Corrigé

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Laurent Simmen

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Corrigé de l’évaluation presque surprise d’économie

Lundi 8 novembre 2010

Les réponses du corrigé sont volontairement plus développées que ce que je demandais. Les éléments clés figurent en bleu.

1. Que signifie la phrase suivante, extraite du no 830 de Livres Hebdo, daté du vendredi 27 août 2010 ? (4 points) Les vacances d’été n’ont pas profité au marché du livre qui a encaissé en juillet une baisse d’activité de 2 % en euros courants, par rapport à juillet 2009 […]. Cette morosité, que la correction des jours ouvrables ne fait qu’amplifier, se traduit par une nouvelle dégradation de la tendance annuelle. Celle-ci se rapproche désormais de -0,5 % en euros courants, soit -1 % en volume.

Cette phrase signifie qu’on compare les résultats du mêmemois, celui de juillet, sur deuxannéesconsécutives.Unebaissede2%eneuroscourantsindiquequ’onasimplementrelevéleschiffresdeventepourchaquemois,en2009puisen2010,etquecesvaleursontserviaucalcul du pourcentage. L’activité a donc baissé de 2%, sans qu’on puisse attribuerspécifiquementcettechuteàunebaissedesprixouàunecontractiondesvolumesvendus.Ilfaudraitcalculerlavariationeneurosconstants,c’est‐à‐direenéliminantl’évolutiondesprix,pouravoiruneidéedel’évolutiondesquantitésvendues(mesureenvolume).Pourcomparerlesdeuxmois, il fautégalementtenircomptedunombredejoursouvrables.Labaisseobservéepourraiteneffetsimplementrésulterd’unedifférencedanslenombredejoursdevente(si le14juillettombeundimancheparexemple).Lorsqu’onramènelesdeuxmoisaumêmenombredejoursdeventes,onvoitquelemoisdejuillet2010estencoremoinsbonquelavaleurbrutenelelaissepenser.La tendanceannuelle, débutde2010 comparéaudébutde2009, est elle aussi à labaisse:puisquelabaisseestde1%eneurosconstants,donchorsinflation,maisseulementde0,5%en euros courants, on peut en conclure que les prix ont augmenté de 0,5%, ce qui vientcompenserenpartielabaissedesventesde1%.

2. L’année 2009 a-t-elle été une bonne année en matière de ventes de livres ? (4 points) Laréponsedépenddupointdevuequ’onadopte.Sions’entientauchiffrebrut,unehaussedes ventes de 1,5% en euros courants (+1% en volume), le résultat est très honorable.L’année2009esteneffetuneannéederécessionéconomiquedegrandeampleur.Parrapportà2008,quis’étaitachevéesurunecroissancede1%,c’estmieux.Comparé à l’ensemble du commerce, ce chiffre est très bon, puisque les commerces ont vuleuractivitébaisserde2,6%en2009parrapportà2008.Sions’intéresseauxdifférentscircuitsdeventedulivre,lebilanestmitigé:lacroissanceestdue au commerce en ligne (+10,5%). Hors ventes en ligne, la croissance est nulle. Leslibrairiesde1erniveau(‐1%)etdesecondniveau(‐3%)ontleplussouffert.

3. Comment appelle-t-on la structure de marché qui caractérise le secteur de l’édition de livres ? Expliquez. (3 points)

L’éditionde livresestunsecteurconcentré,cequisignifiequ’unpetitnombred’entreprisesdomine le marché. Cette forme de marché, quelques vendeurs face à une multituded’acheteurs,s’appelleunoligopole.L’éditionestunoligopoleparticulier,danslamesureoùlaconcentrationn’éliminepastouteforme de concurrence par des entreprises plus petites. Il existe unemultitude demaisonsd’éditiondetaillemodeste,quiconstituentlafrangedel’oligopole.Onparledoncd’oligopoleàfrange.

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4. Combien y a-t-il de librairies en France ? Expliquez. (3 points) Ilestdifficilederépondreparunchiffreuniqueàcettequestion. Le Centre national du livre (CNL) indique que le nombre total de points de vente sur leterritoirefrançaisestestiméàenviron25000.Parmieux,15000ontuneactivitérégulièredevente de livres. Environ 2000 à 2500 points de vente exercent la vente de livres à titreprincipalousignificatif.L’enquêtede2007surlasituationéconomiquedelalibrairieindépendantepréciseque700à1300pointsdeventecorrespondentàcequelesdiffuseursappellentle«premierniveau».Ilreprésentede60à75%duchiffred’affairesdeséditeurs.Lespetitspointsdeventedeproximitéconstituent lesecondniveau,soitde4000à12000pointsdevente.Sioninclutleshypermarchés,ilfautajouterencore1000pointsdevente.

5. De quelles façons peut-on calculer le PIB ? (3 points) Onpeutmesurerlarichessecrééeparl’activitééconomique(production),regardercommentcetterichesseestdistribuée(revenus),etcommentelleestutilisée(demande).Onobtientlamêmevaleur,maisvuesoustroisanglescomplémentaires.Approche production = Valeur ajoutée + Impôts sur les produits ‐ Subventions sur lesproduits.Approcherevenus=Rémunérationsdessalariés+Excédentbrutd'exploitation(≈cequirestedans l’entreprise) et revenu mixte brut +Impôts sur la production et les importations‐SubventionsApproche demande = Dépense de consommation finale +Formation brute de capital(≈investissement)+Exportationsdebiensetservices‐Importationsdebiensetservices

6. Quelle est la valeur du PIB français ? (1 point) LavaleurduPIB françaisestde1907Mdsd’eurosen2009, soit ‐2,6%par rapportà2008(1950Mds d’euros). L’année 2009 est la plus mauvaise depuis l’après‐guerre. Seules lesannées1975et1993ontconnuunebaisseduPIB,respectivement‐1%et–0,9%.

7. Quelles sont les limites du PIB ? (3 points) Ellessontnombreuses!Envoiciquelques‐unes,relevéesparlacommissionStiglitz:LePIBaétéconçupourlesuiviconjonctureldel'activitééconomique,etiln'estpaslemieuxplacépourapprocherlanotiondebien‐êtredelapopulation.Le mode de calcul du PIB est surtout approprié pour les biens et services marchandsvalorisables à leur prix de marché. Ainsi, le cas des services publics, tels que la santé etl'éducation, fournis à titre gratuit, est problématique. Ils sont comptabilisés à leur coût deproduction,cequiestinsatisfaisant.Ilvalorisepositivementuncertainnombrededépensesquinecontribuentpasdirectementaubien‐être.Lesdépensesdesécuritésontunexempledecesdépensesditesdéfensives.C’estégalement lecasdeseffetsexternesnégatifs,dont leseffetssur lasantéoul’environnementcontribuent à augmenter le PIB (plus de dépenses de santé, activités de dépollution,traitementdesdéchets).LePIBignoreenfinlesactivitésdomestiques,qu'ils'agissedeproductionoudeloisir.Or,lesdeux sont génératrices de bien‐être, soit à travers les biens et services qui sont ainsiautoconsommés,soitdirectementdanslecasduloisir.

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8. Quel est le montant du budget de l’État ? (1 point) En2009,lesdépensesdel’Étatsesontélevéesà404,6Mdsd’eurosalorsquesesrecettesontatteint287,1Mds,soitundéficitde117,6Mds.En2008, ledéficitétaitde55,5Mdsd’euros,correspondantà387,3Mdsd’eurosdedépensespour332,8Mdsd’eurosderecettes.

9. Quelle différence faites-vous entre un déficit et une dette ? (2 points) Un déficit est une différence négative entre des recettes et des dépenses sur une périodedonnée.Une dette est une somme empruntée par un débiteur, qui s’engage à la rembourser à soncréancier,enluiversantgénéralementunerémunérationsousformed’intérêts.S’endetterpermetde seprocurerdes ressources supplémentaires, qu’on remboursepetit àpetit,afindefinancerundéficit,oud’investir.

10. Quel traité fixe des limites au déficit et à la dette des États ? (1 point) Ils’agitdutraitédeMaastricht,adoptéparréférendumenFranceen1992.Ilfixe,entreautres,les critèresdeconvergencequipermettrontauxpaysde la futurezoneeurode rapprocherleurséconomies.Deuxdecescritèresconcernentlesecteurpublic(déficitetdette).

11. Quelles sont ces valeurs limites ? (2 points) Ledéficitdesadministrationspubliques(État,collectivitéslocales,organismesdeprotectionsociale, dont les hôpitaux) ne doit pas dépasser 3% du PIB. En 2009, le déficit publicreprésente7,5%duPIB,après3,3%en2008.Ladettepubliquenedoitpasdépasser60%duPIB.En2009,elles’établissaità78,1%,soit1489Mdsd’euros,après67,5%en2008.

12. Expliquez le mécanisme de l’impôt sur le revenu en France. (3 points) L’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est un impôt progressif. Lepourcentage prélevé sur le revenu augmente en fonction de la tranche de revenus danslaquelleonsesitue.C’estuneimpositionmarginale,danslesensoùlepourcentageprélevéneconcernequelesrevenusdelatranche.Lebarèmeen2010,pourlesrevenusde2009,estlesuivant:

Jusqu’à 5 875 euros : 0,00 % de 5 875 euros à 11 720 euros : 5,50 % de 11 720 euros à 26 030 euros : 14,00 % de 26 030 euros à 69 783 euros : 30,00 % au-delà de 69 783 euros : 40,00 %

13. Quelle est la différence entre une assurance sociale et une aide sociale ? Donnez un exemple pour chacune. (2 points)

Uneassurancesocialefonctionnesurunebasecontributive:ilfautavoirpréalablementverséunecotisationpourbénéficierdel’assuranceencasdebesoin(versementd’uneprestation).Exemples:retraite,assurancechômage.Une aide sociale est versée sous condition de ressources. En dessous d’un certain seuil, onouvre ledroità laprestation.Aucunecotisationn’estexigée.Le financementestassuréparl’impôt.C’est souventun filetdesécuritépourceuxquinebénéficientpasd’uneassurance.Exemples: Revenu de solidarité active (RSA) qui remplace le RMI et d’autres minima,Allocationdesolidaritéspécifique(ASS)pourleschômeursenfindedroits.

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14. Quelles sont les conditions à réunir pour qu’un marché fonctionne dans le cadre de la concurrence pure et parfaite ? (4 points)

condition1:lenombredevendeursetd’acheteursesttrèsélevé(atomicité);condition2: pasdebarrière initiale sur lemarchédes candidats à l’entrée (libre‐échange),doncpasdecollusionspossibles;condition 3: les biens échangés sont homogènes (non différenciables, quel que soit leproducteur).Ilyaautantdebiensquedemarchés.Lesvendeurssontindifférentsàl’identitédes acheteurs et inversement (quelle conclusion en tirer sur la notion de «marché dulivre»?);condition 4: les agents économiques disposent d’une information parfaite sur les prixpratiqués.Lacohabitationdeplusieursprixsurunmêmemarchéest impossible.Hypothèsedetransparence.

15. Quelle rupture majeure John Maynard Keynes a-t-il introduit dans la théorie économique ? (4 points)

Keynes(1883‐1946)romptaveclathéoriestandard(écolesditesclassiqueetnéo‐classique)en justifiant l’intervention de l’État dans les mécanismes économiques (dans la «Théoriegénérale»,1936). Les économistes «classiques» limitaient l’intervention de l’État à sesfonctionsrégaliennes.Poureux, lemarché,etson fonctionnementconcurrentiel,conduisentnaturellement l’économieà l’équilibre.Siunchocseproduit,desmécanismesautomatiquespermettentunretouràl’équilibre.L’interventionéconomiquedel’Étatnepeutquefausserlaconcurrenceetempêcherlesmécanismesnaturelsdecorrectiondejouer.Keynesmontre qu’il n’existe pas demécanisme automatique de retour à l’équilibre, et quel’économie peut durablement fonctionner en déséquilibre. Une intervention volontariste del’État,par lapolitiquebudgétaire,monétaire,desrevenus,permetde luttercontre leseffetsnégatifs des crises.Un encadrement dumarché, par desmécanismesde régulation, permetd’évitersesdéfautsnaturels:spéculation,crises,etc.

QUESTIONSBONUS

16. Comment calcule-t-on le chiffre d’affaires des éditeurs ? (2 points) Lesdonnéessurlechiffred'affairessontdesdonnéesen«prixdecessionéditeur»,etnondesdonnées en prix de vente au consommateur (prix public): par nature, elles tendent àsurreprésenter lepoids ‐ etdonc les évolutionsd'activité ‐des entreprisesayantun circuitcourt de diffusion par rapport à celui des entreprises qui délèguent leurdiffusion/distribution.Eneffet,danscederniercas,leséditeursdoiventbaisserleprixauquelilscèdentleurslivresafinquelesservicesdediffusion/distributionserémunèrent,alorsqueces mêmes coûts sont internes lorsqu’ils se distribuent et se diffusent eux‐mêmes, faisantapparaîtreunprixdecessionplusélevé.

17. Comment expliquez-vous la forte croissance du chiffre d’affaires éditorial dans les années 60, et jusqu’en 1972 ? (2 points)

Je vous renvoie pour la réponse à cette question, à l’annexe 5 du rapport Gaymard, et augraphiquedelapage4,quenousavonslonguementcommentéenTD.J’yreviendraioralementquandjevousrendraivoscopies.