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© Edelo – De l’Empire Byzantin à l’Empire Ottoman 1 De l’Empire Byzantin à l’Empire Ottoman Au début de notre ère, les Romains ont conquis un territoire allant de la Maurétanie à la Mésopotamie créant ainsi l’une des plus grandes entités politiques de l’Histoire, qui influença profondément le monde méditerranéen, sur le plan culturel, linguistique et finalement religieux, tout en assurant la conservation de la civilisation grecque reçue en héritage. L’Empire compte alors près de 60 millions d’habitants. De la fondation par Auguste en -27 jusqu'à la déposition de son dernier empereur, Romulus Augustule en 476, l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité politique puis, à partir du IIIe siècle, par une instabilité de plus en plus importante. En effet, à partir de la fin du IIe s, Rome est confrontée à des mouvements de populations de très grande ampleur. Les peuples dits « barbares », en se déplaçant vers l'ouest, se heurtent à la frontière romaine, militairement gardée. Poussés par d'autres peuples plus à l'est, ils finirent par la percer. Le IVe s. est dominé par la personnalité de Constantin, qui rénove profondément l'État romain, en lui donnant ses caractéristiques définitives. À cette époque, le pouvoir était devenu un régime absolu, avec une cour et un protocole de type oriental. L’établissement du christianisme comme religion d'État par Théodose est le fait le plus marquant de la civilisation romaine. Appuyée sur l'appareil administratif romain, extrêmement développé, l'Église acquit une place prépondérante dans tous les territoires romains. En 395, Dioclétien divise l’Empire en deux entités :

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De l’Empire Byzantin à l’Empire Ottoman

Au début de notre ère, les Romains ont conquis un territoire allant de la Maurétanie à la Mésopotamie créant

ainsi l’une des plus grandes entités politiques de l’Histoire, qui influença profondément le monde

méditerranéen, sur le plan culturel, linguistique et finalement religieux, tout en assurant la conservation de la

civilisation grecque reçue en héritage. L’Empire compte alors près de 60 millions d’habitants.

De la fondation par Auguste en -27 jusqu'à la déposition de son dernier empereur, Romulus Augustule en 476,

l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité

politique puis, à partir du IIIe siècle, par une instabilité de plus en plus importante.

En effet, à partir de la fin du IIe s, Rome est confrontée à des mouvements de populations de très grande

ampleur. Les peuples dits « barbares », en se déplaçant vers l'ouest, se heurtent à la frontière romaine,

militairement gardée. Poussés par d'autres peuples plus à l'est, ils finirent par la percer.

Le IVe s. est dominé par la personnalité de Constantin, qui rénove profondément l'État romain, en lui donnant

ses caractéristiques définitives. À cette époque, le pouvoir était devenu un régime absolu, avec une cour et un

protocole de type oriental. L’établissement du christianisme comme religion d'État par Théodose est le fait le

plus marquant de la civilisation romaine. Appuyée sur l'appareil administratif romain, extrêmement

développé, l'Église acquit une place prépondérante dans tous les territoires romains.

En 395, Dioclétien divise l’Empire en deux entités :

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Après la division de l'Empire, la période finale de la partie occidentale, à partir du Ve siècle, est marquée par

le délitement continu de l'autorité politique : la puissance militaire s'effondre, l'économie est exsangue, et la

domination territoriale se réduit, jusqu'à ne pas dépasser l'Italie. L'Empire s'est effondré d'une manière

progressive, et la déposition en 476, par Odoacre, du dernier empereur, Romulus Augustule, est, au final, un

événement mineur, à la portée seulement symbolique.

Éteint en Occident, l'Empire romain persiste en Orient, autour de sa capitale, Constantinople. Centré sur la

Grèce, le nouvel État mêla, comme l'ancien Empire, des éléments de civilisation grecs et latins, mais la part

grecque étant prépondérante, il est justifié de parler, pour cette partie orientale de l'Empire romain, «

d'Empire byzantin ». Cette nouvelle civilisation, très riche, va durer plus d'un millénaire, jusqu'en 1453. Un

certain nombre de lois et coutumes des Romains ainsi que certains aspects culturels, scientifiques ou

techniques comme l’architecture sont conservées, puis transmises aux Arabes, aux Occidentaux, aux Turcs.

Même si d’autres langues sont parlées dans l’empire, le grec est la langue majoritaire des échanges, tandis

que l’art est principalement chrétien et que l’éducation est gréco-romaine.

L'Empire byzantin est enfin un empire chrétien qui, entre autres, a défini certains dogmes du christianisme.

L'Église officielle est l'Église chrétienne universelle dont l’Empire conserve la théologie et le droit canon après

le schisme de l'Église romaine de 1054, l’église byzantine étant dès lors dite Église des sept conciles ou

orthodoxe, par contraste avec l'Église romaine. C'est pendant le règne de Justinien qu'est édifiée la basilique

Sainte-Sophie (532-537). Ultime grande construction de l'Antiquité, elle reste longtemps la plus grande église

de la Chrétienté.

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En consolidant la frontière danubienne et en mettant un terme en 532 au long conflit qui l’oppose à la Perse

sassanide, l’empereur Justinien (527-565) libère les forces qui vont lui permettre de reconstituer, autour de la

Méditerranée, l’unité de l’Empire romain, replié depuis le Ve siècle sur sa moitié orientale. L’œuvre restera

inachevée, donc fragile, puisqu’elle exclut la Maurétanie, l’Espagne intérieure et la Gaule.

Sous le règne des successeurs de Justinien, l’Empire Byzantin est menacé de tous côtés : à l’ouest, les Lombards

envahissent l'Italie byzantine qui n’est bientôt plus qu'un ensemble de possessions éparses sans liens entre

elles; au nord, les Slaves et les Avars pénètrent dans les Balkans et ravagent les alentours de Constantinople

en 623 ; cette invasion contribue sensiblement à couper les relations entre l'Occident latin et l'Orient grec,

accroissant l'hellénisation de l'empire; à l’est les provinces orientales sont envahies par les Perses Sassanides

et au sud, les Arabes unifiés sous la bannière de l'islam se lancent à la conquête du monde.

L'empire s’épuise financièrement et militairement dans ces guerres.

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Les Sassanides

Ils règnent sur l'Iran de 224 jusqu'à l'invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge

d'or pour l'Iran tant sur le plan artistique que politique et religieux. Ce fut l'une des deux grandes puissances

en Asie occidentale pendant plus de 400 ans.

En vert foncé : l'Empire sassanide sous Khosrô II (620). En vert, les zones disputées avec l'Empire byzantin. En vert clair : l'Empire sassanide à son apogée (610)

Les Arabes

Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes au centre de l’Arabie étaient essentiellement

nomades, mais avaient développé des civilisations urbaines et des royaumes au sud de la péninsule Arabique;

comme ceux du Yémen (Saba, Hadramaout, ...), au nord de la péninsule (royaumes Lakhmide de Al-Hira,

Ghassanide..), en Mésopotamie, et en Syrie (royaumes de Palmyre, Pétra et Hatra).

Le premier affrontement rapporté par la tradition entre Byzantins et arabes musulmans a lieu en 629 dans

l'actuelle Jordanie. En 636, les Byzantins sont taillés en pièces près de Damas et perdent la Palestine et la Syrie.

Dans le même temps, les armées perses sont mises en déroute. La progression des Arabes continue

inexorablement : au cours de l'année 639, ils s'emparent de la Mésopotamie byzantine puis de l’Egypte.

L'Empire romain d'Orient perd plusieurs de ses riches, populeuses et symboliques provinces orientales (Syrie,

Palestine, Égypte) et la presque totalité de la péninsule des Balkans, envahie par les Avars.

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Sous le règne d’Héraclius, l'Empire romain cesse d'être un État multi-ethnique entourant la Méditerranée pour

devenir un État presque purement grec centré sur l'Asie Mineure. La culture ancienne héritée de l'Antiquité

classique et païenne achève de disparaître: la littérature et la philosophie classiques et la culture se recentrent

presque exclusivement sur la religion chrétienne. L'Empire romain d'Orient se vécut de plus en plus comme le

« nouvel Israël » en butte de tous côtés aux barbares païens ou infidèles. C'est sous Héraclius que vécurent les

derniers écrivains représentants de genres profanes de l'Antiquité tardive.

L’empire byzantin en 650 :

L’empire byzantin vers 1025 sous Basile II :

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Convertis au sunnisme au Xe s, les Seldjoukides sont les membres d'une tribu turque qui a émigré du Turkestan

vers le Proche-Orient avant de régner sur les actuels Iran et Irak ainsi que sur l'Asie mineure entre le milieu du

XIe et la fin du XIIIe à partir de leur capitale Ray (Téhéran). Après leur victoire sur l’empire byzantin lors de la

bataille de Manzikert en 1071, ils établissent le Sultanat de Roum (1077-1307) avec pour capitale Iconium

(Konya).

C'est dans ce contexte troublé qu’intervient l'évènement majeur de la Quatrième croisade. Les Croisés

prennent Constantinople en 1204. La riche capitale de la chrétienté grecque est alors mise à sac et devient la

capitale de l'Empire latin de Constantinople.

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L’Empire Byzantin est alors éclaté en quatre parties : l’empire latin de Constantinople, l’empire de Nicée,

l’empire de Trébizonde et le despotat d’Epire.

L’empire de Nicée et l’empire latin de Constantinople réintègrent l’empire byzantin rénové en 1261. Toutefois,

l'Empire byzantin est loin d'être rétabli dans ses frontières d'avant 1204 : une grande partie de la Grèce est

toujours détenue par le despotat d'Épire et par d'autres États francs. De même, les Italiens dominent l'espace

maritime et les îles de la mer Égée par le biais notamment du duché de Naxos.

En 1243, les Mongols battent les Seldjoukides et étendent leur empire jusqu’en Asie Mineure où ils annexent

le sultanat de Roum.

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A partir de 1307, le sultanat de Roum en déliquescence éclate en beylicats qui seront annexés par le plus

puissant d’entre eux, le sultanat ottoman. Les territoires byzantins d’Asie Mineure sont progressivement pris

par les Turcs. Après la défaite de Pélékanon (1329), l’armée byzantine quitte définitivement l’Asie Mineure.

En 1354, les Ottomans s'emparent de Gallipoli et s'installent de manière durable en Europe. Il ne faut que

quelques années pour que les possessions de l'Empire byzantin se réduisent à sa capitale et ses environs et au

despotat de Morée qui s'étend sur une partie du Péloponnèse. Constantinople est prise en 1453 mettant fin

à plus de 1000 ans d’histoire byzantine. Le despotat de Morée chute en 1460, l’empire de Trébizonde en 1461

et le tout dernier état grec médiéval, la principauté de Théodoros au sud de la Crimée, en 1475.

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L'Empire ottoman établit ensuite progressivement sa souveraineté sur toute la partie à majorité musulmane

du monde méditerranéen. L'Asie Mineure est conquise entre la fin du XIVe et le début du XVIe. Au XVIe s,

sous le règne de Soliman le Magnifique, les armées ottomanes parviennent jusqu’à Vienne en 1529 et 1532,

dont elles font le siège en vain. Cette avancée marque la limite de l’expansion de l'Empire en Occident, comme

Aden au Yémen en fixera la limite sud.

La défaite navale de Lépante en 1571, devant les flottes espagnole et vénitienne, met fin à la suprématie de

la flotte ottomane en Méditerranée. La mort de Soliman le Magnifique en 1566 marque la fin de l'âge d'or

ottoman, et la superficie de l'Empire au XVIe s atteint plus de 5 millions de km²

De la Bosnie au fin fond de l’Anatolie, de nombreux chrétiens pauvres (Slaves, Grecs, Arméniens, ...) vont se

convertir à l’islam pour ne plus payer la double imposition sur les non-musulmans et ne plus subir l’enlèvement

des enfants et leur enrôlement dans l’armée des janissaires.

Le siècle de Soliman avait été celui de l'apogée de l'empire Ottoman. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont ceux du

déclin progressif. Le XIXe siècle est celui de sa dislocation. Elle interviendra d'une part sous l'effet des

tensions intérieures croissantes (montée des nationalismes, régime politique archaïque), mais surtout sous

la pression des grandes puissances européennes, engagées dans une politique d'accès aux mers chaudes (La

Question d'Orient).

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L’empire ottoman en 1878 :

Répartition des populations en 1910 :

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En 1913, un parti nationaliste révolutionnaire et réformateur ottoman, les Jeunes Turcs, prend le pouvoir. En

1915, le noyau du parti organise une politique de déportation et de massacre des Arméniens ottomans,

politique appelée génocide arménien, faisant entre 800 000 et 1 500 000 morts selon la majorité des

historiens. Les deux tiers de la population arménienne de l'Empire ottoman furent exterminés. C'est

également dans ce contexte troublé que, entre 1914 et 1920, a lieu le génocide assyrien causant la mort de

500 000 à 750 000 personnes ce qui représente environ 70 % de la population assyrienne de l'époque. Le

génocide grec pontique fait lui entre 350 000 et 360 000 morts entre 1916 et 1923.

La Première Guerre mondiale achève le démembrement de l'Empire ottoman, allié aux Austro-Hongrois et aux

Allemands. À la suite du traité de Sèvres, ses territoires arabes (Syrie, Palestine, Liban, Irak, Arabie) sont placés

par décision de la Société des Nations sous mandats britannique et français. La côte égéenne est occupée par

les Grecs et les Italiens.

L'effondrement de l'empire éveille le sentiment national turc. Les anciens combattants se rassemblent autour

du maréchal Mustafa Kemal Atatürk, qui chasse les Européens d'Anatolie et s'impose comme chef du

gouvernement. En 1923, il abolit l'Empire ottoman et fonde sur le territoire restant, l'Anatolie, la grande partie

ouest du haut-plateau arménien et la Thrace orientale, la Turquie moderne ou la République de Turquie.

Entre 1,2 et 1,5 millions de grecs sont expulsés de la Turquie vers la Grèce. Officiellement, ils ne seraient plus

aujourd’hui que 2.000 en Turquie.

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Zoom sur l’Arménie

Les origines de l’Arménie et du peuple arménien sont encore largement méconnues. L'hypothèse la plus

plausible fait état du mélange d’un peuple indo-européen avec des autochtones d’Ourartou. Ces derniers

auraient mis sur pied leur royaume dès le début du IXe s av JC. Deux siècles plus tard, les Thraco-Phrygiens

venus des Balkans déferlent sur l’Anatolie et viennent se fixer sur les hauts plateaux bordés par les chaînes du

Caucase et du Taurus. Le peuple arménien serait issu de ce mélange. Moins d’un demi-siècle après, les

Arméniens passent sous la tutelle des Mèdes puis des Perses achéménides. Ces derniers, défaits par les armées

d’Alexandre le Grand en -331, abandonnent l’Arménie aux Macédoniens. En -190, le séleucide Antiochos III,

l’un des successeurs d’Alexandre, est battu par les Romains.

La même année, un général d’Antiochos, Artaxias, se proclame roi d'Arménie, avec la bénédiction des

Romains. En -95, Tigrane, son successeur, fonde un empire qui s’étend de la mer Noire à la Caspienne et à la

Méditerranée. Il est battu par les légions de Pompée en -66. Devenue protectorat romain, l’Arménie est dirigée

par les successeurs de Tigrane jusqu’en l’an 2 de notre ère.

Après une période de troubles intérieurs, elle tombe aux mains d’une dynastie parthe : les Arsacides. C’est un

de ses rois, Tiridate III d’Arménie, qui, en 301, proclame le christianisme religion d’État. L’Arménie devient

ainsi le premier royaume officiellement chrétien. Grégoire est le premier catholicos (patriarche) de l’Église

arménienne. Dans la foulée, les Arméniens abandonnent l’écriture grecque pour utiliser leur propre alphabet.

Les deux piliers de l’«arménité» sont désormais en place. En 428, l’Arménie, bien qu’assujettie une nouvelle

fois par la Perse sassanide, conserve sa liberté de culte.

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À la fin du VIe s, la Perse cède la majeure partie de l’Arménie à l’Empire byzantin qui en occupait déjà les

provinces occidentales. Avec l'arrivée des Arabes au VIIe s, l’Arménie se transforme en champ clos des

affrontements arabo-byzantins. Entre 852 et 855, le pays est dévasté par les armées d’un général d’origine

turque. En 885, Achot 1er de la famille arménienne des Bagratouni est reconnu roi d’Arménie par le calife et

l’empereur byzantin. Pendant les Xe et XIe siècles, la dynastie des Bagratides fera régner une paix et une

prospérité jamais égalées. Ani devient en 961 la capitale de l’âge d’or arménien. Cette ville «aux cent palais et

aux mille églises» va cependant être rasée par les Turcs seldjoukides en 1064. La Grande Arménie

indépendante disparaît. Certains Arméniens s’exilent alors en Moldavie et en Hongrie, d’autres en plus grand

nombre s’installent en Cilicie qui devient en 1080 la Petite Arménie ou Royaume arménien de Cilicie.

Alors que la Grande Arménie passe sous la domination mongole (1236-1317), le royaume de Petite Arménie

reste indépendant jusqu’au décès du roi arménien Léon II en 1342. Cette région revient à la famille française

des Lusignan, régnant déjà sur l’île voisine de Chypre. Mais, sous les coups de boutoir des Mamelouks d’Egypte,

Léon V de Lusignan perd son fief en 1375.

Au XVe s, l’Arménie est occupée par les Ottomans qui lui laissent un certain degré d’autonomie. Jusqu'au XVIIIe

s, le pays est sans cesse divisé : l’Ouest à la Sublime Porte, l’Est aux Perses. En 1801, les Russes font leur

apparition dans le Caucase. En 1828, les territoires arméniens sont unis à la Russie. L'Empire ottoman se raidit

de plus en plus à l'égard des minorités chrétiennes au fur et à mesure de son déclin politique et économique.

Les massacres commencent dès la fin du XIXe et culminent en 1915-1916. En un peu plus d’un an, plus d’un

million d’Arméniens périssent, soit presque la moitié de la population arménienne ottomane. Bien que la

notion de génocide ne date que des lendemains de la Seconde Guerre mondiale, elle sera retenue pour les

massacres de 1915-1916 par la majorité des historiens et par divers pays ainsi que par le Parlement européen

(1987). Après une brève indépendance entre 1918 et 1920, l’Arménie devient une république soviétique fin

1920 jusqu’à son indépendance en 1991.

Cathédrale d'Ani Eglise d'Akhtamar (lac de Van) Eglise de Mreni (Kars)

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Zoom sur le comté d'Edesse

Le comté d'Edesse est l'une des principautés de la Terre sainte, fondée en mars 1098 par Baudouin de

Boulogne, frère de Godefroi de Bouillon. Il était le plus oriental des États latins et la principale marche contre

les Turcs. Étranger au royaume latin de Jérusalem, qui avait d'ailleurs été fondé plus tard (1100), le comté

reconnut rapidement l'hégémonie politique de rois, dont les deux premiers (Baudouin Ier et Baudouin II)

furent les anciens comtes d'Édesse.

L'établissement franc d'Édesse était fragile, faute d'une véritable colonisation de peuplement analogue à celle

du royaume ou de la principauté d'Antioche. Le comté était donc, en réalité, réduit à des garnisons franques

et à la soumission très imparfaite du seul territoire habité par les Arméniens. Hors de celui-ci, la domination

des comtes était à peine reconnue.

L'importance stratégique de la position explique la place que tient Édesse dans l'histoire de l'Orient latin. A

partir de 1110, la plupart de ses territoires orientaux, défendus par une armée sans conviction, surtout formée

d'Arméniens et de Syriens, sont pris par les turcs Seldjoukides. La chute d'Édesse en 1144 a un retentissement

tel en Occident qu'il provoque l'organisation de la Deuxième Croisade. Les querelles internes du royaume de

Jérusalem détournèrent malheureusement les croisés de la reconquête d'Édesse, qui eût été la meilleure

sauvegarde du royaume.

Zoom sur la Principauté d'Antioche

Prise par les Francs en 1098 lors de la Première Croisade, Elle fut l'objet d'une âpre compétition entre les Francs et les Byzantins. A partir de 1120, elle ne cessa de connaître les difficultés nées des rivalités politiques intérieures autant que de la menace des Turcs Seldjoukides qui occupèrent toutes les terres à l'est de l'Oronte.

La principauté fut soulagée par la Deuxième Croisade, qu'avait provoquée la chute du comté d'Édesse en 1144. Elle ne put résister, au milieu du XIIIe s, à la pression exercée par les mamelouks d'Égypte. Antioche tomba en 1268.