Conference_ « Bâtir Un Empire Hegemonie_romaine

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Van der Aa Carmen – CLAS3 Séminaire : Antiquité Conférence – « Bâtir un empire. Réflexions sur l'organisation de l'hégémonie romaine en Grèce et en Asie Mineure au dernier siècle de la République. » Deuxième et premier siècles acn. Le terme « province » ne se retrouve pas dans le titre, car l'hégémonie romaine s'est traduite par divers systèmes d'administration, dont la provincia mais pas uniquement. Grandes étapes de l'établissement de l'hégémonie romaine en Grèce et en Asie Mineure. Rome était à l'origine une petite bourgade du Latium, qui est devenue peu à peu la ville prédominante d'Italie avant de s'étendre vers la Méditerranée. C'est au moment de la deuxième guerre punique, et de la première guerre de Macédoine, que Rome entre en contact avec le monde grec. Après la victoire de Cynoscéphales, première mise en place d'un système d'hégémonie romaine en Grèce (libération de la Grèce par Flaminius). Deuxième guerre de Macédoine, longue guerre difficile contre le roi Persée, victoire de Pydna par Paul-Émile. Le pouvoir romain baisse alors le masque et montre un visage plus dur. Le royaume de Macédoine est aboli et divisé en quatre parties, dotées de leur constitution mais soumises à un tribut à Rome. 146 : destruction de Corinthe, organisation de la Macédoine en province. La Grèce ne devient pas une province mais est soumise à l'autorité du gouverneur de Macédoine. 133 : legs du royaume de Pergame à la ville de Rome. Guerre de succession puis acceptation par Rome de ce royaume en tant que province. 128-126 : commission sénatoriale, en collaboration avec le pro-magistrat de la province, va organiser la province d'Asie. Celle-ci va enrichir Rome, et la placer à la hauteur du monde méditerranéen et des royaumes hellénistiques. Rome prend alors le visage d'une capitale hellénistique. En 102, un préteur est envoyé pour combattre les pirates, et Rome crée pour cela la province de la Cilicie, qui ne va pas tout de suite exister en tant que telle. Guerres mithridatiques dans les années 80 : Mithridate du Pont entre en conflit avec la province d'Asie et l'envahit. Nombreux massacres très violents qui révèlent à quel point en quelques décennies les Romains avaient su se faire détester des Grecs. Sylla après sa victoire contre Marius combat Mithridate, bâcle la paix pour rentrer à Rome le plus vite possible. Peu de temps après le retour de Sylla, deux années de conflits et d'escarmouches entre Murena le légat et Mithridate. Enfin, Lucullus et Pompée vont arriver à vaincre Mithridate dans les années 65- 63 et Pompée ajoute la Syrie et la Bithynie-Pont dans les provinces. En 30, la dernière dynastie hellénistique, celle des Lagides, tombe dans le giron des Romains. Sous l'empire, organisation très différente (voir conclusion). Les fondements de l'administration provinciale républicaine : les magistrats et pro-magistrats cum imperio et leur provincia Rome à l'époque où elle passe l'Adriatique, est Républicaine (Sénat, magistrats, peuple). C'est en vertu de leur imperium militiae que les préteurs et les consuls peuvent mener la guerre ; provincia ne désigne pas au départ une zone délimitée à des fins administratives, mais la tâche assignée à un magistrat, sa sphère de compétences. Provinciam dare utilisé comme synonyme de iubere plus proposition infinitive. Cela peut aussi être la guerre contre un peuple, la charge d'un territoire, le commandement d'une flotte,... Cicéron parle d'une provincia sans imperium, le basculement sémantique est opéré et la province désigne une zone de l'empire qui devrait être gouvernée par un magistrat.

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hegeonia e imperio

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  • Van der Aa Carmen CLAS3 Sminaire : Antiquit

    Confrence Btir un empire. Rflexions sur l'organisation de l'hgmonie romaine en Grce et en Asie Mineure au dernier sicle de la Rpublique.

    Deuxime et premier sicles acn. Le terme province ne se retrouve pas dans le titre, car l'hgmonie romaine s'est traduite par divers systmes d'administration, dont la provincia mais pas uniquement.

    Grandes tapes de l'tablissement de l'hgmonie romaine en Grce et en Asie Mineure.

    Rome tait l'origine une petite bourgade du Latium, qui est devenue peu peu la ville prdominante d'Italie avant de s'tendre vers la Mditerrane. C'est au moment de la deuxime guerre punique, et de la premire guerre de Macdoine, que Rome entre en contact avec le monde grec. Aprs la victoire de Cynoscphales, premire mise en place d'un systme d'hgmonie romaine en Grce (libration de la Grce par Flaminius). Deuxime guerre de Macdoine, longue guerre difficile contre le roi Perse, victoire de Pydna par Paul-mile. Le pouvoir romain baisse alors le masque et montre un visage plus dur. Le royaume de Macdoine est aboli et divis en quatre parties, dotes de leur constitution mais soumises un tribut Rome. 146 : destruction de Corinthe, organisation de la Macdoine en province. La Grce ne devient pas une province mais est soumise l'autorit du gouverneur de Macdoine. 133 : legs du royaume de Pergame la ville de Rome. Guerre de succession puis acceptation par Rome de ce royaume en tant que province. 128-126 : commission snatoriale, en collaboration avec le pro-magistrat de la province, va organiser la province d'Asie. Celle-ci va enrichir Rome, et la placer la hauteur du monde mditerranen et des royaumes hellnistiques. Rome prend alors le visage d'une capitale hellnistique. En 102, un prteur est envoy pour combattre les pirates, et Rome cre pour cela la province de la Cilicie, qui ne va pas tout de suite exister en tant que telle. Guerres mithridatiques dans les annes 80 : Mithridate du Pont entre en conflit avec la province d'Asie et l'envahit. Nombreux massacres trs violents qui rvlent quel point en quelques dcennies les Romains avaient su se faire dtester des Grecs. Sylla aprs sa victoire contre Marius combat Mithridate, bcle la paix pour rentrer Rome le plus vite possible. Peu de temps aprs le retour de Sylla, deux annes de conflits et d'escarmouches entre Murena le lgat et Mithridate. Enfin, Lucullus et Pompe vont arriver vaincre Mithridate dans les annes 65-63 et Pompe ajoute la Syrie et la Bithynie-Pont dans les provinces. En 30, la dernire dynastie hellnistique, celle des Lagides, tombe dans le giron des Romains. Sous l'empire, organisation trs diffrente (voir conclusion).

    Les fondements de l'administration provinciale rpublicaine : les magistrats et pro-magistrats cum imperio et leur provincia

    Rome l'poque o elle passe l'Adriatique, est Rpublicaine (Snat, magistrats, peuple). C'est en vertu de leur imperium militiae que les prteurs et les consuls peuvent mener la guerre ; provincia ne dsigne pas au dpart une zone dlimite des fins administratives, mais la tche assigne un magistrat, sa sphre de comptences.

    Provinciam dare utilis comme synonyme de iubere plus proposition infinitive. Cela peut aussi tre la guerre contre un peuple, la charge d'un territoire, le commandement

    d'une flotte,... Cicron parle d'une provincia sans imperium, le basculement smantique est opr et la

    province dsigne une zone de l'empire qui devrait tre gouverne par un magistrat.

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    Le snat donne des provinciae des magistrats, sans lien direct avec des zones gographiques claires. Ainsi, dans le cas de la Cilicie, lorsque Rome se mle enfin de rgler le problme de la piraterie (ce qu'elle n'avait pas fait avant parce que la piraterie alimentait fortement le march des esclaves, ce qui intressait Rome, notamment pour fournir des esclaves aux latifundia). En 102, Marcus Antonius, grand-pre d'Antoine reut un commandement maritime pour enrayer la piraterie : provincia Cilicia, alors que dans cette rgion, il n'y avait pas encore de magistrat pour la gouverner. Ce n'est qu'avec le commandement d'Isauricus en 76-74 que la Cilicie sera administre.

    L'imperium militiae est un pouvoir militaire, civil, juridictionnel, et coercitif. Les commandants d'arme peuvent proclamer des dits, et rendre la justice. Qui sont les dtenteurs d'imperium : les prteurs et les consuls, lus par les comices centuriates. Il y a aussi des pro-magistrats, qui sont maintenus dans leur magistrature l'issu de l'anne. On a donc dissoci la fonction du pouvoir en vertu duquel cette magistrature tait exerce. Ils vont pouvoir exercer l'imperium pro praetore et pro consule. Il y a donc l'opportunit de donner l'imperium des gens qui ne sont pas encore ce stade-l de leur vie et de leur cursus honorum. Il s'agit d'un privatus cum imperio. Ainsi, Scipion l'Africain sera privatus cum imperio pro consule 20 ans.

    Celui qui dtient l'imperium est dsign par le terme imperator. Ce terme ne dsignait pas uniquement le gnral vainqueur, mais tout commandant, comme on le retrouve dans tous les textes littraires. En effet, dans l'pigraphie, le sens du mot est trs restreint, comme l'avait relev Mommsen, tandis qu'en prose latine, elle pourrait tout simplement dsigner un magistrat cum imperio. Cela signifie que dans les inscriptions d'Asie, on retrouve le terme imperator ou son quivalent grec autokrator. Le terme pourrait donc tre tout aussi polysmique que le mot provincia. Dion Cassius considre que ceux qui ont reu un commandement indpendant ou une magistrature avec imperium peuvent recevoir le titre d'autokrator.

    Consquences de la croissance de l'Empire romain sur les institutions romaines

    La prture va voluer en suivant la croissance de l'Empire de Rome. Au dpart, il y avait deux prteurs, magistrats judiciaires. En 227, on en ajoute deux autres pour grer la Sicile et la Sardaigne-Corse. En 197, on en ajoute deux autres pour la Macdoine et l'Espagne. Voil bien la preuve que les institutions romaines n'taient pas monolithiques ni intangibles. Les Romains taient pragmatiques et savaient s'adapter. Ensuite, on verra un nombre de plus en plus grand de pro-magistratures, pour viter un trop grand nombre de candidats au consulat parmi les anciens prteurs, car le nombre de consuls ne pouvait tre augment.

    L'organisation du pouvoir romain en Orient

    Il n'existe pas de systme provincial tout fait constitu, le pouvoir romain s'adapte et se calque sur les systmes administratifs qui lui prexistaient. C'est le cas notamment pour l'impt. D'ailleurs, ce n'est pas parce que Rome envoyait un magistrat dans une rgion qu'elle souhaitait la placer dans son giron. Les trois pouvoirs (Snat, peuple, magistrats) jouaient un rle dans la cration et dans l'administration des provinces. Les comices, donc les assembles populaires, avaient un mot dire dans la cration des provinces, par exemple. Les provinces fixes (pour s'opposer la provincia pisodique attribue l'un ou l'autre magistrat) n'taient pas le seul systme pour les Romains pour administrer les territoires. Rome va servir d'arbitre entre les rois lointains, se constituant ainsi une ceinture sanitaire l'est, pour bloquer les Parthes qui se trouvaient le long de leurs frontires ; ainsi, Rome se cre des vassaux. Par exemple, Sylla, envoy en Cilicie pendent plusieurs annes, devait rgler les conflits dynastiques de la Cappadoce. Mithridate jouait le mme jeu que les Romains, de l'autre ct de la frontire, pour placer quelqu'un qui lui serait fidle sur le trne de la Cappadoce. Les provinciae n'taient pas le seul systme possible. Les Romains ne voulaient pas immdiatement crer des provinces, car cela signifiait crer des magistratures, envoyer des troupes,...

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    Le magistrat qui avait t assigne la provincia de s'occuper de telle ou telle zone tait accompagne d'une commission snatoriale de dix lgats chargs de rdiger une constitution provinciale selon laquelle le territoire allait dsormais fonctionner. Le magistrat aurait pu le faire seul mais avait des comptes rendre au Snat (comme dans les Commentarii de Csar). Ces constitutions seront souvent sujettes remaniement, par exemple sous limpulsion de Caius Gracchus qui confie la perception des impts aux publicani. Le fondement juridique de cette constitution provinciale apparat souvent sous le nom de lex provinciae chez les auteurs anciens, mais cette notion a t remise en doute rcemment, dans les annes 90. Lex data, loi donne, qui passait probablement par le magistrat et la commission et qui statuait principalement sur des questions de juridiction mais aussi des problmes de constitution. Les Romains avaient leur mot dire sur les constitutions et les rgimes des cits qui passaient sous leur coupe. Ils donnaient moins de poids aux assembles populaires, restreignaient l'accs aux magistratures de manire censitaire et mettaient en place des aristocraties, c'est--dire qu'ils donnaient du pouvoir ceux qui taient leurs interlocuteurs privilgis dans les ambassades, en essayant de profiler les institutions des cits sous leur domination. Ils avaient besoin de crer une identit impriale car les massacres provoqus par Mithridate montraient qu'ils ne pouvaient pas se contenter d'exploiter l'infini leurs provinces.

    Conclusion : vers un empire grco-romain

    Jusqu' l'aube de l'empire, ce sont des monnaies grecques qui circulent. Ils n'utilisaient pas la monnaie pour diffuser leur propagande. Les Romains taient reprsents sur des monnaies et les Athniens marquaient leur allgeance Rome sur leurs monnaies. Sylla fit frapper des monnaies grecques pendant ses campagnes en Grce, pour payer ses troupes et qu'elles puissent faire quelque chose de leur paie. Nombreuses imitations de stphanophores, monnaies athniennes porteuses de couronnes. On gravait en grec le nom des questeurs, pour que les Grecs les utilisent, tout en utilisant des monnaies portant des rfrences Rome. En Asie, ce n'tait pas le questeur qui signait les monnaies comme en Grce, mais le pro-prteur. On arrive un systme montaire unique o le denier (argent) est utilis en Grce tandis que la monnaie en bronze subsiste sous le modle grec. Ds lors, on arrive ce que Paul Veyne qualifiait d'empire grco-romain.