issue d’une famiLLe de gourmets et de fins connaisseurs, grands producteurs de vins et de porto, Isabelinha a dédié une longue période de sa vie au Brésil où elle s’est consacrée à la décoration d’intérieur, avant de revenir au Portugal. C’est en compagnie de son mari, Tó Zé, qu’elle a redécouvert Comporta.

En approchant de la petite bourgade, le re-gard est attiré par les rizières qui bordent chaque côté de la route. Le riz demeure la ressource de base de la population locale, bien que la région continue d’investir dans la production de patates douces et de vin. Depuis la voiture, on ne peut s’empêcher d’admirer les nids de cigognes installés sur des poteaux électriques. Au dernier vi-rage, à l’entrée du village de Carvalhal, là où tout le monde se retrouve, on s’arrête chez Galpão, le magasin d’antiquités : un bric- à-brac en plein air que Júlio Luis anime depuis presque vingt ans.Nous sommes sur l’Avenida 18 de Dezem-bro, l’axe par lequel transite tout le beau monde. Au programme : un arrêt à l’incon-tournable Pastelaria A Tulipa, le temps d’un café et d’une pâtisserie ; un saut au tout ré-cent magasin d’art et d’objets du décorateur Jacques Grange ; et à côté l’antiquaire José António, de Santa Maria Velharias (tél. 00 351 916 296 639, sur rendez-vous). Ensuite, di-rection la plage du Pego. On se laisse bercer par le son des vagues en humant l’air marin. En sortant de l’eau, on déjeune au Restau-

DÉCOUVERTE par Mário de Castro | photos : Frédéric Ducout

ComportaL’attraction fatale d’une nature préservée

Son nom sonne désormais comme un code que l’on échange entre amis. Située sur la péninsule de Tróia, dans la région du Haut-Alentejo, et inscrite dans la Réserve naturelle de l’estuaire du Sado (l’un des rares fleuves portugais qui court du sud vers le nord), Comporta est une sorte de paradis naturel à environ une heure de Lisbonne, dont les paysages éblouissants changent au gré des saisons. Isabel de Carvalho (Isabelinha pour les intimes) nous a emmenés au milieu des rizières à perte de vue et le long de ses plages de sable baignées par l’océan Atlantique.

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rante O Sal (www.restaurantesal.pt) pour déguster du poisson frais accompagné d’un bon vin portugais. Si en revanche on décide de s’éterniser sur la plage, on peut aussi aller s’affaler sur les poufs du Comporta Café, avant d’envisager une petite sieste.

Dans ce paradis terrestre, les transforma-tions semblent être régentées par cette nature si belle et si préservée. Actuellement s’achève la construction d’un parcours de golf dessiné par l’un des architectes les plus reconnus au monde, le célèbre Tom Fazio, à proximité d’un ensemble de villas et d’hôtels. En 2015 sera d’ailleurs inauguré le Comporta

Dunes, qui intégrera un hôtel de luxe de la chaîne Aman Resorts, un ensemble de villas et un 18 trous. Parmi les autres attractions majeures de Comporta, on s’attardera sur le quai Palafittique, unique en Europe, l’em-barcadère des petits bateaux et le havre des pêcheurs avec leurs carrelets. Le soir, on s’y précipite pour admirer le coucher de soleil.

Les mansardes des élitesSi vous avez décidé de vous rendre à Com-porta à la recherche de célébrités de la jet-set mondiale, vous risquez de faire fausse route  ; vous ne les croiserez pas avec au-tant de facilité qu’à Saint-Tropez, à Capri,

Ibiza ou dans les Hamptons. À Comporta, les résidences des uns et des autres sont relativement protégées des regards des curieux. C’est davantage par le bouche à oreille que l’on saura que Jacques Grange, Christian Louboutin, le peintre Anselm Kiefer, quelques top models et des membres de la famille Espírito Santo, entre autres, y

Ci-dessus : Scènes de la vie quotidienne à Comporta, entre nids de cigognes sur les routes, plages de sable fin, ciel bleu et vagues de l’océan Atlantique. En bas, le fameux Port Palafittique des pêcheurs, situé à quelques kilomètres de Comporta.

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ont trouvé résidence. Depuis la région de Muda et Bicas, entre la plage de Carvalhal et Pego et jusqu’au village de Brejos da Carregueira, des demeures d’exception se cachent à l’abri des regards indiscrets.

Retour au Museu do ArrozIsabel de Carvalho nous fait découvrir son restaurant de Comporta, le “Musée du Riz” (www.restaurantemuseudoarroz.com), au bord des rizières. On y déguste les fameuses croquettes au riz et des spécialités à base de poisson. Avec son mari, Tó Zé Carvalho, elle y organise des fêtes d’exception jusqu’à l’aube. Le plaisir se prolonge par une visite privée des caves de la coopérative voisine du musée, la Herdade da Comporta (www.her-dadedacomporta.pt). Et si l’envie de manger au bord de la mer vous reprend, son autre restaurant, Ilha do Arroz, sur la plage de Com-porta est le spot préféré des surfeurs. Isabel finit par nous entraîner dans son magasin- bazar, Loja do Museu do Arroz, qui ras-semble des curiosités rapportées des quatre

coins du monde. Juste à côté se trouve la pâtisserie de Célia, Eucalyptus Pastelaria, l’endroit idéal pour prendre un petit-déjeuner comme à la maison. Quant à l’épicerie où Isabelinha aime trouver de tout, comme dans un souk, Mercado do Sr. Gomes, elle se situe à deux pas de son magasin.À Comporta se restaurer avec délice ne semble pas être un problème. On retiendra encore le Restaurante Dinis, sur la plage du Carvalhal, où l’on se régale de poisson frais grillé, de sardines et de soupe de poisson. À ne pas manquer non plus, la récente ini-tiative de Gonçalo Marques, créateur de mobilier et cultivateur de légumes bio, dont le marché “com.horta” (www.facebook.com/com.horta) est un succès avéré : chefs et ar-tistes divers attirent beaucoup de monde au-tour de ce marché de spécialités régionales. Côté loisirs, la grande aventure demeure cette promenade en bateau sur l’estuaire du fleuve Sado, où réside une communauté de vingt-cinq grands dauphins que l’on peut observer de très près. On peut également

y faire de la plongée (www.rotasdosal.pt). Si vous optez pour une promenade en catamaran, l’observation des oiseaux ou un tour en jeep, c’est avec Vertigem Azul (www.vertigemazul.com). Et si vous préférez une promenade à cheval sur la plage déserte et privée de Torre, rendez-vous chez Cava-los Na Areia (www.cavalosnaareia. com).

OFFICE DE TOURISME DE L’ALENTEJOWWW.VISITALENTEJO.PT

OÙ DORMIR À COMPORTA ?HERDADE DAS BARRADAS DA SERRAPrès de Grândola : une propriété agricole familiale située au milieu des champs de chênes-lièges.TÉL. 00 351 269 442 320WWW.BARRADASDASERRA.PT

BREJO DA AMADA PRÈS DE GRÂNDOLADes bungalows en bois en pleine nature.TÉL. 00 351 269 440 007WWW.BREJODAMADA.COM

VALE DO GAIO À TORRÃOUn peu en retrait de Comporta, un lieu de rêve, à la nature préservée où officie le chef Vasco Gallego.TÉL. 00 351 265 669 610WWW.CALEDOGAIO.COM

TRÓIA DESIGN HOTELSitué entre la montagne d’Arrábida et l’océan Atlantique, cet hôtel design compte 61 chambres spacieuses et de luxe et 144 suites résidentielles.TÉL. 00 351 265 498 007WWW.TROIADESIGNHOTEL.COM

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Page de gauche : Les bungalows de Brejo da Amada, et l’une des chambres de la propriété Herdade dos Barrancos da Serra. En dessous, les Velharias, le bric-à-brac en plein air de Júlio Luis. Gonçalo Marques promeut le bio via son marché “com.horta”. Parmi les musts d’Isabelinha, une promenade à cheval sur la plage. En bas : Ilha do Sal, le restaurant de la plage de Comporta d’Isabel de Carvalho.

En haut et ci-contre : Les chênes-lièges, atout principal de la région, les écuries de João Bastos, l’éleveur des chevaux lusitains réputés pour leurs performances et une maison-cabane typique de Comporta, entièrement recouverte de chaume. À droite : les rizières au bord de l’estuaire du Sado.

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La maison d’Isabel de CarvalhoUn charme bien portugais !

à comporta, isaBeL de carvaLho a rénové pour elle-même une maison de 90 m2. C’est une architecture typique de la région qui tient du cabanon, chic évidemment, mais qui rap-pelle aussi par certains aspects celle des maisons de pêcheurs. “J’ai utilisé le concept ‘keep it simple’, que je ne saurais trop re-commander ici tant il est emblématique. Le cabanon est une construction traditionnelle des maisons de pêcheurs de la région de Carrasqueira, avec ses planches en bois travaillées en hauteur et un toit en chaume.”

En fait, la bâtisse a fait l’objet d’une recons-truction : le cabanon d’origine a été entiè-rement démonté puis reconstruit dans le respect de ses proportions initiales. Bien sûr, des travaux d’aménagement ont été réalisés afin de moderniser l’infrastructure. Côté décoration, la propriétaire a tiré parti des pièces qu’elle rapporte de ses nom-breux voyages. “Chaque fois que je vois un objet qui me plaît, je l’achète même si je ne sais pas ce que je vais en faire… Lorsque j’ai besoin de décorer un espace, je n’aime pas

avoir à courir dans tous les sens, j’évite ain-si le stress. Le sofa à rayures, par exemple, c’est le premier que j’ai dessiné moi-même, à São Paulo, lorsque j’y travaillais avec Pedro Espírito Santo et Frederico D’Orey au magasin Armazém. Il ne m’a pas quittée depuis 1984 et il a déjà connu différentes ta-pisseries. La plus récente est une toile rayée de Provence.”L’origine et la trajectoire sont deux sujets de réflexion chez Isabelinha. À vingt-quatre ans, elle part à São Paulo, où elle reste sept

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ans et travaille en tant qu’architecte d’inté-rieur et designer. Une séparation la ramène vers son Portugal natal. Elle y a “défini-tivement” scellé son point d’attache à Comporta. “Mon mari a toujours travaillé dans la restauration, et en particulier dans les bars de plage. Comme j’adore cuisiner, nous avons décidé d’assembler nos énergies et, en 1993, nous avons ouvert un bar. En 1995, nous avons crée le Museu do Arroz, comme une extension du véritable Musée du Riz, en restaurant.”

Quand on lui demande ce qui est abso-lument indispensable pour vivre dans une maison comme la sienne, Isabel de Carvalho répond : “Le confort en harmonie avec l’esthétique. Si le projet de la maison est pratique, la décoration doit aller de pair. Bien que nous soyons à la plage, il est important pour moi que la décoration soit soignée, car nous avons toujours be-soin de regarder de belles choses, même pendant les vacances, et également de nous relaxer.”

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Ci-dessus : Tout le charme sans prétention d’une maison-cabane typique : table basse en bois de coco du Brésil, céramique de Rafael Bordalo Pinheiro, table-tronc de Miguel Catrica, tapis tissé main et chaise typique de l’Alentejo, boîtes sculptures sous-verre et fonds de couleur de Paula Gil (boutique Loja do Museu do Arroz), abat-jour de recyclage (Area, Lisbonne).Dans la chambre, la simplicité d’un art de vivre voulu par Isabel de Carvalho, avec un air de vacances et d’hôtel à la mer.