d é Pression

download d é Pression

of 5

Transcript of d é Pression

  • 8/16/2019 d é Pression

    1/5

    Dépression

    Sous l'appellation de dépression nerveuse ou sous celle, plus juste, d'état dépressif, on désigneen psychiatrie un état pathologique fondé essentiellement sur deux séries de troubles : d'une

     part, une modification pénible de l'humeur (J !elay" faite de pessimisme, de sentimentsd'incapacité, d'impuissance, de dévalorisation de soi#m$me, de culpabilité % d'autre part, unralentissement de l'activité générale, des fonctions intellectuelles et du comportement

     psychomoteur Si les processus intellectuels sont ralentis, ils se déroulent cependant de fa&onadéquate l n'y a aucun trouble véritable de la mémoire, du jugement et de l'attention, m$mesi le malade, subjectivement, se plaint de tels ou tels troubles

    ces deux séries de sympt)mes s'associent d'autres troubles, le plus souvent physiques :

    douleurs, troubles digestifs, manque d'appétit, diminution de la libido, troubles du sommeil(insomnie % plus rarement, hypersomnie % quelquefois dyssomnie, c'est#*#dire impression demauvais sommeil" l arrive, d'ailleurs, que ces sympt)mes physiques sans support lésionnel

     précis constituent la partie la plus apparente du tableau clinique et que l'état dépressif vécu par le malade ne puisse $tre mis en évidence qu'apr+s un entretien asse poussé, lorsque le maladen'a pas lui#m$me vraiment conscience de ce qu'il supporte de pénible -n peut alors parler de. dépression latente / ou de . dépression masquée / (0ielhol"

    !'autres troubles mentaux (obsession, phobie, délire" peuvent reposer avant tout sur uneorganisation dépressive et disparaissent avec elle lorsqu'on la traite -n constate enfin que,

     pour lutter contre un fond dépressif, certains sujets sont amenés * développer une série de

    conduites antidépressives (hyperactivité, réaction de caract+re de type coléreux, jalousie,conduite alcoolique surtout" capables, avec plus ou moins de succ+s, de compenser le fonddépressif 1'est ainsi que, de la maladie dite dépression nerveuse, on passe insensiblement *un trouble de l'organisation de la personnalité, voire * une mani+re d'$tre au monde 2'étatdépressif n'a pas, en effet, que des aspects négatifs % il peut aussi représenter, pour la

     personnalité, une phase de réorganisation au cours de laquelle le monde extérieur seradésinvesti de ses attraits au profit de ceux de la personne propre l s'agit plus alors d'untrouble de l'économie affective, le sujet se déprimant pour éviter, en quelque sorte, de s'enliser dans la dépression pathologique -n est ainsi * la limite du normal

    Si l'on s'en tient aux états dépressifs pathologiques proprement dits, les statistiques de

    l'-rganisation mondiale de la santé estiment * 3 ou 45 6 la fréquence dans le monde de telsétats 7nviron 45 6 de ces cas sont soignés, les quatre cinqui+mes par des médecins nonspécialisés, un cinqui+me seulement par des psychiatres

    -n admet généralement que les états dépressifs se développent de plus en plus dans le mondecontemporain Surtout dans les pays industrialisés et pour différentes raisons, ils sont plusfréquents apr+s l'8ge de cinquante ans et augmentent avec la longévité de la population lssont plus nombreux dans certaines sph+res culturelles en voie d'. occidentalisation /, alorsque, dans d'autres régions, par exemple dans les pays musulmans, la pratique religieusesemble freiner non seulement la dépression mais les tentatives de suicide 2es exc+salimentaires, qui augmentent les risques de maladies cardio#vasculaires, entra9nent du m$me

    coup une fréquence plus grande des états dépressifs, asse souvent liée * des désordresvasculaires che les personnes 8gées 7nfin, l'extension des thérapeutiques médicamenteuses a

  • 8/16/2019 d é Pression

    2/5

    fait découvrir l'existence de dépressions iatrog+nes consécutives * des régimes excessifs, *l'utilisation de certaines drogues anti#hypertensives, de corticodes, etc

    -n est mieux informé, dans l'opinion sur les sympt)mes des états dépressifs et le diagnosticen serait plus répandu qu'avant la ;remi+re

  • 8/16/2019 d é Pression

    3/5

    alternent périodiquement soit des acc+s de type mélancolique souvent prolongés (de quelquessemaines * quelques mois", soit des acc+s de type maniaque, c'est#*#dire caractérisés, *l'inverse de l'état mélancolique, par l'euphorie ou l'excitation Sauf complication, l'évolutionde ces dépressions mélancoliques conduit * la guérison 2a gravité de la dépressionmélancolique est ainsi tr+s variable % elle dépend soit des éventuelles complications, soit de la

     périodicité et de l'espacement des récidives : les acc+s peuvent $tre tr+s rares (un ou deux dansune vie" ou se succéder presque sans interruption, comme dans la forme circulaire, oE lemalade passe aussit)t d'un état mélancolique * un état maniaque et vice versa l existe enfindes formes qui sont * la limite de la normale et que l'on rapporte * une constitutioncyclothymique, marquée par des variations lég+res de l'humeur, soit dans le sens del'expansion, soit dans le sens de la dépression

    ?vec 2eonhard, on décrit une forme unipolaire avec dépression récidivante et des formes bipolaires alternantes (dépression et expansion" 2es recherches sur le caract+re héréditaire deces différentes formes se sont beaucoup développées % elles permettent de conclure *l'existence probable d'un facteur génétique, surtout dans les formes bipolaires 7n ce qui

    concerne les dépressions mélancoliques, elles se fondent ordinairement sur des étudesgénéalogiques qui rév+lent l'existence de troubles similaires che les ascendants -n arrive *montrer, par exemple, que plus la parenté avec le patient pris comme point de départ de larecherche est proche, plus le risque de dépression mélancolique est grand, et l'on arrive *calculer ce risque, étant entendu qu'il est maximal lorsque le bagage génétique est le m$med'un sujet * un autre, ce qui est le cas des jumeaux monoygotes, la concordance pouvantalors atteindre environ F5 6 2'existence d'un facteur héréditaire n'élimine pas, pour autant,l'incidence d'événements agissant comme facteurs déclenchants de la dépression mélancoliquedans la vie de certains individus : c'est le cas notamment des deuils, des séparations, desrevers de fortune

    2a dépression névrotique

    2a dépression névrotique est caractérisée d'une fa&on générale par la m$me symptomatologie1ependant, la douleur morale y est moins intense, la culpabilité plus voilée 2es troublessomatiques ne sont pas constants % les troubles du sommeil rel+vent plut)t de l'hypersomnieou de l'insomnie obsédante que de l'insomnie réelle

    l s'agit surtout d'un phénom+ne de décompensation d'une personnalité névrotique consécutif *un traumatisme ou * une modification de l'entourage 1e qui caractérise les déprimésnévrotiques, c'est le type des relations qu'ils entretiennent avec autrui, le besoin perpétuel

    qu'ils ont de se revaloriser, leur appel constant, plus ou moins évident, * l'aide affective2'étude psychanalytique de tels malades rév+le un trouble essentiel de l'économie narcissique,de l'estime de soi ls ont souvent un . idéal du moi / exigeant, duquel ils tentent en vain des'approcher ls acceptent difficilement de renoncer, comme la condition humaine les yastreint, * leur sentiment de toute#puissance, vestige de la toute#puissance infantile qu'ils ontdéléguée tout d'abord * la m+re et qui les porte maintenant * s'appuyer sur des personnes oudes situations extérieures qui réaliseraient plus ou moins valablement ce mod+le 2e médecin

     peut jouer ce r)le d'appui, mais aussi le métier ou un idéal esthétique, politique, religieux Sices personnes, ces idéaux ou ces situations G et c'est inéluctable G se rév+lent imparfaits, ce

     peut $tre la chute dans la dépression

    Hne personnalité souffrant d'une telle fragilité narcissique tombe facilement dans un étatdépressif * la suite d'une série de circonstances vécues comme la perte d'un objet dont elle ne

  • 8/16/2019 d é Pression

    4/5

     parvient pas * faire le deuil : rupture amoureuse, dévalorisation de la part d'autrui, échecfamilial, mort d'un proche ou d'un ami 2a psychanalyse, en effet, et notamment l'étude deIreud intitulée Deuil et mélancolie, ont montré que le dépressif vivait comme s'il n'arrivait

     pas * élaborer le deuil d'un objet aimé l vit la perte de celui#ci comme une frustration *laquelle il réagit agressivement, et d'autant plus que l'objet perdu a été plus idéalisé, comme

    s'il avait pris en quelque sorte la place du moi du malade (>aria @oro" ?insi est entretenu lesentiment de dévalorisation de soi, de m$me que, par voie de conséquence, l'idéalisation de ceque l'on a cru perdre et de tout ce que l'on ne peut atteindre

    2a femme est plus souvent sujette * cette crise de dévalorisation, en raison sans doute ducontexte socioculturel : c'est ainsi que les épisodes ou les accidents de la vie affective ousexuelle (accouchement, avortement, stérilité, castration chirurgicale, ménopause" peuventavoir un retentissement particulier 1he l'homme, mais aussi che la femme, les difficultésrencontrées au sein de l'activité professionnelle, par exemple les aléas de la reconversion, lech)mage, la mise * la retraite, entra9nent des perturbations similaires

    7n dehors de ces deux grandes formes cliniques que sont la dépression mélancolique et ladépression névrotique, il existe des états dépressifs qui sont des réactions * un surmenage ou *des pertes mais * propos desquels on ne peut pas pour autant faire l'hypoth+se d'une

     personnalité névrotique dépressive sous#jacente Hn certain nombre d'affections somatiques peuvent commencer * se manifester par un état dépressif, notamment des affections cérébrales(traumatisme cr8nien, tumeur cérébrale, insuffisance circulatoire cérébrale" l en est de m$mede certaines atrophies cérébrales séniles ou préséniles d'origine autre que vasculaire 2'étatdépressif peut appara9tre aussi comme la premi+re manifestation d'une évolution cancéreusesous#jacente qui se manifestera quelques mois plus tard !e m$me, un certain nombred'affections endocriniennes (insuffisance surrénale, hypothyrodie" peuvent, au cours de leur évolution, s'accompagner d'un état dépressif

    # Iacteurs biologiques et thérapeutiques

    1omme on vient de le voir, la découverte d'une dépression au cours d'affections somatiques,cérébrales notamment, et les modifications d'humeur engendrées par certaines thérapeutiquesmodifiant l'équilibre métabolique ont, depuis longtemps, attiré l'attention sur la corrélationentre certaines modifications biologiques et l'état dépressif !epuis le milieu des années 4BK5,la présence d'anomalies biologiques accompagnant des états dépressifs para9t tout * faitdémontrée, m$me si leur signification, leur r)le dans le déclenchement du processus

     pathologique, leur intrication avec les facteurs psychog+nes ou sociog+nes restent

     problématiques

    2'intér$t s'est porté sur le métabolisme des amines cérébrales et l'on tend * admettre qu'ilexiste, dans certains états dépressifs, une hyposérotoninergie et, dans d'autres, unehyponoradrénergie 2es explorations endocriniennes statiques ont mis en évidence depuislongtemps un hypercortisolisme qui peut $tre décelé par certains tests (test * ladéxaméthasone", ces tests étant particuli+rement perturbés dans 35 * F5 6 des cas dedépression mélancolique -n sait que les amines cérébrales jouent un r)le dans latransmission au niveau des synapses et que les médicaments antidépresseurs agissent sur lemétabolisme des monoamines -n peut maintenant décrire, dans certaines ones cérébrales,des récepteurs, entités moléculaires qui captent de fa&on sélective ces m$mes substances

    antidépressives 2'augmentation et la diminution d'hypersensibilité ou d'hyposensibilité de cesrécepteurs commen&ant * $tre connues, on poss+de donc maintenant un tableau beaucoup plus

  • 8/16/2019 d é Pression

    5/5

     précis du point d'impact des thérapeutiques antidépressives 1ependant, malgré ledéveloppement de ces recherches biologiques, on ne peut pas $tre absolument certain qu'ellesaient la valeur d'un indicateur biologique qui permettrait de confirmer l'existence, dans tel outel type de dépression mélancolique ou névrotique, d'anomalies plus spécifiques desmonoamines cérébrales