Des lions menés par des ânes

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Des lions menés par des ânes Charles Gave, Editions Robert Laffont, 199 p., Paris 2003 Un titre agressif, un ton polémique gâchent quelque peu une démonstration brillante soutenue par une méthodologie originale. Donnant priorité au visuel, l’auteur montre des courbes dont le parallélisme, les décalages ou les divergences peuvent être constatés sur la longue durée. Dans un premier temps, ces graphiques, généralement bien choisis, mettent en relief quelques évidences. Ainsi s’aperçoit-on, par exemple, que la croissance de l’emploi suit d’environ neuf mois la croissance des profits mais jamais ne la précède. Charles Gave en déduit qu’il y a « crime économique » quand les preneurs de risques sont pénalisés par rapport aux rentiers. De là à estimer que patrons et salariés sont du même bord et que leur ennemi commun prend le plus souvent la forme de taux d’intérêts trop élevés, il n’y a qu’un raisonnement à franchir. L’auteur s’y adonne allègrement en fustigeant au passage fonctionnaires et banquiers centraux. Le peuple, estime-t-il, est grugé par l’absence d’une démocratie véritable. Dommage que Charles Gave voie dans l’Europe une aggravation des tendances technocratiques au lieu de rechercher les moyens d’y introduire le contre poison démocratique dont il rêve. Copyright © Club des Vigilants. Tous droits réservés.

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Des lions menés par des ânesCharles Gave, Editions Robert Laffont, 199 p., Paris 2003

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Des lions menés par des ânesCharles Gave, Editions Robert Laffont, 199 p., Paris 2003

Un titre agressif, un ton polémique gâchent quelque peu une démonstration brillante soutenue par une méthodologie originale. Donnant priorité au visuel, l’auteur montre des courbes dont le parallélisme, les décalages ou les divergences peuvent être constatés sur la longue durée. Dans un premier temps, ces graphiques, généralement bien choisis, mettent en relief quelques évidences. Ainsi s’aperçoit-on, par exemple, que la croissance de l’emploi suit d’environ neuf mois la croissance des profits mais jamais ne la précède. Charles Gave en déduit qu’il y a « crime économique » quand les preneurs de risques sont pénalisés par rapport aux rentiers. De là à estimer que patrons et salariés sont du même bord et que leur ennemi commun prend le plus souvent la forme de taux d’intérêts trop élevés, il n’y a qu’un raisonnement à franchir. L’auteur s’y adonne allègrement en fustigeant au passage fonctionnaires et banquiers centraux. Le peuple, estime-t-il, est grugé par l’absence d’une démocratie véritable. Dommage que Charles Gave voie dans l’Europe une aggravation des tendances technocratiques au lieu de rechercher les moyens d’y introduire le contre poison démocratique dont il rêve.

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