Cours Pratique Hypnotisme - Professeur Donato

ProfeSSeUr DonAto

Editions Alain LABUSSIEREB.P. 85 71700 Tournus

COURS

PRATIQUE

dHypnotisme,

de Magntisme

et de

Suggestion

Lettre-Prface dePAPUS (DocteUr GrArD encAUSSe)

de lapprentissage aux sances publiquesen 22 leons simples et illustres

Editions LABUSSIERE, 2011

Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation

Rservs pour tous pays

AVERTISSEMENT de L'EDITEUR

n Les pratiques, les techniques, les conseils dcrits dans ce livre ne doivent enaucun cas tre utiliss en remplacement de traitements mdicaux.

Ce livre n'essaye aucunement de porter un quelconque diagnostic, de recommander

un traitement, d'tablir une prescription en vue de traiter des maladies, des douleurs,

des blessures, ou un problme de condition physique.

Cet ouvrage est dit dans un but d'information.

Il exprime une philosophie de la vie.

Seul votre mdecin traitant est habilit prescrire un traitement mdical.

L'auteur et l'diteur ne sont donc responsables en aucune manire d'une utilisation

inconsidre de cet ouvrage.

LETTRE-PREFACE DE PAPUS(Docteur Encausse)

Mon cher confrre,

Vous publiez une nouvelle tude sur le Magntisme etlHypnose, et vous me faites le grand plaisir et le grand

honneur de me demander de prsenter votre travail vos

nombreux et enthousiastes lecteurs. Cest une vritable joie

pour un amateur de science de voir exposer clairement les

procds dhypnose qui conduisent le chercheur aux

rvlations du somnambulisme, du ddoublement astral et des

actions distance. Vos leons sont parfaites ce point de vue.

Il est en effet curieux de constater combien ces faitsmagntiques ont de peine recevoir droit de cit dans la

science. Aprs le positiviste Mesmer, qui fut surtout un

physicien, Puysgur fut le vritable crateur des tudes

concernant le somnambulisme lucide, et cest lui le Pre

intellectuel des magntiseurs spiritualistes dont Chardel et

Delaage furent les grands thoriciens et dont Lafontaine, du

Pat, Potet, Robert, Offinger, Durville, une foule dautres et

vous-mme furent les aptres ralisateurs.

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COURS PRATIQUE dHypnotisme, de Magntisme et de Suggestion

La lutte du magntisme et des savants matrialistes nesest pas cantonne seulement sur le terrain des expriences de

lucidit. Le magntisme est encore un puissant agent

thrapeutique, mis par la nature la disposition de tout

chercheur de bonne foi. Cest un moyen de gurir sans

mdicaments et aussi (disons-le tout bas) sans diplme. A

notre poque o les mdecins, aprs dix-huit examens et cinq

huit ans de travail soutenu, obtiennent enfin un diplme

chrement acquis, il leur semble injuste de se voir frustrer dun

rapport matriel ardemment convoit par les multiples

manifestations de ce quils appellent la Mdecine illgale .

Vous savez, mon cher confrre, que jai scandalis bien desmdecins en leur exposant franchement mes thories ce sujet.

Ma longue pratique mdicale ma permis de constaterquil y a deux sortes de praticiens diplms : ceux qui

gurissent et ceux qui ne gurissent que peu ou pas. Ceux qui

gurissent ont plus de travail quils nen peuvent fournir, et ils

ne songent jamais aux poursuites et la mdecine illgale.

Ceux qui ne gurissent pas cherchent partout ailleursquen eux mmes la cause de leur manque de clients. Ils sen

prennent aux pharmaciens, aux herboristes, aux sages-

femmes, puis aux magntiseurs, aux rebouteurs et aux

paysans manieurs des simples . Ils se groupent en

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syndicats et en sous-syndicats, parlent toujours de juges, de

condamnations et de dommages intrts. Ils feraient mieux

dapprendre gurir au lieu de jouer la jeune fille outrage.

Jose dire franchement ma pense devant vos lecteurs,parce que jaime ma profession de mdecin qui me permet de

vivre et que je sais quil y a des hommes de grand savoir et de

haute valeur intellectuelle et morale parmi ces docteurs,

devenus sceptiques par manque de rsultats positifs dans leur

poursuite de la gurison des cas difficiles.

Ce sont eux, nos ennemis daujourdhui, que je voudraisvoir convaincus par exprience personnelle.

Quils lisent votre livre et quils se lancent franchementdans la voie exprimentale que vous ouvrez pour tous. Quils

essayent sans parti pris le maniement de ces forces

mystrieuses quils ignorent aujourdhui, et alors ils

deviendront des gurisseurs vrais, quoique diplms, et ils

verront leur clientle devenir nombreuse et dvoue.

La guerre nest pas une solution, au civil comme ausocial, et la force des rpressions judiciaires ne prime le droit

des chercheurs de bonne foi que pour bien peu de temps.

Cest parce que, aprs onze ans dhpitaux Paris, jaipersonnellement constat quon faisait de nous des cliniciens

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minents, mais de bien pitres thrapeutes, que jai voulu faire plus.

Jai demand des procds thrapeutiques toutes lescoles que jai pu frquenter en mes nombreux voyages

ltranger. La mdecine arabe, la Dosimtrie, lHomopathie

aussi bien que les procds du magntisme, des gurisseurs

populaires et des rebouteurs, tout a t pour moi une source de

fructueuses tudes complmentaires et a contribu me donner

cette foi thrapeutique qui est une des plus grandes

consolations de ma vie. Jai appris en tudiant avec respect, au

lieu de narguer et de calomnier ce que je ne savais pas, jai

appris la tolrance scientifique et la charit pour les dons

dispenss par la nature aux hommes de bonne volont.

Voil pourquoi je me crois le droit de dire mesconfrres mdecins : Voyez vos intrts vritables au lieu de

suivre les conseils des exalts et des avous. Ne condamnez

pas ce que vous ignorez. Apprenez le magntisme et le

maniement des forces psychiques, apprenez lart du rebouteur,

et le ciel se rvlera vos curs quand vous aurez remplac

la haine par la bont Seburah par Sedulah pour ceux qui

comprendront.

En attendant, croyez-moi mon cher confrre,votre bien dvou,

Dr G. ENCAUSSE (Papus)

Docteur en mdecine de la Facult de Paris

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AVANT PROPOS

abord, entendons-nous une fois pour toutes sur ces deux mots :

magntisme et hypnotisme. Les magntiseurs de la vieille cole, cest-

-dire ceux qui en sont encore aux uniques thories du baron du Potet,

prtendent que le sommeil artificiel est provoqu par le seul fluide de

lExprimentateur, cest--dire par une onde mystrieuse qui schappe ltat

molculaire, non seulement des mains du magntiseur, mais de son corps tout entier.

Les hypnotiseurs scientifiques de lcole du docteur Libault, de Nancy, nient

absolument lexistence des fluides et affirment que le sommeil est provoqu par la

fixit du regard et par une volont suggestive absolue.

Il faut avoir le courage daffirmer que magntiseur et hypnotiseur jouent sur

les mots. Le magntisme a besoin de lhypnotisme, et vice versa. Certains sujets ne

sont influenables que sous la caresse des passes, sous leur rptition monotone qui

apaise leur nervosit et les plonge dans un tat dabord somnolent qui fait place au

vritable sommeil. Dautres sujets, au contraire, ne subissent que laction de lil et

ne sendorment quaprs avoir fix, soit la prunelle de lexprimentateur, soit un objet

brillant, soit un moteur tournant devant leurs yeux dune faon rgulire.

Le professeur H. Durville, qui a fait connatre le Magntisme nos

contemporains, comme Mesmer et le baron du Potet lon fait connatre nos pres, est

un ennemi-n de lHypnotisme.

Tous les bienfaits de la vie, dit-il, nous les devons au pouvoir fluidique ;

lhypnotisme est une fascination qui nest utilisable que sur les nvross et les

hystriques, et qui na jamais servi qu des expriences dhpital ou des sances

publiques o les Pickman et les Donato ont fait recette, en excitant la curiosit.

Le matre distingu, auquel nous devons tant de livres intressants, et

particulirement ce Fantme des Vivants qui rvolutionne la librairie occulte, me

semble bien intransigeant, car la distance qui spare le Magntisme de

lHypnotisme est si minime, quil faut pour la distinguer des yeux exercs de

professionnel.

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D

Le public, lui, ne voit aucune diffrence entre ces sciences, et quand il parle de

Pickman ou dun autre hypnotiseur, il dit gnralement : Le clbre Magntiseur .

Cest plus commode dire quHypnotiseur, et lon a moins de tendances prononcer

Hypnotiseur, et pour tous, cest la mme chose.

Je suis presque de cet avis.

Le directeur de lcole de Magntisme nous dira que le fluide humain ne sert

pas seulement endormir un sujet, mais quil gurit les malades bien veills ; que des

passes remontantes ou descendantes agissent directement par la seule imposition des

mains, dgagent l aura mystrieux quest le fluide.

Les docteurs Charcot et Libault affirmaient avoir guri des maladies

organiques, sans un geste, mais simplement en affirmant au malade quil tait sauv,

et en lui faisant, par la parole, suivre progressivement la marche de cette gurison.

Le docteur Borillon, qui dirige avec tant dautorit lintressante Revue de

lHypnotisme, dit en parlant du docteur Libault : Il fut laptre dune hrsie

peine croyable une poque o il ne serait venu personne lide de secouer le joug

de la discipline dogmatique impose par la Facult de Paris. Convaincu de

linfluence exerce par le moral, non seulement dans la production, mais aussi dans

la gurison des maladies nerveuses, le docteur Libault, excluant de sa pratique les

bromures, les douches et lisolement, imagina des procds thrapeutiques nouveaux

qui sont devenus le point de dpart dune mthode nouvelle, dsigne actuellement

sous le nom gnrique de PSYCHOTHERAPIE. Bien entendu, comme il ntait investi

daucune qualit officielle, on nattacha aucun crdit ses dmonstrations. Ses

communications furent absolument ddaignes. Il fut mme tenu lindex par la

Socit de Mdecine de Nancy, Libault nen fut nullement affect, et dans la prface

de la seconde dition de son livre sur le Sommeil et ses Etats analogues, il exprime en

termes positifs le ddain que doit professer tout homme de caractre lgard des

jugements superficiels ou malveillants. Du moment dit-il quon scarte du courant

ordinaire de la Science, en soccupant de choses quelle rejette, et que, par

consquent, on ne se range pas derrire ses grands prtres comme des moutons de

Panurge, on se squestre ncessairement, et les savants et le vulgum pecus sloignent

de vous. Heureux ! si lon rencontre par-ci par-l quelques timides adeptes qui vous

consolent tout bas. Mais, en ce cas particulier, quimporte ladhsion des savants et

du public, quand on est sr des vrits que lon met au grand jour ! Quimporte

surtout les anathmes et les dogmes de la Mdecine classique, lorsque, tabli sur le

terrain solide de lobservation et de lexprimentation psychique, on a acquis la

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conviction davoir entrouvert, non seulement de vastes horizons une branche

naissante de la psychologie, mais encore davoir constat les applications de cette

science lart de gurir, lesquelles se rsument dans la thrapeutique suggestive,

thrapeutique rvolutionnaire au premier chef.

Le docteur Libault et aprs lui les docteurs Brillon, Babinsky, Ligeois,

Farezn Voisin, Rgis, DHotel, et tant dautres font de la PSYCHOTHERAPIE.

Le professeur Durville et les mdecins de sa clinique font de la

MAGNETOTHERAPIE. Les uns comme les autres ont entrepris de supprimer la

pharmacope moderne, pour la remplacer par des agents mystrieux, que les premiers

appellent fluide et que les seconds nomment suggestion .

Mais MM. Durville, Encausse et Moutin, peuvent-ils affirmer quils nont

jamais fais usage de la suggestion dans leurs cures magntiques ? Le docteur

Brillon peut-il dire quil na jamais calm la fivre dun malade en lui apposant la

main sur le front ?

En vrit, il est regrettable, pour le bien de lhumanit, que cette querelle entre

magntiseurs et hypnotiseurs dure toujours. Si les deux camps runis voulaient faire

quelques concessions, que de miracles naurait-on pas consulter !

A mon avis et je crois avoir quelque exprience par vingt ans de pratique le

sommeil artificiel est produit par deux agents qui se fondent en un seul : le fluide, onde

mystrieuse produite par la force de volont du magntiseur, et la suggestion, effort

tlpathique de lhypnotiseur, emprise morale qui produit galement une sorte de

fluide que le dominateur pand sur le domin .

La Psychotrapie, dit le docteur Paul Magnien, est lensemble des moyens

psychiques et accessoirement physiques qui permettent d agir, soit directement, soit

indirectement, sur lesprit des malades, dans un but thrapeutique .

La Magntothrapie ne peut-elle trouver sa signification dans la mme

dfinition ?

Vous endormez un sujet par la puissance de votre fluide. Cest une affaire

entendue. Mais ce sujet ne sait-il pas, quand vous le faites asseoir et que vous vous

placez devant lui, que vos passes vont le plonger dans le sommeil magntique ? Cest

de la suggestion !

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Un malade souffre dune affreuse maladie nerveuse. La mdecine officielle

ayant t impuissante, on appelle le Magntiseur. Le patient ne connat-il pas davance

par ses parents et par ses amis la rputation du gurisseur ? Nest-il pas prpar la

suggestion, quand vous imposez vos mains sur lui ?

Ceci est si vrai qu lEcole de Magntisme, dont le directeur est Hector

Durville, fervent pratiquant des thories fluidiques, les sujets sont indistinctement

endormis par le magntisme et par lhypnotisme.

Il y a quelque vingt-cinq ans, ces sciences taient tudies que par quelques

adeptes ayant la foi. La majorit du public les traitait de billeveses.

Mais des hommes de science, comme les docteurs Charcot et de Luys, le

colonel de Rochas, H. Durville, et dans le domaine exprimental Donato et Pickman,

faisaient connatre leurs travaux, les uns par la voie de la Presse, les autres dans des

sances publiques, et petit petit le peuple sintressait cette force quil

souponnait et cherchait le moyen de la connatre.

Malheureusement il nexistait cette poque que des livres crits par des initis.

La lecture en tait aride, fatigante. Quelques charlatans publirent des opuscules qui

faussrent les ides de leurs lecteurs. Jai sous les yeux une brochure dans laquelle

lauteur certifie que lorsque le fluide du magntiseur est trop violent (sic), il peut

arrter les battements du cur de son sujet et le conduire la mort. Il est vident que

ceux qui apprirent le magntisme dans cette stupfiante brochure se garderont bien,

dans la crainte dun meurtre, dessayer de lexprimentation.

Cest ce moment que lAmrique, qui sait runir des capitaux quand il sagit

dune ide nouvelle, lana ses Instituts de Magntisme, et publia un prix trs lev

certains volumes illustrs qui taient la compilation de tout ce qui avait t crit sur le

magntisme par le baron du Potet, par Decrespe, par Durville, par Donato et par tant

dautres. Ces ouvrages eurent en France un gros succs de vente, malgr leur style

espagnol-anglo-amricain, malgr les grosses erreurs quils contenaient, parce que le

magntisme tait en train de rvolutionner le monde et que le peuple qui est intuitif au

suprme degr commenait se passionner, non seulement pour le mystre , mais

encore pour les rsultats pratiques quil prvoyait devoir dcouler de ltude du

magntisme.

Je nentends pas me livrer une diatribe contre les ouvrages amricains ce

serait un peu critiquer nos magntiseurs qui furent dmarqus mais je peux dire que

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ces cours de magntisme avaient le dfaut dtre appropris aux seules habitudes et

murs amricaines.

En effet, si outre-mer il est facile de trouver des sujets, en France, peu de

personnes consentent se prter aux expriences de magntisme. Si, l-bas, de

nombreux malades sont prts essayer la mditation magntique, en France, les

mdecins et les pharmaciens inquiets, les uns pour leurs honoraires, les autres pour la

vente de leurs drogues empoisonnes, font une guerre acharne aux magntiseurs et

dcouragent les malades.

Bien dautres considrations font quun cours de magntisme, fait par un

Amricain mme quand les principes de ce cours sont copis sur des ouvrages franais

ne peut tre dutilit courante en France.

Jai pens quun cours de franais, clair, explicite, dbarrass du fatras des mots

techniques, illustr de belles photographies, serait bien accueilli de ceux qui, dus

des cours amricains ou ne les ayant pas lus, veulent cependant apprendre le

magntisme et lhypnotisme.

Cest ce cours que je prsente aujourdhui au public.

PROFESSEUR DONATO.

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PREMIRE LEONA quoi sert la volont

e magntisme est une force fluidique que nous portons en nous, dont les

ondes manent de notre volont. Aucun fluide ne peut se produire si nous ne

le dgageons de nous-mmes, par un vouloir bien dfini .

Ce qui revient dire que le magntisme personnel , mot dont on abuse peut-tre un

peu, nest en somme quune manation de toutes nos forces fluidiques, que ces forces

soient employes influencer notre prochain ou endormir un sujet.

Prenons un exemple : Le mdecin qui passe sous le nez dun patient un flacon

de chloroforme peut songer la dernire pice succs et arrter sa pense sur des

questions compltement trangres sa fonction. Le chloroforme nen fera pas moins

effet, et le malade, au bout dun laps de temps dtermin, sendormira forcment sous

laction mcanique de lanesthsique.

Le magntiseur qui fixera son sujet dans les yeux et fera les passes et les gestes

voulus, avec dans la pense, la hantise dun acte quelconque de la vie ambiante, est

certain dun chec complet. Ce qui prouve que laction du regard et des passes na rien

de mcanique, et que le sommeil ne peut se produire sans une tension de volont, un

vouloir dfini qui dgage les fluides ncessaires au sommeil artificiel.

Il est donc bien entendu que, pour endormir, il faut vouloir .

En voici un exemple.

En 1902, je fus prsent une dame trs nerveuse, femme dun secrtaire

dambassade, et qui, ayant got un peu toutes les sensations sportiques elle avait

mme fait de larostation dsirait prouver celle du sommeil magntique.

De premier coup dil, je vis en elle un sujet de premier ordre, et jeus la

certitude que je lendormirais facilement ; les magntiseurs ont de ces intuitions qui

les trompent rarement.

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L

Or, bien quayant la ferme volont de lendormir, au moment o, lui tenant les

poignets, je posai les yeux sur les siens, jeus, pendant lclair dune seconde, la

pense que le sommeil artificiel serait peut-tre prjudiciable sa sant. Cette rapide

restriction dans ma volont de sommeil suffit mempcher de lendormir.

Et je dus avouer mon impuissance, ce qui fit errer un lger sourire ironique dans

les yeux de mon pseudosujet.

Jappris depuis, du reste, que mon pressentiment ne mavait pas tromp, car

mon ambassadrice tait atteinte dune grave affection cardiaque qui la mit deux

doigts de la mort. Jai toujours estim que le sujet atteint dune maladie de cur est le

seul qui peut souffrir des pratiques magntiques. Les avis sont trs partags sur le

sujet.

Mais revenons notre sujet.

Cher lecteur, cher apprenti magntiseur, si tu veux dans la vie jouer le grand

rle de dominateur, soit par linfluence personnelle que tu exerceras sur un sujet

veill, soit par suggestion sur un sujet endormi, il te faut dabord, et avant tout,

acqurir la VOLONTE.

Celui qui manque de volont est celui qui hsite et tourne en rond dans la vie,

qui coute lopinion de Pierre et de Paul par paresse desprit, qui accepte toutes les

petites ignominies de lexistence sans rvolte, parce quil craint la fatigue et veut

avoir la paix , qui se croit bon quand il est faible, qui se croit philosophe quand il est

bte.

Lhomme de volont est celui qui, ds quil a lge de penser, se trace un but,

et travaille lentement et srement latteindre, comme ces chevaux de courses, qui,

sous limpulsion de jockey, renversent tous les obstacles pour arriver les premiers au

poteau.

Lhomme de volont est rare, dira-t-on. Nullement ! En Amrique on le

rencontre chaque pas, et le dcrotteur de New-York, arriv roi dun trust, nest pas

une fable. Il est lexemple de ce que peut la volont unie lintelligence, et

naturellement la bonne conduite.

En France, nous avons moins de volont, parce que moins dambitions. Tel

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boutiquier qui a travaill trente ans au fond dun comptoir obscur, ne rve, comme

flicit suprme, qu la petite maison au bord de leau et aux quelques mille francs

ncessaires la fin de son existence modeste. Tel employ qui a us cent ronds de cuir

dans une administration de lEtat, songera en grattant son papier la mince retraite

assurant la ralisation de ses gots de pche la ligne.

Cependant, ct de ces types nationaux classiques qui sont ternels, nous

avons une gnration de jeunes hommes, ayant beaucoup lu, un peu voyag, et qui ont

des aspirations plus leves. Ils veulent obtenir non seulement la vie large par le

travail rmunrateur, mais encore la considration morale par le triomphe de leur

intellectualit.

Cest ceux-ci que je madresse, cest ceux-ci que je dis : vous nobtiendrez

la puissance que par la volont , et avant tout autre sport, il faut pratiquer le sport de

la volont.

Soyez certains, jeunes gens, quil nest pas plus difficile dacqurir de la

volont que de devenir de premire force au football ou au noble jeu du billard.

Je suppose qu la lecture de ce livre, mon lecteur ait lintention de devenir un

homme fort, capable de dominer son semblable et de se faire une place intressante

dans la vie.

Je suppose aussi que, sans tre absolument mou et apathique, il soit paresseux

desprit, incapable de rompre avec ses habitudes, de corriger ses vices, de commander

ses passions.

Il me lira, en prenant sa tte entre ses mains, il dira : Suis-je capable

dapprendre la volont ? Et il tremblera devant une tche qui lui paratra lourde.

Quil se rassure !

En oprant progressivement, il arrivera dans un temps trs prochain conduire

sa volont. Et sa joie sera intense.

Je vais me faire comprendre trs clairement par un exemple emprunt aux petits

vices courants.

Mon apprenti magntiseur, mon lve en volont fume un paquet de tabac de

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cinquante centimes tous les deux jours. Cest l une habitude de dix ans et il se

passerait plus facilement dun plat son djeuner que des cigarettes quotidiennes.

Aprs avoir lu cette premire leon, il achtera son habituel paquet, et, rentr

chez lui, le coupera en quatre parties gales. Demain, en allant son travail, il prendra

une partie de ce tabac, se condamnant nen pas consommer dautre dans sa

journe.

Il souffrira, fera ses cigarettes plus minces, et le soir venu, ayant puis sa

provision, sera tent dallonger sa main vers la deuxime partie.

Quil retire cette main ! Quil pense cette leon ! Lhonnte homme na quune

parole. Il sest promis lui-mme de ne fumer quun quart de paquet par jour ; il nen

fumera pas plus.

Le quatrime jour il souffrira moins ; il sera content de lui. Ce petit triomphe

lui fera bien augurer de lavenir. Et bientt, par amour-propre personnel, pour voir

, il coupera son paquet de tabac en six, en huit, et chaque fois, il se sentira un autre

homme. Ce ne sera plus de la souffrance quil ressentira, ce sera de lorgueil de se

sentir une volont qui, petite encore (la cause tant minime), deviendra grande en

produisant de grands effets.

Il appliquera ensuite sa volont dautres cas.

Des amis lattendent au caf pour jouer la traditionnelle manille. Il nira pas.

Une promenade est projete. Il manquera le rendez-vous.

Il aime manger son djeuner un bifteck saignant. Il commandera des lgumes.

Un doigt de vin le ragaillardit. Il demandera une carafe.

A chacune de ces mortifications son estomac se resserrera, le cur acclrera

ses battements, le sang montera au front. Mais quand il aura vaincu cette rvolte

intrieure, les fluides de volont linonderont, et regardant autour de lui les hommes

et les choses, il comprendra quayant acquis cette influence qui doit sexercer sur soi

avant datteindre les autres, il est mr enfin pour les grands travaux de volont.

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DEUXIME LEONHygine morale et physique du magntiseur

ous avons vu, dans la leon prcdente, quil nous tait possible dacqurir

la volont par dinfimes moyens presque mcaniques. Lorsque nous avons

dompt nos petits vices, nous pouvons avoir raison des grands. Il ny a que

le premier pas qui cote.

Par la patience, par la tnacit nous nous gurissons de nos gros dfauts et nous

acqurons la puissance sur autrui. Cette puissance nous est donne par des fluides

puissants qui schappent dun esprit dgag des contingences terrestres, dun corps

sain et vigoureux qui est en repos.

Est-ce dire que le magntiseur doit mener une existence morale ?

Non ! Et malgr les thories de certains matres qui dclarent que pour exercer

une influence personnelle ou endormir un sujet, il faut tre chaste et vgtarien, je

minsurge contre de semblables exigences qui, si elles taient acceptes, auraient pour

effet de retarder lvolution de la crature par le magntisme.

Ce quil faut, cest une grande sant morale et physique.

Lhomme qui se livre la dbauche, aux excs de table ou de boisson, devient

forcment un malade. La dbauche et lalcool conduisent forcment la dcrpitude

et au crime. Le dbauch ne domine pas, il est domin, il obit aux pires influences.

Tous ceux qui furent, dans lhistoire, des meneurs dhommes, eurent une

existence exempte dexcs, rgulire, mme dans lirrgularit. Napolon buvait peu,

ne dormait que six heures par jour et se lavait leau froide.

Ceux qui demandent lalcool une excitation factice peuvent avoir leur heure

de clbrit ou de gloire, mais meurent tristement. Robespierre, Marat, buvaient se

griser. On connat leur fin tragique.

Ce que nous demandons lapprenti magntiseur, ce nest pas une vie

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N

danachorte, mais une attitude morale digne de lui, et une hygine raisonne qui

dveloppera ses muscles et donnera ses poumons un fonctionnement rgulier.

ATTITUDE MORALE : Se plaindre aux spectacles o de grands problmes sociaux

sont agits.

l Sefforcer lire des ouvrages dpourvus de parti pris.

l Etre bon, surtout avec les faibles.

l Etre charitable, dans la mesure de ses moyens financiers.

l Ecouter beaucoup ceux qui vous sont suprieurs intellectuellement et ne

parler que lorsquil sagit de rparer une erreur ou de consoler quelquun qui

souffre.

l Fuir les conversations libidineuses, non par une pudibonderie ridicule, mais

parce quinutiles et malfaisantes celui qui veut se crer une place dans la vie.

l Le temps, cest de largent, dit lAnglais qui loigne de lui les gneurs et les

bavards. Lexistence est courte, et vous, chers lecteurs, qui dsirez votre part de

joie et de confort, et vous tes jur de vous tailler dans la vie un costume de

bonheur fait votre taille vous devez loigner de vous, lexemple des Anglais,

ces malheureux philosophes, ces bavards incorrigibles pour lesquels le bonheur

se restreint dans les habitudes ambiantes de leur mesquine existence.

l Dans vos occupations, que vous soyez employ ou ouvrier, ayez toujours une

tenue correcte, mais vitez les vtements trop chics que ne porte quelquefois

pas votre patron.

l Soyez poli, sans tre jamais obsquieux.

l Soyez travailleur, non pas comme une machine, mais comme un tre

intelligent qui sait ce quil fait et prtend tre le collaborateur de la maison qui

lemploie.

l Ne craignez pas de faire montre dinitiative. Vos chefs pourront dabord tre

froisss dans leur amour-propre, mais bientt vous serez pour eux un tre part

dans le troupeau de leur personnel : ils examineront votre attitude digne, ils

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sintresseront vous ; leur mauvaise humeur se changera en sympathie ; ils

seront prts recevoir votre influence personnelle pour le plus grand bien de

vos intrts.

l Ne dnoncez jamais personne.

l Refusez de vous associer tout complot, toute grve, non par manque de

solidarit, mais parce que vous vous sentirez assez fort pour faire seul vos

affaires.

l Ncoutez jamais un mauvais propos contre un camarade ou un collgue.

Faites comprendre vos mauvaises langues quil faut se corriger de ses

dfauts avant de combattre ceux des autres.

l Evitez la fiert avec les camarades ; soyez avec eux affable, gai, obligeant,

mais laissez-leur entendre que vous voulez travailler votre russite, en

ngligeant jusqu nouvel ordre ces petits plaisirs qui retarderaient la marche

ascendante de votre situation. Soyez persuad que vous ferez des proslytes.

Lnergie a ceci de particulier que ses fluides se rpandent deux-mmes sur

lentourage.

Je viens desquisser, cher lecteur, les premiers conseils qui vous mettront dans

latmosphre ncessaire au magntisme que vous voulez pratiquer, mais il est vident

que je laisse votre intelligence le soin de discerner, sur la route de la vie, les quelques

cueils non prvus, afin de rgler votre attitude selon ces donnes gnrales.

ATTITUDE PHYSIQUE : Se lever avec le jour. Procder des ablutions partielles

de la figure, du cou, de la poitrine et des mains toujours leau froide.

Petit djeuner compos de caf (en vitant la dbilitante et rpugnante chicore)

ou de th. Pain grill si possible.

Faire une promenade dune heure au moins, par tous les temps, pluie, neige,

grle ou verglas. Ne pas fumer le matin. Si vous devez tre votre bureau ou votre

magasin huit heures du matin, sortez sept heures, mais consacrez rgulirement

une heure la marche bienfaisante. Lhiver, habituez-vous respirer sans ouvrir la

bouche ; lt, au contraire, laissez lair pntrer largement dans vos poumons.

A midi, si vous tes oblig de prendre votre repas hors de chez vous, choisissez

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votre restaurant non loin de la maison qui vous occupe. Ne mangez pas ces affreux

hachis ou ces sauces douteuses dans lesquels les gargotiers dissimulent les rsidus de

leurs viandes avaries ; mangez un rti de viande blanche et, si votre apptit est grand,

demandez des lgumes et du fromage frais. Buvez de leau rougie, et si vous le

pouvez, de la Vichy ou de la Saint-Galmier. A Paris, leau de source mme est

contamine.

Puis, aprs avoir pris votre caf sans alcool, et fum votre cigarette sil vous est

impossible de vous en passer faites une nouvelle promenade dune demi-heure.

Le soir, mangez peu, et supprimez absolument la viande de votre repas.

Certainement ce sera dabord un gros sacrifice. Mais, quelle victoire de mater la bte

humaine ! Donc, pas de viande. Un potage lger, un lgume ou des ufs et un morceau

de fromage suffisent votre dner. Pas de caf. Il importe que vous vous couchiez avec

lestomac lger pour que votre sommeil soit rparateur, pour que vos organes soient

en repos comme votre esprit.

De huit heures dix, si vous tes musicien, faites de la musique ; si la lecture

vous tente, lisez un roman daventures ou un rcit gai ; si vous aimez les jeux

compliqus, taquinez les dames, lchiquier ou les checs. Gardez-vous du bridge, du

poker, du baccarat, de tous les jeux desprit qui donnent une agitation fbrile, qui a sa

rpercussion dans le corps et surexcite les nerfs.

Avant de vous coucher ( dix heures, pas plus tard, moins de thtre),

ablutions totales leau froide. Pendant quelques minutes, faites ruisseler leau sur le

dos et la poitrine laide dune grosse ponge. Schez-vous rapidement avec un

peignoir et couchez-vous. Le sommeil viendra vite, un bon sommeil exempt de

cauchemars, et le lendemain vous vous rveillerez dispos, fort, plein dardeur pour

reprendre le combat de la vie.

19


TROISIME LEONLe choix des sujets

omme je lai dit au commencement de cet ouvrage, il est difficile aux

magntiseurs franais de trouver des sujets. Le spectateur assistant une

sance se mfie , il a peur en mme temps de lopration et du ridicule.

Sil a confiance dans le magntiseur, dont la longue pratique et la renomme sont pour

lui un garant de scurit, il craint dexcuter sur la scne, ltat de sommeil, des

expriences qui le soumettront la rise du public.

Il faut dire aussi que le magntiseur professionnel qui, dans chaque ville de

France, donne ses reprsentations, a besoin de corser son spectacle par des

expriences ayant un caractre dramatique et comique, et quil soumet parfois les

sujets bnvoles des preuves qui dcouragent ceux qui y assistent et les empchent

de se livrer galement lexprimentateur.

Cependant il est indispensable que mon apprenti magntiseur ait la facilit

dexercer sa puissance sur des sujets quil endormira. Cest l une cole de volont

indispensable celui qui veut pratiquer le magntisme personnel.

La difficult sera plus grande encore pour lui que pour le magntiseur

professionnel. Ceux de ses camarades, de ses collgues auxquels il dira : Voulez-

vous vous laisser endormir par moi ? rpondront quils craignent de ne plus se

rveiller. Et puis, la grande familiarit, lintimit existant entre lui et ses camarades

lempcheront dtre pris au srieux. Les sujets sils se prtent ses expriences,

le blagueront , riront, feront des farces qui empcheront toute exprience srieuse.

Il importe donc quil cherche des sujets parmi les personnes quil connat peu,

et autant que possible parmi des jeunes gens. Pour arriver ce rsultat, il sefforcera

de faire de nouvelles connaissances et il aura soin, quand il sera en rapport avec

elles, damener la conversation sur le magntisme et lhypnotisme. Sil voit quil

tombe sur un terrain prpar , cest--dire sur quelquun qui sintresse aux

questions psychiques, il invitera le nouvel ami venir le voir chez lui. Et l, au lieu

de lui avouer quil dbute, il lui confiera que depuis longtemps il soccupe de

20


C

magntisme et est arriv des rsultats surprenants.

- Voulez-vous me permettre, dira-t-il, de vous faire assister quelques-unes de

mes expriences ?

- Mais, je ne veux pas tre endormi, rpondra lautre.

- Il ne sagit pas de vous endormir, la plupart de mes expriences ont lieu

ltat de veille.

En lui faisant cette rflexion, mon apprenti loignera de lui tout soupon, et

son nouvel ami voudra bien se prter quelques expriences.

Notez bien ceci, cher lve, cest que lorsquil aura confiance, quand il sera

conquis par votre pouvoir, vous lamnerez progressivement se laisser endormir.

Dans cette premire sance vous pratiquerez lexprience qui sert reconnatre

le vritable sujet , cest--dire lattraction en arrire et en avant.

Il ne faut essayer aucune suggestion avant davoir essay cette attraction. Nous

verrons tout lheure quil est possible, sur un sujet ltat de veille, dexercer une

autorit morale qui paralyse ses gestes et met certaines parties de son corps en

catalepsie, mais vous ne pouvez exercer cette autorit que si vous avez persuad

votre homme par attraction quil est un SUJET. Etre un sujet ! Il en est flatt ! Il

lui semble quil est un tre part et quil est prt accomplir tous vos ordres avec une

docilit qui tient du prodige.

Je sais bien que je suis ici en absolue contradiction avec les cours amricains,

qui conseillent leurs lves dessayer dabord sur les sujets quils appellent la

dtente des nerfs .

Une longue pratique me permet daffirmer que la premire exprience,

lexprience type, doit tre lattraction .

Toutes les autres expriences ltat de veille ne sont que des expriences

subsidiaires.

De plus, je prtends quil faut solliciter du sujet aucune dtente de nerfs ; cette

21


dtente doit soprer petit petit, selon les ordres quil donnera par suggestion et qui

seront excuts inconsciemment par le sujet.

Vous lui ordonnez de se tenir debout, la tte droite, les jambes lune contre

lautre, la pointe des pieds en dehors. Vous vous placez derrire lui et vous lui prenez

la tte entre le pouce et le petit doigt, de faon ce que ces deux doigts soient placs

sur chaque tempe du sujet.

Puis doucement, en suivant le cou, derrire les oreilles, vous descendez les

doigts jusquau dos, la hauteur de la naissance de lpine dorsale (fig 1).

Figure 1 Figure 2

Dans cette position, vous serrez un peu les doigts et vous tirez lgrement vous afin

de faire sentir au sujet que cest en arrire quil doit tomber.

Puis vous lui dites : Vous allez sentir quelque chose qui vous attire en arrire.

Ne rsistez pas, laissez-vous tomber sans crainte, je suis l pour vous retenir (fig 2).

22


Si le sujet se laisse tomber, ne recommencez pas lexprience, mais dites :

Ce qui vient de se produire en arrire se produit galement en avant, vous allez vous

en rendre compte !

Et vous plaant devant lui, vous posez vos doigts absolument comme vous

lavez fait prcdemment, et vous faites sentir par votre pression que cette fois cest

en avant quil doit tomber (fig 3). Vous dites alors : Vous allez vous sentir tomber en

avant. Ne rsistez pas, je suis l pour vous retenir. Et le sujet tombe en avant comme

il la fait tout lheure en arrire (fig 4).

Figure 3 Figure 4

Ne prononcez que peu de paroles, mais quelles soient dites avec autorit, que le sujet

sente que vous parlez avec la certitude dtre obi.

Si vous ne russissez pas avec la premire personne, si elle reste debout sans

prouver lattraction, vous avez perdu sans prouver lattraction, vous avez perdu

dornavant toute autorit sur elle. Dites-lui donc quelle est rfractaire lhypnotisme

et la suggestion et quil ny a rien faire avec elle.

23


Et surtout ne vous dcouragez pas. Montrez de la volont et recommencez avec

toute personne qui voudra se prter lexprience. Et quand vous aurez russi avec un

sujet, essayez encore lattraction avec dautres ; ne passez pas un autre genre

dexprience, sans tre absolument matre de celle-ci.

Avec de la mthode et de la progression, vous arriverez toujours un rsultat

en magntisme.

Ce qui fait le biceps de lhercule, lendurance du cycliste, cest lentranement

progressif. Ce qui donne au magntiseur lautorit morale, la puissance fluidique,

linfluence hypnotique, cest lentranement de la volont. Nous indiquons, dans la

prochaine leon, quelles sont les expriences ltat de veille quil faut excuter aprs

lattraction.

24


QUATRIME LEONSuggestions ltat de veille

ujourdhui, vous tes matre en lart de lattraction et 90 sujets sur 100

tombent en arrire et en avant sur votre ordre. Vous pouvez donc passer

dautres exercices, et vous livrer des suggestions varies, mais toujours

ltat de veille.

Noubliez pas que le but que vous poursuivez nest pas dempcher un sujet de

marcher, de boire, de remuer le bras. Tout ceci vous importe peu, puisque vous

nexercer pas le mtier dhypnotiseur sur une scne publique, mais ces expriences

sont une cole de volont et de DOMINATION qui dveloppera en vous le

magntisme personnel, et vous permettra, dans lavenir, de raliser vos esprances les

plus chres.

Un clbre banquier qui connut la prison de Fresnes eut cette dfense

extraordinaire devant la Cour dassises : Il y a sur terre, dit-il, les voleurs et les vols,

je prfre tre du ct des voleurs . Cest ce que dit plus spirituellement Arsne

Lupin, le gentleman cambrioleur qui a fait la fortune du thtre de lAthne.

Philosophie attristante, bien digne de notre vingtime sicle, fausse aussi, car il est

facile avec un peu de volont de se ranger dans la catgorie de ceux qui ne sont ni

voleurs ni vols.

Ce quil faudrait dire justement, cest quil y a dans la vie le dominateur et le

domin. Un hypnotiseur, il y a quelque temps, se faisait appeler sur les affiches qui

annonaient ses reprsentations lHippodrome : Le Dominateur X . Ce titre tait

beau, ce titre tait exact. Celui qui domine, cest--dire qui courbe tous les fronts sous

sa volont, qui ne subit linfluence daucun milieu, daucune ambiance, qui passe la

tte haute au milieu des hommes et des choses, qui renverse les obstacles sur son

passage, qui ne sent jamais pntrer en lui la griffe du dcouragement, celui-l aura

lARGENT, la GLOIRE, les HONNEURS. A ct de lui, figure palote, efface, ombre

qui passe dans la nuit et le silence, se tient le Domin. Il est triste, dcourag. Il voit

des camarades moins instruits, moins intelligents que lui, parvenir au sommet des

emplois tandis que lui vgte sans remonter le courant. Et il dit : Jai la guigne .

25


A

Quand il a prononc ces mots, il semble quil ait donn la suprme explication de

sa malchance. Et il attend tranquillement la veine qui ne latteindra jamais, comme le

pcheur la ligne de Richepin convoite jusqu sa mort un poisson qui se drobe sa vue.

Tous les jours je reois des centaines de lettres de gens qui me disent : Je ne

sais plus que devenir. Rien ne me russit, je suis poursuivi par le malheur avec une

opinitret tenace. Que faut-il faire ? Suis-je envot ? Est-il des procds magiques

qui me permettront de sortir de lornire o je me dbats ?

A ces lecteurs, je rponds : Oui, vous tes envot ; vous tes envot par la

paresse desprit, par le dcouragement, par la lassitude de la vie, par le manque

dinitiative et de confiance en vous. Et les procds magiques qui doivent vous gurir,

sont la VOLONTE, lESPERANCE, et la FOI EN VOUS. Relevez-vous, marchez en

avant, sautez sur les obstacles, sans vous occuper de ce que vous pouvez casser, liens

fragiles damiti, convenances sociales parfois stupides, quen dira-t-on de petites

villes ; allez o vous conduisent vos prfrences, vos gots parfois opposs la

profession que vous exercez, et vous serez tonns de voir la vie se transformer pour

vous, et la veine se produire par vos efforts, car il est ternellement vrai le proverbe

qui dit que Dieu aide ceux qui saident.

Rien de meilleur que ces expriences dhypnotisme et de suggestion pour les

dsesprs qui veulent reconqurir la volont. Ils apprennent l commander leurs

penses, tendre leur vouloir vers un but dominateur, qui transforme petit petit les

conditions de leur existence.

Voyons maintenant les suggestions que nous pouvons oprer sur les sujets qui

se sont prts nos expriences dattraction.

26


Figure 1

Prenez la tte du sujet, ainsi que lindique la figure 1, entre le pouce et le

mdiums, et faites une lgre pression en disant :

Jengourdis par cette pression les muscles du cou ; vous allez sentir un lger

picotement et ensuite une fracheur agrable. Quand je retirerai la main, vous ne

pourrez plus baisser la tte, je vous dfends de baisser la tte !

Et le sujet aura beau faire des efforts surhumains, il ne pourra baisser la tte.

Pour enlever la suggestion, soufflez doucement sur le cou en disant : Cest

fini, vous pouvez baisser la tte.

Autre suggestion. Prenez de la main gauche (fig. 2) la main du sujet et levez

son bras, puis passez lgrement la main droite sous ce bras, depuis laisselle jusqu

la main ; rptez plusieurs fois lopration en disant lentement : (Je spare les syllabes

pour vous faire bien comprendre la lenteur qui doit tre apporte votre parole).

- Votre bras se raidit ; il devient dur comme du fer ; vous ne pouvez plus le plier. Rien

ne peut vous le faire plier.

Vous glissez ensuite vos deux mains sur les doigts du sujets (fig. 3) et vous

abandonnez le bras entirement en catalepsie. Si vous avez des amis dans la salle car

autant que possible, il faut avoir un petit public vous les pliez de venir constater la

rigidit du bras.

27


Figure 2

Pour les jambes (fig. 4) lopration est absolument identique. Vous faites asseoir

votre sujet, vous portez cette fois vos deux mains sur une ou les deux jambes la

hauteur du pli des genoux, et vous faites glisser les mains en prononant les mmes

paroles que prcdemment. La rigidit des jambes se produit de la mme faon

(fig. 4).

Il faut surtout viter les phrases quivoques, qui indiquent lhsitation ou du

doute sur le rsultat de vos expriences. Jai entendu un jour un apprenti magntiseur

dire son public : Mesdames et messieurs, je vais essayer maintenant de

provoquer la suggestion ltat de veille sur le sujet que je vous prsente. Si je

28


Figure 3

Figure 4

russis bien quand jaurai fait les passes ncessaires, le bras du sujet, entirement

en catalepsie, deviendra dur comme du marbre, vous ne pourrez pas le plier.

Et naturellement le sujet qui sont matre avait laiss entendre quil allait

essayer et quil ntait pas st de russir, avait davance perdu confiance en

lhypnotiseur et, avec un sourire non dguis, il pliait chaque fois son bras avec

aisance, la satisfaction du public frondeur.

Jeus piti de mon apprenti et, sans me faire remarquer, je russis lui

communiquer loreille mon impression sur la non-russite de son exprience. Il

comprit, et lorsquil eut devant lui un second sujet, il se ressaisit et cette fois affirma

que lexprience allait russir, parce quil le voulait et que personne ne pouvait rsister

ses ordres. Presque instantanment la catalepsie se produisit et mon hypnotiseur

obtint un grand succs dont il me remercia la sortie. Cet apprenti a aujourdhui un

nom connu dans le magntisme, et gagne beaucoup dargent, par des cures

merveilleuse que surveillent jalousement les mdecins.

Je mempresse de vous dire, chers lecteurs, que lorsque vous tenterez ces

expriences de catalepsie ( ltat de veille), du bras et de la jambe, il faudra surveiller

ceux qui voudront se rendre compte de la raideur des membres, car, avec beaucoup de

force, ils pourraient plier le bras ou la jambe, et mme le casser, ce qui sest produit

malheureusement quelquefois.

29


Figure 5

En finissant ce chapitre, je vous dirai : Ncartez jamais loccasion de donner

une petite sance rcrative. Votre volont se dveloppera plus facilement sous lil

du public, lamour-propre dcuplera vos dons de fascination, et les rsultats moraux

que vous en prouverez vous donneront le dsir de continuer la voie que vous vous

tes trace .

30


CINQUIME LEONQuelques suggestions

ans le domaine de la suggestion, les expriences sont innombrables. Et si

jen cite quelques-unes mes lecteurs, cest pour leur donner un exemple

de ce quil leur est possible de faire avec de la volont et de lautorit sur

leurs sujets. Je laisse leur imagination le soin de trouver dautres suggestions peut

tre plus amusantes et plus curieuses.

Le rle de ceux qui sintressent au magntisme et lhypnotisme est de

chercher toujours et continuellement. Voyez Durville, le savant secrtaire de la Socit

magntique, il ne se contente pas dtre un magntiseur mrite, mais encore il

soccupe aujourdhui de cette question si passionnante du ddoublement astral du

corps humain, et est sur le point de donner des preuves convaincantes de la ralit du

phnomne. Voyez, dun autre ct, Pickman, qui, aprs vingt ans dexprimentation

publique, sur tous les coins du globe, continue victorieusement ses reprsentations en

prsentant au public le rsultat de ses travaux sur le vgtarisme.

Tous ceux qui sont entrs dans le domaine si passionnant de locculte

cherchent inlassablement enrichir la science de nouvelles dcouvertes, permettant

enfin de dcouvrir le mystre de ltre humain.

Nos jeunes apprentis peuvent toujours aspirer la dcouverte dune

exprience nouvelle. Leur champ dinvestigation est immense, et dans ces expriences

de suggestion, sans crainte dtre trop ambitieux, ils ont le devoir de chercher

comme leurs ans et de nous faire part, pour le plus grand bien de tous, du rsultat de

leurs recherches.

Quand vous avez trouv un sujet qui se prte facilement lattraction en avant

et en arrire, la catalepsie des bras et des jambes, il vous devient facile de lui faire

excuter les expriences les plus compliques. Si vous vous trouvez devant un public

qui sintresse aux choses de lhypnose et dont vous sentez la curiosit excite,

nhsitez pas rechercher la difficult . Le fluide de sympathie qui se produira dans

ce public, et qui influencera votre sujet lui-mme, vous conduira au succs et votre

31


D

volont saffirmera considrablement.

Une des expriences qui produit le plus deffet est celle-ci :

Vous placez votre sujet sur une chaise, vous lui touchez la tte avec lindex de

la main droite, et vous lui dites : Vous tes fatigu, tellement fatigu, quil vous est

impossible de vous lever .

En prononant ces paroles, vous pesez sur la tte du sujet avec votre doigt,

comme si vous vouliez le clouer sur son sige.

Ensuite, vous continuez, toujours dune voix claire, lente, et en scandant vos syllabes :

Vous ne pouvez pas vous lever, tous les efforts que vous feriez seraient inutiles,

vous tes clou sur votre chaise !

Naturellement, les personnes prsentes se mettent rire, et votre sujet, un peu

vex, voudrait pouvoir vous chapper. Il se lve un peu, car il a fait un grand effort,

mais il est sous lempire de votre suggestion, et il retombe sur son sige, comme

puis.

Cest alors que vous continuez :

Voyez ! leffet de cette fatigue se produit insensiblement, vous avez pu vous

soulever trs lgrement, mais cette fois, vous tes clou dfinitivement. Je vous

dfends absolument de vous lever .

Et votre sujet, vaincu, sefforce en vain de se lever, retenu par une glu invisible

au sige quil occupe.

Jai pris la photographie que je reproduis ici sur un sujet absolument rfractaire,

un homme de trente-cinq ans, dans la force de lge, un incroyant de lhypnotisme. Et

vous pouvez voir sur ses traits la colre qui lagite en prsence des efforts inutiles quil

tente pour se dbarrasser de la suggestion.

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Impossible de se lever

Autre suggestion qui na t jusqu prsent employe que par moi : le

mouvement perptuel.

Le sujet est assis galement, la jambe droite croise sur la gauche, le pied droit

tombant naturellement dans le vide. Vous prenez ce pied, et vous le poussez

doucement de faon lui donner un lger mouvement. Vous dites : Tiens, ceci est

trange. Votre pied semble sagiter sans quil vous soit possible de larrter. La

rotation augmente, il ne peut plus sarrter, vous tes condamn au mouvement

perptuel .

Vritablement, sans tre sous lempire daucune suggestion, il vous est arriv,

cher lecteur, vous comme moi, dans le feu de la conversation ou sous le charme

dun spectacle agrable, de faire remuer votre pied, et de continuer le mouvement sans

33


aucune fatigue, les nerfs tant le moteur absolu de ce mouvement. Or le sujet

suggestionn obit en mme temps ses nerfs et votre ordre ; et votre ordre est le

plus fort, puisquil ne peut sarrter que par votre volont. De votre sujet, vous pouvez

faire de suite un muet en lui disant que sa langue est colle son palais et quil ne peut

plus la remuer. Vous le voyez faire des efforts insenss, ouvrir la bouche

dmesurment sans pouvoir articuler une parole.

Toutes ces suggestions seffacent absolument par un geste simple et une parole rapide.

Pour le sujet clou sa chaise, vous passez votre main droite sur lpine dorsale

en disant : Levez-vous maintenant, je vous le permets .

Pour le mouvement perptuel, la main se pose sur le pied, et vous dites :

Arrtez-vous, je vous lordonne .

Pour la langue colle, vous posez votre index sur les lvres et vous dites :

Parlez, vous ntes plus muet !

Jamais de longs discours, deux ou trois mots dits avec autorit, un geste qui

dgage ou, si vous le prfrez, un souffle lger et tout rentre dans lordre.

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SIXIME LEONLe sommeil par le regard

est volontairement que jemploie ce titre : le sommeil par le regard ,

car je dmontrerai tout lheure quil est des sujets qui nobissent

quaux passes lentes et rptes et la suggestion mentale ; ce que

jappellerai le sommeil par suggestion .

Quant moi, dans ma carrire dj longue, je dirai que jai toujours trouv 80

pour 100 de sujets sendormant par le regard, ou se ptrifiant le terme est bien exact

sous laction hypnotisante dun objet brillant ou rotatif.

Mais cest encore le regard qui produit leffet le plus rapide, quand il est

accompagn de la caresse fluidique de la main.

Le regard ! la main ! cest toute la vie du magntiseur qui passe dans la vie du

sujet. Le regard miroir de lme est lagent propulsif de la main laquelle il

commande. Et forcment, malgr lui, le sujet ressent en son corps, en ses nerfs quand

il touche la main du magntiseur, une commotion presque lectrique qui lanantit et

le fait tomber dans un sommeil artificiel profond ; qui le place endormi, comme il

ltait dj veill, sous la domination absolue de son matre .

Comme il ltait dj veill ai-je dit. Oui si vous vous rappelez mes

leons prcdentes, je vous ai dit quil vous est possible de tout obtenir de tout obtenir

en hypnotisme avec un sujet qui a dj subi vos suggestions ltat de veille, parce

quil a confiance en vous, parce quil reconnat comme son matre, comme celui

auquel il est impossible de rsister. Cest pourquoi, cher apprenti, quand vous en serez

cette partie de lhypnose que vous attendez depuis si longtemps : LE SOMMEIL ;

nallez pas chercher des trangers pour vos expriences, mais servez-vous des sujets

qui ont bien voulu vous aider vos dbuts, surtout si vous avez lintention

dexprimenter en public.

Mais me direz-vous comment opriez-vous, vous-mme, quand vous alliez

trouver des inconnus dans les salles de spectacles, et que vous les ameniez vos pieds,

35


C

lil riv sur votre il ? Les sujets navaient t soumis aucune exprience

prliminaire ? Ils vous ignoraient avant votre arrive ?

Certes ! Mais avant de les aller chercher, javais dj excut quelques

expriences intressantes avec mes sujets dissmins dans le public, et les nouveaux

sujets qui se trouvaient dans la salle, ltat latent si jose mexprimer ainsi avaient

dj pris confiance, taient prts, attendaient mme ma venue avec une certaine

anxit, sentant le sommeil les gagner, lide seule que je pourrais les endormir.

Aux sances publiques dun magntiseur, les incrdules crient souvent au

compre , en voyant, sans hsitation, monter sur la scne des spectateurs qui ont lair

de venir excuter une besogne habituelle et qui sont sur le plateau comme chez

eux. Ils se trompent ; ce sont tout simplement de vritables sujets indispensables pour

lentranement des autres car lhistoire du troupeau de Panurge est ternellement vraie.

Je vais dans les pages suivantes vous en dmontrer la certitude en vous faisant

connatre les moyens employer.

Il sagit maintenant, cher apprenti, dendormir votre premier sujet.

Vous avez convoqu ceux qui furent les plus dociles vos expriences de suggestion

ltat de veille, et ils sont l, un peu angoisss, parce quau moment de subir

lpreuve dfinitive, ils se rappellent certaines choses quils ont lues. Nallez-vous pas

leur faire du mal ? Saurez-vous les rveiller ? Il importe donc dans cette premire

sance qui est forcment une sance de rptition que vous leur fassiez, avec autorit,

une petite confrence explicative.

Dabord vous leur dites que lhypnose ne peut faire de mal qu ceux qui sont

atteints dune affection cardiaque, parce quelle provoque une motion qui acclre les

battements du cur. Pour toutes les autres maladies, lhypnotisme est salutaire ; la

douleur est endormie par le fait mme du sommeil, les nerfs sont calms, le sang

circule plus rgulirement dans les artres ; de ce ct, rien craindre.

Quand au rveil, il est obligatoire. Mme en admettant que lhypnotiseur ne

sache pas rveiller son sujet ce qui nest pas le cas ; dites-vous, car vous en avez

endormi plus de cent et tous furent rveills le rveil se produit forcment au bout de

quelques heures, ainsi que dans le sommeil rgulier.

Ceci dit, vous faites asseoir commodment votre premier sujet sur une chaise

36


qui ne soit ni trop haute, ni trop basse (fig 1), et vous lui recommandez de ne pas raidir

ses nerfs, de se laisser aller, de ne penser rien, si ce nest dormir, et de vous

regarder fixement dans les yeux, sans chercher tenir le regard, cest--dire en

clignant chaque fois quil sentira la fatigue des paupires.

Figure 1 Figure 2

Et vous lui faites mettre ses mains sur les vtres, soit franchement plat (fig 2),

soit en plaant les mains du sujet sur vos poignets, et en touchant vous-mme ses

poignets en dessous au frlement des artres du poignet.

Je sais que je suis encore l en contradiction avec beaucoup de magntiseurs, et

en particulier avec Le Sage, de New-York, mais je nentends pas promulguer en

hypnotisme des lois immuables il ny en a pas mais donner mes lves les

instructions qui mont servi moi-mme, les plus claires, les moins compliques.

Quand votre sujet est ainsi plac, vous le regardez fixement SANS BAISSER

LES PAUPIERES.

37


Cest l, cher apprenti, que rside la plus grande difficult.

Il ne faut pas baisser les paupires devant votre sujet, ou vous vous tes

immdiatement mis en chec, vous tes perdu comme hypnotiseur, car vous lui avouez

votre infriorit.

Il faut donc apprendre fixer, et ne jamais vous risquer endormir un sujet sans

tre certain de la fixit de votre regard.

Ne reculez pas devant lobstacle. Dailleurs, il est facile de le franchir ; comme

je vous le disais dans les premires pages de ce livre, tout est sport dans la vie, et il

suffit de vous entraner dans le sport du regard.

Placez-vous devant votre glace, montre en mains, et regardez votre image dans

les yeux, le regard fixe. Quand vous sentez un lger picotement dans lil, quand vous

sentez que la larme est sur le bord de la paupire, fermez les yeux. Attendez quelques

minutes et recommencez. Vous avez constat que le premier essai avait dur quinze

secondes, imposez-vous ce record, et ne fermez les yeux quaprs vingt-cinq

secondes. Au bout de huit jours, vous pourrez soutenir le regard pendant trois

minutes ; au bout dun mois, il vous sera possible de demeurer les yeux ouverts

pendant un quart dheure et bien plus encore.

Noubliez pas ceci. Si devant votre sujet, vous sentez que vous allez cligner les

yeux avant quil soit endormi, sous un prtexte quelconque, arrter la sance, mais ne

lui donnez pas le spectacle de votre faiblesse.

Certains sujets sont rebelles au sommeil par le regard, dautres sont longs

sendormir, et cest quelquefois au moment de la victoire que vous abandonnez la

partie.

Ne vous rebutez donc jamais, ayez une patience norme, ne craignez pas de

recommencer dix fois, vingt fois, et le succs couronnera vos efforts.

Quand vous voyez que votre sujet entre dans la premire phase du sommeil, ce

que vous reconnaissez par un battement de paupires significatif, sur ses genoux, et de

vos deux pouces, fermez-lui les paupires en faisant une lgre pression sur le globe

oculaire.

Le sommeil devient alors profond.

38


Les myopes, obligs de porter lorgnon ou lunettes, devront se garder dessayer

le sommeil par le regard ; ils sont vous davance un chec absolu. Ils peuvent

cependant russir le sommeil par passes et par suggestion, mais la condition

denlever leur appareil optique qui pourrait provoquer chez le sujet un fou rire,

prjudiciable la russite de lexprience. Indpendamment du rire, ce qui dtruit

linfluence du magntiseur lunettes, cest qu travers les verres, le regard devenant

flou et la pupille semblant entoure de vapeurs, le sujet limpression que lil qui le

fixe remue et que lui seul tient le regard.

Avant de vous parler des expriences excuter avec le sujet endormi, je vous

apprendrai, dans la prochaine leon, la manire de lveiller et de lendormir de

nouveau par suggestion.

39


SEPTIME LEONLe rveil

e rveil dun sujet endormi par le regard est certainement ce que redoute le

plus lapprenti magntiseur. Il se fait des montagnes dune opration trs

simple et qui mme si elle ne russit pas ne peut tre la cause dun danger

pour la personne qui sest confie lui.

Si je ne pouvais le rveiller ! pense mon apprenti, qui, trs satisfait davoir

endormi son sujet, voit sa joie trouble par cette alternative.

Ne craignez rien, cher lecteur ; je vous le rpte, de faon bien marteler cette

ide dans votre tte : IL NY A AUCUN PERIL.

Il y a une dizaine dannes, jeus affaire un sujet assez vigoureux qui mavait

t confi par une famille afin de le corriger de certains vices par la suggestion.

Jessayai dabord de lendormir par le regard, ensuite par les passes, par la

rptition monotone des mmes paroles. Aucun rsultat. Jeus recours alors un

miroir rotatif de mon invention, miroir alouettes, perfectionn, que javais fait

fabriquer par un serrurier.

Ce miroir tournait environ trente minutes sans sarrter.

Mon sujet, plein de bonne volont, se prta toutes les expriences, et le miroir

rotatif parvint enfin lendormir.

Aucune suggestion ne fut possible. Il dormait, mais la manire dun terrassier,

accabl de fatigue. Il ne mentendait pas et ronflait mme lgrement.

Jessayai de le rveiller par tous les moyens connus et inconnus, sans y arriver.

La famille inquite se dsesprait, et chacun, except moi, commenait perdre la

tte. Devant mon calme, devant ma gaiet mme car ce sujet magntique qui ronflait

40


L

prtait au sourire la mre du jeune homme se rassura la premire. Jinstallai mon

dormeur dans une chambre, et comme un malade, je le veillai. Il dormit ainsi douze

heures, et se rveilla le lendemain, la mine calme, lil riant, en demandant son chocolat.

Or, fait extraordinaire, et qui prouve bien que, dans le sommeil artificiel, la

pense veille mme quand la langue est muette le sujet avait parfaitement entendu les

suggestions que je navais mme, sa mre venait mavertir que son fils avait refus un

verre de cognac, et manifestait une grande horreur pour lalcool.

Cette anecdote, et dautres que je pourrais encore vous citer, prouve absolument

que le sujet se rveille seul, au bout dun laps de temps, qui varie de deux heures

douze heures.

Apprenons maintenant rveiller un sujet que nous avons endormi par le regard.

Aprs lui avoir fait excuter les expriences que nous dcrivons plus loin, et

mme les nouvelles que vous pourriez imaginer, vous vous approchez de votre sujet,

et vous lui dites : Vous avez assez dormi, je vais souffler sur vos yeux, et vous vous

rveillerez.

En mme temps que vous soufflez lgrement sur les yeux, vous tapotez les

joues des deux mains. Au bout de quelques secondes, le sujet ouvre les paupires,

regarde dun air tonn autour de lui, se frotte, et reprend son attitude veille.

Vous soufflez lgrement sur les yeux en tapotant les joues

41


Certains sujets ne peuvent sveiller de cette faon, il leur faut une sensation

ractive. Prenez alors une petite ponge imbibe deau froide que vous passez sur les

paupires, en mme temps que vous dites : Rveillez-vous ! Ouvrez les yeux, vous

tes rveills.

Dautres encore ne se rveillent que lorsque la suggestion leur est donne dans

le sommeil.

Cest alors quau cours dune exprience vous leur dites :

Dans dix minutes, sans quil me soit utile de vous prvenir, vous vous

rveillerez et vous vous lverez de votre sige.

Ceux-l, sans avoir besoin dune montre vous en ferez plusieurs fois

lexprience se rveilleront exactement aprs la priode de dix minutes.

Vous noterez leur faon de se rveiller, de faon nen employer jamais aucune

autre avec ces sujets.

Si par hasard vous trouvez un sujet qui refuse dobir vos suggestions, et qui

rfractaire au souffle sur les paupires, au tapotement sur les joues et leau froide,

reste endormi, ne vous nervez pas, gardez votre sang-froid absolu, et attendez

quelque temps : dix, vingt, trente minutes ; puis recommencez toutes vos suggestions,

en y mettant plus dautorit, plus dnergie ; gardez-vous, comme je lai vu faire, de

donner respirer de lther ou de lalcali, ces produits peuvent causer des attaques de

nerfs et faire beaucoup de mal votre sujet.

Si vous voyez enfin quil vous est impossible de rveiller votre sujet, tchez

de le ramener au sommeil complet, et recommencez de nouvelles expriences.

Puis, parlez, soyez dur, cassant, absolument comme si vous aviez droit de vie et de

mort sur lui, et menacez-le des pires chtiments sil ne se rveille pas aussitt. Le

sujet peut aussi vous dire la cause de son refus dobissance. Se trouvant

quelquefois trs bien dans le sommeil, prouvant une grande paix, un calme

parfait, il veut rester dans cet tat. Quelquefois aussi, il a besoin de quelques passes

remontantes (cest--dire les mains du magntiseur remontant des pieds, en suivant

les jambes jusqu la tte) afin denlever aux muscles une raideur qui le gne pour

son rveil.

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Averti, faites les passes ncessaires et le sujet se rveille alors.

Si rien de tout cela ne russit, laissez alors votre sujet dormir, couchez-le, et

attendez patiemment son rveil sans vous inquiter, comme je vous le dis plus haut.

Ces sujets, rfractaires au rveil, sont trs rares. Il fallait pourtant que je vous

avertisse des cas isols que vous pouvez rencontrer au cours de vos expriences.

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HUITIME LEONLe sommeil par suggestion

l est des sujets absolument rfractaires au sommeil par le regard, ou, si vous le

prfrez, au fluide pntrant du regard. Ce sont ceux dont le nerf oculaire est

fatigu, soit par la myopie, soit par le presbytisme. Ils vous regardent pendant

quelques minutes, puis un brouillard, dabord lger, ensuite trs pais, se forme devant

leurs yeux. Et mme lorsquils cessent de soutenir le regard, ce brouillard continue et

le fluide ne peut plus avoir daction.

Seul le sommeil par suggestion peut avoir raison deux, seules les passes lentes,

la voix chantante du magntiseur peuvent les plonger dans le sommeil.

Ces passes, vous en trouverez une description catalogue dans les ouvrages

actuels, traitant du magntisme et de lhypnotisme. On vous dira quil faut placer les

mains de telle faon, quil faut vous tenir de telle autre, on vous classera

mthodiquement les phases du sommeil, on fera de vos gestes des mouvements

mathmatiques dont sous peine dexcommunication majeure vous ne pourrez vous

dispenser.

Et cest ainsi quen faisant du magntisme et de lhypnotisme une science

complique, on dcourage la jeune gnration qui voudrait savoir, et qui pourrait

trouver dans la jeune science un rconfort, une aide morale et matrielle.

La vrit est tout autre.

Il importe de dire franchement quen magntisme et en hypnotisme, il ny a pas

de rgles, et quil suffit simplement de chercher et de trouver le geste qui plongera le

sujet dans le sommeil artificiel.

Nous verrons du reste quen thrapeutique, il en est de mme. Cest justement

cette absence de mthode qui fait du magntisme un mode curatif oppos, par ses

procds, la mdecine moderne qui prtend, elle aussi, agir mathmatiquement.

44


I

Je nentends donc pas, en traitant du sommeil par suggestion, vous donner un

vocabulaire de paroles ou une liste de gestes prcis.

Sachez seulement que pour le sommeil vos passes doivent descendre, et que pour

rveiller elles doivent remonter. Vous devez produire pour endormir un sentiment de douceur,

et un sentiment de violence pour rveiller. UN exemple vulgaire vous fera comprendre le

magntisme de ces passes : vous caressez un chat en descendant vos mains de sa tte son

chine, et il manifeste son contentement par des ronron prolongs, il ferme les yeux

comme sil sentait un fluide de sommeil le pntrer. Vous le caressez rebrousse-poil, cest-

-dire en montant de son chine sa tte, et aussitt, il se relve violemment, son poil se

hrisse, ses yeux sinjectent de sang et il prpare ses griffes pour la bataille.

La crature animale, qui est le reflet de la crature humaine, ressent plus que

toute autre les effets du fluide magntique par llectricit quelle rpand elle-mme.

Nhsitez pas choisir pour le sommeil par suggestion un sujet qui ne vous

attend pas, mais qui sait cependant que vous voulez lendormir. Vous pouvez le

prendre mme au moment o il lit sont journal (fig 1). Vous vous approchez de lui, et

vous passez votre main sur son front en disant : Il faut dormir, je veux que vous

dormiez. Dans quelques minutes vous allez sentir que mes passes vont vous engourdir,

vous ne rsistez pas . Vous dormirez ; vous dormirez dun sommeil doux, reposant,

vous dormirez comme si vous tiez dans votre lit .

Encore une fois, vous pouvez prononcer dautres paroles ; lessentiel est que

votre voix soit lente, caressante, que lide du sommeil soit donne au sujet.

Pendant que vous parlez, vous enlevez la main droite que vous aviez pose sur

son front, et, dun seul coup, vous posez vos deux mains sur sa tte (fig 2) et

descendez ces mains, de la tte au cou, du cou aux paules et aux jambes, en le frlant

tout doucement. Si vous le voulez, ces passes peuvent tre faites le long du thorax, sur

nimporte quelle partie du corps. Vous devez exprimenter et vous rendre compte de

la partie du corps de votre sujet la plus influenable.

Pendant les passes, vous parlez, toujours de la mme voix monotone, en

continuant vos suggestions :

Le sommeil vous gagne. Vous sentez vos yeux sappesantir, un

engourdissement vous prend, vous allez dormir, vous commencez dormir. Fermez

les yeux.

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Figure 1 Figure 2

Involontairement, dans un demi-sommeil, le sujet vous obit et ferme les yeux.

Vous continuez, vous parlez toujours ; quimportent les paroles, mais que votre

voix se fasse de plus en plus douce, de plus en plus caressante :

Cest fait maintenant, vous entrez dans le sommeil ; vous vous sentez bien,

vous tes compltement heureux, vous sentez en vous un calme absolu. Vous dormez,

vous dormez, vous dormez !

A ce moment, vous posez vos deux mains sur la tte et, en les rabaissant, vos

deux pouces se placent sur ses paupires et y font une lgre pression comme si vous

vouliez les coller, tandis que les autres doigts touchent les tempes (fig 3). Et le sujet

est absolument endormi.

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Figure 3

Je rpte encore que lapprenti magntiseur peut essayer dautres gestes, ceux-ci nont

rien dabsolu. Je men suis servi avec succs, mais jai obtenu galement des

rsultats, sans clore les paupires, et avec la simple imposition finale des doigts sur le

front ou sur les tempes du sujet.

Bien que dans ces expriences le regard nait pas servi, je recommande

cependant ceux qui tudient les phnomnes magntiques et hypnotiques, de

fixer toujours les yeux du sujet. Il se produit, dfaut dinfluence fluidique, une

influence tlpathique trs curieuse. Jai endormi des sujets sans les regarder et jai

remarqu quils taient beaucoup plus rfractaires aux suggestions que ceux que

javais fixs.

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NEUVIME LEONLa catalepsie

a catalepsie est une des expriences les plus curieuses excuter sur un sujet

endormi, cest elle qui frappe le plus le spectateur, cest elle qui lui prouve la

vracit du sommeil artificiel. Cest aussi et ceci a la plus grande importance

un moyen de contrle du magntiseur sur son sujet.

En effet, lapprenti magntiseur doit se mfier des faux-sujets qui, soit pour

se rendre intressants vis-vis de leurs amis, soit par esprit de lucre, soit par

plaisanterie, simulent un faux sommeil quil est quelquefois difficile de constater,

quand le faux sujet joue bien son rle. Cest la catalepsie quon dcouvre

gnralement la supercherie, car notre homme veut bien excuter des actes qui ne les

gnent pas, mais se refuse recevoir sur le corps un poids de 2 ou 3 kilos. Le faux

sujet se rveille gnralement au moment des suggestions de la catalepsie, ou bien il

reste dans le sommeil (?) tout en refusant dobir son magntiseur.

Nous conseillerons notre lve, sil opre en public, de ne pas insister, et, sans

paratre sapercevoir de la supercherie, de rveiller le sujet et dessayer lexprience

sur un autre.

Nous dirons dans un prochain chapitre, le moyen dviter les truqueurs , afin

davoir toujours de vritables sujets. Aujourdhui il sagit dapprendre notre lve le

moyen de placer le sujet endormi en catalepsie.

Quand le sujet est plong dans le sommeil le plus profond, soit par les yeux, soit

par suggestion, vous lui ordonnez de se lever et de faire plusieurs fois le tour de la

pice. Ceci pour montrer vos spectateurs que les membres sont libres, et que le sujet

endormi a gard la souplesse des articulations.

Dans les sances truques des villes deaux et des cafs, les sujets, pour

impressionner le public, marchent avec raideur, pas saccads. Cest l une attitude

cataleptique incompatible au vritable sujet nayant encore reu aucune suggestion ;

48


L

il marche comme vous et moi ; et la seule chose qui le diffrencie dun veill cest

la physionomie, dont les yeux quand il les ouvre ont une expression indfinissable,

semblent avoir une vision de lau-del, et regarder des choses que nous ne voyons pas.

Quand votre sujet a fait plusieurs fois le tour de la salle ; vous larrtez et vous

approchez de lui.

Puis dune voix douce, mais toujours nette, et, avec laccent du

commandement, vous lui dites ces mots, ou dautres ayant la mme signification :

Il se produit en vous un phnomne extraordinaire. Vos muscles se raidissent,tous vos membres prennent une rigidit extrme. Vos bras, vos jambes, votre tte

se raidissent, vous devenez un morceau de bois.

En mme temps que vous parlez, vous passez lgrement vos mains sur toutes

les parties du corps nonces, toujours en descendant, et non pas vivement comme

lindiquent certains cours dAmrique et autres lieux, mais au contraire tout

doucement.

Et votre public voit toutes les phases de la catalepsie se drouler devant lui ; les

traits du sujet se tirent, une pleur significative lenvahit, les bras, qui sarrondissaient,

tombent brusquement le long du corps comme des baguettes de bois rigides, les

jambes se raidissent aussitt et le sujet, nayant plus de point dappui, va tomber si

vous ne le soutenez pas.

Cest ce moment que vous faites appel au concours de deux spectateurs, et que

vous installez le sujet sur deux chaises, de la faon indique par la gravure ci-contre.

M. Merliny, un de mes plus jeunes lves, avait en la dame que vous voyez en

catalepsie, un sujet dune sensibilit rare. Cette dame, de taille moyenne, pesait

environ 53 kilos, et Merliny, quand elle tait en tat de catalepsie, posait trs

facilement sur elle un poids de 250 kilos.

Je recommande, pour ne pas fatiguer le sujet en catalepsie, de placer sous sa tte

et sous ses pieds un coussin. De plus, si certaines personnes voulaient se rendre

compte du phnomne, demandez leur de ne pas chercher faire plier un bras ou une

jambe, car elles le casseraient comme un morceau de bois. Il est facile de se rendre

compte de la rigidit dun membre, sans employer la force. Si lindividu en catalepsie

est plus fort que celui qui se rend compte de son tat, il ny a rien craindre ; sil est

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plus faible, il peut briser le membre sans lui rendre sa souplesse, naturellement.

Vous installez le sujet sur deux chaises

Si votre sujet est un homme, vous pouvez, aprs avoir plac un tapis sur lui,

inviter quelques spectateurs monter sur son corps.

Quand votre sujet est une femme, employez des haltres ou des poids dont vous

augmentez progressivement le nombre.

Ltat cataleptique fatigue le sujet. Aussi vous conseillerai-je de ne pas le faire

durer trop longtemps. Et puis, il faut toujours craindre les accidents qui peuvent se

produire, soit par un excs de charge, soit par limprudence dun spectateur. Soyez, en

dbutant, dune prudence extrme, et familiarisez-vous avec cette exprience avant de

faire une grosse charge de poids.

La catalepsie doit toujours terminer une sance, car le sujet, en sortant de cet

tat, est las et sent une grande faiblesse dans les membres, quelquefois malgr vos

suggestions.

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Quand vous le redressez, avec laide de deux personnes, passez les mains sur

les membres en remontant cette fois, et dites-lui :

La raideur diminue, les membres sassouplissent ; vous reprenez votre tat normal.Vous nallez plus sentir aucune fatigue, vous vous sentirez trs bien, trs bien.

Cette fois encore, devant les yeux des spectateurs, le visage reprend ses

couleurs, les traits se dtirent, les membres reprennent leur souplesse.

Avant de rveiller le sujet, vous lui faites faire une fois encore le tour de la

pice, puis vous lui ordonnez de sasseoir, et vous le rveillez, comme je lai indiqu

dans une prcdente leon.

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DIXIME LEONLes mauvaises habitudes

st-il mdecin qui, par un traitement quelconque, ait la facult de gurir les

mauvaises habitudes ? Lenfant qui ronge ses ongles jusqu atteindre le

doigt, le morphinomane qui sintroduit dans la chair toute heure du jour le

poison mortel, lalcoolique, le fumeur, lthromane et tant dautres ont-ils jamais

prouv un soulagement par une cure mdicale ?

Non ! la science des mdecins est impuissante pour la plupart des cas.

Lisolement, lhygine, leau froide, llectricit, les cures de soleil et dair, les

distractions, les changements de lieu, ont pu quelquefois enrayer pendant un certain

temps les mauvaises habitudes qui sont revenus ensuite au galop, pour faire, aprs cet

arrt momentan, plus de ravage que prcdemment.

La suggestion seule peut donner des rsultats.

Et les mdecins le savent si bien, sans lavouer, quils emploient souvent ce

procd curatif, linsu de leurs clients.

Il me souvient dun mdecin qui, jadis, fulminait contre toutes les pratiques

hypnotiques quil traitait dattrape-nigauds. Javais avec lui dardentes discussions

tant plus jeune je croyais au pouvoir de la discussion. Et plus jessayais de le

convaincre, plus son intransigeance sexacerbait. Il prtendait que seuls les dtraqus

et les hystriques pouvaient subir le sommeil hypnotique et tre suggestionns. Et

encore, ntait-il pas certain que les expriences de Charcot la Salptrire taient

exemptes de truc. Ces grands mdecins, disait-il avec ddain, cherchent, par tous les

moyens, attirer la rclame sur leur nom.

Un jour, vint le voir un commerant de son quartier qui lui demanda sil pourrait

gurir son fils de la passion de boire. Il avait entendu parler de drogues et de poudres

merveilleuses dans les cas dalcoolisme. Le commerant tait riche, et il offrait la forte

somme au docteur sil pouvait corriger tout jamais son fils de son affreuse passion.

52


E

Mon mdecin se fit envoyer le jeune homme, et comprit sa vue quil ne

pourrait rien faire pour lui, toutes drogues ou poudre contre lalcoolisme tant

absolument insignifiantes. Et pourtant il ne voulait pas perdre la forte somme promise.

Que faire ? Il se rappela quelques-uns de mes moyens daction en hypnose et

saisissant les mains du buveur, il le regarda dans les yeux avec une telle volont, avec

une telle fixit du regard que le sujet sendormit presque instantanment. Quand il fut

dans cet tat, mon mdecin lui suggra de ne plus boire. Chaque fois que vous

porterez un verre de vin pur ou dalcool vos lvres, il vous semblera que vous avalez

un poison violent, lui dit-il, et vous ne boirez plus que de leau .

Figure 1 Figure 2

Quand il leut suggestionn pendant une demi-heure environ, il le rveilla, et le

reconduisit son pre, non sans avoir mis dans une bote quelques grammes de sucre

en poudre.

- Eh bien, dit le pre, quand il se trouva seul en prsence du mdecin, avez-vous trouv

un remde ?

53


- Parfaitement , rpondit lhypocrite magntiseur ; donnez votre fils son insu, une

pince de cette poudre dans sa boisson, et il ne voudra plus boire.

Le soir mme, notre commerant commenait la cure, et sa grande

stupfaction, son fils, aprs avoir tremp ses lvres dans le vin, le rejetait avec dgot,

rclamant de leau grands cris.

Et le brave homme attribua au sucre en poudre une puissance quavait eue seule

la suggestion dans le sommeil hypnotique, et mon mdecin fut sacr dans le quartier

le plus grand savant de France et de Navarre.

Je naurais jamais eu connaissance de lhistoire, si le mdecin, devenu la suite

de cette cure merveilleuse un fervent adepte du magntisme, ne me lavait raconte

lui-mme.

Cette anecdote authentique vous montre, cher apprenti magntiseur, ce que

vous pouvez faire sur un sujet que vous venez dendormir. Cherchez toujours, en vous

perfectionnant dans lart du magntisme, faire du bien autour de vous. Et si vous

savez que votre sujet est buveur, querelleur, fumeur ou coureur, tchez, son insu, de

le corriger de ses dfauts.

Quand il est endormi, soit par le regard, soit par la suggestion, ordonnez-lui

douvrir les yeux, ou ouvrez-lui, vous-mme, en touchant lgrement les paupires ;

ce simple geste suffit, si vous laccompagnez de lordre bien net : Ouvrez les yeux !

Ensuite vous causez avec lui ; il se peut dabord quil vous rponde par

monosyllabes, ou avec une certaine difficult dmission du son. Il faut alors lui

dlier la langue en passant vos deux mains le long des joues en lui disant : Votre

langue se dlie, vous allez parler, sans difficult, sans fatigue. Je vous ordonne de

parler .

Et quatre-vingt fois sur cent, cette suggestion lui permettra de converser avec

vous comme sil tait veill.

Vous lui faites alors sa petite

Cours Pratique Hypnotisme - Professeur Donato

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