CRISE a.cartapanis
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Confrence-Dbat de la Reprsentation rgionale de la
Commission europenne
Marseille, 3 avril 2012
APRES LA CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE,
LA ZONE EURO AU BORD DE LA RECESSION
Andr Cartapanis Professeur Sciences Po Aix-en-Provence
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Lobjet : proposer un panorama densemble de la situation de la zone euro, en avril 2012, que lon peut rapidement caractriser :
Une zone euro au bord de la rcession et un ralentissement marqu de la croissance mondiale
Une crise de lendettement souverain en Europe qui nest toujours pas totalement rgle : Grce, Portugal, Espagne, Italie
Une gestion de crise, au sein de la zone euro, pour le moins inefficace et des tentatives complexes pour
reconstruire les rgles de lunion montaire et de la gouvernance macroconomique europenne en temps
de crise
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Pour comprendre lentre en rcession de la zone euro, il faut examiner, la fois :
La crise de la zone euro : les failles de lUEM et de la gouvernance conomique de la zone, et limpuissance des stratgies menes du ct des Etats et de la BCE
Les origines et les effets de la crise de lendettement des Etats, tout particulirement en Europe, depuis
2010-2011 : un report de la crise bancaire de 2008-2009
sur les finances publiques et des politiques de
consolidation budgtaire procycliques, tout
particulirement au sein de la zone euro
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Quelles sont les prvisions de croissance pour 2012 ?
Diversit des organismes de prvisions: FMI (24 janvier 2012)
Commission europenne (23 fvrier 2012)
OFCE (29 mars 2012)
Mais convergence trs nette: la zone euro entre en rcession
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Les prvisions de croissance
du FMI (24 janvier 2012)
2010 2011 Prvisions 2012
Monde 5.2 3.8 3.3
USA 3.0 1.8 1.8
Zone euro 1.9 1.6 - 0,5
RU 2.1 0,9 0,6
Japon 4.4 - 0.9 1.7
Pays mergents et
en dveloppement
7.3 6.2 5.4
Commerce mondial
de biens et services
12.7 6.9 3.8
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Les prvisions de croissance du FMI (24 janvier 2012) au sein de la zone euro
2010 2011 Prvisions 2012
Zone euro 1.9 1.6 - 0.5
Allemagne 3.6 3.0 0.3
France 1.4 1.6 0.2
Italie 1.5 0.4 - 2.2
Espagne - 0.1 0.7 - 1.7
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Les dernires prvisions de croissance de la Commission europenne (23 fvrier 2012)
2011 2012
Zone euro 1.4 - 0.3
Allemagne 3.0 0.6
France 1.7 0.4
Italie 0.2 - 1.3
Espagne 0.7 - 1.0
Belgique 1.9 - 0.1
Irlande 0.9 0.5
Grce - 6.8 - 4.4
Pays-Bas 1.2 - 0.9
Portugal - 1.5 - 3.3
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Les dernires prvisions de croissance de lOFCE (29 mars 2012)
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Les dernires prvisions de croissance
de lOFCE pour les diffrents pays membres de la zone euro (29 mars 2012)
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Comment expliquer cette situation risques?
Hasard ?
Rchauffement de la plante ?
Non : cest la fois une nouvelle phase de la crise qui dmarre en 2008 avec la crise financire aux Etats-
Unis, qui a contamin lconomie mondiale, et le produit des politiques conomiques et des conditions
de gestion de la crise de lendettement souverain au sein de la zone euro depuis 2010.
Do la ncessit dun rapide retour en arrire
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Retour sur la priode davant-crise
De bonnes performances macroconomiques: Croissance mondiale : environ 4,5%
Croissance des pays industriels : environ 3%
Croissance des pays mergents : environ 6 8 %
Grande modration et inflation matrise
Mais de nombreuses fragilits : Bulles sur prix dactifs, immobiliers, actions
Concurrences accrues de la part des mergents, ingalits croissantes
Surendettement priv, et pour certains pays, surendettement public, favoriss par des taux dintrt rels trs bas
Dsquilibres globaux et expansion de la liquidit mondiale
Dynamique procyclique du crdit
Et aprs cration de la zone euro, forte apprciation de leuro, et trs forte htrognit des dynamiques macroconomiques
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Tout cela sest brutalement interrompu avec crise bancaire (aot 2007 et surtout septembre 2008, aprs
la faillite de Lehman Brothers, puis extension mondiale
via multiples canaux, des faillites bancaires aux effets
sur le commerce international):
Effondrement des marchs dactifs
Contagion de la crise bancaire, dilliquidit puis dinsolvabilit
Et trs violente rcession fin 2008, jusquen aot 2009 (- 8% du PIB mondial en donnes trimestrielles, effondrement du
march automobile et du CI)
Car consquences multiples de la crise financire sur la sphre relle, provoquant une violente rcession :
Dsendettement
Hausse des taux dpargne
Credit crunch
Dfiance gnralise et chute de linvestissement
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Mais face la crise, raction massive et efficace des
Etats et des Banques centrales :
BC : injections de liquidits, par centaines de milliards deuros ou de dollars
Etats : recapitalisations, stabilisateurs automatiques, politiques de soutien de la demande (prime la casse pour lautomobile, Grand emprunt)
Et donc trs fort soutien de lactivit conomique par la demande publique, se substituant la demande
prive (consommation des mnages, investissement des
entreprises, et aussi exportations)
Du coup, sentiment des policy makers : la crise est finie !!!, ctait un trou dair !!! et, effectivement, la croissance est de retour ds lautomne 2009.
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Or, la crise ntait pas du tout termine : Banques fragiles
Croissance fragile, car lie au soutien de la demande publique
Pas de nouveau rgime de croissance, ayant succd la croissance dope par le crdit davant la crise
Et restait laddition, du ct des Etats, avec explosion des dficits budgtaires et du stock de dettes souveraines
Cette situation de redmarrage rapide de lconomie mondiale, aprs la crise financire, ne va donc pas
durer, va se dgrader, surtout en 2011, avec deux
chocs, dailleurs trs lis lun lautre :
La crise de la dette souveraine en Grce
Les politiques de consolidation budgtaire, dans la zone euro, mais aussi bien au-del, mais des
rythmes diffrents
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Dabord, un premier choc, avec la crise de la dette
grecque
Aprs lection de G. Papandrou, PASOK, en octobre 2009, et dcouverte du camouflage des dficits
explosifs du budget : crise de solvabilit
Au dpart, petit problme (20-30 milliards deuros, Grce, Grce = 2% du PIB europen)
Mais gestion calamiteuse de la crise avec multiples rebondissements et atermoiements, entre Etats, BCE,
Commission, FMI, Allemagne, France : 17 Sommets de
la dernire chance
Transformation dune crise locale en crise globale!!!
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Pourquoi parler dune gestion calamiteuse de la crise ?
17 sommets de la dernire chance ayant totalement dsorient les marchs
BCE, France, et autres pays membres hors Allemagne : refus du dfaut, refus de lappel au FMI
Allemagne : favorable un dfaut organis, pour punir la Grce et les banques pour leurs comportements aventureux et excessivement risqus, et interdiction
ritre la BCE, pour des raisons juridiques (clause de
no bail-out, de non-renflouement des Etats-membres,
selon Statuts BCE) et de doctrine (ordo-libralisme), et
donc renflouement possible seulement de la part des
Etats (prts bilatraux) et des taux punitifs
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Puis avances sur le plan institutionnel avec la cration du FESF (Fonds europen de stabilit financire, dot
de 440 milliards deuros utiles, et financement 85% par Allemagne et France), puis du MES (Mcanisme
europen de stabilit), mais avec des moyens assez
faibles, et que lon a envisag daccroitre avec les mergents (la Chine), le FMI sans succs
Depuis juillet 2011, mobilisation du FESF avec des taux bas (Irlande, Portugal, Grce)
En mme temps, par peur dun nouvel accident bancaire, dune nouvelle crise systmique, compte tenu des fragilits issues des dcennies prcdentes et
des fragilits issues de la crise de la dette souveraine
(spreads la hausse et dvalorisation des crances sur
les Etats), on met en uvre une politique de durcissement des exigences en capitaux propres des
banques et exigences de recapitalisation !!!
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Enfin, dcisions du 9 dcembre 2011, Trait
intergouvernemental, hors GB, nouvelle gouvernance
macroconomique et rgle dor
Mais si lobjectif dassainissement budgtaire est incontournable, le principe dune telle rgle dor est discutable dans les principes, et, en tout cas, cette
rgle est destine la prvention des futures crises, et
pas du tout adapte la gestion de la crise en cours :
erreur dagenda
Au total : atermoiements, conflits, rapports de force, demi-solutions, contradictions, hsitations
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Pourquoi une gestion de crise, dans la zone euro, aussi
laborieuse ?
Lorganisation institutionnelle de lUEM navait pas prvu de rponse une crise de cette nature et de
cette ampleur, et, pire encore, avait interdit tout
financement direct de la BCE au bnfice des Etats,
mme en temps de guerre !!!
Depuis 2010, bras de fer et divergences dapprciation, conduisant ladoption de compromis boiteux, et volutifs, qui ont profondment dsorient les
marchs, et au final ont aggrav la crise
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Pour lAllemagne et Angela Merkel lobsession du risque dinflation par montisation de la dette
publique et du respect des textes rgissant la BCE
lobsession de la discipline et de la stabilit financire, par crainte de lala moral (incitation future lindiscipline)
affichage rigide de tels principes sous la surveillance de lopinion publique, de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui doit vrifier le respect des droits fondamentaux et la
sparation des pouvoirs, ce qui inclut le respect des
prrogatives de la BCE
cest la traduction de lordo-libralisme : l'tat a un rle d'ordonnateur et un pilier central de l'ordo-libralisme est de
faire respecter les disciplines de march et au plan
macroconomique de confier une banque centrale
indpendante la responsabilit de la stabilit montaire et
financire
Et la faillite de la Grce serait salutaire : logique punitive, pour lexemple!!!
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Pour la BCE au dpart, trs attache son mandat (pas dintervention
directe sur la dette publique et seul objectif de matrise de
linflation), mais en mme temps, refus du dfaut dun Etat-membre, par crainte du cataclysme (J.C. Trichet) de la
contagion et de latteinte porte la crdibilit de la zone et de la BCE
en fait, la BCE a quelque peu drog ces principes, mais sans le dire explicitement, au terme de conflits internes (dmission
de deux membres allemands du Directoire, Axel Weber et
Jrgen Stark, le Chief Economist, dont lun tait promis la succession de J.C. Trichet,) et donc en rachetant de la dette
publique sur le march secondaire, tout en jouant pleinement
son rle de PDR auprs des banques prives, guichet illimit
avec collatraux moins exigeants et des taux proches de
zro !!!!
Pour la France et les autres pays, des principes diffrents mais ils ont du se ranger derrire la position
allemande : Merkozy
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De fait, lAllemagne semble vouloir tirer profit de la crise pour asseoir sa vision de lUEM, avec des contraintes budgtaires beaucoup plus drastiques, une
discipline de fer, face la suppose impritie des
autres Etats.
Et en mme temps, refus de vritables avances sur la voie de lintgration renforce
pas de fdralisme budgtaire
pas deuro-bonds
pas de modification du mandat de la BCE (alors mme que la crise financire de 2008 a provoqu un changement de cap en
matire de rgulations financires, dans le cadre du G20, avec
modifications de doctrine et dobjectifs sous langle du maintien de la stabilit financire et des rgles
macroprudentielles)
refus dun plan de soutien europen la croissance, propos par J. Delors ou H. Schmidt !!!
Nicht, nicht, nicht
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Et donc, la thse qui sest impose, ou plutt que Angela Merkel a impose, est que la crise de
lendettement souverain est lie limpritie budgtaire des Etats et quil faut commencer par rduire cet endettement avant toute chose, et en
interdire la rapparition (rgle dor du 0,5%, hors cycle, rige en principe constitutionnel).
Or, sans doute en dehors du cas grec, tout fait atypique, cette analyse est contestable et totalement
inadquate dans le contexte de crise profonde faisant
suite la crise financire systmique qui sest dclenche lautomne 2008!!!
La rcession annonce, comme la perte du AAA et la dgradation de la plupart des pays europens par les
agences de notation confortent dailleurs ce jugement!
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Plus encore, cette impuissance grer la crise grecque et la crise de la zone euro a eu des consquences
redoutables :
Diffusion de la dfiance et perplexit des marchs et des agences de rating, puis dgradation (perte du AAA)
Hausse des taux sur lendettement public
Contagion entre dettes souveraines ; Grce, Irlande ; puis Portugal ; puis Italie: hausse des spreads
Fragilisation accrue des banques et besoins de recapitalisation
Doutes sur la viabilit de lunion montaire
Marchs interbancaires gripps et crainte dune nouvelle crise bancaire, dilliquidit ou dinsolvabilit
Crdit atone
Ralentissement de lactivit conomique et pour certains pays, entre en rcession
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Mais aussi deuxime choc, li au prcdent : la mise en place de politiques de consolidation budgtaire ou de
rigueur, avec, selon les pays, forte hausse des impts ou
forte diminution des dpenses publiques, pas seulement
en Europe
Car lendettement souverain avait explos dans laprs-crise et crainte de non-soutenabilit du ct des gouvernements ou de
la BCE
Car peur du scnario la grecque avec la hausse des spreads qui saccentue et stend
Dans un contexte o pour beaucoup (A. Merkel et lAllemagne), la crise apparat encore comme une crise spcifiquement
grecque, sans gravit
Avec sous-estimation du risque considrable pour la croissance
Et dans la zone euro, sans aucun accompagnement montaire de la part de la BCE, contrairement la Fed, la BOE, la
BOJ
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Pourquoi une telle aggravation des dficits budgtaires
et, donc, une trs forte hausse de lendettement souverain ?
Cot des recapitalisations des banques (Irlande, RU, USA)
Subventions ou dpenses fiscales pour soutenir la demande (exemple: prime lachat dans lautomobile)
Jeu des stabilisateurs automatiques en phase de rcession (hausse des dpenses sociales, rduction des recettes lie la
stabilisation voire la baisse du pouvoir dachat ou latonie de lactivit)
Et politiques discrtionnaires de relance de loffre comptitive du type Grand emprunt en France
Et cela pour tous les pays industriels, et pas seulement dans la zone euro
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Du coup, partir de 2010 et surtout en 2011, norme
effort dajustement budgtaire:
Portugal : diminution du dficit de 3% de PIB
Espagne : diminution du dficit de 3% de PIB
Grce : diminution du dficit de 2,5% de PIB
Allemagne : diminution du dficit de 1,5% de PIB
France : diminution du dficit de 1,3% de PIB
Or, trs gros effets multiplicateurs de ce choc de demande, si tout le monde mne en mme temps la
mme politique de consolidation budgtaire, compte
tenu des interdpendances internes la zone euro : de
lordre de 1,10 1,40!!!
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Cela a donc cr un norme choc dflationniste, car consolidation budgtaire de tous les pays, en mme
temps, au sein de la zone euro, sans que la demande
prive ait pris le relais, ni la consommation, ni
linvestissement des entreprises
Car climat dinquitude et climat des affaires qui nincite pas investir ou consommer
Banques se dsendettent et diminuent la taille de leurs bilans, crant une atonie du crdit
Epargne de prcaution
Au total, en avril 2012, la zone euro au bord de la rcession (Espagne et Italie y sont dj, au-del,
videmment de la Grce et du Portugal) et cela tire
la croissance mondiale vers le bas
La consquence dune telle situation apparat trs nettement en observant au sein de la zone, la monte
du chmage et la baisse du pouvoir dachat des mnages
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Voil o nous en sommes, au sein de la zone euro, en
avril 2012
Merci pour votre attention.
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