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27 juin 2017 1/20 Conjoncture bâtiment à la fin juin 2017 La reprise de l’activité dans le bâtiment, qui s’est amorcée à la mi-2016, s’accélère sur le début 2017, même si elle doit être nuancée selon les territoires et les métiers. Ainsi, en première estimation, la hausse ressort à + 4,0 % en volume sur le premier trimestre 2017 comparé au même trimestre de 2016. La sortie de crise se révèle donc plus soutenue que prévue (+ 3,4 % envisagé en décembre 2016 pour l’ensemble de 2017). Plus précisément, le logement neuf affiche une forte accélération, avec des permis et mises en chantier respectivement en hausse de 12,9 % et 17,6 % en glissement annuel sur les quatre premiers mois de l’année. Sur la même période, le non résidentiel neuf s’avère un peu moins dynamique, mais néanmoins en croissance, avec + 2,4 % et + 3,3 % pour les surfaces autorisées et commencées. Il convient toutefois de surveiller de près l’évolution du marché des locaux commerciaux, qui affiche une tendance moins heureuse (respectivement – 2,9 % et – 5,3 %), dans un contexte probablement moins porteur (risque de bulle, questionnements quant à la concurrence exercée par les grands parcs périphériques sur le commerce de proximité, envolée du e-commerce, …) Enfin, sur le marché de l’amélioration-entretien, quelques premiers éléments laissent supposer une petite embellie en cours. Le redressement plus rapide que prévu de l’activité redonne un peu d’air à l’appareil de production. Les défaillances continuent de chuter dans le bâtiment (- 17 % en glissement annuel sur le premier trimestre 2017). Après un recul de près de 180 000 postes sur la période 2008-2016 y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein (ETP), l’emploi se redresse assez vivement, grâce à une envolée de l’intérim au premier chef (+ 14 400 sur un an), mais aussi à une inflexion positive côté postes permanents (+1 900). Par ailleurs, à l’échelon national, les prix bâtiment semblent renouer avec des niveaux plus compatibles avec la survie des entreprises, du moins est-ce ce qui ressort des perspectives en ce domaine exprimées par les chefs d’entreprise. Les trésoreries s’en ressentent et inquiètent moins que par le passé. Reste que les marges et, plus encore, les résultats peinent toujours à se ressaisir. Pour certaines entreprises, la situation de fragilité perdure donc. Alors que le contexte économique et financier s’avère très porteur et devrait le rester dans les prochains mois, l’avenir dépend de l’évolution de l’environnement institutionnel. À cet égard, le nouveau dérapage du déficit public en 2017 inquiète, car il pourrait conduire le nouveau gouvernement à des coupes sèches dans le budget des aides au logement. Il faut néanmoins souligner que la hausse récente des prix des logements devrait donner à réfléchir, alors qu’il n’est plus guère possible d’espérer une resolvabilisation des ménages par l’amélioration des conditions de crédit, et qu’on peine à imaginer un avenir au marché de la rénovation énergétique sans soutien financier des acteurs.

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Conjoncture bâtiment à la fin juin 2017

La reprise de l’activité dans le bâtiment, qui s’est amorcée à la mi-2016, s’accélère sur le début 2017, même si elle doit être nuancée selon les territoires et les métiers. Ainsi, en première estimation, la hausse ressort à + 4,0 % en volume sur le premier trimestre 2017 comparé au même trimestre de 2016. La sortie de crise se révèle donc plus soutenue que prévue (+ 3,4 % envisagé en décembre 2016 pour l’ensemble de 2017). Plus précisément, le logement neuf affiche une forte accélération, avec des permis et mises en chantier respectivement en hausse de 12,9 % et 17,6 % en glissement annuel sur les quatre premiers mois de l’année. Sur la même période, le non résidentiel neuf s’avère un peu moins dynamique, mais néanmoins en croissance, avec + 2,4 % et + 3,3 % pour les surfaces autorisées et commencées. Il convient toutefois de surveiller de près l’évolution du marché des locaux commerciaux, qui affiche une tendance moins heureuse (respectivement – 2,9 % et – 5,3 %), dans un contexte probablement moins porteur (risque de bulle, questionnements quant à la concurrence exercée par les grands parcs périphériques sur le commerce de proximité, envolée du e-commerce, …) Enfin, sur le marché de l’amélioration-entretien, quelques premiers éléments laissent supposer une petite embellie en cours. Le redressement plus rapide que prévu de l’activité redonne un peu d’air à l’appareil de production. Les défaillances continuent de chuter dans le bâtiment (- 17 % en glissement annuel sur le premier trimestre 2017). Après un recul de près de 180 000 postes sur la période 2008-2016 y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein (ETP), l’emploi se redresse assez vivement, grâce à une envolée de l’intérim au premier chef (+ 14 400 sur un an), mais aussi à une inflexion positive côté postes permanents (+1 900). Par ailleurs, à l’échelon national, les prix bâtiment semblent renouer avec des niveaux plus compatibles avec la survie des entreprises, du moins est-ce ce qui ressort des perspectives en ce domaine exprimées par les chefs d’entreprise. Les trésoreries s’en ressentent et inquiètent moins que par le passé. Reste que les marges et, plus encore, les résultats peinent toujours à se ressaisir. Pour certaines entreprises, la situation de fragilité perdure donc. Alors que le contexte économique et financier s’avère très porteur et devrait le rester dans les prochains mois, l’avenir dépend de l’évolution de l’environnement institutionnel. À cet égard, le nouveau dérapage du déficit public en 2017 inquiète, car il pourrait conduire le nouveau gouvernement à des coupes sèches dans le budget des aides au logement. Il faut néanmoins souligner que la hausse récente des prix des logements devrait donner à réfléchir, alors qu’il n’est plus guère possible d’espérer une resolvabilisation des ménages par l’amélioration des conditions de crédit, et qu’on peine à imaginer un avenir au marché de la rénovation énergétique sans soutien financier des acteurs.

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I. Un contexte général qui s’améliore sensiblement

D’après les principaux instituts de conjoncture, la croissance se confirme et pourrait même se révéler un peu plus vigoureuse qu’initialement prévu. Cela se vérifie en France, comme au sein des pays industrialisés (voir graphique 1). Plus globalement, selon les dernières prévisions de COE-Rexecode, la croissance mondiale ressortirait à 3,5 % en 2017 (0,2 point de pourcentage de plus que prévu en mars) et se tasserait un peu en 2018, à 3,4 %.

Graphique 1 : redressement synchrone des PIB (en volume)

Source : calculs FFB d’après Eurostat et OCDE.

La France, selon ce même institut, afficherait une croissance de 1,5 % en 2017, puis de 1,4 % en 2018. Dans sa dernière publication1, l’Insee prévoit même une progression de 1,6 % sur 2017, précisant même, parmi les facteurs expliquant cette dynamique, qu’« après être sortie de l’ornière en 2016, l’activité de la construction accélérerait franchement en 2017 ». De fait, la consommation des ménages s’avèrerait une peu moins porteuse (+ 1,2 % sur l’année, voir graphique 2), alors que leur investissement (au sens de la Formation brute de capital fixe –FBCF), très majoritairement composé de travaux de logements neufs, afficherait une nette accélération (+ 3,7 %) et que celui des entreprises non financières resterait bien orienté (+ 2,7 %). Seul l’investissement des administrations publiques poursuivrait sa baisse (- 1,9 %), alors que le solde des échanges extérieurs pèserait encore négativement de 0,3 point sur la croissance. En conséquence, toujours d’après les prévisions de l’Insee, après avoir cessé de grever la croissance en 2016, le secteur de la construction y contribuerait à hauteur de 0,1 point de pourcentage en 2017.

1 Insee, Note de conjoncture, 21 juin 2017, 144 pages.

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Graphique 2 : France - Évolutions en volume du PIB et de ses principales composantes

Source : FFB d’après Insee.

Comme déjà mentionné dans les précédentes notes de conjoncture de la FFB, l’investissement en logement a régulièrement été révisé à la hausse au cours des dernières années. Par exemple, l’évolution 2016 de la FBCF des ménages, prévue à + 1,2 % fin 2015 par l’Insee, a été relevée à +1,4 % dans la première estimation des comptes annuels, à + 2,0 % dans la note de conjoncture de la mi-mars, à + 2,1 % d’après les Comptes nationaux trimestriels publiés fin mars, puis finalement à + 2,2 % d’après ceux publiés fin juin. Il est donc probable que l’investissement des ménages se révèle mieux orienté que ne le prévoit le consensus de place en 2017. Bien évidemment, une telle accélération reste conditionnée à un contexte institutionnel bien orienté (maintien en l’état du dispositif « Pinel », du PTZ, de la TVA à taux réduit, du Crédit d’impôt transition énergétique –CITE–, du programme « Habiter mieux », de l’éco-prêt à taux zéro, etc.) et par des taux d’intérêt à bas niveau. Cette dernière condition semble acquise pour 2017. Certes, les taux d’intérêt servis aux ménages affichent une très légère hausse depuis novembre 2016, mais elle s’avère suffisamment contenue pour ne pas pénaliser le marché, d’autant qu’un plafond semble avoir été atteint depuis avril 2017 (voir graphique 3).

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Graphique 3 : France - taux des crédits immobiliers aux ménages (hors coût des assurances et sûretés)

Source : Crédit Logement/CSA, Observatoire du financement des marchés résidentiels.

II. Rapide reprise de l’activité dans le bâtiment, toujours tirée par le neuf

II.1 Vive accélération dans le neuf2

Pour le logement neuf, l’année 2016 et le début 2017 affichent une quasi-stabilité à haut niveau de la construction locative sociale (cf. graphique 4).

Graphique 4 : le soutien du locatif social perdure

Source : FFB d’après Club Fanie et ministère du Logement et de l’Habitat durable.

2 En 2016, le logement neuf et le non résidentiel neuf comptaient respectivement pour 26 % et 14 %

de l’activité bâtiment.

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Mais on note surtout une vive progression des volumes commercialisés par les promoteurs et constructeurs de maisons individuelles. De fait, pour ce qui concerne l’individuel diffus, le Markemétron (CGI Bâtiment - Caron marketing) retrace une hausse de 14 % des ventes sur l’année 2015, puis de 19 % en 2016, puis encore de 12 % en glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2017 (cf. graphique 5).

Graphique 5 : évolutions des ventes de maisons dans l’individuel pur (France métropolitaine)

Source : CGI Bat - Caron marketing, Markemétron (changement de méthodologie en 2006). Quant aux ventes dans le collectif, elles s’affichent en hausse de plus de 8 % en glissement annuel sur le premier trimestre 2017, après + 26 % sur l’ensemble de 2016 (voir tableau 1) et + 20 % en 2015. Les mises en vente des promoteurs, soit la pré-commercialisation de nouvelles opérations, suivent avec retard : + 11 % en 2015, + 20 % en 2016 et + 3 % au premier trimestre 2017 rapporté à la même période un an plus tôt.

Tableau 1 : évolutions des ventes des promoteurs (En nombre de logements, France métropolitaine)

Glissements annuels (en %)

Individuel groupé

Apparte-ments

Ensemble

2016 / 2015 Mises en vente +27,0 +19,8 +20,4 Ventes +28,0 +25,7 +25,9

T1 2017 / T1 2016 Mises en vente -30,5 +7,4 +3,5 Ventes +5,3 +8,3 +8,1

Source : calculs FFB d’après ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) / Commissariat général au Développement durable (CGDD) / Service de la donnée et des études statistiques (SDES) – Enquête sur la commercialisation des logements neufs (ECLN).

Pour ce segment comme pour l’individuel, la progression du volume de logements vendus s’observe sur la quasi-totalité du territoire métropolitain, du moins à l’aune du découpage régional (cf. graphique 6). À noter toutefois un décrochage des ventes des promoteurs dans le cadran est, qu’il conviendra de surveiller de près.

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Graphique 6 : évolutions des ventes en région…

6.1 … dans l’individuel diffus

(4 mois 2017/4 mois 2016)

6.2 … dans la promotion immobilière

(T1 2017/T1 2016)

Source : calculs FFB d’après CGI Bat - Caron marketing, Markemétron et MTES/CGDD/SDES, ECLN.

Les données officielles3 retracent globalement bien l’impact de cette nette reprise dans les ouvertures de chantier (cf. tableau 2). Ainsi, pour le collectif, à fin avril 2017, les glissements annuels sur trois, quatre (+ 20,3 %), six, neuf et douze mois affichent des hausses comprises entre 15% et 20 %. Quant aux permis autorisés, ils ressortent en progression de 8 % à 15 % sur les mêmes périodes, avec un tassement sur les périodes récentes (+7,8 % sur quatre mois).

Tableau 2 : évolutions sur le marché du logement neuf à fin avril 2017 (En nombre de logements en DRE, y compris construction sur existant, France entière)

Glissements annuels (en %)

Individuel Collectif Ensemble

Sur 3 mois (fév. 2017→avr. 2017) / (fév. 2016→avr. 2016) Autorisations +16,6 +11,4 +13,7 Mises en chantier +15,7 +15,1 +15,4

Sur 4 mois (jan. 2017→avr. 2017) / (jan. 2016→avr. 2016) Autorisations +19,2 +7,8 +12,9 Mises en chantier +14,7 +20,3 +17,6

Sur 6 mois (nov. 2016→avr. 2017) / (nov. 2015→avr. 2016) Autorisations +16,6 +8,8 +12,2 Mises en chantier +12,5 +16,9 +15,0

Sur 9 mois (août 2016→avr. 2017) / (août 2015→avr. 2016) Autorisations +14,5 +13,2 +13,8 Mises en chantier +11,7 +17,3 +14,8

Sur 12 mois (mai 2016→ avr. 2017) / (mai 2015→ avr. 2016) Autorisations +12,1 +14,5 +13,4 Mises en chantier +10,8 +18,0 +14,8

Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES – Sit@del2.

3 Certes, ces évolutions portent sur un champ qui inclut des constructions neuves sur existant.

Toutefois, de tels permis renvoient souvent à de nouveaux logements, mais surtout leur part varie très peu par le passé : entre 2004 et 2014, elle s’inscrit entre 9 % et 14 % de l’ensemble.

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Quant aux tendances de l’individuel, elles ressortent tout aussi positives. Ainsi, les mises en chantier s’inscrivent en progression de 11 % à 16 % en glissements annuels sur trois, quatre, six, neuf et douze mois ; elles s’accélèrent même depuis le début 2017 (+ 15 % sur quatre mois). De plus, les permis accordés ne faiblissent pas et ressortent en hausse de 12 % à 19 %. Eux aussi affichent d’ailleurs un très bon début d’année à + 19 % sur quatre mois. La reprise du logement se lit aussi au travers de la production de crédit immobilier en faveur des ménages. D’après l’Observatoire de la production de crédits immobiliers, la production hors renégociations a progressé, pour le neuf, de 35 % en 2015, puis encore de 9 % en 2016 (voir graphique 7). La tendance se tasserait depuis et l’on observe même une inflexion sur les derniers mois, avec - 2,2 % en glissement annuel sur trois mois à fin mai 2017. Graphique 7 : évolutions de la production de crédit en volume, hors renégociations

(niveaux annuels glissants)

Source : Michel Mouillart, Observatoire de la production de crédits immobiliers. Le redécollage rapide du marché de l’accession s’avère notamment porté par celui de la primo-accession sociale et intermédiaire, grâce au retour d’un PTZ puissant. Dans le neuf, renouant avec le point haut de 2011, plus de 91 500 prêts ont été accordés en 2016 (voir graphique 8), dont près de 63 300 dans l’individuel.

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Graphique 8 : nombre de PTZ accordés (France entière)

Source : Société de gestion du FGAS.

Mais, plus largement, l’accession à la propriété bénéficie surtout des conditions de crédit très favorables et du redressement du moral des ménages alors que la croissance s’intensifie et que le chômage commence à reculer. De fait, les intentions d’achat de logement des ménages ont peu ou prou retrouvé leurs plus hauts historiques (cf. graphique 9).

Graphique 9 : évolutions du moral des ménages

Source : Insee, Enquête de conjoncture auprès des ménages. La reprise soutenue sur le segment du logement neuf devrait donc se poursuivre dans les prochains mois. D’autant que les deux menaces majeures évoquées par certains depuis quelques années s’éloignent :

l’existence d’une bulle immobilière en France, souvent évoquée depuis le milieu des années 2000 du fait de la comparaison des évolutions des prix de l’immobilier et des revenus des ménages est clairement infirmée par les experts de la Banque de

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France4 qui ont récemment montré –comme l’avait déjà fait Michel MOUILLART et l’Insee– que la prise en compte de l’évolution des conditions de crédit et l’affaissement de l’inflation permettent de réconcilier prix des logements et revenus ;

le risque d’un effondrement du marché lié à des reventes massives par les ménages s’approchant de/arrivant à l’âge de la retraite ne résiste pas à l’analyse. A contrario, sur la période 2013-2015, selon l’Observatoire du financement du logement (OFL), la part des acquisitions réalisées par des ménages de 50 ans et plus atteint 17 à 18 %, contre 12 à 13 % entre 2008 et 2012. En volume, la progression s’avère tout aussi nette : le flux annuel d’accédants de 50 ans et plus s’élève à 115 000 sur la période 2013-2015 alors qu’il s’affichait à 85 000 sur la période 2008-2012, soit une augmentation de 30 000 ménages entre les deux périodes.

Pour en terminer avec le logement neuf, il convient de signaler que les données Sit@del2 continuent de décrire une reprise se diffusant progressivement dans toutes les régions5 (voir graphique 10). Seuls la Corse (- 43,2 %) et l’ex-Limousin échappent véritablement au redressement des permis (- 3,8 %). L’ex-Alsace affiche aussi une baisse (- 3,5 %), mais on se compare alors aux hauts niveaux de 2015-2016 tirés par l’Eurométropole de Strasbourg.

Graphique 10 : glissement annuel (en %) sur douze mois à fin avril 2017 des logements autorisés

(En nombre de logements en DRE, y compris construction sur existant)

Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES – Sit@del2.

Pour le non résidentiel neuf, les données Sit@del2, toujours en « date de prise en compte » par le système statistique (DPC), donc a priori plus fragiles, affichent une tendance encourageante (cf. tableau 3). En rythme annuel sur les quatre premiers mois de 2017, respectivement 25,8 et 18,7 millions de m² de surfaces de bâtiments non résidentiels, hors locaux agricoles, seraient autorisées et commencées, à rapprocher des 26,6 et 17,8 millions de m² constatés en 2016. En glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2017, la tendance ressort à + 2,4 % pour les surfaces autorisées et + 3,3 % pour les surfaces commencées.

4 Voir notamment Antoine LALLIARD (mars-avril 2017), « Détecter autrement les tensions sur le

marché immobilier résidentiel », Bulletin de la Banque de France, n° 210, p. 15‐23. 5 Voir aussi les analyses régionales et inter-régionales détaillées proposées par le réseau des Cellules

économiques régionales de la construction (CERC) et son GIE : http://cerc-actu.com/.

‐3,5

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France = 13,5De ‐43,2 à 3,8 De plus de 3,8 à 11,1De plus de 11,1 à 13,0De plus de 13,0 à 21,3De plus de 21,3 à 34,4

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Tableau 3 : évolutions sur le marché du non résidentiel neuf à fin avril 2017

(milliers de m² de SP en DPC, y compris construction sur existant, France entière)

Glissements annuels (en %)

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Sur 3 mois (fév. 2017→avr. 2017) / (fév. 2016→avr. 2016) Autorisations +5,3 -1,5 +2,2 +13,9 -18,5 +5,1 -1,9 Mises en chantier +30,4 +9,7 -6,3 +0,1 -8,3 +13,1 +8,0

Sur 4 mois (jan. 2017→avr. 2017) / (jan. 2016→avr. 2016) Autorisations +1,5 -0,4 -2,9 +13,2 -15,0 +2,4 -2,2 Mises en chantier +16,7 -6,3 -5,3 -5,5 -8,9 +3,3 +0,3

Sur 6 mois (nov. 2016→avr. 2017) / (nov. 2015→avr. 2016) Autorisations +7,2 +9,4 -0,4 +13,4 -14,9 +7,2 +0,6 Mises en chantier +18,6 -2,7 -5,5 +1,9 -6,1 +5,8 +2,5

Sur 9 mois (août 2016→avr. 2017) / (août 2015→avr. 2016) Autorisations +15,3 +4,6 +11,3 +11,7 -11,7 +11,9 +4,7 Mises en chantier +21,2 -1,1 -1,4 -4,4 -2,4 +6,6 +3,9

Sur 12 mois (mai 2016→ avr. 2017) / (mai 2015→ avr. 2016) Autorisations +8,4 +3,1 +12,6 +16,1 -17,4 +9,7 +1,3 Mises en chantier +16,6 +1,1 -1,0 -5,3 -3,0 +5,2 +3,1

Attention : depuis mars 2009, Sit@del2 comprend une rubrique « artisanat » pour des bâtiments auparavant recensés pour l’essentiel dans le champ « bâtiments industriels » et pour le complément au sein des « commerces ». Nous avons préféré conserver la nomenclature passée, en affectant 80 % des locaux artisanaux aux « bâtiments industriels » et 20 % aux « commerces ».

Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES – Sit@del2. Les bâtiments industriels et assimilés portent l’essentiel du redressement (respectivement +1,5 % et + 16,7 % pour les surfaces autorisées et commencées) et continuent d’accélérer sur la période récente, s’inscrivant d’ailleurs en ligne avec les intentions d’investissement affichées par les industriels (cf. graphique 11).

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Graphique 11 : évolutions des montants (en € courants) d’investissement prévus dans l'industrie

Source : FFB d’après Insee. Les bâtiments administratifs affichent quelques hésitations côté mises en chantier, mais les permis s’avèrent très bien orientés, avec des hausses supérieures à 10 % quelle que soit la période sous-revue. La reprise devrait donc aussi se confirmer sur ce segment. Celui des bureaux semble marquer une pause, du moins en termes de nouveaux projets avec des surfaces autorisées quasi-stables (- 0,4 % en glissement annuel sur quatre mois) et des surfaces commencées qui décrochent un peu (- 6,3 %). En revanche, les inquiétudes se renforcent sur le marché des locaux commerciaux, en baisse quasi-continue depuis six mois, tant en ce qui concerne les surfaces autorisées que commencées. La résilience de ce segment aux dernières crises économiques, ses rendements exceptionnels, tout comme la montée des critiques liés à l’essor des grands centres périphériques au détriment des commerces de centre-ville appellent à surveiller de près l’évolution de ce segment. Toutefois, sur l’ensemble du non résidentiel privé, l’encours de crédit des sociétés non-financières (SNF) en vue de travaux de bâtiment s’est redressé depuis la mi-2015 et affiche, à fin avril 2017, une hausse de près de 5 % l’an (voir graphique 12).

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En octobre N-1 En janvier N En avril NEn juillet N En octobre N En janvier N+1Constaté en avril N+1

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Graphique 12 : évolution de l’encours de crédit des SNF auprès des établissements de crédit français

Source : Banque de France. Comme pour le logement, les données officielles indiquent une diffusion progressive, mais pas encore générale de la tendance à l’amélioration (cf. graphique 13).

Graphique 13 : glissement annuel (en %) sur douze mois à fin avril 2017 des surfaces non résidentielles autorisées

(En m² en DPC, y compris construction sur existant)

Source : FFB d’après MTES/CGDD/SDES – Sit@del2.

Deux éléments complémentaires viennent corroborer le constat d’une reprise de l’activité dans le neuf. Il s’agit tout d’abord du carnet de commandes des entreprises qui connaît une croissance quasi-continue depuis le début de 2015, y compris chez les artisans et plus particulièrement dans la gros-œuvre (cf. graphique 14).

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‐1,9

France = 1,3De ‐30,2 à ‐11,1De plus de ‐11,1 à ‐1,9De plus de ‐1,9 à 0,6De plus de 0,6 à 9,0De plus de 9,0 à 24,3

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Graphique 14 : évolutions des carnets de commandes dans le bâtiment

Sources : Insee (plus de 10 salariés) et FFB (artisans). Il s’agit ensuite des volumes des matériaux de construction mis en œuvre, principalement là encore dans le gros-œuvre (cf. graphique 15). Par exemple, en glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2017, la production de béton prêt à l’emploi et les livraisons de briques de structure affichent des hausses respectives de 5,1 % et 7,4 %.

Graphique 15 : évolutions des volumes des matériaux de construction mobilisés

Sources : Sfic, Unicem, FFTB, FFDM. II.2 L’amélioration-entretien6 : amorce de reprise ?

Du côté de l’amélioration-entretien, nous manquons toujours d’indicateurs d’activité fiables et complets. A défaut, les soldes d’opinion proposés par l’Insee affichent, au-delà des

6 En 2016, les travaux en amélioration-entretien du logement et du non résidentiel neuf comptaient

respectivement pour 35 % et 25 % de l’activité bâtiment.

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Production de béton prêt à l'emploi (en m3)

Livraisons de poutrelles en béton (en km linéaire)

Consommation apparente des aciers carbone (en tonnes) - Produits longs

Livraisons en France de briques de structure (en tonnes)

Livraisons en France de tuiles et accessoires (en tonnes)

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variations saisonnières, une tendance se dégradant un peu moins sur le dernier trimestre 2016 et le premier trimestre 2017, se redressant même un peu pour les entreprises de plus de dix salariés, mais restant toutefois nettement en-deçà de la moyenne de long terme (cf. graphique 16).

Graphique 16 : tendances de l’activité passée en amélioration-entretien

Source : Insee, enquêtes de conjoncture dans le bâtiment.

Cependant, les perspectives d’activité déclarées par les chefs d’entreprise pour le deuxième trimestre 2017 semblent s’améliorer plus franchement, notamment pour les entreprises de plus de dix salariés (cf. graphique 17). Peut-être ces évolutions retracent-elles enfin l’inflexion des dépenses d’aménagement du logement prévues par les ménages (voir graphique 9 supra).

Graphique 17 : perspectives d’activité en amélioration-entretien

Source : Insee, enquêtes de conjoncture dans le bâtiment.

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Artisans - Logement Artisans - Non résidentiel Plus de 10 salariés

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En termes d’activité bâtiment, avec une reprise du neuf un peu plus forte qu’anticipée et, sous réserve de confirmation, l’amorce d’un redressement du marché de l’amélioration-entretien plus rapide que prévue, la hausse globale devrait se révéler un peu supérieure aux + 3,4 % annoncés fin 2016. De fait, en première estimation, la tendance sur le premier trimestre 2017 ressort d’ores et déjà à +4,0 % par rapport à la même période un an plus tôt (cf. encadré 1).

Encadré 1 : estimation provisoire de l’activité bâtiment au premier trimestre 2017

III. Un appareil de production qui sort progressivement de la crise

III.1 Emploi : redressement en cours

Pour mémoire, la crise 2008-2016 dans le bâtiment se caractérise notamment par la perte de près de 180 000 postes, y compris intérim en Équivalent-emplois à temps plein (ETP). Pour impressionnant qu’il soit, ce recul de 13,6 % doit être mis en relation avec la chute de 17,9 % de l’activité sur la même période, hors effet prix (voir graphique 18). Il faudrait même réduire l’ampleur de la baisse côté emploi pour tenir compte de l’essor du détachement sur les années récentes. Faute de données fiables sur ce champ, on ne peut guère aller plus loin que cette mention.

La forte progression de l’activité bâtiment sur le début 2017, soit +4 % en volume en glissement annuel sur un trimestre (cf. tableau 4), s’explique très largement par le logement neuf (+12,8 %). Toutefois, le non résidentiel retrouve quelques couleurs (+ 0,4 %) et l’amélioration-entretien affiche + 1,0 %.

Tableau 4 : évolution de l’activité (en volume)

Logement

neuf

Non résidentiel

neuf

Amélioration - entretien

Bâtiment

Rappel prévision 2017 / 2016 + 8,6 % + 4,0 % + 0,9 % + 3,4 % Estimation T1 2017 / T1 2016 + 12,8 % + 0,4 % + 1,0 % + 4,0 %

En détail, au sein du logement neuf, le collectif (+ 16,5 %) progresse un peu plus fortement que l’individuel (+ 9,9 %). Toutefois, l’écart se réduira progressivement, compte tenu d’une accélération des mises en chantier sur les trois derniers mois pour l’individuel alors qu’on relève une décélération dans le collectif. Pour ce qui concerne le non résidentiel neuf, les bâtiments industriels et assimilés enregistrent la hausse la plus forte (+ 10,6 %). Suivent, de loin, les bureaux (+ 2,6 %). Quant aux locaux commerciaux, l’activité associée ressort stable au premier trimestre 2017. Enfin, la construction de bâtiments administratifs reste orientée négativement (- 7,0 %), mais le renversement de tendance observé côté permis laisse augurer un redémarrage de l’activité au deuxième semestre 2017.

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Graphique 18 : évolutions comparées de l’activité et de l’emploi dans le bâtiment

Source : FFB.

Malgré ce paradoxe, l’amélioration assez rapide de l’activité depuis la mi-2016 permet au secteur de commencer à recréer de l’emploi. Les tendances sur le premier trimestre 2017 s’avèrent même très supérieures aux attentes. Ainsi, sur la base des données de Pôle emploi, la progression ressort à près de 16 300 postes sur un an, soit + 1,4 % (voir tableau 5). Ce mouvement s’explique encore largement par la hausse très soutenue de l’intérim en ETP (+ 14 400, soit + 18,4 %), mais on note aussi une reprise des effectifs salariés (+ 1 900, soit + 0,2 %).

Tableau 5 : l’emploi total dans le bâtiment (France entière)

Effectifs (CVS, en milliers)

2016 2017

t1 t2 t3 t4 t1 t2 t3 t4 Effectifs salariés 1 064 1 062 1 060 1 058 1 066 Intérim (ETP) 78 77 76 81 92 Ensemble 1 142 1 139 1 136 1 139 1 158

Source : FFB d’après ministère du Travail/Dares et GIE des CERC.

La reprise de l’intérim en 2015-2016 s’accentue donc sur le début 2017, alors que les effectifs permanents amplifient une hausse amorcée fin 2016 (cf. graphique 19), et qui devrait se poursuivre compte tenu de la bonne orientation des perspectives déclarées par les chefs d’entreprises, notamment artisanales (cf. graphique 20). Il est donc probable qu’en lien avec une reprise plus forte que prévue, le constat 2017 sur le champ de l’emploi se révèle lui aussi au-delà de la prévision de la fin 2016 (+ 10 000 postes, dont + 6 000 salariés).

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2013

2014

2015

2016

(e)

2017

(p)

Production (milliards d'euros 2007)

Effectifs yc intérim (milliers)

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Graphique 19 : évolutions de l’emploi (en milliers) dans le bâtiment

Source : FFB, d’après Ministère du Travail.

Graphique 20 : tendance prévue des effectifs dans le bâtiment

Source : Insee.

III.2 Entreprises : résilience et amélioration des perspectives

Pour ce qui concerne les entreprises, le début 2017 s’inscrit dans la suite de la fin 2016. Cela se vérifie tout d’abord en termes de créations et défaillances (cf. graphique 21). Ainsi, hors micro-entrepreneurs, les créations d’entreprises dans la construction s’inscrivent en progression de 4,6 % en glissement annuel sur le premier quadrimestre, soit une moyenne de 4 433 structures créées par mois. Quant aux défaillances, en nombre d’entreprises, leur chute, déjà rapide avec - 13,4 % en 2016, s’accentue encore sur le début 2017, à - 16,8 % en glissement annuel sur les trois premiers mois de l’année d’après la Banque de France, soit 1 007 entreprises menacées. Le solde s’avère donc toujours clairement positif.

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Salariés Intérimaires (ETP)

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19951996199719981999200020012002200320042005200620072008200920102011201220132014201520162017

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Artisans Plus de 10 salariés

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Graphique 21 : évolutions des créations et défaillances dans la construction

Sources : Insee (créations) et Banque de France (défaillances).

De plus, compte tenu : d’une taille d’entreprises créées de 0,8 salarié en moyenne ; d’une taille d’entreprises défaillantes (qui donnent toutefois lieu à redressement dans

environ un quart des cas) de 2,4 salariés (voir graphique 22) ; d’un nombre d’entreprises créées hors micro-entrepreneurs 3,9 fois supérieur au nombre

d’entreprises défaillantes ; le résultat net en termes d’effectifs ressort positif. Autrement dit, les créations hors micro-entrepreneurs ont plus que compensé les défaillances.

Graphique 22 : évolution des défaillances dans le bâtiment

Source : Altares.

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Créations totalesCréations hors auto-entrepreneursDéfaillances en date de jugement

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3 000

4 000

5 000

6 000

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8 000

9 000

0 1 à 5 6 à 9 10 à 19 20 à 49 50 et plus

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rise

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Taille de l'effectif salarié

2011

2012

2013

2014

2015

2016

Rythme annuel sur 3 mois 2017

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19/20

L’amélioration progressive de la situation se lit aussi en termes de perspectives de prix, selon les chefs d’entreprise interrogés par l’Insee (cf. graphique 23). Pour la première fois depuis 2011, elles ressortent légèrement meilleures que leur moyenne de long terme.

Graphique 23 : évolutions des perspectives de prix dans le bâtiment

(Entreprises de plus de 10 salariés, France métropolitaine)

Source : Insee.

Les entreprises de construction restent cependant encore à l’écart du mouvement de restauration des marges observé dans les autres secteurs depuis 2014, et singulièrement dans l’industrie manufacturière (voir graphique 24). On note toutefois un petit sursaut depuis la fin 2016.

Graphique 24 : évolutions des marges7 par grandes branches en France

Source : calculs FFB d’après Insee, Comptes nationaux trimestriels.

7 Le taux de marge macro-économique est calculé en rapportant l’Excédent brut d’exploitation (EBE)

corrigé selon la méthode de Krueger (on y ajoute un tiers des revenus mixtes de la branche pour tenir compte des entreprises dont le chef est non salarié) à la valeur ajoutée (VA).

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15%

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2017

Industries manufacturièresServices marchands (hors immobilier, finance et assurance, y compris commerce)Construction

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20/20

Enfin, malgré une moindre dégradation depuis la fin 2015, la trésorerie des entreprises reste tendue selon les chefs d’entreprise interrogés par l’Insee (voir graphique 25). De fait, le solde de leurs opinions en ce domaine renoue tout juste avec sa moyenne de long terme. Si le spectre d’une envolée de la casse en situation de reprise semble s’éloigner, cet indicateur reste à surveiller de près.

Graphique 25 : évolution des trésoreries dans le bâtiment (Entreprises de plus de 10 salariés, France métropolitaine)

Source : Insee.

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-30

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Plus de 10 salariés Artisans