Developpement durable

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www.usinenouvelle.com SUPPLéMENT AU NUMéRO 3197 17 JUIN 2010 Ne peut être vendu séparément LES CAHIERS DE DéVELOPPEMENT DURABLE Les pratiques des meilleurs

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Developpement durable usine nouvelle

Transcript of Developpement durable

www.usinenouvelle.comsupplément au numéro 3197 • 17 juin 2010 • ne peut être vendu séparément

les cahiers de

DéveloppementDurableles pratiques des meilleurs

MaturitéFini les envolées lyriques. Le changement demonde promis lors du lancement du Grenelle del’environnement en mai 2007, les appels à sauverla terre à l’approche du sommet de Copenhaguel’an dernier, les fols espoirs d’une révolutionénergétique éclair ne sont plus guère de mise. Lescrises (financières, économiques et sociales) commela raison sont passées par là. Si les promesses delendemain qui chantent ne se sont pas transforméesen petits matins blêmes, chacun a pris conscienceque nos modes de production et d’échange nepouvaient se voir bouleverser d’un claquement dedoigts. Encore moins d’un coup de menton politique.Les réalités économiques et technologiques serappellent à nous chaque jour. Le facteur temps,surtout. Nos vieilles sociétés ne se transforment pas

aussi facilement. Quant au travail des ingénieurs,il s’inscrit dans la durée. On peut discourir à l’infinisur la voiture électrique, nul n’a encore trouvéla recette magique pour stocker les électrons.

Il n’empêche. Derrière le terme génériquede développement durable une vaste entreprisea été lancée. Celle-ci touche toutes les activitéshumaines, tous les recoins de la planète, toutes lesdimensions des affaires. Il s’agit de s’approprierdes pratiques telle la RSE (Responsabilité sociale etenvironnementale), comme nous le rappelle dans

Une vaste entreprise est lancée, qui touchetoutes les activités humaines, tous les recoins dela planète, toutes les dimensions des affaires.

L’USINE NOUVELLE | SUPPLÉMENT AU N°3197 | 17 JUIN 2010

Pierre-Olivier Rouaud

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une interview Nicole Notat, d’intégrer les processde certification, de mettre en place des relationsnouvelles avec son voisinage comme le montrentde passionnantes expériences à Fos-sur-Mer ouDunkerque. Il faut aussi prendre en compte lefacteur humain que ce soit en matière d’évolution decompétences, de formation initiale ou continue.

Dans ce grand mouvement, chacun a prisconscience de sa responsabilité, celle de réduireles impacts de son activité, celle de s’inscrire dansune perspective de temps longue, celle de mieuxrespecter les hommes et la nature. Qui peut s’enplaindre, si c’est mené avec raison. N’en déplaiseaux apôtres de la décroissance, le grand défi denos sociétés est de réussir à le faire sans tropbouleverser nos modes de vie. Celui des économiesémergentes, plus ardu encore, est d’y parvenirsans sacrifier leur longue et difficile marche vers laprospérité. Qui pourrait leur imposer?

Pour les entreprises en tout cas, le message estclair : le développement durable doit aller de soi.Il est désormais ce que fut leur engagement enmatière de qualité durant les années 1990: d’abordune nouveauté, ensuite une obligation, enfin unehabitude. Sans compter que cette démarche estun extraordinaire stimulant pour l’innovation.C’est dans ce sens que nous avons voulu, avec cesupplément, livrer des expériences, lancer des idées,illustrer les bonnes pratiques, des contradictionsparfois. En espérant vous éclairer et, surtout, vousrendre service. .

DÉVELOPPEMENT DURABLE LES PRATIQUES DES MEILLEURS

STÉP

HANI

EJA

YET

3 Edito

6 entretienNicole Notat, présidente de Vigeo:«Les entreprises qui s’engagentne le font pas parphilanthropie»

management

28 Demain, des entrepriseshyper-responsables !

10 mutationMajencia, PME durable

12 concertationComment Fos a implanté uneusine de traitement de déchets

14 engagementBâtir un projet avecune ONG

16 marketingCommuniquer sur les produitsécolos

17 Préparez-vous à l’étiquetageenvironnemental

processus

18 L’écoconception, unedémarche militante

20 certificationAméliorer ses performancesgrâce à la norme ISO 14001

Supplément à «L’Usine Nouvelle» n°3197 du 17 juin 2010(commission paritaire n°0712T81903).Ne peut être vendu séparément. Une publication du groupe Gisi,Antony Parc 2, 10 place du Général de Gaulle 92160 Antony.Directeur de la publication: Christophe Czajka.Impression: Roto France Impression 77185 Lognes.

PhOTO DE COUVERTURE : MASTERFILE

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

A-B

A.Raymond ...................8Air liquide ...............24/28Alcatel ........................30Altran.........................38Altran Technologies .......40Apple ...........................6ArcelorMittal ............12/24Areva ................ 12/16/38Aria Technologies ..........12Arkema.......................12Ascométal ...................24Atol............................10Becton Dickinson ............8BP ............................ 6/8BVC ............................20

C-D

Carglass.......................10Carrefour.....................16Casino ........................16Caterpillar......................8Cemex ........................14China Telecom ..............30Danone ........................6Deutsche Telekom .........30DK6 ...........................24

E-F-G

EdF ........................32/38EdF Diversiterre.............14Emix ..........................28Ericsson ......................30Evere..........................12Fnac...........................16Fonroche Energie ..........28Foxconn........................6GdF............................24General Electric...............8Google..........................8

H

hama.........................14haworth.....................10hewlett-Packard.............8huawei.......................30

I

IBM..............................8Ikea .............................8Imerys TC.....................28IPM France...................20

K

Koné..........................38

L-M-N

L’Oréal..................... 8/14Lafarge .......................44Lafuma.......................14LaiterieSaint-Denis-de-l’hôtel...14Leclerc ........................16Lesieur........................24LVMh..........................38LyondellBasell ..............12Lyonnaise des Eaux..........2Majencia.....................10Monsanto....................16MPO...........................28Nature et Découvertes ....16Nokia SiemensNetworks ....................30

O-P

Orange ...................16/30Patagonia......................8Pevafersa ....................28Photowatt...................28Pilot...........................16Pizzorno .....................14Polimeri Europa............24Prologis ......................38

R-S-T

Randstad ....................40Rassuen......................12Renault ...............6/16/18Samas BV ....................10Schneider Electric ......16/28Semco ........................28SGS ICS........................38Sodexo .........................8SolairedirectTechnologies................28Sony ............................6Steelcase .....................10STMicroelectronics ...........8Sunnco.......................40Telecom Italia...............30Tenesol.......................28Thales ........................38Total ..........................24Toyota ........................16

U-V-W

Urbaser.......................12Valeo Services...............40Veolia Eau ...................20Vinci.............................6Vodafone ....................30Windtechnics ...............40

Index des entreprises citées dans ce numéro

24 écologie industrielleA Dunkerque, les entreprisesmontrent l’exemple

28 photovoltaïqueLe solaire se lève en France

30 enjeuLes télécoms s’activent pourconsommer moins

32 pierre gadonneix,président du cme«Gérer les retombées d’unedemande accrue d’énergie»

formation

34 Les étudiants veulent plusde vert dans leur cursus

36 mutationLes promessesdes emplois écolos

38 métiersRendre ses salariésresponsables

40 EmploiMieux formerpour mieux recruter

42 profilLe directeur du développementdurable acquiert ses lettresde noblesse

44 EntrEtiEnBruno Lafont, PDG de Lafarge:«Une politique dedéveloppement durable,cela doit pouvoir se mesurer»

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DéVELOPPEMENT DURABLE les pratIques des meIlleurs

Pari gagné pour Vertaris !

Après quelques moisd’activité, Vertarisa réussi son dou-

ble pari : redéployer unoutil industriel et l’orien-ter sur des produits recyclésperformants et haut degamme. Vertaris se posi-tionne aujourd’hui commeune entreprise innovantebasée sur le recyclage d’undéchet familier : les papiers derécupération. A partir de cedéchet devenu matière, l’entre-prise se concentre sur trois acti-vités : la fabrication de pâte cellu-losique haut de gamme, de papierhaute blancheur et de matériauxd’isolation pour l’habitat. Un tourde force d’autant plus impression-nant que l’entreprise se différen-cie en imposant un savoir-faireunique en Europe : sa pâte et sonpapier de première blancheur sontproduits uniquement à partir devieux papiers de qualité communecollectés auprès des ménages, desentreprises et des collectivitéslocales. Ce positionnement hyper-qualitatif répond parfaitementaux enjeux de la protection del’environnement : limitation desémissions de CO2 et préservationdes ressources naturelles.

Une technologie uniquePour son papier destiné à l’écri-ture et à l’impression, Vertarisfabrique une pâte qu’elle proposeégalement aux autres acteurs de

de production », confirme JeanCarlos Fernandes, Directeur géné-ral adjoint en charge des servicesindustriels.Dès la fin de l’année, Vertaris lan-cera une troisième production : laouate de cellulose. Ce matériauest attendu pour répondre auxbesoins énormes d’isolation desbâtiments, conformément à l’ap-

plication des réglementationsthermiques en vigueur et auxambitions du Grenelle de l’en-vironnement. Où Vertaris sedémarque encore par de l’in-

novation : la ouate de cellulosesera commercialisée sous desformes nouvelles destinées à ren-forcer son attractivité auprès desutilisateurs finaux.

Objectifs déjà atteintsLes premiers résultats écono-miques de Vertaris sont à la hau-teur de ses ambitions industrielles(chiffre d’affaires prévisionnel2010 : 42 M€). La production necesse de monter en puissance.Elle devrait atteindre sa premièrecible dès septembre 2010, avec lapremière machine à papier encontinu sept jours sur sept. Apleine capacité, l’entreprise tour-nera avec 2 machines à papier, uneunité de pâte à papier et uneunité de fabrication de matériauxd’isolation. Vertaris affiche aussides résultats sociaux prometteurs.Plus de 100 personnes travaillentaujourd’hui dans l’entreprise.

140 collaborateurs sont prévusd’ici la fin de l’année et 200 dansdeux à trois ans. Les ressourceshumaines ont opté pour unedémarche participative moderne,par laquelle les anciens salariés dusite ont contribué à l’élaborationdes règles sociales. Une charte etun comité stratégique veillent à labonne diffusion des valeurs fon-datrices : écoute, respect, transpa-rence et loyauté.

Cap sur l’avenirLes perspectives de croissance deVertaris s’inscrivent à plusieursniveaux. En interne, l’entrepriseveut augmenter sa capacité de pro-duction afin de satisfaire les exi-gences des clients pour le papier etla pâte destinés à des applicationsmultiples : papier pour écriture,emballage, mouchoirs, etc. Vertariss’est aussi donné pour objectif dediversifier ses approvisionnementsen matière première. Traductionimmédiate : l’entreprise s’est dotéede l’expertise d’AVP, spécialiste dela récupération du papier et descartons, une compétence-clé pourun métier plus que jamais orientévers l’avenir. Et l’avenir peut sourireà Vertaris : sur un marché européenestimé à 40 millions de tonnes,moins de 10 % du papier d’écritureet d’impression contient aujour-d’hui des fibres recyclées.

http://[email protected]

Inaugurée le 21 février 2010 à Voreppe près de Grenoble, la société Vertarisfranchit avec succès ses premières échéances. Son positionnement uniqueau cœur du développement durable et les perspectives du marchéeuropéen lui donnent tout l’élan pour atteindre une croissance rapide.

la filière. Pilierdu dispositif : une usine

de pâte désencrée ultra-perfor-mante élaborée avec une volontéde respecter l’environnement enutilisant des additifs chimiquesayant un faible impact environne-mental comme les savons ou l’eauoxygénée.La technologie unique de l’usinepermet d’atteindre les niveaux deblancheur des produits issus depâtes de bois neuves. « Cet assem-blage de plusieurs stades consécu-tifs d’épuration, de désencrage etde blanchiment est un procédéunique qui fait toute la puissancede Vertaris », explique FrançoisVessière, PDG et co-fondateur del’entreprise. De nombreux brevetsont été déposés. « Notre force estd’avoir su réaliser un montageperformant à partir des meilleu-res machines pour chaque étape

PUBLI COMMUNIQUÉ

Vertaris:Mise en page 1 8/06/10 14:39 Page 1

entretien�

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

Son parcours1970 Institutrice,secrétaire natio-nale du Sgen-CFDTMeuse.1988 Secrétaireadjointe de la CFDT1992-2002Secrétaire généralede la CFDT.2002 Elle fondeVigeo.2005-2010Elle internatio-nalise la sociétéen lançant VigeoBelgium puis VigeoItalie, et nouedes partenariatsà Singapour pourcouvrir l’Asie.

Nicole Notat, présidente de Vigeo

Les entreprises quis’engagent ne le font paspar philanthropieLa patronne de Vigeo, la principale agence de notation de l’engagement social et environnemental desentreprises, fait le bilan de la démarche à la veille de dix ans d’obligation pour les grandes entreprises.

Les entreprises cotées en Bourse doivent, depuis 2001,présenter un bilan social et environnemental dans leurrapport annuel. Y a-t-il eu de vraies avancées?La loi sur les Nouvelles régulations économiques (NRE)a créé un vrai progrès chez les entreprises. Elles ont dûrendre compte de leurs pratiques environnementales,sociales et sociétales. Le champ de la Responsabilitésociale et environnementale (RSE) est très large. Il toucheà tout ce qui relève de l’attention que porte l’entrepriseaux intérêts de ses parties prenantes: actionnaires,salariés, fournisseurs, sous-traitants, collectivités,environnement…. En obligeant les entreprises àcommuniquer, la loi les a amenées à définir leurs objectifsde RSE et à poser des systèmes de reporting quin’existaient pas. Et, alors que cette loi n’existe pasdans tous les pays européens, il y a eu un effet d’imitationpar les autres multinationales.Et les petites entreprises? Le Grenelle II semble avoir misde côté l’obligation de communication des entreprisesde plus de 500salariés.La loi Grenelle II prévoit d’élargir tout de mêmele périmètre des entreprises éligibles à l’obligationde publier des informations RSE. Ce qui est en suspens,c’est le seuil à partir duquel – en nombre de salariésou en chiffre d’affaires – elles vont devoir le faire.Certaines PME, alors que rien ne les y contraint, sontpionnières dans la manière de se saisir de ces conceptset d’en tirer des opportunités en termes d’image etd’attractivité de leurs produits. Une autre questionencore en discussion porte sur le développement d’un labelRSE pour les PME.Quelles sont les motivations des entreprises?Celles qui revendiquent des engagements de RSEne le font pas par philanthropie. Elles y voient des atoutssupplémentaires en termes de réputation, d’attractivité deleurs produits ou de leurs services, une source d’innovationet de différenciation compétitive. Les moins convaincues

observent qu’à se désintéresser de ces sujets, elles risquentd’attenter à leur image.Comment se positionnent les entreprises françaisespar rapport aux autres pays européens?Les Pays-Bas restent le pays où les entreprises fournissentle plus d’informations en matière de RSE. La Franceest deuxième dans le système de reporting.Mais c’est aussi parce qu’il y a une contrainte législative.Quels sont les domaines dans lesquels les entreprisessont le plus avancées en matière de RSE?C’est sur la gouvernance que les informations donnéespar les entreprises sont les plus complètes. Il existedepuis longtemps des standards auxquels les entreprisesdoivent se plier. Et la gouvernance est regardéeà la loupe par les acteurs financiers. Elle donne lieuà de nombreuses évaluations. C’est sur les questionssociales qu’il y a moins d’informations. Les donnéessur les restructurations ne courent pas les ruestout comme celles sur la promotion du dialogue social.Il n’y a aujourd’hui pas de normes pour la RSE,n’est-ce pas la raison d’un certain flou et d’une difficultépour les entreprises?Tout d’abord, je voudrais rappeler que ce concept aà peine dix ans, c’est peu. Il mérite encore d’être vulgarisé.Les entreprises doivent lui donner sa consistance.La normalisation se construit la plus souvent à partird’un capital d’expérimentations. Les dirigeants doiventse saisir de la logique de la RSE et faire vivre un contenuqui soit propre à leurs activités, leurs enjeux stratégiques,leurs métiers, leurs territoires d’implantation. Une normeISO 26000 devrait d’ailleurs voir le jour et fournir deslignes directrices sur la RSE.Mais l’engagement sans la norme suffit-il ? Il était affichépar BP et cela n’a pas évité la catastrophe du golfe duMexique.Un accident de cette nature n’a effectivement riend’anodin. Mais il faudra voir si la catastrophe ressort de

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l’accident que l’entreprise ne pouvait pas anticiper.Ou s’il y a eu une mauvaise maîtrise des risqueset des négligences en matière de sécurité. Dans dessituations comme celle-ci, chez Vigeo, nous déclenchonsune alerte et revoyons nos scores en conséquence.Les entreprises opèrent sur des zones géographiquesde plus en plus diversifiées, comment savoir sileurs engagements RSE sont au même niveau quel quesoit le pays?Premier élément pour évaluer la mobilisationde l’ensemble de l’organisation: existe-t-il un systèmede reporting qui invite les opérationnels des zonesd’activités à rendre compte de leurs engagementset de leurs résultats? S’il n’existe pas, cela veut direqu’il a des trous dans la maille. Deuxième élément:les critères d’évaluation et de rémunération des managersintègrent-t-ils des objectifs de RSE? C’est un mouvementqui s’amorce dans certaines entreprises, Danone, Vivendi,le Crédit agricole l’ont mis en place. D’autres yréfléchissent. Enfin, les dirigeants abordent-ilsces sujets au sein du conseil d’administration? L’existenced’un comité éthique ou de développement durableest un signe de maturité. Il y a une prise de conscienceque la RSE doit s’exercer partout. Lors du sommet

Afrique-France du 1er juin, le Medef a proposé une charted’engagement en dix points pour les multinationalesopérant sur ce continent avec évaluation des progrèsdans deux ans.L’affaire des suicides chez Foxconn en Chine ne montre-t-elle pas que la sous-traitance peut être une voie pours’affranchir de ses responsabilités?Non. Regardez l’impact médiatique sur les donneursd’ordres comme Apple ou Sony. La prise en comptepar les sous-traitants des principes, dont se recommandentleurs donneurs d’ordres, est de plus en plus un enjeude RSE.Quelles sont les structures qui s’intéressent à vos servicesde notation et de conseil ou d’audit?L’ensemble des banques et des assurances s’intéressent àla notation. Depuis peu, le Private Equity a aussi faitson entrée dans l’investissement socialement responsable.Ces acteurs s’intéressent aux actifs immatérielset au capital humain. Enfin, au-delà de la notation,des entreprises du secteur public, privé ou mutualistesollicitent de l’audit ou du conseil pour engager desdémarches de progrès continu. .

ProPoS recueilliS Par anne-SoPhie Bellaiche,camille chandèS et Pierre-olivier rouaud

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Le projet de loi Grenelle II n’ira sans doute pas aussi loin que prévu en matière de Responsabilité socialeet environnementale (RSE). Mais l’approche gagne du terrain parmi les entreprises, y compris les PME.

demain, des entrepriseshyper-responsables !

Réa

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Respect.Il sera toujours obligatoireaux entreprises defaciliter la circulation desespèces sauvages lorsde la construction delignes à grande vitesseet d’autoroutes pourprotéger la biodiversité.

Partie remise ? Le projet deloi initial Grenelle II votépar le Sénat prévoyait l’ex­tension des obligationsd’information sur des cri­

tères environnementaux, sociaux etde gouvernance à toutes les entrepri­ses de plus de 500 salariés. Aujour–d’hui, cette obligation ne s’appliquequ’aux 650 sociétés cotées. Finale­ment, ce sera un décret ultérieur quidéterminera le périmètre d’applica­tion, en fonction du chiffre d’affaireset de l’effectif des sociétés. Ce décretprécisera aussi la nature des informa­tions à fournir, que ce soit un tronccommun d’indicateurs sociaux etenvironnementaux pour toutes lesentreprises ou bien des indicateurssectoriels. C’est enfin lui qui tran­chera sur leur éventuelle certificationpar un organisme tiers indépendant.Seules restent l’obligation pour lesentreprises de plus de 500 salariésd’effectuer un bilan CO2 et celle defaciliter la circulation des espècessauvages, lors de la constructiond’autoroutes ou de lignes à grandevitesse pour protéger la biodiversité.

trop souvent des supportsde communicationSi la plupart des entreprises deman­dent de choisir elles­mêmes leursindicateurs, les bilans RSE (Res­ponsabilité sociale et environnemen­tale) actuels élaborés sur ce principeressemblent souvent encore à dessupports de communication plus qu’àdes outils d’évaluation de la stratégiedéveloppement durable des entrepri­ses. BP, qui édite des rapports RSEvolumineux, aurait ainsi, avant lenaufrage de sa plate­forme dans legolfe du Mexique, réduit son budgetsécurité...Certaines entreprises n’ont toutefoispas attendu des obligations régle­mentaires pour s’engager dans unedémarche RSE. C’est notamment le

cas de STMicroelectronics qui l’a ini­tiée dès 1994 et assure avoir écono­misé un milliard de dollars d’eau,d’énergie et de produits chimiquesces huit dernières années. Quant àIBM, qui applique depuis 1971 unsystème strict de management envi­ronnemental, il a économisé 4,9mil­liards de Kwh d’électricité et réduitses émissions de CO2 de 48% depuis1990. De quoi se classer cinquièmeen termes de politique environnemen­tale parmi les 500plus grandes entre­prises mondiales, d’après le «News­week Green Rankings» 2009.

seules deux entreprisesfrançaises distinguéesAutres bons élèves : Patagonia, en têtedu classement des groupes les pluséthiques du monde publié par l’ins­titut Ethisphere en 2010 ; Hewlett­Packard, premier groupe de techno­logies de l’information à avoir comp­tabilisé et réduit les émissions de gazà effet de serre liées à sa chaîne logis­tique ; ou encore General Electric,Caterpillar, Google, Ikea et BectonDickinson. Mais seulement deuxentreprises françaises, L’Oréal etSodexo, figurent au classement. Deleur côté, des entreprises de tailleintermédiaire non cotées se sont aussiimpliquées, comme la société iséroiseA.Raymond. Ce groupe de fixationautomobile a, par exemple, signé leGlobal Compact des Nations uniesl’engageant à respecter dix principesportant sur les droits de l’homme, lesnormes du travail, l’environnementet la lutte contre la corruption.De fait, la plupart des dirigeants d’en­treprise désirent aujourd’hui appli­quer les principes de RSE, en dépitdu ralentissement économique, afind’améliorer leur image et de doperleur croissance, selon une étudemenée en 2009 par l’Institute forBusiness Value d’IBM. .

muRiel Beaudoing

la RSe,qu’est-ceque c’est?> La RSE estun concept plusqu’une norme.Cela signifie qu’iln’existe pas dedéfinition précise.Le sigle RSE peutainsi être déclinéen «responsabilitésociale des entre-prises» mais aussi« responsabilitésociétale desentreprises» ou«responsabilitésociale et environ-nementale».> Selon la Com-mission euro-péenne, la RSE est«un concept quidésigne l’intégra-tion volontairepar les entreprisesde préoccupationssociales et environ-nementales à leursactivités commer-ciales et leursrelations avec leursparties prenantes».

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10 management10

C’est peut-être parce que nousavons frôlé la disparition quenous savons à quel point lanotion de durable est essen-

tielle», sourit Vincent Gruau, le PDGde Majencia. Après avoir été placé enredressement judiciaire fin 2003, cespécialiste de la fabrication de mobilierde bureau est aujourd’hui sorti durouge. Avec 730collaborateurs pour94millions d’euros de chiffre d’affaires,il affichait en 2009 un résultat opéra-tionnel de 1,4million d’euros.Dans le trio de tête du marché françaisde l’aménagement d’espaces de travail,avec Steelcase (120millions d’euros de

chiffre d’affaires en France) et Haworth(50millions d’euros), il a mis ces der-nières années à profit pour devenir unexemple en matière de responsabilitésociale. Sa priorité: s’imposer commeun acteur économique local solide,capable de générer des emplois et dedéployer une politique industriellecompatible avec les impératifs environ-nementaux. Une stratégie que legroupe a accélérée depuis qu’il a prisson indépendance. En septembre 2008,il a, en effet, quitté le giron du néerlan-dais Samas BV, dans le cadre d’unrachat de l’entreprise par son manage-ment et s’est rebaptisée Majencia.

Pour Vincent Gruau, le développementdurable ne doit pas seulement être«vert». «Il repose aussi sur deux autrespiliers: le social et l’économie. Nousportons nos efforts sur chacun d’eux»,explique-t-il. Son cheval de bataille :dynamiser le bassin d’emploi en ren-forçant son implantation industrielle.En 2006 déjà, la société avait rapatriéen France une partie de sa production.L’idée: fabriquer à nouveau sur Noyon(Oise) les caissons d’entrée de gammejusque-là importés de Chine.Une remise à plat totale du processindustriel est lancée. Au programme,amélioration de la qualité, accom-

Spécialiste del’aménage-ment desespacesde travail> SiègeSaint-Cloud(Hauts-de-Seine)> Effectif730salariés> ActionnairesEncadrement> ImplantationTrois sites deproduction à Guise(Aisne), Noyon(Oise) et Bressuire(Deux-Sèvres)> Chiffred’affaires94 millions d’eurosen 2009, en baissede 10% surun marché en reculde 16%

Mutation

Majencia, PME durableLe fabricant de meubles a voulu participer au développement d’une économie locale en relocalisantune partie de sa production. Il veille aussi à l’impact de ses activités industrielles sur l’environnement.

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Reprise en main. Descaissons à prix low cost, jusque-là importés de Chine, sortent par dizaines de milliers de l’usine picarde.

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

pagnement des four­nisseur­s etautomatisation accr­ue du site. Unan plus tar­d, la mission estaccomplie: des caissons à pr­ixlow cost sor­tent par­ dizaines demillier­s de l’usine picar­de. «Nousessayons aussi de tr­availler­ avecdes pr­estatair­es et des four­nis-seur­s fr­ançais», pr­écise le PDG.L’entr­epr­ise a d’ailleur­s fondéavec l’opticien Atol et le spécia-liste du vitr­age automobileCar­glass, le Comité des entr­epr­e-neur­s pour­ un développementr­esponsable de l’économie(Cèdr­e). « Nous avons des histoi-r­es compar­ables et essayons detémoigner­ sur­ les bénéfices de lar­elocalisation», explique VincentGr­uau.

LEs saLariésont été rEquaLifiésCette année, les effor­ts ont por­tésur­ la r­econver­sion de son site deBr­essuir­e (Deux-Sèvr­es), dontl’activité d’assemblage de siègesdevait êtr­e stoppée. La tr­ansitionindustr­ielle s’est faite sans cassesociale, gr­âce à une politique der­equalification des salar­iés. Uneannée a été nécessair­e pour­adapter­ les employés à l’activitéd’agencement. «L’ar­r­êt de l’atelier­a été annoncé en début de l’annéeder­nièr­e. Les for­mations se sontensuite étalées d’avr­il à décembr­e2009. Aujour­d’hui, vingt salar­iéssur­ les vingt-quatr­e du site sontdes spécialistes de l’agencement»,s’enor­gueillit le dir­igeant. Pour­ ypar­venir­, la société a augmentéson budget de for­mation pr­ofes-sionnelle. Il est passé de 3,34%

de la masse salar­iale en 2008 à4,5% en 2009 (l’obligation légalese situe à 1,5%).Ce choix du «made in Fr­ance» abien sûr­ per­mis d’amélior­er­ laper­for­mance envir­onnementalede l’entr­epr­ise. L’ar­r­êt des appr­o-visionnements de caissons chi-nois a per­mis en 2006 d’éviter­l’émission de 700tonnes de CO²par­ an. Auxquels s’ajoutent50tonnes, gagnées gr­âce au tr­ans-fer­t de l’activité d’assemblagede sièges de Br­essuir­e à Noyon.Le développement du fer­r­outageengagé en 2007 a, lui, fait écono-miser­ 700 tonnes de CO² sur­un an. Bien que modestes,compar­és aux millions de tonneséconomisées par­ les gr­andesentr­epr­ises, ces scor­es témoi-gnent d’une per­sévér­ance sur­ lelong ter­me.

dEs pLans dE progrèssur tous LEs procEssL’entr­epr­ise a, par­ ailleur­s, engagéd’autr­es actions en matièr­e deconception et de pr­oduction :utilisation de bois cer­tifié, pein-tur­e sans solvant, emballager­ecyclable à 100%, chaudièr­e br­u-lant les déchets sur­ le site deBr­essuir­e... Autant de démar­chesmatér­ialisées par­ la nor­me NFenvir­onnement validée par­ l’Ins-titut technique, FCBA. Majenciase lançant, par­ ailleur­s, dansun pr­ocessus de cer­tificationISO 14000. La PME a égalementadhér­é en 2008 au pacte mondialdes Nations unies (GlobalCompact), qui l’oblige à afficher­chaque année une liste d’enga-gements chiffr­és pr­ouvant sar­esponsabilité sociale.En matièr­e de per­for­manceindustr­ielle enfin, la société a misen place des plans de pr­ogr­ès sur­tous ses pr­ocess. La r­ègle? Pr­i-vilégier­ la solution qui appor­te ungain de pr­oductivité si, et seu-lement si, elle n’entr­aîne pas demoins-value envir­onnementale.«Si c’est le cas, nous pr­éfér­ons yr­enoncer­ et tr­ouver­ une autr­e voiede pr­ogr­ès », explique VincentGr­uau. Un cr­edo encor­e r­ar­e. .

Marion Deye

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DeS CHoiX réSoLUS> prendre ledéveloppement durabledans toute son acception:sociale, économiqueet environnementale.

> etre prosélytesur les vertus de la responsabilitésociale auprès de sesfournisseurs et de ses clients.

> voir le développementdurable comme unoutil pouvant améliorer laperformance de l’entreprise.

management12

ConCertation

Comment Fos a implanté uneusine de traitement de déchetsLe syndicat d’agglomération Ouest Provence a fait appel au BRGM pour mesurer l’état des pollutions etleur évolution. Il a analysé de multiples indicateurs sur les 350km2 du territoire. Ses conclusionsont contribué à apaiser les tensions locales liées à la construction du site.

Jamais une étude environne­mentale aussi poussée n’a étéréalisée sur un territoire decette ampleur», assure François

Blanchard, le responsable de l’unitésites et sols pollués, au service environ­nement et procédés du Bureau derecherches géologiques et minières(BRGM). Tout commence en 2007. LeSyndicat d’agglomération nouvelle(SAN) Ouest Provence fait appel auBRGM, afin de disposer d’un «point0» sur ses six communes: Fos­sur­Mer et Port­Saint­Louis­du­Rhône,où est située la zone industrielle etportuaire, ainsi qu’Istres, Miramas,Grans et Cornillon­Confoux. Soit350km² situés dans les Bouches­du­Rhône. Une première en Europe.Objectif : mesurer l’état des pollutionspour évaluer leur niveau et surtoutleur évolution.Car les élus et la population de ceterritoire, de près de 100000habitants,sont inquiets. La communauté urbaineMarseille Provence métropole, le Portde Marseille­Fos et l’Etat ont validél’implantation d’une usine de traite­ment de déchets à Fos. Evere, la filialede l’espagnol Urbaser, traitera lesdéchets de l’agglomération marseillaisepar incinération (300000tonnes) et parméthanisation (110000onnes). Malgréles prescriptions strictes prévues pourlimiter les rejets, les riverains considè­rent qu’Evere ajoutera des nuisancesdans un paysage déjà très industrialisé,où sont situés une acierie d’Arcelor­Mittal et une grande part de la chimieet de la pétrochimie régionales.

La commande d’Ouest Provence confiéeau BRGM débouche sur le programmeAigrette (Approche intégrée de lagestion des risques environnementauxà l’échelle d’un territoire). Le but estd’analyser les sols, l’air, l’eau, labiodiversité... Avec doigté. « Nousavons associé le plus grand nombred’acteurs pour disposer d’un outilincontestable dans la transparenceet la concertation », souligne RenéRaimondi, le maire de Fos­sur­Mer etvice­président d’Ouest Provence. Lesindustriels acceptent alors d’entrerdans le comité de pilotage, via leGroupement industriel et maritimede Fos (GMIF). Ils y côtoient lescollectivités locales, l’Agence de l’eau,des bureaux d’études, etc.Le Port de Marseille­Fos, souventcritiqué par les élus pour son manquede concertation y participe aussi.«Nous avons transmis nos données

sans peur de révélations inattendues»,explique Magali Devèze, la responsableaménagement et développementdurable du Port. Au fil des mois, leBRGM pour les sols et l’eau, AriaTechnologies pour l’air et Eco Medpour les milieux naturels, engrangentles chiffres existants, disséminés dansles administrations et les organismesde surveillance, et les prélèvementsde terrain, parfois guidés par lesassociations de riverains.

Deux ans et DemiD’analysesDurant deux ans et demi, des cen­taines d’analyses sont effectuées, ycompris sur des molécules que laréglementation n’oblige pas de mesurer.Quelque 195composés chimiques ontété explorés dans l’eau et les sols. Toussont intégrés dans une base unique, unsystème d’information géographique

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“S’adapter à un contexte local à forte sensibilitéenvironnementale”

Quel intérêt le programmeaigrette a-t-il eu?Son approche scientifique et globaliséesur des sujets polémiques ! Les résultatsdémontrent que la situation n’est pas

aussi inquiétante qu’on aurait pu le croire.C’est plutôt rassurant, puisque les salariés y vivent!Les industriels peuvent-ils s’en servir?Aigrette et l’Institut écocitoyen complètent lesactions des commissions locales d’information pour

tendre à la transparence avec les élus,les associations ou les riverains. Pour des étudesfutures, les industriels doivent se montrerplus actifs, par exemple en accueillantles chercheurs dans les usines. Il faut savoirs’adapter à un contexte local à forte sensibilitéenvironnementale. Mieux vaut prendre le tempsde débattre, même si les procédures n’ycontraignent pas. Cela participe à la formationdes citoyens et à l’acceptabilité de nos activités. .

Patrick GrimaldiChef du service hygiène-sécurité-environnement d’Arkema à Fos3 questions à

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(SIG), avec un souci d’exhaustivité etcohérence. Un comité d’acteurs estinformé de l’avancée du projet.En octobre 2009, les résultats tom­bent. Les points noirs ne se trouventpas forcément là où ils étaient atten­dus, c’est­à­dire sur la zone de Fos. Ala grande satisfaction des industriels.«Aigrette n’a rien révélé que nous nesavions déjà, souligne Gérard Ferréol,le représentant du GMIF. Les valeursmesurées contribuent même à validernos modèles de nos études de disper­sion. Certaines pollutions des sols sontdues à des unités disparues depuislongtemps. D’autres, dans les nappesphréatiques, à l’utilisation passée parl’agriculture de produits aux effets per­sistants, comme le lindane. Quant à laqualité de l’air, les données confirmentles mesures fournies par Airfobep (1).Il devient difficile d’accuser l’Etat dedissimuler des données.»Les dioxines ne sont dénichées quedans les sédiments du golfe de Fos.Les sols de surface ne subissent pasde contamination, à l’exception d’an­ciennes friches industrielles, telles quel’usine Rassuen à Istres, la presqu’îledu Mazet à Port­Saint­Louis et le site

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

d’Areva à Miramas. Dans l’air, la zonede Fos est touchée par la présence depoussières. Les études des eaux desurface et souterraines fournissentdes résultats contrastés, avec des lieuxépargnés et d’autres pollués, pourdes causes multiples. Enfin, la bio­diversité est plutôt préservée et riche,mais fragile.

accroître les échangesentre les interlocuteursEt maintenant ? Le SAN OuestProvence a, depuis, défini et engagéun plan d’action pour les sols lesplus pollués et adopté un plan deréduction des émissions de gaz à effetde serre. Il a créé, en janvier, l’Institutécocitoyen pour la connaissance despollutions (ICPE) pour réunir unegrande diversité d’interlocuteurs,sous la présidence d’un chercheuren chimie de l’environnement. « Ilsurveillera l’incinérateur, mais devrase comporter comme un outil d’aide àla décision des élus», précise BernardGranié, le président du SAN et ancienmaire de Fos­sur­Mer. Responsable desrelations extérieures de LyondellBasellà Fos, Laura Pigeard y voit une oppor­

tunité d’accroître les échanges entreles parties. Quant à Jacques Carle, leprésident du collectif citoyen santéenvironnement de Port­Saint­Louis,il souhaite que l’ICPE prolongeAigrette vers de nouveaux champsd’investigation: «L’Institut n’est pasune machine de guerre contre qui quece soit. Il doit, à terme, se pencher surl’impact des pollutions sur les êtresvivants.»Pour compléter le SIG, Magali Devèzesuggère un suivi plus poussé du milieumarin et une intégration du Rhônedans le périmètre. Une extension quirelève d’un choix politique, vu soncoût: un «diagnostic non critiquable»de la faune et de la flore avoisine2500euros l’hectare. «La méthodologied’Aigrette peut servir à d’autres zonesen France, mais un tel projet coûte cherà une collectivité », admet FrançoisBlanchard. Subventionnée, Aigrette acoûté 800000euros. Son «point 1» estfixé pour 2011. .

De notre corresponDant,Jean-christophe Barla

(1) Airfobep, qui réunit les industriels, l’Etat,les communes, les syndicats et les associations de

riverains, surveille la qualité de l’air autour de l’étangde Berre et de l’Ouest des Bouches-du-Rhône.

«Nous n’accepterons plus aucuneimplantation d’industrie lourdepolluante à Fos. Notre territoire subittrop souvent des dépassements de seuilssur la qualité de l’air», affirme RenéRaimondi, le maire de la commune. Al’heure où le Port projette de nouveauxinvestissements (terminal méthanierFaster de Shell et Vopak, modernisationde celui de GdF Suez…), Aigretteralentira-t-il certains dossiers? Ce«check up» environnemental peuten tout cas éclairer les réflexions. LeSystème d’information géographique(SIG) permet en quelques clics devisualiser l’état d’un secteur. Un outil àla disposition des porteurs de projets, del’Etat, des communes ou des riverains…Ouest Provence n’exclut pas d’en faireun moyen de pression, si les élus et lapopulation n’étaient pas écoutés. .

Un vif débat local

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Le fabricant d’accessoires Hamareverse un euro à la Ligue pourla protection des oiseaux (LPO)à chaque clé USB vendue.

Lafuma écoconçoit avec WWF dessacs scolaires aux couleurs du panda.L’Oréal finance chaque année lescongés solidarité d’une vingtaine deses salariés avec Planète Urgence.Les partenariats entre entreprises etONG peuvent prendre des formesdiverses. «Le Grenelle, notamment, apermis à ces deux mondes d’apprendreà travailler ensemble », note BenoitFaraco. Ce membre de la FondationNicolas Hulot dénonçait il y a quelquesannées une méfiance réciproque. Peuà peu, univers associatif et monde del’entreprise cherchent à se connaître.A la Fondation Nicolas Hulot, parexemple, un collège PME a été créé.« On crée des ponts », commenteBenoit Faraco. « Avant, les personnelsdes ONG étaient surtout des scien­tifiques ou des humanitaires. Désor­mais, on y trouve des communicants,des juristes, des financiers... », appuieThierry Dutertre de la LPO.Pour s’entendre, il faut comprendre lesmotivations de chacun. Les associa­tions ont besoin d’argent. Mais ellessavent qu’au­delà les entreprises peu­vent avoir un effet démultiplicateur de

leurs actions. « Dans les pays endéveloppement, les entreprises génè­rent parfois des nuisances mais c’estaussi d’elles que peuvent venir certai­nes solutions », indique un expert.

1IDENTIFIER SES BESOINSET pRIvIlégIER lE cONcRETL’apport des ONG aux entreprises

ne se limite plus à la caution verte. Lesmembres d’associations ont d’excellen­tes connaissances techniques et l’habi­tude de monter des projets environne­mentaux. La règle d’or, avant de se lan­cer, est d’identifier vos besoins etenvies. Il faut envisager ces partena­riats comme de réels projets d’entre­prises, avec une méthode rigoureuse.S’agit­il d’associer son image à celled’une ONG reconnue? De lancer desactions concrètes locales? De mieux sefaire accepter sur un territoire? De cettedéfinition dépendra le choix de l’ONGqu’on choisira de préférence parmi cel­les reconnues d’utilité publique. Il estaussi primordial d’impliquer le person­nel. S’allier à une association est mêmeun moyen «de rendre les salariés fiersde travailler dans leur entreprise »,constate Emmanuel Vasseneix, le PDGde la Laiterie Saint­Denis­de­l’hôtel,dans le Loiret. Ce membre du Centredes jeunes dirigeants a décidé de s’as­

socier à Agrisud et de mobiliser lessalariés autour d’un projet choisi pareux. Les membres de l’association sontvenus dans l’entreprise pour présenterleurs programmes d’appui au dévelop­pement d’activités maraîchères oud’élevage dans des pays défavorisés. Endécembre 2004, presque tous les sala­riés ont été volontaires pour travaillergratuitement deux heures et d’en rever­ser l’équivalent à un projet cambod­gien. Un don de 20000euros renouveléplusieurs fois. Deux ans plus tard, qua­tre salariés tirés au sort ont rendu visiteaux vingt­huit familles cambodgiennesformées par l’association.«Il est important de se lancer dans desopérations concrètes, de pouvoir sedire j’ai sauvé tant d’oiseaux… »,conseille Véronique Dham, qui a crééGondwana Biodiversity Development,une société de conseil. Une fois le choixde partenariat précisé, cela devientplus facile de cibler l’association àdémarcher... encore que. «Il en existedes milliers», constate Jêrome Auriac,spécialiste dans les relations entrepri­ses­ONG. Le choix est parfois aisé.Rechercher une association avec desaspirations proches de la raison d’êtrede l’entreprise crée des partenariatsefficaces. Lafuma a changé de parte­naire pour s’allier à WWF, une ONGd’envergure internationale. Mais aussiparce que cet industriel se retrouvebien dans ses actions.

2AppRENDREà TRAvAIllER ENSEMBlELes partenariats sont le plus sou­

vent le fruit de rencontres. EmmanuelVasseneix se souvient avec émotion desa rencontre avec le fondateur d’Agri­sud, aujourd’hui décédé. « Cela achangé ma vie. Nous avons discuté des

Le mécenaten forme> 250fondationsd’entreprise ontété recensées en2009, contre 120en 2006> 2,5 milliardsd’euros ontété consacrésau mécénat parles entreprisesfrançaises en 2008.Les sociétés de plusde 200 personnesont contribué pour1,6milliard d’euros,un montant enhausse de 60% parrapport à 2006.> 20 % descontributionsviennentd’entreprises quiemploient moins de100 salariés.

SOURCE : ADMICAL-CSA (2008)

EngagEmEnt

Bâtir un projet avec une ONGLes entreprises, qui s’investissent dans le développement durable, s’allientde plus en plus avec les associations. Pour que ces partenariats soient réussis, ils doiventêtre préparés comme tout autre projet de l’entreprise. Recettes.

“Demain, les entreprises ne pourront pluscommuniquer sur le développement durable sansactions. Les ONG, avec leur bonne connaissancedu terrain, se posent comme arbitres. En face,

les entrepreneurs doivent s’organiser, et avoir une réelleréflexion sur leurs interactions avec la société civile.”Jérôme auriac,créateur de Be-linked, spécialisée dans les relations entreprises-OnG

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L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

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heures dans ma voiture. » Coup decœur ou pas, il faut prendre le tempsd’apprendre à travailler ensemble. Ilest crucial de désigner dans l’entre­prise un responsable du partenariat,qui sera l’intermédiaire permanent. Etd’insister pour avoir un interlocuteurunique aussi dans l’ONG. Car les cau­ses d’incompréhension ne manquentpas. Les ONG n’ont pas la culture dureporting. Leur rythme est très diffé­rent de celui de l’entreprise.« Nous voulons bien aller vite, noteJulien Grouillet, le responsable despartenariats RSE de l’association desolidarité internationale Care, mais ilfaut le temps de comprendre commentl’autre fonctionne.» Le délai estimé

pour passer des premiers contacts àun partenariat est d’un an. Le cimen­tier Cemex travaille depuis cinq ansavec la LPO. Il a pris le temps de ren­contrer les experts locaux de l’associa­tion, de leur faire visiter leurs42 carrières. Il finance des suivis etaménage ses carrières et falaisesde façon à faciliter la migration desgrues cendrées ou la reproduction desfaucons pèlerins.

3BéNéFIcIER DE l’EXpERTISEDES ASSOcIATIFSLes formes de partenariat choisies

peuvent varier. Le premier geste est sou­vent de verser de l’argent. Le don peutêtre indirect, comme les 76entreprises

qui ont financé l’an dernier les projetsPlanète Urgence de leurs salariés.Ceux­ci partent en congés solidaires detrois semaines, choisissent un projetscientifique ou humanitaire et finan­cent l’opération, voire le déplacement(2 000 euros au minimum). Rappelimportant: sur ce type d’opérations, ladéduction fiscale s’élève à 60%.Une autre méthode de soutien est deprélever une partie des ventes. L’opéra­tion «Sauvons la planète» du fabricantd’accessoires multimédias Hama arapporté 26000euros, versés à la Liguepour la protection des oiseaux. Cesdons permettent les premières appro­ches, ensuite tout est possible. Dansles deux sens. Car les associatifs peu­vent titiller les industriels. « Avec leWWF, on ne ronronne pas », souritJulie Blondet, en charge du partenariatpour Lafuma. Suite à ses contacts avecle WWF, l’entreprise a même aban­donné une filière d’approvisionnementen textile bio jugée peu fiable.Cemex aussi a bénéficié de l’expertisedes membres de la LPO. Ses carrièresdoivent s’intégrer dans la politiqueNatura 2000. « Ils ont fait l’audit del’impact, ont mis en avant les bonnespratiques à mettre en place... », détailleVéronique Esvan, chargée de missionenvironnement pour le groupe. Souventces prestations techniques sont factu­rées. Les associations ne sont pas desconsultants bénévoles.

4BIEN cAlcUlERSON BUDgETLes partenariats avec les asso­

ciations peuvent coûter cher. Pour sonalliance avec WWF, Lafuma débourseenviron 150000euros par an, les pres­tations en plus. Les grandes entreprisesy consacrent parfois beaucoup d’ar­gent, notamment via des fondations.Le budget annuel d’EdF Diversiterres’élève à 7millions d’euros pour desmissions nature, santé ou culture. Maisles petits portefeuilles ne doivent pasabandonner l’idée : « Nous passonsaussi du temps avec les entreprises quiont peu de budget », rappelle ThierryDutertre. Il faut ajouter à cela une enve­loppe pour la communication des pro­jets aux clients et aux parties prenantes.Car, même sincère, le travail avec uneONG reste pour beaucoup une questiond’image. . agathe Remoué

Trier et revendre les ferrailles,plastiques, tissus de la déchargesauvage de Rabat à Oum Azzaà 20kilomètres de la capitalemarocaine faisait vivre 120familles.Quand Pizzorno, voilà deux ans, adécroché l’appel d’offres pour uncentre d’enfouissement d’orduresménagères dernier cri, ses équipesn’ont pas souhaité s’en tenir àla technique. «Nous réalisionsdepuis plusieurs années la miseen place de déchets sur ce site.Nous connaissions ces gens. Nousne voulions pas les chasser»,

explique-t-on chez Pizzorno.L’entreprise propose alors d’ajouterun centre de tri à la décharge et d’yintégrer ces exclus. Mais commentles amener à s’organiser en systèmecoopératif ou à leur faire accepterde nouvelles méthodes de travail?«Nous avons voulu nous associer àune ONG, qui aurait la méthode etla connaissance du terrain.» Ce seraCare, déjà installée dans la région.Le projet, cofinancé par l’ONG,coûtera 280000euros à Pizzorno.Pour l’instant tout se déroulecomme prévu. .

Au Maroc, Pizzorno soutientles exclus avec CareSolidarité.120 famillesvivaient desmatériaux(plastiques,tissus, ferrailles,verres…) récupéréssur la décharge.Constituées encoopérative,Pizzorno a décidéde les intégrer àson activité plutôtque de les chasser.

P.O.

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Lancer un véhicule hybride pluscher qu’une voiture classique.Voilà le défi relevé par Toyota,avec sa Prius, grâce à un mar-

keting et une communication 100%axée sur l’environnement. Si lecontexte pour les produits «verts» estporteur, l’exercice ne peut s’improvi-ser, un vent d’éthique ayant soufflé surla publicité. L’Union des annonceursa lancé, fin 2007, une charte d’enga-gements pour une communicationresponsable, notamment sur les argu-ments écologiques. Depuis le Grenellede l’environnement, une stratégie demarchandisage vert mal pensée peutse retourner contre l’entreprise.Symbole de ce changement, le Bureaude vérification de la publicité –l’asso-ciation des professionnels du secteurpour une publicité responsable– estdevenu, en 2008, l’Autorité de régula-tion professionnelle de la publicité(ARPP). Un jury de déontologie publi-citaire peut être ainsi saisi par toutcitoyen pour faire stopper une publicitéaux arguments écologiques jugés abu-sifs. Ce contexte impose de ne rienlaisser au hasard.«Avant de communiquer, il faut s’as-surer que son produit est vert», poseAgnès Rambaud-Paquin, coauteur de« La communication responsable »(Editions d’Organisation, 2009) etdirectrice associée du cabinet Des

enjeux et des hommes, qui accompa-gne les entreprises dans leurs démar-ches de développement durable. «Celapasse par la mise en place d’outils demesure des différents impacts écolo-giques comme les bilans carbone oul’analyse du cycle de vie. » D’où lanécessité de former les équipes R&D,production et marketing à l’éco-conception. « Il faut consulter enamont les parties prenantes : ONG,associations ou Ademe », conseilleElisabeth Laville, du cabinet Utopies.

justifier qu’un produitest vertDans le projet de loi Grenelle II, le gou-vernement avait prévu d’imposer unétiquetage environnemental dès jan-vier 2011. A quelques jours du votefinal, cette disposition ne semble pasdevoir être finalement retenue, maisdes expérimentation sont prévues parla loi qui doit être votée ces prochainessemaines. Quoi qu’il en soit, à terme,il est probable cette dispositiondevienne obligatoire. «Avant d’affir-mer qu’un produit est vert, il faudra lejustifier car la réalité chiffrée sera affi-chée sur l’étiquette», rappelle Hugues

Carlier, consultant du cabinet Desenjeux et des hommes. Précurseur,Casino indique déjà sur 3000produits,la quantité de CO2 émise ou le nombrede kilomètres parcourus. Certainsmagasins Leclerc font, eux, figurer lesémissions de CO2 sur les tickets decaisse.D’une façon générale, «il faut veiller às’assurer de la véracité, de la clarté, dela loyauté des messages, comme l’in-diquent les recommandations sur ledéveloppement durable de l’ARPP»,conseille Agnès Rambaud-Paquin. Lesentreprises qui se livrent au «green–washing» courent des risques en ter-mes d’image mais aussi de brouillagedu message.A cela peut s’ajouter le risque finan-cier, lorsqu’une campagne de pub deplusieurs millions d’euros est retoquéepar l’ARPP. Areva en a fait les frais,avec son message sur « L’énergie ausens propre», incompatible avec lesdéchets radioactifs. Sans oublierMonsanto, qui a perdu son procèscontre les ONG pour publicité men-songère sur son herbicide Roundup.«Les entreprises doivent faire preuved’humilité et communiquer sur leurs

marketing

Communiquersur les produitsécolosPour séduire les consommateurs,il convient de plus en plus d’afficherses vertus environnementales. Mais gareà ne pas survendre son image écologique,et à respecter un minimum de règles.

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

Les erreursà ne pascommettre> Payer des blo-gueurs influentspour vanter sesproduits. Les nomsdes entreprises uti-lisant ces méthodesfinissent par êtrediffusés.> Faire travaillerseules des équi-pes R&D et mar-keting non forméesau développementdurable.> Communiquersur un seulaspect écologiquedu produit.> Présenter leproduit commevert,� propre etdurable, au lieud’insister sur l’effortfait et les progrèsà réaliser.> Se limiter aulancement d’unproduit vert sansinitier de démarcheglobale de dévelop-pement durable.

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Mathias Ringeard,le responsablede la marque,compte vendre,cette annéeen France, prèsde 4,5millionsde B2P. Le styloest fabriqué surle site d’allonzier-la-Caille (haute-savoie), qui em-ploie 185salariés.

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démarches de progrès », conseilleHugues Carlier. D’où l’intérêt de choi-sir une agence de pub compétente. Lacommunication par la preuve devientla règle. Le consommateur ne croitplus aux allégations. Idéalement, desparties prenantes peuvent être asso-ciées à la conception du message. LaCaisse d’épargne a ainsi joint les Amisde la Terre et l’Ademe à son projetd’étiquetage social et environnementaldes produits financiers. «Ces derniersont ensuite émis un communiqué depresse demandant aux autres banquesd’adopter ce système. La meilleurecommunication que l’on puisseavoir !», juge Elisabeth Laville.

Être CoHÉrentAveC Le MessAGe portÉBien sûr, les labels, signes de qualitéou normes (type NF environnement)sont un atout fort en termes de com-munication. Leur obtention demandeune démarche longue et construite. Al’inverse, les logos «maison» du typeEco2 de Renault, sont souvent dénon-cés par les ONG.«Le fait de communiquer sur un pro-duit vert conduit les consommateurs

«L’intérêt du Bottle to Pen (B2P) est son aspect écologique etpédagogique. Il nous permet de montrer aux consommateursque s’ils recyclent les bouteilles en plastique, nous enfaisons de même des stylos», explique Mathias Ringeard,le responsable de la marque Pilot. Ce stylo est fabriquéavec 89% de plastique recyclé, provenant aux deux tiersde bouteilles d’eau. Sa communication est fondée sur unmessage simple. «Avec Pilot, c’est un plaisir de mieuxrespecter l’environnement.» Si la gamme Begreen, à basede plastique recyclé a été bien accueillie par les entreprisessoucieuses de leur bilan environnemental, la réponse desconsommateurs était plus contrastée. D’où l’effort consentipar Pilot sur le B2P: une mise en avant chez Carrefour avecune tête de gondole nationale, une campagne télé et desachats médias sur Skyrock.com, la grande plate-formede blog à destination des adolescents. «L’organisationd’un concours sur des scénarios de publicité nous a valu250000visites et nous a permis de connaître leurs goûts etleur niveau de connaissance.» Sans oublier des films vus1,3million de fois sur Dailymotion. «Nous avons mêmesensibilisé nos clients fournituristes à notre démarche.»Un gros investissement en marketing lié à l’absence de labeleuropéen. «La gamme Begreen représente 10% des ventes.A terme, nous souhaitons que tous nos produits s’inscriventdans cette direction.»

Pilot privilégieun message simple

et clients à s’interroger fortement surla réalité de l’engagement de l’entre-prise, souligne Hugues Carlier. Il estnécessaire d’inscrire cette action dansune démarche globale de développe-ment durable.» Schneider Electric l’abien compris, comme le montre sadémarche d’écoconception et d’effi-cience énergétique, avec une gammequi s’étend d’année en année. Philips,lui, vise 30 % d’offres vertes d’ici à2012. «Le groupe communique beau-coup à ce sujet et sa R&D est orientéedans ce sens», note Elisabeth Laville.Toyota a utilisé la Prius comme loco-motive, de sorte qu’un classement,publié en 2008 en Angleterre, distin-guait quatre de ses voitures parmi lesdix plus écologiques du marché bri-tannique.Enfin, il faut aussi que l’ensemble dela chaîne de communication soiten cohérence avec le message porté.Cela implique l’emballage, le mailing,l’événement, le choix d’un médiaou même d’un circuit de distributionplus responsables. Des outils permet-tent d’ailleurs de mesurer l’empreinteécologique d’une campagne médiatique. . mURIeL BeaUDOIng

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

Préparez-vous àl’étiquetageenvironnementalMême si les étiquettes vertes ne sontpas obligatoires, certains distributeurs etfabricants les ont déjà adoptées.

Les étiquettes vertes devront sans douteattendre. Le vote final du Grenelle II estattendu fin juin, mais il est probable quel’étiquetage environnemental des produits

de consommation (bilan CO2, impact sur la biodi-versité...) ne soit plus obligatoire comme c’étaitenvisagé et ne fasse l’objet que d’une simple expé-rimentation. Il n’empêche, certains distributeursl’ont déjà mis en place et cette mesure devrait àterme s’imposer. Casino affiche ainsi depuis juin2008 les émissions de CO2 d’une centaine de pro-duits propres. Orange a lancé début avril une opé-ration sur ses portables. Pour évaluer leurconsommation d’énergie, leur recyclabilité, l’em-ploi de substances dangereuses ou l’épuisementdes ressources, l’opérateur a envoyé un question-naire fin 2008 à 35fournisseurs. La Fnac a, elle,établi une liste de 400questions sur les perfor-mances de ses fabricants. Avant la fin 2010, l’en-seigne devrait avoir achevé son marquage destéléviseurs. Afin de pouvoir référencer quelque

1500produits, Nature etDécouvertes a envoyé récem-ment un questionnaire test àune dizaine de fournisseurs.De leur côté, l’Ademeet l’Afnor ont lancé douzegroupes de travail sectorielsen janvier sur les critères àretenir et sur la procédured’affichage. Alimentation,électronique, hygiène,beauté... De nombreuxdomaines sont représentéset les fédérations sont asso-ciées. Les distributeurs utili-seront des bases de donnéesexistantes (Ecoinvent,

ELCD...) mais les groupes de travail planchent surdes approches multicritères. Bref, quelle que soitl’échéance, vous ne couperez pas à l’analyse desflux de votre entreprise : eau, énergie, déchets outransport. Autant s’y préparer maintenant. .

agatHe RemOUÉ

Indicateurs.Cinq nouveauxcritères aideront lesclients d’orange àchoisir des terminauxplus écologiques.

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processus18

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

Une directive européenne fixe un cadre pour l’écoconception des produits consommant à l’énergie.En l’absence de réglementation plus large, cette approche relève du volontariat pour les autres produits.

l’écoconception,une démarche militante

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L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

pionnier. Le groupe Lafuma a missur le marché son premier produitécoconçu en 1993. Aujourd’hui, tousses produits textiles et équipements,font au moins l’objet d’une analysedu cylce de vie (AVC). Il y a un an,une collection «Pure Leaf»,uniquement composée de produitsécoconçu, a même été lancée.

il ne faut pas se voiler la face. Pourl’essentiel, l’écoconception restede l’ordre de la démarche mili-tante. Cette conception « respon-sable» des produits relève le plus

souvent d’une volonté de la direction,d’une stratégie forte de développe-ment durable mais rarement d’unedemande de clients... à conditionqu’elle ne se traduise par des sur-coûts. Ce qui est le cas la plupart dutemps, car elle permet par son prin-cipe d’économiser les matières pre-mières. «Le surcoût éventuel provientsurtout de la matière grise à mettreen œuvre quand on débute ce typed’approche », juge Samuel Mayer, ledirecteur du pôle écoconception etmanagement du cycle de vie à la CCIde Saint-Etienne (Loire).De fait, l’écoconception ne se limitepas à concevoir des produits faciles àrecycler, mais touche tout le cycleindustriel et l’usage. « Cela consisteà maximiser tous les paramètres(matière première, fabrication, moded’utilisation ou déchets produits) et,d’autre part, à mieux gérer les res-sources en minimisant les impacts(énergie, effluents, déchets, emprein-tes au sol…)», note Paul-Joël Derian,le vice-président R&D de Rhodia.

il n’existe pas deméthodologie éprouvée«Nous sommes passés d’un droit del’environnement, centré sur les nui-sance des activités industrielles à undroit qui se préoccupe des produitssur tout leur cycle de vie, y comprisleur utilisation », observe DavidDesforges, avocat-associé chez GideLoyrette Nouel. En clair, pas questiond’avoir des usines impeccables si ony fabrique des produit désastreuxpour l’environnement.Mais à part la norme ISO 14040 défi-

nissant l’analyse du cycle de vie d’unproduit, les entreprises ne disposentguère de méthodologie éprouvéed’écoconception. En revanche, l’Eu-rope fixe un cadre pour certains pro-duits. La directive 2009/125/CE du21octobre 2009 (succédant à un textede 2005) l’établit pour les produitsconsommant de l’énergie. Cette direc-tive, dite EUP (Energy Using Pro-ducts), impose une démarche globale.Tous les produits consommateursd’énergie (appareils ménagers, mo–teurs électriques, ampoules…), saufceux liés aux transports ayant leurpropre réglementation, sont concer-nés. Pour les autres, les fabricantssont laissés à eux-mêmes, d’autantqu’en France, l’étiquetage «vert» ini-tialement prévu dans le Grenelle II,n’a pas été retenu.

d’âpres discussionsà bruxellesEn matière de responsabilité, la direc-tive EUP est claire. Fabricant, distri-buteur ou importateur, le responsableest celui qui met le produit sur lemarché européen, y compris si c’estvia un site web hors d’Europe. Latransposition de la directive EUP estprévue pour novembre 2010. Elle estsi précise que cela ne devrait pasposer de souci.D’autres directives connexes en voiede révision, celles concernant lesdéchets d’équipements électriques etélectroniques (DEEE) ou l’interdic-tion de substances dangereuses(RoHs) posent, elles, problème. Ons’interroge par exemple sur l’exten-sion de la RoHS au photovoltaïque.Ou sur le taux de collecte des DEEE?Ces âpres discussions à Bruxellesmontrent qu’en matière d’environne-ment, rien ne va vraiment de soi. .

Aurélie BArBAux

la preuveparl’exemple> Sur30 entreprisesayant entaméune démarched’écoconception…• 56% étaientmotivées par ladirection• 30% par lemarché• 18% par laréglementation• 13% par leséconomiesréalisées> Et…• 87% ontenregistré uneaugmentation deleurs ventes, dont• 53% à margeségales• 37% à margesupérieure• 10% à margeinférieure

Source : Pôle ecoconcePtion,Saint-etienne – étude réaliSée

en 2010

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20 processus20

obtenir la norme ISO 14001,gage d’une entreprise «verte»,est l’un des meilleurs moyensde se faire connaître et d’amé-

liorer ses performances environne-mentales, et en tenant compte de sesmoyens économiques. Selon les orga-nismes certificateurs (Afnor, BureauVeritas, SGS…), l’ensemble du proces-sus prend entre six mois et deux ans.Tout dépend de la taille de l’entrepriseet du degré d’avancement de sa politi-que de qualité et d’environnement.Et pourtant, la France est à la traîne(lire le graphique ci-contre). « Cettenorme n’est pas promue. En Italie ouen Espagne, les pouvoirs publics inci-tent les entreprises à franchir le pasavec des aides financières», expliqueAlain Jounot, le responsable dudéveloppement chez Afnor Certifi-cation. Pour un site, ce sésame coûtetout de même environ 12 000 euros,voire 50000euros s’il est fait appel àun cabinet d’audit. Pour BrunoLabarre, le directeur général de BureauVeritas Certification (BVC), « cettenorme n’est jamais vue en termes degain ». Pourtant, le retour sur inves-tissement est estimé, selon l’Afnor, àdouze mois dans la majorité des cas.Armelle Cariou, la responsable d’auditet référent qualité, sécurité et environ-nement chez SGS ICS, se veut opti-miste: «La dynamique du Grenelle del’environnement pourrait modifierpositivement la situation.» Surtout, lesavantages d’une telle certification nesont pas négligeables. «En cas de miseen concurrence, elle permet de sedistinguer », prévient Jean-Michel

Lemius, le directeur des projets Europedu Sud chez Prologis. Ce spécialistedes plates-formes logistiques a obtenula certification pour la gestion de pro-jets, depuis l’acquisition du foncierjusqu’à la livraison du bâtiment, sur leterritoire européen. Chez IPM France,un fabricant de pièces pour moteursthermiques, la certification de sonusine du Doubs «ouvre les portes chezles industriels. Certains n’acceptentque des entreprises certifiées», expli-

que Anne Francony, sa responsablequalité, sécurité et environnement.Mais avant d’obtenir le fameux sésame,plusieurs étapes importantes doiventêtre passées avec succès.

1Mobiliser toutle personnelLa norme ISO 14001 (version

2004) est le seul référentiel reconnupour le Système de managementenvironnemental

réa

CertifiCation

Améliorer ses performancesgrâce à la norme ISO 14001En France, la certification ISO 14001 sur le management environnemental est encore délaisséepar les entreprises. Sa mise en place demande rigueur et implication, mais elle permet de mobiliserles salariés autour d’une démarche valorisante.

Sésame. La norme ISO est un avantage par rapport aux concurrents. Prologis a obtenu la certi­fication pour la gestion de projets, de l’achat du foncier jusqu’à la livraison du bâtiment(ici la plus importante plate­forme logistique française équipée de panneaux photovoltaïques).

La France,un élèvemédiocreNombred’entreprisescertifiéesISO 14001 par pays

Source : ISo Survey 2010,chIffreS décembre 2008

Chine

Japon

Espagne

Italie

royaume­Uni

Corée

allemagne

Etats­Unis

Suède

roumanie

France

16 443

12 922

9 455

7 133

5 709

4 974

4 478

3 884

3 482

35 573

39 195

105%

Suite page 22 3

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22 processus22

(SME), basé sur leprincipe de l’amélioration continue.Ce système permet d’identifier, devérifier et de maîtriser les aspectsenvironnementaux dans l’entrepriseet de s’inscrire dans la durée. Des dis-positifs existent pour faciliter l’accèsà la norme en étalant sa mise en placesur plusieurs années. L’opérations’appuie sur un document normatifAfnor (Pr FDX30-205) et concerne lesPME, généralement très peu certi-fiées. Toutefois, la plupart des entre-prises qui se lancent suivent uncursus plus court.Dans tous les cas et avant les premiè-res analyses, la réussite d’une telledémarche passe par la mobilisationdes salariés. Leur sensibilisation àl’environnement est primordialepour pouvoir les mettre à contribu-tion. Car « si le projet ne fédère pasle personnel, cela ne fonctionne pas»,prévient Véronique Roger-Bréard,la responsable du pôle environne-ment chez BVC. La direction doit êtreen première ligne : son rôle est des’assurer que le SME s’inscrit dansla stratégie de l’entreprise et d’al-louer l’ensemble des ressourcesnécessaires à la mise en place du pro-jet. Il est alors temps de constituerune équipe qui assurera la définitionet la mise en œuvre du SME dansl’entreprise. Son responsable peutêtre le directeur environnementou qualité, accompagné d’un chef

de projet et d’autres personnelsreprésentatifs de secteurs du siteou de la société. Des formationsdoivent être assurées par desorganismes spécialisés (AfnorCompétences, Cegos…).

2Définirle périMètreAvant d’analyser la situation de

son site ou de son entreprise, ilconvient de définir le domaine d’ap-plication de la normalisation, quipeut se décomposer selon le périmè-tre géographique (sites et entitésconcernés) et le champ d’action (acti-vités, produits et services). Ensuite,regarder de près les exigences de lanorme et les réglementations existan-tes sur l’environnement, afin demener les études adaptées.Elément essentiel du processus,l’analyse environnementale, qui peutprendre de deux à quatre mois,permet de repérer les pratiques habi-tuelles (gestion des déchets, consom-mation énergie…) et de déceler lesimpacts environnementaux desactivités de l’entreprise. Cette opéra-tion se réalise par secteur avec desgroupes de travail ou éventuellementavec l’aide de cabinets extérieurs.Chez Veolia Eau, elle consiste parexemple à mener des analyses dessols ou des études des conséquencesde l’épandage sur la qualité de l’eau.Ces impacts peuvent être plus ou

moins importants selon la nature del’entreprise. L’ensemble des consé-quences de l’activité doit être analysé.A l’extérieur de l’entreprise, en col-lectant des informations sur les popu-lations environnantes, sur le climatlocal, sur la nature des sols… Et à l’in-térieur, en recensant les pratiquespolluantes et les situations potentiel-lement dangereuses, par exemple pardes analyses physico-chimiques.Les résultats de ces analyses permet-tent de définir les axes de progrès,qui aboutissent à l’instauration duSME. Celui-ci comprend des consi-gnes et des procédures, mais aussiune veille réglementaire (interne ouexterne) pour s’assurer d’être alertéquand de nouvelles réglementa-tions sont appliquées. Sans oublierla mise en place de la documentationqui décrit le SME, avec les tâchesà mener (et par qui), les formulairesà remplir, etc.

3réaliser DesauDits réguliersA chaque étape, il est possible

de pratiquer des audits (avec des per-sonnes extérieures ou des membresdu personnel) pour s’assurer que toutest conforme aux objectifs et éven-tuellement mettre en place des mesu-res correctives. L’entreprise peutaussi se rassurer en pratiquant unaudit à blanc pour préparer l’examenfinal pour l’obtention de la normali-sation. En fin de parcours, le jour J,un organisme certificateur indépen-dant mène l’audit de certification. Leséchecs sont rares. Il existe tout demême des cas de non-conformitémajeure qui obligent les candidats àmener une action corrective dans undélai de trois mois avant de tenter ànouveau leur chance.Une fois que l’entreprise a obtenu lacertification, elle doit se soumettre àun audit de contrôle tous les ans.Véronique Roger-Bréard précise que«le premier peut être demandé aprèssix mois afin de maintenir la motiva-tion du personnel ». Outre les amé-liorations de l’environnement et de laqualité, la norme ISO 14001 engendresouvent davantage de productivité,grâce à une meilleure intégration dupersonnel dans la stratégie de l’en-treprise. . oLivier cognasse

Dans l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes), Veolia Eaua commencé la certification en 1997. Aujourd’hui, «seuls 30 sitessur 550 possèdent la norme ISO 14001, mais ils représentent15% de la population que nous desservons», raconte Pierre Vernot,le responsable qualité, sécurité et environnement (QSE).Ce printemps, c’est la moitié d’un département (la Vendée) qui vaêtre certifiée. «Nous envisageons de généraliser cette démarcheà l’ensemble du réseau. D’ici à trois ou cinq ans, 80% des sitesdevraient être certifiés», pronostique Pierre Vernot.Le processus concerne les usines, les réseaux d’eau potable etd’assainissement. La mise en place d’une telle démarche demandeun à deux ans de travail et coûte 30000 à 40000 euros par site.«Le coût économique est modeste par rapport au levier demobilisation que cela implique. Le personnel est fier et il a doncdavantage envie d’avancer.» Et dans ce processus, Veolia Eau associeles riverains ou clients, goûteurs pour l’occasion et garants de laréussite de la démarche. .

“Un à deux ans de travail”

Pierre Vernot,le responsableQSE de VeoliaEau : «80%de nos sitesdevraient êtrecertifiés d’icià cinq ans.»

3Suite de la page 20

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écologie industrielle

A Dunkerque, les entreprisesmontrent l’exempleA Dunkerque, les industriels, en partenariat avec les collectivités locales, n’ont pas attendu le Grenellepour échanger leurs ressources énergétiques et leurs déchets.

Avec ses treize sites industrielsclassés Seveso, sa centralenucléaire et ses hauts four-neaux sidérurgiques, le dun-

kerquois est l’un des territoires les plusindustrialisés et les plus pollués deFrance. Et, paradoxalement, il est aussil’un des territoires les plus en pointeen matière d’écologie industrielle.Dès la fin des années 1960, il se dotaitd’un réseau d’eau industriel indépen-dant du réseau d’eau potable destinéaux habitants. En 1985, Dunkerque etSaint-Pol-sur-Mer construisaient unréseau de chauffage urbain utilisant lachaleur générée par l’usine sidérurgi-que d’ArcelorMittal. «Vingt-cinq ansplus tard, ce réseau exploité fait encoreréférence», précise Yannick Vissouze,le directeur du Développement écono-mique de Dunkerque Grand littoralcommunauté urbaine. En novembre2009, ce réseau de chaleur a été priméà Copenhague par l’Agence internatio-nale de l’énergie pour sa pertinence enmatière de développement durable.Depuis 2005, DK6, une centrale à cyclecombiné de 790megawatts unique enFrance par sa puissance, valorise lesgaz sidérurgiques de l’usine d’Arcelor-Mittal. Née de la rencontre d’intérêtsconvergents entre GdF et le sidérur-giste, elle transforme en électricité sesgaz de cokerie et de hauts fourneauxen association avec du gaz naturel. Lesgaz fatals sont recyclés au lieu d’êtrebrûlés dans l’atmosphère. L’électricitéproduite couvre les besoins du site. Lesurplus est revendu sur le marché del’électricité.Des synergies existaient égalementavec la raffinerie de Total. Air liquidefournissait au pétrolier de l’oxygène et

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Valorisation. DK6, une centrale à cycle combiné, transforme en électricité les gaz decokerie et des hauts fourneaux de l’usine sidérurgique dunkerquoise d’ArcelorMittal.

un fortpotentiel> Un pôleénergétiqueeuropéenplus de 6000entreprises(57000salariés),dont 460 industries(25900salariés)

Principauxétablissementsindustriels

• ArcelorMittalDunkerque(3400salariés)• centrale Nucléairede Gravelines(1600salariés)• ArcelorMittalMardyck(845salariés)• TIM sA(830salariés)• Ascometal(720salariés)• AluminiumDunkerque(605salariés)

> Troisièmeport maritimefrançais45 millions detonnes de trafic en2009> EcopalSur 266adhérents,103 participentà au moins unecollecte mutualiséede leurs déchets.

Suite page 26 3

de l’azote. Polimeri Europa lui livraitde l’hydrogène et des coupes riches enessence. En retour, Total lui adressaitdes coupes riches en méthane. La raf-finerie intégrait à son diesel le diesterproduit par Lesieur. La fermeture pro-grammée de la raffinerie des Flandresmet un terme à ses échanges.

une véritable dynamiqueMême si toutes ne perdurent pas, cespremières synergies ont enclenché surle dunkerquois une véritable dynami-que d’écologie industrielle qui se dif-fuse aujourd’hui auprès des PME, grâceà l’association Ecopal (Economique etécologie partenaire dans l’action locale),née en 2001 sous l’impulsion d’Arcelor,d’Ascométal et de GdF. Réservée audépart aux seules entreprises de la zoneindustrielle de Grande-Synthe, Ecopalintervient désormais sur tout le dun-

kerquois et même jusqu’à Calais. Elleemploie huit permanents et fédère plusde 200entreprises locales, qui coopè-rent pour optimiser l’usage des res-sources en faisant de leurs déchets desmatières premières pour leurs voisins.La communauté urbaine de Dunkerqueet la CCI l’accompagne depuis unedizaine d’année dans son action depromotion de l’écologie industrielle.«Jusqu’à présent, les synergies indus-trielles naissaient de manière opportu-niste. Nous avons initié des collectesmutualisées de déchets, aidé à l’amé-nagement d’espaces verts, trouvé dessolutions respectueuses de l’environ-nement pour l’éclairage public et réa-lisé des diagnostics sur le traitementde l’eau. Avec l’inventaire des flux dematières que nous venons de réaliserauprès de 150entreprises, l’écosystèmeindustriel va pouvoir se

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structurer à plusgrande échelle », explique AntoineBousseau, le président d’Ecopal etdirecteur régional de la Lyonnaise desEaux. Plus de 5000flux ont été recen-sés dans une base de données uniqueen France, voire en Europe. Ont étéanalysés les approvisionnements et lessorties d’eau, d’énergie et de toutessortes de matières comme le papier, le

carton, le bois, les plastiques, lesmétaux, les vêtements, les équipe-ments électriques… Financé par l’ANR,la Dreal, les collectivités locales etEcopal, cet inventaire aura duré deuxans. «Nous avons identifié une tren-taine de synergies possibles entre unecinquantaine d’entreprises. Nous lestesterons d’ici à fin 2011. Notre objectifest de massifier et standardiser les

L’université du Littoral Côte d’Opale (Ulco) vacréer à l’automne 2010 une fondation enécologie industrielle et développer desformations supérieures en «environnementindustrielle et énergie». C’est une premièreétape à l’élaboration d’une compétenceacadémique régionale dans cette sciencepluridisciplinaire. Côté recherche, Ecopalparticipe au projet collectif, Conception d’outilsméthodologiques et d’évaluation pour l’écologie

industrielle (Cometh), lancé par l’ANR dans lecadre du Programme de recherches écotechnologies et développement durable (Precodd).Le CNRS et cinq écoles et universités du Nord-Pas-de-Calais travaillent à la constitutiond’un Institut de recherche en environnementindustriel (Ireni), qui devrait voir le jour en2013. Il aura pour mission d’effectuer desrecherches coopératives sur la qualité de l’air surla zone industrielle et portuaire de Dunkerque. .

L’université et la recherche en appui

3Suite de la page 24

solutions trouvées», indique AgnèsDelamare, chef du projet inventaire desflux à Ecopal.Des chutes de rouleaux de textiles nontissés pourraient servir de solution decalage. Des résidus de vernis alimen-taires pourraient intéresser des chau-dronniers. Une dizaine d’entreprisesde l’agroalimentaire et des restaurantsd’entreprise voudraient organiser unecollecte commune de leurs déchets fer-mentescibles qui partiraient dansl’unité de biométhanisation de Calaisplutôt que d’être mis en décharge. Desdéchets gras pourraient être transfor-més en combustible. Les idées ne man-quent pas. Le conseil régional du Nord– Pas-de-Calais veut faire du dunker-quois un pôle d’excellence du dévelop-pement industriel durable et en confierle pilotage à Ecopal. Le pôle devrait êtreentre de bonnes mains au vu desactions déjà menées. .

De notre corresponDante,Geneviève Hermann

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processus28

Photovoltaïque

Le solaire se lève en FranceDu silicium à la fabrication des panneaux, les acteurs français du solaire cherchent à maîtriserl’ensemble de la chaîne. Le Syndicat des énergies renouvelables a recensé, dans un guide,150 fabricants et sous-traitants dans l’Hexagone. Naissance d’une filière.

En février un ambitieux projetdans la filière solaire françaiseétait annoncé. Son nom :« PV20 », comme « photovol-

taïque» et «20%» de rendement descellules. Le projet est piloté par MPO,le fabricant de disques optiques, quiveut installer sur son site mayennaisune ligne de fabrication d’une capa-cité de 100MWc. Ses partenaires sontle fabricant de modules Tenesol,l’équipementier Semco, mais aussi lecentre de recherche Ines et, en amont,le fabricant de lingots de siliciumEmix. « Ce projet est emblématiquede la dynamique française », com-mente Waël Elamine, le chef dudépartement solaire du Syndicat desénergies renouvelables (SER). «Mêmeles installateurs remontent versl’amont et cherchent à produire leurscellules», constate-t-il.Des projets qu’ils lancent seuls,comme Solairedirect Technologies,

ou en partenariat, tel FonrocheEnergie. Solairedirect Technologiesva implanter deux usines de pan-neaux début 2011, l’une en Poitou-Charentes et l’autre en Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour une capacitétotale de 36MWc. Fonroche Energie,allié à l’espagnol Pevafersa, a, lui,inauguré un site d’assemblage depanneaux en décembre. Implanté àRoquefort, près d’Agen (Lot-et-Garonne), il vise une capacité de50MWc d’ici à l’an prochain. Au totalles capacités de production françaisesde panneaux solaires ont doublé en2009 et devraient atteindre 331MWccette année.

Des relais De croissancepour les inDustrielsL’effort suit la demande. En 2009, lespanneaux installés en France ontreprésenté une puissance de 250MWc(contre 105 MWc en 2008). La Francepassant ainsi de la douzième à la sep-tième place mondiale, derrière l’Italie,mais devant la Chine, selon une étudepubliée en février par Pricewater-houseCoopers. Pour mieux cernercette industrie naissante, le SER en a

recensé les différents acteurs. Centcinquante fabricants et sous-traitantsont été recensés. Les acteurs spécia-lisé comme Photowatt ou Tenesol, yfigurent en bonne place, mais le guideillustre aussi l’importance que cesmarchés ont pris comme relais decroissance pour certains industriels.Air liquide apporte les gaz nécessai-res à la production des panneauxphotovoltaïques. Même constat pourles acteurs de l’électronique, telSchneider Electric, fournisseur desolutions de contrôle électrique clésen main.Les tarifs incitant à l’intégration despanneaux au bâti ont suscité uneoffre spécifique et attiré des spécia-listes de la couverture, comme ImerysTC. Pour autant, pour tous cesacteurs, l’année promet d’être rude.Les tarifs de rachat garantis ontbaissé. L’incertitude demeure encoresur la mise en œuvre des projetsdéposés fin 2009, une explosion liéeà la perspective du changement detarif. Face aussi à des difficultés definancement, cette jeune filière pour-rait connaitre une recompositionaccélérée. . AgAthe remoué

A lire> Annuairedes fabricantset fournisseursde l’industriephotovoltaïque.Edité par le Syndicatdes énergiesrenouvelables.Disponiblegratuitementen lignewww.enr.fr/docs/2010181205_annuaireindustrie­pV2010.pdf

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Les deux arrêtés du 16mars 2010 fixant les tarifs de rachat del’électricité ont été publiés au Journal officiel le 23mars. Très complexes,ils varient de 31,4 à 58centimes/kWh et ils visent à maintenir un tarifpréférentiel de rachat, tout en effaçant l’effet d’aubaine. Fin 2009,un véritable bulle spéculative s’était emparé du marché, de nombreuxopérateurs et particuliers ayant déposé des offres pour bénéficier destarifs très attractifs en vigueur avant leur révision. Au total, 2800MWcavaient été demandés, soit plus de dix fois le marché de 2009.Les arrêtés sont consultables sur Legifrance. .

Des tarifs révisés

La société photowatt est le premier acteur du secteur de laproduction de panneaux solaires. Ici, la mise en maille de cellulesphotovoltaïques sur le site de Bourgoin-Jallieu (Isère).

D.R.

processus30

enjeu

Les télécoms s’activentpour consommer moinsLes infrastructures de réseaux de télécommunications doivent gagner en efficacité.Opérateurs et équipementiers se sont emparés du sujet, et inventent des solutions.

L’industrie des télécoms n’estresponsable que de 0,7% desémissions mondiales de CO2,mais son appétit croissant en

électricité ne peut plus être ignoré. En2007, China Telecom a consomméplus de 20milliards de kilowattheures,soit 1,5milliard de dollars! Les opéra-teurs s’intéressent donc de plus enplus à la performance énergétique deleurs réseaux. «Les cahiers des char-ges sont plus stricts au niveau envi-ronnemental », confirme-t-on chezl’équipementier suédois Ericsson.Ainsi, Orange, qui s’est fixé pourobjectif de réduire ses consommationsd’électricité de 15 % d’ici à 2020, aintroduit dans ses appels d’offres, en2009, un critère de performance éner-gétique. « Nous demandons à nosfournisseurs stratégiques de fournir laconsommation de leurs équipementsen pleine charge ou en demi-charge»,

explique Pierre Pelloux, le responsabledu département développement de laperformance des fournisseurs. Fin2007, China Mobile appelait ses four-nisseurs à réduire la quantité de matiè-res premières utilisées dans les équi-pements, à diminuer le poids despièces ou à baisser les coûts d’alimen-tation. Une quinzaine d’équipemen-tiers (Alcatel, Huawei, Ericsson, NokiaSiemens Networks...) ont signé cescontrats.Les équipementiers sont donc sur tousles fronts: réduction de la consomma-tion des stations de base, limitationdes systèmes d’air conditionné,recours aux énergies renouvelables...Nokia Siemens Networks s’est ainsiengagé en 2008 à améliorer de 40%l’efficacité énergétique des stations deses réseaux mobiles GSM et CDMA.Les équipementiers y voient aussi denouveaux marchés, notamment celui

du renouvellement des infrastructu-res. Les entrants, à l’image de Huawei,n’hésitent pas à avancer la carte vertecomme argument. Le chinois proposeun panel de solutions d’économiesd’énergie (circuits spécialisés, ventila-tion, etc.) pour séduire des opérateurseuropéens comme Vodafone, DeutscheTelekom ou Telecom Italia.

un marché potentielénormeLes industriels espèrent aussi conqué-rir des marchés de téléphonie mobiledans des zones non raccordées à élec-tricité dans les pays en voie de déve-loppement. Des centaines de millionsd’abonnés potentiels y sommeillent.Les équipementiers se lancent doncdans des stations de base fonctionnantaux énergies renouvelables. Selon laFédération mondiale des télécoms(GSMA), plus de 75000équipementsnon raccordés seront construits tousles ans d’ici à 2012.Le leader mondial Ericsson a conçuune antenne relais de téléphoniemobile d’un nouveau genre, baptiséeTower Tube. Encore au stade de pro-totype, elle utilise l’énergie éolienneet la ventilation naturelle. Alcatel a,quant à lui, ouvert en juin 2009 unlaboratoire pilote d’énergies alterna-tives à Villarceaux (Essonne). Il espèreainsi accéder à un marché estimé àplus de 100 000 sites d’ici à 2012.Nokia Siemens Networks compte, lui,déjà plus de 400 sites, notamment enAsie et en Afrique, fonctionnant auxénergies renouvelables. Reste un pro-blème de taille : l’absence de référen-tiels internationalement reconnus. .

cAMILLe cHANDÈs

Des réseauxmobilesgournandsen co2> Le Centred’études et de re-cherches économi-ques sur l’énergie(Ceren) évalue à3 térawattheu-res la consomma-tion électriquedes équipementstélécoms en France,dont 70% pour lesréseaux mobiles.La consomma-tion totalede la France s’élèveà environ 490 té-rawattheures.> L’arrivéeprochaine dela télévisionsur mobile etles extensionsde puissancenécessairesdevrait accroîtrefortementla consommationdes télécoms.

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Un milliard de téléphones mobilessont produits tous les ans dans lemonde. Problème: les taux derécupération des appareils usagéssont encore très faibles. En France,alors que 25millions de terminauxsont vendus chaque année,seulement 800000 sont récupérés(4%), selon Ecosystèmes, l’undes organismes en charge de lacollecte des déchets électriques et

électroniques dangereux (D3E). La raison? Un attachement très fort avec letéléphone qui empêche les gens de s’en séparer même quand il ne sert plus.En outre, l’utilisation des terminaux est loin d’être optimisée. Ils sont conçuspour durer cinq à sept ans, mais servent souvent moins de dix-huit mois. .

peu de téléphones portables recyclés

Seuls 4% des 25millions de terminauxvendus chaque année sont collectés.

D.R.

processus32

Pierre Gadonneix, président du Conseil mondial de l’énergie

Gérer les retombéesd’une demande accrue d’énergieDu 12 au 16septembre à Montréal, se tiendra le Congrès mondial de l’énergie,organisé par le World Energy Council (WEC). Il a la volonté de s’inscrire dans Copenhague.Pierre Gadonneix, ancien président de GdF et d’EdF et président du WEC, envisagecet événement comme un outil de consensus international.

Dans quel cadre va s’inscrirele congrès du Conseil mondialde l’énergie (CME)?Il est organisé à un momentpertinent. Beaucoup de sujetsd’actualité sur l’énergie préoccupentles opinions et les gouvernements dumonde comme la hausse du prix del’énergie, sa disponibilité, la relancedu nucléaire. Il s’inscrit à un momentcrucial du calendrier des négociationsinternationales sur le climat, entredeux moments clés du processus dedialogue entre les pays pour favoriserun développement durable etraisonné. En effet, il se tiendra entrela conférence de Copenhague, quiétait la 15e Conférence des parties, dite«COP», et la 16e Conférence qui setiendra au Mexique, à Cancun, endécembre 2010. Un accord a été établià Copenhague, notifié par l’ensembledes pays, mais toutes ses modalitésconcrètes restent à préciser (que ce

soient sur les transferts detechnologie, les financements, lepilotage des engagements nationauxde réduction des émissions de CO2

etc.). L’enjeu est de trouver lesmoyens concrets pour faire en sorteque la consommation accrued’énergie n’introduise pas desconséquences inacceptables surl’environnement. On doit développerdes outils capables de répondre auxenjeux des politiques énergétiquestout en favorisant le développementdurable. De plus, le congrès deMontréal suivra aussi les sommets duG8 et du G20 qui l’auront précédé enjuin, au Canada.Le sommet de Copenhague n’a-t-ilpas prouvé qu’un consensus pour uneproduction durable était impossible?Absolument pas! C’est vrai quel’Europe est arrivée avec des solutionsqu’elle estimait pertinentes et que lespays émergents ont jugé qu’elles neleur convenaient pas. Mais, en mêmetemps, à Copenhague, et c’estremarquable, les pays en développe­ment et les pays émergents (les Bricsnotamment –Brésil, Russie, Inde,Chine) ont déclaré pour la premièrefois depuis Kyoto que les problèmessoulevés étaient légitimes. Ils ontaussi confirmé qu’ils étaientconcernés et devaient participer à lasolution. Ils ont affirmé leurparticipation active au processus,mais ont suggéré que de nouveauxmodes de gouvernance et desalternatives aux solutions mises enavant par l’Europe et l’United NationsFramework Convention on Climate

Change (UNFCCC ) devaient être misen place. Ces pays souhaitentparticiper à la protection collective del’environnement, mais pas au prix deleur croissance en plein essor etinévitablement énergivore.Quels types de préoccupationssont mises en avant?J’en vois trois. D’abord, il y a laquestion de la sécurité d’approvision­nement. D’ici à 2030, la demanded’énergie mondiale aura doublé. Etnous ne pourrons pas compterindéfiniment sur les énergies fossilespour assurer le développementéconomique. Deuxièmement, il y ades problèmes en matièred’environnement. L’utilisation nonoptimisée d’énergie, et pas seulementd’origine fossile, donne lieu à despollutions. Il faut donc en limiter lesconséquences aux niveaux local etglobal, comme le réchauffementclimatique. Enfin, il faut que ledéveloppement durable ne menacepas le développement économique etsocial d’un pays et n’entrave pasl’amélioration du niveau de vie. LeCME développe un processus pourque tous les pays puissent réfléchirensemble à réduire les divergences deleurs politiques. Ce n’est pas facile,mais tout le monde a maintenantconscience que les problèmes nepeuvent pas se résoudre seul. Parexemple, une taxe carbone mise enplace isolément dans un pays neservira à rien. En revanche, intégrée àune politique globale, elle devient uneréponse possible et pertinente. .

propos recueillis par ludovic dupin

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D.R.

pierre Gadonneixestime quele WEC, qu’ilpréside depuis2007, est unlieu de réflexionsur l’énergie auniveau mondial,où tous les payspeuvent réfléchirensemble à leursdivergences.

formation34

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A la demande des entreprises et des élèves, les écoles d’ingénieurs intègrent de plus en plus l’environnement da

Les étudiants veuLent pLus d

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Coup d’accélérateur.MBA, mastères,Commission permanentesur le développementdurable… les initiativesse multiplient au sein desécoles d’ingénieurs pourrépondre aux besoins desentreprises.

La vague verte n’a pas épargnéles écoles d’ingénieurs. Avantmême le premier Grenelle del’environnement, elles com­mençaient à ajouter des mo–

dules sur l’environnement aux for­mations existantes. «Les écoles fran­çaises ont une originalité : elles sontsouvent interdisciplinaires ce qui faitdes étudiants très ouverts, expliquePierre Tapie, le président de la Confé­rence des grandes écoles (CGE). Laprise en compte du développementdurable dans nos programmes de for­mation et de recherche est donc natu­rel.» Depuis quelques mois, les éco­les ont toutefois donné un coup d’ac­célérateur à leurs initiatives. La CGE,qui réunit autant d’écoles d’ingé­nieurs que d’écoles de management,s’est ainsi dotée en avril 2010 d’uneCommission permanente sur le déve­loppement durable, présidée parStéphane Cassereau, le directeur del’Ecole des mines de Nantes. Elledonne ainsi une reconnaissance plusgrande à cette thématique, en la fai­sant accéder au bureau de la CGE etparticiper aux réunions du conseild’administration.Les établissements multiplient, deleur côté, les formations dédiées àl’environnement. Souvent à lademande des entreprises. « Les mé–tiers de l’automobile évoluent et nousdevons nous y adapter », expliqueFrançois Stéphan, le directeur desétudes de l’Estaca, l’école d’ingé­nieurs spécialisée dans les transports.

Pour ses futurs ingénieurs automo­biles, elle propose désormais des spé­cialisations de dernière année en« écoconception » ou en « nouvellesénergies et environnement». D’autresétablissements préfèrent lancer desformations nouvelles. En partenariatavec Renault et EdF, quatre écoles deParisTech (l’Ensta, les Mines de Paris,les Ponts et chaussées et les Arts etmétiers) vont lancer à la rentrée 2010un mastère spécialisé sur le véhiculeélectrique. Même chose pour CentraleParis, l’ENS Cachan, Supélec et l’IFPSchool. L’Isep, l’école d’électroniqueparisienne, s’est associée avec l’Ins­titut français du développement dura­ble (Ifradd) pour créer un MBA en« développement durable et gouver­nance responsable» et en «ingénieriedécisionnelle et management équita­ble ». La coloration verte des forma­tions ne laisse pas les étudiants demarbre. « La génération actuelle estbeaucoup plus sensible aux problé­matiques environnementales, confieFrançois Stéphan. Nous essayonsdonc de leur proposer des formationsadaptées.»

les écoles auto-évaluentleurs actionsOutre la formation, les écoles tententaussi de montrer le bon exemple enminimisant leur propre impact surl’environnement. Encore un moyende coller aux exigences des élèves enleur permettant de se former dans descampus plus verts. En partenariatavec le Réseau français des étudiantspour le développement durable(Refedd, qui fédère une cinquantained’associations étudiantes), la CGE etla Conférence des présidents d’uni­versités ont établi, en octobre dernier,un référentiel commun permettantaux établissements d’auto­évaluerleurs actions en termes de dévelop­pement durable. L’auto­évaluation nefait que commencer, mais «certainesécoles sont déjà très avancées »,assure Pierre Tapie. . arnaud dumas

La filière vatirer l’emploiPerspective d’em-plois liés au déve-loppement durableen 2012 (en nom-bre de personnes)> Energiesrenouvelables• equipement87 000• vente d’énergie33 000> Améliorationde l’efficacitéénergétique• Bâtiment216 000• transport105 000

sourCe : ADeMe

s de vert dans Leur cursus

formation36

mutation

Les promesses des emplois écolosAvant même le vote définitif du Grenelle II, le gouvernement annonçait un plan de mobilisationpour soutenir les métiers verts. Un coup de pouce nécessaire car, pour l’heure, un certain floupersiste sur les réelles perspectives d’emploi.

Valérie Létard est formelle. Les600000emplois verts promispar le Grenelle de l’environ-nement sont une hypothèse

basse. La secrétaire d’Etat auprès duministère de l’Ecologie ne craint pasde renchérir sur un chiffre déjà sujet àcaution. En effet, en juin 2009, leBoston Consulting Group avait évaluéà 600 000 emplois l’impact des450 milliards d’euros d’investisse-ments promis par le Grenelle à l’hori-zon 2020. Mais depuis, la crise s’estaccentuée et la réalité du terrain a rat-trapé les espérances folles placéesdans cette «croissance verte».Certes, le secteur des énergies renou-velables et de l’efficacité énergétique aété porteur d’espoir l’an dernier, avecune création nette de 145000postes,selon l’Ademe. En décembre 2009,l’organisme public évaluait la crois-sance de l’emploi dans les éco-activitésà 3% par rapport à 2008 alors que lamoyenne des autres industries étaitproche de 0,9%. Mais, contre-exem-ple, le bâtiment, pourtant mis en avantcomme source d’embauches nouvellesa vécu une année terrible. Difficiled’évaluer la réalité des emplois créés.

souvent le cœur de métierne change pasDéfinir le périmètre des emplois vertsest complexe. La CFDT et la CGT ontdemandé au cabinet Syndex d’explorerl’autre côté de la médaille verte: la des-truction d’emplois dans les filières tra-ditionnelles générée par le durcisse-ment des contraintes environnemen-tales. Dans le secteur automobile, parexemple, la montée en puissance desmoteurs hybrides entraînerait la perteen France de 4000 à 8000spécialistes

du moteur thermique à l’horizon 2020.La réglementation plus sévère dans lasidérurgie détruirait pour la filièrefonte entre 3 000 et 6 000 emplois...« Résultat, le solde net de créationsd’emplois pour 2020 serait plus prochedes 60000 que des 600000 annoncésen fanfare », regrette Jean-PierreBompard, le délégué à l’environne-ment pour la CFDT.Autre question : combien de cesemplois promis sont-ils « verts » ?Peut-on en parler pour la pose des railsde tramway par exemple? Un postepourtant comptabilisé dans le Grenelle.Il s’agit plutôt là de soutien à l’emploidans les filières traditionnelles par ledéveloppement de marchés liés auxpolitiques du Grenelle. Par ailleurs, cesactivités tirées par de nouvelles nor-

mes ou de nouveaux marchés créent-elles de nouveaux métiers ? Pasvraiment. « Le cœur de métier nechange pas mais la complexité desobjectifs augmente. Un conducteur deligne en chimie, par exemple, devrasavoir gérer les déchets que son travailgénère...», indique Gérard Pignault, ledirecteur de l’Ecole supérieure dechimie physique électronique de Lyon.Ce serait davantage une mutation desmétiers qui se dessine.«Depuis dix ans, les cadres doiventêtre bilingues en anglais pour êtreembauchés. Dans deux ou trois ans,c’est le développement durable qu’ilsdevront savoir manier couramment!»,lance Nicolas Vermersch, le directeurFrance du cabinet de recrutementMichael Page.

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a quoi sert votre plan enfaveur des emplois verts?Nous voulons mobiliser lesfilières et les territoires, carc’est à l’échelle régionale ques’effectue la mise en relation

entre l’offre et la demande. Ce chantier est l’undes piliers du Pacte de solidarité écologique.Or, la solidarité passe d’abord par l’emploi.Il faut que nos jeunes, aujourd’hui sanssolutions, puissent entrer dans le travail grâceà ces nouveaux emplois issus du Grenelle del’environnement. Notre plan sert aussi à définirces métiers de la croissance verte. Ils ne sont pasréservés aux ingénieurs. Ils concernent aussi desgens qui ont un CAP, un bac pro ou un diplômebac + 2.

Combien d’emplois seront réellement créés?aux 600000 évoqués par le cabinet BCG d’ici

à 2020, certains opposent un chiffrede 60000...Vous plaisantez? Le chiffre de 600000emplois liésà la croissance verte est confirmé par plusieursétudes. Nous les avons croisées et nous feronsbeaucoup plus. Au-delà des chiffres, il fautcomprendre que nous n’avons pas le choix.Il faut se retrousser les manches. Si nous ne nousadaptons pas à une économie décarbonnée,nous allons avoir -à la place des créations- desdestructions d’emplois!

Le ministère de l’Ecologie était le grandabsent des groupes de travail des étatsgénéraux de l’industrie. Pourquoi?Je participe aux réunions interministérielles. Jevois donc régulièrement Christian Estrosi et je saisbien tout ce qu’il fait pour l’industrie. Chacunson travail. Nous, nous travaillons sur l’humain. .

ProPos recueillis Par l.G.

Secrétaire d’Etat chargée des Technologies vertes

Trois questions à Valérie Létard

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le grandécart> 600 000créations d’emploisd’ici à 2020,selon leGrenelle del’environne-ment.> 60 000 créationsnettes d’emplois,selon lesestimationsde la CFDT.

37

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Pour mieux identifier ces postes et lesmoyens à mettre en place pour lespourvoir, l’été dernier, Valérie Létards’était vu confier la mission d’une sortede « Grenelle de l’emploi vert». Lesonze filières prometteuses ont étéidentifiées et scrutées à la loupe pardes comités composés d’experts, desyndicats professionnels, de forma-teurs... : transport, bâtiment, eau,assainissement, électricité, énergiesrenouvelables... Le 28 janvier, lorsd’une conférence nationale de mobili-sation des filières et des territoires, ces

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onze comités ont rendu leur verdict etproposé quelques plans d’actions :incitation à la formation continue,création de bacs pros...Les mesures, alors, annoncées sontfinalement assez modestes face à l’en-jeu. Car il s’agit rien moins que d’ima-giner l’avenir du paysage industrielfrançais. De préparer et favoriser, nousdit-on la reconversion des entrepriseset celle des salariés. Le travail réalisépar le comité de pilotage mis en placepar le ministère a le mérite, en revan-che, d’établir une photographie assez

précise des métiers et des besoins.«J’ai été agréablement surpris par sesconclusions: la filière électrotechnique(gestion technique du bâtiment, desréseaux électriques, de l’éclairage...) varecruter 225000personnes d’ici à cinqans», constate Jean-Luc Thomas. Cetitulaire de la chaire électrotechniquedu Cnam est chargé de présider lecomité de la filière électromécanique.L’automobile, en revanche, sera peupourvoyeur d’emplois.

faire comprendrel’efficacité énergétiqueIl s’agit aussi de donner de la visibilitéà des filières peu attractives commel’électricité ou la chimie. «Si les jeunescomprenaient la dimension dévelop-pement durable de ces métiers, peut-être auraient-ils davantage envie devenir», commente Jean-Luc Thomas.Pour lancer des actions mieux coor-données, le ministère a lancé desappels d’offres régionaux. L’objectif estde créer onze plans d’engagementsentre les régions, l’Etat et les branchesprofessionnelles pour lancer des expé-rimentations à l’échelle des territoires.A l’image de l’Alsace, par exemple, quivient de former avec l’Ordre des archi-tectes 350 d’entre eux à l’efficacitéénergétique.Par ailleurs, le Comité national dudéveloppement durable et du Grenellede l’environnement, créé le 16avril etinstallé le 21 mai et qui regroupenotamment syndicats, patronat, asso-ciation aura sans doute son mot à direen termes d’emploi. Notamment aprèsl’adoption ces prochaines semaines duGrenelle II. . aGathe remoué

De nouvelles compétencesle durcissement des normes et l’impact du Grenelle obligentà davantage de transversalité dans les fonctions et decollaboration entre différents corps de métier. si tous lesprofils doivent évoluer pour intégrer cette dimension,quelques compétences sont de plus en plus recherchées :> Gestionnaire énergétique des bâtiments> Ecotoxicologue> Hydrobiologiste> Environnementaliste> mécatronicien> Intégrateur territorial du développement durable> Rudologue (analyse de la gestion des déchets).

38 formation38

L’emploi vert n’existe pas quedans des rapports ministériels.Dans les agences d’emploi etd’intérim, le téléphone sonne

pour embaucher. «Les métiers de l’en-vironnement devraient croître de 6%par an », indique Marie-DominiqueStraforini, la responsable des métiersde l’environnement de Randstad. Cetteprogression, sur un marché de l’emploimorose, concerne avant tout la collectedes déchets et l’hygiène, avec des pro-fils peu qualifiés. Cependant, unedemande accrue se manifeste de lapart du secteur de l’eau et des énergiesrenouvelables. «On nous demande denouveaux profils, comme des diplômésen génie biologie. En mécanique, nousrecyclons dans l’éolien des techniciensqui travaillait pour l’aéronautique»,précise encore Marie-DominiqueStraforini. De son côté, Pôle emploiidentifie 14000 emplois verts ou «ver-dis» qui ne trouvent pas preneurs. Encause, le manque de personnels for-més. Or, les entreprises ne peuventattendre qu’arrivent à maturité desgénérations de salariés formatés«green attitude».Le Conseil d’orientation de l’emploisouligne que «toutes les filières indi-quent qu’à l’horizon de dix ans, il auratrès peu de nouveaux métiers liés à lacroissance verte (...), mais cela néces-sitera de former les personnes pourqu’elles acquièrent des compétencescomplémentaires ou de réviser l’orga-nisation du travail. Randstad ainsiformera cette année des jeunes CAPet bac+2 aux métiers de l’environne-ment.Les marchés de l’efficacité thermiquedu bâtiment illustrent bien les évolu-tions à mener. Pour assurer l’isolationextérieure, le façadier doit se faire pla-

métiers

Rendre ses salariés responsablesLes employés de demain voués aux métiers de l’environnement se trouvent d’abord dans les activitéstraditionnelles. Ce qui place la formation continue au cœur de la croissance verte.

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«J’ai rejoint Sunnco, une entreprised’installation photovoltaïque, enaoût dernier après avoir travailléchez un fabricant d’équipementsélectriques puis comme consultantchez Altran Technologies.Aujourd’hui, je pilote une équipeprojets grands comptes, quicoordonne tous les élémentstechniques, financiers etcommerciaux de l’installationphotovoltaïque d’un client. J’aiune formation d’ingénieur engénie électrique. J’avais les basespour ce qui concerne l’électricité et

la gestion de projets. En revanche,j’ai dû réviser mes connaissancesen matière de courant continu etme familiariser avec tout ce quiconcerne la charpente et le calculde structures. Je l’ai fait avec l’aidede l’équipe en place. Chez Sunnco,j’ai eu l’opportunité d’accéder àune fonction de managementcar la société se développe trèsvite, tous les process de travailsont à inventer. C’est beaucoupplus enthousiasmant qued’appliquer ceux créés par d’autresil y a quinze ans.» .

frédéricmollet, 32 ans,responsabled’une équipeprojets chezSunnco(photovoltaïque).

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Tous les process de travail sont à inventer

quiste et vice-versa. Pour poser duphotovoltaïque solaire, l’électriciendoit maîtriser la charpente –l’expertisedu couvreur– et le couvreur doit, deson côté, intégrer les subtilités du cou-rant continu. Quant au chauffagiste, illui revient de maîtriser l’ensemble dumix énergétique. Comme l’expliqueAlain Mahé, le directeur du départe-ment BTP à l’Afpa (Association natio-nale pour la formation professionnelledes adultes), «la majorité des emploisimpose de recombiner des expertiseséparses».

aux branches d’identifierleurs besoinsLorsque les marchés ne sont pas nou-veaux, ce sont les processus de concep-tion et de fabrication qui le sont. Lesindustries chimique ou manufactu-rière, impactées par l’écoconception,la sobriété énergétique, le recyclage,sont contraintes d’adapter les compé-

tences d’un grand nombre de salariésaux réglementations et certificationsqui fleurissent. Valeo Services vientainsi de lancer un plan pour formeravec l’Afpa plus de 1 000réparateursautomobiles au retraitement des flui-des frigorigènes.C’est sur l’Afpa que porte, surtout,l’enjeu de la formation continue auplan national. L’an dernier, sur ses180000stages (allant d’une journée àtrois cents heures), 40 000 concer-naient des métiers verts ou «verdis».Mais l’efficacité de l’action de l’Afpa,comme des Greta (formation continuepilotée par l’Education nationale), estconditionnée par la réactivité des bran-ches. A elles, en effet, d’identifier leursbesoins. Le BTP est le secteur le plusavancé. Il bénéficie en outre de dispo-sitifs de financement comme le planFormation aux économies d’énergiesBâtiment (FEE Bat), qui prend encharge les frais de formation.

Rien de plus traditionnel quela fabrication de conduitsde cheminée. Et pourtant,les dirigeants de Poujoulat(136millions de chiffre d’affaires)ont su saisir les opportunités liéesaux énergies renouvelables ettrouver des relais de croissance.Notamment en proposant dumatériel à haute performanceénergétique. L’entreprise de1100salariés a ainsi recruté60personnes l’an passé et compteaugmenter ses effectifs de 10%cette année. Cet effort est destinéaux nouveaux produits techniqueset à la production de granulés de

bois. «Le développement de cesmarchés ne crée pas de métiers.Il faut juste intégrer le travailavec des combustibles nouveauxou des tailles d’installationdifférentes», souligne FrédéricCoirier, le président du directoire del’entreprise de Saint-Symphorien(Deux-Sèvres). Le changement, pourlui, intervient surtout dans la R&D,en particulier pour progresser surles rendements et la récupérationd’énergie. L’équipe a donc étérenforcée et les efforts doublés cesdeux dernières années. L’entreprisey consacre désormais 2% de sonchiffre d’affaires. .

Poujoulat rebondit sur l’environnementfrédéric Coirier,le président dudirectoirede Poujoulat,a renforcéses efforts surla r&D pourprogresser surles rendementset la récupérationd’énergie.

D.r.

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L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

L’Union des industries chimiques(UIC) n’en est qu’à la phase d’analysedes besoins d’évolution de ses techni-ciens et ingénieurs. Elle finalise unrapport sur l’évolution des formations.«Il faudra décloisonner la chimie desmatériaux et la biologie et renforcer lescompétences en écotoxicologie pour letraitement de l’eau et des sols», expli-que Daniel Marini, son directeur desaffaires économiques. Mais la recon-version est délicate. Les innovationsde rupture, comme la chimie végétalene sont qu’émergentes alors que lesréductions d’effectifs sur les activitéstraditionnelles accélèrent. Du côté del’automobile, on identifie bien lanécessité de convertir des spécialistesdu moteur technique à l’électrotech-nique mais le timing reste flou. Et sus-pendu au succès futur des véhiculeshybrides et électriques.

créer ses propres centresde formationPour piloter leurs besoins, les entre-prises investissent déjà dans la forma-tion. Les plus grandes, comme Veolia,disposaient déjà de centres de forma-tion internes qu’elles ont renforcés.Les plus petites, comme Sunnco, fonc-tionnent souvent avec un mix deformations théoriques courtes,internalisées ou externalisées et decompagnonnage sur le terrain entreanciennes et nouvelles générationsde salariés.Pour Thibault Georges, le PDG deWindtechnics, une PME d’implanta-tion et de maintenance d’éoliennes de110personnes, «la formation sur le tasatteint ses limites. Nous doubleronsnotre effectif cette année dans la main-tenance. Nous n’arrivons plus à assu-rer la productivité et la qualité de laformation des collaborateurs ». Sonentreprise vient d’acquérir un terrainde 20 000 m2 à Bapaume (Pas-de-Calais) pour y installer son centre deformation. Elle disposera ainsi de sapropre tour d’exercice et mobilisera parsessions ses formateurs internes,comme ceux de ses fournisseurs decomposants. «Sur les composants, jedois envoyer mes salariés en Espagneet cela me coûte 20000euros pour sixjours avec le voyage et le logement»,témoigne Thibault Georges.Reste la formation initiale. En la

matière, de nombreuses formationsont remodelé leurs programmes pourpouvoir adjoindre à leur intitulé lamention «développement durable».La démarche, initiée dans un premiertemps pour attirer des étudiants, com-mence à se structurer. Les IUT réflé-chissent à la mise en place de modulesdédiés dans leurs cursus. Les écolesd’ingénieurs ont déjà commencé,notamment dans l’énergie. La filièrede spécialisation «génie des procédés»de l’Ensta ParisTech est ainsi rebapti-sée «procédés et développement dura-ble». L’Ecole des mines de Douai ouvre

cette année une spécialisation «bâti-ment à énergie positive». Quelquesdiplômes de techniciens apparaissent.Le lycée technique François-Bazinde Charleville-Mézières (Ardennes)propose une formation en mainte-nance d’éoliennes pour les bac + 2.Mais cela reste rare. Au niveau del’enseignement comme ailleurs, ilmanque une réelle visibilité sur lesmétiers. Encore un effort pour attein-dre les 600000emplois supplémentai-res promis pour 2020. .

annE-SoPHiE BELLaiCHE,tHiErrY DEL JÉSUS Et arnaUD DUmaS

FORMATION40

Handicap

Mieux former pour mieux recruterLa responsabilité sociale passe aussi par l’intégration des handicapés. Mais les entreprisesont souvent du mal à trouver des candidats qualifiés.

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

Paradoxe. Le taux de chômagedes handicapés atteint plusdu double de celui de la popu­lation, soit près de 20%. Pour­

tant, embaucher un salarié handicapérelève de la gageure. L’organisation deforums, comme celle de la «semainepour l’emploi des personnes handica­pées» en novembre 2009, n’est pasde trop. Le comité interministériel,créé à l’automne, devrait aussi assurerune meilleure cohérence de la politi­que en faveur du handicap. Car lesentreprises sont plus que jamais pres­sées d’atteindre l’objectif de 6 % deleur effectif.Depuis janvier, leur contribution àl’Association de gestion du fonds pourl’insertion des personnes handicapées(Agefiph) a triplé et approche unsalaire annuel. «Dès 2008, nous avonsdécidé d’anticiper, remarque Jean­Marie Faure, le président de l’Agefiph.Nous avons établi des diagnosticsdans 23000entreprises à “quota zéro”pour leur proposer un accompagne­ment.» Seules 11000 ont mis en placeun plan d’action et 6000 vont le faire.Les autres verront leur contributionexploser.Avec cette contribution majorée, beau­coup se sont lancés dans des plansd’action, la contribution étant inver­sement proportionnelle aux taux depersonnes handicapées employées.A 6 % de l’effectif, la cotisation estnulle. Chiffre encourageant, l’Agefiphn’a collecté que 572millions d’eurosen 2009, contre 592millions d’eurosen 2008. Et la part d’entreprisesemployant des handicapés est passéede 53 à 56% entre 2007 et 2008.Mais la bonne volonté se heurte à uneréalité : trouver des candidats. Long­temps, les recruteurs ne regardaient

pas le CV des personnes handicapées,confie Anne Saüt, la présidente deDiversity Conseil, un cabinet de recru­tement spécialisé dans la diversité.Aujourd’hui, ils se les arrachent.» Laraison? Trouver les CV n’est pas sim­ple et beaucoup, surtout les PME, neconnaissent pas les bons réseaux.

rapprocher les formationsdes besoins«Ce n’est pas parce que l’on décide derecruter des handicapés qu’aussitôtils arrivent, appuie Gérald Roux, ledirecteur général de Koné. Il faut untravail de fond auprès des associa­tions.» Le fabricant d’ascenseurs asigné un accord triennal avec la direc­tion du travail, s’est engagé à recruter40personnes en trois ans et à réaliserdes actions de communication et deformation.Certaines entreprises tentent de for­mer des candidats. Onze groupes

(Thales, Areva, EdF, LVMH….) ontainsi signé un partenariat avec laFédération des associations, gestion­naires et des établissements de réa­daptation pour les handicapés (Fagerh)pour rapprocher les formations deleurs besoins. Areva a ainsi embauchédes aides médicales via un organismede la Fagerh. Problème, la fédérationforme surtout à niveau CAP ou bacpro. Or, les grands groupes cherchentsouvent des cadres. Pour certainsmétiers, le bac+5 est impératif. «LesSSII ont beaucoup de mal à recruter,note ainsi Marion Sebih, le responsa­ble du développement de Hanploi, unsite de petites annonces spécialisées.»Cathy Saint­Julien, la DRH de l’ingé­nieriste Altran le confirme: «80% denotre personnel est ingénieur. » Or,les handicapés ne représentent que3 % des effectifs des écoles d’ingé­nieurs. Un autre combat. Celui del’éducation. . ARNAud duMAs

Frein. Si beaucoup d’entreprises cherchent à améliorer leurs pratiques, les grandsgroupes cherchent souvent des cadres et pour certains métiers, le bac+5 est impératif.

Ce quichange en2010> Depuis le1er janvier, pourles entreprises deplus de 20salariésn’ayant fait aucuneffort pour recruterdes personneshandicapées lacontributionà l’Agefiphest passée à1 500 fois leSmic horairepour chaquepersonnehandicapéemanquante dansl’effectif. Soit lecoût d’un salaireannuel.> Jusque-là,la contributionallait de 400à 600 fois leSmic horaireselon la taille del’entreprise.

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42 FORMATION42

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profil

Le directeur du développement durableacquiert ses lettres de noblesseLe Grenelle de l’environnement a assis la légitimité des directeurs du développement durableen entreprise. Leur mission : diffuser la culture «verte» dans tous les services.

non, ils ne sont pas lessimples arguments de labonne conscience

«écolo» des grands groupes. Enpeu de temps –la profession estnée au début des années 2000-,les directeurs du développementdurable sont devenus des incon-tournables. Le déclic?Le Grenelle de l’environnementa eu un impact fort sur l’opinionet a fait envisager des méthodesde travail différentes. Les entre-prises sont obligées de bouger.L’étude réalisée par Adecco, surles sociétés du SBF 120, leprouve. «Lors dela précédente édition, en 2007,les entreprises n’avaient pasde visibilité sur cette fonction,explique Johan Titren, le respon-sable du pôle management de laResponsabilité sociale de l’en-treprise (RSE) d’Adecco. Soit elle

n’était pas mise en avant, soitelle n’existait pas.»Aujourd’hui, 78% d’entre ellesont créé un service développe-ment durable et 87% des titu-laires de la fonction l’exercent àtemps complet. Avec des mis-sions bien précises. «En 2007,nous n’avions pu réunir quedeux descriptifs du poste, serappelle Florence Emanuelli,jeune diplômée d’un master enmanagement de la RSE de l’IAEGustave-Eiffel à Paris, qui a réa-lisé l’étude pour Adecco. Alorsqu’en 2009, plus de la moitiédes directeurs du développe-ment durable en disposaient.»Rédaction du rapport dévelop-pement durable et témoignagesen externe des actions de l’en-treprise sont en tête de liste.Mais d’autres missions com-mencent à prendre davantage de

place, comme l’élaboration et lepilotage d’une stratégie déve-loppement durable pour legroupe. Pour preuve de la légiti-mité reconnue de la fonction,66% de ces managers sontdirectement rattachés à la direc-tion générale.

un animateurde réseauEn corollaire, les services s’étof-fent. L’effectif moyen atteint5,5personnes, contre3,5 en 2007. Et 17% des entre-prises ont des services dédiés àla RSE dépassant dix personnes.Surtout, le directeur du dévelo-ppement durable se mue enanimateur d’un réseau decorrespondants. A la Lyonnaisedes Eaux, Hélène Valade dis-pose de chefs de projet dans lesdifférentes directions du groupe.«Nous organisons des conseils“développement durable” men-suels, dans lesquels nous parta-geons nos idées, explique-t-elle.Pour le passage à l’acte,nous avons besoin de ces relaissur le terrain.» Selon l’étude,85% des directeurs dudéveloppement durable ont crééun tel réseau. C’est d’ailleurs làque réside le prochain défi dela profession. «On a pérenniséles équipes centrales, il fautmaintenant le faire pour lescorrespondants, par de la for-mation et par l’explication plusprécise de leurs missions»,conclut Hélène Valade. .

ARNAud duMAsD.R.

Historienne de formation, puis diplôméede Sciences-Po, Hélène Valade est venueau développement durable par conviction.«Je travaillais à la Sofres à la fin des années1990 et j’ai senti venir la remise encause par l’opinion publique de la sociétéde consommation telle qu’elle était. »Elle crée d’ailleurs un Observatoiredu développement durable, qui existetoujours, avant d’être recrutée par laLyonnaise des Eaux pour son poste actuelen 2005. Depuis, elle a vu son métierévoluer. Pour une raison simple :« On a compris qu’il y avait un lien fortentre développement durable et créationde valeur, résume-t-elle. Cela commencedonc à irriguer tous les métiers. »

Le portrait-robot> Age moyen 46 ans, 40% ayantde 50 à 60ans.

> Sexe 63% d’hommes.

> Formation 36% de scientifiques,30% de sciences humaineset politiques,30% de sciences de gestion,4% de spécialistesdu développement durable.

> Missions Rédaction du rapportde développement durable,création d’indicateurs dansl’entreprise, communication interneet externe, animation du réseaude correspondants, élaborationet pilotage de la stratégiedéveloppement durable.

> Salaire 48000 à 130000eurosannuels selon l’expérience.

source : Michael Page

HéLènE VALADEDiRectRice Du DéveLoppement DuRabLe De La Lyonnaise Des eaux et pRésiDente Du c3D, 43 ans

entretien44

17 juin 2010 | supplément au n° 3197 | L’usine nouveLLe

Bruno Lafont, PDG de Lafarge

Une politique dedéveloppement durable,cela doit pouvoir se mesurerPour Bruno Lafont, les efforts doivent être audités pour être crédibles. Une entreprise humaniste?C’est d’abord celle qui garantit la santé et la sécurité de ses collaborateurs.

Tous les grands groupes entonnent le refrain del’entreprise responsable. Quelle importance accordez-vous,réellement et concrètement, à la responsabilité sociale?La responsabilité sociale commence par celle que nousavons vis-à-vis de nos équipes. Or, la réussite de noscollaborateurs est l’une des trois priorités de Lafarge(avec l’amélioration de la performance et l’organisationmultilocale). Cela signifie que nous voulons que ceux-cise réalisent dans leur travail, et qu’ils ne prennent pasde risque, notamment en mettant en jeu leur santé etleur sécurité. Nous voulons les meilleurs collaborateurs,ce qui dans certains pays n’est pas simple ; en effet,dans de nombreux pays émergents, dans lesquels noussommes très présents, il y a une vraie concurrence pourrecruter les meilleurs talents. Les embaucher, lesdévelopper et les fidéliser est capital car, à l’arrivée,le cash flow dégagé par le groupe est le résultat de lamobilisation de 80 000 personnes.Lafarge réunit régulièrement au sein du «Panelde parties prenantes » du groupe, un certain nombrede leurs représentants : des syndicalistes, desarchitectes, des ONG comme WWF ou Care, desactionnaires, un médecin, etc. Pendant ces réunions,qui se déroulent deux fois par an au siège du groupe,à Paris, nous nous faisons challenger ! Il y est questionde développement durable, de santé, de transparencevis-à-vis des salariés et des actionnaires. Je suisconvaincu que, dans une entreprise, si vous négligez

l’une des parties prenantes, vous le payez. C’estévidemment le cas avec les salariés. Nous faisons trèsattention à leur satisfaction et à leur feed-back, c’est unpoint clé pour notre capacité d’adaptation. Il faut penseren permanence à la fin de la crise : comment faire pourêtre celui qui aura le plus tiré les leçons de la crise, etpour être le plus dynamique ?On peut se dire socialement responsable tout en mettanten œuvre des plans sociaux?L’emploi n’est pas un sujet tabou. Chaque unité,lorsqu’elle est concernée, trouve des solutions, en ligneavec les principes du groupe. Ainsi, en Jordanie,800personnes ont dû quitter le groupe. Mais nousne les avons pas laissées seules. En créant leur propreactivité, elles ont créé 1200emplois.Chaque année, en juin, c’est « le mois de la sécurité»chez Lafarge. Quel est le sens de cette initiative?La sécurité au travail est la première priorité. Pour ledire simplement, un salarié (y compris s’il travaille chezl’un de nos sous-traitants) a le droit d’être assuré qu’ilrentrera chez lui, le soir, en bonne santé. Au fond, sivous avez l’ambition d’être une entreprise humaniste,qu’y a-t-il de plus important? Si vous vous occupez dela sécurité et de la santé au travail, vous démontrez unhumanisme, un respect de l’autre. Nous avons ainsirecruté un médecin pour devenir patron de la santéau sein du groupe. La sécurité et la santé sont aussides moyens de mobiliser tout le monde. En juin, toutesnos unités et tous nos salariés participent ainsi àdes activités spécifiques liées à la santé et à la sécuritéau travail.Et le respect de l’environnement? Vous y êtes-vous résolupar obligation? Pensez-vous que les réglementations,françaises ou européennes, commencent à êtreinsoutenables pour les industriels?Non, pas du tout. L’Europe a été pionnière dans sadémarche environnementale. Il faut dire qu’elle en avait

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“Je ne suis pas gêné par le cadreréglementaire français, mais je le suisdavantage par le manque de réglementationqui prévaut dans d’autres pays.“

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L’usine nouveLLe | supplément au n° 3197 | 17 juin 2010

particulièrement besoin. Evoluer vers une économieverte nous garantit que l’Europe reste compétitive.C’est ce qu’il faut dire publiquement… En privé,vous ne vous plaignez donc jamais des contraintesexcessives qui pèsent sur une entreprise comme la vôtre,qui obligatoirement pollue?Je vous le répète : je ne pense pas qu’il y ait tropde réglementations environnementales. Concernantle respect de biodiversité à proximité des carrières quenous exploitons, par exemple, nous allons très au-delàde nos obligations. Je ne suis pas gêné par le cadreréglementaire français, mais je le suis davantage par lemanque de réglementation qui prévaut dans d’autres

pays. La position du Conseileuropéen, lors du sommet deCopenhague, était la bonne : d’accordpour réduire les émissions de 30%,à condition que tout le monde s’ymette. Pour reprendre une formuletrès juste, je dirais que le monde estaujourd’hui fragmenté, mais que l’airque nous respirons ne l’est pas.Respecter l’environnement, c’estprotéger les communautés locales.Chaque fois que nous avonsune décision stratégique à prendre,nous nous demandons l’impactqu’elle aura sur les personnes.La contrainte a de la valeur, à la foissur le plan de l’environnement et surle plan du business.Comment repérer les faux-semblants,ce que l’on appellele «green washing»?Il faut pouvoir mesurer ! Quand vousentendez parler de développementdurable, demandez-vous s’il y a uneffort de mesure et des engagementsquantifiés. Et si les résultats sontaudités. Dans notre cas, c’est faitpar nos commissaires aux comptes.Même nos carrières sont auditées.Il en va de même pour la réductiondes émissions de CO2. Nous avonscréé, avec une vingtaine de grandscimentiers mondiaux, le CementSustainability Initiative (CSI), uneorganisation sectorielle en faveur de

la responsabilité sociale et environnementale, que jecopréside actuellement. Nous avons réalisé 70millionsde tonnes d’économies de CO2, chiffre mesuré et vérifié.A l’heure actuelle, très peu d’industriels ont pris cegenre d’initiative.De même, en ce qui concerne les collaborateurs, dansnos Ambitions Développement durable 2012, nousavons fixé chez Lafarge un objectif de 20% de femmesdans les équipes dirigeantes. Nous suivonsrégulièrement l’évolution de ce chiffre, qui s’élèveaujourd’hui à 13%. Là encore, le progrès se mesure. .

ProPos recueillis Par thibaut De Jaegher,laurent guez et olivier James

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selon brunot lafont,«La contraintea de la valeur, à la foissur le plan del’environnement et surle plan du business.»