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DOSSIER T raçabilité N°58 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 2011 90 Depuis quelques années, l’évolution de la RFID et de l’imagerie numérique a donné naissance à des solutions d’identification totalement automatisées. Leur objectif : accélérer et fiabiliser les flux en entrepôt, notamment à la réception et à l’expédition. Le coût et le retour sur investissement restent des éléments déterminants pour ces systèmes, dont la plupart font toujours l’objet de projets pilotes. De drôles de machines à scruter les flux ©ZETES ©DATAMAN A bas les pistolets ! Que la National Rifle Association se rassure d’em- blée, il ne s’agit pas ici d’armes à feu, mais de terminaux RF (radio- fréquences). Ceux qui servent dans les entrepôts aux opérations manuelles de lecture des codes barres des produits et des palettes en réception et à l’expédition. Ces opérations peuvent demander au final beaucoup de temps à l’opérateur qui doit pour cela interrompre sa tâche en cours : manu- tention, conduite de chariot élévateur ou de trans- palette, filmage, etc. Des solutions basées sur la RFID ou le traitement d’image offrent aujourd’hui la possibilité d’automatiser ces processus indis- pensables à la bonne traçabilité des produits et des palettes, autant pour parer à la perte de colis

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Depuis quelques années, l’évolution de la RFID et del’imagerie numérique a donné naissance à des solutionsd’identification totalement automatisées. Leur objectif :accélérer et fiabiliser les flux en entrepôt, notamment àla réception et à l’expédition. Le coût et le retour surinvestissement restent des éléments déterminants pources systèmes, dont la plupart font toujours l’objet deprojets pilotes.

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Abas les pistolets ! Que la NationalRifle Association se rassure d’em-blée, il ne s’agit pas ici d’armes àfeu, mais de terminaux RF (radio-fréquences). Ceux qui serventdans les entrepôts aux opérationsmanuelles de lecture des codes

barres des produits et des palettes en réception età l’expédition. Ces opérations peuvent demanderau final beaucoup de temps à l’opérateur qui doitpour cela interrompre sa tâche en cours : manu-tention, conduite de chariot élévateur ou de trans-palette, filmage, etc. Des solutions basées sur laRFID ou le traitement d’image offrent aujourd’huila possibilité d’automatiser ces processus indis-pensables à la bonne traçabilité des produits etdes palettes, autant pour parer à la perte de colis

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que pour donner une visibilité en temps réel detout ce qui entre et sort de l’entrepôt, afin d’évi-ter tout risque d’erreur.

Les portiques s’ouvrent à la RFIDPour lire rapidement une grande quantité decodes, la première technologie qui vient à l’espritest la RFID. Des solutions existent chez les inté-grateurs pour la traçabilité des palettes équipéesde tags radiofréquences à l’aide de portiques ins-tallés sur les quais d’expédition des entrepôts. Unefois la préparation de commandes effectuée, l’éti-quette code barres imprimée inclut également untag RFID, qui est associé au numéro SSCC (SerialShipping Container Code) de la palette. Lorsquecette dernière passe sous le portique lors du char-gement du camion, son mouvement est enregistré

automatiquement dans une base de traçabilité. Sicette palette ne fait pas partie de la commande,une alarme se déclenche immédiatement. Unetelle solution est opérationnelle chez DHL Metrodepuis novembre 2008, proposée par Neopost IDsous la forme d’un service facturé au mois (voirSupply Chain Magazine n° 52) qui comprend lalocation des portiques, l’outil de supervision deséquipements à distance, la maintenance, ledéploiement, la formation des utilisateurs, ainsique l’ensemble du système informatique de suivides flux. Plus récemment, l’intégrateur a égale-ment développé un portique extérieur, qui lit enun seul passage la totalité des tags RFID despalettes contenues dans un camion roulant aupas, que ce soit à l’arrivée ou au départ du site. Cetype de solution, un peu avant-gardiste, est

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sérieusement à l’étude chez les grands distribu-teurs. La Scarmor, Centrale d’achat armorique dugroupe Leclerc, a démarré également en 2008 unprojet pilote de traçabilité en temps réel de sesflux palettes depuis leur expédition jusqu’à leurréception en magasins, à l’aide de la RFID avec l’intégrateur Iris-RFID (voir encadré page 96). Là encore, il s’agit d’une solution complète, com-prenant les portiques, mais aussi l’accès à un sys-tème d’information de traçabilité de type « cloud ».L’avantage d’un outil informatique de traçabilitéindépendant du WMS est de pouvoir ouvrir laboucle à d’autres acteurs de la Supply Chain,comme les magasins. Cela évite également l’effortd’intégration du système RFID avec le WMS, quiest généralement conçu pour ne valider une sor-tie expédition et ne décrémenter le stock qu’aprèsqu’un numéro SSCC ait été scanné.

Lecture de masse D’un autre côté, il existe aussi des solutionsd’identification automatisées qui s’appuient sur lalecture de masse, ou en mouvement, des codesbarres traditionnels. Les applications sont nom-breuses : lecture sur convoyeur (acheminement,comptage), lecture sur quai d’expédition ou deréception, contrôle palette, etc. Contrairement auxtechniques de scan à l’aide de lasers qui sont uti-lisées universellement pour la lecture de codebarres 1D, elles sont basées sur des technologiesd’imagerie numérique, tant pour les lecteurs quepour les logiciels de traitement d’images associés.La transition vers le code 2D, en cours dans cer-tains secteurs comme l’industrie pharmaceutique,devrait d’ailleurs démocratiser ce type de solu-tions et contribuer à en baisser les coûts. Car ilsemble que cela constitue le principal frein audéploiement. La solution Visidot, développée parla société israélienne ImageID voilà plus de sixans, compte encore un nombre relativement res-

treint de références commerciales. Le systèmecomprend une ou plusieurs caméras à grandchamp de vision, capables de lire des codes barres1D et 2D, et une partie logiciel s’appuyant sur unpuissant algorithme de décodage pour lire demanière fiable, en un seul passage, plusieurs cen-taines de codes barres présents sur une palette, endétectant les erreurs ou les manquants. Le recoursà l’image offre l’avantage, par rapport à la RFID,de délivrer une information sur la position del’étiquette manquante ou erronée à l’aide de codescouleurs directement sur l’image, ce qui permet àun opérateur d’intervenir immédiatement pourcorriger l’anomalie. « La solution Visidot étaitextrêmement chère, avec un ticket d’entrée à50.000 € et des projets qui pouvaient monterjusqu’à 100.000 €. Le retour sur investissementétait très difficile », nous raconte un ancien inté-grateur de cette technologie. Depuis le rachat fin2009 des activités d’ImageID par l’intégrateurZetes, les choses semblent avoir un peu évolué. « Je dirais qu’un projet Visidot aujourd’hui estcompris en moyenne entre 12.000 et 50.000 €,comprenant le développement spécifique, l’ergo-nomie du logiciel et la formation. Mécaniquement,le rapprochement avec Zetes permet d’étendre lacommercialisation, d’avoir plus de volumes. Deplus, les caméras ont évolué, leur résolution estpassée de trois millions de pixels à 10 millions depixels, ce qui contribue à diminuer le nombre decaméras nécessaires et donc le coût global d’unprojet », affirme Pascal Longchambon, Responsa-ble des solutions automatiques d’identification(UAS) de Zetes.

Dataman contre VisidotL’intégrateur européen compte d’ailleurs sortir ceproduit du marché de niche principal sur lequel ilse trouvait, à savoir le contrôle des expéditionsde palettes, et se positionner plus en amont de la

Johny Mota,ResponsableIdentificationchez Cognex

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chaîne de production, dans l’industrie pharma-ceutique ou dans les cosmétiques par exemple,avec des contraintes de traçabilité très strictes auniveau des contenants et des contenus. « Nous nesommes pas concurrents des caméras à petitschamps de vision et à grande vitesse utilisées surles chaînes au niveau des unités de vente, où lacadence est très rapide. En revanche, la solutionVisidot et son grand champ de vision (1,5 x 3 m) a tout son intérêt pour identifier etvérifier la compatibilité d’un ensemble d’identi-fiants placés dans un carton par exemple », nousconfie Didier Longchambon. L’américain Cognexa adopté une démarche inverse. Présent depuislongtemps dans le monde industriel avec des sys-tèmes d’acquisition et de traitement d’image,Cognex a fait récemment son entrée sur le marchéde la traçabilité dans la logistique avec son sys-tème Dataman 500. « Le capteur est entièrementautonome, il intègre son propre processeur et ilest extrêmement rapide : jusqu’à 1.000 imagespar seconde là où les caméras classiques sont à 60 images par seconde. C’est une rupture techno-logique, le VSOC qui a nécessité 10 M$ d’inves-tissements, qui nous permet de viser lesapplications d’identification et de traçabilité dansla logistique », souligne Johny Mota, Responsa-ble de l’identification chez Cognex France. Leconstructeur prévoit dès 2012 de construire unegamme autour du Dataman 500 pour couvrir unspectre plus large d’applications dans la logis-tique. « Dans l’immédiat, le lecteur est principa-lement conçu pour l’identification automatique decartons petits formats. Une des applications est

l’identification automatique 100 % fiable des pro-duits lors de la préparation de commandes mainslibres, associée par exemple à une solution de VoicePicking ou de Pick to Light », poursuit Johny Mota.Une autre application, plus complexe, consiste àplacer de petits portiques au-dessus des convoyeurspour des applications de routage en centre de tri,avec une meilleure fiabilité que les technologieslaser grâce à la faculté du Dataman 500 de lire descodes barres partiellement détériorés ou édités àpartir d’une imprimante grand public. Par ailleurs,Cognex travaille à l’adaptation du Dataman 500avec un plus grand champ de vision, pour desapplications d’identification multi codes sur palette.« Ce marché est en train d’évoluer. Avec nos tech-nologies d’acquisition rapide de l’image, il n’y auraplus de nécessité de mettre la palette à l’arrêt lorsde l’identification ».

Hypervisium, une solution hybride« Dans les années 90, une station de vision coû-tait aux alentours de 50.000 €. Il n’y a pas de ROIpour la logistique dans cette gamme de prix »,poursuit-il, en précisant que le coût des capteursCognex se situe dans une fourchette entre 800 et5.000 €. Un prix auquel il faudra ajouter les coûtsd’intégration, de mise en place, etc. Car Cognexn’est pas un vendeur de solution. Il est d’ailleursactuellement en discussion avec des intégrateurspour instaurer des partenariats autour de l’offreDataman 500. C’est également la recherche d’unmeilleur retour sur investissement pour les solu-tions d’imagerie en logistique qui a conduit l’in-tégrateur et société de conseil en traçabilitéAcceliis à développer l’année dernière la solutionHypervisium. Contrairement à Visidot, le systèmen’est pas basé à 100 % sur de l’imagerie. La tech-nologie d’imagerie n’est utilisée que pour détecterl’emplacement des codes barres, la lecture étanteffectuée à l’aide d’une technologie laser, moinsonéreuse. Avec un inconvénient : le système nesait pas lire les codes barres 2D de type Datama-trix. « La fiabilité est augmentée, car il y a deux

Pascal Longchambon,Responsable des solutionsautomatiquesd’identification de Zetes

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L’utilisation de l’imageriedonne uneinformationsur la positionde l’étiquettemanquante ou erronée àl’aide de codescouleurs directementsur l’image, ce qui permetà un opérateurd’intervenirimmédiatementpour corrigerl’anomalie.contrôles au lieu d’un. De plus, ce sont des solu-

tions standard qui coûtent moins cher », argumenteBruno Legrand, Directeur Général d’Acceliis, quirevendique pour Hypervisium un ticket d’entréemoyen à environ 30.000 € (y compris la partielogicielle). « L’application principale, c’est lecontrôle à l’expédition, notamment dans des sec-teurs où il faut contrôler beaucoup de palettes etlivrer en J ou J+1, comme dans le frais ou l’ultra-frais. Les contrôles palettes se font avant l’opéra-tion de filmage, à l’aide d’un « totem » positionnéà environ un mètre de la palette. S’il y a besoin descanner les quatre côtés de la palette, on peut uti-liser la table rotative d’une filmeuse automatique »,décrit-il. Une fois les codes barres lus, Hypervi-sium peut rapprocher ces informations du bon decommandes, vérifier la DLC ou le numéro de lot,ou encore contrôler que les colis soient bien posi-

tionnés sur la palette selon les règles métiers. Unpremier site doit être équipé en fin d’année, dansl’agroalimentaire. Acceliis propose aussi depuisplusieurs années le système Monovisium de lec-ture à la volée des codes barres sur les palettes enmouvement, lors du chargement dans lescamions. La solution, installée chez plusieurslogisticiens, s’appuie sur la technologie de lecturelaser traditionnelle, mais avec un lecteur capablede lire à deux mètres de distance un code barresse déplaçant à 50 km/h, avec un angle pouvantvarier de plusieurs dizaines de degrés. D’autresintégrateurs, parmi lesquels Nitica ou e-Dentic(voir encadrés page 96), proposent également dessolutions susceptibles de fluidifier le trafic despalettes en entrepôt, tout en conservant un niveaude traçabilité maximal. Avec quel ROI ? A voscalculettes ! ■ JEAN-LUC ROGNON

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Quand le WMS est branché sur la vidéo HD

Des caméras vidéo haute définition, avec visionà 180°, pour renforcer la traçabilité des flux demarchandises de valeur dans les entrepôts.L’idée vient de la société e-Dentic, basée àVourles, au sud de Lyon. Outre les caméras, sasolution e-Visiom comprend un middlewareinformatique pour faire le lien avec le WMS del’entrepôt. Ainsi, chaque flashage d’un produit,lors de la constitution d'une palette par exem-ple, peut déclen-cher (et associer)un cliché hautedéfinition horo-daté, qui pourraêtre produit aisé-ment en cas delitige. Le systèmecontrôle également en temps réel ce qui sepasse sur les différents postes (préparation decommandes, contrôle, chargement). Des pilotessont actuellement en cours chez plusieurslogisticiens. ■ JLR

L’holonique et la RFID au service de la traçabilitéMais non, l’adjectif holonique ne sort pas de l’imagination féconde d’un scénariste de BattlestarGalactica. Il vient du terme « holon », inventé en 1968 par le biologiste américain Arthur Koestlerpour désigner une entité qui est à la fois un tout et une partie d’un super organisme, à l’image d’unecellule dans un organisme, interagissant avec les autres cellules. Le concept a notamment inspiré larecherche en intelligence artificielle distribuée pour organiser les règles d’interaction complexesentre différentes machines autonomes. Un intégrateur brestois, Iris-RFID, a eu l’idée de l’appliquer

à la logistique, afin de rendre « autonomes » ses lecteurs RFID, qui communi-quent et s’organisent entre eux sans avoir à recourir à une surcouche de super-vision logicielle onéreuse et compliquée à installer et maintenir. « Avec notresolution Π-Tracing, conçue pour offrir une visibilité et une synchronisation en temps réeldes flux palettes, nos portiques RFID se configurent tout seuls et s’auto-synchronisent,ce qui réduit de 40 % la facture totale d’un projet RFID en logistique », affirme PierreDupré, Président et Directeur Technologie chez Iris-RFID. Un long projet pilotedans un entrepôt de la Scarmor, la société d’approvisionnement du GroupeLeclerc en Bretagne, a permis depuis 2008 à Iris-RFID d’affiner son offre, qui s’ap-puie sur des portiques RFID en entrepôt aux quais de réception et d’expédition,ainsi que sur des lecteurs embarqués dans les remorques. L’idée est de remon-ter automatiquement les informations de traçabilité fiables, en temps réel, vers unsystème d’information de type « Cloud », sans avoir à flasher les palettes à lamain. Un déploiement opérationnel devrait voir le jour en 2012. Mais Iris-RFIDpense déjà à étendre son application à une boucle plus ouverte, en traitant le fluxde bout en bout, du producteur au magasin, les différents acteurs de la chaînevenant se greffer au système. « Nous nous basons sur la fiabilité de la RFID pourrevoir la modélisation des flux d’informations des différents acteurs, ce qui évite toutesles consolidations de fichiers EDI qui font perdre du temps et de l’argent sur toute lachaîne logistique », explique Pierre Dupré. Et l’idée fait son chemin, puisqu’un pro-jet est actuellement en cours avec la SICA (le 1er groupement français de pro-ducteurs de fruits et légumes), à Saint Pol de Léon. ■ JLR

Nimo, la traçabilité version 24 h chrono

Comment déployer à la dernière minute un sys-tème complet de traçabilité dans un entrepôttemporaire alors que les produits vont arriver dans les prochaines 24 heures ?C’est en se posant la questionpour l’un de ses clients queNitica a développé le chariotmobile Nimo. Doté d’un écrantactile embarqué et équipé duWMS Nilo de l’intégrateur, cetoutil peut aussi se connecterdirectement au système d’infor-mation de l’entreprise via uneclé 3G. Posté sur les quais de réception ou d’expédition,Nimo peut également lire au volles étiquettes ou les tags despalettes à l’aide d’un lecteurlaser omnidirectionnel Sick oud’un lecteur RFID. Son giropharepeut même donner l’alerte encas d’anomalie. ■ JLR ©

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Salon Auto-ID Expoà Tokyo

Quoi de neuf dans la RFID ?Pionnier des technologies sans fil et sans contact, le Japon reste pour le monde entier un véri-table laboratoire des applications de demain. A ce titre, le salon « Auto-ID Expo », qui setenait cet été pour la 11e fois à Tokyo, est l’occasion d’entrevoir les tendances à venir enmatière de systèmes d’identification automatique. Jean-Michel Mabille, Associé Fondateurdu cabinet de conseil Effixens, était sur place. Il nous livre son analyse des nouveautés.

Pas facile de visiter un salon profession-nel au Japon sans interprète. AutoID2011, qui s’est tenu au Tokyo Big Sightdu 31 Août au 2 Septembre, ne dérogepas à la règle. La plupart des exposants

ne disposent pas d’un personnel bilingue anglais,et encore moins d’une documentation dans cettelangue. Et l’interdiction de prendre des photogra-phies ne facilite pas la tâche du visiteur étranger.Cela dit, il suffit de promener un regard attentifdans les allées pour relever plusieurs points inté-ressants, tant au niveau de la technologie d’iden-tification automatique que de ses applications. Acommencer par ce code barres invisible à l’œil nusur le stand Sato. Une démonstration présentaitune carte postale imprimée avec des motifs variésdont un code barres 2D, inclus dans un dessind’éventail, impossible à identi-fier en tant que code barresmais néanmoins lisible à l’aided’une douchette spéciale, fonc-tionnant en infrarouge. Unetechnologie basée sur une nou-velle forme de cryptage quipourrait également trouver des

applications alternatives dans l’impression d’éti-quettes dont l’information doit persister malgréd’importantes altérations. Lors d’une autre démo,l’étiquette sur laquelle le code barres avait étéimprimé de façon visible, a subi une altérationtotale par application d’une couche de peinturenoire mat appliquée au pistolet. Malgré cela, l’éti-quette reste lisible. Il est donc assez simple d’en-trevoir les applications qu’une telle technologiepeut avoir, dans l’industrie notamment.

Une solution hybride code barres/RFIDAutre élément intéressant présenté sur le standSato, l’étiquette composite « Smart ». Il s’agit icid’un consommable composé d’une étiquetteimprimable à l’intérieur de laquelle on trouve untag RFID fonctionnant en UHF. L’imprimante est

capable, lors de l’impression ducode barres, de lire et écrire enmême temps sur le tag RFID. Cettesolution hybride code barres/RFIDoffre une souplesse au niveau dela Supply Chain globale, permet-tant de soutenir une boucle fer-mée ou semi-ouverte, tout en

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évoluant dans un environnement dans lequel lesacteurs en fin de chaîne ne sont pas (encore) équi-pés de technologie RFID.

Des puces hautement résistantesDans un domaine plus « grand public », KoatsuGas Kogyo faisait la démonstration d’un systèmede traçabilité de bouteilles de gaz composé d’uncollier et de dispositifs de lecture embarqués dansles camions. Bien qu’à destination du public, cetteapplication de Supply Chain reste une boucle fer-mée. Le Taïwanais SAG (Securitag AssemblyGroup) a conçu toute une gamme de tags RFIDfonctionnant en milieu hostile (température trèsbasses ou très élevées, exposition à des acides oudes bases concentrées, etc.). Certains peuventmême résister pendant une demi-heure à des tem-pératures de… 220 °C (UHF On-Metal Stick Tag) !Une autre gamme comprend des tags souples etrésistants en HF (13.56 MHz) et UHF (860-960 Mhz), conçus pour équiper des supportssubissant des déformations importantes ou dontla surface est incurvée.

Du grand public au professionnel ?Pour finir, un domaine réellement grand publicétait présenté en marge de l’exposition AutoID2011 : les applications inattendues de technolo-gies NFC (Near Field Communication) présentesdans certains téléphones. Il est désormais possiblede télécharger pour le système d’exploitationAndroïd une application gratuite qui lit les infor-mations des cartes Suica & Passmo, cartes de

paiement sans contact utilisées au Japon pour lestransports et les achats, notamment dans les dis-tributeurs automatiques. L’opérateur Softbankpermet même de payer directement à partir d’untéléphone. Et bien que cette technologie NFC soitactuellement majoritairement destinée au grandpublic, l’intégration en standard dans les télé-phones offre une véritable passerelle vers defutures applications professionnelles. ■

JEAN-MICHEL MABILLE, EFFIXENS

Il est désormaispossible de téléchargerpour le systèmed’exploitationAndroïd uneapplication gratuite qui litles informationsdes cartes depaiement sanscontact utiliséesau Japon pourles transports et les achats.

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