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RAPPORT DE MISSION de M. RAKOTONDRAMANANA, directeur exécutif du GSDM à l’exploitation d’anacardes VERAMA, MASILOKA du 10 au 14 décembre 2007 Janvier 2008 Groupement Semis Direct de Madagascar ----------------

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RAPPORT DE MISSION

de M. RAKOTONDRAMANANA, directeur exécutif du GSDM

à l’exploitation d’anacardes VERAMA, MASILOKA du 10 au 14 décembre 2007

Janvier 2008

Groupement Semis Direct de Madagascar ----------------

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SOMMAIRE Introduction ________________________________________________________________ 3

1. Les Vergers d’Anacardes de Masiloka _______________________________________ 4

2. Les observations durant la visite sur l’exploitation VERAMA ____________________ 4 a. Un climat à longue saison sèche et avec des orages violents _________________________________ 4 b. Des sols fortement compactés, très pauvres en matière organique et en éléments minéraux ______ 5 c. Le Brachiaria n’arrive pas à structurer le sol et disparaît progressivement___________________ 5 d. Des légumineuses ___________________________________________________________________ 7 e. Autres espèces______________________________________________________________________ 8 f. Recommandations pour la gestion des sols et de la fertilité. ________________________________ 8

3. Les observations lors de la visite des actions sociales et environnementales _________ 9 a. Les types d’actions sociales et environnementales _______________________________________ 10 b. Recommandations quant aux améliorations possibles ____________________________________ 10

Discussions et Conclusions ___________________________________________________ 12

ANNEXE 1 ________________________________________________________________ 13

Programme de mission_______________________________________________________ 13

ANNEXE 2 ________________________________________________________________ 14

Localisation régionale _______________________________________________________ 14

ANNEXE 3 ________________________________________________________________ 15

Localisation des parcelles ____________________________________________________ 15

ANNEXE 4 ________________________________________________________________ 16

Pluviométrie _______________________________________________________________ 16

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Introduction M. RAKOTONDRAMANANA, directeur exécutif du GSDM a effectué une mission dans les exploitations de la société VERAMA du 10 au 14 décembre 2007. Les objectifs de la mission étaient :

Le suivi des essais mis en place suite à la mission du GSDM et de TAFA du 30 juin au 1er juillet 2005 et de celle de M. Jean Claude QUILLET du 1er au 9 décembre 2005;

La mise à jour des informations au niveau du GSDM sur les SCV au sein de la société VERAMA notamment en ce qui concerne les systèmes adoptés et les surfaces.

L’appui au volet social et environnement à la demande de VERAMA durant la mission (demandé durant la mission).

La mission a été réalisée conjointement avec celle du Dr Lala H. RAVELOSON, chef de département Entomologie à la Faculté des Sciences dont les objectifs de mission consistaient à l’appui à l’élevage en masse des parasites auxiliaires des ravageurs de l’anacardier : Eutelia discitriga1 (Lépidoptères Pyraloïdea, Crambidae) et Sylepta balteata2 (Lépidoptères Noctuidae). Un coléoptère, Hoplochelus marginalis (Scarabaeidae melolonthinae) attaque aussi les feuilles de l’anacardier mais cet insecte ne faisait pas partie de sa mission bien que discuté lors de la restitution. A titre de contribution, le GSDM a pris en charge le billet d’avion du Dr Lala RAVELOSON et le séjour durant le transit à Majunga, ses autres dépenses ayant été prises en charge par VERAMA. Notre visite a été guidée par les responsables suivants que nous tenons à remercier ici :

M. Alain ANDRIANANDRAINA, Responsable technique M. Antoine LEVEAU, Chef du Service Recherche Développement M. Ifaliantsoa RAZAFINDRAKOTOSON, responsable Sol et fertilité ; M. Armand ANDRINIRINA, Chef Service Social et Environnement ; M. Faly Rahombana RAZAFINDRAIBE, responsable de l’Unité de Développement

communautaire. Le Directeur d’exploitation, M. Xavier METZ, lors d’une entrevue rapide à l’aéroport de Moramba nous a demandé de voir particulièrement l’appui que pourrait apporter le GSDM au volet social et environnement. Après le vol Majunga – Moramba3 dans la matinée du 11 décembre, la mission a commencé par la visite des activités du Service Social et Environnement dans l’après –midi. Le 12 décembre dans la matinée a été consacré à la visite générale de l’exploitation avec Dr Lala H. RAVELOSON et l’ensemble de l’équipe. L’après-midi a été consacré à la visite détaillée des essais mis en place avec le responsable Sol et Fertilité. Le 13 décembre dans la matinée a été consacré à la discussion sur l’évolution des itinéraires techniques de VERAMA et à des visites complémentaires. L’après –midi du 13 décembre a été consacré à des échanges avec l’ensemble de l’équipe et la restitution commune avec Dr Lala H. RAVELOSON.

1 Les chenilles d’ Eutelia discitriga, de couleur verte, dévorent les jeunes feuilles et les bourgeons de l’Anacardier 2 Les chenilles de Sylepta balteata, de couleur blanche, se nourrissent du parenchyme des feuilles et les enroulent sous forme de cigare (chenille enrouleuse) 3 Moramba : piste d’atterrissage privé de l’UNIMA.

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1. Les Vergers d’Anacardes de Masiloka La société VERAMA (ou Vergers d’Anacardes de Masiloka) est une filiale du groupe UNIMA, une société qui a beaucoup investi dans les crevettes dans la Nord Ouest de Madagascar. L’objectif est de créer une plantation d’anacarde biologique de 6.000 à 6.500 ha. Le projet comprend deux volets : (i) le volet plantation et (ii) le volet Social et Environnement. VERAMA emploie actuellement 94 employés permanents dont 14 cadres et 17 agents de maîtrise. S’ajoute à cela une masse de main d’œuvre temporaire lors des périodes de travaux. Les sites d’exploitation de la société VERAMA se trouvent dans la presqu’île de la baie de NARINDA autour du Lac MASILOKA suite à des prospections faites en 1997 (cartes annexes 2 et 3). Ses actions représentent un exemple de mise en valeur de vastes espaces de savanes avec des sols très pauvres fortement compactés et dans des endroits difficilement accessibles et soumis à des feux de brousse répétitifs. Une phase pilote 1999 – 2004 a permis de définir la marche à suivre et la mise en place des infrastructures (route, bureaux, logement du personnel, village ouvrier avec école et dispensaire etc..). Les zones d’influence de VERAMA font 16.953 ha dont 7997 ha sont des zones de plantations, 6109 ha de zone tampon et 2847 ha de zones à protéger. En 2007, l’exploitation est encore dans sa phase pilote, donc n’a pas encore entamé la phase d’exploitation à grande échelle. Durant cette phase pilote le projet met au point les itinéraires techniques (sols et fertilité, espèces de plantes de couvertures, protection des cultures, techniques de greffage, mise en place de parc à bois, etc…). 435,5 ha sont plantés depuis 1999 à ce jour. Ces parcelles sont surtout constituées de parcelles d’essais et de parc à bois 8,5 ha de nouveaux parcs à bois mis en place en 2007/2008. Les objectifs du projet affichés dans le Cahier de Charges Environnementales (CCE) sont répartis en 3 phases:

Première phase : 2000 ha dans la zone Sud : année de reboisement : 2004/2005, fin de la phase en 2011, donc le projet n’a pas encore entamé cette phase.

Deuxième phase : 2000 ha dans la zone Centre : année de reboisement : 2006/2007, fin de la phase en 2018 ;

Troisième phase : 2500 ha dans la zone Nord : année de reboisement : 2007/2009, fin de la phase en 2019 ;

Soit un total de 6.500 ha. Un Cahier des Charges Environnementales existe pour la première phase suite à l’étude d’impact environnemental et Social du projet. Le lancement de la 2ème et de la 3ème phase est conditionné par le résultat de suivi environnemental de la première phase.

2. Les observations durant la visite sur l’exploitation VERAMA Cette presqu’île est parsemée de lacs permanents et temporaires dont la qualité des eaux est exceptionnelle. D’ailleurs, la stratégie de VERAMA tend vers la protection de l’environnement en faisant recours le moins possible aux intrants chimiques et en protégeant la biodiversité. Ceci se justifie par un des objectifs fixés (les produits biologiques) mais aussi en raison de la présence de l’écloserie de crevettes non loin de là dans la baie de Moramba.

a. Un climat à longue saison sèche et avec des orages violents La pluviométrie annuelle est de 1700 à 2000 mm répartie sur une période de 4 à 5 mois de novembre à mars (7 mois de saison sèche) mais avec des intensités pluviométriques dépassant les 100 mm en 24 heures en décembre et janvier, donc favorisant l’érosion notamment en début

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de pluie et pendant les périodes cycloniques. Cette forte pluviométrie jointe à la température élevée est à l’origine de la minéralisation rapide de la matière organique, c’est ce qui explique que c’est la matière organique qui marque le plus sur ces types de sols.

b. Des sols fortement compactés, très pauvres en matière organique et en éléments minéraux

Les sols de la presqu’île de la baie de NARINDA sont des sols ferrugineux tropicaux très pauvres fortement compactés même en surface. La végétation est presque exclusivement constituée d’Aristida et de quelques forêts galeries de Satrana ( Hyphaene shatan, Palmea) dans les zones basses. Les feux de brousse répétés ont entraîné la sélection des espèces où il ne reste plus que l’Aristida. Les analyses antérieures faites par FOFIFA et les essais faits par VERAMA donnent les informations suivantes :

Il s’agit de sols ferrugineux tropicaux très compactés, à pH acide (pH 5.3 d’après analyse 1998), très faible en MO, en Phosphore, en Calcium, en Mg et en bases échangeables

La forte intensité pluviométrique sur sol ferrugineux fortement rubéfié est à l’origine de la forte compaction du sol et du faible taux d’infiltration entraînant ainsi une augmentation du ruissellement :

Les observations pédagogiques initiales par Nicolas

ANDRIAMAMPIANINA (FOFIFA) en Octobre 2004 indiquaient des sols à indurations superficielles plus ou moins importantes par endroits, à structure massive, compacts surtout en saison sèche à cause de l’absence de matière organique.

D’après les résultats VERAMA sur du Brachiaria installé en décembre

2005 : l’infiltration de 30 mm d’eau sur Brachiaria installé en 2005 comparé à la jachère naturelle d’Aristida se présente comme suit :

- Test fait en juillet 2006 : pas de différence entre Brachiaria et Aristida sur le temps d’infiltration ;

- Test fait en août 2007 : on observe une amélioration de l’infiltration sur Brachiaria par rapport à l’Aristida, mais la variabilité est élevé pour l’Aristida. On observe aussi une légère amélioration de l’infiltration quand l’Aristida est herbicidé avec du glyphosate au semis (6 l/ha de Round Up 360 g/l) du Brachiaria.

c. Le Brachiaria n’arrive pas à structurer le sol et disparaît progressivement Sur la base de l’essai dénommé « TAFA 1 » où le Brachiaria a été installé en décembre 2002 et la cajou planté deux années plus tard4 (janvier 2005) avec ou sans trouaison, la différence est très nette : le cajou planté sans trouaison est nettement plus rabougri comparé à celui planté avec trous (photo ci-après). « Selon les faits observés sur l’essai, la trouaison est inévitable même après travail biologique du sol par 2 ans de Brachiaria. Les arbres plantés sans trou ont un retard de croissance de l’ordre de 40% aussi bien sur le diamètre de la tige que sur la 4 Brachiaria ruzzi installé en décembre 2002 et cajou installé d’abord en décembre 2003 puis replanté en janvier 2005 à cause du cyclone qui a détruit la première plantation.

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croissance en hauteur » d’après les conclusions d’un extrait de rapport technique d’essais 2006 VERAMA5.

Par contre sur la base de la parcelle d’observation en P 6, après légumineuses de deux ans6 (Cassia rotundifolia, siratro, Stylosanthes guianensis), il semble qu’il n’y ait pas de différence entre les Cajou plantés avec et sans trou. Ces observations préliminaires ont quand même besoin d’être confirmés par des mesures plus précises. Concernant les espèces de Brachiaria, il ressort des essais que c’est le Brachiaria humidicola qui est la meilleure espèce par rapport au B. ruziziensis et au B. brizantha. Cette observation confirme d’ailleurs nos observations antérieures en juillet 2005 et celle de M. Jean Claude en décembre Quillet 2005. L’appui de M. Jean Claude Quillet dans le réglage du semoir et l’application de glyphosate avant semis (au lieu de la simple fauche) ont permis d’améliorer l’installation du Brachiaria mais même bien installé, il a disparu progressivement ce qui a permis à l’Aristida de tout couvrir. Des profils racinaires faits par VERAMA ont montré que les racines des Brachiaria brizantha et B. humidicola sont descendu jusqu’à 1.20 m mais la plupart des plants sont quand même morts après la saison sèche. Des ressemis ont été faits (au moins deux fois) mais cela n’a pas aidé à maintenir une bonne couverture de Brachiaria. Des semences ont pu être récoltées sur le Brachiaria humidicola mais les rendements ont été très faibles (moins de 2 kg/ha) et 80% des graines sont vides. Le B. brizantha et le B. ruziziensis n’ont pas donné des graines.

5 Extrait Rapport technique SF 2006 SCV, VERAMA, Sol et Fertilité 6 légumineuses installées en décembre 2000 et cajou installé en décembre 2002

Essai « TAFA 1 » : cajou planté sans trou sur Brachiaria de deux ans fortement rabougri

Cajou planté sur sol sous-solé nettement mieux développé

Le Brachiaria a complètement disparu et c’est l’Aristida qui a pris sa place

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Le semoir SEMEATO est actuellement laissé de côté au profit du semis manuel à la volée. D’ailleurs, M. Jean Claude Quillet a trouvé que ce semoir qui date de 1993 présente un inconvénient7 (les roues d’entraînement de la distribution ne sont pas flottantes).

Compte tenu de l’impossibilité d’implantation de Brachiaria pour structurer les interlignes, VERAMA a opté pour l’implantation de légumineuses (stylo) après un sous-solage à 40 cm. Ainsi le sous-solage de l’interligne et des lignes de plantation du cajou se fera en deux temps pour éviter l’érosion :

An (-1) : sous solage à 40cm de l’interligne de cajou pour implantation de légumineuse destinée à la production de matière organique qui sera exportée sur la ligne de cajou en An (0).

An (0) : sous-solage à 120 cm dans la ligne d’implantation du cajou avec du NPK 100 kg/ha et du phosphate naturel (guano micronisé) appliqués à 2 t/ha dans la ligne de semis en plus de la matière organique.

A noter que la fabrication à grande échelle de BRF (Bois et Rameaux Fragmentés à base d’Acacia) a été abandonnée à cause de son coût trop élevé.

d. Des légumineuses Le siratro (Macroptilium atropurpureum) et le Stylosanthes guinanensis sont les deux légumineuses parmi les mieux adaptées et parmi celles qui donnent assez de biomasse. Le siratro (pérenne et volubile) peut avoir un problème de maladie, le Rhizoctonia sp. en temps humide. Le Stylo a tendance à concurrencer l’anacardier en saison sèche car il pousse mieux au pied de l’arbre où on a mis beaucoup de matière organique, tandis qu’il meurt sur le centre de l’inter pied sur presque 3m, la distance entre deux pieds étant de 6 m.

7 Mission Madagascar du 1er au 9 décembre 2005, Jean Claude Quillet.

B. humidicola à 4 mois (photo prise par Antoine LEVEAU.)

Le Brachiaria h. a complètement disparu (notre photo prise lors de notre passage)

Bien que bien parti au départ, le stylo meurt entre les pieds d’anacardier où on n’a pas mis assez de matière organique et d’engrais

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Parmi les autres légumineuses, le Callopogonium muconoides est aussi parmi les espèces qui poussent bien. Le FOFIFA a pu produire des semences de cette espèce en 2006/2007 à la station de Kianjasoa dans le Moyen Ouest (55 kg), ce qui laisse indiquer que la production de semences peut être envisagée avec un opérateur dans cette région du Moyen Ouest. En dehors des ces 3 légumineuses, le Cassia rotundifolia et l’Arachis pintoï sont les légumineuses adaptées. Se posent toutefois les problèmes de la production à grande échelle de semences pour ces deux espèces. Nous avons proposé qu’on teste aussi le Konoke, une légumineuse semi-pérenne qui arrive à bien pousser en zone sèche dans l’Androy sur les sables dunaires et dont les gens mangent les graines. A notre demande le projet FASARA8 a envoyé des semences pour essais dès décembre 2007. Nous avons proposé également le Stylosanthes hamata, une légumineuse connue pour son adaptation en zone sèche mais qui reste quand même au stade d’essai chez TAFA à Tuléar.

e. Autres espèces La région est soumise à des vents très forts (le Varatraza), donc le projet met en place des brise-vent à base d’Acacia auriculiformis tous les 20 m, l’espèce d’Acacia la plus adaptée dans la zone. Le Bana grass essayé sur ce type de milieu, comme le Brachiaria, s’est bien développé dans un premier temps, puis a complètement disparu.

f. Recommandations pour la gestion des sols et de la fertilité.

Il semble au vu des résultats des essais que le Brachiaria ne peut pas s’implanter et restructurer le sol dans ces milieux difficiles, d’où le choix de VERAMA pour opter pour la poursuite du sous-solage malgré son coût élevé (47,25 à 67,25 $ par ha d’après les chiffres fournis par VERAMA). Les racines du Brachiaria sont quand même descendues à 1.20 m mais il n’a pas pu résister à la longue saison sèche de 7 mois. Même ressemé, le Brachiaria a toujours disparu. On pourrait alors en tirer que le sol est trop compacté en profondeur et que le Brachiaria n’arrive pas à la structurer.

Nous recommandons d’assurer une meilleure implantation de la légumineuse sur toute la ligne de plantation du cajou. Pour cela, il faudra mettre une fertilisation plus proche de celle du trou de plantation sur la ligne : y ajouter en plus de la matière organique du NPK et du phosphate naturel, la dose restant à déterminer pour ne pas trop augmenter les coûts. Une telle pratique limiterait la concurrence de la légumineuse sur le cajou.

Il convient de programmer un essai testant l’itinéraire sans trouaison en utilisant des légumineuses. Le protocole peut être un split plot avec en traitement principal :

o I1 : l’itinéraire suivi en P6 pour l’installation des légumineuses o I2 : la pratique actuelle de VERAMA : plantation par trouaison

En traitements de 2ème niveau : légumineuses : o L1 : Stylo o L2 : Siratro o L3 : Cassia rotundifolia o L4 : Arachis pintoï

En matière de légumineuses, il faut tester le konoke, une légumineuse semi-pérenne très

adaptée en zone sèche sur les sables dunaires dans l’Androy et dont les graines sont 8 Le projet FASARA mène des actions SCV dans l’Androy, actions communes du GRET et du GSDM.

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mangées par l’homme. Il convient de le tester pour connaître son comportement sur ces sols ferrugineux compactés. Le Stylosanthes hamata est également à tester même si sa performance dans le Sud Ouest n’a pas été spectaculaire. Le crotalaire (une plante annuelle) peut aussi être testé, notamment le Crotalaria retusa qui s’est montré très performant sur sable roux à Marovoay, et sur les « hardés » (sol très compacté) au Nord Cameroun.

VERAMA est intéressé par un projet sur la séquestration du carbone, à juste titre d’ailleurs, compte tenu de l’impact prévisible de ses actions sur la séquestration du carbone et le réchauffement climatique. Il faut rappeler que le labour, en plus de l’érosion qu’il provoque, entraîne la minéralisation de la matière organique, une réaction à l’origine des émissions des gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O dans les zones humides) provoquant le réchauffement climatique. Par contre, la couverture végétale permanente, en plus de la protection contre l’érosion, contribue à la séquestration du C dans le sol et diminue les émissions de gaz à effet de serre (photosynthèse, absence de minéralisation de la matière organique). Ce qu’il faut savoir c’est que les systèmes SCV demandent du temps pour séquestrer du carbone, dans la plupart des cas après plus de 4 ans de SCV. Avec des études faites à Madagascar, région d’Antsirabe sur sol ferralitiques humifères9, Razafimbelo10, T. et al, 2005, ont montré que l’augmentation du stock de carbone par rapport au labour après 11 années de SCV était respectivement de 0,5 T de C ha-1an-1 , 0,7 T de C ha-1an-1 et 1,0 T de C ha-1an-1 respectivement avec des rotations annuelles de haricot/soja sous couverture vive de kikuyu, de rotations annuelles de maïs/soja et des cultures continues de maïs/maïs sous couverture vive de Desmodium uncinatum . Dans des études ultérieures11 dans les différentes zones agro-écologiques de Madagascar avec des SCV de 4 à 8 ans12, les mêmes auteurs trouvent des stocks de carbone variant de 0 à 1,8 T de C ha-1an-1, le chiffre le plus élevé ayant été obtenu avec un système de riz + Stylosanthes fertilisé sur 8 ans sur sol hydromorphe de Manakara. Il faut noter aussi que la séquestration du carbone est plus forte avec les graminées (plus lignifiées et qui produisent plus de biomasse de manière générale) qu’avec les légumineuses qui se minéralisent très vite. La séquestration du carbone est améliorée par la fertilisation apportée (sur la culture ou sur la plante de couverture) ce qui permet d’augmenter la production de biomasse, et aussi par une bonne restitution des résidus de récolte. Enfin, l’association de graminée et de légumineuse est plus efficace dans la séquestration de carbone que la légumineuse seule. Par conséquent, il pourrait être plus intéressant d’implanter dans les interlignes de cajou du siratro (ou du stylo) + Brachiaria que du siratro (ou du stylo) seul.

3. Les observations lors de la visite des actions sociales et environnementales VERAMA mène des actions sociales et environnementales dans ses zones d’actions pour préparer l’avenir compte tenu de l’augmentation possible de la population avec le développement du projet. Un des objectifs consiste aussi à essayer de produire localement les produits de première nécessité (légumes, œufs, etc…) qui sont pour le moment acheminés de Majunga par bateau. Un autre objectif important aussi consiste à limiter la pression sur le milieu naturel déjà très fragile à cause de l’augmentation de la population.

9 Site de reference de TAFA, Hauts Plateaux 10 RAZAFIMBELO, T., et al, 2005, Soil carbon storage and physical protection according to tillage and soil cover practices, Antsirabe. 11 RAZAFIMBELO, T., et al, 2007, Stockage de carbone dans le sol sous systèmes sous couvertures végétales dans différents contextes pédoclimatiques de Madagascar, Séminaire Sol SCV ANTANANARIVO, déc. 2007 12 Sites de références TAFA : Ambatondrazaka, Manakara, Sud Ouest et Hauts Plaeaux

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a. Les types d’actions sociales et environnementales Les fonctions existantes au sein de VERAMA sont :

Le service de l’accompagnement social (communication avec la population locale, alphabétisation, jugements supplétifs, organisations villageoises …)

Le service de développement communautaire (activités de productions, activités génératrices de revenus, élevage et santé animale, énergie renouvelable…)

Le service de promotion de la santé (médecine préventive, curative, de travail…)

Le service de surveillance environnementale et de promotion de la conscience pro environnementale (beaucoup de sensibilisations environnementales au niveau des communautés de base, …)

Nous avons surtout visité une partie des actions du service de développement communautaire. Parmi les réalisations figurent :

Le SRA ; Les cultures maraîchères Le petit élevage La mise en place de pâturages collectifs La vaccination des animaux Le reboisement L éducation environnementale

Le constat général est que les paysans ne connaissent pas du tout l’agriculture intensive, ce qui demande beaucoup de travail de formation et d’accompagnement rapproché de la part de l’équipe de VERAMA. Les paysans qu’on a rencontrés sèment le riz après décapage de la végétation et ne font aucun entretien. Mais les premières démonstrations faites par VERAMA montrent quand même qu’il est possible de produire les denrées de base comme le riz en SRA dans certains milieux comme les colluvions de bas de pente lorsque l’alimentation en eau est assurée (Ankorabe 3 t/ha sans engrais avec une variété locale). Il faut cependant éviter d’épuiser le sol sans rien amener en retour.

b. Recommandations quant aux améliorations possibles

On peut proposer dans ces milieux les systèmes SCV sans intrants ou à faibles intrants compte tenu de l’isolement de ces zones : les systèmes qu’on peut proposer sont les systèmes avec des cultures peu exigeantes comme le manioc, l’arachide ou le pois de terre. Les systèmes avec des cultures plus exigeantes comme le maïs ne peuvent être proposés que quand les sols sont régénérés. En première année, il faut toujours commencer par un labour. Il faut savoir si le manioc arrive à faire des tubercules en une ou deux années dans ces milieux (la tubérisation du manioc étant fonction de la pluviométrie et de la température). L’apport minimum de fumier de l’ordre de 5 t/ha est recommandé pour toutes les cultures. Parmi les systèmes disponibles, on peut proposer :

o Le manioc + Brachiaria humidicola qui après la récolte du manioc peut évoluer en fourrage. L’association du manioc + Brachiaria est connue pour booster le rendement du manioc mais il faut que les deux cultures vivent ensemble pendant au moins 6 mois. Plantation des boutures de manioc sur des lignes espacées de 1 m et tous les mètres sur la ligne. Semis du Brachiaria à raison d’une ligne entre les deux lignes de manioc dans des poquets espacés de 30 cm

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sur la ligne. Il est parfois nécessaire de maîtriser le Brachiaria par une fauche durant la première phase végétative pour éviter qu’il ne concurrence le manioc.

o Le manioc + Stylosanthes qui peut évoluer ensuite soit en fourrage dès la 2ème année soit en riz pluvial en 3ème année. Même technique d’implantation qu’avec le Brachiaria.

o Le pois de terre (ou l’arachide) + stylosanthes (deux lignes de pois de terre ou d’arachide et une ligne de stylosanthes). L’arachide et le pois de terre ont besoin d’être paillés. Le système peut évoluer soit en fourrage soit en riz pluvial en 3ème année.

On peut proposer dans les meilleurs sols le riz pluvial mais avec un apport de fumier et un minimum d’engrais (au moins 150 à 200 kg/ha de NPK et avec un apport d’azote au tallage : 25 à 50 kg/ha). Si les attaques d’insectes terricoles (Heteronycus) sont à craindre, il faut traiter les semences à l’imidachlopride (Gaucho 2 à 5 g par kg de semences). Le sarclage est obligatoire. On peut proposer comme variété le B 22 ou la Primavera. Dans ces conditions ces variétés vont faire de l’ordre de 90 jours (expériences dans des zones similaires à Marovoay et Ankililoaka). Compte tenu de la saison de pluie très courte, il faut semer aux premières pluies utiles (40 mm). Pour rentrer en semis direct avec le riz pluvial, on peut proposer dans ces milieux :

o le riz + stylosanthes qui a l’avantage de produire beaucoup de biomasse pour la fertilité du sol et maîtriser les mauvaises herbes. Le système présente cependant l’inconvénient de mobiliser le sol pendant une campagne supplémentaire pour permettre le développement suffisant de la biomasse du stylo. Semer le riz sur des lignes espacées de 40 cm dans des poquets tous les 20 cm sur la ligne, 3 à 5 graines par poquet. Semer une ligne de stylo entre 2 lignes de riz 20 jours après le semis du riz (au premier sarclage). Il faut veiller au bon sarclage car le stylo pousse très lentement durant la première phase de son implantation. Pour faire une bonne biomasse, le stylo doit rester durant la 2ème année. A la 3ème campagne, 30 à 40 jours avant le début des pluies, couper le stylo au collet et laisser sécher sur la parcelle. A la prochaine saison des pluies semer le riz dans la biomasse de stylo. Normalement, le stylo fait ressemis naturel dans le riz.

o D’autres systèmes comme le riz + niébé paillé ou éventuellement le riz +

tsiasisa (Vigna umbellata) paillé peuvent être essayés mais tout dépend des habitudes alimentaires des gens. Le niébé a l’inconvénient de donner peu de biomasse et d’être trop sensible aux attaques d’insectes. Le tsiasisa donne une bonne biomasse mais généralement son cycle est un peu long (à essayer).

En riziculture irriguée intensive (SRA), les variétés qu’on peut proposer sont le SEBOTA 36, le X 265 et les variétés actuellement utilisées par les paysans dans le Sud Ouest (projet PACA).

Pour l’amélioration des fourrages, nous proposer surtout les grandes graminées fourragères (Pennissetum purpureum cv Kizozi, Tripsacum laxum.) qui ont toujours montré de très bonnes performances dans des conditions extrêmes comme l’Androy. L’amélioration du pâturage naturel avec des légumineuses peut se faire par implantation de boutures d’Arachis pintoï ou par implantation par semis de stylo.

Toutes ces techniques ont besoin d’être introduites progressivement mais avant cela, les cadres de VERAMA doivent les maîtriser d’abord. Une visite dans des milieux similaires est souhaitable : par exemple à Ankililoaka (projet PACA) ou à Marovoay (PLAE).

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Discussions et Conclusions

Les expériences de la société VERAMA représentent un exemple de mise en valeur d’espaces vides dans des zones reculées avec un volet social et environnemental relativement important. Il s’agit d’un investissement à long terme qui mérite d’être appuyé. Les acquis techniques du projet ne cessent de s’améliorer pour préparer la phase de grande plantation. Même si le Brachiaria n’a pas pu structurer le sol pour améliorer l’infiltration, il y a lieu peut-être d’étudier une association Brachiaria + légumineuse pour améliorer la séquestration du carbone car si le projet carbone se concrétise, ce n’est pas seulement l’arbre (l’anacardier) qui va y contribuer mais aussi les plantes de couverture dans les interlignes. L’impact social et environnemental (stock carbone, impact sur le réchauffement climatique) du projet mérite d’être quantifié et soutenu (crédit carbone). Les SCV peuvent contribuer avantageusement à améliorer les actions du développement social mais nous proposons une meilleure maîtrise des systèmes par la formation des cadres.

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ANNEXE 1

Programme de mission Mardi 11

AM: - 9 h 00 : vol Majunga – Masiloka

- Installation à la base vie

PM:

- Visite des activités du Service Social et Environnement. Echanges avec le responsable du service.

Mercredi 12

AM:

- Visite générale de l'exploitation avec le Dr Lala

- Visite de la cité ouvrière ANDRAFIAMADIO et des installations existantes (EPP, marché, CSB2..)

PM:

- visite de l’essai itinéraire de mise en place du brachiaria (à coté de P85)

- visite de parcelle semée en stylosanthes et siratro sur P82

- visite des essais légumineuse sur P84 : essai mélange, travail de l’interligne et érosion

- visite de la parcelle TAFA 1

- Discussions sur les essais visités le matin. Bilan de la situation.

- Discussion sur les essais prévus pour 2007/2008

Jeudi 13

AM:

- Présentation et discussion sur les évolutions des itinéraires techniques de VERAMA

- Visite et discussion sur les observations à la parcelle P6 : installation du cajou sur légumineuses

- VERAMA – Présentation succincte du projet carbone. Contribution des plantes de couverture.

PM:

- Synthèses avec Dr Lala et restitution.

Vendredi 14

- A partir de 8 h 00 : Vol Masiloka – Majunga

- A partir de 18 H 00 : vol Majunga - Tana

- 14 –

ANNEXE 2

Localisation régionale

- 15 –

ANNEXE 3

Localisation des parcelles

ANNEXE 4

Pluviométrie

- pluviométrie: quantité (mm) et nombre de jour de pluie -

0

100

200

300

400

500

600

700

800

jan fév mar avr mai jui jul aou sep oct nov déc

mois

quan

tité

de p

luie

(mm

)

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

jour

de

plui

e

quantité moyenne 1999-2003 quantité de l'année 2004 jour de pluie moyenne 1999-2003 jour de pluie de l'année 2004