Économie internationale : fondement et politique

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ÉCONOMIE INTERNATIONALE

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D a n s la m ê m e c o l l e c t i o n

a Alain REDSLOB, — Économie politique, tome 1 : Les grandes doctrines, analyse micro-écono-

mique. — Économie politique, tome 2 : Théorie macroéconomique, comptabilité

nationale.

— Théorie micro-économique : comportements, prix et marché, équilibre et optimum.

— L'économie en pratique : 60 exercices corrigés, micro-économie, macro- économie.

w Claude ALBAGLI, Économie du développement : typologie des enjeux.

W Jacques BARRAT, — Géographie économique des médias : Médias et développement. — Géographie économique des médias : Diversité des tiers-mondes.

w Liliane BEL, Jean-Claude GOURJAULT, Mathématiques : algèbre linéaire, analyse.

w Michèle COHEN, Jacqueline PRADEL, Économétrie : Théorie et techniques de base, méthode d'utilisation, exercices.

w Gérard-François DUMONT, Économie urbaine : Villes et territoires en com- pétition.

w Michel GLAIS, — Économie industrielle : Les stratégies concurrentielles des firmes. — Économie industrielle et droit de la concurrence : Cas corrigés.

w Jean-Claude GOURJAULT, Exercices de mathématiques : Logique, algèbre linéaire.

w Jean-Didier LECAILLON, Démographie économique : Analyse des ressources humaines.

W Annick LEMOINE-BUYTAERT, — Statistiques-probabilités : Théorie, exemples numériques. — Statistique s-probabilités : Exercices corrigés.

w Colette NÊME, Économie internationale : fondements et politiques.

w Jacques NÊME, Colette NÊME, Économie de l'Union européenne : Analyse d'un processus d'intégration.

w Christian OTTAVJ, La répartition des revenus : pratiques et théories.

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C o l e t t e N Ê M E Professeur à l'Université de droit,

d'économie et de sciences sociales de Paris Il

ÉCONOMIE INTERNATIONALE

FONDEMENTS ET

POLITIQUES

d e u x i è m e é d i t i o n

COLLECTION DIRIGÉE litec ÉCONOMIE

PAR ALAIN REDSLOB

Libraire de la Cour de cassation 27, place Dauphine - 75001 Paris

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DANGER LE

PHOTOCOPILLAGE TUE LE LIVRE

Le logo qui figure sur la couverture de ce livre mérite une explication. Son objet est d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particuliè- rement dans les domaines du droit, de l'économie et de la gestion, le développement massif du photocopillage.

Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s'est généralisée dans les établissements d'enseignement supérieur, provoquant une baisse brutale des achats de livres au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement soit aujourd'hui menacée.

@ Éditions Litec, 1996

Nous rappelons donc qu'il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement sur quelque support que ce soit le présent ouvrage sans autorisation de 1 auteur, de son édi- teur ou du Centre français d'exploitation du droit de copie (CFC), 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris (Code de la propriété intellectuelle, articles L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2).

ISBN 2-7111-2613-7 ISSN 0998-4496

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SOMMAIRE

Chapitre I : Les grandes tendances du commerce mondial 1

Chapitre II : La théorie de la spécialisation internationale ou théorie pure du commerce international 45

Chapitre III : Les mouvements internationaux des facteurs de production 149

Chapitre IV : Le multiplicateur du commerce extérieur et la transmission internationale des fluctuations ...... 201

Chapitre V : L'équilibre de la balance des paiements ................ 245

Chapitre VI : Les politiques commerciales 299

Chapitre VII : La théorie des unions douanières ........................... 339

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SIGLES

AELE Association européenne de libre-échange. ALADI Association latino-américaine d'intégration. ALENA Association de libre échange nord-américaine. CAF Coût assurance fret.

CEE Communauté économique européenne. CEPII Centre d'études perspectives et d'information

internationale.

CIF Cost insurance freight. CTCI Classification type pour le commerce international. CVS Corrigés des variations saisonnières. DIRD Dépense intérieure de recherche et développement. DIT Division internationale du travail.

DIPP Division internationale du processus de production. DTS Droits de tirage spéciaux. ECU European currency unit. FOB Free on board.

GATT General agreement on tariffs and trade. OCDE Organisation de coopération et de développement

économique. OFCE Observatoire français des conjonctures économiques. OMC Organisation mondiale du commerce. ONU Organisation des Nations unies. OPEP Organisation des pays exportateurs de pétrole. NPI Nouveaux pays industrialisés. PI Pays industrialisés. PIB Produit intérieur brut.

PME Petites et moyennes entreprises. PNB Produit national brut.

PVD Pays en voie de développement. RD Recherche et développement. TES ..................... Tableau Entrées-Sorties.

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INTRODUCTION

La théorie de l'économie internationale analyse la lutte contre la rareté des ressources nationales, qui se traduit par la dissociation de la production, limitée en autarcie par la dotation de facteurs, et de la consommation rendue plus variée grâce à l'échange international. Cette diversification des consommations réalise un gain de bien-être pour toutes les nations à condition de pouvoir exporter, en échange des importations, ce qui selon RICARDO est toujours possible en raison de la diversité des nations. Sa célèbre théorie des coûts comparatifs justi- fie scientifiquement cette vision optimiste. L'expérience prouve a contrario que l'autarcie signifie une baisse de vie et un retard techno- logique.

Traditionnellement, l'acteur principal est la nation, pour les mercan- tilistes ; le prince doit être un bon commerçant qui vend cher et achète bon marché. C'est la conception de la maison France ou de la nation- firme. Les classiques et les néo-classiques y voient un obstacle à la concurrence parfaite pour des raisons politiques, juridiques et moné- taires :

— pour RICARDO, elle est caractérisée par ses ressources naturelles, c'est encore vrai des pays de l'OPEP ;

— pour les quantitativistes, elle l'est par son niveau de prix, on continue parfois à expliquer les succès de l'Allemagne par son rythme moindre d'inflation ;

— pour HECKSHER et OHLIN, la nation se définie par sa dotation de facteurs, l'une a beaucoup de travail, exemple, les PVD ; l'autre, beau- coup de capital, exemple, les pays industrialisés ;

— enfin, pour les post-keynesiens, la nation est le cadre de l'analyse en terme d'agrégats :Y = C + 1 + X - M .

Depuis les années soixante, les facilités de communication, la dif- fusion du progrès technique et la propagation internationale des réces- sions ont conduit d'une part à substituer à la distinction entre les impor-

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tations et les exportations, la dichotomie entre les produits domes- tiques et ceux susceptibles d'être internationalement échangés, d'autre part à analyser ces échanges au sein du réseau des filiales d'une firme multinationale ou au sein d'une union régionale. En conséquence, l'al- ternative nation-reste du monde a été remplacée par un raisonnement ternaire d'échanges entre la firme ou le pays considéré, la filiale du même groupe ou le pays partenaire et les firmes concurrentes ou les pays tiers.

Cet élargissement de l'objet de la théorie de l'économie internatio- nale la transforme. Volet de la théorie macroéconomique en économie ouverte, elle emprunte aussi à la théorie microéconomique et à l'éco- nomie industrielle. Enfin elle doit tenir compte des préférences natio- nales de structure déterminantes dans les unions régionales.

La démarche de la théorie de l'économie internationale est celle de

toute construction scientifique. Elle part d'un cas simple qui résume la réalité et d'hypothèses restrictives qu'elle supprime progressive- ment. Lorsque la réalité a beaucoup évolué, elle repart d'un autre cas simple, plus conforme à l'expérience nouvelle, et s'efforce de faire la synthèse entre les deux constructions logiques, généralement en modulant les hypothèses. Ainsi RICARDO est parti du cas simple de l'échange de deux produits entre deux pays et d'hypothèses restric- tives telles qu'un seul facteur, la concurrence parfaite, le troc, le plein emploi, l'immobilité internationale des facteurs, l'absence de progrès technique, etc. Ensuite ces hypothèses ont été supprimées. On a réin- troduit un second facteur (HECKSHER et OHLIN), le sous-emploi (MACHLUP), la mobilité internationale des facteurs (MUNDELL), le progrès technique (HICKS), l'échange en devises (MARSHALL, LER- NER), la concurrence monopolistique (DIXIT, STIGLITZ, KRUGMAN), etc.

Mais le progrès théorique naît aussi du changement de cas simple. Ainsi le cas simple de l'échange entre deux nations conduit à des abs- tractions différentes selon les écoles de pensée.

— Les néo-classiques raisonnent en termes de prix, le commerce international naît de différences de prix qu'il contribue à réduire.

— Les post-keynesiens raisonnent en termes de revenu, le com- merce international n'est pas un jeu à somme nulle, le PNB d'une nation augmentant aux dépens de celui d'une autre, mais il est soumis à des fluctuations en coups d'accordéon dues au multiplicateur d'ex- portation.

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— Les marxistes raisonnent en termes de lutte des nations, les

nations capitalistes exploitent les nations prolétaires d'où une aggrava- tion de l'écart entre pays riches et pays pauvres qui peut aboutir à un processus révolutionnaire. Mais il y a des nations riches en voie d'ap- pauvrissement (Grande-Bretagne) et des nations pauvres en voie d'en- richissement (Corée du Sud).

Les progrès de la théorie économique internationale viennent enfin de l'expérience. L'intensification des échanges de produits manufactu- rés entre les pays industrialisés a suscité une remise en question de la complémentarité des structures nationales sur laquelle reposait le théo- rème d'Hecksher, Ohlin et a inspiré de nouvelles constructions théo- riques comme celle du banc d'essai (LINDER) ou des échanges intra- branches (GRUBEL). L'apparition de chocs, comme les réparations allemandes et les chocs pétroliers, a stimulé l'analyse du rééquilibrage des balances des paiements, non plus automatique mais fruit d'un judi- cieux « policymix ».

La diversité des situations, plus de 170 nations à l'ONU et plus de 3 000 rubriques douanières de marchandises, sans compter les ser- vices, a forcé la théorie de l'économie internationale à devenir très abs- traite, mais sous l'influence sans doute de l'école de Cambridge, elle s'exprime plus volontiers sous la forme géométrique que sous celle algébrique. La théorie de l'économie internationale a enfin évolué vers une certaine spécificité par rapport à la théorie économique générale. S'il y a quelques grands économistes qui ont été célèbres dans deux orientations (RICARDO, Stuart MILL, SAMUELSON), les grands noms de l'économie internationale sont aujourd'hui des spécialistes : MEADE, JOHNSON, MUNDELL ou BHAGWATI.

Or, si la théorie de l'équilibre économique interne est monétarisée depuis WICKSELL et KEYNES, la théorie de l'économie internationale n'est monétarisée que partiellement. L'intensification des échanges du commerce mondial a pour contrepartie l'intensification des opérations en devises. Cet accroissement des échanges a deux conséquences :

— la stratégie des firmes détermine le moment où l'exportation doit être relayée par la vente à partir d'une filiale (relais des investissements directs), bien que tous ces investissements ne nécessitent pas une sor- tie de devises et soient souvent financés par le non-rapatriement des bénéfices ;

— la stratégie des banques les amène à ne plus seulement gérer une trésorerie en monnaie nationale, en effectuant accessoirement des opé-

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rations de change, mais à gérer une trésorerie en devises, d'autant plus que la concurrence les a amenées à développer un réseau étendu de succursales.

Pourtant seule la théorie de l'économie internationale permet de comprendre les phénomènes monétaires internationaux, ce qu'illus- trent les considérations suivantes :

— contrôle des changes et contrôle des échanges vont de pair. Plus le degré de convertibilité est élevé, plus la circulation des marchan- dises est facile. La convertibilité augmente avec l'expansion écono- mique, tandis que la récession multiplie les contrôles des changes ;

— la force des monnaies nationales est liée à l'importance du PNB des nations. Le dollar a remplacé la livre quand la Grande-Bretagne a cessé d'être une économie dominante. L'affaiblissement d'une écono- mie par une guerre entraîne inéluctablement la dévaluation de sa mon- naie ; franc en 1928, livre en 1931. La croissance rapide entraîne l'ap- préciation du DM et du Yen ;

— le phénomène d'internationalisation, dû à la facilité des communications et à la diffusion du progrès technique, a pour corol- laire la dématérialisation des paiements internationaux (transfert télé- graphique) et une certaine perte d'autonomie dans la détermination du taux de change et de la politique économique qui concerne aussi les autres nations. Le Yen et le DM ont dû être réévalués parce que le dol- lar n'était pas dévalué, donc sous la pression des États-Unis. La poli- tique française de relance en 1982 a, en partie, échoué à cause d'un décalage conjoncturel.

Dans ces économies plus ouvertes, les politiques économiques inté- rieures ont des conséquences plus sensibles sur les relations des changes. A l'inverse de l'étalon-or qui stabilisait le change au détri- ment des prix intérieurs, c'est aujourd'hui le contraire, des mesures de stabilité intérieure sont très vite déstabilisantes sur le plan extérieur. La relance opérée en France à partir de 1981 par le gouvernement, a pro- voqué trois dévaluations du franc avant de se transformer en politique de rigueur sous la contrainte extérieure.

C'est pourquoi, après avoir planté les décors dans un premier cha- pitre, on abordera le cœur de la théorie traditionnelle qui est l'analyse de la spécialisation des nations (chap. II), puis on abandonnera suc- cessivement les principales hypothèses restrictives ; l'immobilité des facteurs incompatible avec le développement des firmes multinatio- nales (chap. III), le plein-emploi (chap. IV), l'économie de troc

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(chap. V), pour parvenir à une théorie plus volontariste de l'échange international que les nations peuvent infléchir par leur politique com- merciale (chap. VI) ou leur appartenance à une union régionale (chap. VII).

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Chapitre I

LES GRANDES TENDANCES DU COMMERCE MONDIAL

Avant d'aborder la théorie de l'économie internationale, il convient de planter les décors, c'est-à-dire d'analyser les évolutions structurelles du commerce mondial depuis un siècle. En effet, on dispose en géné- ral de statistiques du commerce extérieur depuis la fin du xixe siècle, mises à part celles des importations de la Grande-Bretagne pour les- quelles on a des données remontant au XIIIe siècle. Cependant, après s'être beaucoup améliorées depuis la Seconde Guerre mondiale, les statistiques actuelles sont entachées d'une marge d'erreur croissante qui représente de 1 à 3 % du commerce mondial. Théoriquement, les exportations et les importations mondiales doivent s'équilibrer. En fait, il y a toujours un écart dû aux erreurs et omissions. Mais ce « trou noir des balances des paiements » s'est brusquement accentué en 1982, puis réduit en 1988, représentant une erreur de 2 à 5 %. La marge d'erreur est surtout importante pour certains pays (États-Unis, Italie, Royaume- Uni, Mexique et Koweit). Une étude de E. VEIL (1) avance plusieurs causes que les experts du groupe constitué en 1984 par le FMI ont reprises (2).

Parmi ces causes de la marge, on peut observer que :

a) Les unes tiennent aux marchandises

— le décalage entre les dates d'enregistrement et le commerce en transit ;

(1) Perspectives économiques de l'OCDE — études spéciales —juin 1982. (2) IMF review, 9 mars 1987.

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— l'insuffisance de la valeur d'enregistrement, par exemple les mar- chandises transportées sous pavillon de complaisance sont générale- ment enregistrées en recettes, mais pas en dépenses ;

— certains flux peuvent être enregistrés soit comme marchandises, soit comme services, exemple l'huile de soute ;

— des différences dues à la monnaie de facturation pour l'importa- teur et pour l'exportateur ;

— la diversité des sources d'enregistrement : CIF ou FOB, douanes ou banques centrales.

b) Les autres concernent les services

— les dépenses sont mieux enregistrées par les compagnies de transport que les recettes ;

— les revenus d'investissement fuyant vers les zones offshore et les paradis fiscaux ;

— la sous-évaluation des recettes des multinationales.

Section I LE PROCESSUS DE GLOBALISATION

L'essor du commerce mondial a connu une croissance d'environ 3 % de 1890 à 1950 ; une accélération au taux de 8,5 % pendant les années 1960, 5 % pendant les années 1970 et 5,5 % entre 1980 et 1990.

Sous - sec t ion 1

CROISSANCE DE L'ORDRE DE 3 % DE 1890 À 1950

La période antérieure à la Seconde Guerre mondiale est connue par trois études :

— celle de HILGERDT, Industrialisation et commerce extérieur, publiée anonymement par la SDN en 1945 et portant sur la période 1876-1938 ;

— celle de RIST, Les tableaux du commerce international 1890-1938, publiée par l'Institut scientifique de recherches économiques et sociales ;

— celle de SVENNILSON, Growth and stagnation in the European economy, pour la période 1913-1950, publiée par l'ONU.

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§ 1. - La p é r i o d e 1 8 7 6 - 1 9 1 3 ( É t u d e d e H i l g e r d t )

a) Problématique

HILGERDT se pose la question suivante :

« L'industrialisation des pays en voie de développement (PVD) se fait-elle aux dépens du commerce international pour les pays industria-lisés ? »

Question toujours actuelle qui avait donné lieu dès 1925 au rapport Balfour en ce qui concerne la Grande-Bretagne (3). Alors que le rap- port Balfour était pessimiste, l'étude d'Hilgerdt est optimiste. Le rap- port Balfour concluait ainsi :

« Les biens qui trouvaient antérieurement un débouché tout prêt sur un marché particulier sont maintenant totalement ou partiellement exclus par la concurrence de l'article produit localement avec la protection d'un droit de douane » (4).

C'est ce que l'on appelle les politiques de substitution aux importa- tions qui ont été pratiquées surtout par les pays en voie de développe- ment auxquelles s'est heurtée la Grande-Bretagne dès le début de son déclin comme grande puissance industrielle mondiale.

b) Les deux effets

HILGERDT au contraire est optimiste pour deux raisons : — l'industrialisation des pays en voie de développement n'entraîne

pas une réallocation de la production, mais l'apparition de circuits nou- veaux dus à la croissance économique et démographique ;

— la fraction du revenu dépensée en achats de produits industriels tend à augmenter du fait de la loi d'Engel : c'est l'effet revenu. Sa méthode consiste à comparer les indices de la production industrielle et ceux des échanges de produits manufacturés.

L'effet croissance a été très net pour l'Allemagne de 1881-1885 à 1913 et pour les États-Unis de 1871-1875 à 1913 où les exportations ont crû plus vite que les importations, mais moins vite que la production industrielle pour l'Allemagne. Les exportations ont crû plus vite que les importations et même que la production industrielle pour les États- Unis. Par contre, l'effet revenu a été plus fort pour la Grande-Bretagne

(3) Report of the Committee on industry and trade survey of overseas market: HMSO, 1925.

(4) Ci té p a r SALEITE, L a f l ex ib i l i t é d e l ' é c o n o m i e , p. 75.

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et la France où la croissance des importations a été plus forte que la pro- duction industrielle et les exportations entre 1871-1875 et 1913 (5).

Les échanges de produits manufacturés (importations + exporta- tions) varient dans le même sens et non en sens contraire de la pro- duction manufacturière.

c) Les limites

Cependant, HILGERDT n'arrive pas à préciser la relation exacte entre l'industrialisation et le développement du commerce mondial :

— il n'y a pas de corrélation entre les trois taux d'accroissement (impor- tations, exportations, production industrielle) pour un même pays ;

— il n'y a pas de corrélation pour le même taux entre les différents pays. Ce résultat décevant s'explique par le caractère global des échanges. La croissance entraîne d'abord la modification structurelle des échanges, l'accroissement du volume du commerce mondial n'est qu'une résultante ;

— l'échantillon de pays est étroit : les pays industriels et cinq pro- ducteurs primaires (Australie, Nouvelle-Zélande, Union Sud-Afri- caine, Inde et Chili).

§ 2. - La p é r i o d e 1913-1950 (Étude de Svenni lson)

Cette période, beaucoup plus troublée que la précédente par deux guerres mondiales, la grande dépression et le protectionnisme des années trente, est une période de désorganisation du commerce mondial qui contraste avec la période de développement antérieur 1876-1913 et à nouveau avec celle des années qualifiées de « trente glorieuses ».

On constate une corrélation entre la production industrielle et le commerce mondial en volume.

Les exportations baissent plus que la production industrielle de 1929 à 1938 pour la France et les États-Unis, ou même baissent alors que la production industrielle augmente (Grande-Bretagne et Alle- magne). Pour l'ensemble de la période, l'accroissement de la produc- tion industrielle est supérieur à celui des échanges.

Dans l'ensemble, le commerce mondial progresse aussi bien en valeur qu'en volume, mais lorsqu'on distingue des sous-périodes, il peut y avoir des évolutions divergentes.

(5) J. MARCY, Économie internationale, p. 370-372, coll. « Thémis », PUF 1965.

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L'écart entre commerce en valeur et en volume s'explique par la propagation internationale des fluctuations et l'organisation plus ou moins libre-échangiste des échanges internationaux.

Sous - sec t ion Il ACCÉLÉRATION DE LA CROISSANCE

DU COMMERCE MONDIAL DEPUIS 1950

Multinationalisation, mondialisation, globalisation ne sont pas des termes synonymes, malgré un certain flottement entre ces concepts.

La multinationalisation, concept le plus général, suppose que les activités productives et financières des firmes dépassent le cadre natio- nal. Elle peut prendre deux formes que C.-A. MICHALET (« Où en est la notion d'économie mondiale » dans Investissement international et dynamique de l'économie mondiale Marc Humbert, éd. 1990) oppose : la mondialisation est le processus d'élargissement de l'activité de la firme à l'espace mondial comme marché, source d'approvisionnement ou de financement sans modifier sa structure initiale, tandis que la glo- balisation modifie cette structure qui d'ethnocentrique devient poly- centrique, avec généralement pour champ d'action la triade et repose sur le développement d'un réseau d'alliances. La mondialisation est un élargissement, la globalisation est une transformation.

Partant de cette distinction qui constitue un premier critère, Michael PORTER (Competition in global industries, 1986) distingue, en ajoutant comme second critère le degré de contrôle hiérarchique de la société mère sur la filiale, quatre types de firmes multinationales.

Contrôle faible Contrôle fort

Mondialisation firme multidomestique (2) firme mondiale ( 1 )

Globalisation firme multirégionale (3) 1 firme transrégionale (4) 1

On a pu montrer que la firme automobile Ford était passée succes- sivement par ces quatre types.

Ainsi le terme de globalisation, néologisme anglo-saxon, met l'ac- cent sur la gestion globale des grandes entreprises nationales, décrite par divers auteurs au milieu des années quatre-vingt (LEVITT, PORTER, BARTLETT, Doz) ; mais, en étendant le concept de globalisation de l'analyse micro-économique à l'analyse macro-économique pour sou-

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ligner l'interdépendance actuelle des différentes économies nationales, on surestime toutefois la dévalorisation des frontières politiques.

§ 1. - Les t ro i s r é c e s s i o n s du c o m m e r c e mond ia l

Depuis 1950, l'essor du commerce mondial a été interrompu à trois reprises :

— la récession de 1958 l'a fait baisser de 4 % en valeur, mais pas en volume ;

— celle de 1975, l'a fait baisser de 5 % en volume, mais il a conti- nué à progresser de 5 % en valeur à cause de l'inflation ;

— celle de 1982 : le commerce mondial n'a pas augmenté de volume et a diminué de 1 % en valeur, tandis que la production mon- diale a augmenté de 1 % (la baisse des produits pétroliers étant com- pensée par l'accroissement des produits agricoles et industriels).

Cependant, la relation entre le commerce mondial et la production n'a pas été la même au cours de ces récessions. En 1958, le commerce mondial et la production mondiale ont connu des évolutions à peu près parallèles :

— baisse de la production mondiale de 2 % puis hausse de 8 % ; — baisse de moins de 1 % du commerce mondial puis hausse de 8 %. En 1975, le commerce mondial a révélé une élasticité d'environ de

2 par rapport à la production mondiale : — A une baisse de la production mondiale de 2 % correspond une

baisse du commerce mondial de 4 %. En 1982 : — A une baisse de la production mondiale de 2 % correspond une baisse

du commerce mondial de 2 %. L'élasticité n'est donc plus que de 1. Le GATT attribue ces fluctuations plus amples du commerce mon-

dial que de la production mondiale au comportement des stocks.

§ 2. - R u p t u r e du r y t h m e d ' a c c r o i s s e m e n t du c o m m e r c e mond ia l

Le rythme d'accroissement du commerce mondial a été en s'accélérant de 1950 à 1973, puis en se ralentissant de 1973 à 1982. Depuis 1982, la tendance est à nouveau à l'accélération (9 % en 1994), ce qui fait passer le commerce mondial des marchandises de 78,3 milliards en 1953 à 128 mil- liards en 1960 et à plus de 4 000 milliards de dollars en 1994. Cette élas- ticité du commerce mondial par rapport à la production mondiale, qui semble être entre 1 et 2, mesure exactement le processus de globalisation.

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Graphique 1-1 Volume du commerce et de la production de marchandises dans le monde, 1984-1994

(variation annuelle en pourcentage)

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Tableau 1-1 Calcul de l'élasticité du commerce mondial

par rapport à la production mondiale

Source : Le commerce international 1988/1989 et OMC.

Ce qui peut se représenter sur le graphique 1-2.

Graphique 1-2

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Les causes de cette globalisation sont au nombre de quatre : a) Le développement du transport maritime, devenu moins coûteux

et plus rapide, qui achemine la majeure partie du commerce mondial, et à un moindre degré celui du transport aérien.

b) La diffusion du progrès technique, à travers le commerce inter- national des produits à forte densité technologique qui croît plus vite que celui des autres produits manufacturés.

c) Le désarmement tarifaire résultant des négociations commer- ciales multilatérales dans le cadre du GATT (Kennedy, Tokyo et Uru- guay Round et maintenant l'OMC), et de la formation des unions régionales : Communauté économique européenne, Association euro- péenne de libre-échange, ALENA, etc.

d) Les firmes multinationales qui délocalisent leur production entre leurs filiales dans différents pays.

A partir de 1973, on constate une hausse très rapide du commerce mondial en valeur qui contraste avec un accroissement en volume plus modéré. La forte hausse des valeurs unitaires s'explique par deux phé- nomènes :

— les hausses de prix, notamment la flambée des cours des matières premières entre 1972 et 1974 (plus de 50 % de moyenne) qui a coïncidé avec une vague d'inflation mondiale et une baisse des cours à partir de fin 1974, tandis que l'inflation moyenne pondérée des prix à la consommation dans les pays industriels se ralentissait ;

— l'évolution des cours du dollar, monnaie de référence internatio- nale : tantôt le dollar se déprécie comme en 1972-1973, de 1976 à 1979 et de 1985 à 1988, tantôt il s'apprécie (de 1980 à 1985), la variation des valeurs unitaires se sépare donc en deux composantes :

w une composante réelle, liée à la variation des prix à l'exportation, • une composante monétaire due au fait que les échanges sont sou-

vent évalués en dollars qui fluctuent.

L'estimation des valeurs unitaires est donc faussée de trois manières :

— par la conversion en monnaies nationales de transactions exprimées en devises (ex. : une importation facturée en DM convertie en francs) ;

— par la conversion en une monnaie commune (dollar, DTS ou Écu) des transactions exprimées en monnaie nationale (ex. : une expor- tation facturée en francs convertie en dollars ) ;

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— par la différence entre le taux de change le jour de la fixation du prix et celui en vigueur le jour du règlement, différence qui s'est accen- tuée avec les taux de change flottants. Ainsi l'estimation du montant du commerce mondial devient approximative. La variation d'une année à l'autre peut différer selon la monnaie de référence. Par exemple, en 1986, les valeurs unitaires des exportations mondiales ont augmenté de 7 % exprimées en dollars, baissé de 7,5 % exprimées en DTS et de 17 % exprimées en Écu. Les estimations en volume sont encore moins exactes puisqu'elles sont obtenues à partir des valeurs unitaires en agrégeant des produits que l'évolution technique rapide rend peu homogènes.

Section II

LE RÉSEAU POLARISÉ DES ÉCHANGES

Le b-a-ba de l'économie internationale, c'est que les importations des uns sont les exportations des autres. La structure du commerce mondial ne peut être connue qu'à travers un réseau conçu comme un tableau portant en lignes les pays exportateurs et en colonnes les pays importateurs. Mais, si on retient les 170 pays de l'ONU et, par exemple, dix catégories de produits pour chaque pays, on arrive à des matrices effroyablement lourdes à manier même avec un ordinateur. C'est pourquoi les réseaux du commerce mondial que nous allons étu- dier ici, ne portent que sur les importations et les exportations globales de pays, eux-mêmes regroupés en quelques grandes catégories.

Sous - sec t ion 1

ÉVOLUTION DU RÉSEAU DU COMMERCE MONDIAL ENTRE 1963 ET 1992

L'évolution du réseau du commerce mondial entre 1963 et 1992 peut être représentée ainsi :

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Tableaux 1-2

* ou 99 en raison des erreurs et omissions

Source : Le commerce international, GATT 1965 et 1993, statistiques p. 80.

En lisant les diagonales, on voit que : — les pays industrialisés font toujours plus de la moitié du com-

merce mondial entre eux ; — les pays en voie de développement commercent peu entre eux

mais les échanges Sud-Sud ont tendance à se développer ; — les pays de l'Est commercent de moins en moins entre eux.

En lisant les cases extrêmes, on constate que : — les pays industrialisés, d'une situation presque équilibrée en 1963

sont devenus excédentaires en 1992 (après avoir été déficitaires au moment du premier choc pétrolier) et la part dans le commerce mondial de leurs échanges entre eux a augmenté des 2/3 à plus de 70 % ;

— les pays en voie de développement d'une situation presque équi- librée en 1963 sont devenus déficitaires (ils l'étaient plus encore après les chocs pétroliers) et leur part dans le commerce mondial a augmenté, notamment grâce aux pays « émergents » du Sud-Est asiatique ;

— les pays de l'Est, excédentaires en 1963, sont déficitaires en 1992 et leur part s'est effondrée de 10 % à 2,5 % environ du commerce mondial.

Page 25: Économie internationale : fondement et politique

Sous-section Il

L'ANALYSE EN TERMES DE PÔLES

§ 1. - La structure radiale du commerce mondial

WOOLEY (6) analysant en 1951 les échanges entre 81 pays de biens et de services, mais aussi les transferts de capitaux et le financement compensatoire, présente une analyse matricielle en termes de graphes.

a) Il existe un lien commercial principal quand un pays fait plus de 30 % de ses échanges avec un autre et un lien secondaire quand il n'en fait que 10 %.

b) Aucun pays ne pratique la double affiliation, c'est-à-dire qu'au- cun n'a de lien principal avec deux pôles.

Organigramme 1-1

Les flèches indiquent la direction des paiements (en millions de dollars)

(6) H.-B. WOOLEY, Transactions between World areas in 1951 : Review eco. and stat., suppl. fev. 1958.

Page 26: Économie internationale : fondement et politique

Aucun n'a un lien principal différent pour ses importations et pour ses exportations.

c) Les pays peuvent avoir un lien secondaire avec un deuxième pôle ou entre eux : ainsi les pays affiliés aux États-Unis ont, pour certains, un lien avec l'Europe (9 avec la Grande-Bretagne) et, pour d'autres, un lien à l'intérieur de leur propre groupe (Amérique Latine). Pour Woo- LEY, l'explication de cette structure radiale est essentiellement politique (coûts de transports, politique commerciale et gouvernementale, inves- tissements étrangers, arrangements industriels).

§ 2. - L e s t r o i s p ô l e s d u c o m m e r c e m o n d i a l

7. - Notion

Les 170 pays de l 'ONU et les 96 Parties contractantes du GATT ne pèsent pas du même poids dans le commerce mondial dont la structure est profondément inégalitaire. Trois États représentent le tiers du com- merce mondial : leurs parts à l'exportation en 1992 sont les suivantes :

— États-Unis : 12 % ; — RFA : 11,5 % ;

— Japon : 9,1 % ; — France : 6,3 %.

Cette situation est assez stable, puisqu'en 1988 on avait seulement les États-Unis au second rang et la RFA au premier, la France restant accrochée au 4" rang. Le Royaume-Uni étant au se rang et l'Italie au 6e rang, on obtient pour les quatre principaux États membres de la CEE plus du quart du commerce mondial.

C'est WOOLEY qui le premier en 1958 a défini un pôle du commerce mondial comme un pays avec lequel plusieurs autres réalisent plus de 30 % de leurs échanges, à l'importation ou à l'exportation, générale- ment les deux à la fois. La CEE remplit bien ce critère : sur 78 pays tiers, elle réalise plus de 30 % des importations de 35 pays tiers et des exportations de 32 pays tiers. En ce qui concerne le Japon, l'Asie représente 31,3 % des exportations japonaises et 28,9 % des importa- tions du Japon en 1990. Il en va de même pour les États-Unis vis-à-vis de l'Amérique.

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Part du commerce avec le continent américain dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

Part du commerce avec l'Asie dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

Part du commerce avec la CEE dans le commerce extérieur en 1990 (en %)

Source : Direction of Trade Statistics, Fonds monétaire international.

Page 28: Économie internationale : fondement et politique

2. - Causes de la polarisation

Si l'on reprend les trois aspects de la domination économique (quantitatif, qualitatif et pouvoir de marchandage), on distingue trois causes de polarisation.

a) Le niveau et le taux de croissance du PIB

Le niveau des PIB de ces trois ensembles est considérable, soit en 1991 :

— États-Unis : 4,5 milliards d'Écu ; — CEE à 12 : 5 milliards d'Écu ;

— Japon : 2,7 milliards d'Écu ; aux prix du marché aux prix et taux de change courants, mais il faut relativiser le moindre PIB du Japon, compte tenu de sa population, ce qui donne en Écu par habitant, États-Unis : 20 867, Japon : 17 932 et CEE : 15 432.

Le taux annuel moyen de croissance du PIB aux prix de marché (à prix constants) a été de 1984 à 1989 :

— États-Unis : 2,3 ;

— Japon : 3,9 ; — CEE à 12 : 2,8 ;

mais l'écart entre la CEE et les États-Unis est moins défavorable par personne occupée puisqu'il devient, Japon : 3 %, CEE à 12 : 1,9 % et États-Unis : 1,8 %. Pendant cette période, le taux de croissance des pays de l'Est et des PVD a été très faible.

b) Le rayonnement technologique

Le dynamisme des pôles du commerce mondial est aussi dû à leur effort d'innovation. Les trois pôles représentent 80 % des dépenses de RD du monde occidental. Le ratio DIRD/PIB est similaire en 1986 aux

États-Unis et au Japon (2,8 %), mais inférieur à 2 % dans la CEE. Car pendant la période 1981-1984, ce ratio a augmenté plus vite au Japon (4,5 % par an) qu'aux États-Unis (3 %) et dans la CEE (1,5 %). Ainsi pour les trois, le contenu technologique des exportations de produits industriels est supérieur à 26 %.

Il ne faut pas oublier que les États-Unis sont le berceau des innova- tions financières.

Page 29: Économie internationale : fondement et politique

c) La puissance financière

Les trois pôles réalisent 80 % des investissements directs en 1988 et si l'on retient l'Europe occidentale 90 %. Sur 260 milliards de dollars, on a :

— États-Unis : 90 ;

— Europe occidentale : 124 dont environ 60 pour la CEE ; — Japon : 22. Ces trois pôles abritent les principales places financières : Londres :

26,6 % de l'activité internationale des banques, New York et Tokyo : 8,6 %. Mais en termes de capitalisation boursière, la hiérarchie est inverse, Tokyo (3 500 milliards de dollars), dépassant maintenant New York (2 870) et la CEE (1 460).

L'importance des trois pôles se retrouve dans la concertation entre les trois grandes monnaies, le dollar, le DM et le Yen, dans les accords du Plaza (22 septembre 1985) et du Louvre (22 février 1987), même si ces accords ont été signés par un nombre plus élevé de pays (5 pour le Plaza avec la France et le Royaume-Uni) et 6 pour celui du Louvre (plus le Canada).

3. - Spécificité des trois pôles

a) Une force de nature différente

— La richesse des États-Unis qui disposent de la plus grande super- ficie (9,37 millions de km2 contre 2,26 pour la CEE et 0,3 pour le Japon), du PIB le plus élevé (39 % de celui de l'OCDE) et du privilège du dollar (72 % des règlements mondiaux).

— Le record des taux de croissance du Japon Le taux de croissance du PIB sur base 100 en 1985 est de 130,6 en

1991 contre 111,9 pour les États-Unis et 118,8 pour la CEE. Sa part du marché mondial est passée de 3 % en 1960 à 9 % en 1990.

— La puissance commerciale de la Communauté La CEE représente la plus grande part du marché mondial, avec

16 % en 1987 contre 10,2 aux États-Unis et 9,2 % au Japon. Mais il ne faut pas croire que cette importance résulte des élargissements, car la CEE à 6 représentait déjà 20 % en 1960 (commerce intracommunau- taire compris, mais comme il était de l'ordre de 30 %, cela donne encore 14 %). La Communauté était déjà la première puissance com-

Page 30: Économie internationale : fondement et politique

merciale mondiale il y a trente ans et les élargissements n'ont qu'un peu plus que compensé la montée des pays asiatiques. C'est aussi le plus ouvert puisque les importations hors énergie représentent en % du PIB en 1990 20,5 % pour la CEE à 12 contre 8,1 % pour les États-Unis et 5,4 % pour le Japon.

b) Ces trois pôles ont chacun leur faiblesse

— L'insuffisance du taux d'épargne américain, qui n'est au deuxième trimestre 1993 que de 4,3 % du revenu disponible des ménages, contre 14,6 % dans la CEE, est de l'ordre de 20 % au Japon. La conséquence en est l'existence des déficits jumeaux (en 1992 : 290 milliards de dollars pour le déficit budgétaire et 96 pour le déficit commercial). Les dépenses publiques permettent une consommation qui s'alimente en partie sur l'importation. La solution n'est trouvée que dans l'endettement. Ces déficits jumeaux risquent-ils de menacer le leadership américain ? En 1986, les échanges de produits de haute technologie ont été pour la première fois déficitaires. La surévaluation du dollar leur a été préjudiciable. La vulnérabilité du système bancaire américain est inquiétante.

— La dépendance japonaise envers l'énergie et les matières pre- mières est beaucoup plus grande que celle de la CEE et a fortiori des États-Unis. Le Japon s'est révélé très vulnérable aux chocs pétroliers. Le coût de ces matières premières est renchéri par l'appréciation du Yen.

— La faible création d'emploi dans la Communauté qui n'a créé que 770 000 de 1977 à 1986, contre 20,8 millions pour les États-Unis et 5,8 millions au Japon, ce qui s'explique par la croissance plus lente que dans les deux autres pôles, la politique de monnaie forte, le manque de flexibilité du marché du travail et l'importance de la pro- tection sociale. On peut espérer une reprise en raison de l'achèvement du grand marché intérieur, qui devrait selon le rapport Cecchini créer 2 millions d'emplois nouveaux et augmenter le PIB de 4,5 %.

La polarisation se manifeste essentiellement de trois manières : dans les échanges commerciaux, les investissements directs et les demandes de brevets à l'étranger.

Page 31: Économie internationale : fondement et politique

En 1989 en % du total des échanges de la zone

* Les échanges commerciaux de la triade

Le commerce intra-régional est du même ordre dans les deux pôles Amérique du Nord et Asie de l'Est et nettement supérieur pour la CEE. Il en résulte que les liens Amérique du Nord - Asie de l'Est sont plus importants (27 % des échanges) qu'entre la CEE et les deux autres blocs.

Ces trois pôles se font concurrence car ils présentent en partie les mêmes spécialisations mesurées par l'avantage comparatif révélé, les États-Unis et la CEE pour la mécanique et la chimie, la CEE et le Japon pour les véhicules.

Les trois premiers points forts des principales zones en 1991 (avantages comparatifs en millièmes du PIB)

Source : CHELEM-CEPII.

Page 32: Économie internationale : fondement et politique

* Les flux d'investissements directs dans la triade Ces flux représentent 80 % du stock mondial d'investissements à la

fin des années 1980. On remarque que : — la CEE et le Japon ont massivement investi aux États-Unis ; — le stock détenu par la CEE aux USA est devenu supérieur à celui

des USA dans la CEE ; — les relations entre le Japon et la CEE sont plus réduites.

Stocks en milliards de $ en 1988

* Les flux de brevets dans la triade Le stock de brevets s'élève à 3,9 millions, fin 1990. L'internationalisa-

tion entraîne l'accroissement des dépôts de brevets à l'étranger. Entre les trois pôles du commerce mondial existe un réseau de demandes croisées.

En % des demandes totales des pays de l'OCDE

Source : Observateur de l'OCDE.

Page 33: Économie internationale : fondement et politique

L'intégration régionale correspond donc à la réalisation à l'échelle de quelques pays limitrophes du processus d'internationalisation. Les pôles exerçant par définition un effet d'attraction sur leur zone géogra- phique, ces unions régionales reflètent cet effet d'attraction si elles

comprennent le pôle, un effet de challenge si elles cherchent à s'y oppo- ser ou un effet d'imitation si elles tendent à créer un pôle secondaire.

§ 3. - Les t h é o r i e s e x p l i c a t i v e s d e l ' é m e r g e n c e d e s p ô l e s

Il y en a trois : — celle de PREDOHL est une vaste fresque historique des différentes

phases du capitalisme ; — celle de F. PERROUX étudie l'effet de domination ;

— celle de Ch. PALLOIX est relative à la hiérarchie des systèmes pro- ductifs.

a) Pour PREDOHL, à chaque phase du développement du capitalisme correspond un modèle spatial de l'économie internationale. De même que SOMBART distinguait trois phases de développement du capitalisme — jeunesse, âge mûr et vieillissement qu'il appelait intégration, expan- sion et intensification du capitalisme. PREDOHL fait correspondre trois modèles spatiaux successifs d'économie internationale :

— la jeunesse ou l'intégration du capitalisme : l'orientation du com- merce mondial se fait autour du noyau industriel européen localisé sur le fer et le charbon (Grande-Bretagne, Europe occidentale) ;

— l'âge mûr ou l'expansion du capitalisme, deux pôles : l'Europe et l'Amérique du Nord, solidaires ;

— le vieillissement ou l'intensification du capitalisme, trois pôles : Europe, Amérique du Nord et URSS où les conditions de localisation industrielle sont moins favorables.

Mais il est difficile de voir comment chaque phase engendre la sui- vante.

b) PERROUX (7), explique l'émergence et le déclin de la domination économique d'une nation. Le pôle du commerce international exerce

(7) F. PERROUX, E s q u i s s e d ' u n e t h é o r i e d e l ' é conomie d o m i n a n t e : É c o n o m i e appl i -

quée , n° 2, 3, 1948 et no te sur Le d y n a m i s m e d e l a d o m i n a t i o n : É c o n o m i e a p p l i q u é e , n° 2, 1950.

Page 34: Économie internationale : fondement et politique

un effet de domination, c'est-à-dire exerce des influences irréversibles et asymétriques par sa dimension économique (PNB), par la nature de ses activités économiques (innovation) et par son pouvoir de marchan- dage (investissements et organisation à son profit du système interna- tional).

— La dimension économique : taux de croissance et niveau du pro- duit national brut.

Une nation devient dominante par la rapidité de sa croissance indus- trielle, et l'ampleur de son produit national brut. On constate en effet que la croissance rapide des États-Unis, puis de l'Allemagne, du Japon et, à un moindre degré, de la France leur ont donné un rôle accru dans le com- merce mondial et que la domination économique britannique n'a pas sur- vécu à l'affaiblissement de son taux de croissance.

— La nature des activités économiques : innovation technologique. Appliquant la théorie de Schumpeter, la nation dominante le

devient par ses innovations : la Grande-Bretagne s'est industrialisée la première, puis les États-Unis sont le principal exportateur de techno- logie avancée. Le Japon et la RFA sont exportateurs de biens d'équi- pement à technologie de pointe. L'imitation qui suit nécessairement l'innovation contribue à l'affaiblissement du pôle, exemple : États- Unis.

— Le pouvoir de marchandage : investissements à l'étranger et monnaie surévaluée.

Par ses flux d'investissements et son avance technologique, le pôle exerce un pouvoir de marchandage considérable, sa monnaie est géné- ralement surévaluée et le reste à cause de l'avance technologique qui rend désirable ses exportations, même si elles sont chères, de son rayonnement financier et de l'inutilité (croyait-on) d'une dévaluation qui pourrait être imitée. Mais ces flux d'investissements affaiblissent le pôle dont le taux de croissance diminue.

Ces caractéristiques du pôle de l'économie internationale permettent de comprendre pourquoi l'URSS a été un pôle pour les pays socialistes, mais pas à l'échelle du commerce mondial. Enfin, les pays de l'OPEP peuvent être considérés comme pôle sur le plan financier, mais non sur le plan commercial.

c) Ch. PALLOIX, la hiérarchie des systèmes productifs. Cette notion de hiérarchie des systèmes productifs a été développée par les écono-

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mistes marxistes (8). Elle réalise une synthèse entre la domination et l'échange inégal, qui caractérisent la division internationale du travail entre le centre et la périphérie, et la différence des dotations de facteurs qui s'exprime dans les systèmes productifs ou structures industrielles, telles que les mesurent les tableaux des échanges industriels. Une nation spécialisée dans les produits « capital intensive » en domine une autre, spécialisée dans les produits « labour intensive ». Ainsi s'établit une hiérarchie. Mais cette hiérarchie entre les pays développés et les pays en voie de développement se retrouve entre pays développés eux- mêmes en fonction de leur niveau technologique. Ainsi les États-Unis seraient au sommet de la hiérarchie, puis viendraient la RFA, la France, etc. On obtient une double hiérarchie entre les États-Unis, la CEE et le

Japon, et à l'intérieur de la CEE, la RFA, la France et l'Italie. Cette hié- rarchie se mesure par la part respective des biens de production, des biens intermédiaires et des biens de consommation. On peut même pré- ciser une hiérarchie interne à cette catégorie entre les biens de produc- tion pour fabriquer d'autres biens de production (professionnels), les biens de production intermédiaires et les biens de productions finaux. De même manière, il existe une hiérarchie interne aux biens de consom- mation, entre biens de consommation durables ou non. On peut toute- fois opposer à Ch. PALLOIX que l'émergence du Japon comme pôle du commerce mondial a été fondée sur les succès à l'exportation de biens de consommation (textiles, électronique grand public).

A cette conception hiérarchique se rattache la notion de pays inter- médiaire développée par F. VELLAS (9) et appliquée à la France qui est simultanément exportatrice de biens d'équipement vers les pays en voie de développement et importatrice de ces mêmes biens en prove- nance des États-Unis et du Japon.

§ 4. - L e s t r o i s c a t é g o r i e s d ' a c t e u r s d u c o m m e r c e m o n d i a l

Jusqu'au début des années 1960, la théorie du commerce interna- tional était conçue en termes d'échanges entre nations, voire entre une nation et le reste du monde assimilé à une nation étrangère.

(8) Ch. PALLOIX, Procès de production et crise du capitalisme, PU,.G, Maspéro 1977. (9) F. VELLAS, Echange international et qualification du travail, Economica, 1981.

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Depuis les années 1960, deux catégories nouvelles d'acteurs sont apparues qui se superposent aux nations : les firmes multinationales et les unions régionales. Les firmes multinationales, au nombre de 36 000 selon une estimation des Nations unies pour l'année 1992, peu- vent mener des stratégies différentes de celles des nations où elles sont localisées (cf. p. 54).

La remarque de Thomas JEFFERSON s'applique bien à elles : « les négociants n'ont pas de patrie, ils sont moins attachés à l'endroit où ils vivent qu'à celui d'où ils tirent leurs profits » (1806). Les firmes multi- nationales modifient les échanges internationaux en fragmentant le pro- cessus de production entre leurs filiales de différentes nations, ce qui augmente les échanges de biens intermédiaires, et en augmentant la mobilité des facteurs, surtout par les investissements directs à l'étranger.

D'autre part, les nations se sont regroupées en une vingtaine d'unions régionales au début des années 1960 et, après une période de déception, à nouveau à la fin des années 1980, selon leur voisinage géographique pour bénéficier des économies d'échelle et des avantages du libre échange. Elles affectent aussi les échanges internationaux en accroissant le commerce intrarégional, quitte à parfois réduire celui avec les pays tiers, ou du moins à le rendre plus conflictuel, et elles tendent, comme les firmes multinationales, à accroître la mobilité des facteurs.

Section III

LA NOUVELLE DIVISION INTERNATIONALE DU TRAVAIL ET DU PROCESSUS

DE PRODUCTION

La nouvelle division internationale du travail s'oppose à l'ancienne, selon laquelle les pays industrialisés exportaient des produits manu- facturés et importaient des produits primaires en provenance des pays en voie de développement. Cette complémentarité a fait place à une division internationale du travail (DIT), plus complexe, selon laquelle les nouveaux pays industrialisés (NPI) devenus exportateurs de pro- duits manufacturés concurrencent les États européens et les États- Unis, tandis que ces derniers jouent un rôle important sur le marché mondial de certains produits primaires ou exportent des produits manufacturés incorporant des composants importés (DIPP).

Page 37: Économie internationale : fondement et politique

§ 1. - Les p r o d u i t s p r ima i re s

Ils se décomposent en produits agricoles, minéraux, y compris les combustibles dont le pétrole, et métaux non ferreux. Les minéraux, notamment le pétrole, en représentent la partie la plus dynamique. On constate les tendances suivantes.

a) La réduction de la part des produits primaires dans le commerce mondial

Cette part qui était d'environ 50 % en 1960 n'est plus que de 24,4 % en 1992.

b) La baisse des prix en termes réels qu'illustre l'indice des prix réels des produits de base sur la période 1900-1993. Les innovations technologiques (informatique, matériaux synthétiques) ont fortement réduit l'importance et la valeur des produits de base traditionnels.

c) La tendance à d'amples fluctuations de prix

Elles préoccupaient déjà KEYNES mais se sont accentuées depuis les années 1970 comme le montre le graphique des variations en pourcen- tage des prix nominaux. Cette variabilité accrue pourrait être la consé- quence des chocs pétroliers qui se surajoutent aux deux autres causes de variabilité : les réactions retardées entre la production et la consom- mation pour chaque produit, compte tenu de sa spécificité, et la réper- cussion de la conjoncture des pays industrialisés.

Ce constat prouve l'échec des mesures de stabilisation telles que les contrats à terme, les accords internationaux par produits, le finance- ment compensatoire ou le Stabex.

d) L'importance croissante des pays industrialisés dans le com- merce des produits primaires aux dépens des PVD

La CEE et les États-Unis deviennent de plus en plus excédentaires en certains produits agricoles (céréales, sucre). Le seul grand pays importateur reste le Japon. Inversement, le pays en voie de développe- ment et les pays de l'Est sont moins exportateurs et parfois même importateurs en raison :

— pour les pays en voie de développement, de la lenteur de la révo- lution verte par rapport à la croissance démographique ;

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Graphique 1. - Evolution des prix des produits de base

Indice des prix nominaux des produits de base sauf énergie, 1900-1993

Indice des prix réels des produits de base sauf énergie, 1900-1993

Graphique 2. - Fluctuations des prix des produits de base

Variations, en pourcentage, de l'indice des prix nominaux sauf énergie, 1900-1993

Source : Serge CALABRE, Matières premières, marchés mondiaux déséquilibrés, organi- sation, Économica 1995, p. 47 et 48.

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— pour les pays de l'Est, de l'irrégularité des récoltes et des décep- tions causées par la collectivisation de l'agriculture. En revanche, la part du pétrole est croissante dans les exportations de l'URSS.

On ne peut donc plus assimiler les exportations de produits primaires à celles des pays en voie de développement puisque les cinq plus gros exportateurs de matières premières dont la part présente 41 % sont les États-Unis, le Canada, l'Australie, les Pays-Bas et l'URSS.

§ 2. - L e s p r o d u i t s m a n u f a c t u r é s

a) L'accroissement de la part des produits manufacturés dans le commerce mondial depuis 1995

Avec 73 % du commerce mondial en 1992, ils ont crû plus rapide- ment en volume, mais moins vite en valeur unitaire que les deux autres catégories.

Cet accroissement est dû à toute une série de causes :

— le remplacement rapide par un produit plus perfectionné ; — la rationalisation pour obtenir de grandes séries ; — et la multiplication des échanges intrafirmes multinationales qui

représentent 30 à 40 % pour les États-Unis, selon une étude de l'OCDE.

Tableau 1-3 Croissance en volume des exportations mondiales

(variations annuelles moyennes)

Source : GATT, Le commerce international, efi 1988/1989, vol. I, p. 10 et 1993, statis- tiques, p. 2.

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b) L'évolution des prix des produits manufacturés

Elle dépend de la conjoncture internationale ainsi, ils ont baissé de 1980 à 1985 au taux annuel de - 2,8 % et augmenté de 1985 à 1990 au taux annuel de + 8 %.

Cependant, les prix des produits manufacturés ne sont pas très bien connus en période d'inflation et de progrès technique rapide : on les calcule généralement comme la valeur unitaire des exportations de produits manufacturés en divisant les valeurs par les quantités pour des groupes de produits très détaillés, aussi homogènes que possible. Or, tous les produits ne sont pas repris, les groupes ne sont pas tout à fait homogènes, la pondération des indices de prix (LASPEYRES) n'est pas la même que celle des valeurs unitaires (PAASCHE). Et l'on constate des divergences avec les indices de prix à l'exportation calculés par la RFA, le Japon et la Suède.

Graphique 1-5 Réductions des droits de douane américains moyens

après les négociations du GATT (droits de douane moyens avant 1947 = 100)

Source : Économie impact, n° 67, p. 7.

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pas être celui qui a les coûts initiaux les plus bas, mais celui qui bénéficie de la demande la plus importante (p. 362).

6. Oui pour égaliser le taux d'accroissement de la productivité. On peut aussi recourir à une politique régionale (p. 377).

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