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Paris, 11 juillet 2018
FEDERATION FRANCAISE DU BATIMENT 33 avenue Kléber 75784 PARIS Cedex 16 Téléphone : 01 40 69 51 00 – Télécopie : 01 45 53 58 77
Conjoncture à début juillet 2018
Le retournement des ventes de logements neufs se confirme depuis le début 2018.
De fait, en glissement annuel, le recul s’établit à 5,1 % au premier trimestre 2018 du
côté des promoteurs et à 14,3 % sur cinq mois à fin mai 2018 du côté des
constructeurs de maisons individuelles. Ces mouvements s’expliquent, en grande
partie, par la dégradation de l’environnement institutionnel (révision du PTZ, du Pinel
et du modèle HLM). Ainsi, le rabotage du PTZ en zones B2 et C se traduit par un recul
du nombre de prêts deux fois plus rapide sur ce périmètre que pour les zones A et
B1, en glissement annuel sur le premier trimestre 2018. Les conséquences de ces
choix commencent à se lire sur les permis, en retrait de 1,8 % en glissement annuel
sur cinq mois à fin mai 2018, mais encore davantage sur les trois derniers mois
(- 5,6 %), compte tenu d’un très net décrochage de l’individuel (-11,7 %). Du côté des
mises en chantier, la baisse constatée de 4,3 % en glissement annuel sur cinq mois
à fin mai 2018 s’explique en partie par les intempéries de ces derniers mois.
A contrario, moins sensible à l’environnement institutionnel, le non résidentiel neuf
hors locaux agricoles poursuit sa belle dynamique avec des surfaces autorisées et
commencées respectivement en hausse de 7,5 % et 13,3 % en glissement annuel sur
cinq mois à fin mai 2018. Tous les segments du non résidentiel contribuent d’ailleurs
à l’embellie, hormis les commerces qui voient leurs surfaces de permis chuter
lourdement de 11,1 % sur la même période.
Quant à l’amélioration-entretien, hors effet prix, le marché s’inscrit en petite hausse
de 0,9 % entre les premiers trimestres 2017 et 2018, solde d’une progression plus
nette du logement (+1,7 %) et d’une baisse du non résidentiel (-1,1 %).
L’emploi dans le bâtiment a poursuivi la tendance de 2017, avec la création de 30 000
postes, se répartissant entre 20 600 salariés et 9 400 intérimaires en équivalent-
emplois à temps plein, au premier trimestre 2018 par rapport au même trimestre de
2017. Les perspectives pour les prochains mois restent bien orientées.
Enfin, la petite hausse de 1,1 % des prix bâtiment en glissement annuel au premier
trimestre 2018 ne suffit pas à compenser la progression plus rapide des coûts qui
s’affiche à 2,3 %. En conséquence, les trésoreries restent tendues, d’autant plus que
le besoin en fonds de roulement augmente avec le dynamisme de l’activité, et les
marges s’érodent à nouveau.
2
1. Le contexte macro-économique et macro-financier
En termes macroéconomiques, le premier trimestre 2018 a été marqué par un ralentissement
de la croissance du PIB. En glissement annuel, elle ressort à 2,2 %, contre +2,8 % au
quatrième trimestre 2017 (cf. graphique 1). Ce mouvement s’explique par le net tassement,
d’une part, de l’investissement des entreprises non financières à +3,6 % en glissement annuel
contre +6,1 % au quatrième trimestre 2017, d’autre part, de l’investissement des ménages à
+3,3 % contre +5,1 % trois mois plus tôt. Il faut également souligner le faible dynamisme de la
consommation de ces derniers acteurs (+1,1 %), leur pouvoir d’achat ayant été entamé depuis
le début de l’année par la hausse de différentes taxes (CSG, tabac, pétrole, etc.) sans, pour
l’heure, de véritables compensations. En effet, la progressive suppression de la taxe
d’habitation et la baisse des charges sociales sur les salaires n’interviendront qu’à l’automne.
Graphique 1 – Le PIB et ses composantes
Source : FFB à partir de l’Insee, Comptes de la Nation
Par ailleurs, en glissement annuel sur six mois à fin juin 2018, les prix à la consommation ont
progressé assez nettement de 1,7 %. Cette tendance relève toutefois assez largement de la
hausse des prix de l’énergie, sachant que le cours du baril de Brent mesuré en euros affiche
+14,5 % en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018.
Selon les dernières prévisions de l’Insee, la croissance française connaîtrait en 2018 un
tassement assez marqué à +1,7 % en volume, dans la suite de ce qui s’est observé au premier
trimestre 2018. L’investissement des ménages, constitué pour une très large part de logement
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PIB Dépenses de consommation des ménages
Dépenses des administrations publiques Investissement des entreprises non financières
Investissement des ménages Investissement des administrations publiques
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neuf et de gros travaux en résidentiel, ne progresserait que de 1,6 %. Ce dernier chiffre s’avère
d’ailleurs cohérent avec notre prévision de décembre 2017 pour l’activité bâtiment du seul
logement en 2018, soit +1,4 %, résultant d’une hausse du neuf de 3,4 % et d’un léger recul de
l’amélioration-entretien de 0,2 %.
Concernant l’environnement macro-financier, les taux d’intérêt se maintiennent à faible niveau
(cf. graphique 2). Ainsi, le taux de l’emprunt phare à dix ans s’affiche à 0,83 %, en moyenne
sur les six premiers mois de l’année. On relève même un léger décrochage depuis avril.
Graphique 2 – Taux d’intérêt
Source : Banque centrale européenne, Banque de France
2. Les marchés du bâtiment
2.1 Le logement neuf
2.1.1 Les ventes
Dans la promotion immobilière, en glissement annuel sur le premier trimestre 2018, les ventes
de logements neufs ont accentué leur recul pour atteindre -5,1 % (cf. tableau 1), avec une
baisse encore plus prononcée sur les zones B2 et C à -7 %. Par ailleurs, sur la même période,
contre toute attente, les données officielles de mises en vente ont connu un retournement de
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Taux de refinancement Taux Euribor 3 mois Taux de l'emprunt phare 10 ans
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tendance et affichent une progression de 2 %. Cette inflexion, qui tranche avec les nets replis
relevés sur plus longue période, étonne alors que les promoteurs, interrogés par l’Insee en
avril, s’avéraient assez pessimistes quant aux perspectives de mises en chantier de
logements. Ils ressortaient également moins nombreux qu’il y a trois mois à envisager de
mettre à l’étude de nouveaux programmes immobiliers. De plus, l’enquête de la FPI signale
bien, pour sa part, un repli des commercialisations de logement, à 10,2 %.
Tableau 1 – Évolutions (en %, en glissement annuel) de la promotion immobilière
Mises en vente
Ventes
Sur un trimestre (2018 T1 / 2017 T1) -2,0 % -5,1 %
Sur deux trimestres (2017 T4 → 2018 T1 / 2016 T4 → 2017 T1) -6,3 % -3,9 %
Sur trois trimestres (2017 T3 → 2018 T1 / 2016 T3 → 2017 T1) -6,7 % -0,9 %
Sur un an (2017 T2 → 2018 T1 / 2016 T2 → 2017 T1) -5,3 % -1,2 %
Source : Ministère de la transition écologique et solidaire (MTES) / Commissariat général au développement durable (CGDD) / Service de la donnée et des études statistiques (SDES), Enquête
sur la commercialisation des logements neufs (ECLN)
Dans l’individuel diffus, le recul des ventes ressort encore plus prononcé (cf. graphique 3),
s’affichant à 14,3 % en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018.
Graphique 3 – Ventes de maisons individuelles en secteur diffus
Source : CGI bâtiment / Caron marketing, Markemétron
A l’échelon régional, du côté des promoteurs, en glissement annuel, au premier trimestre 2018,
seules deux régions voient leurs ventes progresser (cf. carte 1a), à savoir la Corse (+96,4 %)
et l’Île-de-France (+5,0 %). A contrario, la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire
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et les Hauts-de-France s’affichent en forte baisse de plus de 15 %. Pour ce qui concerne les
constructeurs de maisons individuelles, en glissement annuel sur trois mois à fin mai 2018,
leurs ventes décrochent dans toutes les régions, hormis en PACA et Corse qui se maintiennent
au même niveau (cf. carte 1b). En détail, le Grand Est et l’Île-de-France ressortent en baisse
relativement mesurée de 6 % à 7 %, alors que Rhône-Alpes, la Normandie et l’Occitanie
connaissent des reculs de 20 %.
Cartes 1a et 1b – Évolutions (en %, en glissement annuel)
des ventes de logements neufs en région
Source : MTES/CGDD/SDES, ECLN ; CGI bâtiment / Caron marketing, Markemétron
2.1.2 Le financement des opérations
L’amélioration des conditions de crédit immobilier aux ménages s’est poursuivie depuis le
début de l’année :
- d’une part, les taux, hors coût des assurances et des sûretés, restent très attractifs,
avec une moyenne de 1,47 % sur les cinq premiers mois de 2018 (cf. graphique 4) ;
- d’autre part, les durées ont continué de s’allonger légèrement pour atteindre, en
moyenne sur la même période, 220 mois.
6
Graphique 4 – Taux et durées des crédits immobiliers aux particuliers
Source : Observatoire Crédit Logement / CSA du financement des marchés résidentiels
Toutefois, le coût relatif des opérations financées à crédit a augmenté de 2,9 % dans le neuf,
en glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2018, pour s’établir, en moyenne sur cette
période, à 4,9 années de revenus, niveau élevé et proche des plus hauts historiques (cf.
graphique 5).
En conséquence, la solvabilité des ménages se dégrade rapidement dans le neuf (cf.
graphique 5).
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Taux des prêts du secteur bancaire Durée des prêts du secteur bancaire
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Graphique 5 – Coût relatif des opérations réalisées dans le neuf et indicateur
de solvabilité de la demande
Source : Observatoire Crédit Logement / CSA du financement des marchés résidentiels
De fait, l’amélioration des conditions de crédit ne permet plus de compenser la hausse des
coûts relatifs des opérations, d’autant qu’elle intervient en même temps que la détérioration
des aides publiques. C’est notamment le cas du PTZ neuf, qui chute de 46,3 % en glissement
annuel au premier trimestre 2018, avec seulement 7 756 prêts émis (cf. graphique 6).
Graphique 6 – Nombre de PTZ émis dans le neuf
Source : SGFGAS
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dont individuel dont collectif
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Plus en détail, la baisse ressort deux fois plus rapide en zones B2 et C (respectivement
- 67,7 % et -69,1 %), là où la quotité de PTZ neuf a été réduite de moitié depuis le 1er janvier
2018, qu’en zone B1 (-30,6 %). Quant à la zone A, non « rabotée » et peu sensible au contexte
économique, elle s’en tire le mieux avec un recul limité à 6,1 %.
Enfin, la production de crédits immobiliers dans le neuf s’inscrit en baisse de 1 %, en
glissement annuel sur douze mois à fin mai 2018 (cf. graphique 7).
Graphique 7 – Production de crédits immobiliers dans le neuf
Source : Observatoire Crédit Logement / CSA du financement des marchés résidentiels
2.1.3 La construction
Le recul des ventes de logements neufs commence aussi à peser en termes d’autorisations.
De fait, en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018, ces dernières baissent de 1,8 %
(cf. tableau 2). Plus en détail, l’individuel décroche de 7,5 % alors que le collectif affiche encore
une hausse de 3,3 %. Il convient également de souligner que la baisse des permis tend à
s’accentuer : en glissement annuel sur les trois derniers mois, elle ressort à -5,6 %, avec une
chute encore plus prononcée de l’individuel (-11,7 %).
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Tableau 2 – Évolutions (en %, en glissement annuel) du logement neuf1
Individuel Collectif Ensemble
Sur trois mois (mars 2018 → mai 2018 / mars 2017 → mai 2017)
Autorisations -11,7 % -0,8 % -5,6 %
Mises en chantier -4,6 % -8,5 % -6,6 %
Sur cinq mois (jan. 2018 → mai 2018 / jan. 2017 → mai 2017)
Autorisations -7,5 % +3,3 % -1,8 %
Mises en chantier -2,4 % -6,1 % -4,3 %
Sur six mois (déc. 2017 → mai 2018 / déc. 2016 → mai 2017) Autorisations -5,6 % +0,4 % -2,3 %
Mises en chantier -1,2 % +1,9 % +0,5 %
Sur neuf mois (sept. 2017 → mai 2018 / sept. 2016 → mai 2017) Autorisations -3,9 % -0,2 % -1,8 %
Mises en chantier +1,5 % +4,9 % +3,4 %
Sur un an (juin 2017 → mai 2018 / juin 2016 → mai 2017) Autorisations -2,0 % +4,3 % +1,6 %
Mises en chantier +4,2 % +8,0 % +6,2 %
Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES, Sit@del2
Par ailleurs, le taux d’annulation des permis dans le collectif progresse assez fortement,
s’établissant à plus de 25 % sur les cinq premiers mois de 2018 (cf. graphique 8), huit points
au-dessus de sa moyenne de long terme. En revanche, dans l’individuel, il reste proche de sa
moyenne de long terme (11,2 % contre 10,8 %).
1 En nombre de logements en date réelle estimée (DRE), y compris construction sur existant, en France entière.
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Graphique 8 – Taux d’annulation des logements autorisés
Source : MTES/CGDD/SDES, Sit@del2
Quant aux ouvertures de chantier, elles diminuent de 4,3 % en glissement annuel sur cinq
mois à fin mai 2018, l’individuel et le collectif affichant des baisses respectives de 2,4 % et
6,1 %. Là encore, le recul s’accélère, en glissement annuel sur les trois derniers mois, avec
-6,6 % pour l’ensemble logement. Deux raisons principales peuvent expliquer ce décrochage,
qui n’était pas attendu aussi tôt dans l’année :
- les épisodes neigeux de l’hiver et les inondations du printemps, qui ont contraint
l’activité (cf. graphique 9) et provoqué le décalage de nombreux chantiers ;
- les conséquences du retrait des permis observé dans le collectif au quatrième trimestre
2017 (-6,7 % en glissement annuel), suite aux vives discussions de l’automne 2017
entre l’État et le monde HLM sur la baisse de l’APL et des loyers, ainsi qu’aux annonces
sur la suppression du Pinel en zones B2 et C.
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Individuel Collectif
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Graphique 9 – Part des entreprises ne pouvant accroître leur production
pour conditions climatiques défavorables
Source : Insee, enquête mensuelle dans le bâtiment
À l’échelon des anciennes régions, en glissement annuel sur douze mois à fin mai 2018, côté
permis, quatre territoires ressortent encore en hausse de plus de 10 %, à savoir les ex-Alsace,
Basse-Normandie, Auvergne et la Bretagne (cf. carte 2a). À l’opposé, plus de la moitié des ex-
régions s’affichent en baisse, avec même des reculs de plus de 10 % pour l’ex-Picardie, l’ex-
Haute-Normandie et le Centre-Val de Loire. Compte tenu des habituels délais de
transformation, les ouvertures de chantier restent bien orientées sur une large partie du
territoire. Seules les ex-Aquitaine, Champagne-Ardenne et Picardie voient leur nombre de
logements commencés diminuer sur les douze derniers mois (cf. carte 2b).
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Cartes 2a et 2b – Évolutions (en %, en glissement annuel) sur douze mois
à fin mai 2018 des permis et des mises en chantier de logements neufs en région
Source : MTES/CGDD/SDES, Sit@del2
2.2 Le non résidentiel neuf
Hors locaux agricoles, en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018, les surfaces
autorisées de bâtiments non résidentiels neufs ressortent en progression soutenue de 7,5 %
(cf. tableau 3), malgré un tassement sur les trois derniers mois (+2,5 %). Par segment de
marché, en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018, les bureaux caracolent toujours
en tête (+26,6 %), loin devant les bâtiments industriels (+9,6 %) et les bâtiments administratifs
(+5,1 %). Seuls les commerces affichent une baisse de leurs surfaces autorisées (-11,1 %)
particulièrement forte.
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Tableau 3 – Évolutions (en %, en glissement annuel) du non résidentiel neuf2
(hors locaux agricoles)
Bâtiments industriels
Bureaux Commerces Bâtiments administratifs
Total
Sur trois mois (mars 2018 → mai 2018 / mars 2017 → mai 2017) Autorisations +9,8 % +5,5 % -10,5 % -2,9 % +2,5 %
Mises en chantier -9,0 % +18,1 % +13,6 % +33,4 % +7,7 %
Sur cinq mois (jan. 2018 → mai 2018 / jan. 2017 → mai 2017)
Autorisations +9,6 % +26,6 % -11,1 % +5,1 % +7,5 %
Mises en chantier +5,1 % +22,5 % +7,6 % +28,0 % +13,3 %
Sur six mois (déc. 2017 → mai 2018 / déc. 2016 → mai 2017) Autorisations +8,1 % +23,1 % -9,2 % +2,6 % +6,1 %
Mises en chantier +6,9 % +19,7 % +2,4 % +22,4 % +11,6 %
Sur neuf mois (sept. 2017 → mai 2018 / sept. 2016 → mai 2017) Autorisations +6,3 % +18,4 % -1,3 % +6,9 % +7,1 %
Mises en chantier +14,5 % +21,9 % +11,4 % +14,0 % +15,2 %
Sur un an (juin 2017 → mai 2018 / juin 2016 → mai 2017) Autorisations +11,1 % +21,5 % +2,1 % +6,6 % +10,2 %
Mises en chantier +14,9 % +21,8 % +8,5 % +14,6 % +14,9 %
Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES, Sit@del2
Concernant les surfaces commencées, hors locaux agricoles, elles affichent une dynamique
encore plus forte de 13,3 %, en cumul de janvier à mai 2018 rapporté à la même période un
an auparavant. Tous les segments contribuent d’ailleurs à la progression d’ensemble. Il faut
souligner la belle performance des bâtiments administratifs (+28,0 %), l’échéance des
élections municipales de 2020 y étant pour beaucoup, et des bureaux (+22,5 %). On retrouve,
en queue de peloton, les bâtiments industriels dont les surfaces commencées progressent tout
de même de 5,1 %. D’ailleurs, à fin avril 2018, les chefs d’entreprise du secteur industriel
prévoyaient d’augmenter leurs investissements de 5,2 % en valeur en 2018 (cf. graphique 10),
en accélération par rapport à 2017 (+3,0 %). Par ailleurs, la part des investissements prévus
destinés à l’extension de la capacité de production, donc pour une bonne part à la construction,
se maintenait à 16 % de l’ensemble.
2 En m² de surface de plancher en date de prise en compte (DPC), y compris construction sur existant, en France entière.
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Graphique 10 – Évolutions (en valeur) des montants d’investissement prévus
dans l’industrie
Source : Insee, enquête trimestrielle sur les investissements dans l’industrie
Tous les territoires ne bénéficient pas pour autant de la même dynamique que celle relevée
au plan national. En effet, côté permis, en glissement annuel sur douze mois à fin mai 2018,
neuf ex-régions s’affichent en baisse, l’ex-Aquitaine fermant la marche à -18,4 % (cf. carte 3a).
Concernant les surfaces commencées, la moitié Est de la France s’avère largement mieux
orientée (cf. carte 3b).
Cartes 3a et 3b – Évolutions (en %, en glissement annuel) sur douze mois
à fin mai 2018 des surfaces autorisées et commencées de bâtiments non résidentiels
neufs en région
Source : MTES/CGDD/SDES, Sit@del2
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En v
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Prévision en octobre N-1 Prévision en janvier N
Prévision en avril N Prévision en juillet N
Prévision en octobre N Estimation en janvier N+1
Réalisation constatée en avril N+1 Réalisation constatée en juillet N+1
15
2.3 L’amélioration-entretien
Les résultats de la nouvelle enquête sur l’activité en amélioration-entretien, commandée par
la FFB au réseau des CERC, montrent une petite croissance de 0,9 % en volume, en
glissement annuel sur le premier trimestre 2018, alors que 82 % des entreprises interrogées
se déclarent satisfaites ou très satisfaites de leur volume d’activité.
Par segment, on relève néanmoins de fortes disparités, le logement s’affichant en progression
de 1,7 %, alors que le non résidentiel baisse de 1,1 %.
S’agissant de la rénovation énergétique, l’activité a augmenté de 1,2 % en volume en
glissement annuel au premier trimestre 2018, portée par un dynamisme plus fort du non
résidentiel (+2,4 %) que du logement (+0,9 %).
Enfin, par région, sur la même période, la Bretagne ressort assez nettement en tête avec une
activité en hausse de 1,6 % (cf. carte 4a) alors qu’en bas du classement, les Hauts-de-France
et PACA affichent une hausse de 0,5 % au plus.
Cartes 4a et 4b – Évolutions (en % et en volume, en glissement annuel) de l’activité au
premier trimestre 2018 et opinions des chefs d’entreprise relatives aux perspectives
du deuxième trimestre 2018 en région
Source : réseau des CERC pour la FFB
En termes de perspectives pour le deuxième trimestre 2018, environ un-tiers des répondants
prévoient une hausse de leur montant de facturation. Les entrepreneurs de Bretagne, d’Île-de-
France et de Nouvelle-Aquitaine s’avèrent un peu plus optimistes que ceux des autres régions
(cf. carte 4b).
16
2.4 Le bâtiment
Globalement, l’activité bâtiment au cours du premier trimestre 2018 a connu un tassement (cf.
graphique 11), notamment sur le segment du logement neuf, mais les perspectives exprimées
par les chefs d’entreprises du secteur ressortent plus encourageantes.
Graphique 11 – Opinions des chefs d’entreprise sur l’activité passée
et prévue dans le bâtiment
Source : Insee, enquête mensuelle de conjoncture dans le bâtiment et enquête trimestrielle de conjoncture dans l’artisanat du bâtiment
D’ailleurs, les carnets de commandes des entreprises de bâtiment de plus de dix salariés
restent particulièrement bien garnis à près de 7,5 mois de chiffre d’affaires en juin 2018, soit à
un niveau historiquement haut (cf. graphique 12). Quant aux carnets de commandes des
artisans, ils se redressent continument pour s’élever au premier trimestre 2018 à 4,3 mois, soit
au même niveau qu’à l’été 2008.
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Activité passée Activité prévue
17
Graphique 12 – Carnets de commandes des entreprises de bâtiment
Source : Insee, enquête mensuelle de conjoncture dans le bâtiment ; FFB
3. L’appareil de production
3.1 L’emploi
En glissement annuel au premier trimestre 2018, le bâtiment affiche une croissance soutenue
de ses effectifs salariés, avec 20 600 unités de plus (cf. graphique 13). En tenant compte de
l’intérim mesuré en équivalent-emplois à temps plein, 30 000 postes ont même été créés sur
cette période, en ligne avec notre prévision de décembre dernier.
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Plus de dix salariés - bâtiment Plus de dix salariés - gros œuvre Artisanat
18
Graphique 13 – Niveaux d’emploi salarié et intérimaire dans le bâtiment
Source : FFB d’après ministère du Travail, DARES
L’amélioration sur le front de l’emploi devrait d’ailleurs se poursuivre. Certes, les perspectives
pour les prochains mois semblent se tasser côté artisans, mais elles continuent de s’afficher
très dynamiques pour les entreprises de plus de dix salariés (cf. graphique 14).
Graphique 14 – Opinions des chefs d’entreprise sur les perspectives d’emploi
dans le bâtiment
Source : Insee, enquête mensuelle de conjoncture dans le bâtiment et enquête trimestrielle de conjoncture dans l’artisanat du bâtiment
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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
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)
Plus de 10 salariés Artisans
19
Toutefois, la part des entreprises signalant des difficultés de recrutement ne cesse
d’augmenter, s’établissant à deux sur trois chez les plus de dix salariés et près d’une sur deux
chez les artisans (cf. graphique 15). Ces niveaux n’avaient plus été atteints depuis 2008.
Graphique 15 – Part des entreprises déclarant des difficultés de recrutement
dans le bâtiment
Source : Insee, enquête mensuelle de conjoncture dans le bâtiment et enquête trimestrielle de conjoncture dans l’artisanat du bâtiment
3.2 La démographie des entreprises
Côté démographie des entreprises, tous les clignotants restent au vert. De fait, les créations
dans la construction s’affichent particulièrement dynamiques, soit aux environs de 9,5 % en
glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2018 avec ou sans micro-entrepreneurs (cf.
graphique 16). Quant aux défaillances, en glissement annuel sur trois mois à fin mars 2018,
elles reculent de 11,8 %, soit à un rythme similaire à celui de 2017.
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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
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Plus de 10 salariés Artisans
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Graphique 16 – Créations et défaillances dans la construction
Source : Insee ; Banque de France
3.3 La situation financière des entreprises
En glissement annuel au premier trimestre 2018, les prix bâtiment s’affichent en modeste
hausse de 1,1 % selon les données officielles (cf. graphique 17), soit quasiment le même
rythme que celui observé sur six, neuf et douze mois. L’évolution s’avère légèrement plus
marquée dans le neuf qu’en amélioration-entretien, à +1,3 % contre +1,0 %. Les prix bâtiment
peinent donc encore véritablement à se redresser, alors que la reprise de l’activité est pourtant
entamée depuis maintenant deux ans.
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Créations hors micro-entrepreneurs Défaillances
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Graphique 17 – Prix et coûts dans le bâtiment
Estimation : FFB à partir de l’Insee
Ce constat s’avère d’autant plus inquiétant que les coûts supportés par les entreprises
continuent de progresser bien plus rapidement. De fait, toujours en glissement annuel sur le
premier trimestre 2018, les prix des matériaux affichent une hausse de 3,3 % dans le neuf et
de 2,4 % en amélioration-entretien. Quant aux salaires, ils ressortent à +2,3 %. Au global, les
coûts bâtiment ont augmenté, en moyenne, de 2,3 %. Par conséquent, les trésoreries se
tendent à nouveau (cf. graphique 18), d’autant que la croissance de l’activité se traduit en
hausse du besoin en fonds de roulement.
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Base 1
00 e
n 2
015
Coût des matériaux dans la construction de bâtiments
Coût des matériaux dans la rénovation de bâtiments
Coûts salariaux dans la construction
Coûts dans le bâtiment
Prix dans le bâtiment
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Graphique 18 – Opinions des chefs d’entreprise sur la trésorerie dans le bâtiment
Source : Insee, enquête mensuelle de conjoncture dans le bâtiment et enquête trimestrielle de conjoncture dans l’artisanat du bâtiment
Par ailleurs, le différentiel prix/coûts provoque une nouvelle dégradation des marges des
entreprises de construction au premier trimestre 2018, comme le montrent les comptes
trimestriels de la Nation de l’Insee, une fois retraitée la rémunération du travail comprise dans
l’excédent brut d’exploitation des chefs d’entreprise non salariés (cf. graphique 19).
Graphique 19 – Taux de marge corrigé par secteur
Source : FFB d’après Insee
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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Sold
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Plus de 10 salariés Artisans