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GROUPE DE TRAVAIL Cycle Inclusion sociale et transition énergétique - 2017 Document de capitalisation Ce document de capitalisation a pour objectif de partir des échanges de l’atelier thématique « Inclusion sociale et transition énergétique » qui s’est déroulé le 26 avril 2017 au CGET, de faire des focus sur certaines problématiques et de le mettre en perspective pour les autorités urbaines et les autorités de gestion. Il s’adresse tant aux participants à ces groupes, qu’à ceux qui souhaiteraient poursuivre les réflexions sur ce thème. Pour rappel, les groupes de travail s’adressent aux membres du Réseau, à savoir l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre du volet urbain des fonds européens structurels et d’investissement (FESI) (autorités de gestion, villes et intercommunalités mettant en œuvre des stratégies urbaines intégrées, structures d’appui régionales, services déconcentrés de l’Etat, porteurs de projet...). Ils ont pour objectif d’apporter un appui opérationnel à ces acteurs et à favoriser le partage de bonnes pratiques sur des thématiques issues des stratégies urbaines intégrées.

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GROUPE DE TRAVAIL Cycle Inclusion sociale et transition énergétique - 2017

Document de capitalisation

Ce document de capitalisation a pour objectif de partir des échanges de l’atelier thématique « Inclusion sociale et transition énergétique » qui s’est déroulé le 26 avril 2017 au CGET, de faire des focus sur certaines problématiques et de le mettre en perspective pour les autorités urbaines et les autorités de gestion.

Il s’adresse tant aux participants à ces groupes, qu’à ceux qui souhaiteraient poursuivre les réflexions sur ce thème.

Pour rappel, les groupes de travail s’adressent aux membres du Réseau, à savoir l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre du volet urbain des fonds européens structurels et d’investissement (FESI) (autorités de gestion, villes et intercommunalités mettant en œuvre des stratégies urbaines intégrées, structures d’appui régionales, services déconcentrés de l’Etat, porteurs de projet...). Ils ont pour objectif d’apporter un appui opérationnel à ces acteurs et à favoriser le partage de bonnes pratiques sur des thématiques issues des stratégies urbaines intégrées.

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SOMMAIRE

Introduction ________________________________________________________________ 3

Des ateliers thématiques dans le cadre des activités du Réseau Europe urbain ________________ 3

PARTIE I : La dimension sociale dans les stratégies urbaines intégrées __________________ 4

1. Panorama général : l’approche sociale comme fil rouge des stratégies urbaines intégrées _____ 4

2. Panorama détaillé des projets dans les stratégies urbaines intégrées _____________________ 4 - Créer un parc urbain et mail piéton à Naillac (CA Bergeracoise, PO Aquitaine) ___________________ 5

PARTIE II : Favoriser l’inclusion dans les quartiers prioritaires grâce à l’environnement ____ 8

1. L’intérêt de la « nature en ville » pour améliorer le cadre de vie et la cohésion sociale au sein

des quartiers _____________________________________________________________________ 8 1.1. Quelle est la plus-value des projets de nature en ville pour les quartiers ? _______________________ 8 1.2. Quelles sont les clés pour des projets de nature en ville réussis ? ______________________________ 9 1.3. Focus sur un projet de nature en ville : le projet Biodiversité mené à Longjumeau (Essonne, Ile de

France) _______________________________________________________________________________ 11

➢ Présentation du projet ________________________________________________________ 11

2. La mobilité durable au service de l’inclusion économique et sociale ______________________ 13 2.1. La plus-value des projets de mobilité durable pour les quartiers ______________________________ 13 2.2. Quelles sont les clés pour des projets de mobilité réussis ? __________________________________ 13

3. La démarche « EcoQuartier » pour améliorer la qualité de vie et le vivre ensemble dans les

quartiers prioritaires______________________________________________________________ 14 3.1. La plus-value des projets d’EcoQuartiers _________________________________________________ 14 3.2. Quels sont les points de vigilance et les conditions de réussite ? ______________________________ 16 3.3. Focus sur l’EcoQuartier Wolf-Wagner de Mulhouse ________________________________________ 16

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Introduction

Des ateliers thématiques dans le cadre des activités du Réseau Europe urbain

Le Réseau Europe urbain, réseau d’animation de la dimension urbaine de la politique européenne de cohésion, a, entre autres, pour mission d’animer des groupes de travail thématiques dédiés aux autorités urbaines, aux autorités de gestion et à tout acteur issu du monde des politiques européennes ou de la politique de la ville (centre de ressource politique de la ville, Départements, services de l’Etat, ANRU…). En 2016, 4 thèmes ont été retenus : inclusion sociale, transition énergétique, compétitivité des PME et numérique.

Pour l’année 2017, le choix a été fait de proposer des groupes de travail qui croisent les thématiques. Ce document est issu de la réunion, le 26 avril 2017, des groupes cohésion sociale et transition énergétique, autour de la thématique suivante : « concilier aménagement urbain et cohésion sociale pour un développement urbain durable ». 30 personnes ont participé à ce groupe de travail. Les graphiques ci-dessous représentent l’origine géographique et institutionnelle des participants.

12

10

3

11

11 1

Représentation régionale des participants

Acteur national

Ile de France

Grand Est

Normandie

Nouvelle Aquitaine

Bretagne

Picardie

Hauts-de-France

9

65

5

2

21

Représentation institiutionnelle des participants

Ville / EPCI

Services de l'Etat

Bureau d'étude

Conseil régional

Association

Tête de réseau national

Agence régionale

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PARTIE I : La dimension sociale dans les stratégies urbaines intégrées

1. Panorama général : l’approche sociale comme fil rouge des stratégies urbaines intégrées

Au titre de l’article 7 du règlement FEDER, les autorités urbaines (villes et agglomérations) ont été

amenées à définir des stratégies urbaines intégrées pour répondre aux questions de développement

économique, d’inclusion sociale et de transition énergétique. La dimension sociale est présente au-delà

de l’inclusion sociale et est sous-jacente dans les autres thèmes. Ceci est d’autant plus vrai quand il s’agit

d’actions concernant les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) puisque ces derniers

concentrent un fort taux de chômage, des emplois précaires, des situations de décrochage scolaire, de

pauvreté et sont aussi considérés comme peu attractifs, ce qui renforce l’isolement de ces quartiers et

de leurs habitants.

Les stratégies urbaines intégrées ont ainsi pour ambition d’apporter une réponse globale à ces

problématiques urbaines d’aménagement, d’embellissement et d’enclavement, contribuant ainsi à la

cohésion sociale de ces territoires urbains. Ceci se concrétise de la manière suivante :

- les opérations d’aménagement et d’embellissement des quartiers s’accompagnent souvent :

o de démarches participatives citoyennes qui mettent l’habitant et son bien-être au cœur

de tout projet

o de projets de nature en ville contribuant au lien social (ex : jardins partagés), à l’insertion

professionnelle (ex : chantier d’insertion) ou encore à la sensibilisation des habitants au

développement durable

- les projets de mobilité répondent aussi à de multiples enjeux :

o une meilleure accessibilité physique des habitants grâce au développement de l’offre

de mobilités douces (transports propres…)

o une accessibilité sociale via un apprentissage et une sensibilisation aux questions de

mobilité (ateliers mobilité…)

o un désenclavement des QPV, grâce à des aménagements les reliant aux cœurs de ville

On constate aujourd’hui que les projets d’ores et déjà programmés dans les stratégies urbaines

intégrées articulent ces différentes dimensions grâce à l’approche intégrée.

2. Panorama détaillé des projets dans les stratégies urbaines intégrées

Le tableau ci-dessous, présente une liste de projets indicative et non exhaustive, issue des plans d’actions prévisionnels établis au moment de la rédaction des stratégies urbaines intégrées. Ces projets ne sont à ce jour pas tous programmés. Il montre comment ces projets, qu’ils soient liés aux questions d’aménagement, de nature en ville ou encore de mobilité contribuent aussi à la cohésion sociale. Cette liste est issue du travail de suivi de la programmation par la cellule d’appui au Réseau Europe urbain.

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LA DIMENSION SOCIALE DANS LES STRATEGIES URBAINES INTEGREES : DOMAINES D’INTERVENTION ET TYPES DE PROJETS

Projets d’aménagement durable Nature en ville et embellissement des quartiers : pour un meilleur bien-être des habitants

Nature en ville et biodiversité

- Projet "Reconquérir le Tison" : création d'un réservoir de biodiversité de proximité, espace de détente multifonctionnel sur l'îlot du Tison à Poitiers (Grand Poitiers, PO Poitou-Charentes)

- Création d’un jardin d'agrément autour de la place Cabrié à Lézignan-Corbières (Grand Narbonne, PO Languedoc-Roussillon)

- Valoriser les ressources naturelles du territoire dans le cadre de l’Arc paysager de l’Est Seine-Saint-Denis : promotion de la biodiversité au sein du Parc Arboretum à Montfermeil et au sein du Parc de la Mairie à Clichy (EPT Grand Paris Grand Est, PO IDF)

- - Aménagement de la Forêt linéaire Nord et de la Réserve naturelle, Quai du Lot Paris 19e (PO IDF)

Nature en ville et projets

d’aménagement urbains

- Augmenter la qualité du cadre de vie dans les quartiers prioritaires : aménager des espaces extérieurs après démolition dans le quartier des Glacis du Château à Belfort (Syndicat mixte de l’aire urbaine) (PO Franche-Comté)

- Aménager le Parc de la découverte de l'eau/ZAC Gare la Vallée à Amiens (Amiens Métropole, PO Picardie)

- Aménagement du Parc Pinçon à Bordeaux (Bordeaux Métropole, PO Aquitaine)

- Créer un parc urbain et mail piéton à Naillac (CA Bergeracoise, PO Aquitaine)

- - Réhabilitation du site des anciens jardins cheminots « Les Jardinots » dans le quartier Chamiers à Périgueux et création de jardins partagés sur le terrain en pieds des immeubles Raudier dans le quartier Boucle de l’Isle à Périgueux (Grand Périgueux, PO Aquitaine)

Nature en ville et citoyenneté

Nature en ville et participation des

citoyens

- Actions de sensibilisation aux enjeux de rénovation et d’amélioration des espaces urbains (CA du Bassin d’Aurillac, PO Auvergne)

- Aménager l'espace public du quartier La Colline à Cholet et en faciliter son appropriation par les habitants (CA du Choletais, PO Pays de la Loire)

- Etude Darse Nord à Mâcon : amélioration de l'environnement, reconquête de la nature sur les berges et réappropriation par les habitants (CA Mâconnais-Val de Saône, PO Bourgogne)

- Concours d'idées sur le quartier du Pigeonnier à Amiens (Amiens Métropole, PO Picardie)

- Appui à l’émergence de projets d’habitat participatif (CA du Bassin d’Aurillac, PO Auvergne)

- Appui aux initiatives citoyennes ou associant largement les habitants pour conforter le lien social et le vivre ensemble (CA du Bassin d’Aurillac, PO Auvergne)

- Optimiser la gestion du parc HLM en lien avec les habitants et en prenant en compte les choix d'aménagement : réhabiliter les logements dégradés du parc HLM (Agglomération Côte Basque Adour, PO Aquitaine)

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Projets de mobilité durable Mobilité durable : pour améliorer et faciliter les déplacements des habitants des QPV

Offre de transports

propres

- Création d'abris vélos à proximité des grands ensembles de logements sociaux (Chambéry Métropole, PO Rhône-Alpes)

- Mobilité solidaire et éco mobilité sur les quartiers (CA du Lac du Bourget, PO Rhône-Alpes)

- Mise en place d'un bus à haut niveau de service (Amiens Métropole, PO Picardie)

- Projet « Dispositif de Billettique Grand Poitiers » (Grand Poitiers, PO Poitou Charente)

- Projet de Transport en Commun en Site Propre sur le territoire de l'agglomération caennaise (Caen la Mer, PO Basse Normandie)

- Réalisation de deux lignes de BHNS à Cherbourg (CU de Cherbourg, PO Basse Normandie)

- Création d’un pôle d'échange intermodal et actions de sensibilisation/communication pour encourager la mobilité durable (CA du Bassin d'Aurillac, PO Auvergne)

- Programme pluriannuel d'acquisition de vélos pour la location longue durée, porté par Syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération clermontoise (PO Auvergne)

- Programme pluriannuel d'acquisition de vélos pour la location longue durée et développement du dispositif de location de vélos en libre-service (VLS), porté par le Syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération clermontoise (Clermont Communauté, PO Auvergne)

Aménagements urbains en faveur

de la mobilité douce

- Aménagement de voies vertes au sein des quartiers prioritaires, CA du Soissonais (PO Picardie)

- Création d’itinéraires raccourcis et confortables pour les piétons, PMR et vélos pour désenclaver les quartiers (CA de la Porte du Hainaut, PO NPDC)

- Restauration d'une passerelle cyclable et biodiversitaire (CA Béziers Méditerranée, PO Languedoc Roussillon)

- Réhabilitation et rénovation de friches commerciales/industrielles ou de bâtiments destinés à muter en vue de la création de logements, de commerces ou d’espaces concourant à la mise en œuvre d’une mobilité durable sur le territoire ; création d’aires de stationnement et de report intermodal en périphérie de la zone urbaine (CA du Bassin d'Aurillac; PO Auvergne)

- Création de voies douces, pistes cyclables, cheminements piétons (CA du Bassin d'Aurillac, PO Auvergne)

- Valorisation des espaces collectifs dans le quartier saint Antoine à Limoux et affectation de ces espaces à des fonctions récréatives et création de voies de circulation pour les modes doux de déplacement (CC du Limouxin, PO Languedoc Roussillon)

Accessibilité sociale :

apprendre à sortir de son

quartier

- Créer un poste d'ambassadeur de la mobilité (Agglomération Côte Basque Adour, PO Aquitaine)

- Création d’une Maison des mobilités à Angoulême (Grand Angoulême, PO Poitou-Charentes)

- Rencontres citoyennes de la Mobilité (Clermont Communauté, PO Auvergne)

- Formation « Actions pour des quartiers durables » (Communauté de communes Moselle et Madon, PO Lorraine)

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- Plateforme multimodale : accessibilité des quartiers (FLERS AGGLO, PO Basse-Normandie)

Désenclavement des quartiers

- Aménagement du corridor de la gare à Creil (CA Creilloise, PO Picardie) - Aménagement de la multimodalité et du parvis de gare à Soisson (CA du

Soissonais, PO Picardie) - Etendre le réseau de transport lourd en direction des

quartiers défavorisés : extension du métro jusqu'au pôle Capitaine Gèze, aménagé comme lieu de rabattement majeur des quartiers nord de Marseille (Métropole Aix Marseille Provence, PO PACA)

- Développer des lignes de rabattement efficaces vers le réseau lourd, tels les BHNS (bus à haut niveau de service) récemment réalisés ou en projet ; améliorer l'intermodalité au niveau des pôles d'échanges (Métropole Aix Marseille Provence, PO PACA)

- Revaloriser les espaces publics et l'attractivité commerciale de la gare et de ses environs et améliorer la multimodalité (PEM) (Agglomération Côte Basque Adour, PO Aquitaine)

- Système d'Aide à l'Exploitation et Information voyageurs du réseau de transports en commun du Grand Angoulême (Grand Angoulême, PO Poitou-Charentes)

- Extension Nord de la ligne de BHNS T1 : Transport Collectif en site propre axe Nord-Sud (CA Nîmes Métropole, PO Languedoc-Roussillon)

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PARTIE II : Favoriser l’inclusion dans les quartiers prioritaires grâce à l’environnement Les actions liées au développement et à l’amélioration de l’environnement naturel en ville peuvent avoir une dimension sociale importante, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (amélioration du cadre de vie, activités partagées, insertion…).

1. L’intérêt de la « nature en ville » pour améliorer le cadre de vie et la cohésion sociale au sein des quartiers

Les projets de nature en ville sont des vecteurs d’inclusion importants car pouvant générer des dynamiques citoyennes, du lien social, un premier pas vers le retour à l’emploi… Les stratégies urbaines intégrées permettent et facilitent la mise en place de tels projets contribuant à la transition écologique et à la cohésion sociale.

1.1. Quelle est la plus-value des projets de nature en ville pour les quartiers ?

Plus-value pour la cohésion sociale des quartiers

- Historiquement, les jardins avaient une place importante en ville ou à proximité jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale ; ils assuraient une fonction économique et sociale en lien avec une culture ouvrière. Les jardins urbains ont conservé ces dimensions économique et sociale, même si leur vocation de lien social dépasse largement celle liée à l’alimentation ou l’économique.

- Ils permettent de développer des pratiques collectives : l’organisation d’activités communes favorise le vivre ensemble et la mixité sociale et intergénérationnelle.

- Les projets de nature en ville sont vecteurs d’ouverture des quartiers : les jardins urbains présentent une dimension esthétique, à la fois attrayante pour les habitants des quartiers bénéficiant d’un cadre de vie plus agréable, mais aussi pour les habitants des zones alentours davantage enclins à se rendre dans ces quartiers réaménagés. La dimension esthétique des jardins urbains, en tant que lieux de vie communs et agréables, favorise ainsi une mixité à la fois sociale, culturelle et générationnelle.

- Les jardins partagés ou ouvriers présentent une dimension « santé publique » : lutte contre l’insécurité alimentaire, sensibilisation au « bien manger »…

- Ils favorisent aussi « l’empowerment » des habitants : à la fois bénéficiaires et acteurs de ces projets, les habitants sont sensibles à la transformation rapide et visible de leur espace urbain quotidien, qu’ils se réapproprient.

Jardin partagé « Jardin sur le Toit (Paris 20ème) lors de la Fête de la Nature 2010

Jardin partagé « Le Moissonneur des Lilas » (Paris 19ème)

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Plus-value pour la revitalisation des quartiers ou de zones industrielles

- Les initiatives de « nature en ville », incluant le développement de cultures (jardins partagés, jardins familiaux, jardins d’insertion) se multiplient depuis quelques années au sein des quartiers, dans les espaces en friche, permettant ainsi de « revitaliser » et redonner une fonction à des zones parfois délaissées.

- Sur certains territoires, les projets de nature en ville constituent un enjeu particulier face à des situations de déprises industrielle, économique, démographique.

Plus-value pour le développement économique

- Les initiatives de jardins partagés ou jardins ouvriers peuvent constituer une aide pour les familles : autoproduction ou alimentation des circuits courts (cas de « fermes urbaines »).

- Les projets d’agriculture urbaine favorisent l’émergence de nouveaux modèles économiques : notamment avec l’apparition de fermes urbaines sous forme de SCIC (Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif) ou d’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne)

- Les jardins en ville ou les fermes urbaines sont des vecteurs d’insertion professionnelle : ils permettent le retour à l’emploi des personnes qui en sont éloignées, notamment via des chantiers d’insertion et la valorisation de leurs compétences.

Enjeu environnemental

- Les projets de nature en ville présentent une dimension environnementale et écologique : sensibilisation au développement durable, au respect de la nature, développement de la biodiversité en ville… Leur impact en termes de biodiversité reste toutefois très mineur, comme le souligne Gilles Lecuir de Natureparif.

1.2. Quelles sont les clés pour des projets de nature en ville réussis ?

➢ Conditions de réussite

Mobilisation des acteurs clés

- Volonté politique : elle est essentielle au développement de sites de « nature en ville » et doit s’inscrire dans un projet global (économique, social, environnemental).

- Dynamique de réseau : les projets doivent mobiliser un large panel d’acteurs d’horizons différents, permettant d’articuler efficacement les différentes dimensions de ce type de projet, de se doter de l’expertise nécessaire, de communiquer, d’informer, d’échanger sur les bonnes pratiques, etc.

- Mobilisation de l’expertise de tous les acteurs concernés par les projets de nature en ville : les villes peuvent s’appuyer sur leurs équipes « parcs et jardins » pour la gestion des espaces verts et éventuellement pour le suivi des jardins. Elles peuvent également mobiliser une expertise externe (associations, ingénieurs…) pour intervenir sur la promotion de la biodiversité, la gestion des déchets, la sensibilisation du développement urbain durable, etc.

Implication des habitants

- Implication en amont des habitants mais aussi des riverains, des services municipaux ou de l’agglomération et ce, dès la phase de conception et mise en place d’une démarche de mobilisation structurée et continue (animation, encadrement, formation, entretien…).

- Participation citoyenne : la participation est au cœur de la réussite des projets de nature en ville. Le projet doit être conçu en réponse aux attentes exprimées par les habitants lors des ateliers de concertation. Le porteur de projet peut s’appuyer sur le réseau d’acteurs locaux comme les conseils citoyens ou les comités de quartier.

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Ingénierie

- Mise à disposition de ressources humaines pour animer les projets : elles sont particulièrement importantes dans le cas de jardins partagés ou jardins d’insertion pour l’encadrement technique, la gestion des parcelles, le maintien de l’approche sociale et collective, la médiation entre les habitants, l’organisation d’événements autour de ces projets….

➢ Points de vigilance et préconisations

- S’assurer que les projets de nature en ville bénéficient d’un accompagnement durable et d’une animation continue et inscrite dans la durée

=> Préconisation : organiser diverses animations à l’occasion d’événements existants (ex : semaine du développement durable), de « temps forts » et pas uniquement au démarrage d’un projet.

- S’assurer que les projets de nature en ville s’inscrivent dans une stratégie d’aménagement partagée et soient cohérents.

=> Préconisation : s’appuyer sur des experts en aménagement urbain, des ingénieurs et sur l’expérience et l’avis des habitants qui connaissent le lieu et qui sont les mieux à même de déterminer quels sont les aménagements dont leur quartier a besoin. Le développement d’espaces de nature en ville peut également s’appuyer sur la participation et l’expertise d’associations comme la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), WWF…

- Prendre en compte la problématique éventuelle de la pollution des sols.

=> Préconisation : considérant la temporalité des projets d’aménagement, la phytoremédiation1 pourrait être davantage utilisée en amont pour la dépollution des sols. Ce sujet pourrait faire l’objet d’études plus approfondies.

- S’interroger sur la place de l’agriculture urbaine dans l’économie locale.

=> Préconisation : la réflexion sur les fermes urbaines rejoint la problématique de l’agriculture périurbaine et de son insertion dans les marchés locaux, développement de filières courtes, AMAP… Il est donc utile de se rapprocher de ces acteurs économiques locaux pour bénéficier de leur expertise.

- Prendre en compte l’intégration des projets de nature en ville dans l’écosystème urbain et les effets que peuvent avoir ces projets sur les habitants (augmentation du nombre d’insectes, notamment d’abeilles, allergies au pollen…).

=> Préconisation : consulter et mobiliser les experts compétents (écologues, services techniques de la ville…) pour ne pas bouleverser l’équilibre biodiversitaire.

Les jardins nécessitent une animation, un suivi, un accompagnement en continu qui implique la mobilisation des collectivités, l’implication d’experts complémentaires (jardiniers, animateur, experts…) et la participation des habitants.

1 La phytoremédiation est une technique de dépollution basée sur les plantes et leurs interactions avec le sol et les microorganismes. Source : http://www.futura-sciences.com/planete/definitions/developpement-durable-phytoremediation-6863/

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1.3. Focus sur un projet de nature en ville : le projet Biodiversité mené à Longjumeau (Essonne,

Ile de France)

Ce projet, bien que non financé par des fonds européens, présente une approche transversale et associe une pluralité d’acteurs : les habitants du quartier prioritaire, les acteurs du logement et les associations locales. En tenant compte à la fois des enjeux de développement urbain et de cohésion sociale, ce projet constitue une expérience sociale innovante d’appropriation des espaces extérieurs par les habitants.

➢ Présentation du projet

Dans le cadre du projet de rénovation urbaine du quartier prioritaire Rocade, Bel Air, Petits Champs à Longjumeau, les habitants ont fait part d’une dégradation des espaces verts existants. Pour lutter contre l’important dépôt de déchets/encombrants et le trafic de drogues, deux problèmes récurrents et concentrés sur les espaces extérieurs communs, une réflexion a été lancée pour que les habitants se réapproprient ces espaces et leur quartier. Le bailleur social, EFIDIS, a impulsé une série de projets sur le thème de la biodiversité afin de reconnecter les habitants avec leur environnement et de les sensibiliser aux questions de développement durable. L’objectif étant in fine d’améliorer le cadre de vie des habitants, et de pérenniser les investissements réalisés par le bailleur, les partenaires et les habitants. Le projet s’est organisé en plusieurs phases :

- Phase 1 : La structuration du jardin collectif des habitants. L’objectif étant de remobiliser et de structurer les habitants autour du jardin et de créer un réseau d’échange de savoir-faire pour une autonomisation du collectif.

- Phase 2 : La création d’un espace potager. L’objectif étant de permettre la création d’un espace de production et de partage pour un circuit-court de consommation responsable et une sensibilisation à une alimentation de qualité.

- Phase 3 : La création d’une vallée aux oiseaux. L’objectif étant de reconnecter les habitants avec leur environnement, de les sensibiliser aux questions de biodiversité pour le respect du cadre de vie, mais aussi de faire revenir les insectes et oiseaux dans le quartier.

Tous ces aménagements d’espace sont intégrés au plan de construction du bailleur, qui doit donc financer ces aménagements.

➢ Facteurs de réussite du projet

Les différents aménagements n’étaient pas prévus dans le projet initial de rénovation, ils sont tous nés de la volonté des habitants. Une enceinte de concertation a été créée, avec un système d’habitants relais présentant dans ces instances les dysfonctionnements du quartier. Les habitants ont commencé à échanger sur des questions de biodiversité et ont proposé l’aménagement d’un jardin permettant d’avoir un cadre calme et convivial, en dehors des travaux et du trafic de stupéfiant. L’aspect esthétique

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a d’abord prévalu sur l’aspect écologique : le jardin étant perçu comme un endroit « où l’on se sent bien ». Pour le bailleur, c’était aussi un moyen de valoriser son patrimoine. Cette convergence des volontés a été un des facteurs de réussite du projet.

Si le projet a été approprié par tous, c’est aussi en raison de son caractère multi-partenarial et concerté. Il a été mené en collaboration avec plusieurs associations, notamment avec Alliance Prévention pour la création d’un chantier éducatif autour du jardinage et de l’embellissement du jardin, la Ville de Longjumeau (Service des parcs et jardins, service Agenda 21, direction du renouvellement urbain), la Communauté d’Agglomération Paris Saclay, AgroParisTech et l’INRA. Un travail de concertation a été mené avec le conseil citoyen.

De nombreux ateliers pédagogiques ont été aussi mis en place, notamment pour la création de la « vallée aux oiseaux ». Le lien social se faisant par le jardin mais aussi par l’éducation et la sensibilisation à l’environnement.

➢ Points de vigilance et conseils

La mobilisation

L’enjeu est de remobiliser et de structurer les habitants autour du projet et de créer un réseau d’échanges de savoir-faire pour une autonomisation du collectif.

Pour répondre à cette problématique, il faut tout d’abord convaincre et sensibiliser les habitants sur l’intérêt collectif du jardin. L’étape suivante consiste à diversifier le public-cible et pour cela, se rapprocher des associations et acteurs-ressources locaux pour connecter petit à petit toutes les associations et les différents acteurs du quartier. La communication sur le projet auprès des habitants est un élément clé de réussite pour connaître le projet : bouche à oreille, affichage, mails aux habitants… C’est lorsque les citoyens s’approprient véritablement le projet que l’on peut considérer que l’expérience menée est un succès !

Si la concertation doit avant tout se faire avec et entre les habitants, elle doit également impliquer la Ville et les associations.

En termes de gouvernance de projet, il n’est pas nécessaire de se constituer en association dès le lancement du projet, mais il est utile de se faire accompagner par d’autres acteurs, comme l’association Graine de jardins dans le cas présent.

L’ingénierie

Pour assurer la pérennité d’un projet, le travail d’animation doit être continu et non pas uniquement lors de l’émergence du projet pour maintenir l’intérêt des habitants. Il est alors utile de créer des temps forts, notamment lors de la semaine de l’environnement ou du développement durable, de s’allier à des associations pour mettre en place des actions (recyclage par exemple), et de bien communiquer (stands, présence dans l’espace public…).

Le financement du projet

La diversification des sources de financement est cruciale pour assurer la pérennité de ce type de projet. Ces projets nécessitent des moyens financiers dans la durée, ce qui va à l’encontre de toutes les contraintes budgétaires alors que ces projets ont des effets sur la sécurité, l’aménagement, la cohésion sociale… Pour ce projet en particulier, le bailleur a bénéficié du Fonds d’Innovation Sociale par exemple qui a permis de financer une partie du projet, les animations, les ateliers, l’outillage et de rémunérer les associations partenaires. Le financement peut également être recherché du côté des fonds européens, ce qui n’a pas été le cas pour ce projet, notamment par manque de connaissance et de maitrise de ces outils financiers.

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2. La mobilité durable au service de l’inclusion économique et sociale

Autre aspect du lien entre inclusion sociale et transition énergétique, la mobilité est un enjeu fort des projets d’aménagement et de rénovation urbaine en lien avec l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 % (par rapport aux niveaux de 1990) fixé par le cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030.

Des projets de mobilité alternative se développent dans ou en lien avec les quartiers prioritaires pour faciliter le déplacement des habitants et favoriser leur insertion sociale et économique. De nombreux projets de mobilité urbaine durable bénéficient du soutien de l’Union européenne.

2.1. La plus-value des projets de mobilité durable pour les quartiers

La plus-value de ces projets est multiple : - Amélioration de l’offre de transport pour répondre à la faible densité des réseaux, notamment pour

les quartiers situés en zone péri-urbaine.

- Connexion des quartiers à la ville centre : les projets de mobilité sont une réponse à l’enclavement des quartiers, souvent déconnectés de la ville centre et de l’offre principale de transport (gares…).

- Action en faveur de l’emploi : les projets de mobilité (plateforme, centrale de mobilité) permettent aux usagers de ne pas être limités dans leur recherche d’emploi pour des raisons de mobilité (notamment pour les habitants n’ayant pas de véhicules).

- Amélioration de la qualité de l’air au sein des quartiers avec la promotion de la mobilité douce : mise en place de pistes cyclables, système de location de voitures électriques.

2.2. Quelles sont les clés pour des projets de mobilité réussis ?

➢ Conditions de réussite

- Volonté politique et inscription du projet dans le cadre d’une stratégie globale du territoire

concerné : stratégie de l’emploi ou stratégie de mobilité par exemple.

- Réalisation d’un diagnostic de la mobilité en amont de tout projet : les projets de mobilité doivent

être adaptés à la situation personnelle et aux besoins particuliers des habitants des quartiers,

souvent soumis à des contraintes horaires spécifiques (horaires décalés et/ou fragmentés pour les

métiers d’aide à la personne, agents d’entretien…).

- Mise en réseau : concertation entre les différents acteurs de la mobilité, mise en valeur des objectifs

communs, via la mise en place de conseils de mobilité par exemple.

- Prise en compte de la dimension psychologique liée à la mobilité : les habitants sont parfois limités

dans leur mobilité par des considérations psychologiques : ils ne se sentent pas capables de « sortir

de leur quartier », « ne se sentent pas à leur place », ils ne se sentent pas capables « de prendre un

train, un bus… ».

- Prise en compte de la dimension financière liée à la mobilité : aide à la mobilité, système de location

solidaire de voitures, garages solidaires, auto-école sociale…

➢ Points de vigilance et préconisations

- S’assurer de la pérennité des projets de mobilité. => Préconisation : anticiper les changements politiques (réforme territoriale, fusion des intercommunalités...).

- S’assurer du lien entre mobilité personnelle et mobilité professionnelle. => Préconisation : consulter les acteurs de l’emploi, s’entourer d’experts pour rédiger un Plan de Déplacement Entreprise par exemple.

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- S’assurer de la participation des citoyens. => Préconisation : organiser des ateliers et des animations à destination des habitants (ex : organisation d’ateliers en collaboration avec la RATP à Paris pour apprendre à se déplacer dans les transports en commun).

- S’assurer que les projets de mobilité s’inscrivent dans une stratégie d’aménagement du quartier. => Préconisation : s’appuyer sur des experts en aménagement urbain, ingénieurs, urbanistes et architectes, mais aussi sur l’expérience et l’avis des habitants qui connaissent le lieu et qui ont leurs contraintes de déplacement.

- Adapter les projets de mobilité en fonction du public cible : par exemple, projet d’auto-école sociale proposant une méthode alternative au circuit classique, avec des instructeurs bilingues afin que les personnes d’origine étrangère ne soient pas bloquées par la barrière de la langue. => Préconisation : s’entourer d’associations travaillant avec les personnes d’origine étrangère et connaissant leurs besoins.

- S’intéresser aux résultats des actions en faveur de la mobilité pour assurer leur pérennité et inciter les pouvoirs publics à soutenir ces démarches. => Préconisation : développer des indicateurs et mettre en place un tableau de suivi des actions mises en œuvre afin d’évaluer les résultats et de réajuster les actions le cas échéant.

- Rechercher et diversifier les sources de financements. => Préconisation : le recours aux fonds européens peut être une porte d’entrée et permet d’avoir

un effet levier en termes de financements. L’implication des entreprises dans le financement de

solutions de mobilité est un autre moyen de financement à développer. Ces dernières sont en

général volontaires pour participer à la mise en œuvre d’initiatives de mobilité (démarche RSE par

exemple).

3. La démarche « EcoQuartier » pour améliorer la qualité de vie et le vivre ensemble dans les quartiers prioritaires

Plusieurs autorités de gestion ont fait le choix de flécher une partie des fonds européens alloués à la

dimension urbaine vers les démarches d’urbanisme durable, notamment vers les EcoQuartiers. Si cette

part reste, à l’échelle nationale, limitée, elle permet une réflexion sur la convergence des deux

démarches.

3.1. La plus-value des projets d’EcoQuartiers

➢ Une démarche qui encourage l’innovation et le partage d’expérience

- La démarche « EcoQuartier » a été lancée en 2008 par l’Etat et s’est concrétisée en décembre 2012 par la création du label national EcoQuartier. Il se fonde sur une vingtaine d’engagements rassemblés dans la Charte EcoQuartier. Ce label permet d’encourager, d’accompagner et de valoriser les projets d’aménagement et d’urbanisme durables, quels que soient leur échelle ou leur contexte. En 2017, 51 quartiers sont labellisés, 106 en chantier et 168 en projet.

- Les villes et les agglomérations ont souvent profité de projets de rénovation urbaine sur d’ancienne friches (industrielles, militaires…), pour lancer un projet de rénovation d’ensemble de type EcoQuartier. Des initiatives ont également vu le jour spécifiquement au profit de quartiers prioritaires de la politique de la ville. Actuellement, 26 EcoQuartiers ou projets d’EcoQuartiers concernent des quartiers prioritaires (Dijon, Nanterre, Marseille, Reims, Mantes-la-Jolie, Villiers-le-Bel, Nancy, Lyon, Orléans, Grenoble, Mulhouse…)

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- Du fait de l’importance des projets et des investissements nécessaires, les démarches EcoQuartier en quartier prioritaire sont fréquemment soutenues par l’ANRU. Elles permettent de promouvoir des démarches innovantes dans les domaines de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, de la multimodalité et intègrent systématiquement la dimension sociale dans les projets d’aménagement urbain (logements, services…)

- A noter que la labélisation ne donne pas accès à des financements spécifiques, mais permet de rejoindre un réseau et de bénéficier d’une expertise.

➢ La mobilisation des fonds européens pour les projets d’urbanisme durable

La cellule d’appui au Réseau Europe urbain, en lien avec la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, assure le suivi de la mobilisation du FEDER vers les EcoQuartiers, et plus largement vers les démarches d’urbanisme durable :

- Dans le Grand-Est, 45 dossiers ont été déposés dans le cadre de l’appel à développement urbain durable lancé par la Région (pour 3 dossiers retenus). La demande est importante par rapport aux fonds européens disponibles.

- Les programmes FEDER/FSE interviennent de façon plus ponctuelle sur les opérations de type EcoQuartier. On les retrouve par exemple au sein des agglomérations suivantes :

o Agglomération du Pays de Montbéliard : Objectif spécifique 5.1 « Augmenter la qualité de l’environnement en réhabilitant les espaces dégradés des pôles métropolitains » du PO Franche Comté ; opération : Réseau des écoquartiers communaux de l’agglomération du Pays de Montbéliard

o Métropole Rouen Normandie : Objectif spécifique 4.1 « Développer des quartiers urbains durables » du PO Haute-Normandie. Action n°1 : Ecoquartier Flaubert (aménagement 1ère tranche ; 1er macro-lot / système viaire) ; Action n°2 : Ecoquartier Saint Sever Nouvelle Gare ; Métropole Rouen Normandie

Des quartiers peuvent être aménagés selon les principes du développement urbain durable sans être nécessairement labellisés (la labellisation découlant d’une démarche volontaire). Par exemple :

o Communauté de l’agglomération havraise (CODAH) : OS 4.1 « Développer des quartiers urbains durables » (PI4e) du PO Basse-Normandie ; opération : création de nouveaux quartiers dans la ville respectueux de l’environnement, tant sur les gains énergétiques massifs des bâtiments réhabilités que sur l’accessibilité de ces quartiers aux modes de transports doux / Etudes de services innovants pour le transport des personnes et des marchandises ; développement de la multimodalité

o Métropole Rouen Normandie : OS 4.2 « Développer l’utilisation des sites délaissés en friche ou en voie de le devenir pour recomposer la ville » (PI4e) du PO Haute-Normandie. Action n°3 : Traitement intermédiaire des friches.

o Communauté d’agglomération Seine-Eure : OS 4.1 « Conception et réalisation de quartiers urbains durables » (PI4e) du PO Basse-Normandie ; opération (ex.) : pré-étude, étude, concertation, traitement de la surcharge foncière, aménagements réseaux, travaux de recyclage foncier…

Les fonds européens mobilisés sur les EcoQuartiers favorisent le décloisonnement et la rencontre d’expertises diverses

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3.2. Quels sont les points de vigilance et les conditions de réussite ?

➢ L’animation et la participation : des éléments clés de réussite

- La réalisation des premiers EcoQuartiers montre la nécessité d’impliquer les habitants le plus en amont possible afin d’ajuster les choix d’aménagement, les choix techniques et paysagers.

- L’accompagnement social doit être abordé précocement afin de faciliter l’appropriation du quartier et de ses équipements.

- Le recours à un « chargé de proximité » lors des phases de conception, démolition et travaux peut être nécessaire pour accompagner les riverains, suivre le relogement des habitants et leur permettre de prendre possession des nouveaux logements dans de bonnes conditions (consignes techniques, entretien, systèmes de ventilation, etc.)

- Pour être efficaces, les actions d’animation doivent pouvoir s’appuyer sur les associations de quartiers et les conseils citoyens, quitte à les former le cas échéant (exemple avec l’agglomération de Flers par exemple).

- Les pratiques de « co-construction » sont un moyen d’impliquer directement les habitants dans la définition de certains choix d’aménagement (cheminements, espaces verts, partis architecturaux). Elles peuvent être organisées par le biais d’échanges, d’ateliers créatifs, etc.

- La démarche EcoQuartier implique une adaptation des pratiques et des modes de vie au sein des logements, au sein des quartiers et en connexion avec les quartiers environnants.

- La « Plateforme » internet des EcoQuartiers met à disposition des exemples et expériences qui peuvent alimenter la réflexion et les projets à différentes échelles (http://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr/)

➢ Difficultés et points de vigilance

- Dans le processus de concertation, il est essentiel de définir clairement les objectifs et ce qui peut faire l’objet de discussions ou non. Certaines options d’urbanisme et aménagement ne peuvent pas nécessairement être modifiées suite aux échanges avec les habitants (emprises, volumes, tracés…)

- La prise en compte de la temporalité est primordiale, que ce soit pour impliquer des acteurs qui répondent à des dynamiques différentes (habitants, élus, bailleurs) ou pour articuler les financements. Sur des projets d’aménagement importants, le FEDER peut se trouver en décalage par rapport à la temporalité des opérations ANRU. Dans ce cas, il peut être nécessaire de décroiser les financements afin d’éviter les dégagements d’office.

- Sur le moyen et le long terme, il est nécessaire de développer les démarches d’évaluation des EcoQuartiers pour mieux rendre compte des expériences (réussites, difficultés), les diffuser et encourager l’essaimage des meilleures pratiques (cf. étape 4 de la démarche de labellisation des EcoQuartiers). Une évaluation précise des EcoQuartiers se heurte cependant à la difficulté de rendre compte de leur impact à la fois économique, social et environnemental (existence de données quantitatives et qualitatives, interaction avec leur environnement urbain, etc.).

3.3. Focus sur l’EcoQuartier Wolf-Wagner de Mulhouse

Le quartier Wolf-Wagner de Mulhouse a été construit à la fin des années 50. Il est situé au nord de la ville de Mulhouse en limite des zones d'habitat. Regroupant originellement de barres d'habitations, le lieu présentait une forte paupérisation.

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Ce quartier a connu de profondes mutations depuis 2002 avec la réhabilitation ou la reconstruction de plusieurs centaines de logements aux normes HQE, la piétonisation des espaces, la mise en place d’un système innovant de récupération des eau pluviales sur certains bâtiments publics, la création d’équipements de sports et de services (petite enfance, centre social, commissariat, maison des personnes handicapées…), d’une trame verte, etc.

La démarche a été menée avec une concertation approfondie des habitants et d’une forte mobilisation des acteurs (notamment des bailleurs sociaux). Le nombre de démolitions a été limité autant que possible et des travaux de « mémoire du quartier » ont accompagné les opérations. Une expérience de « co-construction » a été réalisée avec le « Chantier enchanté » qui a permis aux habitants de participer à la création de différentes œuvres collectives sur un espace vers avec l’assistance de plasticiennes.

Le quartier fait l’objet d’un Plan climat territorial qui l’inscrit dans un projet de territoire luttant contre les émissions de gaz à effet de serre. Fin 2011 il a été primé au palmarès Ecoquartier dans la catégorie « rénovation de quartier » et il a obtenu la labellisation fin 2013.