon nombre de veuves et d'orphe-lins au terme des massacres. Les services publics à la population ont été anéantis et le système de soins de santé s'est retrouvé paralysé, compte tenu du très faible nombre de médecins formés restés au pays. Les éta-blissements et les centres de soins de santé ont été détruits et l'accès aux médicaments est devenu quasiment inexistant.

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DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 114

de la Fédération internationale du diabète (FID), d'Insulin for Life, du programme Life for a Child, de la Fondation mondiale du diabète, d'Insulin zum Leben, de Team Type 1, du Marjorie's Fund et de l'Université de Pittsburgh, aux États-Unis. Ce n'est que grâce à l'aide de ces organisations et pro-grammes que les personnes atteintes de dia-bète au Rwanda ont accès à des informations sur l'autogestion de leur condition fournies par des professionnels de la santé formés dans les cliniques et les hôpitaux publics du pays. Des progrès ont également été enregistrés au niveau de la sensibilisation au diabète, avec pour résultat un traitement plus efficace du diabète, une meilleure communication avec les personnes impliquées dans les soins et une amélioration de l'accès pour les indigènes.

Soins et formation au diabèteDans un pays où la sensibilisation au diabète est faible et où la condition est perçue comme une « maladie de riches », la RDA a donné la priorité aux communications nationales dans les médias en vue d'améliorer la sensibilisa-tion, le diagnostic précoce et la prévention. Un des objectifs était de former les journalistes et les autorités sanitaires, mais aussi de cor-riger les informations fournies à propos du diabète. Après trois ans, les journalistes sont aujourd'hui récompensés pour leur travail d'information de la population concernant le diabète. La RDA possède par ailleurs un magazine, qui lui sert de plate-forme pour la diffusion de messages de sensibilisation au diabète.

Sensibiliser la population au diabète n'a tou-tefois aucun sens si des soins et un traitement ne sont pas disponibles. La RDA a ouvert des cliniques à Kigali et à Gisenyi (nord-ouest du Rwanda), qui accueillent 20 000 consul-tations par an en moyenne. Les principales activités au sein de ces cliniques consistent à proposer des consultations, un traitement, une éducation, une formation, des conseils et des fournitures médicales pour le diabète. Depuis 2005, les efforts de la RDA ont permis Magazine officiel de la RDA

Lauréats au terme de la formation au diabète

de former plus de 800 professionnels de la santé à la gestion du diabète. La différence marquée au niveau du nombre de personnes diagnostiquées depuis lors constitue un indi-cateur du succès de cette formation. Outre les soins du diabète et la formation offerts en continu à Kigali et à Gisenyi, la RDA travaille en étroite collaboration avec 32 hôpitaux du pays, dans lesquels une équipe d'infirmiers et d'éducateurs en diabète effectuent des visites trimestrielles. Ces visites incluent des sessions de formation et de sensibilisation au diabète de personnes atteintes de diabète de type 1 ou de type 2.

Programme Care for youth with diabetesUn des principaux succès de la RDA est la prise en charge des jeunes atteints de dia-bète de type 1. Dans un petit pays comme le Rwanda où le diabète était quasiment inconnu, la population en général n'imaginait pas que le diabète puisse représenter un danger pour

les jeunes. La survie des enfants chez qui un diabète de type 1 est diagnostiqué dépend de l'accès à de l'insuline. Forts de nos neuf années d'expérience, nous savons aujourd'hui que les jeunes atteints de diabète décédaient généra-lement avant le diagnostic ou en raison d'une mauvaise gestion de la condition.

Depuis 2003, le programme Care for Youth with Diabetes de la RDA, en partenariat avec le

les jeunes atteints de diabète décédaient généralement avant le diagnostic ou en raison d'une mauvaise gestion de la condition.

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 15

programme Life for a Child de la FID, l'Univer-sité de Pittsburgh et Team Type 1, fournit des soins, une éducation, de l'insuline et d'autres fournitures aux enfants et aux jeunes (jusque 25 ans) atteints de diabète de type 1.

education for diabetes Conversation MaptM

Les outils Education for Diabetes Conversation MapTM ont été un succès en termes d'éduca-tion au diabète au Rwanda. Basés sur les re-commandations de la FID, les Conversation MapTM sont un outil d'éducation au diabète efficace, que la RDA a utilisé pour amélio-rer les capacités d'autogestion et protéger les personnes atteintes des complications liées à la condition. Un des patients de notre clinique nous a expliqué : « Sans l'aide de la RDA, je serais mort : ma connaissance

du diabète m'a sauvé. Avant, j'étais désespéré et habitué à avoir des accidents, mais depuis que j'ai reçu une éduca-tion à l'aide des outils Conversation MapTM, je gère mieux mon dia-

bète, je me sens en confiance et en meilleure santé et j'arrive à travailler ».

initiative de lutte contre l'obésité et Journée mondiale du diabèteLa sensibilisation au diabète est une priorité majeure de la RDA. Profitant de divers événe-ments, et en collaboration avec des personnes en surpoids vivant à Kigali qui craignent

souvent de se montrer en public, la RDA a lancé l'initiative Fight Against Obesity dans le but d'encourager les personnes en surpoids à faire de l'exercice afin de prévenir le dia-bète. Cette initiative a également servi de plate-forme de lutte contre la discrimination à l'encontre des personnes atteintes de diabète ou des personnes obèses. La RDA souligne l'importance d'une activité physique et d'une alimentation saine pour prévenir le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

Depuis sa création, la RDA organise en moyenne deux événements publics par tri-mestre (manifestations sportives, dépistages, éducation au diabète, événements média-tiques, etc.). La Journée mondiale du dia-bète (JMD), célébrée chaque 14 novembre, demeure toutefois l'événement le plus popu-laire. La campagne de la JMD est en effet l'événement de sensibilisation au diabète le plus important du Rwanda et implique de nombreuses personnes d'horizons différents.. Des associations locales, des ONG du secteur de la santé, le gouvernement, l'OMS et de nombreuses autres organisations ont rejoint

Initiative de lutte contre l'obésité et Journée mondiale du diabète, Kigali, Rwanda

Dépistage du diabète lors de la Journée mondiale du diabète 2013, Kigali, Rwanda

la rda souligne l'importance d'une activité physique et d'une alimentation saine pour prévenir le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

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DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 116

Crispin GishomaCrispin Gishoma est directeur de l'Association rwandaise du diabète.

RDA pour faire entendre la voix des personnes atteintes de la condition.

Camp du diabèteLe tout premier camp du diabète pour les jeunes au Rwanda a été organisé au sein du centre d'éducation au diabète de Mwulire. Il avait pour objectif de résoudre les problèmes rencontrés par de nombreux jeunes atteints de diabète après le diagnostic. La plupart des problèmes sont dus à une connaissance insuffisante de l'autogestion du diabète, au sentiment de solitude et à l'incertitude quant à l'avenir car beaucoup abandonnent l'école très tôt en raison de la stigmatisation du diabète. Le slogan de notre premier camp au Rwanda était « Vivre mieux avec le diabète ».

Centre d'éducation au diabèteCréé en 2010, le centre d'éducation au dia-bète de Mwulire est le seul en son genre au Rwanda et a vu le jour dans le but d'aider les jeunes atteints de diabète à surmonter leurs problèmes. La RDA a réalisé que la plupart des jeunes atteints de diabète de type 1 n'avaient aucun avenir lorsqu'ils atteignaient l'âge de 25 ans et n'avaient plus accès au programme, qui couvre l'intégralité des traitements nécessaires, des médicaments et de l'éducation de routine. Leur connaissance de l'autogestion du diabète était faible et ils ne disposaient d'aucune for-mation professionnelle ou interrompaient leurs études à cause de complications du dia-bète ou des revenus familiaux limités. Bon nombre des enfants atteints de diabète de type 1 sont très pauvres et n'ont pas les moyens de suivre le régime alimentaire recommandé.

Le centre d'éducation de la RDA dispense une éducation au diabète, notamment en matière de style de vie, ainsi qu'une formation

professionnelle afin de permettre aux jeunes atteints de diabète (15-25 ans) de vivre en toute indépendance au terme du programme. Les sessions de formation couvrent les soins du diabète et proposent des ateliers de soins de beauté, de couture, de cuisine et d'agriculture. Entre 15 et 20 jeunes sont formés en même temps, pendant six mois. Le programme est gratuit pour tous les enfants et, à ce jour, 97 jeunes y ont participé.

Malgré les efforts de la RDA, il reste beaucoup à faire pour endiguer la hausse du nombre de

bon nombre des enfants atteints de diabète de type 1 sont très pauvres et n'ont pas les moyens de suivre le régime alimentaire recommandé.

personnes diagnostiquées et à risque. Divers facteurs affectent la vie des personnes atteintes de diabète au Rwanda, dont la pauvreté, la discrimination, l'insécurité alimentaire et l'absence d'éducation au diabète et de soins organisés et continus. Toute personne a droit à des soins médicaux de qualité quelle que soit sa situation économique et sociale.

Participants au camp apprenant à cultiver des légumes

Centre d'éducation au diabète de Mwulire, Rwanda

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 17

Compte-rendu du Congrès mondial du diabète 2013

de la FID à MelbourneAnne-Marie Felton

La ville de Melbourne a servi de plate-forme au Congrès mondial du diabète 2013 en permettant à la Fédération internationale du diabète (FID) d'expliquer à la ville et au monde, « Urbi et Orbi », les défis auxquels l'humanité est confrontée à la lumière de l'épidémie mondiale de diabète. Le Congrès représentait un kaléidoscope d'excellence de par son programme scientifique et les nombreux symposiums annexes qui ont réuni des acteurs clés : personnes atteintes de diabète, pro-fessionnels de la santé, organisations professionnelles, responsables politiques et décideurs.

L'événement a pris une envergure considérable et a été salué comme la plus grande conférence médicale jamais organisée en Australie. Au total, 10 300 personnes ont pris part au Congrès, au cours duquel plus de 275 heures de sessions scientifiques ont été proposées par 400 experts de classe mondiale. Le dilemme pour de nombreux participants consistait à faire un choix parmi les divers sujets d'intérêt traités. La plupart des principaux exposés sont néanmoins désormais disponibles sous forme de webémissions sur le site web de la FID, de même que l'ensemble des résumés et des présentations orales.

L'importance politique du Congrès mondial du diabète a été encore renforcée par la création du Forum des champions parlementaires contre le diabète (Global Parliamentary Champions for Diabetes Forum), présidé par le député Adrian Sanders. Ce forum essentiel servira désormais de plate-forme pour la sensibilisation au diabète des res-ponsables politiques mondiaux. L'engagement de Sir Michael Hirst, président de la FID, et de Guy Barnett, ancien sénateur australien, a nourri et permis de garantir la mise sur pied du forum après une longue période de gestation. Il convient de noter que de nombreux responsables politiques, dont des représentants de l'UE (Tonio Borg

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DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 118

et des collègues de son cabinet, notamment), et la Première dame d'Afrique du Sud, Bongi Ngema, ont contribué de manière active aux discussions du forum et ont pris des engagements formels en vue de garantir son succès. Il ne fait aucun doute pour moi que le Forum des champions parlementaires contre le diabète fera partie intégrante de la mission mondiale de la FID en matière de sensibilisation politique.

L'éloquence de Sir Michael Hirst était manifeste dans son allocation d'ouverture et sa conférence pendant le Congrès. J'ai eu l'immense honneur et plaisir de présider la cérémonie d'ouverture et, sans exagérer, on aurait pu entendre une mouche voler entre la fin de son allocution et le début de l'ovation, signe de l'estime que tous portent à son leadership charismatique et à son profond engagement en faveur du diabète.

Les jeunes ont été clairement présents tout au long du Congrès, que ce soit lors de la cérémonie d'ouverture ou lors du programme des Jeunes leaders du diabète de la FID (IDF Young Leaders in Diabetes Programme). Ces jeunes leaders représentent l'avenir des organisa-tions nationales du diabète et de la FID. Le programme de leadership développé par la FID à l'initiative de sa présidente, Debbie Jones, continuera d'être un modèle d'espoir et de pertinence en vue d'assurer l'avenir de la FID.

Le programme scientifique a offert trois jours et demi de conférences sur plusieurs thèmes. Il y avait sept thèmes au total, dont deux nouveaux : La recherche sur le diabète au 20e siècle : perspective historique et Le diabète au sein des populations indigènes. Les conférences de remise de prix de la FID pour ces deux thèmes ont été respectivement présidées par Jesse Roth (États-Unis) et Alex Brown (Australie). Les cinq autres conféren-ciers chargés de remettre les prix de la FID étaient : Michael Brownlee (États-Unis) (Science fondamentale) ; Stephen O'Rahilly (Royaume-Uni) (Science clinique) ; Jean-Philippe Assal (Suisse) (Éducation et soins intégrés) ; Jean-Claude Mbanya (Cameroun) (Les défis sanitaires mondiaux) ; Wasim Akram (Pakistan) (Vivre avec le diabète) et Nick Wareham (Royaume-Uni) (Santé publique et épidémiologie).

Ce mois de décembre a également vu la présentation de la sixième et dernière édition de l'Atlas du diabète de la FID, qui est devenu la ressource de référence en ce qui concerne la crise mondiale du diabète et est utilisé par l'ensemble des acteurs multisectoriels œuvrant aux côtés de la FID pour enrayer la pandémie.

Le Président de la FID, Sir Michael Hirst, (à droite) remet au joueur de cricket Wasim Akram (à gauche) un trophée pour son action contre le diabète dans le monde Les jeunes leaders du diabète de la FID

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 19

En conclusion, le Congrès mondial du diabète 2013 s'est appuyé sur l'expérience et le succès des congrès passés. Il s'est caractérisé par un sentiment d'inclusivité marqué, et l'ensemble des personnes présentes se sont véritablement senties inspirées. Il ne fait nul doute que le Congrès a été l'occasion pour les participants présents pour la première fois et les experts consommés en diabète de nouer des contacts. Cette expérience a été l'occasion de renouveler l'engagement en faveur du diabète et a offert l'occasion aux participants d'être inspiré par des jeunes et des experts aguerris.

Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier tous les participants au Congrès mondial du diabète 2013, ainsi que les personnes char-gées de réaliser les webémissions du congrès. Je voudrais par ailleurs remercier personnellement le comité organisateur et l'équipe en charge du Congrès au sein du Bureau exécutif de la FID, le président du Comité du programme, Paul Zimmet, et la présidente du Comité consultatif national, Trisha Dunning.

Un merci tout particulier également à l'équipe Médias et communi-cations de la FID, qui a assuré la diffusion des principaux messages au monde. Enfin, un merci tout particulier, mais non des moindres, à Diabetes Australia Victoria et à Diabetes Australia pour leur soutien et leur engagement généreux vis-à-vis de tous les aspects de ce congrès.

J'ai le privilège de présider le Comité organisateur du prochain Congrès mondial du diabète, 2015. Je me réjouis de vous y retrouver !

the la camPagne mondiale

anne-marie feltonAnne-Marie Felton est vice-présidente de la FID, ainsi que la co-fondatrice et l'actuelle présidente de la Fédération des infirmières européennes en diabète (FEND).

Performance musicale aborigène lors de la cérémonie d'ouverture du Congrès mondial du diabète 2013 de la FID

Sir Michael Hirst (Président de la FID), l'Honorable David Davis MLC (Ministre de la santé et des personnes agées

de l'Etat de Victoria) et Bas van de Goor (Médaillé d'or olympique en volleyball vivant avec un diabète de type 1)

prennent part aux exercices matinaux

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DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 120

Une déclaration sur le diabète a été approu-vée et signée par les parlementaires de 50 pays invités à l'occasion du Congrès mondial du diabète 2013 de Melbourne, en Australie. La Déclaration de Melbourne sur le diabète (Melbourne Declaration on Diabetes) a été approuvée lors du tout premier Forum des champions parlementaires contre le diabè-te (Global Parliamentary Champions for Diabetes Forum) le 2 décembre 2013.

La Déclaration réclame une action urgente en vue de lutter contre la pandémie de dia-bète et les signataires convaincus se sont engagés à agir au sein de leurs parlements respectifs en vue de prévenir l'incidence du diabète, de garantir un diagnostic précoce et d'améliorer le traitement des personnes atteintes de la condition.

Le Forum des champions parlementaires contre le diabète a élu deux vice-présidents, le Dr Rachael Nyamai (Kenya) et Simon Busuttil (Malte), tous deux parlementai-

la déclaration de melbourne sur le diabèteAdrian Sanders

res, ainsi que moi-même en tant que pre-mier président. Entre autres qualifications pour ce poste prestigieux, j'ai été prési-dent de l'All-Party Parliamentary Group for Diabetes (APPG Diabetes) au Royaume-Uni et président de l'European Policy Action Network for Diabetes (ExPAND). Je vis en

outre avec le diabète de type 1 depuis un quart de siècle.

La priorité du groupe sera de mettre en place une coalition de défenseurs du diabète en vue de lutter contre la pandémie au niveau local, régional, national et international en

La Première dame d'Afrique du Sud signe la Déclaration de Melbourne sur le diabète

la camPagne mondiale

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 21

1. Échanger des points de vue politiques et des initiatives concrètes pertinentes, et s'informer auprès des experts des possibi-lités d'action et de progrès dans le domaine de la prévention et de la gestion du diabète. S'efforcer en permanence de tendre vers les « meilleures pratiques » ; défendre la cause des personnes atteintes de diabète et à risque, de leur famille et de leurs soi-gnants ; et devenir une force puissante au niveau international capable de répondre de manière coordonnée et ciblée à la pandémie de diabète et de soutenir la cause du diabète.

2. Offrir aux parlementaires la possibilité de participer à des réunions organisées par la FID et ses Associations membres, dans le but d'améliorer les résultats de santé des personnes atteintes de diabète, de mettre fin aux discriminations dont ils font l'objet et de prévenir le développement du diabète de type 2. Une attention particulière doit être accordée aux différentes régions de la planète afin de garantir la mise en œuvre de solutions concrètes.

3. Établir une plate-forme de dialogue entre les Associations membres de la FID et les autres parties prenantes afin d'assurer l'échange d'informations et l'examen de domaines d'intérêt commun particuliers, notamment la prévention, la main-d'œuvre, le coût du diabète, l'accès à des médicaments et les stratégies efficaces pour combattre et gérer la pandémie. Faire rapport aux ministres, parlementaires et autres décideurs clés de nos pays d'origine respectifs et susciter un engagement par rapport aux objectifs fixés lors de la 66e AMS de 2013. Le réseau mondial soutiendra le partage de ressources telles que la recherche, les initiatives légis-latives, les campagnes de prévention et les initiatives conjointes concernant les diffé-rentes régions de la planète.

4. Encourager l'ensemble des gouvernements à reconnaître le diabète en tant que prio-rité sanitaire nationale nécessitant un plan d'action complet à même de déboucher sur des actions concrètes.

5. Répondre et participer aux débats et dis-cussions portant sur et en rapport avec l'Assemblée mondiale de la santé, l'Orga-nisation mondiale de la santé, les Nations Unies et d'autres organisations ou agences gouvernementales pertinentes et veiller plus spécifiquement à l'inclusion du dia-bète des MNT dans le cadre pour le déve-loppement après 2015, tout en notant que ce cadre doit être aligné avec les objectifs et les cibles en matière de diabète conve-nus lors de l'AMS. Le diabète entretient à divers égards des liens avec les principales dimensions du développement mondial, notamment la réduction de la pauvreté, l'inégalité entre les genres, l'éducation, la durabilité de l'environnement et les mala-dies infectieuses.

6. Mettre à l'honneur les parlementaires qui soutiennent la cause du diabète et leur ex-primer notre gratitude, où qu'ils soient, et mettre tout en œuvre pour recruter d'autres parlementaires à cette fin.

7. Créer des possibilités de réseautage et de développement des relations entre les parlementaires, d'autres décideurs clés, la FID, ses Associations membres et d'autres. Organiser des réunions dans différentes régions du monde, ainsi que convenu, et se réunir à nouveau dans le cadre d'un Forum mondial à l'occasion du prochain Congrès mondial du diabète en 2015.

8. Désigner un coordinateur mondial, qui disposera du soutien requis sur le plan administratif et de la gestion, afin d'aider le réseau mondial à atteindre les objectifs susmentionnés.

objectifs pour le réseau mondial des « parlementaires pour le diabète »

sensibilisant de toute urgence les parlements et les assemblées du monde entier au diabète. Ce nouveau groupe comblera un manque et je suis convaincu que nous n'en resterons pas là. Si les communications au niveau in-

ternational entre professionnels médicaux, sociétés pharmaceutiques, ministres de la santé et groupes de patient sont nombreu-ses, il n'y a rien pour les parlementaires, alors que ceux-ci ont le pouvoir de donner

le ton, d'influencer les budgets et d'adopter des politiques. En tant que premier réseau mondial de parlementaires pour une con-dition médicale spécifique, nous entendons créer une plate-forme qui contribuera à ren-forcer la visibilité du diabète au sein des gouvernements mondiaux. Au travers de la communication d'idées et de meilleures pratiques et de l'encouragement à l'action des parlements du monde entier, nous pouvons tendre vers ce point charnière, où l'allocation de ressources et les efforts pour prévenir, diagnostiquer et traiter le diabète ne seront plus remis en cause.

On ne saurait trop insister sur la nécessi-té d'une action urgente compte tenu de la hausse du diabète sur tous les continents et dans tous les pays, riches comme pauvres. Le problème a d'ores et déjà pris une ampleur telle qu'il menace les budgets de soins de santé de la plupart des pays et les économies de beaucoup.

C'est un immense honneur que d'être chargé de présider ce groupe et je suis reconnaissant à la Fédération internationale du diabète (FID) pour son soutien et ses conseils en la personne de son président, Sir Michael Hirst, du co-responsable de cette initiative et ancien sénateur australien, Guy Barnett, et de la coordinatrice mondiale du forum, Judi Moylan. Cette équipe formidable est vouée à devenir une force positive que les gouvernements ne pourront ignorer.

adrian sandersAdrian Sanders est membre du Parlement pour la circonscription de Torbay in Devon, au Royaume-Uni.

Pour lire la Déclaration de Melbourne sur le diabète, visitez la page https://www.idf.org/sites/default/files/Melbourne_Declaration.pdf

la camPagne mondiale

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 122

Une hiérarchie des besoins qui fait fi du diabète

MISE À L'éPREUVE DES LIMITES : DéSASTRE ET DIABèTE

Elizabeth Snouffer

Depuis dix ans, le Dr Julieta Gabiola se rend chaque année aux Philippines dans le cadre de projets de recherche sur les maladies chro-niques, mais sa visite à la mi-novembre 2013 a été différente.

« Chaque matin à 6 h, nous prenons la route, choisissons un endroit où ériger une clinique itinérante et installons un poste de triage, une pharmacie, une petite antenne chirurgi-

Comment mesurer une crise du diabète ? La vie avec le diabète, en particulier de type 1, dans les pays dévelo-ppés met souvent en lumière les limites des traitements et médicaments salvateurs : test de la glycémie 5-10 fois par jour, injection d'insuline 6-10 fois par jour, port de dispositifs médicaux sous-cutanés et prise en charge des hyperglycémies et de la menace de com-plications sur fond de contrôle glycémique étroit et de risque d'hypoglycémies graves, parfois fatales. Dans des conditions optimales, les traitements du diabète sont lourds, mais permettent d'assurer la survie des personnes concernées.

Imaginez à présent qu'un autre fardeau s'ajoute à ce tableau, tel que l'isolement et les privations en cas de guerre ou de catastrophe naturelle : des régions se re-trouvent sans électricité, nourriture saine, eau potable, soins médicaux et fournitures essentielles du diabète. Songez à ce garçon de dix ans atteint de diabète de type 1 qui tue le temps dans un camp de réfugié et se voit fina-lement soumis à un test de glycémie par un travailleur humanitaire. Le résultat du test est alarmant, peut-être très au-delà de 40 mmol/l (720 mg/dl), en partie parce qu'il a reçu son premier bol de nourriture de la semaine. Combien de temps survivra-t-il sans insuline ?

cale et trois ou quatre tables pour les équipes de médecins et d'infirmiers. Les gens com-mencent alors à faire la file. Nous sommes partis pour une journée de 15 heures, qui se répètera le lendemain matin », explique le Dr Gabiola, professeur assistante de médecine à l'Université de Stanford.

Début novembre 2013, le directeur de la faculté de médecine de l'Université de

Stanford a contacté le Dr Gabiola pour l'inviter à rejoindre le Stanford Emergency Medical Emergency Response ou SEMPER, une équipe médicale formée déployée dans les zones touchées par des catastrophes pour soutenir les opérations humanitaires à travers le monde. Deux semaines après que les Philippines ont été frappées de plein fouet par le typhon Haiyan/Yolanda, le Dr Gabiola a rejoint SEMPER et s'est envolée

soins de santé

Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 23DiabetesVoice

MISE À L'éPREUVE DES LIMITES : DéSASTRE ET DIABèTE

pour Tacloban, la zone la plus touchée par le typhon. « À notre arrivée, les survivants avaient essentiellement besoin de soins pri-maires pour des conditions chroniques. » L'équipe SEMPER a quitté Tacloban pour se rendre dans de petites municipalités rurales, appelées barrios ou barangays, qui avaient été aussi durement touchées que Tacloban, mais qui n'avaient pas encore reçu la même aide d'urgence.

« J'ai vu de nombreuses personnes atteintes de diabète de type 2 privées d'insuline », explique le Dr Gabiola, pointant un facteur important que beaucoup d'habitants des pays développés ne peuvent comprendre. « Même avant le typhon, les personnes atteintes de

diabète de ces communautés n'avaient pas accès à des médicaments et étaient à court d'insuline bien longtemps avant la catas-trophe. Elles vivent dans un état de glycémie non contrôlée. » Pour elle, les cas réellement problématiques ne concernaient pas uni-quement les personnes privées d'insu-line, mais aussi celles présentant des complications : des personnes ayant besoin d'une dialyse mais n'ayant pas accès à des soins ; celles souffrant de neuropathie périphérique ; et de nombreux blessés avec des lacéra-tions et des ul-cères nécessitant des soins immé-diats. « Le fait est que ces personnes ont un choix à faire –

elles vivent dans un état de glycémie non contrôlée.

La mise à l'épreuve des limites du diabète dans un monde où les décès précoces dus à cette condition sont évitables est intolérable et injuste, mais continue de se produire dans de nombreuses régions à travers le monde. Heureusement, l'aide arrive parfois pour sau-ver des vies dans un environnement où les opérations humanitaires internationales considèrent souvent que « le diabète ne relève pas de leur compétence et n'est pas une urgence. »

Cet article spécial se concentre sur trois régions et les voix des personnes les plus proches du diabète en

période de crise écologique ou politique : les médecins et les travailleurs humanitaires qui aident les person-nes dépourvues de fournitures du diabète à survivre au lendemain du typhon Haiyan aux Philippines ; une équipe chargée de distribuer l'insuline et un responsa-ble de la sensibilisation qui prennent des risques pour acheminer l'insuline jusqu'aux personnes qui en ont le plus besoin en Syrie ; et une équipe de spécialistes qui sauve des milliers de personnes atteintes de diabète au Mali.

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acheter un médicament pour le diabète pour 50 pesos (environ 1,20 USD) ou ½ kilo de riz, de légumes et de poisson pour la même somme et nourrir leur famille On comprend aisément le choix qu'elles font. Les besoins sont soumis à une hiérarchie. »

Interrogée sur ce que l'avenir réserve aux personnes atteintes de diabète qui ne peuvent s'offrir des médicaments, le Dr Gabiola fait preuve d'une franchise douloureuse : « Elles n'iront jamais bien car elles n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments néces-saires à leur survie. Nous avons donné à de nombreuses personnes une réserve de médicaments pour un mois avant de quitter la région de Tacloban, mais nous savons qu'elles la tireront sur six mois, en ne s'in-jectant de l'insuline ou en ne prenant un comprimé qu'une fois par semaine. La seule certitude que nous ayons est que la prochaine équipe de secours nous suivra de près et fera la même chose. »

D'après le Dr Richard Elwyn V. Fernando, président de l'Association du diabète des Philippines, la région de Visayas, où se situe Tacloban, est confrontée à deux problèmes : « Le premier concerne le fait que nous dis-posons de milliers de flacons d'insuline, mais qu'il est difficile de les acheminer jusqu'aux habitants des barrios en raison de l'état dé-plorable des routes. » Les personnes atteintes de diabète doivent venir jusqu'à Tacloban pour récupérer leur insuline, mais certains répugnent à le faire car leur priorité est de reconstruire la maison familiale. Le deu-xième problème auquel se heurtent les soins du diabète d'après les professionnels de la santé travaillant dans des hôpitaux publics est lié au diabète de type 2. « Seuls 15 à 20 % des personnes atteintes de diabète de type 2 sont insulinodépendantes et, d'après les

informations reçues, les stocks de médi-caments oraux sont très bas », explique le Dr Fernando. Il y a également pénurie de médicaments oraux pour l'hypertension et les maladies cardiaques.

Les bonnes nouvelles sont rares, mais les personnes souffrant d'insuffisance rénale ont eu beaucoup de chance de pouvoir bénéfi-cier d'une dialyse. À quelques kilomètres de Tacloban, des bénévoles de la Société philip-pine de néphrologie ont installé une clinique gratuite pour les patients dans le besoin deux semaines après le typhon Haiyan. « Les gens de la région de Tacloban et des barrios de la banlieue peuvent se déplacer deux fois par semaine pour bénéficier de ce service gratuit, qui a déjà sauvé de nombreuses vies », explique le Dr Fernando.

En décembre 2013, un mois après le typhon Haiyan, le Dr Marian Denopol, interne au Vicente Sotto Memorial Medical Centre de Cebu, aux Philippines, a reçu la visite d'un père et de ses trois enfants, chez qui un diabète de type 1 avait été diagnostiqué des années auparavant. « J'ai travaillé avec la famille à Cebu avant qu'elle ne démé-nage à Tacloban. Lorsqu'ils sont revenus me voir, le père m'a expliqué qu'ils avaient dû fuir et tous leurs biens ont été emportés, y compris les fournitures du diabète, tels que l'insuline, les journaux du diabète et les glucomètres. » Les taux de glycémie des enfants lorsqu'ils sont venus en consultation chez le Dr Denopol à l'hôpital étaient tous supérieurs à 500 mg/dl (28 mmol/l). « Je leur ai donné de l'insuline, un glucomètre qui nous avait été offert par Insulin for Life (IFL) et des instructions pour la gestion de leur diabète. »

Tous les professionnels médicaux de Cebu, y compris une partie du personnel du Vicente Sotto Hospital, se sont rendus dans les zones au nord de Cebu et dans les îles, dont Tacloban, pour offrir leur aide. Le Dr Denopol a remis aux équipes d'urgence des

fournitures du diabète, dont de l'insuline, des bandelettes de test et des seringues princi-palement données par IFL. À leur retour, les équipes lui ont expliqué que tous les patients atteints de diabète étaient désorientés et que beaucoup présentaient des taux de glycémie non contrôlés.

La situation n'est pas meilleure à Cebu. Le Dr Denopol soigne environ 3 000 patients atteints de diabète de type 2 issues de com-munautés à faible revenu. Leur mauvais état de santé lié au diabète reflète les problèmes auxquels sont confrontées les personnes atteintes de diabète dans les pays en dévelop-pement : « Le principal problème pour notre communauté est d'ordre financier, même si nous nous efforçons de l'aider en organisant des cours d'autogestion et d'alimentation. La majorité de nos patients n'ont pas les moyens d'acheter des fournitures, en parti-culier l'insuline. La plupart des personnes atteintes de diabète ne gagnent qu'un dollar (44 pesos) par jour. Impossible donc pour elles de dépenser 29 dollars (1 300 pesos) pour un flacon d'insuline. »

il y a pénurie de médicaments oraux pour le traitement du diabète de type 2.

Un volontaire administre de l’insuline à un patient de Tacloban, aux Philippines

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Sur la base de l'expérience retirée du typhon Haiyan, le Dr Fernando et son équipe au sein de l'Association du diabète des Philippines se sont fixés deux objectifs en vue d'améliorer les résultats des personnes atteintes de dia-bète victimes d'une catastrophe : « créer une procédure opérationnelle standard au niveau national pour aider les personnes atteintes de diabète aux Philippines ; et établir un registre du diabète de type 1 de façon à ce que, en cas de catastrophe ou de crise, nous sachions exactement où trouver les enfants et adultes concernés afin de leur fournir l'insuline nécessaire. »

pour plus d'informations :Insulin for Life: www.ifl.orgSEMPER: www.semper.stanford.eduAssociation du diabète des Philippines : http://www.diabetesphil.org

Le Dr Marian Denopol tient à remercier toutes les personnes à travers le monde, en particulier Insulin for Life et des amis au Japon, en Chine et aux États-Unis, pour leurs dons et leurs fournitures médicales, qui ont permis de sauver des vies.

Insulin for Life: une société porteuse d'espoir

Interview de Talia Raab et de Juvy Holasca

Insulin for Life (IFL) est une association sans but lucratif et exonérée d'impôts enregistrée dans l'état de Victoria, en Australie. Elle chapeaute un réseau d'organisations indépendantes sans but lucratif à travers le monde. Créée en 1999 par Ron Raab, elle a pour principal objectif de recueillir des médicaments et des fournitures du diabète et de les donner à des associations du diabète et à d'autres organisations à des fins de distribution aux personnes dans le besoin. La Fédération internationale du diabète (FID) collabore avec IFL afin d'assurer le financement de la distribution de fournitures d'urgence.

Depuis le séisme de Cebu en octobre 2013 et le typhon Haiyan (appelé Yolanda aux Philippines) en novembre 2013, IFL a donné la priorité à la distribution d'insuline et d'autres fournitures essentielles du diabète dans les régions dévastées. Dans cet article spécial consacré aux opé-rations de secours, deux employés d'IFL nous expliquent où vont les fournitures, les quantités envoyées et ce qui attend l'équipe d'IFL lors de sa prochaine visite aux Philippines un peu plus tard dans l'année.

Pouvez-vous nous donner une idée générale de la manière dont les groupes basés dans la région la plus durement touchée par le typhon Haiyan travaillent avec IFL ?iFl : Sweet Alert, un de nos principaux partenaires, est un groupe de sensibi-lisation au diabète basé à Cebu, aux Philippines, et dirigé par le consul Armi Garcia. Le partenariat a débuté en janvier 2012 avec l'envoi par IFL de dons d'insuline et d'autres fournitures au Dr Marian Denopol, vice-présidente et médecin-conseil de Sweet Alert. IFL permet à Sweet Alert de continuer à fournir de l'insuline et d'autres four-

nitures essentielles à de nombreux patients pauvres.

Depuis le typhon, nous avons aidé Sweet Alert à distribuer de l'insuline et des fournitures du diabète à des per-sonnes atteintes de la condition des régions de Tacloban, Bohol, Tabogon et Bantayan en collaboration avec le Vicente Sotto Memorial Medical Centre, où le Dr Denopol exerce en tant que spécialiste en diabète. Outre les fournitures du diabète données par IFL Australia, nous avons également reçu des fournitures de nos collègues d'IFL à Taiwan et de notre branche

Un volontaire administre de l’insuline à un patient de Tacloban, aux Philippines

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IFL USA. Les subventions octroyées par la FID couvrent le transport de certaines fournitures envoyées par IFL Australia et IFL USA.

Combien de flacons, de bandelettes de test et de seringues IFL a-t-il envoyé aux Philippines ?iFl : Depuis septembre 2013, IFL Australia a procédé aux envois suivants :Cebu : 3 envois : 6 cartons, 4 700 ml d'insu-line, 2 000 bandelettes de test, 1 200 serin-gues, 2 200 aiguilles pour stylos injecteurs, 12 glucomètres, 3 000 lancettes et 24 stylos injecteurs.Dumaguete : 6 envois : 12 cartons, 12 100 ml d'insuline, 5 000 bandelettes de test, 400 seringues, 6 500 aiguilles pour stylos injecteurs, 46 glucomètres, 1 600 lancettes et 86 stylos injecteurs.

L'Association taïwanaise des éducateurs en diabète et IFL USA ont également envoyé des fournitures aux Philippines. Leur réponse a été très rapide.

Quelles sont les villes qui utilisent principalement les fournitures ?iFl : Les fournitures ont été achemi-nées vers deux grandes villes : Cebu et Dumaguete. Deux hôpitaux dotés de cliniques, Sweet Alert à Cebu au nom du Vicente Sotto Memorial Medical Centre à Cebu City, et l'hôpital provin-cial Negros à Dumaguete, ont constitué des équipes qui se sont rendues dans les villes et les zones rurales pour distribuer le traitement aux gens à l'aide des res-sources fournies par IFL. Le programme fonctionne parce que des Philippins aident des Philippins, de sorte qu'il n'y a pas de barrière linguistique et que l'effort est adapté au contexte culturel.

IFL Australia fournit des ressources et a invité IFL USA et Taiwanese

Juvy Holasca (à gauche) et Talia Raab (à droite) représentant Insulin for Life Australie

Association of Diabetes Educators (TADE) à fournir eux aussi des fournitures et des ressources. Une partie des fonds pour cou-vrir les frais d'envoi et de manutention proviennent de personnes isolées et d'orga-nisations, dont la FID et l'IDAF au Japon.

Pouvez-vous nous expliquer comment les fournitures du diabète, en prove-nance d'Australie par exemple, sont emballées puis distribuées en toute sécurité aux médecins et aux infir-miers qui en ont besoin ? De quelle manière l'insuline est-elle protégée lors de l'expédition ?iFl : Les fournitures sont envoyées direc-tement par avion à l'organisation médicale depuis l'Australie. Ils suivent les fourni-tures, s'assurent de leur réception et les stockent. Le délai est en principe de 4-7 jours, mais depuis le typhon, il faut comp-ter 7-21 jours.

Quelle est la réaction des commu-nautés que vous soutenez ?iFl : Les diverses communautés que nous soutenons nous sont très reconnaissantes de l'aide reçue. Les personnes atteintes de

diabète aux Philippines doivent généra-lement se battre. Pour beaucoup, le coût de l'insuline est trop élevé. Comme toute catastrophe naturelle, le typhon a rendu l'accès à l'insuline, aux fournitures et à des soins médicaux difficile. L'hôpital médical de la ville que nous avons visité avant le typhon, par exemple, a été durement tou-ché par le séisme d'octobre. Des hôpitaux et des pharmacies ont été fermés, l'élec-tricité a été coupée et le personnel médi-cal a interrompu son travail. Cela a posé de nombreux problèmes aux personnes atteintes de diabète.

Quand la prochaine visite de l'équipe d'IFL dans la région touchée par le typhon est-elle prévue ?iFl : Aucun membre de l'équipe d'IFL ne s'est rendu sur place depuis le typhon, même si nous entretenons un partenariat très actif avec l'équipe locale de Sweet Alert. Il est prévu qu'une équipe d'IFL d'Australie et d'autres pays, dont le Japon, Taiwan et le Vietnam, se rende aux Philippines en mai pour contri-buer à la bonne marche du premier camp IFL-Sweet Alert pour enfants et adolescents atteints de diabète de type 1. Lors de cette

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visite, les équipes d'IFL et de Sweet Alert évalueront la réponse d'urgence d'IFL et de la FID au typhon en termes de fourniture d'insuline. Des médecins, des infirmiers et des membres du personnel d'IFL de ces pays participeront au camp. Nous espérons que d'autres camps seront organisés dans d'autres pays de la région avec le soutien d'une équipe similaire coordonnée par IFL Australia et IFL Global.

Quel est le besoin le plus pressant à l'heure actuelle ? Pendant combien de temps pensez-vous qu'IFL don-nera la priorité à la collecte d'argent et de fournitures pour les personnes atteintes de diabète aux Philippines ?iFl : De l'insuline, des bandelettes de test et d'autres fournitures sont cruel-lement nécessaires, de même que des fonds pour couvrir les frais d'envoi et de manutention.

Nous estimons qu'il faudra 3-5 ans avant que les régions des Philippines dans les-quelles nous œuvrons récupèrent – pour autant qu'elles puissent se remettre de cette catastrophe. IFL soutiendra les Philippines aussi longtemps que néces-saire et tant que les frais d'envoi et de manutention seront couverts.

De quelle manière peut-on aider IFL à soutenir les opérations humani-taires en faveur des personnes at-teintes de diabète aux Philippines ?iFl : Nous avons essentiellement be-soin d'un soutien financier pour cou-vrir les frais d'envoi et de manutention. L'insuline, les bandelettes de test et autres fournitures sont distribuées gratuitement par IFL. Des informations détaillées sur le projet et la réponse apportée sont dis-ponibles sur le site d'IFL Australia www.insulinforlife.org et sur la page Facebook www.facebook.com/InsulinForLife.

Vivre avec le diabète en temps de guerre

Elizabeth Snouffer

Pays à la culture riche et ancienne reconnue, la Syrie est actuellement le théâtre d'une guerre civile extrêmement violente. D'après la presse internationale, au moment de la rédaction de cet article, les combats entre forces gouvernementa-les et rebelles avaient fait plus de 100 000 morts parmi les civils et 2 millions de réfugiés, dont la moitié sont des enfants. Depuis 2010, date du début du conflit syrien, de nombreux problèmes sanitaires ont émergé, dont une hausse des maladies infectieuses et principalement de la polio, ou encore la gestion de maladies chroniques graves telles que les diabètes de type 1 et de type 2. La prévalence nationale du diabète dans la République arabe syrienne est estimée à 7,4 %, soit 1,6 million de personnes, d'après l'Atlas du diabète de la FID. La gestion du diabète est devenue extrêmement compliquée, en particulier pour les personnes insulinodépendantes.

Le Dr Nizar Albache, président de la société endocrine syrienne et président-élu pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de la FID, et Eyad Al Safadi, directeur général de Novo Nordisk en Syrie depuis 16 ans, ont accepté de répondre à des questions sur la situation actuelle des personnes atteintes de diabète et de leurs soignants en Syrie. Dans l'interview à suivre, Eyad Al Safadi et le Dr Albache ont pris le temps de revenir sur la situation tragique en Syrie.

Comment décriviez-vous la situation des personnes atteintes de diabète et des professionnels qui s'en occupent en Syrie avant et après le début de la crise ?dr nizar Albache : Avant la crise, les per-sonnes atteintes de diabète avaient facilement accès aux soins de santé. Le programme natio-nal du diabète propose des services à environ la moitié des personnes atteintes de diabète en

Syrie, et de l'insuline et des hypoglycémiants oraux sont généralement fournis gratuitement dans divers centres du pays. Les hôpitaux publics sont gratuits pour tous et proposent des traitements pour les complications du diabète. Le secteur privé couvrait les 50 % restants. Avant la crise, il y avait peu de pro-blèmes en Syrie. L'Association syrienne du diabète proposait également une éducation

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gratuite et contribuait au renforcement de la sensibilisation au diabète dans tout le pays.

eyad Al Safadi : La Syrie est un pays de plus de 22 millions d'habitants et, d'après les estimations, 889 500 Syriens adultes avaient le diabète en 2011, soit 8,2 % de la popula-tion adulte. En 2010, le coût du diabète a été estimé à 14 % du budget médical total de la Syrie. En 2013, trois ans après le début de la crise syrienne, l'OMS estime que 430 000 personnes atteintes de diabète vivent tou-jours en Syrie et que 40 000 sont des enfants insulinodépendants qui ont besoin d'aide. La prise en charge des milliers d'enfants atteints de diabète ayant besoin d'un soutien s'est compliquée au fil des mois.

Certains de vos collègues sont-ils toujours en Syrie ?dr nizar Albache : Oui, heureusement. Je me suis fait une idée plus précise de la situation lors de ma dernière visite, il y a trois mois environ. De nombreux médecins et diabétologues continuent de travailler et d'aider les gens dans bon nombre de villes et villages syriens en dehors des zones de crise, et dispensent des soins de santé dans tout le pays. Mais nous ne disposons pas d'estimations réelles du nombre de méde-cins toujours actifs en Syrie. D'après moi, le pourcentage se situe aux alentours de 40-60 %. Il est probable que la majorité d'entre eux travaillent dans des zones contrôlées par le gouvernement, mais un groupe plus res-treint pourrait opérer dans des zones sous le contrôle de l'opposition armée. C'est dans ces zones, où il n'y a pas de soins médicaux, qu'il est devenu très difficile d'avoir accès à des fournitures médicales telles que l'insuline, des hypoglycémiants oraux et d'autres médi-caments nécessaires pour gérer le diabète.

eyad Al Safadi : Quelques collègues de Novo Nordisk sont toujours basés en Syrie et la sécurité de nos employés est notre priorité première. Bien que certains d'entre eux se soient vu proposer de déménager, quelques-

uns ont décidé de rester. Être là pour les patients est un exemple concret de ce que signifie réellement le slogan « Changer le diabète ». L'aide apportée se limite parfois à un simple appel téléphonique, par exemple, lorsque notre représentant médical Omar a orienté une mère vers un centre où elle pourrait obtenir de l'insuline gratuite pour son fils atteint de diabète de type 1.

Combien de personnes atteintes de diabète, ou s'occupant de personnes atteintes de la condition reste-t-il en Syrie ?dr nizar Albache : La population syrienne

était d'environ 22 millions d'habitants au début de la crise. Elle est aujourd'hui répar-tie dans quatre zones : celles contrôlées par le gouvernement syrien, celles sous le contrôle de l'opposition, les zones du territoire syrien destinées aux réfugiés internes et les zones en dehors du pays, notamment les camps de réfugiés, dans lesquels les gens vivent dans de terribles conditions. Les soins de base dans les camps de réfugiés, notamment les soins de santé, font totalement défaut – ce qui accroît le risque de maladies. D'après les estimations, la Syrie compterait entre 900 000 et 1 million de personnes atteintes de diabète, dont 10 % de type 1. Il est très difficile d'estimer avec

Reem, 13 ans, dans le camp pour réfugiés syriens de Al Za'atri, près de Mafraq en Jordanie. Photo: Ed Kashi

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précision le nombre de personnes atteintes de diabète qui vivent toujours en Syrie. Je pense qu'environ 20-25 % de la population atteinte de diabète a quitté le pays, que 15-20 % vivent dans des zones contrôlées par des groupes de l'opposition et que plus de la moitié vit dans des zones sous le contrôle de l'armée syrienne.

eyad Al Safadi : D'après nos estimations, un peu moins de la moitié des personnes atteintes de diabète auraient quitté le pays ou été déplacés. Une partie de la moitié restante a été contrainte de changer de schéma de traitement en raison des problèmes d'accès et de ressources, à l'origine de nombreuses

complications. La couverture du coût des trai-tements a également changé et de nombreux patients sont désormais obligé de mettre la main au portefeuille, alors qu'avant la crise, les fournitures médicales telles que l'insuline étaient remboursées.

D'après certaines sources, les consé-quences du conflit pour les Syriens ont conduit à une pénurie de fonds pour couvrir le coût des médicaments et des traitements, de nombreux hôpitaux et cliniques ont été détruits, les profes-sionnels de la santé ont quitté le pays et les routes dangereuses rendent la distribution d'insuline extrêmement di-fficile. Quelles sont les conséquences de cette situation tragique ?dr nizar Albache : C'est vrai car plus de cent hôpitaux et cliniques ont été détruits et bon nombre d'entre eux desservaient des zones très peuplées, tels que l'hôpital al-Kindi d'Alep. De nombreux villages et villes plus petites n'ont pas de médecins, et les médica-ments, en particulier l'insuline, sont tantôt indisponibles tantôt trop onéreux car les gens n'ont plus de revenus. Des médicaments pour le diabète sont nécessaires de toute urgence. Les routes ne sont pas sûres et le transport de médicaments sur prescription et d'autres fournitures médicales est très dangereux. Les envois et le suivi sont difficiles car des mar-chandises se perdent et les chauffeurs ont peur d'être kidnappés. Pour vous donner un exemple : se rendre d'Alep à Latakia (un trajet de 190 km) peut prendre de 12 à 24 heures. Il est nécessaire d'approvisionner de toute urgence les habitants des zones rurales, en particulier les personnes atteintes de diabète qui vivent dans des camps de réfugiés, en insuline et en hypoglycémiants oraux.

eyad Al Safadi : Pour moi, la principale consé-quence est que, dans une telle situation, le « problème » du diabète reçoit moins d'attention et une moindre priorité. Cela paraît logique compte tenu du fait que le pays tout entier traverse une crise majeure, mais cela signifie

aussi que les personnes atteintes de diabète en Syrie souffrent deux fois plus : de la situation générale, d'une part, et de leur diabète, d'autre part. Ces souffrances supplémentaires ne sont pas seulement dues à l'absence de traitement : dans certains cas, aucun conseil ni soutien pour le diabète n'est disponible.

Quelles sont les options qui restent aux personnes atteintes de diabète en Syrie aujourd'hui ?dr nizar Albache : La plupart des personnes qui vivent dans le secteur contrôlé par le gou-vernement ont accès à des soins de santé et ont les moyens d'acheter des médicaments ou peuvent en obtenir gratuitement auprès des centres. Par contre, les personnes vivant dans les autres zones doivent gérer leur diabète avec les moyens du bord. Elles passent souvent d'un type d'insuline à un autre.

eyad Al Safadi : Lorsque je pose cette ques-tion à Rami, notre spécialiste produit basé en Syrie, il me répond qu'il n'y a qu'une seule solution valable. Toutes les parties prenantes qui croient en la lutte contre le diabète doivent se serrer les coudes en Syrie. La FID, l'OMS, la Croix-Rouge, le Croissant rouge, les ONG, les cliniques de soins de santé locales et Novo Nordisk, qui peut contribuer à la fourniture d'insuline, ont tous une responsabilité. Si nous sommes solidaires, nous pourrons arriver jusqu'aux personnes atteintes de diabète dans le besoin et, peut-être, changer l'avenir du diabète en Syrie.

Est-il difficile d'envoyer ou de stoc-ker de l'insuline en Syrie ?dr nizar Albache : Oui. Au problème du prix et de l'accessibilité s'ajoute celui du stockage de l'insuline en toute sécurité car de nom-breuses régions sont privées d'électricité ou ne sont alimentées que quelques heures par jour ou par semaine. Il est important de noter que l'intégralité de l'aide humanitaire arrive et est distribuée dans la zone sous contrôle du gouvernement et ne parvient quasiment pas jusqu'à la zone contrôlée par l'opposition.

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DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 130

Injecter de l'aide dans une région oubliée

Stéphane Besançon, Assa Traoré Sidibé, Bah Traoré, Djibo Amadou, Paulette Djeugoue, Anne-Laure Coulon et Serge Halimi

eyad Al Safadi : L'envoi d'insuline humaine en Syrie est devenu compliqué, en particulier en raison des conditions de stockage spé-ciales requises par ce médicament. Comme l'aéroport de Damas n'est plus très sûr et que de nombreuses compagnies aériennes ont interrompu leurs vols, nos médicaments sont envoyés à l'aéroport international de Beyrouth, avant d'être acheminés par ca-mion jusqu'à la frontière syrio-libanaise. À la frontière, les envois sont chargés à bord de camions syriens, qui doivent encore rou-ler pendant de nombreuses heures avant d'atteindre Damas. Jusqu'à 8-10 acteurs prennent part à ce processus et une syn-chronisation et une coordination précises de leur travail sont essentielles pour permettre à l'insuline d'atteindre les entrepôts dans un état optimal. Un voyage qui durait autrefois deux jours peut désormais prendre plus de 15 jours.

Avez-vous dû mettre en balance des décisions et faire des compromis en matière de sécurité et pouvez-vous ex-pliquer comment ?dr nizar Albache : Nous devons travailler avec des organisations locales sur le terrain qui savent comment faire face à toutes sortes de risques et peuvent nous aider à transporter les médicaments et les fournitures médicales jusqu'aux personnes qui en ont besoin.

eyad Al Safadi : La prise de « décisions fati-diques » dans des conditions aussi extrêmes était et restera l'aspect le plus difficile pour tous les membres de l'équipe syrienne. Nous devons décider si nous devons rester ou partir, donner ou vendre l'insuline et combien de patients nous pouvons prendre en charge de manière réaliste compte tenu de nos res-sources. Pour l'instant, quelques membres du bureau ont décidé de quitter le pays, mais d'autres sont restés en poste. Nous avons par-fois donné de l'insuline, mais de nombreuses autres fois, nous l'avons vendue. Il nous faut constamment prendre des décisions justes et équilibrées et nous pensons y être parvenus.

pour plus d'informations et obtenir de l'aide :Assistance Coordination Unit (ACU) : http://acu-sy.org/HomeEn/International Medical Corps : https://internationalmedicalcorps.orgSyrian American Medical Society : http://sams-usa.net

Depuis plus de dix ans, l'ONG Santé Diabète œuvre au Mali, en étroite collaboration avec le ministère de la santé de la République du Mali, afin de renforcer le système de soins de santé pour les personnes atteintes de diabète. Cette collabo-ration a conduit à l'ouverture de 22 centres de consultation du diabète proposant des soins, ainsi qu'une éducation à la prévention et au trai-tement à plus de 10 000 personnes atteintes de diabète. Cet effort national a également renforcé la capacité des associations membres de soutien aux personnes atteintes de diabète.1 Heureusement, les ef-forts de Santé Diabète ont permis au Mali de rejoindre le programme Life for a Child de la FID, qui vise à améliorer la détection précoce et la gestion du diabète de type 1 chez les enfants et les adolescents. Outre les projets sur le terrain, Santé Diabète contribue également à la formation universitaire de méde-cins dans le domaine de l'endocri-nologie, notamment par un cours de spécialisation débouchant sur deux types de diplômes pour les professionnels de la santé.2

Pouvez-vous nous donner un exemple de situation dangereuse à laquelle vous avez été confronté alors que vous ou un collègue étiez chargé de livrer de l'insuline, d'aider la communauté du diabète ou de sauver une vie ?dr nizar Albache : Je n'ai pas d'expérience récente de la distribution de fournitures du diabète sur le territoire syrien, mais j'ai eu beaucoup de difficultés à organiser les envois et les livraisons d'insuline ou d'autres fournitures médicales aux réfugiés syriens en raison de l'infrastructure locale défaillante. En outre, nous avons besoin du soutien du gouvernement, ce qui peut retarder l'aide humanitaire.

eyad Al Safadi : Deux explosions ont eu lieu à Damas l'année dernière à quelques centaines de mètres de notre bureau. Après celles-ci, notre bureau est resté fermé quelques jours. Le personnel a ensuite estimé qu'il devait reprendre le travail en raison de l'aide qu'ils ont le sentiment d'apporter aux personnes dans le besoin. À ce stade, c'est bien plus qu'un travail. On peut voir dans cette crise un événement terrible et triste – ce qui est d'ailleurs le cas —, mais nous pouvons également en tirer des enseignements. La leçon tirée est très simple, mais également très profonde : « Le diabète ne s'arrête pas en temps de crise ! » Les personnes peuvent perdre de vue le diabète en temps de crise, mais celui-ci ne s'arrête. Au contraire, il ne fait qu'empirer.

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 31

Injecter de l'aide dans une région oubliée

Stéphane Besançon, Assa Traoré Sidibé, Bah Traoré, Djibo Amadou, Paulette Djeugoue, Anne-Laure Coulon et Serge Halimi

En mars 2012, la situation politique insta-ble du Mali a conduit à l'occupation de la région septentrionale du pays. Outre les conséquences humanitaires de ces combats, l'absence de médicaments couplée à la mi-gration de la main-d'œuvre en bonne santé a débouché sur une situation médicale de plus en plus désastreuse. En l'espace de quelques semaines seulement, des milliers de personnes atteintes de diabète se sont retrouvées sans accès à un traitement et à des médicaments.3

Malgré l'engagement des Nations Unies (Bureau de la coordination des affaires hu-manitaires), de l'Union européenne (ECHO) et d'autres ONG urgentistes à lutter contre la menace des maladies non transmissibles (MNT), dont le diabète, l'aide n'est jamais arrivée jusqu'aux personnes qui en ont le plus besoin. Une demande de soutien des personnes atteintes de diabète dans le nord du Mali a été transmise au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH), mais la réponse a été terrible : « Le diabète ne relève pas de notre compétence et n'est pas une urgence ».

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Tests de glycémie dans la région de Tombouctou, au nord du Mali

des milliers de personnes atteintes de diabète se sont retrouvées sans accès à un traitement et à des médicaments.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 132

Face à l'absence de réaction de la plupart des partenaires, Santé Diabète est par-venu à se procurer des fonds auprès du ministère français des affaires étrangères, de l'Agence française de développement, de la région Rhône-Alpes et de diverses sociétés pharmaceutiques telles que Sanofi et Novo Nordisk. En réponse à la situa-tion humanitaire tragique des personnes atteintes de diabète au Mali, les fonds ont été utilisés pour créer la Fédération des Diabétiques du Mali (Fenadim) et apporter à l'hôpital du Mali une réponse humanitaire ciblée sur les personnes at-teintes de diabète.

Entre avril 2012 et décembre 2013, cette réponse humanitaire et ces fonds ont per-mis à Santé Diabète d'offrir des traitements médicaux gratuits tels que de l'insuline et des antidiabétiques oraux à des personnes atteintes de diabète vivant dans la région du nord, ainsi qu'à celles déplacées dans la région du sud. Outre des médicaments, des kits d'urgence du diabète pour lutter contre des problèmes liés à l'acidocétose et aux soins des pieds ont été fournis aux centres médicaux. Cette initiative a eu un impact plus important qu'escompté, ce qui prouve l'ampleur de la demande. L'initiative a en effet permis de fournir :4

■ un traitement à 1 800 patients dans la région du nord ;

■ un traitement à 125 patients déplacés à Bamako ;

■ un traitement pour 15 cas de coma dia-bétique ;

■ un traitement pour 30 pieds diabétiques avec des complications graves.

entre aide humanitaire et reconstructionDepuis la fin de l'occupation du nord du Mali par les groupes armés, les soins de santé reprennent lentement leur cours normal et on assiste au retour progressif de la population contrainte de migrer. En

soins de santé

Hôpital régional de Tombouctou

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 33

octobre 2013, Santé Diabète et diverses équipes d'endocrinologie et de diabétologie de l'hôpital du Mali ont décidé de prolonger l'aide humanitaire de quelques mois. Dans le même temps, ils ont entamé une évalua-tion en profondeur de la gestion actuelle du diabète au Mali dans le but d'améliorer le statu quo en 2014.

Ciblée sur Tombouctou, Gao et Douentza, l'évaluation s'est concentrée sur trois ob-jectifs pour chaque ville, dans l'ordre de priorité suivant :■ évaluation sur site des installations de

santé ;■ dépistage ciblé du diabète ;■ consultations gratuites pour les personnes

atteintes de diabète.

Le processus d'évaluation a été mis en place à l'occasion d'un atelier de quatre jours organisé à Bamako en novembre 2013. Différentes équipes de l'hôpital du Mali ainsi que l'ONG Santé Diabète ont pris part à la réunion de préparation, avec le soutien d'une équipe d'experts en endocrinolo-gie du Centre Hospitalier de Grenoble en France. Le centre hospitalier de Grenoble jouit d'une longue expérience des activités de développement au Mali, grâce au soutien financier du ministère français de la santé. Le but de l'atelier était de préparer et de va-lider tous les documents techniques requis pour faire avancer la mission humanitaire.

L'atelier a également conduit à la mise sur pied de trois missions humanitaires visant

Un traitement du diabète a été offert à plus de 1 800 personnes dans la région du nord.

à améliorer les soins du diabète dans le nord du pays sous la houlette de spécia-listes médicaux en endocrinologie et en diabétologie. La première mission a permis d'envoyer quatre médecins à Tombouctou. Lors de la deuxième, des médecins ont été basés à Gao et, pour la troisième, deux médecins ont été placés à Douentza, de mi à fin décembre 2013.

Activités réalisées lors de la mission hu-manitaireLes personnes atteintes de diabète à Tombouctou, Gao et Douentza n'avaient pas été vues par un médecin depuis des mois et les stations de radio privées ont été utilisées pour informer les personnes atteintes de diabète des missions et les in-viter à se rendre dans les centres médicaux.

DépistageLes deux premiers jours des missions, les personnes atteintes de diabète ou à risque des différentes villes ont été invitées à se soumettre à un test de la glycémie. Cette étape fondamentale a attiré un grand nom-bre de personnes et les équipes des missions ont pu mieux informer la population invitée et offrir un traitement médical spécialisé.

Consultations médicales pour les person-nes atteintes de diabète.Compte tenu de l'absence de soutien médi-cal pour les personnes atteintes de diabète pendant les mois de crise, cinq journées de consultations médicales spécialisées ont été organisées. Celles-ci visaient à :

■ vérifier et ajuster les traitements ;■ détecter et traiter les problèmes liés au

diabète tels que les infections ou la dés-hydratation ;

■ gérer les complications aiguës.

Après chaque consultation, les patients ont reçu des antidiabétiques gratuits offerts par l'ONG Santé Diabète.

Évaluation des installations de soins de santé en matière de diabète dans les trois villesPendant deux jours, les médecins ont été invités à évaluer les installations de soins de santé en collaboration avec les autorités sanitaires locales. Le but était d'évaluer ces installations sur le plan des ressources humaines, en matériel de laboratoire et en médicaments.

797 personnes ont pris part aux tests de dépistage dans les trois villes. 354 des par-ticipants étaient des personnes dont le dia-bète avait déjà été diagnostiqué désireuses d'avoir accès à des consultations médicales de suivi spécialisées. Santé Diabète a fourni 50 % des dons requis pour les traitements d'urgence. La majorité des personnes at-teintes de diabète ont reçu le traitement dont elles avaient besoin, ce qui témoig-ne du succès de la mission humanitaire d'urgence. Bien que le traitement gratuit ait permis à de nombreuses personnes de survivre, la mission ne pouvait pas assurer une autogestion efficace du diabète. Les équipes ont traité de nombreux cas de pied diabétique et d'acidocétose à l'hôpital de Tombouctou.

MédicamentsÀ la réouverture des installations de soins de santé et des entrepôts de distribution de médicaments quelques semaines au-paravant dans les trois villes, aucun an-tidiabétique (insuline et antidiabétiques

soins de santé

Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 1DiabetesVoice34

soins de santé

oraux, notamment) n'était disponible. Le maintien des dons de Santé Diabète est par conséquent essentiel après cette mission de plusieurs mois en vue de garantir une meilleure transition entre l'action huma-nitaire émergente et le développement à long terme.

Professionnels de la santéDans les hôpitaux régionaux et les centres de santé dédiés de Gao et Tombouctou, des ressources techniques et humaines sont fournies avec le soutien de diverses ONG internationales. Lors de la mission, cependant, nous n'avons rencontré aucun médecin proposant des consultations de diabète dans ces installations. La ville de

Douentza était mieux lotie car un méde-cin référant en diabète qui avait quitté la région pendant la crise était revenu, ce qui a permis de rouvrir rapidement le centre de consultation pour le diabète.

Consultations et matériel de laboratoireLes trois villes sont dépourvues des four-nitures et de l'équipement médicaux mini-mum requis pour permettre aux médecins de proposer des consultations du diabète de qualité. Du matériel de laboratoire de base fait également défaut.

ConclusionCes missions humanitaires pendant la crise qui a secoué le Mali ont démontré

l'impact considérable de la réponse hu-manitaire emmenée par Santé Diabète, le Fenadim et les équipes hospitalières du Mali. Elles ont sauvé des centaines de per-sonnes atteintes de diabète. Cependant, l'évaluation de l'état de santé des patients et des installations de soins de santé a mis en exergue la nécessité d'assurer de toute urgence une gestion efficace du diabète dans ces trois localités (Douentza, Gao, Tombouctou), ainsi que dans les régions du nord. La restauration des services de gestion du diabète devra recevoir la prio-rité des partenaires engagés dans la lutte contre le diabète au Mali.

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 35

elizabeth snouffer, talia raab, Juvy Holasca, stéphane besançon, assa traoré sidibé, bah traoré, djibo amadou, paulette djeugoue, anne-laure Coulon, serge Halimi et Carolyn robertsonElizabeth Snouffer est rédactrice de Diabetes Voice.Talia Raab est responsable des médias sociaux et des communications pour IFL Australia et IFL Global.Juvy Holasca est chargée de liaison pour le projet Philippines.Stéphane Besançon est directeur général de l'ONG Santé Diabète www.santediabete.org.Assa Traoré Sidibé est chef du département d'endocrinologie et de diabétologie de l'hôpital du Mali à Bamako.Bah Traore, Amadou Djibo et Paulette Djeugoue sont étudiants en médecine et suivent une spécialisation en endocrinologie à l'hôpital du Mali.Anne-Laure Coulon et Serge Halami sont médecins spécialisés en endocrinologie, en diabétologie et dans les maladies liées à l'alimentation au sein du Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble, en France. Carolyn Robertson est membre du groupe consultatif de Diabetes Voice et consultante au sein du Gonda Diabetes Center de l'Université de Californie à Los Angeles, aux États-Unis.

références1. Sidibé AT, Besançon S, Beran D. Le diabète: un

nouvel enjeu de santé publique pour les pays en voie de développement : l'exemple du Mali. Médecine des maladies Métaboliques 2007; 1: 93-8.

2. Drabo J, Sidibé A, Halimi S, et al. A multi-partner approach to developing excellence in diabetes management training in four African countries. Diabetes Voice 2011; 56: 18-20.

3. Besançon S, Sidibé AT. Civil society facing down the diabetes emergency in Mali. Diabetes Voice 2012; 57: 40-42.

4. Besançon S. Afrique et diabète: la fin d'un paradoxe. Diabète et Obésité 2013; 72: 35-40.

soins de santé

1. Si vous souffrez de diabète :■ Emportez à tout moment avec vous une

réserve de 3 jours de médicaments essen-tiels du diabète.

■ Portez en permanence un moyen d'iden-tification du diabète.

2. Si vous êtes sous insuline :■ Une fois ouverte, l'insuline peut être conser-

vée à température ambiante (15-30 °C) pendant 28 jours.

■ L'insuline ne doit pas être exposée à une lumière excessive ou à des températures trop chaudes ou trop froides.

■ Les insulines Lantus, Levemir, Regular, Apidra, Novolog et Humalog doivent être transparentes.

■ L'insuline NPH doit avoir une apparence laiteuse.

3. Conservez le matériel suivant* dans une trousse d'urgence facilement accessible :

■ Une liste de tous vos médicaments et docu-ments.

■ Des seringues à insuline, un stylo injecteur et des aiguilles pour stylo injecteur (le cas échéant).

■ Des fournitures pour pompe à insuline : réservoirs, kits de perfusion (le cas échéant).

■ Au moins 25 bandelettes de glucose et lan-cettes, ainsi qu'un glucomètre.

■ Un équipement de test de la cétone.■ Un kit de glucagon d'urgence et une forme

de glucose (bonbon, par exemple).■ Une paire supplémentaire de chaussures

robustes.

4. Gardez à l'esprit les points importants suivants :

■ Hydratez-vous correctement (eau, boissons non sucrées).

■ Évitez de prendre des comprimés de sel, sauf si prescrit.

■ Évitez les aliments, les boîtes ou les embal-lages qui ont été mouillés.

■ Demandez des soins d'urgence si vous pré-sentez les symptômes suivants : fatigue, faiblesse, crampes abdominales, diminution des urines, fièvre et confusion.

■ Portez des vêtements de protection et des chaussures robustes.

■ Examinez vos pieds quotidiennement afin de déceler toute irritation, infection, plaie ouverte ou ampoule dans la mesure où la chaleur, le froid, une humidité excessive et l'impossibilité de changer de chaussures peuvent conduire à des infections, en par-ticulier si votre glycémie est élevée.

Carolyn Robertson

préparation aUX CatastropHes et reprise aprÈs sinistre en Cas de diabÈte

Pour obtenir des informations plus générales sur la préparation aux catastrophes, consultez le site de la Fédération internationale de la Croix-Rouge à l'adresse suivante : www.ifrc.org/fr/what-we-do/disaster-management/

*Nous sommes conscients que, dans bon nombre de régions en développement de la planète, les personnes atteintes de diabète n'ont pas accès à de telles ressources.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 136

Pratique clinique

Traitement du diabète et cancer : cinq ans après l'annonce de « nouvelles brûlantes »Andrew Renehan

En juin 2009, la publication collective de quatre études épidémiologiques à la pointe de l'actualité examinant les liens entre le traitement du diabète et le cancer dans le même numéro de la revue Diabetelogia a suscité un vif émoi au sein de la communauté du dia-bète. Ces articles ont mis en lumière le lien entre l'utilisation thérapeutique d'insuline exogène et, en particulier, de glargine (Lantus®), un analogue d'insuline, et le développement ulté-rieur d'un cancer. Les quatre études présentant des limites en termes de conception, il s'est avéré impossible de tirer des conclusions définitives. Si les études ont dans un premier temps créé la confusion au sein de la communauté du diabète, des conséquences positives n'ont cependant pas tardé à émerger. En 2010, je suis revenu sur les deux premières années de cette aventure dans Diabetes Voice.1 Le présent article me permettra de faire le point sur les trois dernières années.

Une des premières conséquences construc-tives des événements de 2009 a été la ren-contre de spécialistes en diabétologie et en cancérologie. Un des exemples visibles a été la création du Diabetes and Cancer Research Consortium, un groupe international de chercheurs qui examine principalement des questions pharmaco-épidémiologiques, mais a également pour objectif majeur de développer et d'optimiser des approches mé-thodologiques en vue de s'attaquer aux liens complexes entre le diabète, son traitement et la cancer. Le groupe a publié deux docu-ments-cadres : un sur l'incidence du cancer2 et l'autre sur la mortalité due au cancer.3 Deux caractéristiques analytiques impor-tantes ont été mises en exergue : (1) la prise en compte du « biais de temps de détection » et (2) la configuration des données pour la prise en compte des « expositions variables dans le temps ». La première se traduit par des associations de risque exagérées en rai-son de la cooccurrence temporelle du diag-nostic du diabète, ou du début du traitement, et du diagnostic du cancer. La deuxième fait référence aux variations réelles dans les

médicaments prescrits au fil du temps et, à défaut d'être prise en charge correctement, se traduit par de fausses associations de risque dans le sens positif ou négatif.

insuline glargineAprès 2009, plusieurs études observation-nelles se sont penchées sur le lien présumé entre l'insuline glargine et le risque de cancer, mais, dans l'ensemble (même avec des mé-thodologies robustes), aucune donnée con-cluante n'a émergé. La publication de l'essai ORIGIN en 2012 a toutefois permis de cla-rifier la situation. Les chercheurs d'ORIGIN ont réparti aléatoirement 12 537 patients

le diabetes and Cancer research Consortium développe et optimise des approches méthodologiques en vue de s'attaquer aux liens complexes entre le diabète, son traitement et le cancer.

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 37

Pratique clinique

présentant une intolérance au glucose ou un diabète de type 2 dans des groupes sous insuline glargine ou sous traitement stan-dard4 – le plus grand essai de ce type jamais réalisé. Même si les critères d'évaluation du protocole étaient les événements non fatals et les décès d'origine cardiovasculaire, les chercheurs ont également détaillé le risque par type de cancer et par traitement reçu à la suite des craintes soulevées par les articles de 2009. Aucun différence n'est apparue entre les groupes de traitement en ce qui concerne l'incidence et les décès tous cancers confondus, pas plus que pour les types de cancer rapportés suivants : sein, prostate, côlon, poumon et mélanome. Ces données semblaient concluantes, ce qui a conduit certains commentateurs à laisser entendre que le sujet était clos. Des réserves ont tou-tefois été émises concernant l'interprétation de l'essai ORIGIN et du risque de cancer. Premièrement, bien que le suivi médian ait été de 6,2 ans, la diminution a été tellement rapide par la suite que seuls 14 % des patients ont été suivis la septième année (Figure 1). Pour de nombreux épidémiologistes du cancer, cette période de latence trop courte pour évaluer les liens entre l'exposition et l'incidence du cancer.

Deuxièmement, la contamination entre les groupes a été importante – 16,7 % des pa-tients sous glargine ont arrêté celle-ci, tan-dis que 11,5 % des patients sous traitement standard ont commencé à prendre de l'insuline sous une forme quelcon-que durant la période de suivi. En résumé, la mise en balance des données probantes penche en fa-veur de l'absence de lien entre l'insuline glargine et le risque de cancer. Cependant, les ré-serves émises concernant l'interprétation de l'essai ORIGIN devraient encourager les chercheurs d'ORIGIN à analyser leurs données sur une période de suivi plus lon-

gue et à procéder à une « analyse basée sur le protocole » (comparaison des groupes en incluant uniquement les participants qui ont réussi à maintenir le traitement qui leur avait été initialement attribué), en plus de l'« analyse en intention de traiter » déjà présentée.

MetformineAujourd'hui, nous comprenons mieux l'effet protecteur présumé de la metformine et le risque de cancer. Il est notamment apparu de manière claire ces dernières années que

bon nombre des études épidémiologiques antérieures présentaient des biais liés au temps importants qui ont donné l'impres-sion que les résultats étaient « protecteurs ». Mais surtout, elles présentaient des biais appelés « biais de temps immortel ». Cet aspect statistique est compliqué d'un point

de vue conceptuel et n'a peut-être pas été apprécié correctement par les com-munautés de chercheurs en diabétologie et en cancérologie. Un tel biais survient lorsque l'analyse ne prend pas en compte le laps de temps sans traite-

ment entre le début de l'étude de cohorte et le début du traitement. Les individus doivent survivre au début de l'exposition – d'où le nom d'« immortel ». Le résultat est un avan-tage pour les utilisateurs du médicament à

Suivi médian

0 1 2 3 4 5 6 7

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

Nb d

e pa

tient

s

Années

figure 1. diminution du suivi selon le traitement attribué dans le cadre de l'essai oriGin

Exposés à la glargineNon exposés à la glargine(traitement standard)

Le nombre renseigné pour chaque groupe correspond au nombre de patients suivis après la randomisation moins ceux qui ont interrompu la glargine dans le groupe de l'intervention et ceux qui ont débuté la glargine dans le groupe sous traitement standard.Adapté de la référence n° 4.

La mise en balance des données probantes penche en faveur de

l'absence de lien entre l'insuline glargine et le risque de cancer.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 138

l'étude lorsque l'analyse est classée simple-ment en fonction des catégories d'utilisation « toujours » ou « jamais ». Ce phénomène a été parfaitement illustré par Suissa et ses collègues5, qui ont établi que de nombreuses études épidémiologiques faisant état d'une réduction du risque de cancer associé à la metformine présentaient un biais de temps immortel. En revanche, les études faisant appel à des méthodes analytiques pour éviter de tels biais n'ont mis en évidence aucun effet de la metformine sur l'incidence du cancer.

Il est probable que les biais liés au temps identifiés dans le cadre des études portant sur l'utilisation de metformine et l'incidence du cancer sont également fréquents dans les études de la survie des patients atteints de cancer sous metformine. Ces incertitudes font aujourd'hui l'objet de plusieurs essais randomisés de phase III chez des patients atteints d'un cancer sans diabète. L'essai NCIC MA.32 de grande envergure portant sur les traitements adjuvants dans le cancer du sein au stade précoce, avec pour principal critère de référence la survie à cinq ans sans cancer invasif, en est un exemple notable. 3 582 femmes ont terminé la procédure d'enrôlement début 2013 et nous attendons à présent les ré-sultats de cet essai avec impatience.

Le troisième facteur d'appréciation clé du lien entre la metformine et le cancer réside dans la biologie. De nombreux laboratoires à travers le monde étudient désormais le rôle de la metformine dans le dévelo-ppement de cancers, et plusieurs nouveaux mécanismes anticancé-

reux ont été décrits et validés. Il est toutefois apparu que de nombreuses études préclini-ques in vivo utilisent des concentrations de metformine supérieures à celles utilisées en toute sécurité en milieu clinique. En outre, la plupart des études in vitro indiquent utiliser des doses de metformine comprises entre 1 et 40 mM, ce qui est bien au-delà des con-centrations plasmatiques thérapeutiques pouvant être atteintes (0,465-2,5 mg/l ou 2,8-15 mM) chez l'être humain (Figure 2).6 Il est donc possible que la metformine induise un stress énergétique dans ces études très supérieur aux effets qui seraient enregistrés sur le plan clinique. En résumé, la mise en balance des données probantes penche éga-lement en faveur de l'absence de lien entre la metformine et le risque de cancer. La dose de metformine actuellement utilisée dans les essais oncologiques est celle qui a démontré être efficace pour le contrôle de la glycémie. Il convient à présent de déterminer la dose appropriée de metformine en vue d'obtenir l'effet anticancéreux escompté.

PioglitazoneLors de l'examen de leurs bases de données, les chercheurs ont découvert que l'exposi-tion au pioglitazone pourrait être associée à un risque accru de cancer de la vessie. Les premières études reposaient sur des analyses assez rudimentaires des bases de données des systèmes d'assurance santé contenant un faible nombre de cas de cancer de la vessie. Ce « signal d'alarme » a toutefois suffit pour que les autorités françaises et allemandes de réglementation des médicaments retirent cet agent en juin 2011. Depuis lors, trois analyses de grande ampleur s'appuyant sur la General Practice Research Database au Royaume-Uni,7 le Système National d'Infor-mation Inter-régimes de l'Assurance Maladie en France8 et le registre du diabète Kaiser Permanente Northern California (KPNC) aux États-Unis9 ont été réalisées – avec un nombre élevé de cas de cancer de la vessie, et toutes ont laissé entendre l'existence d'un ris-que accru de cancer. Mais ici aussi, des biais pourraient avoir entravé l'interprétation. De

il convient à présent de déterminer la dose appropriée de metformine en vue d'obtenir l'effet anticancéreux escompté.

Utilisation clinique standard

études précliniques in vivo

études en laboratoire in vitro

Dose 250 à 2 250 mg/jour

750 mg/kg par jour 2 à 50 mM

Dose relative*

0,15 à 1,0 2 à 45 25 à 1 000

Concentrations de metformine

figure 2. Concentrations de metformine utilisées dans les études en laboratoire

. Les études cliniques et épidémiologiques utilisent des doses de metformine allant jusqu'à 2 250 mg/jour. En revanche, les études in vitro et précliniques in vivo utilisent souvent des concentrations non physiologiques extrêmement élevées de metformine qui dépassent les niveaux thérapeutiques atteints en toute sécurité chez les patients humains. Adapté de la référence 6.*Par rapport à l'utilisation clinique standard.

Pratique clinique

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 39

andrew renehanAndrew Renehan est professeur d'études et de chirurgie du cancer su sein de l'Institute of Cancer Sciences de l'Université de Manchester, au Royaume-Uni.

références1. Renehan AG. Diabetes, diabetes treatment and

cancer risk. Diabetes Voice 2010; 55: 38-40.

2. Johnson JA, Carstensen B, Witte D, et al. Diabetes and cancer (1): evaluating the temporal relationship between type 2 diabetes and cancer incidence. Diabetologia 2012; 55: 1607-18.

3. Renehan AG, Yeh HC, Johnson JA, et al. Diabetes and cancer (2): evaluating the impact of diabetes on mortality in patients with cancer. Diabetologia 2012; 55: 1619-32.

4. Gerstein HC, Bosch J, Dagenais GR, et al. Basal insulin and cardiovascular and other outcomes in dysglycemia. N Engl J Med 2012; 367: 319-28.

5. Suissa S, Azoulay L. Metformin and the risk of cancer: time-related biases in observational studies. Diabetes Care 2012; 35: 2665-73.

6. Dowling RJ, Niraula S, Stambolic V, et al. Metformin in cancer: translational challenges. J Mol Endocrinol 2012; 48: R31-43.

7. Azoulay L, Yin H, Filion KB, et al. The use of pioglitazone and the risk of bladder cancer in people with type 2 diabetes: nested case-control study. BMJ 2012; 344: e3645.

8. Neumann A, Weill A, Ricordeau P, et al. Pioglitazone and risk of bladder cancer among diabetic patients in France: a population-based cohort study. Diabetologia 2012; 55: 1953-62.

9. Lewis JD, Ferrara A, Peng T, et al. Risk of bladder cancer among diabetic patients treated with pioglitazone: interim report of a longitudinal cohort study. Diabetes Care 2011; 34: 916-22.

10. Butler PC, Elashoff M, Elashoff R, et al. A critical analysis of the clinical use of incretin-based therapies: are the GLP-1 therapies safe? Diabetes Care 2013; 36: 2118-25.

récentes analyses actualisées de l'étude de cohorte du KPNC sur le pioglitazone et le cancer de la vessie montrent que le risque disparaît pour l'essentiel lorsqu'un ajuste-ment pour l'albuminurie est réalisé. D'après ces nouvelles analyses, le lien établi avec le cancer de la vessie serait donc dû à un biais de détection. Des études complémentaires sont par conséquent clairement requises pour trancher cette question.

Hypoglycémiants à base d'incrétineLes hypoglycémiants à base d'incrétine ont été introduits sur le marché américain en 2005 et ont démontré leur efficacité, que ce soit en tant qu'agonistes des récepteurs du GLP-1 (glucagon-like peptide 1) ou qu'in-hibiteurs de la DPP-4 (dipeptidyl peptidase 4). Des craintes quant aux conséquences à long terme de l'utilisation de ces traite-ments en termes de cancer ont toutefois surgi ces dernières années. Les problèmes invoqués concernent la capacité de ces deux classes de médicaments à favoriser une pancréatite aiguë, puis à induire des modifications histologiques évoquant une pancréatite chronique subclinique avec lé-sions précancéreuses associées (prolifération canalaire, par exemple), voire, à long terme,

un cancer du pancréas.10 Il pourrait par ai-lleurs y avoir un risque accru de cancer de la thyroïde. Ces données sont particulièrement difficiles à interpréter, et ce pour plusieurs raisons. D'une part, l'utilisation à long ter-me d'hypoglycémiants à base d'incrétine est limitée et, d'autre part, on ignore avec certitude si les données des modèles animaux précliniques se traduisent directement par le développement d'un cancer chez l'homme et s'il y a eu un ajustement et une modélisation adéquats afin de prendre en compte les biais et la confusion expliqués dans les premiers paragraphes de cet article.

ConclusionQue signifient donc ces diverses observations pour la pratique clinique au quotidien ? En ce qui concerne l'utilisation d'analogues d'insu-line à action longue, les données sont rassu-rantes : s'il y a des raisons théoriques (sur la base d'études en laboratoire) de penser que ces analogues peuvent accroître le risque de cancer, cette hausse est toutefois négligeable, voire nulle, chez les patients. Pour ce qui est de la metformine, il convient d'encourager la poursuite de l'étude en laboratoire de ce médicament en tant qu'agent anticancéreux. Dans la pratique clinique, la prescription ad

hoc de metformine chez des patients sou-ffrant d'un cancer mais pas de diabète ne peut être justifiée ; son utilisation doit être limitée à des essais prospectifs enregistrés. En cas de prescription de pioglitazone, le clinicien doit être attentif aux patients ayant des antécédents de cancer de la vessie ou une prédisposition à celui-ci. Pour ce qui est des hypoglycémiants à base d'incrétine, les données probantes sont actuellement trop immatures pour avoir un impact significatif sur la pratique clinique.

Pratique clinique

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 140

countrY PersPectiVes

L'insuline est de plus en plus souvent recommandée en tant que complément aux

hypoglycémiants oraux pour atteindre les objectifs de

glycémie chez les personnes souffrant d'un diabète de type 2

établi. Il existe en effet des essais d'insulinothérapie pour

le diabète de type 2 dès le diagnostic. Des craintes ont été

soulevées dans la littérature médicale récente quant au

fait que l'insulinothérapie à long terme pour le diabète de type 2 augmente le risque de

maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Nous avons

demandé à des spécialistes en diabète clinique et en pharmaco-

épidémiologie de commenter la question suivante :

DéBAT : sécurité à long terme de l'insuline pour le diabète de type 2

L'insulinothérapie chez les personnes atteintes de diabète de type 2 est-elle sûre en termes de risque de maladies cardiovasculaires, de cancer et de mortalité toutes causes ?

NONSarah Holden et Craig Currie

L'insuline présente un potentiel illimité de réduction de la glycémie et consti-tue un traitement bien connu du diabète de type 2. La Fédération internationale du diabète (FID) recommande son utilisation en tant que troisième ligne

facultative lorsque la metformine (si indiquée) combinée à un autre hypo-glycémiant n'est pas parvenue à contrô-ler comme il se doit la glycémie. Les directives de l'ADA (American Diabetes Association ou Association américaine du diabète) et de l'EASD (European Association for the Study of Diabetes ou Association européenne pour l'étude du diabète) recommandent une approche centrée sur le patient dans le but de par-venir à un contrôle adéquat de la glycémie tout en réduisant les effets secondaires.

Le gain de poids et l'hypoglycémie sont deux effets secondaires fréquemment

Pratique clinique

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 41

countrY PersPectiVes

associés aux injections d'insuline. Le gain de poids entraîne une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire et doit être limité en cas de diabète de type 2. Tant l'insuline que l'hypoglycémie peuvent avoir des conséquences vasculaires, qui semblent toucher principalement les per-sonnes souffrant d'une maladie cardiaque et de diabète préexistants.1,2 En outre, l'in-suline, en tant que facteur de croissance, peut affecter la progression du cancer.3 Il s'agit toutefois d'un domaine complexe et des taux de glycémie élevés ont également été associés à un risque accru de cancer.4 Certaines études épidémiologiques ont montré que l'utilisation d'insuline est associée à un risque accru d'événements cardiovasculaires, de cancer et de mor-talité toutes causes en comparaison avec d'autres traitements hypoglycémiants.5,6,7

Dans une de ces études (étude de cohorte rétrospective basée sur des données de la UK General Practice Research Database),6 la mortalité et d'autres conséquences du diabète ont été examinées chez un peu moins de 85 000 personnes pour cinq traitements du diabète – monothérapie à base de metformine, de sulfonylurées ou d'insuline, metformine/sulfonylurées et insuline/metformine. Le traitement à base d'insuline uniquement a conduit à une hausse statistiquement significative (1,8 à 2,6 fois) du risque d'un premier événement cardiaque majeur ou d'un pre-mier diagnostic de cancer par rapport aux personnes uniquement traitées avec de la metformine (groupe de comparaison). Ce risque accru était inférieur dans le groupe traité à l'insuline/metformine que dans celui sous monothérapie à l'insuline, même s'il est demeuré significatif (1,3 fois le risque du groupe de comparaison). Cependant, malgré la concordance de ces résultats et un ajustement statistique, des données observationnelles telles que

celles-ci doivent être interprétées avec prudence en raison du risque d'une forme de biais analytique appelée « confusion par indication ». Ce type de confusion est une caractéristique commune des études des conséquences liées à des médicaments et d'autres traitements car les raisons pour lesquelles les traitements ont été prescrits à des patients peuvent être elles-mêmes liées au risque perçu de survenue d'une conséquence donnée. En d'autres termes, l'insuline peut être en partie prescrite parce que la personne est perçue comme à risque de conséquences négatives, no-tamment de maladies cardiovasculaires.

En revanche, des essais contrôles rando-misés de grande envergure tels qu'Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes (ACCORD) n'ont identifié aucun signe d'alerte indésirable associé à l'utilisation d'insuline.8 Ces études ont toutefois été conçues pour évaluer les avantages d'un contrôle intensif de la glycémie plutôt que l'innocuité de l'insuline et, dans certains cas, les sujets recevaient plusieurs traite-ments hypoglycémiants, ce qui complique les comparaisons individuelles. Par ailleurs, l'essai Outcome Reduction with an Initial Glargine Intervention (ORIGIN) a démontré que l'insuline glargine avait une incidence neutre sur les événements cardiovasculaires et les cancers en comparaison avec le trai-tement standard.9 Il convient toutefois de noter que les participants à l'essai ORIGIN avaient vu leur diabète de type 2, leur into-lérance au glucose ou leur anomalie de la glycémie à jeun récemment diagnostiqué ou n'utilisaient qu'un seul hypoglycémiant. En outre, à la fin de l'étude, 65 % du groupe sous insuline glargine prenaient également d'autres hypoglycémiants, dont de la met-formine pour 47 %.

Lorsqu'elle est utilisée en combinaison, la metformine peut atténuer les risques asso-

ciés à l'insuline. Il semblerait que la metfor-mine protège contre le cancer et ait des effets cardioprotecteurs que sa capacité à réduire la glycémie n'explique pas entièrement.10 Utilisée en combinaison avec l'insuline, la metformine a été associée à un contrôle similaire de la glycémie, mais à des doses inférieures d'insuline et un gain de poids moindre.11 En outre, par rapport à l'insuline seule, la metformine combinée à l'insuline a été associée à une réduction du risque d'événements cardiovasculaires, de cancer et de décès toutes causes confondues.6 Les directives actuelles de l'ADA/EASD et de la FID préconisent, lors du démarrage de l'insuline, de l'ajouter au traitement à la metformine existant et non de le remplacer.

Tout risque potentiel associé à l'insulino-thérapie doit être examiné à la lumière de ses avantages évidents en termes de contrôle de la glycémie. Il convient tou-tefois de remédier au manque d'essais contrôlés randomisés étudiant les risques et les avantages de l'insuline en termes de conséquences cliniques à long terme, telles que les événements cardiovasculaires, le cancer et la mort toutes causes confondues, afin d'obtenir davantage de données pro-bantes sur l'innocuité de l'insuline chez les personnes atteintes de diabète de type 2.

Au Royaume-Uni, la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency présentera prochainement un rapport sur l'innocuité de l'insuline chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Quoi qu'il en soit, l'innocuité de l'insuline pour le diabète de type 2 soulève certaines inter-rogations. Il convient dès lors de faire preuve de prudence tant que nous ne comprendrons pas mieux ce problème potentiel et que nous ne pourrons pas recommander l'injection d'insuline aux personnes atteintes de diabète de type 2 en toute confiance.

Pratique clinique

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 142

L'insuline est un traitement hypoglycémiant reconnu pour les diabètes de type 1 et de type 2. Cependant, l'insuline un facteur de croissance. Elle est administrée de manière non physiologique et est présente dans la cir-culation à des taux très supérieurs à ceux de la population non atteinte de diabète. C'est pourquoi des craintes concernant l'innocuité de l'insuline ont existé pendant longtemps, ont conduit à un examen approfondi et ont, d'après moi, été rejetées.

Les préoccupations concernant le cancer tout d'abord : celles-ci ont émergé après qu'il a été suggéré que la glargine, un analogue d'insuline à action longue, augmentait le risque de cancer12 et ont été étayées par des articles laissant entendre que l'insuline ou les sécrétagogues d'insuline étaient associés à un risque accru de cancer.7 Cependant, ce tableau est devenu progressivement moins certain. L'examen du rapport origi-nal a montré que les patients sous glargine recevaient des doses infimes d'insuline, que le risque de cancer disparaissait complè-tement s'ils étaient sous d'autres hypogly-cémiants (y compris d'autres insulines) et que le risque accru n'apparaissait qu'après un ajustement effectué par les auteurs.12 Les tentatives pour reproduire les conclusions d'origine ont échoué, malgré l'analyse de vastes ensembles de données. Enfin, un essai clinique randomisé (ECR) prospectif publié

OUISteve Bain

a démontré, après plus de 6 années de suivi, que l'insulinothérapie exogène (avec de la glargine) n'était associée à aucune donnée probante de risque accru de cancer.9 Par conséquent, les craintes soulevées par la pharmaco-épidémiologie, qui permet uni-quement d'identifier des signaux d'alerte possibles et de formuler des hypothèses, ont été enterrées par un ECR.

Le cas des maladies cardiovasculaires s'est avéré plus long et plus complexe. Une fois de plus, l'insuline a été mise en cause en rai-son de sa capacité à agir en tant que facteur de croissance et, partant, à favoriser et/ou accentuer le développement d'athéromes dans la circulation. Cette hypothèse sem-blait étayée par les observations d'études épidémiologiques laissant entendre l'exis-tence d'un lien entre l'hyperinsulinémie et la mortalité cardiovasculaire.13 Par la suite, une méta-analyse des données de 11 études différentes menées sur des hommes et des femmes non atteints de diabète a conclu qu'il existait un lien significatif entre l'hyperin-sulinémie et la mortalité cardiovasculaire.14 Cela ne signifie toutefois pas qu'il existe un lien de causalité, dans la mesure où l'insu-linémie à jeun enregistrée dans ces études pourrait être la conséquence d'une résistance à l'insuline et, partant, un substitut innocent.

Un ECR était clairement nécessaire – l'étude United Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS). Dans la publication majeure de 1998, l'introduction précisait clairement « qu'il n'y a pas de crainte de voir les sulfony-lurées augmenter la mortalité cardiovascu-laire chez les patients atteints de diabète de type 2 et des concentrations élevées d'insu-line accroître la formation d'athéromes ». L'UKPDS a démontré de manière concluante l'absence d'une telle hausse et a presque mis en évidence un avantage lié au contrôle étroit rendu possible par l'insuline et les sulfonylurées.15 L'hypothèse avait désormais changé, ce qui a conduit à des tentatives pour démontrer l'impact bénéfique d'un

contrôle glycémique étroit sur les résultats cardiovasculaires et, au bout du compte, à la controverse qui entoure l'étude ACCORD.8

L'étude ACCORD a enrôlé des personnes d'âge avancé et moyen atteintes de diabète de type 2 et présentant un risque très élevé de maladies cardiovasculaires. À la surprise des chercheurs, un contrôle quasiment normal de la glycémie, obtenu grâce à l'utilisation de plusieurs médicaments, a été associé à une hausse de la mortalité toutes causes et de la mortalité cardiovasculaire. Après cinq années de suivi, les infarctus du myocarde non fatals avaient diminué, tandis que la mortalité à 5 ans avait augmenté chez les patients ayant reçu un traitement intensif aux hypoglycémiants. Il convient de noter que plus de 75 % des patients du groupe sous traitement intensif prenaient de l'insuline à la fin de l'étude.

Des méta-analyses ont été réalisées par la suite pour inclure les principales études exa-minant l'impact d'un contrôle glycémique étroit sur les résultats cardiovasculaires et ont tiré la conclusion inverse de celle de l'étude ACCORD.16 Ces essais n'ont pas comparé les traitements avec et sans insuline, mais tous comptaient des pourcentages élevés d'utilisateurs d'insuline dans les groupes sous traitement intensif. Compte tenu du nombre élevé de participants aux études, on aurait pu s'attendre à ce que tout effet indésirable intrinsèque de l'insuline se traduise par un rapport de risque en hausse constante au sein des groupes sous traitement intensif des essais, mais cela n'a pas été le cas.

Pour répondre aux pharmaco-épidémio-logistes, Currie et al. ont mené une étude rétrospective des bases de données cou-vrant 84 622 patients des soins primaires, défini un critère d'évaluation principal de la mortalité toutes causes, du cancer incident ou des principaux événements cardiaques indésirables et ont fait état de rapports de risque (par rapport à la monothérapie à la

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DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 43

metformine) de 1,808 pour la monothéra-pie à l'insuline et de 1,309 pour l'insuline combinée à la metformine.6 Plusieurs autres études observationnelles, reposant sur des bases de données, sont venues soutenir l'existence d'un lien entre l'augmentation de l'utilisation d'insuline et les événements graves.17 Heureusement, un ECR était déjà en cours et beaucoup estimaient qu'il réglerait la question.

L'essai ORIGIN9 a randomisé 12 537 per-sonnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaires ainsi qu'une anomalie de la glycémie à jeun, une intolérance au glu-cose ou un diabète de type 2, afin qu'elles reçoivent un traitement standard ou de l'insuline glargine. Le but était d'identifier l'avantage intrinsèque de l'introduction pré-coce d'insuline sur les résultats cardiovascu-laires, et la population d'ORIGIN incluait des patients très bien contrôlés (environ 10 % n'étaient pas atteints de diabète), avec des valeurs d'HbA1c de 6,3 % ou moins dans le groupe sous insuline glargine et de 6,5 % ou moins dans le groupe sous traitement standard. L'introduction précoce d'insuline basale titrée n'a pas eu d'impact sur les résul-tats cardiovasculaires par rapport au contrôle glycémique recommandé par les directives standard. Les chercheurs d'ORIGIN ont indi-qué avoir enregistré une différence entre groupes importante au niveau de l'utilisation d'insuline, et seulement une petite différence d'HbA1c. Les résultats étaient par conséquent liés à l'insulinothérapie plutôt qu'à la dimi-nution de la glycémie en ce qui concerne les résultats cardiovasculaires. Une fois de plus, un ECR était venu à la rescousse.

La question ultime est de savoir si la contro-verse à propos du cancer et des maladies cardiovasculaires affecte la pratique clinique. Pour les personnes atteintes de diabète de type 1, l'insuline constitue actuellement la seule option thérapeutique. Pour celles atteintes de diabète de type 2, le caractère progressif de la condition fait que, au vu

sarah Holden, Craig Currie et steve bainSarah Holden est étudiante doctorante au sein du département de soins primaires et de santé publique de la faculté de médecine de l'Université de Cardiff, au Royaume-Uni.Craig Currie est professeur de pharmaco-épidémiologie appliquée au sein du Pharma Research Centre, du Cardiff Medicentre, à Cardiff, au Royaume-Uni.Steve Bain est professeur de médecine (diabète) au sein de la faculté de médecine de l'Université de Swansea, à Swansea, au Royaume-Uni..

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countrY PersPectiVesPratique clinique

des thérapies actuelles, toutes auront un jour besoin d'insuline pour soulager les symptômes de l'hyperglycémie (pour au-tant qu'elles survivent aux complications de la condition). Au Royaume-Uni en tout cas, l'HbA1c moyenne de départ de plus de

9,5 % pour l'insuline laisse entendre que ni les patients, ni les cliniciens ne considèrent l'insuline comme une option thérapeutique facile ou précoce. Au vu de cela, les débats autour de l'innocuité peuvent être perçus comme relativement théoriques.

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Pratique clinique

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Phénotypes asiatiques du diabète : problèmes et opportunitésJuliana CN Chan, Roseanne Yeung et Andrea Luk

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Pratique clinique

L'Asie abrite deux tiers de la population mondiale et les deux pays les plus peuplés, l'Inde et la Chine, subissent des transitions socioéconomique, technologique et cultu-relle rapides. Si ces transitions ont atténué la pauvreté, elles ont également eu des consé-quences sanitaires majeures.1 Sur les 382 millions de personnes atteintes de diabète en 2013, plus de 200 millions vivent en Asie, notamment dans quatre des dix pays enre-gistrant le plus de cas de diabète : la Chine, l'Inde, l'Indonésie et le Japon.1 La gravité de ce problème transparaît clairement en Chine, l'étude nationale la plus récente ayant établi que 12 % des personnes souffrent de diabète et 50 % de prédiabète.2 Le fait que le diabète touche des personnes plus jeunes en Asie est particulièrement préoccupant. En effet, la majorité des personnes atteintes de diabète ont entre 40 et 59 ans, contre plus de 60 ans en Europe (Figure 1).3

D'un point de vue biologique, des données probantes montrent que les Asiatiques ont plus de risque de développer le diabète que

leurs homologues caucasiens à indice de masse corporelle ou tour de taille égal.4 Cette situation serait en partie due à leur tendance à stocker la graisse au niveau viscéral plutôt que sous-cutané, de sorte qu'elle n'est pas prise en compte par les mesures tradition-nelles de l'adiposité, telles que l'indice de masse corporelle et le tour de taille.5 Par ailleurs, même chez les sujets relativement minces, les Asiatiques présentent une plus grande insulinorésistance que les non-Asia-tiques, ainsi que des taux supérieurs d'acides gras libres et de marqueurs inflammatoires.6 Enfin, les sujets asiatiques affichent des ex-cursions glycémiques plus importantes lors de tests oraux de la glycémie, ce qui laisse entendre que la fonction des cellules bêta en vue de surmonter l'insulinorésistance est moindre que chez les sujets non asiatiques. Ces différences biologiques font que les Asiatiques ont plus de risque de développer le diabète en présence de facteurs de stress externes, tels que l'obésité.7,8 Des exemples de caractéristiques cliniques courantes au sein des populations asiatiques atteintes de diabète – ou « phénotypes asiatiques » – sont proposés dans le Tableau.

le diabète et ses comorbidités Le diabète est un trouble du métabolisme de l'énergie qui influe sur la survie. Quel que soit l'apport et les dépenses énergétiques, le taux de glycémie doit être maintenu en permanence entre 5 et 8 mmol/l par des interactions complexes entre l'insuline, la seule hormone capable de réduire la glycé-mie, et de nombreuses autres hormones de stress ayant tendance à l'augmenter. Le non-maintien de ce délicat équilibre se traduit par des hyperglycémies chroniques qui, au fil du temps, provoquent des lésions vascu-laires et nerveuses généralisées, associées à la défaillance de multiples organes.9

Par conséquent, un diabète non diagnosti-qué, non traité ou non contrôlé peut réduire l'espérance de vie de six ans en moyenne. En Asie, 1-3 % des personnes atteintes de

figure 1. distribution du diabète par région et par groupe d'âge, avec les régions asie du sud-est (sea) et pacifique occidentale (Wp) en tête en termes de nombre de personnes atteintes de diabète, en particulier dans le groupe d'âge des 40-59 ans (fédération internationale du diabète)

Source : Atlas du diabète de la FID, 6e édition. Fédération Internationale du Diabète. Bruxelles, 2013. www.idf.org/diabetesatlas

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diabète meurent chaque année.10 Cependant, le développement socioéconomique et les cultures très diversifiés, ainsi que des diffé-rences subtiles au niveau de la constitution génétique se traduisent par de nombreux sous-phénotypes et conséquences au sein des populations asiatiques. Par exemple, en Asie de l'Est et du Sud-Est, caractérisée par une alimentation traditionnelle riche en glucides et en sodium et pauvre en lipides, la faible incidence de maladies coronariennes et la prévalence élevée de l'hypertension pourraient donner lieu à des taux élevés de maladies rénales, tandis que les mala-dies coronariennes demeurent une cause importante de décès parmi les populations sud-asiatiques.11

En Asie, la relation entre diabète et cancer constitue une menace sanitaire majeure. Les infections endémiques secondaires et les toxines environnementales pourraient en effet contribuer au taux élevé de cancer dans la région, encore amplifié par l'envi-ronnement métabolique anormal associé au diabète et à l'obésité. Dans ce contexte, en particulier dans les régions où l'accès à des médicaments, la revascularisation et le remplacement rénal sont limités (îles du Pacifique, par ex.), l'insuffisance rénale ter-minale, les accidents cérébrovasculaires, la

septicémie et l'amputation des jambes sont souvent les principales causes de décès. Dans les régions plus développées, qui bénéficient de meilleurs soins de santé, les maladies coronariennes, l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance rénale chronique et le cancer sont devenus des causes majeures de mor-talité et de morbidité prématurée chez les Asiatiques atteints de diabète de type 2.1,9

Ces conséquences potentiellement mortelles du diabète sont particulièrement impor-tantes chez les jeunes, qui sont confrontés à la condition sur une longue durée. Ces jeunes constituent un défi thérapeutique majeur dans la mesure où ils affichent souvent un faible contrôle sur les facteurs de risque, de faibles taux de suivi au sein du système de soins de santé et un faible respect du traitement. Outre le caractère silencieux et non urgent du diabète et de ses facteurs de risque, des priorités contradictoires, la difficulté à accepter une maladie à vie et l'intervention retardée des prestataires de soins sur certains effets indésirables à long terme incertains des traitements chroniques peuvent expliquer en partie le contrôle sous-optimal chez les jeunes.12

Lors d'une étude de suivi de neuf ans sur plus de 2 000 Chinois diagnostiqués avant l'âge de

40 ans, 10 % souffraient de diabète de type 1, 60 % étaient des patients atteints de diabète de type 2 en surpoids et 30 % des patients atteints de diabète de type 2 de poids normal. Les patients atteints de diabète de type 2 en surpoids affichaient le profil métabolique le plus mauvais, avec un risque 15 fois plus élevé de maladies cardiovasculaires et 5 fois plus grand d'insuffisance rénale par rapport à ceux atteints de diabète de type 1, qui enre-gistraient les taux d'événements les plus bas.12

Hétérogénéité du diabète chez les jeunes et les jeunes adultesdiabète de type 1Chez les Caucasiens, la majorité des per-sonnes diagnostiquées avant l'âge de 40 ans sont atteintes de diabète de type 1 auto-im-mune et présentent des symptômes aigus tels qu'une soif, une perte de poids, un besoin fréquent d'uriner, un pré-coma ou un coma. En revanche, moins de 10 % des jeunes asiatiques atteints de diabète pré-sentent un diabète de type 1 typique. En comparaison avec un taux de diagnostic de 4-45 par 100 000 années-personnes au sein de la population européenne, le taux de diagnostic correspondant du diabète de type 1 à l'enfance était de 2 par 100 000 années-personnes au Japon.1

diabète de type 2Si l'incidence du diabète de type 1 est restée stable au fil du temps chez les enfants et adolescents asiatiques, celle du diabète de type 2 a en revanche doublé, voire triplé dans certains pays, reflétant en cela la hausse du taux d'obésité chez les enfants. Avec l'intro-duction de programmes de dépistage de la glycémie dans l'urine dans des pays tels que le Japon et Taiwan, un plus grand nombre de cas de diabète de type 2 à l'enfance sont aujourd'hui dépistés, avec un taux de 3 pour 100 000 années-personnes au Japon.13,14 La Chine a fait état d'un taux de diabète de type 2 de 4-6 % pour le groupe d'âge des 18-40 ans. Des caractéristiques du syndrome métabolique sont par ailleurs présentes chez

tableau. exemples de caractéristiques cliniques des populations asiatiques atteintes de diabète – ou « phénotypes asiatiques » – susceptibles de toucher les populations subissant une acculturation et une transition socioéconomique rapides

Faible indice de masse corporelleAugmentation de la graisse corporelle, en particulier de la graisse viscérale Taux élevé d'obésité centrale et de syndrome métabolique Marqueurs inflammatoires en hausseRéponse insuffisante des cellules bêta pour contrer la résistance à l'insulineFaible taux de diabète de type 1 auto-immuneTaux élevé de diabète de type 2 apparu à un jeune âge Taux élevé d'obésité à l'enfanceRisque élevé de diabète gestationnel Disparités sociales et stress psychosocial Risque élevé de maladies rénales

Taux élevé de cancer, en particulier d'origine virale, tel que le cancer du foie

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Pratique clinique

un pourcentage substantiel de ces jeunes au moment du diagnostic du diabète.2

Problèmes liés à la classification du diabèteCompte tenu de la hausse de la prévalence de l'obésité, les manifestations atypiques du diabète avec des caractéristiques propres au type 1 et au type 2, également appelées « double diabète », sont de plus en plus fré-quentes et reflètent les problèmes que pose une condition soumise à des changements de style de vie liés à la modernisation, entre autres changements séculiers. L'évolution du diabète pose des problèmes diagnostiques et thérapeutiques, et exige une modification de nos systèmes de classification traditionnels pour prendre en compte les types émergents.15

En outre, les avancées au niveau du test des anticorps et des mesures des hormones en laboratoire nous permettent de mieux carac-tériser le diabète auto-immune, même si des lacunes importantes subsistent. Dans une vaste étude chinoise impliquant des sujets atteints de diabète dépourvus de cétose de plus de 30 ans, 6 % ont été considérés comme présentant un diabète LADA (Latent Auto-immune Diabetes of Adults ou diabète auto-

immun latent de l'adulte) sur la base de la positivité des anticorps anti-acide glutamique décarboxylase (GADA).16 Ces sujets avaient également tendance à afficher un indice de masse corporelle inférieur et un moindre risque de développer le syndrome métabo-lique, associé à une insuffisance majeure de cellules bêta. Un pourcentage important de patients chinois atteints de diabète de type 2 sont toutefois minces, avec de faible taux de peptide C au moment du diagnostic, et ont de lourds antécédents familiaux de diabète, mais n'affichent aucune auto-immunité basée sur l'absence d'anticorps anti-îlots de Langerhans dans la circulation. D'autres études génétiques de grande envergure et basées sur la famille ont permis d'identifier des variations géné-tiques impliquées dans la biologie des cellules bêta et le métabolisme des protéines qui corro-borent leur rôle causal, en particulier chez les jeunes sujets atteints d'un diabète familial.17,18

Des progrès en génétique ont également permis de mieux caractériser et classifier le diabète. Au début des années 1990, des études de petites séries de cas ont montré que 10-20 % des jeunes adultes asiatiques diagnos-tiqués avant l'âge de 40 ans présentaient un

diabète monogénique (forme de diabète due à la mutation d'un gène unique). Contrairement à la plupart des patients atteints de diabète de type 2, ces sujets sont souvent minces et ne parviennent pas à contrôler leur glycémie au moyen de médicaments oraux unique-ment, de sorte qu'ils ont besoin d'insuline pour contrôler leur condition plus tôt que dans le cas du diabète de type 2.19 L'accès à des tests génétiques pour ces sous-types reste un obstacle pour la majorité des Asiatiques, mais on espère que le coût et la disponibilité de ces tests s'amélioreront à mesure que la technologie progresse. Les études génétiques en cours et futures permettront de mieux caractériser les sous-ensembles de diabète et les thérapies ciblées, de façon à proposer un traitement plus personnalisé.

nature et alimentationOutre les causes génétiques, nous recon-naissons aujourd'hui l'influence de l'épigé-nétique, c'est-à-dire l'impact des expositions environnementales ou d'ordre alimentaire sur l'expression génique. Par exemple, l'expo-sition du fœtus à une malnutrition de la mère pendant la grossesse peut se traduire par un phénotype fœtal favorisant la survie dans un

Le Professeur Juliana Chan (à gauche) avec sa patiente Mme Lee Hei-Ting (au centre) et Mme Kitman Loo (à droite) au Prince of Wales Hospital de l'Université chinoise de Hong Kong.

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environnement pauvre en nutriments mais augmentant considérablement le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires ou rénales en période d'abondance de nutri-ments. Les femmes asiatiques affichent une prévalence élevée de diabète gestationnel, un autre facteur de risque important en termes de développement futur du diabète dans le fœtus. La santé métabolique à l'enfance a également été associée à un risque futur d'obésité et de diabète, l'obésité à l'enfance augmentant le risque de développement futur du diabète. Ces facteurs se traduisent par une hausse du diabète transgénération-nel, et l'apparition de la condition toujours plus tôt, ce qui crée un cercle vicieux de « diabète engendrant le diabète. »20

Alors que le diabète était une « maladie des riches » en Asie, il évolue peu à peu en «

maladie des pauvres », ainsi qu'on peut le voir dans les sociétés plus riches, en raison de la combinaison de divers facteurs : pauvreté, mauvaise éducation, aliments de mauvaise qualité et niveau élevé d'inactivité physique. L'absence de sensibilisation et d'éducation à la santé se traduit souvent par des taux élevés de tabagisme, la consommation d'ali-ments caloriques, une mauvaise hygiène de sommeil et des périodes de sédentarisme devant l'ordinateur ou la télévision. À ces styles de vie néfastes peut s'ajouter le stress psychosocial lié à l'acculturation rapide.21 En outre, l'exposition chronique à des in-fections mineures endémiques (hépatite B, par exemple) et à des polluants environne-mentaux peut se traduire par des réponses neuro-hormonales anormales se manifestant sous la forme d'une obésité, d'un syndrome métabolique et d'un diabète.11

Réduction des disparités sociales et mise en place de systèmes pour prévenir l'évitable Des progrès notables ont été faits pour com-prendre l'évolution naturelle et la gestion du diabète et de ses complications. Sur le plan de la santé publique, la réduction de la pauvreté, des disparités sociales et de l'ignorance en matière de santé au moyen d'une stratégie multisectorielle22 et du recours à une approche tout au long de la vie, avec notamment la prise en charge de la santé de la mère et de l'enfant, des programmes de vaccination, des politiques nutritionnelles, une couverture universelle de l'éducation et de la santé, le contrôle du taba-gisme et la planification urbaine, sont requises pour créer un environnement favorable à la santé. Pour protéger les plus vulnérables, des programmes décentralisés de dépistage et de soutien ciblant les populations difficiles à atteindre, telles que les travailleurs manuels, les

countrY PersPectiVesPratique clinique

Mme LeeHei-Ting a vu son diabète de type 2 diagnostiqué à l'âge de 28 ans et est passée à l'insuline huit ans plus tard. Elle est prise en charge par un centre du diabète multidisciplinaire et a reçu une éducation, combinée à des évaluations régulières complètes des facteurs de risque/complications et à la réalisa-tion de plusieurs objectifs thérapeutiques. Elle a mené une vie professionnelle active et a élevé trois enfants. Aujourd'hui âgée

de 60 ans, elle offre un soutien à ses pairs depuis sa pension. Sur cette photo, Mme Lee discute de ses rapports personna-lisés avec le Professeur Juliana CN Chan et Mme Kitman Loo, une infirmière spécialisée en diabète au sein du Prince of Wales Hospital de l'Université chinoise de Hong Kong, un centre d'édu-cation de la FID.

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 49

countrY PersPectiVesPratique clinique

personnes socialement déshéritées et les isolés pourraient déboucher sur le dépistage d'un nombre élevé de cas positifs en vue d'une in-tervention précoce. Ces programmes doivent être intégrés dans un système de soins de santé transparent en vue de permettre l'introduction de mesures d'intervention éprouvées (chan-gements structurés de style de vie et pharma-cothérapie précoce, par exemple) de manière opportune de façon à prévenir l'aggravation silencieuse de la maladie associée à une pré-sentation tardive.1,23

Bien que le diabète et ses complications puissent être dans une large mesure évités et traités, une lourde tâche nous attend : traduire les données probantes existantes en pratique clinique.24 Pour ce faire, nous devons mettre au point des solutions in-novantes qui permettront aux personnes atteintes de diabète ou à risque de disposer des informations nécessaires pour chan-ger de comportement, réduire les risques et gérer leur santé. Les prestataires de soins ont besoin des informations requises pour classer les risques, évaluer les besoins et personnaliser l'intervention. Compte tenu de l'ampleur croissante du problème et de la nécessité de soutenir nos systèmes de soins de santé, les décideurs et les organismes payeurs ont besoin d'informations pour as-surer le dépistage précoce de ces personnes et leur traitement sur plusieurs fronts (HbA1c, pression artérielle, cholestérol LDL) afin de réduire le risque de complications onéreuses et difficiles à traiter. Pour atteindre ces objec-tifs liés, la mise en place d'une stratégie à plusieurs facettes incluant un changement des méthodes de travail, la délégation de tâches, la gestion des cas, un registre, une aide à la prise de décisions, l'autonomisa-tion du patient et une évaluation continue sont quelques mesures qui se sont avérées efficaces en vue d'améliorer le contrôle des facteurs de risque (Figure 2).25

Une épidémie est généralement causée par des changements rapides de l'écologie de

figure 2. les nombreux problèmes (figure du haut) et opportunités (figure du bas) associés à l'épidémie de diabète en asie

Pauvreté et disparités sociales

Accès limité aux soins et

système fragmenté

Style de vie malsain et

stress psychosocial

Phénotypes asiatiques du

diabète

Diabète gestationnel et

obésité à l'enfance

Génétique et santé maternelle

sous-optimale

Transition rapide vers un

environnement à haut risque* avec faible

sensibilisation

Leadership gouvernemental et

intervention multisectorielle*

Soutien des pairs et

de la communauté

Soins complets et basés sur une équipe

Prévention et contrôle du

diabète

Détection précoce et stratification des

risques

Stratégie à vie débutant par

la santé de la mère/de l'enfant

Registre et technologies de

l'information

*Infections légères, polluants et toxines environnementales, notamment

* Contrôle du tabagisme, politiques d'alimentation, santé de la mère et de l'enfant, renforcement des capacités, intervention sur le lieu de travail/à l'école, soins de santé et réforme du financement, notamment

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 150

Juliana Cn Chan, roseanne yeung et andrea lukJuliana CN Chan est professeur de médecine et de thérapeutique au sein du centre international d'éducation au diabète du Prince of Wales Hospital de l'Université chinoise de Hong Kong, à Hong Kong SAR, en Chine.Roseanne Yeung est chercheuse invitée en endocrinologie au sein du centre international d'éducation au diabète du Prince of Wales Hospital de l'Université chinoise de Hong Kong, à Hong Kong SAR, en Chine.Andrea Luk est consultante associée au sein du centre international d'éducation au diabète du Prince of Wales Hospital de l'Université chinoise de Hong Kong, à Hong Kong SAR, en Chine.

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countrY PersPectiVesPratique clinique

la population hôte entraînant une mau-vaise adaptation biologique.26 En Asie, la modernisation rapide et le passage d'un environnement peu calorique à très calo-rique a conduit à des taux élevés de syn-drome métabolique et de diabète. Selon la combinaison et l'évolution des facteurs de stress externes, tels que l'infection, la pollution, l'alimentation, le style de vie, le stress psychosocial et l'accès aux soins, des sujets présentant une prédisposition géné-tique peuvent afficher des résultats cliniques différents, allant de la préservation de leur santé à la défaillance de plusieurs organes. Ces caractéristiques cliniques ont également été constatées chez les Indiens Pima et les populations indigènes ayant connu une acculturation rapide, ce qui laisse entendre que ces « phénotypes asiatiques » pour-raient également apparaître dans d'autres économies émergentes, chacun avec des caractéristiques et des nuances propres.9

En cours des trente dernières années, le carac-tère multidimensionnel de cette épidémie, avec notamment des facteurs sociétaux, tech-nologiques et comportementaux, a continué à s'étendre en Asie. Il convient toutefois de noter que l'Asie s'est montrée à la hauteur et offre des exemples notables de prévention : contrôle du tabagisme en vue de réduire le risque mondial, programmes nationaux de dépistage du diabète chez les enfants, pro-grammes de modification du style de vie pour prévenir le diabète, technologies de l'informa-tion pour l'intégration des soins avec aide à la prise de décisions, registres du diabète à des fins d'assurance qualité et soins collaboratifs basés sur un protocole pour la prévention des complications du diabète. Bien que les différents pays et régions d'Asie en soient à différents stades de l'évolution de leur santé, l'épidémie du diabète en Asie a fourni de nom-breuses données utiles en vue d'atteindre notre objectif commun, qui est d'inverser cette ten-dance malheureuse pour offrir de nouveaux espoirs par le biais de changements au niveau de la société, du système et de l'individu.1

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 51

countrY PersPectiVesPratique clinique

lutte contre le diabète gestationnel dans les

pays en développement : la situation dans les

régions rurales du Kenya occidental

Sonak D. Pastakia, Beryl Ajwang’ Onyango, Mercy Nabwire Ouma, Astrid Christoffersen-Deb et Carolyne Cherop

Si le fardeau croissant du diabète est bien documenté dans les pays développés, une crise du diabète sous-étudiée continue en revanche de se développer à une vitesse alar-mante dans les pays en développement. La Fédération internationale du diabète (FID) estime que, d'ici 2035, la prévalence du dia-bète doublera en Afrique sub-saharienne, qui a déjà le taux de diabète non diagnos-tiqué (63 %) et le taux de mortalité due au diabète les plus élevés au monde. Cette pré-valence émergente combinée à la mortalité élevée souligne la nécessité d'un programme

Le modèle AMPATH (Academic Model Providing Access to Healthcare) est un partenariat entre la faculté de médecine de l'Université de Moi, le Moi Teaching and Referral Hospital au Kenya et un consortium d'universités nord-américaines sous la houlette de l'Université de l'Indiana. L'AMPATH a pour mission de garantir et d'étendre l'accès à des soins de qualité de différentes façons : formation de leaders passionnés en santé mondiale ; recherches axées sur les besoins locaux et des solutions mondiales ; et mise en place d'infrastructures et de systèmes de soins de santé essentiels. Le groupe d'étude AMPATH développe actuellement une stratégie de dépistage et de diagnostic du diabète gestationnel dans des environnements aux ressources limitées, et nos collaborateurs nous ont transmis cet article depuis le Kenya occidental rural.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 152

de prévention organisé dans les pays en déve-loppement.1 Le diabète gestationnel (DG) est l'une des conditions les moins bien com-prises et non diagnostiquées de la région. Il se manifeste généralement dans les derniers mois de la grossesse sous la forme d'une intolérance au glucose conduisant à des taux de glycémie légèrement élevés. Non traité, le DG provoque de graves problèmes de santé tant chez la mère que chez l'enfant.2

Le Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) est le principal centre de réfé-rence pour tout le Kenya occidental. Bien que l'accès aux soins de santé soit limité dans les zones rurales du Kenya, la clinique prénatale du MTRH accueille jusqu'à 12 000 nouvelles mères par an.3 En 2009, un parte-nariat entre le MTRH, le ministère kényan

de la santé et l'Academic Model Providing Access to Healthcare (AMPATH) a permis de concevoir et de mettre sur pied un des programmes de soins du diabète les plus vastes en Afrique sub-saharienne.4 Il a été créé pour répondre à la nécessité de plus en plus pressante de fournir des soins de santé de qualité à une population qui était rapidement en train de faire l'expérience des maladies chroniques et d'autres maladies infectieuses. Le programme du diabète est une branche du programme de gestion des maladies chroniques de l'AMPATH qui pro-pose désormais des services du diabète de qualité, notamment un dépistage à domicile, des soins dans des villages et des centres et un programme unique de surveillance de la glycémie à domicile par téléphone.3

une stratégie de dépistage et de diagnostic du dG est-elle possible dans des environ-nements aux ressources limitées ?Compte tenu de la disponibilité limitée de méthodologies de test en laboratoire

l'afrique sub-saharienne enregistre le taux de mortalité due au diabète le plus élevé au monde.

Dispense de soins à distance par téléphone : le personnel de gestion des maladies chroniques téléphone aux femmes enceintes atteintes de diabète pour les éduquer et les conseiller sur base des résultats de la surveillance de la glycémie à domicile.

Dépistage du DG par le personnel du centre de soins. La clinique prénatale (ANC) du MTRH propose une éducation au DG et un dépistage aux femmes enceintes qui le souhaitent.

Pratique clinique

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 53

Patientes ayant intégré le personnel : ces deux femmes faisaient partie du groupe initial de patientes enrôlées dans le programme de sur-veillance de la glycémie à domicile et ont été engagées à temps plein dans le cadre du programme du diabète gestationnel de la clinique.

Pratique clinique

contextualisées et de données sur le DG pour les populations rurales pauvres, il est devenu urgent d'identifier une méthode de dépistage concrète et évolutive. Avant le lancement de ce projet, les mères soignées au sein de la clinique prénatale (ANC) du MTRH fai-saient uniquement l'objet d'un dépistage du diabète au moyen d'une bandelette urinaire. Cette méthode hautement inadéquate ne répond pas aux normes actuelles de détec-tion du DG. En septembre 2013, grâce à des fonds du Centre universitaire d'Indiana pour l'Institut des sciences translationnelles, nous avons entrepris de comparer les dispositifs de dépistage des centres de soins aux méthodes

standard de diagnostic des laboratoires. Dans le cadre de cette étude basée à la clinique ANC du MTRH, les mères reçoivent tout d'abord des supports éducatifs sur le DG visant à leur expliquer les risques associés à la condition. Les mères remplissant les critères d'inclusion sont informées des diffé-rentes procédures de l'étude. Pour respecter les directives recommandées en matière de dépistage, seules les femmes qui en sont à 24 à 32 semaines de grossesse sont enrôlées.5 Une fois le consentement de la mère obtenu, celle-ci est soumise à un test de glycémie par piquage du doigt ou au sein du centre le jour 1, puis à un test de laboratoire veineux à

jeun recommandé par les directives et à un test au centre le jour 2. Ces tests au centre combinés sont ensuite comparés aux tests recommandés par les directives afin d'identi-fier une stratégie plus souple qui puisse être répliquée dans les pays en développement.

Les femmes chez qui un DG est diagnostiqué sont suivies au sein de la clinique ANC à haut risque du MTRH et renvoyées vers notre programme unique de surveillance de la glycémie à domicile (SGD) par télé-phone. Dans le cadre de celui-ci, les patientes reçoivent un dispositif de test et des ban-delettes afin de tester leur glycémie deux

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 154

sonak d. pastakia, beryl ajwang’ onyango, mercy nabwire ouma, astrid Christoffersen-deb et Carolyne CheropSonak Pastakia est professeur assistant au sein de la faculté de pharmacie de l'Université de Purdue, dans l'Indiana, aux États-Unis, et joue un rôle clé au sein de l'AMPATH et du programme de gestion des maladies chroniques de la faculté de médecine de l'Université de Moi à Eldoret, au Kenya. Il est aussi le chercheur principal de l'étude du DG décrite dans cet article.Beryl Ajwang' Onyango est pharmacienne au sein du Moi Teaching and Referral Hospital à Eldoret, au Kenya.Mercy Nabwire Ouma est pharmacienne au sein du Moi Teaching and Referral Hospital à Eldoret, au Kenya.Astrid Christoffersen-Deb est professeur assistante à l'Université de Toronto, au sein du Département d'obstétrique et de gynécologie, et directrice sur le terrain d'AMPATH-RH, au Canada.Carolyne Cherop est responsable clinique au sein du Moi Teaching and Referral Hospital à Eldoret, au Kenya.

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fois par jour. Elles reçoivent également un appel téléphonique hebdomadaire visant à leur fournir une éducation et à ajuster les doses de médicament sur la base des résultats de la surveillance de la glycémie à domicile. Six semaines après la grossesse, les futures mères font l'objet d'un nouveau test afin de déterminer si le DG a évolué en diabète de type 2.

l'histoire de linda : l'espoir après le dia-gnostic du dGLinda, 35 ans, est maman de trois enfants et est enceinte du quatrième. Elle a connu une période difficile l'an dernier. Elle était enceinte de 16 semaines lorsqu'elle s'est réveillée un matin avec des saignements. Elle s'est précipitée à l'hôpital pour apprendre qu'elle avait fait une fausse couche. La seule chose dont Linda se souvient concernant ses

précédentes grossesses est que le médecin lui a expliqué que ses bébés étaient plus gros que la moyenne.

Nous avons rencontré Linda un an plus tard à la clinique ANC alors qu'elle était enceinte de 28 semaines. Elle n'avait jamais entendu parler du DG et pensait que le dia-bète touchait uniquement les riches. Linda a accepté de se soumettre au dépistage et a suivi toutes les phases de l'étude. Au terme du jour 2 de l'étude, les résultats de Linda se sont avérés concordants avec un diagnostic de DG et le personnel formé a répondu à ses

nombreuses craintes et préoccu-pations concernant les implica-tions pour elle et son bébé. La clinique prénatale (ANC) du MTRH l'a rassurée : malgré tout ce qu'elle a pu entendre concer-nant le diabète, son bébé et elle peuvent espérer mener une vie heureuse et en parfaite santé à condition d'introduire plusieurs changements de style de vie fondamentaux et de suivre les recommandations en matière de traitement. Après avoir participé au programme SGD et été suivie au sein de la clinique ANC, Linda est aujourd'hui convaincue que, grâce au soutien du programme de soins de la clinique, sa gros-sesse se passera bien et qu'elle ne devra pas revivre les moments difficiles qu'elle a connus l'année dernière lors de sa fausse couche. Linda est contente d'avoir accepté le dépistage du SGD et espère que de nombreuses autres femmes au Kenya se verront offrir la même opportunité.

linda n'avait jamais entendu parler du dG et pensait que le diabète touchait uniquement les riches.

Pratique clinique

Sonak Pastakia au sein du Sally Test Pediatric Care Center for Orphaned and Vulnerable Children.

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 55

Ute linnenkampUte Linnenkamp est responsable de projet pour l'Atlas du diabète de la FID.

L'hyperglycémie est un des troubles métabo-liques les plus fréquents pendant la grossesse. Elle peut être le résultat soit d'un diabète préexistant chez une femme enceinte, soit du développement d'une résistance à l'insuline et d'une hyperglycémie pendant la grossesse.

Pratique clinique

l'Atlas du diabète de la FID met en lumière le fardeau

élevé de l'hyperglycémie pendant la grossesse

Ute Linnenkamp

6e édition

Atlas du diabète de la FID - 6e édition et d’autres publications sont disponibles à :

International Diabetes Federation (IDF)

Chaussée de La Hulpe 166B–1170 Bruxelless I BelgiqueTél +32 (0)2 538 55 11Fax +32 (0)2 538 51 [email protected] I www.idf.org

6e éd

ition

ATLAS DU

DIAB

ÈTE DE LA FID

ATLAS du DIABÈTE de la FID

25611_Diabetes_Atlas_6th_Ed_COVER_FR_nonvect.indd 2-4

24/01/14 15:28

Pour la première fois, la Fédération inter-nationale du diabète (FID) a produit des estimations de l'hyperglycémie pendant la grossesse pour la 6e édition de son Atlas du diabète. En 2013, 21,4 millions (16,9 %) des 127,1 millions d'enfants nés vivants de mères âgées de 20 à 49 ans ont été affec-tés par l'hyperglycémie pendant la gros-

sesse. Environ 16 % de ces 21,4 millions de cas pourraient être dus à un diabète

préexistant (y compris à un diabète non diagnostiqué découvert lors de la grossesse, et les enfants nés vivants

de mères atteintes d'un diabète connu). Ces statistiques reflètent l'impact crois-sant de l'épidémie de diabète de type 2

sur la grossesse.

Le chiffre stupéfiant de 91,6 % de cas d'hyperglycémie pendant la grossesse a été enregistré dans des pays à faible et moyen revenu, où l'accès aux soins maternels est

souvent limité. Une hyperglycémie non gérée pendant la grossesse peut être lourde de conséquences et conduire notamment à un risque accru d'accouchement par césarienne,

de dystocie et de pré-éclampsie, ce qui peut être particulièrement grave dans des envi-ronnements à faible revenu. L'éducation des femmes et des professionnels de la santé, et l'allocation de ressources pour la gestion du diabète sont essentielles pour s'attaquer à ce fardeau majeur pour les soins de santé actuels de la mère et de l'enfant.

De plus amples informations sont dispo-nibles sur le site www.idf.org/diabetesatlas

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 156

Bien que reconnu depuis longtemps, le concept de diabète gestationnel (DG) ou d'hyperglycémie pendant la grossesse n'en continue pas moins de faire l'objet d'une vive controverse.1 Il existe certes de nom-breux protocoles de dépistage et directives cliniques, mais pas de consensus inter-national, et une grande confusion règne quant aux meilleures pratiques, même au sein de pays donnés. Deux essais cliniques randomisés (ECR) ont toutefois récemment confirmé que le traitement de l'hypergly-cémie légère (qui consiste essentiellement en une altération du style de vie) permet d'améliorer divers paramètres de la mère et du fœtus.2,3 Reste à déterminer comment définir au mieux l'hyperglycémie pendant la grossesse et l'identifier.

L'étude Hyperglycaemia and Adverse Pregnancy Outcome – HAPO - (Hyperglycémie et consé-quences indésirables sur la grossesse) de réfé-rence4, une étude observationnelle interna-

Hyperglycaemia and adverse pregnancy outcome (Hapo) - 2014 : faits, frustrations et besoins futursDavid Hadden et David McCance

tionale portant sur plus de 23 000 femmes enceintes dans 15 centres à travers le monde, a confirmé que des niveaux plus faibles d'hy-perglycémie plus tard dans la grossesse sont associés à une augmentation du poids du fœtus, à un accouchement par césarienne et à une hypoglycémie néonatale clinique, autant de conséquences dues à l'augmentation de la production d'insuline par le fœtus. L'étude HAPO a également montré que le lien entre l'hyperglycémie et les conséquences indési-rables n'est pas fonction de l'IMC de la mère.5 Le problème est que le lien entre la glycémie et ces conséquences est continu, sans valeur limite définie, ce qui nécessite un consensus autour de la définition du niveau de glycé-mie maternelle auquel une intervention peut s'avérer rentable et utile sur le plan clinique.

L'International Association of Diabetes in Pregnancy Study Groups (IADPSG) a publié ses recommandations en 20106, au terme de nombreuses consultations (voir tableau).

Des débats intenses ont ensuite eu lieu au niveau international afin de traduire les recommandations de l'IADPSG en réalité mondiale.7 L'aval est venu de l'Association américaine du diabète, de l'Endocrine Society et de l'OMS, mais une certaine frustration et des questions subsistent. Ainsi, l'American College of Obstetricians and Gynecologists recommande le maintien de son approche traditionnelle (test de tolérance au glucose à une charge de 50 g suivi, s'il est anormal, d'un test oral de tolérance au glucose [TOTG] à une charge de 100 g) en raison de la crainte de voir de nombreuses femmes être diagnos-tiquées sur la base des nouveaux critères (environ 18 % des femmes enceintes), de l'incertitude quant aux avantages du traite-ment et de la médicalisation de la grossesse. (Compte tenu de la prévalence mondiale élevée de l'obésité maternelle, du diabète et du prédiabète, ce chiffre élevé ne devrait pas vraiment être une surprise.) Deux ECR2,3 ont toutefois montré les avantages du traitement.

Pratique clinique

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 57

En outre, un changement d'alimentation permet de traiter 80-90 % des femmes, ce qui réduit les interventions médicales.

L'autre recommandation de l'IADPSG, à savoir un TOTG à une charge de 75 g en tant que méthode de dépistage universelle, néces-site une procédure de 2 heures et un jeûne d'une nuit. Un tel test peut s'avérer difficile à mettre en œuvre dans certains pays d'un point de vue logistique et économique, de sorte que des solutions alternatives doivent être étudiées.7,8 Par ailleurs, dans certains environnements à faible risque, il devrait être

david Hadden et david mcCanceDavid Hadden est professeur au sein du Regional Centre for Endocrinology and Diabetes, à Belfast, au Royaume-Uni.David McCance est professeur au sein du Regional Centre for Endocrinology and Diabetes, à Belfast, au Royaume-Uni.

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7. The IADPSG Consensus Panel Writing Group and the HAPO Study Steering Committee. J Mat-Fetal and Neonatal Medicine 2012; The diagnosis of gestational diabetes mellitus. New paradigms or status quo? ISSN 1476-7058 print/ISSN 1476-4954 online. DOI: 10.3109/14767058.2012.718002

8. Round JA, Jacklin P, Fraser RB, et al. Screening for gestational diabetes mellitus: cost-utility of different screening strategies based on a woman’s individual risk of disease. Diabetologia 2010; 54: 256-63.

possible de mettre au point une stratégie plus personnalisée ou un moteur d'évaluation du risque individuel basé sur une analyse économique.8 L'augmentation rapide du dia-bète de type 2 dans le monde signifie que de nombreuses femmes souffrent déjà d'un dia-bète non diagnostiqué. Ces femmes doivent être diagnostiquées et traitées au plus vite au cours de leur grossesse – idéalement avant. Nous manquons actuellement de données probantes sur la meilleure façon d'y parvenir, mais une estimation de la glycémie lors du premier rendez-vous prénatal (à jeun ou aléatoire ou HbA1c) est au minimum requise

Pratique clinique

(a) recommandations pour le diagnostic de l'hyperglycémie pendant la grossesse et diabète déclaré pendant la grossesse (critères de l'iadpsG)

tableau

(b) détection précoce de l'hyperglycémie pendant la grossesse

Hyperglycémie pendant la grossesse

Diabète déclaré

Un ou plusieurs des seuils du test oral de tolérance au glucose à une charge de 75 g doivent être atteints ou dépassés

Glycémie à jeun ≥ 92 mg/dL ou ≥ 5,1 mmol/L ou ≥ 126 mg/dL ≥ 7,0 mmol/L

Glycémie à 1 heure ≥ 180 mg/dL ou ≥ 10,0 mmol/Lou

Glycémie à 2 heures ≥ 153 mg/dL ≥ 8,5 mmol/L

HbA1c ≥ 6,5% ≥ 6,5%

Glycémie aléatoire* ≥ 200 mg/dL ≥ 11,1 mmol/L

Première visite prénataleGlycémie à jeun, HbA1c ou glycémie aléa-toire* sur toutes les femmes (ou unique-ment sur celles à haut risque)

En l'absence de diagnostic de diabète déclaré eta) Glycémie à jeun ≥ 92 et < 126 (≥ 5,1 et <

7), diagnostiquer en tant qu'hyperglycé-mie pendant la grossesse

b) Glycémie à jeune < 92 (5,1), effectuer un test oral de tolérance au glucose à une charge de 75 g à 24-28 semaines

24-28 semaines de grossesseTest oral de tolérance au glucose à une charge de 75 g après une nuit de jeûne

Chez toutes les femmes qui n'ont pas en-core diagnostiquées comme présentant une hyperglycémie pendant la grossesse ou un diabète déclaré lors de la première visite

*Le test de glycémie aléatoire pour diagnostiquer le diabète en début de grossesse doit être confirmé par une glycémie à jeun ou l'HbA1c.

Les seuils du test oral de tolérance au glucose de 75 g représentent la valeur moyenne à laquelle les chiffres du poids à la naissance et du pourcentage de graisse corporelle et des peptides C du sang du cordon (représentant l'insuline fœtale) ont dépassé d'1,75 fois les chiffres de ces paramètres en comparaison avec les valeurs de glycémie moyennes pour l'ensemble de la population HAPO. Adapté de la référence 7

(voir tableau). Enfin, la pertinence de ces nouveaux critères en tant que variables pré-dictives des conséquences à long terme devra faire l'objet d'un examen approfondi. Une nouvelle étude de suivi d'HAPO financée par le NIH (2013-2017) suit actuellement 10 000 des mères de l'étude HAPO initiale et leur progéniture, aujourd'hui âgée de 8-12 ans. Ces données, et leurs implications transgé-nérationnelles, pourraient s'avérer cruciales.

Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 158 DiabetesVoice

Une nouvelle directive de la fid pour la gestion du diabète de type 2 chez les personnes âgéesTrisha Dunning, Alan Sinclair et Stephen Colagiuri

Un peu plus de 8,3 % de la population mon-diale sont atteints de diabète.1 Le vieillis-sement est un facteur de risque majeur de diabète de type 2, mais, souvent, le diagnos-tic n'est pas posé ou est retardé en raison d'une présentation clinique différente des personnes plus jeunes. Le diabète est une cause majeure de complications, de diminu-tion de la qualité de vie et de modification du fonctionnement physique et mental des personnes âgées.2,3,4 Il est également une cause majeure de décès dû à des maladies cardiovasculaires ou à d'autres comorbidités médicales chez les personnes âgées. En outre, de nombreuses personnes âgées présentent des facteurs de risque supplémentaires de diabète et peuvent souffrir de complications non diagnostiquées.

La Fédération internationale du diabète (FID) a publié une Directive mondiale pour la gestion des personnes âgées atteintes de diabète de type 2 lors d'un symposium satellite sur le diabète chez les personnes âgées en associa-tion avec le Congrès mondial du diabète de Melbourne de décembre 2013. Les principaux messages de la directive de la FID sont décrits dans cet article. Il est important de prendre conscience que les personnes âgées atteintes de diabète présentent des caractéristiques

diabète et société

Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 DiabetesVoice 59

Une nouvelle directive de la fid pour la gestion du diabète de type 2 chez les personnes âgées

bien particulières et qu'il n'est pas toujours possible de généraliser ou d'extrapoler les données des études publiées, même lorsque celles-ci ont été bien pensées, à des cohortes plus âgées. Il est important de prendre en compte l'état de santé et la situation sociale de la personne, ainsi que le soutien apporté par la famille et/ou la communauté.

Planification des soins avec les personnes âgées atteintes de diabèteL'implication des personnes âgées dans les décisions liées aux soins a pour but de par-venir à une compréhension partagée de leur situation et de leur vie. L'âge ne permet pas de déterminer la manière dont une personne âgée gère sa vie ni de prédire les résultats du traitement. Il est donc préférable de planifier les soins en fonction de l'état fonctionnel de la personne, du degré des comorbidités médicales présentes, des répercussions des complications vasculaires liées au diabète et de la présence ou non d'une fragilité ou d'une démence. Nombreuses sont les personnes âgées présentant un état de fragilité à éprou-ver des difficultés à supporter le stress de la

maladie, ce qui peut augmenter le risque de chutes et d'hospitalisations.

La planification des soins des personnes âgées atteintes de diabète peut s'avérer très compli-quée compte tenu des conséquences des com-plications du diabète, par ex. changements sensoriels associés à la diminution de la vue ou de l'audition ; problèmes mentaux, y com-pris confusion, dépression, délire et démence ; et changements physiques tels qu'arthrite et autres troubles des articulations et des tissus souvent présents. Ces facteurs augmen-tent le risque de chute et de développement d'ulcères de pression, notamment d'ulcères et de douleurs aux pieds, qui, souvent, ne sont pas détectés ou traités correctement. En cas de combinaison de ces facteurs, le risque d'effets indésirables liés aux médicaments et d'hospitalisation ou de placement en maison

diabète et société

de soins des personnes âgées augmente consi-dérablement. En outre, les complications du diabète, la fragilité et la démence font qu'il est difficile pour la personne d'avoir une activité physique et de gérer son diabète et d'autres problèmes.

MédicamentsDe solides données probantes indiquent que de nombreux médicaments fréquemment prescrits aux personnes âgées ne devraient pas être utilisés, ou alors avec prudence. Il s'agit notamment des antipsychotiques pour gérer les problèmes comportemen-taux associés à la démence, et de certains sulfonylurées, en particulier à action longue, utilisés pour réduire la glycémie. L'utilisation d'échelles mobiles d'insuline5 pour gérer l'hyperglycémie suscite également certaines préoccupations. Des examens médicaux

La fragilité et la démence font qu'il est difficile d'avoir une activité physique et de gérer son diabète et d'autres problèmes.

le diabète est une cause majeure de décès chez les personnes âgées.

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 160

diabète et société

complets et réguliers sont par conséquent requis, en particulier lorsque plusieurs méde-cins prescrivent des médicaments à la même personne. Un inventaire des médicaments peut être réalisé à la maison. De nombreux médicaments prescrits pour la gestion du diabète et de ses complications sont classés comme à haut risque en raison de leurs effets secondaires et de la façon dont ils sont utilisés et métabolisés par l'organisme.

Principaux problèmes à prendre en compte pour la planification des soinsLes plans de soins doivent être établis en collaboration avec le patient et les soignants familiaux en fonction de l'état de santé et de l'espérance de vie de la personne et de façon à lui permettre de vivre en toute sécurité et indé-pendance le plus longtemps possible. Les plans de soins doivent couvrir les aspects suivants :

■ Dépistage du diabète non diagnostiqué chez les personnes âgées

■ Réalisation proactive d'évaluations ex-haustives des risques afin d'identifier et de gérer :■ les complications du diabète, y compris

les maladies rénales et hépatiques qui influencent le choix des médicaments ;

■ une alimentation inadéquate, laquelle affecte également le choix des médica-ments (des carences en vitamines D et B12 sont fréquentes) ;

■ la douleur ;■ le risque de chutes ;■ le délire ;■ l'augmentation de la fragilité ;■ une conduite automobile dangereuse ;■ le risque d'hypoglycémie et d'hypergly-

cémie ;■ les syndromes gériatriques (voir encadré).

■ Fixation de la glycémie, de l'HbA1c, de la tension artérielle (TA) et d'autres objectifs de soins en fonction des besoins indivi-duels. Par exemple, une personne très indépendante sur le plan fonctionnel doit tendre vers une HbA1c de 7,0-7,5 % (53-59 mmol/ml) et une TA <140/90 mmHg ; une personne dépendante au niveau fonc-tionnel vers une HbA1c de 7,0-8,0 (53-64 mmol/ml) et une TA < 140/90 mmHg ; et une personne fragile et démente vers une HbA1c jusqu'à 8,5 % (70 mmol/ml) et une TA <150/90 mmHg.

■ Prévention et gestion des maladies cardio-vasculaires. Si une maladie cardiovascu-laire est présente, elle doit être traitée de

façon rapide et efficace au moyen d'une approche combinant alimentation saine et activité physique ; de même que d'hypoli-pidémiants, d'aspirine et d'antihyperten-seurs, si indiqué et sans risque.

■ Contrôle de l'hyperglycémie pour accroître le confort, réduire les risques cardiovasculaires et les maladies microvasculaires, renforcer l'autogestion, réduire les risques de chutes, gérer les symptômes liés à l'hyperglycémie tels que la fatigue, la soif et le besoin fréquent d'uriner, de même que la déshydratation et le risque associé d'acidocétose, d'états hype-rosmolaires, de délire, de troubles cognitifs et de dépression. Un contrôle « étroit » de la glycémie n'est cependant généralement pas garanti et peut faire courir un risque majeur d'hypoglycémie à la personne.

■ Réalisation d'inventaires complets et régu-liers des médicaments, prenant en compte les médicaments à base de plantes, les com-pléments de vitamines et de minéraux et les autres traitements parallèles, ainsi que les médicaments traditionnels. L'utilisation des médicaments en toute sécurité (phar-macovigilance) peut être assurée au moyen d'une approche d'utilisation qualitative des médicaments (UQM).6 L'UQM est un cadre décisionnel qui couvre l'intégralité de la voie de médication et qui, d'un point de vue clinique, implique :■ la sélection des médicaments de manière

avisée sur la base d'un examen de santé complet ;

syndromes gériatriques courants

Le terme « syndrome gériatrique » fait référence à un groupe de conditions qui se présentent souvent simultanément et affectent la santé et la capacité d'autogestion de la personne. Ces conditions incluent :■ chutes ;■ douleur ;■ infection des voies urinaires ;■ troubles cognitifs pouvant être évalués à l'aide du test Mini-Mental State Examination,

Mini-Cog ou de l'horloge ;■ dépression, qui peut être évaluée à l'aide de l'échelle de dépression gériatrique ou

du questionnaire médical du patient (PHQ2) ;■ hypoglycémie ;■ délire ;■ polypharmacie, laquelle implique généralement la prise de plus de cinq médicaments.

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 61

diabète et société

trisha dunning, alan sinclair et stephen Colagiuri Trisha Dunning est présidente du département infirmier de l'école d'infirmières et de sages-femmes de l'Université Deakin et directrice du Centre for Nursing and Allie Health Research à Geelong, en Australie.Alan Sinclair est doyen de l'école médicale de troisième cycle du Bedfordshire et du Hertfordshire et directeur de l'Institute of Diabetes for Older People (IDOP) à Luton, dans le Bedfordshire, au Royaume-Uni.Stephen Colagiuri est professeur de santé métabolique au sein de l'institut Boden de l'Université de Sydney, University de Sydney Camperdown, en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie.

références 1. International Diabetes Federation. IDF

Diabetes Atlas, 6th edn. IDF. Brussels, 2013.

2. Sinclair AJ, Barnett AH. Special needs of elderly geriatric patients. BMJ 1993; 306:1142-43.

3. Gu K, Cowie C, Harris M. Mortality differences between adults with and without diabetes in a national sample 1973–1993. Diabetes 1997; 46: 26A.

4. Zhang Y, Hu G, Yuan Z. Glycosylated haemoglobin in relationship to cardiovascular outcomes and death in patients with type 2 diabetes; a systematic review and meta-analysis. PLoS One 2012; 7: e42551.

5. American Geriatrics Society, American Geriatrics Society Updated Beers Criteria for Potentially Inappropriate Medication use in Older Adults. J Am Geriatr Soc 2012; 60: 616-31.

6. Department of Health and Aging. National Strategy for Quality Use of Medicines. Australia, 2002. www.health.gov.au/internet/main/publishing.nsf/Content/nmp-pdf-natstrateng-cnt.htm

7. Sinclair A, Morley JE, Rodriguez-Manas L, et al. Diabetes mellitus in older people: Position statement on behalf of the International Association of Gerontology and Geriatrics (IAGG), the European Diabetes Working Party for Older People (EDWPOP) and the International Task Force of Experts in Diabetes. J Am Med Dir Assoc. 2012; 13: 497-502.

8. Dunning T, Savage S, Duggan N. McKellar Guidelines for Managing Diabetes in Residential Aged Care Facilities. Centre for Nursing and Allied Health Research. Geelong, 2014.

INTERNATIONAL DIABETES FEDERATION

MANAGING OLDER PEOPLE WITH TYPE 2 DIABETES

GLOBAL GUIDELINE

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■ l'utilisation d'options non médicamenteuses chaque fois que possible, et la sé-lection d'un médicament approprié si indiqué ;

■ l'utilisation des médica-ments de manière sûre et efficace pour la personne âgée et le suivi des résultats, ce qui implique un examen clinique et des inventaires réguliers des médicaments. De nombreux médica-ments doivent être utilisés avec prudence ou sont contre-indiqués chez les personnes âgées.5

■ Évaluation de l'état physique (état fonctionnel), de la fonc-tion rénale et hépatique, de la santé mentale, de la fonction cognitive et de l'autogestion de manière régulière, au moins une fois par an, et chaque fois qu'un changement survient au niveau de l'état de santé ou du régime de gestion.

■ Réalisation régulière d'évaluations générales de la santé, telles que mammographies, exa-mens de la prostate et des intestins, de la fonction thyroïdienne, de l'état d'immunité et de la santé sexuelle et du bien-être, en plus des examens réguliers liés au diabète. Il peut s'avérer nécessaire de procéder à ces évaluations plus d'une fois par an.

■ Mise sur pied d'un plan précisant quand il convient d'arrêter de conduire.

■ Élaboration d'un plan pour les soins en fin de vie.

■ Mise en place de systèmes d'alerte médicale et d'appel pour renforcer la sécurité, en par-ticulier pour les personnes âgées résidant dans des centres communautaires, si indiqué.

■ Soutien aux soignants.

La sécurité du patient dans le cas d'une condition complexe telle que le diabète doit être une priorité. L'utilisation des médica-ments en toute sécurité constitue une com-posante clé de la planification des soins.

RésuméLa gestion met l'accent sur la sécurité, la préservation de l'indépendance, de l'état fonctionnel et de la qualité de vie, la gestion des symptômes et la réduction de l'impact des complications du diabète et d'autres maladies. La personnalisation des objec-tifs de gestion est essentielle,7,8 de même que l'implication de la personne âgée, de sa famille et des autres soignants dans les décisions de gestion.

www.idf.org/sites/default/files/IDF-Guideline-for-older-people-T2D.pdf

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 162

diabète et société

LES VOIx DU DIABèTE : le pouvoir de l'éducation pour la vie

L'éducation au diabète est l'un des outils les plus précieux à notre

disposition pour vaincre l'épidémie du diabète de ce 21e siècle. Elle est essentielle en vue d'influencer les politiques publiques de prévention

et de gestion du diabète et, partant, de protéger la santé publique. Pour

les professionnels de la santé, l'éducation au diabète contribue

à garantir la mise en pratique des recommandations fondées sur

des données probantes et, pour le grand public, elle est un appel à

l'amélioration de la sensibilisation au diabète et à ses signes avant-

coureurs et à la promotion du diagnostic précoce. Enfin, les

personnes atteintes de diabète ont besoin d'une éducation en vue d'être responsabilisées et d'avoir la chance de mener une vie meilleure. Dans ce premier épisode des Voix du diabète

de 2014, nous nous sommes adressés à des éducateurs en diabète et des

personnes atteintes de la condition au Pérou et au Pakistan afin de recueillir

leurs avis sur le pouvoir de cette ressource trop souvent sous-utilisée.

« Le diabète est une condition complexe et multifactorielle qui requiert un traitement multidisciplinaire de la part de professionnels. L'éducation au diabète doit être idéalement dispensée dans le cadre d'un partenariat entre professionnel de la santé et patient, dans la mesure où le succès du traitement et les résul-tats dépendent de la participation active de la personne atteinte de diabète.

L'éducation est l'une des principales ressources en vue de mettre un terme à la hausse de l'inci-dence du diabète de type 1 et est essentielle pour maîtriser les traitements du diabète de type 1. En tant qu'éducatrice en diabète, je peux affir-mer que l'efficacité du traitement du diabète ne se limite pas aux médicaments et requiert une éducation et une motivation personnelle,

qui peuvent être fournies par les outils éducatifs existants et le soutien de professionnels.

Sans éducation au diabète, les personnes at-teintes de la condition sont moins bien prépa-rées à la prise de décisions et à l'introduction de changements de comportement liés au diabète. En tant qu'éducatrice, je ne cherche pas simplement à améliorer le contrôle du diabète, je m'intéresse à la personne atteinte de la condition dans sa globalité. Je m'efforce de comprendre ses sentiments et, éventuellement, ce en quoi elle croit et la manière dont elle gère sa vie. J'essaie de répondre à ses questions et de l'orienter vers des solutions qui l'aideront à mieux gérer sa condition et à avoir une vie meilleure. Je fais de mon mieux pour encou-rager le patient à endosser des responsabilités et à adopter des stratégies en faveur d'une vie plus saine et sans complications. Souvent, je contribue même à prévenir le diabète au sein de la communauté. J'adore mon travail et le fait de pouvoir améliorer l'état de santé de mes patients.

Vicky Motta Montoya de Lima, au Pérou : mon expérience en tant qu'éducatrice en diabète

« sans éducation au diabète, les personnes atteintes de la condition sont moins bien préparées à la prise de décisions. »

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 63

diabète et société

Je propose au sein de mon cabinet un pro-gramme éducatif pour le diabète gestation-nel (DG) qui explique aux femmes enceintes comment prendre soin de leur grossesse et de leur fœtus. Ce programme éducatif est inte-ractif : les femmes enceintes participent à des groupes traitant différents aspects du DG dans un environnement chaleureux et amusant, partagent leurs connaissances, leurs sentiments et leurs expériences de la maladie et endossent la responsabilité de leurs propres soins en vue de mettre au monde un bébé en bonne santé.

En collaboration avec l'Association péru-vienne du diabète, nous apprenons à des éducateurs en diabète et à d'autres profes-sionnels de la santé à mieux prendre soin des personnes atteintes de la condition par le biais d'ateliers. Notre but est d'aider ces professionnels à endosser le rôle d'"éducateur" en vue de toucher l'ensemble des personnes atteintes de diabète de façon plus générale.

Ma mission et mon objectif sont de continuer d'œuvrer en tant qu'éducatrice pour aider les gens à mieux comprendre la prévention du diabète, tout en partageant mes connaissances et mon expérience avec des éducateurs en diabète du monde entier. »

Julia, diagnostiquée à 32 semaines de grossesse : « Lorsque mon DG a été diagnostiqué, j'ai réalisé que mon alimentation était épouvan-table et, après en avoir appris un peu plus sur la condition et les risques pour mon bébé et moi-même, j'ai pris la décision la plus impor-tante de ma vie : changer mes habitudes alimentaires. Bien que cela exige une grande détermination, tout sacrifice s'accompagne d'une récompense et, dans ce cas-ci, il s'agis-sait d'une bonne santé. Ma mère vit avec le diabète et je peux aujourd'hui affirmer que tout dépend de nous. Aujourd'hui, nous partageons de nombreuses choses en rap-port avec le diabète et je lui explique quelles sont ses mauvaises habitudes et comment les améliorer ou les abandonner complètement. Nous nous soutenons mutuellement sur le plan alimentaire.

Ce que j'ai appris du diabète gestationnel grâce à mon

éducatrice : quatre femmes atteintes de DG relatent leur expérience à Lima, au Pérou

L'hyperglycémie pendant la grossesse concerne environ 11 % des femmes enceintes de la région Amérique du Sud et Caraïbes de la FID.1 Le DG consti-tue une part importante de ces 11 %. Les soins du DG requièrent une équipe de soins complète, à savoir un endocrinologue et un éducateur agréé en diabète (EAD) chargés de fournir des instructions, des recommandations et un plan de traitement pour une grossesse et une naissance en parfaite santé. L'éducation au diabète gestationnel joue un rôle important en vue d'aider la femme enceinte à prendre des décisions saines pour la prise en charge de son diabète et de son bébé, et à intégrer des mesures en faveur d'une alimentation saine, d'une activité physique et de l'importance de l'autosurveillance de la glycémie. Dans cette partie des Voix du diabète, quatre femmes chez qui un DG a été diagnostiqué nous expliquent com-ment elles ont réussi à gérer leur condition grâce à l'éducation au diabète.

Je n'aurais pas pu apprendre tout cela sans l'aide de mon éducatrice en diabète, Vicky Motta. Sa patience et ses connaissances m'ont permis de prendre conscience que j'avais tous les outils en main pour com-battre et traiter cette maladie. Je lui serai éternellement reconnaissante pour l'éduca-tion que j'ai reçue car, à mes 32 semaines de grossesse, mon alimentation était épouvan-table. Mais aujourd'hui, je peux affirmer que ma mère, mes enfants, qui sont toute ma raison de vivre, et moi-même avons une alimentation beaucoup plus saine. »

Le DG de Magdalena, 33 ans, a été dia-gnostiqué lors de sa troisième grossesse :« Je suis très heureuse de l'issue de ma gros-sesse. Lorsque j'ai entamé le programme d'éducation au diabète, j'ai appris à manger

Vicky Motta Montoya est nutritionniste clinique et éducatrice agréée en diabète (EAD) pour l'Association péruvienne du diabète (ADIPER) et le programme éducatif pour le diabète gestationnel au sein de l'Institut périnatal maternel national de Lima, au Pérou.

Vicky Motta Montoya explique la gestion du diabète

à une de ses patientes

DiabetesVoice Mars 2014 • Volume 59 • Numéro 164

sainement et à prendre soin de mon bébé. Lorsque mon DG a été diagnostiqué, j'ai eu très peur, mais j'ai appris que le seul traitement efficace consiste à apprendre à manger sainement, en évitant par exemple les aliments riches en glucides. J'ai donné naissance à ma fille Camilita et tout s'est bien passé. Le soutien éducatif est fabu-leux et très important pour les femmes enceintes. Un tout grand merci à mon éducatrice en diabète. »

teresa, 40 ans, a été diagnostiquée en juin 2013 :« J'ai 40 ans et j'arrive avec succès au terme de ma troisième grossesse. Je suis recon-naissante au programme d'éducation au diabète qui m'a aidée à adopter en dou-ceur une nouvelle alimentation, car mon alimentation avant d'apprendre à manger sainement était inadaptée. J'ai appris à avoir une alimentation équilibrée, ce qui a contribué à l'amélioration de ma qualité de vie et à la disparition de symptômes tels que mes maux de tête, ma dépression ou d'autres complications que j'avais l'habi-tude de soigner en avalant des cachets. »

Ana María, dont le DG a été diagnos-tiqué en août dernier, a accouché en octobre 2013 :« Avant d'entamer mon traitement pour le DG, je n'avais pas conscience de cette condition, mais j'ai commencé à apprendre au fil de mon éducation. J'ai réalisé que prendre soin de moi m'aidait à contrôler mon poids et qu'avoir une alimentation correcte et faire de l'exercice empêcherait mon bébé de naître en surpoids avec le diabète ou avec des malformations. Je remercie Dieu et l'éducation que j'ai reçue car j'ai un bébé magnifique et en bonne santé ! J'ai notamment appris que mieux vaut prévenir le diabète que le craindre. »

« Mon nom est Erum Ghafoor et je vis à Karachi, au Pakistan, où je suis éducatrice en diabète à plein temps, formatrice experte de la FID pour les outils éducatifs Diabetes Conversation Map™ et membre du programme des Young Leaders in Diabetes (YLD - Jeunes leaders du diabète) de la FID. Je souffre par ailleurs d'un diabète de type 2. Je travaille ac-tuellement au sein de l'Institut de diabétologie et d'endocrinologie de Baqai (BIDE), un centre d'éducation soutenu par la FID et un pionnier en matière d'éducation au diabète au Pakistan. J'ai commencé à travailler dans le domaine de l'éducation au diabète à une époque où cette condition n'était pas encore connue pas dans notre pays. En tant que formatrice aux outils éducatifs Conversation Map™ depuis 2009, j'ai apporté mon aide à plus de 30 000 personnes et ai formé 830 animateurs à l'éducation au diabète à travers tout le Pakistan.

En tant que professionnelle de la santé, j'ai constaté que les gens sont avides d'en savoir plus sur les soins du diabète. Les gens veulent mener une vie saine avec le diabète, mais également éviter à leur famille les frais importants liés au traitement. Bien souvent, l'éducation au diabète permet de résoudre la majorité des pro-blèmes d'auto-traitement du diabète. 30 % (42 millions) de la population pakistanaise vivent sous le seuil de pauvreté et 60,3 % gagnent moins de 2 dollars par jour. Quelque 40 % (54 millions) de la population n'ont pas accès à des services sanitaires de base. Les ressources pour les soins du diabète sont limitées, avec un

médecin pour 1 225 personnes environ et une infirmière pour 2 501 personnes. Tels sont les obstacles fondamentaux à la mise en œuvre d'une éducation au diabète dans notre pays, mais au fil du temps, les gens ont commencé à réaliser que celle-ci constituait un pan essentiel de l'autogestion du diabète. BIDE a créé un diplôme universitaire d'éducation au diabète au Pakistan dans le but de former des éducateurs en diabète chargés d'offrir un accès à des soins de qualité. À ce jour, nous avons formé 108 éducateurs en diabète. Il reste encore beaucoup à faire, mais si l'on regarde en arrière, force est de constater que les soins du diabète se sont radicalement améliorés, de sorte que nous ne pouvons qu'espérer un avenir meilleur. »

Erum Ghafoor, du Pakistan : mon expérience en tant qu'éducatrice en diabète

diabète et société

Erum Ghafoor est éducatrice en diabète à plein temps, formatrice experte de la FID pour les outils éducatifs Diabetes Conversation Map™ et membre du programme des Young Leaders in Diabetes de la FID à Karachi, au Pakistan.

« Je suis éducatrice en diabète à temps plein, mais aussi une personne atteinte de diabète de type 2. »

Erum Ghafoor donnes ses formations à l'aide

des outils éducatifs Diabetes Conversation MapTM

DiabetesVoiceMars 2014 • Volume 59 • Numéro 1 65

Shaikh Waqar Ahmed, 22 ans, a vu son diabète de type 1 diagnostiqué à l'âge de 18 ans :

diabète et société

« Mon nom est Shaikh Waqar Ahmed et j'ai 22 ans. Durant toute mon enfance, j'ai été un enfant hyperactif et plein de vitalité, mais à l'âge de 18 ans, j'ai senti que mon énergie allait en diminuant. Je me sentais faible et j'ai brusquement commencé à perdre du poids. J'étais vite fatigué et un diabète de type 1 a été diagnostiqué par l'Institut de diabétologie et d'endocrinolo-gie de Baqai. Cette condition a également été diagnostiquée chez ma petite sœur.

Le diabète a été un choc terrible pour ma famille et moi-même. J'ai abandonné tout espoir de vivre et j'ai laissé mes amis der-rière moi car j'avais peur et honte. Mon éducatrice en diabète a été d'un énorme soutien à l'époque et m'a expliqué que le diabète de type 1 pouvait toucher tout le monde, à n'importe quel moment. Elle m'a aidé à prendre conscience que le diabète de type 1 est une condition à vie et que je de-vais assurer son autogestion. J'ai appris que je devais prendre mon insuline et vérifier régulièrement mon taux de glycémie, avoir une activité physique et surveiller mon alimentation. Son soutien et ses encourage-ments m'ont aidé à relever le défi. Même si j'ai de temps à autre connu de graves hypos (hypoglycémies ou épisodes de faible glycé-mie), je ne laisse pas le diabète l'emporter.

Mon éducatrice en diabète m'a présenté d'autres personnes souffrant de problèmes similaires, ce qui m'a fait me sentir moins seul. Elle m'a également confirmé combien je suis exceptionnel J'ai appris qu'il n'y a pas de problème insurmontable. Les gens disent que le diabète m'accompagnera pour le restant de mes jours, mais je leur ris au nez car j'ai laissé le diabète derrière moi et banni ce mot de mon vocabulaire. Je n'ai jamais laissé et ne laisserai jamais le diabète interférer avec ma vie. Je veux aller de l'avant. Je suis convaincu que je peux mener une vie saine et heureuse avec le diabète et que, à force de travail et de volonté, je finirai par atteindre mes objectifs. »

« mon éducatrice en diabète m'a présenté d'autres personnes souffrant de problèmes similaires, ce qui m'a fait me sentir moins seul. »

référence1. International Diabetes Federation. IDF

Diabetes Atlas, 6th edn. IDF, Brussels, 2013.

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la boîte aux lettres de Diabetes Voice

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La publication par la FID et Diabetes Voice des résultats de l'étude DAWN2 de Novo Nordisk est pour le moins singulière et héroïque. Rares sont les acteurs du diabète, y compris parmi les endocrinologues, les éducateurs en diabète et les infirmiers, à accorder beaucoup d'attention à l'aspect émotionnel de la vie avec le diabète et de sa gestion. Je viens de terminer mon travail dans une clinique du diabète étonnante qui soigne les pauvres à Bangalore, en Inde. J'ai eu la chance extraordinaire de pouvoir partager avec le personnel médical mes idées et outils pour « s'épanouir avec le diabète ». En Inde, où la pauvreté, l'analphabétisme, le manque d'accès à des médicaments et des bandelettes de test et l'alimentation traditionnelle riche en glucides constituent des obstacles fondamentaux à la gestion de la glycémie, les médecins et éducateurs ont adopté mon travail afin d'aider les patients à obtenir de meilleurs résultats en instaurant des liens, un sentiment de confiance et un soutien, en analysant les points forts du patient et en inspirant confiance et espoir.

Riva Greenberg, 42 ans, atteinte de diabète de type 1 ; coach santé agréée Wellcoaches ; chroniqueuse pour le Huffington Post ; DiabetesStories.com et DiabetesbyDesign.com

Enfin une étude qui se penche sur la vie au quotidien avec le diabète. Le fardeau est en fait quotidien et il est indispensable de bien comprendre la manière dont les différents traitements, technologies et problèmes psycho-sociaux façonnent l'expérience des personnes concernées.

L'étude DAWN2 a produit de nombreuses informations utiles pour l'adaptation de l'action locale et mondiale en vue d'améliorer la vie des personnes atteintes de la condition. Bien qu'une sélection en fonction des résultats les plus pertinents se soit avérée nécessaire, le numéro spécial de Diabetes Voice a envoyé un message général objectif et équilibré qui permettra au lecteur intéressé de trouver des informations plus détaillées et spécifiques dans la littérature scientifique étendue disponible.

Massimo Massi Benedetti, président et directeur scientifique de l'Hub for International health ReSearch (HIRS) (Italie)

Je souhaiterais que Diabetes Voice mette à l'honneur des innovateurs dans le domaine du diabète, c’est à dire des personnes qui font de nouvelles choses pour améliorer la vie des personnes atteintes de diabète. Ces innovateurs peuvent être des professionnels prodiguant des soins du diabète, des personnes atteintes de la condition ou des personnes qui s'en occupent.

Melissa Ford Holloway, diabète de type 1 (Royaume-Uni)Kelly Close, rédactrice en chef de diaTribe

Je me réjouis de découvrir les résultats d'une étude complète et de grande envergure consacrée aux problèmes psychosociaux du diabète. Cette condition est présente 24 h/24, 7 j/7, et les hauts et les bas émotionnels et physiques quotidiens pèsent lourde-ment sur les épaules des patients et des soignants. L'étude DAWN2 constitue un pas énorme dans la bonne direc-tion, car elle fait la lumière sur les besoins non satisfaits au niveau des soins du diabète.

Adam Brown, associé principal de Close Concerns et co-directeur général de diaTribe

INTERNATIONAL DIABETES FEDERATION

MANAGING OLDER PEOPLE

WITH TYPE 2 DIABETES GLOBAL GUIDELINE

MAINTENANT DISPONIBLE EN ANGLAISwww.idf.org

FédérationInternationaledu Diabète

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Endocrinology, Diabetes and Metabolism

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“Diabetes Research and Clinical Practice has for over 25 years served as a trusted international diabetes research journal. It publishes high-quality original research articles and expert reviews, the aim being to advance diabetes understanding and care. With a high-quality review process and a growing international readership, I invite you to submit your next article to DRCP.”S. Colagiuri MD, Editor-in-Chief, University of Sydney, Australia

DIABETES RESEARCH AND CLINICAL PRACTICEOffi cial Journal of the International Diabetes Federation