De l'islam, en général, et du monde moderne, en particulier

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DE L'ISLAM en général

ET DU MONDE MODERNE en particulier

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PAMPHLET Collection dirigée par Christine Clerc

A paraître :

Ibrahim SOUSS, De la paix en général et des Palestiniens en particulier

Yvan AUDOUARD, De la connerie en général et de certains cons en particulier

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JEAN-CLAUDE BARREAU

DE L'ISLAM en général

ET DU MONDE MODERNE en particulier

Le Pré aux Clercs

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ISBN 2-7144-2740-5

Copyright © Belfond - Le Pré aux Clercs 1991

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I

La légende dorée

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En 1990, le monde communiste s'étant écroulé, l'Occident libéral semblait rester le seul maître de la planète. En 1991, la poussière de cet écroulement immense n'était pas encore retombée qu'au sud et à l'est de la Méditerra- née des cris étranges retentirent : « Allah Akbar ! » « Allah Akbar ! » (Dieu est grand !). Le monde moderne se souvient d'avoir cru en Dieu jadis ; certains de ses enfants l'invoquent même encore. Mais pour la plupart des Occi- dentaux ce cri est inouï.

Au moment où l'on célébrait chez les intel- lectuels branchés l'affadissement des idéologies et la « fin de l'Histoire » voilà que surgissait, du fond de treize siècles d'Histoire, une idéologie forte (au sens que l'on donne à ces adjectifs « fort » et « faible » en science physique). Une religion toute crue, quelle surprise !

Plus encore : bien éloignés de rendre hom- mage à la modernité occidentale (comme le fai-

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saient depuis longtemps les membres des nomenklaturas de l'Est, même lorsqu'ils par- laient de la « langue de bois »), beaucoup de musulmans, ceux qu'on entend le plus aujourd'hui, prétendent s'opposer à elle et revenir ainsi à la pure voie du Coran.

L'événement est d'autant plus surprenant pour les Occidentaux que leurs meilleurs connaisseurs de l'islam en avaient toujours pré- senté une image inoffensive, c'est-à-dire exo- tique. Il est vrai que, pour un Occidental, l'islam est d'un exotisme total.

Voyageant dans les pays communistes, l'Européen retrouvait l'Occident, un Occident pauvre et démodé, mais l'Occident quand même. L'idéologie marxiste, prométhéenne, prometteuse de « lendemains qui chantent » est d'ailleurs tout à fait occidentale.

En pays d'islam, au contraire, le voyageur occidental se retrouve, encore aujourd'hui, sur une autre planète.

Le « voyage en pays d'islam » est devenu depuis longtemps l'un des genres obligés de la littérature européenne, depuis Chateaubriand pour le moins. C'est aussi un détour glorieux pour les hommes politiques.

La première fois que Bonaparte, Premier consul, rencontra Chateaubriand dans le salon de son frère Lucien, il prit l'écrivain par les

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épaules et, tout à trac, sans préambule ni pré- sentations, il lui dit, assez fort pour que tout le monde pût entendre : « Ce qui m'a le plus étonné en Égypte : ces cavaliers qui sautent de leurs chevaux pour toucher le sable de leur front. Qu'était-ce que cette chose inconnue qu'ils adoraient vers l'Orient ? »

Puis Napoléon continua son chemin, laissant l'écrivain interdit Avec son intuition et ses façons à la Malraux, Bonaparte avait déjà saisi l'essentiel.

Qu'il voyage chez cent peuples divers qui ne sont pas tous arabes (le Persan par exemple ou l'Afghan ne sont pas arabes) ; de l'Asie centrale au Yémen, de Samarcande à Sanaa, du nord au sud ; ou bien du Bengale au Maroc, de Dacca à Marrakech, de l'est à l'ouest ; l'Occidental retrouve partout les mêmes mœurs, les mêmes paysages, la même orientation magnétique.

De Psichari à Lawrence, de Lyautey à Mas- signon, de Pierre Loti à René Guénon, l'Euro- péen en est fasciné.

C'est un fait que les « orientalistes » ont pré- senté aux Occidentaux une image exotique de l'Islam. Et cet exotisme a plu. Il s'est imposé à l'imaginaire européen, y remplaçant l'idée médiévale que le musulman était un ennemi.

1. Mémoires d'outre-tombe, La Pléiade.

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D'où le paradoxe : en Occident, en France en particulier, les Arabes sont parfois considé- rés comme des « bougnoules », victimes dési- gnées de l'exclusion et des démagogies xénophobes. Mais, dans le même temps, la religion musulmane est surestimée ! Nous sommes bien obligés de constater que l'islam a été fort peu critiqué par la science occi- dentale.

Un intellectuel européen peut médire de tout, non seulement il le peut, mais il le doit, c'est sa fonction propre. Il s'interdit pourtant de médire de l'islam. L'anticlérical le plus acharné s'incline donc avec respect devant le prophète Mahomet. Nous découvrons là une extraordinaire inhibition !

Comment l'expliquer ? La mauvaise conscience de l'ancien coloni-

sateur est souvent invoquée. Mais l'inhibition que l'on constate déjà chez l'auteur des Mémoi- res d'outre-tombe est bien antérieure à la colo- nisation. D'autre part, les rapports militaires de l'Islam et de l'Europe n'ont pas toujours été à sens unique : colonisé (en partie seulement) depuis 1830 (la prise d'Alger peut être consi- dérée comme un événement symbolique), l'Islam fut bien plus longtemps le maître redouté de larges parties de l'Europe. En 1917 encore, l'Empire ottoman s'étendait à travers

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les Balkans, jusqu'à l'Adriatique. Colonisé un siècle, l'Islam a été colonisateur et impérial pendant dix siècles, sans en éprouver, à l'inverse de l'Européen moderne, aucune mau- vaise conscience.

En réalité, les complaisances des orientalis- tes sont davantage à incriminer, pour rendre compte de l'inhibition intellectuelle de l'Europe face à l'Islam, que la mauvaise cons- cience toute récente des « sanglots de l'homme blanc ».

Comment s'expliquent les complaisances orientalistes ?

Il y a chez les orientalistes une fascination légitime : les experts sont toujours peu ou prou amoureux de l'objet de leurs études. S'ils ne l'étaient pas, comment pourraient-ils y consa- crer leur vie ? Les experts pratiquent peu la dis- tance critique quant à l'objet de leurs recherches. Allons plus loin : on trouve chez la plupart des arabisants et islamisants un souci « apologétique » : présenter à leurs concitoyens un aspect de l'islam qui soit attirant, d'où le rôle important joué dans cette aventure par l'exotisme. Allons plus loin encore : à cause de l'exotisme même de l'islam pour l'intellectuel européen, celui qui y consacre ses recherches doit s'y jeter comme on se jette à l'eau. Dans son introduction aux Sept Piliers de la sagesse,

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E N Occident, en France, les Arabes sont parfois les victimes désignées de l'exclusion et des démagogies xénophobes. Mais, dans le même temps, la religion musulmane est un

sujet tabou. Un intellectuel européen peut parler de tout, c'est sa fonction propre, sa fonction critique. Il s'interdit pourtant de critiquer l'islam. Dans un silence respectueux, les "orientalistes" continuent, sans être contredits, de célébrer la légende dorée d'un islam progres- siste, civilisateur et tolérant. Nous découvrons là une extraordinaire inhibition. Cette hypocrisie générale n'est pas sans rapport avec l'exclusion : quand on méprise les gens, on ne leur dit pas ce qu'on pense ! C'est bien au contraire parce qu'il respecte les musulmans que l'auteur de cet essai prétend pouvoir parler librement de leur religion, comme il parla jadis du christianisme.

Jean-Claude Barreau a beaucoup voyagé dans les pays musul- mans, du Maroc au Pakistan, de l'Iran au Yémen. Il fut, dans une vie antérieure, théologien, puis éditeur. Directeur entre 1982 et 1984 de la coopération française en Algérie, il est aujourd'hui Inspecteur général de l'Éducation nationale. Il est aussi pré- sident de l'OMI (Office des migrations internationales) et de l'INED (Institut national d'études démographiques).

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