Dames, fées, saintes et déesses de La Légende Arthurienne en Pays d

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CENA 2012. Dames, saintes et fées de la légende arthurienne en pays d’Andaines. Broleanez le pays des fées. Pour une relocalisation de la forêt de Brocéliande. Lignou de Couterne et la Vierge au buisson. L'histoire du lieu possède une part de mystère : les archives concernant Lignou ne remontent pas au-delà du XV1ème siècle. Une notice publiée en 1869 le fait remonter au X1ème ou X11ème siècle. De plus, un if millénaire, maintenant disparu, authentifierait la présence d'un édifice religieux. En effet, on avait l'habitude à cette époque de planter des ifs près des églises pour qu'ils soient témoins de leur âge. L'origine de la statue miraculeuse et du pèlerinage de Notre-Dame de Lignou est du domaine des légendes et des traditions. La statue de la Vierge est accolée à l'un des piliers du transept situé à droite du chœur, bien en vue des pèlerins qui peuvent l'éclairer et s'agenouiller à ses pieds. Elle est d'origine et de matière mal connue : mélange de terre cuite et de métaux, argile réfractaire semblable à du kaolin… ? D'une soixantaine de centimètres, son poids surprend… Quoi qu'il en soit, cette Vierge pourrait être du XV1ème siècle. Elle fait penser à ces vierges de la Renaissance Italienne (modelé du visage, finesse des traits, drapé or et bleu, attitudes…). L'artiste de cette Vierge nous laisse " une merveille de simplicité, de fraîcheur, d'expression féminine ".Un regard empreint de tendresse et de compassion. L'or et le bleu symbolisent la lumière céleste et le culte marial, tandis que la calotte de l'hémisphère terrestre sur laquelle trône la Vierge signifie qu'elle couvre le monde de sa protection en lui apportant son Sauveur. 1

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Aux marches du Maine, un parcours initiatique dans les pas de la déesse.

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Dames saintes et fes de la lgende arthurienne en pays dAndaines

CENA 2012. Dames, saintes et fes de la lgende arthurienne en pays dAndaines.

Broleanez le pays des fes.Pour une relocalisation de la fort de Brocliande.

Lignou de Couterne et la Vierge au buisson.

L'histoire du lieu possde une part de mystre : les archives concernant Lignou ne remontent pas au-del du XV1me sicle. Une notice publie en 1869 le fait remonter au X1me ou X11me sicle. De plus, un if millnaire, maintenant disparu, authentifierait la prsence d'un difice religieux. En effet, on avait l'habitude cette poque de planter des ifs prs des glises pour qu'ils soient tmoins de leur ge. L'origine de la statue miraculeuse et du plerinage de Notre-Dame de Lignou est du domaine des lgendes et des traditions.

La statue de la Vierge est accole l'un des piliers du transept situ droite du chur, bien en vue des plerins qui peuvent l'clairer et s'agenouiller ses pieds. Elle est d'origine et de matire mal connue : mlange de terre cuite et de mtaux, argile rfractaire semblable du kaolin ? D'une soixantaine de centimtres, son poids surprend Quoi qu'il en soit, cette Vierge pourrait tre du XV1me sicle. Elle fait penser ces vierges de la Renaissance Italienne (model du visage, finesse des traits, drap or et bleu, attitudes). L'artiste de cette Vierge nous laisse " une merveille de simplicit, de fracheur, d'expression fminine ".Un regard empreint de tendresse et de compassion. L'or et le bleu symbolisent la lumire cleste et le culte marial, tandis que la calotte de l'hmisphre terrestre sur laquelle trne la Vierge signifie qu'elle couvre le monde de sa protection en lui apportant son Sauveur.

En 1862, le clocher est couvert d'un dme en ardoise, surmont d'une statue de la Vierge, en fonte dore, qui se voyait de tous les points de la valle. Du haut de la galerie qui entoure le clocher (109 marches), on peut profiter d'une vue panoramique sur la valle de la Mayenne. Cette vue est borde par les forts d'Andaines, de la Fert-Mac et de la Motte jusqu'aux contreforts d'Ecouves et au Mont des Avaloirs, le plus haut sommet de l'Ouest (407 m). On peut voir 14 clochers alentour.Depuis des sicles, cette terre est lieu de plerinage pour la contre. Le premier dimanche de chaque mois, on clbrait la Grand messe, et aprs les vpres, on revenait pour les prires de l'archi-confrrie de Notre-Dame de Lignou. En dehors des plerinages et des ftes, qui pouvaient rassembler disait-on jusqu' 10 000 personnes, les enterrements avaient lieu dans le sanctuaire, parfois avec de grandes tentures noires couvrant les murs. On venait aussi implorer la Vierge pour les moissons. Le temps a pass mais il y a toujours quelques 4000 plerins venir se recueillir chaque anne aux pieds de la Vierge. Lors des ftes de Pques, de l'Assomption et de la Toussaint, le cimetire est toujours aussi fleuri .On y venait en plerinage de tout le bocage normand, le lundi de Pques et surtout au mois de Mai.

La basilique actuelle, de style no byzantin, dans l'hritage du Sacr Cur de Montmartre, elle a t refaite et dcore de 1901 1937 par Maujean. Le plan en croix latine, avec dme en plomb la croise du transept est l'uvre de M. Pignard qui fera galement l'oratoire de Passais la Conception et la Chapelle de Saint Franois Alenon. Le clocher trs lanc est situ au-devant de la nef et entour d'une terrasse balustre en saillie, situe une vingtaine de mtres du sol, d'o l'on peut contempler une grande tendue de bocage. Le clocheton, termin par en petit dme, est surmont par une Vierge de 4 mtres de haut. Certains vitraux de l'ancienne chapelle ont t conservs (les 6 premiers vitraux de la nef voquent la vie de la Vierge), d'autres, dans le chur, et racontant la lgende de Lignou, furent poss juste avant la dernire guerre. Ces derniers sont du Matre verrier Maumjean, ainsi que la grande verrire (compltes par 6 mdaillons) du transept sud. On peut remarquer galement les mosaques italiennes d'avant 1914 ou celles de Barillet et deux autres vitraux situs prs de la vote du chur reprsentent les armoiries des familles Mallet du Fresne et de Frott, une toile de Gourdier, peintre rgional du dbut du X1Xme, orne le mur du transept nord.On remarque l plusieurs lments du merveilleux lgendaire galement prsents dans les sites romans:

une fontaine au bas de la colline, nomme fontaine du Margat,

un enclos sacr au milieu duquel se dresse la basilique,

une statue de la Vierge qui se dfend de ravisseurs sacrilges au milieu dun buisson ardent. Voir infra).

un buisson daubpine qui fleurit en hiver et dont lcorce chasse le mal, symbole de la beaut et de lAme du Monde. Ce signe sensible de la prsence de linvisible est ici soulign par le vgtal, rencontr dans dautres sites ddis la Vierge, comme lindique la mtaphore du buisson qui brle sans se consumer

une lgende de trahison raconte sur les vitraux du choeur. La statue ornait autrefois l'oratoire du chteau de Lignou de Briouze. Le seigneur, hros de cette lgende, appel par le roi Henri IV pour guerroyer en Italie, laissa son chteau sous la garde de sa femme et de son intendant. Ce dernier projeta de garder pour lui : la dame et le chteau. Quand le seigneur revint de guerre, son intendant, jaloux, lui tira dessus avec son arquebuse. Le matre tomba en s'criant : " Notre Dame, secourez moi ! ". Peut-tre les vassaux avaient-ils apport la statue de Notre-Dame processionnellement de Lignou de Briouze ; peut-tre vint-elle miraculeusement au-dessus de lui, dans le buisson d'Aubpines qui fleurissait le bord de la grand route, mais la lgende dit que tous les tmoins aperurent la statue l'exception de la femme de l'intendant. Le seigneur mort et enterr, les serviteurs rapportrent la statue dans l'oratoire du chteau de Lignou de Briouze. Le lendemain, la vierge avait disparu. L'ayant retrouve o elle tait apparue la veille, les habitants la ramenrent au chteau. Mais pour la 3me fois, la statue revint se fixer l'endroit qu'elle avait choisi. Lignou de Briouze fit btir en cet endroit un sanctuaire qui a pris depuis le nom de" Lignou de Couterne ".En effet, la Vierge serait apparue un seigneur de Lignou de Couterne, victime, cet endroit, dun guet apens tendu par un serviteur dloyal et refusant ensuite de regagner son premier lieu de culte, semblant exiger que lon construise une chapelle cet endroit, en expiation.

LES ALENTOURS DU SANCTUAIRE

Le cimetire avec la croix de granit qui se dresse au milieu des tombes. Elle a t rige le 19 mai 1666 par la famille des" Dieu le Vent" , seigneurs des Nos. Les bras cylindriques de cette croix sont orns de demi-boules. Sur les cts de la base figurent les insignes de la passion: couronne d'pines, chelle, lance, puis deux monogrammes dont l'un est surmont d'une croix et l'autre d'un coeur. Au-dessous, une inscription: "Arbre de vie, de gloire, j'abonde! La terre terreur de l'enfers, l'esprance du monde. Passant, Si tu me sers, je te seray seconde." - Derrire l'abside du choeur de la chapelle, sous la futaie, les tombes des marquis de Frott, possesseurs du chteau de Couterne. - regroupes sous le taillis, nous trouvons les anciennes pierres tumulaires qui formrent jadis le dallage de la chapelle. Les plus anciennes portent le millsime 1591. Des dessins ou inscriptions indiquent le titre ou la fonction des personnages ensevelis.

LA CROIX DU FRESNE: le visiteur en prenant en prolongement de la chapelle dans le fond du cimetire une belle et large alle de chnes arrivera au carrefour de la croix du Fresne. Ce fut en 1661 que les Mallet, Seigneurs du Fresne firent lever au milieu de leur avenue la "Croix du Fresne". Elle porte en relief les instruments du supplice de la croix et le blason des Mallet. Selon la lgende Charles Mallet aurait trac de son doigt ensanglant l'cusson de sa race l'heure de sa mort. La croix porte en relief les instruments du supplice de la croix, ainsi que cette inscription: Arbor decora (arbre, prcieux). Elle est en granit et se compose de socles, de blasons, de boules et d'anneaux, elle se dresse sur trois larges degrs.

Les prtres et les chavaliers se tenaient genoux, tourns vers la chapelle et regardaient rgulirement le ciel manifestant une joie intense. On aurait dit quils contemplaient au ciel, Dieu ou sa Mre. Le Perlesvaus.

Bagnoles de lOrne et ses lgendes

Cre de toutes pices en 1896, la ville d'eau normande est une sorte de rve surgit au coeur de la fort d'Andaines et issue d'une lgende. On raconte que le seigneur Hugues de Tess, au retour de croisade, abandonna en fort d'Andaines son vieux cheval us par les ans et les combats. Quelle n'est pas sa surprise, quelques temps aprs, de retrouver son cheval tout fringant. Il le suit, et constate que l'animal s'abreuve et se baigne dans l'eau d'une source. La lgende raconte que l'imitant il retrouva bien vite jeunesse et vigueur... La source tide bienfaisante de Bagnoles-de-l'Orne est l'origine autre lgende. Deux aiguilles rocheuses, au niveau du parc des thermes, emplacement appel Saut du capucin, rappellent le pari de ce pre capucin, arriv l ne sachant plus marcher et qui, guri par les eaux, franchit le passage de ces deux aiguilles d'un seul bond.

Lermitage du Bzier Saint Ortaire et la lgende du Roc au chien. On accde lermitage du Bzier partir de lancienne gare de Bagnoles de lOrne. En prenant la direction de Saint Michel des Andaines, passer devant lhippodrome puis gauche au pont du chemin de fer sous la voie.

L'ermite Ortaire vint s'installer dans le Bocage Normand au VIme sicle. C'est aprs avoir vcu trente ans dans une grotte de la rgion de Vire, o il se nourrissait de racines mais o la pit des fidles finit par l'incommoder, qu'il se retira dans cette rgion, plus inaccessible. Il y fonda l'oratoire du Bzier, prs des bains de Bagnoles. A l'poque, un dragon aurait trouv refuge dans le dfil rocheux o coule La Ve, terrorisant la population locale en rclamant son tribut de btail puis, une anne de disette, une jeune fille vierge. Saint Ortaire, arm de son chapelet et de sa foi, l'aurait, aprs une invocation Saint Hilaire, vaincu en le ptrifiant. En tmoigne, de nos jours, cette tte monstrueuse qui, au sommet du Roc au Chien, semble garder le dfil, en face de l'tablissement thermal.

Certains auteurs ont fait driver Ortaire, d'Arthur, en mettant l'accent sur leur racine commune RT RITA= le rite, soit l'ordre prescrit do une parent avec les formes ARTUS (ordonnance) et Arthmos (lien, jonction). Il renvoie cette formation RTA (vdique) ou ARTA qui signe l'ordre du cosmos, le rapport entre les dieux et les hommes. La premire mythologie mentionner Arthur est la mythologie galloise. Arthur serait de fait un contemporain de saint Ortaire (qui reut la visite de Ste Radegonde en 555). La lgende galloise raconte que le roi Arthur tua un gant nomm Rhitta sur le mont Snowdon. La lgende du dragon terrass au Roc au Chien serait parallle au rcit gallois du combat du roi Arthur contre le dragon Tearn-Wadding, combat dont le souverain sort vainqueur aprs une invocation Saint Hryl.Sainte Radegonde.. vita 11e s.

Le culte de Saint Ortaire est indissociable ici de celui de Sainte Radegonde, fille de Berthaire roi de Thuringe, reine des Francs, marie contre son gr Clotaire en 539 et ici honore comme protectrice des moissons. Le miracle des avoines (lgende apparue au XIVe sicle).

Clotaire, qui avait d'abord accept la vocation de la reine, changea d'avis : il envoya une troupe Saix pour la ramener la cour. Lorsque les soldats s'annoncrent en vue de Saix, Radegonde s'enfuit vers le Sud travers un champ d'avoine que des ouvriers taient en train de semer. C'est alors que se produisit le miracle des avoines, la sainte reine fit instantanment pousser l'avoine pour s'y cacher. Questionns par les poursuivants, les moissonneurs, purent affirmer qu'ils n'avaient vu personne dans le champ depuis le temps o cette avoine avait t seme. partir de ce moment, Clotaire lui laissa suivre son chemin vers une vie consacre la religion. A Poitiers, o elle fonda le monastre Notre-Dame (devenu depuis Sainte-Croix), le 25 octobre 552 (ou 553), en prsence d'une grande foule, elle entra dans le monastre Notre-Dame accompagne de nombreuses jeunes filles. Elle donna ses compagnes une rgle stricte

Ortaire et elle sont ici des intercesseurs, les intentions recenses au pied de leurs statues ne laissant aucun doute ce sujet. Esprits de l'ordre, ils contribuent assurer la fcondit de la terre comme en tmoigne la splendide gerbe de bl tresse prsente au Bzier et dpose aux pieds de Sainte Radegonde par quelque fermier reconnaissant. La prsence de Radegonde aux cts dOrtaire renvoie galement la lgende du roi du bois, gardien du bocage sacr accompagn de sa reine.

Ces cultes, clbrs, l'poque de la reverdie, la Pentecte pour le premier et le 13 Aot, pour le second, ne personnifient-ils pas, du fait de la situation de leur oratoire " l'ore du bois", le mariage des divinits de la fort ? Dans les socits anciennes, aux premires semences, il tait de coutume de copuler dans le sillon afin de lui assurer fertilit. Le mariage des divinits de la fort permettait, aux temps les plus reculs, de hter la croissance des arbres. Concernant le mariage sacr, Markale rappelait que le mariage dArthur et de Guenivre se prsente comme une hirogamie, le roi ne pouvant rien faire si la reine nest pas ses cts.

Dans les Mabinogions, Art fils de Conn, fils de chien, tue Coinchend, tte de chien, pour pouser la veuve Delbochaen quil ramne avec lui. Il lui apporte la souverainet et elle la force de cent hommes. Elle est encore marque par le signe de lAutre Monde comme les monstres tte de chien sont les gardiens de portes de lEnfer

Bibliographie. Jean Fourne et de Pierre Courcelle, Lorigine et les manifestations du culte de Saint Ortaire, livret auto dit, 1953.

Les Fes dAndaines.De Rnes Juvigny sous Andaines et de la Fert Mac Domfront, la fort dAndaines stend sur 7000 hectares. On y recueille de nombreux rcits fantastiques qui ont pu inspirer limaginaire des romanciers et potes arthuriens vivant dans les cours de Domfront ou de Falaise auprs des Plantagents.

La Diane.

La premire est la fe ponyme de lendroit, la chasseresse, Diane du bois au lay daine. Cest une bienfaitrice des humains auxquels elle apporte fcondit et enfantements heureux. Elle ressemble Nimue ou Viviane, la fe du lac. Au 13 aot, les Celtes lui ddiaient leurs rcoltes et la clbraient par de grands feux. Le bocage sacr silluminait alors de torches et de foyers en son honneur. Ces jours fastes, on couronnait des chiens de chasse et on pargnait les fauves de la fort. Nous avons vu supra que Radegonde, clbre cette poque, tait aussi protectrice des moissons.

Diane est cite plusieurs fois dans Les Enfances de Lancelot du lac, puisque cest au bord de son lac que se tint Viviane lorsquelle elle ravit le bb Lancelot aux siens.

Le lac tait appel, ds lpoque des paens, Lac de Diane. Diane tait la reine de Sicile qui rgnait au temps de Virgile, le bon auteur; les sottes gens dalors, mcrants, la tenaient pour desse. Ctait la dame qui gotait le plus aux plaisirs de la fort et cest pourquoi les mcrants la nommaient La Desse de la Fort.

La fort o tait le lac tait la plus tendue de toutes les petites forts de Gaule et de Petite Bretagne, elle navait que dix lieues galloises en longueur et six ou sept sur la largeur et sappelait Bois en Val (Lancelot I a18). La chasse Arthur (ou Artus) ou Mesnie Hellequin.

Une tradition locale, recueillie dans les annes soixante par GB Lonlay le Tesson, fait tat du passage de la Chasse Arthur dans le ciel, les soirs dorage sur le bocage normand. Le roi Arthur, figure ici du Veneur maudit, conduirait sans fin ni rmission possible une cohorte de chasseurs, chiens et chevaux dchans, menant grand tapage.Au dbut du vingtime sicle, dans la rgion des Andaines, on pensait lloigner en dchargeant des tirs de fusil dans sa direction. Mais malheur celui qui lui demandait part la chasse , il tait incontinent, enseveli sous des monceaux de cadavres danimaux, la chasse sloignant le laissant inanim.

Dorigine probablement scandinave, la lgende de la Mesnie Hellequin sest rpandue dans toute lEurope de lOuest ds le XIme sicle. Elle est reste trs populaire en Bretagne (rgion de Combourg) et en Normandie. Cette lgende a semble-t-il trs tt fusionn avec celle de la Chasse Arthur , ce dont la premire expression littraire se trouve dans la conclusion du Perceval de Robert de Boron (dbut XIIIme sicle).

On rencontrait cette chasse de revenants et de damns les jours de tempte marquant les changements de saisons (notamment Pques). Selon Gautier Map, haut dignitaire curial de Henri II, elle tait conduite par un roi lgendaire, Herla ou Herlewin, victime de la maldiction dun prince pygme.

Dans les dernires annes du rgne de Henri Ier Beauclerc, Orderic Vital (voir notice : ABBAYE SAINT-EVROULT EN OUCHE) consacre un long chapitre de son Histoire ecclsiastique (L. I, VIII,17) lapparition de la Mesnie Hellequin, lan 1092, un certain Gauchelin, prtre lexovien.

Une spcialiste de lart roman, Maylise Bayl, par ailleurs rcemment formul lhypothse selon laquelle cest bien cette chasse lgendaire qui est reprsente sur un trs beau chapiteau de labbaye de LONLAY (voir notice), remont sur le portail du prieur de Goult (Orne).La Fe dAndaines.

Dautres divinits partageaient le sanctuaire sylvestre de Dianetelle lEgrie ou nymphe londe claire, nomm ici fe dAndaines, laquelle peut encore tre aperue aux tangs de lErmitage par les nuits de pleine lune. Elle baigne sa belle chevelure dor dans les eaux de la rivire et chante une mlope mlancolique. Le passant fascin sattarde auprs delle jusqu laube mais au moment o il veut la saisir, ses doigts ne rencontrent que le vide.

La Gione.

Cette figure de fe est plus ambige. Dabord sympathique, la lgende la voit se muer en perscutrice.

Elle vivait dans un dolmen, Le lit de la Gione, que lon peut encore voir sur le chemin forestier qui quitte Bagnoles pour aller vers Juvigny sous Andaines. Dabord bienfaitrice des fermes du bocage, elle avait pris coutume de visiter la mme maisonne vers saint Michel des Andaines, sous le bois, non loin de la chapelle des Friches.

En effet, un soir de mardi gras, le jeu des enfants de la maison, qui avaient entrepris de faire bouillir de leau dans les coquilles doeufs utiliss pour la confection des galettes traditionnelles, lavait amuse. Elle revint simposer chaque soir au cur de lintimit familiale. Elle se plaait toujours au mme endroit, prs de la grande chemine o brlait en permanence le feu domestique, sur un banc de pierre qui sy trouvait et disparaissait, la minuit sonne. Dabord honor, puis amus, enfin irrit, le matre des lieux, peu soucieux de voir cette intruse simposer dans son espace priv, rsolut de la chasser et disposa sur le sige quelle affectionnait une galettoire rougie au feu.

La fe arrive, prend place, mais atrocement navre, senfuit par la chemine en poussant un cri horrible.

Depuis, nul ne la plus revue, mais de nombreux voyageurs ont racont avoir t suivis, certaines nuits sans lune, par un tre fminin qui, aprs les avoir bousculs sur le chemin dAndaines, les avait quitts en poussant un grand cri peine supportable loreille humaine.

Lalle couverte de la Bertinire, (encore nomme maison des fes ou grotte aux fes).

A La Sauvagre, cette alle couverte, classemonument historique, se trouve proximit de la route de Flers, prs des hameaux de Mauny et de La Bertinire. Au XIXme sicle, lhistorien Le Vavasseur la qualifiait mme de cachette Mlusine, les habitants de lendroit, note-t-il, y racontaient, avec quelque effroi, la prsence dtres fantastiques, de livres gants ou encore affirmaient que les fes y cachaient des bestiaux.Les fes sont des tres qui entretiennent des relations particulires au monde chtonien, aux fontaines et aux pierres, o elles sont rputes se cacher ou rsider. Cest le cas de Viviane et de Morgane. Jadis, en effet, nous disent les lgendes, les fes vivaient sous les pierres des dolmens, qui encore aujourd'hui ont donc pour nom la maison des Fes.

Mais la nuit Morgane la dloyale plongea Lancelot par enchantement dans un sommeil profond; puis elle le fit enlever dans une litire que deux bons palefrois portrent un rduit quelle avait au lieu le plus secret de la fort. (Lancelot en Prose).

La fe dArgouges.

A Rnes, au nord dAndaines, il est un magnifique chteau mdival dont le crneau porte lempreinte du pied mignon dune fe de la tradition mlusinienne. Elle relve, comme la suivante, de larchtype de la Fe la Fontaine, dcrit par Yves Vad.

Le seigneur du lieu lavait rencontre un soir de chasse se baignant avec ses compagnes ; frapp de sa beaut quasi surnaturelle, il lavait prie damour et elle avait accept de lpouser mais lui avait fait promettre de ne jamais prononcer devant elle le mot de mort. Son poux ayant enfreint linterdit, elle disparut dsespre, senvolant du haut du donjon pour rejoindre les Imaginaires. On aperoit parfois son ombre dsole errer sur la plus haute des tours, pleurant son bonheur jamais disparu.

On trouve ce rcit dans un ouvrage du XIIme sicle, le De nugis curialum de Gautier Map, clerc gallois au service de Henri II Plantagent.

La fe la Fontaine, la dame de Carrouges.

A trois lieues de Rnes se trouve limposant chteau de Carrouges construit en briques rouges et entour de douves. Sa construction dtend du XIme au XVIIme sicles.

La dame de Carrouges avait le meilleur des poux. Ils taient maris depuis sept ans et vivaient un bonheur parfait jusquau soir o, gar en fort dAndaines aprs une grande chasse, le seigneur aperoit une fe dansant prs dune fontaine.

Subjugu, il sapproche, la dame linvite la danse, et perdant la notion du temps, il sabme dans son tourbillon. A compter de ce moment, aussi enferm dans ce jeu que Merlin le fut de lenchanteresse Viviane, il revint si souvent danser avec la fe que la dame de Carrouges, interloque, rsolut de le suivre. Elle arrive la fontaine, voit le couple dansant et perdue de jalousie se prcipite sur la fe plonge en son sein la lame dun poignard qui ne la quittait jamais. Las, lorsquelle revint au chteau, cest le corps de son seigneur, transperc de ce mme poignard, quelle voit flotter dans la douve. Quelques mois aprs, elle mit au monde un enfant qui portait au front une marque rouge et quon appela Karl le Rouge. La marque, dit la lgende, ne disparut quaprs la septime gnration des seigneurs de Carrouges.

Bibliographie.

* Frazer James G, Le roi du Bois, in Le Rameau dOr, d Robert Laffont, collection Bouquins, 1981, t.4, p. 205.

* Bertin Georges, Guide des Chevaliers de la Table Ronde en Normandie, Corlet, 1991.

* Collectif Nouveau guide arthurien Normandie Maine, Corlet, 2011. dir. G. Susong et G. Bertin.

* Les Alles couvertes de la Maisonnette et de la Bertinire, commune de la Sauvagre (Orne)bulletin de la socit prhistorique franaise, 1918, vol 15

* Le conte de fe en Normandie, Colloque international universitaire de Rnes, 1984, CENA.La fe Gisle en Saint Ouen le Brisout.Au cur du massif dAndaines, les Gorges de Villiers offrent un paysage pittoresque, On y racontait autrefois les lgendes : la source "sacre" de Chaude-Fontaine et de la "grotte" de la Fe Gisle, fe secourable et bienfaitrice dont les habitants attendaient moult secours aux priodes de famines. Les femmes enceintes sy rendaient galement pour mettre leur future progniture sous sa protection.Les amoureux y vont volontiers la belle saison pour solliciter delle bonheur et prosprit.On laperoit parfois, les nuits de pleine lune, environne des brumes qui sourdent du vallon de Getel o elle a lu domicile, mais nul na pu sen approcher.

La fe du Bois Monceau en Mhoudin.On raconte Mhoudin, paroisse limitrophe du Maine, la lgende de la fe de Monceaux.

Lactuel manoir du 18e sicle es si au sein dun beau domaine de prairies er de bois qui aurait du, selon la lgende, sa prosprit une intervention ferique une poque trs recule.

Il ny avait autrefois, en cet endroit, quune humble demeure o vivaient un bcheron, sa femme et leur nombreuse progniture.

Un soir de froidure et de temps difficiles, ctait au premier novembre, la famille avait puis ses provisions et la matresse de maison navait pu mettre en la marmite que quelques raves dessches et les trois poignes de bl qui lui restaient de la rcolte prcdente.La famille sapprtait manger ses quelques restes dans lincertitude absolue du lendemain, quand on toqua lhuis.

Le matre de maison ouvrit et se trouva nez nez avec une vieille femme, trs maigre aux vtements en haillons et qui semblait au bout de ses forces. Seffaant, il la fit entrer et, comme en nos bocages lhospitalit est un devoir sacr, la pria dner avec eux tout en sexcusant de la raret du maigre souper. Celui-ci fut vite expdi aprs les invocations dusage et chacun se serra autour de ltre pour compenser par la chaleur du foyer le peu de nourriture accumule. Le vilain navait pas song un seul instant renvoyer son trange visiteuse vers le froid qui svissait puisquil gelait pierre fendre.

Au matin, toutefois, stant lev de bonne heure pour aller relever quelques piges dans la fort quelle ne fut sa surprise de constater que la mendiante avait disparu.

Se penchant sur ltre pour le ranimer, il recula vivement en sexclamant: la marmite qui avait servi rchauffer le maigre brouet la veille tait remplie de pices dor. La vieille femme tait fe et lon sait quau premier novembre ceux dau del viennent visiter ceux den de et leur apporter parfois quelques consolations.Depuis ce jour, grce ce don, la famille de Monceaux a connu la prosprit laquele ne sest jamais dmentie.

Le pays des fes.

Nul aprs ces rcits ne saurait contester srieusement cette rgion forestire des marches du Maine et de Normandie, la dnomination de Pays des Fes. Cest bien la traduction exacte du celtique Broleanez ou Brocliande, fonde ici non sur de vagues approximations romantiques comme en dautres lieux, mais sur un substrat lgendaire encore vivant ans la mmoire collective de la rgion, pierres jalonnant un itinraire que le voyageur est invit emprunter, au carrefour de la lgende et de lhistoire. Cet archtype ferique se retrouve dans nombre de rcits arthuriens. Il merge dans la littrature mdivale avec les lais de Marie de France (Lanval, Guigemar), dans des lais anonymes, ainsi que dans Partonopeus de Blois (vers 1180). Chez Chrtien de Troyes, la rencontre de la dame et du chevalier, se fait ainsi la fontaine, prs de larbre.

Dans ces rcits initiatiques, lapparition de la fe symbolise linitiation la vie et la prosprit, laquelle commence toujours par un ressourcement, un dtachement, une transition laquelle se manifeste notamment en ce pays de passage entre Maine et Normandie, le Passais.

GBPAGE 16