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Sommaire compilation des articles Direction sur les TICE et ENT Direction 168 à Direction 203 Pour accéder aux différents articles de Direction, cliquer sur les liens hyper-textes (CTRL + Clic)

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Sommaire compilation des articles Direction sur les TICE et ENTDirection 168 à Direction 203

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Direction n° 168 p. 21/22 - Mai 2009 Sconet et le projet de télé-services : un progrès ou une nouvelle charge pour les établissements ?

Direction n° 170 – p. 24 - Juillet/Août 2009 Les systèmes d'information dans la charte de pilotage : des prescriptions encore peu appliquées

Direction n° 174 – p. 74/75 - Décembre 2009 Extrait Commission Métier - CSN Novembre 2009Elaborer un cahier des charges des besoins de l’EPLE dans le domaine de l’environnement numérique de tra-vail

Direction n° 175 – p. 20 – Janvier/Février 2010Audition du SNPDEN par la Mission TICE (JM Fourgous)

Direction n° 177 – p. 6/7 - Avril 2010 – Edito Ph. TournierSystèmes d’informations de l’Education nationale : cen-tralisme soupçonneux et ambition impécunieuse

Direction n° 177 – p. 25 à 35 - Avril 2010 Du plan Informatique pour tous au rapport Réussir l'école numérique

Direction n° 177 – p. 36 à 41 - Avril 2010 Du plan Informatique pour tous au rapport Réussir l'école numérique

Direction n° 177 – p. 42 à 49 - Avril 2010 Les personnels de direction et les TICE : témoignages

Direction n° 177 – p. 50/51 - Avril 2010 – Joël LamoiseVote électronique pour les élections professionnelles

Direction n° 178 p. 34 à 38 - Mai 2010 TICE : notre ministère à l'assaut de la fracture numé-rique !

Direction 179 – p. 79/80 – Juin 2010Extrait CSN Mai 2010Systèmes d’information et applications informatiques : état des lieux ; Sconet-SDO…

Direction n° 181 p. 45 - Septembre 2010Extrait présentation des axes de travail de la commis-sion « métier »

Direction n° 183 – page 36 - Novembre 2010 Vote électronique : une nouvelle étape

Direction n° 187 p. 37/38 - Avril 2011Entretien avec Pierre Moeglin sur les TICE

Direction n° 188 p. 39/40 - Mai 2011 Octobre 2011 : C’est par Internet que vous voterez

Direction n° 189 p. 26 à 30 - Juin 2011 A la découverte des systèmes d’information de l’Educa-tion nationale

Direction n° 189 p. 32 - Juin 2011 ORQUESTRA : est-ce enfin la mise en musique de la ca-cophonie des enquêtes ?

Direction n° 189 p. 34 à 38 - Juin 2011 Travailler avec les nouvelles technologies – Témoi-gnages

Direction n° 189 p. 77 - Juin 2011 Des systèmes d’information efficients ?

Direction n° 191 p. 37/38 - Septembre 2011 Extrait présentation axes de travail commission « mé-tier »

Direction n° 194 p. 38/39 - Janvier 2012 SCONET a-t-il enfin vécu ?

Direction n° 195 p. 22/23 - Février 2012 La BEE et son nouvel environnement : le test

Direction n° 196 p. 72 et p. 77 - Mars 2012Extrait Rapport d’activité Commission « métier » : « De Biarritz à Lille, l’évolution de l’exercice du métier »

Direction n° 199 p. 23/24 – Juin 2012La bureaucratique : l’informatisation de l’administration passe-t-elle par une bureaucratisation de l’informa-tique ?

Direction n°202 p.39 à 52 – Octobre/Novembre 2012De la bureaucratique aux serious games

Direction n°202 p.52/53 – Octobre/Novembre 2012Ce que pensent nos élèves du numérique scolaire

Direction n°202 p. 53 – Octobre/Novembre 2012Rapport sur le plan « école numérique rurale »

Direction n°202 p. 54 à 56 – Octobre/Novembre 2012Diriger un système d’information académique : entre-tien avec Jacky Galicher

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► Sconet et le projet de télé-services : un progrès ou une nouvelle charge pour les établissements ? Direction n° 168 p. 21/22 - Mai 2009 – Joël Lamoise

Même si nous pensons que la dématérialisation des inscriptions des élèves présente un progrès indéniable, on ne peut qu'être inquiet de la manière dont les services du ministère projettent de la mettre en œuvre.

26 mars 2009 : première réunion sur les télé-services.Pourquoi citer cette date en exergue? Tout simplement pour la mettre en regard avec une autre : le 13 octobre 2006. Ce jour-là, nous étions quelques-uns, dans une délégation conduite par Philippe Tournier, à nous retrouver au ministère pour une première réunion de crise concernant les débuts calamiteux de Sconet. Et d'évoquer, déjà, notre souhait de voir aborder la question des télé-services. On nous avait alors annoncé un délai de deux ans pour leur mise en place. Plusieurs réunions et divers travaux plus tard1, on nous présente enfin une trame de ce que pourraient être « les télé-services offerts aux familles2 ».

Au juste, qu'en est-il ?Il serait proposé aux familles la mise à jour, par une saisie en ligne des informations administratives, de la fiche de renseignements de leur enfant scolarisé, mais également la consultation des notes, de l'historique des absences ou du dossier scolaire. Le chef d'établissement conserverait la possibilité d'activer tout ou partie des télé-services proposés.

Présentée ainsi, cette offre paraît apporter certaines améliorations au bénéfice des établissements scolaires et de leurs usagers : d’une part, plus de dossier d'inscription papier, plus de ressaisie informatique ; d’autre part, pour les familles, une consultation à tout instant du suivi scolaire de leur enfant. Cependant, l'état actuel du projet laisse douter de l’efficience des télé-services proposés.

Deux exemples illustreront mon propos.Le premier concerne l'accès à la télé-inscription par les familles. Chaque parent, responsable légal, peut demander à l'établissement un code d'activation3 permettant de créer un compte Internet sécurisé. Ce qui l’autorise à modifier et à compléter en ligne les données élève et responsable. Ces informations, stockées sur une base « pivot4 », sont ensuite transférées sur Sconet après validation par l'établissement. Si, par souci de sécurisation de l'ensemble du système informatique, le passage par une base intermédiaire s'avère indispensable, la lourdeur de la procédure d'accès aux données par les responsables légaux ne manque pas de nous interroger, en particulier lorsqu'il s'agira de leur communiquer confidentiellement le code d'activation, puis de les accompagner dans leur démarche de télé-inscription, tout ceci dans une urgence de fin d'année scolaire. Le deuxième exemple intéresse la sécurité d'accès aux données : noms, prénoms, âges ou adresses des élèves et de leurs responsables. Ces informations doivent bien évidemment être protégées pour ne pas favoriser un acte de malveillance ou la constitution de fichiers parallèles. Cependant, le ministère, considérant ces données comme « sensibles », prévoit de sécuriser leur accès de manière disproportionnée : en comparaison, il est plus simple en effet, et non moins sécurisé, de faire une demande de code d'accès par voie informatique à ses comptes bancaires.

En fait, la procédure de télé-services illustre une difficulté récurrente dans la gestion de nos systèmes d'information en général. L’utilisation de Sconet est au cœur de ce problème : que les données issues de Sconet servent à alimenter d'autres applications, privées ou publiques, nul ne peut en disconvenir, mais qu'il ne faille utiliser que les accès Sconet pour modifier ses bases, voilà qui nous complique la tâche, obligeant généralement les établissements à un travail fastidieux de saisie sur plusieurs logiciels de gestion5.Ainsi, cette première réunion nous a donné l'occasion de faire part de nos inquiétudes à nos interlocuteurs. Si la sécurité des systèmes informatiques est une règle à laquelle nous nous devons de souscrire, il convient de veiller également à la simplicité d'utilisation des télé-services, à l'accompagnement des familles et à la formation des équipes.

► Les systèmes d'information dans la charte de pilotage : des prescriptions encore peu appliquées 1 Ces travaux ont porté sur la cartographie des systèmes d'information des EPLE ou les projets de charte régissant le bon usage des TIC.2 C'est la formulation employée pour cette réunion.3 La diversité des situations parentales semble poser problème : un responsable légal demande-t-il un compte unique pour la famille, ou un

compte pour chaque parent ? Les données personnelles de l'un des responsables peuvent-elles être consultées par l'autre ? sachant qu'au final il n'y a qu'une seule fiche par élève !

4 Cette base « pivot » sert de passerelle de sécurité entre le portail d’inscription et Sconet.5 Il n'est qu'à prendre comme exemple le remplacement de courte durée des enseignants : les logiciels d'emploi du temps ont cette

fonctionnalité qui ne peut pas être transférée vers Sconet, puis vers le logiciel de mise en paie.Retour au sommaire

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Direction n° 170 – p. 24 - Juillet/Août 2009 – Joël LamoiseDe nombreux projets reposent sur le développement, la mise en œuvre et le fonctionnement des systèmes d'informations. Or, comme on l'a vu avec Sconet, il est primordial que l'avis des EPLE soit pris en compte dès la conception d'un projet. Pour l'utilisateur, une application informatique doit d'abord répondre à un besoin, s'adapter à une nécessité … et fonctionner, ou elle sera rapidement abandonnée. Innover, expérimenter, cela fait partie des enjeux de l'adaptation et du développement. Mais il est toujours intéressant de rappeler que les outils doivent être au service des personnes qui les utilisent.

Une maladie organique : la surcharge d'informations6

On dit quelquefois qu'il y a surcharge d'informations lorsque l'on fournit à quelqu'un des informations dont il n'a pas besoin. Même si le concept de « besoin d'informations » est difficile à définir, les informations que nous avons à traiter quotidiennement n'en constituent pas moins un excès visible et encombrant.En ne sachant pas, ou en ne voulant pas gérer ses différents types d'envois, notre administration nous met dans l'incapacité de les traiter tous. Ceux-ci restent alors en panne et le système tombe « malade de l'information ».Avons-nous les moyens de dépister les informations inutiles ? L'émetteur nous donne-il les éléments nécessaires pour apprécier l'intérêt des informations qu'il nous transmet ? Comme il n'a pas été défini quelles sont les informations jugées utiles et celles qui ne le sont pas, les premières sont noyées dans les secondes par une absence de ciblage suffisamment précis.Force est de reconnaître que ce tri est chronophage pour les établissements. Débordé mais pragmatique, chacun attend le troisième rappel à une enquête pour juger de sa pertinence et éventuellement prendre le temps d'y répondre !

N'y a-t-il pas une autre façon de procéder ?Pour ce qui concerne les enquêtes – qui représentent une grande part du courrier reçu – il n'est qu'à relire la charte des pratiques de pilotage des EPLE7 dans sa partie concernant la régulation des procédures d’enquêtes : « Les services administratifs du ministère mobiliseront systématiquement les sources administratives dont ils disposent afin de limiter l’envoi d’enquêtes dans les établissements et de réduire leur complexité […] Il n’est procédé à aucune enquête auprès des établissements scolaires qui n’ait obtenu le visa préalable du secrétaire général ou du directeur général compétent du ministère ou du recteur d’académie. Toute enquête non assortie d’un tel visa est considérée comme facultative. ».Si le principe ainsi édicté définit les priorités en matière d'enquête, la charte, dans son deuxième principe, précise l'usage du courrier électronique qui « entre les services centraux et déconcentrés du ministère et les EPLE permet une meilleure interactivité, à condition de ne pas saturer les secrétariats administratifs des EPLE, destinataires de l’ensemble des messages des services déconcentrés. ».Tout est acté.

Une charte académique de qualité On lit plus loin : pour maîtriser les flux d'information « les recteurs mettront en application une charte de qualité permettant de restreindre cette communication à l’indispensable.Le dispositif actuel de messageries fonctionnelles peut être complété par une palette de solutions techniques dont les plus opérationnelles pourront être mises en œuvre, après concertation au niveau académique avec les représentants des personnels concernés et en fonction des situations locales, afin de faciliter l’accès des chefs d’établissement à l’information […]L’amélioration de l’usage de la messagerie électronique implique la hiérarchisation des informations par leurs émetteurs. ».A l'instar de ce qui se pratique dans de trop rares académies, partout nous devrions obtenir la tenue de comités académiques de pilotage des systèmes d'informations, instances décisionnelles et faire observer les prescriptions énoncées précédemment en matière d'enquêtes ou de messageries électroniques. Il serait également souhaitable que, dans chaque académie, soit établi et communiqué, avant chaque rentrée scolaire, un récapitulatif des systèmes d'informations qui distinguerait les applications nationales, les développements d'applications académiques et les besoins en ressources humaines pour la mise en place et la continuité de ces applications.

La charte des pratiques de pilotage existe : faisons-la appliquer !

► Extrait Commission Métier - CSN Novembre 2009Elaborer un cahier des charges des besoins de l’EPLE dans le domaine de l’environnement numérique de travailDirection n° 174 – p. 74/75 - Décembre 2009

6 Concept développé par Humbert et Elisabeth Lesca dans l'ouvrage « Gestion de l'Information » 7 Par exemple, sur le site du SNPDEN : http://www.snpden.net/5_documentation/

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A – Textes de réflexion :« La Charte des pratiques de pilotage »

9. Améliorer les dispositifs informatiquesLes systèmes d’information de l’EPLE ont vocation à servir et faciliter l’exercice des missions d’enseignement et d’éducation ainsi que de la fonction administrative. Le principe de téléinscription des élèves, comportant le recueil de tous les renseignements per-sonnels, sera mis en pratique dans les deux ans.Pour les besoins du pilotage académique ou national, les systèmes mis en place par les services du ministère doivent permettre la consolidation des résultats sans contribution complémentaire des EPLE.Les services techniques du ministère se rapprochent des services territoriaux homologues afin de s’assurer que les systèmes d’in-formation destinés à alimenter, à la fois, l’établissement, l’État et la collectivité soient élaborés en cohérence, dans le respect des dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés et dans le cadre de l’autonomie des établissements.Les réunions du comité directeur des systèmes d’information du ministère sont précédées d’un groupe de travail spécifique avec les organisations représentatives des personnels de direction et des cadres administratifs des EPLE, pour les sujets intéressant l’informatique de ces établissements. Ce groupe fait connaître son avis sur les propositions qui lui sont soumises.Les Espaces Numériques de Travail, document de travail préparé par Joël Lamoise

a- Glossaire des différents termes employés :- ENT Dispositif informatique global permettant à un usager d’un établissement (étudiant, enseignant, personnel technique et admi-nistratif) d’accéder, via les réseaux, à l’ensemble des ressources et des services numériques en fonction de son profil et en rapport avec son activité. L'ENT, accessible depuis n’importe quel lieu équipé d’une connexion internet, offre à l'usager un point d’entrée unifié et sécurisé, avec une authentification unique, qui structure et présente de façon cohérente les services du système d'infor-mation (SI) de l’établissement. En masquant la complexité technique, l'ENT permet aux utilisateurs de se concentrer sur les ap-ports des TIC.

- Extranet Réseau privé qui permet l'échange de données entre une structure, ses interlocuteurs externes (clients, administrés, partenaires) en utilisant Internet. Le réseau est sécurisé et n'est ouvert qu'à ses membres.

- Internet Réseau mondial associant des ressources de télécommunication et des ordinateurs serveurs et clients, destiné à l'échange de messages électroniques, d'informations multimédias et de fichiers. La gestion est décentralisée en réseaux intercon-nectés.

- Intranet Réseau privé interne à une organisation dont l'accès et la consultation sont réservés.

- MOA Maîtrise d'ouvrage (dans un projet, le maitre d'ouvrage est celui qui exprime ses besoins, finance l'ouvrage, prend les déci-sions au cours du projet, vérifie et recette la solution)

- MOE Maîtrise d'œuvre (dans un projet, le maitre d'œuvre est celui qui réalise l'ouvrage)

- Portail Serveur web permettant d'accéder à beaucoup de services électroniques. Il est toujours ouvert. (cf. ENT)

- Système d'information (SI) Ensemble des éléments participant à la gestion, au stockage, au traitement, au transport et à la dif-fusion de l'information au sein d'une organisation

- TIC Techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l'informatique, de l'internet et des télécommunications.- Urbanisation du système d'information Démarche qui consiste à définir un système d'information qui puisse s'adapter et antici-per les différents changements (stratégiques, organisationnels, juridiques...) touchant l'établissement.

b- Réflexions pour un cahier des chargesQuelles sont, en théorie, les fonctions et les usages d’un ENT ?Les applications informatiques doivent permettre aux utilisateurs d’avoir accès à :• des services vie scolaire (emploi du temps de la classe, consultation et gestion des notes, autoévaluation, relations avec les pa-rents…) ;• la vie de l’établissement (voyages scolaires, activités associatives et périscolaires…) ;• les relations pédagogiques entre enseignants et élèves (mise à disposition de ressources pédagogiques, tutorat, gestion du B2i, cahier de texte de la classe, enseignement à distance…) ;

Comment sont sécurisées les données ?Les ENT véhiculent des données privées, dont la communication et l’archivage posent questions. Par exemple :

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• Comment, pour un parent, avoir la garantie qu'un ENT préserve la vie privée et les données personnelles de son enfant ?• Quelles sont nos obligations pour l'archivage des données ?• Et par voie de conséquence, qui doit prendre en charge la maintenance des ordinateurs et des réseaux dans chaque établisse-ment ?

Un principe de base : une information doit être saisie UNE fois dans le Système d’Information (SI), par la personne habilitée à le faire, sous le bon format, pour être utilisable par tout autre acteur du SI, en fonction de ses droits, dès que possible.

B - Motion A partir des contributions écrites de deux académies et les six interventions représentant six académies a été élaborée la motion suivante :

Motion 1Si l’environnement numérique de travail est devenu utile au pilotage des EPLE, sa mise en œuvre et la non-pertinence de cer-taines applications informatiques complexifient, voire alourdissent, le fonctionnement quotidien de nos établissements.Les développements disparates des ENT font apparaître aujourd’hui la nécessité de définir un cahier des charges national, acadé-mique et départemental garant d’une indispensable cohérence.Celui-ci doit impérativement s’inscrire dans le respect, d’une part de la charte des pratiques de pilotage, dans son paragraphe 9, et tout particulièrement dans les prescriptions suivantes :- Eviter que les applications informatiques ne soient un nouveau transfert de charge sur les EPLE… et souvent pour les personnels de direction, mais faire, au contraire, qu’elles se substituent aux dispositifs antérieurs (doublons papiers) ;- Rendre effective l’interopérabilité, dans le système d’information de l’EPLE, notamment pour un établissement qui utilise un ENT ;- Pouvoir choisir, pour l’établissement, les services qu’il souhaite mettre en œuvre ;- Garantir à ses utilisateurs l’assurance d’accès « transparents » (portail d’accès unique) ;- Associer impérativement les personnels de direction au moment de la définition et du choix des applications et supports pédago-giques et administratifs.Le coût engendré par la mise en place ou l’extension d’ENT ou de Système d’Information (SI) dans le cadre des opérations maté-rielles doit être pris en charge.Enfin, la mise en œuvre des ENT ne peut se concevoir sans la présence en EPLE de personnels qualifiés et en nombre suffisant, sans formation des utilisateurs à l’usage des applications et sans un service d’assistance et de maintenance du matériel informa-tique répondant aux besoins.Vote du CSN : unanimité

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► Audition du SNPDEN par la Mission TICE présidée par JM FourgousDirection n° 175 – p. 20 – Janvier/Février 2010 – Joël Lamoise et Corinne LaurentLe 16 novembre 2009, le SNPDEN a été auditionné par la mission TICE, présidée par Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines.Les participants à cette réunion étaient, pour l'essentiel, des directeurs de CRDP, des IEN 1er degré, des IA-IPR d'anglais, des conseillers TICE et des représentants du SNPDEN*. Dans sa présentation générale, Jean-Michel Fourgous nous a indiqué que la mission qu'il préside s'est donné trois objectifs : 1 – évaluer les expérimentations en cours ; 2 – impulser une meilleure utilisation des TICE ; 3 – moderniser le service public de l'éducation.

Quelques chiffresIl nous a fait part, ensuite, de quelques chiffres : 69 % des Français possèdent un ordinateur ; 62 % utilisent Internet ; 98 % des adolescents sont internautes et, demain, l’économie numérique représentera plus de 50 % de la croissance mondiale.Partant du constat que la France serait au 8ème rang européen en ce qui concerne l’équipement des établissements scolaires mais seulement au 21ème rang dans leur usage en classe et au 24ème rang dans leur maîtrise dans un contexte pédagogique, le parlementaire a été chargé, par le Premier ministre, de mener une réflexion nationale sur les recommandations visant à une meilleure intégration des outils numériques à l'École.

Le numérique, une compétence à acquérir grâce à l’écoleIl a rappelé que la maîtrise des outils numériques fait partie, depuis 2006 pour l’école primaire et 2008 pour le collège, des sept compétences du socle commun. Il a également souligné que leurs usages sont dorénavant mentionnés dans les programmes et que la mise en place du C2i « niveau 2 » dans les IUFM doit permettre à tous les enseignants débutants de posséder un bagage solide dans ce domaine.Jean-Michel Fourgous a indiqué que « le numérique, c'est faire rentrer le convivial à l'école » et conclut une série de questions par celle-ci : « Quel rôle et quel statut pour l'enseignant de demain ? »**

Le SNPDEN dénonce le fossé entre textes officiels et réalité sur le terrain6

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Philippe Tournier rappelle le caractère hétérogène et hétéroclite de l'équipement des établissements scolaires, au gré des bonnes volontés locales, posant la question de l'égalité du service public devant les usages et la maîtrise de l'informatique scolaire. Il souligne ensuite le manque d'ambition, donc de moyens, donné à la formation initiale et continue des enseignants dans ce domaine, même si cela est spécifié dans leurs programmes de formation. En particulier, il interroge sur la place qui est donnée dans ces formations à l'Éducation aux médias numériques.Le SNPDEN s'inquiète également de l'insécurité matérielle dans laquelle est placé le professeur – actuellement, il est volontaire et donc convaincu – lorsqu'il utilise l'outil informatique dans son enseignement et, par voie de conséquence, de la difficulté que cela engendre à convaincre ensuite les plus réticents d'entre eux. Le constat énoncé en début de réunion nous renforce bien dans l'idée de la nécessité, pour les enseignants, de disposer au quotidien d'un accompagnement dans l’utilisation pédagogique des TICE. Nous rappelons que cet accompagnement, ainsi que la maintenance informatique de proximité dont les établissements sont demandeurs, doivent être assurés par des personnels formés, qualifiés, professionnellement reconnus et stables dans leur emploi. Il nous apparaît que poser ces conditions est un indispensable préalable pour favoriser, grâce à ces compétences de proximité, des interventions rapides et efficientes sur site.

La formation des enseignants en questionLa mission qui nous auditionne pose alors la question complémentaire suivante : pourquoi, à l'heure où se mettent en place les procédures de masterisation des enseignants, la validation professionnelle repose-t-elle exclusivement sur la validation de connaissances, ce que reconnait déjà le Master, et non en partie sur la construction d'une séquence pédagogique utilisant les nouveaux outils de communication ?Pour y répondre, plusieurs intervenants soulignent qu'il existe des leviers au changement des pratiques : en premier lieu les épreuves des baccalauréats et l'ensemble des programmes qui pourraient intégrer des séquences utilisant les TICE, ensuite la formation et la validation professionnelle des enseignants. De plus, si l’usage des TICE nécessite une évolution du métier d’enseignant, permettre un accès libre aux ressources numériques, c'est aussi lever un frein à l’usage des TICE avec leurs droits d’auteurs et la propriété intellectuelle. L’usage « loyal » en classe, sans marchandisation, d’une ressource numérique par un enseignant ne pourrait-il pas être libre de droit, ainsi que cela se pratique dans certains pays anglo-saxons ?

Encore un plan informatique de plus ?Cette réunion nous ramène quelques années en arrière, avec ses idées novatrices, ses pionniers et ses publications. N'avons-nous pas traversé « un plan informatique pour tous » qui n'a changé, qu'à la marge, les pratiques pédagogiques de certains enseignants ? Alors faut-il, pour autant, ne pas croire à une nouvelle impulsion ? Non, mais parler de préconisations sans parler de moyens, n'est-ce pas rêver d'un plan informatique de plus ?

* Etaient présents, pour le SNPDEN, Philippe Tournier, Corinne Laurent, Joël Lamoise et Patrick Cambier.**Pour en savoir plus, le site de la mission Fourgous pour les TICE : http://www.missionfourgous-tice.fr

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► Point sur… SCONET, le livret de compétences, AFFELNET, l’ENR et le pilotage LOLF Direction n° 175 – p. 21/22 - Janvier/Février 2010 – Joël LamoiseJoël Lamoise et Alain Burleraux étaient présents, au nom du SNPDEN, à un groupe de travail préparatoire au comité directeur8 des systèmes d'information et des télécommunications, le 10 décembre 2009.

Après le dernier comité directeur de juillet 2009 et afin de préparer le prochain, Maryse le Bras (chef de la cellule de pilotage des systèmes d'information auprès du Secrétaire général), présidant la réunion, souhaite évoquer plusieurs axes :

1. un axe stratégique avec un point sur les applications liées à la gestion de la scolarité ;2. un axe TICE avec un point d'information sur le projet « École numérique rurale » (ENR) ;3. un axe Pilotage-LOLF avec un point sur deux projets : la fiche mutualisée des établissements et l'outil GFC.

SCONET« Ce nouveau module va être le pivot d'une plate-forme d'échanges inter-établissements entre les SI du MEN, des Ministères de l'Agriculture, de la Défense, de la Santé, de l'Emploi, et des CFA, dans le cadre de la politique de lutte contre le décrochage »9.Si « suivre un élève durant son parcours dans le second degré jusqu'à sa sortie » et, plus encore, si « prévenir le décrochage scolaire et accompagner les jeunes sortant sans diplôme » représentent un objectif national louable, la nouvelle application représentera, avec l'ensemble de ses modules (suivi de l'orientation, suivi de l'affectation et de l'inscription, suivi des élèves) une charge supplémentaire pour nos établissements: non que le suivi des élèves décrocheurs ne soit pas actuellement réalisé mais du

8 Le comité directeur est l'instance ministérielle décisionnelle en ce qui concerne le schéma stratégique des systèmes d'information et des télécommunications (S3IT). Avant toute réunion de ce comité, le SNPDEN est invité à un groupe de travail spécifique avec les organisations syndicales représentatives des chefs d'établissement et des cadres administratifs de l'EPLE.9 Dans toute cette première partie, ce qui est indiqué en italique, ici et dans les paragraphes suivants, est repris des fiches distribuées lors de la réunion par la Cellule de pilotage des systèmes d'information (CePSI). Nos commentaires sont dans l'encadré.

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fait des procédures à engager.Le calendrier des procédures pour l'application « Suivi des élèves » – la seule présentée à ce jour – peut sembler réaliste :

rentrée 2009 : repérage automatique des élèves non-scolarisés par comparaison entre la base « élèves » de l'établissement de l'année précédente et la base « élèves » académique de l'année en cours ;

janvier/février 2010 : repérage par les différents acteurs de l'établissement des élèves potentiellement décrocheurs ; juin/septembre 2010 : repérage, dès la fin des procédures d'affectation, des élèves non affectés ou affectés hors

Education nationale ou ayant échoué à l'examen.Il n'en demeure pas moins que de nouveaux acteurs, avec des missions nouvelles, sont à trouver dans l'établissement : en dehors du chef d'établissement et du COP, un référent SDO est à désigner et une équipe de suivi doit être constituée.Pour compléter l'information, le module Sconet SDO « Suivi des élèves » est actuellement en expérimentation dans toutes les académies sur des établissements choisis.

Le Livret de compétences« Un Livret personnel de compétences (LPC) va être réalisé pour tous les collèges à la rentrée 2010. Un projet de Livret global de compétences suivant la formation tout au long de la vie sera expérimenté de la rentrée 2010 à 1012 dans quelques établissements proposés par chaque recteur ».Ce LPC10 devra permettre à chaque élève de connaître son niveau de départ et les objectifs qu'il doit se fixer pour valider les compétences du socle commun et à chaque famille de suivre cette validation.En ce qui concerne le Livret global de compétences, il ne doit pas s'ajouter aux multiples supports mis en place dans les établissements, parmi lesquels on pourrait citer le livret de l’élève aidant à l’orientation et à la construction des parcours personnels dans l’enseignement professionnel, le portfolio concernant les compétences en langues, les outils d’autoévaluation et de motivation, les fiches-bilans de compétences pour assurer la continuité des apprentissages en langues vivantes entre l’école et le collège, les fiches de position concernant les compétences du B2i...Avant toute mise en œuvre, une clarification s'avère indispensable afin d'éviter les risques de confusion et de substitution qui peuvent apparaître dans la juxtaposition de ces différents livrets.

AFFELNET 6ème

« Une première version a été réalisée pour une expérimentation prévue en mars 2010 avec quelques IA volontaires ».Le produit semble reprendre, pour l'entrée en 6ème, celui que nous connaissons pour l'entrée en seconde. Cependant, l'affectation informatique en première année de collège ne peut se faire sans une acuité particulière qui tient compte des contraintes liées aux conditions de mise en œuvre de l'assouplissement de la carte scolaire.La quasi-totalité des inspections académiques se seraient portées candidates à cette expérimentation. Le Ministère en aurait retenu huit. Dans ces départements, le déploiement est envisagé en avril 2010 pour préparer la rentrée scolaire 2010.

Le projet « Ecole numérique rurale » (ENR)Ce projet a été initié en 2009 pour équiper 5.000 écoles rurales de moins de 2.000 habitants en fournitures d'équipements et de services numériques, ainsi qu'en ressources numériques et de formation pour les enseignants. Actuellement, 6.700 projets sont à l'étude.Ce projet a été rapidement évoqué par la mission TICE11 présidée par le député des Yvelines, Jean-Michel Fourgous.

Pilotage LOLFFiche Mutualisée Établissement : les objectifs de cette fiche, qui existe sous d'autres noms dans différentes académies, est de communiquer, notamment auprès des parents d'élèves, des informations concernant les établissements scolaires et de fournir aux personnels de direction12 un ensemble d'indicateurs « support au pilotage et à l'auto-évaluation ».Cette fiche sera renseignée par un « noyau commun d'indicateurs » pour toute la France, par des « références départementales, académiques et nationales » et par des « évolutions temporelles historiques ».Certaines informations seront à disposition du grand public (coordonnées et structures de l'établissement, contrat d'objectifs, projet d'établissement, offre de formation) ; d'autres ne seront disponibles qu'aux personnels de direction et aux autorités départementales, académiques et nationales, par accès sécurisé.Une première livraison aux académies est prévue pour le 1er trimestre 2010 avec un déploiement dans le courant du 2ème trimestre 2010.GFC : la nouvelle version, utilisant « MySQL » comme système de gestion de base de données, explique la nécessité de l'installation de nouveaux serveurs HORUS dans les établissements supports d'agence comptable.

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► Systèmes d’informations de l’Education nationale : centralisme soupçonneux et ambition impécunieuse10 Le livret personnel de compétences avait été annoncé dans le BO n°22 du 7 juin 2007 !11 Le SNPDEN a été reçu le 16 novembre 2009. Voir le compte rendu publié dans ce même numéro de Direction.12 Le chef d'établissement aura la possibilité de déléguer les droits d'accès à l'application.

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Direction n° 177 – p. 6 et 7 - Avril 2010 – Edito de Philippe TournierPeut-être connaissez-vous cette photographie (pour les plus anciens, elle illustrait l’article « Italie » de l’encyclopédie Uni-versalis à l’époque du papier) : dans la Rome des années trente, la façade d’un palais est camouflée par un gigantesque panneau constellé de « SI » comme « oui » en italien (c’était pour un plébiscite où il n’était d’ailleurs sans doute pas pré-vu qu’on votât « non ») ; mais « SI », c’est aussi « systèmes d’information » dans la France d’aujourd’hui. Vous me voyez venir et trouvez le parallèle peut-être un peu lourd mais « lourd », n’est-ce point le qualificatif qui convient aux systèmes d’information de l’Education nationale ? Lourd comme quelque chose qui pèse, lourd comme une plaisanterie dépla-cée qui dure trop longtemps.

Un système où les établissements n’existent pasC’est peu dire que le déploiement de système d’informations dans notre institution n’est pas un succès : l’insatisfaction et le mé-contentement sont la dominante depuis maintenant vingt ans, et pas seulement dans les établissements. La raison semble simple : l’architecture idéologique qui les sous-tend relève plus de la vision des rapports hiérarchiques des années trente que d’un système en réseau basé sur la confiance dans ceux auxquels on demande de collaborer. Les concepteurs de ces systèmes d’information ont réussi le tour de force de transformer de « nouvelles technologies de l’information et de communication » en conservatoire de formes archaïques de l’organisation. En fait, ils n’en finissent pas de réaliser le rêve des technocrates des années soixante : dé-busquer les « fantômes » et connaître immédiatement le nombre exact d’élèves. Rappelez-vous : c’était l’époque de l’enquête n°16 (dite « lourde » : encore !) dont on remplissait en rouge les cahiers verdâtres pleins de chausse-trappes car il était entendu que les établissements se trompaient ou cherchaient à tromper. Voilà les présupposés persistants des systèmes d’information à l’Education nationale. Exagération ? Il y a pourtant des détails constants, troublants et « signifiants » comme disent les psy-chiatres : système sachant débusquer les doublons mais incapable de déceler les sorties sans qualification, système où il faut vali-der sans cesse (mais c’est normal : nous sommes si distraits), système où il est entendu que les établissements saisissent mais font tout à la main (c’est bien la conception de la base élèves de Sconet ou d’Affelnet). Ainsi, nos interlocuteurs eurent l’air surpris quand, lors du lancement de Sconet en 2006, le SNPDEN s’étonnât que l’on n’ait pas songé à la possibilité que les élèves puissent s’inscrire ou se réinscrire en ligne. C’est pourquoi le point 9 de la Charte des pratiques de pilotage signée le 24 janvier 2007 stipulait expressément : « Le principe de télé-inscription des élèves, comportant le recueil de tous les renseignements per-sonnels, sera mis en pratique dans les deux ans ». Pas besoin d’un serveur ultra-puissant pour calculer que 2007 + 2, cela fait 2009. Or, trois ans plus tard, l’engagement n’est toujours pas respecté. On nous parle bien d’expérimentations à venir ; on nous explique que c’est très compliqué, on nous murmure qu’il y a des problèmes de sécurité particulièrement ardus (ah, bon : nos « bases élèves » sont des données stratégiques plus sensibles que des comptes bancaires ou des déclarations fiscales ?). Bref : on nous « promène ». Qui nous fera croire que d’insurmontables difficultés technologiques sont la cause d’une telle lenteur alors que le ministère trouve le temps de développer des produits aux finalités douteuses (Sconet Absences) ou trébuchant dès leurs premiers pas (comme Sconet Notes, logiciel qui ne peut pas être « basculé » dans Admission-postbac contrairement aux autres, ce qui a valu à ceux qui l’ont choisi de tout ressaisir à la main : à nouveau, il faut déconseiller l’utilisation de ces produits, si gratuits soient-ils). Et, pendant ce temps, l’ASSR revient au papier (sans explication, évidemment) !

Il faut dire non à de nouveaux produits dans ces conditionsEn lisant ces lignes, sans doute avez-vous envie de rajouter la vôtre. Depuis vingt ans, ce sont les mêmes errements inlassable-ment répétés, la même superbe inoxydable qu'aucune avanie ne semble en mesure d’altérer. Et pourtant, après un fiasco comme celui de Sconet en 2006, n’importe quelle organisation un peu inquiète de son crédit, vaguement soucieuse de « l’image de soi » (sans parler de ses usagers), aurait retiré un produit à ce point défaillant, en aurait changé l’apparence et le nom. Mais là, non, on avance, imperturbable. Et pas que pour Sconet : c’est aussi Progrè qui empoisonne la vie des Greta, c’est Gfc, c’est Gospel qui valu à quelques milliers d’agents de se retrouver sans paye. Sans compter tous les produits qui macèrent dans cet Alien sans maître. Ainsi, voilà que s’annonce Sconet-sdo, conçu pour repérer les décrocheurs (ah, enfin !) qu’on envisage d’imposer aux éta-blissements comme « un système normal des inscriptions de l’ensemble des élèves ». Tremblons ! Le scenario est connu d’avance, impitoyable, répétitif : c’est l’assurance de se demander, en octobre ou en novembre, qui peut bien s’être inscrit en juillet sans très bien savoir qui a décroché. C’est pour cela que le SNPDEN a dit non : plus de développement de produits dans ces conditions. Après vingt ans d’errements autosatisfaits, cela suffit.

Les systèmes d’information sont devenus l’administration elle-mêmePourtant, dans l’entrelacs des comités et des décideurs où se sécrètent ces projets, ce ne sont ni les compétences, ni les bonnes volontés qui manquent. La décision politique et la gouvernance, elles, sont remarquablement absentes. C’est la première des fai -blesses des systèmes d’information de l’Education nationale : ni les ministres, ni leurs cabinets ne sont intéressés à cette question (c’est un peu moins vrai aujourd’hui : peut-être effet générationnel). Considérés comme médiocrement techniques et donc aban-donnés aux lois des techniciens et aux méandres des bureaux, on n’a pas voulu voir que les systèmes d’information ne remplacent pas simplement le papier : ils sont devenus l’armature administrative elle-même. Par exemple, regardez comment le TRMD, simple outil de gestion, s’est imposé dans les années 1990 en lieu et place de la répartition de la DHG, décision « politique », au point de s’y substituer dans nos esprits.Un second point nous interroge : si la prise d’informations est légitime, comment a-t-on pu imaginer un système où, pour avoir un numéro de téléphone de parents en cas d’accident d’élève, il faut qu’un serveur rectoral ne soit pas en maintenance ? C’est la dé-monstration de la conception erronée sur laquelle se sont construits les systèmes d’informations : non, ceux des EPLE ne sont pas qu’une suite de terminaux des systèmes centraux. Outre la culture tenace du centralisme soupçonneux, c’est qu’on a voulu impor-

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ter une organisation dite « en nuages » (cloud computing) pour laquelle, effectivement, les géants d’internet sont en mesure de dé-penser des milliards (car cette « dématérialisation » est très matérielle) mais notre impécunieuse institution n’avait, n’a et n’aura pas les ressources nécessaires. On le voit bien : malgré d’inégaux mais indéniables efforts, ça ne fonctionne toujours pas correcte-ment et il est douteux qu’il en aille autrement dans l’avenir. Cette construction hasardeuse aura toujours « un train de retard » mais nous ne devons travailler que sur la base élèves de Sconet et cela nécessite souvent quatre à huit fois plus de temps que la même opération sur un format du genre Excel ! C’est pour cela qu’un système de « prise d’informations » permettant aisément exporta-tions et importations sous des formats courants serait plus adéquat (cela se fait d’ailleurs déjà en partie pour STS-Web ou pour Admission-postbac : pourquoi pas pour la base élèves ou la notation des professeurs ?).

Les systèmes d’information impactent aujourd’hui trop la vie de nos établissements pour que nous puissions continuer à accepter le traitement auquel nous sommes soumis. Il est possible que nous soyons écoutés. Il est aussi possible que nous ne soyons pas entendus : il faudra alors peut-être rappeler que les systèmes d’information, tels qu’ils sont conçus, ne sont finalement d’aucune utilité pour nos établissements qui pourraient s’en priver, eux, sans dommage…

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► Rapport Fourgous : le débat sur l'école numérique est relancé Direction n° 177 – p. 25 à 35 - Avril 2010 – Joël Lamoise Commandé par François Fillon en août dernier, le rapport sur La modernisation de l'école par le numérique a été remis par Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, au ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, le lundi 15 février. Ce dernier a alors annoncé qu'il présenterait d'ici au mois d'avril un « plan numérique pluriannuel très ambitieux ». Mais ce plan pourra-t-il utilement s'appuyer sur le rapport qui vient de lui être remis ? S'il présente des éléments d'analyses, en comparant notamment « l'équipement TICE des établissements scolaires » (1) ou en relevant les disparités régionales en matière d'équipement ou de connexion (2), le texte déposé auprès du Premier ministre prend trop souvent la forme d'un plaidoyer pour l'intégration des TICE, décrivant les contours d'une société utopique bien éloignée de nos réalités.

Ce rapport a le mérite de relancer le débat sur l'école à l'ère du numérique et, notamment, d'appeler à une politique globale et ambitieuse. Dans ce document de plus de 300 pages intitulé Réussir l'école numérique, la mission parlementaire a identifié 70 mesures regroupées en 12 priorités.Parmi les mesures annoncées, nous pouvons noter des propositions concernant la formation des enseignants à tous les niveaux, l'importance d'une politique des ressources et des contenus, l'évaluation des nombreuses expérimentations déjà existantes et la question des droits d'auteur ou du logiciel libre.Également dans ses préconisations, le rapport veut « connecter en haut débit 100 % des écoles et des établissements scolaires pour 2010 » ou « généraliser à 100% des établissements scolaires les tableaux numériques interactifs » (3), ainsi que « former 6.000 ambassadeurs du numérique » (4), « abaisser le taux de TVA à 5,5 % pour le numérique pédagogique » ou « rendre obligatoire, pour 2011, la publication bi-media de chaque ouvrage pédagogique et éducatif ».

Beau travail et belle prise de conscience mais…Beau travail. Belle prise de conscience. L'enthousiasme du rapporteur apporte, dans le même temps, quelques discrédits sur ses conclusions et ses recommandations. Ainsi, écrire que « l'arrivée des TICE modifie l'espace classe, prolonge le temps scolaire, crée un continuum temps scolaire temps extrascolaire, multiplie les ressources à l'infini, fait évoluer les modèles de travail et les modes de formation... Le numérique bouscule l'école ! » (5) est un constat intéressant mais dont on ne peut pas se contenter. D'autre part, comment partager l'idée que les nécessités et les intérêts économiques de notre société puissent être les raisons et les finalités du développement de la numérisation de l'École ? Comment imaginer parer de toutes les vertus pédagogiques la généralisation des TICE ? Comment croire qu'améliorer « l'efficacité de l'administration et de la gestion des établissements scolaires » passe obligatoirement par le développement des TICE ?Certes, l'École doit, à juste titre, prendre en compte les mutations majeures de notre société, et le rapport, en comparant « l'arrivée de l'Internet à la naissance de l'imprimerie », prend la mesure de ces évolutions en cours. Mais sommes-nous assez candides pour croire que « la société du numérique permet de passer d'une société et d'une intelligence individuelle à une société et une intelligence collaborative » ? Et tout cela grâce à Internet qui, « en réduisant toutes les tâches à valeur faible ajoutée ou à forte pénibilité, très souvent automatisée, permet, peu à peu, de redéployer les personnes vers des projets d'écoute client, de développement de partenariats, d'innovation, de conduite de projet, vers des tâches à plus forte valeurs ajoutées » (6).

Une société futuriste imprégnée d'objets technologiquesDès le préambule, M. Fourgous nous décrit une société futuriste imprégnée d'objets technologiques, libérée de la pénibilité du travail, pacifiée par la technologie. Parmi une foule d'exemples, ne peut-on pas lire, en effet, que « les maisons seront personnalisées et s'adapteront aux caractéristiques des personnes présentes » (7) ou encore que « les technologies sans fil seront omniprésentes et nous permettront de faire apparaître de petits écrans flottants, à portée du regard : en se réfléchissant sur nos rétines, un mini-écran implanté dans nos lunettes ou nos lentilles nous permettra de faire apparaître dans notre environnement des données ou objets virtuels » (8).Redescendons au niveau de nos établissements scolaires et reprenons quelques mesures de ce rapport parmi les 70 annoncées.

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Les élèves passifs deviendront actifs ?Selon Jean-Michel Fourgous, par la magie des TICE, les élèves passifs deviendront actifs, construisant eux-mêmes leur savoir « en restaurant la confiance des élèves, en les remotivant et en leur permettant de travailler et de progresser à leur rythme, les TICE pourraient permettre de diviser par deux le nombre d'élèves sortant sans qualification et de diviser par trois le taux de redoublement » (9). Précision est donnée que le coût de l'échec scolaire, évalué à 3,5 milliards d’euros, serait ramené à 1 milliard. Mais le rapport n'envisage aucune autre alternative en la matière, alors qu'on pourrait supposer que la réduction de l'échec scolaire ne passe pas par le recours exclusif aux TICE.Grâce à l'utilisation généralisée des TICE, la mission parlementaire affirme que le système éducatif va s'adapter à l'élève, que la relation enseignant-élève va s'en trouver renforcée, ainsi que la confiance mutuelle entre élèves, et que les inégalités et l'échec scolaire vont décroître. En somme, la recette miracle. La solution n'est certainement pas si manichéenne : il aurait été de bon ton de nuancer davantage une réflexion qui montrerait toute la complexité des technologies évoquées ainsi que leurs développements. Et si l'École doit en effet se numériser, c'est en accompagnement d'une « alphabétisation » ou d'une « acculturation » (10) numérique bien comprise, comme instruments de savoir et d'émancipation des élèves, savoir que l'on apprend à produire et à partager.Nous aurions aimé, par rapport à l'opération avant-gardiste des Landes (11), que l'analyse présente de façon plus précise les conditions de l'expérimentation : formation des enseignants, analyse des résultats scolaires, maintenance des équipements. Or le bilan, effectué en 2009 dans 8 collèges (sur les 35 équipés), indique simplement la satisfaction des enseignants, des élèves et des parents. Il signale quatre avantages majeurs de l'utilisation des TICE : « motivation de l'élève, possibilité de mise en œuvre d'une pédagogie différenciée, autonomisation de l'élève, facilitation de la communication entre les enseignants, les élèves et les parents ». Nous en sommes tous persuadés depuis longtemps. Il faut aller plus loin.

L’importance de la formation des enseignantsAinsi l'analyse comparative France / Royaume-Uni / Finlande / Danemark permet de rappeler l'importance de la formation des enseignants : si « les pays ayant les systèmes des plus efficaces avec de très bons résultats scolaires, étaient également ceux qui […] avaient investi dans les TICE », la mission précise que « l'équipement seul des TICE n'est pas suffisant. L'aspect le plus essentiel reste la formation des enseignants » et propose la mesure 6 : « Affecter 20 % des crédits formation de l'Éducation nationale pour former à l'utilisation des outils et aux fonctionnalités du numérique, avec une priorité sur les nouveaux enseignants et les cadres ». C'est en effet une nécessité insuffisamment prise en compte à ce jour.Enfin, on pensait pouvoir sortir du caricatural débat pédagogique entre les anciens et les modernes, entre les pédagogues et les républicains. Rappelons que la nécessité d'établir une relation pédagogique entre l'enseignant et l'élève n'est pas neuve. Qu'on se reporte aux propos de Jules Ferry en 1880 : « Nous voulons des éducateurs ! Est-ce là être trop ambitieux ? Non. […] Ces méthodes ne sont praticables qu’à une condition : à savoir que le maître, le professeur, entre en communication intime et constante avec l’élève » (12). Nul doute que la réflexion pédagogique n'a eu de cesse de se développer, impliquant, dès les années 70, la recherche d'alternatives au cours frontal tant décrié dans ce rapport : nous constatons une ignorance de l'ensemble des pratiques de classe actuellement en usage. D'où cette présentation des TICE comme remède exclusif aux maux actuels de l'école : « le chahut, des situations difficiles à gérer, une explosion de violence... sont le plus souvent la conséquence d'une mauvaise communication », avec la nécessité que les enseignants se placent « à côté de l'apprenant et non plus exclusivement face à lui » impliquant que « la pédagogie évoluera d'un mode présentiel, disciplinaire et instructiviste vers un mode mixte (présentiel et e-learning), transdisciplinaire où l'élève sera acteur, au centre de l'apprentissage, soit vers une pédagogie dite constructiviste » (13).L'utilisation pédagogique des TICE ne peut être exclusive et devrait se présenter comme un moyen agissant en complémentarité avec d'autres.Bref ! Sans beaucoup de nuances, la généralisation des TICE, parée de toutes les vertus pédagogiques, est présentée comme un trojan (14) qui permettra enfin d'en terminer avec les méthodes d'une autre ère, tenues pour responsables d'une inadaptation du système scolaire français au monde qui l'entoure.

L'autonomie et le pilotage des établissements encensés« La capacité d'innovation technologique et pédagogique d'un système éducatif dépend de nombreux facteurs, au rang desquels l'autonomie des établissements et des acteurs locaux de l'éducation sont les plus importants » (15).Dont acte. Mais pour la mission, « renforcer l'autonomie des établissements scolaires pour développer les services numériques et l'éco-citoyenneté » se réduit, mesure 53, à « poursuivre et intensifier la formation des chefs d'établissements (en particulier les entrants dans le métier) au management et à la conduite du changement, au pilotage du projet numérique et au leadership pédagogique ».En cela, elle reprend les préconisations de l'Organisation de coopération et de développement économique. Selon l'OCDE (16), « les raisons de l'informatisation des établissements scolaires sont nombreuses : amélioration et efficacité de l'administration des établissements scolaires ; gestion et organisation de la vie scolaire tout en permettant une réduction des coûts de fonctionnement ».L'Organisation précise, dans un rapport de 2004, qu'il existerait une corrélation directe entre la proportion d'utilisateurs des TIC et la productivité d'un pays. Or les études et recherches (17) ne permettent pas de trancher si clairement la question de l'impact des TIC sur la performance d'une organisation, un impact positif ne saurait être systématique et un impact négatif étant même possible (18). Aucun déterminisme en matière de nouvelles technologies de l'information, qu'il soit technologique ou organisationnel, ne suffit pour augmenter la performance d'une organisation, d'une entreprise ou d'une économie (19). Il fait consensus que c'est bien au travers des processus de changement organisationnel que ces technologies ont un impact ou non.

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On comprend donc que, pour que les TICE aient réellement une place dans le monde scolaire, il faut que l'univers scolaire s'adapte, se modifie et profite alors, et seulement, des possibilités d'utilisation de ces technologies.

Les freins propres au système scolaireIl est alors d'autant plus surprenant que le rapport n'ait pas davantage repéré les freins propres au système scolaire – si ce n'est dans la mesure 61, « aider à renforcer la place du numérique dans les programmes scolaires et à mettre en place des épreuves numériques dans les examens » – en sous-estimant sans doute les contraintes imposées par les programmes, les examens, l'organisation des classes ou les découpages disciplinaires des savoirs. Et d'autre part, peut-on concevoir un établissement numérique sans réfléchir au fonctionnement quotidien de celui ci ? La mesure 70, « signer une charte d'engagement de l'État avec ses partenaires locaux sur le développement du numérique », peut y contribuer : locaux, horaires, circulations correspondant rarement à l'émergence des TICE. Il faudra nécessairement y évoquer la maintenance des équipements – gros problème pour les établissements et frein pour les enseignants – autrement que par « une gestion locale, remplie le plus souvent par des enseignants ou des administratifs en qualité de personnes ressources TICE » (20).Mais rendons au rapport cette justice. La mesure 9, « mettre en place un plan de formation TICE des inspecteurs et des personnels de direction, des cadres administratifs de l'Éducation nationale et des collectivités pour améliorer la connaissance des enjeux du numérique et le pilotage des outils, et pour articuler les services numériques de l'administration et du pédagogique », réellement appliquée, permettrait certainement, pour des applications informatiques pertinentes et efficientes pour l'utilisateur comme pour la structure, de s'approprier les outils pour mieux les faire évoluer.

Dynamiser l'achat de ressources numériques pédagogiquesLa mission, avec la troisième priorité, a la volonté de « créer en urgence, dans le système juridique du droit d'auteur, une exception pédagogique facilitatrice et durable » (mesure 14), de « mettre en place un chéquier ressources numériques pour les établissements scolaires, afin de susciter et de dynamiser l'achat de ressources numériques pédagogiques » (mesure 16) ou encore de « favoriser le développement de ressources libres et la mise à disposition de ressources non payantes » (mesure 23), alors qu'un fonds serait créé pour soutenir l'édition propriétaire et « investir massivement dans la production de nouvelles ressources » (mesure 22).Ces préconisations rejoignent un autre rapport, commandé en 2008 par le ministère de la culture et déposé en août 2009 auprès du nouveau ministre, Frédéric Mitterrand, par un groupe de travail sur le patrimoine culturel numérisé. Resté pour l'instant confidentiel, ce document de synthèse est titré Partager notre patrimoine culturel – Propositions pour une charte de la diffusion et de la réutilisation des données publiques culturelles numériques. Il définit 25 recommandations parmi lesquels on trouve : « lever les obstacles à la présence de données françaises sur les sites collaboratifs », « garantir la compatibilité et la qualité numérique des données » et « proposer une licence clic gratuite en cas de réutilisation [des œuvres] non commerciale », forts complémentaires des préoccupations du rapport TICE, évoquant « une liberté pédagogique freinée » (21).Tout en reconnaissant que des solutions commencent à apparaître, en particulier avec un passage un peu mystérieux sur les licences Creative Commons (22), restons sur une note optimiste quand le rapport évoque, page 268, le fait que « l'offre libre a peu à peu pénétré le système éducatif : en effet, l'idée de partage et de gratuité (23) (permettant à l'élève de télécharger le logiciel gratuitement à son domicile) a séduit le monde enseignant, de même que l'offre émanant des enseignants eux-mêmes ».

Les espaces numériques de travail (ENT)Le rapport indique : « Poursuivre le développement des ENT, formidable levier de progrès, en collaboration avec les collectivités » (mesure 24). Mais s'agit-il de poursuivre ou de repenser le développement des ENT ? La mission parlementaire semble méconnaître les conditions actuelles de ce développement qui se fait d'une manière désordonnée et inégale sur l'ensemble des régions et départements français, avec des applications souvent inefficaces, lentes et peu efficientes. Peut-on, dans un ENT, se contenter du seul cahier de texte numérique ou, à l'inverse, trouver tout et n'importe quoi ? Ne serait-il pas raisonnable de s'en tenir au principe listé à la priorité 4 : « Développer des espaces numériques de travail », en repensant un cahier des charges réellement adapté, plutôt que de laisser chacun bricoler son ENT quand il existe (24) ? Il s'agit de faire de cette plate-forme un véritable outil de partage de ressources et de services numériques, pour tous les usagers de l'école, en rapport avec leurs activités et leurs préoccupations.Après plusieurs années de déploiement, les retours d'expérience montrent que les usages pédagogiques et administratifs des ENT sont quasiment absents alors que les ressources matérielles et les solutions informatiques sont disponibles. Pourquoi les usagers n'investissent-ils pas les équipements fournis ? S'agit-il encore de poursuivre le développement actuel d'un ENT ou de le repenser ? Ce sont quelques questions à se poser, en complément de celles-ci : comment, au-delà des aspects techniques, un ENT peut-il rapprocher deux générations : les Digital Natives et les Digital Migrants (25) ? Comment créer une communauté d'intérêt qui dépasse le cercle restreint des experts et des techniciens ?Si l'utilisation pédagogique d'un ENT bien pensé, préservant en particulier la sécurité et la confidentialité et favorisant le développement de normes d'interopérabilité, pourra se faire en classe, avec l'utilisation d'un « panel de livres validé pour constituer une bibliothèque numérique d'incontournables » (mesure 18), son usage à la maison ne sera systématisé que si tous les élèves sont équipés et connectés.

En guise de conclusionNotons avec satisfaction la volonté affichée, dans ce rapport, à de nombreuses reprises, de vouloir donner une place essentielle à la formation professionnelle des acteurs : enseignants, inspecteurs, personnels de direction, cadres administratifs et, ainsi, de renverser les traditionnelles habitudes qui consistaient d'abord à équiper les écoles pour former ensuite, peut-être, les utilisateurs.

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Il s'agit, en effet, de rétablir un processus qui rééquilibre la part de la formation sur les équipements (26). Jean-Michel Fourgous estime, pour un programme qui reste encore à chiffrer précisément mais annoncé à un milliard d'euros, que son plan devra mobiliser une partie du budget du futur grand emprunt d'État (27).Mais la mission parlementaire, à ne pas écouter l'École, à trop écouter les TICE, est passée à côté d'une réflexion sur le système scolaire français qui, d'ailleurs, reconnaissons-le, ne leur avait pas été demandée : la mission confiée par le Premier ministre devait seulement s'attacher à « émettre des préconisations pour accélérer le développement des écoles, collèges et lycées numériques » (28), d'où le sentiment de dispersion et l'impression d'inachevé que procure la lecture du rapport complet, en dépit d'idées intéressantes, de bonnes intentions et d'outils de travail (recensement de travaux, enquêtes comparatives). L'opportunité de créer une structure nationale de pilotage et de coordination pour mieux conduire et accompagner le développement du numérique à l'École s'avère essentielle.

Les 12 priorités du rapport Fourgous Connecter et équiper les écoles au numérique ; Former les enseignants et les cadres pour transformer les pratiques ; Créer de nouveaux supports interactifs et des manuels numériques innovants ; Développer les espaces numériques de travail ; Généraliser les équipements pour l'apprentissage des langues et des sciences expérimentales ; Préparer aux métiers de demain en développant la culture de l'informatique et des outils numériques ; Développer la créativité, la confiance en soi et l'autonomie par les outils numériques ; Éduquer au numérique pour responsabiliser les élèves et les adultes face aux enjeux de la société numérique ; Prolonger le temps de l'école par le numérique et favoriser l'égalité des chances et la réussite scolaire ; Renforcer l'autonomie des établissements scolaires pour développer les services numériques et l'écocitoyenneté ; Mieux piloter le développement du numérique à l'école ; Médiatiser les enjeux du numérique en valorisant le travail des enseignants.

Notes : . On lit, par exemple pages 64 et 67, que le nombre d'ordinateurs pour 100 collégiens est de 13,6 ou que l'âge moyen des ordinateurs est supérieur à 7 ans. 2. Page 95 : « Etablir le budget TICE au sein du ministère de l'Education nationale se révèle aujourd'hui mission impossible ». 3. Successivement pages 113, 256, 268 et 288. 4. Est-ce qu'ils sont les bénéficiaires de la mesure 13 : « Permettre aux personnels formés d'accéder aux services numériques par le remboursement d'une

partie de l'abonnement des accès Internet à partir du domicile » ? 5. Page 24 du rapport. 6. Préambule du rapport, pages 18 et suivantes. 7. Iris-Europe, document en ligne consulté par la mission le 06/11/09. 8. Claude Fadel, Cisco System, auditionné et cité par la mission. 9. Page 148 du rapport.10. Formation de pair à pair, dans la terminologie du rapport.11. Page 97, opération Un collégien, un ordinateur portable, débutée en 2001.12. Discours de Jules Ferry, au congrès pédagogique des inspecteurs du primaire, le 2 avril 1880.13. Page 21 du rapport.14. Insidieux cheval de Troie, virus informatique qui exécute subrepticement des actions à l’insu de l'utilisateur.15. Page 101 du rapport.16. Les préconisations de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) signifient également que l'effet de la diffusion des TIC sur la

productivité horaire au travail serait deux fois moins élevé en France qu'aux États-Unis, du fait d'une fiscalité peu adaptée et de la faiblesse du soutien accordé à la recherche et au développement.

17. Foray D., L'économie de la connaissance, 2000, ou Jomaa H., Contribution des technologies de l'information à la performance de l'entreprise, 2005.18. Nous pouvons en témoigner quotidiennement avec les modules de Sconet ou les portails intranet académiques.19. C'est le paradoxe de productivité énoncé par Rallet A. et Walkowiak E., chercheurs, en 2004, à l'université Paris XI.20. Ce que le rapport acte, page 303, en reconnaissant que « les faibles compensations accordées sont sans commune mesure avec le temps consacré à ce

rôle ».21. Page 286 : « L'autre problème majeur reste les ressources mises à disposition de l'enseignant pour préparer son cours […]. Les droits d'auteurs les en

empêchent et certains documents qui leur semblent pertinents pour illustrer leurs cours ne leur sont pas accessibles, sauf à se mettre hors la loi ».22. Le rapport explique : « Liberté de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public, selon les conditions by-nc-sa (paternité, pas d’utilisation

commerciale, partage des conditions à l’identique) ».23. Un logiciel libre est un logiciel qui est fourni avec son code source et dont l’utilisation, la diffusion, la modification et la diffusion des versions modifiées sont

autorisées. Un logiciel libre n’est pas forcément gratuit, même si c'est souvent le cas.24. Selon le dernier état des lieux du ministère de l'Éducation nationale, en décembre dernier, 17 départements affichaient un taux de généralisation des ENT

supérieur à 50 % des collèges, 29 étaient en phase de généralisation et 15 en expérimentation. Quant aux lycées, les régions ne sont que cinq à avoir généralisé les ENT sur plus de 50 % des établissements.

25. Les Digital Natives sont des personnes qui ont grandi dans un environnement numérique. Par opposition, les Digital Migrants sont ceux qui ont grandi hors d'un environnement numérique et qui l'ont adopté.

26. Jean-Michel Fourgous propose que 50 % des crédits soient consacrés aux équipements et 50 % à la formation.27. Après la remise du rapport de la commission Juppé-Rocard, le Président de la République a précisé que le volet numérique bénéficiera de 4,5 milliards

d'euros, répartis en 2 milliards pour le déploiement du très haut débit et 2,5 milliards pour le développement d'usages et de contenus.28. Préconisations développées en particulier dans quatre champs : 1. Rôle et implication des acteurs… ; 2. Renforcement des partenariats… ; 3. Conduite et

accompagnement du changement... ; 4. Développement en France des entreprises porteuses de valeurs ajoutées...

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► Du plan Informatique pour tous au rapport Réussir l'école numérique Direction n° 177 – p. 36 à 41 - Avril 2010 – Joël Lamoise Il y a 25 ans : « Il s'agit d'initier à l'outil informatique tous les élèves de toutes les régions de France »« Les onze millions d'élèves de nos établissements publics pourront désormais, dans chaque commune, avoir accès à l'ordinateur au cours de leur scolarité afin de permettre une meilleure égalité des chances ».En ce vendredi 25 janvier 1985, Laurent Fabius, Premier ministre, annonce devant la presse le lancement d'un vaste projet avant-gardiste, à l'instar du déploiement massif du réseau télématique avec le Minitel commencé au début des années 80.

Ce nouveau plan, baptisé Informatique pour tous (IPT), affiche deux objectifs supplémentaires, détaillés par le Premier ministre : « Nous avons décidé d'ouvrir l'outil informatique à tous les citoyens. Les établissements, les matériels, les programmes qui seront enrichis seront donc également à la disposition du public. Bien entendu, cela nécessitera des accords avec les collectivités locales et les associations pour déterminer les conditions d'accès et de fonctionnement » et « de très nombreuses équipes d'enseignants vont être formées ». Les échéances sont courtes : tout doit être prêt pour la rentrée scolaire de septembre 1985.Ce plan donne une importante et nécessaire impulsion : les matériels sont fournis aux établissements et les stages IPT lancés. Mais, à la rentrée, les personnels sont invités à se jeter dans l'aventure, livrés à eux-mêmes, sans bagage suffisant et sans que des perspectives claires d'avenir sur l'usage pédagogique des TICE leur soient proposées.Un an plus tard, en 1986, le Groupement de recherche en didactique de l'informatique pédagogique pose les conditions qui pourraient encore éviter un gaspillage de moyens et d'espoirs : « Il faut donner aux établissements les moyens d'assurer la maintenance des matériels, il faut offrir des formations adaptées à tous les niveaux d'enseignement et à toutes les disciplines, il faut mettre en place une politique de création de logiciels éducatifs de qualité ».

En faisant de ce plan un symbole de la place à venir de l'informatique dans la société, en plaçant le discours sur l'informatique comme remède à la crise, l'école s'est trouvée au centre d'une « nécessaire modernisation » (1). Mais débloquer plus de 2 milliards de francs, former près de 150.000 enseignants qui devront, à leur tour, initier onze millions d'élèves à l'outil informatique, ne suffit pas. Si certains se prennent au jeu du plan informatique pour tous (2), avec ses nanoréseaux Bull ou Goupil et ses Thomson MO5 ou Matra Alice interconnectés – choisis, soulignons-le, sans concertation, ni appel d'offre – d'autres le perçoivent comme une bête curieuse qu'ils ne maîtrisent pas et le rejettent en bloc. Une explication, peut-être : alors qu'une attention particulière aurait dû être portée sur les nouvelles technologies et les nouveaux médias, l'objectif annoncé des journées de formation est de faire assimiler la logique informatique. Avec des programmes qui n'incitent pas les enseignants à entrer dans de nouvelles pratiques, avec des compétences et des savoirs attendus par les élèves qui peuvent être parfaitement acquis sans ordinateurs, le plan ITP ne soulève pas l'enthousiasme.

Après coup, il peut sembler facile de rejeter le plan. Mais peut-on réellement parler d'échec global ? Certainement pas car grâce aux matériels laissés dans les écoles, d'innombrables expérimentations ont été menées sur le terrain, dans des conditions difficiles et sans soutien institutionnel, par des enseignants motivés. Et si le plan IPT fut une opération limitée dans le temps, il a lancé le déploiement des TICE dans le système éducatif.Mais ce projet ne fut pas, loin s'en faut, une réussite éducative : formations frustrantes, matériels dépassés et sous-utilisés, enseignants désillusionnés, dans une école qui s'est sentie l'otage d'un débat industriel qui ne la concernait pas. Ainsi, de cet élan de modernisme, on ne retiendra qu'erreurs de jugements et faux pas.

Il y a 10 ans : « Il faut résister à la tentation de faire le tout-quincaillerie pour faire le tout-pédagogie »En novembre 1997, s'inscrivant résolument en opposition au plan précédent qu'il désigne comme ce qu'il convient d'éviter à tout prix, Claude Allègre dévoile son Plan pour les nouvelles technologies dans l'enseignement. Pourtant des similitudes existent : en 1985, c'était le micro-ordinateur et l'engouement des entreprises et des familles pour les nouvelles technologies ; 10 ans plus tard, c'est le multimédia et l'engouement pour Internet et, pour les deux projets, leur lancement depuis le plus haut niveau de la décision politique.

Il y a cependant une différence de taille : le ministre Allègre privilégie la « contagion vertueuse » plutôt que l'autoritarisme. Cela signifie concrètement que la mise en place d'infrastructures et d'équipements, en collaboration avec les collectivités locales, sera coordonnée par les rectorats, chargés de définir un plan à trois ans pour leur académie. Et le ministre donne le ton : « Les recteurs technophobes ? On les changera ! » tout en précisant que tout investissement sera « subordonné à une action volontaire des équipes pédagogiques ». L'effort financier total avoisine les 15 milliards de francs dont environ un tiers sera financé par l'Éducation nationale. C'est à cette époque que chaque établissement scolaire doit désigner un enseignant ou un documentaliste qui deviendra personne-ressource. C'est également à cette époque qu'un réseau national décentralisé, baptisé EducNet est créé et que l'État se propose d'aider les enseignants qui le souhaitent à créer des PME d'édition de programmes interactifs, notamment en facilitant leur détachement et en leur fournissant du capital-risque, à travers l'ANVAR (Association nationale de valorisation de la recherche).

Depuis plus de 20 ans, le discours institutionnel sur l'informatique semble régi par l'effet balancier : soit il considère que l'ordinateur dote l'enseignant de nouvelles capacités mais qu'il ne change ni les contenus enseignés, ni les pratiques pédagogiques, soit il

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affirme que l'ordinateur est principalement destiné à l'élève, comme outil d'apprentissage et d'introduction de pédagogies actives. Avec la diffusion d'Internet et du multimédia, avec l'arrivée de nouvelles générations d'enseignants, les décideurs ont espéré une modification profonde des pratiques pédagogiques, sous couvert d'innovation technologique extérieure : effet d'aubaine des plus hypothétiques ! Car même si les étapes de la décentralisation ont laissé davantage l'initiative aux collectivités locales – régions, départements ou communes – soucieuses de leur politique culturelle et déterminées à investir dans l'éducation, il manquait un des axes, en pleine responsabilité de l'État, essentiels à ce plan : la formation de ses personnels.

Aujourd'hui : « L'ère de l'information laissera la place à l'ère de l'interactivité puis à l'ère de l'inter-créativité »On ne peut nier l'impact des nouvelles technologies sur l'éducation et la formation. Les sociétés actuelles sont toutes des sociétés de l'information qui évoluent dans un environnement culturel et éducatif diversifiant les sources de connaissance et du savoir. Dans ces environnements, alors que ne cesse de grandir la place des TIC et de l'immatériel, il s'agit dorénavant de donner à toutes les générations, en formation initiale et en formation continue, les savoirs et les compétences qu'elles attendent.

Après les deux plans précédents, les enjeux et les défis majeurs demeurent. Dans le système scolaire, les statuts de l'informatique pédagogique brouillent souvent ses processus d'intégration : en premier lieu, l'informatique est objet d'enseignement, comme composante de la culture générale ; elle est ensuite pédagogique, c'est à dire outil pour l'exercice du métier d'enseignant ; elle est encore outil de travail personnel et collectif des élèves et des enseignants ; enfin, elle est instrument de la modernisation du service éducatif. Complexes et divers, se recoupant, se renforçant et se complétant, ces différents statuts sont bien naturellement en prise avec les mutations profondes de notre société.

Le rapport Réussir l'école numérique, remis récemment au Premier ministre François Fillon, pointe ces bouleversements pour les dix ans à venir : « Aujourd'hui, grâce à Internet, la production se fait participative, collaborative, collective […]. La communication peut être synchrone ou asynchrone, individuelle ou plurielle, mêlant textes, images, sons... [...] L'évolution va continuer à une vitesse toujours plus impressionnante : l'ordinateur nous comprendra ; le web sémantique (ou web 3.0) va remplacer le web 2.0. […] L'ère de l'information laissera la place à l'ère de l'interactivité puis à l'ère de l'inter-créativité : le web symbiotique ou web 4.0 nous permettra de faire fusionner mobilité, web, virtuel et réel ».

Aujourd'hui, avec la mise en place des premiers environnements numériques de travail, l'ensemble des acteurs de la communauté éducative devrait accéder à ces ressources numérisées. Nous n'en sommes qu'aux prémices : ces nouveaux espaces, inadaptés, ne sont pas encore utilisés de manière efficiente. En postulant que les coûts liés au déploiement des TICE, à l'actualisation des programmes scolaires, à la formation des personnels seront réellement à la hauteur de ce défi, les enseignants et les cadres, ainsi familiarisés avec les outils numériques, pourront mieux en maîtriser les usages et les enjeux.

Notes : 1. Guide Informatique pour tous distribué en grand nombre.2. Certains d'entre nous, en cette époque lointaine et reculée, ont appris à taper des mots ayant le pouvoir de déplacer une tortue qui dessinait ou pas un trait,

avant de s'essayer à la programmation avec des logiciels comme LOGO ou BASIC... et dont le rêve était de posséder un lecteur de disquette !

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► Les personnels de direction et les TICE : témoignagesDirection n° 177 – p. 42 à 49 - Avril 2010 Comment les personnels de direction vivent-ils les TICE au quotidien ? Ont-ils été formés ? Comment envisagent-ils l’avenir de la profession dans ce domaine ?

Véronique REBOUT, proviseure adjointe, LP Baudelaire de Meaux, académie de Créteil

Ma formation aux TICE, mon niveau d’hier et d’aujourd’huiProfesseur de bureautique pendant 20 ans, chef de travaux tertiaire pendant 6 ans, j’ai passé le concours de personnel de direc -tion en 2007 et exerce pour ma troisième année les fonctions de proviseure adjointe au lycée professionnel Baudelaire de Meaux, en Seine-et-Marne. Familiarisée aux différents outils de communication puisque je les enseignais auparavant, mon parcours professionnel a été un atout évident pour la manipulation des TICE. En effet, mes connaissances m’ont permis de m’adapter très vite aux multiples logi -ciels à utiliser dans mes nouvelles fonctions.La formation académique en tant que stagiaire n’a abordé que très succinctement l’aspect pratique des logiciels d’emploi du temps, STSWEB. En conséquence, il m’a fallu me former en étudiant les différents manuels, avec le concours du chef d’établisse-ment d’accueil et, enfin, m’appuyer sur les compétences et la disponibilité des professeurs ressources de l’établissement. Le travail de coopération entre les équipes a été pour moi essentiel. En effet, la gestion des données, la maintenance et la diffu -sion des informations via le réseau pédagogique et administratif doivent être fiables puisqu’elles sont les conditions de l’efficacité de notre travail.

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Actuellement, j’utilise les outils indispensables à ma fonction avec de plus en plus d’aisance mais je trouve que j’y passe un temps considérable. J’espère toujours pouvoir gagner du temps mais les logiciels évoluent ; les environnements de travail changent très souvent ; de nouvelles applications apparaissent. Il nous faut donc nous adapter en permanence aux TICE.

Les équipements fournisAu niveau du matériel à ma disposition, j’ai un ordinateur de bureau et un portable pour pouvoir travailler chez moi au calme.J’ai aussi un portable avec vidéoprojecteur que je partage avec le chef de travaux pour démarcher auprès des collèges ou lors de forum des métiers. J’ai évidemment une imprimante laser pour les impressions rapides et l’accès, via le réseau, à une photocopieuse couleur pour des besoins particuliers. Un fax est disponible à l’intendance.

Mes activités en relation avec les TICE : ce qui est intéressant, compliqué, difficileL’usage des TICE est quotidien et nécessite une concentration : par exemple, réaliser les VS et leur remontée en début d’année n’est pas une tâche compliquée en elle-même mais, si on doit le faire en 3 fois, on est sûr de se tromper. Il faut donc s’isoler pour être au calme, souvent en dehors du temps d’ouverture du lycée, user de patience et de rigueur pour obtenir le résultat voulu. Pour utiliser le logiciel UndeuxTemps, il m’a fallu paramétrer et concevoir les différentes bases, saisir les données, créer les fiches complexes, procéder à l’alignement des groupes de langues et des différents projets : des tâches compliquées, tout en essayant de comprendre la logique du logiciel, les impératifs d’organisation implicites des équipes pédagogiques, un univers très particulier donc à décrypter avec, en plus, des exigences de salles spécialisées à respecter. L’année suivante, les choses ont été plus rapides sans être pour autant évidentes, la connaissance du terrain permettant d’aller à l’essentiel même si c’est toujours un travail fastidieux, surtout avec les incertitudes de la rentrée scolaire.En fait, la maîtrise des logiciels s’acquiert par la manipulation répétitive et la mémorisation des étapes à suivre. Si bon nombre de saisies ne sont pas d’un grand intérêt mais nécessite une attention particulière, la conception passe par une analyse fine et un contrôle minutieux des données de départ. UndeuxTemps me permet d’organiser aujourd’hui les conseils de classe, les examens blancs et finaux, les réunions de parents-professeurs, le remplacement des enseignants manquants, les modifications d’emploi du temps… Outil performant pour intégrer également les périodes de stage, savoir les libertés de salles, des professeurs, des classes… C’est une des bases de référence de tous les jours. Le logiciel Molière, accessible à toute l’équipe de direction et à la vie scolaire, nous permet aujourd’hui d’avoir la base élèves dis-ponible à tout moment avec la fiche de scolarité pour joindre les parents en cas de nécessité, de pouvoir lister les absences et les motifs pour chaque enfant, voir les sanctions attribuées, lire son bulletin scolaire sur NotaBene, facilitant ainsi le suivi des jeunes et les relations avec leurs familles. Des courriers types peuvent aussi être personnalisés en fonction des besoins, avec publipostage rapide puisque l’outil le permet.Chaque TICE offre des possibilités infinies et tout utilisateur est à même de découvrir de nouvelles fonctionnalités. Les bases de données très intéressantes sont accessibles et nous permettent d’avoir accès en temps réel à des informations fiables, de les croi-ser pour pouvoir créer nos propres instruments de pilotage. Je passe souvent par le dispositif d’assistance CECOIA RH, l’intranet pour la gestion des remplacements des professeurs, le por-tail ARENB avec STSWEB, ASIE, TSM/TRM, Sconet, Affelnet, Mosart… à chaque application, un code d’accès permettant de nous identifier et une foule d’informations à collecter ou à apporter.Après les emplois du temps, l’ajustement des bases établissement, la réalisation des VS et leur remontée, les inscriptions aux dif-férents examens (brevet professionnel, CAP, BEP, bac professionnel), la poursuite d’études à paramétrer sur POST BAC… puis l’organisation des examens avec Organet, Lotanet… On se dit qu’on passe son temps à manipuler les TICE.La messagerie électronique nous inonde de messages à trier via le secrétariat. Chaque jour, il faut répondre aux demandes d’in-formations, de statistiques, renvoyer les formulaires à renseigner et autres exigences de nos partenaires et de notre hiérarchie.

L’avenir des TICE dans les EPLE Les TICE, dans les EPLE, sont appelés à se développer de manière significative, le quotidien nécessitant des informations rapides en temps réel et un accès à des bases de données multiples. Notre lycée a été choisi pour participer à l’environnement numérique de travail Lilie avec la mise à disposition de toutes les infor-mations aux différents interlocuteurs de la communauté scolaire (parents, élèves, professeurs, personnels…) : un grand pas dans une plateforme collaborative qui dynamisera les relations et permettra au lycée d’avoir une ouverture plus grande. Plusieurs rencontres d’information à l’attention des équipes de maintenance et de direction ont été organisées pour analyser nos besoins et nous offrir des services adaptés. Le site du lycée fera la promotion de l’ENT Lilie pour son prochain lancement.Bientôt, chaque brique logicielle sera proposée aux différents partenaires qui pourront ainsi avoir accès à des informations fiables en temps réel. Déjà, tout personnel de direction a son cartable en ligne, la possibilité de communiquer avec intranet depuis chez lui. Face à l’accroissement de l’usage des TICE, une délégation des tâches sera indispensable, le chef d’établissement seul ne pou-vant tout faire. Il faut donc penser en amont au listing des besoins, à la répartition des rôles, à la formation des équipes, à la main-tenance des outils par des personnes expérimentées et disponibles, au contrôle des accès aux données, à leur lisibilité… Un secrétariat de direction approprié devra pouvoir décharger les personnels de direction. Le respect de notre fonction me semble passer par la mise à disposition de moyens conséquents nous permettant de nous consacrer au pilotage de l’EPLE.

L’avenir des nouveaux personnels de direction16

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Pour les perdirs nouvellement nommés, la formation aux TICE me paraît primordiale, même si elle existe au préalable. Elle sera propice aux échanges entre pairs et, pourquoi pas, à un tutorat par les plus avertis, source d’enrichissement pour tous.L’ENT académique devrait favoriser cette plate-forme et favoriser des liens indispensables entre nous, si souvent confrontés aux mêmes difficultés devant les nombreuses tâches à réaliser dans un délai toujours plus contraint.

Alain GILLE, principal Collège J.-B. de la Quintinye de Noisy-le-Roi, académie de Versailles

TICE : Attention à ne laisser personne à la traîne…« Chaque progrès donne un nouvel espoir, suspendu à la solution d'une nouvelle difficulté. Le dossier n'est jamais clos », disait Claude Lévi-Strauss.L’informatique au cœur des établissements scolaires est un formidable progrès pour tous : Pour notre hiérarchie, un meilleur traite-ment de l’affectation, une meilleure gestion des examens, une meilleure gestion des personnels… Pour nous chefs d’établisse-ments, de meilleurs emplois du temps, une meilleure communication... un mail, un fichier joint, un clic et voilà ! Fini la papeterie, les photocopies, les frais d’affranchissement. C’est direct, rapide, économique, écologique. Tout le monde reçoit l’information, enfin presque. On reçoit même celle qui ne nous concerne pas. Il est tellement facile de tout envoyer à tout le monde. A charge à cha-cun de lire, trier, supprimer.Je me suis aussi lancé dans cette transmission de l’information par mail vers les enseignants jusqu’à ce que je me rende compte que chacun imprimait au collège sa propre copie papier, ce qui revient plus cher que la photocopie initiale. Maintenant, j’utilise les deux, le mail et la copie papier, car il faut tenir compte de ceux qui n’ont pas d’adresse électronique ou qui n’ouvrent jamais leur boîte mail.

Un questionnement au quotidienVivons-nous tous sereinement cette mainmise de l’informatique ? Les TICE sont-elles vraiment devenues un élément facilitateur de notre travail quotidien ? Nous permettent-elles de gagner du temps sur les tâches dites administratives, pour nous consacrer davantage aux tâches de management et d’animation pédagogique ? Plus généralement, nos conditions de travail se sont-elles améliorées depuis leur apparition ? Pas si sûr à écouter les préoccupations de certains de nos collègues… Sur le plan de nos conditions de travail, je m’interroge. Comment a évolué mon emploi du temps journalier durant cette dernière décennie ? Ces trois ou quatre heures dorénavant passées par jour devant mon écran sont-elles optimisées ? Ces TICE ne contribuent-elles pas à augmenter consciemment ou inconsciemment notre stress ? Qui n’a pas eu son ordinateur bloqué par un virus, le jour où il en avait le plus besoin ? Qui n’a pas été victime d’une panne de disque dur, en ayant omis d’en faire la copie sur un disque externe ? Qui n’est pas tombé en panne de réseau administratif ou en panne de connexion Internet alors que c’est le dernier jour d’une saisie ? Qui n’a jamais eu de problème avec le logiciel de notes la veille d’un conseil de classe ? Qui n’a pas craint un bug sur le logiciel d’emploi du temps, la veille de la rentrée ? Qui n’a pas été perturbé parce qu’il ne connaît pas ou plus tel identifiant ou mot de passe ? C’est un peu cela notre quotidien.

Des exemples concretsParlons des remplacements de courte durée, puisque qu’ils reviennent à l’actualité. Je ne sais si c’est le cas partout, mais la lour-deur de notre procédure de saisie sur SCONET est telle qu’elle a de quoi décourager le plus motivé d’entre nous. Il semble aussi que nous ne soyons pas tous égaux devant les TICE. Derrière l’embellie de certaines situations, d’autres sont plus délicates. Certains ne disposent ni de personnes ressources, ni de moyens financiers permettant de faire appel à des sociétés ex-térieures. On dit aux candidats à la fonction de direction que les compétences informatiques ne sont pas indispensables : c’est à voir !Bien entendu, la hiérarchie met à notre disposition de l’assistance pour l’informatique administrative et propose une formation aux nouvelles applications. Dans l’Académie de Versailles, le service d’assistance intervient avec disponibilité et efficacité et nous rend de grands services. Mais les pannes arrivent toujours au mauvais moment, quand on est dans l’urgence. Ces services de mainte -nance se retrouvent vite débordés dès lors que nous sommes nombreux à les solliciter en même temps. Concernant la formation, l’entrée en service d’une nouvelle application s’accompagne de séances d’information. Chacun d’entre nous a aussi la possibilité de s’inscrire dans le cadre du plan académique de formation.

Peut-on faire mieux ou autrement ?N’avance-t-on pas de façon désordonnée ou peu cohérente ? Le B2I a été créé en 2000. La maîtrise des TICE fait partie du socle commun des connaissances en 2005. Luc Chatel annonce son plan numérique pour l’école en 2009… Qu’en est-il sur le terrain aujourd’hui ? Combien d’enseignants valident le B2I ou sont compétents pour les valider ? Combien utilisent le cahier de texte nu-mérique ? Combien travaillent avec un ordinateur en classe ? Combien vont en salle d’informatique ? Dispose-t-on d’un bilan quantitatif et qualitatif ?Notre rôle pédagogique de personnel de direction impose que nous nous intéressions à cet autre aspect des TICE, celui relatif aux difficultés des enseignants.Il me semble que l’objectif numéro un serait de généraliser l’usage des TICE à un maximum d’enseignants car ils sont au cœur du dispositif. Comment envisager de continuer à avancer sur les ENT, par exemple, avec un petit pourcentage de professeurs compé-tents ou concernés ? J’ai l’impression qu’un gouffre se creuse entre les enseignants à jour des nouvelles technologies et les autres. Attention à ne lais-ser personne à la traîne !

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Il faudrait favoriser l’acquisition d’un ordinateur portable pour chaque professeur, par dotation ou incitation fiscale. Chacun sait que la meilleure formation consiste en une pratique quotidienne et répétée, qui donne confiance. On ne l’acquiert pas avec trois ou quatre postes pour l’ensemble des enseignants. En outre, au moment où l’on tend à comparer les avantages du public avec le pri -vé, n’y a-t-il pas là une aberration ? Quel personnel du privé serait contraint d’acheter son outil de travail ?

Le rôle des collectivités territorialesLes collectivités territoriales sont notre principale source de financement. Nous avons l’avantage, dans le département des Yve-lines, de disposer de moyens conséquents. Nous sommes particulièrement accompagnés dans nos investissements informa-tiques. Nous en sommes reconnaissants au nom de nos élèves. Cependant, peut-on raisonnablement aller plus loin avec une, voire deux salles d’informatique pour une cinquantaine d’enseignants, ceci pour valider les compétences du B2i, alors que les ENT se mettent en place ?Le projet de l’Académie de Versailles vise à impulser l’utilisation de tableaux numériques interactifs. C’est aussi le projet du dépar-tement des Yvelines, ce qui est tout à fait cohérent. J’ai donc pu équiper trois classes d’ensemble TNI-ordinateur-vidéo-projecteurs et former une quinzaine de professeurs. Deux ans après, trois d’entre eux les utilisent, ceux qui l’ont dans leur classe. Les autres ne se souviennent plus de la formation puisqu’ils ne pratiquent pas. Ce matériel est difficile à déplacer, long à régler, nous dit-on.Pour un budget équivalent, j’aurais préféré permettre à une dizaine de professeurs qui le demandent, de disposer d’un ordinateur avec vidéoprojecteur sans TNI. C’était une bonne étape d’une diversification pédagogique dynamique, accessible à davantage d’enseignants.Pouvoir disposer de matériel en nombre suffisant et performant pose un autre problème, celui de la maintenance des équipements pédagogiques, pour lesquels les services rectoraux n’interviennent pas. Ceux-ci ont un coût, en contrats d’assistance de logiciels, en consommables, en réparation. Il n’est pas forcément pris en compte dans le calcul des dotations, surtout dans le contexte éco-nomique actuel.

Quelques remarques au sujet des élèves et des enseignantsLeur besoin en TICE ne sont bien évidemment plus les mêmes aujourd’hui qu’en 2000. Le B2I, lui, n’a pas changé. Les adoles-cents ont-ils encore besoin de nous – ont-ils eu un jour besoin de nous- pour valider des compétences telles que « Je sais en-voyer ou publier un message avec un fichier joint » ? Ne faut-il pas en revoir le contenu, le rendre plus lisible et plus adapté aux adolescents d’aujourd’hui, ainsi qu’aux professeurs ? Attention à ce que le déploiement des TICE ne devienne pas non plus une source de nouvelles tensions. Dans mon ancien établis-sement, un collège difficile de Seine-Saint-Denis, les professeurs refusaient de valider le B2I niveau 2 sous prétexte que le niveau 1, en primaire, n’était pas validé, faute d’équipements informatique, notamment. Je ne suis pas sûr que cela ait beaucoup changé 8 ans après. Dans mon collège, moins de 15 % des professeurs valident le B2I, malgré les efforts que nous déployons.

Les TICE et l’administrationLes TICE sont par contre bien utilisées à des fins statistiques. Pour l’application RIDDO, nous consacrons une bonne partie de notre temps, ma secrétaire et moi, à saisir les intentions d’orientation, les décisions du conseil de classe, par niveau, pour les gar-çons, pour les filles. Ne crée-t-on pas là des besoins qui ne sont pas forcément fondamentaux mais qui, multipliés, ajoutent des contraintes ?Nous aimerions, lorsque nous effectuons un signalement pour absentéisme ou maltraitance, par exemple, savoir quelle suite a été donnée. Ce n’est jamais le cas puisque là encore, il ne s’agit que d’outils statistiques. L’informatique a déshumanisé le système. C’est vrai aussi pour les procédures d’affectation. Les notes prédominent sur les quali -tés humaines de l’élève, ses progrès, son investissement. C’est dommage.Je dois néanmoins positiver en précisant que la mise en place de SCONET est un vrai progrès que nous apprécions au quotidien, eu égard aux difficultés que nous rencontrions précédemment avec l’archaïque GEP. Des voix pointent les difficultés relatives au traitement AFFELNET, APB ou autres… C’est oublier que les systèmes précédents n’étaient pas forcément plus performants.Il me reste une dernière remarque : Il fut un temps où nous disposions de contrats aidés, aussi bien pour assister nos secrétaires dans la saisie informatique administrative, que pour une aide pédagogique. Cela permettait notamment aux enseignants novices d’être accompagnés pour les TICE et prendre confiance dans leur utilisation. Il semble que ces embauches deviennent à nouveau possibles. On ne peut que s’en réjouir, même si c’est à dose homéopathique et pour de trop courtes durées.

Je conclurai ces quelques réflexions au sujet des TICE et des personnels de direction en citant Philippe Meyer : « Le progrès a encore des progrès à faire ».

Grégory Abbal, principal adjoint Cité scolaire Stendhal, académie de Bordeaux

Mon niveau en informatique avant de devenir personnel de directionAncien salarié d'une société de services en informatique puis enseignant d'économie-gestion, l'utilisation des principaux outils bu-reautiques ne m'a, personnellement, jamais vraiment posé de problèmes.

Les TICE au quotidienAdjoint depuis trois années, j'ai pu observer que la maîtrise de ces outils était nécessaire pour l'adjoint dont les tâches sont sou-vent de l'organisation et du traitement de l'information (emploi du temps, rencontres parents-professeurs, journal interne, mise à jour du site web…).

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Outre la maîtrise essentielle du logiciel d'emploi du temps, je pense qu'une utilisation pertinente des logiciels bureautiques permet un travail plus efficace (gain de temps, analyse des données, construction d'outils de pilotage…).Au-delà de l'utilisation des TICE pour mon travail personnel, la grosse difficulté que je rencontre est de convaincre les enseignants de les intégrer dans leurs pratiques de classe et de valider le B2I. Je constate que l'outil informatique effraye encore quelques en -seignants.Je tiens enfin à souligner le fait que nous sommes très bien accompagnés par le service Informatique du rectorat qui, via GL contact, nous répond rapidement pour résoudre les difficultés liées aux logiciels qu'ils nous proposent (Sconet, STS….).

Les équipements fournisJe dispose d'un ordinateur de bureau et d'une imprimante laser noir et blanc. Cet équipement est vieillissant mais permet tout de même de travailler correctement.

Une bonne formation pour les personnels de direction, à affinerDans mon académie, la formation initiale et continue des personnels de direction permet de se former de façon très satisfaisante à l'utilisation des logiciels d'emploi du temps. Par exemple, pour les perdirs stagiaires, deux journées sont proposées avant la prise de fonction puis trois jours en fin de 1ère année). En revanche, l'apprentissage avancé des tableurs et bases de données mériterait d'être abordé durant la formation initiale.Par ailleurs, il me semble que la formation doit mettre l'accent sur l'infrastructure informatique et la sécurité des réseaux. En effet, le parc informatique des établissements s'accroît ; les réseaux deviennent de plus en plus complexes (interconnections, multiplica-tion des serveurs…). Étant donné que le chef d'établissement est responsable de tout (et donc du système informatique de l'éta-blissement), il n'est pas inutile d'avoir une connaissance précise de son infrastructure et des risques informatiques (virus, intru-sions…).

L’avenir des TICE dans les EPLE Les TICE vont continuer à se développer dans les établissements. Je pense qu'il faudra que nous gagnions tous en rigueur (l'en-semble des utilisateurs de l'établissement, rectorat et collectivités territoriales). Ce que je veux dire par « rigueur », c'est, par exemple :

- une programmation pluriannuelle des investissements en matériels et logiciels avec un cahier des charges technique pré-cis (et non des dotations découlant de projets ponctuels et sans cohérence avec les équipements existants) ;

- une maintenance planifiée et effectuée par du personnel compétent ;- des procédures rigoureuses pour l'utilisation, en ayant pour souci la sécurisation de l'accès aux données ;- une rationalisation de l'infrastructure des réseaux : éviter d'avoir des données hébergées un peu partout sur des serveurs

pas toujours sécurisés (chez OMT, Index éducation, CDDP, Free…).

Brigitte Chevalet, proviseure Lycée d’Alembert Cuir, académie de Paris

Personnel de direction depuis septembre 2001, j’ai assisté à l’invasion des TICE dans le bureau des chefs d’établissements. J’ai été d’autant plus sensible à ce phénomène que « l’ordinateur » me faisait peur. J’étais au niveau zéro des TICE.

Bien sûr, en tant qu’enseignante, j’avais eu une formation sous « l’ère Chevènement » et, en tant que stagiaire perdir, je m’étais familiarisée avec les logiciels d’emploi du temps. Mais mon niveau restait insuffisant.

Depuis, j’ai apprivoisée la technique et j’ai fait des progrès ; j’ai surtout fait en sorte d’équiper le mieux possible les établissements dans lesquels j’ai travaillé (mise en place du réseau - acquisition de matériel et de logiciel - communication par mail pour tous et formation des personnels du secrétariat).L’intérêt est indéniable (gain du temps, de place, rapidité, clarté) et c’est devenu un incontournable de l’équipe de direction et de son quotidien (lecture et réponse des mails – enquêtes diverses et variées – courriers – Power Point - logiciel SCONET – ASIE, etc.).

Finalement, les TICE sont partout et pour longtemps et, même s’il reste très peu de dinosaures dans mon genre, je reste convain-cue que mes formateurs avaient raison lorsqu’ils désarmaient mes angoisses devant « l’engin » en me disant que l’essentiel de notre métier était ailleurs.D’autant plus que, si l’état fait un effort de formation et de budget, la maintenance est loin d’être parfaite et, après les affres de l’ap-prentissage, nous connaissons tous le gouffre de la panne.

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► Vote électronique pour les élections professionnelles Direction n° 177 – p. 50/51 - Avril 2010 – Joël LamoiseLe 17 septembre dernier, le secrétaire général du ministère, Pierre-Yves Duwoye, annonçait aux fédérations et organisations syndicales une réflexion concernant la mise en place éventuelle, pour les prochaines élections professionnelles, du vote électronique. Il fut proposé, lors de cette réunion, d’une part, de contacter les organisations

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ayant déjà fait une expérimentation en la matière et, d’autre part, de constituer cinq groupes de travail thématiques autour de cette question : 1. personnels enseignants du second degré ; 2. personnels enseignants du 1er degré ; 3. personnels BIATOSS ; 4. personnels du supérieur ; 5. personnels d'encadrement. Dans le cadre d'une délégation UNSA-Education, outre les retours d'expérience, le SNPDEN a participé au premier et au dernier groupe de travail thématique, les 17 décembre et 14 janvier.

A l’issue de ces travaux, nous vous présentons, dans le tableau ci-dessous, nos observations aux propositions du ministère :

Propositions de scenarii de l’administration Observations1 - Différentes hypothèses de déploiement du projet Mise en place de la solution pour toutes les filières et dans

toutes les académies à une période unique

2 - Modalités du vote par internet Vote combinant deux solutions :4. depuis tout ordinateur personnel (domicile, cybercafé…)

ou professionnel ;5. depuis un ordinateur dédié ou non aux élections placé

dans un isoloir sur le lieu de travail

3 - Durée des opérations de vote Plateforme de vote par internet ouverte 24h/24 et 7j/7 pendant 1 semaine et bureau de vote avec ordinateur et isoloir ouvert en établissement (écoles, EPLE, universités, services, CIO...) pendant 1 journée, aux heures fixées par textes

4 - Envoi des professions de foi et de la liste de candidats L'administration envoie par courriel, aux électeurs, les professions de foi et la liste des candidats numérisées, transmises par les organisations syndicales ;

L'administration envoie par courrier, aux établissements et services, les professions de foi et la liste des candidats qui lui ont été transmises par les organisations syndicales. Les établissements et les services en assurent l’affichage règlementaire

5 - Envoi des identifiants L'invitation à voter (identifiant / mot de passe / adresse

du scrutin / dates du scrutin) ; La notice d'utilisation du système de vote

Envoi par courrier sécurisé à l'adresse personnelle de l'agent

6 - Constitution et actualisation de la liste électorale La liste électorale est constituée par le ministère comme pour les scrutins précédents ;

L'actualisation : le ministère et/ou ses services déconcentrés (selon le type de scrutin) font eux-mêmes l’actualisation à distance sur la plateforme. Ce dispositif est à prévoir dans le cahier des charges du fournisseur

7 - Présentation sur écran informatique Présentation des listes classées par tirage au sort et ouverture d'une fenêtre avec détails, en cliquant. L’ensemble des sigles de toutes les listes doivent apparaître sur un même écran sans avoir à faire défiler vers le bas. Le dispositif doit prévoir que ce principe s’applique quelque soit le type d’écran utilisé

8 - Organisation du bureau et des sections de vote Les pouvoirs et missions respectifs du bureau de vote et de la section de vote ne sont pas affectés par le changement des modalités de scrutin ;

Les assesseurs conservent la visibilité sur la liste d'émargement ;

Détention des clés de vote : dans le cahier des charges, faire préciser combien d'assesseurs au maximum peuvent détenir une clé et de combien de clés minimum on doit disposer pour dépouiller

9 - Le scrutin Possibilité pour un électeur de voter blanc ; Vérification à tout moment par l'électeur que son vote

a été pris en compte (connexion avec inscription sécurisée)

10 - Réassort identifiants Possibilité de téléphoner à un numéro dédié, avec

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Établir une procédure pour bloquer le 1er identifiant envoyé et vérifier que l'électeur ne va pas voter 2 fois

vérifications de sécurité (identité, vote non encore effectué)

11 - Assistance en ligne Sur la plateforme de vote, une FAQ permet de répondre aux questions des agents ;

Pendant toute la durée du scrutin, dans les horaires d'ouverture, assistance téléphonique gratuite avec filtre par type de questions

12 - En cas de bug, plan B à l'étudeLa CNIL demande qu'une solution de rechange soit prévue

Pas d’observation

Le 12 janvier, Pierre-Yves Duwoye a réuni à nouveau les fédérations et organisations syndicales. Il a rappelé qu'il ne souhaitait pas imposer le vote électronique mais que l'enjeu démocratique de toute élection pouvait être garanti par ce type de scrutin. Il entend également conserver le côté symbolique des élections professionnelles en permettant un vote sur le lieu de travail.

Pour la fédération et ses syndicats, Patrick Gonthier, secrétaire général, s'est exprimé sur le principe de la mise en place et de la généralisation du vote électronique pour les élections professionnelles aux MEN et MESR. Il a indiqué que les évolutions technologiques et la forme que prendront les élections professionnelles, dans le cadre de la future loi de rénovation du dialogue social dans la Fonction publique, plaident pour que l'UNSA-Education donne un avis favorable à cette mise en place. Cependant, il a précisé que cet avis favorable était émis accompagné de certaines conditions et exigences, regroupées en six points fondamentaux :

1. le secret du scrutin ;2. le caractère personnel, libre et anonyme du vote ;3. la sincérité des opérations électorales ;4. la surveillance effective du scrutin ;5. la possibilité de contrôle a posteriori par le juge, en cas de recours contentieux ;6. l'assurance pour tout électeur de disposer des moyens de voter.

De plus, L’UNSA-Education a demandé, lors de cette dernière réunion, à : être tenue étroitement informée, tout au long du processus d’étude, d’éventuelles expérimentations et de la mise en place

du dispositif ; ce que la question de la formation des délégués de listes et autres scrutateurs soit mise à l’étude, tant sur ses formes et

ses contenus que sur son financement ; ce que la formation des personnels qui auront à gérer à tous les niveaux ce nouveau dispositif soit prévue, quantifiée et fi -

nancée.

Prenant acte de nos propositions, Pierre-Yves Duwoye a souhaité engagé une réflexion pour un vote électronique par corps, pour les scrutins académiques et nationaux. Il nous a proposé de travailler sur un protocole d'accord avant tout autre travail.La question de la charte informatique sera également remise à l'ordre du jour.

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► TICE : notre ministère à l'assaut de la fracture numérique !Direction n° 178 p. 34 à 38 - Mai 2010 – Joël LamoiseDepuis le siècle dernier, l'école a tenté de s'approprier les médias et le numérique, avec plus ou moins de moyens, plus ou moins de volonté politique, plus ou moins de réussite : radio en milieu scolaire (dès les années 30), télévision scolaire (créée en 1954, remplacée depuis par la « télévision éducative »), apparition de l'informatique grand public et des mini-or-dinateurs (les années 1970-1980), mise sur le marché de magnétoscopes (années 1980), avènement du multimédia (de-puis les années 1990).

Les gouvernements successifs (et les ministères de l'Education nationale) accompagnèrent parfois ces révolutions technologiques d'un symbole fort : nous sommes déjà revenus sur la présentation, le 25 janvier 1985, du « Plan informatique pour tous », nous pourrions évoquer la mise en ligne, en 1996, des sites Internet de plusieurs académies. Parfois il s'agit d'initiatives locales, comme celles prises en 1995 par un certain nombre d'écoles françaises afin d'obtenir une connexion Internet. Enfin, pour lutter contre la « fracture numérique », est annoncé, de temps à autre, un plan national d'envergure pour l'équipement et la connexion de tous les établissements publics (1).

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Derrière le projet politique de prendre en charge les démunis de l'informatique réside toujours l'idée d'un grand départ vers un futur radieux, d'une aventure collective véhiculée par les nouvelles technologies. Ce « déterminisme technique », puisque tel est son nom, prétend que la technologie influence l'organisation de la société. L'idée est certes séduisante mais classique et naïve. Aujour-d'hui fortement remis en cause, ce concept masque la complexité de la « fracture numérique ». Il brouille la relation qui peut exister entre l'intégration des technologies dans les dynamiques sociales et la transformation sociale qu’il implique.

Mais qu'entend-t-on par « fracture numérique » ?Le rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, dit « rapport Attali », propose une définition de la frac-ture numérique en France : elle « concerne les inégalités dans l'usage et l'accès aux technologies de l'information et de la commu-nication (TIC), comme les téléphones portables, l'ordinateur ou le réseau Internet, et ne représente donc qu'une toute petite partie de l'ensemble des inégalités de développement ». Autrement dit, la fracture numérique ne se limite pas à l'accès aux nouveaux moyens de communication mais également à l'usage des outils ou des informations liées à ces outils.D'où la difficulté à la préciser et ensuite à l'évaluer. En effet, si l'existence et l'évolution d'une fracture numérique au sein d'une po-pulation peuvent être appréciées en prenant en compte certains éléments comme le nombre d'utilisateurs d'Internet ou le nombre d'ordinateurs connectés, cela ne peut suffire. Ces indicateurs remplissent une fonction certes nécessaire : par exemple, un élève de terminale doit accéder à un ordinateur personnel pour inscrire ses vœux d'orientation (sachant que cela est largement facilité dans les établissements scolaires) mais non suffisante : ils ne permettent pas, en eux-mêmes, de déterminer les usages des TIC par ces populations. Imaginons un instant que la fracture numérique soit mesurée par le seul ratio entre la population connectée et la population déconnectée et que nous appliquions ce critère à l'École. Dans sa population connectée, l'École est encore loin d'ex-ploiter toutes les possibilités de partage offertes par les accès aux différents réseaux. Ainsi, les programmes scolaires actuels sont plutôt axés sur l'apprentissage et l'utilisation de logiciels, faisant passer à l'arrière-plan l'usage collectif d'espaces numériques de travail et l'apprentissage citoyen des réseaux sociaux.

Former à l'usage des TICE pour éviter une fracture numérique nouvelleCette longue introduction était sans doute nécessaire pour cerner un peu mieux la notion de « fracture numérique » qui apparaît dans tous les plans et projets développés depuis de nombreuses années. Jusqu’à présent, on a considéré la fracture numérique comme résultant de la différence liée au fait d’avoir accès ou non aux technologies. Or de nouvelles fractures numériques appa-raissent à mesure que les TIC sont introduites dans la vie quotidienne. Il ne s’agit plus uniquement d’un problème d’accès mais plutôt de changements des conditions de travail, de transformation des modèles économiques et des modèles éducatifs, qui en-gagent inévitablement une nécessaire réflexion sur la propriété intellectuelle, sur les aspects juridiques ou sur la diffusion massive de l'information. Déjà, en 2003, dans un « monde numérique en évolution rapide », le Sommet mondial de la Société de l’Information réuni à Ge-nève avait retenu des propositions redéfinissant le thème de la fracture numérique : « Nous sommes convaincus que les technolo-gies peuvent constituer un moyen indispensable, plutôt qu’une fin en soi, et reconnaissons ainsi que la réduction de la fracture nu -mérique n’est qu’une étape pour parvenir au développement pour tous » et écrivait : « La fracture numérique est une expression des fractures sociales. Pour la comprendre, il est nécessaire d’analyser les conditions d’accès, d’utilisation et d’appropriation so-ciale de ces fractures, non pas seulement se limiter à l’infrastructure et à la connectivité ». Mais parler des fractures sociales dé-borde sans doute un peu du cadre de cet article !Cependant, ne nous y trompons pas : avoir 500 amis à 14 ans, soit la population d'un collège, et arriver à 1.000 d’ici à la terminale aura un impact profond sur la société que mettront en place, dans 10 à 20 ans, ces jeunes participants aux réseaux sociaux. Dans un monde où la distinction entre vie privée et vie publique n’est plus clairement délimitée, nous devons nous poser cette question : comment accompagner notre jeunesse pour éviter l'apparition d'une nouvelle fracture du numérique ?

Auparavant, on équipait en ordinateurs sans se préoccuper des usagesLes diverses rencontres auxquelles nous participons sur ce thème semblent indiquer que cette question est enfin prise en compte (2). Si l'objectif ambitieux que nous défendons depuis plusieurs années de guider l'élève dans l'apprentissage de ces technologies s'appuyait en partie sur l'obtention du C2i2e par les professeurs stagiaires, il n'en demeure pas moins que cela pose le problème de la formation de tous les enseignants. Or plusieurs signaux paraissent montrer que nos interlocuteurs y sont aujourd'hui sensibi-lisés. La présentation du rapport Fourgous (3) au Premier ministre ou la circulaire de préparation de la rentrée 2010 avec son 4ème

principe (« accélérer le développement du numérique à l'école ») reprennent en effet que « la formation de l'ensemble des ensei-gnants à l'usage des TICE est le préalable de tout développement en la matière ». La généralisation des espaces numériques de travail (ENT), en partenariat avec les collectivités territoriales, ainsi que le développement des ressources pédagogiques, doivent être des leviers facilitateurs.Rappelons qu'auparavant, les équipements étaient implantés sans que l'on se préoccupe vraiment de leur utilisation et que l'un des aspects mis en avant aujourd'hui est bien un pilotage politique de la question : un cahier des charges de la formation devrait d'ailleurs nous être prochainement remis. Ceci étant, il faudra veiller à ce que l'on ne nous oppose pas « TICE » (dans une accep-tion pédagogique) et « TIC » (pour ce qui relèverait de l'administratif). Car si ces deux technologies cohabitent actuellement sous la forme « visible » de deux réseaux informatiques distincts – le pédagogique et l'administratif – demain, l'espace numérique de travail, de manière transversale, devra déployer de nombreuses activités pédagogiques, éducatives et administratives entre tous les acteurs et usagers de l'École.Si notre ministère se préoccupe maintenant des questions liées au numérique et prend en compte un certain nombre d'éléments préalables à une appropriation de ces outils par les enseignants (équipements et connexions, formation, ressources numériques), nous ne comprendrions pas qu'il « oublie » la question de l'interopérabilité effective des progiciels de gestion intégrés (ou ERP)

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qu'il nous impose ou encore qu'il ne s'engage pas, au côté des collectivités territoriales, sur les moyens à dédier à la maintenance des équipements informatiques et des réseaux. C'est cela aussi « faire de la gouvernance ».

Réunion « Plan numérique » du 11 mars 2010Suite à la présentation du rapport Fourgous, Patrick Allal, conseiller social auprès du ministre, et Benoît Labrousse, conseiller tech-nique « nouvelles technologies » nous présentent un certain nombre d'éléments qui doivent être pris en compte pour espérer une appropriation des outils numériques par les enseignants : les équipements et les connexions mais également la formation des en-seignants et la question des ressources numériques.Indiquant notre satisfaction de voir le ministère de l'Education nationale se préoccuper enfin de ces questions, nous avons rappelé que le SNPDEN est soucieux, depuis de nombreuses années, des problématiques liées à l'informatique pédagogique et adminis-trative. Assistant actuellement, d'une part à un essor disparate des équipements et des matériels, d'autre part à leur développe-ment hétéroclite sur le territoire, dans les départements et les régions, nous souhaitons que soient associées, dans le cadre de ces rencontres, l'Association des Départements de France et l'Association des Régions de France.Le SNPDEN a également évoqué le problème de la maintenance informatique des matériels et des réseaux : tout utilisateur, en-seignant ou non, est placé dans une insécurité permanente (l'enseignant a, par exemple, un cours « papier » de remplacement toujours prêt... au cas où !).Nos interlocuteurs considèrent qu'équiper ne suffit plus mais qu'il faut désormais se préoccuper des usages de l'informatique. A ce propos, M. Allal propose qu'un cahier des charges de la formation des personnels soit rédigé par le ministère et diffusé pour avis aux organisations syndicales.

Réunion « Outil d'enquêtes » du 17 mars 2010Patrick Pauriche et Erwan Coubrun de la DGESCO ont souhaité nous rencontrer afin d'évoquer trois axes de progrès (c'est leur terme) concernant les enquêtes ministérielles. Il s'agirait de fournir une meilleure information des EPLE sur le programme des en -quêtes, de créer un portail simplifiant les échanges d'informations (technique du workflow) et de professionnaliser les agents de la direction générale de l'Enseignement scolaire.En notant que le ministère fait une analyse réaliste de la situation actuelle, le SNPDEN évoque l'absence de progrès touchant à la question évoquée. En effet, en janvier 2007, la charte des pratiques de pilotage des EPLE inscrivait dans son deuxième principe : « Réguler les procédures d'enquêtes : les services administratifs du ministère mobiliseront systématiquement les sources adminis-tratives dont ils disposent afin de limiter l'envoi d'enquêtes dans les établissements et de réduire leur complexité […]. Toute en-quête nationale ou académique doit figurer dans le programme annuel d'enquêtes ».A l'appui de ce principe, nous rappelons notre souhait de voir privilégier les enquêtes par sondage, donnant des résultats statis -tiques plus fiables qu'une enquête exhaustive.Il nous est indiqué que l'un des objectifs de l'outil développé est de simplifier les échanges d'informations entre les différents ni-veaux : administration centrale, rectorats, inspections académiques grâce, en particulier, à l'agrégation des données recueillies. Et qu'en accompagnement de la conduite au changement, la DGESCO s'engage à mettre en place une charte « qualité » qui repren-drait la formation des concepteurs-analystes, le retour de la synthèse nationale de l'enquête aux déclarants, la qualité et la confi-dentialité des données, avec le souci de ne pas solliciter à nouveau les EPLE pour des données qu'ils auraient déjà fournies.Le portail que l'on nous a présenté serait expérimenté en juin 2010 dans quelques académies, avec son intégration dans les sys -tèmes d'information des établissements.

Réunion « SCONET » du 26 mars 2010En préambule, Gilles Fournier, chef du Service des Technologies et des Systèmes d'Information (STSI), indique qu'actuellement les systèmes d'information fonctionnent selon une ligne hiérarchique « verticale » mais qu'il semble que les principes de leur mu-tualisation « horizontale » puissent être acceptés, au-delà des problèmes de leur mise en œuvre.Nous posons une nouvelle fois la question du niveau pertinent de décision dans notre ministère, soulignant que l'alignement straté-gique des systèmes d'information est bien un problème qui relève de la gouvernance.Il nous est présenté les évolutions Sconet livrées en 2009, comme la saisie des absences par les enseignants en salle de classe, les échanges avec l'interface « OCEAN » ou l'ouverture de Sconet Notes à toutes les académies.Un temps a également été consacré à la présentation d'un calendrier de déploiement de Sconet-Suivi de l'Orientation (SDO). A ce propos, nous avons rappelé que nous avons donné la consigne de ne pas utiliser l'application « Sconet-SDO ».Pour la rentrée 2010, le ministère prévoit, après une expérimentation en mars 2010 sur six académies (Bordeaux, Clermont-Fer -rand, Grenoble, Poitiers, Reims et Versailles), la généralisation du Livret personnel de compétences.En fin de réunion, nous sont présentés le portail d'accès aux télé-services (guichet d'authentification, offre de services) et l'articula-tion entre les espaces numériques de travail et les systèmes d'information (interopérabilité de la gestion des identités, outils de synchronisation).

1. « L’École ne peut rester à l’écart de ces évolutions, sous peine de faire apparaître des handicapés de la société de l’informa-tion », Direction de l'Information scientifique et des Technologies nouvelles du ministère de l’Éducation nationale, en 1997.2. Voir encarts.3. Se reporter au dossier paru dans Direction 177.

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►Extrait CSN Mai 2010Systèmes d’information et applications informatiques : état des lieux ; Sconet-SDO…Direction 179 – p. 79/80 – Juin 2010Les utilisateurs dépensent beaucoup d'énergie pour des systèmes insuffisamment expérimentés.

En janvier 2009, le ministère de l'éducation nationale avait défini un cadre de référence, s'appuyant sur une note de cadrage de décembre 2007, des services intranet/Internet des établissements scolaires et des écoles (S2i2e). Ce document, dans ses grandes lignes, énonçait un certain nombre de principes : faciliter le dialogue entre acteurs pour la mise en œuvre des services, formaliser les exigences en termes de qualité de service attendue, homogénéiser les solutions et les pratiques afin de faciliter la mutualisation des ressources, répondre à l'émergence de nouveaux besoins.Reprendre ces principes afin qu'ils soient réellement appliqués dans un cahier des charges des systèmes d'information, les asso-cier à des indicateurs de qualité, d'utilisation et de satisfaction, ce n'est pas seulement construire des tableaux de bord pour le mi-nistère, mais c'est essentiellement donner aux établissements et aux écoles des outils informatiques efficients réellement adaptés à leurs besoins.Actuellement, la tension est très forte. Le système fonctionne aujourd'hui grâce à une multitude d'actions isolées, s'appuyant en grande partie sur de lourds investissements personnels. Ce déficit crée non seulement un mécontentement général, mais pose la question de la pérennité et de la qualité des services mis en place. Car, pour brouiller un peu plus la situation, cette fonction est di-versement assurée (elle commence à être partagée) par les différentes collectivités et académies.Les personnels de direction passent des dizaines, voire des centaines d'heures sur des applications qu'ils tentent de faire fonction-ner (rappelons qu'au moment de la crise Sconet, nous avions estimé ce temps à environ 200 ETP).Avons-nous progressé ?

Les récentes réunions (mars 2010) auxquelles le SNPDEN a participé semblent montrer un regain d'intérêt de notre mi-nistère pour les applications informatiques :La réunion « plan numérique », qui faisait suite à la remise du rapport « Réussir l'école numérique », nous a permis d'évo-quer entre autres choses le problème de la maintenance informatique. Et nous avons rappelé qu'il ne suffit plus d'équiper (ce sont d'ailleurs les collectivités territoriales qui le font désormais), mais qu'il faut également se préoccuper, non seule-ment des usages de l'informatique, mais aussi de la formation des personnels qui utilisent ces nouvelles applications (là est actuellement la compétence de l'État) ;

La réunion « outil d'enquête », qui reprend le deuxième principe de la charte des pratiques du pilotage, inscrit comme l'un de ses objectifs de simplifier les échanges d'informations entre les différents niveaux. Le portail d'enquête serait expéri-menté avant la fin de l'année scolaire, intégré au système d'information des EPLE ;

La réunion « SCONET », qui a permis au SNPDEN de poser une nouvelle fois la question du niveau pertinent de déci-sion au sein de notre ministère. Nous avons rappelé nos positions : refus de toute nouvelle application informatique qui ne ferait pas l'objet d'une présentation, d'une expérimentation et surtout d'une évaluation avant toute généralisation (par exemple, Sconet-SDO).

A partir des contributions écrites de 2 académies et les 7 interventions représentant 6 académies nous avons élaboré la motion suivante :

Motion 3Dans le prolongement de la motion n°1 du CSN de novembre 2009 et considérant les derniers développements relatifs au déploie-ment national de certaines applications informatiques, le SNPDEN rappelle l’exigence d’une présentation préalable aux représen-tants des personnels de direction avant toute expérimentation et d’une évaluation avant toute généralisation. A défaut, à l’exemple de Sconet-SDO, il maintient sa consigne de non utilisation de ces produits.Vote du CSN : unanimité moins 3 abstentions

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► Extrait présentation des axes de travail de la commission « métier » Direction n° 181 p. 45 - Septembre 2010 – Pascal BolloréL’un des objectifs du numéro de rentrée de Direction est d’informer tous les adhérents de notre organisation syndicale – et, au-delà, l’ensemble des personnels de direction - sur les positions prises par le SNPDEN, qu’il s’agisse des mandats élaborés lors des instances – congrès et CSN – comme des réactions que commande l’actualité de l’éducation.Quand vous lirez ces lignes, une nouvelle année scolaire aura commencé. Souhaitons qu’elle porte la marque d’une plus grande sérénité que les précédentes et que les personnels de direction puissent, dès lors, exercer leur métier dans les meilleures conditions requises pour ce faire.

Les environnements numériques de travail

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En ce domaine, comme dans d’autres, les environnements numériques de travail et les applications administratives par internet ont une nouvelle fois connu des défaillances.Le CSN de novembre, puis celui de mai, ont été conduits à affirmer la nécessité d’un cahier des charges national, académique, voire départemental, pour l’élaboration des environnements numériques de travail comme des applications nationales issues no-tamment de SCONET. Ont également formellement été exigées des évaluations avant généralisation des applications nouvelles, comme le principe d’une seule opération de saisie d’informations. Et, à défaut de réalisation de ces préalables, une consigne de non-utilisation de certaines de ces applications, telle SCONET-SDO, a été adoptée.Nous ne pouvons que regretter la non atteinte du point 9 de la « charte des pratiques de pilotage », signée le 24 janvier 2007 : « Le principe de télé-inscription des élèves, comportant le recueil de tous les renseignements personnels, sera mis en pratique dans les deux ans ».

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► Vote électronique : une nouvelle étape Direction n° 183 – page 36 - Novembre 2010 – Joël LamoiseAinsi que nous l'avons déjà évoqué (1), nous avons soutenu, avec notre fédération UNSA-Éducation, le projet de vote électronique généralisé à toutes les élections professionnelles. Celles qui seront organisées en octobre 2011 seront les premières du genre, entièrement dématérialisées.

S'appuyant sur diverses expériences du vote électronique déjà réalisées dans d'autres institutions, notre ministère s'engage lui aussi pour des élections dématérialisées concernant les représentants du personnel. Il avance à cela deux raisons : la loi n° 2010-751 du 5 juillet 20102 et le nombre important de scrutins à mettre en œuvre le même jour.Dans le projet ministériel dont nous avons pu disposer, nous retrouvons les demandes que nous avions formulées et portées dans le cadre de nos délégations UNSA-Éducation. Ainsi, le vote électronique respectera bien, d'une part, les principes fondamentaux liés à toute élection et, d'autre part, le respect des recommandations de la C.N.I.L. (commission nationale de l’informatique et des libertés), à savoir :

- la possibilité pour chaque électeur d'exprimer son vote, y compris un vote blanc ;- le secret du scrutin ;- le caractère personnel et anonyme du vote ;- l'unicité du vote ;- la sécurité des opérations ;- le contrôle a posteriori par le site en cas de recours contentieux.

L’échéance d’octobre 2011L'opération est d'importance. En effet, les élections prévues en octobre 2011 concerneront environ 1.200.000 électeurs, apparte-nant à une quarantaine de corps statutaires. Elles se dérouleront sur une période pouvant aller jusqu'à huit jours (entre le jeudi 13 octobre et le jeudi 20 octobre 2011, date du scrutin et du dépouillement) et chaque électeur aura à se prononcer dans le cadre de différents scrutins, jusqu'à cinq simultanément, pour des représentants à plusieurs instances locales ou nationales.Pour ce faire, il est envisagé que, pour chaque scrutin, l'électeur dispose, sur le portail Internet dédié au vote électronique, d’un grand nombre d’informations pratiques (numéro d'appel de support téléphonique, FAQ (foire aux questions), lien dédié vers les professions de foi, lien permettant d'exprimer le suffrage) et que ce même portail lui soit accessible sept jours sur sept et 24 heures sur 24 hors de son lieu de travail.En ce qui concerne le vote électronique sur le lieu de travail, les « jours ouvrés », c'est-à-dire les dates et les horaires, restent en-core à définir.Enfin, le ministère doit s'engager à fournir à tous les électeurs, et ceci de manière directe sans passer par les établissements sco-laires, l'ensemble des éléments nécessaires au vote : l'authentification pour le vote (identifiant / mot de passe), la procédure d'utili -sation, les chemins d'accès aux professions de foi des candidats et au vote proprement dit.

Nous souhaitons, bien évidemment, qu'un soin particulier soit apporté à l'interface de vote. En particulier, l'ergonomie retenue doit présenter les éléments de vote sans aucune ambiguïté : listes de candidats facilement identifiées, confirmations de vote interdisant toute méprise, émargement électronique sécurisé.Nous aurons également une vigilance particulière pour toute solution de vote servant de plan de secours à la solution électronique.

Les chartes informatiquesEn parallèle au projet de dématérialisation des votes électroniques pour les scrutins concernant les élections des représentants des personnels, nous avons demandé que soient examinées à nouveau deux chartes informatiques importantes qui nous avaient été présentées il y a quelques années puis qui étaient tombées dans l'oubli : la charte régissant l'usage du système d'information par les personnels du ministère de l'Education nationale et celle régissant l'usage du système d'information du ministère de l'Edu-cation nationale par les organisations syndicales. Quelles sont-elles ? Un petit rappel s’impose :

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Le premier texte détaille en neuf pages les conditions d'utilisation du système d'information, les principes de sécurité, l'utilisation de la messagerie et les usages d'Internet. Si le principe d'un tel document est évidemment à retenir car préci -sant, au travers des droits et des devoirs de chacun, les règles d'usage et de sécurité que l'institution et l'utilisateur s'en-gagent à respecter, sa lourdeur et sa complexité en font un écrit peu applicable. Par ailleurs, on peut y lire : « l'utilisateur doit avertir sa hiérarchie dans les meilleurs délais de tout dysfonctionnement constaté ou de toute anomalie découverte telle une intrusion dans les systèmes d'information, etc. ». Accepter cet alinéa signifie que, d’une part, tous les personnels doivent être en capacité de détecter une anomalie liée à l’informatique et que, d’autre part, les personnels de direction de-viennent responsables des usages et réseaux informatiques, ce qui est nouveau. De plus, le même texte prescrivant que « pour une bonne information des personnels, les établissements scolaires sont invités à annexer cette charte à leur rè-glement intérieur », on peut raisonnablement penser qu'il ne restera alors de ces prescriptions que des mesures de bonnes intentions sans réelle application.Charte à reprendre donc et à simplifier !

Le second texte précise les modalités d'utilisation du système d'information du ministère de l'Education nationale par les organisations syndicales. Là encore, il n'est pas à contester le bien-fondé d'un tel document mais sa complexité.Plusieurs points restent encore à travailler. Il en est ainsi, par exemple, de l'attribution des adresses électroniques syndi -cales par l’institution et de l'usage qui en est fait : « les adresses électroniques syndicales ont vocation à être utilisées prioritairement pour la vie interne des syndicats, notamment la correspondance avec les adhérents et les sympathi -sants ». Il en est également de l’oubli des droits des élus des personnels au moment des élections professionnelles et de la cohérence de cette charte avec les accords de Bercy sur le dialogue social dans la Fonction publique.A revoir donc également !

1. Direction 177 – Avril 2010.2. Loi relative à la rénovation du dialogue social et comportant diverses dispositions relatives à la Fonction publique.

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►Entretien avec Pierre Moeglin sur les TICEDirection n° 187 p. 37/38 - Avril 2011Pierre Mœglin est professeur à l'université Paris 13 où il dirige le laboratoire des Sciences de l’Information et de la Com -munication. Il dirige aussi la Maison des sciences de l’Homme Paris-Nord, dépendant du CNRS. Ses travaux portent sur la question de l'industrialisation de la culture et de l'informatisation sociale. À ce titre, il s'intéresse notamment aux enjeux socio-économiques de la diffusion des nouvelles technologies dans le domaine de la formation.Son dernier livre (1) traite du monde des industries éducatives et des produits de leurs cinq secteurs : manuels, ma-chines à enseigner, formation à distance, produits pour l'éducation non formelle, systèmes numériques d'information et de gestion. Il pose ainsi la question de la nature industrielle de ces secteurs.

Joël Lamoise : Pierre Mœglin, dans la première partie de votre ouvrage, vous écrivez que l'État et les collectivités se font « à la fois prescripteurs, incitateurs, investisseurs, législateurs et certificateurs » sans pour autant mener une analyse approfondie des besoins des utilisateurs. Le lancement de plans éducatifs divers, de 1970 à nos jours, se résume-t-il, en fait, à une suite de « bonnes intentions » reposant sur la bonne volonté des usagers ?Pierre Mœglin : À première vue, de bonnes intentions, en effet, mais pas d’analyse approfondie des attentes et contraintes, beau-coup de bonne volonté et, pour finir, pas grand-chose. Il faut toutefois compléter le diagnostic. Certes, les plans se succèdent, sans lendemain et à un rythme accéléré. Qui se souvient aujourd’hui de « Jeunes téléspectateurs actifs » en 1979, du plan téléma-tique en 1982, d’« Informatique pour tous » et d’« Audiovisuel pour tous », respectivement en 1985 et 1987, d’« Educâble », du plan « Nanoréseaux », de la « Banque de Programmes et de Services », etc. ? Et qui, demain, se souviendra des initiatives en fa-veur du tableau blanc interactif, du manuel numérique et du cartable électronique ? Cependant, deux phénomènes émergent, que l’on aurait tort de sous-estimer. D’une part, le système éducatif s’est, en peu de temps, ouvert à la panoplie des outils et médias. Comparez à cet égard l’équipement d’une salle de classe des années 1970 – à peu de choses près, le même que celui d’un siècle auparavant – et celui de la salle de classe d’aujourd’hui ! D’autre part, en dépit de la succession des modes et de la rotation des outils, les pédagogies, elles, s’enrichissent, conservant la trace des usages sédi -mentés. Par exemple, il aura suffi que des systèmes d’enseignement assisté par ordinateur et les premiers laboratoires de langue soient implantés ici et là pour que les milieux éducatifs prennent conscience de l’importance de la pédagogie par objectifs. Sembla-blement, les timides expérimentations de Logo (Seymour Papert), dans les années 1980, auront beaucoup fait pour familiariser ces milieux avec le constructivisme, désormais largement répandu. Si coûteuses qu’elles aient été, si marquées du sceau d’une philosophie périmée de l’innovation et si marginales dans leurs effets, ces initiatives n’auront donc pas été tout à fait inutiles. Et ce, surtout grâce aux acteurs de terrain, lesquels sont nombreux à continuer d’œuvrer en faveur des outils et médias éducatifs, pour améliorer la pédagogie et le suivi des élèves.

JL : Entre l'enseignement à distance initié en 1945 pour compenser le manque de professeurs qualifiés et les méga-établisse-ments regroupant plusieurs milliers d'étudiants sur plusieurs sites, le e-learning semble correspondre à une voie moyenne, en rup-

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ture avec sa mission originelle de formation palliative. Cependant, si le e-learning incarne le futur de la formation à distance, on peut constater que son avenir n'est pas entièrement assuré. Quels sont, à votre avis, les freins qui en limitent la progression ?PM : Ces freins sont de deux types. En premier lieu, la mauvaise qualité des contenus et des méthodes : sauf exception, les cours en ligne renouent avec les manières d’enseigner et d’apprendre les plus rétrogrades et les moins efficaces. En second lieu, l’illu-sion partagée par trop de décideurs selon laquelle le e-learning permettrait de réduire le nombre et le niveau de qualification des professeurs et de l’administration. Or, c’est l’inverse : l’enrichissement et la diversification des ressources à la disposition des élèves requièrent davantage d’encadrement, de formation des personnels et de moyens.

JL : Plusieurs régions françaises s’attachent à rassembler dans un portail unique les ressources pédagogiques. Si la fourniture des contenus en est l’un des principaux enjeux, la dilution des centres décisionnels et les concurrences « exogènes et endogènes » de ce secteur d’activités foisonnant n’en constituent-elles pas d’autres ?PM : Effectivement, nous assistons à la dilution des centres de pilotage, et pas seulement dans le domaine des ressources péda-gogiques : l’institution éducative en son entier connaît le phénomène. Et elle en souffre. Les portails, quant à eux, ne réduisent pas plus l’hétérogénéité des ressources que ne le font, par exemple, les environnements numériques de travail ; tout juste donnent-ils un peu plus de visibilité à des offres, à des consignes et à des pratiques disparates. Ce n’est pas négligeable, comme le montre (entre autres) le cas de la plate-forme Corrélyce que j’évoque dans mon livre. Reste qu’est révolue l’organisation qui a, peu ou prou, régi l’enseignement entre 1830 et 1970 et qui, pour le meilleur et pour le pire, faisait du manuel scolaire la clé de voûte de son fonctionnement. D’autres paradigmes pédagogiques et organisationnels sont à inventer et il n’y aura que l’institution et ses ac-teurs pour y travailler.

JL : En matière de soutien aux industries éducatives, les instances publiques n'affichent pas toute la même volonté et les mêmes modalités. En guise de conclusion provisoire, pouvez-vous néanmoins dégager quelques tendances pour l'avenir du numérique à l’École ?PM : L’avenir est très ouvert mais trois tendances sont perceptibles. Premièrement, même éclatées et écartelées entre les cinq secteurs que je détaille dans mon livre et que vous avez vous-même indiqués, les industries éducatives forment maintenant un en-semble puissant, moins puissant que celui des industries culturelles, mais du même type… Bien sûr, la frilosité des éditeurs et des autres producteurs de ressources n’a pas disparu. Quel manque de perspicacité, par exemple, de vouloir faire passer de simples manuels numérisés pour des manuels numériques ! Néanmoins, les marchés n’étant plus captifs et les enseignants et élèves étant de plus en plus experts, il faudra bien que producteurs de ressources et prestataires de services prennent mieux en compte les de-mandes. Deuxièmement, les modes d’organisation et de pilotage évoluent à grande vitesse. Par exemple, la responsabilisation accrue des équipes locales pousse à l’intensification des procédures de suivi et de contrôle et à leur multiplication par les différentes tutelles. Si le phénomène n’a rien d’anormal, il ne faudrait pas qu’une obsession quanto phrénique pousse au développement de formes détestables de bureaucratisation numérique. Troisièmement, la mutualisation des expériences pédagogiques et la mise en commun des ressources utilisables en éducation sont ressenties comme une nécessité par un nombre croissant d’enseignants, de documentalistes, de chefs d’établissement et d’inspecteurs. En mathématiques, en histoire, en lettres, dans d’autres disciplines, de très intéressantes réalisations ne demandent qu’à être portées à la connaissance des collègues, discutées, reprises, élargies ; pour cela, les outils existent et les systèmes d’in -termédiation s’y prêtent. Encore faut-il que l’effort de ceux qui s’engagent dans ces réalisations et leur diffusion soit reconnu à sa juste valeur et que des compétences spécifiques soient dégagées. L’enjeu est capital : il en va de la reprofessionnalisation du système éducatif.

1. Pierre Mœglin, Les industries éducatives, Que sais-je ? 2010

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►Octobre 2011 : C’est par Internet que vous voterezDirection n° 188 p. 39/40 - Mai 2011 – Joël Lamoise

Le vote électronique est une des nouveautés du grand rendez-vous des élections professionnelles d’octobre 2011. C’est Joël La-moise qui suit ce dossier au sein du bureau national. Vous pouvez retrouver ses précédents articles dans les Direction 177 et 183 d’avril et de novembre 2010.Dans l’Éducation nationale, les élections professionnelles d’octobre prochain s’effectueront par voie électronique, sur In-ternet (1) : 1,2 million d’électeurs d’une quarantaine de corps différents et jusqu’à 5 scrutins simultanés.Mais, pour ses détracteurs, le vote électronique pose de nombreuses interrogations sur sa fiabilité, son coût financier et, surtout, sur son caractère démocratique. Si les deux premières questions ont déjà été abordées dans des articles précé-dents (2), il nous semble aujourd’hui important de nous attarder sur le dernier point.

Le vote est le moyen d’expression central d’une démocratie. Aussi, pour assurer le caractère démocratique des résultats des élec-tions, des règles transparentes et contraignantes sont établies, permettant à chacun de constater que les résultats reflètent bien le choix librement exprimé des électeurs. Le respect de ces règles est une condition absolue de la légitimité des élus.

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Concrètement, les modalités retenues doivent être en mesure d’assurer :- l’égalité entre les électeurs,- l’intégrité du suffrage et le secret du vote,- l’unicité du vote,- la prise en compte de chaque vote lors de la totalisation des résultats,- le contrôle a posteriori par le juge en cas de recours contentieux.

Qu’en est-il pour les élections professionnelles avec le vote électronique sur Internet ?

L’égalité entre les électeursDans le contexte actuel d’appropriation très diverse des technologies de l’information et de la communication, le vote électronique peut apparaître comme porteur d'inégalités. Autrement dit, la liberté de vote n’est-elle pas altérée lorsque le medium du vote n’est pas compris ou est difficilement accessible ? Comme la fracture numérique est toujours une réalité, il ne faudrait pas que certaines modalités techniques remettent en cause le droit de vote.Le Conseil d’État (3) apporte les réponses à cette interrogation. Il a rappelé récemment un certain nombre d’obligations en ce qui concerne le vote électronique, estimant « qu’il y a lieu, à cet effet et en tout état de cause, de prévoir, en ce qui concerne l’élection des représentants du personnel au sein des commissions administratives paritaires des corps des enseignants du second degré, la possibilité, pour les enseignants qui le souhaiteraient, de voter par Internet au sein de l’établissement scolaire où ils sont affec-tés, dans des conditions de confidentialité prévues en cas de vote à l’urne et en étant accompagnés, le cas échéant, d’une per-sonne désignée par eux pour ceux qui seraient dans l’incapacité d’utiliser le matériel mis à leur disposition ».

L’intégrité du suffrage et le secret du votePour préserver le secret du vote, l’urne est scellée électroniquement afin de s'assurer qu'il n'est pas possible d'accéder aux bulle -tins contenus dans celle-ci pendant le scrutin : c'est l'équivalent de la garantie que l'urne reste physiquement fermée pendant le vote. Les traitements particuliers appliqués à l'urne et à la liste d'émargement, sous forme de « sceaux électroniques » garan-tissent également l'intégrité du vote. Enfin le bureau de vote devra être en possession d'outils de vérification de l’intégrité perma-nente de ces « scellements ». Ces assurances annulent le risque de lier l'identité de l'électeur et le sens de son vote.

L’unicité du voteLe système de vote électronique utilisé respecte bien la règle « un électeur = une voix ». C’est ce que la CNIL appelle « chiffre-ment ininterrompu du bulletin de vote directement sur le poste de l'électeur et ce jusqu'au dépouillement ». En faisant le parallèle avec le vote « papier », cela revient à vérifier que le bulletin mis dans l'enveloppe par l'électeur dans l'isoloir reste bien dans l'enve-loppe jusqu'à la phase de dépouillement. Mais l’électeur pourrait-il, involontairement ou pas, voter plusieurs fois pour le même scrutin ? A priori non car, d’une part, les identifiants permettant de voter électroniquement seront élaborés de manière aléatoire, à usage unique et envoyés à l’adresse postale personnelle des électeurs (ou sur leur adresse courriel professionnelle (4)) et, d’autre part, le vote électronique est un vote définitif qui ne pourra, en aucun cas, être modifié par l’électeur une fois qu’il a été émis.

La prise en compte de chaque vote lors de la totalisation des résultatsChaque vote émis est pris en compte dans la totalisation des résultats. Le respect de ce critère est sans doute celui qui a le plus retenu l’attention de la CNIL. En effet, la commission recommande de faire appel à un prestataire extérieur, indépendant de l’orga-nisateur du scrutin et de l’ensemble des listes électorales. Mais elle impose également le recours à une « expertise indépendante visant à s'assurer que le système fonctionne correctement, c'est-à-dire que le vote de l'électeur n'est pas modifié par le système, qu'il est bien pris en compte et, le cas échéant, que le vote est bien anonyme (5) ».

Le contrôle a posteriori par le juge en cas de recours contentieuxConformément aux recommandations de la CNIL, tous les fichiers supports seront conservés sous scellés jusqu’à l’épuisement des délais de recours contentieux. Lorsqu’aucune action contentieuse n’aura été engagée, il sera procédé à la destruction de ces documents. Pour compléter ce point, il est à signaler que le ministère s’est engagé à prévoir une solution de secours, sur le scrutin considéré, permettant aux électeurs d’exprimer leur vote soit par un nouveau vote électronique, soit par un traditionnel vote « pa-pier ».La CNIL a émis, le 21 octobre 2010, une nouvelle recommandation (6) relative à la sécurité des systèmes de vote électronique. Cette dernière recommandation n’a pas changé fondamentalement les précédentes dispositions mais ajoute plus de rigueur à la validation du système de vote. Elle instaure notamment une obligation de traçabilité du système. Ainsi toute intervention sur le sys-tème par le prestataire doit dorénavant générer des alertes d’intégrité automatiques destinées aux membres du bureau de vote qui contrôlent le déroulement des élections.Enfin, il est utile de rappeler que la mise en place d'un système de vote électronique doit impérativement faire l'objet d'une déclara-tion à la CNIL, laquelle a pour mission de vérifier le respect de ses recommandations et dispose de pouvoirs de contrôle sur site, avant les élections, afin de vérifier la mise en place des systèmes. Ces exigences couvrent aussi l’ensemble de l’opération électo -rale : de la préparation, de l’ouverture et du déroulement du scrutin aux indispensables contrôles a posteriori.

Toutes ces garanties, dont les recommandations de la CNIL que notre ministère a décidé de suivre en tous points, conduisent le SNPDEN à soutenir le vote électronique pour les élections professionnelles. En préalable, il a été décidé de tester les modalités organisationnelles et fonctionnelles du processus du vote électronique. Pour cela, des élections tests ont eu lieu du jeudi 31 mars

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au mardi 5 avril 2011 dans les académies de Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Guyane et Versailles et dans certains services de l’administration centrale. Elles ont porté sur l’ensemble des corps et des scrutins concernés par l’élection du 20 octobre 2011 et doivent permettre de clarifier, in situ, le processus de vote électronique. Nous en ferons l’analyse prochainement.

1. Le vocable « vote électronique » regroupe beaucoup de choses : kiosques à voter, dépouillement par code-barres, lecture scan-ner des bulletins… Il est bien question ici de vote par Internet.2. Revues Direction 177 d’avril 2010 et 183 de novembre 2010.3. Avis du 10 juin 2010.4. L’un et l’autre supports seront testés avant qu’une solution unique soit retenue.5. Communiqué de la CNIL publié en date du 30 avril 2009.6. En complément de la recommandation n° 03-036 du 1er juillet 2003.

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► A la découverte des systèmes d’information de l’Education nationale Direction n° 189 p. 26 à 30 - Juin 2011 – Joël LamoiseNouvellement reçu, le personnel de direction stagiaire doit faire face à un univers informatique nouveau, complexe et dis-parate. S'il peut trouver rapidement un collègue plus expérimenté pour lui venir en aide, il lui apparaît tout aussi rapide-ment qu’il lui faudra consacrer plusieurs heures à l’appropriation de telle application informatique, plusieurs jours pour telle autre, et que certaines sont immaîtrisables ! Comme nous l’allons voir, l’informatique n’est que la partie visible d’un ensemble plus complexe et rarement maîtrisé par notre ministère : les systèmes d’information.

Les systèmes d’information de l’organisation « Éducation nationale »Tout commence avec les systèmes d'information (1) de l'organisation elle-même, fondés sur une bureaucratie verticale et centrali -sée. Essentiellement considérés comme étant au service de la production des informations utiles au niveau central, les différents échelons – académie, inspection académique, établissement – restent très contraints par cette organisation bureaucratique.Le système d'information d'une académie, d’une inspection académique et, par voie de « conséquence coutumière », de l’établis-sement, dépend de schémas directeurs (2) décidés par le ministère de l’Éducation nationale. Son évolution n’est pensée que dans ces cadres. Dans ce contexte, la situation dans les EPLE est difficile. En effet, si les services académiques ont commencé à se do-ter d'outils et de compétences nécessaires au traitement des données utiles à leur fonctionnement, les établissements scolaires vivent parmi un foisonnement d'applications informatiques conçues à l'origine pour alimenter les systèmes d'information nationaux, insuffisamment reliées entre elles et peu adaptées à l’EPLE.Des leviers, comme les sites web, les intranets et les ENT en cours de développement, devraient être activés pour rationaliser cet environnement informatique complexe. Il n’en demeure pas moins que la réussite d’une telle démarche repose sur un échéancier au temps long (3 à 5 ans) s’appuyant sur ce qui est appelé, par analogie avec l’architecture urbaine, « les règles d’urbanisme en informatique ». En voici quelques éléments significatifs :- unicité de l'information ;- règles de sécurité pour les accès nomades et l'accès aux applications tierces ;- disponibilité 24/24 toute l'année ;- interopérabilité entre les différents systèmes d'information.Cependant, l’expérience de notre quotidien informatique professionnel nous montre que ces règles informatiques doivent être inti -mement liées à un projet solide et cohérent.

Des intranet/Internet aux ENT d’établissementUn système d’authentification unique avec l’Internet et l’intranet regroupés en un même portail est l’étape initiale de la mise en place d’un premier niveau de services numériques. Il s’agit en même temps d’augmenter significativement la qualité des informa-tions utiles aux acteurs opérationnels (ceux qui, sur le terrain, réalisent l’essentiel du recueil des données) pour donner tout son sens et sa cohérence au projet.En effet, un projet « ENT » doit permettre d'améliorer les outils dont chacun dispose pour réaliser ses missions et ses tâches tout en simplifiant l'accès aux applications « métier » (une seule adresse, un seul login, un seul mot de passe). Mais l’ENT d'établisse-ment doit également être pensé comme un sous-ensemble logique d'un ENT global. En fait, il doit être un sous-ensemble de ser -vices utiles à la communauté éducative de l’EPLE : les personnels enseignants ou administratifs, les membres de l'équipe de di-rection, les parents, les élèves, les personnels d'encadrement...Cependant, deux écueils au moins sont à éviter : le premier serait de laisser l'évolution du système d'information des établisse-ments entre les seules mains des collectivités territoriales et le second, celui de ne pas pouvoir mettre en cohérence les différents outils avec un système d'information global à venir, notamment en ce qui concerne les outils d'annuaire et de gestion des identités (SSO). Il en va, à court terme, de la liberté de choix des services décentralisés à faire évoluer les flottes de progiciels (navigateur, agenda, courriel, suite bureautique...) vers des outils « open source ».D’un côté, l’usager doit avoir l’assurance, en changeant d'établissement, de département ou de région de pouvoir réutiliser ses données accumulées. De l’autre, les besoins des établissements et des académies doivent être pris en compte dans la démarche d'urbanisation du système d'information. Le risque est qu’une nième application informatique s'ajoute à la longue liste des applica -tifs dont disposent déjà les personnels de direction et leurs équipes.

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En clair, l’ENT d’établissement ne doit pas servir d’alibi à l’alimentation en données de l’infocentre. Sinon, ces espaces seront ré-duits à leur dimension « web » ou, plus fâcheusement, à leur composante technique.

L’exemple du carnet d’adresseOn peut tous s’accorder sur un postulat reposant sur le constat suivant : les choix stratégiques conditionnent toujours les ap-proches pédagogiques. Ainsi, pour réussir l'intégration des technologies de l’information et de la télécommunication dans notre or-ganisation bureaucratique, il est indispensable de faire les bons choix pédagogiques, technologiques et organisationnels. En parti-culier, il est nécessaire de qualifier les projets, de mesurer leurs obstacles et leurs freins pour estimer leurs conditions minimales de réussite.Évident, semble-t-il ! Et, de fait, on peut s’interroger sur l’intérêt de préciser ici ces questionnements si élémentaires. Pour montrer que cela est pertinent, prenons l'exemple classique du carnet d'adresses et voyons que cela n’a rien d’inutile !Mon carnet d'adresses personnelles et professionnelles contient 750 entrées. Il doit pouvoir être facilement importé dans mon ENT afin de me permettre de réutiliser ces adresses dans mon carnet personnel. Je peux ainsi décider d'en partager certaines avec des relations professionnelles et donc d'accéder à ces adresses depuis mes outils de messagerie, de liste de diffusion...De même, une fois ce carnet enrichi par plusieurs mois de travail collaboratif au sein de mon ENT, il doit m’être possible de le ré-cupérer pour le placer sur un autre ENT, sur les contacts de mon logiciel de messagerie, sur un Pocket PC ou un nouvel ordina -teur.Ainsi, je dois pouvoir superposer à mes données privées des événements pédagogiques ou administratifs et importer ou exporter ces données sans difficulté. Au-delà des imports et exports, les stratégies de publication et d'abonnement ou la synchronisation sont de réels objectifs qu'il faut atteindre à très court terme. Le SDET3 (schéma directeur des espaces numériques de travail) pré -conise d'ailleurs des standards utilisant des protocoles internationaux de transfert. Par exemple, il recommande le protocole LDPA (Lightweight Directory Access Protocol), largement répandu, qui représente un gage sérieux d’interopérabilité.En élargissant cette réflexion, l'ensemble des applications disponibles dans un ENT doit absolument offrir cette possibilité de syn-chronisation, d'importation et d'exportation des données.

Quelles sont les orientations actuelles des ENT et des TIC ?Rappelons tout d'abord que Luc Chatel a présenté, le 25 novembre 2010, son « plan de développement des usages du numérique à l'école », dont l’objectif est de rattraper le retard de la France, classée 22ème sur 27 en Europe, en matière d'enseignement numé-rique. Pour cela, le ministre avait indiqué plusieurs mesures parmi lesquelles le financement des logiciels, l'enseignement du nu-mérique, la séparation du rôle de l'État et des collectivités territoriale, l'aide aux industries. Il vient d'annoncer, pour la rentrée 2011, la création d’un « portail « internet responsable », organisé selon trois grands axes thématiques : usage de l'internet dans le cadre pédagogique et protection des mineurs ; éducation à la protection des données personnelles et de la vie privée ; éducation aux droits et devoirs liés aux usages des TIC ».Par ailleurs, la DGESCO, dans la circulaire de rentrée 2011 en préparation, souhaite que les ENT « se déploient dans tous les éta-blissements qui n'en disposent pas encore, en relation avec les collectivités territoriales, à l'occasion de l'appel à projets lancé dans le cadre de ce même plan numérique ou dans le prolongement des solutions techniques développées au sein de l'Éducation nationale ».Le projet des ENT est, a priori, très ambitieux. Les services potentiellement visés incluent en effet des services administratifs et techniques (gestion des personnels, des bâtiments, des fournitures...), des services de vie scolaire (notes, absences, correspon-dance avec les familles...), des services documentaires (accès à des manuels, des encyclopédies numériques, des supports de cours...), des services pédagogiques (groupes de travail...). En dehors du fait que les projets déployés sont fondés sur l'utilisation des TIC, ils présentent entre eux une très grande diversité, que ce soit dans les choix stratégiques et fonctionnels, le partenariat, la technologie choisie ou le public visé. Et là est bien tout le problème. D'où deux constats apparemment paradoxaux : d'un côté, le besoin se fait sentir d'unifier, de faciliter l'usage et d'enrichir l'utilisation, alors que, de l'autre, aucun modèle dominant ne s'impose. Car il n’existe aujourd'hui d’ENT qu'à l'état d’embryons expérimentaux, alors que d’autres pratiques, sur des réseaux sociaux, sont déjà présentes. Peut-on penser que la définition donnée par la Caisse des dépôts (4) peut suffire : « Portail de services en ligne conçu pour la communauté éducative des enseignants et des élèves et, plus largement, des personnels d’un établissement sco-laire, l’ENT est également destiné aux parents d’élève qui y trouvent des informations pratiques sur leur enfant et son établisse-ment, ainsi que des moyens de communiquer avec le personnel éducatif. C’est un prolongement de l’établissement scolaire » ou faut-il considérer le périmètre d'un ENT plus largement à l'échelle d'un bassin, un département ou d'une académie ? Ces choix peuvent favoriser ou a contrario freiner, la mise en place d'outils libérant l'initiative des acteurs, fédérant les différentes unités édu-catives autour d'un projet commun.

Les TICE et leur pilotageL'informatique et l'audiovisuel modifient profondément les usages et les pratiques pédagogiques. Actuellement, l’utilisation des TICE est à la libre initiative de l’enseignant, dans les limites de sa formation et des possibilités de l’établissement. Pourtant, avec l’arrivée de nouveaux outils ouvrant la classe vers l’extérieur, il devient nécessaire de piloter l’utilisation des TICE dans nos établis-sements scolaires. Une commission « TICE », composée d’enseignants, de membres de la direction, d’un administrateur « ré-seau », doit jouer ce rôle en décrivant comment utiliser les nouvelles technologies pour en redéfinir les règles et les limites. Sa mission serait de :- susciter des pratiques structurées dans les enseignements ;- accompagner les projets des équipes pédagogiques ;- aider à réaliser les demandes d'équipement ;

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- mutualiser les contenus ;- garantir une utilisation responsable et réfléchie des TICE.Auparavant, l'établissement doit établir un diagnostic sur la place du numérique dans les activités pédagogiques. Signalons qu’un référentiel (5), disponible uniquement dans sa version « papier » et que nous attendons dans sa version numérique, est actuelle-ment proposé par la DGESCO. En sept parties, il concerne, pour les trois premières, les dispositifs structurels existant dans l’EPLE et, pour les quatre suivantes, les usages du numérique par les enseignants et les élèves dans et hors la classe.En conséquence, la commission « TICE » aura à jouer un rôle prédominant dans trois domaines : les matériels (analyse et étude des demandes...), les formations TICE (B2i, utilisation du réseau et d'Internet...) et les usages (accompagnement au changement, charte informatique...).

Et les applications informatiques administratives…Depuis la crise Sconet et à cause des applicatifs qui s’y sont raccordés, nous n'avons que très rarement été satisfaits des produits que l'on a tenté de nous imposer.Mais, depuis peu, notre ministère semble avancer avec nous. Pour preuve, nous sommes invités à de fréquentes réunions de tra -vail : sur un nouveau portail Sconet (dont le nom reste encore à définir), sur l'interopérabilité des applications informatiques (pu-bliques, privées ou collaboratives), sur le portail d'enquête ORQUESTRA (voir encart) ou sur la télé-inscription des élèves. Les avancées sont lentes mais elles procèdent bien de la démarche de la conduite des projets telle que nous l’avons précisée plus haut. (fin encadré couleur)

Les personnels de direction vivent aujourd’hui un moment important dans l’organisation du pilotage de leur établissement. Leur boite à « outils informatiques » s’alourdit régulièrement d’applications nationales ou académiques (cela peut être sans fin !), engen-drant des demandes nouvelles, souvent inutiles et superflues, toujours chronophages, génératrices de stress et d’insécurité. Notre ministère affiche le souhait de moderniser nos systèmes d’information. Il en est grand temps. Dans l’intérêt général, les outils infor-matiques doivent exister, pour le pilotage national, académique ou local, mais toujours au service des utilisateurs. Notre vigilance reste intacte.

1. Pas de confusion : les systèmes d’information existaient bien avant l’arrivée de l’informatique.2. Actuellement, le S3IT (schéma stratégique des systèmes d’information et de télécommunication).3. http://www.educnet.education.fr/services/ent/sdet4. Le groupe Caisse des dépôts se présente comme un « groupe public, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique du pays ».5. Référentiel « collège ou lycée numérique ».

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► ORQUESTRA : est-ce enfin la mise en musique de la cacophonie des enquêtes ?Direction n° 189 p. 32 - Juin 2011 – Joël LamoiseAfin de rationaliser les enquêtes, la DGESCO initie une nouvelle application informatique appelée ORQUESTRA (pour OR-ganisation des QUESTionnaires et des RApports). Présentée au SNPDEN en mars 2010, une nouvelle réunion le 19 avril 2011 nous a permis de constater l'avancement technique du projet et la prise en compte de nos précédentes remarques.

Nous avions rappelé lors d'une précédente réunion notre attachement à ce que les enquêtes qui nous sont proposées soient utiles au pilotage national ainsi qu’à celui des EPLE. En particulier, nous étions très attachés à ce qu'un retour des questionnaires soit fait auprès des établissements scolaires et que, conformément à la charte des pratiques de pilotage, le ministère privilégie les en -quêtes par sondage avec échantillons représentatifs.Pour les EPLE, c'est d'ailleurs reconnu par nos interlocuteurs du ministère, le nombre important d'enquêtes disparates, trop sou-vent demandées dans un calendrier décalé, est très perturbant. Nous n'avons que trop l'impression de répondre à la même ques-tion à plusieurs demandeurs différents (administration centrale, rectorat, inspection académique, corps d'inspection...) sans que ceux-ci affichent explicitement les attendus des réponses données.Lors de notre dernière réunion, conformément à nos demandes, deux objectifs de l'application ont été plus clairement définis :

6. La rationalisation et la professionnalisation des enquêtes ;7. L'élaboration d'un cahier des charges et d'une charte de qualité pour l'outil retenu.

Pour atteindre les objectifs annoncés, le premier travail de la DGESCO a été de refaire une cartographie des systèmes d'informa-tion : elle a dénombré environ 400 applications ou applicatifs nationaux. Toutes ne concernent pas, bien entendu, l'EPLE. Mais il faut savoir que ce nombre est porté à 1.000 dès que l'on y ajoute les applications académiques.On peut donc légitimement constater que les données disponibles pour le pilotage national, académique ou départemental du sys-tème éducatif sont en nombre plus que suffisant. Cette analyse est partagée par la DGESCO : un bureau (B12 - bureau de la syn-thèse budgétaire, des études et du contrôle de gestion) a été plus particulièrement chargé d'organiser, de réguler et de qualifier les enquêtes. Toute diffusion d’enquête sera désormais préalablement soumise à un questionnaire inscrit dans une charte de qualité :

Les données demandées sont-elles disponibles par ailleurs ? Une enquête est-elle le bon média pour l'information recherchée ? La diffusion de l'enquête peut-elle se faire sur un nombre restreint de déclarants ?

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Les délais impartis pour répondre à l'enquête sont-ils raisonnables ?En ce sens, la méthode retenue pour le déploiement du portail ORQUESTRA, qui représente la partie visible du travail engagé par la DGESCO, est de ce point de vue exemplaire. Elle s’inscrit dans la durée et respecte bien toutes les étapes de la mise en place d’un projet : une première phase de concertation avec différents représentants (ministère, services déconcentrés, personnels de direction) ; une deuxième phase d’expérimentation avec le retour d’expérience des utilisateurs (des groupes d’utilisateurs sont en-core à prévoir) et la formation des enquêteurs ; une troisième phase avec la généralisation progressive sur des enquêtes quali-fiées.L’un de nos points importants de vigilance est l’appropriation de cet outil national par les académies. En effet, les académies veulent, par exemple, ajouter des questions à une enquête initiée par l’administration centrale ou encore diffuser leurs propres en-quêtes sur ce portail.Le SNPDEN devra imposer partout des groupes de travail spécifiques pour faire appliquer la charte de qualité du ministère et jugu-ler une inflation enquêtrice locale. Les commissions permanentes académiques (dites « Blanchet ») devront se saisir prochaine-ment de cette question.

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►Travailler avec les nouvelles technologies - TémoignagesDirection n° 189 p. 34 à 38 - Juin 2011

Marie-Berthe Michel, Proviseure du lycée Professionnel H. Bardot Pont-à-Mousson, académie de Nancy-Metz

Petit historiqueLorsque j’ai débuté une carrière dans l’Education nationale (1973), j’ai opté pour l’utilisation de moyens de communications ren-dant l’écriture lisible par tous (machine à écrire, stencils encre, alcool !). Non, ne riez pas ; ce n’était pas le moyen âge !Soucieuse d’être lisible par les élèves, nous stockions ces précieux documents afin de les réutiliser dans la mesure du possible. (et donc pas toujours longtemps car, très vite, la fragilité du papier, l’obsolescence des textes nous faisaient recommencer).C’est avec un grand intérêt que nous avons vu arriver les premiers ordinateurs, avec l’initiation à la programmation pour commen-cer : 1 journée ou presque afin de faire le programme qui consistait à découvrir que 10+2=12. Miracle ! La machine munie de notre travail savait faire l’opération.Dans les années 90, l’évolution, presque la révolution, remplace la machine à écrire, qu’elle soit à ruban, boule, marguerite, par un logiciel appelé « traitement de textes ». C’est merveilleux. On découvre le « copier coller », le changement de caractère sans utili-sation de ce petit papier appelé « effacil ».Tout s’enchaîne rapidement. Devenue principale adjointe en 95, d’autres applications apparaissent. En particulier, parmi celles-là, une qui intéresse le plus une adjointe : l’emploi du temps. Nous apprenons en marchant et très vite nous nous rendons compte de l’effet chronophage des applications. D’ailleurs, le mode d’emploi précise bien que l’optimisation est sans fin.Tous les ans, elles se perfectionnent mais viennent de plus en plus lourdes et nous devenons de plus en plus exigeants. Il y avait aussi GEP (l’ancêtre de Sconet) pour lequel il faut se souvenir des nombreux classeurs donnant les explications pas toujours au point mais, là aussi, obligeant à une nouvelle façon de travailler.Puis, très vite, Sconet est mis en place. Il faut l’utiliser dès sa parution sans avoir le temps de se l’approprier. Il faut rentrer les ren -seignements des élèves et, lorsque l’on est responsable d’un établissement de 1.000 élèves, quelques soirées avancées avec chef d’établissement, secrétaires, chef de travaux sont nécessaires pour en venir à bout. Puis tout s’accélère, nouvelle application de Sconet, le logiciel de notes, pas toujours compatibles les uns avec les autres : STS WEB , TSM-TRM, Asie, Ecole ouverte, GI/GC, Mozart, Assed, Afflenet, Imag’in, Post bac, Organet, Inscrinet, Ulysse, Supple, Iva, SDO… et j’en oublie !N’oublions pas les sites académiques, le courrier électronique avec ses avantages mais aussi ses inconvénients de réponses im-médiates. Et puis, les ENT, le webclasseur, le cahier de textes électronique et d’autres selon les régions (pour nous Lorfolio, place du lycée). J’ai tout de même le sentiment que chacun veut se faire plaisir en inventant un outil qui devient le sien, obligeant l’utilisa-teur à entrer dans sa logique.Il ne faut pas oublier le rôle du chef d’établissement qui doit faciliter la mise en place des outils informatiques spécifiques à cer-taines matières (traitement du son, de l’image ou des logiciels professionnels tertiaires ou industriels).

Une anecdoteAvec tout cet amalgame d’espace de travail, il y a de quoi angoisser les chefs d’établissement qui, tout au long de leur carrière, ont découvert cette nouvelle façon de travailler. Peut-on encore se familiariser avec un nouvel outil ? Il faut traverser une route qui va nous amener de l’autre côté avec ce que l’on croit être des risques. Oui, à 60 ans, nous avons encore quelques freins et je ne ré -siste pas à vous raconter le premier contact avec l’application DT. Il faut créer un ordre de mission pour prétendre à un rembourse-ment de frais lors d’une convocation institutionnelle.En bonne exécutante, j’ouvre cette application en passant par le site du rectorat.Comme je n’ai pas toujours le temps de passer une demi-journée à comprendre, je renonce en reportant à plus tard la réalisation de ce document.Puis, comme il faut bien y arriver, lorsque la pile de convocations remplit la pochette qui lui est consacrée, il faut y retourner. La dif-ficulté reste toujours la même : par quel bout faut il le prendre ? Lasse de chercher, je me rends à l’évidence que la relation hu-maine vaut bien mieux que les explications qui ne le sont pas.

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La personne du service Hotline, très aimable, cherche avec moi car, bien entendu, elle ne le fait pas tous les jours, d’autant plus que c’est sa collègue qui s’en occupe. Au bout de quelque temps, je comprends que là, il faut cliquer sur « autre » (ne me deman-dez pas pourquoi c’est comme cela), que là, il faut prendre l’option « IK », autant d’éléments que nous devons tous deviner. Main-tenant, il faut trouver le financeur qui se chargera de valider votre OM. Ouf ! C’est fait et nous arrivons à la dernière page pour lire que la ligne budgétaire de cette application n’est pas activée et ne le sera peut-être jamais.Je ne m’aventurerai pas dans une réflexion au sujet de l’organisation future des formations d’enseignants. Afin d’éviter les dépla-cements, il est demandé aux chefs d’établissements de réaliser cette formation par vidéoconférence dont je souhaite plus de réus-site que la télévision scolaire des années 70.

Oui, mes chers collègues, l’outil informatique est un outil que l’on ne peut plus ignorer. Il nous aide à avancer un peu trop vite dans certains cas et que dire de ceux que l’on ne maîtrise pas (pour ma part) et pour lesquels nos élèves ont une attirance particulière.Nous avions déjà à gérer l’utilisation incontrôlable des téléphones portables par les jeunes ; les mondes virtuels, les réseaux so-ciaux (Facebook, Twitter et autres) compliquent notre rôle pédagogique qui devrait toujours être de leur apprendre à vérifier la vé-racité d’une information (même transmise par internet).Il n’est pas question de revenir à des choses plus terre à terre et, quand bien même on le voudrait, ce ne serait pas raisonnable. Restons vigilant ; ne nous laissons pas déborder et, à vous qui poursuivez votre carrière, je vous souhaite une suite heureuse.

Hervé Dufossé, Principal-adjoint du collège N. Untersteller Stiring-Wendel, académie de Nancy-Metz

Petit historiqueLors de l’élaboration de mon dossier pour l’oral du concours, les formateurs m’avaient conseillé de mettre en valeur mes compé-tences en informatique, des puristes diraient « en bureautique ».Des compétences acquises au milieu des années 80 lorsqu’en tant qu’élève en collège, les professeurs m’avaient initié aux TO7, M05 ou autres dinosaures et surtout un cadeau de Noël : un Alice 32 de Matra, des programmes en Basic à taper pour, finalement, pouvoir jouer sur un jeu avec des petits carrés… et, finalement, la découverte du PC dans le milieu des années 90, lors de mon service militaire ; il fallait être opérationnel rapidement sinon la compagnie de combat m’attendait.Une fois enseignant, l’achat d’un PC m’a permis d’acquérir des compétences en traitement de textes, tableurs, etc. J’ai bidouillé comme tout le monde ; j’ai également créé quelques sites express pour des associations, rien d’extraordinaire. La participation à la création de rubriques du site Internet du lycée ou l’envoi de notes via le logiciel privé a été une continuité.

Personnel de direction stagiaire et informatique au quotidienLa première confrontation aux outils informatiques en tant que personnel de direction s’est faite tout de suite, début juillet 2009, lors d’une mini formation au logiciel d’emploi du temps ; il s’agissait de nous donner quelques techniques afin de modifier à la marge l’emploi du temps hérité de l’adjoint que l’on remplacerait.J’ai pris mon poste mi-août 2009 ; le principal m’a demandé de ventiler les élèves dans les classes ; je l’ai fait d’abord manuelle-ment puis avec SCONET ; j’ai ramé, ramé et ramé ; j’y suis arrivé… Le chef d’établissement m’a également demandé d’affecter les salles pour les cours : simple manipulation.La secrétaire, de retour de vacances, m’a été d’une grande aide quant à la manipulation de SCONET.En septembre, nous avons eu une mini formation au sujet de la remontée de VS ; de retour au collège, j’ai appliqué ce que l’on m’avait enseigné et cela s’est fait dans un premier temps sans souci.Mais ensuite cela a été plus délicat et j’en arrive au nœud du problème : la difficulté pour un stagiaire qui prend le relais, c’est qu’il n’est pas dans la tête de celui qui a élaboré les emplois du temps :

- Il n’a pas participé à la DHG.- Il n’a pas participé aux conseils d’enseignement préparatoires à la rentrée.- Il n’a pas élaboré les barrettes de groupe.- Il ne comprend pas bien la dénomination des groupes créés par le logiciel d’emploi du temps, qui remontent dans STS.

Bref ! Pour les VS, j’ai créé de nouveaux groupes qui ne correspondaient plus aux groupes transférés sur le logiciel de notes ; le professeur TICE a dû tout refaire !Mis à part ce petit incident tout s’est bien déroulé : les différentes applications pour les inscriptions aux différents examens ne m’ont pas posé de problème.Je ne pouvais pas concevoir que le courriel académique ne fût pas utilisé ; ça n’allait pas marcher, disait-on ! Eh bien, ça marche ! Tout le monde s’y est mis ; les enseignants peuvent me contacter à tout moment ; les petites choses sont vite réglées ; j’envoie ré-gulièrement des infos : les professeurs qui sont sur deux établissements, les professeurs à temps partiel sont ravis.Les échanges facilités et les informations diffusées participent également à la bonne gestion de l’établissement, notamment en ce qui concerne les remplacements de courte durée. Je diffuse les absences, les volontaires se manifestent et j’ai réussi à atteindre, l’an passé, un taux de couverture de 67 %.J’ai repris le site Internet du collège ; j’y ai ajouté des rubriques ; certains enseignants y participent ; d’autres m’envoient leurs do-cuments : qu’importe, le site est riche, renouvelé tous les jours ; les visites quotidiennes sont passées d’un moyenne de 40 à 150. Les parents d’élèves peuvent constater la richesse de l’offre du collège et le dynamisme de l’équipe pédagogique. Les élèves consultent régulièrement le site puisque des professeurs y ont mis des documents et des liens pour la préparation de l’épreuve d’histoire des arts. J’ai ajouté également des liens pour les élèves qui préparent le DNB.

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La consultation des statistiques est intéressante puisqu’elle permet de savoir ce qui intéresse et les parents et les élèves : une moyenne de 50 % des visites (en baisse) pour la consultation des articles au sujet des absences des professeurs ou des pro-blèmes de non remplacement.Suite aux rencontres « Mallette des parents », j’ai créé fin novembre une rubrique « intempéries » qui a été consultée jusqu’aux congés de Noël : les infos de la préfecture quant aux suspensions des transports scolaires, les noms des professeurs qui n’avaient pas pu sortir de chez eux, les infos des compagnies de bus et des liens vers des sites de météo : service grandement apprécié par les associations de parents d’élèves.

Quelques conseilsJe pense que, n’étant pas un novice dans la matière, sans être un spécialiste, cela m’a permis de vite comprendre les logiques des différentes applications.Un conseil : tout noter sur un cahier. Pourquoi ? Parce que certaines opérations ne vont se faire qu’une fois par an et l’on oublie tout rapidement ; il est dommage de devoir passer du temps à tout refaire.La DSI (direction des services informatiques) : ils sont d’une aide précieuse lorsque l’on peine sur une application ; parfois, il y a un dysfonctionnement parce que cela bloque de leur côté et une solution est trouvée rapidement.La cerise sur le gâteau : les emplois du temps !Je me suis demandé quand j’allais être enfin formé ; cette formation s’est faite en fin d’année scolaire : tous les stagiaires ont pen-sé que c’était bien trop tard : eh bien non !La préparation de la rentrée scolaire s’est faite lors de modules tout au long de l’année : le calcul des heures, la DHG, la constitu-tion des groupes de langue, la constitution des barrettes par exemple en sciences et en langues : des ateliers où nous faisions tout sur papier.La formation au logiciel d’emploi du temps s’est faite à la fin de l’année scolaire : 2 jours de formation.Finalement, lorsque le chef d’établissement m’a donné la répartition des heures après le réajustement final de juin, j’ai rempli des tableaux synoptiques que j’avais créés : tout s’est fait par écrit et ensuite j’ai tout entré dans le logiciel d’emploi du temps.Un simple conseil : il faut absolument tout faire par écrit ; à la moindre modification, il faut tout noter et le logiciel fait le reste : c’est enfantin ! Mon 1er emploi du temps s’est fait sans aucune erreur.Un dernier conseil pour les emplois du temps : il faut éviter de dépendre de quelqu’un car les professeurs vous attendent au tour-nant (« Va-t-il y arriver ? ») ; s’ils savent que vous avez tout fait et tout seul, vous êtes reconnus !

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► Des systèmes d’information efficients ?Direction n° 189 p. 77 - Juin 2011 Quel environnement numérique au bénéfice des EPLE ?La commission « métier » s’est vue présenter, par Lydia Advenier, l’application « Dem’Act » dont la philosophie corres-pond parfaitement à notre demande : simplification, rationalisation, élimination de tâches de peu d’intérêt. C’est cepen-dant avec surprise qu’au cours du débat, il est apparu que des applications similaires – et peut-être différentes du projet ministériel – étaient déjà en place dans plusieurs académies, ceci qui plus est après concertation, évaluation… avant généralisation ! En ce domaine, comme dans d’autres, les académies se singularisent.Si cette application témoigne d’un meilleur possible, dans le domaine des applications informatiques, cependant l’exemple de LPC - qu’a présenté aux participants Joël Lamoise – montre que le pire n’est jamais loin.Les contributions de 2 académies (Lille, Limoges) et les interventions de 13 autres lors du débat (Limoges, Amiens, Reims, Dijon, Montpellier, Lyon, Paris, Grenoble, Caen, Strasbourg, Nice, Orléans-Tours, Nancy-Metz) ont conduit à l’élaboration de la motion suivante.

MOTION 6Si le SNPDEN-UNSA salue la démarche initiée par le projet « Dem’ act » de rechercher au travers d’une application les moyens d’apporter une réelle simplification et rationalisation dans la gestion et la transmission des actes administratifs et présentée comme une nouveauté, il s’étonne cependant de constater l’existence d’applications déjà présentes dans ce domaine pour certaines académies qui semblent, de plus, satisfaire leurs utilisateurs.Par ailleurs, il ne peut qu’une nouvelle fois déplorer celle engagée pour le livret personnel de compétences.En effet, malgré nos demandes répétées et les assurances données par le ministère de faciliter l'intégration de données provenant d'applications informatiques privées ou autres, dans Sconet, la mise en place du LPC pour les élèves de troi -sième souligne une nouvelle fois l’incapacité des services informatiques de l’administration centrale à doter les établis -sements scolaires d'outils adaptés.Depuis la rentrée scolaire, les personnels de direction travaillent, avec leurs équipes, à accélérer la mise en place du LPC. Ils ont choisi, selon la stratégie propre à leur établissement pour la mise en œuvre de systèmes d'information, l'ap-plication la plus efficiente. Il est parfaitement inacceptable qu’à ce jour, le choix d'une application privée ou autre néces-site des dizaines d'heures de ressaisie des résultats des élèves dans l'application Sconet-LPC, ceci qui plus est dans un calendrier dont tout laisse à penser qu’il est déjà compromis, parce qu’intenable. Dans l’attente de déblocage de

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cette situation, le SNPDEN-UNSA appelle ses adhérents à ne pas utiliser l’application LPC mais à transmettre une at -testation « papier » du livret de compétences des élèves aux autorités.Le SNPDEN-UNSA rappelle ses demandes impérieuses d’une présentation préalable aux représentants des person-nels de direction avant toute expérimentation et d’une évaluation avant toute généralisation et qu’à défaut, à l’exemple de Sconet-SDO, il maintient sa consigne de non utilisation de ces produits.Le SNPDEN-UNSA exige que soit engagée sans délai une réflexion globale sur la place et l'utilisation de l’ensemble des outils informatiques administratifs, comme pédagogiques, dans les EPLE.Vote du CSN : 183 votants /180 pour la motion/3 abstentions

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►Extrait présentation axes de travail commission « métier »Direction n° 191 p. 37/38 - Septembre 2011 – Pascal BolloréTraditionnellement l’un des objectifs du numéro de rentrée de Direction est de permettre à tous les adhérents de notre or-ganisation syndicale – et, au-delà, à l’ensemble des personnels de direction – de connaître les positions adoptées par le SNPDEN, qu’il s’agisse des mandats élaborés lors des instances – congrès et CSN – comme des réactions que com-mande l’actualité de l’éducation.La lecture de ces lignes coïncidera avec le début de la nouvelle année scolaire. Souhaitons qu’elle se déroule sous le signe de la sérénité afin de permettre aux personnels de direction d’exercer leur métier dans les meilleures conditions re-quises pour ce faire.

L’environnement numérique« Ineffable SCONET » écrivions-nous dans une Lettre de Direction, fin août 2010, quand nous avions découvert les dernières fan-taisies de cette application, qui nécessitaient de devoir renseigner le RIB pour modifier l’adresse du responsable de l’élève ! Une version inachevée du programme avait été transmise aux académies et aux établissements !Nous avions pourtant rappelé que les systèmes d’information devaient être l’occasion d’une progression de la qualité de vie et de travail dans les établissements… Las, l’année passée a fait la démonstration qu’il n’en était rien…Hormis une évolution, semble-t-il positive, s’agissant d’une application pour la dématérialisation des actes administratifs, toutefois encore en étude, les applications quotidiennes ont une nouvelle fois fait la démonstration de leurs dysfonctionnements.

SIVIS : malgré les engagements initiaux de le DEEP, le panel d’établissements concernés a enflé jusqu’à atteindre… 80 % des ly-cées et collèges ! Il est donc urgent d'attendre avant de répondre à SIVIS d'autant que ce n'est pas très... urgent, avions-nous écrit !

DT Ulysse : « Merveilleux produit, simple et intuitif, qui nécessite… quatre guides différents de « prise en main » d’un total de 106 pages ». Cette application demande au chef d’établissement de procéder personnellement à près d’une centaine de validations par mois par poste partagé ! Tout arrive sur sa boîte personnelle (sans possibilité de délégation pourtant prévue par l’article R. 421-13 du Code de l’éducation). Mais ce n’est pas tout : cette application impose de s’engager individuellement en « certifiant » que les personnels ont effectivement participé à tout ce pour quoi ils se sont déplacés ! Nous avons invité les collègues à ne pas s’en servir.

LPC : c’est le logiciel de validation du socle commun, inadapté à l'usage courant dans les établissements qui en utilisent le plus souvent d'autres, coopératifs ou privés. Or, c'est le ministère qui n'a pas voulu fournir à temps les éléments qui auraient permis la création d'une interface alors que les informaticiens estiment entre 10 à 30 h le temps de travail nécessaire à sa création... Mais, sans raison justifiée, on a renvoyé cette interface à « plus tard » et imposé aux collèges de ressaisir des milliers de données déjà existantes !

Face à cette situation, le SNPDEN exige une remise à plat de l'ensemble des systèmes d'information et en particulier de SCONET, maintenant son mot d'ordre de boycott de SCONET-SDO ainsi que de tout logiciel ne prévoyant pas de délégation de droits.La période des examens achève l’année scolaire.

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►SCONET a-t-il enfin vécu ?Direction n° 194 p. 38/39 - Janvier 2012 – Joël LamoiseDes centaines d’applications informatiques empilées les unes sur les autres... les mêmes centaines d’applications infor-matiques sans lien les unes avec les autres... c’est notre quotidien et celui de nos équipes. Cependant, une nouvelle dy-namique semble engagée avec la direction générale de l’Enseignement scolaire : des groupes d’utilisateurs et des comi-tés de pilotage sont créés. Une initiative qui montre que le directeur général a le souci de ce dossier et la volonté de le faire avancer.

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Dès mars 2006, en pleine « crise SCONET », le SNPDEN a expliqué à nos interlocuteurs du ministère – STSI1 et DGESCO – nos demandes pour que les systèmes d’information, dont SCONET est l’un des éléments, répondent aux besoins de nos établisse-ments. De nombreuses réunions plus tard, force était de constater que, si améliorations il y avait, elles étaient totalement imper-ceptibles pour l’usager alors que, pendant la même période, des applications provocatrices, missiles Scud sans doute destinés à tester notre réactivité, étaient lancées : nous avions alors appelé à ne pas les utiliser2. Depuis, nous avons toujours maintenu ces consignes.Dans le même temps, pendant que l’on nous annonçait des évolutions de SCONET (saisie des absences, ouverture de l’applicatif de gestion des notes, offre de services…), le problème lié à l’interopérabilité entre les applications – base élèves, emploi du temps, vie scolaire… pour n’en citer que quelques-unes – demeurait toujours en suspens.En fin d’année scolaire dernière, SCONET-LPC était généralisé. Faisant fi du travail réalisé par les équipes, une importante opéra-tion de ressaisie des items du livret personnel de compétences nous était demandée dans le module SCONET-LPC : la validation des compétences acquises par les élèves se réduisait à une fastidieuse saisie informatique. Nous avions bloqué cette remontée d’information, puis levé notre mot d’ordre en communiquant une procédure simple de validation des compétences après que M. Blanquer, DGESCO, nous a assuré qu’un outil de transfert de données serait développé dans le courant du 1er trimestre de l’an-née scolaire 2011-2012.

Alors ! Où en sommes-nous des interfaces avec SCONET-LPC ?Dans un courrier très récent, la DGESCO3 nous informe qu’une procédure d’accréditation permettant le transfert des données sai-sies au sein d’applications, académiques ou privées, vers SCONET-LPC est mise en place depuis le 15 avril 2011. Nous n’en sommes informés qu’à ce jour et sur notre demande, juste avant notre CSN de novembre. Cette procédure viserait « à vérifier la compatibilité technique, réglementaire et sécurisée (CNIL) des applications candidates ».Il est intéressant de connaître les critères retenus par la commission nationale d’accréditation :« Les dossiers de candidatures ont été évalués sur les critères suivants qui devaient être tous réunis de façon simultanée :- une capacité suffisante de maintenance de l’application,- un nombre d’élèves potentiellement concernés supérieur à 10.000,- une politique d’incitation des usagers à déclarer les fichiers à la CNIL,- l’absence de modification du libellé des items,- l’absence de modification du libellé des compétences,- l’absence d’automaticité de la validation des items,- l’absence d’automaticité de la validation des compétences ».A l’heure actuelle, il nous est annoncé que 4 éditeurs4 - sur 17 dossiers déposés – ont franchi le protocole de tests techniques et qu’une nouvelle version de SCONET-LPC, complétée par ces autorisations de transfert, a été livrée aux académies dans le cou-rant du mois de décembre.Pour notre ministère, les premières interfaces sont donc disponibles. Elles rendent possible l’utilisation de l’import des données vers SCONET-LPC, avec des difficultés pouvant être du côté des éditeurs pour intégrer le certificat de sécurité. Nous communi-querons prochainement les commentaires des éditeurs sur ce point.

SCONET est mort ! Vive SCONET ?Pas de fausse joie. SCONET est un empilage d’applications disparates qui ne « dialoguent » pas entre elles et qui n’est jamais étudié dans sa globalité, de manière systémique pourrait-on dire. Ainsi, c’est « brique après brique » que le problème est analysé.Arrêtons-nous un instant sur le portail d’accès aux applications, fastidieuse énumération dans laquelle la dernière application ins-tallée, indispensable, donc forcément obligatoire puisque demandée par un service souvent académique, se trouve à la fin de la liste. Voilà une ergonomie préhistorique dont nous demandions le changement. Une nouvelle maquette nous a été présentée le 3 novembre 2011 : les applications sont regroupées par domaines, qui « tiennent » sur une page écran. Pour l’anecdote, ARENB (c’était le nom du portail) sera remplacé par ARENA.Autre nouveauté attendue et dévoilée à cette même réunion, la refonte de la présentation de la BEE (base élève établissement). Nous avons demandé et obtenu de nos interlocuteurs au ministère de pouvoir tester, dans des établissements que nous aurons choisis, cette nouvelle application. Les tests sont prévus en janvier. Une analyse vous en sera alors communiquée.Dès 2007, nous avions indiqué que toute société industrielle ou de service qui aurait conçu un si piètre produit aurait inévitable-ment changé son nom ou l’aurait vraisemblablement retiré du marché. Certes, des correctifs sont apparus, améliorant quelque peu la situation. Certes, il a même été envisagé un moment de remplacer SCONET par SCONET2.En 2012, en impulsant une nouvelle méthode de mise en service de cette application, SCONET changera de nom : le ministère re-tiendra vraisemblablement SIECLE comme acronyme de « système d’information pour les élèves des collèges et des lycées et pour les établissements ».

1. STSI : service des technologies et des systèmes d’information.2. SCONET SDO, bien sûr, mais aussi DT-Ulysse ou SIVIS nouvelle forme (voir les Lettres de Direction 120, 127, 147, 156…).3. La sous-direction du Socle commun, de la Personnalisation des parcours scolaires et de l’Orientation.4. Nous ne les nommerons pas encore car le ministère nous indique qu’une deuxième commission d’accréditation est prévue pour examiner 9 nouveaux dossiers.

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►La BEE et son nouvel environnement : le testDirection n° 195 p. 22 et 23 - Février 2012 – Joël Lamoise

Qui a dit que notre ministère ne pouvait pas améliorer l’ergonomie de l’une des applications informatiques que nos établissements utilisent quotidiennement ? C’est en 2012 que doit voir le jour d’une version très attendue de la base « élèves » en établissement (BEE) d’un nouveau SCONET. Nous l’avons eue en test pendant une semaine. Voici nos premières impressions.

Alors, comme cela, nous voilà en train de reparler de SCONET. Il est vrai que SCONET a connu une histoire chaotique, aux débuts difficiles, et toujours justement critiquée. Comme nous l’avions écrit, sous ses faux airs de « GEP sauce Windows », SCONET n’a jamais pu répondre à nos attentes, sauf pour ceux d’entre nous qui aiment la difficulté... ou qui ne l’utilisent que deux fois : à la remontée de la base « élèves » et à la saisie des services des enseignants et de leurs HSA.Allez, c’est presque oublié. Nous avons obtenu de notre ministère de pouvoir expérimenter, avec nos propres testeurs, la nouvelle version de la BEE. Dix collègues (quatre en collèges, un en LEGT et cinq en LP) se sont prêtés au jeu, du 7 au 15 décembre derniers, et avec eux leurs personnels administratifs, premiers utilisateurs de cette base de données.

Les consignes à suivreMais avant d’entrer dans le vif du sujet, prenons quelques secondes pour présenter les consignes que nous avions reçues. Le test était subdivisé en quatre parties : « la nouvelle identité visuelle », « la refonte de la fiche individuelle », « l’amélioration de la navigation et du guidage de l’utilisateur » et « la nouvelle ergonomie pour fonctionnalités hors fiche individuelle ». Dans chacune d’entre elles, il nous était demandé de répondre à un certain nombre de questions (de 6 à 22 selon les parties). Par exemple, il en était ainsi de : « Menus : nouveaux noms suffisamment clairs ? » ou « Repérage aisé des données dans l’écran ? » ou encore « Enregistrement d’une scolarité complexe en tant qu’établissement principal, puis en tant qu’établissement de référence ? »

Des questions en attente de réponsesNotons que, sur beaucoup de points, nos demandes ont été intégrées à cette nouvelle version. Et si l’ensemble nous paraît globalement très satisfaisant, plusieurs questions restent néanmoins en suspens : la base « élèves » étant fictive, n’avons-nous pas simplement testé puis validé, les unes après les autres, les opérations proposées? Le temps du test étant contraint, avons-nous réellement eu la possibilité de prendre en main cette version ? Il nous faudra attendre le démarrage de la nouvelle version, mi-janvier, dans deux académies pilotes (Nancy-Metz et Toulouse) pour passer au test « réel », avec les bases « élèves » des établissements et répondre sans doute à ces deux interrogations.

Quelques reprochesEn attendant, de menus reproches peuvent toujours être formulés : il faut parfois chercher un peu pour accéder aux écrans de mise à jour des fiches ou pour modifier des données simples dans plusieurs onglets, ou encore pour créer séquentiellement un élève. N’en doutons pas, cela sera rapidement corrigé avec la mise en place d’icônes ou de boutons d’action plus visibles ou plus lisibles.

La nouvelle ergonomieElle est saluée par l’ensemble de nos testeurs, comme plus agréable, plus simple, plus intuitive. De plus, en dehors de ses qualités purement « cosmétiques », cette BEE bénéficie de qualités indéniables. Pour n’en citer que quelques-unes : choix de l’export des extractions personnalisées en Excel ou PDF, fiche « élève » avec l’essentiel des informations sur une page, recherche d’un fiche « élève » par son responsable légal, exhaustivité des menus et sous-menus fonctionnant par plié/déplié, regroupement de données élèves pour la scolarité en cours et les scolarités historiques, visualisation des modifications effectuées dans l’onglet concerné et dans l’onglet de synthèse…

Néanmoins, il faut être conscient que, sur son principe de base et ses processus, cette nouvelle version ne change pas vraiment de sa petite sœur. Attention ! Ne nous faites pas dire ce nous n’avons pas écrit. Cette version apporte son lot très important de nouveautés ergonomiques, et c’est déjà un pas de géant qui vient d’être franchi. Simplement – mais on nous explique que ce n’est pas si simple ou si élémentaire – les champs de cette base de données ne peuvent pas être transférés d’une autre base. Pas encore !Soyons exigeants, nous en sommes les premiers utilisateurs. Et qui dira que notre ministère ne peut pas concevoir une application qui intègre les données saisies dans une base vers une autre ? Et peut-être même si cette première base est privée ? Oui, cela doit se faire. Un jour, sans doute…

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►Extrait Rapport d’activité Commission « métier » : « De Biarritz à Lille, l’évolution de l’exer-cice du métier »Direction n° 196 p. 72 et p. 77 - Mars 2012

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L’environnement numérique et les applications nationales« Ineffable SCONET » écrivions-nous dans une Lettre de Direction, fin août 2010, quand nous avions découvert les dernières fan-taisies de cette application qui nécessitaient de devoir renseigner le RIB pour modifier l’adresse du responsable de l’élève ! Une version inachevée du programme avait été transmise aux académies et aux établissements !Nous avions pourtant rappelé que les systèmes d’information devaient être l’occasion d’une progression de la qualité de vie et de travail dans les établissements… Il fut trop souvent fait la démonstration qu’il n’en était rien…Hormis une évolution, semble-t-il positive, s’agissant d’une application pour la dématérialisation des actes administratifs, toutefois encore en étude, les applications quotidiennes ont une nouvelle fois fait la démonstration de leurs dysfonctionnements. Il suffira là d’évoquer quelques noms de ces applications pour se remémorer – avant de lire le bilan qu’en fait Joël Lamoise – l’émotion qu’elles suscitaient lors de leur mise en œuvre : SIVIS, DT Ulysse, LPC…D’une manière générale, les trois années depuis le congrès de Biarritz se sont déroulées dans un environnement dégradé dont les conséquences se sont traduites au quotidien par une aggravation des conditions d’exercice du métier de personnel de direction. Cette évolution a encore été accentuée par certaines mesures qui sont, dans cette situation, d’autant plus inacceptables. Il en a ainsi été :- des suppressions massives de postes d’enseignement, de l’épuisement des viviers de remplacement, - des conséquences du non renouvellement des contrats aidés, en particulier dans l’accompagnement des élèves handicapés… avant que ne soient recréés, début 2012, un certain nombre de ces emplois supprimés quelques mois plus tôt !- de l’accroissement du transfert de charges administratives.

Systèmes d’information et environnement numérique de travailComment dresser en peu de lignes le bilan d’une activité syndicale sur trois années de mandat ? Le point en a été fait régulièrement dans les conseils syndicaux nationaux avec, dans chacun, une intervention, voire une motion, sur les systèmes d’information. D’autre part, le SNPDEN a été représenté au conseil d’administration de l’ANATEEP (Association nationale pour les transports éducatifs de l’Enseignement public), à l’Observatoire des pratiques de la presse lycéenne, au Conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI. Quinze articles (dont deux dossiers sur les TICE), parus dans la revue Direction, permettent également de dresser un panorama sur ces trois dernières années.Pour commencer, nous pouvons afficher notre satisfaction sur le déroulement des opérations de vote électronique. Ayant participé à un grand nombre de réunions préparatoires avec le ministère (une dizaine entre septembre 2009 et mars 2011), le SNPDEN a contribué, avec notre fédération, à simplifier et à rendre accessible le portail de vote. Nous avons informé régulièrement nos col-lègues, au plus tôt, des procédures. En ce qui concerne les systèmes d’information, nous avons, pendant ces trois années, indiqué à notre ministère qu’ils mécon-tentent toujours une majorité d’entre nous. Les applications comme Organet, DT Ulysse ou SCONET SDO sont très mal perçues (même si les motions SI et ENT ne datent pas des derniers CSN, elles restent d’actualité). Au-delà des aspects ergonomiques de ces applications, c’est la méthode de leur mise en place que nous avons contestée, ainsi que l’ignorance (toute relative !) de notre ministère du fonctionnement quotidien de nos établissements (l’exemple donné d’une base élèves officieuse adaptée à nos be-soins, exploitée avec des outils courants de bureautique, que nous utilisons quasi exclusivement au détriment de la base élève of -ficielle a beaucoup surpris nos interlocuteurs).Une première version de la télé-inscription des élèves (en classe de seconde pour commencer) devrait nous être proposée en test pour la fin de cette année scolaire, après être passée par le crible de nos observations : pas de confusion entre inscription et affec-tation, possibilité d’ajouter des champs de données, simplification du travail de vérification des informations modifiées, automaticité du transfert de l’année antérieure…Ce mandat a servi à nous faire entendre. Pour preuves, la nouvelle BEE (Base élèves en établissement) et le nouveau portail ARENA qui sont en test dans deux académies, avec une ergonomie plus conviviale : nous avons obtenu de les faire utiliser en pré-test par quelques-uns de nos adhérents et le DGESCO nous a assuré que notre accord serait déterminant. Mais tout cela avance bien lentement : notre demande récurrente d’interopérabilité entre les applications publiques ou privées reste insatisfaite ; les por-tails intranet académiques sont bien trop souvent bricolés ou détournés de leur usage initial (la charte des pratiques de pilotage des EPLE précise pourtant ce que nous en attendons) et les espaces numériques de travail sont inutilisés car inadaptés.Après avoir régulièrement opposé au ministère notre vision d’un système d’information utile à l’EPLE et, par conséquent, aux ni -veaux hiérarchiques supérieurs, plutôt qu’à un système descendant du niveau central vers l’EPLE (sous forme de technocratie in-formatique), il nous semble indispensable de nous poser la question suivante : « Quel cahier des charges devons-nous élaborer pour notre environnement numérique de travail et nos applications informatiques ? ». Ce changement de positionnement et les ré-ponses que nous y apporterons serviront utilement au prochain Bureau national.

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► La bureaucratique : l’informatisation de l’administration passe-t-elle par une bureaucratisa-tion de l’informatique ?Direction n° 199 p. 23/24 - Juin 2012 – Joël Lamoise

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Avec l’arrivée et le développement rapide d’outils et d’applications informatiques, une nouvelle forme de gouvernance s’est installée dans notre ministère. Les contraintes méthodologiques du traitement automatisé de l’information et une forte capacité d’auto-défense de la structure, qui l’empêche d’évoluer, ont favorisé l’émergence de la « bureaucratique ».

La bureaucratieApparu au début du XVIème siècle, le mot « bureaucratie » a tout d'abord désigné un organisme fournissant des prestations d'inté-rêt général, chargé de concevoir, de préparer ou d'administrer (1). C'est au XVIIIème siècle que cette forme de pouvoir, sous-ten-due par le seul désir de gouverner pour gouverner et de perpétuer l'existence des privilèges des professionnels (2) en charge de ces tâches administratives, d'organisation et de contrôle, s'est constituée comme organisation fonctionnant pour elle-même, en-voyant et recevant des informations pour son propre fonctionnement. Au sens wébérien (3) du concept de « bureaucratie », cette organisation du travail s'appuie sur des règles juridiques, permet de meilleures prévisions et repose sur un savoir précis.La bureaucratie s'observe principalement par sa structure pyramidale hiérarchisée, indissociable d'une division des tâches définies selon les capacités des personnes, recrutées par concours. La plupart des règles formulées par ce modèle peuvent paralyser l'en-semble du système en se fondant, par exemple, sur l’impersonnalité du fonctionnaire ou la multiplication des règles de contrôle, mais également sur la fragmentation de la structure en sous-organisations bureaucratiques, ce qui aboutit au repli de ses sous-groupes sur ses objectifs propres, au détriment de ceux de l'organisation. Chacun y reconnaîtra les « 30 ministères de l'Education nationale ». Les critiques de la bureaucratie ne visent d’ailleurs pas un effacement de celle-ci mais une simplification de ses procédures, vue comme facteur d’efficacité. Dans le cadre de la réforme de l'État, de timides efforts sont faits dans ce sens : guichet unique ou e-administration se développent.

Les applications informatiquesLes progrès réalisés ces dernières années en matière informatique ont permis un développement important des systèmes d'infor-mation. S'ils en constituent aujourd'hui le cœur, ils s'appuient également sur un grand nombre de contrôles informatiques, comme la validation des données saisies. Mais, pour être assuré de leur fiabilité, on en attendrait aussi le contrôle des bases de données existantes, le contrôle des traitements, le contrôle des éditions ou des consultations.Outils de gestion, outils de contrôle, outils de pilotage, les applications informatiques doivent permettre de disposer des bonnes in-formations au bon moment afin de prendre les bonnes décisions. L'objectif de la mise en place de procédures, respectant les lois et les règlements, est essentiel pour améliorer l'efficacité d'ensemble. Mais perfectionner le fonctionnement des systèmes d'infor-mation suffit-il à maîtriser leur pilotage ? Certes non !Il apparaît ainsi évident que la focalisation sur les seuls éléments techniques d'un projet concernant les systèmes d'information permet de donner l'illusion d'un contrôle des résultats par son aspect tangible et moderne. Il apparaît évident qu'il est plus difficile pour une organisation de modifier les habitudes de travail que de changer les outils techniques. Accepter cela revient, de fait, à mi-nimiser l'importance du management du changement.

La bureaucratiqueOn s’en rend bien compte. Si la bureaucratie n’est pas un simple pouvoir de bureaux – cela serait simpliste de la considérer ainsi – l’informatique constitue depuis plusieurs années son squelette et les applications informatiques sa partie visible.La mise en place accélérée des outils informatiques nationaux ou académiques fait plus qu’affermir le caractère bureaucratique de l'organisation. En effet, l’informatique, qui permet une approche plus transversale des problèmes impactant l'ensemble des ser-vices, est rappelée à l'ordre : il existe une ligne hiérarchique ; l'information est « verticale ». L’informatique est donc technique ; l’in-formatique est, et demeure, donc un outil. Certes, de-ci de-là, on peut observer de rares changements dans les organigrammes des services centraux et décentralisés. Mais, dans la grande majorité des cas, la bureaucratie, qui s’est impatiemment emparée de l’outil informatique, est devenue la « bureaucratique ».La bureaucratique utilise donc l’informatique puisque, par nature, elle n’est pas une menace pour elle : la technique permet même de la renforcer puisqu’elle permet le contrôle ! La rapidité des échanges d'informations réduit la notion de temps et la demande « du haut » (4) prévaut toujours sur les contraintes locales.Il reste cependant à craindre que la bureaucratique ne se caractérise, entre autre, par un excès d’informations conduisant à l'irra -tionalité, à l'indécision ou à l’urgence ou au trois à la fois.

1. Pour être précis, à l’origine, le bureau où l’on fait les comptes, puis le lieu dans lequel est placé ce bureau.2. Alfred Sauvy a même introduit le terme de « burelain », par analogie au châtelain, pour désigner le bureaucrate dans son royaume.3. Max Weber (1864-1920).4. Le « haut » peut être le niveau académique ou central.

Retour au sommaire► De la bureaucratique aux serious gamesDirection n° 202 p. 39 à 50 – Octobre/Novembre 2012 – Joël LamoiseLe changement ne se décrète pas. Même si les évolutions du numérique, proposées, voire imposées, aux administrations sco-laires et aux enseignants, invitent à plus d’autonomie et défendent des objectifs pédagogiques louables, elles ne présentent géné-ralement pas au départ suffisamment d'avantages tangibles démontrés pour que leur mise en place suscite quelque enthousiasme soutenu.

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Dans une bureaucratie bien implantée, la bureaucratique (1) suscite méfiance et interrogation. Dans un confort et une sécurité bien installés, l’adoption du numérique est perçue comme une perturbation avant d'être une promesse d'amélioration. Si le changement demandé sur le plan individuel est parfois délicat, les choses se compliquent considérablement lorsqu’il est exigé dans un collectif. En effet, cela demande d’être en capacité de répondre à de nombreuses questions : qui veut changer ? Quoi ? Pourquoi ? En combien de temps ? Avec quels bénéfices attendus ?

Avec quels impacts sur le travail de chacun ?Le monde scolaire est l’un des espaces les plus emblématiques de la relation trans-missive « du haut vers le bas » alors que l’évolution numérique tend à instaurer, au moins dans les EPLE, de nouvelles relations entre tous les membres de la communauté scolaire. Réseaux sociaux, blogs, messageries sont les instruments de ce processus dynamique. Mais ce changement, qui commence à franchir la porte de l’école, entre en tension avec les représentations sociales négatives du tout numérique et avec des choix institutionnels opérés sans écoute des acteurs. Dans ce contexte, où en sommes-nous des avancées du numérique à l’école ?

Pédagogique et administratif, deux domaines investis par le numériqueDans le domaine pédagogique tout d'abordBien que les technologies aient modifié le système éducatif, la salle de classe a très peu changé. Là où les enseignants utilisaient il y a un siècle des tableaux noirs et des craies, ils utilisent aujourd’hui des ordinateurs et des plates-formes d’apprentissage. Les tests, les devoirs et les livres sont désormais disponibles sous forme numérique. Même si l’enseignement a été numérisé et infor -matisé, il reste encore du chemin à parcourir.Une étude originale de l’université de Gothenburg est actuellement conduite dans plusieurs écoles de Suède afin d’observer l’im-pact sur les apprentissages d’élèves équipés gratuitement d’un ordinateur portable ou d’une tablette numérique (initiative appelée « 1:1 »). L’argument principal développé par les municipalités pour justifier ces investissements importants est, d’une part, que le système scolaire doit préparer les élèves à vivre dans une société digitale et, d'autre part, que les ordinateurs personnels peuvent réduire, voire éliminer, la fracture numérique entre ceux qui sont capables d’utiliser l’ordinateur comme outil d’apprentissage et ceux qui ne le peuvent pas. Le professeur Berner Lindström, responsable de l’étude, montre que les effets dépendent bien sûr de la manière dont les enseignants utilisent les outils informatiques de leur salle de classe mais également de la manière dont l’outil « informatique » est appréhendé comme une discipline à part entière, au même titre que les mathématiques ou l'histoire par exemple.

Dans le domaine administratif ensuiteL'introduction de nouvelles applications informatiques induit un certain nombre de changements qui doivent se matérialiser dans des rapports nouveaux entre les administrations déconcentrées et les EPLE. Les directions d'établissements scolaires n’apprécient pas d’être leurrées par une pseudo-autonomie dont les moyens alloués et leurs contrôles ne leur permettent pas d’exercer de véri-tables choix. Il y a là un changement culturel majeur à opérer.En effet, la logique de l’informatique, qui se présente comme système autonome, domine maintenant les règles de la bureaucratie en permettant un libre accès aux informations par tous les niveaux de la hiérarchie, en transformant tout dossier en banque de données, en devenant rentable par une augmentation de l’opérationnalité à tout niveau. Mais il ne suffit pas de remplacer le tam-pon encreur par un appareil électronique de plusieurs kilos pour véritablement changer son système d’organisation du travail.

La deuxième fracture numériqueOn ne peut bien sûr pas ouvrir un dossier sur le numérique sans évoquer la fracture numérique.À la mode depuis les années 1990 avec l’arrivée des ordinateurs puis d’Internet, le terme de « fracture numérique » est apparu pour décrire la séparation entre ceux qui possédaient la technologie et ceux qui ne la possédaient pas. Cette première fracture ma-térielle a été à l’origine d’efforts conséquents de nombreux gouvernements pour essayer de la réduire. De nombreuses aides, se-condées par la baisse du prix de l’informatique, ont (presque) fini par la résorber : les ordinateurs (de bureau, portables, ta-blettes…) sont désormais présents dans quasiment tous les foyers.Cependant, une étude canadienne de 2010, complétée par une enquête québécoise de 2011, montre que, si 78 % des ménages ont Internet chez eux, 94 % des ménages affichant les meilleurs revenus sont connectés alors que seulement 59 % des revenus fi-gurant dans le plus bas quartile le sont.D’autres études, tout aussi récentes, menées notamment aux États-Unis (2), tendent à définir cette nouvelle fracture de l’usage du numérique qui s’observe principalement dans les classes les plus pauvres et les moins éduquées de la population. Dans plus de 40 % des cas, c’est le manque de compétences qui bloque l’accès à Internet et qui devient facteur d’exclusion. Il y a un peu plus de 10 ans, Vicky Rideout prévoyait cette nouvelle fracture numérique en la baptisant « fracture de la perte de temps » : « Malgré l’utilisation éducative potentielle des ordinateurs, la réalité est que leur usage éducatif ou pour la création de contenu ayant du sens est minuscule comparé à leur usage pour le divertissement pur […]. Au lieu de réduire la fracture, ils augmentent le fossé du temps gaspillé ».À l’origine de son développement, on considérait, sans doute trop naïvement qu’Internet devait permettre de remonter le niveau d’éducation et d’intérêt de la société pour la culture. C’est malheureusement plus compliqué que cela. Des chercheurs ont essayé de caractériser les utilisateurs selon les usages qu’ils font des médias numériques en définissant trois typologies : il y aurait le « joueur » (qui se sert principalement de son ordinateur pour utiliser les réseaux sociaux et jouer), le « lecteur » (qui l’utilise essen-tiellement pour se tenir informé, lire des articles et les réinvestir dans le cadre privé ou professionnel) et le « producteur » (qui consomme des médias, les sélectionne, les enrichit de ses réflexions, de ses expériences avant de les repartager). Si, comme 99

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% des internautes, nous nous situons quelque part entre le « lecteur » et le « joueur », il apparaît que ce dernier profil prend de plus en plus d’importance. Est-ce parce que le « joueur » partage des « informations » qui n’intéressent que lui ou son entourage propre que l’on pourrait dire qu’il passe beaucoup de son temps à en perdre ? Il subit, en tout cas, cette deuxième fracture numé-rique.À ce constat se superpose, en France, une autre fracture numérique. En 2010, l’État a donné beaucoup d’argent aux communes rurales afin de leur permettre d’acquérir pour leurs écoles du matériel informatique (3) : l’équipement-phare a été le tableau numé-rique relié aux ordinateurs de la classe. Satisfaction ! Ce plan baptisé « École numérique rurale (ENR) est incontestablement un succès […]. Il a joué un rôle majeur dans la réduction du retard pris par les écoles rurales » se félicitaient les inspecteurs généraux auteurs du rapport (4) remis au ministre de l’Education de l’époque. Mais ils tenaient également à préciser que le plan ENR avait créé « une sorte de double fracture numérique » […]. D'abord, « au sein du monde rural, entre les écoles dotées et celles qui ne l’ont pas été faute d’avoir été retenues ou d’avoir été candidates ». Ensuite, « entre les petites écoles rurales bien équipées et les agglomérations plus importantes qui ne disposent que de postes informatiques traditionnels, parfois obsolètes ».Rien de bien nouveau si ce n’est que les chercheurs notent un accroissement de cet écart, en temps et en usage, accroissement dû, et c’est un paradoxe, à des politiques bienveillantes de démocratisation de l’accès (5).

Vers une généralisation du numérique à l’école ?Dans une récente lettre (6), nous avons pu lire : « Nous veillerons à ce que les outils, contenu et services numériques soient mis à la disposition des enseignants et plus largement des équipes éducatives, pour enrichir leurs pratiques afin de les aider à répondre aux besoins de leurs élèves ».Cela passerait par un déploiement généralisé des espaces numériques de travail (ENT), des manuels numériques via l’ENT ou des tablettes tactiles utilisées en classe. Mais pourquoi pas aussi grâce aux jeux sérieux ou « Serious Games » (voir encart p. 50), nouveaux supports d’apprentissage, dont l’utilisation est expérimentée dans quelques académies et dont l’apport pédagogique de-vra être mesuré et évalué.Régulièrement, la Caisse des dépôts (7) analyse les utilisations des ENT telles qu’elles apparaissent dans le dispositif national de mesure d’audience. Ainsi, on peut connaître les services utilisés : les notes (36 % des visites), le cahier de texte (22 %), le courrier électronique (20 %), les absences (5,2 %), les documents partagés (3,6 %)… Sans surprise, la « Vie scolaire » qui cumule les ser-vices « notes » et « absences » représente plus de 40 % des visites. Doit-on s’en étonner ? Certes non : tout d’abord, ce sont des services qui sont accessibles à la totalité des membres de la communauté éducative (enseignants, parents, personnels de vie sco-laire mais aussi élèves), d’où une fréquentation importante ; ensuite, ce sont des services qui, par leur nature même, engendrent de nombreuses utilisations quotidiennes ou hebdomadaires. Si le service « absences » paraît peu utilisé, c’est le reflet de l’utilisa -tion plus ancienne de logiciels adoptés par les EPLE, non intégrés aux ENT, et consultables par ailleurs.Mais l’ENT ne doit pas se résumer à quelques chiffres. Espace qui devrait permettre d’établir une relation entre les élèves et les différents pôles culturels, il pourrait devenir ainsi un outil de médiation culturelle. Les exemples sont nombreux : information des élèves, ainsi que des enseignants, sur la programmation culturelle locale, discussions dans un forum entre les élèves ou entre les élèves et les enseignants… Avec sa spécificité, l’ENT deviendrait le lieu, qui doit être reconnu dans le projet d’établissement, de diffusion des concours scolaires, de mise en valeur du fonds documentaire du CDI, de transmission des publications d’élèves, des journaux scolaires… créant une dynamique autour de projets. « L’ENT permet de faire le lien entre ce que l'on apprend à l’école et ce que l’on apprend en grandissant puisqu’il permet à l’élève d’élaborer des connaissances nouvelles à son entrée lorsqu’on met à sa disposition des ressources culturelles qu’il peut consulter s’il le souhaite, quand il le souhaite et où il le souhaite » (8).Le schéma directeur des espaces numériques de travail (SDET v4.0), édité par la DGESCO en mai 2012, reprend les grandes lignes de ce que doit être un ENT : « évolutif et interopérable », permettant l’articulation entre la solution ENT et les services tiers, « il ne doit pas imposer une organisation et des usages » mais « s’adapter aux différents projets des établissements ». Avec ces louables intentions, la difficulté majeure demeure la cohérence nationale indispensable d’un projet ENT avec sa conduite locale : « 30 ministères de l’Education nationale » et cinq fois plus de collectivités ne rendent pas la tâche aisée !Il est avancé dans ce schéma la notion très novatrice de « parcours pédagogique » numérique, intégré à l’espace numérique de travail, créant des itinéraires personnalisés. Aussi intéressante qu’elle soit, l’idée pose question et doit être suffisamment réfléchie dans la gestion des projets, du fait de son impact direct sur les contours de l’EPLE : cela revient en effet à penser l’établissement scolaire hors les murs et hors le temps scolaire.En résumé, si le SDET v4.0 fourmille de bonnes intentions, il est néanmoins regrettable que le document passe sous silence les nombreux projets ENT déjà actifs, si hétéroclites qu’il semblerait qu'il faille tout défaire ou repenser le cahier des charges.

Avec l’émergence du numérique, l’école fournit-elle des réponses appropriées ?Quand 77 % des internautes français sont inscrits sur des réseaux sociaux, qu’ils fréquentent tous les jours, ou presque, pour les deux-tiers d’entre eux (9), il y a là matière à ouvrir une réflexion sur le numérique pour l’école. Pour les jeunes en particulier, l’es-pace virtuel des réseaux sociaux finit par englober les espaces réels de la vie privée et de l’école, au point que ces derniers passent à l’arrière-plan de leurs préoccupations. Ainsi, on peut penser que la famille et les enseignants ont perdu le monopole de la socialisation. La vie privée et la vie sociale sont pulvérisées par le besoin addictif de connexion. Dans son article intitulé « La ré-volution médiatique de la condition humaine » (10), Olivier Ferrand apporte des éléments de réponse aux conséquences de cette propension quasi-généralisée et irrépressible à se connecter aux médias sociaux : « l’homo médiaticus alterne constamment une sociabilité en face à face et une sociabilité médiatique qui rompt la présence à l'autre ».Les diverses initiatives, expériences et projets qui mettent la technologie au service de l’éducation sont toujours plus nombreux et réinventent le monde de la formation. Mélangeant le virtuel et le réel, comme le recours à la 3D ou l’utilisation d’appareils mobiles

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et de jeux, employant l’ordinateur pour adapter un programme d’enseignement à l’état de l’apprenant ou utilisant les ressources disponibles sur Internet, toutes ces initiatives interrogent le système éducatif.Il est temps que l’école intègre le numérique autrement alors que, depuis des années, elle le subit et tente d’y répondre de manière irréfléchie et inappropriée. Trois exemples peuvent l’illustrer :

Le premier concerne le filtrage d’Internet. Conçu initialement pour protéger les élèves et, parmi eux, les mineurs, de cer-tains contenus sensibles, il semble aujourd’hui que ce filtrage effectué grossièrement et massivement nuise à l’usage péda-gogique d’Internet dans les EPLE. Les inconvénients de tels systèmes n’ont cessé de croître : le nombre de sites filtrés s'avère, de jour en jour, plus important ; des contenus de grande qualité sont bloqués de manière intempestive ; les élèves sont tentés de contourner l'interdiction ; les enseignants sont démobilisés et déresponsabilisés… Nouveauté de ces der-niers mois, avec la mise en œuvre des espaces numériques de travail par les collectivités territoriales : les passerelles de sécurité sont prises en charge par des entreprises spécialisées, privées, qui imposent un filtrage encore plus systématique, définitif et déresponsabilisant.

Le deuxième concerne les téléphones mobiles des élèves. L'article L.511-5 du Code de l'éducation (11) stipule : « Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, de téléphones mobiles est interdite ». Dans la grande majorité des cas, les téléphones portables ont été remplacés depuis par des Smartphones, véritables terminaux numériques personnels, qui permettent naturellement de téléphoner et d’envoyer les textos mais aussi d’accéder à un Internet non filtré et illimité. Ces nouveaux appareils renvoient à la nature même du défi posé à l’enseignant face à sa classe, par la comparaison du savoir qu'il dispense à celui qu'on trouve en ligne.

Le troisième concerne la passation des examens. À la question de la triche utilisant des appareils communicants, la ré -ponse institutionnelle a été, d’une part, l’annonce que « l'utilisation des téléphones portables et, plus largement, de tout ap-pareil non autorisé permettant des échanges ou la consultation d’informations, est interdite et est susceptible de poursuites » et, d’autre part, la mise à disposition dans les centres d’examen de détecteurs de téléphone portable. Nous avions en son temps dénoncé cette mesure hâtive et précipitée (12).

L'école n’a pas d’alternative ; elle doit prendre toute sa part à l’éducation numérique des élèves en les guidant dans le choix de leurs outils et en leur apportant cette nouvelle culture dont ils ont tant besoin et qu’ils pensent maîtriser intuitivement.

Peut-on croire à l’avenir du numérique scolaire ?On entend souvent que les nouvelles générations (voir l’encart sur les générations p. 51) sont à l’aise avec les outils de communi-cation les plus modernes et que, de ce fait, elles ont accès à une masse d’informations et de connaissances directement utili -sables. Ce postulat techniciste réduit inévitablement la question du numérique à la dotation massive aux établissements scolaires de machines informatiques fixes ou nomades et à la numérisation de cours et ressources pédagogiques. Mais le numérique ne suffit pas à améliorer la relation pédagogique, à individualiser les apprentissages et à remédier aux difficultés scolaires.Alors se pose en guise de corollaire une seconde question : comment et pourquoi faut-il développer les technologies de l’informa-tion et de la communication dans l’enseignement ? Pour y répondre en partie, citons un extrait d’un article (13) écrit par Robert Jammes et André Legrand (ancien recteur, ancien directeur au ministère de l’Education nationale) : « Il n’y aura pas de politique du numérique qui ne s’appuie d’abord sur les besoins réels et les projets des acteurs du système. Il faut tirer les leçons des expéri-mentations que mettent déjà en œuvre les plus innovants d’entre eux. Toute acquisition de matériels sans réflexion et organisation préalable quant aux usages qui vont en être faits […] est largement vouée à l'échec ».Dans de nombreux pays, la transformation du système éducatif est en train de s’opérer. Avec 5,5 % du budget mondial de l’éduca-tion réservés à la technologie, la e-éducation et sans doute bientôt la m-éducation (14) ne peuvent qu’interroger les professionnels de ce domaine. Tous les acteurs et usagers, en phase de réflexion sur l’utilisation des techniques pour améliorer le savoir humain, doivent être sensibilisés à ces technologies qui feront sans doute l’éducation de demain.

1. Contraction de « bureaucratie informatique », Direction 199, pages 23 et 24.2. « Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique » : article paru dans le New York Times sous la plume de Matt Richel, en 2012.3. Enquête sur les technologies de l’information et de la communication (ETIC) de 2008 : avec unordinateur pour 12,5 élèves, la France était classée en 12ème position en Europe pour les équipements.Dans le même temps, elle se situait au 21ème rang sur 27 pour les usages en classe des technologies de l’information et de la communication.4. Ce rapport fait partie des rapports qui étaient tenus secrets et qui ont été rendus publics il y a quelques mois.5. Même si les résultats « ETIC 2010 » montrent qu’en collège, par exemple, le nombre d’élèves par ordinateur varie de 3,9 à 13 selon les académies.6. Lettre de V. Peillon et G. Pau-Langevin à tous les personnels de l’Education nationale, le 26 juin 2012.7. http://www.caissedesdepots.fr/le-groupe/qui-sommes-nous/un-investisseur-unique.html8. Sujet développé par Tania Mayer lors de l’université d’été de Ludovia, le 28 août 2012.9. Étude Médiamétrie réalisée auprès de 3.120 internautes âgés de 13 ans et plus, publiée le 19 juillet 2012.10. Olivier Ferrand, « La révolution numérique de la condition humaine », Le débat n° 170 : Le livre, le numérique ; édition Gallimard.11. Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010.12. Lettre de Direction du 15 juin 2012.13. Paru sous le titre quelque peu provocateur « Pas de culture numérique sans révolution de l'éducation ».14. Utilisation des tablettes et Smartphones dans le cadre de l’enseignement.

Tout (ou presque) sur les serious games

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Confidentiel il y a seulement quelques années, le phénomène a pris une telle ampleur qu’il apparaît nécessaire de s’y intéresser. Déjà des initiatives apparaissent : en entreprise tout d’abord, et maintenant en éducation, repérées pour la plupart sur les sites académiques d’éco-gestion. En quelques lignes, nous allons tenter de répondre à ce concept qui peut apparaître encore nébuleux pour beaucoup : qu’est-ce qu’un serious games ? A qui est-il destiné ? À quoi cela sert-il ? Pourquoi est-ce innovant ?

Tout d’abord, qu’est-ce ?Wikipédia en donne une définition simple (1) : « Un serious game (ou « jeu sérieux ») est une application informatique qui combine une intention sérieuse, de type pédagogique, informative, marketing… avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo ou de la simu-lation informatique. La vocation d’un serious game est donc de rendre attrayante la dimension sérieuse par une forme, une interac-tion, des règles et éventuellement des objets ludiques ».D’une durée de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures, pour illustrer un concept particulier ou présenter une méthodolo-gie dans sa totalité, le serious game peut être utilisé tout à la fois de manière autonome ou dans le cadre de formation plus for-melle, entre deux présentations plus théoriques.

Un serious game (2), est-ce bien sérieux ?Pour faire simple, il s’agit d’apprendre en jouant. Certaines grandes entreprises l’ont déjà adopté (AXA, Air France, Paribas, Re-nault, l’Oréal…) pour former leurs salariés. En 2010, ce marché a atteint, en France, 40 millions d’euros pour un chiffre d’affaire mondial de 1,5 milliard d’euros (3). Si les entreprises mettent en avant les coûts attractifs (économie de déplacement, conservation des historiques, séquences plus courtes et donc intégrables dans une journée…) et l’efficacité (personnalisation, richesse des ex-périences, évaluation permanente…), les utilisateurs reconnaissent au jeu sérieux plusieurs qualités dont les principales sont d’aborder de façon décontractée et ludique des sujets complexes et de pouvoir continuer à s’entraîner pour progresser après la formation. Mais l’investissement est très lourd : entre 15 et 200 K€ pour le développement d’un serious game propre à un métier ou à une formation. On en perçoit déjà quelques limites pour l’éducation.

Tendance ? Effet de mode ?Conçu à l’origine par des militaires, le serious game « civil » est en plein essor. La mode va-t-elle passer ou s’agit-il d’une ten-dance lourde dans l’évolution des TICE au service de la communication, du marketing ou de la pédagogie ? L’Education nationale réfléchit sérieusement à introduire ces nouveaux outils au service des enseignements, à l’image de Thales (Moonshield) ou de la RATP (Bus Training Game). Pourtant, le serious game, comme toute nouveauté, suscite le scepticisme alors qu’il se décline sur tous les thèmes : négociation, recrutement, gestion de crise, sécurité… Le serious game va-t-il remplacer à terme la formation tra-ditionnelle ? Non, répondent les utilisateurs, expliquant que son principal écueil, et non des moindres, est la difficulté d’apprendre seul face à un écran, sans être accompagné tout au long de l’activité. Cette forme d’apprentissage reste donc une alternative.

Une tendance à prendre au sérieux. Exit donc les diaporamas interminables ? Non car chaque support a sa finalité propre : le but de ces pratiques ludiques est de ser-vir de moteur à la résolution de problèmes et à l’émergence de solutions. Ludique, le serious game est révélateur de nouvelles fa-çons d’enseigner dans lesquelles la formation sera basée non sur la transmission de connaissances mais sur la participation et l’interactivité numériques. Cette tendance forte est à rapprocher d’une autre évolution du monde de l’entreprise, la « Gamification » dont l’idée est d’intégrer des mécanismes issus du monde du jeu au sein même des processus de travail. Autrefois curiosité, le se-rious game semble maintenant jouir d’une réputation bien différente. Avec une croissance attendue de 15 à 30 % par an reposant sur la multiplication des supports (ordinateur, Smartphone, tablette, TV…), le développement sur les réseaux sociaux (multi-joueurs) et l’augmentation des serious games génériques (moins chers pour le client mais moins personnalisables), le serious game n’a pas fini de faire parler de lui. Du glaive virtuel au joystick, le jeu est devenu omniprésent ; il n’est pas que ludique ; il est devenu sérieux.

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Serious_games2. Les experts auront relevé l’oxymore.3. Étude de l’IDATE (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe) parue en 2010.

Les générations de 1959 à 2010Quelle définition peut-on donner à la notion de « génération » ? Pour y répondre, les sociologues combinent souvent plusieurs élé-ments : ils la définissent comme un ensemble d’individus nés au même moment (définition démographique) caractérisés par une expérience historique commune (définition politique ou historique). Comme phénomène social, plusieurs générations : X, Y, et maintenant Z, se sont succédé de 1959 à 2010. Mais que sont-elles ?La génération XLa génération X regroupe les personnes qui sont nées entre 1959 et 1978. La génération X était, à l’origine, connue sous le nom de génération « Baby Bust », en raison du faible taux de natalité par comparaison à la période précédente du Baby-boom. Elle est appelée aussi « génération sacrifiée » alors qu’elle est à l’initiative des changements majeurs de ces 20 dernières années (mana-gement collaboratif, équipes projets, Internet…). Elle se situe à la charnière de deux périodes : la « communication moyenâgeuse » avec le bout de papier et le post-it sur le frigo puis la « découverte de l’ordinateur » et son web préhistorique. Et même si la tran-

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sition entre ces deux époques n’a pas été très rapide, la révolution numérique s’est faite. Très rapidement, la génération X a inté-gré le téléphone portable. Elle utilise aujourd’hui la tablette numérique : elle en a les moyens !

La génération YIls sont nés entre 1978 et 1994 et sont en France 13 millions, soit 20 % de la population. Ils sont également appelés « digital mil-lennials » ou « net generation » ou encore « génération pourquoi » (Why = Y en anglais) pour pointer le fait que ces jeunes ont grandi avec le développement de l’ordinateur personnel, du jeu vidéo et d’Internet. Il existe des tendances qui peuvent, sans sté-réotyper à l’excès, caractériser cette génération et la différencier des autres :- Cette génération est considérée comme naturellement plus à l'aise que les précédentes avec les technologies de l’information. Elle est souvent associée à l’ensemble des applications que l’on nomme le web 2.0.- Elle est très sensible aux nouvelles technologies (le langage SMS « T DPaC e Ti2 » (t'es dépassé et t'es hideux) ou « mdr » (mort de rire), c’est elle) et aux jeux en ligne (MMORPG) sur console, sur ordinateur ou sur tablette.- Contrairement à leurs parents (ceux de la génération X), elle ne place pas le travail au premier plan de ses priorités, recherchant une meilleure qualité de vie.Cette génération pose le plus de problèmes à la génération X. Elle remet tout en cause, détruit les modèles de management exis-tants et privilégie la créativité et l’innovation.

La génération ZPour certains théoriciens, il conviendrait de définir une troisième génération, celle des enfants qui sont nés entre 1995 et 2010, qui ont toujours connu Internet. Ils la nomment, avec créativité, génération Z ou « digital native » ou « génération silencieuse », en comparaison avec celle qui est née pendant la grande dépression, entre 1923 et 1943 et dont le nom était apparu en 1951 dans un article du Times : « En comparaison avec la jeunesse engagée de leurs pères et mères, la jeune génération d’aujourd'hui est une petite flamme tranquille. Elle ne publie pas de « manifestes » ; elle ne fait pas de discours et ne publie pas d’affiches. On l’appelle la génération silencieuse ».Même s’il s’avère délicat de spéculer sur les caractéristiques d’une génération en train de naître, on peut néanmoins remarquer que, dans la moyenne, ses représentants sont extrêmement connectés, ayant connu dès leur plus jeune âge l’usage des nouvelles technologies. Ordinateurs, tablettes ou téléphones portables sont utilisés quotidiennement et ils ne conçoivent plus le fait de vivre sans eux ! Cette génération est définitivement celle des infos en ligne et des blogs de préférence aux médias plus « traditionnels », qu’ils jugent facilement manipulables.La vitesse folle à laquelle Internet s’est développé n’a pas laissé le temps nécessaire aux générations successives d’anticiper et de s’adapter aux suivantes. Comme le dit Michel Serres, « le développement d’Internet n’a rien d’anecdotique [...] cette révolution technologique est comparable à la Renaissance ».

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► Ce que pensent nos élèves du numérique scolaireDirection 202, p. 52/53, Octobre/Novembre 2012Ils étudient dans des salles équipées en informatique, avec des tableaux numériques interactifs ou des vidéoprojecteurs. On leur parle d’ENT et de logiciels de notes et d’absences. Mais sait-on vraiment ce que pensent nos élèves du numérique scolaire et de l’usage qui en est fait ?Louis, 13 ans et Victor, 21 ans, ont bien voulu se prêter à notre jeu de questions réponses.

L’informatique (ordinateur, TNI, Internet…) est depuis plusieurs années présente dans les collèges et les lycées. Pouvez-vous nous indiquer si elle vous semble pleinement utilisée ?Louis : Dans mon collège, quelques professeurs seulement utilisent le tableau numérique et les vidéos projecteurs, les autres rien. Je trouve le cours plus vivants avec l’utilisation de l’informatique (utilisation de vidéos pour illustrer le cours par exemple).Victor : Si l’on fait un retour sur mes années « collège-lycée », ces outils étaient relativement peu utilisés. Au collège, nous utili -sions l’informatique uniquement en cours de technologie. Lorsque je suis entré au lycée, les premiers tableaux numériques fai-saient leur apparition. Seul mon professeur de math-spé utilisait pleinement ces tableaux, notamment pour la géométrie dans l’es-pace. Il m’est aussi arrivé d’utiliser des ordinateurs lors de certains cours de langue pour faire des compréhensions orales audio et des exercices sur internet.

On lit souvent qu’Internet favorise la recherche rapide d’informations pour un devoir ou un exercice à faire à la maison, voire de solutions à un problème. Qu’en est-il vraiment ?Louis : Internet m’aide lorsque j’ai un exposé à faire, ce qui n’arrive vraiment pas très souvent. Pour le reste, c’est plus un moyen de divertissement. Les professeurs ne nous incitent que rarement à faire des recherches sur internet et, à part en technologie, on n’utilise pas Internet au collège.Victor : En ce qui concerne le travail de recherche, cela dépend. Bien entendu, je le fais majoritairement sur Internet. J’ai souvent une page Wikipédia ouverte. Je suis en école de commerce et nous avons à notre disposition des bases de données de travaux de recherche que j’utilise lorsque que j’ai un dossier important à rendre. Lorsque qu’il l’est moins, j’utilise plutôt Wikipédia (et d’autres moteurs de recherches). Dans tous les cas, je ne vais jamais rien chercher dans les livres (et personne de mon entourage

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ne le fait).L’école m’a apporté de bonnes bases en informatique... lors de ma première année de BTS (commerce international) en cours d’informatique commercial. Mais c’était bien trop tard ! Je maîtrisais déjà relativement bien les logiciels de bases de l’ordinateur grâce à mon utilisation personnelle. Mais certains avaient beaucoup plus de mal. Lorsqu’on voit la mise en page de la plupart des documents sur le net, on se dit que beaucoup auraient gagné à avoir de vrais cours d’informatique au collège ou au lycée !

Combien de temps passez-vous, en moyenne, devant un écran informatique ? Pouvez-vous quantifier ce temps passé à jouer, à communiquer, à travailler... ?Louis : Ça dépend si ce sont les vacances ou en temps scolaire. Pendant les vacances, cela peut aller jusqu’à 4-5 heures. Le reste du temps, ça varie entre 0 et 2 h.Victor : Je ne joue qu’en période de vacances. Le reste de l’année, je passe la majorité de mon temps à communiquer (mail, Fa-cebook) et à travailler. Tous mes cours sont informatisés ; je prends mes notes directement sur mon ordinateur, fais mes exer-cices, monte mes dossiers, mes présentations sur l’ordinateur. En parallèle, je fais de la création graphique (Illustrator, Photo-shop), ce qui prend énormément de temps (environ 2 à 3 h pour faire un visuel). Je pense être à un haut taux de dépendance vis-à-vis de mon ordinateur ; je ne peux rien faire sans. La seule semaine de l’année où je n’y ai pas du tout touché est quand je suis parti en vacances à l’étranger ! Ma consommation informatique est de l’ordre de 10 h par jour en moyenne décomposée en 60 % de temps travail, 20 % de création graphique et 20 % de détente.

Une question pour Victor : les sociologues vous appellent la « génération Y » qu’ils qualifient comme plus à l’aise avec les technologies de l’information. Le confirmez-vous ? Victor : Nous sommes sans doute plus à l’aise avec les technologies de l’information car nous avons grandi avec. Nous n’avons pas eu à nous adapter, c’est quasiment inné. Après, cela dépend de chacun : je pense faire partie de ceux qui ont une maîtrise de l’informatique supérieure à la moyenne pour la simple raison que j’y ai passé énormément de temps ! Notre génération est certes à l’aise avec l’utilisation des ordinateurs, Smartphones, logiciels tels que Skype, Facebook et a, surtout, il me semble, une forte ca-pacité à passer rapidement d’un appareil à un autre. Mais, sur le plan technique (utilisation efficace des logiciels), je pense qu’elle a des lacunes en la matière.

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► Rapport sur le plan « École numérique rurale » (ENR)Direction 202, page 53 – Octobre/Novembre 2012 – Sylvie Pénicaut, Bureau national

Rapport n° 2011-073 de juin 2011

En avril 2012, « le ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative avait demandé une évaluation de l’impact du plan « École numérique rurale » auquel un budget de 67 millions d’euros avait été consacré en 2009.

Les objectifs de ce plan numérique étaient notamment de réduire les écarts entre écoles urbaines et écoles rurales qui n’avaient cessé de s’accentuer et de combler une partie du retard français sur le plan international.Piloté par les IA-DSDEN secondés par les IEN-TICE et les animateurs TICE, la mise en œuvre a été une réussite malgré les aléas techniques. Le plan « a permis de rapprocher dans une dynamique commune, l’ensemble des acteurs institutionnels : État, munici-palités, corps enseignant et parents d'élèves ».

Mais une double fracture s’est créée. Elle s’est faite au sein du milieu rural, entre écoles dotées et celles qui ne l’ont pas été, mais aussi avec les écoles des petites villes qui sont souvent restées sous-équipées. Les maires ont fait part de leur inquiétude par rapport au financement du renouvelle-ment du matériel et ils souhaiteraient que l’État aide financièrement.S’il est trop tôt pour tirer un bilan pédagogique, il semblerait qu’une dynamique positive se soit enclenchée, notamment dans les classes qui disposent d’un TNI. Mais beaucoup trop de professeurs des écoles, faute d’une bonne maîtrise des outils informa-tiques, les sous-utilisent.

Une meilleure formation des enseignants apparaît nécessaireElle est indispensable pour qu’ils s’approprient les outils numériques. Les ressources numériques existantes sont mal connues et pas toujours adaptées.Le rapport se termine sur plusieurs préconisations concernant la formation, les ressources, les équipements, l’accompagnement et la recherche sur l’innovation.

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► Diriger un système d’information académique : entretien avec Jacky GalicherDirecteur du système d’information (DSI), Académie de Versailles

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Direction 202, Octobre/Novembre 2012, p. 54 à 56

En quelques mots, pouvez-vous décrire les missions et les responsabilités d’un directeur des systèmes d’information ?Le rôle des directeurs des systèmes d’information évolue vers moins de technologie et plus de management. L’alignement straté-gique, l’efficience et le service aux utilisateurs en sont les mots d’ordre. Dans un contexte économique difficile, le nouveau défi de ces DSI réside dans l’exercice de plusieurs missions :

être garant de la qualité et de la sécurité du système d’information, assurer le fonctionnement des systèmes et des applications, mettre en œuvre des systèmes d’information à la fois flexibles et stables, aligner les systèmes d’information et les services de la DSI aux objectifs stratégiques de l’académie, améliorer l’efficience des équipes informatiques et industrialiser les processus au sein de la DSI, piloter mieux les activités de la DSI à l’aide d’objectifs et d’indicateurs de performance, améliorer les niveaux de services, s’engager sur ces derniers et augmenter ainsi la satisfaction des utilisateurs, « ouvrir » la DSI, la tourner vers l’extérieur et l’orienter vers ses clients (direction métiers, EPLE, école…), changer la culture de la DSI et conduire le changement organisationnel, améliorer la compréhension entre le monde de la gestion et de la pédagogie et celui des technologies, démontrer l’utilisation responsable du budget et des ressources de la DSI tout en maîtrisant les risques et tout cela sans

que le budget de la DSI n’augmente, voire qu’il diminue !

Pouvez-vous donner quelques exemples de vos actions récentes au regard de vos missions ?Les objectifs de la DSI de Versailles en direction de ses clients se sont, notamment pour les EPLE, concrétisés par :

la mise en place d’une plateforme d’assistance « Helpdesk » qui permet aux utilisateurs d’émettre une demande d’assis-tance ou de service par un formulaire en ligne accessible depuis le portail ARENA 24h/24 et 7/7 ou depuis un numéro indi -go du lundi au vendredi de 8h30 à 18h ;

une offre de service d’assistance avec un engagement de résultat selon la criticité du problème rencontré. Ce service a été plébiscité par une très large majorité des utilisateurs qui ont jugés satisfaisant, voire très satisfaisant (plus de 90 %), le dispositif d’assistance mis en place. Cette mesure a été réalisée à partir de deux enquêtes de satisfaction. Par ailleurs, l’analyse qualitative des informations recueillies a permis de dégager des pistes d’amélioration.

Quelle est la place de la DSI dans l’informatique pédagogique ? Force est de constater qu’il existe deux réseaux (l’un administratif, l’autre pédagogique) à tous les étages du système scolaire (mi-nistère, services académiques, EPLE, écoles) avec des solutions techniques et des animateurs distincts. Cette situation provoque des tensions, variables d’une organisation à l’autre, mais toujours présentes.L’informatique administrative est perçue comme celle des informaticiens : c’est une informatique qui garantit la qualité, la sécurité et la fiabilité des traitements et des données ; elle est fondée sur des processus et des techniques éprouvées parfois considérées d’arrière-garde par opposition à une informatique pédagogique qui est celle des artistes : innovante, libre, qui peut sembler d’avant-garde.La mise en place des espaces numériques de travail (ENT) a été l’occasion de réunir les deux communautés pour penser une in-formatique à destination de l’ensemble des membres de la communauté éducative. Ainsi, l’unification des réseaux et des informa-tiques de l’établissement s’impose.Toutefois, la défiance des enseignants face à une informatique rationnelle et taylorienne reste un frein aux usages de l’ENT, comme le souligne un récent rapport relatif au suivi de la mise en œuvre du plan de développement des usages du numérique à l’école (Rapport n° 2012-082 IGEN-IGAENR de juillet 2012). Aujourd’hui, il est facile d’échapper à la rationalité technique et admi-nistrative avec les blogs, les sites, les communautés virtuelles grâce au Web 2.0.Dans l’académie de Versailles, les projets d’ENT, en partenariat avec les collectivités territoriales, ont été l’occasion de clarifier les rôles des différents interlocuteurs académiques dans le domaine des TICE par l’élaboration d’un schéma directeur des systèmes d’information académique (SDSIA). Ainsi, la DSI devient la maîtrise d’œuvre informatique unique. Ses activités d’informatique pé-dagogique et de gestion se déploient sur l’ensemble de l’académie. La DSI dispose d’un catalogue de services, avec des engage-ments de résultats.La gouvernance entre la DSI et les services académiques est structurée en 3 niveaux :

au niveau stratégique, un comité stratégique qui a pour objectif de valider le schéma directeur des systèmes d’informa-tion, les perspectives pluriannuelles d’activités, les priorités de l’académie, les axes de partenariat avec les collectivités ter -ritoriales ;

au niveau du pilotage, des comités structurés par domaines d’activité qui ont pour objectif de piloter et de suivre la mise en place du schéma directeur, les priorités académiques, les développements, les services rendus par la DSI ;

au niveau opérationnel, des comités structurés par service académique ou par application qui ont pour objectif de piloter et de suivre en partenariat la rentrée scolaire, le calendrier de gestion.

Quelle sont les tendances de l’informatique ? La centralisation est une tendance lourde de l’informatique, notamment avec sa réponse marketing : le Cloud computing. En effet, l’efficience requise et les volumétries à gérer poussent de plus en plus la réalisation des services vers l’extérieur. Pour rappel, le Cloud computing correspond à la fourniture de moyens informatiques sous forme de services accessibles par Internet, prêts à

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l’usage, dimensionnés à la demande et facturés en fonction de leur utilisation. Pour illustrer cette tendance, je citerai le grand pro -jet de Cloud privé de l'État porté par la direction interministérielle des Systèmes d'Information et de Communication (DISIC) dans une volonté de rationalisation du parc de Datacenter. Face à la montée de l’externalisation, le rôle de la DSI est d’assurer la cohé-rence du système d’information (SI) et de garantir la sécurité des données.La mobilité est la deuxième tendance lourde de l’informatique. Cette nouvelle tendance sera le principal vecteur pour de nouveaux usages. Les équipements mobiles pénètrent dans les bureaux et les classes : Smartphone, téléphone mobile et tablette numérique disposant d’une connexion à Internet et proposant des fonctionnalités supplémentaires d’assistant personnel (carnet d’adresses, agenda, courrier électronique, navigateur web…) avec la possibilité d’installer des applications tierces. La taille des écrans des Smartphones est un handicap majeur pour les usages pédagogiques, d’où le succès croissant des tablettes numériques. Des ex-périences sont en cours dans l’académie de Versailles avec le vote électronique des élèves qui permettra de vérifier l’usage par les élèves de ces équipements. Voici une expérience intéressante à l’Education nationale pour vérifier si la génération Y, autre-ment nommée génération des digital natives, est bien présente dans nos établissements. L’enjeu majeur pour la DSI est de faire évoluer les infrastructures d’accès tout en assurant un haut niveau de sécurité. Cette évolution est en cours d’expérimentation dans l’académie de Versailles avec les tablettes numériques, pour laquelle la DSI a mis en œuvre une solution en collaboration avec l’opérateur Orange de filtrage des accès Wifi et 3G. Nous sommes loin du phénomène BYOD (Bring your own device) qui consiste à permettre aux personnels et aux élèves d’utiliser leurs terminaux mobiles pour accéder aux systèmes d’information. En effet, les limites sont nombreuses : le risque de perte de données (vol, destructions ou perte du terminal), des terminaux peu ou mal sécurisés, connexion à des réseaux WI-FI non sécurisés (hot spot) et la gestion d’un parc hétérogène (systèmes d’exploitation multiples, fréquence des mises à jour systèmes, nécessité d’adapter des applications existantes ou de développer des infrastruc-tures spécifiques). L’assistance des utilisateurs deviendrait vite insurmontable pour une DSI.La troisième tendance lourde de l’informatique : green IT. L’efficacité écologique contribuant à la performance économique d’une solution, les modèles de retour sur investissements intégreront progressivement les problématiques environnementales (coût de l’énergie, coût des déchets, carbone, etc.). Une problématique que vient d’intégrer la DSI de Versailles dans le cadre de la mise en place d’une seconde salle-machine où la récupération de la chaleur dégagée par les serveurs est transformée en énergie pour ali-menter les climatiseurs. Personnellement, je pense que le réseau social d’entreprise permettrait pour l’éducation nationale l’émer-gence d’une intelligence collective. La mobilisation des bonnes personnes, face à une situation donnée, est facilitée par l’échange. Les situations compliquées et problématiques peuvent ainsi trouver une issue positive de manière plus rapide.

Quelles sont vos préoccupations immédiates ?La généralisation des ENT dans les établissements et la volonté affichée du ministre de mettre la priorité dans les écoles posent la question des moyens pour réussir ces projets ambitieux. La réussite du numérique dans l’école nécessite des débits Internet puis -sants et une grande disponibilité des infrastructures et des services. La question de l’assistance des utilisateurs devient un enjeu majeur. Ainsi, le ministre Vincent Peillon évoque les investissements et la maintenance du matériel : « L’acte III de la décentralisa -tion permettra de mieux articuler l’action des collectivités locales, qui est éminente et tout à fait essentielle, et celle de l’État, qui parfois pêche ». On sait qu’il rejoint sur ce point la volonté des collectivités locales de se voir attribuer la maintenance du matériel.Toutefois, dans l’académie de Versailles, le développement des relations partenariales entre Éducation nationale et collectivités territoriales dans le domaine des TICE m’a conduit à nouer d’étroites et fructueuses relations avec celles-ci, notamment dans la mise en œuvre des espaces numériques de travail (ENT). C’est ainsi que le Val-d’Oise est le premier département en France à avoir confié à l’Etat l’infogérance de l’ensemble du parc informatique des collèges en mettant à disposition de l’académie de Ver-sailles 12 techniciens et une enveloppe financière de 1 euro par élève et par an. Dans ce contexte, la plateforme d’assistance ver-saillaise a pu être mutualisée avec l’académie de Créteil afin d’offrir un guichet unique pour les utilisateurs de l’ENT des deux aca-démies d’Ile-de-France. Cette mutualisation va s’étendre très prochainement à l’académie de Rouen. J’espère que les choix finaux intégreront la réussite des collaborations existantes entre l’Etat et les collectivités.

Un mot de conclusion ?Les DSI performantes seront celles qui auront su acquérir une forte réactivité et une vitesse opérationnelle optimale. Elles devront renforcer la gestion de la relation avec leurs utilisateurs et développer le marketing de la DSI. C’est ce que je fais au quotidien au sein de l’académie de Versailles.

(Propos recueillis par Joël Lamoise, bureau national)

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