DANIELCAGNOLATI De l'esprit de collection · divinités, les arts tribaux ont conquis un public...

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Date : SEPT 15 Pays : France Périodicité : Mensuel Page de l'article : p.50-57 Journaliste : Daniel Cagnolati Page 1/8 TRIBALART 9117994400509 Tous droits réservés à l'éditeur Dossier /Les arts tribaux Conçus pour s'approprier les bonnes grâces des ancêtres ou des divinités, les arts tribaux ont conquis un public bien actuel La magie opère pour ceux qui savent entendre Le message A l'occasion du Parcours des mondes qui se tient ce mois-ci à Paris, apprenons a mieux connaître les objets venus du Congo aux plaines de l'Amérique dont le point commun est >TEXTE DANIELCAGNOLATI De l'esprit de collection ^-Bouclier de guerrier en bois Kalimantan Indonesie Le motif central représente un visage monstrueux cense effrayer (adversaire Chez Serge Le Guennan \vant on était bien entre nous nous les passionnes dart tribal nous confie Serge Le Guennan un important marchand pinsien specialiste depuis 40 ans qui a bourlingue sur toute la planete Depuis peu, les acheteurs à art contemporain et moderne ont débarque sur notre marche et ont fait monter lei, prix Ils ont suivi cette vague qui \oila une quinzaine d annees a fut émerger les arts tribaux au grand jour Les prix explosent En novembre 2014 Sothcb\ s New \ork décrochait le record du monde avec une statue feminine Deble Senoufo (Cote divoire) partie a 10 9 millions d euros Le 9 juillet 201S Christies Londres prenait la deuxieme place avec un porte fleche I uba (Republique démocratique du Congo vers 1880) adjuge 8 S millions d euros Eii]uin2015 Sotheby s Paris dépassait en une soiree un total de 10 millions d euros darts tribaux vendus ll existe évidemment des lots beaucoup plus abordables maîs I existence même d un haut dt game montre que ce marche est structure verticalement hiérarchise Maîs qu est ce donc que les arts tribaux 7 Souvenons nous des diffi cultes qui contin lient i h ps>cha nalvse collective pour trouver un nom au musee du quai Branlv i Paris <En I rance une tendance au politiquement correct fait qu on a parfois du mal a nommer les choses relevé Serge Le Gnennan Dans les annees 1930 on parlait <d art nègre» Ensuite on a dit art primitif puis «arts premiers» L expression art tribal (tribal art en mglais I s impose a I international Elle est plus précise d un point cle vue historique et anthropologique puisqu elle desi gnc des objets de societes non étatiques Serge Ic Guennan voit I art tribal comme I ensemble des objets produits plr des groupes humains animistes e est a dire qui croient en la presence de forces dcs esprits en toutes choses dans un arbre une riviere une montagne Quand ces peuples produisent un objet dart e est pour s approprier les bonnes grâces d un monde nnisible on pratiquer le culte dcs ancêtres, Aucun objet ii est purement decoratif pour eux > La dem irene n i donc pas une origine esthetique au sens occidental du mot Ce sont donc dcs objets cultuels maîs culturels aussi ll y a fatalement un sens artistique car des gens sont dédies a la conception Le forgeron africain est capable de choses extraordinaires G est un etre inspire un artiste donc maîs toujours avec une dimension magique Même si I \fncam n utilise pas le terme d art pour ses propres productions ancestrales, // fam quand même comme nous

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Dossier /Les arts tribaux

Conçus pour s'approprier les bonnes grâces des ancêtres ou desdivinités, les arts tribaux ont conquis un public bien actuel La magieopère pour ceux qui savent entendre Le message A l'occasiondu Parcours des mondes qui se tient ce mois-ci à Paris,apprenons a mieux connaître les objets venus du Congoaux plaines de l'Amérique dont le point commun est

>TEXTE DANIELCAGNOLATI

De l'espritde collection

^-Bouclier deguerrier enbois KalimantanIndonesie Lemotif centralreprésente unvisage monstrueuxcense effrayer(adversaire ChezSerge Le Guennan

\vant on était bienentre nous nous les

passionnes dart tribal nous confieSerge Le Guennan un importantmarchand pinsien specialiste depuis40 ans qui a bourlingue sur toute laplanete Depuis peu, les acheteursà art contemporain et moderne ontdébarque sur notre marche et ontfait monter lei, prix Ils ont suivicette vague qui \oila une quinzained annees a fut émerger les arts tribauxau grand jour Les prix explosentEn novembre 2014 Sothcb\ s New\ork décrochait le record du mondeavec une statue feminine DebleSenoufo (Cote divoire) partie a10 9 millions d euros Le 9 juillet201S Christies Londres prenait ladeuxieme place avec un porte flecheI uba (Republique démocratique duCongo vers 1880) adjuge 8 S millionsd euros E i i ]u in2015 Sotheby s Parisdépassait en une soiree un total de

10 millions d euros darts tribauxvendus ll existe évidemment deslots beaucoup plus abordables maîsI existence même d un haut dt gamemontre que ce marche est structureverticalement hiérarchiseMaîs qu est ce donc que les artstribaux 7 Souvenons nous des difficultes qui contin lient i h ps>chanalvse collective pour trouver unnom au musee du quai Branlv iParis <En I rance une tendance aupolitiquement correct fait qu on aparfois du mal a nommer les chosesrelevé Serge Le Gnennan Dans lesannees 1930 on parlait <d art nègre»Ensuite on a dit art primitif puis«arts premiers» L expression arttribal (tribal art en mglais I s imposea I international Elle est plus précised un point cle vue historique etanthropologique puisqu elle designc des objets de societes nonétatiques Serge Ic Guennan voit I art

tribal comme I ensemble des objetsproduits plr des groupes humainsanimistes e est a dire qui croient enla presence de forces dcs esprits entoutes choses dans un arbre uneriviere une montagne Quand cespeuples produisent un objet dart e estpour s approprier les bonnes grâcesd un monde nnisible on pratiquer leculte dcs ancêtres, Aucun objet ii estpurement decoratif pour eux > Ladem irene n i donc pas une origineesthetique au sens occidental du motCe sont donc dcs objets cultuels maîsculturels aussi ll y a fatalement unsens artistique car des gens sont dédiesa la conception Le forgeron africainest capable de choses extraordinairesG est un etre inspire un artiste doncmaîs toujours avec une dimensionmagique Même si I \fncam n utilisepas le terme d art pour ses propresproductions ancestrales, // famquand même comme nous

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^ Masque Yaouréde Côte d'IvoireH.. 49 cm! Bois etpigment. GalerieClaes, de Bruxelles

ASerge LeGuénnan,marchandspécialise

A Brassard «errap» de guerrierMassal du Kenya Corne et fils delaiton. L'«errap» est reserve auxguerriers qui s'étaient distingues aucombat Chez Serge Le Guénnan

K Coiffure de chef YakaFibre vegetale, pot lsd antilope, clous.Afrique centrale.Chez Serge Le Guénnan.

une classification et parlerade qualité d expression, de finesse dutravail»II serait faux de considérer qu'ils'agit d'arts non européens Eneffet, Vikings, Baltes ou Polonaispratiquaient encore lart tribaljusqu'aux années 900 apr J-C Enremontant dans le temps, citonsaussi les Celtes «Plus pres de nous,au XVlIIe siecle, il existait encoredes populations montagnardes enEurope, notamment en Suisse, quiavaient maintenu des pratiquesmagiques contre des forces obscures,accompagnées d'un travail artistique»,précise Serge Le Guénnan On Icvoit également dans les masquesplus récents de certaines populationsalpines À l'inverse, la Chine a unestructure étatique vieille de 4000 ans,donc non tribale, même si elle a

connu des territoires de tribalismeDe même pour Ic Proche-Orient,dont la civilisation est encore plusantienne

Des collectionneursblancsEn matiere d'arts tribaux, les acheteurssont en grande majorité des Blancsd'Europe et d'Amérique du Nord, tantchez les antiquaires qu'aux enchères«Jusqu'à 99 % de Blancs '», épingleSerge Le Guénnan Comment l'expli-quer 7 «Si peu de Noirs achètent envente publique c'est parce que lesobjets ne leur parlent plus Les missionschrétiennes et l'islam sont passés par lapour suppnmer l'animisme On constateaussi un manque d intérêt financierDans les pays d'ongme le budget deI armement est considéré comme plus

important » On apurera, d/hs^certainscas, un désir de tournera page, defoncer dans la modernite lh plupartdes objets arrives jusqu'à nous datentde 1800 à 1960, rarement avant 1800,car les matériaux étaient relativementpérissables et les conditions climatiquesdifhciles (humidité, fortes chaleurs )Par exception, notre spécialiste citeles réalisations des Dogons du Mali,grâce à un climat sec et à la présencede grottes En général, on ne \a pas nonplus au-delà des annees 1960, l'époquede la décolonisation En ce temps, ilrestait des populations n'ayant jamaisvu cle Blancs, notamment dans lajungle de Papouasic Nouvelle- Guinée,en Amazonie Plus on avance dansle temps, moins il y a d'objets produitspour remplir leur fonction d'origineprotection contre les forces obscures,recherche de la fécondité, rites de

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A Sac à bétel rituel Region de Rende, est deSumba, Indonésie, début du XXe siecle ChezSerge Le Guennan

A Paire de «chevilleres» enlaiton de femme lbo, NigeriaLes chevillieres faisaient lafierté des femmes de notablesChez Serge Le Guennan

passage a l'âge adulte (notamment pour

les masques africains) «En Afrique,

dans les annee*, 1970, on ne trouvait déjà

presque plus neil, sauf parfois en faisant

de I archeologie», explique le marchand

Rn revanche, a la iiiême epoque,

notre explorateur a encore accompli

de nombreuses decouvertes dans des

contrées de l'Asie du Sud Est, dans des

îles de l'Indonésie et des Philippines

Un marché d'initiés, pasde richesLes faux ne manquent pas Li notion

même dc faux revel ici une connotation

particulière «C'est un objet fait non

pour un usage local, man pour être

vendu a des gens de passage, dam le

but de tromper donc», remarque le

specialiste II devient de plus en plus

difficile de reperer ces faux,

^ Figured'espritd'ancêtreAbelam,en boisXIXe siecle,Papouasie-Nouvelle-GumeeGalerie MichaelHamson

«7000 C»C'est, selon Serge Le Guennan, leprix du ticket d entree dans les artstribaux, la somme approximativepour acquerir «un bel objet»Si Jean-Yves Coue confirme ceprix, il explique cependant qu à500 euros, on trouve de|a «un objetintéressant»

L'AVIS DU MARCHANDr«En Polynésie française,

il y a peu de choses, maiselles sont très anciennes.»

Jean-Yves Coué est marchand àNantes, specialiste de l'Oceanie,du Pacifique et de Madagascar

Vous semblez fier de votre exposition à ('occasion duParcours des mondes 2015 à Paris. Pourquoi7

Cest la premiere foisqu un marchand presente uneexposition thématique sur Madagascar J'expose desobjets de 200 à 5000 euros, des choses simples, maîsvraies

Partez-vous à Madagascar ou dans le Pacifique pourchercher des objets ?Non J'en chine partout en Europe Mêmesijemedéplace régulièrement dans le Pacifique ou aMadagascar, ie n acheté pas sur place lin y a plusguère de choses depuis la fin des annees 1950 Lesobjets des peuples du Pacifique sont dans nos pays

La Polynesie française et la NouveUe-Caledonieconstituent-elles aussi des gisements intéressants ?Je m'intéresse aussi a I Oceane, à la Nouvelle-Calédonie, à l'Australie, a la Nouvelle-Zélande(les Maoris) En Polynesie française, il y a peu dechoses, maîs elles sont tres anciennes En outre,elles n 'ont pas eté copiées, car elles proviennent desociétes disparues dont il ne subsiste plus personnepour realiser des reproductions, des ob/ets deremplacement

Constatez-vous un désir de se réapproprier leurpatrimoine chez les peuples du Pacifique ?

Non, pas vraiment Cependant, ils manifestent unregain d intérêt pour leurs anciennes cultures ensculptant de nouvelles oeuvres notamment

La relation marchand - collectionneur est-ellevraiment importante pour les arts tribaux ~>Oui, tout à fait Le marchand (cue un rôle essentiel.Entre eux, la confiance doits 'établir D'ailleurs quandune personne se retire de la collection, il arrive

qu elle revende ses pieces aux antiquaires qu'elle afréquentés depuis des annees Des liens se tissent.Rien a voir avec les encheres

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La passion des Indiens d'AmériqueCascadeur a cheval et acteur pour le cinéma français, Mario Luraschi possède une fabuleuse collection sur les Indiens d'Amérique du Nord

Ce mois-ci le collectionneur vend une partie de ses objets à San Francisco, chez Bonhams

A Mario Luraschi pose fièrement pres d'une coiffede Sioux (ou ae Cheyennes) de sa collection.

L a Fille de Dartagnan, Napoleon, LesVisiteurs, La Reine Margot, LuckvLuke autant de films dans lesquels

les scènes de cavalcade ont ete réglées parMario Luraschi En tant que cascadeur ouacteur, il a participe à cinq cents réalisationsau cinema ou a la television, surtout enFrance On pourrait croire que ce createur despectacles equestres cst devenu collectionneurd'ob]ets sur les Indiens d'Amérique par voie deconséquence Eh bien non ' «C'est ma passionpour les Indiens qui m'a conduit aux chevauxet non le contraire», nous révele-t-il lors d'unerencontre dans sa demeure qui ressemble

A Hache de guerre estimée entreSO 000 et 70 DOO euros lors dela vente chez Bonhams. Ce sontles Européens qui ont apporte latechnique du f er aux Indiens et leuront vendu les premiers outils faitsdans ce metal

3 un vaste ranch maîs aussi a un museepaihculierunuil le gigantesque «hving loom»ou trône une Winchester sur la cheminée«Mon histoire debute après avoir lu cette phrasedu genéral americain Cutter, qui a combattules Peaux Rouges «Quand l'armée détruit uncamp d Indiens en tuant femmes et enfants,on appelle cela une victoire, maîs quandles Indiens attaquent un fort, on parle demassacre» Mario Luraschi s'est alors intéresseam Indiens, fascine par la simplicité de leurmode cle vie et leur société démocratique

Des achats à créditLe collectionneur possède plus de 700pièces sans compter celles sur les cow-bovsLe 14 septembre prochain, il en vendra 125chez Bonhams, a San Francisco II détientnotamment des objets tres peu vais en Europe«S; fai choisi I Amérique, c'est parce que c'estplus facile d\ vendre En France, on proposesurtout des coiffes ou des kachmas parce qu'il y aeu Malraux et Andre Breton quik} intéressaientAux Etats Unis, il existe de rentablescollectionneurs qui se passionnent pour deschoses simples comme des mocassins» Parmices collectionneurs, on retiendra notammentI acteur Tom) Lee Jones (le marshall federaldans Le Fugitif), une connaissance de MarioLuraschi «Quand je me suis intéresse auxIndiens j'avais déjà une experience de chineurje vais aux Puces depuis l'âge de dix ans», ajoutele patron du ranch Sa formidable collection, ill'a constituée partout, «en brocante, chez lesantiquaires, aux encheres, en Europe, auxEtats Unis » A ses débuts, il reconnaîtmême avoir acheté a credit certaines pieces 'Aujourd'hui, il possède dcs objets allant d'unecentaine d'euros a plusieurs centaines dcmilliers d'euros dont une veste des Black Fcct(les Indiens Pieds Noirs) en peau de cerf avec

des perlesNotre cavalier qui parle d'Indiens

maîs prefere le terme americaindc Natives (les habitants desouche) a celui d'Amenndiemutilise par les QuebecquoisL shine que «le problème desfaux se pose» Cette questionjjrésente d'ailleurs dessimilitudes avec celle de I arth iba! africain Au fil des ans

Mario Luraschi a développe

une veritable competence d'expert,particulièrement poui les peaux, les perles,les piquants de porcs-epics, la pierre taillée«L'expertise est compliquée ll faut reconnaîtrele type de perles, le tannage des peaux (quin'est plm le même aujourdhui), la manierede faire le dessin Le dessin indien ne s'inspirepas de l'imagerie actuelle, maîs de la naturePas de rose ou de jaune fluo donc ' > L hommemaîtrise parfaitement son sujet «Savez vousque ces perles étaient de la verroterie apportéepar les Blancs pour les échanges commerciauxet qu'elles provenaient souvent de france oud'Italie ?»\u fil des ans, la demarche d'abord affectivede Mario Luraschi est devenue plusscientifique, ethnologique et s'est enrichied'un \aste savoir sur le mode de vie desIndiens et leur cohabitation «impossible» avecl'homme blanc La collection a conduit a laconnaissance Le but est atteint •

>• La maison de Mario Luraschiest transformée en musee a (agloire des Indiens d'Amérique '

A Selle des Indiens Crow (nord des Etats-Unis)Contrairement a une idée fausse répandue par lecinéma, les Indiens ne montaient pas a cru

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L'AVIS DU MARCHAND

ll est importantd'exercer son oeil pourprogresser dans sa capacité

à reconnaître laqualité.»Jacques Germain, marchand aMontreal, specialiste de I Afriquenoire

Comment s est déroulée votre rencontre avec les artstribaux 7

Elie a eu lieu il y a de/a plus de 20 ans nee dune curiositéinsatiable et de nombreux voyages L ouverture d'unegâterie dévolue a la promotion de la culture matérielledes peuples du sud du Sahara s est rapidementimposée a moi

Que conseilleriez-vous a un jeune collectionneur 'Je ne leur conseillerais jamais assez de commencer parsolliciter les collectionneurs chevronnés Je les inviteraiségalement a bâtir une bibliotheque comprenant desouvrages de reference a se familiariser avec le plusgrand nombre possible de collections privées etmuseales et enfin de fréquenter un bon marchand 'Les objets phares étant chaque fois plus rares et leurcout plus eleve il est important d exercer son oeil pourprogresser dans sa capacite a reconnaître la qualite

Quelle place tient le Parcours des mondes dans votrevie de marchand 'C est un evenement incontournable I occasion deconfronter nos nouvelles acquisitions a Pans, ville ouïemarche de I art tribal est a la fois vivant et dynamique

car la documentation aux

mains des faussaires est de plus en plus

abondante Certaines personnes, en

Afrique suivent les encheres sur Internet

et a partir des photos et descriptifs

se mettent au travail Des lors Ic

pedigree la traçabilite la preuve

de I appartenance a une ancienne

collection rassurent I acheteur et louent

beaucoup dans la valeur de I ob|et Le

collectionneur se voit attribuer un rôle

allant au-delà de I authentification

\lors que les acheteurs exigent souvent

une signature pour les autres arts, ils

n'en ont pas pour les arts tnbam Par

une sorte de snobisme (sans qu il y ait

un doute sur I authenticité) on ajoute le

nom du collectionneur occidental connu

comme a e était lm I artiste Une autre

technique de valorisation du bien

A Poulie de metier a tisser en bois Baoule,Cote d Ivoire Chez Serge Le Guennan

consiste a parler du maitre dc >

en citant une region comme on

dit le Maître de tel ou tel lieu

pour un pnmitif flamand

ou sicnnois dont Ic nom

est inconnu des historiens

de lart La pratique semble

discutable C est complètement

artificiel i Cest la encore une

forme de snobisme pour faire

monter les prix regrette le

professionnel

Lun dts reproches les plus

couramment adresses a I art

tribal est qu il est devenu

cher C est lom d etre toujours

vrai comme le confirme le

specialiste Oui il est possible

dêtre collectionneur avec im

budget de quèlques milliers

A Porte-flèches des Luba de la RepubliqueDémocratique du Congo, vers 1880 lla ete vendu pour 8,5 millions d eurospar Christie s a Londres, le 9 juillet 2015H 64cm C est le deuxieme plus haut prixjamais atteint par un objet d art tribal

d euros ll faut etre passionne

avoir les yeux ouverts et posséder

de la culture Le soutien

des marchands est aussi

important Ce nest pas

dans les salles de ventes

qu on apprend a devenir

collectionneur Comme

disait Picasso a une dame qui

ne comprenait pas la peinture

moderne «Cest comme le

japonais cela s apprend

La connaissance comme

veritable prix de I émotion •

^ Divinité Style Baphuon, artkhmer, Cambodge Xie siecleGalerie Jacques Barrere

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^ Masque Baoule en bois, Côte d'IvoireFm du XIXe siecle Galerie Lucas Ration

Le Parcours des mondesLa grande manifestation internationale consacrée auxarts tribaux se tient ce mois-ci, a Paris

A Statue de Papouasie, baiede Geelvmk, XIXe siecle Boiset perles de verre H 26cm.Galerie Michel Thieme

A lui seul, le Parcours desmondes cree en 2002,symbolise le formidabledeveloppement ducommerce des arts tribauxa Paris, depuis quinze ans,que ce soit en galerie ouaux encheres Environ 20marchands de la Rive-Gauche spécialises dansles arts tribaux reçoiventle renfort de 60 collèguesétrangers et de provinceEn 2015 ils seront au total84, dont 12 Américains, 15Belges 7 BritanniquesCes nouveaux arrivantss installent temporairementchez les différentsantiquaires etgalenstes duquartier (quelle que soit leurspécialité) La visite se faitsous forme d un parcoursavec une signaletiqueadaptée Au risque deperdre un peu de son âmela rencontre comporteracette annee quèlquesmarchands d Arts asiatiquesclassiques de Chine et duJapon (donc darts nontribaux) ll n empêcheque I excellence demeureincontestable Toutes lescultures tribales serontreprésentées, de I Afriquea I Oceanie, en passant parMadagascar et I ArctiqueInternationale par soncontenu et sa participationcette manifestation l'est

aussi par sa fréquentationSigne des temps, LeParcours des mondess est choisi un presidentd honneur qui est I undes principaux galenstesd art contemporain de lacapitale, Robert Vallois Onse souviendra que le mondede i art contemporains interesse de plus en plusa celui des arts tribauxFinalement rien de nouveaudans cette attitude,puisque e était de|a I idéede Modigliani et davantageencore de Brancusi dans leMontparnasse des annees1920 Pour I occasion denombreux antiquairesorganisent une trentained expositions thématiques aI instar de Serge Le Guennanqui a choisi pour thèmeL utilitaire I ethnographietout un art Le su|et résumea lui seul la problématiquedes arts tribaux confrontéeau regard occidental

• Du 8 au 13 septembreNocturnes le 8 et le 10,|usqua21hQuartier de St Germaindès-Prèswww parcours-des-mondescomPoint infoGalerie Frederic MoisanTel 014926954472, rue Mazanne,75006 Paris

4 Coupe Sakalava,MadagascarGalerie Coué.

Avoir• Musee du Quai Branly37, quai Branly 75007 ParisTel 0156617000-wwwquaibranlyfr• Coiffes des peuples du CongoExposition a Saint-Brevin-les-Pms (44)Encore quèlques iours pour admirer I exposition qui se tienta Saint-Brevin-les-Pms au nord de Pornic D une grandediversite elle permet de voir des épingles et autres paruresa cheveux de notable, des coiffes de haut grade ou de chef,des peignes de parureJusqu au 9 septembre, a I espace des Roches