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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 1
INTRODUCTION GENERALE
L’histoire de la pauvreté d’après Bronislaw GEREMEK est une
oscillation permanente entre « la potence ou la pitié »1 ; celle du développement
est un va et vient entre les politiques d’aide et des politiques commerciales
souvent défavorables aux pays pauvres. Le circuit de la finance commence par
le crédit considéré comme un acte de confiance ; le mot vient de « credere,
croire » et évolue vers les banques qui pour ce qu’on sait d’elles ne prêtent
qu’aux riches et exigent des garanties réelles formelles. Dans ces conditions, une
grande partie de la population mondiale vivant dans les pays en développement
est exclue du système financier international, du fait de sa pauvreté et de son
incapacité à présenter des garanties pouvant justifier sa solvabilité à terme.
L’économie mondiale se limite donc à la frange de la population vivant
au- dessus du seuil de pauvreté.
Pour suppléer aux carences du système financier traditionnel, qui exclut
les pauvres, en vertu du principe selon lequel on ne prête qu’aux riches, le
microcrédit a été mis en place. Il consiste généralement en l’attribution de prêts
de faibles montants à des entrepreneurs ou des artisans qui ne peuvent accéder
aux prêts bancaires classiques. Le microcrédit se développe surtout dans les
pays en développement, où il permet de concrétiser des microprojets favorisant
ainsi l’émancipation des populations autrefois en retrait de toute activité
créatrice de richesse.
Le microcrédit se pratique depuis la fin des années 70. Son apparition fut
l’œuvre du professeur Muhammad YUNNUS (prix Nobel de la paix 2006). En
1976 il a commencé par prêter de petites sommes aux femmes Bangladeshi pour
leur permettre de sortir de la pauvreté en améliorant leurs activités économiques.
1 Titre du livre de Bronislaw GEREMEK sur l’Europe et les pauvres du moyen âge à nos jours.
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Du fait de son importance grandissant dans la vie économique tant des acteurs
que des bénéficiaires, on arrive à se demander ce qu’il adviendrait de tout ce
petit monde si les problèmes d’impayés, de taux de plus en plus élevés et de
fraude des acteurs intervenant dans le processus de mis en place des crédits
venaient à freiner les activités des IMF.
Au Bénin, comme dans la plupart des pays sous- développés, seule une
partie de la population accède à des services financiers. « La majorité des gens
ne possède pas de compte d’épargne, ne contracte pas de crédit auprès des
institutions financières formelles »2. Cet accès limité aux services financiers
dans les pays en développement est devenu une préoccupation d’envergure
internationale. Des fora et autres séminaires se tiennent un peu partout dans ces
pays pour trouver les moyens de rendre le système financier accessible à tous.
Pour prévenir cet état de chose, nous avons choisi de réfléchir sur le
thème : CONTRIBUTION A UNE MAITRISE DES RISQUES LIES A
L’OFFRE DE SERVICES FINANCIERS AUX PAUVRES: CAS DES
ASSOCIATIONS A VOLET MICROFINANCE
Ce faisant nous aurons participé à la bonne marche des activités des IMF
en leur fournissant une documentation qui leur permet d’anticiper sur les gros
risques qui minent le secteur et de se prémunir à travers nos recommandations.
La présente étude s’articulera autour de trois chapitres. Le premier traitera de la
présentation du cadre de l’étude, de la problématique et de la revue de
littérature. Le deuxième chapitre présente la situation actuelle de la microfinance
au Bénin, son cadre réglementaire et les conditions favorisant la détérioration
rapide du portefeuille crédit des diverses institutions. Dans le troisième chapitre,
nous vérifierons les hypothèses formulées puis nous proposerons les principales
recommandations à l’amélioration des conditions de l’étude.
2 Confer livre bleu de l’ONU : Construire des secteurs financiers accessibles à tous. Nations Unis New York 2006.
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CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Après avoir exposé la problématique et les objectifs (section 1), nous
développerons la revue de littérature et la méthodologie de l’étude (section 2).
SECTION 1 : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
PARAGRAPHE 1 : CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
Il sied, avant d’aborder la problématique proprement dite, de donner le
contexte dans lequel s’inscrit la présente étude.
A – CONTEXTE DE L’ETUDE
En initiant le micro crédit à la fin des années 1970, Muhammad YUNNUS
ne se rendait certainement pas compte qu’il révolutionnait ainsi le monde de la
finance en permettant à tous d’y avoir accès.
De ces débuts à nos jours, le micro crédit a fait du chemin ; on le pratique
dans presque tous les pays en développement. Au Bénin, Il fut introduit sous sa
forme institutionnelle au début des années 1990 dans le cadre des mesures
d’accompagnement du Programme d’Ajustement Structurel (PAS). Les toutes
premières institutions furent le PADME et le PAPME. Aujourd’hui plus de sept
cent soixante deux (762)3 institutions pratiquent le micro crédit.
Le secteur a failli connaître des déboires quand, en mars 2008, les
résultats d’une mission de contrôle effectuée par les services de l’Inspection
Générale de l’Etat (IGE) au PADME ont conduit au limogeage du directeur. Cet
état de chose a eu le mérite de montrer que le secteur est sensible et qu’il faille
3 Cf Cellule de la Surveillance des Structures de Financement Décentralisées
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se prémunir des risques qui peuvent amener à le rendre vulnérable ; surtout
qu’en 2007 le directeur du PAPME a été déjà limogé pour mauvaise gestion.
On peut remarquer également que le refinancement auprès des
gouvernements et des institutions internationales amène les promoteurs d’IMF à
couvrir les risques et à afficher les résultats fantaisistes. En novembre 1999,
Fernand VINCENT écrit : « très souvent les institutions de micro crédit
annoncent des résultats de remboursement de prêts variant entre 95 et 100%.
Que faut-il y penser ? N’y a-t-il pas de risque à effectuer le microcrédit ?
La réponse n’est pas simple. Souvent pour des raisons stratégiques ces
institutions ne prennent pas en compte certains coûts ou non remboursement. »4
On en déduit aisément que les méthodes de gestion au sein des IMF ne sont pas
toujours orthodoxes.
Face à ce constat, que faut-il faire pour réduire sensiblement les risques
dans le secteur de la microfinance ?
B - PROBLEMATIQUE
Dans le domaine du microcrédit, en dehors des Organisations Non
Gouvernementales et des lignes de crédits gouvernementales, tous les autres
acteurs ont le souci de rentabilité. Les institutions de microcrédit sont prises
d’une part, entre leur volonté de trouver de nouvelles sources de financement
extérieures afin d’octroyer d’avantage de crédit et d’assurer leur rentabilité
financière et, d’autre part, le souci de rester au service d’une clientèle démunie
par rapport à laquelle le risque des investissements non rentables est très élevé.
Comme pour toutes les institutions financières le plus grand risque en matière de
microcrédit est d’octroyer un crédit et de ne pas se faire rembourser. Ce risque
crédit est une préoccupation particulière dans les IMF dans la mesure où la
4 Confer Fernand Vincent IRED Genève, Novembre 1999
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plupart des microcrédits ne sont pas garantis en ce sens qu’ils ne sont soumis à
aucune garantie formelle, classique ou bancaire.
La détermination de la vulnérabilité d’une institution de microfinance au
risque crédit demande qu’on revoit les politiques et les procédures à chaque
niveau dans les processus d’octroi de crédit. Ces politiques et procédures
comprennent les critères d’éligibilité, le processus d’étude des dossiers de prêts
et les niveaux d’approbation, le dispositif de garantie ou exigence de sécurité
ainsi que les systèmes ou mécanismes de motivation du personnel. Il faut
souligner également que « n’importe quelle organisation qui gère une importante
somme d’argent est extrêmement vulnérable à la fraude, qui est souvent
prédominante dans les milieux économiquement démunis. »5 Dans le milieu de
la micro finance où les procédures ne sont pas clairement définies, cette
vulnérabilité est encore plus critique. L’étendue des risques est tellement vaste
qu’il serait prétentieux d’aborder à travers ce seul travail tous les risques
auxquels font face le microcrédit. Pour ce faire et en vue de permettre aux
différentes institutions de microfinance au Bénin de survivre et continuer à
participer au développement socio-économique des populations, il est impérieux
de remédier aux problèmes suivants:
• La brusque dégradation de la qualité de portefeuille des institutions
(risque crédit et risque de perte de ressources financières) due à la montée
des impayés,
• Manque d’objectif et la défaillance dans les politiques de crédit,
• Persistance des retards de remboursement,
• Le laisser-aller des dirigeants des différentes institutions,
Que faut-il faire donc pour que les IMF continuent leurs activités de micro
crédit sans difficulté? Étant entendu que le recouvrement normal des crédits
octroyés devrait permettre le revolving du crédit.
5 Confer Manuel de Gestion des risques en Microfinance (CARE International, 2001)
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Il est à noter que toutes les institutions sont confrontées aux mêmes types
de problèmes qui affectent négativement la qualité de leur portefeuille de crédit
et partant leur rentabilité. En d’autres termes, on constate des créances impayées
et cette situation devient de plus en plus préoccupante. C’est pourquoi nous
proposons à travers la présente étude d’apporter notre contribution à
l’amélioration de la situation actuelle en vue de restaurer la confiance aux yeux
des partenaires financiers.
La solution aux problèmes évoqués supra passe par une maitrise des
risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres; d’où le thème de notre
étude.
C - INTERET DE L’ETUDE
La présente étude concerne la maîtrise des risques dans le secteur de la
micro finance.
En effet, les IMF récupèrent les exclus du système bancaire classique pour
leur fournir les services financiers. Le crédit comporte tellement de risques qu’il
est important de les souligner. Ces risques sont souvent le fait des acteurs
chargés de mettre en place les crédits et de ceux qui sont chargés de leur suivi.
Le présent travail pourra permettre aux promoteurs d’IMF de disposer
d’un panel de solutions en vue de renforcer l’efficacité des différents acteurs de
la chaîne de mise en place de crédit.
PARAGRAPHE 2 : OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L’ETUDE
A ce niveau, il sera présenté les objectifs poursuivis dans le cadre de cette
étude ainsi que les hypothèses retenues face aux différentes préoccupations.
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A – OBJECTIFS Ils comportent un objectif général dont découlent trois objectifs
spécifiques.
1. OBJECTIF GENERAL
L’objectif général de notre étude est de participer à la pérennisation de
l’offre de services financiers aux pauvres.
De cet objectif général, on dégage trois objectifs spécifiques
2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
• Analyser les différentes politiques d’octroi de crédits des IMF au
Bénin.
• Identifier la catégorie de personnes bénéficiaires des micros crédits.
• Apprécier les conséquences de la dégradation rapide du portefeuille
crédit des IMF sur la pérennité de l’activité.
B – HYPOTHESES DE L’ETUDE
H1- Les chargés de prêt ne respectent pas les différentes procédures dans
la mise en place des crédits.
H2- Les bénéficiaires des services des associations à volet microfinance
ne sont pas les pauvres.
H3- Les IMF sont de plus en plus réticents à financer les nouveaux
clients.
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SECTION 2 : REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODOLOGIE
DE REHERCHE
Les analyses de la présente section se basent sur une approche théorique
d’une part et une approche empirique d’autre part.
L’approche théorique nous ouvre le champ en donnant les outils
nécessaires pour bien appréhender le secteur de la micro finance.
La dimension empirique, quant à elle, apportera des réponses à la question
posée en se servant des éléments de la dimension théorique.
PARAGRAPHE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
La présente étude n’est pas la première à aborder le problème de la
maitrise des risques dans le secteur de la micro finance. Ici, nous nous
attarderons plus sur les travaux composés de rapport, mémoire, compte rendu de
forum sur les méthodes de gestion des risques opérationnels et institutionnels
dans les IMF.
Pour ce faire, nous passerons en revue quelques travaux antérieurs de
recherche en définissant d’abord les concepts appropriés au secteur de la micro
finance.
A – CLARIFICATION DES CONCEPTS DE BASE ET ENVIRONNEMENT DES IMF
1. CLARIFICATION DES CONCEPTS
a) Microfinance
La microfinance est l’offre de services financiers à des personnes à très
faibles revenus. Cette offre doit être adaptée à leurs conditions socio-
économiques. Aussi, les charges financières et de fonctionnement doivent elles
être couvertes uniquement par les produits financiers.
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« La micro finance fait référence à l’offre de services financiers (épargne
et crédit) de faibles dimensions à destination des micro-entreprises. Les micro-
entreprises emploient généralement moins de dix (10) personnes, ont un capital
et des revenus faibles et offrent en général des produits et services au secteur
informel. Dans la plupart des cas, ce type de clients n’intéresse pas la banque. »6
b) Crédit
Selon le lexique d’économie, Dalloz, Paris 1982, Ahmed SILEM ; Jean
ALBERTINI, « le crédit se définit comme étant un acte de confiance se
traduisant par un prêt en natures ou en espèces consenti en contrepartie d’une
promesse de remboursement dans un délai généralement convenu à l’avance ».
Selon G. DUTAILLIS, cité par BOUDINOT et IRABOT (1978) « Faire
crédit c’est faire confiance, c’est donner librement la disposition effective d’un
bien réel ou d’un pouvoir d’achat contre la promesse que le même bien ou qu’un
bien équivalent, vous sera restitué dans un délai, le plus souvent avec
rémunération du service rendu et du danger couru, danger de perte partielle ou
totale que comporte la nature même de ce service. »
Cette définition met en relief non seulement la notion de confiance en la
solvabilité future de l’emprunteur, mais également celle du risque car qui dit
confiance dit aussi incertitude dans la production ou l’obtention du résultat.
Mais elle ne fait pas ressortir l’importance du crédit dans la vie économique
dans tout le processus de développement.
Henri GUITTON (1980) complète en disant que : « Le recours au crédit
est indispensable à l’augmentation de l’expansion de la production ». Il apparait
donc qu’à travers l’octroi de crédit les IMF contribuent au développement des
initiatives de base et par ricochet la lutte contre la pauvreté.
6 Confer définition de la microfinance selon Jacob YARON
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Les types de crédit
H. GUITTON (1980) distingue deux types de crédit : le crédit commercial
(crédit accordé par un producteur à un grossiste ; par un grossiste à un détaillant
pour les transactions à terme) et le crédit bancaire (accordé par la banque à sa
clientèle afin que celle-ci puisse conduire à bon terme ses activités destinées à
satisfaire les besoins matériels de l’homme).
D’autre part, la classification des crédits peut se faire selon plusieurs
critères, mais l’instruction n°3 de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO) relative à la réglementation des institutions de micro finance
(IMF) précise la nature des crédits selon leur durée initiale de remboursement.
Ainsi sont considérés comme :
• Crédit à court terme, les crédits dont la durée initiale de
remboursement, y compris tout différé éventuel n’excède pas 12 mois.
• Crédit à moyen terme, les crédits dont la durée initiale de
remboursement, y compris tout différé éventuel, est supérieure à 12
mois mais inférieure à 36 mois.
• Crédit à long terme, les crédits dont la durée initiale de
remboursement, y compris tout différé éventuel, est supérieur à 36
mois.
De même en fonction de leur recouvrement, la loi distingue les crédits
sains dont les échéances de payement sont régulièrement respectées. Les crédits
en souffrance sont par contre ceux dont une échéance au moins est impayée
depuis plus de 3 mois. La loi prévoit leur déclassement de même que leur
provisionnement. La provision est de :
• 40 % au plus pour les crédits comportant au moins une échéance
impayée de plus de 3 mois à 6 mois.
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• 80 % au plus pour les crédits comportant au moins une échéance
impayée de plus de 6 mois à 12 mois.
Pour les crédits ayant au moins une échéance impayée de plus de 12 mois,
tout le solde restant dû est considéré comme irrécouvrable et donc passé en perte
après reprise de provision pour créances douteuses antérieurement constatées.
c) Micro crédit
Les microcrédits constituent une « demande financière qui se manifeste
essentiellement au sein des populations pauvres dont la majorité reste localisée
dans les zones périurbaines »7. Autrement dit, les microcrédits représentent un
fonds de commerce variant entre 10 000 francs CFA et 50 000 francs CFA
octroyés à des personnes frappées par la pauvreté monétaire, mais
économiquement actives et qui s’organisent autour d’une micro entreprise.
d) Micro entreprise
Le rapport de l’état de l’économie nationale édité en décembre 1997
définit la micro entreprise comme étant l’ensemble des « activités économiques
et commerciales de moindre importance auxquelles s’adonne une population de
personnes qui font montre de dynamisme et ont acquis un certain savoir-faire
dans les domaines de commerce, de l’artisanat et de l’industrie »8.
e) Institution de micro finance
Dans une publication de la Banque Mondiale éditée en Août 1998 à
propos de sa politique de micro finance en Afrique, on désigne par IMF les
agents et les structures qui effectuent des transactions financières d’un montant
relativement faible en ayant recours à une méthodologie spécifique basée sur la
moralité du client. 7 Confer la microfinance au Bénin, étude sectorielle approfondie « PNUD» décembre 1998, Alain AGNIKPE 8 Confer rapport sur l’état de l’économie nationale : développement récent perspective à terme. Décembre 1997
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Ce sont des institutions qui s’adressent à des ménages à faibles revenus, à
des micro entrepreneurs, à de petits exploitants agricoles et à d’autres individus
qui n’ont pas accès aux banques .
f) Notion de risque
« Le risque est l’exposition à une forte probabilité de perte. C’est
également une défaillance, un incident, un préjudice, un dégât, un danger, un
sinistre, qui pourrait survenir dans une activité et qui est parfois difficile à éviter.
Le risque est inhérent à toute activité humaine. Toute activité induit un risque ;
le risque est tant dans l’action que dans l’inaction. Le risque n’est pas une
mauvaise chose en soi. Parfois, c’est important de prendre des risques pour
atteindre des objectifs louables qui valent vraiment la peine. »9 Ceci est
particulièrement vrai dans les IMF où les chargés de prêts prennent chaque jour
des risques en prêtant de l’argent aux personnes sans historique en matière de
crédit, ou qui ne tiennent aucune comptabilité de leurs activités commerciales ou
qui n’ont pas de garantie à offrir. Le risque est indispensable pour la bonne
marche des activités de microcrédit mais il est très important de prendre des
risques calculés.
La maîtrise du risque à prendre ou la prise de risques calculés, réduit la
probabilité de réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas où celle-
ci arriverait. Maîtriser le risque n’est pas l’éviter, c’est l’apprécier avec justesse,
c’est intervenir à l’instant précis au moment opportun. La gestion de risque
implique la prévention des problèmes potentiels et la détection anticipée des
problèmes réels quand ceux-ci arrivent.
9 Confer le Manuel de Gestion des risques, CARE International, 2001.
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• Risque crédit
Le risque crédit est l’aléa d’octroyer un crédit et ne pas se faire rembourser.
Il représente une préoccupation particulière dans les IMF surtout que la plupart
des crédits placés ne sont pas garantis.
g) système d’information de suivi des crédits
Ce système est centré sur l’information afférente aux crédits par individu.
L’objectif principal du système d’information de suivi des crédits est de fournir
des informations pertinentes pour administrer le portefeuille, indépendamment
du fait que cette information alimente ou non les états financiers.
h) système de gestion des crédits
Ce système n’est pas un système d’information, mais concerne plutôt
l’ensemble des politiques et procédures, écrites ou non écrites, qui régissent les
opérations de crédit d’une institution.
i) Notion de retard et d’impayé
On parle de retard lorsque l’emprunteur n’honore pas son engagement de
rembourser à l’échéance.
Selon la loi PARMEC, on parlera d’impayé lorsque le retard atteint trois
(3) mois.
Un crédit en impayé (ou un crédit en retard) est un crédit sur lequel des
remboursements sont en retard.
Selon l’USAID (United States Agency for International Development),
« les impayés appelés aussi arriérés ou retards de remboursement, mesurent le
pourcentage du portefeuille de crédit à risque ».
Par contre, selon la définition adaptée de SEEP (Small Enterprise
Education and Promotion network), les échéances impayées ou en retard sont
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des remboursements dont l’échéance est dépassée ; des crédits en retard sont des
crédits sur lesquels au moins un remboursement est en retard.
Notons que la créance en retard de paiement peut être recouvrée, devenue
contentieuse ou irrécouvrable.
La loi PARMEC propose le calcul suivant pour le taux d’impayé :
Encours total des prêts dont le remboursement est en
retard d’au moins 3 mois
Taux d’impayé =
Encours total de crédit
La pratique au sein des Institutions de Microfinance est :
Montant échus en retard
Taux d’impayé =
Encours de crédit
j) Crédit irrécouvrable
Un crédit est irrécouvrable lorsqu’un emprunteur ne peut ou ne veut pas
rembourser son crédit et que l’institution n’espère plus percevoir le
remboursement. L’IMF devrait toutefois continuer ses efforts de recouvrement.
En général, un crédit est considéré irrécouvrable quand l’emprunteur est
en impayé de deux (2) ou trois (3) échéances.
k) Crédit en souffrance
Une créance en souffrance est une créance dont le remboursement accuse
un retard de plus de 90 jours sur l’échéance convenue lors de l’octroi du crédit.
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
L’instruction N°4 relative au classement des crédits de la BCEAO définit
les crédits en souffrance comme étant des crédits dont une échéance au moins
est en impayée depuis plus de trois (3) mois.
l) Garanties
René AZOKLI, dans son étude : «les systèmes de prévention et de gestion
du risque d’insolvabilité du PADME » (1999) a présenté le concept de garantie
sous deux angles :
Dans un premier temps, l’auteur recherche les premières garanties à
travers la personnalité et la viabilité de l’activité pour laquelle le financement est
sollicité. A cet effet, on peut définir la garantie comme l’ensemble des éléments
qui prouvent la bonne moralité de l’entrepreneur et la rentabilité de l’entreprise.
Mais cette forme de garantie n’est que subjective et semble insuffisante parfois
pour assurer le recouvrement du crédit. En effet, la gestion des fonds ne se fait
pas toujours dans l’orthodoxie, ce qui engendre assez de difficulté lors du
remboursement.
Pour faire face à cet état de chose, il a été convenu d’autres formes de
garanties (qui sont en fait subsidiaires aux premières) afin de couvrir les risques
éventuels.
Dans un second temps, R. AZOCLI a recours à d’autres formes de
garanties pour protéger les crédits octroyés. Il s’agit de la caution solidaire, des
garanties financières et des sûretés réelles. On pourrait définir ces formes de
garanties comme étant l’ensemble des biens (matériels et financiers) et autres
éléments de pression sociale servant de gage aux promoteurs en cas d’incapacité
de paiement.
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m) Notion de pauvreté
Le concept de pauvreté n’admet pas de définition standard eue égard aux
différents courants de pensée qui abordent le terme.
De façon générale la pauvreté exprime un manque, une incapacité à
satisfaire les besoins fondamentaux.
« La pauvreté signifie la négation des opportunités et des perceptions
fondamentales sur lesquelles repose le développement, telles la chance de vivre
une vie longue, saine constructive et de jouir d’un niveau de vie décent, ainsi
que la liberté, la dignité, le respect de soi-même et d’autrui. »10
Quand on parle de pauvreté, on évoque également les différentes
dimensions suivantes :
- Capacités économiques (revenus, consommation privée, éducation,
santé)
- Capacités sociales : actifs (vulnérabilité aux choses)
- Capacités humaines : dignités (estime de soi)
- Capacités politiques : autonomie (impression d’avenir, le droit de
faire).
Au cours de l’assemblée générale de l’ONU en Septembre 2000, il est
retenu que la pauvreté est l’incapacité des individus à satisfaire leurs besoins
essentiels. Par exemple, actuellement plus d’un milliard de personnes vit avec
moins d’un dollar par jour. Néanmoins, être pauvre en France ne veut pas dire la
même chose qu’être pauvre au Bénin puisque les normes de sociétés sont
différentes. C’est ainsi que l’on parle de notion de seuil de pauvreté relatif.
« En France, par exemple, ce seuil de pauvreté est fixé à 50% du revenu
médian. Mais au-delà de l’approche monétaire, l’ONU a voulu complexifier
cette notion de pauvreté en intégrant non plus seulement le niveau de vie mais
aussi les possibilités d’accéder aux soins ou les difficultés d’accéder aux
10 Confer le Rapport sur le Développement Humain au Bénin, 1977
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 17
services d’éducation. C’est ainsi que, depuis 1990, elle calcule l’IDH,
l’Indicateur de Développement Humain pour chaque pays qui classe les pays
selon non plus seulement les conditions financières mais tout un ensemble
d’informations concernant la précarité dans les pays. »11
B – POINT DES TRAVAUX ANTERIEURS A LA RECHERCHE
Il s’agira pour nous de passer en revue certains auteurs qui ont totalement
ou partiellement abordé les problèmes que nous évoquons dans le cadre de ce
travail de recherche, les analyses qu’ils ont faites et les conclusions auxquelles
ils ont abouti.
Les auteurs ont pu élucider de façon générale quelques éléments
nécessaires pour une gestion efficace des performances.
Selon Joanna LEDGERWOOD (1999), la gestion des impayés nécessite
un examen complet des méthodes de crédits, des procédures opérationnelles et
l’image institutionnelle de l’IMF. Les problèmes d’impayés sont souvent le
résultat d’une mauvaise conception des produits de prêt et des procédures
d’octroi de crédit. La gestion des impayés passe par six éléments essentiels.
• L’appréciation du service de crédits par les clients.
• La sélection des clients.
• Le degré d’engagement de la responsabilité du personnel de terrain et
des clients vis-à-vis des retards de remboursement.
• La fiabilité des informations délivrées par le Système d’Information de
Gestion (SGI) des IMF.
• Le suivi des retards.
11 Cf EcoDico : la notion de pauvreté, transcription de la déclaration du millénaire adoptée en 2000 par l’AG des Nations Unies
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
• Une décision suffisante, aux yeux de tous les emprunteurs, des
conséquences des retards de remboursement.
Enfin, pour J. LEDGERWOOD les IMF doivent être conscientes que les
retards ne sont pas toujours le fait d’emprunteurs qui n’ont pas l’intention de
rembourser. Par ailleurs, les auteurs du Programme de Renforcement des
Capacités des institutions de microfinance en Afrique Francophone (CAPAF)
affirment dans le même sens que J. LEDGERWOOD « Les emprunteurs ont un
comportement de remboursement rationnel basé sur un calcul d’avantages et de
coûts. Les IMF doivent créer plus d’incitations de remboursement des prêts et
réduire les inconvénients qui y sont associés ».
Plus loin, les mêmes auteurs proposent des moyens de préventions des
impayés qui se résument comme suit :
• Comprendre les causes du problème avant de rechercher des solutions.
• Prévenir vaut mieux que guérir.
• Méthodologie.
− Sélection des emprunteurs,
− montant et condition de prêt,
− rentabilité en termes de coût.
J. LEDGERWOOD continue dans le même manuel de microfinance en
indiquant que, pour obtenir une image fidèle de la performance financière d’une
IMF, il est nécessaire de déterminer quelle proportion de son portefeuille de
crédit génère effectivement des revenus et quelle proportion est susceptible
d’être irrécouvrable. Ceci peut être fait en examinant la qualité du portefeuille
de crédit, en constituant une provision pour créances douteuses et en procédant à
des abandons de créances irrécouvrables.
Aussi, J. LEDGERWOOD fait remarquer que, porter sur les registres, des
crédits qui ont peu de chance, voire aucune, d’être remboursés conduit à
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 18
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
surestimer les actifs du bilan et se traduit par un rendement des actifs supérieurs
à ce qui était escompté.
En outre J. LEDGERWOOD (1999) fait ressortir que les aspects
méthodologiques, les ressources humaines et même la question de financement
ne sont généralement pas des obstacles à la croissance. En effet, l’institution de
micro finance a besoin de suivre la situation de son portefeuille de façon
continue et précise. Il est essentiel pour une institution de micro finance d’avoir
accès à une bonne information si elle veut être performante. Une bonne
information permet une bonne gestion des ressources.
Selon Jacob YARON (1997) « Les problèmes de recouvrement des prêts
sont une cause majeure des difficultés financières pour les Institutions
Financières Rurales (IFR). Pour l’auteur, il faut accorder une attention
particulière d’abord au suivi, puis à l’entretien de la qualité des actifs ».
Faute de méthode qui permette de définir et d’enregistrer
systématiquement les arriérés et pertes sur prêts, il est fréquent que les actifs, les
bénéfices et la valeur nette soient présentés de façon erronée. Beaucoup d’IFR
sous-estiment les pertes sur prêts, et surestiment, par conséquent, leur rentabilité.
Pour suivre de façon systématique la performance de prêts, les IFR
doivent :
• Etablir un système d’information efficace en vue de suivre
quotidiennement les règlements, les échéances, et les arriérés ;
• Adopter une méthode transparente et efficace pour suivre la
performance des prêts ;
• Appliquer des procédures comptables transparentes, conformément
aux principes comptables généralement acceptés, en vue de tenir
compte, dans la détermination du revenu, des prêts improductifs, des
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 19
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
provisions pour créances douteuses et l’annulation des prêts
irrécouvrables.
Le Groupe Consultatif pour l’Assistance aux plus Pauvres (CGAP) a
montré que le portefeuille de crédit est, de loin, l’actif le plus important d’une
institution de micro finance. Ce groupe a souligné que s’il n’est pas géré
correctement, les prêts non recouvrés peuvent devenir le plus gros poste en
charge. Les institutions de micro finance solides et viables se distinguent
généralement de celles qui souffrent de graves problèmes, par une gestion
judicieuse de leur portefeuille. La direction des institutions de micro finance doit
s’intéresser à la qualité du portefeuille dès le démarrage des opérations de crédit.
C’est en effet une erreur que de vouloir commencer par développer les activités,
pour ne s’inquiéter que par la suite de la qualité du portefeuille de crédit. Il lui
faut mettre en place sans attendre des systèmes et procédures de suivi de la
qualité du portefeuille pour être en mesure d’agir rapidement en cas de
détérioration de la situation.
Les difficultés associées au suivi de la qualité du portefeuille sont souvent
doubles : il faut décider de l’indicateur ou des indicateurs requis et établir les
systèmes qui permettront de les produire correctement et en temps voulu. La
nécessité de produire régulièrement des indicateurs de qualité du portefeuille a
sans doute été le moteur principal du développement de système d’information
de gestion performante.
Anne JOSEPH (2000) s’intéresse aux comportements des banques et des
IMF sur le marché du crédit. Elle constate que les échanges sur le marché du
crédit ne peuvent pas être analysés avec les outils de la théorie néoclassique, car
le taux d’intérêt n’est pas seulement un prix qui sert à ajuster l’offre et la
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 20
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
demande de crédit, il est aussi une promesse de remboursement faite par
l’emprunteur au prêteur.
Ainsi dans l’activité d’octroi de crédit, la banque supporte des asymétries
d’information ex ante et ex post, il n’est pas certain que les emprunteurs
respectent leur promesse de remboursement.
Afin de favoriser l’allocation optimale des ressources financières et de se
prémunir des risques liés à ces asymétries d’information, la banque se trouve
contrainte de refuser de prêter à certains emprunteurs : c’est le phénomène de
rationnement de crédit que Anne JOSEPH définit comme une situation
d’équilibre où le taux d’intérêt en vigueur n’est pas celui qui égalise l’offre à la
demande de crédit.
Dans ce contexte d’allocation optimale de ressources financières,
STIGLITZ et WEISS (1981), à travers leur modèle, estiment que face aux
manques d’informations, les banques n’ont comme solution que de rationner le
crédit. Entre autre, elles peuvent refuser de s’engager envers certains
emprunteurs alors que ces derniers présentent les mêmes caractéristiques que
ceux qui obtiennent le crédit : « c’est le rationnement pur ».
Selon Graig CHURCHILL et Dan COSTER dans le Manuel de Gestion
des Risques (CARE, 2001), la gestion des risques dans le secteur de la
microfinance se fait en trois étapes :
•Identifier les Vulnérabilités : Avant de gérer des risques au sein d'une
organisation, il est important d’identifier au préalable les faiblesses, limites et
menaces actuelles et potentielles de l’organisation. Un aspect important de
gestion de risques est de prévoir les risques probables de l'organisation à court,
moyen et long terme.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 21
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
• Concevoir et mettre en œuvre des systèmes de contrôles : Une fois que
l’IMF a identifié ces points vulnérables, elle peut concevoir et mettre en
exécution des mesures de contrôles pour amoindrir ces risques. En raison de la
grande variabilité des IMF et tenant compte notamment de la diversité relative
de typologies des IMF, les systèmes et mesures de contrôles ne doivent pas être
figés. Les responsables des IMF devraient pouvoir les adapter à leur typologie
particulière ainsi qu'à leur environnement. Par exemple, le recours préalable à
une garantie physique peut représenter une solution alternative pour minimiser
les risques sur créances dans un environnement financier particulier alors que la
caution solidaire peut être un recours approprié dans d'autres environnements.
• Suivre l'efficacité des systèmes de contrôle en place : Une fois le
système de contrôle en place, les IMF doivent pouvoir suivre et apprécier son
degré de fonctionnalité et son efficacité. Les outils de suivi consistent avant tout
en un tableau de bord d'indicateurs de performance que les directeurs et
administrateurs doivent établir et suivre afin de s'assurer de la bonne gestion de
l’IMF.
Pour G. CHURCHILL et D. COSTER, cette procédure de gestion de
risques à trois niveaux est un processus continu en raison notamment de la
grande variabilité de la vulnérabilité dans le temps. Egalement, les risques
varient sensiblement selon l’étape de développement de l’institution.
Les IMF ne peuvent pas se permettre de se laisser aller à l’autosatisfaction
si elles veulent éviter d’être surprises par des innovations, la concurrence et les
nouvelles réglementations et bien d’autres facteurs. A quelle fréquence ce
processus doit être mis à jour? Cela variera selon le contexte du pays mais tout
au moins les dirigeants devraient chaque année réaliser la mise à jour annuelle
du système de gestion de risques.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 22
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Parallèlement à l’analyse de l’état actuel de l’institution, la gestion des
risques implique également l’utilisation des méthodes d’anticipation des
changements probables dans l’environnement interne et externe dans le court,
moyen et long terme. Puisque personne ne peut prédire avec exactitude l’avenir,
il est recommandé d’utiliser différents cas de figure ou hypothèses, des plus
optimistes, raisonnables aux pessimistes sur chacune des trois périodes
précédemment décrites. Quoiqu'il soit inconfortable d'envisager également le
pire des scénarii dans cet exercice, la gestion des risques suppose une approche
conservatrice dans l'estimation des résultats. Les responsables qui se basent
seulement sur des scénarii trop optimistes baignent dans l'illusion et exposent
leurs institutions à des déceptions perpétuelles.
C’est très important de noter que les IMF ne pourront pas complètement
échapper à l'ensemble des risques auxquels elles sont exposées. Tout effort
d'anticipation et de gestion de l'ensemble des risques potentiels générerait
d'importants coûts d'opportunité et exposerait ainsi l'IMF à d'autres catégories de
risques. La gestion de risques requiert également la recherche d'équilibre
approprié entre les coûts engagés et l'efficacité du système de contrôle, ainsi que
leurs effets nets sur la clientèle et le personnel de l'IMF.
PARAGRAPHE 2 : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE
La méthodologie est l’ensemble des démarches successives dont
l’application permet d’obtenir des résultats cohérents et fiables.
Nous allons aborder au niveau de cette section les éléments suivants :
• Le choix de la population d’étude et l’échantillonnage ;
• La collecte de données ;
• Les techniques d’analyse des données recueillies et les difficultés
rencontrées.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 23
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
A – LE CHOIX DE LA POPULATION D’ETUDE ET L’ECHANTIOLLONNAGE
Dans le cas de notre étude, la population est l’ensemble des associations à
volet microfinance installées sur le territoire national.
1. CHOIX DE LA ZONE D’ETUDE
Ayant constaté que la plupart des institutions de microfinance de notre
pays ont leur direction ou siège à Cotonou ou dans ses environs, nous avons
choisi de collecter les informations dont nous avons besoin pour notre travail
auprès de ces directions surtout que toutes les données des antennes et agences y
sont agrégées.
2. LE CHOIX DE L’ECHANTIOLLONNAGE
L’échantillonnage peut être défini comme une opération consistant à
choisir au sein d’une population donnée, l’objet de recherche et suivant une
méthode scientifique bien déterminée, un certain nombre d’éléments jugés
comme représentatifs de la population concernée. L’étude envisagée a porté sur
l’échantillon et les résultats obtenus sont généralisés à toute la population. Ainsi,
nous avons pu recevoir et consulter auprès de la Cellule de Surveillance des
Structures de Financement Décentralisées du Ministère de l’Economie et des
Finances les informations sur la plupart des IMF installées au Bénin.
B – LA COLLECTE DES DONNEES
A ce niveau, nous avons la recherche documentaire grâce à laquelle nous
pouvons avoir des informations complémentaires et des données secondaires.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 24
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
1. LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Elle est l’un des instruments au moyen duquel nous avons pu faire la
collecte des données secondaires. Elle a également permis de consulter des
documents au niveau du Fonds National de Microfinance. Nous avons surtout
utilisé l’Internet qui a permis de consulter beaucoup de documents sur la
gestion de risque dans les institutions de microfinance en général.
2. L’ENQUETE
Elle se scinde en trois parties : l’observation directe sur le terrain, les
entretiens et le questionnaire.
a) L’observation directe sur le terrain
Elle nous a permis d’apprécier de façon effective les réalités tangibles que
nous pourrions recueillir au moyen des questionnaires et des entretiens. Ainsi,
nous avons pu observer que presque toutes les institutions sont confrontées au
problème de manque de formation et de motivation du personnel, au problème
de non respect des procédures d’octroi de crédit et au problème de gestion des
impayés.
b) les entretiens
Ici, nous avons pu recevoir les informations précises auprès des personnes
compétentes à savoir, entre, le chef service Administratif et Financier du CFAD
Bénin ainsi que les chefs d’antenne de la même institution, les chargés de prêts
du PADME, PAPME pour ne citer que ceux-là.
Au cours de ces entretiens nous avons pu lire la documentation sur les
problèmes actuels du PADME qui ont conduit le gouvernement à mettre
l’institution sous administration provisoire et le cas du PAPME également sous
administration provisoire.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 25
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
c) Le questionnaire
Aux fins de vérifier les hypothèses posées, nous avons opéré de deux
manières : dans un premier temps, nous avons demandé le bilan sur les derniers
exercices des IMF enquêtées, consulté la documentation existante sur les IMF
dans les structures de contrôle et fournissant leurs indicateurs de performance,
puis dans un second temps adressé un questionnaire aux personnel des
institutions enquêtées.
C – LES TECHNIQUES D’ANALYSE DES DONNEES COLLECTEES ET LES DIFFICULTES
A cette étape il a été procédé à la mise en forme exploitable des
informations tirées des observations sur le terrain, et des données lors des
entretiens et de réponses recueillies lors des questionnaires.
Le dépouillement des questionnaires nous a permis de recenser les
données les plus pertinentes issues des réponses et ensuite nous avons effectué
une synthèse générale des données à partir des outils de traitement à savoir : la
statistique descriptive et les indicateurs de performance.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 26
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
CHAPITRE. II ANALYSE DU SECTEUR, IDENTIFICATION DES
RISQUES ET PRATIQUES CONTIBUANT A LEUR
NON MAITRISE
SECTION 1 : ANALYSE DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE
PARAGRAPHE 1 : DESCRIPTION DU SECTEUR
A – SITUATION GLOBALE
Le secteur de la microfinance apparaît comme un sous-secteur du secteur
financier dynamique, relativement important et de plus en plus articulé au
secteur bancaire.
Au 31 décembre 2005, selon les données fournies par la Cellule
Surveillance des Structures de Financement Décentralisées, le secteur de la
microfinance présentait les principales données suivantes :
• 3 types d’institutions : mutuelles d’épargne et de crédit au nombre de
18, institutions non mutualistes au nombre de 6 et ONG et Projets à
volets crédit conduisant 25 opérations ;
• 762 systèmes financiers décentralisés pour environ 1300 points de
services ;
• un nombre de bénéficiaires (membres et usagers) atteignant 685.000 ;
• 40 milliards FCFA en dépôts ;
• 85 milliards FCFA en encours de crédits pour environ 130.000 clients ;
• un taux de créances en souffrance de 7,1%.
La plus forte croissance de la clientèle des IMF est intervenue en 2002
(25%) avec une évolution moyenne de l’ordre de 10% les autres années. En
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 27
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 28
matière de mobilisation d’épargne et de conquête de marché, la FECECAM
reste le leader. En effet, ce réseau concentrait en 2005, 95% de l’encours
d’épargne avec plus de 60% de la part du marché du secteur.
En termes de fourniture de services financiers (notamment épargne et
crédit), des résultats obtenus, de sa diversification et de son articulation avec le
secteur bancaire,« le secteur de microfinance du Bénin occupe maintenant la
première place dans l’Union Monétaire et Economique Ouest Africaine
(UEMOA »12 Ce sont là des points forts qui ont contribué aux performances de
ce secteur, lesquelles ont poussé des banques classiques à s’impliquer
directement dans les activités de microcrédit.
Ces dernières années, le secteur de la microfinance semble affecté par une
crise de croissance (dégradation prononcée du portefeuille, gouvernance d’un
certain nombre d’IMF inappropriée face à la taille de leur réseau, système
d’information de gestion inadapté et systèmes de contrôle inefficaces).
Mais des facteurs externes ont contribué à l’aggravation de cette crise :
• difficultés des filières agricoles, notamment de la filière cotonnière ;
• un marché urbain qui semble saturé en raison d’une présence massive
d’IMF pratiquant pour l’essentiel la même méthodologie ;
• absence de vision partagée et concertée sur le développement du
secteur.
12 Confer Document de politique de développement de la microfinance au Bénin; 2008
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
B – NATURE ET TYPES DES INSTITUTIONS ET COUVERTURE GEOGRAPHIQUE 1. NATURE ET TYPES DES INSTITUTIONS
Le secteur béninois de la microfinance se caractérise par une diversité de
formes des prestataires de services. Lorsque l’on considère le mode d’activité,
les IMF peuvent être regroupées en trois grandes catégories :
a) Les institutions d’épargne et de crédit :
Il s’agit de l’ensemble des institutions qui proposent à la fois des produits
de crédit et des facilités d’épargne volontaire. Les institutions d’épargne et de
crédit regroupent les mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit ainsi que
les groupements d’épargne et de crédit. Suivant le recensement des IMF en
2005, ces institutions constituaient en nombre plus de 78% des organisations de
microfinance répertoriées au Bénin avec la même proportion de points de
service.
b) Les institutions de crédit direct :
Ce sont des institutions qui octroient uniquement des crédits à partir de
leurs ressources propres ou de lignes de crédits dont elles peuvent bénéficier
auprès de partenaires financiers locaux ou étrangers. Dans cette catégorie, on
peut regrouper la plupart des associations et des sociétés de microfinance. Les
données disponibles indiquent que environ 18% des institutions de microfinance
opérant sur le territoire béninois sont des organisations de crédit direct.
c) Les associations et projets à volet microfinance :
Ils regroupent aussi bien les organisations non Gouvernementales (ONG à
volet microfinance) que les initiatives gouvernementales à volet microfinance.
Les initiatives de ce type opèrent soit à travers des crédits directs aux
populations, des crédits relais à travers d’autres types d’IMF ou encore comme
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 29
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
opérateurs de caisses d’épargne et de crédit à la base. Les projets à volet
microfinance comptent pour environ 3% des initiatives de microfinance au
niveau national.
2. COUVERTURE GEOGRAPHIE
Les institutions de microfinance sont présentes sur l’ensemble du territoire
béninois. On note toutefois des différences entre départements pour ce qui est du
nombre et de la nature des IMF. Trois catégories apparaissent clairement .Le
tableau ci-après présente l’effectif des IMF par département et par nature
juridique.
Tableau N°1 : Tableau récapitulatif des IMF par département et par nature
juridique.
DEPARTEMENTS
MUTUELLES ET
COOPERATIVES D'EPARGNE DE
CREDIT
ASSOCIATIONS ET ONG A
VOLET MICRO
FINANCE
SOCIETESPROJETS A
VOLET MICRO
FINANCE
GROUPEMENTS
D'EPARGNE ET DE CREDIT
TOTAL
Alibori 15 5 0 0 21 41 Atacora 30 16 2 5 97 150 Atlantique 34 20 1 2 76 133 Borgou 39 24 1 10 36 110 Collines 30 30 0 6 110 176 Couffo 17 4 0 0 86 107 Donga 12 18 0 4 33 67 Littoral 18 23 10 1 32 84 Mono 19 31 2 1 66 119 Ouémé 36 22 2 0 92 152 Plateau 21 11 0 3 30 65 Zou 22 18 1 3 60 104 Total 293 222 19 35 739 1308 % 22,40 16,97 1,45 2,68 56,50 100,00
Source : DPM
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 30
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Commentaire
Du point de vue de la nature juridique des institutions, les départements
du Borgou, de l’Ouémé, de l’Atlantique, des Collines et de l’Atacora sont
couverts par près de 58% des mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit.
Ces départements arrivent aussi en tête en ce qui concerne le pourcentage des
points de services opérationnels.
Une analyse plus approfondie de la répartition des IMF entre le milieu
urbain et les zones rurales indique des difficultés d’accès physique des
populations rurales aux services des institutions de microfinance. Environ 40%
des points de services des IMF sont situés en milieu rural bien que plus de 60%
de la population béninoise soit rurale.
C – PRODUITS ET SERVICES OFFERTS
D’une manière générale, les produits et services offerts par les IMF
formelles sont peu variés. Toutes les institutions de microfinance proposent des
produits de crédit mais les institutions mutualistes sont en général les seules à
proposer de véritables produits d’épargne.
L’offre de produits et services est peu diversifiée au regard des besoins du
marché. Les produits sont similaires et ont peu varié autant dans leurs formes
que dans leurs conditions. On note une faible capacité d’évaluation des besoins
des clients et d’anticipation de l’évolution du marché.
Toutefois depuis quelques années, plusieurs institutions s’engagent dans
le développement de nouveaux produits ou l’amélioration de produits existants
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 31
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
pour mieux satisfaire les clients mais surtout pour répondre à la pression de la
concurrence des IMF et des banques.
La durée des crédits varie fortement suivant la taille de l’IMF. Il en est de
même des garanties apportées. La plupart des IMF de moyenne ou petite taille
propose des produits d’une durée moyenne de 6 à 12 mois.
Le montant moyen du crédit dépend essentiellement de la taille de l’IMF,
de sa localisation et de l’activité à financer. Les institutions comme : PADME,
PAPME ont évidemment une marge de manœuvre plus importante et proposent
des crédits allant de 500 000 FCFA à plusieurs dizaines de millions. En général,
ces crédits servent à le consolidation des PME. Les IMF de taille plus modeste
servant une clientèle plus pauvre se limitent à des crédits variant entre 10 000
FCFA à 500 000 FCFA.
En milieu rural, hormis la FECECAM qui octroie des crédits de plusieurs
millions de FCFA, la plupart des IMF des zones rurales, proposent des crédits de
montant n’atteignant pas 500 000 FCFA. Ceci traduit le faible financement de
l’agriculture, qui nécessite pourtant des crédits importants.
La question du coût du crédit demeure une préoccupation majeure des
acteurs du secteur. Les dirigeants des IMF souhaitent améliorer la viabilité et la
portée de leur institution, les clients des IMF veulent accroître leur marge
bénéficiaire et développer des activités plus rentables tandis que les pouvoirs
publics souhaitent renforcer l’efficacité de la microfinance dans la lutte contre la
pauvreté.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 32
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 33
« Les taux d’intérêt effectifs pratiqués par la plupart des IMF opérant au
Bénin sont en général au-delà du taux d’usure fixé par la loi. Dans la situation
actuelle, le respect strict de la réglementation sur l’usure entraînerait la
fermeture de la plupart des IMF.»13
Le niveau élevé des charges et le manque d’efficacité dans la fourniture
de services de microfinance sont les facteurs clés qui contribuent au niveau
élevé des taux appliqués par les IMF au Bénin.
PARAGRAPHE 2 : ENVIRONNEMENT LEGAL ET REGLEMENTAIRE
A – ENVIRONNEMENT LEGAL ET REGLEMENTAIRE
Au Bénin, conformément à la loi cadre (Loi PARMEC), les institutions de
microfinance sont régies par un ensemble de textes qui détermine leur
autorisation à exercer l’activité de microfinance. Il s’agit notamment de :
• la loi n° 97-027 du 8 août 1997, portant réglementation des institutions
mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit ;
• la loi n° 83-0008 du 17 mai 1983, portant définition et répression de
l’usure en République Populaire du Bénin et la loi n° 2003-22 du 11
novembre 2003 la modifiant ;
• le décret d’application n° 98-60 du 9 février 1998 de la loi N° 97-027
du 8 août 1997 ;
• l’arrêté n° 465/MF/DC/MICROFIN du 7 juin 1999, portant modalités
de conclusion de conventions avec les structures ou organismes
d’épargne et de crédit non constituées sous forme mutualiste ou
coopérative ;
13 Confer Document de politique de développement de la microfinance au Bénin
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 34
• les instructions de la BCEAO ;
• les dispositions de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires (OHADA) qui ont un impact sur les formes de
garanties et les modalités de recouvrement au niveau des IMF en cas de
défaillance du client.
Au 31 décembre 2005, on dénombrait un total de « 23 IMF autorisées à
exercer l’activité de microfinance. Ces IMF disposaient de 233 points de
service. »14 Les institutions autorisées peuvent être regroupées en deux grandes
catégories :
• Les mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit : Les données du
1er trimestre 2006 indiquent que les 153 points de services de
mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit servent plus de 80% de
la clientèle des IMF.
• Les structures non constituées sous forme de mutuelles ou coopératives
d’épargne et de crédit.
En marge des institutions régulièrement autorisées ou en voie de l’être, le
paysage de la microfinance se caractérise par un grand nombre d’institutions
non autorisées au terme de la réglementation. «Au 31 décembre 2005, les
institutions non autorisées disposaient d’environ 70% de points de service sur le
total des initiatives de microfinance même si, selon les estimations, elles
détiennent moins de 10% de l’encours de crédit au niveau du secteur. Sous cette
dernière catégorie, on peut regrouper :
• de nombreuses initiatives sous forme de mutuelles, coopératives,
associations ou ONG qui ne sont pas enregistrées. Les Associations des
Services Financiers (ASF) promues par le FIDA constituent sans aucun
doute les Prestataires de Services Financiers (PSF) dominants de cette
14 Données reçues à la Cellule de Surveillance des Structures de Financement Décentralisées
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 35
catégorie. Elles sont considérées comme les "banques rurales" de
proximité touchant les populations pauvres dans les zones rurales
reculées et défavorisées ;
• les Groupements d’Epargne et de Crédit (GEC) qui sont des
regroupements plus ou moins formels de personnes qui effectuent des
activités d’épargne et de crédit en s’inspirant des principes
mutualistes »15.
Ces groupements qui ont la faculté d’obtenir des autorisations selon la
réglementation en vigueur ne sont pas encore enregistrés
B – DISPOSITIONS NATIONALES
1. PRINCIPES GENERAUX
L’évolution des théories et pratiques de microfinance a connu une
amélioration sensible dans de nombreux pays. La prise de conscience du
potentiel de la microfinance pour améliorer les conditions de vie des familles
pauvres a suivi une trajectoire progressive. Des innovations ont permis de
toucher des catégories démunies de la population tandis que de nouveaux
acteurs ont fait leur apparition pour prendre en compte des segments
économiques délaissés par le secteur bancaire classique.
Le livre rose intitulé "Systèmes Financiers Inclusifs : guide des bonnes
pratiques pour les bailleurs de fonds de la microfinance" édité par le CGAP en
2004 a montré l’importance de l’articulation des trois niveaux macro, méso et
micro pour la construction des systèmes financiers inclusifs.
15 Cf Document de Politique de Développement du Secteur de la microfinance, 2008
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 36
Le Livre Bleu "Construire des secteurs financiers accessibles à tous "
recommande de définir la vision partagée de la construction de secteurs
financiers accessibles à tous à travers un processus participatif en trois étapes :
diagnostic du secteur financier, élaboration de la vision, de la politique et de la
stratégie et mise en oeuvre de la stratégie nationale.
La politique nationale de microfinance du Bénin retient les principes
généraux sur lesquels les acteurs ont marqué leur accord à savoir16 :
• Rôle prééminent donné au secteur privé et aux institutions financières
dans l’offre de produits et services financiers ;
• Non – exécution directe de programmes de microfinance par le
Gouvernement;
• Création d’un environnement politique, économique, légal et
réglementaire favorisant le développement du secteur ;
• Orientation vers le marché pour les politiques financières et de crédit
y compris l’intégration au système financier.
Ces principes généraux de base sont renforcés par les bonnes pratiques
véhiculées par le CGAP et résumées ci-après :
• favoriser la création et soutenir le développement d’institutions viables
et permanentes qui visent l’accès à des services durables ;
• être à l’écoute des clients et s’engager à leur fournir des services
adaptés ;
• appliquer des taux d’intérêt sur les prêts permettant aux IMF de couvrir
leurs charges ;
• développer de bons systèmes d’information de gestion (SIG) qui
fournissent à temps des informations statistiques et financières fiables ;
• établir la transparence dans la diffusion des informations financières ;
16 Les points cités sont ceux retenus par le Document de Politique de Développement de la microfinance, 2008
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
• favoriser la mobilisation de l’épargne ;
• établir et favoriser une gouvernance efficace au sein des IMF ;
• encourager les gouvernements à créer un environnement macro-
économique favorable au développement de la microfinance ;
• investir davantage dans l’assistance technique pour l’émergence
d’institutions et leur capitalisation ;
• éviter de "réglementer à la hâte" et établir au besoin un cadre
réglementaire incitatif.
2. ROLES DES ACTEURS
Dans le cadre du respect de ces principes, les rôles et responsabilités des
différents acteurs se déclinent ainsi :
• les IMF et leur association professionnelle s’engagent à promouvoir
une intermédiation financière viable et pérenne ;
• le Gouvernement crée un environnement favorisant le développement
des marchés financiers et aidant les IMF à développer leur offre ;
• les autres intermédiaires financiers tels que les banques et
établissements financiers agissent en tant que grossistes envers les
IMF ou mettent en oeuvre directement des programmes de
microfinance conformément à la réglementation en vigueur ;
• les ONG et autres structures d’appui apportent une assistance
technique en favorisant les relations entre la clientèle et les IMF ;
• les bailleurs de fonds fournissent davantage d’appui technique aux
IMF et en cas de besoin, des ressources financières, sur la base des
plans d’affaires des IMF notamment.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 37
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
SECTION 2 : IDENTIFICATION DES RISQUES EN MICRO
FINANCE ET PRATIQUES CONTRIBUANT A LEUR
NON MAITRISE
PARAGRAPHE 1 : IDENTIFICATION DES RISQUES EN MICRO FINANCE
Comme les IMF se soustraient de plus en plus de la dépendance vis-à-vis
des bailleurs de fonds au profit d’une autonomie financière durable ; une vision
claire, des systèmes de gouvernance fiables et efficaces, et un personnel
compétent deviennent des déterminants cruciaux pour une meilleure gestion des
risques et partant, un assainissement du portefeuille crédit.
L’évaluation des risques des IMF présente une analyse objective des
problématiques de développement institutionnel et de viabilité financière, en
distinguant quatre types de risques à savoir : risques institutionnels, risques
opérationnels, risques de gestion financière et risques externes.
.
A – RISQUES INSTITUTIONNELS
Le succès d'une institution de microfinance est défini comme la capacité
de cette dernière à fournir, de façon indépendante, des services financiers à un
nombre important de personnes à faibles revenus, et ce, de façon durable.
L’évaluation des risques par rapport à cette définition expose l’organisation à
trois niveaux de risques institutionnels : risques liés à la mission sociale, risques
liés à la mission commerciale et risque de dépendance.
1. RISQUES DE MISSION SOCIALE
S'il est admis que toutes les IMF n’ont pas les mêmes déclarations de
mission, on reconnaît cependant qu'elles ont en commun une double mission : la
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
mission sociale et la mission commerciale. Leur mission sociale est de fournir
des services financiers abordables à un nombre important de personnes à faibles
revenus afin de les aider à améliorer leurs conditions de vie. La mission sociale
des institutions de microfinance les expose à des risques importants si les
groupes cibles ou les parts respectives de clientèle ne sont pas bien définis, et si
des mécanismes de suivi ne sont pas mis en place pour assurer une meilleure
adéquation des services financiers fournis aux besoins réels de leur clientèle
actuelle et potentielle.
2. RISQUE DE MISSION COMMERCIALE
La mission commerciale des IMF est de fournir des services financiers de
manière à permettre à l’organisation de se pérenniser et de devenir
autosuffisante. Les IMF seront exposées au risque commercial si leurs taux
d’intérêt ne sont pas assez élevés pour couvrir leurs charges et si elles ne sont
pas gérées efficacement comme une entreprise commerciale. Il existe des fois un
conflit entre la mission sociale et la mission commerciale. Par exemple, si on
offrait des crédits assez importants, la durabilité peut être facilement affectée.
Or, il se pourrait que la raison d’être de la mission sociale, qui est de fournir des
services financiers à la couche de population à faible revenu et difficile à
atteindre, qui demande le plus souvent de petits crédits, soit affaiblie. Le défi
pour la microfinance est de réaliser, en permanence, l'équilibre entre les
missions sociale et commerciale pour atteindre son but final.
3. RISQUE DE DEPENDANCE
Le risque de dépendance est semblable à celui du risque de la mission
commerciale. Les nouvelles IMF qui sont soutenues par des organisations
internationales, sont les plus affectées, surtout en ce qui concerne les activités
de microfinance qui sont gérées comme un projet et qui ne sont pas des
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
institutions indépendantes. Ces IMF sont vulnérables à la dépendance par le
soutien des organisations internationales. Bien que ce soutien paraisse
avantageux au début, il pourrait affaiblir davantage les efforts vers une
institution indépendante à long terme.
B – RISQUES OPERATIONNELS Le risque opérationnel est la vulnérabilité à laquelle est confrontée l’IMF
dans sa gestion quotidienne ainsi que la qualité de son portefeuille (risque de
crédit), le risque de fraude et le vol (risque de sécurité).
1. RISQUE CREDIT
Comme pour toutes les institutions financières, le plus grand risque en
matière de microfinance est d’octroyer un crédit et ne pas se le faire
rembourser. Le risque de crédit est une préoccupation particulière dans les IMF
dans la mesure où la plupart des micros crédits ne sont soumis à aucune garantie
formelle.
Pour déterminer la vulnérabilité d’une institution au risque de crédit, on
doit revoir les politiques et les procédures à chaque niveau dans les processus
d’octroi de crédit pour déterminer si les risques de défaillance et de pertes sur
créances sont réduits à un niveau suffisamment raisonnable. En plus il va falloir
analyser si les procédures et les politiques sont bien fondées et savoir si elles
sont appliquées. Les meilleures politiques dans le monde n’ont pas de sens si le
personnel n’est pas bien formé pour les exécuter ou s’il choisit de ne pas les
suivre.
2. RISQUE DE FRAUDE
N’importe quelle organisation qui gère une importante somme d’argent
est extrêmement vulnérable à la fraude. Cette vulnérabilité est souvent
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
prédominante dans les milieux économiquement démunis. La vulnérabilité à la
fraude est particulièrement plus grande dans des contextes où l’argent change de
mains. Cette vulnérabilité est encore plus critique dans des institutions de
microfinance qui disposent d'un Système d'Information de Gestion (SIG) peu
fiable ou peu cohérent, des politiques et procédures non clairement définies, un
taux élevé de renouvellement du personnel technique, ou encore si l'IMF atteint
précocement un fort taux de croissance. La gestion des dépôts d'épargne,
particulièrement des épargnes libres augmente la vulnérabilité dans la mesure où
toute défaillance dans la détection de fraude interne pourrait conduire à la perte
d'actifs liquide circulant de la clientèle, et à la rapide détérioration de la notoriété
de l'institution.
3. RISQUE DE SECURITE
Comme dans le cas des fraudes, les IMF qui manipulent l’argent sont
grandement exposées aux vols. Ce constat se justifie par le fait que les IMF
opèrent souvent dans des contextes ou zones où, du fait de la pauvreté
dominante, sont des sites à hauts risques de criminalité, où la tentation est tout
au moins très forte. Par exemple dans des Agences à fort volume de
transactions, le montant total de remboursements quotidiens collectés pourrait
aisément excéder le revenu moyen annuel des ménages dans une communauté
donnée.
C – RISQUES DE GESTION FINANCIERE
1. PATRIMOINE ET DETTE
La vulnérabilité financière d’une IMF se résume aux risques réels subis
par ses emplois ou ses ressources. Elle est composée de risques liés aux taux
d’intérêts, des risques de liquidité et risques de change avec les devises
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 41
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
étrangères. Le risque de taux d’intérêt s’élève quand les termes et les taux
d’intérêts de l’actif et passif de l’IMF sont mal négociés. Par exemple, si le taux
d’intérêt sur le passif à court terme augmente avant que l’IMF ne puisse ajuster
son taux de crédit, le différentiel entre le revenu d’intérêt et les charges
financières va nettement diminuer, affectant ainsi la marge financière de l’IMF.
Les IMF implantées dans des environnements inflationnistes sont
particulièrement vulnérables à ce type de risque. Le risque de liquidité est la
possibilité d’emprunter des ressources financières exigibles à court terme pour
faire face à des besoins de financement immédiats tels les décaissements des
prêts, les paiements de factures ou remboursement de dettes. Les IMF sont plus
vulnérables au risque de change si elles doivent rembourser de l’argent
emprunté en devises étrangères pendant que le refinancement du prêt a été fait
en monnaie locale ; les revenus d'intérêts générés localement étant généralement
maigres pour couvrir les charges financières.
2. INEFFICIENCE
L’efficience reste l’un des plus importants défis pour les institutions de
microfinance. Elle traduit la capacité de l'organisation à minimiser les coûts
marginaux d'exploitation par rapport à la production, et dépend subséquemment
de la maîtrise des coûts et du seuil de rentabilité. Les IMF très peu efficientes
gaspillent des ressources et fournissent irrésistiblement des services et produits
peu performants aux clients avec des taux d’intérêt et coûts d’opérations
exorbitants.
D – RISQUES EXTERNES
Bien que les directeurs et les gérants des IMF aient moins de contrôle sur
les risques externes, ils doivent néanmoins évaluer les risques externes auxquels
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
ces dernières sont exposées. Une institution de micro finance peut disposer d'un
personnel et d'un système de gestion et de contrôle très performant, mais elle
pourrait cependant être confrontée à d’énormes problèmes provenant de son
environnement. Les risques externes échappent le plus souvent au contrôle
interne de l’IMF concernée, cependant il est nécessaire que ces risques soient
perçus comme des défis auxquels l’IMF doit faire face au risque d’être exposée
à de faibles performances.
1. REGLEMENTATION
Les décideurs politiques, les directeurs de banques et d’autres structures
de réglementation accordent davantage une attention particulière aux activités
des institutions de microfinance. Cette attention est d'autant plus grande quand
les IMF assurent des missions d'intermédiation financière c’est-à-dire qui
assurent la mobilisation de l'épargne de leurs membres ou clientèle et le
recyclage de la masse d'épargne mobilisée en crédits auprès d'autres clients ou
institutions. Les dispositions réglementaires pouvant créées une vulnérabilité au
sein d'une IMF sont le code de travail, la loi sur l'usure, la déréglementation et
les interférences politiques.
2. CONCURRENCE
Dans certains contextes, le secteur de la microfinance devient
excessivement compétitif, avec l'intervention de nouveaux acteurs institutionnels
tels les banques et autres institutions de crédit à la consommation.
Les risques de concurrence proviennent notamment de la méconnaissance
des services et des concurrents afin de bien définir son propre plan marketing en
terme de produits ou services, de prix, de concurrence et de part de marché. Le
risque de la concurrence peut s’aggraver si les IMF en présence n'ont pas un
système d'information et de référence sur les dossiers de crédits en instances et
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
les performances antérieures des candidats aux prêts au sein d'autres institutions
de crédit.
3. DEMOGRAPHIE
Puisque la plupart des IMF ciblent des individus à revenus faibles, les
directeurs des IMF doivent savoir que la vulnérabilité de l’institution augmente
selon les caractéristiques du marché. En évaluant les risques démographiques, à
savoir les taux de mortalité, le taux de scolarisation, le passé entrepreneurial, la
mobilité de la population, la cohésion sociale au sein des communautés, les
expériences des programmes de crédit antérieurs, la rigueur locale à l'égard de
la corruption.
4. ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
Certaines localités sont astreintes à des calamités naturelles (inondations
ou sécheresse) qui affectent les ménages, les entreprises, les flux de revenus et la
prestation de services de microfinance. En plus, l’infrastructure physique, telle
que le transport, la communication et la disponibilité des infrastructures bancaire
dans la localité de l’IMF, peut l’exposer à une vulnérabilité accrue.
PARAGRAPHE 2 : PRATIQUES CONTRIBUANT A LA NON MAIRTRISE DES
RISQUES
A – POLITIQUE DE MICROCREDIT DES ASSOSSIATIONS A VOLET MICROFINANCE
1. BENEFICIAIRES CIBLES DES MICROCREDITS
Les bénéficiaires de microcrédit dans les associations à volet microfinance
que sont le PADME, PAPME, VITAL-FINANCE et le CFAD-Bénin sont les
clients (individuels et groupements) : les paysans, les revendeurs, les
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
commerçants, les pêcheurs et les artisans. Ils représentent une grande part de
l’activité économique du pays. A cette catégorie de clients il faut ajouter les
salariés et les fonctionnaires de l’Etat.
2. CRITERES D’ELIGIBILITE
La remarque dans toutes les institutions de microcrédit parcourues est que
seuls les prêteurs qui ont prouvés une capacité de remboursement sont acceptés.
Autrement dit, le client doit avoir une activité génératrice de revenu. Ainsi, la
décision sur une demande de crédit exige des agents de crédit l’acquisition de
toutes les informations nécessaires. Les données fournies par l’emprunteur telles
que, la résidence, l’emploi, les biens possédés, les dettes et les revenus doivent
être validées. De plus, la situation financière de l’emprunteur doit être analysée
et vérifiée au besoin.
3. MODALITES D’OCTROI ET DE REMBOURSEMENT
Le montant à accorder ainsi que les modalités de remboursement doivent
être directement reliés et conditionnés par l’objet du crédit et les garanties
offertes.
a) Montant de crédit
D’une institution à une autre, les montants plafonds diffèrent.
Il est généralement admis que le montant plafond est de cinq millions
(5000000) de francs CFA. La réalité sur le terrain est que certains clients
déclarent avoir eu des montants largement supérieur à 5 000 000F CFA.
b) Durée de remboursement
Elle est fonction du montant, de la nature du crédit et de son objet. Dans
certaines institutions, sur certaines lignes de crédit spéciales, la durée va jusqu’à
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 45
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
5 ans. C’est le cas par exemple du Fonds d’Appui aux Artisans (FAA) au
CFAD-Bénin, du Fonds de Garantie au profit des Artisans ( FOGA) au PADME.
c) Echéance
Toutes les institutions retiennent des remboursements en accord avec les
clients ; soient ils sont hebdomadaires, mensuels, trimestriels, semestriels ou
annuels. Au déboursement, l’échéance convenue est bien précisée au client sur
un document. Toutefois, des périodes de différé de un (1) à trois (3) mois sont
admises selon le type de crédit et l’objet financé.
Dans ce cas, sur toute la Période de différé, des intérêts de différé sont
payés mensuellement.
4. TAUX DE CREDIT
Le taux de crédit est fonction de la durée, du type de crédit et de l’objet
financé.
Au bénin dans toutes les IMF reconnues, dans le cadre des activités
ordinaires, il est habituellement pratiqué un taux d’intérêt de 2% par mois sur la
base dégressive et annuelle.
5. FRAIS DE DOSSIER
Les frais de dossier varient d’une institution à une autre. On note tout de
même qu’il est pratiqué un taux de 1% du montant de crédit.
6. LES GARANTIES
Les garanties ne sont pas un substitut à la capacité de remboursement. On
retient que tous les crédits doivent être assortis de garantie de façon à couvrir les
risques de perte, ou de les réduire au maximum ; elles sont des éléments à rendre
crédible l’engagement du bénéficiaire.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 46
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
a. Type de garantie
Pour minimiser les risques liés au crédit, il est important que le client
accompagne sa promesse de rembourser de garanties financières et matériels.
Garantie financière
Il s’agit d’une part de l’épargne préalable exigée à l’emprunteur avant
d’accéder au crédit. Elle est égale à 10% du montant du prêt. D’autre part, il
s’agit du retrait obligatoire, total ou partiel : il consiste à retenir par blocage
toute ou partie de l’épargne progressive sur remboursement de l’emprunteur
pour garantir le prêt.
Suretés réelles
Elles sont les biens matériels mis en gage, en hypothèque ou en
nantissement pour garantir une dette.
Caution solidaire
Pour les crédits de groupe, la caution solidaire constitue une garantie. Les
emprunteurs sont responsables ensemble du crédit et non seulement de leur part.
7. LE RECOUVREMENT
Les agents de crédit organisent le suivi de tous les prêts déboursés. Le
suivi consiste à relancer les clients qui ne réagissent pas à l’échéance et à leur
rendre des visites afin de les relancer. Passé les étapes de relance les dossiers des
clients qui ne s’obligent pas à honorer leur remboursement sont confiés au
comité chargé spécialement des recouvrements. Le comité poursuit le
recouvrement soit à l’amiable soit déclenche le recouvrement judicaire.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 47
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
8. PENALITES DE RETARD
Il est exigé aux bénéficiaires en retard de remboursement deux sortes de
redevances supplémentaires, à savoir : la pénalité et les intérêts de retard.
B – MAITRISE DES RISQUES. Dans le souci d’avoir une idée de l’état du portefeuille à chaque moment,
il est calculé différents indicateurs.
1. PRESENTATION DES INDICATEURS DE QUALITE DE PORTEFEUILLE.
a) Le taux de pénétration
Il traduit la proportion du nombre de clients couverts par les IMF par
rapport aux potentialités du marché ciblé par le secteur de la microfinance. Ce
taux est très difficile à cerner en raison de l’absence de données statistiques
réelles relatives à l’importance du potentiel du marché cible. Il existe quelques
estimations, mais elles ne sont pas conforment à la réalité.
Le tableau suivant montre l’évolution du nombre de clients des
associations à volet microfinance sur la période 2003 à 2007.
Tableau N° 2 : Evolution du nombre de clients des associations à volet
microfinance de 2003 à 2007.
EVOLUTION DE LA CLIENTELE ANNEE 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007
PADME 40 121 37 661 36 758 32 686 55 351PAPME 15 590 12 794 25 576 30 827 12 213VITAL FINANCE 16 151 18 750 20 172 20 881 24 038CFAD-BENIN 916 2 656 3 236 3 236 33 686
Source : CSSFD
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Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Commentaire
Les données du tableau 2 font remarquer que la clientèle de PADME, a
constamment régressé entre 2003 et 2006 avant de connaitre une augmentation
sensible en 2007.
En ce qui concerne le PAPME, l’institution a connu également une
régression entre 2003 et 2004 puis accroit sensiblement entre 2005 et 2006 avant
de chuter considérablement en 2007.
Quant à ce qui concerne VITAL-FINANCE et le CFAD-Bénin, la
clientèle progresse légèrement et régulièrement entre 2003 et 2005, reste
sensiblement constante de 2005 à 2006 avant de progresser de nouveau de 2006
à 2007 où elle atteint un taux d’accroissement d’environ 945% au CFAD-
Bénin. Notons que le CFAD-Bénin pilote le MCPP
Au même moment on peut s’intéresser à l’encours de crédit pour voir
l’impact de l’évolution de la clientèle sur son évolution.
Le tableau suivant montre l’évolution de l’encours dans les différentes
institutions entre 2003 et 2007.
Tableau N° 3 : Evolution de l’encours de crédit entre 2003 et 2007
EVOLUTION DES ENCOURS BRUTS (en FCFA)
ANNEE 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007
PADME 14 138 133 012 21 545 078 035 20 746 182 498 16 562 546 742 14 746 438 760
PAPME 15 134 430 677 18 704 469 150 21 156 372 138 16 418 229 022 9 826 431 770
VITAL FINANCE 3 261 689 093 4 012 846 000 4 513 758 055 3 544 709 981 3 231 406 253
CFAD-BENIN 43 448 163 140 594 612 239 050 170 260 655 937 451 783 762
Source : CSSFD
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 49
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Commentaire
La lecture du tableau 3 montre que l’encours brut de crédit a progressé
régulièrement entre 2003 et 2006 au niveau des quatre institutions de
microfinance et jusqu’en 2007 au niveau du CFAD-Bénin. En 2007, l’encours
brut de crédit au niveau de PADME, PAPME et VITAL-FINANCE a régressé.
b) Le ratio d’autosuffisance opérationnelle
L'autosuffisance opérationnelle est la mesure la plus élémentaire de la
pérennité. Elle indique si les produits d'exploitation sont suffisants pour couvrir
toutes les charges d'exploitation à l'aide de ses revenues opérationnelles.
Les charges financières et dotations aux provisions pour créances
douteuses sont incluses dans ce calcul parce qu'elles constituent des coûts
normaux et significatifs d'exploitation. En se concentrant sur la couverture des
coûts, l'AO traduit la capacité de l'IMF à poursuivre ses opérations sans
subventions futures.
C'est un indicateur de viabilité. Les institutions qui ne peuvent pas couvrir
leurs coûts nécessitent des injections périodiques de fonds extérieurs pour être
en mesure de continuer à opérer.
Formule : Produits x 100 / charges d'exploitations + charges financières +
dotations aux provisions pour créances douteuses.
Norme BCEAO : > 130%
Le tableau suivant présente l’évolution du ratio d’autosuffisance
opérationnelle des associations à volet micro crédit au Bénin entre 2002 et 2007.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 50
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Tableau N°4 : Evolution de l’autosuffisance des associations à volet micro
crédit entre 2004 et 2007.
AUTOSUFFISANCE OPERATIONNELLE EN %
ANNEE 2 004 2 005 2 006 2 007
PADME 193,6 111,3 74,7 98,2 PAPME 129,3 93,8 58,4 52,9 VITAL FINANCE 123,0 107,4 96,0 108,6 CFAD‐BENIN 86,5 74,8 35,6 0,0
Source : CSSF
Commentaire
L'analyse approfondie du tableau n° 4, laisse voir que les ratios
d'autosuffisance opérationnelle ont évolué en régressant dans toutes les
institutions.
Les seules institutions ayant approché ou atteint la norme retenue par la
BCEAO l’ont fait en 2004 où PADME est allé jusqu’à 193,6 %. Remarquons
également qu’au CFAD-Bénin en 2007 l’autosuffisance opérationnelle a été de
0,0 % preuve que l’institution n’a fonctionné que sur de ressources extérieures.
Partant de la comparaison par rapport à la norme de la BCEAO, qui veut
que ce ratio soit supérieur à 130 %, nous disons que l'équilibre est fragile. Sa
faiblesse indique que les produits générés par les IMF ne permettent pas à
celles-ci de couvrir totalement leurs charges opérationnelles.
c) Taux de portefeuille à risque
Il est la mesure la plus acceptée dans les IMF. Il permet aux gestionnaires
de mesurer la partie du portefeuille de crédit contaminée par les impayés et
présentant un risque de ne pas être remboursé.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 51
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Formule : Encours des crédits ayant une échéance en retard x 100/ encours
brut de crédit
Norme BCEAO : < 5 %
Le tableau ci-après montre l’évolution de taux de portefeuille à risque sur la
période 2003 à 2007.
Tableau N° 5 : Evolution du portefeuille à risque de 2003 à 2007
TAUX DE PORTEFEUILLE A RISQUE en %
Année 2003 2004 2005 2006 2007
PADME 0,6 1,0 10,7 10,1 6,3
PAPME 2,2 3,6 6,2 13,9 22,3
VITAL FINANCE 2,1 0,0 10,0 12,0 4,6 CFAD‐BENIN 0,2 1,6 9,4 21,3 17,4
Source : CSSFD
Commentaire
Il ressort du tableau n° 5 que, le portefeuille à risque est faible de 2003 à
2004 ; ce qui note que les cas d’impayés au cours de ces années n’étaient pas
trop préoccupant. A partir de 2005 les taux ont augmenté en dépassant
largement dans presque toutes les institutions les normes retenues par la
BCEAO.
De manière générale, tout portefeuille à risque excédant 10% doit être
préoccupant. Par rapport à la norme de BCEAO, la situation est totalement
préoccupante du fait que toutes les institutions connaissent en général de fort
taux de portefeuille à risque. D’énormes efforts doivent être consentis pour le
recouvrement de ces crédits.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 52
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
d) Le résultat net d’exploitation
Tableau N° 6 : Evolution des résultats nets de 2003 à 2007
EVOLUTION DES RESULTATS NETS (en FCFA) 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007
PADME 1 474 778 681 2 123 279 587 605 419 633 ‐1 504 167 295 173 212 858
PAPME 1 272 652 318 1 042 774 405 82 028 691 ‐3 144 587 439 ‐3 354 829 576
VITAL FINANCE 235 011 312 182 045 000 104 626 848 13 668 592 167 281 310
CFAD‐BENIN 459 358 140 864 233 23 066 063 4 858 630 ‐76 920 538
Source : CSSFD
Commentaire
De 2003 à 2007, on note une régression des résultats nets dans la plupart
des IMF au point où en 2006 les résultats sont devenus déficitaires pour
PADME et PAPME tandis qu’au niveau des autres IMF la tendance demeure la
même. Mais il est à noter qu’à partir de 2007 une remontée de la pente dans la
plupart des IMF.
Cet état de chose s’explique par le fait qu’à partir de 2005 les activités
dans le pays ont régressé du fait de l’approche des élections présidentielles.
Cette tendance s’est confirmée par des résultats déficitaires au niveau des IMF
où l’on peut penser que les entrepreneurs ont détournés carrément les crédits à
eux octroyés.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 53
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
C – PRATIQUE CONTRIBUANT A LA NON MAITRISE DES
RISQUES
Cette partie sera consacrée à la présentation des résultats relatifs aux
enquêtes effectuées aussi bien auprès des agents de crédit ainsi qu’au niveau
des clients. Les résultats seront présentés sous forme de tableau.
1- PRESENTATION DES RESULTATS.
a) Enquêtes auprès des agents de crédit
Les enquêtes ici sont relatives aux fréquences des retards de paiement, aux
causes d’impayés et à la rigueur tenue au respect des procédures.
Tableau N° 7: Répartition des clients selon les causes d’impayés
PADME PAPME CFAD-BENIN Nombre % Nombre % Nombre %
Détournement Des crédits 19 24,1 22 32,4 27 32,2
Difficultés de trésorerie 31 39,2 29 42,6 41 48,8
Aléas climatiques 13 16,5 11 16,2 07 8 ,3
Autres 16 20,2 06 8,8 09 10,7
Total 79 100 68 100 84 100
Source : Notre enquête 2009 Commentaire
Du tableau, il ressort que les retards d’impayés sont souvent le fait de
difficultés de trésorerie des clients et des détournements de crédits. D’une
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 54
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
institution à une autre les taux diffèrent ; toujours est-il que de façon
chronologique, on retrouve comme première cause les difficultés de trésorerie
puis suivent, les détournements de crédit et enfin les aléas climatiques. Au
nombre des autres causes on a souvent cité la mauvaise foi des clients.
Tableau N° 8 : Répartition des clients selon la période d’impayé
PADME PAPME CFAD-BENIN Nombre % Nombre % Nombre %
Au début (avant 4è éch.) 23 29,1 14 20 ,6 21 25
Au milieu (entre 4è et 8è éch.) 19 24,1 25 36,8 17 20,2
A la fin (après 8è éch.) 37 46,8 29 42,6 46 54,8
Total 79 100 68 100 84 100
Source : Notre enquête 2009 Commentaire
En ne considérant que les crédits d’une durée d’un an remboursable en 12
mensualités, on remarque que les impayés surviennent le plus souvent en fin
d’échéance (entre la huitième et la douzième échéance). En revanche on constate
également qu’au début déjà d’autres crédits entent en impayés c’est le cas pour
la plupart des renouvellements de crédit.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 55
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Tableau N° 9 : Répartition des chargés de prêts suivant qu’ils respectent
strictement ou non les procédures dans le montage des dossiers
PADME PAPME CFAD-BENINFréquences de respect des procédures Nombre % Nombre % Nombre %
Pas du tout 00 00 00 00 00 00
Quelques fois 11 31,4 06 26,1 29 65,9
Toutes les fois 24 68,6 17 73,9 15 34,1Total 35 100 23 100 44 100
Source : Notre enquête 2009 Commentaire
Du tableau il ressort que les agents de crédit sont pour la plupart soucieux
de respecter les procédures prescrites par leurs institutions. Toutes fois certains
agents de crédit transgressent certaines procédures surtout dans le choix des
clients, dans les garanties matérielles exigibles et les activités financées. Dans
certaines institutions les chargés de prêts font carrément mal leur travail ne
respectant pas souvent les procédures.
b) Enquête auprès des clients.
Les enquêtes ici sont relatives à l’appréciation des clients du suivi des prêts
fait par les agents de crédit
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 56
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Tableau N° 10 : Répartition des clients selon leurs appréciations par rapport
aux visites des chargés de prêt pour le suivi des crédits
PADME PAPME CFAD-BENIN SUIVI DES PRETS
Nombre % Nombre % Nombre %
Fréquents 14 60 ,9 17 64,4 09 29
Acceptables 07 30,4 06 23,1 14 45,2
Rares 02 8,7 03 11,5 08 25,8 Total 23 100 26 100 31 100
Source : Notre enquête 2009 Commentaire
Le suivi des prêts est mieux fait dans certaines institutions que d’autres.
La tendance est que les chargés de prêt suivent moyennement les crédits mis en
place. Toutefois, la réalité sur le terrain est que les clients questionnés sont ceux
réguliers dont les crédits demeurent sains.
Au total, le suivi qui devrait être systématique ne l’est pas.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 57
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
CHAPITRE III : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Le présent chapitre présente la synthèse des résultats, la vérification des
hypothèses et les recommandations issues des conclusions.
SECTION 1 : SYNTHESE DES RESULTATS
La présente étude s’est étendue sur la maîtrise des risques liés à l’offre de
services financiers aux pauvres. Notre travail a surtout consisté à participer à la
pérennisation de ce type de service en permettant aux acteurs de se départir des
mauvaises pratiques dans le montage des dossiers, tout en faisant ressortir les
conséquences des impayés sur le lendemain des institutions.
PARAGRAPHE 1 : SYNTHESE SUR L’ANALYSE DES POLITIQUES D’OCTROI DE
CREDIT
Les enquêtes nous ont permis de cerner la pratique au sein des IMF dans
le montage des dossiers et de les comparer aux politiques prescrites dans les
différents manuels de procédure. Au terme de cette analyse nous pouvons retenir
les points d’achoppement suivants: l’identification des clients, le respect des
politiques et le suivi des prêts.
• L’identification des clients
Dans le portefeuille d’un chargé de prêt, il est très fréquent de voir des
clients dont le nom se retrouve dans le portefeuille de tous les autres agents de
crédit des autres IMF. Les chargés de prêt n’utilisent donc pas ou utilisent très
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 58
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
peu l’outil de filtrage des clients (la Centrale d’Echange et d’Information) du
Consortium ALAFIA ou ferme les yeux sur cet outil pour une raison inavouée.
• Le respect de la politique de crédit dans le montage des dossiers
Le tableau N° 9 nous renseigne entre autre que les chargés de prêt
travaillent de façon mécanique et oublie souvent d’actualiser leur pratique au gré
des actualisations des manuels de procédure. On constate que la politique de
crédit pratiquée par certains agents de crédit est celle pratiquée au moment où ils
intégraient l’institution. Pour la plupart des institutions, les manuels ont connu
des améliorations avec le temps. Parmi les chargés de prêt, même ceux qui
pensent qu’ils respectent les politiques, on remarque qu’ils sont souvent à l’écart
des politiques actualisées.
• Le suivi des prêts
Une fois les crédits déboursés, le chargé de prêt ne s’oblige pas souvent
d’aller voir les clients, et souvent, c’est au moment où les clients commencent à
être en retard que les visites de suivi surviennent. Les réponses obtenues au
niveau du tableau N° 10 font état du suivi des clients par les chargés de prêt ;
apparemment le suivi est mieux fait dans certaines institutions que d’autres.
Notons qu’au niveau de PADME et de PAPME les réponses ont été obtenues en
présence des chargés de prêt.
PARAGRAPHE 2 : SYNTHESE SUR L’IDENTIFICATION DES BENEFICIAIRES DES
SERVICES DES ASSOCIATIONS A VOLET MICROFINANCE.
De nos enquêtes et des entretiens et documents consultés, on retient que
les associations à volet microfinance n’appuient que les initiatives privées dont
les promoteurs ont déjà testé la rentabilité sur le terrain. Autrement dit, pour
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 59
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bénéficier d’un microcrédit il faut avoir au préalable une activité génératrice de
revenu qui a prouvé sa capacité de réaliser de bénéfices. Ce faisant dans la cible,
des potentiels bénéficiaires se voient écarter.
• Conditions d’accès au microcrédit
Est éligible au microcrédit dans les institutions à volet microfinance, toute
personne ayant une activité génératrice de revenu et répondant aux conditions de
garantie financière et matérielle ou avoir une caution répondant à ces conditions
de garantie. Ces conditions sont-elles que des porteurs d’initiative n’ayant pas
débuté leurs petites initiatives se voient exclure. En considérant que tous les
exclus du système bancaire officielle sont des pauvres, et qu’une partie est
exclue également ici, on se demande si la pauvreté revêt plusieurs étages.
• Catégorisation de la pauvreté
La banque mondiale définit la pauvreté par le pouvoir d’achat que procure
une certaine somme en dollar durant une année ; rapporté au jour ,est dit pauvre
dans la mesure de la banque mondiale toute personne vivant avec moins d’un
dollar US par jour. La détermination d’un concept de pauvreté plausible doit
partir d’une conception des besoins fondamentaux des êtres humains, puis
rechercher quels sont les différents produits à l’aide desquels nous pouvons
satisfaire ces besoins. Nous devons alors considérer comme pauvres ceux qui ne
peuvent pas s’offrir un assortiment suffisant de ces produits. Ainsi considéré, le
pauvre ne peut objectivement pas répondre aux conditions d’accès au
microcrédit des associations à volet microfinance.
• Les clients bénéficiaires de microcrédit
Les conditions étant citées, tout bénéficiaire de microcrédit les remplit
forcément. En relevant certains dossiers dans les IMF, sur la base des montants
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 60
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
octroyés qui s’évaluent en plusieurs millions pour beaucoup, on retient que la
vocation des IMF de satisfaire les pauvres n’est pas encore réalisée.
PARAGRAPHE 3 : SYNTHESE SUR L’APPRECIATION DES CONSEQUENCES DE LA
DEGRADATION RAPIDE DU PORTEFEUILLE CREDIT DES IMF.
Les différents indicateurs abordés dans ce travail nous permettent
de remarquer que les portefeuilles crédit de toutes les associations est
sérieusement dégradé.
• Enseignement du taux de portefeuille à risque
Pour toutes les institutions, de 2003 à 2007, le taux de portefeuille à
risque à toujours progressé d’année en année. On en déduit que le niveau
des impayés est très considérable.
• Enseignement de l’autosuffisance opérationnelle
Mise à part l’année 2004 où seule PADME a dépassé la norme
BCEAO de l’autosuffisance opérationnelle, toutes les autres institutions
ont été loin de la norme retenue sur toute la période couverte par les
données recueillies au cours de ce travail. Cet état de chose montre que le
portefeuille crédit des institutions est rempli de lignes de crédit extérieur
et des projets initiés et financé par les instances internationales de lutte
contre la pauvreté.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 61
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
SECTION 2 : VERIFICATION DES HYPOTHESES ET
RECOMMANDATIONS
Après l’examen des résultats de nos recherches, nous allons procéder dans
cette partie à la vérification des hypothèses que nous avons émises puis faire des
recommandations.
PARAGRAPHE 1 : VERIFICATION DES HYPOTHESES
Nous avons initié ce travail pour participer à la pérennisation de l’offre de
services financiers aux pauvres. Pour ce faire nous avons formulé des
hypothèses. Dans cette partie du travail, après toutes les analyses faites des
données recueillies, nous allons procéder à leurs vérifications.
• Hypothèse H1
A partir des analyses, nous avons pu remarquer que les agents de crédit ne
respectent pas les politiques de crédit retenues par leurs différentes institutions.
La routine fait que les procédures sont mal exécutées ce qui agit sur le
portefeuille des institutions car si, en amont, les règles sont mal exécutées, on
n’est pas sûr de se faire rembourser les crédits placés. On retient donc que
l’hypothèse selon laquelle les chargés de prêt ne respectent pas les différentes
procédures dans la mise en place des crédits est vérifiée.
• Hypothèse H2
La pauvreté restant un concept difficile à cerner, on retient tout de même
que les conditions à remplir (l’effectivité d’activité, les épargnes préalables, les
garanties exigées…) avant d’accéder au crédit sont des conditions difficiles à
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 62
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
remplir pour une personne vivant avec moins d’un dollar par jours pour tous ces
besoins. Mis à part le nouveau programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres
(MCPP), initié par le gouvernement où les conditions d’accès et les montants
octroyés ne sont pas contraignant aux bénéficiaires, les crédits standards des
IMF ne s’adressent pas réellement aux pauvres. Il en ressort que l’hypothèse
selon laquelle les bénéficiaires des services des associations à volet
microfinance ne sont pas des pauvres est vérifiée.
• Hypothèse H3
L’analyse du tableau N° 5 de l’évolution du taux de portefeuille à risque
nous renseigne que le portefeuille crédit des institutions se dégrade d’année en
année. Au même moment, le tableau N° 2 de l’évolution de la clientèle nous
renseigne que le nombre de client a connu une régression sur une certaine
période mais en général il croit. Il en ressort un paradoxe ; le portefeuille se
dégrade mais de nouveaux clients sont intégrés et bénéficient de crédit. En
définitif, l’hypothèse selon laquelle les IMF sont de plus en plus réticents à
financer les nouveaux clients n’est pas vérifiée.
PARAGRAPHE 2 : RECOMMANDATIONS
Pour que les IMF continuent à offrir leur service au plus grand nombre, et
le plus longtemps possible, nous avons apporté notre contribution aux
associations à volet microfinance pour corriger les mauvaises pratiques et autres
risques auxquels ces associations sont exposées.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 63
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
A – SOLUTIONS ENVISAGEES EN CE QUI CONCERNE LE NON RESPECT DES POLITIQUES D’OCTROI DE CREDIT PAR LES CHARGES DE PRET
1. FORMATION CONTINUE DES AGENTS DE CREDIT
Pour faire des IMF un instrument efficace de lutte contre la pauvreté, il
faut que les acteurs en amont du microcrédit soient des professionnels bien
aguerris pour ce faire. Les dirigeants se doivent d’inscrire régulièrement leurs
agents aux différents programmes de formation initiés par les différents organes
de veille et de contrôle.
2. INITIATION DES FICHES DE NOTATION
Pour mesurer à temps réel l’efficacité de chaque chargé de prêt les
institutions doivent disposer des fiches de notation mentionnant le nombre de
crédit déboursé par mois, la masse de crédit déboursé par mois, le nombre de
visite rendu à chaque client par mois, le nombre de crédit tombé en impayé par
mois,…A la fin de chaque mois au cours d’une réunion de synthèse les chargés
de crédit moins performants identifieront clairement le secteur dans lequel il leur
faudra redoubler plus d’effort.
3. MUTATION DU PERSONNEL
Le fait qu’un chargé de prêt reste à un même poste durant plusieurs
années fait qu’il sympathise avec les clients et la rigueur avec laquelle il doit
monter les dossiers prend un coup. Le fait de muter un chargé de prêt et de
confier son portefeuille à un nouveau au poste, fait que les mauvaises pratiques
du précédent sont révélées au grand jour.
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 64
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
B – SOLUTIONS ENVISAGEES AU NIVEAU DE LA SELECTION DES BENEFICIAIRES DE MICROCREDIT
Le programme de Microcrédit aux Plus Pauvres est une solution dans
l’atteinte des plus pauvres aux services financiers. Toutefois, il faudra faire en
sorte que les bénéficiaires acquièrent les bonnes pratiques en matière de crédit,
c'est-à-dire remboursé le prêt contracté.
Faciliter l’accès aux pauvres au microcrédit en finançant les personnes qui
ont une idée (revendeuses, petits producteurs agricoles…), même s’il faut
demander la caution des autorités locales (conseils de village, conseil
communal…).
Procéder régulièrement à des audits opérationnels sous la direction des
auditeurs internes pour relever à temps réel les failles procédurales
Motiver les chargés de prêt avec des salaires conséquents et des primes de
motivation.
Revoir le coût du crédit à la baisse pour favoriser l’essor des petits prêts
C - SOLUTIONS ENVISAGEES A PROPOS DE LA DEGRADATION RAPIDE DU PORTEFEUILLE
Pour freiner un temps soit peu la dégradation rapide de leur portefeuille
les associations à volet microfinance peuvent commencer par :
• Eviter de prêter une grosse somme d’argent à un seul bénéficiaire,
• Encourager les crédits en caution solidaire en prêtant de très petites
sommes aux membres des groupements constitués pour ce faire,
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 65
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 66
• Envoyer systématiquement les informations relatives à chaque client dès
le déboursement des prêts à la Centrale d’Echange et d’Information, puis
les faire actualiser avec l’évolution du crédit,
• Sanctionner les agents indélicats pour freiner la fraude au sain de ces
derniers,
L’apport de l’Etat aussi sera demandé. Il devra :
• Mettre certaines forces de l’ordre à la disposition des institutions pour les
aider dans le recouvrement des crédits en impayé pour dissuader les
clients,
• Faciliter le refinancement des IMF auprès des bailleurs de fonds.
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 67
CONCLUSION
Les associations à volet microfinance jouent un rôle important au sein de
la population béninoise. A l’instar des autres IMF, elles récupèrent les exclus du
système bancaire classique pour leur fournir des services financiers.
Ce genre de service comporte tellement de risques que, pour se couvrir,
ces institutions arrivent à refuser des clients qui le plus souvent n’ont besoin que
de quelques dizaines de milliers de francs pour démarrer une activité.
La remarque est que, des exclus du système bancaire classique récupérés
par les IMF, ceux refusés a ce niveau le sont souvent pour défaut de carte
d’identité, défaut de garantie ou non existence d’activité. Ceux-là sont des
pauvres.
En s’intéressant à l’état de portefeuille de ces institutions, on pourrait
penser qu’elles sont atteintes par une crise secteur car toutes autant qu’elles sont,
elles voient leur portefeuille se dégrader d’année en année. Il est à remarquer
que les acteurs ont des pratiques qui contribuent à cet état de chose. De la
mauvaise gestion des dirigeants, en passant par la nonchalance des agents de
crédit au laisser-aller des pouvoirs publics, tout y est pour favoriser cela.
Notons que le programme de Microcrédit aux Plus Pauvres a montré
qu’une frange de la population n’a besoin que de quelques dizaines de milliers
de francs pour initier une activité génératrice de revenus.
Les IMF pourront, à l’instar du programme de Microcrédit aux Plus
Pauvres, regrouper les demandeurs de petits prêts , tout en les initiant aux
pratiques de gestion des AGR, à la tenue de caisse et à l’esprit de droit de regard
Contribution à une maitrise des risques liés à l’offre de services financiers aux pauvres: cas des associations à volet microfinance
Mémoire de Maitrise Es Sciences Economiques et de Gestion 68
de l’un sur l’autre au sein d’un même groupement, tout en impliquant les
conseils villageois pour palier ainsi au problème de défaut de carte d’identité.
Il est possible de faire du microcrédit en direction des pauvres et de
trouver son compte. Avec la conscience au travail, l’efficacité dans la gestion et
la volonté de s’en sortir on y arrivera.