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IntroductionConception de l’Ordre mondial: développement d’une théorie des

relations internationalesPremiers constats 1. Anarchie: la guerre est normale ou plutôt courante. Elle fait partie de la

politique. On ne pourrait l’éviter. L’affrontement militaire est la règle plutôt que l’exception. En fait, la guerre serait la poursuite de la politique des États par d’autres moyens (Clausewitz 1780-1831).

2. Absence d’hiérarchie: tous les États sont égaux en théorie. Les forts étant ceux ayant plus de ressources que les autres. C’est une question de chance et d’opportunités.

3. Cosmopolitisme n’existe pas: l’idée d’être un citoyen du monde avec un grand « M » est une fabulation. En dépit d’un rapprochement évident entre les nations, les individus sont toujours citoyens d’un pays…au mieux de 2 pays. Le web c’est bien beau…mais ça ne vous donne pas une citoyenneté.

Point de départ d’une volonté d’établir une théorie des RI: la Grande guerre (1914-1918)

Cette guerre agira comme point tournant de la mise en place d’une théorisation des relations entres les États. Cette guerre surpasse toutes les autres par le nombre des pays impliqués et par le nombre des décès. On cherche des réponses.

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Zones d’influencesdes puissances à l’époque

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Ch.1: THEORIE DE LA POLITIQUE INTERNATIONALELa Grande guerre (1914-18): le point tournant

Le besoin d’étudier les relations internationales apparaît après la Première guerre mondiale. Ça ne veut pas dire que rien ne s’était fait avant cette date. Disons, que le besoin de comprendre davantage les rouages de la politique internationale (autre que historique) poussera les politologues en devenir, les sociologues et les historiens à établir des règles de compréhension pour monsieur et madame tout le monde.1ère chaire universitaire: 1919 au pays de Galles , mais très tôt les USA seront très influents à ce sujet.

Le traumatisme de la PREMIÈRE GUERRE MONDIALE engendre une réflexion sur les causes de la GUERRE (de cette guerre en particulier) pour comprendre comment faire la Paix.

Le but est alors de comprendre, il y a un désir et une volonté d’aller plus loin que l’Histoire de l’époque, qui est trop événementielle et pas assez explicative.

Contexte : Les USA refusent de tenir rôle qu’ils auraient pu tenir après leur intervention déterminante en 1917. Ils s’isolent. Ils regardent de loin l’Europe s’enliser à nouveau dans une logique de guerre.

Début d’une réflexion sur le rôle de la puissance aux USA.

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1-Les grandes écoles: formation d’une théorie des relations internationalesa) Edward CARR ou la fondation d’une science réaliste

Son ouvrage célèbre : La crise de 20 ans : 1919-1939

Section 1 : son appel au développement d’une science politique internationale.

Britannique de naissance, il est historien de formation, mais il n’est pas satisfait de sa discipline : pas assez explicative et trop éloigné des réalités de son époque (montée du nazisme et du totalitarisme des années 1920). Il souhaite et veut une science objective, du moins qui ne s’occupe pas des motivations des décideurs mais des faits. Pour lui, il y a des causes/effets et donc des facteurs objectifs observables.

Il est réaliste (il n’est pas vraiment l’inventeur de ce terme mais on peut dire qu’il en est le premier promoteur)

le réel de la PI se trouve hors des hommes qui la font, dans la politique elle-même. Ce facteur qui dépasse les hommes, c’est la PUISSANCE

1. C’est le jeu de la conquête ou de la préservation de la puissance qui gouverne.2. Ce fait, dit-il, est universel. Idem dans tous les pays…à toute les époques.DONC : la Politique internationale est l’objet d’étude d’une science objective car on

peut se servir des mêmes outils pour analyser la politique internationale de tous les pays qui est la recherche sinon le maintient de sa puissance.

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Section 2 : La création du réalisme par opposition à l’idéalisme

Idéalisme : croire que les idées des décideurs comptent de manière décisives dans la politique internationale (les années 1920).

Chaque courant se nourrit des failles de l’autre. CARR est l’un des premiers à développer le courant de pensée réaliste. Il le fait par opposition au courant idéaliste qui a, selon lui, lamentablement échoué et il commence par dénoncer leurs fautes. La SDN n’a pas les moyens de ses ambitions.

Pour lui, il y a une crise des RELATIONS INTERNATIONALES (il n’avait pas tort et les événements lui donneront raison : son livre sort en 1939. Peut de temps après, c’est le début de la SECONDE GUERRE MONDIALE). On voit bien qu’il y avait une crise et que la SDN et ses belles idées de paix ont été mises en échec sans difficultés.

Pour lui, cette crise n’est pas politique, parce qu’elle ne met pas en  cause les responsables politiques. Elle est « intellectuelle et morale » parce qu’elle met en cause des intellectuels qui développeraient des idées fausses…qui induisent les décideurs dans l’erreur. L’anarchie est cœur de ses préoccupations. La volonté de puissance pousse les États à la confrontation. Nier cette vérité n’est pas politique…mais une erreur intellectuelle grave.

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Pour lui, la principale source de contamination intellectuelle vient de Bentham, un « libéral » britannique qui a développé une Doctrine du bonheur. De quoi est-il question dans cette doctrine?

les hommes chercheraient rationnellement le bonheur. Toutes leurs actions auraient pour but le bonheur. Quand l’homme est indécis, il se demande : est-ce que ça va m’apporter une plus-value de bonheur ?

Une autre variante des idéalistes trouverait ses racines chez ROUSSEAU les hommes ne veulent pas la GUERRE, c’est l‘État qui la leur impose.

Donc, les libéraux vont crée une doctrine du « droit international » pour ficeler les ÉTATS et les empêcher de se faire la GUERRE…mais ça ne marchera pas (pas de police mondiale)

L’idéalisme de Bentham reposait sur le postulat suivant: les hommes et l’ÉTAT peuvent durablement harmoniser leurs intérêts dans

un régime pacifiste.

impossible pour CARR. Pour lui il y a une incompatibilité des intérêts qui est fondamentale: l’État veut accroître ses capacités afin de satisfaire les besoins de sa population qui en redemande toujours plus…

Donc il y a toujours la GUERRE en dernier recourt pour accroître ses capacités.

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b) Hans MORGENTHAU ou le réalisme heureux

Son ouvrage principal: Politics among nations (1948). Américain, il est réaliste mais il est moins angoissé par la GUERRE

que les autres. Bref, il est moins inquiet que Carr. Il voit un côté « cool » dans la théorie de la puissance : ça ne mène pas forcement à la GUERRE. L’ anarchie aurait ainsi certaines vertus.

Section 1 : Bases de sa théorie

Élève de WEBER, le sociologueOn ne peut pas expliquer tous les phénomènes. Mais on peut les interpréter.

Mais il dit aussi qu’il ne faut pas analyser les motivations idéologiques ou émotionnelles des acteurs…là ne serait pas le problème car, dit-il ces données trop instables pour être mesurées

Toute politique s’inscrit face au pouvoir (le prendre, le garder et l’accroître).

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Section 2 : la puissance

c’est un attribut de l’État. Tout État cherche à augmenter ou à défendre sa puissance.

Reprend la thèse de la puissance de CARR mais lui donne une vraie définition, du moins la précise en 3 critères.- puissance militaire (capacité de déploiement et de frappe)- puissance diplomatique (capacité de persuasion)- puissance économique (capacité de soutient à l’effort de puissance de l’État)

Ce sont des critères rationnels. À partir de ces critères on peut les classer hiérarchiquement. La notion de puissance est donc une finalité théorique et un moyen d’aller plus loin. De là sa typologie de ce que rechercherait les États:

1. statu quo (conservatisme)2. Impérialiste (accroître sa puissance)3. Prestige (influence morale)

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Section 3 : La loi de l’équilibre des puissancesDans un système social complexe tel que la communauté internationale,

automatiquement les différentes unités (État) se positionnent pour une recherche ou un maintient de l’équilibre des PUISSANCES.

Mais ça ne renvoie pas forcement à la GUERRE car il peut y avoir un équilibre un « balance of power » salutaire pour la conduite des R.I.

Son livre est conçu un peu comme un manuel de conduite pour être un bon diplomate.But = préserver une paix fragilisée par les divergences d’intérêts.

Ce but rechercher par les États renvoie à des notions de sécurité et de puissance Mesure de la puissance:1. éléments stables: géographie et ressources naturelles2. éléments changeants: population, industries, forces militaires (technologies).Stratégies pour accroître la puissance:1. Développement de ses forces (contrôle interne)2. Développement de nouvelles alliances (contrôle externe)3. Diviser ses adversaires (diplomatie, publicité, propagande)4. Recourir à des organisations internationales (ONU, OEA) Les points 1,2 et 4 peuvent provoquer le sentiment d’insécurité des autres États

(ex: Allemagne nazie des années 30 ou l’extension de l’OTAN aux anciens pays de l’Est = crainte de la Russie).

Conclusion: système de l’équilibre des forces est purement opératoire et vise la préservation des grandes puissances. Modèle amoral, conservateur et normatif.

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Conditions à respecter dans l’équilibre des forces

1. Il faut plus d’un État de puissance comparable (multipolaire)2. Contrôle externe (jeu des alliances pour empêcher les autres de jouer seul)3. Les États doivent être en faveur du statu quo pour ne pas rompre

l’équilibre4. Capacité de changer d’alliance rapidement s’il le faut5. Être prêt à faire la guerre pour maintenir le statu quo

Exemple de l’Europe au début du XXème et la crise irakienne de 2003. Les 5 points ont fait plus ou moins défaut dans les deux cas. D’où la guerre.

Règles de fonctionnement de l’équilibre des forces1. Diviser pour régner (multipolaire = plusieurs joueurs)2. Créer un système de compensation pour l’État qui s’estime lésé (ex:

Pologne en 1939 face l’URSS)3. Politique d’armement continue (contrôle interne)4. Alliances potentielles (contrôle externe)5. Balancier (volonté de préserver l’équilibre et donc…du statu quo)

Études de cas: Europe du XIXème de Bismarck…avant la Grande guerre.

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Historiquement, dit-il, il y a toujours eu un phénomène de coalition qu’elle soit volontaire ou involontaire.En général, les grands États sont les pivots des coalitions, mais pas toujours. Dans le modèle Bismarkien, l’empire Allemand et la GB sont au cœur du jeu des alliances. Mais ce jeu peut ne pas fonctionner à l’occasion. Des regroupements d’intérêts peuvent se former = France + GB

Les petits États peuvent aussi vouloir mener une politique active et monnayer leur alignement et devenir le maître de l’équilibre.= balancer les États (balance of power). La capacité nucléaire naissante à cette époque (1950) permettra à certains pays (France + GB) de retrouver un peu de leur lustre perdu quelques décennies plus tôt. Aujourd’hui, la crainte de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire démontre la pertinence de cette théorie.

DONC : le réalisme ce n’est pas seulement les puissants qui oppriment les faibles. C’est un ordre réaliste ou chacun peut être le maître de la Balance.

Morgenthau reconnaîtra (il écrit en 1950) l’existence d’une nouvelle puissance, virtuelle celle-là, et qui est un appui de la puissance matérielle. Il voit le rôle important de la dissuasion nucléaire dans la politique des USA surtout depuis l’introduction de l’arme atomique comme arme de guerre. Cette nouvelle arme transformera les RI pour longtemps. Morgenthau n’en saisi pas encore toutes les ramifications.

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c) Raymond ARON entre tradition et renouveau

Son ouvrage majeur : Paix et guerre entre les nations

Section 1 : l’essence des RELATIONS INTERNATIONALES chez ARON

Pour lui les RELATIONS INTERNATIONALES se font entre les États, elles sont inter-étatiques.Il ne dit pas qu’ils n’y pas de relations transnationales, mais il dit que ce n’est pas ça l’important. « Ambassadeur et soldat symbolisent les RELATIONS INTERNATIONALES qui, bien qu’inter-étatiques, se ramènent à la diplomatie et à la guerre » le plus important pour lui, c’est la guerre et comment l’éviter.

C’est le pur réaliste « l’essence des RELATIONS INTERNATIONALES est l’alternance entre la paix et la guerre ». MAIS, pour lui la paix n’est qu’une parenthèse fragile entre les guerres

Pourquoi….tout le temps la GUERRE ??

Il s’appuie sur la définition de l’État par Weber : dans RELATIONS INTERNATIONALES chaque acteur (chaque État) peut utiliser la violence légitime. En RELATIONS INTERNATIONALES personne n’a le monopole de cette violence légitime…c’est l’anarchie….on revient à Carr.

Donc : il y a la GUERRE

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MAIS, il nuance son propos : il n’y a pas de définition claire de la légitimité en RELATIONS INTERNATIONALES, il n’y a pas d’instance supérieure qui dit ce qui est légitime ou non.

Quelle définition utilisée?Aron l’emprunte à un stratège allemand alors quasi-inconnu jusque là : CLAUSEWITZ« la guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » (définition de Clausewitz). Mieux, la guerre serait aussi « la poursuite de la politique d’un État par d’autres moyens ».Pour ARON, la GUERRE est placée sous le signe de la violence. Le but de la guerre est de désarmer l’adversaire…de le contraindre. Cela fait, on passe à autre chose…on réintègre l’État vaincu dans le concert des nations.

ATTENTION : Aron n’est pas un dépressif, il espère que cette situation ne va pas durer. Il cite KANT et son concept de paix perpétuelle= ordre international qui écarte toute guerre n’est pas une chimère mais un idéal raisonnable. Cela ne veut pas dire qu’il soit « idéaliste ».

Il donne des conditions (irréalistes pour certains) à une paix durable:1. une Constitution républicaine ou laïque dans chaque État2. le monde : fédération d’États libres3. le droit international se borne au droit à l’hospitalité universelle

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Section 2 : notion de puissance chez ARON

En anglais (et donc dans les textes de Morgenthau) le mot « power » désigne à la fois « force » et « puissance ». ARON fait cette distinction qui clarifie enfin ce concept fourre-tout chez les francophones.

Il ne s’intéresse pas à la force en soi : ce n’est pas une bonne expression parce que la force utilisée sans intelligence ne sert à rien.

Puissance : il cherche à mieux la définir que Morgenthau- définition substantielle (par le contenu) : terri/pop/armée/richesse- définition relationnelle( par les relations entre un État A et un État B) : capacité à faire en sorte que les conditions du jeu diplomatico-stratégique soient influencées par soi et non par les autres (diplomatie officielle des USA des années ‘60)

Jusqu’ici, Aron ne fait que dire clairement ce qu’ont dit les auteurs classiques avant lui (Carr et Margenthau) sans inventer grand chose. Pourtant, si on parle encore de lui, ce n’est pas seulement pour ses qualités de professeur mais bien parce qu’il a apporté quelque chose à la théorie politique internationale. Qu’en est-il au juste de sa contribution.

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Il dit que la PUISSANCE effective d’un ETAT est liée à la « qualité de la mise en œuvre des ressources de puissance ». Mais ce n’est pas si original que ça parce que Morgenthau l’avait déjà dit à sa manière.

Là où il est plus fort quel les autres, c’est quand il affirme que l’idéologie est une des ressources de la puissance.

ATTENTION ! Ce n’est pas l’idéologie qui est une force en soi, c’est la force de mobilisation autour de cette idéologie qui est facteur de puissance.Il s’appuie sur 2 exemples :– le totalitarisme (ex : force de la mobilisation autour du national-socialisme en Allemagne dans les années 1930)– le communisme en URSS et/ou en Chine

Il assure bien sa théorie quand il affirme que la gloire ou la recherche de la gloire est aussi une ressource de la puissance.

Avant lui, David Hume avait donné une définition de la gloire : « l’amour propre des nations ». Aron donne une nouvelle définition : « La qualité de l’image d’un État aux yeux des nationaux et de l’extérieur ».

Il est presque un précurseur (il écrit dans les années 1960) car il comprend déjà la force de l’image dans la conduite des relations internationales. On le voit bien maintenant dans les guerres récentes contre l’Afghanistan et l’Irak. Les médias sont cœur de ces réalités.

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Section 3 : notion de système international chez Aron

Définition : « l’ensemble constitué des unités politique qui entretiennent les uns avec les autres des relations régulières et qui sont tous susceptibles d’être impliqués dans une guerre générale»

Aron est fonctionnaliste : l’organisation interne de ce tout organisé  qu’est le système international a une valeur explicative. Il est proche de Waltz que nous verrons au point « F » du présent chapitre.

En ce sens, il s’oppose aux structuralistes qui expliquent le système par l’influence que l’environnement a sur lui. Comme si l’environnement pouvait modifier le système…il est contre cette idée. C’est l’environnement (ex.: le commerce avec la Chine) qui s’ajuste au système et non l’inverse. Est-ce que ce système peut être équilibré? Pas vraiment.

Pour Aron, il n’y a qu’une seule paix possible : la paix d’empire, mais elle n’existe plus dans les faits.

Il pourrait y avoir une paix de domination, mais elle est difficile à faire accepter par les autres acteurs (ex.: USA n’ont pas que des amis au sein de leurs propres alliances).

Il évoque aussi une paix d’équilibre, mais elle serait trop fragile et ne pourrait durer. Malgré tout, c’est la seule que l’on connaisse, celle qui est une parenthèse entre deux guerres. Réaliste n’est-ce pas?

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2- Les courants modernesa) Le courant des trans-nationalistes des années 1970

Section 1 : découverte des phénomènes transnationaux

Ce sont Keohane et Nye qui lancent l’idée dans leur ouvrage paru en 1971: Transnational relations and world politics.

Il doivent le terme transnational à Aron qui l’a popularisé, mais ils s’opposent à lui car ce dernier (Aron) n’en voyait pas l’intérêt…seul les États étaient importants à ses yeux.

Définition des relations transnationales : certains phénomènes (économiques, culturels, politiques, etc.) échappent au contrôle des États. Ils affirment que ces relations influencent les États.

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour s’en rendre compte ??Ce sont des événements qui ont mis en valeur l’importance de ces mouvements- développement des firmes internationales- création des ONG, organisations privées qui ont une ambition internationale ; caractère hétéroclite des ONG : elles se définissent négativement, elles ne sont pas gouvernementales.

Donc = l’État n’est plus la référence absolue pour la théorie politique internationale.Il y a 2 nouveaux référents : l’homme individuel et l’humanité

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C’est à partir de ce moment qu’on s’est remis à parler d’une nouvelle organisation du monde = le monde post-WestphalienLe Traité de Westphalie de 1648 avait organisé les relations internationales (le Concert des nations) jusqu’à la fin 19ème siècle. Ce temps est désormais révolu : instabilité fondamentale du nouveau monde parce que les États perdurent où les acteurs transnationaux jouent un rôle de plus en plus important, rendant ainsi la situation intenable.

Section 2 : la doctrine trans-nationaliste

doctrine qui donne privilège aux phénomènes transnationaux dans l’étude des relations internationales. L’État n’est plus le SEUL joueur.

Développement avec John W. Burton et son ouvrage : « World society »= une société mondiale est en train d’éclore et l’importance de l’État dépérit sous nos yeux.

Société mondiale = comme une « toile d’araignée », chaque homme a de multiples relations avec de multiples institutions.

Il est fonctionnaliste =  les hommes qui vivent en société ont des besoins à satisfaire (pour lui, il y en a 2 particulièrement : la sécurité et la prospérité).

Et la forme politique qu’est l’État ne parvient plus à les satisfaire. DONC : les Hommes se tournent vers d’autres acteurs.

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Keohane et Nye ont une pensée libérale = c’est l’homme qui choisit quelle autorité va au mieux satisfaire ses besoins. Ils proposent une analyse de l’histoire comme le passage inévitable vers un autre monde auquel on doit se préparer vision quasi révolutionnaire, Marx n’est pas loin avec sa révolution comme nécessité historique.

Ce qui est chouette avec ces auteurs, c’est qu’ils parlent d’un monde qui change et en ce sens, ils rompent avec le conservatisme ambiant des autres « réalistes » comme Aron qui dit que la paix est une parenthèse entre les guerres et que ça ne changera jamais.

Pour eux donc, il n’y a pas de distinction entre la politique interne et la politique internationale, c'est-à-dire qu’un besoin non assouvi dans l’ordre interne peut avoir des conséquences dans ordre international.

Cinq effets à retenir et qui expliquent cette vision:1. Un changement d’attitude des individus (médias) lié à la connaissance et au

savoir.2. Pluralisme international.3. États sous influencent (groupes de pression)4. L’influence des États seuls a tendance à diminuer5. Les organisations internationales sont des acteurs incontournables.

Conclusion: les acteurs sont de plus en plus inter-dépendants. Le commerce, les communications et d’autres facteurs isolent les belligérants. D`où l’importance accorder au droit international public.

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b) Le débat entre néo-réalisme et néo-libéralisme

Section 1 : le néoréalisme de Kenneth Waltz

Contexte international : 1979 : acte de naissance du néo-réalisme avec le livre de Waltz : théorie de la politique internationale.

Le contexte international favorise le « revival » des thèses réalistes. C’est la renaissance du réalisme.= crise de conscience et de confiance aux USA avec la fin de la guerre du Vietnam et la procédure d’impeachment engagée du Congrès contre NIXON (affaire du Watergate en 1974).

Le président CARTER veut incarner le retour aux principes moraux originels. Mais la politique de puissance des États-Unis a montré ses limites avec la guerre du Vietnam. Il est jugé « mou » et on le jette au poubelle en 1980.

Avec l’élection de REAGAN en 1980, on observe un vrai retour aux thèses réalistes sous l’appellation néo-réaliste. Ce dernier sera même le précurseur d’une nouvelle idéologie: le Hard power que nous verrons plus loin au cours de la session.

Le livre de Waltz est une provocation. Il simplifie à l’extrême et dénonce avec énergie les Anciens. Il propose une théorie radicalement différente.

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Section 2: une vision structuraliste (systémique)

Idée centrale : le système international est différent de la somme des parties qui le composent. Il se suffit à lui-même. Donc : on n’explique pas la politique internationale en regardant seulement les politiques extérieures des États.

Il s’attache à la structure = un ensemble ordonné de relations entre les éléments (États) de l’objet étudié.Les relations entre les éléments, donc entre les États, sont plus intéressantes que les éléments eux-mêmes.

C’est une rupture p/r à la démarche analytique héritée de Descartes = pour résoudre une différence, il faut décomposer le problème en éléments + petits et les analyser chacun à tour de rôle.Pour les structuralistes = ce qui doit être analysé ce sont les relations entre les petits éléments.

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Section 3. la notion de système international

Il critique Aron (qui lui voyait l’influence de l’État sur le système)Waltz est structuraliste/systémiste = ce ne sont pas les États qui l’intéressent, c’est la structure. Il analyse les relations entre les États qui forment un domaine distinct de l’analyse de la politique extérieure des États.

Sa théorie = Les États entrent en interaction et cela a pour conséquence de former un système stable et contraignant qui influence les États…qui les « conservatisent ».

Distinction marquée entre la politique extérieure d’un État et le système international (le premier fluctue et change alors que l’autre est stable et s’impose de lui-même aux États). Les acteurs sont dépassés par un processus qui les englobe. Ils sont dépendants du système international. c’est une idée neuve

Sa théorie récuse aussi des principes fondateurs du réalisme= ses structures ne conduisent pas nécessairement à la guerre.En ce sens, on peut dire qu’il est dans le courant réaliste défensif .

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La théorie du système internationalL’anarchie du système (absence d’ordre) pousse les États à développer des

positions réalistes voire conservatrice (sens de la durée de l’État).

Trois choses à retenir1. Le principe de l’arrangement (survie de l’État par tous les moyens)2. La survie = conservatisme. Les États se ressemblent tous plus ou moins et

veulent se maintenir et durée dans le temps (ex: Chine)3. Le système est envisagé sous l’angle des pôles d’attraction (unipolaire,

bi-polaire ou multipolaire)

Comment ça fonctionne1. La guerre est normale du fait du Self-help (on ne peut compter que sur ses

propres ressources).2. Il y a l’indépendance de la politique internationale et l’inter-dépendance

de la politique nationale des États. C’est le dilemme de la sécurité qui pose des limites à la coopération (puis-je faire confiance à l’autre?)

3. Chaque État ne se préoccupe que de lui-même.4. L’anarchie a ses vertus; il y a des limites à user de sa force…ce qui

poussent les autres à rechercher des solutions diplomatiques.5. L’équilibre des forces est lié à la volonté de survie des États.6. Un système multipolaire (Morgenthau) est dangereux car trop d’intérêts

entrent en conflits. La bipolarité (2 grandes puissances) est plus stable.

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La structure du système de 1945 à celle des années 1990

Realpolitik des années d’après-guerre 1945L’URRS est un allié des USA et de la G-B. contre les forces de l’Axe

(Allemagne nazie, Italie et Japon). Que faire de cet allié une fois le conflit terminé?

1. Churchill se lance le premier (rideau de fer communiste s’est abattu en Europe de l’est). « From Stettin in the Baltic to Trieste in the Adriatic an iron curtain has descended across the Continent ».

2. 1944, les ghettos de Varsovie se révoltent contre les nazis = URSS n’intervient pas (le gmt polonais en exil à Londres ne sera pas reconnu par l’URSS, non plus par la GB).

3. L’impérialisme soviétique est confirmé: refus de l’armée rouge de se retirer des territoires libérés.

4. 1948: crise de Berlin. Début de la guerre froide et du système bipolaire. Doctrine Truman (endiguer le fléau communiste) et plan Marshall de reconstruction.

Conclusion: Le dilemme de sécurité fut posé en terme d’alliance Est-Ouest. Système bipolaire stabilisant. Les gagnants: USA + URSS.

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Stettin

Trieste

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La realpolitik de l’après-guerre froide de 1990La fin de l’hégémonie soviétique sur l’Europe de l’Est = facteurs de

risques…qui prendra la place vacante dans le système?

1. Le système semblait s’orienter vers une forme multipolaire avec une nette dominance des USA…ce qui est moins stable du fait de l’augmentation des dyades (n(n-1)/2) possibles, soit 45 possibilités [10 (10-1)/2 = 45 dyades].

2. Une Europe dénucléarisée est impensable malgré la chute de l’adversaire soviétique….l’arme nucléaire sécurise le système. On ne peut pas « dés inventer » la bombe.

3. Statu quo doit être maintenu au niveau nucléaire.4. Si c’est impossible, gérée la prolifération par l’entremise des

puissances nucléaires (USA, G-B, France).

Conclusion: Conception statique qui perpétue le système actuel des grandes puissances. Le système serait le résultat de l’impossibilité des États à le changer. Les USA s’installeront ainsi dans l’hégémonie face à une Europe incohérente.

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Un nouvel état du monde

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Conclusion

Il y a une nette domination de l’école réaliste et néo-réaliste dans les relations internationales.

Cette école ou pensée a évolué depuis les années 1950 mais elle ne laisse pas grand place aux acteurs autres que les États.

Le statu quo est de mise et pousse les États à s’entendre plutôt qu’à s’affronter directement. En ce sens, Waltz avait raison: le système se suffit à lui-même, s’impose et « conservatise » les États.

Les nouvelles approches critiques cette vision « utilitaire » du système sans pour autant le remplacer véritablement, sauf peut être la montée du trans-nationalisme.