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  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    1/15Octobre 2007 Conjoncture 3

    La correction du march immobilier amricain,

    lclatement de la crise du subprime, qui sest propage

    au march montaire et au crdit, vont amplifier et

    prolonger le ralentissement amricain.

    Les consquences relles de cette crise dbordentles frontires amricaines. Ecarter le risque de rcession

    supposera de la part de la Fed une ractivit sans tat

    dme.

    du subprime au march montaire

    La monte des dfauts sur les prts subprime a

    provoqu une pousse des craintes quant la solvabilit

    des institutions exposes via leurs investissements dansles supports de titrisation. Les prts hypothcaires ont,

    en effet, t largement cds sur le march aprs avoir

    fait lobjet de titrisation et de transformation sous forme

    dinstruments de dette, grce lutilisation de techniques

    de rehaussement du crdit (collatralisation accrue,

    hirarchisation en tranches equity, mezzanine, senior).

    Ceci a permis de bnficier de notations favorables de

    la part des agences de rating et donc dlargir la base

    des investisseurs. Si ces techniques ont permis une plus

    ample mutualisation du risque, elles ont dbouch surune dispersion de celui-ci, do la monte des

    incertitudes quant la localisation des pertes. Les

    instruments cds sur les marchs crs partir de

    portefeuille de crances sont structurs en tranches de

    telle manire que la dernire tranche essuyer des

    pertes soit note AAA. Cela permet de les cder une

    communaut largie dinvestisseurs qui bnficient de

    surcrot dun rendement suprieur celui des Treasuries

    de mme rating. Le pricingde ces instruments sur des

    marchs troits est apparu problmatique, do lapousse des craintes dinsolvabilit. La notation des

    tranches senior et super senior (AAA) est attribue en

    raison de lappartenance de ces dernires une

    structure donne et non pour la qualit de la dette

    quelles contiennent. La modification dune structure

    rsultant de la contraction de la tranche prvue pour

    absorber les premires pertes, ce qui se passe en cas dehausse des dfaillances, rend naturellement caduque la

    notation initiale(1).

    Dans la premire quinzaine du mois daot, les

    inquitudes se sont exacerbes et ont touch le march

    interbancaire, notamment dans la zone euro et aux

    Etats-Unis. Les taux overnight ont bondi du fait de la

    recherche gnralise de liquidit, pour atteindre des

    niveaux bien suprieurs aux cibles des banques

    centrales (respectivement 4,7 % contre 4% en zone euro

    et 6% contre 5,25% aux Etats-Unis). La fuite vers lascurit a provoqu une demande accrue de titres

    dEtat, conduisant creuser lcart entre les taux

    interbancaires et les taux des bons du Trsor. Ainsi, aux

    Etats-Unis, lcart entre ces taux est pass de 0,5%

    2,5%.

    Les autorits montaires nont pu faire autrement

    quinjecter massivement de la liquidit afin de ramener le

    march vers des conditions de fonctionnement normales

    et dviter ainsi damplifier un mouvement de ventes

    dactifs de bonne qualit. Le 9 aot, la BCE a inject95 milliards deuros et 61 milliards le lendemain, la Fed

    injectait respectivement 24, puis 38 milliards de dollars,

    ce qui a amen le taux des Fed funds stablir

    nettement en dessous de lobjectif de 5,25%. En outre, la

    Fed a, de son ct, ramen le 17 aot son taux

    descompte de 6,25% 5,25% pour des chances de

    30 jours et admis desAsset Backed Securities (ABS)

    lescompte. Lcart du taux descompte par rapport aux

    Fed funds a t ainsi rduit de moiti. Les quatre

    principales banques amricaines ont eu recours cettefacilit, vraisemblablement pour effacer le caractre

    stigmatisant du recours la discount window(2) .

    Du subprime lconomie relle

    Philippe dArvisenet

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    puis du march montaire au crdit

    Laction de prteur en dernier ressort des banquescentrales a permis de calmer le jeu. On a cependant

    assist un effet de contagion qui a touch le march

    du Commercial Paper, en particulier le segment de

    l Asset Backed CP(ABCP). En une quinzaine de

    jours, lencours a baiss de plus de 10%, tandis que le

    spreadde rendement entre les notations AA et A2/P2

    se tendait, passant de 0,1% dbut aot 0,8% sous

    leffet de linquitude quant la solvabilit des

    emprunteurs ayant investi dans des actifs de liquidit

    incertaine. Cette situation rsulte de la prfrence desfonds montaires pour les liquidits trs court terme.

    Elle a conduit les dbiteurs (conduits) tirer sur

    les lignes filet, matrialisant un mouvement de

    rintermdiation. Ceux qui ne bnficient pas de

    lignes filet (Structured Investment Vehicles) tant

    amens cder des actifs dvaloriss par un march

    devenu illiquide. Ces tensions ont conduit la BCE, le

    22 aot, offrir des fonds 91 jours hauteur de

    40 milliards deuros. Lapproche des chances de

    renouvellement du papier a maintenu le march soustension.

    Les injections de liquidit ont dailleurs d continuer

    jusqu aujourdhui. Ainsi, le 26 septembre, la Fed a

    inject 38 milliards de dollars, montant quivalant celui

    du 10 aot et seulement dpass par les 50,5 milliards

    de dollars du 19 septembre 2001. De son ct, la BCE a

    de nouveau prt 3 mois hauteur de 50 milliards

    deuros un taux moyen de 4,50%, alors que lEuribor

    3 mois slevait 4,75%. Cet cart persistant entre les

    taux interbancaires trois mois et les taux directeurs estune des manifestations les plus tangibles de la poursuite

    de la crise : 5,20% pour le Libor dollar, alors que le taux

    objectif des Fed funds a t ramen 4,75% (voirinfra),

    et entre 4,70% et 4,75% pour lEuribor avec un refi 4%.

    Enfin, la BCE, toujours le 26 septembre, a prt

    3,9 milliards deuros son taux directeur suprieur, 5%,

    celui de la facilit de prt marginal.

    Faisant figure dexception parmi les principales

    Banques centrales, la Banque dAngleterre stait

    dabord montre plutt rticente approvisionner lesmarchs montaires en liquidit, au titre quun tel soutien

    aurait pour effet daccentuer lala moral, voire de

    contribuer lapparition dune nouvelle crise. Ainsi, elle

    continuait de refuser de fournir de la liquidit sur une

    gamme plus tendue de titres.Elle a, toutefois, chang dopinion ce sujet

    lorsquelle a t sollicite par Northern Rock. Base

    Newcastle, Northern Rock est lorigine une socit

    dpargne immobilire de petite taille, qui est devenue,

    suite son introduction la Bourse de Londres en 1997,

    le cinquime tablissement de prts hypothcaires au

    Royaume-Uni, faisant mme son entre au sein de

    lindice FTSE 100.

    Cette expansion rapide a t finance en empruntant

    massivement sur les marchs montaires : 75% desfinancements de Northern Rock dpendent de ces

    marchs et un peu plus de 40 % dentre eux de la

    titrisation de march. A titre de comparaison, la plupart

    des autres banques britanniques ne dpendent des

    marchs montaires qu hauteur de 50 % environ de

    leurs financements. En revanche, la part des dpts

    clients est trs limite par rapport aux autres banques.

    Du point de vue commercial, cette stratgie sest

    rvle trs peu coteuse, dans la mesure o Northern

    Rock ne doit pas grer un rseau tendu dagences(76 seulement au total). Nanmoins, sa dpendance

    un seul mode de financement la conduite la situation

    actuelle. Face lasschement du march des titres

    adosss des crances, Northern Rock a d se tourner

    vers la Banque dAngleterre pour tre renfloue. Cette

    dernire lui a permis demprunter un taux major, en

    utilisant des titres adosss des crances comme

    garantie.

    Ce plan de sauvetage a entran une panique parmi

    les clients de Northern Rock, en dpit de la confirmationde la solvabilit de la banque par la FSA. Toutefois, la

    plupart des clients nont pas russi faire la distinction

    entre problmes de liquidit et problmes de solvabilit,

    en juger par les queues de plusieurs heures lentre

    des agences. Pour restaurer la confiance parmi les

    pargnants, le gouvernement a donc dcid de garantir

    la totalit de lpargne confie Northern Rock.

    Mercredi 19 septembre, la Banque dAngleterre a de

    nouveau assoupli sa position en annonant une

    prochaine mise aux enchres en vue de fournir desfonds chance trois mois garantis contre une plus

    large gamme dactifs, tels que des crdits hypothcaires.

    Octobre 2007 Conjoncture 4

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    Les spreads sur les obligations prives se sont

    tendus, matrialisant, l encore, le repricingdu risque.

    Toutefois, lincidence sur les rendements corporate a ten partie contrebalance par la baisse des taux longs,

    ainsi, le rendement des T Notes dix ans est pass de

    5,20% le 6 juillet 4,5% le 28 aot, remontant

    lgrement par la suite (4,65% le 27 septembre).

    La volatilit accrue a touch le carry trade, le

    dbouclage de positions a entran une apprciation des

    devises de financement, ainsi le yen contre dollar est

    pass de 123 fin juin 114 mi-aot, puis sest stabilis

    au-dessus de ce niveau par la suite, tandis que les

    devises de placement connaissaient une forte baisse.Ainsi, le cours NZD/JPY est revenu de 97 le 24 juillet

    moins de 80 la mi-aot, ce mouvement se corrigeant

    en partie par la suite, la parit repassant au-dessus de

    85 fin septembre.

    et lconomie relle

    Le subprime, de quoi sagit-il ?

    Au cours des dernires annes, labondance de

    liquidit, laffaiblissement corrlatif de la sensibilit au

    risque et les innovations financires ont conduit une

    forte augmentation de la distribution de crdit

    hypothcaire aux Etats-Unis, en particulier dans ses

    composantes subprimeet Alt A. Ceci a permis une

    progression sensible de la proportion de mnages

    propritaires de leur logement (64% en 1995, 69% lan

    dernier).Les crdits subprime sont consentis des

    emprunteurs pour lesquels le ratio de dette/revenu (D/R)

    dpasse 55% et/ou le ratio prt/valeur du bien (P/V)

    excde 85%. Leur distribution atteignait quelque

    150 milliards de dollars lan au dbut de la dcennie, elle

    tait suprieure 600 milliards en 2005 et 2006. Ces

    crdits reprsentaient 13% de lencours total de crdit

    hypothcaire lan dernier (10 000 milliards). Les crdits

    dits Alt A sont constitus de prts pour lesquels les

    ratios ci-dessus ne sont pas dpasss, mais qui sontconsentis des emprunteurs pour lesquels on ne

    dispose que de rfrences incompltes. Les prts dits

    jumbo sont dun montant suprieur au plafond

    (417 000 dollars) prvu pour les prts ligibles pour les

    Government Sponsored Housing Entreprises (GSE),Freddie Mac et Fannie Mae. Ils atteignent prs de 15%

    de lencours total des prts hypothcaires.

    Tous ces prts sont frquemment assortis de

    caractristiques qui les rendent facilement accessibles

    (affordability products), et ils se sont rpandus avec le

    relchement des conditions dans un contexte o la

    hausse des prix rendait laccession la proprit plus

    difficile(3).

    Il en va ainsi des prts taux ajustables (ARM)

    constitus pour les deux tiers de 2/28 : ce sont desprts consentis taux fixe plus bas que les taux de

    march sur les deux premires annes (teaser rates) et

    sont transforms lissue de cette priode en prts

    taux variables. Cette modification des taux (reset) a

    naturellement pour consquence dalourdir la charge de

    la dette pour les emprunteurs, do un potentiel

    daccroissement des taux de dfaut (les deux tiers des

    prts subprime sont des prts ARM). Les interest only

    loans comportent un amortissement diffr

    (typiquement de 2 ou 3 ans pour les ARM et de 10 anspour les taux fixes). Les negative amortization loans

    permettent hauteur dune certaine proportion du prt

    (15 25%) de capitaliser les paiements dintrts, une

    fois cette proportion atteinte, le prt se transforme en

    prt normal. L encore, la charge de la dette sen trouve

    alors nettement accrue.

    La spculation a jou, les prts ont tendu tre plus

    frquemment consentis sur la base de lanticipation de

    hausse des prix immobiliers plutt que sur la base de la

    capacit de servir correctement la dette, danslanticipation, en cas de dfaillance de lemprunteur, que

    la ralisation du bien pourrait couvrir le remboursement

    du principal, cela ne valant bien sr que si les prix se

    maintiennent.

    La monte des difficults rcentes trouve son origine

    dans la pousse des dfauts.

    Le taux de dfauts sur les prts ARM (saisies et

    arrirs plus de 60 jours) est pass de 2,6% sur le

    segment subprime et 0,5% sur le segmentAlt A mi-2005

    respectivement 13% et 2,5% la fin de lan dernier. Lephnomne apparat plus marqu encore pour les

    gnrations de prts les plus rcentes, au bout dun an

    Octobre 2007 Conjoncture 5

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    lconomie amricaine de 0,8 point. En glissement

    annuel, celui-ci est revenu de 3,7 % dbut 2006 1,9%

    au premier trimestre 2007. Au second trimestre, un coupdarrt au dstockage, un envol de la construction non

    rsidentielle (28% en rythme trimestriel annualis) et une

    trs forte contribution du commerce extrieur (1,4 point)

    ont fait rebondir la croissance 4,0% en rythme

    trimestriel annualis, aprs 0,6% au premier trimestre.

    Pour autant, la qualit de la croissance ntait pas au

    rendez-vous, rvision en hausse ou pas. Dabord, la

    contribution positive du commerce extrieur la

    croissance tient, pour une bonne part, leffet

    modrateur de la demande interne sur les importations.Par ailleurs, on ne peut pas compter sur une acclration

    des exportations, compte tenu des effets de la crise

    financire sur lconomie mondiale. Ensuite, lexplosion

    des dpenses en btiments ne peut tre extrapole, la

    dernire enqute de la Fed auprs des banques

    commerciales (Senior Loans Officers Survey) effectue

    en juillet, avant lclatement de la crise, fait dailleurs tat

    la fois dun resserrement des conditions et dun

    tassement de la demande de crdits industriels et

    commerciaux.Le troisime trimestre a dbut avec un momentum

    favorable. La production manufacturire a augment de

    0,7% en juin, puis de 0,8% en juillet avant de se replier

    de 0,3% en aot. Les commandes de biens durables ont

    chut en aot (-4,9%, aprs +6,1% en juillet et +1,8%

    en juin), tout comme les livraisons (-1,6% aprs +4% et

    -1,1%). Les commandes hors dfense et avions ont

    baiss de 0,7% aprs +0,9% et -0,2%. Cependant, le

    resserrement des conditions financires et les

    incertitudes qui psent sur la demande dans lesprochains trimestres plaident en faveur dune nette

    modration. Il en va ainsi pour la consommation mais

    aussi pour linvestissement, malgr le haut niveau des

    profits, et enfin pour la reconstitution des stocks (en

    partie involontaire).

    Dj, la crise a provoqu un tassement de la

    confiance des mnages, lindice de confiance de

    luniversit du Michigan a chut en aot (83,4 contre 90,4

    en juillet), puis sest maintenu ce niveau en septembre

    (83,8 en donnes prliminaires), celui du ConferenceBoard est revenu de 111,9 105,6 en aot et 99,8 en

    septembre, au plus bas depuis novembre 2005. Si la

    baisse du prix des carburants ajoute quelque 0,5 point au

    revenu disponible rel, il parat acquis que le march du

    travail est appel connatre une dtrioration lie unerduction des effectifs dans les secteurs lis

    limmobilier. Dj, les chiffres demploi pour aot et

    surtout les rvisons la baisse pour les mois prcdents

    ont montr que la situation du march du travail avait

    dj radicalement chang. De fait, 40.000 emplois ont

    t crs en moyenne sur les trois derniers mois connus,

    cest--dire le quart du niveau des trimestres prcdents.

    Par ailleurs, le resserrement des conditions de crdit va

    toucher la demande de biens de consommation durables

    (automobile, quipement du foyer). Au total, la croissance amricaine, qui devrait

    saffaiblir de faon trs nette fin 2007-dbut 2008,

    devrait tre limite, au plus 1,5%, en moyenne lan

    prochain. Lexprience montre que lorsque la croissance

    revient, elle nen est gnralement pas reste l (cf.

    graphique 12, page 11). On peut, cependant, esprer

    quune raction rapide de la Fed puisse carter le risque

    de rcession.

    Quelle politique montaire ?

    Le 7 aot, le FOMC a dcid de maintenir inchang

    5,25% le taux des Fed funds. Tout en prenant acte de

    laugmentation de la volatilit sur les marchs, du

    resserrement des conditions de crdit et des progrs

    enregistrs sur le plan de linflation, il indiquait sa

    confiance dans la poursuite dune croissance modre

    avec, toutefois, des risques baissiers (downside risks).

    Linflation restait raffirme comme tant la premireproccupation. Lide selon laquelle la situation du

    secteur immobilier ne se propagerait pas restait

    dominante(8). En fait, au dbut de lt, les dbats de

    politique montaire portaient sur le risque inflationniste.

    Le retour du core PCE deflator sous la barre des 2%

    tait-il suffisant pour justifier lassouplissement de la

    politique montaire ? Pour certains y compris le FOMC,

    il apparaissait souhaitable de voir les progrs confirms,

    et donc le taux de linflation sous-jacente ramen vers

    1,5%. La rfrence au taux sous-jacent se trouvait elle-mme remise en question, linflation totale dpassant

    durablement linflation sous-jacente, cette dernire ne

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    pouvait plus tre mise en avant pour laguer des bruits

    sur la mesure de la hausse des prix. La poursuite de

    cette configuration comportait un risque pour le bonancrage des anticipations.

    La crise a, bien entendu, enterr ce dbat, la

    hirarchie des risques a chang de nature. Il sagit

    dapprcier les effets des perturbations financires sur

    lconomie relle alors mme que la correction

    immobilire apparat devoir perdurer, tout comme les

    vents de face engendrs par la crise qui joueront

    lencontre de la dpense, tant au niveau des mnages

    qu celui des entreprises. A la mi-aot, la Fed a fait

    clairement tat des effets ngatifs de la conjoncturefinancire sur lconomie : downside risks to growth

    have increased appreciably. Certes, la croissance du

    deuxime trimestre ne facilite pas la tche ni la forte

    hausse des cots salariaux unitaires, il reste que

    lconomie parat appele connatre une priode

    prolonge de croissance infrieure au potentiel, ce qui

    est propre modrer les tensions. Ds lors, sans

    surprise, le FOMC a abaiss son objectif pour les Fed

    funds de 50 pb 4,75%, dcision accompagne dun

    ajustement du taux descompte (pass de 5,75% 5,25%). Les autorits montaires ont pris acte du fait que

    le resserrement des conditions sur le march du crdit

    est de nature intensifier la correction immobilire et

    freiner la croissance conomique. La Fed a, par ailleurs,

    indiqu quelle continuerait examiner les effets des

    dveloppements du march sur la croissance et quelle

    agirait autant que ncessaire pour assurer la stabilit des

    prix et une croissance soutenable.

    Une telle dcision na pas manqu de soulever

    quelques critiques, on a voqu un Bernanke put, le faitque la Fed, en assouplissant sa politique la suite de la

    dbcle du fonds LTCM en 1998, a nourri lexubrance

    et les tensions inflationnistes dans les annes qui ont

    suivi. On a mentionn que la Fed ne doit pas venir la

    rescousse de ceux qui ont pris des risques inconsidrs,

    ni cibler des prix dactifs mais nintervenir que si les

    dveloppements de la sphre financire prsentent un

    danger pour lconomie relle, thse maintes fois

    raffirme par B. Bernanke dans ses travaux(9). Ceci

    appelle plusieurs remarques. En premier lieu, lesdcisions de baisse des taux en 1998 sont intervenues

    suite la dfaillance dun seul acteur et dans une

    conjoncture qui sest avre trs porteuse. La situation

    prsente est entirement diffrente. Lconomie volue

    en dessous de son potentiel, sans perspectivedamlioration dans les prochains trimestres, par ailleurs,

    ce sont les mnages qui sont massivement touchs par

    la crise de limmobilier. En second lieu, renoncer la

    baisse des taux toucherait ceux qui ont investi (fonds de

    pension) dans des titres dont le risque est apparu

    difficilement valuable et non ceux qui ont initi ce

    risque.

    [email protected]

    Octobre 2007 Conjoncture 8

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    NOTES

    (1) Certains hedge funds dont la stratgie tait fonde surlarbitrage entre des titres sous-valus (achets) et des titres

    survalus (shorts) avec une position nette nulle ont t

    affects par le retournement gnral du march. Ces

    circonstances amnent les cranciers exiger plus de

    collatral ou des apports en cash avec le risque de conduire

    la ralisation de bons actifs.

    (2) Cela ne correspond pas entirement la prconisation bien

    connue de W. Bagehot en matire dintervention des banques

    centrales en priode de crise : prter rapidement, massivement

    contre des collatraux de bonne qualit (pour diffrencier lesinstitutions insolvables de celles qui sont simplement illiquides)

    et un taux pnalisant (pour assurer que la banque centrale

    est bien le prteur en dernier ressort). La dernire condition

    nest pas respecte dans le cas prsent, il faut cependant

    souligner que le contexte a chang depuis la publication

    de Lombard street en 1873, avec notamment la

    dsintermdiation qui se trouve au cur des difficults

    actuelles.

    (3) Lindice daccessibilit la proprit (affordability index),

    tabli par la National Association of Realtors (NAR) sur la basedu prix mdian dune maison et du revenu mdian pour un

    mnage contractant un prt couvrant 80% de la valeur du bien,

    sest franchement redress dans les annes 1990 avec la

    baisse des taux. Atteignant 135 la mi 2004, il a chut 99,6

    mi-2006, la modration des prix la conduit ne se redresser

    que trs modestement depuis (104,4 mi-2007). On estime

    quune baisse des prix de lordre 5% serait ncessaire pour

    ramener lindice sa moyenne des annes 1990 (125).

    (4) Pour plus de prcisions, voir J. Kiff et P. Mills : money

    for nothing and checks for free: recent developments inUS subprime mortgage markets, in US: 2007 Article 4

    Consultation, staff report, IMF country report, aot 2007.

    (5) Depuis le tax reform act de 1986 les intrts ne sont

    dductibles que pour les prts hypothcaires, cela a stimul le

    recours ces derniers pour financer des achats de biens de

    consommation ou les dpenses damlioration du logement.

    Lcart entre les crdits hypothcaires distribus et les

    dpenses en investissement rsidentiel, qui ressortait

    4,3 points de RDB en 2005, est revenu 2 points en 2006 et

    0,4 point au premier trimestre 2007.(6) Il faut ajouter cela que les statistiques de stocks et de

    ventes paraissent biaises dans le sens de la sous-estimation.

    En effet, lannulation de contrats de vente nest pas prise en

    compte dans les statistiques. Le nombre de logements vacants

    en hausse de 50% sur un an confirme cette hypothse.(7) On estime, sur la base dun modle prix/loyers, prs de

    10% la baisse des prix qui serait ncessaire pour ramener

    limmobilier sa fair value.

    (8) Ce ntait pas notre analyse, voir par exemple notre

    prsentation des perspectives 2007 in Conjoncture, revue

    mensuelle BNP Paribas, mars 2007, p. 8.

    (9) Voir par exemple : B. Bernanke et M. Gertler : Monetary

    policy and assets price volatility, FRB Kansas City, quatrime

    trimestre 1999. Pour une revue de la littrature, voir

    Ph. dArvisenet : La bulle, la croissance, la banque, inSocital, premier trimestre 2004.

    Octobre 2007 Conjoncture 9

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    8/15Octobre 2007 Conjoncture 10

    Encours de crdit subprime taux ajustable :

    aux de dfaut* par anne dorigination (%)

    (* retard de 60 jours au plus)

    Graphique 1 Sources : Merrill Linch, Intex

    14

    12

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    Dure coule (mois) aprs la date dorigination

    1 13 25 37 49 61 73

    20062005

    2000

    2001

    200220032004

    060402009896949290

    220200

    180

    160

    140

    120

    100

    80

    60

    80

    60

    40

    20

    0

    -20

    -40

    01/90=100 %, glissement annuel

    Graphique 4 Source : Bureau of Census

    Etats-Unis : ventes de logements neufs

    20092008200720062005jusqu' 2004

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    5

    0

    % de l'encours

    Graphique 2 Source : Fitch

    Etats-Unis : chancier d'ajustement de tauxpour les prts subprime

    07050301999795939189878583

    250

    200

    150

    100

    50

    Indice 1983 = 100

    Graphique 5 Source : Bureau of Census

    Etats-Unis : stocks de logements vendre

    Logements neufs vendreLogements anciens vendre

    060402009896949290

    200

    180

    160

    140

    120

    100

    80

    30

    20

    10

    0

    -10

    -20

    01/90=100 %, glissement annuel

    Graphique 3 Source : Bureau of Census

    Etats-Unis : ventes de logements existants

    070503019997959391898785

    40

    30

    20

    10

    0

    -10

    -20

    -30

    -40

    -50

    80

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    glissement annuel, %

    Graphique 6 Sources : BEA, Bureau of Census, NAHB

    Etats-Unis : march de l'immobilier

    Permis de construireInvestissement rsidentielMises en chantierIndice NAHB

  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    9/15Octobre 2007 Conjoncture 11

    060402009896949290888684828078

    15

    10

    5

    0

    -5

    -10

    -15

    60

    40

    20

    0

    -20

    -40

    -60

    Graphique 7 Sources : BEA, BLS

    Etats-Unis : croissance de l'emploi et del'investissement rsidentiel (gliss. annuel, %)

    Emploi dans le secteur de la constructionInvestissement priv rsidentiel, volume

    0604020098969492908886848280

    300

    0

    -300

    -600

    -900

    -1200

    3

    0

    -3

    -6

    -9

    -12

    mds USD, rythme annuel en % du revenu disponible

    Graphique 10 Source : Rserve fdrale (flow of funds)

    Etats-Unis : oprations des mnagessur les actions

    07040198959289868380777471

    8000

    7000

    6000

    5000

    4000

    3000

    6.0

    5.5

    5.0

    4.5

    4.0

    en milliers en % de l'emploi total

    Graphique 8 Source : BLS

    Etats-Unis : emploi dans le secteurde la construction

    20072006200520042003200220012000

    20

    15

    10

    5

    0

    -5

    140

    130

    120

    110

    100

    * un indice 100 indique qu'une famille disposant du revenu mdian

    Graphique 11 Sources : NAR, Standard & Poor's

    Indice "HA"

    Prix du logement Case-Shiller,(Composite 20)glissement annuel %

    peut accder un prt hypothcaire pour l'achat d'un logementde prix mdian, avec un apport initial de 20 %

    Etats-Unis : prix du logement et indice"housing affordability" *

    0604020098969492908886848280

    1400

    1200

    1000

    800

    600

    400

    200

    0

    flux, mds USD

    Graphique 9 Source : Rserve fdrale (flow of funds)

    Etats-Unis : dette hypothcaire et

    investissement rsidentiel

    Dette hypothcaireInvestissement rsidentiel

    06040200989694929088868482807876747270

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    -2

    -4

    -6

    %

    Graphique 12 Sources : BEA, Rserve fdrale

    Priodes de rcession

    Etats-Unis : croissance du PIB et Fed funds

    PIB volume, gliss. annuelFed funds rel

  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    10/15

    Lexception chinoise

    La BoJ a repouss en septembre, tout comme le mois prcdent, lide de relever son taux directeur. Le

    nouveau contexte, cr par la crise financire, sajoute des statistiques dactivit dcevantes et des

    volutions de prix qui laissent le Japon la frontire de la dflation pour carter toute anticipation de

    resserrement dici la fin de lanne. La BCE, aprs avoir laiss entendre, jusqu la mi-aot, quun nouveau

    resserrement devait tre srieusement envisag en septembre, a, sans surprise, choisi le statu quo. Le FOMC,

    tenu le 18 septembre, a, comme prvu, abaiss son objectif pour le taux des Fed funds de 50 points de base (1).

    Les perturbations financires rcentes observes au Royaume-Uni conduisent carter, l aussi, toute

    perspective de resserrement montaire.

    Dans ce contexte, la Chine fait exception. Les autorits chinoises sinquitent de lacclration de linflation etde ses consquences sociopolitiques. La politique de resserrement, quelles ont mise en uvre, na pas, jusqu

    prsent, port beaucoup de fruits.

    Lactivit conomique est reste non seulement trs soutenue mais a mme tendu sacclrer. La

    croissance du PIB a t de 10,1% en 2004, de 10,4% en 2005, de 11,1% en 2006, de 11,5% au premier semestre

    2007 et de 11,9% au second trimestre. Tous les moteurs de la demande globale ont tourn plein rgime : la

    consommation sest inscrite sur une pente de 15,8% en glissement annuel au T2 (14,9% au T1), linvestissement

    en capital fixe sur une pente de 28% (23,7 au T1), tandis que lenvol de lexcdent extrieur (+99% en glissement)

    tmoigne dune contribution des changes la croissance qui est alle en se renforant. Les donnes

    statistiques publies pendant lt nont que confirm ce diagnostic : le glissement annuel de la productionindustrielle sest lev 18% en juillet, les ventes au dtail ont progress dans le mme temps de 16,4%,

    confortant la tendance lacclration observe depuis 2003, la croissance des exportations a bondi pour

    atteindre 34,2%.

    Inquitudes du ct de linflation

    Les prix la consommation ont augment de 6,5% en glissement annuel au mois daot, marquant une

    nouvelle acclration par rapport juillet (5,6%). Linflation, calcule hors alimentation, est limite 0,9%. Les

    prix alimentaires qui psent hauteur d peu prs 1/3 de lindice augmentent de plus de 18% lan,principalement sous leffet de la crise du porc (+70%). En premire analyse, il parat peu judicieux de lutter contre

    une crise doffre sectorielle par un resserrement de politique montaire, mme si lenvol des prix est galement

    constat dans dautres domaines (volailles) et si la hausse des prix alimentaires parat en partie lie au

    comportement du prix des inputs.

    Cest pour cette raison que le secteur bnficie de subventions et que les autorits ont un recours accru aux

    importations. Il reste cependant, au-del de la crise actuelle, que la baisse structurelle des surfaces cultivables

    (-13% en dix ans) et la modification des habitudes alimentaires augurent plutt une hausse tendancielle des prix

    de lalimentation. On peut sinterroger, par ailleurs, sur la qualit de lindice des prix hors alimentation. Les prix

    lexportation, par exemple, qui ne comprennent les produits alimentaires que de faon trs marginale, ontaugment de 8,1% en glissement annuel au premier trimestre 2007 (3,6 en 2006 et 1,1 en 2004).

    Octobre 2007 Conjoncture 12

  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    11/15

    Le dynamisme de la consommation tmoigne dune forte hausse des revenus, bien suprieure celle desbiens de productivit. Il parat, ds lors, trs difficile de comprendre la cohrence qui peut exister entre la hausse

    des cots salariaux unitaires qui en rsultent (8% ?) et le maintien de linflation sous-jacente vers les 1%. La cl

    de ce mystre rside, peut-tre, dans lvolution de la rmunration pour les emplois informels. Il reste que

    leffet modrateur de la masse de main-duvre, passant du secteur rural au secteur urbain, devrait peu peu

    sestomper avec le vieillissement dont les effets sur la population active vont se manifester de faon massive dici

    aux toutes prochaines annes.

    Dans le souci dcarter les excs, les autorits ont t amenes, depuis le milieu de lan dernier, poursuivre

    le resserrement de leur politique.

    Comme on la soulign, le succs est pour lheure limit. Cela nest gure tonnant dans la mesure o le fort

    largissement de lexcdent extrieur soutient la cration de liquidit et que les taux dintrt restent nettement

    infrieurs la croissance. Lagrgat montaire M2 a connu une acclration de sa croissance au cours des

    derniers mois pour atteindre 18,5% en glissement, lagrgat troit M1 augmente pour sa part de 21%, tandis que

    lexpansion du crdit, qui avait t notablement freine, suite aux mesure dencadrement dcides il y a deux

    ans, connat de nouveau, depuis le printemps 2005, une tendance lacclration (16,5% en glissement annuel

    en juillet).

    Depuis la mi-2006, le taux des rserves obligatoires a augment neuf fois pour atteindre 12,5% ( compter

    du 25 septembre).

    Les taux directeurs (taux prteurs 1 an) ont, dans le mme temps, t relevs six fois pour atteindre 7,29%.

    La PBOC sefforce, par ailleurs, de neutraliser les effets de lexcdent de la balance des paiements par lmission

    de titres. Sy ajoute une libration progressive des sorties de capitaux avec, rcemment, le programme autorisant

    les investisseurs du continent investir directement dans des valeurs cotes Hong-Kong. Le lancement dici

    la fin de lanne dun fonds souverain de 200 milliards de dollars, en partie financ par mission, devrait

    galement contribuer limiter la cration de liquidits. Compte tenu, toutefois, des volutions conjoncturelles

    rcentes, et mme si lon peut estimer que le ralentissement amricain est de nature amputer la croissance

    chinoise denviron 1 point (ce qui ne serait pas pour dplaire aux autorits), de nouvelles hausses du taux des

    rserves obligatoires et des taux directeurs doivent tre envisages dici la fin de lanne.

    Philippe dArvisenet

    (1) Voir nos ditos EcoWeek du 31/08/2007 et du 6/09/2007.

    Octobre 2007 Conjoncture 13

  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    12/15

    Lhistoire ne se rpte jamais

    Alors mme que lconomie amricaine ralentissait fortement, la zone euro a renou avec une croissancesoutenue, dpassant le potentiel (2,8% en 2006 et 2,7% attendus en 2007).

    Revenons sur les expriences passes de ralentissement amricain et sur leurs consquences.

    La globalisation, synonyme dintgration conomique et financire accrue, conduit attendre unetransmission plus marque des changements conjoncturels, notamment ceux qui se produisent aux Etats-Unis,compte tenu du poids toujours prpondrant de ceux-ci dans lconomie mondiale.

    La globalisation sest approfondie tant au niveau de lconomie relle qu celui de la sphre financire

    La part des Etats-Unis dans le PIB mondial connat une baisse tendancielle mais reste prdominante. En PPA,

    elle atteint 20,5% du PIB mondial, seulement deux points de moins en trente ans. Bien plus, selon les donnesdu FMI, la part des importations amricaines dans les importations mondiales slve 19,7% contre 15,6% il ya trente ans. Les exportations destination des Etats-Unis, qui reprsentaient 1,5 point de PIB de la zone euroau dbut des annes 1980, tait de lordre de 2,4 points au dbut de la prsente dcennie. Mis part le cas duJapon (2,9 points contre 4), toutes les grandes zones connaissent la mme volution (7,9 contre 6 pour les autrespays industriels, 7 contre 4,8 pour lAsie mergente). Dans le mme temps, cependant, les flux de commerceintra zone ont eu tendance sintensifier (1,5 point de PIB contre 8,3 dans la zone euro, 1,2 contre 5,2 pour lAsiemergente(1)).

    Au plan financier, le poids des Etats-Unis est crasant. Ceux-ci reprsentent 32,8% de la capitalisationboursire mondiale dans la deuxime moiti des annes 1990 mais 44,4% dans la premire moiti des annes2000, selon les donnes du FMI. Lintensification des relations financires a eu pour consquence une forte

    augmentation de la taille des actifs amricains dtenus par ltranger. Ainsi, la part des actifs bruts de la zoneeuro aux Etats-Unis est passe de 3,1% du PIB en 1997 14,1% en 2004(2).

    Paralllement cette monte en puissance des avoirs extrieurs, la corrlation entre les volutions desvariables financires sest intensifie. Selon les estimations du FMI, de 1995-2000, 2000-2005, le taux decorrlation moyen, calcul sur 21 couples de pays parmi ceux du G7, est pass de 0,55 0,69 sur les Bourseset de 0,54 0,80 sur les obligations. Sur la priode 1994-2006, le taux de corrlation entre les pays industrialisset les Etats-Unis ressort prs de 0,7 pour les Bourses et de 0,4 pour les taux courts contre 0,25 pour le PIB.

    A noter que les corrlations ne sont pas stables. Elles tendent augmenter dans les priodes de baisses desmarchs. Ainsi, pour reprendre lexemple du G7, la corrlation entre rendements boursiers mensuels, de 0,6 dans

    la priode o la Bourse amricaine affiche des baisses de 5% ou plus, tombe en dessous de 0,2 lorsque lemarch amricain est haussier. En distinguant chocs communs et chocs spcifiques, Erhman et Al (2005)estiment que 26% des mouvements du march financier europen sont imputables au mouvement du marchamricain (50% pour le march actions), la relation inverse Europe-Etats-Unis a un impact de seulement 8%.

    Les effets des expriences passes de rcessions ou de ralentissements aux Etats-Unis

    Du milieu des annes 1970 nos jours, les Etats-Unis ont connu cinq rcessions et deux ralentissements demilieu de cycle (voir tableau). En moyenne, les rcessions ont amput la croissance amricaine de 3,8 points etla progression du PIB des autres pays industrialiss dans une proportion moiti moindre. Dans les pisodes deralentissement mi-cycle, lincidence sur les pays tiers est, au plus, marginale (cf. tableau).

    Limpact apparent des rcessions amricaines sur les autres pays industriels est loin dtre identique dunercession lautre. Si leur impact apparat particulirement net en 1974-1975 et en 2001, cela tient au fait quun

    Octobre 2007 Conjoncture 14

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    13/15

    choc commun (symtrique) a touch lensemble des pays industriels : le choc ptrolier en 1974-1975 etlclatement de la bulle internet en 2000. La rcession amricaine de 1982 linverse, bien que forte, ne sest

    pas accompagne dune contraction du PIB dans les autres pays industriels. Des circonstances particuliresexpliquent cette configuration : la forte hausse des taux dintrt, pratique par la FED au tournant des annes1970 et 1980, a, en effet, provoqu une importante apprciation du dollar qui a entran une trs netteamlioration de la comptitivit des partenaires des Etats-Unis et, par la suite, des performances de leurcommerce extrieur. Les effets de la rcession du dbut des annes 1990 ont t limits en raison du caractrespcifique de lorigine du ralentissement (crise des savings and loans) et de limpact initialement expansionnistede la runification allemande sur la conjoncture europenne(3).

    Tout ceci montre que les circonstances dans lesquelles interviennent les rcessions jouent un rle cl quant la transmission des cycles.

    On peut esprer quune raction rapide de la Fed puisse carter le risque de rcession. Il reste que lexprience

    montre que lorsque la croissance du PIB revient 2%, elle nen est gnralement pas reste l. Au-del duralentissement amricain, encore appel se prolonger quelques trimestres (4), on peut difficilement considrer lacrise du subprime comme nayant que des consquences limites aux seuls Etats-Unis et au seul secteurimmobilier, contrairement aux espoirs quaffichaient certains au dbut de lt. Ne se rapproche-t-on pas, en fait,du cas de figure du choc symtrique celui qui est naturellement plus proccupant hors des Etats-Unis ?

    Philippe dArvisenet

    (1) La mme volution existe mais de faon nettement moins marque en Afrique, en Amrique latine ou dans les paysdEurope de lEst, les anciennes rpubliques sovitiques.(2) Les chiffres correspondant pour le Japon sont respectivement de 7,8 et 15%, pour les autres pays industriels de 11,9 et21,7%, pour les Dragons et les Tigres dAsie de 0,4 et 5,7% (source FMI).(3) En ce qui concerne les pays mergents, une position budgtaire fragile, avec notamment un endettement en devises, unfort degr douverture financire accroissent la sensibilit des pays concerns aux rcessions amricaines. Lexistence dunrgime de change flexible, au contraire, lattnue. Au dbut des annes 1980, les PVD endetts ont d subir la fois larcession amricaine, la hausse des taux conscutive la politique anti-inflationniste mene par P. Volker, des sorties decapitaux et des dvaluations trs fortes qui ont enchri leurs importations. Les consquences de la rcession amricaine pources pays se sont ainsi trouves exacerbes du fait de leurs caractristiques spcifiques.(4) Cf. ditorial Conjoncture Taux Change Crise financire, scnarios conjoncturels et politique montaire septembre 2007et Conjoncture Octobre 2007.

    Octobre 2007 Conjoncture 15

    Rcessions amricaines

    Ralentissement du milieu

    du cycle

    1974-1975 1980 1982 1991 2001 1986 1995

    Etats-Unis -6,1 -3,4 -4,5 -2,1 -2,9 -0,7 -1,5

    Pays industrialiss -5,4 -1,5 0,4 -1,3 -2,0 -0,1 -0,3

    ableau Source : FMI

  • 8/14/2019 de la crise des subprimes l'economie reelle

    14/15Octobre 2007 Conjoncture 39

    Direction des Etudes Economiques economic-research.bnpparibas.com

    Philippe dARVISENET 01.43.16.95.58 [email protected] Economiste

    ECONOMIES OCDE

    Philippe dARVISENET 01.43.16.95.58 [email protected]

    Eric VERGNAUD 01.42.98.49.80 [email protected] Economies OCDE,questions structurelles, prvisions

    Caroline NEWHOUSE-COHEN 01.43.16.95.50 [email protected]

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    FRANCE, MARCHE DU TRAVAIL ZONE EUROMathieu KAISER 01.55.77.71.89 [email protected]

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    MOYEN-ORIENT SCORINGPascal DEVAUX 01.43.16.95.51 [email protected]

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    15/15

    Bulletin dit par les Etudes Economiques - BNP Paribas

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