Concours Vertech : pour une écologie triplement compétitive

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CORNELOUP Thibault et DI MORA Jérémy 1 Une ville pour une écologie triplement compétitive : I. Contexte, enjeux pour une ville écologique, industrielle et sociale : Depuis des décennies, la mondialisation et le développement économique des pays ; la population ne cesse d’augmenter et de s’urbaniser. D’une part, la terre comptera 9 milliards d’hommes en 2050 et les deux tiers d’entre eux vivront en ville. Cela n’est pas sans causer d’importants problèmes liés à l’alimentation et à l’agriculture avec une réduction des terres disponibles 13 millions d’hectares par an au niveau mondial 1 , une génération croissante de déchets qui augmentera de 20% dans les pays en développement comme la Chine. En Europe, les déchets alimentaires atteignent 10 Mt/an sans compter les Bio-déchets « urbains et industriels » à 80 Mtonnes/an 2 . On estime ainsi que chaque personne rejette environ 500 kg de déchets par an, dont plus de 30%¨sont des déchets biologiques (voir Figure 1). Figure 1 : Composition des déchets urbains municipaux (Source : Projet Valorgas 3 ).

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Rapport pour le concours Vertech City en collaboration avec Jeremy Di Mora, qui a donné lieu à une préselection au Canada.

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Une ville pour une écologie triplement compétitive :

I. Contexte, enjeux pour une ville écologique, industrielle et

sociale :

Depuis des décennies, la mondialisation et le développement économique des pays ; la

population ne cesse d’augmenter et de s’urbaniser. D’une part, la terre comptera 9 milliards

d’hommes en 2050 et les deux tiers d’entre eux vivront en ville. Cela n’est pas sans causer

d’importants problèmes liés à l’alimentation et à l’agriculture avec une réduction des terres

disponibles 13 millions d’hectares par an au niveau mondial1, une génération croissante de

déchets qui augmentera de 20% dans les pays en développement comme la Chine. En Europe,

les déchets alimentaires atteignent 10 Mt/an sans compter les Bio-déchets « urbains et

industriels » à 80 Mtonnes/an2. On estime ainsi que chaque personne rejette environ 500 kg

de déchets par an, dont plus de 30%¨sont des déchets biologiques (voir Figure 1).

Figure 1 : Composition des déchets urbains municipaux (Source : Projet Valorgas3).

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Or les problématiques de la gestion des déchets sont multiples et vont s’intensifier dans

l’avenir au vu des contraintes liées à l’urbanisation. La majorité de ces déchets sont incinérés

ou mis en décharges et enfouis (40%) ce qui pose des problèmes d’émissions de gaz à effet de

serres (GES) comme le dioxyde de carbone, le protoxyde d’azote (N20) et le méthane4. Ceci

cause aussi des nuisances sonores, olfactives et des problèmes liés à la santé publique avec la

production de dioxines5, bien que ce soit maintenant réglementé en Europe. Des techniques

alternatives plus respectueuses de l’environnement comme la méthanisation ou de nouvelles

voies de valorisation biologiques doivent être ainsi proposées pour améliorer l’environnement

des villes.

Figure 2 : Déchets d’un foyer (Source Valorgas3)

A ces défis de villes à l’alimentation et au cadre de vie se conjuguent les défis plus globaux

liés au réchauffement climatique et aux énergies fossiles. Face à la consommation croissance

de celle-ci par les pays développés et aux émissions de GES qui en découlent, il est

indispensable de réduire et de mieux gérer ces ressources tout en essayant de trouver de

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nouvelles voies de productions comme la bioconversion. Le concept de bio raffinerie s’est

donc développé6

pour produire les molécules d’intérêt à partir de la biomasse agricole ou

forestière pour l’agroalimentaire, la chimie, la santé et les cosmétiques en substitution à la

synthèse chimique couteuse et émettrice de polluants. Ce concept en pleine expansion pourrait

ainsi d’être étendu à la valorisation des déchets urbains et industriels pour produire des

commodités et des composés à haute-valeur ajoutée, voire des biocarburants (Figure 3).

Figure 3 : Bio raffinerie et voies de synthèse de molécules et d’ingrédients :

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Enfin, les problèmes de chômage, de solitude et d’exclusion se posent aussi en milieu urbain.

Ainsi, l’approvisionnement alimentaire des villes, la raréfaction des énergies fossiles et le

renouveau industriel et la qualité de vie, tels sont les défis auxquels ce projet de ville durable

répond pour proposer un nouveau concept d’urbanité intégrant campagnes, périurbain et

urbain.

Le développement de l’agriculture urbaine améliorera l’environnement et réinventera

l’architecture tout en incitant à une consommation locale et de qualité. Puis, une nouvelle

gestion des déchets par leur industrialisation permettra un renouveau économique des

industries traditionnelles en créant des emplois tout en réduisant les émissions de GES. Enfin,

une diversification de l’énergie issue de ces filières couplera ces deux approches sous la

forme d’une économie circulaire. C’est pourquoi, des innovations sociales et de nouvelles

formes d’associations d’entreprises (coopératives, fédérations, centres de tri…) recréeront un

lien social et amélioreront le cadre de vie de cette ville.

Référence:

1) Sylvie Brunel, Géographie amoureuse du Maïs. Editions Jean-Claude Lattès. Première édition

octobre 2012.

2) ABCD Déchets. Consultable en ligne http://abcd-dechets.com/

3) Projet Valorgas. Consultable en ligne : http://www.valorgas.soton.ac.uk/publications.htm

4) René Moletta coordonnateur. Le traitement des déchets. Editions Tec&Doc, Lavoisier 2009.

5) Dong qing zhang et al, Review: Municipal solid waste management in China: status, problems

and challenges of food wastes in China. Journal of environmental management 91 (2010),

1623-1633.

6) Petrucciolli, M. et al, Agriculture and Agro-Industrial Wastes, Byproducts, and Wastewaters:

Origin, Characteristics, and Potential in Bio-Based-Compounds Production. FAO, United

Nations Food and Agriculture Organization; FAOSTAT. 2011

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II. Technologies impliquées :

A. La valorisation biologique :

1. La méthanisation : des unités moyennes par quartiers

Actuellement en développement et commençant à émerger dans les campagnes, les

technologies sont désormais matures à l’aide de déchets agricoles. Mais, l’innovation pourrait

s’intéresser à l’utilisation des déchets urbains et verts. Il s’agit d’un procédé de dégradation

des matières fermentescibles contenues dans les déchets en réacteur anaérobie. Le biogaz (gaz

combustible riche en méthane), généré par la fermentation est collecté et peut être valorisé

sous forme de chaleur, d’électricité ou de carburant. Le procédé se déroule en 3 phases : une

phase de digestion anaérobie avec la décomposition des matières fermentescibles dans une

enceinte étanche appelée le digesteur. Puis, un traitement du biogaz pour épurer le biogaz

produit. Enfin, un traitement de maturation par stabilisation qui complète l'hygiénisation de la

matière digérée pour permettre de stocker et de commercialiser le biogaz. La durée du

procédé est de 1 mois, ce qui est plus rapide que le compostage. Les résidus organiques ou de

digestats peuvent être revalorisés en agriculture après avoir été compostés. C’est une filière

qui s’intègre en amont et en aval, il y a donc des contrôles et un tri préalable pour optimiser la

qualité des intrants. Le biogaz peut être injecté dans le réseau. En France, on peut arriver à

remplacer 15 % de la consommation française par ce moyen.

2. Le compostage : digestat pour l’agriculture urbaine et périurbaine

Le compostage est un procédé biologique de conversion et de valorisation des déchets

organiques qui consiste à faire fermenter, dans des conditions contrôlées de température sur

une plate-forme de compostage, des déchets organiques en présence de l’oxygène de l’air

(conditions aérobies). Le but est d’éliminer la phytotoxicité, d’éradiquer les pathogènes,

stabiliser la matière première en atteignant un équilibre entre le O2 et le nitrogène, le ratio

final C/N est très important et doit être entre compris 20 et 35. Après stockage, ils sont

broyés pour être mis en tas. Le procédé se décompose ensuite en deux phases, la première est

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une fermentation aérobie via des bactéries qui va dégrader la matière organique fraiche à

haute température (50 à 70°C). Puis vient ensuite une phase de maturation permettant un

compost riche en humus. La température est plus basse (35 à 45°C), conduit à la biosynthèse

de composés humiques. Le procédé dure environ 6 mois pour obtenir un composé proche de

l’humus (Source INRA). Actuellement, des digesteurs permettent de contrôler plus finement

le compostage. Les bilans carbones du compostage est neutre ou positif car le compost résulte

de biomasse qui a absorbé du C02 d’un côté et le restituera ensuite dans des proportions

équivalentes ou inférieures si le processus est bien maitrisé.

3. Incinération et valorisation thermique pour la production de chaleur:

C’est une technique de traitement des déchets ou d’une fraction de ceux-ci par combustion de

la phase organique dans des fours spéciaux adaptés aux caractéristiques des déchets. La

chaleur générée par l’incinération (850°C) fait l’objet d’une valorisation énergétique

(production d’électricité et de chaleur) dans la plupart des unités. Il existe également des

oxydations ménagées, thermolyse ou une pyrolyse pour des déchets plus spécifiques.

L’énergie libérée est récupérée dans une chaudière qui permet une valorisation énergétique

par conversion dans une turbine et peut être réutilisée pour l’installation ou le renvoyer au

gestionnaire du réseau, soit alimenté à un réseau de chaleur pour une collectivité comme un

service public, un immeuble, une usine à proximité. Les usines peuvent aussi avoir une unité

en cogénération. Suivant la nature des intrants, les nouveaux déchets produits sont spécifiques

et toxiques. Comme les résidus de neutralisation des fumées, les cendres...Ils sont stockés

généralement en ISD de classe 1.

4. Bioconversion des déchets urbains pour des produits verts et une

chimie verte:

Il s’agirait d’orienter les nouvelles technologies de traitement de déchets vers l’ensemble des

déchets organiques comprenant déchets urbains (alimentaires, verts, organiques) à l’échelle de

la ville et plus seulement dans les exploitations agricoles ou dans les espaces ruraux. La

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diversification des énergies renouvelables seraient donc aussi accessibles dans cette ville. Les

différents déchets alimentaires et organiques ont commencé à être étudiés pour déterminer des

proportions statistiquement significatives afin de pouvoir exploiter cette matrice très

hétérogène. Intégrés ainsi dans une « bioraffinerie de déchets », prétraités (pyrolyse,

traitements mécaniques, enzymatiques ou thermolyse et vapeur), ils pourront être ensuite

fermentés et donner lieu à une très grande variété de biomolécules comme les synthons,

enzymes, biopesticides, solvants, gaz, biocarburants, ingrédients naturels pour les

cosmétiques. Ce sont des procédés s’intégrant dans la chimie verte et ses douze principes. Par

exemple, l’acide citrique est produit majoritairement sur le marché en fermentation, les

technologies industrielles étant connues, on pourrait l’adapter à ces nouveaux substrats pour

permettre sa production. Cela donnerait lieu aussi à des commodités comme les détartrants ou

les lessives ce qui générerait une véritable dynamique écologique pour un renouveau de

l’économie industrielle local. Les digestats seraient ensuite compostés de façon classique,

mais ce traitement préalable serait aussi un argument pour attester de leur non dangerosité une

fois répandus sur les sols agricoles.

B. Une agriculture urbaine pour une meilleure qualité de vie en lien

avec l’industrie :

L’agriculture urbaine est l’agriculture localisée en ville ou à sa périphérie, dont les produits

sont majoritairement destinés à la ville. Multifonctionnelle, elle remplit donc des fonctions

économiques, sociales par les emplois crées et récréatives et paysagères par l’amélioration du

cadre de vie. Elle rendre donc tout à fait dans un cadre lié aux technologies vertes. Elle a une

proximité géographique qui est source de complémentarité avec l’espace urbain, mais aussi de

concurrence avec les usages non agricoles. De plus, malgré les aspects positifs, il faut aussi

veiller aux risques sanitaires liés à la production d’aliments en pollution urbaine. Mais elle a

aussi de multiples formes via les supports de production (sur les toits, des serres, intégrées ou

non dans l’architecture), de la nature des productions (maraichage ou grandes cultures), des

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acteurs (professionnels, associations, collectivités, coopératives) impliqués en lien avec un

modèle économique (marchand ou non, hybride) précis et des systèmes de distribution

(circuits courts, filières longues). Dans un contexte d’expansion des villes, cette forme

d’agriculture deviendra plus que nécessaire. Cette agriculture nécessite de la technologie pour

produire des sols compatibles avec l’agriculture sur les toits. Avec son développement, le

compost produit du recyclage des déchets permettra d’approvisionner la ville et ses produits

pourront être des bio pesticides.

III. Intégration de ces technologies dans un contexte urbain : une ville

triplement compétitive.

Dans un contexte municipal, ces technologies auront directement de retombées sociales et

économiques. La diversification des sources d’énergies peut permettre une fourniture

énergétique directe à des couts réduits, cela favorise donc une économie locale et circulaire de

l’énergie au même titre que la production alimentaire. Le biogaz traité en méthane pourrait

couvrir 5% du gaz naturel en France, à l’échelle d’un quartier ce n’est donc pas négligeable.

Les industries pourront aussi avoir leurs unités de méthanisation de taille moyenne pour les

fournir directement en gaz ou en électricité. Bien sûr, les technologies comme le solaire ainsi

que les moteurs électriques ou à combustible ainsi que les piles à hydrogène pourraient

s’intégrer dans un projet de ce type afin de compléter l’autonomie énergétique d’immeubles,

de quartiers, de services publics comme un hôpital, d’industries… L’agriculture urbaine

s’insérerait au centre et permettrait d’apporter aussi de nouveaux emplois, une solidarité via

des activités collectives pour permettre de récréer un lien social. Enfin, ce projet est

complémentaire de mesures de réduction des déchets, de la consommation d’énergie dans tous

les domaines conformément aux principes de la chimie verte et de l’économie circulaire. Les

figures sont données en ANNEXES.

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1. A l’échelle d’un immeuble:

Par immeubles, des plans pourraient être dessinés. Il y a aussi une possibilité d’installer

l’agriculture urbaine sur les immeubles anciens. Une surface serait consacrée aux plantations

en lien avec un bureau pour les outils ou pour héberger un restaurant afin de promouvoir cette

production locale. Des besoins plus techniques seront nécessaires pour une bonne intégration

en construisant des barrières de sécurité, des bacs de récupération d’eau, outils… Un

immeuble ou groupe d’immeubles pourraient aussi avoir sa propre AMAP (agriculture de

proximité et vente des productions) à proximité (Voir ANNEXES) .

Un groupe d’immeubles pourrait avoir aussi une unité de méthanisation, mais nous verrons ci-

dessous qu’il est sans doute plus judicieux de faire des unités centralisées par quartier afin de

favoriser les économies d’échelles. Une partie des déchets agricoles sera valorisé directement

en compost dans un bac situé sur le toit de façon non-contrôlé.

Les plantations pourront être disposés en Serre ou à l’air libre, sur des supports variés via des

nouveaux sols ou en milieu hydroponique (Voir ANNEXES). Ce sera aussi un défi

architectural puisque on peut penser à différentes formes de disposition comme des grattes

ciels agricoles, fermes hors-sol, ou des immeubles serres et des jardins sur les murs.

2. A l’échelle d’un quartier :

Des unités de méthanisation locales de taille moyenne pourraient être installées afin de

favoriser les économies d’échelle. A partir des déchets organiques des différents immeubles,

elles transformeraient les déchets végétaux/alimentaires ou autre biomasse inutilisée en

biogaz qui serait ensuite utilisé pour produire de l’électricité ou de la chaleur. Le compost ou

digestat qui en résulterait alimenterait l’agriculture urbaine sur les toits, les serres ou les

éventuelles cultures intégrées dans l’architecture urbaine. Il en résulterait un engrais sans

énergies fossiles ou de façon partielle. Ces unités avec une poubelle de déchets organiques

spécifique et un ramassage organisé permettraient de créer plus d’électricité que les 60

térawatts-heure produits avec les énergies fossiles et compléteraient l’intermittence

d’éventuels énergies renouvelables utilisées.

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Il en résulterait des créations d’emplois, et une vie de quartier qui renouerait avec de

nouvelles formes de solidarité car des activités récréatives pourront être organisées :

restauration, cultures avec les enfants et les écoles ou ruches. Ce sont des initiatives locales et

sociales qui pourraient alors émerger. On connait déjà les circuits courts ou ultra courts

comme les AMAP, mais de véritables supermarchés avec serres installées (voir ANNEXES)

pourront être construits. Le mode de distribution pourra être marchand ou social sous forme

de coopératives ou d’associations. Ainsi, ils pourront être utilisés pour la réinsertion de

personnes en difficulté ou exclus en plus de créer des emplois directs. D’ailleurs, les centres

de collecte et de tri pourront intégrer cette vision sociale avec une partie réservée aux

personnes en difficulté. Là encore, il pourrait prendre une forme industrielle pour les unités

liant méthanisation/cogénération ou bien une forme plus petite et sociale en amont comme à

San Francisco qui a atteint 80% de « zéro déchets ».

La question des rendements pour l’agriculture urbaine se pose et pour le moment (Voir IV),

on ne pourra surement pas nourrir toute la population de cette ville, mais une utilité sociale

dans un premier temps pourra être choisie pour promouvoir l’agriculture locale et saine et la

distribution de fruits et légumes pour les populations les plus défavorisées.

Cette végétalisation ainsi que la mise en place de jardins partagés ou de copropriétés pour les

cultures permettrait d’améliorer grandement l’environnement et la qualité de vie. A noter que

le choix des cultures peut aussi permettre de dépolluer par la culture du maïs par exemple (1

tonne de C02 pour 1.5 tonnes d’02 produit). Des cultures dépolluantes apporteraient ainsi une

valeur ajoutée pour améliorer la qualité de l’air et réduire les émissions de GES. Les

technologies agronomiques prennent ici toute leur place en complémentarité avec les

technologies de ce projet car elles serviront à évaluer le sol et adapter des plantes spécifiques

au climat et environnement urbain par la sélection génétique.

3. A l’échelle de la ville métabolisme urbain avec l’industrie périurbaine.

L’industrie française a besoin de 36 Twh d’énergie en carburants fossiles ou électricité. A des

échelles plus petites, il est donc à fait pensable d’installer des unités industrielles afin de

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rendre autonome ces industries et donc en permettant abaisser leurs couts de production,

notamment à une période de renchérissement des énergies fossiles. Dans un premier temps,

un dynamisme économique se mettrait en place au niveau périurbain et un peu en milieu

urbain par l’installation de nombreuses entreprises de valorisation, d’agriculture urbaine,

bureaux d’études. A noter que le critère majeur pour les citoyens est la nuisance provoquée

par de telles installations. Dans un premier temps, la végétalisation et l’optimisation des

procédés permettra d’éviter ce genre de plainte. Puis à l’avenir, l’industrie du futur prendra

des formes de procédés couplés, compacts et changera donc radicalement son apparence.

Enfin, le compost, co-produits et biens issu des industries, des immeubles et des quartiers sera

intégré ainsi dans une économie circulaire pour la ville, puis plus largement suivant les

quantités pour la périphérie, l’agriculture classique afin de favoriser un métabolisme

dynamique et reliant les différentes parties du territoire. Par exemple, les produits comme

l’acide citrique, tartrique ou des enzymes peuvent servir à la constitution de lessives, de

commodités (détartrants, conservateurs pour l’alimentaire). Bien sûr, plusieurs scénarios de

métropoles écologiques se posent (cf références), mais ce projet repose sur une gestion et une

régulation politique forte (Etat, collectivités pour le tri des déchets) pour impulser ces

développements. Les initiatives locales et sociales seront encouragées mais dans une

perspective de développement homogène sur différentes villes.

C’est pourquoi, cette ville adopterait un nouveau visage et bénéficierait de retombées

économiques importantes avec de nombreux emplois sociaux et qualifiés crées, des

dynamismes urbains pour impulser des initiatives ce qui attirerait des investissements et

d’autres entreprises d’innovation. La qualité de vie, la solidarité et l’environnement seraient

donc significativement améliorés.

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IV. Faisabilité technique et économique :

1. Faisabilité Technique :

Au niveau des centres de tri et de collecte des déchets, les technologies sont connus et devront

être optimisées pour un tri plus sélectif (chargement des camions, ramassage) et une grande

variété de digesteurs est en conception afin d’optimiser les paramètres de contrôles. Il y a

nécessité d’optimiser le dimensionnement, les rendements biologiques et la valorisation

énergétique pour améliorer l’efficience énergétique et l’efficacité environnementale. En

organisant un système de collecte efficace, on peut produire 7 mds de m3 de gaz, soit 6

Mégatonnes équivalent pétrole. Par ailleurs, ce projet comporte évidemment des limites qui se

poseront en installant plusieurs unités par quartier. La vente d’énergie sera la principale

source de rentabilité des unités et donc des problèmes d’approvisionnement, de concurrence

entre les unités (transport de déchets organiques) peuvent se poser. Les premières injections

de biométhane se sont fait en France, il semble donc possible de pouvoir assurer une

connexion au réseau. Les réseaux intelligents aideront à développer aussi cette nouvelle

diversification.

Pour la valorisation, les techniques industrielles pour chaque étape sont connues et maitrisées

comme pour l’acide citrique. Il consiste à un prétraitement après broyage (enzymatique,

chimique ou physique pour les plus écologiques), une fermentation, l’extraction et la

purification si besoin. Mais il reste l’adaptation au substrat qui est hétérogène et donc des

recherches plus avancées sont nécessaires. On peut notamment penser aux nouvelles

techniques de génétique, de biologie moléculaire et la biologie synthétique pour sélectionner

des microorganismes adaptés aux voies de production intéressantes pour utiliser toute la

matière disponible dans le substrat urbain. Pour des commodités comme les enzymes ou

ingrédients d’intérêt, suivant les produits commercialisés, on ne cherche pas forcément de

pureté, ce qui évite d’avoir recours aux étapes de purification qui sont couteuses. Avec un

substrat low-cost dont l’achat pourrait être négociés avec la municipalité, les couts de

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production seront fortement réduits et ne rentreront plus en concurrence avec les usages

alimentaires comme les sirops de glucose.

Pour l’agriculture urbaine, il semble que ce soit cela le plus difficile à mettre en œuvre car il

faudra l’étendre aux habitations anciennes, les logements sociaux et cela nécessite donc des

travaux de rénovation. Un renforcement des fondations à cause du sol qui représente un poids

non négligeable. Des cultures hypotoniques (voir figure) et des serres peuvent être néanmoins

choisies avec un cout plus élevé et un entretien plus difficile. La surface disponible sera un

facteur limitant aussi. Il est aussi possible d’inclure dans les plans de rénovation thermique ce

type de construction. La toxicité et les risques sanitaires n’a pas été prouvé pour le moment,

on peut trouver des cultures qui absorbent le C02 (comme le maïs).

2. Couts globaux :

Un plan d’investissements a été fait partiellement pour l’agriculture urbaine, cela concernerait

un immeuble (voir ANNEXES), il montre des bénéfices qui peuvent rentabiliser l’installation

par les activités récréatives et de restauration. Selon l’INSEE, la valeur des productions de

fruits et légumes représentent 1560 euros/tonnes pour un rendement moyen de 24 t/ha. En

imaginant un premier développement de 100 ha. On ne produirait que 2400 tonnes pour une

consommation moyenne de 168 kg ce qui permettrait de nourrir 15 000 foyers. Bien sûr, cela

a été fait sur les rendements agricoles actuels, en obtenant les mêmes avec les sols cultivables

urbains, ce qui ne sera pas évident dans un premier temps. Il faut viser une surface plus large

en l’incluant dans les nouveaux projets de développements urbains ou de façon intégrée à la

ville ou bien le réserver aux populations défavorisées. Un bilan économique d’un immeuble

fonctionnel est présenté en ANNEXES, il repose sur des activités économiques (restauration)

et récréatives. Il semble rentable.

Au niveau d’un quartier, beaucoup de facteurs sont à prendre en compte au niveau de

l’exploitation et de l’installation, mais une unité centralisée nécessite un investissement de

7000 euros/kwe (on prend souvent 200kwe pour une taille moyenne) et 4100 euros/kwe pour

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les unités industrielles. Une industrie aura seulement deux postes principaux de dépense (voir

ANNEXES) : le procédé et la gestion et valorisation du biogaz (respectivement 70% et 30%).

Les déchets verts valorisable représentent 6 Mtep et donc 20% de la consommation française

(ADEME), pour donner une idée à l’échelle d’un pays comme la France, l’Etat devrait

investir 28 milliards d’euros pour remplacer cet équivalent. Le coût actuel du biogaz est 11

centimes d’euro par kWh (Direction générale de l’Energie et du climat (DGEC). Son prix

final comprend surtout le cout des déchets, mais celui-ci pourrait être modulé par la

municipalité. Ainsi, un véritable d’investissement à l’échelle des métropoles et des territoires

permettrait de réduire ces couts.

Les subventions municipales et des mesures fiscales seront nécessaires pour permettre des

couts réduits de l’énergie et attirer les entreprises. Les premières études montrent des taux de

rentabilité internes assez élevés (11 à 20%) pour des unités centralisées et industrielles qui

bénéficieraient de subventions ou de mesures incitatives pour les déchets.

3. Calendrier et étapes du projet :

On peut imaginer un projet sur 15 ans à partir d’une mandature. Il devra comporter une phase

de politique urbaine où on devra étudier de façon rigoureuse l’aménagement du territoire,

trouver des terrains et les surfaces disponibles, analyser les besoins économiques et sociaux,

les risques environnementaux et sanitaires pendant au moins 2 ans. Puis en un an, une

rencontre avec tous les acteurs économiques et sociaux devra être mise en place et des appels

à projet ou des concours pourront être organisés par la municipalité pour inciter à la création

ou à la venue d’entreprises intéressées par ce type de projet et fixer le budget global. Puis, la

mise en place du projet devra se faire à investissement égal chaque année pour construire les

installations requises tout en faisant des suivis et des retours depuis le terrain.

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V. Retombées sociales et environnementales :

1. Retombées sociales :

La réalisation d’un tel projet est source d’une grande diversité d’emplois. Par filières, la

méthanisation crée de nombreux emplois indirects liés à son intégration en amont et en aval

comme le transport des déchets organiques à chaque unité, la production de champignons de

micro algues, de microorganismes pour optimiser les conditions de fermentation. Des

entreprises spécialisées peuvent donc émerger en amont et en aval avec l’utilisation des sous-

produits et du compost. Pour la filière méthanisation, un suivi seulement a été réalisé pour le

moment mais on estime déjà à près d’1 ETP crée pour une unité de méthanisation de 200 kWe

(Source ADEME). En fait, ce qui est intéressant c’est bien le nombre d’emplois indirects

crées estimés à 2,8 ETP. Il inclue donc bien les emplois en amont et en aval et aussi tous les

emplois liés à l’aspect social puisqu’on pourrait imaginer des centres de tri avec des

bénévoles ou pour les personnes en réinsertion pour une partie. Ces centres incluant aussi des

salariés, en plus des emplois ils apporteraient donc un aspect de solidarité pour améliorer la

qualité de vie de la ville. L’agriculture urbaine généra des emplois de restaurateurs, agents

d’entretien, jardiniers, distributeurs donc on peut aussi l’estimer à 1 ETP sans les emplois

indirects. Quant aux hautes technologies du projet utilisées pour la valorisation biologique des

déchets, ce seront des emplois industriels et qualifiés qui se développeront et on sait que ce

sont des activités bien rémunérées et source de richesses fiscales pour la ville et le pays.

Cet aspect social serait renforcé par l’organisation d’activités pédagogiques et récréatives

autour de l’agriculture urbaine : éducation à l’agriculture et au jardinage pour les enfants et les

familles. Ainsi, des associations spécifiques émergeront et dynamiseront les quartiers,

notamment les plus populaires.

2. Retombées environnementales :

Les calculs des filières classiques de recyclage sont connus. On choisit principalement

l’analyse par cycle de vie (ACV) ou les méthodes de quantification des GES. On peut aussi

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évaluer l’impact qualitatif d’un tel projet et l’opinion publique est surtout le plus sensible à

celui-là. On peut penser que la végétation, le sentiment d’un lien social retrouvé réduira les

phénomènes dépressifs, de solitude par exemple. Puis, la participation à une économie locale,

une alimentation plus saine donnera un meilleur état d’esprit et un sentiment d’appartenir à

une collectivité. C’est donc une amélioration globale de la qualité de vie qui se ressentira en

premier. Certaines cultures pourront réduire quantitativement le C02. Il faut aussi souligner

que les études et recherche demeurent pour éviter la toxicité des aliments issus de

l’agriculture urbaine, bien que pour le moment l’agriculture sur les toits semble a priori sans

risque. Mais globalement, l’empreinte carbone sera globalement réduite sur toutes les chaines

de production car les techniques de valorisation ont un bilan neutre ou positif puisque elles

stockent le carbone et évitent d’utiliser des énergies fossiles comme pour la production

d’engrais. Les produits de valorisation sont aussi totalement utilisés et ne sont pas restitués à

l’atmosphère. Par exemple, l’incinération évite 3,7 millions de tonnes d’équivalent C02 (2004)

et ce bilan est plus efficace si la cogénération est mise en place, principalement sous forme

d’électricité. La méthanisation évite une émission de 6800 teqCo2 et pour 8 kg de compost,

l’émission d’1 teqC02 est évitée. Les techniques de fermentation montrent aussi leur efficacité

environnementale avec de faibles émissions en C02 comparé à la synthèse chimique. Bien

entendu, cela implique des contrôles techniques rigoureux et des contrôles sanitaires stricts

pour la valorisation des déchets. Les transports plus écologiques pourront être aussi plus

valorisés comme le fret, le transport fluvial, le taux de remplissage des camions…