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Ann. Kinésithér., 1991, t. 18, nO 3, pp. 111-116 © Masson, Paris, 1991 Contraction musculaire sous bandage semi-rigide : MÉMOIRE Étude de son effet sur la résorption lymphatique de protéines marquées P. BOURGEOIS (1), A. PEETERS (2), A. LEDUC (2). (1) Département des Radio-isotopes, Centre Hospitalier Joseph Bracops, 79, rue Dr-Huet, 1070, Bruxelles, Belgique. (2) Service de Réhabilitation Physique, Vrije Universiteit van Brussel, Laarbeecklaan, 1090, Brussel, Belgique. L'effet de contractions musculaires isodyna- miques de la main (durée: 10 minutes) sur la résorption de nanocol/oides technétiés (injectés en sous-cutanée au niveau du ventre de l'avant- bras) a été étudié par Gamma Caméra chez seize jeunes volontaires sains avec (n = 10) et sans (n = 6) bandage semi-rigide multi-cou- ches appliqué à l'ensemble du membre étudié. Sans bandage, aucun effet significatif des contractions musculaires sur la résorption des col/oides n'a pu être démontré. Avec bandage, les contractions musculaires entraînèrent : - une élimination du traceur des vaisseaux lymphatiques du bras et l'accumulation de celui-ci au niveau ganglionnaire axillaire; - une augmentation de la résorption lym- phatique col/oidale débutant entre 5 et 7 minu- Introduction Le traitement physique des oedèmes comporte différentes modalités dont l'efficacité clinique n'est plus à démontrer. Celles-ci consistent en pressothérapie intermittente, drainage lymphati- que manuel et port de bandages. Tirés à part: P. BOURGEOIS, Service de Médecine Nucléaire, Hôpital Universitaire St-Pierre, 322, rue Haute, 1000, Bruxelles, Belgique. tes après le début des contractions; - une stimulation du système lymphatique observable jusque 20 minutes après leur fin. Il en est conclu que : - les contractions musculaires n'influencent pas la reprise lymphatique de col/oides protéi- ques au niveau du ventre de l'avant-bras; - sous bandages semi-rigides par contre, l'exercice musculaire, les mouvements de la main stimulent le système lymphatique super- ficiel, probablement par un effet de presso- thérapie indirecte; - comme tels et parce que le réseau lymphatique superficiel de l'avant-bras repré- sente un site de stase lymphatique dans les oedèmes du membre supérieur, leur port est recommandé dans le traitement « d'attaque» et d'entretien de ceux-ci. Toutefois, si la démonstration de leur effica- cité (1) ou de leur absence d'effet (2-3) sur le système lymphatique et la résorption par celui-ci de protéines marquées a été faite, l'influence du port de bandages sur cette résorption et trans- port lymphatiques n'avait été ni étudiée ni rapportée jusqu'ici. Ce dernier aspect, et plus particulièrement l'étude de l'effet du port de bandages semi-rigides sur le système lymphati- que constitue le but du présent travail. Pour bien comprendre celui-ci, il faut expli- quer au préalable le principe de technique d'investigation qui y sera utilisée (4). La

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Ann. Kinésithér., 1991, t. 18, nO 3, pp. 111-116© Masson, Paris, 1991

Contraction musculaire sous bandage semi-rigide :

MÉMOIRE

Étude de son effet sur la résorption lymphatique de protéines marquées

P. BOURGEOIS (1), A. PEETERS (2), A. LEDUC (2).(1) Département des Radio-isotopes, Centre Hospitalier Joseph Bracops, 79, rue Dr-Huet, 1070, Bruxelles, Belgique. (2) Service deRéhabilitation Physique, Vrije Universiteit van Brussel, Laarbeecklaan, 1090, Brussel, Belgique.

L'effet de contractions musculaires isodyna­miques de la main (durée: 10 minutes) sur larésorption de nanocol/oides technétiés (injectésen sous-cutanée au niveau du ventre de l'avant­

bras) a été étudié par Gamma Caméra chezseize jeunes volontaires sains avec (n = 10) etsans (n = 6) bandage semi-rigide multi-cou­ches appliqué à l'ensemble du membre étudié.

Sans bandage, aucun effet significatif descontractions musculaires sur la résorption descol/oides n'a pu être démontré.

Avec bandage, les contractions musculairesentraînèrent :

- une élimination du traceur des vaisseaux

lymphatiques du bras et l'accumulation decelui-ci au niveau ganglionnaire axillaire;

- une augmentation de la résorption lym­phatique col/oidale débutant entre 5 et 7minu-

Introduction

Le traitement physique des œdèmes comportedifférentes modalités dont l'efficacité cliniquen'est plus à démontrer. Celles-ci consistent enpressothérapie intermittente, drainage lymphati­que manuel et port de bandages.

Tirés à part: P. BOURGEOIS, Service de Médecine Nucléaire,Hôpital Universitaire St-Pierre, 322, rue Haute, 1000, Bruxelles,Belgique.

tes après le début des contractions;- une stimulation du système lymphatique

observable jusque 20 minutes après leur fin.Il en est conclu que :- les contractions musculaires n'influencent

pas la reprise lymphatique de col/oides protéi­ques au niveau du ventre de l'avant-bras;

- sous bandages semi-rigides par contre,l'exercice musculaire, les mouvements de lamain stimulent le système lymphatique super­ficiel, probablement par un effet de presso­thérapie indirecte;

- comme tels et parce que le réseaulymphatique superficiel de l'avant-bras repré­sente un site de stase lymphatique dans lesœdèmes du membre supérieur, leur port estrecommandé dans le traitement « d'attaque»et d'entretien de ceux-ci.

Toutefois, si la démonstration de leur effica­cité (1) ou de leur absence d'effet (2-3) sur lesystème lymphatique et la résorption par celui-cide protéines marquées a été faite, l'influence duport de bandages sur cette résorption et trans­port lymphatiques n'avait été ni étudiée nirapportée jusqu'ici. Ce dernier aspect, et plusparticulièrement l'étude de l'effet du port debandages semi-rigides sur le système lymphati­que constitue le but du présent travail.

Pour bien comprendre celui-ci, il faut expli­quer au préalable le principe de techniqued'investigation qui y sera utilisée (4). La

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lymphoscintigraphie consiste en l'injection- dans le cas présent - sous-cutanée desubstances radiomarquées de dimensions tellesque leur élimination-clearance se fait via lesystème lymphatique. L'utilisation d'appareil­lages scintigraphiques adéquats - ici une gam­ma-caméra - permet alors via la détection durayonnement émis par le radio-isotope qui leurest lié, d'étudier, de quantifier leur éliminationdu site d'injection, de visualiser les vaisseauxlymphatiques à travers lesquels migrent cesparticules marquées et enfin, de visualiser lesstructures ganglionnaires qui « terminent» cesvaisseaux lymphatiques et au niveau desquels cessubstances de nature colloïdale s'accumulent(captées par les cellules du système réticuloendo­thélial).

Matériel et Méthodes

Po PULATION ÉTUDIÉE

Les investigations ont été réalisées sur 16 jeunesvolontaires sains (7 de sexe féminin, 9 de sexe masculin,âge moyen = 24 ans, limites d'âge: 20-31 ans) ayantdonné leur accord informé à la réalisation du protocoleexpérimental.

Toute pathologie ostéoarticulaire, ostéotendineuse oucutanée passée ou présente de même que toute médicationpouvant altérer la réponse du système lymphatique dumembre étudié fut exclue dans chaque cas.

Pour chaque volontaire-membre étudié, la contractionmaximale (fermeture de la main) a été établie à l'aide d'unepoire manométrique.

GROUPES EXPÉRIMENTAUX

Dans le cas de six volontaires, l'effet des contractionsmusculaires seules sur la résorption des protéines mar­quées injectées au niveau du ventre de l'avant-bras(groupe 1), a été étudiée sans bandages (groupe contrôle).

Dans le cas des dix autres sujets, l'effet de cescontractions musculaires a été étudié un bandage multi­couches ayant été appliqué sur l'ensemble du membre(groupe II). Ce type de bandage est appliqué de la manièresuivante :

- des bandes mousses d'un centimètre d'épaisseur sontplacées circulairement et recouvrent tout le membre;

- 4 à 5 bandes peu élastiques sont alors lissées sur lemembre.

PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL

Dans le cas des deux groupes expérimentaux et aprèsinjection du traceur marqué (voir protocole scintigraphi­que), les sujets sont placés devant le champ d'unegamma-caméra. Le bras et le creux axillaire sont inclusdans les limites de celui-ci et le point d'injection est placéhors du champ de vision de la caméra. Pendant vingtminutes (après le début de l'enregistrement scintigraphi­que dynamique), le membre reste au repos. Pendant lesdix minutes suivantes, les sujets réalisent des contractionsisodynamiques de la main à raison de 20 par minute(rythme dont la régularité est assurée par la présence d'unmétronome).

L'amplitude des contractions est de 30 % de lacontraction maximale développable par chaque individuet est controlée via une poire manométrique placée dansla main du sujet. Durant les 20 dernières minutes del'enregistrement scintigraphique, le membre reste aurepos.

PROTOCOLE SCINTIGRAPHIQUE

Dans chaque cas, 0,5 millicuries de nanocolloides desérumalbumine humaine (Nanocoll R, Soleo Basle,Switzerland) marqués au Technétium 99m dans unvolume maximal de 0,5 millilitres ont été injectées ensous-cutané au niveau du vente de l'avant-bras. Laquantité pondérale de nanocolloides injectée était identi­que dans chaque cas.

Dans chaque groupe expérimental, le point d'injectiona été ensuite placé devant le champ de la caméra etcompté. Dans le cas du groupe II, un second comptagedu point d'injection fut réalisé après placement dubandage de manière à contrôler l'élimination éventuellerésultant du placement de celui-ci.

Les sujets sont alors placés tels que décrit auparavantdevant le champ de la caméra et un enregistrementdynamique de 50 minutes est alors acquis (matrice desimages: 64 X 64, durée de chaque image: 5 secondes).En fin d'enregistrement dynamique, l'activité au niveaudu point d'injection est à nouveau mesurée.

Les données des enregistrements dynamiques acquisessur ordinateur sont alors traitées et exprimées de lamanière suivante :

- des régions d'intérêt sont dessinées sur le bras ainsique sur les ganglions axillaires et des courbes d'évolutiond'activité au cours du temps sont alors générées pourchacune de ces régions;

- ces courbes d'activité sont corrigées pour la décrois­sance physique du radio-isotope et exprimées par rapportà l'activité au niveau du site d'injection au temps O.

Des exemples des courbes ainsi obtenues sont donnéspar les figures 1 et 2.

Chaque courbe a été divisée en cinq périodes tel quemontré sur la figure 1, soit :

- période 1 = période de repos (0 - 20 minutespost-injection) ;

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ZO

Temps

Fm. 1. - Courbe d'évolution d'activité au niveau des ganglions axillaires obtenue chez un sujet avec pose d'un bandage.En abcisse, temps en minutes. En ordonnée, activité exprimée en p. cent mille de l'activité au point d'injection.Augmentation d'activité durant les premières cinq minutes d'enregistrement (première moitié de la période de repossuivant l'injection du traceur au niveau de l'avant-bras et la pose du bandage) et, plus marquée, durant les dix dernières(période VL qui suivent la période d'exercice musculaire sous bandages).

- période II = premier tiers de l'exercice;- période III = deuxième tiers de l'exercice;- période IV = dernier tiers de l'exercice;- période V = exercice global (20 à 30 minutes

post-injection) ;- période VI = période de repos après exercice (30 à

50 minutes post-injection).La variation d'activité par unité de temps a été calculée

pour chacune de ces périodes et ces valeurs de penteangulaire ont été comparées entr'elles pour chaque sujetutilisant le test des rangs de Wilcoxon pour deuxéchantillons pairés.

Résultats

GROUPE 1

Aucun effet des contractions musculaires sur

la résorption des colloïdes injectés n'a pu êtreobjectivé dans ce groupe.

GROUPE 2

Les coefficients angulaires des différentespériodes sont donnés pour chaque sujet dans lestableaux l et Il

L'analyse purement qualitative des courbes etdes résultats montre :

1) au niveau des ganglions axillaires :- dès la première minute de l'enregistrement,

une activité significative au niveau de ceux-ci esttrouvée qui n'était pas observée dans leGroupe 1. Cette observation permet de conclureque la pose du bandage a entraîné une progres­sion du marqueur à travers les lymphatiquesjusqu'au niveau des ganglions où il s'est ac­cumulé (capté par les cellules réticuloendothé­liales de ces ganglions);

- dans 80 % des cas, une augmentationd'activité est observée entre la période 1 et lapériode IV;

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300 -

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100 -

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T

20

Temps

40

FlG. 2. - Courbe d'évolution d'activité au niveau du bras obtenue chez un sujet avec pose d'un bandage. En abcisse,temps en minutes. En ordonnée, activité exprimé en p. cent mille de l'activité au point d'injection. Aux alentoursde la 22e minute, décroissance d'activité correspondant à la « chasse» du contenu des vaisseaux lymphatiques suivied'une augmentation traduisant l'apport de traceur dans les lymphatiques à partir du point d'injection.

TABLEAU I. - Valeurs individuelles par sujet et moyennes pourchaque période des coefficients angulaires de variations d'activitéobservées durant celles-ci au niveau des ganglions axillaires.

TABLEAU Il. - Valeurs individuelles par sujet et moyennes pourchaque période des coefficients angulaires de variations d'activitéobservées durant celles-ci au niveau du bras.

1.0545 0.4936 0.4269

GGAX •1 IIIIIIVV

PJD2

•0.0591 -0.1026 0.12930.63680.2242PJG2

•0.0448 - 0.35400.00000.51300.0789PID2

•0.15380.38270.59830.91690.7481PIG2

•0.00243.50401.13061.60420.2158PVG2

• -0.02510.47530.22531.33060.1171VSD2

·0.02290.17520.3873 - 0.28000.1270VSG2

•0.53400.39150.75522.85891.5010PAG2

• -0.0768 -0.4021 -0.60570.51240.0569BRD2

•0.03012.6363 -0.10022.44590.9680BCD2

•0.03940.13021.17051.03250.8994

MOYENNE' 0.0785 0.6837 0.3681

VI

0.97520.20290.13560.65340.09900.38380.86370.08090.05050.8229

BRAS •1 IIIIIIVVVI

PJD2

• -0.0102 -0.10210.6256 - 0.00470.00360.0024PJG2

• - 0.0710 - 0.00030.27550.48280.13340.0580PIG2

•0.06451.86980.3852 -0.61430.09250.0393PVG2

•0.1108 -0.2754 -0.3576 -0.2983 -0.2380 0.1081VSD2

• - 0.0597 - 0.2288. - 0.09330.5333 - 0.08070.3683VSG2

•0.1299 -0.0157 0.74541.81060.6790 - 0.0235PAG2

·0.01400.1367 -0.32230.29830.1478 -0.0395BRD2

• -0.0610 -0.70760.70130.64050.64280.0098BCD2

·0.0247 - 0.3565 - 0.06560.0969 - 0.11110.0092--- --- --- --- ---MOYENNE •0.00140.03560.21040.32710.14100.0591

I = période de repos avant l'exercice (0' à 20')II - premier tiers de l'exercice (20' à 23'20")

III = deuxième tiers de l'exercice (23' 20" à 26' 40")IV = troisième iiers de l'exercice (26' 40" à 30')V = exercice global (20' à 30')

VI = période de repos suivant l'exercice (30' à 50')

I = période de repos avant l'exercice (0' à 20')II = premier tiers de l'exercice (20' à 23'20")

III = deuxième tiers de l'exercice (23' 20" à 26' 40")IV = troisième tiers de l'exercice (26' 40" à 30')V = exercice global (20' à 30')

VI = période de repos suivant l'exercice (30' à 50')

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- dans tous les cas, une augmentation d'acti­vité au niveau de ces ganglions est observéecomparant les périodes l et V et les périodes let VI;

- une tendance à l'augmentation de l'activitéest observée dès le troisième tiers de l'exercice;

2) au niveau du bras :- dans 2/3 des cas, on note :a) une diminution d'activité entre les pé­

riodes l et II,b) une augmentation entre les périodes II et

III, entre les périodes l et V et entre lespériodes l et VI,

- dans 77 % des cas, une augmentation entreles périodes l et IV.

D'un point de vue statistique, la comparaisondes coefficients angulaires de variation d'activitéentre les différentes périodes donne les résultatssuivants au niveau des ganglions axillaires :

- période l versus période II :non significatif;- période II versus période III : non

significatif;- période III versus période IV : significatif

au seuil 0,05 ;- période IV versus période VI : non

significatif;- période V versus période VI : non

significatif;- période l versus période III : non

significatif;- période l versus période IV : significatif au

seuil 0,01 ;- période l versus période V : significatif au

seuil 0,01 ;- période l versus période VI : significatif au

seuil 0,01.Au niveau des bras, l'analyse statistique

comparative des différentes parties-périodes descourbes obtenues n'a pu mettre en évidenceaucune différence significative entre celles-ci.

Discussion

L'absence d'élimination significative du tra­ceur observée dans le groupe l .est intéressanteà plus d'un titre. Elle explique en effet pourquoil'avant-bras constitue une zone de stase lympha­tique et d'œdème clinique tel que fréquemmentobservés (lors d'investigations lymphoscintigra-

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phiques réalisées) chez des patientes porteuses degros bras. Notre observation suggère en effetque l'activité musculaire du patient n'a pas - àce niveau - d'influence sur la résorption desprotéines marquées. Un œdème ou une staselymphatique qui s'y installe ne pourra donc s'yrésorber. Cette absence d'effet des contractionsdes muscles de l'avant-bras sur la résorption deprotéines par le système lymphatique, protéinesinjectées en sous-cutané, doit être mis en opposi~tion avec l'efficacité de ces mêmes contractionssur la clearance de ce traceur injecté au niveaudu premier espace interdigital de la main. Dansce dernier cas, ce résultat positif doit être compriscomme la conséquence du massage indirect dusite d'injection suite aux mouvements d'ouver­ture et fermeture successifs de la main.

Pour ce qui concerne le groupe 2, l'absence derésultats significatifs (en termes statistiques) auniveau du bras peut se comprendre si l'on consi­dère que celui-ci représente une zone de transit del'activité dans les vaisseaux lymphatiques. Il y estdifficilede faire la différence entre ce qui y rentreet ce qui en sort et la résultante de ces mouve­ments d'activité dans cette région peut être nulle.

Toutefois, l'analyse purement qualitative descourbes ou des modifications des pentes angu­laires montre : pendant le premier tiers del'exercice et dans deux tiers des cas, uneévacuation du traceur (qui a migré au niveaudes lymphatiques du bras suite à la pose dubandage) suivie, pendant les périodes suivanteset dans la même proportion de cas, d'un nouvelafflux du traceur.

Ces observations peuvent s'interpréter de lamanière suivante : dans un premier temps, lescontractions musculaires sous bandage entraî­nent une vidange du contenu des vaisseauxlymphatiques suivie, dans un deuxième temps,d'une « remise en charge» de ceux-ci à partirdu marqueur extrait du point d'injection.

De nos résultats, il peut en outre être concluqu'une augmentation significativede l'accumula­tion des colloïdes marqués au niveau des gan­glions axillaires s'observe dès le troisième tiers del'exercice musculaire (période l versus pé­riode IV) et se maintient durant le repos qui suit(période l versus périodes V et VI). En termesphysiologiques, cela signifie que les contractions

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musculaires sous bandage entraînent une péné­tration du marqueur dans les lymphatiques etsa migration vers les ganglions axillaires, phéno­mène non observé sans bandages. Le fait qu'ilperdure et continue à se marquer durant le reposqui suit l'exercice suggère également que cescontractions musculaires ont stimulé durable­ment le système lymphatique.

Une explication à ce phénomène peut découlerde l'observation que la pose du bandage mêmeentraîne une migration du marqueur vers lesganglions axillaires. Ce résultat peut êtrecompris comme la conséquence de la pressionexercée de manière momentanée sur le pointd'injection, pression qui pousse le marqueurdans les lymphatiques. En outre, et pourcomprendre ce qui se passe pendant la périoded'exercice musculaire, il faut savoir que lebandage « multi-couches » appliqué sur lemembre se comporte comme un carcan rigidequi renvoie sur le membre (et donc sur le pointd'injection) les pressions développées par chaqueépisode de contraction musculaire. Ces pressionssont liées à l'augmentation de diamètre du braslors de chaque contraction (5). Les résultatsobservés peuvent donc s'expliquer de la manièresuivante : les contractions musculaires sousbandage semi-rigide ont, au niveau de l'avant­bras, un effet sur le système lymphatique qui

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peut être assimilé à celui d'une pressothérapieindirecte répétitive.

En conclusion et d'un point de vue pratique,ce type de bandage peut être conseillé dans letraitement des œdèmes des membres. Ils réali­sent par leur port une pressothérapie indirecteet une stimulation du système lymphatique lorsde chaque contraction musculaire. Leur utilisa­tion est d'ailleurs maintenant largement intégréeavec fruit dans la stratégie thérapeutique de cespathologies (6).

Références

1. LEDUC O., BOURGEOIS P., LEDUC A. - Manuallymphaticdrainage; scintigraphie demonstration of efficacy on colloidalprotein resorption. Progr. Lymphol., 1988, 11.

2. BOURGEOIS P., BASTIN R., LEDUC A. - Lymphatic resorp­tion of proteins and pressotherapies. Progr. Lymphol., 1988,11, 591-592.

3. PARTSCH H., MOSTBECK G., LEITNER G. - Experimentalinvestigations on the effect of a pressure wave massageapparatus (lymph-press) in lymphœdema, Phlebol. Prokto., .1980, 2.

4. ZUM WINKEL K, HERMAN H. J. - Scintigraphy of lymphnodes.Lymphology, 1977, 10, 107.

5. DE MEYER, KLEIN P., VANDEPUT D., LEDUC A., DESMA­RET P. - Étude comparative du comportement de bandesélastiques et non-élastiques utilisées dans le traitement del'œdème. Ann. Kinésithér., 461-467, 15.

6. LEDUC A., LEDUC O. - Physical treatment of œdema. Eur.J. Lymphol. Relat. Problems, 1990; 1, 8-10.

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