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Comptes rendus / Sociologie du travail 54 (2012) 533–557 547 si l’on ne peut en trouver la trace ? Question complexe qui aurait mérité sans doute d’être encore approfondie. Jérôme Denis Télécom ParisTech, département de sciences économiques et sociales, 46, rue Barrault, 75003 Paris, France Adresse e-mail : [email protected] doi:10.1016/j.soctra.2012.09.013 L’évitement du politique, N. Eliasoph. Economica, Paris (2010). 352 pp. [traduction franc ¸aise de Camille Hamidi] L’ouvrage devenu un classique de Nina Eliasoph, Avoiding Politics, est désormais, 12 ans après sa publication aux États-Unis, disponible en langue franc ¸aise. L’on doit ce cadeau à Camille Hamidi, traductrice pour l’occasion mais aussi et surtout universitaire qui contribue, par ses propres travaux, à diffuser en France cette approche interactionniste de la politisation dont la sociologue américaine constitue l’une des grandes figures. En étant particulièrement attentifs à ce qui, dans le rapport ordinaire à la politique, s’explique par du social non incorporé, les défenseurs de cette approche ré-inscrivent l’analyse des atti- tudes et des comportements dans les environnements concrets où ils sont adoptés. Ce sont les contextes dessinés par les échanges inter-individuels, ceux qui font le quotidien de la vie sociale, qui retiennent l’attention. Ces échanges, dès lors qu’ils ne surgissent pas n’importe où et avec n’importe qui, peuvent, avec le temps, alimenter des habitus et fac ¸onner des prédispositions. Mais c’est en tant qu’ils forment, au moment même où ils se produisent, des environnements producteurs d’effets sur les comportements qu’ils sont investis dans ce cadre. On s’intéresse aux ressources qu’ils offrent comme aux effets de censure qu’ils produisent sur des individus dont les comportements varient donc en fonction des contextes dans lesquels ils évoluent. Le livre fondateur de Nina Eliasoph montre ainsi comment s’opère, dans l’espace public américain, la construction sociale de l’indifférence politique. Son premier mérite réside d’ailleurs dans cet objet. Prendre au sérieux le retrait pour montrer qu’il constitue un effet de contextes revient déjà à ne pas le transformer en prise de parole, ce que l’on s’autorise trop souvent à faire. Toutefois, si l’indifférence, pour la sociologue, constitue bien l’indicateur d’un rapport distancié au politique largement répandu aux États-Unis, elle est avant tout le produit d’un travail d’évitement qui a effacé sa propre trace et que l’enquête ethnographique vise à analyser, donc à rendre visible. Expliquer comment les Américains travaillent à écarter le politique de leur vie pour comprendre, en dernier ressort, comment favoriser un processus contraire, tel est l’objectif essentiel du livre. Pour cela, Nina Eliasoph suit pendant deux ans et demi les membres de plusieurs petits groupes de citoyens dont le niveau d’engagement dans l’espace public et le domaine par lequel il s’opère sont très divers. Danseurs de country, parents mobilisés contre la drogue, militants écologistes ont pour point commun de se réunir régulièrement et d’engager des conversations auxquelles la sociologue va largement participer, avec pour but d’évaluer la part réservée au politique. Parce que l’enquête est de longue durée et qu’elle fait varier les situations d’observation et d’entretiens — Nina Eliasoph rencontre également les membres de ces groupes pour des entretiens individuels en face-à-face — la sociologue se donne les moyens de comprendre ce que les contextes d’énonciation font aux comportements.

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Comptes rendus / Sociologie du travail 54 (2012) 533–557 547

si l’on ne peut en trouver la trace ? Question complexe qui aurait mérité sans doute d’être encoreapprofondie.

Jérôme DenisTélécom ParisTech, département de sciences économiques et sociales, 46, rue Barrault,

75003 Paris, FranceAdresse e-mail : [email protected]

doi:10.1016/j.soctra.2012.09.013

L’évitement du politique, N. Eliasoph. Economica, Paris (2010). 352 pp. [traduction francaisede Camille Hamidi]

L’ouvrage devenu un classique de Nina Eliasoph, Avoiding Politics, est désormais, 12 ans aprèssa publication aux États-Unis, disponible en langue francaise. L’on doit ce cadeau à CamilleHamidi, traductrice pour l’occasion mais aussi et surtout universitaire qui contribue, par sespropres travaux, à diffuser en France cette approche interactionniste de la politisation dont lasociologue américaine constitue l’une des grandes figures.

En étant particulièrement attentifs à ce qui, dans le rapport ordinaire à la politique, s’expliquepar du social non incorporé, les défenseurs de cette approche ré-inscrivent l’analyse des atti-tudes et des comportements dans les environnements concrets où ils sont adoptés. Ce sont lescontextes dessinés par les échanges inter-individuels, ceux qui font le quotidien de la vie sociale,qui retiennent l’attention. Ces échanges, dès lors qu’ils ne surgissent pas n’importe où et avecn’importe qui, peuvent, avec le temps, alimenter des habitus et faconner des prédispositions.Mais c’est en tant qu’ils forment, au moment même où ils se produisent, des environnementsproducteurs d’effets sur les comportements qu’ils sont investis dans ce cadre. On s’intéresse auxressources qu’ils offrent comme aux effets de censure qu’ils produisent sur des individus dont lescomportements varient donc en fonction des contextes dans lesquels ils évoluent.

Le livre fondateur de Nina Eliasoph montre ainsi comment s’opère, dans l’espace publicaméricain, la construction sociale de l’indifférence politique. Son premier mérite réside d’ailleursdans cet objet. Prendre au sérieux le retrait pour montrer qu’il constitue un effet de contextesrevient déjà à ne pas le transformer en prise de parole, ce que l’on s’autorise trop souvent àfaire. Toutefois, si l’indifférence, pour la sociologue, constitue bien l’indicateur d’un rapportdistancié au politique largement répandu aux États-Unis, elle est avant tout le produit d’un travaild’évitement qui a effacé sa propre trace et que l’enquête ethnographique vise à analyser, doncà rendre visible. Expliquer comment les Américains travaillent à écarter le politique de leur viepour comprendre, en dernier ressort, comment favoriser un processus contraire, tel est l’objectifessentiel du livre.

Pour cela, Nina Eliasoph suit pendant deux ans et demi les membres de plusieurs petitsgroupes de citoyens dont le niveau d’engagement dans l’espace public et le domaine par lequelil s’opère sont très divers. Danseurs de country, parents mobilisés contre la drogue, militantsécologistes ont pour point commun de se réunir régulièrement et d’engager des conversationsauxquelles la sociologue va largement participer, avec pour but d’évaluer la part réservée aupolitique. Parce que l’enquête est de longue durée et qu’elle fait varier les situations d’observationet d’entretiens — Nina Eliasoph rencontre également les membres de ces groupes pour desentretiens individuels en face-à-face — la sociologue se donne les moyens de comprendre ce queles contextes d’énonciation font aux comportements.

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Elle montre d’abord qu’il ne faut pas confondre engagement associatif et propension à poli-tiser, bien au contraire, puisque dans plusieurs des groupes qu’elle suit, le collectif contribueprécisément à écarter le politique, davantage présent, aux dires de la sociologue, dans la sphèrede l’intimité des membres, que dans les interactions qu’ils entretiennent entre eux et les pratiquesqu’ils adoptent ensemble. Indépendante du niveau de compétence politique entendu comme la maî-trise du champ politique institutionnel (certains danseurs de country sont manifestement politiséset n’en participent pas moins au processus d’évitement, notamment par le recours systématique aucynisme) mais également du domaine de spécialisation des associations (l’évitement est identifiéaussi bien chez ceux qui luttent contre la drogue que chez les danseurs de country), l’évitementdu politique recouvre les processus par lesquels les acteurs évitent la montée en généralité, nes’autorisent pas à inscrire leur action dans un cadre plus large, ne se pensent pas comme lesreprésentants d’une cause, ne saisissent pas les enjeux globaux de leur propre action.

Comment l’expliquer ? De facon générale, pour les bénévoles, le fait d’énoncer les enjeux envi-ronnementaux ou de santé publique en termes strictement locaux et matériels assume une fonctionpsychologique de réassurance. Énoncant les problèmes à une échelle à laquelle ils estiment pou-voir agir, les simples citoyens abandonnent ainsi volontiers la montée en généralité aux élus etaux experts. Une manière de procéder qui leur permet de trouver dans l’engagement la preuved’une maîtrise qu’ils posséderaient sur le monde. Sauf qu’il s’agit en l’occurrence, dénonceNina Eliasoph à partir d’une approche normative assumée, d’une fausse maîtrise, d’un leurre,qui assure en réalité la perpétuation du monopole des professionnels sur le politique. Les élusont tout intérêt à maintenir ce partage des rôles qui contribue à faire prendre en charge, par lescitoyens eux-mêmes, des aides qui allègent d’autant les charges publiques tout en conservant auxprofessionnels leur monopole. Il y aurait donc des intérêts partagés et bien compris à entretenirune situation dans laquelle l’exercice de la citoyenneté serait limité au règlement de problèmespratiques et immédiats.

Nina Eliasoph va toutefois plus loin et devient d’autant plus convaincante qu’elle montre bienque ces dynamiques d’évitement ne sont pas le seul produit d’une dynamique interactionnisteentre citoyens. Elles constituent également des comportements d’adaptation à un cadre d’actionfixé par d’autres. Car lorsque l’engagement conduit les citoyens à s’adresser aux élus en vuede peser sur les choix politiques, les débats auxquels ils sont conviés opèrent une redistributiondes rôles qui a précisément pour effet de rabaisser les prétentions à l’exercice d’une citoyennetéélargie. Exclues des discussions, les finalités poursuivies par les élus sont ainsi maintenues horsdu champ de la discussion, au profit des seules questions techniques pour lesquelles l’expertisecitoyenne pèse peu de poids face à celle des experts professionnels invités par les élus.

Au-delà, les journalistes participent également de la mise en place d’« étiquettes civiques » quiont pour effet de maintenir les citoyens à distance du politique. Prêtant attention aux journauxeffectivement lus par ses enquêtés, donc à ceux susceptibles de peser sur la construction de leurvision du monde social, la sociologue traque notamment les articles assurant la diffusion desformes de mobilisation citoyenne qu’elle a elle-même observées. Le chapitre est à charge contreles journalistes de la presse locale, qui ne respectent notamment pas une règle déontologique pour-tant centrale de leur profession en ne s’obligeant pas, quand ils rendent compte des mobilisationscitoyennes, à diffuser le point de vue des mobilisés en face de celui des pouvoirs publics. Parceque la parole citoyenne n’y est pas créditée de la même valeur que celle en provenance des élus(les communiqués des seconds sont publiés sans distance critique, alors que les communiquésdes premiers ne sont pas publiés faute d’avoir le temps de vérifier leur valeur), les journalistesparticipent du maintien des citoyens dans la sphère de l’action matérielle et immédiate. Ils dépoli-tisent également les mobilisations en ne reprenant que les paroles de ceux qui s’expriment en leur

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nom personnel, dont les mères de famille défendant leur progéniture constituent la figure idéale-typique. Enfin, les journalistes ne rendent jamais compte des effets positifs de l’action militante,que les officiels ne reconnaissent jamais non plus : une réglementation obtenue sous la pressiond’un syndicat n’est pas mise en scène comme telle dans la presse, qui reprend un communiqué depresse en provenance des pouvoirs publics annoncant la modification comme si elle consacraitune initiative de la direction. Autrement dit, en lisant la presse locale, les citoyens ne risquent pasde penser que le fait de se mobiliser au profit d’une cause peut faire céder les pouvoirs publics.

Dans le livre de Nina Eliasoph, un groupe occupe une position particulière, celui qui voit,au fil du temps, ses membres se transformer en militants de la cause écologiste. L’observationde ce groupe incite la sociologue à considérer que les contextes les plus propices à la prise deparole politique sont ceux que les citoyens définissent en toute autonomie, en partant de pratiquesinformelles de discussions. Car les membres de ce groupe commencent par tenter de s’adapteraux cadres officiels offerts à la prise de parole, en essayant de rivaliser, dans le domaine del’expertise, avec les experts professionnels. Mais c’est en vain que certains deviennent de véritablesspécialistes de la cause qu’ils défendent. En revanche, prenant de l’assurance, ils s’autorisentprogressivement à redéfinir eux-mêmes les règles de leur mobilisation. S’adressant bientôt aupublic (et non plus aux pouvoirs publics), ils organisent des réunions ouvertes au plus grandnombre, par lesquelles ils cherchent à gagner en représentativité. Puis, ils s’inscrivent dans unréseau d’associations qui leur ressemblent mais qui agissent dans d’autres localités. S’opère alorsune capitalisation des expériences dans un propre qui devient pourvoyeur de ressources et derétributions symboliques. C’est donc quand ils inventent leur propre cadre d’échanges et qu’ilsdessinent, dans leur pratique même, le cadre le plus propice à une citoyenneté active que lesprofanes redonnent à la démocratie son sens véritable.

Parfaitement convaincant dans l’ensemble, politiquement stimulant dans une conjoncture oùl’alternative, face aux formes de délégation inhérentes à la démocratie représentative, est pré-cisément recherchée du côté où Nina Eliasoph montre qu’on a en réalité le plus de chances deproduire de l’évitement du politique, le livre laisse cependant sceptique sur certains points.

Nina Eliasoph affirme ainsi, sans emporter l’adhésion, que la sphère de l’intimité serait unesphère plus propice à la politisation que la sphère publique. En réalité, les entretiens sur lesquelselle prend appui sont ici ceux au cours desquels les enquêtés sont seuls face à la sociologue,dont les questions peuvent artificiellement stimuler une montée en généralité ; ce qui ne signifieaucunement qu’il s’agit là de la facon dont s’organisent les prises de position en dehors de saprésence. Tout se passe donc comme s’il n’était pas envisageable que l’évitement du politiquepuisse aussi être le produit d’une indifférence politique fondamentale — par exemple liées à despropriétés sociales — que les cadres institutionnels ne feraient que continuer à alimenter et doncentretenir. On est là dans l’ordre du postulat, d’ailleurs clairement énoncé dès l’ouverture, mais quel’on peut évidemment refuser. Pour Nina Eliasoph, la politique est première, elle est inhérente à lavie sociale et la citoyenneté n’est que le cadre plus ou moins adapté ménagé à son épanouissement.

De la même facon, le choix souvent fait par les spécialistes des contextes et repris à soncompte par Nina Eliasoph, de ne définir leurs enquêtés qu’à travers la position qu’ils occupentdans un type d’interaction donné manifeste certaines limites. La sociologue, qui éprouve le besoind’introduire en annexe un trop mince chapitre consacré aux propriétés sociales des citoyens qu’ellesuit paraît d’ailleurs elle-même les ressentir. Le lecteur n’en n’est que plus frustré de ne pas avoirété éclairé, tout au long du livre, sur les professions, âges, enfance, trajectoires professionnelleset résidentielles des citoyens suivis par la sociologue, dont elle-même devait avoir connaissancealors qu’ils n’apparaissent dans le livre que sous la forme de silhouettes sans passé ni épaisseursociale. Il serait sans doute important désormais que les prédispositions à adopter un certain type

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de comportements et les facteurs contextuels susceptibles de les stimuler, de les neutraliser ou deles compenser soient analysés ensemble, dans les mêmes enquêtes, ce qui semble bien constituerla seule manière d’évaluer la place respective qu’ils occupent dans l’explication des phénomènessociaux.

Céline BraconnierUniversité de Cergy-Pontoise, 33, boulevard du port, 95000 Cergy-Pontoise, France

Adresse e-mail : [email protected]

doi:10.1016/j.soctra.2012.09.012

En quoi consiste l’Amérique ? Les statistiques, le new deal et la démocratie, E. Didier. LaDécouverte, Paris (2009). 318 p.

L’ouvrage d’Emmanuel Didier résulte d’une lente maturation depuis sa thèse de sociologiesoutenue en 20001, complétée par une abondante documentation et par des entretiens menés auprèsdes acteurs de l’introduction des méthodes statistiques modernes en France et aux États-Unis. Ilse situe à l’intersection de l’histoire des sciences, de la sociologie et de la science politique.

L’auteur montre comment la plongée des États-Unis dans la Dépression desannées 1930 empêche brutalement les instruments traditionnels de guidage de l’actionpolitique de répondre aux besoins de la nouvelle équipe promue aux affaires par l’élection deFranklin D. Roosevelt. L’absence de représentation nette et cohérente des « fléaux » tels quel’abandon des terres agricoles ou le chômage qui frappent l’Amérique, condamne à la myopiegouvernementale et provoque un processus de déliquescence qui fait l’objet de la première partie(Comment l’Amérique s’est décomposée ?). L’affirmation de nouvelles pratiques statistiquesqui redonnent consistance à l’Amérique retient les seconde et troisième parties (L’expressionde l’Amérique aléatoire du côté rural et du côté urbain). Ces pratiques sont celles des sondagesaréolaires et aléatoires. Elles bouleversent l’organisation du travail statistique et permettent « àl’administration de reprendre en main » un pays ébranlé par la crise.

Emmanuel Didier décortique les étapes de la réintroduction2 de la technique des sondages,d’abord dans le cadre de la division des statistiques agricoles, déjà pionnière en matière de protosondages, dans les années 1920–1930, puis dans celui des politiques sociales et de l’emploi.Il détaille les conditions pratiques et théoriques de sa greffe et la facon dont elle s’articule àl’évolution sociale et politique nationale et transforme les modes de gouvernement. L’ouvrageéclaire non seulement un aspect de l’histoire de la statistique qui restait mal connu, mais il nouspropose aussi une sociologie des pratiques statistiques qui permet de comprendre comment, àun moment donné de leur histoire, les statistiques et la politique américaines se sont disjointes,puis comment elles se sont rassemblées pour redonner consistance à l’État et recomposer lasociété. La définition de « l’Échantillon maître » (Master Sample), cette vaste base de sondageservant à décrire l’Amérique transformée par la Dépression, constitue l’étape essentielle de larecomposition. Emmanuel Didier s’intéresse aux auteurs de ce gigantesque agrégat, les sondeurs etles statisticiens, dont il dresse des portraits. Il examine des faits singuliers « par-dessus leur épaule »

1 « De l’échantillon à la population. Sociologie de la généralisation par sondage aux États-Unis avant la seconde guerremondiale », École des Mines, Paris, 2000.

2 Comme le rappelle Emmanuel Didier, la pratique statistique des sondages est introduite par Anders Kiaer, directeur dubureau de statistiques de Kristiana (Oslo, Norvège) en 1895, puis elle est oubliée jusqu’à sa réintroduction aux États-Unis.