Copré - L'AGEFI avril 2012

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PAGE 10. INDICES | | Avril 2012 | Prévoyance L es statistiques fédérales montrent que le nombre de fondations a baissé très substantiellement, pratique- ment dès le début de la prévoyance professionnelle obligatoire en 1985. Entre 1987 et 2009, le nombre d’institutions de prévoyance (IP) enregistrées est passé de 4237 à 1853 (-2287 unités/ -53,4%). Durant cette même période, le total du bilan des institutions de prévoyan- ce (enregistrées et non enregistrées, publiques et privées) est passé de 167,7 milliards à 599 milliards (+431,2 milliards/ +257,2%). Ainsi, dès le début, deux forces contradictoires ont agi sur les in- tervenants de ce marché: les contraintes économiques (rendements d’échelle) et légales (complexité accrue) ont poussé vers plus de regroupements d’IP alors que la progressive diminution de leur nombre en même temps qu’un accroissement de leur taille moyen- ne ont rendu le processus plus compliqué. Il apparaît ainsi proba- ble qu’en parlant aujourd’hui de futurs regroupements, on parle en réalité d’une évolution du marché dont le gros du mouvement semble avoir déjà eu lieu. L’EXPéRIENCE montre en effet que des tentatives de rappro- chement entre des IP ont lieu probablement quotidiennement en Suisse mais que très peu aboutissent. Pourquoi? On doit tout d’abord se rappeler qu’une IP est dans la majorité des cas une structure juridique indépendante, avec sa culture et ses habitudes de fonctionnement. On doit ensuite se pencher sur les motifs qui poussent une IP à proposer le mariage à une autre. On rencontre des problèmes de gestion de psychologie de groupe très similai- res à ceux qui se développent lors de fusions d’entreprises com- merciales: l’entité fusionnée sera plus importante, d’où parfois la découverte d’«appétits personnels» insoupçonnés au départ. La convergence des motifs et des objectifs est un processus délicat, qui se heurte bien souvent à des écueils qui n’ont que peu de lien avec les problèmes spécifiques que les IP souhaitent résoudre en fusionnant. Est-il en outre excessif de penser que, après des années de réduction de leur nombre et plusieurs crises majeures, des or- ganes d’IP considèrent avoir gagné le droit d’être encore en place pour des années? IL SERAIT toutefois naïf de réduire les causes de la lenteur des regroupements d’IP à des questions de personnalités. En effet, on peut aussi constater que la fortune moyenne par institution (en- registrées et non enregistrées, publiques et privées) a progressé de 11,04 millions en 1987 à 254,7 millions en 2009 (+243,7 millions/ +2207%). Cela signifie que les coûts de fonctionnement par mil- lion gérés ont baissé substantiellement et que les efforts à faire en vue d’obtenir une réduction des coûts par la recherche de rende- ments d’échelle ont fortement augmenté. Les coûts, élément mo- teur objectif des rapprochements, ne sont donc plus aujourd’hui leur principal aiguillon. POUR Y VOIR plus clair, il faut se pencher sur l’évolution des deux grandes masses que les IP ont à gérer: les actifs et les passifs, en particulier de nature actuarielle. En effet, la gestion des actifs pose aujourd’hui des questions inconnues par le passé, en raison de l’extraordinaire volatilité des marchés financiers, et celle des pas- sifs également, en raison notamment des déséquilibres structurels provoqués p.ex. par l’allongement de l’espérance de vie ou par la structure de sa population. On en arrive ainsi naturellement à parler du niveau de profession- nalisme demandé aux organes des IP. En effet, la concentration des montants gérés, alliée à une complexité accrue de la gestion des risques et du cadre légal, sans parler du durcissement des règles ré- gissant la responsabilité des organes, font que l’avenir du membre «de milice» d’organe de direction d’une IP est en question. Vu les multiples compétences qui leur sont demandées, peut-être est-ce là qu’il faut aller chercher les motifs des futurs regroupements. De là à dire qu’ils seront inévitables… Inévitable regroupement de caisses? La concentration des montants gérés ainsi que la complexité de la gestion des risques et du cadre légal plaident en faveur de rapprochements à venir de caisses de pension. LA COLLECTIVE DE PRÉVOYANCE - COPRÉ Trop de spéculation. Et vraiment pas assez d’investissement L orsqu’elles sont confrontées à une sous-couverture, les caisses de pen- sion ne devraient pas d’emblée pen- ser augmentation des cotisations ou réduction des prestations. Elles devraient en priorité s’interroger sur leur stratégie de placement. En effet, de bons rendements financiers composés sur une durée assez longue sont l’instrument le plus efficace pour renforcer leur santé. Le problème est que ces rendements sont teintés d’incertitude, comme en témoignent les déboi- res des marchés des actions depuis une douzaine d’années. Néanmoins, même au cours de cette période tourmentée, l’approche «value» a dégagé de bons résultats. Mais, force est de constater son manque de popularité dans un environnement où prime le «toujours plus, toujours plus vite.» LA RECHERCHE du profit maximal en un minimum de temps est un élément clé pour comprendre pourquoi le système financier s’est emballé jusqu’à sa chute brutale en 2008. L’em- pilement invraisemblable de dettes et l’élabora- tion de produits financiers incompréhensibles n’ont été que les instruments de cette avidité débridée qui, finalement, a détruit une richesse colossale. Avant 2008, la distinction entre investissement et spéculation a été largement oubliée. Dans la seconde, l’actif financier est détenu dans l’espoir que son prix s’apprécie; autrement dit, dans l’es- poir que de plus en plus de personnes voudront l’acheter. Une telle démarche conduit à s’inter- roger sur la psychologie des acteurs financiers et sur les comportements de groupe. Tant que le prix monte, tout le monde se félicite. Mais, lorsque le cours se met à baisser, la même dyna- mique, qui avait encouragé la hausse, peut faire tomber le cours à la cave. AU CONTRAIRE, l’investissement, ou appro- che «value», consiste à étudier la rentabilité de l’actif indépendamment des opinions exprimées par les autres; dans le cas d’une action, il s’agit de se pencher sur l’entreprise sous-jacente. L’achat est justifié si le cours est inférieur à la richesse réelle que cette entreprise est susceptible de gé- nérer au profit des actionnaires. Les dividendes sont la manifestation la plus tangible de cette création de richesse leur revenant. Dans cette démarche, une baisse du cours n’incite pas à ven- dre précipitamment, mais à acheter davantage. D’une part, les spéculateurs vivent dans un ho- rizon temps de quelques fractions de secondes à quelques mois. Plus actifs et nombreux, ce sont eux qui alimentent les mouvements du marché au jour le jour; pour preuve, les actions suisses changent de propriétaire tous les six mois en moyenne, selon les données de la bourse suisse. D’autre part, les investisseurs comptent en an- nées, soit le temps nécessaire aux entreprises pour la mise en œuvre de leurs stratégies et pour en récolter les fruits. «Sur le court terme, la bourse est une machine à voter, mais sur le long terme, elle est une machine à peser», estimait le célèbre investisseur Benjamin Graham (The in- telligent investor). Au bout du compte, surtout lorsqu’une crise remet les pendules à l’heure, la pesée des richesses créées l’emporte sur le vote des spéculateurs. PLUSIEURS études académiques confirment la validité de l’approche «value» dès qu’un horizon suffisamment long est adopté. Cet horizon doit couvrir au moins un cycle économique entier qui dure en moyenne cinq ans. Par exemple, aux états-Unis, les économistes Fama et French ont calculé qu’une stratégie «value» appliquée de 1929 à 1997 surperformait de 0,4% à 0,5% par mois la stratégie «croissance» préférée par les spéculateurs. Capitalisé sur plusieurs années, cet écart devient considérable. La crise de 2008 offre une opportunité pour (re)découvrir les avantages de la sagesse et les vertus cardinales de l’investissement sur les mar- chés financiers: Le jugement. Car il est nécessaire de distin- guer les entreprises qui génèrent de la valeur à long terme de celles qui font le jeu de la spécu- lation, comme par exemple un grand nombre de banques avant 2008. La patience. Car la richesse réelle ne se crée pas du jour au lendemain. La discipline. Car la masse des spéculateurs peut faire assez longtemps illusion, par exem- ple, lorsqu’une tendance haussière est auto-entre- tenue ou attisée par un phénomène de mode. En d’autres termes, un gérant doit être capable d’avoir tort assez long- temps contre les opinions professées par la majorité des intervenants finan- ciers et, souvent, contre l’opinion de ses propres clients. En fait, le risque que ces derniers lui tour- nent les talons conduit la plupart des gérants à se plier aux tendances du moment, de la bulle internet à l’engouement pour les produits struc- turés à base de subprimes. Dans les années 30, l’économiste John Maynard Keynes déclarait déjà que «la sagesse universelle enseigne qu’il vaut mieux, pour sa réputation, échouer avec les conventions que réussir contre elles.» UNE AUTRE VERTU paraît dès lors indispen- sable au maintien d’une politique d’investisse- ment saine: l’indépendance. Il s’agit de la faculté de ne pas subir les pressions d’actionnaires sou- cieux des résultats à court terme de la banque ou de la société de gestion. Plus crûment, il s’agit du luxe de perdre une partie de ses clients séduits par les fausses promesses de la spéculation. Une telle ligne de conduite explique que les gérants qui pratiquent vraiment l’investissement sont rares. Le plus connu d’entre eux, Warren Buffet de Berkshire Hathaway, reste un cas spécial. Plus modestement, en Suisse, IAM se considère comme un acteur de niche. Même après la crise de 2008, de nombreuses caisses de pension demeurent sous l’influence néfaste de la spéculation. La volonté et la fa- culté du gérant de suivre une véritable politique d’investissement sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes, pour s’en affranchir. Il est également indispensable que l’institution de pré- voyance soit convaincue de la pertinence d’une approche à long terme basée sur la création de richesse réelle. La crise permet de redécouvrir la différence entre spéculation et investissement. Seul celui-ci est à même de générer les rendements nécessaires à la santé des caisses. MARCO LONGO Directeur chez IAM UN GÉRANT DOIT ÊTRE CAPABLE D’AVOIR TORT ASSEZ LONGTEMPS CONTRE LES OPINIONS PROFESSÉES PAR LA MAJORITÉ DES INTERVENANTS FINANCIERS.

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Les statistiques fédérales montrent que le nombre de fondations a baissé très substantiellement, pratique-ment dès le début de la prévoyance professionnelle obligatoire en 1985. Entre 1987 et 2009, le nombre d’institutions de prévoyance (IP) enregistrées est passé de 4237 à 1853 (-2287 unités/ -53,4%). Durant

cette même période, le total du bilan des institutions de prévoyan-ce (enregistrées et non enregistrées, publiques et privées) est passé de 167,7 milliards à 599 milliards (+431,2 milliards/ +257,2%). Ainsi, dès le début, deux forces contradictoires ont agi sur les in-tervenants de ce marché: les contraintes économiques (rendements d’échelle) et légales (complexité accrue) ont poussé vers plus de regroupements d’IP alors que la progressive diminution de leur nombre en même temps qu’un accroissement de leur taille moyen-ne ont rendu le processus plus compliqué. Il apparaît ainsi proba-ble qu’en parlant aujourd’hui de futurs regroupements, on parle en réalité d’une évolution du marché dont le gros du mouvement semble avoir déjà eu lieu.

L’ExPérIEncE montre en effet que des tentatives de rappro-chement entre des IP ont lieu probablement quotidiennement en Suisse mais que très peu aboutissent. Pourquoi? On doit tout d’abord se rappeler qu’une IP est dans la majorité des cas une structure juridique indépendante, avec sa culture et ses habitudes de fonctionnement. On doit ensuite se pencher sur les motifs qui poussent une IP à proposer le mariage à une autre. On rencontre des problèmes de gestion de psychologie de groupe très similai-res à ceux qui se développent lors de fusions d’entreprises com-merciales: l’entité fusionnée sera plus importante, d’où parfois la découverte d’«appétits personnels» insoupçonnés au départ. La convergence des motifs et des objectifs est un processus délicat, qui se heurte bien souvent à des écueils qui n’ont que peu de lien avec les problèmes spécifiques que les IP souhaitent résoudre en fusionnant. Est-il en outre excessif de penser que, après des années de réduction de leur nombre et plusieurs crises majeures, des or-ganes d’IP considèrent avoir gagné le droit d’être encore en place pour des années?

IL SErAIt toutefois naïf de réduire les causes de la lenteur des regroupements d’IP à des questions de personnalités. En effet, on peut aussi constater que la fortune moyenne par institution (en-registrées et non enregistrées, publiques et privées) a progressé de 11,04 millions en 1987 à 254,7 millions en 2009 (+243,7 millions/ +2207%). cela signifie que les coûts de fonctionnement par mil-lion gérés ont baissé substantiellement et que les efforts à faire en vue d’obtenir une réduction des coûts par la recherche de rende-ments d’échelle ont fortement augmenté. Les coûts, élément mo-teur objectif des rapprochements, ne sont donc plus aujourd’hui leur principal aiguillon.

POur y vOIr plus clair, il faut se pencher sur l’évolution des deux grandes masses que les IP ont à gérer: les actifs et les passifs, en particulier de nature actuarielle. En effet, la gestion des actifs pose aujourd’hui des questions inconnues par le passé, en raison de l’extraordinaire volatilité des marchés financiers, et celle des pas-sifs également, en raison notamment des déséquilibres structurels provoqués p.ex. par l’allongement de l’espérance de vie ou par la structure de sa population. On en arrive ainsi naturellement à parler du niveau de profession-nalisme demandé aux organes des IP. En effet, la concentration des montants gérés, alliée à une complexité accrue de la gestion des risques et du cadre légal, sans parler du durcissement des règles ré-gissant la responsabilité des organes, font que l’avenir du membre «de milice» d’organe de direction d’une IP est en question. vu les multiples compétences qui leur sont demandées, peut-être est-ce là qu’il faut aller chercher les motifs des futurs regroupements. De là à dire qu’ils seront inévitables…

Inévitable regroupement de caisses?La concentration des montants gérés ainsi que la complexité de la gestion des risques et du cadre légal plaident en faveur de rapprochements à venir de caisses de pension.

La coLLectIve de Prévoyance - coPré

trop de spéculation. Et vraiment pas assez d’investissement

Lorsqu’elles sont confrontées à une sous-couverture, les caisses de pen-sion ne devraient pas d’emblée pen-ser augmentation des cotisations ou réduction des prestations. Elles devraient en priorité s’interroger

sur leur stratégie de placement. En effet, de bons rendements financiers composés sur une durée assez longue sont l’instrument le plus efficace pour renforcer leur santé. Le problème est que ces rendements sont teintés d’incertitude, comme en témoignent les déboi-res des marchés des actions depuis une douzaine d’années. néanmoins, même au cours de cette période tourmentée, l’approche «value» a dégagé de bons résultats. Mais, force est de constater son manque de popularité dans un environnement où prime le «toujours plus, toujours plus vite.»

LA rEchErchE du profit maximal en un minimum de temps est un élément clé pour comprendre pourquoi le système financier s’est emballé jusqu’à sa chute brutale en 2008. L’em-pilement invraisemblable de dettes et l’élabora-tion de produits financiers incompréhensibles n’ont été que les instruments de cette avidité débridée qui, finalement, a détruit une richesse colossale. Avant 2008, la distinction entre investissement et spéculation a été largement oubliée. Dans la seconde, l’actif financier est détenu dans l’espoir que son prix s’apprécie; autrement dit, dans l’es-poir que de plus en plus de personnes voudront l’acheter. une telle démarche conduit à s’inter-roger sur la psychologie des acteurs financiers et sur les comportements de groupe. tant que le prix monte, tout le monde se félicite. Mais, lorsque le cours se met à baisser, la même dyna-mique, qui avait encouragé la hausse, peut faire tomber le cours à la cave. Au cOntrAIrE, l’investissement, ou appro-che «value», consiste à étudier la rentabilité de l’actif indépendamment des opinions exprimées par les autres; dans le cas d’une action, il s’agit de se pencher sur l’entreprise sous-jacente. L’achat est justifié si le cours est inférieur à la richesse réelle que cette entreprise est susceptible de gé-nérer au profit des actionnaires. Les dividendes sont la manifestation la plus tangible de cette création de richesse leur revenant. Dans cette démarche, une baisse du cours n’incite pas à ven-dre précipitamment, mais à acheter davantage. D’une part, les spéculateurs vivent dans un ho-rizon temps de quelques fractions de secondes à quelques mois. Plus actifs et nombreux, ce sont eux qui alimentent les mouvements du marché au jour le jour; pour preuve, les actions suisses changent de propriétaire tous les six mois en moyenne, selon les données de la bourse suisse. D’autre part, les investisseurs comptent en an-nées, soit le temps nécessaire aux entreprises pour la mise en œuvre de leurs stratégies et pour en récolter les fruits. «Sur le court terme, la bourse est une machine à voter, mais sur le long

terme, elle est une machine à peser», estimait le célèbre investisseur Benjamin Graham (the in-telligent investor). Au bout du compte, surtout lorsqu’une crise remet les pendules à l’heure, la pesée des richesses créées l’emporte sur le vote des spéculateurs.

PLuSIEurS études académiques confirment la validité de l’approche «value» dès qu’un horizon suffisamment long est adopté. cet horizon doit couvrir au moins un cycle économique entier qui dure en moyenne cinq ans. Par exemple, aux états-unis, les économistes Fama et French ont calculé qu’une stratégie «value» appliquée de 1929 à 1997 surperformait de 0,4% à 0,5% par mois la stratégie «croissance» préférée par les spéculateurs. capitalisé sur plusieurs années, cet écart devient considérable. La crise de 2008 offre une opportunité pour (re)découvrir les avantages de la sagesse et les vertus cardinales de l’investissement sur les mar-chés financiers: Le jugement. car il est nécessaire de distin-guer les entreprises qui génèrent de la valeur à long terme de celles qui font le jeu de la spécu-lation, comme par exemple un grand nombre de banques avant 2008. La patience. car la richesse réelle ne se crée pas du jour au lendemain. La discipline. car la masse des spéculateurs peut faire assez longtemps illusion, par exem-ple, lorsqu’une tendance haussière est auto-entre-tenue ou attisée par un phénomène de mode. En d’autres termes, un gérant doit être capable d’avoir tort assez long-temps contre les opinions professées par la majorité des intervenants finan-ciers et, souvent, contre l’opinion de ses propres clients. En fait, le risque que ces derniers lui tour-nent les talons conduit la plupart des gérants à se plier aux tendances du moment, de la bulle internet à l’engouement pour les produits struc-turés à base de subprimes. Dans les années 30, l’économiste John Maynard Keynes déclarait déjà que «la sagesse universelle enseigne qu’il vaut mieux, pour sa réputation, échouer avec les conventions que réussir contre elles.»

unE AutrE vErtu paraît dès lors indispen-sable au maintien d’une politique d’investisse-ment saine: l’indépendance. Il s’agit de la faculté de ne pas subir les pressions d’actionnaires sou-cieux des résultats à court terme de la banque ou de la société de gestion. Plus crûment, il s’agit du luxe de perdre une partie de ses clients séduits par les fausses promesses de la spéculation. une telle ligne de conduite explique que les gérants qui pratiquent vraiment l’investissement sont rares. Le plus connu d’entre eux, Warren Buffet de Berkshire hathaway, reste un cas spécial. Plus modestement, en Suisse, IAM se considère comme un acteur de niche. Même après la crise de 2008, de nombreuses caisses de pension demeurent sous l’influence néfaste de la spéculation. La volonté et la fa-culté du gérant de suivre une véritable politique d’investissement sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes, pour s’en affranchir. Il est également indispensable que l’institution de pré-voyance soit convaincue de la pertinence d’une approche à long terme basée sur la création de richesse réelle.

La crise permet de redécouvrir la différence entre spéculation et investissement. Seul celui-ci est à même de générer les rendements nécessaires à la santé des caisses.

Marco Longo

Directeur chez IAM

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