Des contes à « grand-dire

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1 Des contes à « grand-dire »

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• Le lieu le plus secret (p3)

• Le conte des deux pots (p5)

• L’âne et le puits (p7)

• Les deux chiens (p9)

• Le conte de l ’amour et du temps (p11)

• Leçon… de vie (p13)

• chacun son chemin (p17)

• La course de grenouilles (p19)

• Chacun porte sa vision du monde (p21)

• Le poids des choses (p23)

• La tasse de thé (p25)

• Chance ou malchance ? (p26)

• Le paradis et l ’enfer (p28)

Table des matières

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Le lieu le plus secret Une ancienne légende hindoue raconte qu’il y a très long-temps, les hommes étaient des dieux. Mais, ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma, le dieu créateur de l ’univers, décida de leur enlever leur pouvoir divin en cachant leur véritable nature divine en un endroit où il leur serait impossible de le retrouver…

Brahma convoqua alors les dieux mineurs à un conseil pour résoudre le problème. Les dieux mineurs dirent : “Enterrons la divinité de l ’homme profondé-ment dans la terre”.Mais Brahma répondit : “Non, cela ne suffit pas, car un jour l ’homme creusera et la trouvera”.Alors les dieux mineurs dirent encore : “Dans ce cas, jetons la divinité de l ’homme au plus profond de l ’océan”.Mais Brahma dit à nouveau : “Non, car un jour, l ’homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu’il la retrouvera”.

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Alors les dieux mineurs conclurent : “Nous ne savons pas où cacher la véritable nature de l ’homme, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d’endroit que l ’homme ne puisse atteindre un jour”.

Alors Brahma dit : “Voici de ce que nous ferons de la véritable nature de l ’homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c’est le seul endroit où il ne pensera jamais à aller chercher”.

Depuis ce temps-là, conclut la légende, l ’homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de ce qui se trouve en lui…

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Le conte des deux pots

Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d’une perche qu’elle transportait, ap-puyée derrière son cou.Un des pots était fêlé, alors que l ’autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d’eau. À la fin de la longue marche du ruisseau vers la maison, le pot fêlé lui n’était plus qu’à moitié rempli d’eau. Tout ceci se déroula quotidiennement pen-dant deux années complètes, alors que la vieille dame ne rappor-tait chez elle qu’un pot et demi d’eau.

Bien sûr, le pot intact était très fier de ses accomplissements. Mais le pauvre pot fêlé lui avait honte de ses propres imperfec-tions, et se sentait triste, car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.

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Après deux années de ce qu’il percevait comme un échec, il s’adressa un jour à la vieille dame, alors qu’ils étaient près du ruisseau« J ’ai honte de moi-même, parce que la fêlure sur mon côté laisse l ’eau s’échapper tout le long du chemin lors du retour vers la maison.»

La vieille dame sourit :« As-tu remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu’il n’y en a pas de l ’autre côté ? J ’ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j ’ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Pendant deux ans, j ’ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n’au-rait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison. »

Chacun de nous, avons nos propres manques, nos propres fêlures. Mais ce sont chacune de ces fêlures et chacun de ces manques qui rendent nos vies si intéressantes et enrichissantes…

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Un jour, l ’âne d’un fermier tomba dans un puits. L’animal gémissait pitoyablement depuis des heures, et le fermier se deman-dait quoi faire. Finalement, il décida que l ’animal était trop vieux et que le puits devait disparaître de toute façon. Il n’était donc pas rentable de récupérer l ’âne. Il invita tous ses voisins à venir et l ’ai-der. Tous se saisirent d’une pelle et commencent à combler le puits.

Au début, l ’âne réalisa ce qui se produisait et se mit à crier terri-blement. Puis, au bout de quelques secondes, à la stupéfaction de chacun, il se tut.

Quelques pelletées plus tard, le fermier regarda finalement dans le fond du puits et fut très étonné de ce qu’il vit : à chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l ’âne faisait quelque chose de stupéfiant.

L’âne et le puits

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Il se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus. Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l ’animal, il se secouait et montait dessus… Bientôt, à la grande surprise de chacun, l ’âne sortit hors du puits et se mit à trotter !

La vie est parfois un trou dans lequel nous sombrons. Chaque pierre qui nous tombe dessus peut toutefois être là pour nous aider à "remonter" plutôt que pour nous écraser. Il suffit que nous nous se-couions pour les laisser glisser le long de ce que nous sommes et pou-voir nous élever grâce à elles… et enfin sortir du trou !

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Dans un petit village, une vieille femme était assise sur un banc.Soudain, son attention fût attirée par une vieille porte qui jouxtait un ancien magasin d'articles de magie autrefois réputé !

Elle avait toujours vu cette porte fermée, et ce matin là, elle fût étonnée de la voir entreouverte et surtout d'en voir sortir un chien !Il paraissait tout heureux et sautillant partout.

A peine remise de sa surprise, elle vit un second chien pénétrer dans ce qui semblait être une pièce et en ressortir quelques secondes plus tard en grognant et apparemment très en colère. En voyant la scène, sa curiosité la titilla et elle se demanda ce qui, dans cette pièce, pouvait rendre un des deux chiens si heureux et l ’autre si mal.

Les deux chiens

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Elle décida d’aller voir et à sa grande surprise, découvrit qu’il n’y avait rien dans la pièce hormis une multitude de miroirs posés contre les murs.Elle ne mit pas longtemps à comprendre, ce qui deviendrait pour elle une leçon de vie : Le premier chien, heureux avant de rentrer dans la pièce y avait trouvé des centaines de chiens heureux. Le deuxième chien en colère n’avait vu que des chiens lui grognant dessus en retour. Ce que nous voyons autour de nous dans le monde, se dit elle, est le reflet de qui nous sommes ! Nous avons donc le pouvoir de le modifier !

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Il était une fois, une île où tous les différents sentiments vivaient:  le Bonheur, la Tristesse, le Savoir, ainsi que tous les autres, l'Amour y compris. 

Un jour on annonça aux sentiments que l'île allait couler. Ils préparèrent donc tous leurs bateaux et partirent. Seul l'Amour resta. L'Amour voulait rester jusqu'au dernier moment. Quand l'île fut sur le point de sombrer, l'Amour décida d'appeler à l'aide.  La Richesse passait à côté de l'Amour dans un luxueux bateau.  L'Amour lui dit, "Richesse, peux-tu m'emmener?"  "Non car il y a beaucoup d'argent et d'or sur mon bateau. Je n'ai pas de place pour toi."  L'Amour décida alors de demander à l'Orgueil, qui passait aussi dans un magnifique vaisseau, "Orgueil, aide moi je t'en prie !"  "Je ne puis t'aider, Amour. Tu es tout mouillé et tu pourrais endommager mon bateau."

Le conte de l ’amour et du temps

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La Tristesse étant à côté, l ’Amour lui demanda, «Tristesse, laisse moi venir avec toi.». «Ooh... Amour, je suis tellement triste que j ’ai besoin d’être seule !» Le Bonheur passa aussi à côté de l ’Amour, mais il était si heureux qu’il n’entendit même pas l ’Amour l ’appeler ! Soudain, une voix dit, "Viens Amour, je te prends avec moi."  C'était un vieillard qui avait parlé. L'Amour se sentit si reconnaissant et plein de joie qu'il en oublia de demander son nom au vieillard. Lorsqu'ils arrivèrent sur la terre ferme, le vieillard s'en alla.

L'Amour réalisa combien il lui devait et demanda au Savoir "Qui m'a aidé?"  "C'était le Temps" répondit le Savoir.  "Le Temps?" s'interrogea l'Amour. "Mais pourquoi le Temps m'a-t-il aidé?"  Le Savoir sourit plein de sagesse et répondit : "C'est parce que Seul le Temps est capable de comprendre combien l'Amour est important dans la Vie." * * *

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Un jour, un vieux professeur d'une grande université fut engagé pour donner une formation sur " la planification efficace du temps " à un groupe d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies.

Debout, devant ce groupe d'élite, le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit : " Nous allons réaliser une expérience " .

De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot de verre qu'il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda : " Est-ce que ce pot est plein? " Tous répondirent : «Oui»

Leçon… de vie

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Il attendit quelques secondes et ajouta : «Vraiment?». Alors il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s’infiltrèrent entre les cailloux … jusqu’au fond du pot. Le vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda : « Est-ce que ce pot est plein? «. Cette fois, ses élèves commençaient à comprendre son manège. L’un d’eux répondit : « Probable-ment pas! «.

«Bien!» Répondit le vieux prof. Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table un sac de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier. Encore une fois, il demanda : « Est-ce que ce pot est plein? « sans hésiter et en chœur, les élèves répondirent : « Cette fois, oui!»

Le vieux prof se pencha à nouveau et il prit une théière pleine qui était sur la table et, à la stupeur de ses élèves, remplit le pot jusqu'à ras bord. Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe et deman-da : " Quelle grande vérité nous démontre cette expérience? "

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Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondit : « Cela démontre que même lorsque l ’on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire».

« Non» répondit le vieux prof. « Ce n’est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer, ensuite». Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l ’évidence de ces propos. Le vieux prof leur dit alors :« Quels sont les gros cailloux dans votre vie?»- Votre santé? Votre famille? Vos ami(e)s? Réaliser vos rêves? Faire ce que vous aimez? Apprendre? Défendre une cause? Se relaxer? Prendre le temps…? Ou…toute autre chose?" Ce qu' il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses «Gros Cailloux» en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir…sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles ( le gravier, le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie.Alors n'oubliez pas de vous poser à vous-mêmes la question : " Quels sont les «Gros Cailloux» dans ma vie? Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot ...de vie .

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D'un geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et lentement quitta la salle, puis sur le pas de la porte, il leur dit: «Au fait, concernant la planification du temps, et le thé… Effectivement, même si votre agenda est bien remplit, vous avez toujours un petit moment pour boire quelque chose avec vos amis!»

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En Inde, dans une région proche du Tibet, il était une fois un maître et son élève. Quand le maître et l ’élève eurent débattu des conditions pratiques d’usage, le maître commença son enseignement. Il dit à son élève : – Tu dois être fort. Va chercher qui tu es.

L’élève partit chercher la force et un an plus tard il revint voir son maître et lui dit : – Je suis fort. Pour montrer sa force, il prit un roc qu’il aurait été incapable de déplacer aupara-vant, le leva au-dessus de sa tête et le fracassa en mille morceaux sur le sol. – Très bien, dit le maître, tu es fort. Maintenant, tu dois être intelligent, va chercher qui tu es. L’élève partit chercher l ’intelligence et trois ans plus tard il revint voir son maître et lui dit : – Je suis intelligent.

chacun son chemin

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Le maître lui donna un texte très volumineux – Tu viens m’en parler dans trois heures Ce temps écoulé, le maître et l ’élève parlèrent de l ’ouvrage, d’égal à égal, jusqu’au lever du jour. Le maître à ce moment-là dit : – Tu dois être sensible. Va chercher qui tu es. L’élève partit et son absence dura dix ans. A son retour il montra au maître toute sa sensibilité. – Très bien dit le maître, tu es fort, intelligent, sensible, tu dois aussi être rigoureux…

L’élève lui coupa la parole et poursuivit : – Je suis qui je suis. – Je n’ai plus rien à t ’apprendre, répondit le maître. Va, ton chemin est bien le tien.

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Il était une fois un village de grenouilles qui cherchaient un chef. Comme elles n'arrivaient pas à choisir, elles décidèrent d'organiser une course... de grenouilles ! L'objectif de cette course était d'arriver tout en haut d'une grande tour. Devant le côté exceptionnel et surprenant de cette course, beaucoup de badauds avaient fait le dépla-cement ! En fait, les gens ne croyaient pas possible qu'une grenouille puisse atteindre la cime. Et ils commençaient à parler à voix haute entre eux : "Quelle idée !!! Elles n'y arriveront jamais ! Cela ne s'est jamais fait ! C'est une perte de temps !"

C’est ainsi qu’une grenouille, qui entendait ces dires, finit par se persuader que ces gens là avaient raison, et abandonna la course!Petit à petit, d'autres grenouilles continuèrent à se résigner et les gens continuaient de plus belle:"Quelle peine !! Elles n'y arriveront jamais !" Et ce faisant, au fur et à mesure que des grenouilles se rapprochaient du but, elles abandonnaient une après l ’autre, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une seule! Elle continuait à monter, à son rythme, toute surprise d’être en tête, car elle était loin d'être partie favorite!

La course de grenouilles

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Enfin, seule et au prix d’un énorme effort, elle rejoignit le haut de la cime, victorieuse. Impressionnées, les autres voulurent savoir comment elle avait fait. L'une d'entre elles s'approcha pour le lui demander et... c'est là qu'elle découvrit, à sa grande surprise, que cette grenouille... était sourde ! Elle n’avait pas entendu les colibets et les avait même pris pour des encouragements!

Toutes les grenouilles du village, décidèrent, du coup, d’appliquer pour elles mêmes ces deux préceptes:• N'écoute pas les personnes qui ont la mauvaise habitude d'être négatives car elles

volent les meilleurs espoirs de ton coeur.• Rappelle-toi pour toujours du pouvoir qu'ont les mots que tu entends ou que tu lis.

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Chacun porte sa vision du monde Il était une fois un vieil homme assis à l ’entrée d’une ville du Moyen-Orient. Un jeune homme s’approcha et lui dit :-   Je ne suis jamais venu ici ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieil homme lui répondit par une question : Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? Egoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j ’étais bien content de partir, dit le jeune homme. Le vieillard répondit : «Tu trouveras les mêmes gens ici.»

 Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa exactement la même question.-  Je viens d’arriver dans la région ; comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieille homme répondit de même : Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? Ils étaient bons et accueillants, honnêtes ; j ’y avais de bons amis ; j ’ai eu beaucoup de mal à la quitter, répondit le jeune homme.

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«Tu trouveras les mêmes ici», répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire ses chameaux non loin de là avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme se fut éloigné, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche : Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ?

Celui qui ouvre son coeur change aussi son regard sur les autres, ré-pondit le vieillard. Chacun porte son univers dans son coeur.

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Deux moines, l ’un jeune, l ’autre vieux, robes safran, crânes rasés, sandales aux pieds nus, rentrent en leur couvent un beau soir d’été. « Notre journée a été longue et fatigante, frère Ushi, dit le plus jeune, mais nous avons bien honoré Bouddha, et récolté en mendiant notre content de riz et de pièces de cuivre. Le maître nous félicitera certainement ! »« Oui…, fait distraitement le moine plus âgé, et il ajoute avec bonté : ne soyez pas inquiet, frère Toshibu, le maître apprécie votre zèle. »

Les saints hommes poursuivent leur voyage en silence. Soudain, au détour du chemin, une rivière barre la route. Sur le bas-côté, une jeune femme séduisante aux vêtements coûteux est assise sur une grosse pierre, et semble attendre du secours. Ni barque, ni passeur.Le moins plus âgé, avec simplicité, prend la femme dans ses bras et lui fait traverser la rivière sans qu’elle se mouille le bout des souliers. La délicieuse créature le remercie d’un sourire et s’en va.

Les deux moines continuent leur chemin. Long silence.

Le poids des choses

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Brusquement, n’y tenant plus, le jeune moine s’écrie : « Frère Ushi ! Ne savez-vous pas que la règle nous interdit strictement tout contact et tout commerce avec les femmes ! ».Le vieux moine poursuivit son chemin sans répondre.« Frère Ushi ! dit le jeune moine, qui s’échauffe, comment avez-vous pu porter dans vos bras une femme belle et parfumée, et lui faire traverser la rivière ? »

« Frère Toshibu, dit le vieux moine. Serait-ce que vous sentez encore le poids de cette femme ? Il y a pourtant longtemps que nous l ’avons laissée derrière nous !»

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Nan-in un maître japonais du XIXème siècle reçut un jour la visite d'un professeur d'université américaine qui désirait s'informer à propos du Zen. Pendant que Nan-In silencieusement préparait du thé, le professeur étalait à loisir ses propres vues philosophiques.

Lorsque le thé fut prêt, Nan-In se mit à verser le breuvage brûlant dans la tasse du visiteur, tout doucement. L'homme parlait toujours. Et Nan-In continua de verser le thé jusqu'à ce que la tasse déborde.

Alarmé à la vue du thé qui se répandait sur la table, ruinant la cérémo-nie du thé, le professeur s'exclama: "Mais la tasse est pleine! ... Elle n'en contiendra pas plus!

Tranquillement, Nan-In répondit: "Vous êtes comme cette tasse, déjà plein de vos propres opinions et spéculations. Comment pourrais-je vous parler du Zen, si vous ne commencez pas par vous vider?".

La tasse de thé

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Dans un pays lointain, un paysan très pauvre vivait seul avec son fils. Ils ne possédaient qu’un cheval pour labourer le petit champ qui leur permettait de vivre. Une nuit, par mégarde, le paysan laissa la barrière du champ ouverte et le cheval s’enfuit…Le voisin le plus proche rendit visite au paysan pauvre et commença à le plaindre. « Quel mal-heur, quelle malchance, vous n’aviez que ce cheval et voilà que le destin vous l ’enlève! » Le paysan répondit: « Je ne sais pas si c’est un mal ou si c’est un bien. » Surpris par cette réponse, le voisin retourna chez lui.

Le lendemain, le cheval revient, accompagné d’une horde de chevaux sauvages qui s’installèrent dans le pré du paysan pauvre.  Le voisin, très envieux, lui rendit de nouveau visite et fit le com-mentaire suivant: « J ’ai compris votre parole d’hier! Car cette fois ci, quelle chance vous avez. » Et le paysan de répondre: « Je ne sais pas si c’est un mal ou si c’est un bien. » Commençant à se demander si le paysan ne se moquait pas de lui le voisin retourna chez lui.

Chance ou malchance ?

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Le fils du paysan, très heureux de ce changement de situation, entreprit de dresser les chevaux pour les vendre. Le premier qu’il monta le mit à terre et il se cassa la jambe. Le voisin revint, fielleux : « Quelle malheur, à quoi vous servent tous ces chevaux? Votre fils ne peut plus vous aider! » Le paysan répondit: « Je ne sais pas si c’est un mal ou si c’est un bien.» Excédé par ces réponses, le voisin s’en revint chez lui, persuadé à présent que le paysan était fou.

Or, quelques jours après, la guerre fut déclarée et tous les hommes jeunes mobilisés pour aller se battre. Tous ? Sauf le fils du paysan qui avaient la jambe cassée bien sûr !

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Un vieux moine était assis sur le bord de la route, les yeux fermés, les jambes croisées, les mains posées sur les genoux. Il restait assis là, méditant profondément.  Soudain, son zazen fut interrompu par la voix rauque et revendicatrice d'un chevalier. - "Vieil homme! Dis-moi à quoi ressemblent le paradis et l'enfer? Sur le coup, le moine n'eut pas la moindre réaction. Mais peu à peu, il ouvrit les yeux, releva imperceptiblement les commissures de ses lèvres, comme pour sourire, tandis que le chevalier restait planté là, impatient, de plus en plus agité. - "Tu désires connaître les secrets du paradis et de l'enfer?" demanda finale-ment le moine. "Toi, avec ton allure négligée, avec tes bottes et tes vêtements couverts de boue. Avec tes cheveux ébouriffés, avec ta mauvaise haleine, avec ton épée rouillée et tordue. 

Le paradis et l'enfer

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Toi qui est laid et dont la mère t ’habille si drôlement, tu oses me demander de te parler du paradis et de l ’enfer?»Le chevalier jura vilainement.  Il sortit son épée et la souleva au-dessus de sa tête. Son visage devint cramoisi et les veines de son cou se gonflèrent tandis qu'il s'apprêtait à couper la tête du moine. - "Cela, c'est l'enfer", lui dit doucement le vieux moine, juste au moment où l'épée commençait à redescendre. Le chevalier resta bouche bée de stupéfaction, de respect, de compassion et d'amour devant cet homme aimable qui avait risqué rien de moins que sa vie, pour lui prodiguer cet enseignement. Il arrêta son épée à mi-chemin et ses yeux se remplirent de larmes de gratitude. - "Et cela, c'est le paradis!", conclut le moine...

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