Des bagues à chaton bien trompeuses…

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nnales de pathologie (2008) 28, 166—168

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

AS POUR DIAGNOSTIC

es bagues à chaton bien trompeuses. . .

isleading signet-ring cells. . .

Véronique Secq ∗, Bruno Chetaille, Myriam Marcy,Geneviève Monges, Luc Xerri

Service d’anatomie et cytologie pathologiques, département de biopathologie, institutPaoli-Calmettes, 232, boulevard Sainte-Marguerite, 13273 Marseille cedex 9, France

Accepté pour publication le 5 septembre 2007Disponible sur Internet le 2 juillet 2008

Observation

Un homme de 72 ans consultait au cours de l’année 2006 devant l’apparition de ganglionscervicaux et sus-claviculaires. Il n’avait pas d’antécédents connus. La tomodensitométrierévélait de nombreux ganglions médiastinaux et abdominaux profonds sans hépatospléno-mégalie associée. Les examens biologiques étaient normaux.

Une exérèse chirurgicale d’un ganglion sus-claviculaire était réalisée. Histologique-ment, l’architecture ganglionnaire était totalement détruite. Près de 90 % du parenchymeganglionnaire était remplacé par un infiltrat diffus de cellules tumorales dont le cyto-plasme contenait une vacuole optiquement vide, comprimant le noyau en un croissantpériphérique (Fig. 1A et B). Les colorations spéciales (PAS et bleu alcian) étaient néga-tives sur ces vacuoles. Quelques rares follicules étaient observés en périphérie (Fig. 1C).Ils étaient constitués d’une population cellulaire monomorphe de petites cellules clivéesassociées à de plus rares centroblastes (Fig. 1D). L’étude immunohistochimique (Fig. 2)ne montrait aucune positivité pour les antigènes épithéliaux, incluant cytokératines (KL1,Dako), CK 7 (OV—TL12/30, Dako) et CK 20 (Ks20,8, Dako), ni pour la protéine S100 (polyclo-nal, Beckman). Les cellules vacuolisées comme les cellules intrafolliculaires exprimaientCD20 (L26, Dako), CD10 (56C6, Novocastra) et Bcl2 (124, Dako). L’immunomarquage parle CD5 (4C7, Novocastra) se révélait négatif. Aucune positivité pour les chaînes légèreskappa (polyclonal, Dako) et lambda (polyclonal, Dako) n’était retrouvée, en particulier àl’intérieur des vacuoles.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (V. Secq).

242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.annpat.2007.09.002

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Lymphome folliculaire avec contingent de cellules en bague à chaton 167

Figure 1. Aspects histologiques de la prolifération. A (HES × 25) et B (HES × 100) : plages diffuses de cellules en bague à chaton ; C(HES × 25) : un follicule au sein d’une zone diffuse de cellules en bague à chaton ; D (HES × 200) : population intrafolliculaire.Histological aspects of the proliferation. A (HES × 25) and B (HES × 100): diffuse areas of signet-ring cells; C (HES × 25): one folliclesurrounded by signet-ring cells; D (HES × 200): intrafollicular population.

Figure 2. Immunomarquage de la population cellulaire en bague à chque quelques lymphocytes T réactionnels.Immunostaining within the signet-ring cells ( × 100). Positive staining fo

aton ( × 100). Positivité pour CD20, Bcl2, CD10. Le CD5 ne marque

r CD20, Bcl2, CD10. CD5 stains for a few reactive lymphocytes.

Quel est votre diagnostic ?

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iagnostic : lymphome B folliculaire avecontingent de cellules en bague à chaton

e lymphome folliculaire est une prolifération’architecture nodulaire constituée de petites cellulesentrocytiques associées à une proportion variable deellules centroblastiques. Les cellules tumorales exprimentD20, CD10 et Bcl2. L’existence d’un contingent de cellulesn bague à chaton représente une forme morphologiqueare. À noter que dans notre cas, malgré la présence delages diffuses, la chromatine des cellules en bague àhaton était toujours condensée, mature, ne permettantas de conclure en une transformation en un lymphomegressif à grandes cellules.

Les premiers cas de lymphomes avec contingent de cel-ules en bague à chaton ont été rapportés en 1978 [1]. Il’agit le plus souvent de lymphomes B folliculaires [1,2],ais également de lymphomes B diffus à grandes cellules

3] et de lymphomes T [4].La littérature est quelque peu déconcertante concernant

e terme de « cellule en bague à chaton » et trois types deacuoles peuvent être distingués :

les vacuoles de mucosécrétion des adénocarcinomes, lesplus fréquentes ;les inclusions cytoplasmiques d’immunoglobulines,encore appelées corps de Russel, essentiellementretrouvées dans les proliférations plasmocytaires etlymphoplasmocytaires de type myélome ou maladie deWaldenström ;les vacuoles optiquement vides, retrouvées de facon raredans certains lymphomes similaires au cas que nous rap-portons ici.

L’origine de ce dernier type de vacuole est débattue.lusieurs hypothèses ont été soulevées, en particu-ier l’accumulation d’immunoglobulines [1]. Cependant,’absence de détection d’immunoglobulines en immunohis-ochimie [2], puis la description de cas de lymphomes T [4]nt fait suggérer un autre mécanisme : la formation de laacuole cytoplasmique à partir d’un corps multivésiculaire

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V. Secq et al.

éant [2,4]. Les corps multivésiculaires sont des structuresellulaires impliquées dans la voie endosomale, en parti-ulier dans l’internalisation de protéines de surface danses vésicules d’endocytose et leur dégradation ultérieure.ls sont impliqués dans les phénomènes de recyclage mem-ranaire.

Ce sont les données de la microscopie électronique quint étayé cette hypothèse : les vacuoles sont limitées parne membrane et sont remplies de petites vésicules, aspectrès proche de celui des corps multivésiculaires [2,4]. Cetteltrastructure est retrouvée à la fois dans les lymphomes Bt les lymphomes T avec contingent de cellules en bague àhaton [2,4]. Le principal diagnostic différentiel devant desellules en bague à chaton dans un ganglion sus-claviculaire

st bien sûr celui d’une métastase par un adénocarcinome,otamment gastrique. La négativité des marqueurs épithé-iaux l’élimine facilement. Une tumeur adipeuse est écartéear l’absence de lipoblaste caractéristique et la négativitée la PS100. Des cellules en bague à chaton peuvent seencontrer dans d’autres carcinomes : d’origine mammaire,ulmonaire, cutané ou pancréatique, ainsi que dans certainsélanomes.La nature lymphomateuse d’une prolifération à cellules

n bague à chaton est donc une éventualité rare mais qu’ilaut garder à l’esprit car pouvant représenter un piège diag-ostique particulièrement redoutable.

éférences

1] Kim H, Dorfman RF, Rappaport H. Signet ring cell lymphoma. Arare morphologic and functional expression of nodular (follicu-lar) lymphoma. Am J Surg Pathol 1978;2:119—32.

2] Harris M, Eyden B, Read G. Signet ring cell lymphoma: a rarevariant of follicular lymphoma. J Clin Pathol 1981;34:884—91.

3] McCluggage WG, Bharucha H, El-Agnaf M, Toner PG. B cellsignet-ring cell lymphoma of bone marrow. J Clin Pathol1995;48:275—8.

4] Cross PA, Eyden BP, Harris M. Signet ring cell lymphoma of T celltype. J Clin Pathol 1989;42:239—45.