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Le magazine des diplômés de l’EPFL Décembre 2016 N o 5 TRANSMISSION DE PRÉSIDENCE Interview avec Martin Vetterli et Patrick Aebischer Les ingénieurs ont-ils du goût? p. 30 Un alumnus chez Ferrari p. 12

Transcript of Décembre 2016 n 5 NOIR,

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Le magazine des diplômés de l’EPFL

Décembre 2016 no 5

Transmission De présiDence

interview avec martin Vetterli et patrick aebischer

Les ingénieurs ont-ils du goût? p. 30

Un alumnus chez Ferrari p. 12

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05.11.201623.04.2017

Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

Bâtiment ArtLab ma-di 11 h - 18 h je 11 h - 20 h

artlab.epfl.chfg-art.org

NOIR,C’EST NOIR ?

Les Outrenoirs de Pierre SoulagesUne exposition à la croisée de l’art et de la science

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Alumnist Préambule

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l’occasion de discuter de ces différents enjeux, et d’autres, lors du premier Gala des Alumni qui s’est déroulé le 4 novembre 2016 et auquel 650 participants avaient répondu présents. Ce fut pour moi une magnifique opportunité de mesurer votre attachement à l’EPFL et je me réjouis des nombreuses autres occasions de vous rencontrer qui jalonneront les années à venir. En tant que diplômé-e, chacune et chacun d’entre vous est amba-ssadeur de l’Ecole et contribue à son image d’excellence par sa carrière, ses projets, ou son domaine de recherche.

L’EPFL vous doit beaucoup. Je souhaite que les prochaines années soient pour vous l’occasion de continuer à ressentir pour elle de la fierté et de l’émotion. ||

Chères diplômées, chers diplômés,

A compter du 1er janvier 2017, j’aurai l’honneur d’assurer la fonction de pré-

sident de l’EPFL. Je prendrai ainsi la suc-cession de Patrick Aebischer, que je tiens ici à saluer pour ses seize années à la tête

de l’Ecole. Nous lui devons la progression spectaculaire connue sur cette période,

qui fait aujourd’hui de l’EPFL l’égale des grandes universités internationales.

Pour ma part, je mettrai toute mon énergie au service de l’Ecole. C’est une joie et

un plaisir de contribuer aux prochaines étapes de son développement.

L’intelligence artificielle, les Big Data, l’apprentissage automatique…

Ces enjeux technologiques et bien d’autres constituent autant de défis sur

lesquels l’EPFL doit se tenir à l’avant-garde de ce que

sera la société de demain, comme elle a toujours été capable de le faire. J’ai eu

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demain, comme elle a toujours été

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Martin Vetterli,Président de l’EPFL dès le 1er janvier 2017

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Alumnist Edito

S o m m a i r eE d i t o

Chères diplômées, chers diplômés,

Notoriété, ouverture sur le monde, évolution du campus… L’EPFL a fortement progressé au cours des seize dernières années et restera indéniablement marquée par la Présidence de Patrick Aebischer, qui quittera ses fonctions fin décembre 2016. Au nom de toute la communauté alumni, nous le remercions chaleureusement d’avoir tant contri-bué à faire de votre Ecole ce qu’elle est aujourd’hui. Nous souhaitons également la bienvenue à son successeur Martin Vetterli (PhD IN’86), dont le mandat débutera le 1er janvier 2017 et avec qui de forts liens se sont d’ores et déjà tissés.

Le 4 novembre dernier, nous vous avions conviés à venir célébrer votre Ecole lors du tout premier Gala des alumni qui s’est tenu au Rolex Learning Center. Ce fut l’occasion d’assister aux échanges entre Patrick Aebischer et Martin Vetterli, et d’en apprendre plus sur leurs visions de l’Ecole et de son réseau des diplômés. Ce fut également l’occasion de renouer avec vos anciens camarades, de visiter en exclusivité le nouveau bâtiment ArtLab, ou encore de profiter de diverses animations et de notre soirée dansante. Nous sommes fiers et émus de voir avec quel engouement vous avez répondu à notre invitation: pas moins de 650 diplômé-e-s et leurs accompagnant-e-s sont venus porter haut les couleurs de l’Ecole.

Porter haut les couleurs de l’Ecole, c’est aussi ce que nous vous proposons à travers la nouvelle gamme de vêtements EPFL. T-shirts, casquettes, sweats à capuche: nous avons conçu pour vous de nouveaux produits colorés et de grande qualité qui, nous l’espérons, vous plairont et vous accom-pagneront dans votre vie quotidienne.

Avec des articles variés pour vous informer sur votre Ecole et nos services, ainsi qu’une pointe d’information technologique, nous espérons que vous prendrez plaisir à découvrir ce magazine et plus largement à rester en contact avec votre réseau alumni. Bonne lecture! ||

Annelies Garcia, directrice de l’EPFL Alumni

Un noUVEAU �shoP» EPFLL’EPFL Alumni a conçu une nouvelle gamme de vêtements aux couleurs de l’Ecole.

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TrAnsMission dE PrésidEncEPatrick Aebischer et Martin Vetterli reviennent sur les défis que l’EPFL devra relever au cours des prochaines années. Interview.

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couverture: Patrick Aebischer et Martin Vetterli devant l’œuvre d’art «Big Bang» d’Etienne Krähenbühl, située entre deux pavillons du bâtiment ArtLab.

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Alumnist Sommaire

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FErrAri, UnE dEUxièME MAisonMattia Binotto (GM’94) a été nommé directeur technique de l’écurie de Formule 1 de la marque l’été passé. Il revient sur son parcours.

dEs ALUMni chEz nEsTLéLe géant veveysan emploie plus de 250 diplômés de l’EPFL. Portraits.

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dEsiGn: LEs inGéniEUrs onT-iLs dU GoûT?Trop souvent considéré comme un simple travail sur l’apparence, le design a longtemps fait mauvais ménage avec l’ingénierie. Décryptage.

GALA dEs ALUMniQuelque 650 personnes étaient présentes lors de la soirée de gala organisée le 4 novembre dernier par l’EPFL Alumni.

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N o T R E R é S E A u à L o N D R E S

RENCoNTRE à L’AMBASSADE DE SuISSE à LoNDRES

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L’événement a rassemblé les alumni de différentes universités, ainsi que les membres de l’ambassade et de différentes institutions suisses. Dr Sarah Springman, rectrice de l’ETH Zurich, en était l’invitée d’honneur. Une vingtaine d’alumni de l’EPFL étaient présents.

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Alumnist Antennes

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C ’ E S T A R R I V é P R è S D E C h E z V o u S

VISITE Du TuNNEL Du GoThARD

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L’association EPFL Alumni Suisse orientale a proposé une visite du nouveau tunnel du Gothard qui, avec ses 57 km, constitue le plus long tunnel ferroviaire du monde. La visite s’est déroulée avant sa mise en service et les diplômé-e-s de l’Ecole ont disposé à cette occasion de leur propre wagon.

CRéATIoN DE L’ANTENNE LuxEMBouRG3 A o û T 2 0 1 6

Après la création de l’antenne allemande en juin 2016, l’EPFL Alumni est également pré-sente au Luxembourg depuis l’été. Vingt-cinq diplômé-e-s de l’Ecole étaient présents pour cette première rencontre. Un second événe-ment s’est déroulé le 15 novembre dernier à l’ambassade de Suisse, au cours duquel M. l’Ambassadeur Urs Hammer s’est exprimé sur les relations entre les deux pays.

éVéNEMENT ENTREPRENEuRIAT à ShANGhAI

2 1 o C T o B R E

Les antennes alumni de l’EPFL et de l’ETH Zurich ont coorganisé un événement autour de l’entrepreneuriat à Shanghai le 21 octobre 2016. L’intervenant principal était le «serial entrepreneur» Josh Gardner, qui a partagé son expérience sur la création de start-up. Celui-ci a fondé six entreprises en seize ans, en Chine et à l’étranger.

La majeure partie des présidents d’antennes EPFL Alumni à travers le monde était réunie sur le campus le 3 novembre 2016. La journée fut l’occasion d’échanger autour du rôle et des enjeux de ces antennes, entre autres constituer le meilleur relais possible de l’EPFL à l’échelle locale et organiser des événements fédérateurs.

derrière (de gauche à droite):Antoine Emery (MX’11, Etats-Unis Midwest), Christian Simm (PhD PH’87, Etats-Unis Côte Ouest), Tarik Kapic (SC’03, Suisse BE-FR-NE-JU), Aurelio Cortese (SV’12, Osaka), Cédric Meichtry (SC’06, Suisse orientale), John Walch (CGC’11, Londres), Kim-Van Ho-Dac (IN’07, Singapour).

devant (de gauche à droite):Barbara Maim (PhD IN’09, Bangalore), Marie-Christine Sawley (PhD PH’85, Paris), Khélil Chaibi (GM’88, Tunisie), Johann Marty (SC’05, Montréal), Pierre-Antoine Sondag (IN’13, Luxembourg), Gilles Savary (PhD MX’93, Allemagne), Roland Mattis (EL’84, Israël), Allan Estivalet (GC’08, Etats-Unis Côte Est), Zhanbing Ren (PhD EL’90, Chine), Carolina Ödman-Govender (PH’00, Afrique australe).

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Alumnist Antennes

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P rès de 3’000 personnes étaient réunies au SwissTech Convention Center en ce samedi

1er octobre 2016. Entourés de leurs camarades et de leurs proches, 976 étu-diants sont entrés dans une nouvelle vie: celle de diplômé EPFL.

Ils ont eu l’occasion deux heures durant de se remé-morer leur parcours et de découvrir ce que l’avenir pourrait leur réserver, à travers les carrières et accomplissements de cher-cheurs, professeurs, et bien sûr alumni de l’Ecole. Trois d’entre eux ont reçu un Alumni Award à cette occa-sion: Irina du Bois (CGC’70), Roland Loos (EL’87) et Silvio Napoli (Mx’89).

Bienvenue aux 976 nouveaux alumniLa Magistrale 2016 s’est déroulée le 1er octobre. une cérémonie vivante et émouvante au cours de laquelle près de 1’000

étudiantes et étudiants EPFL ont reçu leur diplôme, entrant ainsi dans la communauté alumni.

Texte:Arnaud Aubelle

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Alumnist Magistrale

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S I L V I o N A P o L I ( M x ’ 8 9 )

Après quelques années dans l’industrie chez Dow Chemical en Allemagne et un MBA de la Harvard Business School, Silvio Napoli rejoint Schindler en 1994, dont il pilote l’implantation sur le marché indien. S’ensuit une carrière de plus de vingt années au sein du groupe, dont il est nommé CEO en janvier 2014, fonction occupée jusqu’en avril 2016. A cette date, il est nommé président du conseil d’administration exécutif du groupe.

R o L A N D L o o S ( E L ’ 8 7 )

En 2000, Roland Loos crée sa propre entreprise, NewSat Communication, qui propose des solutions de communication à des grands groupes pétroliers et gaziers. Succès commercial, NewSat est rachetée par Panasonic Avionics Corporation en 2015. Disposant de plus de temps libre, Roland Loos s’investit dès lors dans les projets EPFL: bénévolement dans les MOOCs de l’EPFL en Afrique, en investissant et administrant des start-up du campus, ainsi qu’en soutenant financièrement la recherche en neuroréhabilitation du laboratoire du Prof. Grégoire Courtine.

I R I N A D u B o I S( C G C ’ 7 0 )

Née en Roumanie, Irina du Bois reçoit un diplôme en chimie de l’EPFL en 1970. Elle entre chez Nestlé dans la réglementation alimentaire et gravit les échelons pour devenir en 1986 la première femme directrice adjointe de la société, responsable des affaires réglementaires et environnementales. Elle quitte Nestlé en 2010 et siège au conseil d’administration de Givaudan jusqu’en 2014. Suite au décès de son mari, professeur d’histoire à l’IHEID à Genève, en 2007, elle crée la Fondation Pierre du Bois afin de soutenir la recherche en histoire du temps présent. Elle en assure la Présidence depuis 2008.

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Alumnist Magistrale

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dE noUVEAUx VêTEMEnTs PoUr PorTEr hAUT

LEs coULEUrs

dE L’EPFL

Au cours de l’année 2016, la fierté de la communauté EPFL envers son Ecole s’est manifestée de bien des manières.

Ce fut par exemple le cas lors de la course des 20 km de Lausanne, au cours de laquelle une marée de 500 coureurs arborant le même t-shirt aux couleurs de l’Ecole a déferlé. Le succès rencontré à cette occasion, appuyé par les demandes reçues de la part de diplômé-e-s désireux de porter haut les couleurs de l’Ecole aux quatre coins du monde, a amené la boutique de l’EPFL à faire peau neuve.

Porté par l’EPFL Alumni, le projet vient de voir le jour et une quinzaine de nouveaux produits sont désormais disponibles. T-shirts, polos, casquettes, sweats à capuche, pour femmes, hommes et enfants: il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs! En tout, une quinzaine de nouveaux produits est proposée à la vente. La production a fait l’objet d’une attention toute particulière, et les nouveaux vêtements sont intégralement produits en Europe à partir de matières de qualité. Ils respectent notamment les labels Oeko-Tex (exempts de produits toxiques pour le corps et pour l'environnement) et GOTS (Global Organic Textile Standard).

Les vêtements sont disponibles dès à présent sur shop.epfl.ch! Si vous êtes de passage sur le campus, vous pourrez également les trouver au Shop EPFL (sur l’Esplanade, au point information) ainsi qu’à la Librairie La Fontaine du Rolex Learning Center. ||

shop.epfl.ch

La boutique de l’EPFL a fait peau neuve. Elle propose plusieurs t-shirts,

polos et sweats à capuche inédits.Texte:

Arnaud Aubelle

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E n Formule 1, tout est affaire de dépassement. Dépassement de la concurrence sur les pistes des Grands

Prix, dépassement de soi dans les coulisses. Chez Ferrari, le besoin de résultats est permanent et l’objectif en début de saison identique chaque année: gagner. une philosophie qui est aussi celle de Mattia Binotto, nommé directeur technique à l’été 2016 après plus de vingt ans au sein de l’écurie.

Son diplôme d’ingénieur mécanicien EPFL en poche en 1994, il complète son cursus par un postgrade en ingénierie automobile à Modène, en Italie, près des racines de sa famille maternelle, mais aussi du siège de Ferrari, qu’il rejoint comme stagiaire en 1995. Après des débuts sur les pistes d’essais privés, il devient en 1997 ingénieur moteur auprès des pilotes, les accompa-gnant désormais durant les Grands Prix qui se déroulent aux quatre coins du monde de mars à novembre. Il est l’un des ingé-nieurs personnels de Michael Schumacher au début des années 2000, alors que celui-ci accumule les titres de Champion du Monde, qui en font aujourd’hui encore le pilote le plus titré de son sport. «C’est un immense champion, sans aucun doute le pilote qui m’a le plus marqué. un grand professionnel, aussi exigeant avec les autres qu’avec lui-même. Mais aussi quelqu’un de solidaire et d’altruiste, pour qui l’équipe compte.»

Alumnist Portrait

Mattia Binotto, le rouge au cœurEntré chez Ferrari comme stagiaire dans les années 1990, Mattia Binotto (GM’94) est devenu l’été passé le directeur technique de l’écurie de Formule 1 de la marque.

Retour sur un parcours passionnant, du rouge de l’EPFL à celui de la Scuderia.Texte:

Arnaud Aubelle

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L’esprit d’équipe: une valeur également chère à Mattia Binotto. Désormais direc-teur technique de la Scuderia, il place l’aspect humain au cœur de son métier. Le contact quotidien avec les ouvriers et les ingénieurs qui l’entourent participe à une énergie collective grâce à laquelle chacun peut vivre pleinement son métier avec passion. L’aspect technique reste bien entendu primordial, et en vingt ans, Mattia Binotto a vu les Formule 1 se complexifier de manière exponen-tielle, tant au niveau des châssis que des moteurs. «A mes débuts, il était encore possible de travailler indépendamment sur chaque élément de la voiture, mais aujourd’hui, on ne peut plus aborder une Formule 1 comme la somme de ses parties. Tout est lié: avoir une vision globale est l’élément clé.»

inVEsTissEMEnT dE ToUs LEs insTAnTsLa compétition sportive impose ses exigences, notamment en termes d’échéances. «Si une voiture destinée au commerce n’est pas prête, on peut en repousser la date de sortie, explique-t-il. C’est en revanche impossible en Formule 1 du fait des dates des Grands Prix.» De même, il faut être capable de répondre à des problématiques spécifiques et ponctuelles, imposées par la technique, les aléas des Grands Prix, et de nombreux autres paramètres. Ce qui fait dire à Mat-tia Binotto qu’«une bonne idée n’est pas une bonne idée si elle n’arrive pas au bon moment». Autrement dit, le succès est intimement lié à la capacité d’une écurie à gérer le timing.

Cette pression du calendrier et des résul-tats, couplée à la complexité technique des véhicules, demande un investisse-ment de tous les instants. Avec près de deux cents jours passés à l’étranger lors de certaines saisons, un tel métier a donc bien évidemment une influence directe sur la vie personnelle. Mais pour Mattia Binotto, le bonheur est contagieux et son épanouissement professionnel déteint

sur sa vie privée. La situation géographique de Ferrari – seule écurie de Formule 1 en Italie quand de nombreuses autres sont domiciliées en Angleterre – participe au sentiment d’attachement que ses salariés ressentent, et à l’affection de tout un pays pour «sa» Scuderia. Après plus de deux décennies, la fidélité de Mattia permis d’évoluer, reste sans faille. A tel point qu’il appelle l’entreprise sa «deuxième maison».

De ses années à l’EPFL, il conserve un souvenir ému et une grande recon-naissance. «J’ai passé cinq superbes années à l’Ecole. Les nombreux travaux pratiques effectués ont été extrêmement utiles au début de ma carrière, notam-ment par rapport à d’autres ingénieurs à la formation plus académique.» Cette reconnaissance concerne aussi l’éthique de travail et la rigueur acquises à l’EPFL, qu’il décrit comme certains

des fondements de sa carrière chez Ferrari. «Cette capacité à anticiper et à trouver une solution pour chaque obstacle, assimilée à l’EPFL et durant ma scolarité en Suisse, couplée à une forme de créativité très italienne, forme le socle de ma carrière et participe aux succès collectifs de l’écurie.»

Lorsqu’on l’interroge sur ses meilleurs souvenirs professionnels, Mattia Binotto évoque les victoires et les émotions partagées en équipe. D’un point de vue technique, en revanche, il n’y a jamais d’aboutissement: «La plus belle voiture, c’est toujours celle de l’année prochaine!» De l’enfant qui, au côté de son grand-père, regardait les Grands Prix avec ses yeux de tifoso, au directeur technique qu’il est devenu, c’est le même amour qui vibre: celui du défi, de la compétition et de la marque au cheval cabré. ||

Alumnist Portrait

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Alumnist Entreprise

nestlé, un nid de talents issus de l’EPFLLe géant basé à Vevey emploie actuellement plus de 250 diplômés

de l’EPFL dans des fonctions allant de vice-président à responsable du Corporate Engineering, en passant par biostatisticien ou operation Manager chargé du canal des ventes aux consommateurs. Portraits choisis.

Texte:William Türler

et Arnaud Aubelle

Photos:Thierry Parel

L es débouchés pour les diplômés de l’EPFL sont nombreux au sein de Nestlé. La multinationale recherche régulièrement des ingénieurs et des scientifiques pour étoffer les équipes

de ses 450 usines et de ses 40 sites de recherche & développement à travers le monde, indique la responsable du recrutement Laurence Briola. Ces collaborateurs sont amenés à gérer des projets dans les différents sites du Groupe, requérant

des compétences en physique, thermodynamique, chimie, mécanique des fluides, ou encore en génie civil ou en gestion de la chaîne logistique. Des qualifications dans la gestion de l’environnement et du développement durable sont aussi les bienvenues, tout comme dans les technologies alimentaires, le développement clinique, l’assurance qualité, la bio-informa-tique ou encore la neurobiologie moléculaire et cellulaire.

Magdi Batato est né en Egypte en 1959. Diplômé de l’EPFL en Génie mécanique en 1982 et après avoir

obtenu son doctorat en 1988, il complète sa formation au fil de sa carrière par un Program for Executive Development à l’IMD de Lausanne ainsi qu’un diplôme en International Manufacturing à l’Insead.

Après des débuts comme professeur as-sistant à l’EPFL, il rejoint Nestlé en 1991 en tant qu’ingénieur aux services indus-triels, énergétiques et environnementaux dans différents pays tels que l’Allemagne,

le Liban ou l’Afrique du Sud. Nommé en 2004 directeur de production pour Nestlé en Malaisie, sa carrière le mène par la suite en Angleterre et au Pakistan. Il revient en Suisse en octobre 2015 à l’occasion de sa nomination comme vice-président exécutif (directeur général) chargé des opérations. Ces déménagements succes-sifs ne se sont pas faits sans contraintes pour sa famille: «Je suis extrêmement reconnaissant envers mon épouse et mes enfants d’avoir accepté ces nombreux changements. Je leur dois en grande partie ma carrière.»

En tant que responsable des opérations pour le groupe Nestlé, il dirige 170’000 personnes, 436 usines et est chargé, entre autres, des achats du groupe, de la production ainsi que de la logistique et des transports. Parmi les nombreux défis auxquels il doit répondre, Magdi Batato en mentionne trois qui lui tiennent particulièrement à cœur: «Générer plus de croissance (en partenariat avec les unités d’Affaires Stratégiques et le département R&D), continuer de former de nouveaux talents – clés de notre réussite – et accélérer l’adaptation des opérations dans un monde en changement continu.»

L’industrie est confrontée au développe-ment de nouvelles connaissances dans les domaines des sciences de la vie, de l’intelligence artificielle ou encore de la robotique. «La convergence de ces différents savoirs et leur interaction avec le monde digital offrent des opportunités uniques aux entreprises comme Nestlé. La capacité de ces sociétés à innover sera déterminante pour leur succès et leur croissance futurs.» Selon Magdi Batato, les entreprises qui réussiront sont celles qui s’adaptent et s’ouvrent à de nouvelles façons de travailler et qui collaborent de plus en plus entre elles ainsi qu’avec les hautes écoles, instituts de recherche et start-up.

Magdi Batato section Génie mécaniqueAnnée d'obtention du diplôme 1982Poste Executive Vice President, Head of OperationsAge 57 ans

«Former de nouveaux talents et accélérer l’adaptation des opérations dans un monde en changement continu.»

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Alumnist Entreprise

A près son école primaire supérieure à Montreux et une école de raccor-dement à Lausanne, Daniel Naegeli

rejoint l’EPFL en Mécanique générale et Microtechnique. A la suite de ses études, il passe trois ans au sein d’un bureau d’ingénieurs conseils en logistique à Vevey, puis rejoint, en 1982, Nestec, la société d’assistance technique pour les produits Nestlé. Il est formé à l’interne durant une année au sein de plusieurs fabriques européennes du groupe. Il est ensuite transféré en Afrique du Sud, à Taïwan et en Corée du Sud, afin de réali-ser de nouvelles lignes de production et fabriques de café soluble. En 1990, il revient au siège international de Nestlé à Vevey et travaille à l’assis-tance technique aux marchés dans l’unité «Cafés et Boissons». Quelques années plus tard, il part à Londres pour travailler en tant qu’ingénieur de fabrique, avant de revenir en Suisse, au PTC orbe (Product Technology Center pour boissons et céréales), comme responsable de l’ingénierie.

Il dirige aujourd’hui le département Factory Projects au sein de Corporate Engineering au siège international de Vevey. Ce secteur définit et maintient le référentiel des processus liés à la gestion de projets et assure la formation et le coaching au sein des différents marchés. L’assimilation de connaissances fonda-mentales en mécanique, physique, chimie et électricité l’a aidé à trouver des solutions pragmatiques: «Durant mes années de jeune ingénieur de projet, je devais faire face aux difficultés seul, sans l’aide d’un ordinateur ni de collègues.» De même, sa formation à l’EPFL lui a permis «d’acquérir une approche méthodique pour résoudre de nouveaux problèmes et aborder des sujets inédits».

daniel naegeli section Génie mécaniqueAnnée d'obtention du diplôme 1979 Poste Head of CO-Engineering / Factory ProjectsAge 63 ans

«Durant mes années de jeune ingénieur, je devais faire face aux difficultés sans l'aide d'un ordinateur.»

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D iplômée de Mathématiques en 2007, Audrey Mabillard commence sa carrière dans l’industrie la même

année. Après avoir travaillé trois ans chez Capital Group Companies (l’un des trois plus grands organismes de gestion de fonds de pension au monde) à Genève, puis avoir fait un stage chez Purina, l’entité de Nestlé spécialisée dans la nourriture pour animaux, Audrey Mabillard poursuit sa carrière au sein de la multinationale, notamment chez Nescafé & Dolce Gusto. Elle est à présent la «cheffe d’orchestre des opérations» du canal des ventes directes aux con-sommateurs. Il s’agit essentiellement «d’assurer la coordination et la qualité de l’exécution de tous les intervenants pour 19 Nestlé Shops – des magasins

répartis dans toute la Suisse dans lesquels Nestlé vend ses marques phares – et le site internet, dans des domaines variés tels que des campagnes publicitaires, la mise en avant de produits ou l’ouverture de nouveaux points de vente».

Pour elle, l’EPFL est en premier lieu «l’assurance d’un solide bagage acadé-mique transmis par des enseignants pas-sionnés». Mais pas uniquement: «Au-delà des connaissances techniques, cette école m’a permis de développer une véritable manière de fonctionner. Très vite, j’ai appris à travailler en groupe, à utiliser les forces de chacun pour être plus perfor-mante, à échanger et écouter les idées de tous pour obtenir des résultats innovants. Cette manière de fonctionner, je la retrouve quotidiennement chez Nestlé.»

L’Ecole lui a aussi appris à appréhen-der des problématiques complexes de manière pragmatique. «une sorte de confiance que tout peut s’expliquer, se comprendre et que tout problème a une solution.» En évoluant dans le domaine de la gestion de chaînes logis-tiques, où des problématiques impliquant plusieurs intervenants doivent souvent être résolues très rapidement, cette manière de rester toujours orienté vers la solution l’a beaucoup aidée. «J’ai aussi compris que, dans les cas réels, les problèmes se résolvent rarement avec une solution unique, mais débouchent souvent sur plusieurs possibilités, et nécessitent des compromis.»

«A l'EPFL, j'ai appris à travailler en groupe, à utiliser les forces de chacun pour être plus performante.»

Alumnist Entreprise

Audrey Mabillard section MathématiquesAnnée d'obtention du diplôme 2007 Poste Operation Manager –

Direct to Consumer (Nestlé Shop & e-commerce)Age 32 ans

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Alumnist Entreprise

Maya shevlyakova section MathématiquesAnnée d'obtention du diplôme 2008 Poste BiostatisticienneAge 32 ans

«Ma formation de biostatisticienne est essentielle dans mon travail, car j'analyse des données tous les jours.»

nEsTLé, En BrEF

Fondée il y a 150 ans à Vevey par l’inventeur visionnaire Henri Nestlé, l’entreprise obtient rapidement une notoriété internationale grâce à sa farine lactée, le premier aliment développé spécifiquement pour les nourrissons. Depuis lors, Nestlé est devenu le numéro un mondial du marché de l’alimentation. Durant les dix dernières années, l’entreprise a créé près de 4’500 nouvelles places de travail en Suisse, de sorte qu’elle y emploie aujourd’hui environ 11'000 collaborateurs. Parmi ceux-ci, de très nombreux chercheurs, la Suisse bénéficiant d’environ 60% du budget de la recherche du groupe. Le campus de l’EPFL héberge d’ailleurs diverses équipes de scientifiques au sein du Nestlé Institut for Health Science. Quelque 250 diplômés de l’EPFL sont actuellement actifs au sein de la société.

O riginaire de Saint-Pétersbourg, Maya Shevlyakova y a effectué ses études en mathématiques et infor-

matique. Elle rejoint ensuite l’EPFL afin de se spécialiser en statistiques. Après un Master en mathématiques appliquées en 2008 – pendant lequel elle a choisi de suivre l’intégralité des cours disponibles en statistiques – et un stage à l’oNu, elle poursuit avec une thèse en statistiques. Elle est engagée chez Nestlé, au Centre de Recherche, peu après l’obtention de son doctorat en 2013. Aujourd’hui, elle travaille dans le domaine de la recherche clinique. Avec ses collègues, elle est responsable de la conception, de l’exécu-tion, de l’analyse et de la dissémination des résultats des essais cliniques dirigés par la multinationale.

«Ma formation est essentielle dans mon travail, car j’analyse des données tous les jours. Mon doctorat, au cours duquel je me suis spécialisée dans les statistiques multivariées, m’est très utile: cette expertise me permet d’être impliquée dans plusieurs projets inno-vants où de larges volumes de données sont à traiter.»

Elle souligne l’importance de savoir expliquer des concepts statistiques d’une manière simple, notamment lors de la conception d’une étude où elle est en contact avec des scientifiques de domaines très variés (allant de la physio-logie du muscle à la nutrition infantile). une faculté qu’elle a également pu développer durant sa formation à l’EPFL.

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Transmission de présidence entre Patrick Aebischer et Martin Vetterli

Alumnist Interview

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Alumnist Interview

Des défis technologiques au rôle des alumni, Patrick Aebischer, président jusqu’à fin 2016,

et Martin Vetterli, son successeur dès janvier 2017, ont accepté de partager avec Alumnist ce qui fera l’EPFL de demain.

Propos recueillis par:Annelies Garcia

et Arnaud Aubelle

Photos:Thierry Parel

Depuis sa création en 1969, l’EPFL n’a connu que quatre présidents. Martin Vetterli sera le cinquième. Né à Soleure en 1957, il entrera en fonction le 1er janvier 2017.

Il connaît bien l’EPFL pour y avoir obtenu son Doctorat en informatique et commu-nications en 1986, et en avoir été de 2004 à 2011 le vice-président, chargé des relations internationales puis des affaires institutionnelles. Le futur président a également étudié à l’EPFz, où il a décroché un Diplôme en génie électrique en 1981, avant d’effectuer un Master de sciences à Stanford un an plus tard. De 2013 à 2016, il préside le Conseil national de la recherche du Fonds national suisse (FNS).

Martin Vetterli succède à Patrick Aebischer, né en 1954, qui aura passé presque dix-sept ans à la tête de l’Ecole. Le Fribourgeois a marqué les esprits par les réalisations accomplies durant son mandat: l’élargisse-ment des champs de recherche et d’ensei-gnement, la création d’un campus vivant, ou encore le développement du mécénat et du sponsoring industriel. Interview.

Alumnist: L’une des forces de l’EPFL est d’anticiper les défis technologiques du futur. Quels sont selon vous ceux qui transformeront notre façon de vivre et de travailler dans les prochaines années?PATrick AEBischEr: En 2000, nous avons axé le développement de l’Ecole autour du concept «Info-nano-bio-cogno», c’est-à-dire la convergence entre les technologies de l’information, la nanotechnologie, la biotechnologie et les sciences cognitives. Il y aura, dans les années à venir, une amplification à la fois des enjeux liés à ces domaines, et de leur convergence.

MArTin VETTErLi: Les évolutions ont aujourd’hui un impact direct sur la société réelle: le Big Data, l’intelligence artificielle, ou encore l’apprentissage automatique en sont des exemples. Dans ces domaines, un institut de technologie tel que l’EPFL est à l’avant-garde de ce que sera la socié-té de demain. C’est passionnant, car les innovations se traduisent immédiatement dans la manière dont les gens vivent. Au moment de mes études, cela prenait une génération pour que les industries s’en emparent!

PA: un autre défi concerne la nouvelle dimension que prennent les sciences humaines, en particulier les humanités numériques. Au-delà du digital, on peut également identifier deux autres enjeux majeurs. Tout d’abord l’impression tridimensionnelle, qui va totalement transformer les objets de notre quotidien, leur design et l’utilisation que nous en faisons. Mais aussi l’édition génomique, notamment à travers la technologie CRISPR-Cas9 (pour Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats, ndlr). Il s’agit d’un nouvel outil très puissant de la biotechnologie.

MV: La rapidité de ces évolutions nous met devant des questions intéressantes. Que l’on pense aux voitures autonomes, à la médecine digitale ou aux programmes comme AlphaGo (un programme informatique capable de jouer au jeu de go qui a battu l’un des meilleurs joueurs humains en 2016, ndlr), les machines deviennent des boîtes noires qui résolvent des problèmes, mais dont on connaît mal les limites. Si on est un «geek» responsable, il faut s’interroger sur l’impact que cela aura sur la société. La législation se penchera probablement sur ces questions, mais cela signifie aussi que nos étudiants, professeurs, cher-cheurs doivent être conscients de leurs responsabilités. La science, les nouvelles technologies et les questions de société sont beaucoup plus imbriquées qu’elles ne l’étaient par le passé.

comment ces enjeux doivent-ils s’intégrer à l’échelle de l’Ecole?PA: Il existe de plus en plus de ponts entre les disciplines. Les grands projets sont à ce titre un outil de premier ordre: la Venice Time Machine (qui ambitionne de numériser et modéliser les archives de la ville de Venise, ndlr) ou encore le Human Brain Project (qui vise à simuler le fonction nement du cerveau humain grâce à un superordinateur, ndlr) font appel à de nombreux domaines et sont utiles autant pour la recherche que pour la visibilité de l’EPFL. De ce point de vue, la jeunesse est un atout, car les jeunes ont moins un côté purement disciplinaire.

MV: A leurs connaissances de base, nos étudiants doivent ajouter un savoir-faire,

«Les machines deviennent des boîtes noires qui résolvent des problèmes, mais dont on connaît mal les limites. Il faut s’interroger sur l’impact que cela aura sur la société.» Martin Vetterli

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Alumnist Interview

une pensée computationnelle. Face à un problème, ils doivent être capables de contextualiser, analyser et modéliser pour parvenir à la solution. De Léonard de Vinci, qui représentait la connaissance totale, nous sommes arrivés à des blocs de connaissances séparés. Je ne dis pas que nous allons tous devoir redevenir des de Vinci, mais il est peu probable que, dans vingt ans, les métiers appris s’exercent de la même manière. C’est cette dimension qu’il faut ajouter à notre enseignement pour aider nos étudiants dans leurs futures carrières. Il en va de même du côté des chercheurs. La science des données est par exemple transversale: elle concerne l’informatique, les statis-tiques, les mathématiques, ou encore la médecine. Ces différentes disciplines doivent pouvoir travailler conjointement.

Patrick Aebischer, quelles sont les réalisations pour lesquelles vous souhaiteriez que l’on se souvienne de votre Présidence?PA: Même si ce n’est pas le plus visible, ce sont tout d’abord les changements organisationnels du type tenure-track ou «école doctorale», qui ont permis à l’ex-cellence et aux talents de s’exprimer ici en Suisse. L’objectif était d’éviter ce qui a pu se produire pour d’autres générations: être contraint de traverser l’Atlantique pour s’épanouir.

La création de facultés dirigées par des doyens dotés d’une vision stratégique afin d’élargir la plateforme de recherche, mais aussi d’attirer et conserver les talents, tant du côté des professeurs que des étu-diants, a été un autre élément important. Ces changements de structure sont enfin passés par l’élargissement du périmètre de l’Ecole, comme par exemple avec le transfert des Mathématiques, de la Chimie et de la Physique de l’uNIL à l’EPFL ainsi que la création de la Faculté des sciences de la vie. Ces transformations

ont permis à l’EPFL de passer d’une simple école d’ingénieurs à un institut technologique de niveau mondial.

Le second aspect est le fait d’avoir un campus vivant. En 2000, si vous veniez le soir ou le week-end, il n’y avait rien! 1500 étudiants y habitent aujourd’hui: c’est une véritable petite ville. Les nou-veaux bâtiments, pour certains ouverts le soir comme le Rolex Learning Center ou l’ArtLab, participent à ce dynamisme.

Martin Vetterli, quels sont les grands axes que vous souhaitez donner à votre future Présidence?MV: L’objectif est que l’EPFL continue sa trajectoire ascendante, dans un envi-ronnement plus complexe qu’au début des années 2000. un des axes majeurs sera la reproductibilité de la science. Il est temps d’utiliser la puissance d’internet afin que la science se pratique de manière plus moderne. Cela passe par des change-ments culturels et l’EPFL, par sa jeunesse, a une agilité que nous pouvons activer. Si de nouvelles habitudes sont prises dans certains domaines scientifiques, cela se propagera aux disciplines qui leur sont liées.

L’activité scientifique est une activité sociale: nous ne travaillons pas pour l’argent, mais pour accumuler du capital social. Sa valorisation passe par le libre accès. A travers l’Ecole, le contribuable paye pour que la recherche soit faite, puis publiée. Et une nouvelle fois pour que cette recherche soit mise en libre accès. Ceci est un scandale: la commu-nauté scientifique suisse doit trouver des accords avec les éditeurs pour ne pas payer trois fois la mise en libre accès d’une même recherche. Ce sont les données ouvertes qui permettent de nouvelles découvertes. une publication n’a d’impact que rendue publique.

un autre enjeu sera d’être plus présent dans toute la Suisse. De ce point de vue, les antennes EPFL (Microcity à Neuchâtel, le Smart Living Lab à Fribourg, etc.) sont extrêmement intéressantes, même si nous devons encore nous ajuster à la complexité organisationnelle qui en découle. Nous devons également collaborer davantage avec l’EThz: nous sommes plus forts ensemble.

Nous devons enfin déterminer quelle taille nous voulons pour l’Ecole et si nous voulons ou non augmenter le nombre d’étudiants et de professeurs. Nous devons définir notre identité culturelle. Nous sommes déjà une voix très originale dans le système suisse, il faut conserver cette capacité à innover.

Beaucoup de nouveaux bâtiments ont vu le jour sur le campus au cours des seize dernières années. ce développement va-t-il se poursuivre?MV: J’aimerais d’abord saluer le déve-loppement du campus. Des bâtiments comme le Rolex Learning Center ou l’ArtLab sont essentiels et constituent de véritables repères architecturaux.

«Il est temps d’utiliser la puissance d’internet afin que la science se pratique de manière plus moderne.» Martin Vetterli

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Alumnist Interview

PA: Pour le futur, une densification est possible partout sur le campus. on peut donc à la fois densifier, élever et étendre.

MV: Il existe plusieurs projets, comme le Student center. Il s’agirait d’un bâti-ment multifonctionnel pour les étudiants, les alumni et les associations, et poten-tiellement un hackerspace (espace où se partagent ressources et savoir, ndlr). Gardons également en tête que nous sommes sur un campus qui aura bientôt 50 ans. Pour certains bâtiments qui ne sont plus tout à fait contemporains, on peut imaginer des projets novateurs qui iraient au-delà de la simple rénovation. Il y a enfin la partie nord, où des espaces restent possibles et où nous envisageons d’attirer la recherche de grands groupes, comme nous le faisons déjà au Parc de l’Innovation. Très peu d’universités au monde en sont capables.

L’EPFL est parfois perçue comme une école riche. Pensez-vous que cette image soit justifiée? PA: L’EPFL n’est pas aussi riche qu’on le pense. Le MIT, qui a environ le même nombre d’étudiants que l’EPFL, a un budget de plus de 3 milliards. Lorsque je suis arrivé à l’EPFL, le budget s’élevait à 460 millions; aujourd’hui, il devrait pour la première fois atteindre le milliard. Notre budget est bien plus modeste que celui d’oxford, de Cambridge, ou de l’EThz.

MV: oui, tout est relatif. La vraie question est: sommes-nous assez efficaces par rapport au budget que nous avons? Selon moi, la réponse est clairement oui.

PA: La performance de l’EPFL par rapport à son budget est hors normes.

Quelle est la politique de l’Ecole en termes de fundraising?MV: Le fundraising est un point clé, mais ne doit jamais remplacer le financement de base de la Confédération. Ce dernier correspond environ aux deux tiers du budget de l’Ecole; nous allons chercher un tiers à l’extérieur. C’est un bon équi-libre. L’EPFL reste une école publique et a un contrat social avec le contribuable. Pour certains projets originaux et ambi-tieux, il est cependant indispensable de trouver d’autres financements.

PA: Lorsque je suis arrivé en 2000, le fund raising ne faisait pas vraiment partie du métier, mais celui-ci a beaucoup changé jusqu’à en devenir une compo-sante essentielle.

Quel rôle les alumni ont-ils à jouer pour une école comme l’EPFL? comment voyez-vous les futurs enjeux qui leur sont liés?PA: Le rôle des alumni dans le développe-ment de l’EPFL est majeur. Ils constituent la «carte de visite» de l’Ecole et témoignent de la qualité de sa formation.

MV: Quand je voyage à travers le monde et rencontre des diplômés, je les vois fiers de leur école: c’est très touchant. Ils ont été marqués par leur expérience

et sont reconnaissants pour les oppor-tunités qui se sont présentées suite à leurs études.

PA: La vie sur le campus joue un rôle décisif sur le lien entre les futurs diplômés et l’Ecole. Il faut qu’ils ressentent de l’émotion vis-à-vis de l’EPFL, en retirent de la fierté, pour qu’ils aient, à terme, envie de l’aider. Chacun compte, que ce soit en portant les couleurs de l’Ecole tout au long de sa carrière, ou par des donations pour ceux qui le peuvent.

MV: Nous devons avoir un dialogue très ouvert avec nos alumni. Il faut identifier des projets sur lesquels, seuls ou en groupe, ils peuvent faire une différence par leurs financements. Il y a des projets très originaux, notamment en lien direct avec l’éducation, sur lesquels ils peuvent jouer un rôle clé.

comment se passe concrètement la transition entre les deux présidences?MV: Patrick Aebischer et moi nous connaissons depuis longtemps. La connivence est réelle, pas seule-ment de circonstance. Nous partageons beaucoup d’idées.

PA: oui, je dirais que nous sommes d’accord sur 95% des sujets, et c’est un taux élevé! Nous avons la même vision et la même expérience, par notre parcours aux Etats-unis par exemple.

MV: Concrètement, nous nous voyons une fois par semaine en moyenne. Il y a une entente excellente pour que le passage se passe le mieux possible.

PA: outre les dossiers, il faut également assurer une transmission du réseau, même si personnaliser des interactions demande bien sûr du temps.

«Le rôle des alumni dans le développement de l’EPFL est majeur. Ils constituent la ‘carte de visite' de l’Ecole et témoignent de la qualité de sa formation.» Patrick Aebischer

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Alumnist Interview

Martin Vetterli, quelles sont selon vous les trois principales qualités de votre prédécesseur?MV: C’est un visionnaire et une personne charismatique. Ce sont deux qualités es-sentielles et très développées chez Patrick. C’est aussi quelqu’un de courageux. on ne voit pas publiquement tout ce qu’il a dû faire. C’est enfin un «constructeur», à la fois physiquement sur le campus, mais aussi en ce qui concerne les chan-gements de fond, comme la Faculté des sciences de la vie, qu’il a créée contre vents et marées.

Patrick Aebischer, quelles sont celles de votre successeur?PA: Martin est un excellent scientifique: c’est une qualité fondamentale pour diriger une école comme la nôtre. La crédibilité qu’il donne à l’EPFL par son propre parcours est énorme. C’est un grand connaisseur de la politique suisse et de Berne, grâce à son mandat au FNS. Enfin, il a une qualité que je n’ai pas: il parle parfaitement le suisse-allemand!

Quel lien allez-vous garder avec l’Ecole après votre Présidence?PA: Je serai impliqué au sein de l’Ecole à 50% dans les années à venir. Je souhaite m’investir dans le développement de l’écosystème EPFL à travers ses start-up. J’ai reçu des offres importantes, y compris de grandes universités internationales, mais c’est à l’EPFL que je souhaite m’en-gager: cette Ecole vous colle à la peau! J’aimerais aussi participer à la mise en place de grandes fondations qui soutien-dront l’Ecole. J’aurai un bureau au Quartier de l’innovation, ce qui me donnera une position extérieure à l’Ecole, tout en continuant à profiter du campus.

Martin Vetterli, faut-il s’attendre à des changements organisationnels dès le début de votre Présidence?MV: Il y a certains changements organi-sationnels, mais ce sont plutôt des variations de la formule existante. Il s’agit d’aménagements plus que de change-ments de fond. La structure actuelle est bonne.

La fonction de président d’une école comme l’EPFL englobe de nombreux rôles. Quel est selon vous le plus important d’entre eux?PA: Le président doit avoir une excellente compréhension de la science et de l’académique. Il doit aussi être un bon communicant et un fundraiser efficace. Il faut enfin avoir le courage de prendre des décisions difficiles en gardant en tête les intérêts de l’Ecole.

MV: Le rôle le plus important du président est de représenter l’EPFL à l’extérieur, à l’échelle suisse, européenne ou mondiale selon le sujet. Pour cela, il faut savoir s’entourer et déléguer: l’EPFL doit être capable de tourner toute seule sous les impulsions du président.

chacun de vous a, de par sa personnalité et son parcours, ses inclinations. cela a-t-il eu ou aura-t-il une incidence sur votre Présidence?

MV: Je suis curieux de nature, j’ai navigué dans de nombreux domaines, donc je me penche beaucoup sur les disciplines que je connais moins. Par ailleurs, je peux être très critique sur les domaines qui sont les miens. Nous avons tous différents modèles et il faut s’intéresser aux méthodes des autres.

PA: Bien sûr, chacun vient avec ses propres sensibilités, mais il est faux de penser qu’on met davantage l’accent sur un domaine plutôt qu’un autre. Le président est celui de toute l’Ecole. L’une des premières priorités d’un président est d’ailleurs de s’assurer que les disciplines qui ne sont pas les siennes sont entre de bonnes mains.

comment supporte-t-on le stress inhérent à ce type de position?MV: Le poste est certainement exigeant, mais c’est ce pour quoi nous avons signé.

PA: Il faut être capable de relativiser. A ce titre, ma formation de médecin a probablement été pour moi une bonne école de management, car elle implique de savoir trier les informations et prendre du recul.

Quels sont vos hobbies?MV: Je suis passionné par la musique: il m’arrive de jouer pour me détendre. De manière générale, je suis intéressé par les arts. Côté sport, je fais de la marche, ainsi que du ski de fond, de la randonnée, et de temps en temps un peu de méditation.

PA: Ça se voit probablement, j’ai un côté «churchillien»: j’aime manger et je fais peu de sport! Lorsque je voyage, j’aime beaucoup aller à l’opéra ou dans les musées. L’automne dernier, j’étais à Londres et n’avais que peu de temps disponible. J’ai tout de même trouvé quelques instants pour visiter le Tate Modern. C’est un lieu incroyable.

Patrick Aebischer, à quoi ressemble la journée type d’un président?PA: La fonction représente 80 à 100 heures de travail par semaine, avec beaucoup de rendez-vous, trois ou quatre dîners… Et le week-end pour réellement travailler. Beaucoup de voyages en avion et en train. Je dors quatre ou cinq heures par nuit. Le plus important reste la santé et la résistance physique. Mais Martin sera seulement le cinquième président depuis la création de l’Ecole en 1969. C’est donc qu’on y dure.

Martin Vetterli, à quoi ressemble la journée type d’un futur président?MV: Il n’y a pas de journée type, il faut sans cesse jongler avec l’agenda. Il y a malheureusement certaines choses que le manque de temps impose de laisser de côté, comme l’enseignement. C’est exigeant mentalement mais aussi extrê-mement intéressant de par la variété des situations et des interlocuteurs. Il faut savoir passer d’un contexte à un autre. Cela demande une certaine agilité mentale. ||

«Le président doit avoir le courage de prendre des décisions difficiles en gardant en tête les intérêts de l’Ecole.» Patrick Aebischer

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Alumnist

Un outil pour recruter les alumni EPF

L' EPFL Alumni propose depuis un an un service aux entreprises faci-litant leurs recrutements d’alumni.

Depuis octobre 2016, ce service intègre également les diplômés de l’ETh zurich et est désormais riche de 55’000 contacts. Cet outil unique en son genre permet aux employeurs de recevoir des candidatures en adéquation avec leurs attentes et de gagner du temps dans leurs recherches. François de Leymarie, responsable du service carrière de l’EPFL Alumni, nous explique son fonctionnement et ses avantages.

Quelles sont les difficultés des entreprises pour recruter leurs talents?Aujourd’hui, il est difficile de savoir dans quels outils de sourcing investir, tant les canaux sont nombreux. L’abondance de candidatures non pertinentes rend le processus de sélection très chro-nophage. Pour autant, les candidats qui ont le profil et le potentiel demandés sont rares. La problématique reste de toucher et d’attirer les meilleurs talents pour le poste à pourvoir, qu’ils soient en fonction ou en recherche active.

Quelle est la plus-value de la campagne ciblée d’acquisition de talents EPFL-EThz?Elle permet aux entreprises de toucher en une fois plusieurs centaines de candidats potentiels, dûment diplômés et qualifiés, sans avoir à les identifier et à les contacter un par un, via LinkedIn ou en faisant appel à un chasseur de têtes par exemple. Nous opérons une sélection dans notre base de données à partir de certains critères définis avec l’employeur: formation, industrie, localisation, langues, etc. Puis nous présentons l’offre d’emploi à cette sélection de diplômés. Le contact avec ces derniers se fait via leur adresse e-mail, vérifiée et active, et les entre-prises ont une exclusivité de six

semaines sur des postes similaires. Nous fournissons également au client un retour précis sur le nombre de personnes qui se sont intéressées aux postes proposés. L’employeur reçoit directement les candidatures via le canal de son choix.

Et pour les alumni contactés?Ils se voient proposer ponctuellement un ou plusieurs postes en adéquation avec leur domaine d’expertise et leur lieu de résidence. Nous sélectionnons avec soin les entreprises et la pertinence des postes, afin de rester au plus près des attentes des diplômés. Et bien sûr nous ne transmettons jamais de données personnelles.

Quels sont les résultats?Ils sont très positifs, en particulier sur les postes d’expertise technique et de management. Comme toujours, ce sont les clients qui en parlent le mieux. ||

L’EPFL et l’EThz proposent aux entreprises un service de recrutement innovant, leur permettant de cibler

les profils qui les intéressent le plus.

Texte:Arnaud Aubelle

Emploi

cisco sysTEMs roLLE, décEMBrE 2015

«Grâce à cette campagne, nous avons pu pro-mouvoir notre offre d’emploi directement auprès de la communauté des diplômés EPFL qui nous intéresse. Par ce vecteur, nous avons rapidement reçu et shortlisté une très bonne candidature qui s’est avérée être la meilleure pour le poste.»

dEViLLArd GEnèVE, AoûT 2016

«Notre groupe a fait appel à l’EPFL Alumni pour le recrutement de notre directeur technique, un poste stratégique pour nos activités et notre développement. La campagne ciblée nous a permis de recevoir une dizaine de candidatures et de retenir quatre candidats en adéquation avec nos attentes. Nous sommes très satisfaits d’avoir pu attirer autant de candidats EPFL grâce à ce nouveau canal de recrutement.»

Plus d’informations: www.epflalumni.ch/ companies

Contact: [email protected] ou +41 21 693 30 02

DR

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«C e qui m’a marqué dans la section architecture, c’est l’ouverture à des

points de vue différents. Cette diversité se retrouvait autant du côté des étudiants que des enseignants. Aujourd’hui, à Pont12, un bureau fondé en 2003 avec deux autres alumni de l’EPFL, j’ai conservé cette dynamique de travail tournée vers l’échange.

Après mes études, c’était la crise dans le milieu de la construction. J’ai donné des cours d’informatique avant de décrocher en 1996 un poste d’assistant à l’EPFL en architecture. La même année, et parallèlement à un poste

Au-delà de leur passion commune pour l’architecture, un même esprit d’ouverture anime quatre alumni,

diplômés entre 1972 et 2009. Ils partagent leurs expériences.

Texte:Jessica Richard

«M es études se sont déroulées essentiel-lement à l’avenue

de Cour 33 à Lausanne, dans un ancien hôtel qui regroupait les différentes sections de l’institution. De cette période, j’espère avoir conservé auto-nomie, curiosité, rigueur et méthodologie de projet.

Par la suite, j’ai passé deux ans dans l’atelier du professeur Pierre Foretay, puis dans celui du professeur Jean-Marc Lamunière de 1982 à 1984. Ce début de carrière m’a per-mis de développer les bases acquises à l’Ecole. J’ai ensuite fondé mon propre bureau en 1986. Aujourd’hui, je le dirige

avec deux associés et nous employons 44 personnes. Plus des deux tiers sont d’ailleurs issus de l’EPFL. Je vais régu-lièrement y suivre les travaux de master: le niveau est plus impressionnant chaque année!

La variété des thèmes, le souci du détail, le travail d’équipe et la collaboration interdisci-plinaire sont au cœur de notre réflexion quotidienne. En cela, les valeurs transmises par l’Ecole sont précieuses.»

DR DR

Architecture

dans un bureau à Lausanne chez François Jolliet et Pier Lovat, j’ai également participé à plusieurs concours. La collaboration avec mes associés actuels remonte à cette époque. Lorsque nous avons remporté le concours international d’architecture EuRoPAN, le déclic s’est produit: nous avons fondé Pont12.

Avec le recul, j’identifie une correspondance entre ma vision du métier d’architecte, que je compare à un chef d’orchestre, et la variété des cours à l’EPFL, à cheval entre les disciplines scientifiques et humanistes.»

«Les valeurs transmises par l’Ecole sont précieuses»

«Une dynamique de travail tournée vers l’échange»

Alumnist Section

JEAn-BAPTisTE FErrAri, 1972 Cofondateur et directeur

de Ferrari Architectes, Lausanne, Suisse.

GUy nicoLLiEr, 1994 Cofondateur et associé de Pont12 Architectes,

Chavannes-près-Renens, Suisse

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«A l’EPFL, j’ai particu-lièrement apprécié l’ouverture à des

connaissances issues d’une multitude de domaines. Les portes des professeurs étaient toujours ouvertes. Dès que j’arrivais avec une idée, j’étais sûr de trouver des étudiants et enseignants prêts à foncer. Je me souviens d’une collabo-ration avec le docteur hervé Lissek au sujet d’un projet sur la visualisation du son. une expérience incroyable.

une année après l’obtention de mon diplôme, j’ai eu l’op-portunité de diriger un studio pour l’enseignement de la première année sous la super-

DR

vision du professeur Dieter Dietz. En trois ans, j’ai suivi environ 80 étudiants. un tra-vail enrichissant, car je devais transmettre une manière de penser, critiquer leurs travaux et les accompagner dans leurs réalisations.

Parallèlement à cet engage-ment à mi-temps, j’ai ouvert Index Architectes avec Wynd van der Woude, avec qui j’avais fait mes études et mes stages. Nous sommes à présent quatre à y travailler.»

«Les portes des professeurs étaient toujours ouvertes»

«Je jongle entre l’architecture et la musique»

«J e garde un souvenir intense de mes études. on ne comptait pas les

heures lorsque l’on travaillait sur un projet. Nous passions des nuits blanches dans les locaux situés à l’avenue de l’Eglise-Anglaise à Lausanne. Mon cursus est atypique: en parallèle de ma formation à l’EPFL, j’ai étudié la musique au Conservatoire de Lausanne. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs ouverts. Mon tra-vail de diplôme en 1996 mêlait l’opéra et la scénographie.

Le chant, le graphisme, la scène et l’architecture composent mon parcours. Je retiens de l’architecture cette exigence

de cohérence. Tous ces axes se rejoignent lorsque je m’attèle à un projet. Que je sois en train de composer un album ou un plan, la structure reste la même. Après avoir réalisé des projets artistiques, notam-ment de scénographie pour l’opéra de Lausanne en 1998 et 2006, j’occupe aujourd’hui un poste d’architecte cheffe de projet chez Blueprint. Mais la musique fait toujours partie de ma vie. Je jongle entre les deux domaines.»

DR

ALExAndrE noëL, 2009Cofondateur et codirecteur

chez Index Architectes, Lausanne, Suisse

Alumnist Section

rAchEL hAMEL, 1996 Architecte chez Blueprint,

Riex, Suisse

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Volée de Mécanique 1985 que sont-ils devenus?

T ous les diplômés de l’EPFL n’ont pas poursuivi une carrière dans la branche qu’ils avaient initialement

étudiée. Parmi les 32 alumni de la volée Mécanique 1985, certains travaillent dé-sormais dans des domaines très différents tels que le management, l’informatique, ou encore la finance. D’autres ont, au contraire, choisi de rester dans le secteur

car, pour eux, le travail technique demeure une vocation.

Texte:Lauren hostettler

JALEL EddinE hEnchiri 58 AnsTUnis, TUnisiE

«Au cours de ma carrière, je me suis petit à petit éloigné de ma formation initiale d’ingé-nieur en machines hydrauliques. Après l’EPFL, j’ai obtenu en 1987 un MBA en management et sys-tème d’information à l’Université de San Diego en Californie. Je suis parti en 1988 pour Tunis où j’ai rejoint Citibank en tant que chargé de clientèle. J’en suis devenu vice-pré-sident responsable des crédits en 1994. Aujourd’hui, je cumule les casquettes: je gère la société américaine de sécurité électronique l’Ange Gardien depuis 1997, ainsi qu’un hôtel à Djerba depuis 2011. Je fais aussi partie des conseils d’administration de plusieurs fédérations hôtelières.»

isABELLE BErETTA-PiccoLi55 AnsEnTrE LUGAno (Ti), sUissE, ET MoscoU, rUssiE

«Je suis entrée dans l’entre-prise internationale de conseil Accenture en 1988 et y ai officié cinq ans en tant que conseillère informatique. A partir de 1995, j’ai passé cinq ans au Credit Suisse dans le marketing et le conseil financier, puis j’ai travaillé dans la gestion de capitaux chez UBS jusqu’en 2013.

Entre 1995 et 2013, j’ai voyagé dans plusieurs pays d’Asie, dont la Russie. Cela m’a ouvert de nouveaux hori-zons et m’a permis d’apprendre le russe. Aujourd’hui, je gère en tant qu’indépen-dante les affaires de Russes ayant investi à l’étranger.»

Alumnist Volée

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ULdEric roVirA coMALAT 55 AnsArEnys dE MUnT, EsPAGnE

«Entre mon diplôme et le service militaire espagnol, j'ai travaillé deux ans et demi comme assistant d'enseignement à l’EPFL au sein de la chaire de construc-tion de machines du Prof. Georges Spinnler. Je suis ensuite

retourné en Espagne et ai, en 1988, passé quelques mois dans

une société espagnole produi-sant des pièces de chantier.

En janvier 1989, je suis entré chez l’équipementier automobile Valeo où j’ai occupé plusieurs fonctions dans le domaine de la climatisation. Aujourd’hui ingénieur produit expert dans ce domaine, j’aime particulièrement résoudre des problèmes tech-niques et améliorer la qualité des produits. Ce sont de vrais défis!»

DR

FrAnÇois JoLLEs 54 AnssAinT-LéGiEr (Vd), sUissE

«Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été nommé assis-tant au Laboratoire de thermique appliquée et turbomachines de l’EPFL. J’ai ensuite effectué un postgrade en Informatique tech-nique. Cette branche n’en était à l’époque qu’à ses balbutiements. J’ai d’ailleurs rédigé mon travail de diplôme sur une machine à écrire! Je suis entré chez Nestlé en 1991 et suis parti en Amérique du Nord pour développer la pré-sence de la marque sur Internet, avant de revenir travailler au siège veveysan en 2002.

En 2007, j’ai rejoint le groupe Bacardi-Martini, puis la société pharma-ceutique Galderma en 2011. Depuis 2014, je travaille pour l'Union internationale pour la conservation de la nature à Gland comme Chief Information Officer.»

MichEL roLLiEr 57 AnsLE LAndEron (nE), sUissE

«Après mon diplôme, j'ai rejoint la société familiale Francis Rollier, spécialisée dans la production d'outils de coupe en carbure. J’ai ensuite fondé Rollomatic en 1989 pour com-mercialiser les instruments de meulage que Francis Rollier fabriquait.

Je n’ai que de bons souvenirs de mes années passées à l’EPFL. J’utilise encore dans mon travail de tous les jours des compé-tences apprises à l’Ecole, notam-ment la manière rigoureuse d’appréhender les problèmes. Aujourd'hui, je suis à la tête de 260 collaborateurs, dont une soixantaine dans nos bureaux aux USA et en Asie.»

Alumnist Volée

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Alumnist Gala

L a cérémonie officielle fut l’occasion d’entendre le Prof. Patrick Aebischer – président de l’EPFL jusqu’à fin 2016 – et le Prof.

Martin Vetterli – président de l’EPFL dès 2017 – échanger sur les enjeux tech-nologiques de demain, la transmission de présidence et le développement de l’Ecole. Plusieurs récipiendaires d’Alumni Awards étaient présents. Au nom de tous les alumni, ils ont remis en cadeau à Patrick Aebischer un tableau symbolisant les 18’275 diplômes signés par celui-ci durant ses seize années à la tête de l’EPFL.

La soirée s’est poursuivie au Rolex Learning Center où un buffet, un concert ainsi qu’une piste de danse attendaient les participants. Les invités pouvaient également prendre part à plusieurs activités proposées par nos sponsors, comme un essai des derniers modèles de Tesla ou encore des simulations de vol et de course automobile conçues par Logitech. Les alumni avaient enfin la possibilité de visiter le tout nouveau bâtiment ArtLab, inauguré la veille et consacré aux grands projets de l’EPFL en termes d’humanités digitales: la Venice Time Machine, le Blue Brain Project, ou encore la numérisation des archives du Montreux Jazz Festival. A l’occasion de cette inauguration, une superbe projection d’aurore boréale recouvrait le campus (voir ci-contre).

Le succès de cette première édition en appelle bien sûr d’autres. Le prochain Gala est prévu pour 2017! ||

sPonsors dE LA soiréE:

Première édition du Gala des Alumni Le 4 novembre 2016 se tenait au Rolex Learning Center le tout premier Gala des Alumni. une soirée au cours de laquelle près

de 650 diplômé-e-s et leurs accompagnant-e-s ont pu renouer avec leur Ecole.

Texte:Arnaud Aubelle

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Alumnist Gala

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Alumnist Dossier

Design et ingénierie ont longtemps formé un couple mal assorti.

Après le mariage de raison, le temps du grand amour est-il venu?

«L a plupart des gens font l’erreur de penser que le design se réduit à l’aspect esthétique d’un objet, disait Steve

Jobs. Ils croient qu’on remet une boîte aux designers en leur disant ‘faites-en quelque chose de joli!’ Nous ne pensons pas que le design soit cela. Il ne se réduit pas à l’aspect d’un objet ni à ce qu’il inspire. Le design, c’est aussi la manière dont l’objet fonctionne.»

Ces propos, livrés au New York Times en 2003, résument bien l’éternel mal-entendu lié au design, trop souvent considéré comme un simple travail sur l’apparence. Le fondateur d’Apple avait pourtant fait évoluer les mentalités en confiant le rôle pivot de son entreprise au designer Jonathan Ive et en dévelop-pant avec lui des produits qui, malgré leur caractère novateur, restent toujours simples d’usage et intuitifs. Le succès de cette approche de «design thinking» a fait d’Apple la firme la plus riche du monde et a influencé, dans tous les secteurs, d’innombrables entreprises qui ont tenté de suivre son exemple. Résultat: le rôle des designers est davan-tage pris au sérieux depuis une dizaine d’années. Mais le malentendu persiste.

Yves Béhar le sait bien. Installé depuis le début des années 1990 dans la baie de San Francisco, le designer lausannois est régulièrement cité comme l’un des meilleurs de sa génération et a été élu designer industriel le plus influent du monde par le magazine Forbes en 2014. Yves Béhar connaît bien le fonc-tionnement de l’industrie: il a travaillé pour Apple et hewlett-Packard lorsqu’il était responsable du design chez Frog Design et Lunar Design, avant de fonder sa propre société, Fuseproject, en 1999. Et malgré l’évolution des der-nières années, il observe toujours un décalage entre l’immense potentiel du design et l’utilisation qui en est faite. «Dans la plupart des entreprises, les départements collaborent trop peu», résume-t-il à Alumnist.

La collaboration est en effet un élément central du «design thinking». Si l’implica-tion de designers depuis la conception et jusqu’à la mise sur le marché du produit coule aujourd’hui de source dans les industries innovantes, elle reste encore très timide dans les secteurs tradition-nels. «A San Francisco, où est basée ma société, poursuit Yves Béhar, les secteurs de l’ingénierie et du marketing évoluent naturellement autour du design.»

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Un masque de soudure plus ergonomique

Alumnist Dossier

Mais c’est une exception: dans bien des cas, le design est plutôt «un ingrédient que l’on ajoute à la fin du repas».

Et c’est là le problème. Les ingénieurs n’ont pas toujours conscience de l’apport dont ils pourraient bénéficier en collaborant avec des designers dès le début du processus de création d’un produit. «Il n’y a souvent que peu de liens entre les deux métiers», observe Daniel Irányi, cofondateur de la société zurichoise Tribecraft, qui fournit des services à la fois dans le domaine du design et dans celui de l’ingénierie. Sa société, qui emploie 11 ingénieurs et sept designers, a récemment conçu une nouvelle génération de masques de soudure (lire l'encadré ci-dessous). Le résultat: un masque plus performant et plus ergonomique.

C’est en se mettant dans la peau de l’utilisateur final, et en confrontant cette expérience avec sa connaissance détaillée de la discipline, que le designer peut imaginer des solutions (des pro-duits plus pertinents, plus pratiques, plus simples, etc.). Son observation méthodique de l’«expérience utilisateur» va déboucher sur une série d’idées, de pistes de recherche qui pourront être explorées avec l’aide des ingénieurs. La plupart de ces idées seront sans doute abandonnées en cours de route mais celles qui survivront apporteront une réelle valeur ajoutée. °°°

Une nouvelle génération de masques de soudure. Voilà ce qu’a dû réaliser Tribecraft

en 2013 à la demande d’Optrel, un fabricant suisse de ces systèmes de protection. «Les consignes étaient claires: créer un objet plus perfor-mant, plus ergonomique, mais moins lourd et surtout moins coûteux», se rappelle le cofondateur de Tribecraft, Daniel Irányi. La société zurichoise fournit des services dans les do-maines de la conception, du design et de l’ingénierie. Sa particularité? Les ingénieurs et designers qui la composent travaillent main dans la main «dans le but de concevoir des produits parfaits».

Ce travail interdisciplinaire implique une méthodologie rigoureuse. Chez Tribecraft, les idées ne viennent pas d’une feuille blanche, mais de techniques de création. Il y a d’abord l’analyse du problème, puis la présentation des solutions envi-sageables, et enfin l’évaluation. Avant toute chose, les collabora-teurs de Tribecraft sont donc allés voir comment les soudeurs travail-laient. «Nous les avons filmés et interviewés pour mieux comprendre la façon dont ils se comportent en fonction des situations», décrit Daniel Irányi. Le but de la visite était d’analyser le contexte dans lequel l’objet allait être utilisé afin de prendre en compte «l’expérience utilisateur» lors de la conception de la nouvelle génération. «Nous avons remarqué que les temps de soudage étaient très courts, car les ouvriers enlevaient très régulière-ment leur masque pour contrôler leur travail.»

Les réunions entre designers et ingénieurs se sont ensuite suc-cédé pour trouver des solutions. Il s’agissait de créer un produit de très haute qualité capable

de résister aux étincelles causées par la soudure tout en étant assez ergonomique pour pouvoir l’enle-ver et le remettre rapidement. «Le mariage entre designers et ingénieurs permet de résoudre les problèmes de manière efficace, assure Daniel Irányi. Réfléchir ensemble à un nouveau produit permet de gagner du temps et de partir directement dans la bonne direction, même si les calculs ne sont pas encore parfaits. Les designers comprennent mieux les limites imposées par les ingénieurs, tandis que ces derniers essaient de repousser les contraintes techniques pour laisser libre cours à l’imagination des designers.»

Le résultat? Un objet qui ressemble plus à une casquette qu’à un masque de soudure traditionnel. «Ce produit est à la fois très résis-tant et en même temps plus ergo-nomique, explique Daniel Irányi. Nul besoin d’expliquer comment porter une casquette: c’est un objet que tout le monde connaît.» Le «weldcap» a gagné le prix «iF gold» du design en 2014.

Une casquette pour souderLa société zurichoise Tribecraft applique une méthodologie rigoureuse pour que designers et ingénieurs créent ensemble des produits innovants.

Tribecraft a conçu un nouveau masque de soudure ressemblant à une casquette. Les ouvriers peuvent ainsi facilement l’enlever et le remettre.

Les matériaux textiles sont flexibles et légers

pour permettre un meilleur confort

d’utilisation

La visière est plus ergonomique, ce qui permet d’augmenter

le champ de vision du soudeur

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°°° Les rôles peuvent évidemment aussi s’inverser: l’ingénieur initie le processus et confronte ses idées au designer, qui les met à l’épreuve de son «expérience utilisa-teur», les filtre et leur donne une forme en respectant les codes de sa branche. Dans les deux cas de figure, c’est ce que les Anglo-Saxons appellent «user experience» qui constitue la plateforme commune entre les métiers d’ingénieur et de desi-gner: grâce à leurs échanges, elle évoluera et offrira de nouvelles fonctionnalités.

Comprendre le contexte dans lequel va évoluer l’objet pour le concevoir de la meilleure des façons: c’est ce que Nicolas Henchoz, directeur de l’EPFL+ECAL Lab, enseigne à ses étudiants du Master of Advanced Studies en «Design Research for Digital Innovation» (lire le portrait de l’un d’entre eux en page 33).

Cette approche centrée sur l’expérience utilisateur dont Apple s’était fait une spé-cialité semble s’être émoussée du côté de la marque à la pomme depuis la mort de Steve Jobs en 2011. «Ces dernières années, la multi nationale est devenue minimaliste jusque dans l’expérience utilisateur, ex-plique Nicolas henchoz. Sur ses produits, certains menus apparaissent par exemple seulement si l’on dirige la souris dans un coin. Nos études démontrent que cela ne répond pas aux tendances actuelles, plus ouvertes, plus explicites et non pas basées sur un univers exclusif et réservé au clan de ceux qui connaissent toutes les astuces.»

siMPLiFiEr PoUr PLAirELa déferlante «user experience» a atteint d’autres secteurs, comme celui de l’automobile. Elon Musk, cofondateur de Tesla Motors, en a fait son mot d’ordre: «Any product that needs a manual is broken» («Tout produit qui a besoin d’un manuel est cassé»), a lancé l’ingénieur. Quel est en effet le but de produire une voiture d’exception si personne ne peut comprendre ne serait-ce que la moitié de ses fonctions? Tesla mise donc sur la simplicité d’usage pour plaire au consommateur: le tableau de bord ne possède aucun bouton, tout se joue sur un écran tactile gigantesque situé entre le volant et l’airbag passager. on imagine que cette interface a néces-sité d’innombrables allers et retours entre ingénieurs et designers, et ces derniers ont dû bénéficier d’un certain pouvoir pour faire passer une idée aussi innovante.

La prothèse IKo, créée par Carlos Arturo Torres, constitue un autre exemple de succès prenant en compte l’expérience utilisateur. Le designer a conçu une prothèse de bras pour enfant qui permet l’ajout de blocs de Lego de manière personnalisée. Le porteur de cet appareil peut construire les formes désirées sur le membre à partir de jeux et briques, depuis la pelleteuse jusqu’au vaisseau spatial. Carlos Arturo Torres souhaitait mieux comprendre certaines dimen-sions liées au port de ce dispositif.

Une prothèse personnalisable

Le designer Carlos Arturo Torres a conçu une prothèse de bras pour enfant permettant l’ajout de blocs de Lego de manière personnalisée.

Le produit prend en compte l’expérience utilisateur et atténue la perception négative des enfants vis-à-vis des prothèses

Des capteurs identifient les mouvements musculaires de l’extrémité du membre manquant et font réagir la prothèse en fonction de ces analyses

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Il regrette que les entreprises privilé-gient généralement l'aspect mécanique et non le côté humain. Il s’est donc penché sur «la perception négative que les enfants ont des prothèses» pour y apporter une solution.

Prendre en compte les facteurs culturels et émotionnels est effectivement primordial, indique Nicolas henchoz. «Dans les années 1990, plusieurs sociétés ont fait des flops avec des téléphones portables spécialement conçus pour les personnes âgées. Les appareils possédaient une ergono-mie physique exemplaire: ils étaient simples, avec de grandes touches. De quoi augmenter la performance des utilisateurs, qui vont plus vite et font moins de fautes. Mais si l’esthétique leur renvoie une image de personnes incapables d’utiliser un appareil normal, cela engendre un rejet immédiat.»

Sur le principe, le mariage entre ingé-nierie et design semble entrer progres-sivement dans les mœurs. Mais encore faut-il que les deux métiers réussissent à collaborer. Le bureau d’ingénieur lausannois FiveCo et l’agence de design veveysane Pilot Design travaillent depuis 2008 sur des mandats communs. «on voit souvent l’ingénieur comme

un être fermé qui dit toujours non en se protégeant derrière le mur du ‘ça ne va pas être possible’, remarque Antoine Lorotte, CEo de FiveCo. Le designer est, lui, perçu comme un artiste ayant une vision arbitraire du monde. Pourtant, un créatif peut avoir des notions d’ingé-nierie et, inversement, un ingénieur apporter de la pertinence au niveau du design!» Leur solution pour une lune de miel réussie? Le respect et la commu-nication. «Chacun doit s’écouter et rester humble, indique Philippe Vallat, directeur de Pilot Design. Cela nous pousse aussi à sortir de notre zone de confort et le travail en devient d’autant plus passionnant.» °°°

C’est le mot «équilibre» qui revient le plus souvent dans le discours de Yuki

Machida, actuellement en Master of Advanced Studies en «Design Research for Digital Innovation» à l’EPFL+ECAL Lab. Dans ses projets, ce Japonais de 27 ans cherche l’équilibre entre recherche et application, entre l’esthétique d’un objet et son utilité, mais surtout entre ses compétences en ingénierie et sa formation en design. Après quatre ans d’études

en ingénierie mécanique à l’Imperial College de Londres, il enchaîne avec un Master en design au Royal College of Art. «Je suis fasciné par ces deux domaines depuis que je suis petit, un peu comme Léonard de Vinci», raconte Yuki Machida. Un des premiers projets dans lequel il combine ces deux approches est la réalisation d’une prothèse de main lors de son master au Royal College of Art. Cette dernière permet aux usagers de retrouver la sensibilité cutanée tout en possédant un design très soigné.

Depuis 2014, il participe au Master en «Design Research for Digital Innovation». «Je voulais étendre mes connaissances en design à la sphère digitale, dit-il. J’étais également attiré par l’approche davantage artistique que propose l’ECAL.» Dans le cadre de ce master, chaque étudiant réalise – à côté des cours – son propre projet avec un partenaire industriel. Ainsi, Yuki Machida a digitalisé, en collaboration avec le Digital

Humanities Laboratory de l’EPFL, les archives de la marque horlo-gère Vacheron Constantin pour les transformer en une expérience de réalité augmentée. L’utilisateur pourra découvrir des milliers de documents retraçant les 260 ans de l’histoire de la marque via une interface digitale interactive. Il sera par exemple possible de zoomer dans les documents ou de découvrir des visuels en lien avec l’histoire de la manufacture horlogère. En ce moment, Yuki Machida est en train de finaliser le développement de l’application pour tablette et le design de l’interface. Et après? «J’aimerais créer un impact positif sur la vie des gens. Cela peut être un projet dans le domaine médical, ou alors une nouvelle expérience numérique. Le plus important pour moi est de toujours garder en perspective l’utilité de l’objet.» Et d’ajouter que ses connaissances à la fois dans le domaine tech-nique et dans celui du design lui permettront de penser et de réaliser un objet de A à Z.

«Créer un impact positif sur la vie des gens» L’étudiant Yuki Machida a intégré des archives horlogères dans une expérience de réalité augmentée.

Un iPad au bloc opératoire

Le bureau d’ingénieur lausannois FiveCo et l’agence de design veveysane Pilot Design ont créé un étui pour iPad et une application iOS pour permettre aux dentistes de piloter une fraise.

Les échanges entre designers et ingénieurs ont été nombreux: l’objet devait répondre aux contraintes d’un environ-nement médical, tout en étant assez attractif esthétiquement pour faire la différence face à la concurrence

L’étui est étanche pour que la tablette puisse être utilisée dans un bloc opératoire. L’iPad est protégé par un verre tout en conservant la fonctionnalité tactile

DR

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Alumnist Dossier

De la musique à 360°

«Le design a toujours été présent chez Logitech, raconte Laura Scorza,

responsable de la communication Europe. Mais depuis quelques années, il entre beaucoup plus tôt dans le processus de concep-tion d’un nouveau produit.» Ce changement de cap a été institué par le nouveau CEO de l’entreprise américano-suisse, Bracken Darrell, arrivé en 2012. Et cela s’est mesuré concrètement. Alors que la société avait enregistré une perte nette de 228 millions de dollars (231 millions de francs) en 2012, elle enregistre depuis un bénéfice lors de chaque exercice: 74,3 millions de dollars en 2013/2014, 135 millions environ en 2014/2015 et 2015/2016.

Pourtant, la partie n’était pas gagnée: la société spécialisée dans les périphériques informatiques a failli disparaître à deux reprises. Une première fois entre 1992 et 1994, période pendant laquelle elle a été contrainte de se séparer

de près de 1’000 collaborateurs pour faire face à la concurrence, principalement taïwanaise. Logitech a ensuite connu un très grand succès entre 1998 et 2008 avec 40 trimestres consécutifs de croissance du chiffre d’affaires. En 2003, le groupe a passé la barre du milliard de dollars de revenus et celle des 2 milliards en 2007. La rai-son de ces résultats était en partie extérieure à Logitech: les ventes de PC et de périphériques ont explosé, car la vague internet a poussé les ménages à s’équiper. Alors, lorsque le marché des PC s’est effondré au profit des supports nomades – tels que la tablette et le smartphone – et que la crise a pointé le bout de son nez, Logitech a vu rouge pour la seconde fois. A la fin juin 2009, la perte opérationnelle trimes-trielle avait atteint 32,9 millions de dollars, contre un bénéfice de 29,7 millions un an auparavant. Une période de turbulences qui durera plus de quatre ans.

Pour rebondir et rester dans la course – surtout en marge des pro-duits Apple dont le design était plus apprécié que celui de Logitech – la société a revu sa stratégie: «Nous nous sommes remis à lancer des produits ‘cool’, comme nous le faisions auparavant pour le monde des PC», explique son fondateur Daniel Borel dans une interview à L’Hebdo en octobre 2016. La société mise aujourd’hui sur le «design thinking» et l’interdisciplinarité. «Nous employons moins d’agences externes et nos designers ne

travaillent pas dans leur bulle, mais en étroite collaboration avec les ingénieurs et le département mar-keting», précise Laura Scorza.

Cette association débouche sur des produits élégants, sobres, colorés et plus aboutis qu’aupara-vant. A l’image des enceintes sans fil cylindriques UE Boom ou des claviers rabattables sans fil pour iPad. Logitech a réussi à faire de ces accessoires de vrais succès: la catégorie des haut-parleurs portables a rapporté 97 millions de dollars à la société au troisième trimestre 2016 (un montant en hausse de 21% sur une année), tandis que le clavier ultrafin est devenu un business de plus de 100 millions de dollars. Plus largement, les ventes ont, entre 2014 et 2015, augmenté de 23% dans la catégorie jeux, de 37% dans le segment des haut-parleurs mobiles et de 51% dans celui des accessoires pour vidéoconférence. Pour Logitech, le design représente un pont entre tous ceux qui parti-cipent à la conception d’un produit et les consommateurs. Ici encore, il ne s’agit pas seulement d’esthé-tique, mais aussi d’innovation et d’expérience pour les utilisateurs: le packaging, le choix des matériaux ou la présentation sur internet pèsent également lourd dans la balance. Et si l’on en croit Bracken Darrell, ce n’est pas près de s’arrê-ter: «Je pense que dans dix ans, le CEO de Logitech sera un designer», a-t-il déclaré en 2014.

Logitech sauvé par le designL’entreprise américano-suisse a dû réinventer sa gamme de produits. Plus stylés et colorés, ils participent à son renouveau.

Les enceintes sans fil UE Boom sont un exemple de produits Logitech pour lesquels le design entre

plus tôt dans le processus de conception.

Les haut-parleurs permettent une diffusion

du son à 360°. Logitech souhaitait que les

utilisateurs puissent partager leur musique

autour d’eux

L’objet est élégant, sobre et coloré.

Le bouton est simple d’utilisation

Logi

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°°° Ensemble, ils ont créé un étui pour iPad ainsi qu’une application ioS pour permettre aux dentistes de piloter une fraise. L’étui de la tablette devait être étanche pour que cette dernière puisse être utilisée dans une salle de consulta-tion ou au sein d’un bloc opératoire. «Cet objet a été conçu pour répondre à toutes les contraintes d’un environne-ment particulier, mais il est également très joli», dit Antoine Lorotte. Le critère esthétique est-il vraiment important dans de tels milieux? «Bien sûr, répond le CEo. Il est la vitrine d’un produit et permet de faire la différence face à la concurrence, même dans le milieu médical.»

Carole Baudin, professeure à la haute Ecole Arc Ingénierie, est d’ailleurs persu-adée qu’une réflexion au niveau du design est nécessaire quels que soient l’objet et le contexte dans lequel il est utilisé: «L’aspect d’un outil médical

a par exemple un impact sur ce que peut ressentir le patient. Il peut ainsi contri-buer à un certain climat de confiance ou, au contraire, à de l’appréhension. La forme d’un objet reste souvent asso-ciée à sa simple dimension esthétique, alors qu’elle représente bien plus!»

Depuis quelques années, le «design thinking» prend de l’ampleur, même en Europe. Logitech, société américano- suisse spécialisée dans les périphé-riques informatiques, a par exemple opéré, depuis l’arrivée en 2012 de son CEo Bracken Darrell, un important virage en la matière (lire l'encadré en page 34).

L’entreprise horlogère hYT, située à Neuchâtel, pratique également cette approche. Vincent Perriard, son co-fondateur, a voulu créer des montres particulièrement innovantes, tant sur le plan technique que de la forme.

Le premier modèle, la h1, est sorti en 2012. Sa particularité? Ce ne sont pas des aiguilles qui indiquent l’heure, mais des fluides dans de minuscules tuyaux. «La mécanique fluidique est une petite révolution, raconte Grégory Dourde, CEo de hYT. La technologie n’existait pas avant: nous avons donc dû l’élaborer nous-mêmes. Mais elle est venue avec son lot de contraintes techniques, notamment au niveau de l’utilisation de certains composants ou de l’assemblage des pièces. L’idée était d’utiliser le design pour transformer ces contraintes en opportunités et ainsi créer une identité propre à la marque.» Yves Béhar ne dit pas autre chose: «Le design est aujourd’hui central pour une marque. Il permet de communiquer sur ses valeurs, sa présence, sa raison d’être.» Il fonctionne aussi comme un levier de croissance. Et face à une concurrence accrue, devient un critère de différenciation décisif. ||

Du liquide pour indiquer l’heure

L’entreprise horlogère neuchâteloise HYT pratique le «design thinking»: ingénieurs et designers collaborent dès le début du processus de conception.

Inclure du liquide dans une montre

est un procédé technique exigeant.

Les concepteurs ont utilisé le design

pour transformer les contraintes en

opportunités et créer une identité propre

à la marque

Les montres n’indiquent pas l’heure à l’aide

d’aiguilles, mais grâce à des fluides dans de

minuscules tuyaux

HYT

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Alumnist Archives

L’EPFL à travers les âges

1921 Salle de cours de l'École d'ingénieurs de l'Université de Lausanne, envoyée par Gilbert Fontolliet (GC’65).

1970 Voyage en Sicile avec l'atelier du Prof. Peter von Meiss, envoyée par Monique Rast (AR’75).

1964 Classe de physique, envoyée par Murat Kunt (Dr. PH’74).

1966 Classe du Prof. Derron, envoyée par Felix Trefzer (GC’67).

A l’occasion des portes ouvertes (du 4 au 6 novembre 2016), les alumni ont eu la pos-sibilité de faire parvenir à l’EPFL des photos datant de leurs études et faisant revivre l’Ecole à différentes époques. une exposition ras-semblant les meilleures photos a été organisée au Rolex Learning Center du 1er novembre au 15 décembre 2016. Montez à bord de la machine à remonter le temps de l’EPFL!

Plus de photos sur: www.epflalumni.ch

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Alumnist Archives

1983 Sortie de la remise de diplômes, section Architecture, avenue de l'Eglise-Anglaise à Lausanne, envoyée par Selma Rabbath (AR’83).

2011 Vue sur le SwissTech Convention Center en construction, envoyée par Thomas Guibentif (EME’15).

1995 Travail de microfabrication, envoyée par Hubert Lorenz (Dr. MT’98).

2016 Remise des diplômes, envoyée par Mathieu Veriter (SIE’16).

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De nombreux événements s’ajoutent à cette liste au fur et à mesure. Pour savoir ce qu’il se passe près de chez vous, consultez notre site www.epflalumni.ch, ainsi que le groupe EPFL Alumni sur LinkedIn et assurez-vous que nous possédions une adresse e-mail correcte pour vous.

Pour plus d’informations sur ces événements ou pour toute autre question, vous pouvez également nous écrire à [email protected].

V I S I T E D U C E N T r E D ' E x P L O I T A T I O N D E S C F F à O LT E N

19 janvier

Chaque jour, les professionnels de la circulation ferroviaire acheminent 8’150 trains de voyageurs et 1’850 trains de marchandises sur le réseau des CFF. L’antenne EPFL Alumni Suisse Orientale vous propose de visiter le centre d’exploitation d’Olten afin d’en apprendre plus sur un fonctionnement qui permet le respect de l’horaire et de la sécurité, ainsi que l’information des passagers.

L’antenne londonienne de l’EPFL Alumni invite les diplômés et leurs proches à célébrer ensemble la nouvelle année autour d’une fondue au restaurant St. Moritz dans le quartier de Soho.

Pour la deuxième année consécutive, l’EPFL Alumni propose aux différents membres de la communauté EPFL (étudiants, diplômés, collaborateurs) de courir les 20 km de Lausanne sous les couleurs de leur école. La première expérience, en 2016, avait rencontré un grand succès: plus de 500 coureurs EPFL – dont 154 alumni! – y avaient participé.

L’EPFL invite ses diplômés en Electricité à venir rencontrer des étudiants de la section au cours d’un apéritif dînatoire sur le campus.

D î N E r A L U M N I à L O N D r E S

19 janvier

2 0 k M D E L A U S A N N E

23 avril

S O I r é E é T U D I A N T S - A L U M N I E L

15 mars

j a n v i e r

m a r s

a v r i l

A G E N D A2 0 1 7

Alumnist Agenda

Alumnist est distribué en même temps que Technologist, magazine européen de la science, initié par

l’EPFL et publié par EuroTech universities.

IMPRESSuMALuMNIST

édiTEUrEPFL Alumni

Rolex Learning CenterStation 20

1015 LausanneSuisse

T. 021 693 24 91www.epflalumni.ch

réALisATion édiToriALE ET GrAPhiQUELargeNetwork

6, rue Abraham-Gevray1201 Genève

SuisseT. 022 919 19 19

[email protected]

rEsPonsABLEs dE LA PUBLicATion

Gabriel Sigrist et Pierre Grosjean

dirEcTion dE ProJETArnaud Aubelle

pour l’EPFL AlumniJulien Calligaro

pour LargeNetwork

rédAcTionArnaud AubelleJulien CalligaroAnnelies Garcia

Robert GloyPierre Grosjean

Blandine GuignierLauren hostettler

Jessica RichardWilliam Türler

GrAPhisME ET MisE En PAGEJulien Savioz

coUVErTUrEThierry Parel

TrAdUcTionTechnicis, Paris

iMPriMEUrPajo, Estonie

disTriBUTion23’400 exemplaires

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05.11.201623.04.2017

Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

Bâtiment ArtLab ma-di 11 h - 18 h je 11 h - 20 h

artlab.epfl.chfg-art.org

NOIR,C’EST NOIR ?

Les Outrenoirs de Pierre SoulagesUne exposition à la croisée de l’art et de la science

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