dates clés

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Saône & Loire CREATIVE MAG # 1 découvrez les portraits de personnalités originales et rayonnantes Frédéric Rousseau Michèle Chevrot Régine Petiteville Thierry Chevenet Véronique Garcin Bertrand Sonnier François Gadrey Corso Balboni Éric Pras Laurence Terk Sandra Cléaux Nadine Ferrand Pierre-Louis Juillet Vincent Guichard Christopher Clarke Jacques Ducerf Mansour Zoberi Séverine Opsomer Dominique Copreaux

Transcript of dates clés

Saône & LoireCREATIVE MAG # 1

découvrezles portraitsde personnalitésoriginaleset rayonnantes

MarqueSaône & Loire CREATIVE LABourgogneAgence de Développement Touristique

et de Promotion du Territoire389, avenue de Lattre de Tassigny

71000 Mâcon marque-saone-et-loire.fr

Frédéric RousseauMichèle ChevrotRégine PetitevilleThierry ChevenetVéronique GarcinBertrand SonnierFrançois GadreyCorso BalboniÉric PrasLaurence TerkSandra CléauxNadine FerrandPierre-Louis JuilletVincent GuichardChristopher ClarkeJacques DucerfMansour ZoberiSéverine OpsomerDominique Copreaux

sommaire

UNE TERRE D’INNOVATION P.6 FRANÇOIS GADREY P.8 MICHÈLE CHEVROTP.10 FRÉDÉRIC ROUSSEAUP.12 BERTRAND SONNIERP.14 RÉGINE PETITEVILLEP.16 VINCENT GUICHARD

BIENVENUE CHEZ NOUS P.20 SÉVERINE OPSOMERP.22 VÉRONIQUE GARCINP.24 LAURENCE TERK

LE TALENT PAR EXCELLENCE

P.28 PIERRE-LOUIS JUILLETP.30 CORSO BALBONIP.32 NADINE FERRANDP.34 CHRISTOPHER CLARKEP.36 ÉRIC PRASP.38 JACQUES DUCERFP.40 THIERRY CHEVENET

HUMANISTE ET SOLIDAIRE

P.44 SANDRA CLÉAUXP.46 MANSOUR ZOBERIP.48 DOMINIQUE COPREAUX

Saône & Loire CREATIVE MAGAgence de Développement touristique

et de Promotion du Territoire389 avenue de Lattre de Tassigny

71 000 MâconDirecteur de la publication

Jean-Paul DrapierRédactrice en chef

Salima BenichouRédacteur

Claude FerreroPhotographe (sauf mentions)

Jean-Luc PetitConception et réalisation

agence MMAPImpression

www.rose-trame.comDépôt légal

Février 2014 160 000 exemplaires

ISSNen cours

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Saône & Loire creative mag

On ne le sait pas assez, mais la Saône-et-Loire

rayonne à l’international. Pour son patrimoine,

ses circuits touristiques ou sa gastronomie,

notre département réalise aussi de belles performances

à l’exportation avec des produits « made in

Saône-et-Loire », souvent leaders dans

leurs domaines.

bienvenue dans la

saône-et-loirecréative

Vous les découvrirez dans les pages qui suivent et, surtout, les créateurs qui en sont à l’origine. Tous ceux et celles qui, dans tous les domaines, ici et ailleurs, font preuve de créativité, multiplient les savoir-faire et développent des stratégies de conquête grâce à leurs compétences reconnues ou à leur esprit d’initiative sur de nouveaux marchés.Ce sont dix-neuf personnalités qui livrent leurs parcours personnels et professionnels. Certains sont ancrés en Saône-et-Loire depuis l’enfance, d’autres y ont commencé par hasard et sont restés avec volontarisme et une réussite évidente. Ces dix-neuf acteurs contribuent au quotidien à façonner un département attractif et rayonnant. Ils animent un territoire vivant et surprenant, fourmillant d’enthousiasme et de conviction entrepreneuriale et humaniste. Ainsi, il est étonnant de voir comment aux succès de nos produits à l’étranger répondent ici la diversité et l’originalité des engagements solidaires des habitants. Étonnant aussi ce choc des cultures en Saône-et-Loire qui réunit le centre d’expertise d’un des plus grands groupes mondiaux et l’atelier d’un artisan d’art : qu’importe la taille, ils exportent dans les mêmes pays au bout du monde ! La créativité, l’énergie et le talent sont sans frontière. Nos acteurs du département qui se dévoilent dans ce magazine ont choisi de s’impliquer dans un environnement naturel privilégié, propice à leurs activités, où la qualité de vie s’impose comme un préalable – souvent –, et une réalité vécue – toujours ! Ils nous invitent à goûter leur envie de créer et à partager leurs talents qu’ils puisent aux meilleures sources de la tradition et de l’innovation. Partageons un moment avec eux !

franck couturierPrésident du Comité de MarqueVice-Président du directoire Perrin SA

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une terre d’innovationAudace et créativité, voilà les maîtres mots d’un territoire qui a toujours su se moderniser en s’appuyant sur ses actifs historiques et ses inventeurs célèbres (Nicéphore Niepce, Emiland Gauthey, Lamartine).

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evenu au Creusot, le patron d’Avance Diffusion a repris avec succès les vêtements de ski Degré 7. Il crée ensuite la marque de prêt-à-porter

Aventure des Toiles, inspirée d’œuvres d’artistes-peintres.

Pourquoi une entreprise du Creusot, loin des montagnes, est-elle devenue, avec la marque Degré 7, leader des vêtements de ski sportif ? Tout simplement parce que François Gadrey, PDG d’Avance Diffusion, a, enfant, attrapé le virus du ski sur les pentes du Haut-Folin, à 40 minutes d’Autun où il est né. Son père était membre du Club Alpin Français...C’est aussi une autre passion, celle de l’image, qui a conduit le jeune entrepreneur à lancer son activité dans le dessin sur le textile, au démarrage de la société. À 16 ans, le jeune François, bassiste, monte à Paris pour vivre la musique à fond et rencontre un univers connexe, celui de la BD, de Métal Hurlant, des dessinateurs Margerin, Vuillemin, di Rosa... Dans un bouillonnement créatif et d’idées, il lance la petite société Studio Aventure (SA), spécialisée dans la sérigraphie sur des objets design, puis dans l’impression textile. Les locaux à la Bastille devenus trop exigus, la société, sur les conseils d’un responsable

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françois gadreyfait briller aventure des toiles au firmament de la mode

dates clés1956 Naissance à Autun

1982Création d’Avance Diffusion à Paris

1989Arrivée au Creusot et boom de la marque Studio Aventure

1997Rachat de Degré 7

1999Création d’Aventure des Toiles

2009Premier contrat avec l’ESF

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économique de l’agglomération, s’installe au Creusot en 1989. Un retour au pays gagnant, puisque Avance Diffusion connaît un développement vertigineux, de 8 millions de francs à 100 millions en cinq ans ! « L’air du Creusot nous a réussi en déclinant notre concept pour les enfants, le sport et les femmes, puis à l’exportation » explique François Gadrey. Le secret de la croissance ? Une judicieuse politique de licences mixant des noms inconnus et des héros de Disney, Warner, Moebius, Franklin, dont Gaston Lagaffe... En 1997, SA réalise sa première diversification en reprenant Degré 7, entreprise en difficulté spécialisée dans les vêtements de montagne. La marque ayant raté le marché du snow-board, François Gadrey va la positionner sur les vêtements techniques et sportifs. Il reprend aussi la marque Duvillard sur le créneau « sport chic ». Et ça marche ! En 1999, le patron d’Avance Diffusion crée Aventure des Toiles (ADT), un beau projet qui vient remplacer

Studio Aventure : « j’en avais fait le tour et les licences étaient moins rentables » analyse-t-il. François n’a pas que l’œil de l’esthète et l’oreille du « fou de musique » qui va à un concert par semaine et aligne les CD sur plusieurs étagères dans son vaste bureau. Il a aussi du flair. Attentif aux tendances marketing et technologiques, il pressent l’énorme potentiel pour le textile de l’impression jet d’encre en quadrichromie, « une révolution ». Le jeune patron va donc combiner ce nouvel outil d’avenir avec sa passion pour la peinture – toujours l’image et l’art – et le savoir-faire maison : il imagine une société de prêt-à-porter féminin moyen / haut de gamme, tendance ethnic-chic urbain, dont les collections sont directement inspirées d’œuvres de peintres, « des artistes amis et des coups de cœur ». « L’idée est née un soir au restaurant en discutant avec l’artiste Isabelle Hervé qui a beaucoup travaillé au démarrage » se souvient François. So chic !

La marque explose à partir de 2005, compte huit boutiques en propre, est présente dans un millier de points de vente dans le monde, 75 % à l’exportation. Dernière opération en 2011, Avance Diffusion a repris Clayeux pour compléter son offre textile et proposer des gammes en maille pour ADT, mais aussi sur de nouveaux marchés. Comme les célèbres pulls rouges des moniteurs de ski de l’ESF, soit 7 500 pulls fabriqués depuis dix ans hors de France et de nouveau tricotés « made in Saône-et-Loire » grâce à François Gadrey !

« l’air du Creusot nous a réussi en déclinant notre concept pour les enfants, le sport et les femmes, puis à l’exportation »

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a Présidente de Somagic a développé cette entreprise avec détermination et un flair commercial aigu pendant trente ans. Elle en a fait le numéro un

des barbecues en France. Vive les beaux jours et les congés !

Il ne faut pas s’y tromper, si Michèle Chevrot est PDG de Somagic, société fabriquant des barbecues, elle pratique aussi la sociologie appliquée. Elle peut retracer l’évolution de la société française à travers l’histoire de sa production depuis l’avant-guerre à nos jours. « À l’époque du Front Populaire, le barbecue symbolise les classes populaires et les campeurs des congés payés. En 2000, il est devenu l’objet festif qui réunit toutes les classes sociales et accompagne la passion pour le culinaire. En 2008, le phénomène barbecue traduit l’approfondissement de la crise : on part moins longtemps en vacances, on s’équipe donc chez soi ou dans sa maison de campagne, les gîtes aussi adoptent le barbecue ». Inutile de la passer sur le grill, Michèle Chevrot parle spontanément un langage châtié, avec pondération et sans chercher ses mots. Elle enchaîne les idées avec une assurance tranquille d’universitaire rôdée à son domaine d’expertise.

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dates clés1958Naissance à Saint-Rémy

1980Diplôme de l’ESC Saint-Étienne

1983Arrivée à Somagic (Société Manufacture Genètoise Industrielle & Commerciale)

1986Nouvelle usine partagée entre plastique alimentaire et barbecues, et nomination de deux directeurs généraux adjoints, dont Michèle

1997Séparation/vente des activités Plastique et Barbecues . Michèle Chevrot devient PDG de l’entreprise (46 salariés à Cuisery et 120 en Chine actuellement)

2000Création de Somasia en Chine

michèle chevrot fait feu de tout bois 8

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Madame la PDG a voué sa vie professionnelle – plus de trente ans déjà – à la conception-production de barbecues et, quelque part, au bonheur des vacanciers et à la célébration des beaux jours. Elle est entrée à Somagic en 1983, à La Genète, à douze kilomètres de Tournus où elle a toujours vécu. Auparavant, diplômée de Sup de Co et souhaitant une expérience commerciale sur le terrain, elle a travaillé dans la Plastic Vallée à Oyonnax : « je ne voulais pas de la vie parisienne, mais une PME dans la région et revenir à Tournus qui, pour moi, était l’idéal pour vivre en famille » explique-t-elle. Lors de ses nombreux déplacements, elle prend connaissance d’un poste de responsable commercial chez Somagic, une PME de négoce de produits saisonniers et d’emballage en plastique, qui importe aussi un peu de barbecues de Taïwan. Mais, l’évolution des normes de qualité et le lobbying des fondeurs ferment les frontières aux appareils chinois. Sous la houlette de Michel Joly, créateur de l’entreprise, Somagic va donc organiser la production de ses propres barbecues en fonte « made in France », face au prestigieux concurrent Le Creuset.

Michèle n’oublie pas son job commercial. Elle flaire « l’immense potentiel » de la vente en magasins de bricolage et, en quelques années, signe une belle réussite, puisque ce nouveau marché dépasse les traditionnelles

grandes surfaces. En 2000, nouveau signe de croissance, elle implante une usine-filiale en Chine destinée à l’exportation et à la production des gammes en acier embouti (65 000 barbecues par an), tandis que la gamme en fonte (200 000 appareils) est fabriquée à Cuisery. On est loin des 50 000 barbecues importés de Taïwan quand la jeune commerciale arrivait dans l’entreprise ! Outre l’exportation, l’équipe Somagic a aussi développé des appareils à gaz et les planchas qui ont connu un grand essor à partir de 2008.

Aujourd’hui, Michèle Chevrot est à la tête du leader français des barbecues à charbon de bois en France, qui crée chaque année une trentaine de produits pour les collections de ses clients distributeurs et de sa toute récente marque « Créateur de Saveurs ». Cette dernière s’inscrit dans les valeurs de création, de qualité et de gastronomie de « Saône & Loire CREATIVE LABourgogne » qui s’exportent loin. Dernière information à débattre autour de votre prochain barbecue printanier : saviez-vous que les habitants du nord sont les premiers utilisateurs de barbecue ? dixit Michèle, bien sûr.

« je ne voulais pas de la vie parisienne, mais une PME dans la région et revenir à Tournus qui, pour moi, était l’idéal en famille »

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l a quitté un super job dans le tourisme à Deauville pour décrocher un poste de directeur de Centre de relation client à Montceau-les-Mines. Dans son

« bon coin » à lui, Frédéric, volontaire, gère une équipe qui s’est enrichie de plus de quatre-vingt personnes en 3 ans.

« Je suis arrivé par hasard à Montceau-les-Mines, j’y suis resté par volonté » affirme Fréderic Rousseau, regard bleu et sourire convivial. Il a même très rapidement acheté une maison dans les environs où il s’est aménagé un coin de campagne avec vue sur le lac du Plessis. Bref, tout baigne pour le directeur du centre d’appels du Bon Coin, le site bien connu pour ses petites annonces en ligne. Pour le site internet, tout va bien aussi, au vu de la croissance du centre de Montceau-les-Mines. Lorsqu’il

prépare l’implantation de la structure en 2010, Frédéric Rousseau compte dans la petite équipe cinq téléconseillers ou commerciaux sédentaires. D’abord hébergé dans la société spécialisée Webhelp, le Bon Coin ouvrira son propre centre d’appels, fin 2012, dans des locaux modernes avec une quarantaine de téléconseillers. L’effectif a doublé en un an et atteindra 97 personnes fin 2014. Une belle croissance ! Et si un centre de relation client est le type même de l’activité délocalisable, la direction des ressources humaines du site a choisi de l’implanter à Montceau : « nous avions une expérience très positive ici et l’on trouve du personnel de qualité » explique-t-il.Car avant de s’installer en Saône-et-Loire, Frédéric a fait plusieurs aller-retour avec la Normandie. C’est là qu’une amie vient le débaucher pour travailler avec elle dans sa société de consulting en formation. À l’époque, Fréderic dirige à Deauville l’établissement du groupe hôtelier haut de gamme Pierre et Vacances. Une longue fidélité de 18 ans entamée lors de ses années de lycéen à Moutiers en Savoie : pendant les vacances, il travaille comme extra dans les résidences du groupe en montagne.

À la fin de sa première année en faculté d’AES, alors qu’il est à Villefranche-sur-Mer pour la saison d’été, Pierre et Vacances lui propose de superviser un chantier de rénovation d’établissement pendant huit mois. Frédéric saisit aussitôt l’opportunité de rentrer dans la vie active. Au final, il va « habiter les plus beaux spots de France » et ne garde que de bons souvenirs de ce long parcours professionnel dans le tourisme.Son amie saura le convaincre de raccrocher et d’intégrer sa société de formation pour les Centres de Relations Clients. Fréderic est séduit par la diversité des métiers, le large éventail d’interventions et la densité des relations humaines. Il collabore comme consultant depuis sa maison de Lisieux, puis fait de plus en plus de déplacements à Montceau-les-Mines et enfin des missions de plusieurs mois sur place où il prend ses quartiers à l’hôtel Nota Bene.

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« je suis arrivé par hasard à Montceau- les-Mines, j’y suis resté par volonté »

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« la priorité est de ne pas s’endormir, d’innover en permanence »

frédéric rousseau vit le bonheur sur toute la ligne

En 2010, il intègre donc le Bon Coin pour piloter le projet de centre d’appels qui propose des services et des publicités aux professionnels utilisateurs du site internet. Un métier exigeant selon le manager : « la télévente nécessite une grande concentration et de tout miser sur la relation verbale ».Pour Frédéric Rousseau, la priorité est « de ne pas s’endormir, d’innover en permanence ». Et selon lui, l’air montcellien réussit bien au Bon Coin, installé dans « un quartier dynamique et en plein renouveau ». Il loue l’histoire de la ville et ses mines avec « les valeurs induites d’ouverture aux autres, d’authenticité et de solidarité ». « Ces valeurs sont très présentes. J’étais resté aux images de Germinal,

j’ai découvert que la fin des mines date de 2000 seulement » dit le manager. Il goûte aussi aux balades entre Chalon, Autun et Beaune, convaincu que l’essentiel est dans le simple.

dates clés1972Naissance à Sedan (Ardennes)

1993Décide d’arrêter les études et entre à Pierre et Vacances

2002Dirige le site de Deauville composé d’un hôtel et d’une résidence

2010Entrée au Bon Coin et arrivée à Montceau-les-Mines

2012Installation du Bon Coin dans de nouveaux locaux (750 m2)

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bertrand sonnier distille un parfum d’euphorie sur jardin de france

e jeune repreneur de Jardin de France a du nez. Après l’eau de Cologne, il a repensé la marque avec plusieurs Eaux de Parfum pour transformer

la société de parfumerie à bout de souffle en championne à l’exportation.

Les parfums sont orientaux, ambrés ou vanillés, suggérant des lointaines destinations, ce qui tombe plutôt bien pour Bertrand Sonnier – « vrai dingue de voyages » – qui, de son bureau de Bourbon-Lancy, peut encore rêver. Car le parfum, n’est-ce pas, est une invitation aux souvenirs et à la découverte de contrées inconnues... Ce qui n’empêche pas aujourd’hui le patron de Jardin de France de tenir solidement les rênes de l’entreprise. Ses périples en Afrique ou au Kirghizistan pour les loisirs ont laissé

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la place au business à l’exportation dans 30 pays, dont l’Italie, le Brésil, le Japon, Dubaï, où l’entreprise réalise 30 % de son activité. « Dans cinq ans, l’export représentera 85 % du chiffre d’affaires » pronostique Bertrand Sonnier. Quel chemin parcouru depuis la reprise de Jardin de France en 1996, alors située à Yzeure (Allier) ! À l’époque, rien n’était gagné. Rien ne prédisposait non plus à se lancer dans une telle aventure ce cadre de 29 ans, technico-commercial dans l’industrie près de Mâcon. Sauf une forte envie de faire autre chose. Par le bouche à oreille, il apprend les difficultés de la parfumerie Jardin de France. C’est décidé, il se lance dans l’affaire avec le petit-fils du fondateur de la société et un optimisme sans faille : « l’entreprise était à vendre ou elle fermait, je ne pouvais que progresser ». D’ailleurs, il rembourse en cinq ans le prêt contracté pour racheter la fabrique d’eau de Cologne déclinante.Bertrand, avec son associé, réorganise l’entreprise, écume les salons et multiplie les actions commerciales pour donner un nouveau souffle à la production. Il modernise les packagings

et les conditionnements, lance de nouveaux produits pour s’adapter aux circuits de distribution et élargit la gamme de produits d’appel en corners. Signe de bonne santé retrouvée, la société, désormais dirigée par Bertrand seul, déménage dans de vastes locaux à Bourbon-Lancy en 2000, à 30 minutes d’Yzeure et à 20 minutes de Dompierre-sur-Besbre où il est né. C’est ce qu’on appelle créer son emploi « au pays » – avec une quinzaine d’autres –, un pari en milieu rural.Les années 2008-2010 signent un nouvel élan pour Bertrand Sonnier.

Il se marie avec une amie d’enfance d’origine bourguignonne, perdue de vue et retrouvée à Lyon. Il doit aussi faire face à la nouvelle concurrence des grandes chaînes de parfumerie qui se sont réorganisées et décide de positionner Jardin de France comme une marque à part entière. Il crée des senteurs plus modernes et revoit les formules olfactives à forte valeur ajoutée avec des notes « tendance » : thé vert, gingembre, tranchant sur les grands classiques qui ont fait les beaux jours de la société. Il mise enfin sur l’exportation avec un marketing fondé sur la « french touch » et la fabrication artisanale « parfumeur depuis 1920 », date de création de la société. Pour réussir son pari, Bertrand Sonnier a su s’entourer en recrutant des pros du secteur, un directeur commercial export résidant en Allemagne et une créatrice olfactive, ancienne d’Yves Saint-Laurent. À partir des concentrés élaborés à Grasse, cent mille flacons de parfum sont sortis en 2013 de l’usine de Bourbon-Lancy, avec le succès que l’on sait à l’export et en attendant mieux d’ici 2020. De quoi donner encore envie de voyager à Bertrand…

dates clés1967Naissance à Dompierre-sur-Besbre

1994Expédition au Kirghizistan

1996Il reprend Jardin de France, parfumerie fondée en 1920

2006Marathon de Paris, en moins de 4 heures

2011Nouvelle stratégie de développement et nouvelle image

Mars 2014Lancement à l international d’ une nouvelle collection d’eau de parfums sur le marché du luxe

« l’entreprise était à vendre ou elle fermait, je ne pouvais que progresser »

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vec sa famille, Régine Petiteville a créé à Montchanin un atelier mécanique solidaire à disposition des clients en fonction de leurs compétences et de leurs moyens.

Longtemps, Régine Petiteville s’est levée de bonne heure, d’abord pour aller à la banque où elle a travaillé dans les Hauts-de-Seine pendant dix ans, avant de changer de métier. « Je m’embêtais, je me demandais quel était le sens de tout ça, je voulais être utile » confie-t-elle pour expliquer son changement professionnel. Un concours d’agent administratif en poche, elle intègre la mairie de sa ville pour s’occuper du bureau d’aide sociale, du Foyer du 3e âge et des aides légales aux habitants, bref, ce qu’elle aime...Mais des raisons personnelles l’amènent en Saône-et-Loire, auprès de sa mère retraitée à Montchanin et à Lyon pour le travail. Levée tôt pour faire Le Creusot-Lyon en TGV

tous les jours, Régine Petiteville a peu de temps pour ses trois jeunes enfants et juste assez pour croiser un mari électricien itinérant dans les centrales nucléaires. Au bout d’un an, lassée de cette course contre la montre, elle décide de retrouver la liberté : « J’ai pris le temps de vivre en famille », savoure a posteriori Régine. Évidemment, elle finira par reprendre des activités bénévoles compatibles avec sa vie personnelle, dans une association de défense des droits des locataires, dans un parti politique et comme administratrice d’un bailleur de logements sociaux.

En 2008, Régine Petiteville crée AMMAD et US 71 (Association Montchaninoise de Maintien À Domicile et à Usage Social et familial) pour lutter, à son niveau, contre la crise qui entonne un air grinçant

pour les personnes en difficulté. L’objectif : proposer des services à la personne en accompagnement, aide à domicile, livraison, jardinage, ramassage scolaire, etc. Et ça marche ! La petite structure – deux employés aujourd’hui – aura permis à Régine de se roder pour sa nouvelle création associative. En 2012, elle lance MécAtelier 71, un garage solidaire pour répondre, à sa manière, aux difficultés des automobilistes : « nous permettons aux gens qui sont en situation sociale difficile ou précaire, intérimaires, chômeurs, de continuer à utiliser leurs véhicules pour aller au travail ou chercher un emploi » résume Régine Petiteville, présidente et gestionnaire bénévole de MécAtelier 71. Sur le principe, rien de plus simple :

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« nous permettons aux gens qui sont en situation sociale difficile ou précaire, intérimaires, chômeurs, de continuer à utiliser leurs véhicules pour aller au travail ou chercher un emploi »

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régine petiteville répare les inégalités sociales dans son atelier

les travaux de dépannage et d’entretien sont partagés, et les tarifs modulés en fonction du niveau d’intervention et du quotient familial. Ainsi, tout « client » devient d’abord adhérent du garage solidaire (30 euros / an) puis va payer, pour le tarif le plus bas, 15 euros de l’heure s’il utilise seul l’atelier mis à sa disposition, 17,50 euros avec l’assistance d’un mécanicien, 25 euros pour les travaux effectués par l’un des mécaniciens, comme dans n’importe quel garage. L’équipe familiale est composée du mari de Régine, qui s’est investi dans

la réussite du projet, de son fils mécanicien professionnel et de son gendre. Les prix bas (jusqu’à -50 %) sont assurés grâce aux postes en emplois aidés et aux prestations mutualisées solidaires. Car près de 80 % des 324 adhérents utilisent MécAtelier 71 comme un garage classique, aidant à financer les 20 % de prestations assistées et réalisées par les automobilistes. Aujourd’hui, Régine se lève toujours tôt, mais avec la satisfaction évidente, en roulant pour la solidarité, « de servir à quelque chose ».

dates clés1952Naissance à Paris

1974 Mariage avec Alain, à Châtillon (Hauts-de-Seine)

1989Installation à Montchanin

Novembre 2008Création d’AMMAD et US 71

Juin 2012Ouverture de MécAtelier 71

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et archéologue atypique fait le grand écart entre monde gaulois, recherche de pointe et high tech pour partager sa passion…

« J’avais douze ans, seule l’archéologie comptait, je grattais et je ramassais les cailloux dès que je pouvais ». Si les mots passion et « vocation » ont un sens, Vincent Guichard les incarne idéalement. Avec, au bout du parcours, le Graal : la nomination à la direction de Bibracte. Entre les deux, un diplôme de Polytechnique en poche quand même, Vincent Guichard se forme à l’archéologie sur le tas. « C’est la prépa à l’X qui est intéressante, on apprend à travailler de façon extraordinaire » souligne-t-il, pas spécialement tenté par la « voie royale », ni par une carrière, comme son père, de chef d’entreprise. On retrouve donc le jeune ado sur des vestiges d’une ferme romaine dans la plaine du Forez, puis sur des fouilles urbaines à Roanne. L’époque, dans les années soixante-dix, permet des recherches assez libres pour les bénévoles des réseaux archéologiques amateurs. Dans les années quatre-vingt, il codirige des chantiers de fouilles et planche sur une thèse traitant d’archéométrie, avant de faire de la recherche à l’université de Clermont-Ferrand. Il s’essaie même à l’enseignement, mais sans grande motivation. En revanche, sa nomination à Bibracte comme directeur scientifique en 1996, puis comme directeur général en 2001, lui offre « un outil de travail fabuleux ». « Depuis plus de trente ans, on travaille sur la plus ancienne architecture

romaine jamais dégagée en Gaule, correspondant aux vingt ans qui ont suivi le départ de Jules César en -51 » précise le directeur de Bibracte.À l’orée de la forêt du Mont Beuvray, Vincent Guichard occupe un poste atypique, unique en France, dirigeant à la fois un centre de recherche européen, un site naturel et historique (l’un des 14 Grands Sites de France) composé

notamment d’un oppidum fondé à la fin du IIe siècle avant notre ère, capitale des gaulois Eduens – « un territoire d’exception » –, ainsi qu’un musée archéologique, véritable centre d’interprétation et vitrine de la recherche archéologique fréquenté par 40 000 visiteurs par an. Une cinquantaine de chercheurs associés et plusieurs centaines d’étudiants par an collaborent aux programmes scientifiques. « Notre public, plutôt exigeant, apprécie le musée et la visite du site de fouille montrant des archéologues au travail » affirme Vincent Guichard. Le patron du site va même jusqu’à gérer la forêt qui s’étendsur 950 hectares. À l’évidence, il apprécie.

c découvrez… la saône-et-loire, seul département à compter 2 sites labellisés « Grand Site de France » sur son territoire !

C’est en 2013 que Solutré-Pouilly-Vergisson a rejoint Bibracte Mont Beuvray sur la liste courte des sites touristiques à être labellisés : ils sont seulement 14 dans tout le pays. Attribué par l’État, ce label marque la reconnaissance d’une gestion conforme aux principes du développement durable, conciliant préservation du paysage et de « l’esprit des lieux », qualité de l’accueil du public, participation des habitants et des partenaires à la vie du Grand Site.

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« Une telle diversité de métiers dans cet environnement exceptionnel, c’est absolument unique » s’enthousiasme Vincent, qui est partout, et aussi consultant pour plusieurs séries et documentaires télévisés. Le fin du fin reste la rénovation complète du musée, qui vient de s’achever, et l’intégration des outils « high tech » dans le cadre du projet « Galeries Numériques du Morvan ».

Le visiteur, muni d’une tablette tactile, peut notamment déambuler en salle d’expo pour un voyage virtuel connecté aux premières explorations du XIXe siècle. Il peut aussi assister à la construction progressive de la ville sur une maquette en relief grâce à une projection animée. Et le directeur de Bibracte d’appuyer« Voici trente ans la ville de Bibracte était endormie et oubliée sous la forêt du Mont Beuvray. Son exploration archéologique a montré que c’était à l’époque de César un lieu très dynamique, inscrit dans un réseau de relations à l’échelle de l’Europe. Elle revit aujourd’hui grâce à des technologies innovantes, qui contribuent à donner de la région rurale du Morvan une image de modernité, tout en s’appuyant sur sa longue histoire ».

anime le musée–site de bibracte, unique en europe

vincent guichard

dates clés 1962Naissance à Saint-Étienne

1973Premiers coups de pioche dans le Forez

1988Il décide que l’archéologie sera son métier

1996Arrivée à Bibracte

2013Rénovation du musée

« une telle diversité de métiers dans cet environnement exceptionnel, c’est absolument unique »

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bienvenue chez nousÉpicurienne par tradition, généreuse par nature, la Saône-et-Loire a beaucoup à offrir… Premiers à profiter de tous ses bienfaits, ses habitants se font un plaisir de les partager avec le visiteur.

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lle accueille les touristes et les start-up dans un lieu où sont concentrées toutes les bonnes pratiques du développement durable. Unique et innovant.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Enfant, Séverine lisait tout ce qui passait à sa portée, avec une prédilection pour les fiches techniques des appareils électro-ménagers, la composition des ingrédients dans les plats cuisinés, tout... Aujourd’hui, à 43 ans, un master Risques Industriels en poche, cette ingénieure s’est engagée au quotidien en faveur du développement durable dans le sillage de ses auteurs favoris : entre autres, Jean-Marie Pelt et Michel Puech, respectivement biologiste-écologue et philosophe des technologies, connus du grand public sensible aux thèses environnementales. Et avec un livre de chevet aux pages abondamment surlignées : « Développement durable, un avenir à faire soi-même ». Le titre résume ce que Séverine Opsomer a souhaité promouvoir en installant à La Roche Vineuse ses trois activités sous le nom de Ecogit’Actions / La Roche bleue. « L’idée du lieu de 450 m2 est de réunir ce qui existe dans le domaine du développement durable, d’en faire la démonstration efficace et d’apporter des conseils pour donner envie de faire la même chose » explique Séverine. Elle a ainsi créé un gîte de 14 places, le quatrième en France à répondre à la fois aux normes « Tourisme et Handicap » et au cahier des charges de l’écolabel européen « Hébergement Touristique ». Imaginez le top des économies d’énergie ou d’eau : Séverine l’a appliqué sur place ! Jusqu’au moindre détail. Les séminaires sont participatifs, les plateaux-repas compostables, le potager attenant au gîte est bio. En outre, elle a lancé un espace de bureaux en coworking regroupant à ce jour cinq entreprises en démarrage et encadre des actions de formation / conseil en

environnement. « Je veux désacraliser le développement durable et la responsabilité environnementale et sociétale des entreprises, montrer qu’il s’agit simplement d’une question de bon sens et que ce n’est pas aussi contraignant qu’on l’imagine » plaide la maîtresse des lieux. Elle affirme ses bonnes pratiques avec un enthousiasme et un sourire communicatifs

à désarmer les éventuels contempteurs. Même lorsqu’elle lance dans un éclat de rire : « Faire les courses avec moi, c’est un enfer, je vérifie toutes les étiquettes… ». Guère adepte du ton vindicatif, cette militante de l’écologie du quotidien, au charme malicieux et à la silhouette élancée, adore la cuisine, sans restriction, et les jeux de société, incontournables pour cette mère de quatre enfants de 11 à 22 ans.

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«…montrer qu’il s’agit simplement d’une question de bon sens et que ce n’est pas aussi contraignant qu’on l’imagine »

dates clés1970Naissance à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)

1992Naissance de sa fille Mathilde, « année de la Conférence de Rio »

1994Chef de projet R&D à Veolia

2001Élue municipale à Gommecourt-Clachalose (Yvelines)

2005Arrivée en Saône-et-Loire

2008Directrice générale des services d’une collectivité (Ain)

2009Création de Beaujolais Bleu, qui deviendra Ecogit’Actions

2010Installation à La Roche Vineuse

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séverine opsomervante le bonheur environnemental

« Bosseuse et tenace » comme elle se définit, Séverine Opsomer semble mener mille choses à la fois avec, comme adage, « distinguer l’important de l’urgent ». Après dix ans comme chef de projet chez Veolia, puis dans le monde des collectivités, elle s’est installée en Saône-et-Loire pour raison familiale. Elle a choisi La Roche Vineuse au terme d’une étude de marché et de 18 mois de recherche. « J’avais deux critères : la proximité domicile-lieu de travail et la proximité d’activités touristiques » précise-t-elle. Elle a donc trouvé et rénové sa demeure-gîte, avec piscine, sur l’axe Mâcon–Cluny où elle a commercialisé plus de 1 000 nuitées en 2013, soit trois fois plus qu’en 2011 – « J’ai réalisé mon objectif ». Le bonheur est dans le Val Lamartinien !

Séverine semble mener mille choses à la fois avec, comme adage, « distinguer l’important de l’urgent ».

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a page professionnelle tournée, Véronique profite du temps retrouvé pour éditer des livres sur le Charolais. Elle s’adonne aussi

à l’aide au recrutement, à l’organisation de concerts et perpétue le souvenir de sa parente, Germaine Tillion.

Sur les hauteurs du centre de Charolles, la belle demeure familiale rénovée est chère à Véronique Garcin à double titre : l’ancienne maison de ses grands-parents paternels est aussi le siège de sa maison d’édition, Arconce, du nom de la rivière en contrebas. Jeune retraitée revenue s’installer au pays de ses vacances d’enfance, Véronique, avec son mari Antoine, a créé cette entreprise passion en avril 2013 par amour des livres, et du matériau papier, qui fut son quotidien dans son ancien métier de directrice de publicité de plusieurs journaux à Paris : « j’ai toujours aimé le papier, l’encre, ce côté sensitif du toucher des pages » explique-t-elle.

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véronique garcin se livre désormais à sa passion pour l’édition

dates clés1950Naissance à Paris

1975Prix au Conservatoire de Paris. Chante, danse et joue la comédie dans Boule de Suif, la Vie parisienne, la Mascotte...

1979Rencontre avec Anne-Marie Finkelstein, grande professionnelle de la presse. Entrée aux Échos

1999Consultante en cabinet-conseil RH

2010Installation à Charolles

Avril 2013Création d’Arconce Éditions

Juin 2013Premier livre

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Si l’on ajoute qu’Antoine, chanteur d’opéra et fils de professeur de reliure, est, comme elle, un bibliophile dévoreur de livres et écrivain, le projet d’Arconce Éditions s’imposait comme une évidence. « Nous avions une passion commune, nous l’avons concrétisée avec l’objectif de développer des sujets régionalistes culturels, mais nous sommes aussi ouverts aux talents régionaux sur d’autres sujets ». Ce qui explique les choix éclectiques du premier catalogue de 5 livres – déjà ! – depuis juin 2013 avec des ouvrages sur le Charolais-Brionnais et sur... l’Asie du sud-est. Les premiers portent sur le Mystère des Blancs, dont l’intrigue met en scène les adeptes d’une église très fermée dans L’Oïasse, roman réputé en Bourgogne et réédité par Arconce Éditions. On trouve aussi un guide–promenade photo de Charolles et un livre de poésie Ligne de Vie d’un assureur de Paray-le-Monial. Deux autres ouvrages évoquent le Cambodge, notamment à travers l’association humanitaire Enfants du Mékong, qui a son centre de formation dans le Charolais. Si elle a tourné la page professionnelle à Paris, Véronique déploie toujours depuis Charolles une activité bénévole soutenue, et pas seulement pour l’édition. Elle représente notamment Egée, association nationale de seniors bénévoles, pour former à la recherche d’emploi des jeunes issus des BTS et Bac pro.

En partenariat avec Pôle Emploi, elle accompagne également les chômeurs dans leur recherche d’emploi. Un engagement logique pour Véronique Garcin qui, après plus de vingt ans dans la presse (Les Échos, le Point, 01 Informatique), a travaillé comme consultante dans un cabinet-conseil en Ressources Humaines. De la même façon, cette diplômée du Conservatoire de Paris (prix d’Opérette et Comédie Musicale), habituée des opérettes les plus célèbres, est également membre de l’association Vox Angelis, productrice de spectacles musicaux. Plus personnellement, Véronique –née Tillion- anime l’association qui perpétue le souvenir de son aïeule, la grande Résistante et ethnologue Germaine Tillion, dont les archives vont être regroupées au Mucem de Marseille. Riche d’un parcours professionnel varié, Véronique, mère de trois enfants, retrouve dans Arconce Éditions « la passion de l’être humain et ces qualités de ténacité et d’adaptabilité » qui l’ont toujours animée. Avec le bonheur de ressentir à chaque parution « le côté haletant du bouclage du journal ou du lever de rideau avant le spectacle ».

« nous avions une passion commune, nous l’avons concrétisée avec l’objectif de développer des sujets régionalistes culturels, mais nous sommes aussi ouverts aux talents régionaux sur d’autres sujets »

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laurence terkmet le théâtre de mâcon en lumière

dates clés 1961Naissance à Paris

1973La Dispute, mise en scène par Patrice Chéreau Un choc

1993Théâtre de la Ville

1997Maison de la Musique de Nanterre

2003Arrivée au théâtre de Mâcon

2012Renouvellement du Contrat d’objectifs avec l’État et la Communauté d’agglomération du Mâconnais-Val de Saône

on parcours de professionnelle du théâtre est synonyme d’une riche expérience parisienne réussie. À Mâcon, elle a programmé des spectacles

et des découvertes qui ont confirmé le label de Scène Nationale. Le public aime, le théâtre affiche un taux de fréquentation record. Bravo !

« J’ai vu le plateau de scène et j’ai eu le coup de foudre, je savais que je viendrais ici ! » s’émerveille encore Laurence Terk, en se rappelant sa première visite du théâtre de Mâcon en 2003. Dix ans après, avec une joie rappelant la pétillante Annie Fratellini et partagée avec le visiteur, elle arpente le plateau – « l’un des plus beaux de France » pour évoquer l’espace à la dimension de sa passion pour la danse contemporaine qu’elle a pratiquée dès son plus jeune âge.Cerise sur le plateau, Laurence Terk s’est vue offrir à Mâcon une Scène nationale, l’une des trois de Saône-et-Loire, situation rare en France pour un département. Elle a été attirée par le théâtre de cette ville

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au terme d’un long parcours professionnel parisien esquissé, jeune stagiaire, au Théâtre Nanterre–Amandiers dirigé alors par Patrice Chéreau. Diplômée de l’IEP Paris et nantie d’un DEA d’histoire doublé d’un Diplôme d’études théâtrales, Laurence débute vraiment à la DRAC de l’Île-de-France, enchaîne plusieurs postes d’administratrice, notamment de la compagnie du chorégraphe Jean Gaudin, puis à la Maison de la Musique de Nanterre, où elle travaille en duo avec un ancien danseur du ballet de Cuba. Elle obtient pour ce nouvel équipement, somme toute rapidement et avec fierté, le label Scène conventionnée. Mais, au bout de sept ans, le renouvellement des équipes la conduit à postuler au théâtre de Mâcon qu’elle connaît un peu grâce à son label Scène nationale. Une fois nommée, elle mettra un point d’honneur à conserver ce label prestigieux pour la ville. Au détour d’une décennie, « j’ai bien tenu le cap » résume madame la directrice, à la tête d’une équipe de 14 personnes. Ce qui veut dire qu’elle a veillé à un équilibre entre les arts du mouvement (danse, cirque..), la musique et le théâtre. Mais aussi à rendre compte de la richesse et de la diversité du spectacle vivant. Avec succès : « une salle de 860 places pour une agglomération de 60 000 habitants avec un taux de remplissage de 80 %, c’est exceptionnel ! Pour certains spectacles, on double les représentations ». Celle qui aurait pu être

professeur d’histoire par passion peut se consoler par son travail pédagogique à destination de tous les publics et à l’écart des modes. « Mon devoir est de rendre compte de ce qui se fait ». Y compris dans l’actualité : en 2013, année sud-africaine, le théâtre a présenté Swan Lake,

une chorégraphie de Dada Masilo, ainsi qu’une création musicale avec des musiciens sud-africains et bourguignons sur des discours de Mandela. Elle revendique aussi les découvertes : « les publics

des trois Scènes ont la chance de voir des artistes avant qu’ils ne soient consacrés à Paris ». Son chouchou : James Thierrée, fils de Victoria Chaplin et de Jean-Baptiste Thierrée, artiste du cru reconnu aujourd’hui internationalement dans le spectacle vivant. Son plus beau souvenir reste bien sûr dans la danse : le Sacre du Printemps avec le tandem Angelin Prejlocaj et Nathalie Pernette. Un apparentement technique et artistique présenté comme « casse-gueule » et qui fut une pure réussite. Peut-être aussi le résultat des « bonnes ondes qu’il faut dégager pour bien accueillir les artistes », sourit Laurence, garante des missions de service public.

« les publics des trois Scènes ont la chance de voir des artistes avant qu’ils ne soient consacrés à Paris »

« mon devoir est de rendre compte de ce qui se fait »

vibrez… au cœur des trois scènes nationales

Avoir en Saône-et-Loire trois Scènes nationales est une véritable reconnaissance et le gage d’une programmation artistique et culturelle riche et accessible à tous les publics. Le label « Scène nationale », délivré par Le Ministère de la Culture, regroupe 70 scènes de spectacles en France qui constituent un réseau de référence. L’Espace des Arts à Chalon-sur-Saône, L’arc au Creusot et Le Théâtre à Mâcon illustrent chaque jour ce soutien aux arts vivants et cette démocratisation culturelle.

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le talent par excellence

De la métallurgie monumentale pour les plus grands noms de l’industrie internationale à la formation « L’Esprit du Bois » qui

attire des apprentis du monde entier, en Saône-et-Loire, qualité et maîtrise se retrouvent dans tous les domaines (hautes

technologies, artisanat, gastronomie et grands vins…).

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pierre-louis juillet déroule les tapis de luxe dans les plus beaux sites du monde

i l a tissé le renouveau des tapis et des moquettes de luxe réalisés dans les immenses ateliers de la Manufacture de Moroges. Avec l’aide des plus

grands noms de la création contemporaine.

Pierre-Louis Juillet vient de fêter ses vingt ans d’activité au sein de la Manufacture de Moroges. Quand il arrive dans la société fondée par son père, qui s’appelle alors TISCA, il a derrière lui un parcours peu banal : il s’est engagé dans l’armée – « aux enfants de troupe », dit-il, alors qu’il n’a pas 16 ans, de l’École Militaire d’Autun pour finir à Lorient aux Commandos de Marine. Une école de bravoure et d’aventure sur fond de mythes

dates clés1960Naissance au Creusot

1975-1986Commandos de marine

1991Woolmark

1993Entrée à Tisca France

2000Création de la Manufacture de Moroges

2010La manufacture est reprise par des investisseurs issus du milieu du luxe, dont Odile Dhavernas assure aujourd’hui la direction

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guerriers qui ferait rêver n’importe quel gamin en quête de sensations fortes. Sur ses motivations et ses missions, que l’on devine dans les endroits chauds du globe, le Capitaine de Vaisseau (de Réserve) Juillet observe un mutisme digne du « secret défense ». Pour le reste, le propos n’est pas feutré, il parle cash et avec volubilité.Après dix années de vie militaire, il s’expatrie en Afrique et bourlingue dans plusieurs pays sur des postes commerciaux pour différentes entreprises. Au début des années quatre-vingt-dix, Pierre-Louis Juillet se rode à l’univers qui sera désormais le sien : il intègre la société Woolmark où il participe au développement de la marque – cas de marketing exemplaire – créée par le Syndicat de cinq pays éleveurs de moutons pour promouvoir la laine. Il apprend vite : « j’ai visité tous les outils de production en Europe et acquis une solide formation technique sur le terrain » observe Pierre-Louis Juillet. Tout naturellement, il poursuit son expérience chez TISCA, qu’il connaît bien, évidemment. Pierre-Louis n’est pas du genre à « se prendre les pieds dans le tapis ». Il reprend les rênes avec fermeté alors que la société, cédée par son père, est victime des agissements d’un repreneur indélicat.

Depuis l’immense bureau parsemé d’échantillons où il jouait enfant sous l’œil paternel, il va développer l’affaire en maintenant le cap : la conception et la fabrication de produits de luxe pour des artistes-décorateurs prescripteurs d’une clientèle huppée, de Bill Gates au roi du Maroc en passant par LVMH. Il habille ainsi des avions d’affaires, des yachts, des palais nationaux et des hôtels étoilés, des résidences haut de gamme et des murs avec des créations contemporaines. Loin de la réserve militaire, le responsable du Développement de la Manufacture de Moroges parle avec passion de son métier et de ses partenaires, narrant moult anecdotes sur les vertus du bambou

utilisé pour les tapis ou la pénurie de soie, compensée par la laine de Nouvelle-Zélande. On retrouve aussi les plus grands noms du design, de la peinture et de l’architecture. Pierre-Louis a ainsi travaillé avec Gérard Garouste, Andrée Putman, Wilmotte, Philippe Starck, Mathias Kiss, Philippe Pasqua et bien d’autres, comme son père, avant lui, avait collaboré avec le designer Pierre Paulin, Tinguely ou Le Corbusier. André Juillet, issu de l’école de tissage de Lyon, s’était associé avec Anton Tischhauser, couverturier Suisse, qui se lançait après la guerre, dans la fabrication de moquettes mécaniques Wilton Jacquard, pour répondre à la demande d’un marché résidentiel alors en fort développement... L’usine Tisca France, d’abord implantée au Creusot, devait ensuite dès l’achèvement de son nouveau bâtiment, déménager à Moroges en 1962, un coin de campagne d’où elle rayonne dans le monde entier, jusqu’au Musée-Mémorial du 11 Septembre à New-York. Un mécène a commandé une tapisserie réplique, en format réduit, de l’immense tapis « Manhattan » de plus de 200 m2 qui habillait l’entrée du réputé restaurant « Windows » au sommet du World Trade Center, œuvre réalisée en 1996 par la Manufacture de Moroges.

« j’ai visité tous les outils de production en Europe et acquis une solide formation technique sur le terrain »

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anager international, ce scientifique a posé ses valises au Creusot pour impulser la stratégie de développement de Thermodyn dans les compresseurs

et les turbines. Quand il freine le turbo, Corso décompresse en Toscane et dans la lecture.

Corso Balboni pourrait illustrer ces craintes et ces regrets éprouvés par les nouveaux venus dans un pays ignoré, et qui pleurent deux fois : quand ils arrivent et quand ils partent. Lorsqu’il est nommé pour la première fois au Creusot, comme directeur des Achats de Thermodyn, la filiale française de General Electric Oil&Gas, il prend une carte pour situer Le Creusot : « pour moi, c’était perdu au milieu de nulle part,

dans le froid et la neige » rigole Corso. Mais lorsqu’il quitte la région deux ans plus tard, c’est un déchirement : « ma femme ne voulait pas partir de la Saône-et-Loire, elle avait beaucoup d’amis à Chalon, on avait énormément apprécié l’accueil des gens et la qualité de la vie ». C’est d’ailleurs ici que Corso et Lia auront leur troisième enfant. « Le climat et l’ambiance étaient propices à une naissance » sourit-il.Nommé au Creusot en 2006 en provenance des chaudes Caraïbes, Corso Balboni en partira pour Florence, sa ville natale. Il y a fait toutes ses études, jusqu’à un diplôme

universitaire en Physique des Particules. Le jeune Corso, élevé dans le culte de la boulangerie industrielle familiale créée en 1825, a longtemps cru qu’il reprendrait l’affaire paternelle. Mais la crise en décide autrement et le jeune homme, passionné de sciences, se réoriente vers d’autres rêves étoilés. Il passe une thèse sur les rayons cosmiques hors de l’atmosphère, qu’il approfondit à l’université de Genève, travaille au CERN sur un programme pour la NASA,

apprend le français – évidemment – et revient en Toscane attiré par un poste de chercheur à l’Institut de Physique Nucléaire de Bologne. Mais le concours d’accès au poste est sans cesse reporté et le doctorant, jeune fiancé, doit travailler pour gagner sa vie. Recruté dans une société d’informatique, il est conquis par le monde du business avec ses perspectives de carrière et salariales prometteuses. Ça marche pour lui : Corso est directeur général en 2003 quand la crise de la « nouvelle économie » l’oblige à changer de job. Il intègre donc le grand groupe américain GE pour lequel il voyagera dans le monde entier, à Trinidad, en Inde, en Chine, dans l’Europe de l’Est, au Creusot, pour revenir à Florence. Parmi ses pérégrinations planétaires, Corso Balboni fait donc un nouvel arrêt au Creusot où, depuis août 2013, il est directeur général du site. Sa mission : renforcer le centre d’excellence des compresseurs basse pression et turbines à vapeur de GE Oil&Gas. Il a aussi conservé la responsabilité du développement de l’activité des moto-compresseurs en France et à l’international. Un directeur très occupé donc, abonné à l’avion Roissy-Florence où réside toujours sa famille en raison de la scolarité des enfants.

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« on avait énormément apprécié l’accueil des gens et la qualité de la vie {en Saône- et-Loire} »

entreprenez… dans le 1er pôle industriel entre paris et lyon

Grâce à sa position stratégique, le territoire se situe à seulement 4 h des quatre grands marchés européens – Allemagne, Belgique, Suisse, Italie. Le bassin économique du Creusot-Montceau et Chalon est l’un des principaux berceaux européens de la sidérurgie et de la mécanique. Signe d’une reconversion industrielle réussie, le territoire accueille les plus grands noms de l’industrie, de la recherche et de l’innovation.

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corso balboni carbure au creusot et décompresse à florence

« Je leur consacre beaucoup de temps le week-end ». Dès qu’il le peut, il met aussi les voiles à bord de son bateau, son passe-temps favori, du côté de l’île d’Elbe et, l’été, en Corse. Sa famille le rejoindra dans quelques mois.La semaine, cet ancien karateka, qui compte dix ans de pratique en compétition, décompresse grâce à la lecture avec « toujours trois ou quatre livres en même temps, en français, en anglais ou en italien ».

Sa préférence va à l’histoire – Napoléon et la Révolution Française – et aux thrillers. Adepte des gros volumes et autres imposantes turbines, il ne craint pas de s’attaquer aux monuments du patrimoine littéraire mondial. Il vient de terminer, en français, Les Misérables de Victor Hugo – « avec un peu de difficulté sur la partie argotique » – pour embrayer avec Guerre et Paix de Tolstoï, en italien. Chapeau Corso !

dates clés1968Naissance à Florence

1980Immense déception lorsque son père arrête l’affaire familiale

1999Mariage avec Lia (trois enfants)

2004Entrée à General Electric

2006Arrivée au Creusot

2013Retour au Creusot comme directeur général de Thermodyn/GE Oil&Gas (500 personnes)

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la tête du vignoble depuis 14 ans, elle récolte les fruits d’un investissement total. Elle exporte la moitié de sa production et nourrit toujours de grandes ambitions.

« LE » Robert Parker 2013, bible de la critique oenologique, accorde 90 sur 100 au Pouilly Fuisse Prestige 2011 du domaine Nadine Ferrand, signe d’un vin « excellent ». Au delà de 95, la notation distingue des crus « exceptionnels »... Mais les honneurs – celui du Parker et des multiples médailles d’or aux concours vinicoles – ne semblent pas tourner la tête de celle qui dirige le domaine éponyme sur les coteaux de l’agglomération à Charnay-les-Mâcon. La recette des médailles ? « Je ne sais pas, c’est difficile à expliquer, c’est beaucoup de rigueur dans le travail et je me remets sans cesse en question » répond Nadine, une « battante ». Elle a repris l’exploitation en 2000 à la mort de son mari, Pascal, installé depuis 1987 et qui lui avait tout appris de la vigne. Une période éprouvante où cette mère de deux petites filles, munie d’un diplôme de comptabilité, se retrouve seule pour faire vivre le domaine. Elle va en faire évoluer le fonctionnement et les ambitions : « il fallait foncer, développer ce qui avait été fait et réorienter la commercialisation ». Pour faciliter son démarrage, le comité d’entre-aide des vins se mobilise jusqu’à

la récolte et Bernard, son beau-frère, quitte son travail pour venir gérer la partie vigne. Alors que le domaine vendait surtout aux négociants, Nadine décide très vite de miser sur la vente directe en bouteilles. Pour atteindre ses objectifs, Nadine réalise une nouvelle cave en 2001 – « un investissement important pour mieux travailler les vins » –, écume les salons régionaux et répond présente à toutes les invitations de dégustations privées. « Je consacrais tout à la croissance du domaine,

7 jours sur 7, week-end compris » dit-elle. Un « coup de cœur » dans le guide Hachette et la reconnaissance de cette femme née hors du sérail par les professionnels viennent récompenser sa démarche gagnante. En 2010, la croissance devient même celle du vignoble avec l’acquisition de vignes (1,15 hectare) en Mâcon Village, désormais intégrées aux vingt-six parcelles orientées sud-sud est. « Des terres minérales qui donnent aux vins du Mâconnais toutes leurs qualités fruitées » souligne Nadine. Aujourd’hui, avec 60 000 bouteilles commercialisées en 2013 contre 500 bouteilles en 2000, une présence sur les belles Tables de la région et les meilleurs cavistes, Nadine a gagné son pari, sans triomphalisme. « Maman est très exigeante sur la qualité du vin comme sur la qualité de vie, mais elle a le défaut de ses qualités : elle se met la pression en permanence » confie Marine, sa fille ainée, 22 ans, qui l’a rejoint à mi-temps sur le domaine. Nadine confirme, imperturbable :

à

« il fallait foncer, développer ce qui avait été fait et réorienter la commercialisation. »

dates clés1966Naissance à Mâcon

1987La jeune diplômée en comptabilité arrive sur le domaine

2000Reprise seule du domaine

200220 000 bouteilles produites

2013Arrivée de Marine sur le domaine Nadine Ferrand

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« tout passe par moi, de la vinification au marketing en passant par la gestion, c’est très stimulant ». Et pas question de manquer les salons professionnels, comme celui de Londres où elle prend plaisir à rencontrer les centaines d’invités pour de longues dégustations. Marine, qui a effectué un stage de six mois chez un importateur à Washington DC, détient les clés pour assurer au domaine Nadine Ferrand la réussite à l’exportation.

La moitié de la production est désormais vendue à l’étranger. Et la croissance n’est pas finie ! Les plans sur son bureau, Nadine prévoit de doubler la superficie de la cuverie et de la cave de dégustation du domaine. « Pour avancer, j’ai besoin d’avoir des projets ! »

nadine ferrandvendange les succès sur son domaine de charnay-lès-mâcon

« tout passe par moi, de la vinification au marketing en passant par la gestion, c’est très stimulant »

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christopher clarke donne sa pleine mesure à la musique ancienne

e Maître d’art et facteur d’instruments anciens à clavier exporte ses fac-similés et fabrications dans le monde entier.

Dans la nuit hivernale givrant la campagne aux contours de paysages écossais fantomatiques de Donzy-le-National, on s’imagine pourquoi Christopher Clarke, sujet britannique grandi en Écosse, y a élu domicile et établi son atelier de facteur d’instruments anciens à clavier. Sans doute retrouve-t-il des pays d’enfance nimbés de brume... Un environnement propice à l’inspiration et à la concentration de ce Maître d’Art restaurateur et fabricant de pianos-forte et de clavecins. « Je suis un rat des campagnes » sourit Christopher dans un français d’une exquise courtoisie. Il parle aussi « ébéniste » en usant de ces outils aux noms étranges : vastringue, varlope, guillaume, guimbarde, tarière, rifloir ou tarabiscot... Des instruments à bois à ceux de musique, la boucle est bouclée, ou plutôt chantournée de la plus belle des façons chez cet artisan d’art, habile et expert sur les matériaux, intarissable sur son art et d’un savoir infini sur l’histoire de la musique. Par exemple, sur Le Piano-forte sous le Premier Empire, une conférence qu’il a donnée en 2012 aux Invalides avec le soutien des ambassadeurs de Suisse,

ldates clés1947Naissance dans le nord de l’Angleterre

1968Achat de son premier piano ancien

1970Stage au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg

1978Arrivée à Paris

1987Arrivée à Cluny

1994Installation à Donzy-le-National

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d’Autriche et de la République Tchèque. Les clients du Maître sont européens, américains, japonais, tous concertistes, collectionneurs, musées ou conservatoires. Le monde entier et la fine fleur des instruments à clavier se donnent rendez-vous dans l’atelier de Donzy « l’Inter-national »... Sait-on qu'en France au début du XIXe siècle – la Révolution est passée par là – on compte seulement quelque 260 pianos à queue, sortis principalement du grand fabricant Érard, pour plus de 2 000 dans l’aristocratique

Angleterre. « Une dizaine a survécu, dont deux en état de jouer » raconte Christopher Clarke qui, désormais, redonne une âme musicale à une époque révolue

grâce à des copies fidèles : « le fac-similé permet de jouer sur des instruments anciens, comme autrefois » ; comme celui d’un piano de 1826 du facteur Conrad Graf, fournisseur de Beethoven et Chopin, commandé par une Fondation belge, ou de ce piano-forte Érard

en forme de clavecin de 1802, pour le Musée de la Musique à Paris. De sa « première grande restauration », Christopher se souvient d’un clavecin Ruckers 1624 abrité au musée Unterlinden de Colmar. Des œuvres anciennes qui nécessitent un travail patient, parfois jusqu’à 3 000 heures pour un seul instrument et reflets d’une passion de jeune étudiant en Sciences Humaines : avec un peu d’argent de son 21e anniversaire, il s’était offert aux enchères « un vieux piano de 1825, retapé avec les conseils de la Russell Collection d’Edimbourg ». Il y deviendra d’ailleurs salarié après un détour par Nuremberg et avant de s’établir à Paris. Son envie de campagne le conduira rapidement en Bourgogne, d’abord dans l’Yonne, puis à Cluny en 1987 et enfin à Donzy. « Mon ami Pascal Cranga, rencontré au salon Musicora, alors que je cherchais où m’installer, m’avait vanté le lieu comme le plus bel endroit du monde, je suis d’accord » s’amuse Christopher. « J’adore la variété des paysages et l’architecture qui changent tous les 20 km, la cuisine et le vin ». S’il ne croit pas aux fantômes, le maître de Donzy croit à l’évidence à la belle ouvrage née dans ce pays inspirant.

« le fac-similé permet de jouer sur des instruments anciens, comme autrefois »

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est l’un des rares chefs français à la fois Meilleur Ouvrier de France (MOF) et triplement étoilés. Discret et pétri de talent, Éric s’est formé dans

les plus grands établissements. Un parcours remarqué.

« Le choc ! » Éric Pras se souvient de la vision des vingt cuisiniers, tout de blanc vêtus, et du premier jour de son arrivée – le 15 août 1989 – en apprentissage chez Troisgros. Le choc et un rêve exaucé. Jusque-là, le gamin né à Roanne était apprenti dans une honnête auberge des environs, avec trois cuisiniers avant de pénétrer – enfin ! – dans ce temple de la gastronomie. Il en avait rêvé quand la famille passait devant la célèbre enseigne et depuis qu’en 3e, Éric a décidé d’être cuisinier, baigné d’ambiances et de souvenirs familiaux, des grands-mères aux fourneaux exhalant les fumets, un grand-père chasseur et les produits de la ferme, du cochon au civet de lièvre... Tout ce qu’on trouve au menu de l’enfance d’un chef français.

éric prasgoûte tous les charmes de la maison lameloise

dates clés1972Naissance à Roanne

1989Apprentissage chez Troisgros

1993Pierre Gagnaire

1998Régis Marcon

2004Meilleur Ouvrier de France

2008Arrivée à Chagny et reprise de Lameloise

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« Mon professeur du CFA de Mably m’a encouragé à jouer ma carte dans ces maisons où il est très difficile d’entrer ». L’apprenti retient la leçon et fait ses preuves. Il reste plus de deux ans chez Troisgros, enchaîne chez Bernard Loiseau à Saulieu, puis chez le très créatif Pierre Gagnaire à Saint-Étienne en 1992, où il vit le passage à la 3e étoile l’année suivante. Un parcours commencé sous les meilleurs auspices, avec un détour –service national oblige- par le mess du ministère de la Défense. Il gère les commandes et les brigades composées d’appelés tous issus de grandes maisons, « une expérience très enrichissante ». Éric Pras reprendra son itinérance pour découvrir de nouveaux restaurants étoilés et les cuisines d’autres régions, en Alsace et en Provence. C’est chez Régis Marcon, à l’Auberge des Cimes, dans le décor rude et sauvage aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche, qu’il s’installera le plus longtemps, six ans en deux périodes. Quand Régis Marcon est lauréat du Bocuse d’Or (1995), puis quand il obtient sa troisième étoile (2005), une distinction que, vingt ans après Gagnaire, Éric goûte comme il se doit en louant « la cuisine très créative » des deux chefs. « L’Auberge est un lieu cher à mon cœur, Régis Marcon est très pédagogue et a toujours montré une grande gentillesse » confie Éric.

Dans le petit monde des trois étoiles, la réputation du second de l’Auberge, MOF 2004, a séduit Jacques Lameloise en quête d’un jeune chef pour prendre la relève d’ici quelques années. Éric Pras accepte, séduit par le prestige de la maison et désireux d’offrir à sa petite famille un climat plus clément que les congères et la burle des hivers alti-ligériens.En 2009, Jacques cède la célèbre maison de Chagny à Éric Pras et Frédéric Lamy, neveu de la famille. « Notre objectif est de maintenir le standing de la maison, de respecter le nom Lameloise qui est un patrimoine de la gastronomie

française, mais ce n’est pas un musée, nous nous projetons vers l’avenir » indique Éric. Au menu, si les grands classiques sont toujours là -foie gras de canard à la vapeur de truffe, langoustine au jus de pomme verte- le chef concocte des recettes aux touches bourguignonnes affirmées en cazette du Morvan, moutarde Fallot et sarments de vigne... Un des rares chefs à la fois MOF et trois étoiles (ils sont 5 sur 27), Éric Pras a trouvé en Saône-et-Loire un territoire conforme à son appétit de découvertes. À l’écart du circuit médiatique, Éric cultive une personnalité réservée, heureux de vivre un métier-passion entre fierté et humilité du travail accompli. « Il ne faut pas perdre l’essentiel » rappelle le chef à la tête d’une brigade de 22 personnes !

« notre objectif, (…) respecter le nom Lameloise qui est un patrimoine de la gastronomiefrançaise, {en nous} projetant vers l’avenir »

savourez…un terroir aux mille couleurs et saveurs

Bien connue pour ses grands vins (Saint-Véran, Pouilly-Fuissé, Givry, Mercurey, crus du Beaujolais), ses viandes (bœuf de Charolles, poulet de Bresse) et ses fromages, la Saône-et-Loire détient le record en France du nombre d’AOC non viticoles, gage de la qualité des produits de son terroir brillamment mis à l’honneur par les Chefs au Festival des Francos Gourmandes, rendez-vous musical et gastro- nomique les 13 et 14 juin à Tournus.

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l a développé l’entreprise familiale pour en faire l’une des premières scieries en chênes de France. Manager dynamique aux multiples activités, il incarne l’image

entrepreneuriale de la Saône-et-Loire.

La région de Vendenesse-les-Charolles, siège de la scierie Ducerf, est doucement vallonnée et boisée. « Le massif forestier du Charolais et de la Bourgogne est la source de notre activité depuis quatre générations » explique Jacques Ducerf, PDG de l’entreprise éponyme, un géant de haute futaie à la voix douce qui culmine à près d’un mètre quatre-vingt-dix. Sous la solide stature au sourire réservé, on sent poindre le sentiment de reconnaissance pour les aïeux et le terroir nourriciers.

Jacques dirige l’affaire familiale avec ses trois cousins depuis 1992. Il y était entré presque vingt ans auparavant. Son père était « l’homme de la forêt », son oncle le formera au management, à la comptabilité et au commercial à l’export, notamment en Allemagne. À vrai dire, le jeune diplômé de Sup de Co, après son service militaire à Lyon abrégé par un accident au rugby, devient salarié d’une entreprise dont il connaît tous les recoins.

À partir de l’âge de dix ans, avec ses cousins, il travaillait dans la scierie pendant les vacances pour se faire un peu d’argent. La maison était à cent mètres des ateliers. « J’ai atteint le summum : aide-scieur, j’étais fier ! Pendant toutes ces années, je me suis formé sur le tas et j’étais convaincu que je reprendrais un jour l’entreprise » confie Jacques. Il garde bien sûr le souvenir de cette heureuse époque et des senteurs du bois, uniquement

des feuillus – des chênes à 80 % – travaillés par les scieries Ducerf. Privilège de son métier « patrimonial », il hume encore chaque jour « cette odeur du chêne très particulière, faite du tanin des tonneaux et de réglisse ». Au nom de cette 4e génération, il décide dès 1993 d’engager l’entreprise dans la 2e transformation, c’est-à-dire de produire des bois aboutés et lamellés-collés : « ce sont des produits phares pour lesquels nous avons créé des marques et qui sont vendus pour la moitié à l’export. Ils répondent aussi parfaitement à la réglementation thermique 2012 » explique le patron de Ducerf SA, soucieux d’environnement. Il a été le premier en France à obtenir la certification gestion durable des forêts PEFC. Pendant cette double décennie, l’entreprise pratique aussi la cession et le rachat de plusieurs sociétés. Ducerf rachète notamment une entreprise à Biches dans la Nièvre – Jacques plaisante sur l’association de ces deux noms Ducerf et Biches –

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visitez… euroforest, le salon forêt-bois en pleine nature

Tous les quatre ans, la Saône-et-Loire accueille, au cœur de ses grands massifs forestiers à Saint-Bonnet- de-Joux, le plus grand rendez-vous de la filière forêt-bois. Cette foire forestière internationale réunira du 19 au 21 juin tous les acteurs de la forêt, du bois énergie, du transport, des entreprises de travaux forestiers, abattage, débardage… Euroforest s’est imposé comme le leader de la forêt et de l’exploitation forestière en France. Avec 400 marques en démonstration et 35 000 visiteurs professionnels et grand public, Euroforest fait partie des trois premières manifestations de matériels forestiers en Europe.

« {il hume encore} cette odeur du chêne très particulière, faite du tanin des tonneaux et de réglisse »

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jacques ducerfest l’homme du bois, dont on fait des réussites

et récemment, en 2011, le groupe rachète une usine de 2e transformation près de Dijon. En 2009, alors qu’il est président de l’Interprofession Bois Bourgogne, il s’est associé avec cinq entreprises pour commercialiser « les bois traités haute température », une technologie qui permet d’obtenir des matériaux très durables pour des utilisations en extérieur. « Je crois à la mutualisation et à la coopération entre entreprises pour lancer et réussir des projets, affirme Jacques, surtout quand elles poursuivent des objectifs d’innovation ». Dans le même esprit, il vient d’accepter

les fonctions de président du Crédit Agricole Centre-est, « pour être utile à ma région ». Parmi toutes ses occupations, Jacques Ducerf trouve le temps de faire du vélo régulièrement et, une semaine par an, de marcher sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. L’idée a été lancée un peu comme un défi lors d’un repas avec un cousin. Depuis, notre PDG prend le départ pour de brèves infidélités aux forêts charolaises. Mais c’est pour mieux revenir riche d’expériences et de rencontres au pied de ses arbres et vivre heureux…

dates clés1952Naissance à Paray-le-Monial

1975Entrée dans l’entreprise Ducerf

1992Nommé à la direction de l’entreprise

2000Restructuration de Ducerf suite à la tempête de 1999

2011Reprise d’un site de 2e transformation du bois en Côte-d’Or. Ducerf traite 35 000 m3 de bois, soit 20 000 pieds par an, et emploie 160 personnes

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thierry chevenet en fait tout un fromage et les clients adorent ça

l a créé le plus grand cheptel caprin d’Europe. L’homme qui murmure à l’oreille des chèvres est convivial et passionné depuis toujours par l’élevage.

Ses fromages sont un « must » pour les gourmets.

Qui dira les conséquences d’un caprice de gamin ? Vers quatre ans, le petit Thierry réclame un chevreau à son père agriculteur qui n’élève « que » des vaches. « Il y avait des chèvres partout dans la région, des centaines d’élevages, je voulais un chevreau, comme une peluche. Je l’ai eu, une sœur est arrivée, ils ont fait des petits, voilà comment tout a commencé » se rappelle Thierry Chevenet. À dix ans, le soir après l’école, il passait deux heures en famille à traire les quelque 150 chèvres de la ferme.

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dates clés1963Naissance à Mâcon

1986Installation comme agriculteur (après un premier emploi en laiterie industrielle)

1998Mariage avec Nathalie, trois enfants

2006 et 2010Obtention des AOC Mâconnais et AOC Charolais

2013Il produit 1,5 million de litres de lait par an et 3,5 millions de fromages par an

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L’élevage prolifique s’est développé de main de maître jusqu’à aujourd’hui. Grâce à lui, Thierry Chevenet, doté d’un diplôme de l’École nationale des Industries du Lait et des Viandes et d’une formation commerciale à Paris, est devenu le premier producteur de fromage de chèvre fermier en Europe. Il y a deux mille chèvres laitières sur l’exploitation de 250 hectares de fourrages cultivés en agriculture raisonnée et plusieurs centaines de chèvres dans le monde. Car les plus beaux spécimens d’Hurigny, sélectionnés génétiquement et indemnes de tout germe, sont choisis par les experts et les ONG pour la réintroduction d’élevages caprins dans les pays en voie de reconstruction. « J’ai des commandes plusieurs mois avant les naissances en mars » dit-il. Une preuve de la qualité du travail de Thierry Chevenet parmi beaucoup d’autres. Le premier client ne s’y est pas trompé : le chef triplement étoilé Paul Bocuse fit le voyage de Lyon pour choisir ses fromages de chèvre en Saône-et-Loire. Depuis, bien d’autres restaurants étoilés, traiteurs haut de gamme et grands événements (Festival de Cannes, Tournoi de Roland-Garros..) se fournissent à la fromagerie Chevenet. Thierry s’est impliqué de longue date dans le processus d’obtention des AOC fromagères jusqu’à la création des appellations du Mâconnais en 2006 et du Charolais (2010), emblématiques de la ferme d’Hurigny. Le premier est un fromage de 50 grammes affiné à 12 jours, le second un délice de 250 grammes affiné à 16 jours, auquel il faut ajouter la baratte, une trouvaille soufflée par Bocuse pour miniaturiser les Mâconnais. « Je fais les fromages comme je les aime, en finesse et fondants, où se mêlent les odeurs de chèvres adoucies par des parfums de sous-bois et de champignons persistants » explique Thierry. On peut croire sur parole le bourguignon qui a occupé plusieurs présidences d’organismes professionnels et prend plaisir à s’asseoir à la table des dégustations. Ce digne rejeton septième génération de la famille connaît tout de la vie de ses deux mille chèvres, toutes badgées électroniquement et répertoriées sur son ordinateur. Il les dorlote aussi grâce à une nourriture sélectionnée sans OGM et bannissant tous facteurs de stress :

« alimentation à volonté, pas de barrière et pas d’écornage, ce qui signifie que les animaux n’éprouvent pas l’envie de se battre pour les besoins alimentaires et sexuels ». Et en période de reproduction, 97 boucs sont à disposition des biquettes pour assurer la perpétuation du cheptel. L’élevage a bien prospéré. Pour le visiteur, le propriétaire, avec un plaisir gourmand, s’amuse à appeler ses chèvres qui se précipitent vers lui avec des grands yeux ronds curieux. « Si on aime ce qu’on fait, il faut savoir le partager » rigole Thierry, heureux d’avoir fait d’un caprice caprin une passion qui enchante ses clients.

« je fais les fromages comme je les aime, en finesse et fondants, où se mêlent les odeurs de chèvres adoucies par des parfums de sous-bois et de champignons persistants »

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humaniste et solidaireOuverture d’esprit et sens du collectif, deux traits marquants

des Saône-et-Loiriens que l’on retrouve dans une vie associative foisonnante et de nombreuses initiatives citoyennes. La solidarité et la tolérance sont inscrites dans l’ADN de ce territoire, véritable

carrefour d’échanges.

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« …le regard des gens, empreint de pitié, m’a bouleversée, je me suis dit qu’il fallait changer ce regard »

elle réussite pour la jeune coach de l’Élan Chalon : son équipe adulte de basket en fauteuil s’impose en compétition. Et la section handibasket qu’elle a

créée pour les jeunes a fait le plein.

Sandra Cléaux a toujours été sensible au handicap. « Je ne peux pas l’expliquer, c’est comme ça depuis toute petite ». Preuve s’il en est que l’enfance imprime les différences et reste, après maturation, le creuset d’où peut surgir un jour un engagement. Sa confrontation réelle avec le handicap, Sandra la date de sa rencontre avec Jean-Michel Augier

dans un camping au Grau du Roi, été 1999. Elle est frappée par le dynamisme du jeune homme lors d’un tournoi sportif. Ils se reverront régulièrement, notamment sur les pistes de ski. Lors d’une descente au flambeau aux côtés de Jean-Michel, elle dévale la pente aussi en fauteuil, guidée par un moniteur. À l’arrivée, elle se lève, pas Jean-Michel. « À ce moment, le regard des gens, empreint de pitié, m’a bouleversée, je me suis dit qu’il fallait changer ce regard » se souvient la belle trentenaire aux yeux clairs.

Pour cette basketteuse (National 1 et 2 puis en N3 à l’Élan Chalon) et professeur d’EPS à Cuiseaux, l’engagement arrive dans son collège avec une présentation du handicap et du basket en fauteuil par Philippe Maillard. Celui-ci, responsable de la section handibasket de l’Élan Chalon, lui propose de devenir l’entraîneur de l’équipe. Le déclic. Elle accepte

de coacher les adultes. L’année suivante, elle créera une section pour les jeunes après un choc lors d’un match de basket à Cuiseaux : elle voit un gamin atteint de myopathie, seul enfant invité à assister à la rencontre. À lui et à d’autres, elle veut offrir la possibilité de pratiquer son sport favori. Pour mener à bien son projet, elle contacte l’APF Chalon (Association des Paralysés de France) et réussit à réunir un groupe de huit jeunes débutants de 9 à 16 ans. « L’aventure », selon Sandra, a commencé en novembre 2012 et se poursuit au Colisée de Chalon-sur-Saône tous les samedis matin. Elle permet aux gamins de vivre des moments de loisirs inhabituels. Les bénéfices sont multiples, notamment une bonne intégration entre les différents âges et des échanges avec les valides : « l’entraînement, c’est l’occasion pour eux de continuer à faire autre chose ». Si la dimension ludique et pédagogique prime pour les enfants, la coach Sandra a clairement fixé des objectifs ambitieux pour « ses » handicapés adultes : « les joueurs doivent se familiariser avec les enjeux

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soutenez… l’élan chalon, 1er club sportif de bourgogne

Au-delà de la production d’un spectacle sportif de très haut niveau au basket, des superbes résultats de ces dernières années et de ses 5 000 supporters à chaque match, l’Élan Chalon est un acteur social à part entière, non seulement pour la ville de Chalon-sur-Saône et l’agglomération du Grand Chalon, mais aussi pour toute la Saône- et-Loire et la région Bourgogne. Il prouve chaque jour son attachement aux valeurs de la Saône-et-Loire : formation des jeunes, citoyenneté, solidarité, complicité et créativité !

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et les exigences qu’impose la compétition. Ils doivent progresser sur les plans physique et technique et acquérir le niveau requis de N2 pour viser plus haut ». En janvier dernier, Sandra Cléaux, lauréate du concours Version Femina et sollicitée par les médias et les présentations de toutes sortes en plus de son job de professeur d’EPS, accusait la fatigue et son étonnement : « ce que je fais n’est pas exceptionnel » dit-elle.

Mais la coach joue le jeu avec, à la clé, quelques milliers d’euros qui seraient bienvenus pour équiper les enfants en fauteuils adaptés au basket. Acheter des fauteuils est sa priorité pour les jeunes. Pour les adultes, la réussite est déjà là avec un groupe passé de dix à vingt-cinq licenciés en trois ans. Surtout, « on ne voit plus la personne handicapée, on voit le sportif ». Comme elle se l’était jurée, le regard a changé...

dates clés1976Naissance à Saint-Rémy

2006Professeur d’EPS dans le Loiret

2010Arrivée à Cuiseaux

2011Coach handibasket à l’Élan Chalon

2012Crée la section enfant handibasket

sandra cléauxdonne un nouvel

élan à la pratique du handibasket

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mansour zoberifait la promotion de la diversité dans les cités et au groupe casino

17 ans, ce fils d’ouvrier a ouvert la voie à la médiation sociale dans les ZUP. Aujourd’hui, directeur promotion de la diversité

et de la solidarité pour le groupe Casino, il est reconnu comme l’un des meilleurs experts pour la prévention des discriminations. Un parcours exemplaire.

Dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, le jeune Mansour Zoberi éteignait le feu des émeutes dans les cités, aux Minguettes à Vaulx-en-Velin, à Torcy... En 2013, élu à la CCI de Saône-et-Loire, il est en charge de la gestion des conflits d’intérêt. On ne se refait pas, surtout quand on semble né pour apaiser les tensions ou se faire le porte-parole des faibles. « J’ai découvert très tôt l’importance et la richesse de l’être humain » affirme Mansour Zoberi, que rien

ne paraît désarçonner. Au lycée, à la demande de son proviseur, il anime les débats autour de la loi sur le racisme. En même temps, il devient le plus jeune moniteur de secourisme et animateur bénévole – à 17 ans – dans le quartier des

àdates clés1959Naissance à Oued-Sly (Algérie)

1976Responsable d’éducation populaire à Mâcon

1983Marche des Beurs Rencontre avec Christian Delorme et Azouz Begag Il reste dix ans à Lyon

1991Retour au Creusot

1997Entrée au Groupe Casino

2002Talents des Cités

2011Élu Medef à la CCI de Saône-et-Loire

« j’ai découvert très tôt l’importance et la richesse de l’être humain »

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Gautriats à Mâcon. C’est décidé, il sera animateur socio-associatif et médiateur social dans les quartiers sensibles de la politique de la ville. Au quotidien, avec les familles, il lutte contre l’absentéisme scolaire, expérimente l’école ouverte et le théâtre pour tous, crée des classes vertes et des cafés-concerts. Quand ça chauffe, pour désamorcer les tensions, Mansour fait partie des « casques blancs » qui s’interposent entre les jeunes émeutiers et les forces de l’ordre. Il mène aussi des actions avec Mgr Decourtray, cardinal de Lyon, l’abbé Pierre, Bernard Kouchner, le recteur de la Mosquée de Paris...

Le sang-froid, le sourire désarmant et l’efficacité de ce jeune algérien, venu en France en 1960 un an après sa naissance, naturalisé en 1997, séduisent. En treize ans de médiation sociale et de résultats positifs, le chef de projet a l’oreille des préfets, des collectivités et de... l’enseigne Casino, employeur important dans les quartiers. Le groupe de distribution le recrute pour s’occuper de toutes ces questions sociétales : les partenariats nationaux avec les ministères, la politique de la ville, la prévention des discriminations, la diversité, la responsabilité sociale de l’entreprise... Plutôt qu’un poste de Conseiller du président, il préfère intégrer la Direction des Ressources Humaines, « au contact des opérationnels et des collaborateurs, un vrai poste pour faire évoluer les mentalités », explique le directeur promotion de la diversité et de la solidarité de Casino. Un exemple : la société affiche aujourd’hui un taux de travailleurs handicapés de 11,4 %, alors que l'obligation légale est de 6 %. Parallèlement, le jeune cadre reprend ses études et obtient au CNAM un DESS en sociologie

des organisations. Depuis, on ne compte plus les expertises, rapports et conventions qu’il a signés en propre ou pour son entreprise pionnière, depuis la violence dans les stades de football au Plan Espoir Banlieues, en passant par la Charte de l’Égalité des Chances et le concours Talents des Cités.

La charte de la Diversité en entreprises est signée aujourd’hui par 3 500 entreprises, tandis que Casino a été « laboratoire » pour étudier les facteurs déclencheurs des discriminations et pour un testing sur les procédures de recrutement. Référent national des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) pour la prévention des discriminations, Mansour, malgré ses multiples missions, continue à s’occuper du Foyer des jeunes travailleurs de Chalon-sur-Saône. Car l’élu à la CCI n’oublie pas que son père était ouvrier sur la ligne PLM en 1948, et qu’il lui a appris à « être curieux de tout ». Comme pour rappeler que l’intégration « se fait bien » et qu’elle est désormais sur les rails…

« {être} au contact des opérationnels et des collaborateurs, un vrai poste pour faire évoluer les mentalités »

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u nom de la solidarité, elle a créé l’association Les Glaneurs du Chalonnais pour récolter fruits et légumes. Grâce à cette femme généreuse,

les précaires récoltent aussi l’espoir de vrais repas.

« Une super bonne idée ! » Dominique Copreaux se souvient de ce soir d’automne 2011 où trois « compagnons de galère », des gens de la rue, Daniel, Jean-Jacques et Aurélie, sont venus la voir à son bureau d’ajointe à l’enfance et à la famille à la mairie de Chalon-sur-Saône. Elle les avait déjà rencontrés lorsqu’elle était bénévole dans une « soupe populaire ». « C’était extraordinaire, ils m’ont proposé de partager la récolte de la glane avec d’autres personnes précaires ». Loin des polémiques sur l’assistanat, des gens se prennent en main et pensent à partager : Dominique Copreaux s’enthousiasme pour cette démarche « utile et généreuse ». Elle fera tout pour les accompagner, à commencer par organiser une association – Les Glaneurs du Chalonnais – en sollicitant un complice, Gérard Prenas, puis en payant de sa personne sur le terrain. Entre Gérard, le modérateur réfléchi, et Dominique, l’affective passionnée, le tandem est complémentaire. Tout va aller très vite. Les récoltes sont organisées et développées sur le marché Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône par les Glaneurs : fruits, légumes, charcuterie, fromage, pain et même des fleurs, pour donner un peu de couleurs à la grisaille sociale. Tout est acheminé et trié sous un préau voisin, puis redistribué auprès des personnes dans la précarité.

« L’objectif était de faire partie du marché et de bâtir une confiance réciproque avec les commerçants et les consommateurs », explique Dominique. Enfant avec sa mère, elle arpentait déjà le marché, la voilà en 2012 avec les Glaneurs dotés de gilets, offrant une soupe gratuite le 8 décembre, des petits déjeuners de fruits,

des colis-cadeaux culinaires confectionnés par les Glaneurs... Des petites attentions qui créent des liens avec les commerçants solidaires de cette action alimentaire, mais pas seulement. La lutte contre le gaspillage s’est aussi invitée sur le marché. Outre les dons, des produits non vendus, guère présentables mais propres à la consommation, finissent en confiture ou en pot-au-feu. Résultat, en 2012, six tonnes de fruits et légumes ont été redistribuées à une cinquantaine de précaires chaque semaine, des bénéficiaires du RSA, retraités en difficulté, jeunes mères seules, SDF. Dans la foulée, les Glaneurs ont lancé le ramassage de pain rassis pour les fermes

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« l’objectif était de faire partie du marché et de bâtir une confiance réciproque avec les commerçants et les consommateurs »

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dominique copreauxaccompagne les glaneurs en galère

(une douzaine de kilos par jour) et des boîtes d’œufs. Une boutique de vêtements et d’ustensiles divers a aussi ouvert un jour par semaine. Tout y est gratuit. « L’association grandit sûrement » se félicite Dominique Copreaux, désormais retraitée après une carrière de cadre dans l’administration préfectorale. « Je suis faite pour l’humain », confie celle qui a monté de nombreux projets et reconnaît,

sans amertume, avoir connu de grandes désillusions, rançons des grandes passions et des idéaux pas toujours aboutis qui l’ont animée. La lecture d’Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik l’a beaucoup aidée. « Derrière les échecs, il y a des richesses qu’il faut découvrir » dit-elle, une leçon de vie qu’elle s’emploie à partager avec le monde des glaneurs.

dates clés1950Naissance à Lyon

1974Mariage à Chalon-sur-Saône

1998Emploi à la préfecture de Lyon. « J’ai appris une technicité qui me sert aujourd’hui »

2003Grand-mère pour la première fois

2008Entrée en politique, « avec l’espoir de faire de grandes choses »

2012En février, création des Glaneurs, « une renaissance »

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Oui, étonnant territoire qui a adopté la marque Saône & Loire CREATIVE LABourgogne pour mieux révéler sa force et ses richesses, tourné vers l’innovation sans rien renier de son histoire. Se doter d’une marque traduit une modernité, des ambitions assumées et la volonté de s’affirmer dans la compétition territoriale européenne.

La marque est ainsi destinée à porter haut les couleurs de la Saône-et-Loire, promouvoir ses multiples atouts et valoriser les initiatives des hommes et des femmes qui, chaque jour, innovent et inventent l’avenir de leur territoire. L’originalité de Saône & Loire CREATIVE LABourgogne doit être soulignée. Car la marque est partagée, elle appartient à tous les habitants et à toutes les forces vives du département.

Les personnalités réunies ici investissent avec succès le devant de la scène économique, culturelle et technologique. Tous ces talents s’épanouissent dans un territoire qui, entre vallons et collines, accueille de nombreuses entreprises créatives, véritables laboratoires d’idées et d’innovation. Cette créativité est l’ADN de notre département, alors partageons-là !

37 AOCde vins, fromages, viandes…

2 gares TGV

1er Pôle industrielentre Paris et Lyon

200 000 spectateurs & 27 compagnies

étrangères au festival Chalon dans la Rue

2 700 collégiens équipés

d’une tablette pédagogique tactile(5 000 à terme)

233 km de voies vertes et voie bleue

1,5 million d’entrées loisirs et tourisme

dans le département

+ de 300 ateliers et 200 métiers d’art

représentés en Saône-et-Loire

la saône-et-loire va vous

surprendre !

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la roche-vineuse

une terre d‘innovation01 François Gadrey

02 Michèle Chevrot

03 Frédéric Rousseau

04 Bertrand Sonnier

05 Régine Petiteville

06 Vincent Guichard

bienvenue chez nous07 Séverine Opsomer

08 Véronique Garcin

09 Laurence Terk

le talent par excellence10 Pierre-Louis Juillet

11 Corso Balboni

12 Nadine Ferrand

13 Christopher Clarke

14 Éric Pras

15 Jacques Ducerf

16 Thierry Chevenet

humaniste et solidaire17 Sandra Cléaux

18 Mansour Zoberi

19 Dominique Copreaux

saône-et-loire

bourgognela saône-et-loire proche de vous :1 h de lyon / 1 h 40 de paris(par tgv)

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Saône & LoireCREATIVE MAG # 1

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MarqueSaône & Loire CREATIVE LABourgogneAgence de Développement Touristique

et de Promotion du Territoire389, avenue de Lattre de Tassigny

71000 Mâcon marque-saone-et-loire.fr

Frédéric RousseauMichèle ChevrotRégine PetitevilleThierry ChevenetVéronique GarcinBertrand SonnierFrançois GadreyCorso BalboniÉric PrasLaurence TerkSandra CléauxNadine FerrandPierre-Louis JuilletVincent GuichardChristopher ClarkeJacques DucerfMansour ZoberiSéverine OpsomerDominique Copreaux