Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... ·...

29
Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE ET SENS D’UNE CÉLÉBRATION » L’ensemble du monde musulman sunnite et shi’ite célèbre Ashûra. Cependant la célébration est différente selon que l’on se trouve dans un courant ou dans l’autre. La différence dans la façon de marquer cet événement réside dans la priorité que l’on accorde à l’événement qui s’est produit ce jour. Pour les uns les sunnites, c’est le jour où le Prophète PSL est arrivé à Médine qui marque le grand tournant dans l’histoire de la révélation et de l’islam. Par contre pour les shî’ites, Ashûra marque les dramatiques événements de Karbala en 680 où al-Hussayn, petit-fils du messager d’Allah trouva la mort. Ce qui en fait un jour de revival, avec tout le rituel de dolorisme qui l’accompagne. Si on remonte aux origines de la célébration de ‘Ashûra, on se rend compte qu’il y avait là une sorte de jonction entre juifs et musulmans autour de la délivrance d’Israël de la tyrannie du pharaon. La question qui est posée dés lors reste de savoir comment cet esprit de collaboration et de reconnaissance n’a pu être sauvé et insuffler la relation interreligieuse. Par ailleurs, 60 ans après la première célébration de ‘Ashûra par le Prophète à Yathrib, son petit fils al Husayn rendait l’âme, suite à la lutte de succession qui opposait les partisans de ‘Alî à Mu’âwiya et à sa famille. Cette mort tragique allait marquer pour de bon la célébration de ‘Ashûra et lui donner deux tons : un ton festif et carnavalesque et un ton triste et endeuillé. Cela peut entraîner à se poser la question de savoir est-ce qu’il est toujours pertinent de sembler porter l’héritage des contradictions politiques de l’époque et de présenter le monde musulman comme deux mondes séparés par un mur dressé depuis l’an 60 de l’hégire. Pour nous, ce colloque est un moment de vérité et de dépassement. C’est un moment où on peut se poser de bonnes questions sur l’histoire et obtenir de bonnes réponses pour le présent et l’avenir. 1- Rencontre entre deux religions Ashûra, 10e jour du mois de muharram, marque le jour de l’an selon le calendrier musulman. Mais il est utile de rappeler que c’est à l’origine une fête juive marquant l’exode des enfants d’Israël après leur délivrance par le prophète Moïse. Des versions qui prétendent que c’était une fête païenne chez les arabes, particulièrement Quraysh qui y observaient un jeûne et recouvraient la Kaaba. Des hadiths rapportés par Ibn ‘Umar et ‘Aisha dans Muslim tentent de créditer cette thèse 1 . Mais les sources les plus diverses et les plus sérieuses font plutôt état de la tradition juive du Yom Kippour que le Prophète découvre pour la première fois à son arrivée à yathrib. Il faut dire que cette hypothèse est plus plausible. En effet la plupart des sources nous renseignent que le Prophète est arrivé en 622 à Médine le jour du Kippour. La tribu israélite qui s’y trouvaient observait ce jour un jeun pour expier 2 et rendre grâce à Dieu qui avait secouru Moïse et les enfants d’Israël en leur donnant la victoire sur le Pharaon. 1 Dr Ahamad al-Sharabâsî : Yas ‘alûnaka fi al-Dîn wal-Dunyâ; t 6 p 103, Dâr al-Jîl, Beyrouth , sd 2 Les juifs demandent pardon pour avoir adoré le veau d’or durant l’exode au moment où Moïse était en retraite au mont Sinai et avait laissé sa communauté sous l’autorité de son frère Aaron. Voir le récit du veau d’or dans le Coran. C’est aussi l’occasion pour eux de demander pardon pour tous les péchés commis au cours de l’année et pour tous les torts causés à autrui. 30

Transcript of Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... ·...

Page 1: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé

« ASHURA HISTOIRE ET SENS D’UNE CÉLÉBRATION » L’ensemble du monde musulman sunnite et shi’ite célèbre Ashûra. Cependant

la célébration est différente selon que l’on se trouve dans un courant ou dans l’autre. La différence dans la façon de marquer cet événement réside dans la priorité que l’on accorde à l’événement qui s’est produit ce jour. Pour les uns les sunnites, c’est le jour où le Prophète PSL est arrivé à Médine qui marque le grand tournant dans l’histoire de la révélation et de l’islam. Par contre pour les shî’ites, Ashûra marque les dramatiques événements de Karbala en 680 où al-Hussayn, petit-fils du messager d’Allah trouva la mort. Ce qui en fait un jour de revival, avec tout le rituel de dolorisme qui l’accompagne.

Si on remonte aux origines de la célébration de ‘Ashûra, on se rend compte qu’il y avait là une sorte de jonction entre juifs et musulmans autour de la délivrance d’Israël de la tyrannie du pharaon. La question qui est posée dés lors reste de savoir comment cet esprit de collaboration et de reconnaissance n’a pu être sauvé et insuffler la relation interreligieuse. Par ailleurs, 60 ans après la première célébration de ‘Ashûra par le Prophète à Yathrib, son petit fils al Husayn rendait l’âme, suite à la lutte de succession qui opposait les partisans de ‘Alî à Mu’âwiya et à sa famille. Cette mort tragique allait marquer pour de bon la célébration de ‘Ashûra et lui donner deux tons : un ton festif et carnavalesque et un ton triste et endeuillé. Cela peut entraîner à se poser la question de savoir est-ce qu’il est toujours pertinent de sembler porter l’héritage des contradictions politiques de l’époque et de présenter le monde musulman comme deux mondes séparés par un mur dressé depuis l’an 60 de l’hégire.

Pour nous, ce colloque est un moment de vérité et de dépassement. C’est un moment où on peut se poser de bonnes questions sur l’histoire et obtenir de bonnes réponses pour le présent et l’avenir.

1- Rencontre entre deux religions Ashûra, 10e jour du mois de muharram, marque le jour de l’an selon le

calendrier musulman. Mais il est utile de rappeler que c’est à l’origine une fête juive marquant l’exode des enfants d’Israël après leur délivrance par le prophète Moïse. Des versions qui prétendent que c’était une fête païenne chez les arabes, particulièrement Quraysh qui y observaient un jeûne et recouvraient la Kaaba. Des hadiths rapportés par Ibn ‘Umar et ‘Aisha dans Muslim tentent de créditer cette thèse1. Mais les sources les plus diverses et les plus sérieuses font plutôt état de la tradition juive du Yom Kippour que le Prophète découvre pour la première fois à son arrivée à yathrib. Il faut dire que cette hypothèse est plus plausible. En effet la plupart des sources nous renseignent que le Prophète est arrivé en 622 à Médine le jour du Kippour. La tribu israélite qui s’y trouvaient observait ce jour un jeun pour expier2 et rendre grâce à Dieu qui avait secouru Moïse et les enfants d’Israël en leur donnant la victoire sur le Pharaon. 1 Dr Ahamad al-Sharabâsî : Yas ‘alûnaka fi al-Dîn wal-Dunyâ; t 6 p 103, Dâr al-Jîl, Beyrouth , sd 2 Les juifs demandent pardon pour avoir adoré le veau d’or durant l’exode au moment où Moïse était en retraite au mont Sinai et avait laissé sa communauté sous l’autorité de son frère Aaron. Voir le récit du veau d’or dans le Coran. C’est aussi l’occasion pour eux de demander pardon pour tous les péchés commis au cours de l’année et pour tous les torts causés à autrui.

30

Page 2: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Selon la tradition islamique, le Prophète avait recommandé aux croyants musulmans de jeûner ce jour comme les juifs. Ces derniers, perplexes devant cette décision de perpétuer un rite juif s’en sont ouverts au Prophète qui leur répondait que les musulmans sont encore plus proches de Moïse que ne l’étaient les israélites. Depuis, les musulmans observent cette recommandation prophétique qui avait établi une sorte de lien entre les deux communautés croyantes par une commémoration commune d’un événement à haute portée historique et spirituelle.

Au demeurant l’observation du jeûne pendant Ashûrâ était une obligation ou tout au moins une forte recommandation jusqu’à ce que le Ramadan fût institué comme mois de jeun. Ce passage de Nawawî rapporté de son livre al-Majmu’ et cité par Sharabâsi est révélateur de l’importance que le Prophète accordait à la célébration de Ashûrâ par le jeûne. Il dit : Nos condisciples se sont divisés à propos du jeun de Ashûra était-il obligatoire au début de l’islam et que par la suite il a été abrogé ou bien n’a-t-il jamais été obligatoire. Ce qui clair dans les propos de Shafi’î c’est qu’il n’a jamais été obligatoire. On a par ailleurs prétendu que c’était obligatoire. C’est le point de vue de Abu Hanîfa3. Mais aujourd’hui le consensus des musulmans est qu’il n’est pas obligatoire mais que c’étai une sunna. Concernant le caractère obligatoire au début, il repose sur ce que l’on rapporte disant que le Prophète PSL a envoyé un homme le jour de Ashûra à sa communauté en leur ordonnant de jeûner ce jour et que ceux qui avaient déjà mangé quelque chose devaient poursuivre le jeûne le restant de la journée. On a rapporté de ‘Aisha qui dit : Le Prophète PSL avait ordonné de jeûner ‘Ashûra avant que le Ramadan ne fût obligatoire. Lorsque le Ramadan fut obligatoire celui qui désirait jeûner ‘Ashûra le faisait et celui qui ne désirait pas le faire ne jeûnait pas4.

Dans tous les cas, l’observation du jeûne de Ashûra est une constante, obligation ou pas. Et les sources les plus plausibles indiquent que c’était une réappropriation de la célébration du Kippour et un lien entre le judaïsme et l’islam dans la continuité de la révélation.

Que reste t-il de cette clairvoyance du Prophète de nos jours ? Lorsque l’on observe les relations entre les musulmans et les juifs, on n’imagine pas qu’il y a un tronc qui les porte toutes deux. On n’a pas souvenir de cette finalité de construire un pont d’entente et de cordialité dont les piliers sont le pardon et le sacrifice et qui était à la base de la sacralité de Ashûra. Il ne reste que le rituel, l’esprit que le messager d’Allah avait voulu insuffler à cet événement s’en est allé. Et le pont s’est effondré.

Pourtant, les croyants que nous sommes ne doivent pas nous complaire dans l’oubli, le Coran nous enjoint de nous rappeler les uns les autres5. Et il est plus que pressant pour les peace builders de ranimer l’âme de la paix entre les religions que le Prophète Psl avait insufflé par la célébration de ce jour qui n’était pas inscrit sur le tableau des célébrations islamiques. Les vicissitudes de la vie et les contingences politiques ne doivent pas tuer en nous l’âme de la paix inter religieuse que le Prophète nous a indiquée, PSL.

3 Pour ce dernier et ses disciples, jeûner ‘Ashûra était une obligation du fait que le Prophète l’avait ordonné et l’ordonne selon les spécialistes de la méthodologie juridique a pour conséquence de rendre les choses obligatoires. Ils s’appuient sur le hadith de Jâbir b. samra qui dit : Le Prophète Psl nous ordonnait de jeûner Ashûra et nous y exhortait lorsque ramadan fut institué il cessa. 4 Sharabâsî: op.cit. p 104 5 Sourate al A’lâ ; verset 10

31

Page 3: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Au demeurant, vivifier l’esprit de Ashûra est d’une importance capitale pour les musulmans de ce 21e siècle où l’islam est accusé d’être une religion d’exclusion, d’agression et de rejet de l’autre6. On voit par là, et on doit le faire comprendre avec force au reste du monde, que le prophète est l’apôtre de la tolérance, de la reconnaissance des autres religions et des initiatives qui rapprochent, il est un constructeur de pont entre les religions et non un bâtisseur de mur7.

Enfin, certains esprits pourraient relativiser ce propos en opposant l’argument selon lequel le Prophète avait demandé de jeûner le 9e jour pour marque la différence avec les juifs, pour éviter la confusion avec la célébration juive. Dans une tradition rapportée de ibn ‘Abbas il est dit : La-in salimtu ilâ qâbila la-asûmanna al-yawm al-Tâsi’8. C’est ce hadith qui serait à la base du couplage du jeune des 9e et 10e jours de Muharram. Mais au début de l’établissement du prophète à Médine qui d’ailleurs conservait encore son nom de Yathrib, c’était le Yom Kippour qui correspondait au 9e jour de Muharram qui était concerné comme l’indiquent toutes les sources. La traduction de ce couplage par un désir de se distinguer des juifs est devenue si répandue. Elle est renforcée par un autre hadith toujours rapporté par Ibn ‘Abbas qui dit : Sûmû al-Tâsi’a wal-‘Ashira walâ tatashabbahû bil-Yahûd9.

Bien que cette interprétation soit répandue, il me semble discutable et en contradiction avec la recommandation initiale qui était faite après enquête. Le fait de ne pas imiter les juifs doit être entendu dans le sens des modalités de célébration autre que l’observance du jeun. Le Yom Kippour est bien un rite juif et c’est en toute connaissance de cause après avoir interrogé les israélites que le Prophète avait recommandé de le célébrer. En plus, il affirme que les événements qu’ils rappellent sont aussi de l’héritage des musulmans et que Moïse qui en est le principal prétexte est plus proches d’eux que des israélites. On ne peut plus dés lors parler de démarcation car il y a déjà co-célébration et un espoir de pardon partagé10. Cet espoir d’absolution à partir de l’observation du jeûne durant Ashûrâ et non Tâsu’â sonne comme une confirmation des croyances israélites qui eux aussi prétendaient que le Yom Kippour expiait les fautes commises et les péchés de l’année écoulée. On peut voir par là une reconnaissance de la validité de cette célébration et de la continuité de la révélation et de la tradition biblique.

Il me semble que la recommandation consistant à jeûner le 9e jour apporte une valeur ajoutée à la célébration juive, en renforçant d’une journée l’action de grâce et d’expiation. Loin d’être une démarcation, il s’agit, à y regarder de plus prés d’une intensification et d’une appropriation. C’est à la fois la continuation de la mission prophétique et son développement. Par contre la recommandation qui dit de ne pas imiter les israélites se limite aux autres formes de célébrations qui sortent du cadre de la spiritualité et de l’unicité de Dieu..

2- Réjouissance et deuil

6 Les caricatures du journal danois et les propos certaines élites, en Occident, tendent à accréditer la thése d’un islam intolérant et belliqueux, antisémite et sectaire. 7 Le mur construit par Israël est la preuve la plus manifeste de l’incompréhension de cet esprit de Ashûra indiquée par le Prophète. 8 « Si je survis jusqu’à l’année prochaine je jeûnerais le 9e jour » L’histoire retiendra qu’il n’a pas survécu à cette année. Mais le fait qu’il l’eût dit suffit pour l’élever au rang de Sunna 9 « Jeûnez les 9e et 10e jours et n’imitez pas les juifs » 10 Dans une tradition du Prophète il est rapporté « Celui qui jeûne Ashûra verra ses péchés de l’année écoulée expiée ».

32

Page 4: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

La célébration de Ashûra telle que vécue durant la vie du Prophète Psl et telle qu’on la vit aujourd’hui présente des disparités. On peut se demander où se trouve la justification e ces disparités. Comment est-on arrivé de la célébration initiale de pénitence et de dévotion à cette célébration festive et carnavalesque ou à celle doloriste et endeuillée ?

Lorsque l’on interroge les sources on se rend compte que les anecdotes racontées pour justifier l’importance de Ashûra et sa célébration festive relatent des événements de délivrance. De Adam à Moïse, en passant par Noé et Abraham, Yûnus et Moïse entre autres, tous les prophètes qui ont été éprouvés par Dieu ont été délivrés le jour de Ashûra. Ce qui forcément peut entraîner à la réjouissance.

Cependant, on peut se poser la question de savoir si la réjouissance carnavalesque est la meilleure façon de rendre grâce à Dieu pour le secours apporté. On doit même se poser la question de savoir si la célébration de Ashûrâ du vivant du prophète était festive. Se poser cette question ne signifie pas que l’on récuse toute manifestation festive. Elle permet seulement de recentrer les choses par apport à leurs origines et à leurs finalités primitives. Elle permet ensuite de suivre la courbe des évolutions et de comprendre les facteurs qui ont entraîné à telle ou telle évolution.

Ce qui est constaté à travers les récits et les sources c’est que la célébration de ‘Ashûra, du vivant du Prophète Psl, n’était pas aussi festive ni doloriste. Cette célébration se limitait au jeun et au jeun seulement. C’est seulement par la suite que cette célébration est devenue une fête particulièrement destinée aux enfants et à la famille, en Afrique et dans les pays du Maghreb. Des hadiths sont recensés dans le but d’encourager la fête au niveau de la famille. On peut citer ce hadith recensée par al-Bayhaqî et al-Tabarâni qui dit : celui qui est généreux avec sa famille le jour de ‘Ashûra Allah sera généreux avec lui toute l’année. Cependant ce hadith est plutôt réputé faible par al-Bayhaqî lui-même et ibn al-Jawzî lui considère comme un hadith inventé même si al-‘Irâqî l’accepte comme bon et que al-Suyûtî l’authentifie. Cependant Yûsuf al-Qardawî considère que al-Suyûtî est assez négligent dans des hadiths pareils11.

Le fait que le Prophète ne célébrât pas ‘Ashûra en dehors du jeun ne signifie pas, cependant, que les festivités dans les limites de la famille et de ce qui est licite en islam ne soit pas acceptées. Il est seulement plus objectif de constater que les influences des autres religions relativement aux célébrations comme le nouvel an ou Noël ont pu entraîner à faire de ‘Ashûra un fête plus joyeuse que spirituelle.

D’ailleurs, il n’y a pas que l’influence des religions révélées mais aussi les réminiscences des traditions et coutumes. Dans toute la région maghrébine et en Afrique de l’Ouest des pratiques carnavalesques sont observées et des pratiques qui sont à la limite des règles et de la morale islamique12. Au Sénégal, la célébration de 11 Yusuf al-Qardâwî : Fatâwâ Mu’âsira ; Dâr al-Qalam , Koweït City1990/1410, p401 12 Depuis longtemps, les peuples d’Afrique du Nord réservaient ce jour, outre au jeûne facultatif, à des festivités carnavalesques dont l’origine remonte à l’Antiquité. " Selon un processus connu ", écrit Laoust, " la croyance s’en allant, le rite seul persiste : la cérémonie, à ses origines d’ordre magique ou magico religieux, perdant un peu chaque jour de son caractère primitif, finit par n’être plus qu’un simple jeu ". [2] Après la cérémonie du feu, nous rapportent encore les ethnologues du début du siècle, " les hommes se déguisent et parcourent les hameaux du voisinage en se livrant à des scènes ordurières les plus extravagantes. Le lendemain, jeunes gens et jeunes filles aiment, dit-on, à s’égarer par couples dans les champs ". in La mascarade de Achoura par Agafay Bennana dans ‘’Signes du Présent » n*6 à chercher dans le web.

33

Page 5: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

‘Ashûra est une sorte de syncrétisme entre le rituel .islamique et les pratiques populaires carnavalesques qui ont peut-être une signification. Cependant, elles sont éloignées de la marque spirituelle qui était à la base de la recommandation du Prophète.

En dehors de ces déguisements et des autres pratiques ironiques et dérisoires qui font qu’on a tendance à croire que Ashûra est une forme de Hallowen musulamn, il y a des pratiques qui sont observées comme le fait d’entoure de Khôl les yeux pour observer Fâtima, la fille du Prophète Psl, entrain d’étaler son linge dans le disque du soleil levant. Certaines personnes estiment que cette pratique est une pratique traditionnelle sur la base d’un hadith cité élevé jusqu’à Ibn ‘Abbas qui dit : celui qui met le khôl le jour de ‘Ashûra ne contractera pas le glaucome. Ce hadith est considéré comme invalide par al-Hâkim et comme un hadith inventé si l’on en croit al-Sakhâwî et ibn al-Jawzî13.

Au demeurant, le khôl a une histoire selon la shî’a qui célèbre ‘Ashûra dans le deuil en mémoire de la mort dramatique de Husayn, petit fils du Prophète et porte étendard de sa famille.

Il n’est pas nécessaire dans le cadre de cette communication de revenir sur les péripéties de la mort de l’imam Husayn. Cependant, il est utile de rappeler que c’est ce drame qui est à la base du deuil observé par la Shî’a le jour de ‘Ashûra et même tout le mois de Muharram. Au contraire des autres courants non shî’ites de l’islam, il s’abstiennent de toute réjouissance et même de toute jouissance des agréments de la vie. Pour eux ‘Ashûra vivifie le drame de Karbala durant lequel leur imam fut tué, le 10 octobre 680 / 10 muharram 61. Depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, les shîtes ne cessent de célébrer ‘Ashûra dans la douleur et le deuil, dans le dolorisme qui prend parfois des proportions que la loi coranique blâme14. C’est cette expression de deuil, exagérée, aux yeux de certains qui ont amené les autres à réagir en faisant de cette célébration un jour de réjouissance et de carnaval tout en justifiant cela par des hadiths et des propos inventés de toute pièce.

Quoi qu’il en soit, l’histoire retiendra que la célébration de ‘Ashûra dans la réjouissance comme dans le deuil n’a pas été connue du vivant du Prophète. Ce dernier avait recommandé le jeun et c’est ainsi que cela a été observé jusqu’à la fatidique date du 10 muharram 61. Et l’appréciation des uns et des autres a dévié ‘Ashûra de sa dimension spirituelle pour en faire un festival ou une commémoration politique.

Conclusion : La célébration de ‘Ashûra qui reflète aujourd’hui une réalité vielle de 15 siècles doit être revue et réajustée pour répondre aux enjeux de l’heure et rester fidèle à l’esprit insufflé par le Prophète PSL.

En effet que cela soit la célébration dite sunnite ou la célébration shî’ite, aucune d’elle ne reflète exactement ce que le Prophète avait enseigné en terme de commémoration en tant qu’action de pour expier les fautes et se remémorer la victoire des prophètes sur les épreuves. Par contre la coïncidence entre un 13 al-Sharabâsî : op cit. p401 14 Les coups de poignards portés sur le corps jusqu’à évanouissement occasionnent des accidents graves et cela enfreint une des finalités de la loi islamiques qui est la préservation de l’intégrité physique et mentale. Au demeurant, des alternatives à ce sang versé pour revivre le martyr de Husayn et des 71 de ses compagnons tués lors de ce drame sont proposés par des savants shî’ites contemporains. Pour eux, le jour de ‘Ashûra, au lieu de se saigner en se fouettant et en se donnant des coups de poignard, chaque shîte pourrait donner de son sang dans les banques de sang.

34

Page 6: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

événement politique et ‘Ashûra a fini par dénaturer cette célébration et à dresser un mur entre les musulmans. Or, les contradictions entre les successeurs du Prophète sont révolues et les événements ne peuvent que nous servir d’enseignements pour que nous ne tombions pas dans les mêmes travers. Or, en s’obstinant à rendre carnavalesque la célébration de ‘Ashurâ dans le même temps que le dolorisme endeuille d’autres frères, on ne fait qu consolider le mur dressé, il y a des siècles par des gens qui ne vivaient pas nos propres enjeux et nos priorités.

Enfin ‘Ashûra mérite que le souffle de spiritualité partagée avec d’autres religions, avec le judaïsme en l’occurrence, serve d’arguments pour démontrer l’ouverture de l’islam, sa tolérance et sa fidélité à toutes les révélations antérieures pour que règne la reconnaissance mutuelle et la paix.

35

Page 7: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Pr Yahya Alawi (Christian Bonaud) (Chercheur ,agrégé d’arabe)

36

Page 8: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

CONTRIBUTION DE Christian Bonaud dit Yahya Alawi Que la paix et le salut soient sur vous Au nom du d’Allah, paix et salut sur Mohammed et sa sainte famille purifiées. D’après l’Imam Sadiq (psl), si on veut faire la ziarra à l’Imam Al Hussein (psl), il faut dire trois fois « Sala lahou Aleyka ya Aba Abdou Lah » Que la paix soit sur toi Ô Aba Abdu Lah et ceux qui ont eu le martyre de avec toi. J’aurais bien voulu être parmi vous pour atteindre le salut suprême avec vous. Mes salutations à vous tant que je subsisterais et que subsistera le jour et la nuit. Que le salut soit sur Al Hussein, sur Ali Ibn Hussein, sur les enfants de Hussein et sur les compagnons de Al Hussein. Plutôt que de reprendre le texte que j’ai écrit et qui sera publié par la conférence, je vais profiter de l’occasion pour tirer des conclusions et des conséquences sur ce qui a été dit jusqu’à présent. Un premier point qui fait apparemment l’unanimité de tous est que le jour de Achoura est le jour du massacre inimaginable, inouï et inhumain, le massacre de la quasi-totalité de la famille du Prophète, en tout cas de tous les hommes de cette famille à commencer par le petit fils bien aimé du Prophète Abu Abd’Allah Al Hussein ibn Ali et la captivité de toutes les femmes et les filles de cette famille dans les pires conditions, présentées comme des esclaves. A coté de ça, on dit qu’il y a certaines sources qui parlent de certaines bénédictions arrivées à certains prophètes : Adam, Noé, Abraham, Moussa… Alors, à supposer sans les discuter que cela soit vrai, je demande à tous en leur âme et conscience : Si vous saviez qu’un certain jour, il est arrivé qu’un de vos aïeuls ait été libéré de prison, qu’un de vos arrières grand pères, ce même jour ait eu un fils, que votre père a été guéri d’une maladie mais il aussi arrivé ce même jour que tous vos enfants , petits enfants, petits fils et petites filles ont été massacrés par des terroristes et les survivants ont été emmenés en captivité, alors chaque année à l’anniversaire de ce jour, qu’est ce qui vient à votre esprit ? Est ce que ce sera la libération de votre aïeul ? Le mariage de votre arrière grand père, la guérison de votre père ou plutôt le massacre de tous vos proches que vous avez connus, que vous avez élevés et de tout leur famille ? Il est évident que pour tout être humain que ce malheur prévaudrait sur toutes les joies qui sont arrivées à ses ancêtres : Le deuil a la primauté sur les joies. C’est un premier point. Maintenant avec ces événements qui sont arrivés aux prophètes antérieurs, on se rend compte en regardant les sources qu’aucun d’entre eux n’a de source valable. Le seul éventuellement où on trouve quelques hadiths est celui du jeûne de Achoura à l’occasion de la libération de Moïse. Mais, voyons ces hadiths de plus près. En vérité, une vingtaine de hadiths du sahih de Boukhari disent explicitement que le jeûne du Achoura est une pratique de la Jahiliya, que les Khoureichites jeûnaient le Achoura dans la Jahiliya. Ces mêmes hadiths nous disent qu’après l’Islam et la prescription du mois de Ramadan, ce jeûne ne fut pas du tout recommandé par le Prophète (que la paix et le salut soient sur lui et les siens) mais simplement laissé à la libre appréciation des gens .

37

Page 9: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Le sahih de Mouslim a dit « on jeûnait le Achoura dans la Jahiliya, lorsque vint l’Islam, celui qui voulait le jeûnait et celui qui voulait le délaissait ». Toujours selon Aicha, lorsque le mois de ramadan fut institué, celui qui voulait, jeûnait le Achoura et celui qui ne le voulait pas ne le faisait pas, et dans ces mêmes hadiths, il est écrit que le Prophète faisait partie de ceux qui ne jeûnaient pas ce jour. Donc une première série d’une vingtaine de hadiths qui nous présente le jeune de Achoura comme une pratique de la jahiliya qui n’a nullement été recommandée par le Prophète (pslf) qui l’avait laissé à la libre appréciation des gens et que lui-même n’a pas pratiqué. Mais les choses se compliquent car il y a une autre série de hadiths qui ne rapportent plus le jeûne de Achoura à la Jahiliya mais aux juifs de Médine et même aux juifs de Khaibar quelque fois. Selon cette série de Hadiths, lorsque le prophète (que la paix et le salut soit sur lui et les siens) est arrivé à Médine, il aurait trouvé les juifs entrain de jeûner le jour de Achoura, il leur aurait posé la question de savoir la raison de ce jeûne et ils lui auraient répondu que c’est en commémoration du jour ou Dieu a sauvé les enfants d’Israël sous la conduite de Moïse et noyé Pharaon. Ils jeûnaient pour remercier Dieu de cela or, ce groupe de hadiths pose de nombreux problèmes. Premier problème : c’est qu’il est en contradiction catégorique avec le premier groupe de hadiths qui attribue le jeûne de Achoura à la jahiliya, les auteurs qui essaient de faire coller les deux font des acrobaties comme on dit en Arabe « faire manger par derrière » et quand bien même on arriverait à un résultat, cela voudrait dire que le jeûne de Achoura serait un bâtard né d’un croisement entre la Jahiliya et le Judaïsme, ce qui ne nous apporte pas grand-chose. Deuxième problème : c’est que le Prophète (pslf), à l’unanimité des historiens est arrivé à Médine au mois de Rabial Awwal, donc tout cela n’a aucun rapport avec Muharram et avec le Achoura alors ceux qui se rendent compte de ce problème essaient de justifier que ce n’est pas au moment où il est arrivé à Médine qu’il les a trouvé entrain de jeûner mais c’est dans cette même année après être arrivé à Médine. Or, il y est arrivé en Rabial Awwal, c'est-à-dire dix mois plus tard, alors pourquoi dire « qu’il a trouvé les juifs entrain de jeûner le jour de Achoura » si c’est dix mois plus tard, mais bref, en admettant cela…. Troisième problème : Les juifs jeûnent le 10e jour de leur année à eux, le dixième jour de l’année juive qui est le Yom Kippour. Le Yom kippour n’a rien a voir avec la sortie des juifs d’Egypte, c’est le jour de Pâques et non le jour de Yom Kippour et le jour de la Pâques, les juifs ne jeûnent pas : Donc il y a une grave confusion ici entre deux commémorations juives, le Yom kippour qu’ils jeûnent mais qui n a rien à voir avec la sortie d’Egypte qui est le jour de Pâques et où ils ne jeûnent pas. Quatrième problème : Quand on compare les calendriers, on a maintenant des instruments avec lesquels il est très facile de savoir avec quelle année chrétienne ou juive ou musulmane correspond telle date, on se rend compte que l’année même de l’arrivée du Prophète (pslf) à Médine et même l’année suivante, Achoura c'est-à-dire le 10e de Muharram correspondait au calendrier hébreu au 11e et 12 e du mois qu’ils appellent Ave qui ne correspond nullement au Yom kippour qui est le 10e du mois de Tichrine soit deux mois auparavant qui à la Pâques qui est le 15 Nissan soit quatre mois auparavant donc aucune des années où le Prophète (pslf) est arrivé à Médine Muharram ne coïncidait ni avec Yom kippour ni avec la Pâques, donc il n’a jamais trouvé les juifs jeûner le même jour de Achoura.

38

Page 10: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Cinquième problème : Avec la même comparaison élémentaire, on peut se rendre compte par compte que le jour de Yom Kippour correspondait au mois de Rabial Awwal l’année de l’arrivée de Prophète (pslf) à Médine donc le Prophète (pslf) a pu effectivement trouver l’année de son arrivée à Médine les juifs jeûner le Yom kippour mais premièrement, cela ne correspondait pas au jour de Achoura ni au jour de la sortie des juifs d’Egypte qui est la Pâques et non le Yom Kippour. En conclusion : Le scénario probable est que ceux qui ont voulu trafiquer dans l’Islam, en l’occurrence les Ommeyades, voulurent restituer, réinstaurer la pratique de la Jahiliya qui était le jeûne de Achoura, ils ont voulu lui mettre une connotation monothéiste en disant que le jour où le Prophète est arrivé à Médine et que les juifs jeûnaient était Achoura et comme personne n’est allé vérifier les correspondances de calendrier, c’est passé comme lettre à la poste comme on dit. Mais en fait, il n y a aucune possibilité de correspondance entre premièrement le Achoura et le Yom Kippour, deuxièment entre l’Achoura et la paques et troisièmement entre le Yom kippour et la sortie d’Egypte. Alors que faire avec le jeûne d’Achoura ? L’Imam Sadiq (psl) lui, nous dit clairement que c’est le jour ou fut tué al Hussein, si tu t’en réjouis eh bien, jeûne ! La famille Ommeyade (Dieu les maudisse) et les gens de Syrie qui les ont aidé à tuer Al Hussein avaient fui, si Al Hussein avait été tué et si ceux qui se sont dressés contre lui revenaient sains et saufs et le Califat revenait à la famille de Abu sofiane de faire de ce jour un jour de fête qu’ils jeûnèrent en action de grâce et au cours duquel il se réjouiraient les enfants. C’est ainsi devenu une sunna de la Famille d’Abou Sofiane et chez les gens jusqu’à ce jour. Tout le monde les a suivis et c’est pourquoi ils jeûnent, réjouissent leurs parents et leurs familles en ce jour. L’imam sadiq (psl) ajouta ensuite « On ne jeûne pas lorsqu’on est touché par le malheur mais en action de grâce lorsqu’on en est préservé or Hussein a été touché par le malheur. Si tu fais partie de ceux qui sont touchés par le malheur, ne le jeûne pas, si on contraire tu fais partie de ceux qui se réjouissent et considèrent comme une bénédiction le fait que les Ommeyades soient à l’abri du malheur, donc jeûne en action de grâce pour Dieu le Très Haut ». Alors comment commémorer ce deuil ? Est-ce avec les larmes ? Certains nous disent que le Prophète (pslf) a dit de ne pas pleurer les morts plus de trois jours. A une personne qui me disait cela un jour, je lui dis que cela est valable pour des personnes comme toi et moi qui n’ont servi à rien pour l’Humanité mais pour quelqu’un comme Al Hussein (psl) dont le monde entier a été crée uniquement pour lui, et pour la descendance de ce Prophète , on doit pleurer jusqu’au jour de la résurrection et c’est ce que dit l’Imam Ali fils de Abu Talib (psl) « En vérité, Dieu le Très Haut regarda la Terre nous choisit et choisit pour nous des fidèles qui se réjouissent de nos joies et s’attristent de nos peines, sacrifient leurs biens et leurs vies pour nous , ceux là viennent de nous et retournent à nous. Tout œil pleura au jour de la résurrection sauf un œil auquel Dieu accorda son ennoblissement qui pleura au mal qu’on a fait à Al Hussein et à la famille de Mouhammad (pslf) ». L’imam Sadiq demanda à un ses compagnons « faites vous des réunions où vous évoquez notre cause ? Bien sur ! Que ma vie soit rançon de la tienne.Faites donc vivre notre cause et que Dieu fasse miséricorde à ceux qui font vivre notre cause » « Si des yeux de quelqu’un qui pense a nous ou qui entend évoquer devant lui nos valeurs et sort l’équivalent aile de mouche (en larme). Dieu lui pardonne ses péchés fussent-ils plus nombreux que l’écume des mers. Le

39

Page 11: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

soupir de l’affligé pour l’injustice qui nous frappa est un louange, son souci pour nous est une adoration et sa garde de notre secret, Jihad dans la voie de Dieu. Il dit encore à un de ses compagnons : toi qui vit en Irak, est ce que tu fais un pèlerinage sur la tombe d’Al Hussein ? Il lui répondit non, je ne le peux pas, il y a beaucoup d’espions du Calife. Si j y vais, ils me liquideraient. Il lui dit mais ne penses tu pas à ce qu’on a fait à Hussein ? Et tu t’effondres de douleur ? Il dit « oui, à tel point que toute ma famille s’en rend compte. Je me prive de manger au point que ça se voit sur mon visage. Dieu fasse miséricorde à tes larmes, tu es en vérité au nombre de ceux qui se réjouissent de nos joies, craint ce que nous craignons. Il dit à ce moment là que s’effondrer pour n’importe quel malheur est détestable sauf pleurer pour Al Hussein fils d’Ali et s’effondrer pour lui car on en est récompensé. L’Imam Rédha (psl) nous dit que Muharram est un mois durant lequel les gens de la jahiliya déclaraient qu’il est illicite de faire la guerre, ainsi les gens de la jahiliya n’y faisaient pas la guerre et voila des musulmans ont considéré licite de verser le sang de la famille du Prophète , porter atteinte à nos dignes épouses, capturer nos filles et qu’ils ont mis le feu à notre camp, pillé tout ce qui s’y trouvait ne firent en rien preuve du respect dû au Messager de Dieu en ce qui nous concerne. En vérité le jour de Hussein a meurtri nos paupières et a fait couler nos larmes. Ce qui nous est cher a été avili en une terre de karballa (malheur et affliction qui nous laissa en héritage l’affliction (karb) et le malheur (balla) jusqu’au jour où tout sera fini. Que ceux qui pleurent, pleurent sur quelqu’un comme al Hussein car pleurer sur lui diminue les grands péchés. Lorsqu’on entrait dans muharram, jamais on n’entendait mon père rire, il était dominé par la peine jusqu’à son dixième jour et lorsque ce jour arrivait, c’était pour lui une journée de peine et de pleurs et il disait « c’est le jour où on a tué Al Hussein ». Celui qui suspend ses affaires le jour de Achoura, Dieu comblera ses besoins en ce monde et dans l’autre monde, celui pour qui le jour de Achoura est jour de peine, de malheur et de pleurs, Dieu fera de lui le jour de la résurrection un jour de joie et de plaisir et ses yeux seront réjouis en nous voyant au paradis. Qui nommera Achoura jour de bénédiction et emmagasinera quoique ce soit chez lui ne verra aucune bénédiction en ce qu’il aura emmagasiné. Il sera rassemblé au jour de la résurrection avec Yazid, Ubeyd’Allah ibn Yazid et Omar Ibn Saad. On a aussi dit que commémorer le jour de deuil de Achoura pourrait faire survivre des divisions au sein de la communauté musulmane. Au contraire, fait l’unité de l’Islam commémorer Achoura est le moyen de faire l’unité car ce qui a fait survivre l’Islam, ce qui a, c’est bien ce jour de Achoura. En ce jour la, il y a bien eu une division, mais non une division entre chiites et sunnites car ceux qui combattaient l’Imam Hussein étaient de gens qui l’avaient invité et qui prétendaient comme ses chiites en bonne partie et des gens qui se trouvaient dans les camps ennemis au contraire ont passé dans le camp de l’Imam Al Hussein au dernier moment. La division est une division entre l’humanité et l’inhumanité, c’est pourquoi quelqu’un comme Gandhi qui était hindou disait que moi j’ai puisé l’esprit de ma révolte dans le soulèvement de l’Imam Hussein à Achoura et Karballa Donc, Toute l’humanité, l’hindou, le musulman, le chrétien…doit trouver le moyen de cette unité dans la commémoration du martyre de Karballa ….. Et en tout endroit et en tout lieu et en tout moment, et en toute personne où on trouve une perfection, l’homme y voit un reflet du divin or, c’est pourquoi tous les hommes, de toutes les races, de toutes les communautés, de toutes les religions, à chaque fois qu’un être humain fait quelque chose de grand, de beau, de noble, de bien, on commémore cet événement que ce soit avec des poèmes, des légendes,

40

Page 12: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

des théâtres, des romans, des films, pour qu’ils servent a former les générations futures et chaque fois qu’un être humain fait quelque chose de mal, de mauvais, de laid, on commémore aussi cet événement pour servir de repoussoir pour les générations futures. Parcourez les pages de l’histoire. Est-ce qu’à travers les pages de l’histoire vous connaissez un seul moment ou un seul endroit qui a trouvé réunies en même autant de qualités, autant de vertus autant de beauté de la part des uns et autant de vilénie, de trahison et d’injustice de la part des autres. Moi, de tout ce que j’ai pu étudié de l’histoire, je n’ai jamais vu un lieu et un jour où une telle réunion de bien faisait face à une telle concentration de Mal. Ça c’est une prescription de la religion de la Fitra, c’est une prescription de l’intelligence et de la raison que partagent tous les humains. C’est ensuite une prescription de la Charia et de l’amour. Quand on dit qu’on aime quelqu’un, le seul critère qui permet de savoir si c’est vrai, c’est de voir si on partage ses joies et ses peines et toute l’humanité est d’accord sur le fait que l’amant partage les peines et les joies de l’aimé. Si quelqu’un ne se réjouit pas des joies de son aimé, ce n’est pas un amant, c’est un prétentieux, un hypocrite. Donc la charia de l’intelligence et la sunna de l’amour nous fait commémorer spontanément le martyre de l’Imam Al Hussein et cela fait aussi partie des prescriptions coraniques « fa zakir houme bi Ayâmi Lah » (Fais leur se rappeler des jours de Dieu) « Waman you hazime cha’arilah, wa inahoû mine taqwâ Khouloub » (celui qui commémore les repéres de Dieu fait partie de ceux qui ont la piété au cœur). Les jours de Dieu (Ayama Lah), les repères de Dieu (Cha’aîra Lah), qu’est ce que c’est sinon les jours, les moments et les lieux où se sont manifestées les perfections divines où les événements qui nous conduisent dans la voie de l’humanité se sont montrés. Certains événements ont alors été pratiqués rituellement comme les Jamarat (lapidation de Satan) dans le hajj, parce que c’est l’endroit où Adam et Abraham ont lapidé Chaytan, on a reçu l’ordre de commémorer cela sous la forme d’un rite mais d’autres événements, d’autres jours de Dieu et d’autres repères de Dieu n’ont pas été instaurés comme un rite, par exemple la bataille de Badr, la bataille de Ouhoud. La bataille de Badr est l’exemple d’un comportement exemplaire des musulmans où ils remportèrent une victoire éclatante. La bataille de Ouhoud est l’exemple d’un comportement négatif des musulmans qui a aussi entraîné une défaite exemplaire. On ne commémore pas ces jours sous la forme d’un rituel mais en les remémorant et dans ces commémorations l’homme est libre puisqu’il ne s’agit pas de rituel. Il n’ y a le Bida que lorsqu’il est question de rituel mais pour la commémoration, l’homme est libre. Quand tous les musulmans ont voulu commémoré la naissance du Prophète, chaque région parmi les musulmans ont institué des festivités qui correspondaient à leur tempérament, à leur nature, à leur région, à leur langue et il n’y a aucun problème la dedans et bien de la même manière, pour commémorer le martyre de l’Imam Al Hussein à Karballa, les fidèles sont libres d’utiliser tous les moyens de deuil qui correspondent à leur région, à leur peuple, à leur langue en tout liberté sans que cela ne puisse jamais être considéré comme une bida puisque cela ne ressort pas du culte mais ce qui est un point ferme et fixe, c’est l’obligation par la loi de l’intelligence, par la loi de l’amour et par les prescriptions coraniques de commémorer les repères de Dieu et de rappeler les jours de Dieu, c’est l’obligation de commémorer par le deuil le martyre de l’Imam Hussein à karballa le jour de Achoura. Wa salamou Aleykoum wa rakhmatoulah wa Barakatahou

41

Page 13: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Cheikh Habib Abdallah Kane (Chef religieux, Islamologue)

42

Page 14: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

CONTRIBUTION DE HABIB KANE du MALI (traduit de l’Arabe) Au nom d’Allah le miséricordieux par Essence et par excellence, paix et salut sur le Prophète illettré et sur sa sainte famille purifiée (qu’Allah le très haut soit satisfait de ceux qui les ont suivis sur le chemin de la vérité évidente et se sont embarqués dans le vaisseau du salut de leur naissance au jour du jugement). Que la paix Assalamou Aleykoum wa rahmatoulilah wa barakatouhou et que la ma miséricorde de Dieu soient répandues sur tout le monde et en particulier sur ceux qui s’accrochent à la corde solide. Nous sommes honorés de participer à ce colloque international annonciateur d’un avenir radieux et qui met à jour des trésors jusque là cachés et l’honneur est d’autant plus grand qu’un tel colloque se tienne dans cette partie de l’Afrique occidentale. Je ne doute pas que ceux qui sont ici présents et ceux qui auront accès à ces retombés trouveront à travers les différents exposés, les discussions , les débats, les échanges et les sublimes leçons qu’on y tirera, de quoi étancher leur soif. Nos remerciements vont d’abord à Allah le très haut, puis à celui qu’il a gratifié de l’honneur d’organiser ce colloque : Je veux nommer ici le génie, le sincère combattant Chérif Mouhammad Ali fils de Chérif Hassan Aïdara (qu’Allah leur donne longue vie ) au service de leur grand père l’envoyé de Dieu (Paix et salut sur lui et sa famille) Nous souhaitons que les participants arrivent au terme de ce colloque à mettre à jour des conclusions qui dévoilent la vérité. La communauté de Mouhammad (pslf) est comme la pluie qui tombe , le bien est à son début et à sa fin. Allahouma salli ala Mouhammad wa Ali Mouhammad. Nous ne souhaitons pas nous retrouver à la fin de ce colloque dans une position où personne ne nous envie comme c’est le cas de beaucoup de rencontres islamiques qui ne sont que des chiffres et des dates qui se répètent comme le jour et la nuit sans finalement aucune utilité. L’espoir en Dieu est grand, car nous avons derrière ce colloque des hommes et des femmes qui croient en leur seigneur et qui se donnent corps et âme dans l’action pour l’Islam et avec désintéressement , leur seul objectif étant de porter haut le flambeau et à leur tête le libre combattant Chérif Mouhammad Ali Aïdara (qu’Allah l’assiste). Nous avons le droit d’être optimiste quant aux résultats probants de ses efforts et de son combats car Allah le très exalté a dit « Ceux qui fournissent des efforts pour notre cause, nous leur montrerons notre voie ». Dans l’espoir de la réalisation de cette promesse divine, ce colloque va lever le voile sur la question de Achoura qui est très controversée. En se référant aux écrits du grand savants Ibn Khatir dans sa synthèse qui disait : « les ennemis des Ahlul Bayt (la famille du Prophète), parmi les habitants de Syrie se sont habitués après le massacre de Karbala à fêter le jour de Achoura . Ils se préparaient et préparaient tout ce qui était destiné à la fête , se montraient joyeux par animosité envers les partisans de la famille du Prophète, ceux là qui ont refusé l’élection de la Saqifa ». De cette affirmation de Ibn Khatir, il apparaît que le caractère festif, carnavalesque d’Achoura n’est qu’une tradition Omeyyade,Yazidienne, Marjairienne, Ziadienne. Ils l’ont institué pour se venger de la famille du Prophète.

43

Page 15: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Peu de penseurs et d’écrivains ont pris conscience de cela et ont attiré l’attention des gens sur le caractère non recommandé de jeûne d’Achoura . Parmi ceux-ci, on peut citer la famille Mbodja, les fondateurs de la Zawiya Akhdariya de quartier Darou Salam de Bamako car sur beaucoup d’autres questions ils partagent l’avis des chiites comme l’essuyage des pieds dans le Wudu (petite ablution), le divorce et tant d’autres. Ils s’abstiennent de jeûner le jour de Achoura et se détournent des pratiques que la plupart des gens font le jour d’Achoura, d’ailleurs, il n’est pas étonnant de voir cette famille Alaouite dans cette clairvoyance puisque leur connaissance de l’Islam dans ses dimensions ésotériques et exotériques leur permet de percevoir ces vérités et ceux qui ont le minimum de culture religieuse ou de connaissance gnostique en Afrique Occidentale se trouvent dans leur sillage. les habitants de la Syrie considéraient Mwawiya et les Banu Omeyya (Omeyyades) comme membres de la famille du Prophète et ont transmis ces calomnies à leurs descendants. C’est pourquoi le grand érudit Chérif Mohammad ibn Mouhammad Saghir Ould Mbodja qui n’a jamais accepté ce jeu des Omeyyades a dit dans un de ses écrits où il clarifiait ses positions et donnait conseils à ses frères les invitant à l’abandon du fanatisme obscurantisme et du tribalisme. En parlant de Achoura et de son héros Al Hussein (paix et salut sur lui) qui a eu ses positions en ce moment là et qui sont perpétuées jusqu’au jour de la résurrection, il serait bon de parler du sentiment des africains de manière générale qui est celui du refus et du sacrifices….. Je n’exagère pas si je dis que le sentiment de la plupart d’Africains est l’amour envers le Prophète et sa famille (pse) qu’ils privilégient sur tous les autres malgré l’intensité des allégations mensongères et des déformations. Combien cette impression est confirmée par le penseur et philosophe son excellence Cheikh Amadou Hampaté BA lorsqu’il disait «les musulmans d’Afrique sont tous des chiites partisans de la famille du Prophète même s’ils n’en sont pas conscients, la preuve est que quand tu cites devant n’importe quel musulman africain un des compagnons du Prophète (pslf) en te limitant aux deux cheikhs ou Zi nourayni et autres, tu ne vois aucune réaction de sa part, il reste froid , sans mouvement mais il suffit de citer le nom de l’Imam Ali pour percevoir une réaction reflétant l’amour, l’affection et le respect pour ce dernier. Il répète : Badara, Badara Ali en claquant les doigts. D’où vient ce sentiment pour l’Imam Ali ?... » Cheikh Hampaté BA poursuit « les habitants de Hawd à la frontière entre le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, quand ils sont importunés par quelqu‘un et veulent l’injurier, disent : - Celui-la est plus maudit que Yazid ou bien : - que la malédiction qui frappe Yazid soit sur lui ou : - Maudit comme Yazid ». D’où vient la connaissance des africains musulmans de Yazid et de sa mauvaise politique ? Ce sont ces même musulmans d’Afrique qui disent que l’Imam Ali est parfait comme la pleine lune et qu’il était aussi le héros de la bataille de Badara. Ce qui les emmène à lui coller ce surnom de Badara. D’où vient à l’Africain musulman l’information selon laquelle il existait dans l’histoire un homme qui s’appelait Yazid et que celui-ci était maudit ? Yazid qui a terni l’histoire de l’Islam en particulier et l’histoire de l’humanité en général avec sa main criminelle et despotique en ce jour triste et mémorable d’Achoura en tuant Al Hussein fils de Ali et Fatima (paix et salut sur eux) petit fils du Prophète de l’humanité et de la miséricorde , de l’amour et du pardon. Ironie de l’histoire, ce massacre a été accompli au nom de la religion de Mouhammad (pslf), ce qui a emmené certains (Qu’Allah ferme leurs bouches) à dire ;

44

Page 16: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

« Hussein a été tué par l’épée de son grand père ». Il n’est alors pas étonnant d’entendre Yazid dire par la suite (Qu’Allah le maudisse jusqu’au jour de la résurrection) en chantant la gloire de ses ancêtres « j’aimerais bien que mes parents qui sont morts à Badr soient présents ce jour, alors ils auraient été fiers de moi et auraient dit : (- O Yazid ! pourvu que ta puissance ne s’affaiblisse) Quand Hachim s’est emparé du pouvoir, aucune révélation n’est descendue du ciel… « Je ne suis pas d’accord avec ceux qui mettent tous les Sahabas au même niveau en déformant l’histoire, non, ceux qui ont adhéré avant fathar Makka (la conquête de la Mecque) et se qui sont venus après ne sont pas égaux. J’aime tous ceux qui on cru loyalement au Prophète et ma malédiction est sur ceux qui injurient Ali car ceux là sont des hypocrites avérés. Je suis contre ceux qui ont tué l’imam Hussein et m’oppose à leur visions et actes…. ». Cette affirmation est de Cheikh Tahirou Doucouré (qu’Allah te donne longue vie Monsieur Doucouré, qu’il te garde pour l’Islam et les musulmans. Notre souhait pour Chérif Mohammad Ali Aïdara est qu’il aille de l’avant dans ses efforts et dans ses combats et qu’il ne se laisse divertir par personne , (qu’Allah le soutienne). Même s’il faut tomber en martyr ( ce que nous ne souhaitons) : c’est la voie des Ahlul Bayt car celui qui tombe en défendant la vérité, sans aucun doute entre dans l’histoire de l’éternité. A ses lieutenants, je conseilles de poursuivre avec lui pour la vérité et l’intérêt des musulmans partout à travers le monde. Mon espoir est sur ses lieutenants qui doivent continuer dans cette voie et écouter les appels de secours des gens qui, même s’ils voient loin, leurs moyens sont limités. La volonté d’Allah (Dieu merci) s’est accomplie à travers les Africains et ils doivent l’en remercier d’avoir remporter cette cagnotte de l’amour à travers la famille du Prophète (Paix et salut sur eux) Compte tenu de l’étroitesse du temps, nous allons conclure par la citation d’un des savants libres du Sénégal, ancien conseiller culturel du Président Senghor qui chantait en toute liberté et franchise l’homme croyant à la conscience exaltée dans son livre « wahyoul akhida fi sa’aaht chariha wa hagiya »…. Assalamou Aleykoum Wa rahmatoulahi wa barakatouhou !

45

Page 17: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

PHOTO TAHA AHMAD SOUGOU

46

Page 18: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

CONTRIBUTION DE Taha Ahmad SOUGOU

« ACHOURA N’EST PAS UN JOUR DE FÊTE » Achoura, le dixième jour du mois de Muharram (Tamkharit) est un événement à l’instar de tous les événements religieux qui ont eu dans le passé et qui continueront d’avoir des effets, non négligeables dans la conscience collective de la Umma…. On est façonné par ce qui ce dit, par ce qui se fait…. Que l’on soit de ce bord ou de l’autre. Dans le déluge de discours de prédication, notamment sur le Tamkharit, l’opinion musulmane se trouve dans un état de confusion d’une ampleur inconnue La raison apparente de cette situation résulte des variations dans les discours et des incohérences dans les différentes versions qui tentent de justifier le choix sur le dixième jour du mois de Muharram (Tamkharit) pour les festivités marquant le début de l’an musulman. Il peut paraître cocasse de poser la question de savoir : « pourquoi fêter la Tamkharit ? Ou pourquoi attendre le dixième jour pour marquer par des festivités, le début de l ‘an musulman ? ». La réponse, pour nos prédicateurs semble toute simple, mais les amène à de laborieuses démonstrations en évoquant, pour y parvenir, de multiples prétextes tels que :

- c’est le jour où Dieu avait décidé de mettre fin au séjour du couple Adam et Eve au paradis après qu’ils aient eu à goûter à l’arbre qu’il leur était interdit de toucher.

- C est le jour où Noé échappera aux eaux du déluge dans son arche. - C’est le jour où le Prophète Moussa et ses alliés échappèrent à la dictature et

aux poursuites du Pharaon Ramsès II Meiamoun - Ce jour marque l’arrivée de notre Prophète à Médine au terme d’un long

voyage lors de son hégire. - Jeûner le dixième jour : on nous dit que le Prophète Mouhammad (psl) de

retour de son dernier pèlerinage connu sous le nom de « pèlerinage d’adieu » aux juifs, qui avaient l’habitude de fêter ces moments là, pourquoi jeûnez vous ce jour ? ils répondirent ; c’est le jour où notre prophète Moussa avait pris sa revanche sur Pharaon.

- Le Prophète de l’Islam dit : « je suis le premier allié de Moussa, si Dieu me donne vie l’année prochaine alors je jeûnerais ce dixième jour (cf : Bukhary et Muslim). Ces versions, entre autres, méritent toute notre attention et doivent être vérifiées par analyse afin d’arriver à saisir toute la vérité sur le Achoura (Tamkharit). Nous allons, en ce qui nous concerne, choisir celles qui mettent notre Prophète au cœur du débat et l’implique dans la justification du choix de ce dixième jour de, ces mêmes versions qui se sont délibérément gardées de nous révéler que le Prophète de l’Islam se montrait triste en ce dixième jour du mois de Muharram (Tamkharit

47

Page 19: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

depuis qu’il était informé, par révélation de ce qui allait arriver à son fils Al Hussein, à ses compagnons et à tout le reste de sa famille dans le massacre de Karballa. Si nous examinons avec lucidité l’information selon laquelle le Prophète avait décidé, à partir de la réponse des juifs, de jeûner le dixième nous constaterons quelques incommodités pour deux raisons : La première raison c’est que le coran nous enseigne ceci sur le Prophète de l’Islam : « Il ne parle pas non plus d’impulsions, ce n’est là que révélation révélée (Coran, S : 53 V : 3). » La seconde raison c’est que Dieu l’exalté dit a propos de la source juive : « … ils détournent le mot de ses sens et disent : nous entendons mais nous désobéissons » (Coran, S : 4 v : 46). Pour ces deux raisons, il sera exclu que le Prophète de l’islam puisse prendre une information de source juive et prendre aussitôt une décision qui devient exécutoire... D’autant plus qu’il est resté dix ans à Médine avant de s’informer du pourquoi de ce jeûne des juifs… cela mérite réflexion et analyse… En effet, il suffirait d’avoir connaissance de la véritable dimension du Prophète de l’islam, de son rang dans le concert des prophètes et des péripéties de l’histoire de cet appel islamique pour se rendre compte que la vérité sur la Tamkharit est tout autre… Malheureusement, la plupart des livres d’histoire ne reflètent guère la vérité historique ou ne disent pas tout sur le sujet de Tamkharit et sur ses origines…, l’histoire étant écrite par les vainqueurs. Qu’est ce qui s’est réellement passé ? En nous posant cette question, nous voulons inviter à la réflexion et à la vérification des informations par l’analyse, ce qui, forcément, nous amène à nous intéresser à ce qui s’est passé, concernant la vie de la Umma, sous le règne et l’influence des revanchards outranciers de Bani Omeyya (la dynastie Omeyyade). Le massacre de Karballa et ses événements dans ce mois de Muharram (Tamkharit) correspondent à la confrontation entre l’Imam Al Hussein, avec à ses cotés toute la famille du Prophète, ses compagnons et de l’autre coté Yazid fils de Mouawiya qui a le commandement politique de la Umma, ce face à face va continuer jour après jour. Au dixième jour l’Imam Al Hussein et tout le reste de la famille du noble Prophète tombent sous les flèches de Oumar ben Saad le lieutenant de Yazid. La tête de l’Imam coupée de son corps et présentée devant Yazid, qui, comblé de joie, chante les gloires de ses ancêtres vaincus lors de la grande bataille de Badr et les invite, dans ses poèmes, à venir fêter avec lui la revanche d’un fils digne d’être désigné pour venger ses pairs… et décrète le jour désormais fête de la communauté dont il avait la commande…. ! Ainsi, aucun moyen ne sera ménagé ni aucune occasion ne sera raté pour l’implanter et marquer de se empreintes dans la conscience de la Umma. Ces empreintes de Yazid, des Yazidiens et néo-yazidiens continueront d’avoir des effets non négligeables sur le comportement religieux des musulmans sous la forte influence de ceux qu’on fait dire au Prophète ce qui, par la grâce de Dieu, ne résiste

48

Page 20: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

pas à la force du raisonnement si nous acceptons la vérification des théories pas ce redoutable outil « l’analyse » qui est offert et recommandé par le coran. On ne saurait restituer avec exactitude l’histoire complète de l’appel islamique et de son cheminement sans considérer la place importante qu’occupent la réflexion et l’analyse. Cette place tient à la valeur que le Coran accorde à l’intelligence et à la raison critique. Des investigations de ce genre ne manqueront pas de nous amener à penser au deuil lorsque nous célébrons la journée de Achoura ce dixième jour du mois de Muharram…. Bien entendu, des raisons diverses ont amené à l’altération de l’image réelle de l’histoire de l’Islam. En effet, la plupart des récits sur ce qui de près ou de loin touche le Prophète et sa famille soient rédigés sous le règne et l’influence des Omeyyades qui ont manifesté leur haine sans limite contre le Prophète de l’Islam et sa famille. Un triple souci a guidé le choix de ce texte et dans le son présent style :

- Permettre au lecteur d’avoir une vue assez nette de l’histoire de la « Tamkharit »

- Lui indiquer des points de repères à partir desquels il pourrait mener ses propres recherches et investigations pour approfondir sa connaissance sur le sujet :

- Attirer son attention sur les principales questions que les livres d’histoire traditionnels ont occultées volontairement ou involontairement.

Conscient qu’il est difficile d’apprécier la valeur inestimable du sacrifice de l’Imam Al Hussein, je présente mes condoléances à toute la Umma musulmane à l’occasion des ces jours commémoratifs de l’assassinat de l’Imam Maître des martyrs Aleyi Salâm

49

Page 21: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Cheikh Abou Jaafar Mohammed Diabaté (Islamologue)

50

Page 22: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Contribution de Abou Jafar Mouhammad Diabaté (Traduit de l’Arabe)

Je me réfugie en Dieu contre Satan le maudit Que la paix soit sur vous ainsi que sa miséricorde et ses bénédictions Louange à Allah qui a fait dans la commémoration de ses jours des signes évident pour toute personne patiente et reconnaissante. Lui qui a introduit la guérison dans le cœur de ceux qui s’attristent de ce qui arrive aux hommes de Dieu et qui a fait de Achoura le point focal de toutes les tristesses. J’atteste qu’il n y a d’autres divinité qu’Allah l’unique qui n’a pas d’associé qui a interdit l’injustice , a élevé le statut des justes et qui a décrété que les martyrs vaincront l’épée par le sang. J’atteste que notre maître Mohammed est son serviteur et son messager. Celui qui a enduré plus que tout autre prophète. Dieu recommanda à sa communauté de le suivre dans la joie comme dans la tristesse. Ce messager dont la mission a abrogé toutes les autres. Que la paix soit sur lui ainsi que sa famille les imams héritiers qui ont tous été soit assassiné soit empoisonnés. Ainsi qu’à leurs fidèles compagnons, qui les ont défendus corps et âmes. Honorable savants je viens présenter à cette auguste assemblée cette modeste contribution que j’ai intitulée « lamentations sur le souvenir du seigneur des martyr Abou Abdallah » en choisissant l’approche suivante : après l’introduction sur la joie ou la tristesse sur son assassinat et les dures épreuves qui se sont abattues sur la famille du Prophète je parlerai de l’évènement de Karbala du point de vue de la logique humaine et du point de vue de la charia islamique. Ensuite je donnerais quelques exemples où le Prophète a eu à verser des larmes sur les événements de Karbala. Je parlerais également des déformations de l’histoire pour enfin terminer avec la synthèse et la conclusion. Compte tenu du temps limité et du fait que les honorables savants qui m’ont précédé ont pris en compte beaucoup d’aspect de la question, je profite de cette occasion pour dire si Karbala est regardé à travers l’histoire avec la logique humaine et à la lumière des enseignements de charia islamique on se rendra compte de la gravité de l’évènement et la grandeur de son héros notre maître Al Hussein (AS) le petit fils de celui qui est une miséricorde pour toute la création , à savoir le Prophète Mohammed (SAS) qui a apporté l’Islam , une religion de paix et de sécurité, qui sont les visés de toutes les religions et de tous les gouvernement . Cette épreuve de Hussein est une calamité pour toute l’humanité, car les injustice qu’Al Hussein combattait sont toujours présentes dans l’humanité. Monsieur Yahya Bonneaud dans son intervention a cité le sage indien qui s’est inspiré de Achoura pour mener son combat. Beaucoup de penseurs écrivains et poètes chrétiens ont cité l’évènement de Karbala. De la même manière un prêtre a dit dans son livre intitulé « discussion autour de Hussein le martyr » dit je le cite « Si

51

Page 23: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Hussein faisait partie de nous ont auraient construit pour lui dans toutes les villes et dans tous les villages un monument à sa mémoire et ont auraient appelé les gens vers le christianisme au nom de Hussein ». Un autre écrivain de la même appartenance religieuse a dit dans son livre « prise de position avec l’Imam Hussein le martyre de la liberté » je le cite « Hussein a libéré par son sacrifice a libéré les âmes éprises de justice pour le grand bonheur de l’humanité tout en restant collé à la ligne de son grand père le Messager d’Allah. C’est Ibn Hajr Al Asqalani qui disait dans son commentaire des Hamzia de Busayri intitulé Al Fathoul Bari : « pleure quand tu peux et quand tu veux car, vue la dimension du sacrifice de l’Imam et l’ignobilité des actes perpétrés par les ennemis du Prophète et de sa famille ont fait de tous les jours Achoura et de toutes les terres Karbala » et poursuit en disant « pleure autant que tu peux et tous les jours suivant ainsi l’exemple de ton Prophète et l’exemple de Jîbril et de Ali que la paix soit sur eux « et il ajoute « il est du droit et du devoir de chacun d’entre nous de s’attrister de ce qui est arrivé à hussein et de demander à ses proches d’en faire de même ». Nous avons également dans le commentaire des Hamzia de Busayri de Abul Abbas Ahmed Al Tijani affirme la même chose. Un autre livre dans la bibliothèque du roi Abdoul Aziz à Médine sous le titre « Al uyoun al fakhriya wal irchadat al ramziya » évoque les mêmes idées par rapport au deuil de Achoura. Tout comme El Hajj Malick sy que Dieu lui fasse miséricorde dans un long poème expose les tristesses de Achoura en disant « Et auprès de ce luminaire, tel la lune, assassiné à Taffi (Karbala) je sollicite L’acceptation de mes œuvres auprès du très haut Pour cet amour je peine toutes les nuits Maladie chronique et sans remède, Pour que pleure Hossein tout croyant sincère Chaque nuit en cris et en lamentations Je m’étonne de celui qui considère cela un péché que de crier et de pleurer Le jour où l’on a massacré le petit-fils de l’envoyé ». C’est à cela que faisait allusion le Docteur Wahb Zuhayri l’auteur u livre « la pensée islamique et ses arguments » .Il dit : « quand à Achoura c’est un jour de calamités , jour de tristesse et de malheur pour tout les musulmans ». Aboul Hassan Al Nadawi dans son livre intitulé « Al Mourtada Ali Ibn Abi Talib » , en réponse à la fatwa de Ibn Taymiya dit : « Dieu a honoré Hussein par le martyr en ce jour mémorable de Achoura et a maudit ceux qui l’ont tué ou ceux qui ont aidé à son assassinat ou en sont satisfaits. Son assassinat est une grande calamité. » il maudit tous ceux qui ont participé à l’assassinat de Hussein . Le grand romancier arabe docteur Aliou Al Qani affirme dans une de ses productions littéraires : « je suis un sunnite partisan de Hussein à la place des lamentations je préfère la tristesse du coeur, les blessures de Hossein sont miennes, dans mon cœur je ressent l’intensité de Karbala ». Si nous nous referons à nos traditions africaines nous remarquerons que les habitants de Tombouctou de par leur manière de célébrer Achoura étaient tout aussi contre le caractère festif du jour. Les jeunes s’attaquaient aux commerces qui ouvraient ce jour, et se jetaient dans le feu pour commémorer ainsi les tentes brûler à Karbala, phénomène qu’ils appelés en langue Songhaï « Bambabarco » exprimant

52

Page 24: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

ainsi le caractère catastrophique des évènements de Karbala. Comme l’a évoqué mon frère Habib Kane en citant cheikh Hampâté Bâ dans sa réflexion sur la conscience musulmanes des africains qui est une conscience chiite .On peut encore citer beaucoup d’autres écrivains et poètes de Tombouctou qui vont dans le même sens. Mes chères auditeurs, la réflexion est longue, notre temps est limité et nous sommes obligés d’être synthétiques .Je voudrais avant de conclure évoquer un certains nombre d’éléments qui prêtent à confusion tel que le jeûne de juifs en ce jour de Achoura. Mon frère Yahya bannaud a dit l’essentiel sur cette question. Je voudrais simplement ajouter pour attirer l’attention de s gens que le calendrier juif est totalement différent de celui des chrétiens et de s musulmans. Le calendrier juif compte treize pendant que celui des musulmans compte douze mois. Celui qui veut avoir des éclairages sur ces Hadiths et sur leur valeur je l’invite à visiter l’essai de Cheikh Najmoudin Koubassi et celui du Docteur Jamaludin Ben Abdallah. L’Ayatollah Cheikh Ismail Ma’rashi dit dans son ouvrage « Ijmaiyyat fikr Chia » avoir posé la question à un des savant juifs Ilkha Kham s’ils jeûnaient le jour de Achoura, ce dernier lui répondit que c’est des mensonges. Docteur Youssouf Qardawi dans « Kayfa nataamalou maa sounnati nabawiyyati » a lui aussi rejeté toutes ces affirmations sur le jeûne de juifs le jour de Achoura. Je dis à ceux qui ne veulent pas nous voir sur la ligne des Ahlul Bayt pourquoi voulez vous nous empêcher de marcher sur la ligne du Prophète et de sa famille ? Pourquoi voulez vous nous interdire d’être triste pour l’assassinat de l’Imam Hussein et nous imposer le silence ?... Je conclus par l’affirmation d’un des descendants du Prophète qui disait ceci : « rétorque à celui qui nous attaque par des paroles sans preuve que nous nous referons après le Coran, à notre père qui prend de notre grand père le très vénéré maître des envoyés qui lui-même rapporte de Jîbril qui rapporte d’Allah l’exalté, et ceci sans confusions ni fausses interprétations. Que la paix et la miséricorde d’Allah soit sur vous

53

Page 25: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Ibrahima Amadou Sakho(Chercheur,Directeur de l’ IMI)

54

Page 26: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Contribution de Ibrahima Amadou Sakho (traduit du wolof et de l’arabe)

« Le rôle de la commémoration de Achoura dans l’édification des croyants »

Bismillahir Rahmani Rahimi Mon seigneur, propagateur des surfaces (de la terre) et celui qui garde intacte tous les cieux, créateur des coeurs selon leur nature bonne ou mauvaise, envoi Tes meilleures bénédictions et tes faveurs les plus fertiles sur Mohammad Ton serviteur et Ton prophète Qui a bouclé ce qui l’a précédé Et qui a ouvert ce qui était fermé, Celui qui proclame la vérité avec la vérité, Celui qui renvoi les forces du mal Et le broyeur des forces de la perdition. Il est celui en qui tu as mis Ta confiance, le trésorier de Ta connaissance bien gardée Ton témoin le jour du jugement, Ton délégué par la vérité et Ton messager vers la création. Ainsi que sur sa sainte famille les très purs Les seuls guides dans la voie qui mène au Vrai La question qui nous emmène ici est de savoir si Achoura est un jour de fête ou un jour de deuil ? Avant de répondre à cette question, nous devons comprendre ce que nous voulons en suscitant cette interrogation .En tant que musulmans, nous devons savoir ce que l’Islam attend de nous et pour quel objectif notre seigneur a envoyé autant de messagers, particulièrement notre Prophète Mohammed (Paix et salut sur lui et sur sa famille). C’est par rapport à cela que nous pourrons savoir si Achoura est un jour de fête ou un jour de deuil. Après nous expliquerons ce que doit être cette douleur .Est ce une simple douleur ou une douleur qui éduque l’être humain ? « Dis : je ne vous demande aucun salaire si ce n’est l’amour envers mes proches » (Choura verset 23) Dans un autre verset Il nous dit « je ne vous demande aucun salaire si ce n’est pour vous-même » ( Ailleurs Allah ajoute : « Certes, Allah est Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations. (Ahzab verset 56)

55

Page 27: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Allah lui-même nous dit que lui-même prie sur le Prophète (PSLF). Après cela que reste t-il de nos prières si ce n’est une bénédiction pour nous mêmes « Je ne vous demande de salaire si ce n’est ceci : que celui qui le veut prenne une voie vers son seigneur » (Fourqane verset 57) Donc c’est le fait de rechercher un chemin vers notre seigneur qui nous permet de répondre à cette question. Quel est le chemin qui peut nous guider vers le seigneur à travers Achoura et qui fait que nous en faisons un jour de fête ou un jour de peine et de douleur. Auparavant nous devons savoir ce que signifie se faire de la peine pour Achoura. Le temps où l’Imam Hossein a été assassiné correspondait à une époque pourrie où la déviation du message originel de l’Islam atteignait son paroxysme. Mais n’importe qui n’était pas capable de constater cette déviation. Seuls ceux qui sont restés dans la voie droite (çiratal moustaqim) peuvent le sentir. L’Islam étant une religion parfaite comme le dit le verset suivant : « Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée l'Islam comme religion pour vous ». L’Islam étant parfait, le Coran étant complet, seul le sacrifice d’un homme parfait pouvait le sauver, celui qui dans la gnose islamique est appelé Al Insan Al Kamîl ,qui est un homme (ou une femme) qui n’a jamais commis de péché ou d’injustice , seul cette personne pouvait sauver l’Islam et l’Imam Hossein était un être parfait c'est-à-dire un infaillible (ma’ssoum). Le martyr de tout autre homme serait d’abord une expiation pour ses propres péchés avant d’être autre chose. Donc l’événement de Achoura est un symbole pour montrer à l’humanité ce qu’est la lumière de l’Islam jusqu’au jour de la résurrection. Nous voyons donc qu’Achoura est un jour de douleur mais devons nous être consterné par le seul fait que l’Imam Hossein a été si odieusement assassiné ? Non ! Il y a deux façons de se rappeler un disparu : l’une est le cas de la disparition d’un proche parent ce qui entraîne un sentiment naturel de tristesse et de douleur. Mais le sentiment de douleur que l’on éprouve pour l’Imam Hossein est une Ibada (acte d’adoration), une sunna du Prophète (PSLF), et même de tous les autres prophètes. Notre Prophète se rappelait ce jour, ressentait de la douleur et en pleurait avant même que ne se réalise le massacre de Karbala. Tous les livres de Hadith de tous les groupes musulmans (tels que Mustadrakul Sahihayn, Tarikh Ibne Asakir, Maqtal Khwarizmi et Majmauz Zawaid , Tabaqaat Ibne Saad, Tarikh Ibne Asakir, Musnab of Ahmed, Al Mojamul Kabir de tabrani etc. ) sont unanimes la dessus. Ce qui montre que cet événement dépasse l’espace et le temps. L’Imam Ali Ibn Al Hossein ne disait il pas que « tous les jours sont Achoura, toutes terres sont Karbala » .Ce que le Prophète a commémorer avant sa survenue est un événement intemporel. Ensuite le Prophète (PSLF) voulait enseigner aux humains comment le commémorer quant cela se réalisera car Allah lui a fait savoir ce qui aura lieu. Djibril (PSL) lui a amené une poignée de la terre de Karbala en lui disant que c’est sur cette terre que ton fils Al Hossein sera tué. Cette éducation qui doit être en vigueur dans la communauté musulmane recommande aux croyants de célébrer Achoura par des pleurs, car pleurer pour quelque chose signifie que l’on ressent cette chose au plus profond de soi. L’objectif est que les valeurs incarnées par l’Imam Hossein et ses compagnons qui leur a valu le sacrifice de leurs vies soient préservées au sein de la communauté.

56

Page 28: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

Voilà la raison pour laquelle nous les pleurons et non simplement parce qu’ils ont été tués. Hossein est un martyr et son grand père (PSLF) l’a nommé le seigneur des martyrs. Un des savants biographe de l’Imam Hossein disait que si ce n’était la recommandation de la sunna de s’attrister et de montrer des signes d’affliction et de pleurer le jour d’Achoura nous en aurions fait un jour de fête car c’est en ce jour que l’Islam a acquis la victoire éternelle. L’Islam a eu cette victoire avec « Illa man chaa an yatakhiza ila rabihha sabîla » que celui qui le veut prenne une voie vers son seigneur). Cette voie consiste a tirer les enseignements du jour d’Achoura, de ce qui est arrivé à la famille du Prophète (PSLF). Ainsi la réponse à la question est que Achoura est un jour de deuil, de consternation et de chagrin. Ressentir ce chagrin est un acte d’adoration, les larmes qu’on y verse sont des actes de piété. Pleurer quelqu’un qui est mort en défendant la juste cause n’est pas quelque chose que l’islam interdit. Dans le Coran on apprend que le prophète Yacoub (PSL) a pleuré son fils Youssouf (PSL) jusqu’à perdre la vue alors qu’il était un prophète et qu’il savait que son fils n’était pas mort. Le fils de notre prophète, au sujet duquel Il disait « Hossein est de moi et je suis de Hossein », ainsi que ses enfants et ses compagnons ont été égorgés comme des moutons après avoir été assoiffés et leur femmes ont été faites prisonnières après avoir été dénudées. Presque toute la famille du Prophète a été massacrée à Karbala. Cela n’est il pas suffisant pour que les musulmans en fasse un jour de chagrin. L’imam Al Ghazali disait d’après la vision mystique de plusieurs gnostiques que le prophète Mohammed (PSLF) après son décès avait l’habitude de visiter notre monde mais que depuis le massacre de Karbala il s’est détourné de ce monde car il est chagriné par ce que la Oumma a fait et 70 000 anges ont été envoyés pour pleurer sur la tombe de Hossein jusqu’au jour du jugement. . Et cela continue de le chagriner jusqu’à ce jour. Quiconque aime le Prophète (PSLF) dans son cœur doit ressentir du chagrin pour Achoura. Notre responsabilité est de pleurer l’Imam Hossein si nous voulons cheminer sur la voie de la perfection et sur le chemin de l’élévation spirituelle. Même le ciel et la terre ont pleuré Hossein : dans un livre publié en Angleterre intitulé « The anglo-saxon chronicle » où sont relaté les événements marquant de l’Angleterre depuis des siècles ,dans le chapitre de l’an 685 qui est l’année du martyr de Karbala , il est mentionné qu’en cette année en Angleterre il a plu du sang et que le lait et le beurre se sont transformé en sang et nous avons, aussi appris la même chose dans des hadiths authentiques sans qu’il puisses y avoir aucune possibilité de connivence entre ces deux récits. Nous les humains avons plus de responsabilité que les cieux et la terre pour avoir accepté le dépôt divins et que eux ont rejetés, donc nous avons plus d’obligation qu’eux de pleurer Hossein qui est partie intégrante de ce dépôt. C’est la voie la plus rapide pour arriver au vrai tawhid. Que la paix soit sur Hossein, Et sur Ali Ibn Al Hossein, Et sur les enfants de Hossein Et sur les compagnons de Hossein.

57

Page 29: Contribution du Professeur Abdou Aziz Kbaazizkebe.a.a.f.unblog.fr/files/2009/01/livrecolloque... · 2009. 1. 5. · Contribution du Professeur Abdou Aziz Kébé « ASHURA HISTOIRE

« Ô toi, âme apaisée, Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée; Entre donc parmi Mes serviteurs, Et entre dans Mon Paradis ».

58