COMPTE-RENDU DU PROCES DES ATTENTATS TOULOUSE - …

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Association française des Victimes du Terrorisme BP 91058 - 75829 PARIS Cedex 17 (France) +33 1 84 79 10 10 | www.afvt.org | [email protected] Association loi 1901 | N° SIRET 513 481 424 00028 | Code activité 9499Z COMPTE-RENDU DU PROCES DES ATTENTATS TOULOUSE - MONTAUBAN 03/10/2017 AU 02/11/2017

Transcript of COMPTE-RENDU DU PROCES DES ATTENTATS TOULOUSE - …

Association française des Victimes du Terrorisme BP 91058 - 75829 PARIS Cedex 17 (France)

+33 1 84 79 10 10 | www.afvt.org | [email protected]

Association loi 1901 | N° SIRET 513 481 424 00028 | Code activité 9499Z

COMPTE-RENDU DU PROCES DES ATTENTATS TOULOUSE - MONTAUBAN

03/10/2017 AU 02/11/2017

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03/10/2017

PERSONNALITÉ D’ABDELKADER MERAH

Né le 15/09/1982 à TOULOUSE. 35 ans et 29 au jour des faits.

Surnom Ben Laden à l’époque des faits depuis le jour de l’attentat de 2001 aux Etats Unis. Il

aurait crié vive Ben Laden (délinquant à l’époque) ce qui lui a valu ce surnom.

Surnommé le Grand BEN BEN et son frère Mohamed, le petit Ben Ben. Concernant ce dernier,

diminutif intervenu bien avant les faits.

Nationalité française et algérienne.

- Sa famille Le père Mohamed MERAH. Né le 14 avril 1942 à SOUAGUI en ALGÉRIE. Aujourd’hui à la retraite en

ALGÉRIE dans les environs d’Alger. 75 ans.

Il a été marié avec plusieurs femmes. Abdelkader MERAH a des frères et sœurs qu’il ne connaît

pas. Il a vu une fois une des filles issues du 1er mariage Naima.

2ème femme en Algérie Fatima (…). Il ne connaît pas cette famille.

Il affirme ne pas connaitre l’histoire familiale.

Président : Son père serait venu vivre à Bourges laissant sa famille en Algérie après avoir

rencontré une épouse plus jeune (Zoulikha AZIRI). Il travaillait dans une fonderie. Sa femme ne

travaillait pas. Il a été gérant d’une fabrique de construction en Algérie (Abdelkader ne sait pas

où exactement).

Le 4 février 1999 il a été arrêté pour détention de plusieurs kilos de cannabis. Condamné à 5

ans fermes (Toulouse) et après 4 ans de détention il s’installe en Algérie.

Relations entre Abdelkader MERAH et son père : peu de contact entre eux (mentalité

algérienne) pas de confidences, pas d’échanges verbaux, uniquement des gestes. (Avec le juge

d’instruction il parlait de très très bonnes relations avec son père) : c’est ainsi qu’ll qualifie cette

relation, il n’a jamais été frappé, il l’accompagnait au marché, voyages etc. même sans

communiquer, il y avait de l’amour.

Abdelkader MERAH a eu une procuration sur le compte bancaire de son père : il avait confiance

en ses proches donc signe notamment d’une confiance entre eux. Souad également en avait

une.

Le père affirme lors de son audition, ne jamais avoir su pourquoi son fils (Abdelkader MERAH)

avait des problèmes avec la justice.

La mère

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Zoulikha AZIRI née à SOUAGUI. Elle est venue en France avec deux enfants aînés : Abdelghani

et Souad. Elle a fait le ménage à cette époque donc finalement elle a travaillé.

Ils se sont mariés à TABLAT. Union heureuse selon Abdelkader, parfaite, sa mère prenait soin

d’eux, du repas de la maison etc. quand son père rentrait, donc c’était un couple heureux.

Culture algérienne différente de la culture française, il ne faut pas essayer de comparer entre

les deux.

Président : donc pourquoi avoir divorcé ?

Abdelkader : Il y avait des rumeurs selon laquelle son père battait sa mère mais il ne l’a jamais

vu faire. Après le divorce tout se faisait amiablement. Il soupçonne que la famille de sa mère

l’ait poussé à quitter son père.

Président : Pourtant la famille était suivie dans le cadre de l’assistance éducative : dans les

rapports on voit que la mésentente entre les parents était importante à cette époque.

Abdelkader : Au moment du divorce, sa mère a fui son père. Il justifie encore cela par le fait

que les modes de vies ne sont pas les mêmes que les occidentaux.

Remariage de sa mère avec M. LAHSEG Dawood. Séparation à nouveau. Ils ont divorcé il y a

peu.

Remariage avec M. Mohamed ESSID (mariage religieux) : Selon Abdelkader il y a une

mésentente sur certaines choses donc il a décidé de ne pas aller au mariage. Il ne connaît pas

le prénom de M. ESSID. Mariage ayant lieu en mars ou juillet 2011. Il n’en connaît pas la date

précise. Mohamed ESSID est le père de Sabri ESSID.

Incidence du mariage sur sa relation avec sa famille ?

Abdelkader : il a organisé le mariage puis a fait intervenir Mohamed MERAH pour l’organiser

avec lui. Sur certaines conditions ils ne s’entendaient pas, sa mère a fini par ne pas vouloir

qu’Abdelkader continue de l’organiser. La raison est qu’il ne voulait pas que le mari de Souad

soit présent, dans la même pièce que lui et c’est ce qui a causé la mésentente.

Pourquoi avoir choisi un époux à sa mère ?

Il ne le lui a pas imposé, Il cherchait une compagnie pour sa mère car après ses divorces elle

était seule. Il est intervenu dans ce cadre. Il y a eu une rencontre entre Mohamed ESSID,

Mohamed MERAH et elle pour voir s’ils s’entendent et à partir de là c’était bon. Il ne voulait

pas que son beau frère soit présent au mariage car sa sœur s’est mariée avec la personne sans

qu’il ait été au courant donc manque de respect à son égard. Il voulait faire un côté homme et

un côté femme.

Il affirme au président « Vous essayez de projeter votre mode de vie sur le notre, chaque pays a

ses traditions. »

Son frère Mohamed était d’accord avec ce mariage.

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A ses yeux sa mère est parfaite. Relations avec sa mère parfaite dans l’enfance, il affirme qu’elle

vient avant sa femme. Il affirme qu’une femme si elle meurt on peut la remplacer mais pas une

mère.

Réconciliation avec sa mère 1 mois après.

Il la voit plutôt le weekend car il travaillait et repart en fin de soirée.

Du côté de sa mère : 2 oncles.

Il avait 3 sœurs dont une qui est décédée. Il ne sait pas pourquoi. Souad parle de rougeole

comme cause du décès.

Abdelghani MERAH Né le 6 février 1977 en Algérie. Il est tombé dans la délinquance jeune comme eux tous, puis

s’est mis très jeune avec Anne CHENEVAT et a eu un enfant avec elle.

Sur les violences : stabilisation dans sa vie suite à la naissance de son fils mais il a sombré dans

l’alcool, donc il s’est mis à frapper sa femme, il l’aurait attaché sur une chaise, elle le jetait sans

arrêt, il rentrait chez sa mère etc. Abdelkader MERAH aurait de très bonnes relations avec Anne

CHENEVAT.

Abdelghani était son modèle. Sous l’effet de l’alcool il s’est mis à frapper ses frères et sœurs.

Abdelkader MERAH s’est aussi mis à boire avec lui, fumer avec lui etc. car c’était son modèle il

avait un amour sans limite sur lui, mais Abdelghani le frappait, abuser de lui donc il s’est

défendu.

Mariage avec Anne CHENEVAT : Abdelkader affirme ne pas voir de problème avec elle sur le

fait qu’elle soit juive car elle ne l’est pas, elle est catholique, et elle a su tardivement qu’elle

avait des origines juives mais ça n’a jamais été un problème, notamment elle le dit elle même.

Souad MERAH Née le 17/11/1978 en ALGÉRIE à BENSLIMAN. Elle a 4 enfants. Il est resté 7/8 ans sans parler

à sa sœur. Elle vit en Algérie. Relations très aléatoires entre eux. Il la respecte et l’aime

beaucoup.

Aicha MERAH Née le 10/10/1984. A l’époque des faits elle habitait en face de Mohamed MERAH.

Il a reproduit l’éducation qu’il a eu de violence par son frère ainé avec elle.

Depuis qu’il s’est converti à l’islam il s’est plus entendu avec elle.

Mohamed MERAH

Mohamed MERAH 10/10/1988 : éléments de personnalité cet après midi dont la relation qu’il

avait avec lui.

- Enfance et adolescence

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Sur son enfance : avant le divorce leur vie était parfaite et après elle est devenue chaotique

(« seconde guerre mondiale »). Plusieurs déménagements. Lecture des différents rapports de

l’aide sociale à l’enfance par le Président.

- Mars/avril 1995 : exclusion du collège et envoyé en internat car il faisait des bêtises de type bagarres.

- Septembre 1995 : foyer à Aucamville. Scolarité en 5ème au collège des violettes.

Rapport de l’ASE 1995 : le père ne souhaite pas avoir de rôle éducatif et a une grande autorité

sur la famille. Abdelkader est en grand désarroi pleure souvent et réagit avec violence. Difficulté

avec l’autorité. Mère pleine de bonne volonté mais influençable. Dans ce cadre il a été placé.

Il était intelligent mais voyait la vie comme un ring où il faut se battre. Nécessité d’une poursuite

de la prise en charge éducative. Il est espiègle malicieux et toujours à l’affut d’un mauvais coup.

Il influence les plus démunis/faibles.

Abdelkader : après le divorce il a été éduqué dans le non respect de la vie.

Selon le rapport, sa mère souhaitait une intervention car elle n’arrivait pas à gérer les garçons,

Abdelkader la frappe et il affirme qu’elle n’a aucune autorité à avoir sur lui. Elle se décharge

trop sur ses fils.

Abdelkader : il n’a jamais frappé sa mère.

1996/1997 : scolarité plutôt bonne mais retour en famille désastreux les weekends chez sa mère, consommation d’alcool et de stupéfiants. En revanche, il arrive à respecter le cadre qui lui est imposé à l’école.

Août 1997 : départ de sa mère en Algérie qui l’aurait laissé seul sans ressource. Souhaitait s’inscrire à un stage de foot mais finalement ne peut pas y aller à cause de ça. Non confirmé par Abdelkader qui répond que les éducateurs n’étaient pas avec lui à la maison et ne peuvent rien savoir, ce n’est jamais arrivé en tout état de cause. 3 mars 1998 : grande souffrance, aucun cadre éducatif. Sa mère se réfugie dans sa chambre au moindre débordement avec son fils. Sur sa formation de peintre bâtiment : il est investi mais cause toujours des problèmes le weekends (comportements violents et toxicomanes). Abdelkader et Mohamed ont des problèmes liés au rejet de leur mère. Rapport ASE 1999 : AZIRI montre un désir de coopérer avec l’ASE mais se réfugie chez son frère quand ça ne va pas, elle est fuyante.

- Formation et emplois

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CAP peintre mais aucun diplôme religieux.

Plusieurs CDD après son diplôme, missions d’intérims.

Il a eu un entretien pole emploi un peu avant les faits. Volonté de se reconvertir vers un métier

intellectuel, et faire une formation. Pas d’idée de métier en particulier, il cherchait des conseils

de spécialistes. Pas de piste professionnelle.

En 2012 il travaillait pour Traid intérim qui l’envoyait sur différents chantiers.

24 février 2012 démission car pas d’accord sur les honoraires, sous payé par rapport à ses

qualifications selon lui.

Il n’a pas lié de relation avec ses collègues. Il fait son travail et rentre. Pas de relations

particulières car ses collègues étaient plutôt âgés (Cote 6938 audition d’un collègue). Selon

l’audition d’un collègue, il n’avait pas de retard, il arrivait à l’heure et partait à l’heure, en moto.

Pas de vêtements ostentatoires, travail assidu et satisfaisant. Pas de discussion en dehors de

son travail même en pause déjeuner. Il avait toujours un écouteur à l’oreille relié à son

téléphone. Serge lui avait dit qu’il était associable MERAH a eu un sourire sans répondre. Le

vendredi après midi avant sa démission il était au téléphone avec son agence d’intérim et il

n’était pas du tout d’accord avec sa rémunération. Démission une dizaine de jours après sa

mise en cause dans les attentats.

Abdelkader : il gagnait 2200 euros net par mois.

Yamina MESBAH épouse d’Abdelkader : ils se sont mariés religieusement. Ses parents ne

voulaient pas de ce mariage or la femme a besoin d’un tuteur musulman donc un frère a choisi

un tuteur et ils se sont mariés par téléphone par un frère musulman car elle ne pouvait pas

sortir. Ne souhaite pas donner son nom. Au regard de son créateur il se considère comme

marié. Le mariage religieux leur suffit. Pas besoin de mariage juridique pour lui.

Raison du refus du mariage par les frères : il était surnommé jack dans la cité car il consommait

beaucoup du jack Daniels puis changement dans la religion au moment de l’épouser. Sa famille

pensait que ce n’était pas le mari idéal pour elle, un voyou.

Déclaration de main courante de Yamina MESBAH pour déclarer qu’elle quitte le domicile

familial pour vivre avec Abdelkader volontairement sans être enlevée ou séquestrée.

Il s’est réfugié à la campagne à son retour d’Egypte pour vivre sa religion car trop de turpitude

et débauche en ville. Pas d’ordinateur à cette époque. Peu d’utilisation de portable, internet. Il

est très solitaire, peu de contact donc pas d’utilité de tout ça.

En GAV : pas d’utilité de cet appareil car on peut se faire griller avec ça. S’explique par sa volonté

de provoquer les enquêteurs à l’époque mais la vraie raison est qu’il n’en avait pas le besoin.

Crédit à la consommation : vers juillet octobre 2011.

Contrat de prêt pour l’achat d’un véhicule Yamaha chez Yam service.

Investigation sur un contrat de travail du 3 janvier 2011 alors qu’il n’était pas sur le territoire

français à ce moment, différents montants de bulletins de salaire. (Il ne souhaite pas répondre

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à cette question). Société qualifiée de coquille vide. Fouad DJEBALI à l’origine de cette société :

sa société était fermée donc impossible qu’il ait été salarié alors qu’il n’y avait pas assez de

chantiers donc potentiellement faux contrat et bulletins de salaire.

Concernant le véhicule Twingo acheté en octobre 2011 : il a été détérioré (ne se souvient plus

de la date exacte) plainte le 8 mars 2012 pour vol et dégradation.

- Casier judiciaire Décrit comme terrorisant tout le monde par l’ASE (cote 66-77-7)

- Procédure classée pour violences volontaires sur mineur de 15 ans Mohamed MERAH : Il est revenu sur ses paroles (la vérité selon lui) disant que c’était un jeu qu’il s’était détaché de

ses liens tout seul et non par un voisin. Ce serait Abdelghani qui l’a forcé à porter plainte et l’y

a emmené. Il serait victime d’une coalition contre lui par Abdelghani. Il essayait juste de se

comporter en grand frère en le frappant lorsqu’il faisait des conneries.

- TC de Toulouse : refus d’obtempérer, usage de stupéfiants 3 octobre 2003 (cannabis) sursis révoqué 700€ d’amendes

- Acquisition de chien d’attaque dangereux de 1ère catégorie 6 mai 2004. 2 mois de sursis et violences sur ascendant (simple violence pour éduquer son frère rien de grave selon lui).

- 21 mai 2004 2 ans emprisonnement dont 18 mois SME pour dégradation grave de biens avec violence et usage d’arme. Actes commis sous l’effet de l’alcool selon lui, qui rappelle les démons (tentatives de suicide).

Dans cette procédure lors de la confrontation, la religion juive d’Anne Chenevat n’a pas été en

réalité abordée par Abdelkader mais Abdelghani. Abdelkader a confirmé avoir la haine contre

son frère mais rien contre sa femme.

- TC de Toulouse 2 ans dont 18 mois SME

- 17 mars 2009 transport prohibé d’armes suspension de permis de conduire de 5 mois à titre principal.

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Qu’est ce qui fait que ce comportement a cessé par la suite : il l’explique par sa conversion à

l’islam. Lien entre cette religion et la fin du comportement délinquant. Tout a changé à partir

de là.

- 4 novembre 2008 : contrôle sur moto Yamaha taser. Fiche S à l’époque.

- 4 janvier 2012 main courante : fuite à bord d’une Twingo d’Abdelkader (réfuté par lui). Explication sur les crédits : dérapage du parcours religieux en tombant dans une boulimie de

consommation d’où la création de faux (fiches de salaire etc.). Dettes payées selon lui.

- Loisirs et centres d’intérêt

• Football à l’époque mais sans plus

• Boxe à l’époque

• Consoles de jeux (achats avec les crédits pour en faire cadeau)

• Lecture (passion) : livres de gangsters, biographies de grandes personnalités (à l’époque), dépend des périodes

• Abonnement salle de sport quand il a déménagé pour ne pas s’ennuyer

• Pas du tout d’intérêt pour les armes (audition devant le JI : ceux qui n’aiment pas les armes sont des homosexuels) pour lui c’est bizarre de ne pas aimer les armes ou les voitures ou motos etc.

• N’écoute pas la musique

• Pas de voyage touristique (à part les voyages en Egypte etc.)

• Entourage amical : connaissances parmi les jeunes des Izard. Sabri ESSID est un frère de religion. CLAIN frère de religion, etc. énumération de certains noms dont il les appelle frères de religion. Olivier COREL frère de religion, Ali JAFFAR également (tous les musulmans le sont) Mohamed MESKINE le respecte mais le considère pas comme un ami (distinction avant et après conversion : ne traine pas avec n’importe qui). Karim MESBAH est un camarade.

- Sur la détention Détention 5 ans d’isolement et 6 mois en détention ordinaire. Placement à Fresnes. Rapport :

Comportement très serein quant à la mesure, en paix avec lui même et s’en remet à Dieu, fier

des accomplissements de son frère.

Demandes de mise en liberté rejetées. Demande du 29/11/2013 en particulier : enquête de

sociabilité pour placement sous bracelet électronique et personne susceptible d’accueillir

Abdelkader a finalement refusé de le recevoir. Partagé du fait de son engagement mais sans

lien avec lui donc retire sa proposition. Donc détention prolongée.

Cours d’histoire géographie, sport, parloirs avec sa femme et sa mère.

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Il a un sentiment de représailles et d’injustice de la part du personnel lors de la multiplication

d’attentats et d’amalgame avec son affaire. Il a compris qu’il ne sortirait de l’isolement qu’au

début de son procès.

Débat contradictoire tous les 3 mois pour quitter ou non l’isolement or il aurait vécu une

agression, un montage soi-disant pour l’empêcher de sortir de l’isolement.

Soupçonné de lavage de cerveau sur un autre détenu. Il lui donnait des CD, téléphone etc.

exiger de ne pas parler au personnel car ce sont des mécréants de même que les autres.

Altercation physique le 4 janvier 2015 avec un détenu pour laquelle il a été relaxé.

Complot d’un surveillant pour le téléphone retrouvé dans sa poche et qui appartenait à un

autre détenu. Abdelkader avait le droit de téléphoner à qui il voulait, donc pas de raison d’avoir

un téléphone. Vêtements qui rentraient par le parloir via sa famille. Volonté de le priver de son

parloir dans le cadre d’un complot.

17 novembre 2014 : clé USB retrouvée dans sa cellule et dans un carton plein de DVD =>

commission disciplinaire. Il s’agissait de films d’action, et d’un film appelé Noé.

Questions des parties civiles :

Abdelkader a fait des observations selon lesquelles jusque là il n’était pas musulman. Pas

d’infraction à partir de la conversion. Mohamed MERAH est-il un frère de sang et de religion ?

oui.

Abdelghani également ? Abdelghani est frère de sang mais sur la question frère de religion les

juristes divergent.

Mohamed était il un bon musulman ? c’était un musulman pêcheur car dans la vie de tous les

jours il a fait des choses qu’il ne fallait pas faire.

Crédits à la consommation contraire à l’islam ? C’est un dérapage de son parcours religieux.

Sur son mariage par tél, était-ce autorisé comme pratique ? Certains juristes l’autorisent.

En France, il interdit de célébrer un mariage religieux avant mariage civil. Il affirme ne pas l’avoir

su.

Le surnom de BEN LADEN est survenu quand ? C’était avant l’islam donc aucun rapport avec Al

Qaeda.

Et la photo sur laquelle on le voit avec un coran ? c’était après sa conversion.

Après la séparation de ses parents, qui tenait le rôle de chef de famille ? Abdelghani est parti

après le divorce. C’était un foyer de culture algérienne mais peu de rites religieux. Pas de chef

de famille, pas de système patriarcal après le départ d’Abdelghani. Ce qu’il a reproché pour le

mariage de sa mère c’est d’avoir été éjecté alors qu’il organisait tout sans raison valable.

Vous affirmez qu’après l’islam on ne fréquente plus n’importe qui pourtant CLAIN, ESSID etc.

ces personnes ont fait l’objet de condamnation et ce sont des frères de l’islam ? Pour les

juristes, la personne qui fait la prière même si après il fait des actes à coté il est musulman.

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Est ce différent de tuer au nom de l’islam un musulman ou un Juif ? Il est interdit de tuer un

humain quel qu’il soit.

Rapports avec son père ? Proche et confiance. Procuration sur son compte car il était un fils

de confiance.

Changement de signature devant le magistrat instructeur : « dieu est unique et vous êtes des

mécréants » (en arabe) pendant cette période d’incarcération, pourquoi ? C’étaient des

dépositions de sang, de sang des victimes donc impossible pour lui de signer, ensuite face au

Juge d’instruction, il ne pouvait pas se permettre de ne pas signer. Il a d’abord signé MERAH

puis a trouvé une signature lui correspondant. Pour lui ça ne veut pas dire « vous êtes des

mécréants » mais « Pourquoi doutez vous » ?

Brouille familiale car problématique d’organisation homme/femme au mariage de sa mère.

Pour lui ce n’est pas le problème. Mohamed MERAH n’est pas dans la brouille c’est entre lui et

sa mère. Dès que le mariage a été fait il a coupé les ponts avec tout le monde pourquoi ? il

n’était pas directement dans la préparation du mariage mais il y était quand même il y a

participé donc complice avec sa mère.

Comment renoue-t-il avec M. MERAH ? il a fait la démarche de se réconcilier avec lui. Entre

temps rien n’avait changer avec lui. C’est lui qui prend cette initiative avec son frère.

Est ce qu’il ne se définit pas lui même par la religion ? Le Juge d’instruction lui avait demandé

s’il voulait ajouter quelque chose sur sa personnalité et il répond qu’il « témoigne qu’Allah est

seul juge et que Mohamed est le dernier des prophètes ».

Il se définit comme musulman. Ce n’est pas les parties civiles qui le définissent comme tel. Lui

seul.

Il est parti avec des économies 800 euros revenus 750 loyer et prêts. Comment financer les

voyages ? Il paye un loyer de 600 avec APL et 1500 d’économies donc possible de partir avec

argent licite.

Il a dit respecter les lois République lorsqu’elles sont bonnes et devant la Chambre d’instruction

il dit ne pas respecter la justice des hommes (lecture d’un écrit). Il ramène tout à la religion.

Vous soumettez vous aux lois de la république ? question associée au fait religieux.

Pourquoi on le surnommait Ben Laden suite à sa réjouissance à l’annonce des attentats du 11

sept 2001 ? A-t-il été réjoui par le nombre de 2977 morts ? pas de réponse.

Lors de sa demande de mise en liberté le Président a posé une question sur sa position par

rapport aux crimes de son frère : il n’avait pas condamné au départ les crimes de son frère

Imad, autres militaires, enfants mais lorsque certains pays ont condamné c’est à ce moment

qu’il l’a fait. Il avait perdu son frère, climat de GAV pour toute sa famille, dans ce contexte de

tristesse c’est sorti sur le coup pour ne pas déshonorer son frère, protection. Honneur de son

frère.

Sur la fierté concernant la façon dont son frère était mort les armes à la main. Aujourd’hui quel

est son sentiment ? Il avait mal pris la façon dont il a appris la mort de son frère, clash avec les

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enquêteurs, ne voulait pas insulter son petit frère. Il était connecté du monde sans savoir ce

qu’il se passait dehors, ni que c’était son frère. Ne connaissait pas les victimes. Après l’amour

de son frère il condamne les actes.

Il ne parle jamais de victime.

Surnom Ben Laden : honte ou non ? c’est un frère musulman ou non ? Il ne sait pas quoi penser

à son sujet.

Sur la réponse musulman pêcheur : par rapport à son lien avec son frère il concevait de

protéger sa famille contre un feu ardent de l’enfer (?) aujourd’hui son frère est en enfer ou

paradis ? Il n’est pas Dieu pour savoir.

- Questions de l’Avocat général Qu’est ce que ça veut dire la différence culture algérienne/berbère par rapport à la culture

française ? différences entre algérien et berbère ? Il y a des différences entre culture occidental

et algérienne dans la manière de se comporter en général, à table etc. la femme ne peut pas

entrer habillée de façon légère dans un salon rempli d’hommes. Chaque pays a sa culture ses

règles.

Sur la distinction algérien/berbère : il n’en sait rien et ne sait pas s’il est berbère ou pas. Il est

français et algérien.

Il se considère comme occidental, c’est en lui il connaît cette culture plus que celle algérienne.

Il est musulman et occidental. Dans la relation enfant parents : quelle différence ? ses parents

sont venus d’Algérie avec leur culture donc il a appris la culture à la maison et vu la différence

à l’école etc.

Distinction avant divorce / après divorce. Dans la culture algérienne la mère a une position

sacralisée or on ne le voit pas vraiment dans son passé avec violences etc. Suite au divorce, il y

a eu une différence, les enfants faisaient ce qu’ils voulaient. Ce n’est pas pour ça qu’il n’y avait

pas d’amour.

Sur la place du père : il confirme qu’il n’y avait pas de violence sur sa mère sous ses yeux.

Avant le divorce sa mère s’est réfugiée dans un foyer d’accueil avant le divorce. Il répond qu’il

était trop petit pour réaliser.

Après le départ de son père : chacun faisait ce qu’il voulait personne ne prenait le rôle

d’autorité.

Sur le reproche concernant le départ de son frère avec Anne CHENEVAT parce que c’est une

française. Dans sa famille c’est pas bien vu car ils auraient voulu une musulmane. Mais lui

n’avait pas de problème avec ça il l’a dit par colère.

Il aurait dit que le CDI c’est un esclavage ? Il préfère travailler une semaine et se reposer une

semaine.

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Sur les crédits : c’était un dérapage. Série de 11 crédits : comment rembourser l’ensemble de

ces dettes ? il pouvait assumer certains crédits et pour d’autres c’était impossible.

Sur le mariage de la mère : il ne choisit pas. Il propose juste des personnes et elle accepte. Il a

proposé Mohamed ESSID car il travaille, très organisé chez lui, éduqué, niveau intellectuel

convenable. A ce moment Sabri ESSID avait été condamné pour des faits de terrorisme mais

placé en GAV après une dénonciation par l’ambassade. Pour lui il n’y a pas de problème c’est

pas un braqueur, un tueur.

Sur la chienne : elle était importante pour lui et pour son frère.

Sur Ben Laden : par exemple, c’est comme un jeune qui s’identifierait à MESRINE ou un

braqueur etc selon lui. Proc : on s’identifie à un héros normalement. Surnom car il a sauté de

joie. Il ne se rendait pas compte de l’impact. Concernant le fait qu’il voulait se faire tatouer Ben

Laden c’est faux et en plus très mal vu à l’époque c’est comme s’il se faisait tatouer EI (proc : la

comparaison est intéressante).

- Questions de la défense Lecture faite plus tôt : c’était en réalité adressé par un membre de l’administration

pénitentiaire et non par A. MERAH au JI. Interrogé donc là dessus.

Tout au long de la procédure on a voulu qu’il crache sur son frère et s’il ne le faisait pas, il serait

complice. Il conteste les faits.

Les armes : aucune arme découverte chez lui.

Les lectures : un livre sur Hannibal, sur Saddam Hussein, sur Dupont Moretti et sur le juge

Lambert. En ce moment le pullover rouge. Ça ne fait pas de lui un avocat un juge ou

psychopathe tueur en série.

Le 5 janvier il a été jeté à l’isolement pour le protéger soi-disant car menacé. Détention très

difficile et des jubilations de la part du personnel pénitentiaire.

Sortie possible avec une domiciliation mais la police SDAT y est allée pour faire entendre raison

à cet ami.

Sur les amis cités par le président, ils ont été choisis parmi les condamnés du dossier d’Artigat

où il n’a pas été appelé à témoigner ou GAV. Or dans ses contacts pas que des islamistes.

A-t-il tenté de gagner un échelon au travail pour être mieux payé quelques temps avant les

faits : oui.

Volonté d’un enfant mais difficulté fertilité de sa femme tentative PMA : oui procédure in vitro

lancée.

Très nombreux déchirements dans sa famille : Mohamed était parfois irascible et n’acceptait

pas le non. Il n’était pas à son mariage. Abdelghani y était. Ne sait pas s’il avait des relations

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avec COREL. Il n’a pas été victime de viol par un oncle. Or Abdelghani indique que lui même et

sa sœur ont été violés par un oncle. Faux.

Violence à l’égard d’Abdelghani, pas en raison de culture, religion, race etc. pas raciste. Or sur

la femme française ce qui poserait un problème à A. MERAH c’est Abdelghani qui le dit et non

lui.

A propos de l’agression commise sur son frère : Abdelkader ayant appris qu’Abdelghani vivait

avec une juive, aurait dit qu’il était libre de dire ce qu’il voulait.

Sur les violences contre Mohamed MERAH : il aurait porté plainte accompagné d’Abdelghani.

Mohamed a été réentendu et affirmait avoir dit des histoires.

Etre français permet d’être avec une femme sans se marier. Le mariage religieux est pour lui

important mais la loi française ne le reconnaît pas sans l’interdire.

Sur la religion et la loi : être un islamiste radical salafiste est-ce interdit par la loi ? non. Il a

rencontré des islamistes radicaux de tous bords. Pour autant on peut l’être sans être un assassin

et c’est ce qu’on lui reproche. Comment rapporter la preuve d’un fait négatif ? c’est impossible.

Avocat de Fettah MELKI :

M. FETTAH MALKI ne répondra à aucune question sur la religion car ne se sent pas concerné,

n’y comprend pas grand chose. Liste des personnes en relation avec Abdelkader et Mohamed

MERAH. Or Fettah MELKI n’est pas cité. Abdelkader le considère comme un délinquant et non

un musulman. Après le changement d’Abdelkader, lui est resté sur la délinquance.

AUDITION DE TÉMOINS

Inspecteur général de la police judiciaire

En mars 2012 il était sous directeur en charge de la lutte contre le terrorisme : il a renoncé à

l’anonymisation car il considère important de venir à la barre retracer la trame de l’enquête.

9 victimes tombées sous les balles d’un tireur casqué porteur d’une arme de gros calibre, fuite

en scooter, seulement 2 victimes survécurent avec blessures graves.

Ces actions meurtrières présentaient le terrorisme sous un nouveau visage. Par son parcours,

profil spécifique et technique de dissimulation au quotidien dans son environnement agissant

en loup solitaire, il avait choisi ses cibles seul, conduit seul ses modes opérateurs et agi seul.

Par les médias il a décuplé la portée de ses actes.

Le terroriste laissait croire à un meurtre isolé lors de l’assassinat du 1er militaire puis franchi un

cap à Montauban et dévoile sa folie meurtrière à l’école.

Enquête : les investigations ont soupçonné Mohamed et Abdelkader MERAH.

14

Mardi 20 mars 1ers évènements recueillis, interpellation des deux frères et de leur mère, et

Yamina MESBAH. Lors de l’intervention du RAID Mohamed MERAH ouvrait le feu et se réfugiait

dans son appartement.

Il a revendiqué ses actions terroristes.

Jeudi 22 mars intervention en fin de matinée pour assaut. Fusillade neutralisant le terroriste.

Abdelkader MERAH interpelé le 21 mars à son domicile avant 6h. GAV de 96 heures. Zoulikha

AZIRI et Yamina MESBAH libérées.

Investigations poursuivies pour déterminer dans quelles circonstances Mohammed a commis

ces actes et identifier les protagonistes des faits.

28 mai 2013 interpellation de Fettah MALKI.

250 fonctionnaires minimum mobilisés en parallèle. 90 surveillances techniques et physiques.

Jeudi 15 mars 14h30 : 3 militaires à Montauban s’apprêtent à rejoindre un distributeur

automatique de billets. Un individu casqué ouvre le feu.

Constatations sur les lieux : chargeur et cartouches calibre 1143 notamment.

Tireur de type européen, 1m75 environ, mince agile et habitué de la manipulation des armes.

Fuite sur un scooter noir. Confirmation que le tireur utilise un pistolet automatique 1143.

Même arme utilisée sur un meurtre 4 jours auparavant sur Toulouse.

Un automobiliste entend deux détonations provenant d’un parking et aperçoit une personne

allongée près d’une moto. Un individu prend la fuite à bord du scooter noir. Les secours arrivés

sur les lieux constatent le décès de la victime. 1er exam : victime atteinte par un projectile tiré

à bout portant. Imad IBN ZIATEN en tenue civile. Autopsie établit la mort par balle calibre 1143.

4 hypothèses :

- 4 militaires victimes d’un déséquilibré ou d’un ancien militaire / vengeance - Les 4 victimes pouvaient être reliées au travers d’un différend privé - Acte de racisme (extrême droite) - Victimes de ce qu’ils représentaient, et visés par un acte animé par une idéologie

islamiste.

1) Atelier d’audition de personnes 2) Exploitation des vidéos de Toulouse et Montauban (identification du modèle de

véhicule TMAX 530) 3) Volet armement et aptitude à manipulation des armes 4) Recherche véhicule : Véhicule 2 rues dérobées le 6 mars 2012 5) Recherches internet : annonce d’Imad IBN ZIATEN sur le site leboncoin.fr

15

Tueries de l’école Ozar Hatorah :

4 décès et un blessé grave.

Saisine parquet antiterroriste pour les 3 faits.

Synthèse des témoignages : un pistolet automatique et un mitrailleur n’ayant pas fonctionné.

Fuite sur un scooter blanc.

Examen balistique laissant apparaître que le pistolet automatique était la même arme pour

toutes les victimes.

Zoulikha AZIRI titulaire des adresses IP s’étant connectées aux annonces d’Imad IBN ZIATEN :

mère de 5 enfants dont un fiché S, Abdelkader et un membre de la mouvance islamiste

Mohamed.

Investigations auprès du concessionnaire Yamaha de Toulouse. Aucun véhicule vendu avec un

carénage totalement blanc.

Un membre de la famille MERAH, Mohamed ou Abdelkader est venu se renseigner pour

connaître le positionnement exact du système de géolocalisation sur ces véhicules. Faisant

savoir qu’un de ses amis envisageait de repeindre ce type de véhicule. Le scooter noir a

probablement été repeint entre le 15 et le 19.

Scooter volé le 6 mars impossible à localiser malgré les recherches notamment par hélicoptère.

20 mars dispositif d’interpellation d’Abdelkader et Mohamed MERAH, Zoulikha AZIRI et Yamina

MESBAH.

Négociations avec Mohamed MERAH au cours de laquelle il revendiquait l’attentat regrettant

de ne pas avoir fait plus de morts, voyages au Pakistan.

S’apprêtait à commettre de nouveaux assassinats si la police n’était pas intervenue. Il était

amené à confectionner un film vidéo qu’il a transmis aux médias. Il va donner des indications

sur l’emplacement d’un véhicule Renault Mégane dans lequel sont stockés des armes. Va

donner l’emplacement e 2 box sur Toulouse. Dans le 1er : Yamaha Tmax et 2 casques. 2ème :

liasse de billets, arme de pointe etc.

Une personne proche d’entourage de M. MERAH va se présenter aux policiers et remettre un

sac contenant des cartes SD notamment laissant apparaître les repérages effectués sur les

militaires ainsi que les meurtres filmés.

Le lendemain, fusillade entre le RAID et Mohamed MERAH à l’issue de laquelle il décède.

Abdelkader MERAH interpelé à son domicile suivi d’une perquisition. DVD consacrés à des

groupes terroristes, services secrets américains concernant le 11 novembre 2001, IPod

contenant des fichiers portant sur des consignes dispensées à des groupes terroristes pour

échapper à des investigations ou filatures.

Il se dira fier des conditions dans lesquelles son frère est décédé, reconnait la participation au

vol du Tmax mais refuse de donner l’identité du 3ème homme.

16

Il déclare le meurtre des militaires comme étant une action islamiste. Son frère avait une

intention de faire des coups en France et qu’il y avait des étapes à respecter. Savait qu’il se

renseignait sur l’emplacement du tracker. Sur sa pratique religieuse : reconnaît avoir fait

plusieurs voyages en Egypte école coranique mais contestait avoir une pratique radicale de la

religion musulmane malgré certaines déclarations de son entourage. Sa GAV était une chance

et un cadeau. Il apportait un fort soutien aux actions de son frère. Il était plutôt prudent ne

voulant pas utiliser de téléphone portable (dissimulation).

28 mai 2000 13h interpellation de Fettah MALKI car empreintes sur la liasse de billets dans la

Renault Clio du box.

Mohamed MERAH était venu lui proposer des armes qu’il avait refusées. Il admettait lui avoir

fourni un gilet pare-balles mais aucune arme.

Puis il affirme avoir été sollicité pour lui fournir des armes.

Notion de loup solitaire fait référence à un individu qui mène les actions terroristes en l’absence

de structure organisée. Définit seul la cible et conduit seul les opérations.

Non incompatible avec le fait d’avoir eu de l’aide pour apprendre au maniement des armes.

Mais les actions et le choix des cibles sont à son initiative.

Mohamed MERAH restait seul à conduire les opérations.

Identification de la famille MERAH à partir de l’adresse IP de connexion pour l’annonce d’Imad

IBN ZIATEN.

Mohamed MERAH avait raté une cible militaire et comptait y retourner et viser ensuite des

fonctionnaires de police s’il n’avait pas été retrouvé.

Il savait que son frère avait des coups à faire en France et à l’étranger et que lui considérait qu’il

y avait des étapes à respecter.

Questions des parties civiles

Le mode opératoire qui était celui de Mohamed MERAH avait un caractère historique. Vous

avez beaucoup insisté sur la notion de loup solitaire. A l’époque les familles ont eu le sentiment

qu’on leur présentait cette vision parce que ça arrangeait que l’on donne cette vision. Juge

Trévidic sur le loup solitaire : le phénomène du djihad individuel est très éloigné de celui du

loup solitaire les agissements étaient la concrétisation d’une menace connue, djihad individuel

qui faisait peur depuis longtemps aux policiers et magistrats. Phénomène ancien et connu.

L’image du loup solitaire sortait du bois. Tout le monde n’est pas d’accord mais il faut s’en tenir

aux faits. Un individu a préparé, choisi ses cibles et conduit ses opérations seul. La France n’avait

pas connu de tels actions. Je m’en tiens aux faits.

Par rapport aux faits, vous avez dit peut-être seul et maintenant « seul ». Comment expliquer

qu’Abdelkader soit renvoyé devant cette cour d’assise ? Il ne m’appartient pas de me

prononcer sur une décision judiciaire de poursuite. Lorsque je dis qu’il était seul, c’est sur ses

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repérages de cible, mode opératoire, actions. Mais il a eu dans son entourage et des proches

des amis qui consciemment ou non lui ont donné les moyens de préparer ses actions c’est autre

chose.

Oubli important ? indignation de la famille car Mohamed MERAH a été localisé. A aucun

moment vous avez indiqué que Mohamed MERAH a pu tromper la surveillance des enquêteurs.

A un moment donné Mohamed MERAH est localisé et trompe la vigilance des services, il sort

et s’absente et les services ne s’aperçoivent pas qu’il revient après. Les services de PJ n’ont

jamais eu en surveillance M MERAH avant le 11 mars. Pas du tout concerné donc.

Sur la nuit du mardi au mercredi 20 mars on est dans le cadre judiciaire : dispositif en place aux

abords du domicile de M MERAH. Il n’est pas décidé de procéder à des interpellations le

lendemain matin car ils ne savaient pas encore qu’ils allaient devoir le faire. Au moment où cela

est décidé, le problème se pose de savoir comment mettre en place le dispositif de surveillance

aux abords du domicile. Il est alors choisi d’éviter de faire bouger le dispo de la DCRI déjà installé

pour des raisons de sécu et discrétion. La PJ propose d’associer ses effectifs. Or les groupes de

surveillance ne peuvent pas être mixés. Compte tenu du risque de réitération il est décidé de

procéder à interpellation mais peu d’informations sur les moyens de locomotion des uns et des

autres, communications, habitudes si bien que le dispositif mis en place ne peut pas garantir

une étanchéité. Pas de recul des enquêteurs, ils ont échappé à une catastrophique car s’il avait

détecté les policiers il les aurait abattus dans leur voiture. Aucune possibilité de détecter les

mouvements de MERAH ses véhicules etc. donc difficulté de l’urgence.

Mohamed MERAH était il vraiment totalement inconnu ? La PJ est chargée de faire une enquête

à partir d’un fait commis donc pas d’investigation sur Mohamed MERAH possible en 2012.

A l’époque si la judiciarisation des informations et coopérations entre les services avait été

efficace on aurait pu intervenir plus rapidement ? En 2017 la différence avec 2012 est

qu’aujourd’hui la commission de ce type de faits apparaissant initialement comme une affaire

de droit commun, serait tout de suite considérée comme susceptible d’être terroriste alors

qu’à l’époque pas de contexte similaire.

Par cette démonstration appuyée par laquelle vous affirmez que Mohamed MERAH aurait

préparé ses actes tout seul, vous portez la responsabilité d’un probable acquittement des

accusés. Je n’ai jamais dit qu’il avait choisi ses cibles seul et exécuté ses cibles, seul.

Dans cette définition que vous défendez, pouvons exclure ou pas qu’il y ait des complices au

niveau de la préparation, des actions ? Les éléments recueillis à l’encontre de l’un et de l’autre

s’inscrivent dans le cadre de cette préparation. Ne peut pas garantir qu’il n’a pas bénéficier

d’assistance ou complicité.

Qu’avez-vous détecté dans le dossier qui pourrait exclure que Mohamed MERAH ait choisi et

exécuté seul les cibles. A travers la négociation il explique avoir choisi ses cibles et repérages.

Donc sur la base des échanges seulement, il est retenu qu’il a choisi seul les cibles. Emprise

d’Abdelkader MERAH sur son frère mais pas seulement, rôle important dans le mariage de sa

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mère avec ESSID, déçu de ce mariage qui n’a duré que quelques semaines. Il joue le rôle

religieux et parfois de mentor.

On sait désormais que parfois des cellules dormantes vont s’activer après un événement

terroriste et créer un autre événement terroriste. Ne pensez-vous pas qu’Abdelkader n’est pas

en train de préserver une autre cellule avec laquelle il est en contact, et ait fait en sorte de

brouiller les pistes ? Rien ne l’établit dans la procédure.

Mais tout dans l’histoire peut l’établir.

Notion de réseau ? pas d’existence de réseau établit dans ce dossier.

Est ce que l’action de Mohamed MERAH correspond à la stratégie d’Al Qaeda ? En se déplaçant

en Afghanistan et Pakistan il a voulu apprendre le maniement des armes et s’est limité à cela.

Il lui fallait ensuite les moyens de réaliser cela mais pas de réseau établi en procédure.

Ce que vous avez établi c’est que le 11 et le 15 mars, Abdelkader et Mohamed se sont

rencontrés. Au moment du vol, Abdelkader était présent. On a découvert chez lui des fichiers

volontairement effacés. L’expertise l’a démontré. Et pouvaient être reliés aux autres docs

retrouvés à son domicile. Avez vous été informé par les autres services notamment DCRI sur

ses voyages en Egypte ? oui.

Et les circonstances et conclusions tirées par le service en question sur le processus de

radicalisation ? non.

Or ils mettent en cause directement Abdelkader MERAH.

L’adresse IP provient du domicile de la mère or Abdelkader MERAH y est passé.

La notion de loup solitaire serait un abus de langage ? On s’en tient aux faits et rien d’autre.

Dans la conception de cet individu, s’étant rendu en voyages il a préparé seul dans le sens

réaliser les actions et est revenu sur le territoire national.

Le périmètre du loup solitaire c’est celui qui a assassiné les différentes victimes car il était

présent lors de ces dates sur les lieux. Dans le sac contenant le GoPro, la clé USB il y a un coran

avec les empreintes de Mohamed MERAH et Abdelkader MERAH.

- Questions de l’Avocat général

Oubli de citer Al Qaeda. C’est bien une organisation terroriste, un groupe et non un individu.

Sans parler de la revendication postérieure des faits par l’organisation, la revendication écrite

de Mohamed MERAH revendique signe et film son allégeance à Al Qaeda et la revendication

des tueries. La dernière image du film est un portrait d’un des membres éminents d’Al Qaeda

et rend les louanges à Ben Laden.

Lorsqu’on parle de l’auteur, on parle d’auteur principal. En parlant d’Abdelkader MERAH on

parle de complicité à un acte judiciaire.

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En 2012 pour ceux qui s’intéressent à la propagande d’Al Qaeda, on était déjà dans une

nouvelle stratégie qui était non pas une organisation centrale donnant des ordres hiérarchisés

mais une multiplication de cellules en parlant de l’ennemi lointain et de frapper l’occident.

Hypothèse possible : le 3ème homme n’existe pas.

- Questions de la défense Quel élément de l’enquête permet d’établir la participation de quelqu’un d’autre que

Mohamed MERAH ait pu participer au choix des cibles ? L’enquête établit des rencontres entre

les deux frères, le 15 mars Abdelkader MERAH a compris qu’il s’agissait d’une action terroriste

mais ne lui en parle pas. Contexte familial proche donc complicité possible.

Le matin du 19 mars la cible n’est pas l’école. Il avait un projet qu’il ne réalise pas car le militaire

n’est pas là. Les actes qui suivent sont par défaut. Ils n’étaient pas prévus. Non car il avait de

nombreuses cibles en tête les repérages avaient été faits donc rien ne dit qu’ils n’avaient pas

prévu d’attaquer l’école.

Il savait qu’en choisissant une école il frapperait beaucoup de personnes.

05/10/2017

Le Ministère Public verse au débat un exemplaire de carte concernant le focus sur Toulouse et

une concernant Montauban.

AUDITION DES EXPERTS

Professeur Norbert TELMONT absent.

Docteur Fabrice DEDUIT

Docteur David GAINZA

Docteur Frédéric SAVALL

Dualité d’experts médecins légistes : Docteurs Fabrice DEDUIT et Docteur David GAINZA

Autopsie d’Imad IBN ZIATEN :

1m79 85kilos, signes de réanimation sous la forme de pansements.

Examen externe : solution de continuité mesurant 1cm de diamètre.

Pas d’élément traumatique mis en évidence. Radiographie du crane projectile occipital

extérieur gauche paraissant peu déformé. Fragmentation du projectile.

Hémorragie profonde aspect du crâne. Fracture déplacée vers l’extérieur et à partir de celle-là

fractures temporale droit.

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Ouverture de la boîte crânienne : sang, hémorragie intra ventriculaire.

Mise en évidence du prolongement des fractures avec une solution de continuité osseuse au

niveau de l’os temporal à gauche. On trouve le projectile déformé et de gros calibre. Trajectoire

balistique car au niveau de la joue orifice d’entrée cutanée sui se prolonge dans la boite

crânienne. Donc le trajet lésionnel matérialisé va de l’avant vers l’arrière.

Traumatisme céphalique balistique comme cause de décès.

Président : Un seul tir par arme à feu. Le décès est-il immédiat ?

Oui les lésions sont très importantes au niveau cérébral on trouve du sang dans les ventricules

donc décès quasi instantané.

Autopsie d’Abel CHENNOUF :

Quatre trajets balistiques, trois présentaient une entrée une sortie et le dernier sous cutané.

Un trajet thoracique, un trajet facial avec point d’entrée caractéristique de tir à très courte

distance, trajet au niveau frontal droit avec le projectile arrivé dans la région céphalique

extérieur en sous cutané.

Président : Y’a t-il des tirs dans le dos ?

Point d’entrée thoracique extérieur donc oui.

Décès immédiat ? l’importance des lésions cérébrales ne pouvaient être que mortelles et

entrainer un décès rapide.

Autopsie de Mohamed LEGOUAD

8 trajets dont 6 avec une entrée et sortie et deux avec un projectile en sous cutané.

- Point d’entrée postérieur avec sortie au niveau du bassin - Point d’entrée postérieur avec une sortie frontale - Point d’entrée au niveau thoracique ayant entrainé une section de l’aorte et veine cave - Trajets au niveau des membres supérieurs droit et gauche

Les lésions cérébrales et thoraciques ayant été importantes le décès a été quasi immédiat.

Autopsie de Jonathan SANDLER :

- Trajets balistiques au niveau de la main droite et lavant bras droit - 2 trajets balistiques au niveau de la cavité céphalique : 2 entrée une sortie - Au niveau jugal gauche avec sortie à l’oreille - Au niveau frontal droit avec un tir à très courte distance

Au vu des lésions intracérébrales le décès a été extrêmement rapide.

Questions des parties civiles :

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Possibilité de dater chaque tir ? le décès n’a pas été immédiat car les tirs sur les membres

supérieurs ont précédé les tirs dans la tête. Avec ces premiers tirs il pouvait donc s’en sortir.

Même avec le tir au niveau de la joue, il avait les possibilités de survivre. C’est le dernier tir à

bout portant dans tête qui aurait été fatal. C’est celui qui l’a achevé.

Autopsie de Gabriel SANDLER :

Docteur SAVALL médecin légiste.

Stigmates de soins. Deux trajets lésionnaires balistiques :

- Au niveau céphalique : plaie temporelle droite constituant l’orifice d’entrée et orifice osseux grave d’entrée, fracture de la boite crânienne. De l’autre coté orifice de sortie avec entre les deux un foyer de lésions cérébrales majeurs. Tir de la tempe droite à la tempe gauche et tout à fait droit. Compatible avec un tir à très courte distance.

- Au niveau abdominal : plaie située à l’arrière du corps très basse, 6mm de diamètre orifice d’entrée, fracture des vertèbres à ce niveau là et en bas à droite de l’abdomen, plaie d’orifice de sortie avec fracture d’une partie de l’os formant le bassin. Orientation de l’arrière vers l’avant, légèrement de la gauche vers la droite et du haut vers le bas. Décès conséquence principal du tir céphalique. Décès quasi immédiat. Les secours n’auraient rien pu faire. Il avait trois ans au moment des faits.

Questions des parties civiles :

Ordre chronologique des tirs ? Le premier était dans l’abdomen puis achevé au niveau

céphalique.

Autopsie de Myriam MONTSONEGO :

Deux trajets lésionnels

- Au niveau céphalique extrémité de la tête : une plaie au niveau de l’os pariétal cm de diamètre et orifice d’entrée. Dans la continuité, fractures de la boîte crânienne, lésions cérébrales. Orifice cutané étoilé correspondant à l’orifice de sortie avec fracture de la mandibule. Trajet d’avant en arrière, du haut vers le bas.

- Au niveau abdominal : plaie au niveau lombaires gauches 6cm de diamètre et une plaie au niveau du nombril caractérisant un orifice de sortie. Pas de lésions osseuses mais lésions de l’intestin grêle notamment.

Le tir céphalique est à l’origine du décès. Le tir abdominal aurait pu être compatible avec une

survie sans le tir céphalique. (8 ans au moment des faits)

Questions des parties civiles :

Qu’avez vous ressenti en autopsiant ces corps ?

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Je fais mon travail et je livre les constations techniques mais je garde ces constatations pour

moi.

Autopsie d’Arieh SANDLER :

3 trajets balistiques.

- Un point d’entrée dans la nuque - Un au sommet du crâne

Décès immédiat en raison des deux tirs croisés. Il avait 5 ans au moment de son décès.

Questions des parties civiles :

Depuis combien d’années exercez vous ? Est ce courant de voir des enfants décédés ainsi ?

1 par an en 15 ans. Pour moi assassiner un enfant c’est tuer l’innocence, la confiance qu’un

enfant met dans les adultes, c’est impardonnable.

Autopsie de Mohamed MERAH :

Mise en évidence de projectiles sur le corps ou à proximité. Nombre élevé de trajectoires : 18

avec des restes de projectiles dans le corps.

Lésions des orifices d’entrée et de sortie, trajectoires de l’avant ers l’arrière et inversement.

Une trajectoire importante au niveau de l’extrémité céphalique et plusieurs au niveau du

membre supérieur gauche (deux) et droit (deux). Présence au niveau thoracique de plusieurs

trajectoires avec des projectiles retrouvés au niveau gauche ayant entrainé des perforations

thoraciques. Partie supérieure du dos, lésions superficielles. Plusieurs trajets au niveau de

l’abdomen notamment.

Membre inférieur gauche : plusieurs solutions de continuité compatibles avec des orifices

d’entrée et de sortie.

Trajet mortel ; céphalique et thoracique.

Trajets incapacitants au niveau des membres notamment.

Question de l’Avocat général

Sur les mains à droite et à gauche, blessures ?

Au niveau de la main gauche : trajet balistique avec une sortie au niveau du poignet. Pour la

main droite : pas de trajet balistique.

Constations effectuées sur Loïc LIBER :

Constations effectuées après les soins, donc elles sont moins précises et réalisées dans des

conditions moins efficaces.

Lésions traumatiques identifiées : trois dont une en avant de l’oreille, une au niveau de l’angle

mandibulaire, et une en arrière sur la région cervicale haute à gauche.

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De l’autre côté plaie décrite au niveau mandibulaire droite.

Rien à dire concernant la caractéristique d’entrée et sortie en raison de la cicatrisation.

- Fracture de la 3ème vertèbre cervicale en partie du haut. - Fracture complexe avec des lésions médullaires. - Cette lésion était à l’origine de la tétraplégie flasque (paralysie complète du bas du

corps). Autres lésions au niveau des membres inférieurs : cuisse gauche au tiers moyen face externe

(2 plaies).

A droite, tiers moyen de la même façon se trouvait une plaie.

ITT prévisionnelle de 6 mois au moment de l’examen, révisionnable.

Sur les lésions médullaires : pas de possibilité de « récupération » quel qu’ait été la prise en

charge.

Loïc LIBER aura un pronostique vital très longtemps engagé.

Il y a des plaies sur la phase au niveau de la joue, mais le trajet lésionnel n’est pas dans la tête,

mais dans le cou d’où la différence avec les autres militaires. 10cm plus haut, cela aurait été

fatal.

Au moment de l’examen peut il communiquer ?

La communication verbale n’était pas possible. Communication par des clignements d’yeux etc.

c’était davantage une réponse à des questions.

Constatations effectuées sur Brian BIJAOUI

Plaie sur la phase externe du bras gauche tiers supérieur moyen, une autre au niveau de

l’aisselle épaule gauche et une sur la région thoracique gauche. De l’autre côté thoracique une

plaie de la même nature

Sur le trajet du bras pas de lésions osseuses contrairement au trajet thoracique.

Plaie du poumon et du cœur, non transfixiante donc le cœur est touché mais non pénétré.

Une plaie à l’estomac et une contusion du foie.

72 heures après : découverte d’une lésion abdominale nécessitant une chirurgie.

Pronostique vital non engagé mais initialement potentiellement mortel si les secours n’étaient

pas intervenus. Au niveau de la lésion du bras, limitation fonctionnelle de celui ci. ITT de 2 mois

sous réserve de complications. 14 ans au moment des faits.

Nécessité d’une expertise psychiatrique, pourquoi ?

A quinze jours du traumatisme on peut recueillir des éléments de stress post traumatique mais

on ne peut pas se prononcer. Demande spontanée de la part du médecin légiste.

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Questions des parties civiles :

Etait-il en état de communiquer ?

Oui il était sur une chaise et on communiquait.

Parties visées par les armes à feu constituait des parties vitales ?

Oui en l’absence des secours il serait probablement décédé.

Une autre expertise a été faite à deux reprises en octobre 2014 et février 2015 avant sa

consolidation pour le fonds de garantie.

Positionnement du corps par rapport au tireur ?

Localisations des plaies côté bras, thorax. Toutes les positions sont envisageables.

Il se destinait à une carrière militaire. Doit-il y renoncer ?

A 15 jours des faits je ne pouvais pas me prononcer. Trop de variabilité sur l’évolution et la

récupération de ce type de lésions.

PERSONNALITÉ DE MOHAMED MERAH

Il se faisait appeler Abu Youssouf ou Youssouf de Toulouse, Youssouf le Français.

Abdelkader MERAH : A ma connaissance je l’appelais Mohamed. Lors de son incarcération il a

été très touché par ce prophète qui a été incarcéré et par la suite on l’a appelé ainsi mais pas

moi.

Les voisins entendaient des chants islamistes, des prières, la mère ne venait plus et une fois le

frère et sa femme en burqa sont venus.

Historique du placement en assistance éducative : grande instabilité de la mère, désintérêt du

père.

Condamnations :

- Mai 2007 violences aggravées 4 mois de prisons - 2008 TC Toulouse viol en réunion et violences (permission de sortir pour un stage puis

pour maintien des liens familiaux) - Main courante contrôle d’un véhicule TMAX deux personnes casquées qui s’enfuient à

la vue de la police, il s’agissait de Mohamed MERAH. - Tentative de suicide par pendaison hospitalisation. Expertise : l’intéressé participe à

l’entretien, intelligence moyenne, pas de trouble pathologique mais sensibilité notamment.

- Relation épistolaire avec CLAIN et Sabri ESSID pendant sa détention.

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Témoignages des codétenus :

1) S’agissant de la religion, Mohamed MERAH était à fond, restait avec un groupe de personne qui eux respecter la religion, faisait ses prières, portait une djellaba, se baladait avec un coran.

2) Partait de son frère qui est dans la religion. Voulait acheter une moto à sa sortie de

prison, ouvrir un garage et se marier.

3) Parlait tout le temps de religion, s’habillait en djellaba, parlait beaucoup de son frère Abdelkader, disait qu’il fallait partie en Palestine aider les frères. Il ne parlait pas d’armes mais de véhicules et voulait se marier.

Libéré en fin de peine en décembre 2009.

Formation : Carrossier au CFA. Elève trop souvent absent et comportement déplorable.

Le 12 juillet 2010 il se présente pour un entretien afin d’entrer à la légion étrangère mais avis

défavorable pour sa candidature.

Inscrit comme demandeur d’emploi ensuite.

Travaillait en 2011 mais son employeur n’a pas voulu le garder (M. PRADEL) écoutait des chants

religieux se mettait à l’écart et refusait le contact avec les femmes.

Mai 2011 inscrit comme demandeur d’emploi.

Mariage religieux le 15 décembre 2011, qui a duré trois semaines.

Son ami déclare qu’il cherchait à se marier car c’est la moitié de la religion selon lui. Epouse

voilée de la tête aux pieds.

Janvier 2012 : il sollicite l’autorisation de M. COREL pour se séparer de sa femme.

D787 lecture des auditions de son épouse :

Elle a toujours été croyante et pratiquante et sa foi a grandi. Ne se considère pas comme

musulmane radicale. Elle cherchait un époux ayant les mêmes convictions qu’elle. Elle a

rencontré Mohamed MERAH via une amie dont elle tait le nom. Elle croyait sincèrement que

ses voyages en terre d’islam étaient touristiques. Elle ignore totalement cette partie de sa vie

et ne tolère pas les islamistes. Mohamed MERAH refusait que ses amis à lui viennent chez eux

et la voit et elle était d’accord avec ça. Il connaissait bien le coran mais ne voulait pas aller à la

mosquée ni elle. Ne voulait pas se faire remarquer, il avait ses raisons mais ne lui a pas exposé.

Maintenant elle fait le lien entre sa discrétion et ses actes. Surprise du rapprochement entre

les deux frères décrit par les journalistes. Aicha considérée comme impie. Islam en France trop

occidentalisé et ne se reconnaît pas dans cet islam. Le combat des talibans est juste.

- Questions des parties civiles

Concernant sa connaissance du surnom de Mohamed MERAH, il l’aurait su après les faits ?

26

Lecture de la cote 1151/5 : les enquêteurs indiquent qu’une des adresses mails de son frère

était [email protected] en 2011. Pourquoi utiliser ce nom ? il aimait se donner ce nom

en 2008 quand il est rentré de prison. Peu de gens le connaissait sauf ma famille et moi même.

Ecrit de la prison D2328/27 signant Youssouf.

C’est Youssef le Français qu’il ne connaissais pas mais concernant ce surnom, il n’a jamais dit

ne pas le connaitre.

Quelle était la fréquence de ses visites en prison ? Sur la 1ere je pense peut-être à la fin car on

ne se parlait pas. Sur la deuxième en milieu de son incarcération de façon régulière.

- Questions de l’Avocat général : Vous avez parlé du prophète Youssouf qui était le nom donné à votre frère en détention ?

Qui est Youssouf ? pourquoi s’identifier à lui ? Tout musulman incarcéré cherche un modèle.

Le prophète Youssouf a également fait de la prison, subi la même épreuve injustement.

Son père est Jacob, son grand père Isaac, il a été incarcéré car accusé d’avoir forniqué avec la

mère de son maître et a été innocenté, il est sorti. Aurait-il été victime d’un complot de sa

famille contre lui ? oui ses frères. Ses frères ont voulu l’écarté de son père et le jeter dans un

puis. Il s’est marié ensuite avec la femme de son ancien maître beaucoup plus âgée que lui.

D1400/68 dénonciation du collège :

La maman avoue ne plus pouvoir pénétrer chez elle, son fils possède un pitbull qui dévaste

tout. Enfant particulièrement intelligent. C’est son frère qui lui donne tous les conseils de

révolte. Il risque de se transformer en une personne dangereuse.

Tentative de suicide de Mohamed MERAH : qu’en pensez vous ? lors de cette tentative j’étais

en Egypte. Je ne sais pas quoi en penser.

Un co détenu affirme que Mohamed MERAH avait un téléphone portable et était très souvent

en communication avec lui. Non c’est faux car ils avaient même des horaires précis pour

communiquer.

Cote 6669 lecture par le Président (Co détenu de Mohamed MERAH)

Il n’est pas musulman ni pratiquant. Ne mange pas de porc et croit en dieu. Al Qaeda c’est de

la connerie. Je n’en ai rien à foutre de la religion c’est le dernier de mes soucis ? que pensez

vous des groupes islamistes armés, je ne les connais pas j’en ai rien à foutre.

Il était incarcéré à la prison de saint Sulpice pendant 4 ans car implication dans une affaire de

stup. Il connaissait Mohamed MERAH bien avant. Ils se sont rapprochés et ont demandé à

changer de cellule pour être avec lui. A l’époque au quartier il n’avait rien à voir avec un

islamiste.

Après il n’avait plus rien à voir avec lui il était posé parlait tout le temps de religion, faisait toutes

les prières et le sermonnait tout le temps, constamment en désaccord. Soignait son image pour

27

se rapprocher le plus possible du prophète portait du khôl et mascara. Il lisait beaucoup de

livres sur la religion et on lui en ramenait au parloir. Il lisait et parlait l’arabe littéraire.

- Questions de la défense : Maître DUPOND-MORETTI souhaite verser une pièce au débat. Il est particulièrement attaché

à la défense d’Abdelkader MERAH car les évènements tragiques nous interdisent de penser ce

que nous avons appris à la faculté. J’ai accepté de défendre cet homme, je ne suis pas payé par

Daesh et ne n’ai pas pris un centime pour assurer sa défense.

Lettre anonyme reçue qui promet une balle dans la tête de ses enfants.

TÉMOIGNAGE ANONYME

Il était chef de la division internationale de lutte anti terroriste. Il a supervisé l’enquête dès la

saisine le 15 mars, à Levallois –Perret. Concernant l’aide physique d’un ou plusieurs complices.

A la suite de l’identification de l’adresse IP, plusieurs possibilités survenant sachant que

Zoulikha AZIRI était mariée au père de Sabri ESSID mais sans savoir ce qu’il en était du foyer.

Ce qui a permet de recentrer les investigations ce sont les déclarations concernant le tracker

chez Yam 31.

Le choix est fait de procéder rapidement aux interpellations.

Les enquêteurs n’étaient pas munis souvent d’éléments suffisants pour contredire etc. lors des

auditions donc le dialogue n’était pas forcément efficace.

3 perquisitions

- Suite à son interpellation - 2 jours après suite aux aveux et présence lors du vol du scooter - Par le Juge d’instruction en septembre 2012.

Description des éléments saisis.

Saisine de courriers de Mohamed MERAH à Abdelkader MERAH notamment.

Découverte d’un ordinateur appartenant à Karim MESBAH mais dont Yamina MESBAH affirme

qu’il est utilisé par toute la famille, notamment Abdelkader. Un disque dur appartenant à

Abdelkader dont elle affirme qu’il ne fonctionne plus. 2 téléphones IPhone dont le sien.

Des notes sont prises par Abdelkader MERAH lors de l’écoute de fichiers audio donnant des

conseils pour des actions djihadistes afin d’échapper à la surveillance des policiers.

Achat en aout 2011 à la Fnac, suite au crédit à la consommation, de livres relatifs aux services

secrets.

17 fichiers d’1h chacun à usage des moudjahidin pour échapper aux services de renseignement.

Fichiers concernant les enseignements du marocain Mohamed F.

28

Sur la garde à vue :

Climat particulier, Abdelkader MERAH va se trouver diversement coopératif et provocateur.

Présenté deux fois devant un JLD à l’issue des 24h puis des 48h.

- Un des fonctionnaires qui l’interroge a reçu de sa part des menaces : des moudjahidines pourraient s’occuper de toi attention.

- Observations faites par l’avocat lors de la 7ème audition. Transmission à la presse des déclarations de MERAH lors de sa GAV imputée aux policiers par l’avocat.

Il se plaindra d’avoir été menacé à l’occasion de la 1ère perquisition et notamment des

fonctionnaires du RAID. Il se plaindra aussi de ce que la mort de son frère lui avait été annoncée

alors qu’il avait demandé au policier si cela arrivait de ne pas le lui dire. Or situation d’urgence,

pas connaissance d’une appartenance à une organisation terroriste ou pas et sa composition

éventuelle. Donc l’annonce à celui ci était susceptible de faire évoluer ses déclarations et le

pousser à fournir des éléments.

Cette annonce n’a pas été faite sans précaution. Il lui a été annoncé que Mohamed MERAH

était sans contestation l’auteur des meurtres et il n’était pas ignorant des conditions dans

lesquelles c’était arrivé.

Abdelkader MERAH a refusé de signer l’intégralité des PV en disant qu’il ne voulait pas que sa

signature apparaisse sur des PV concernant des tueries d’enfants.

1ère audition : identité

2ème audition : religion avec un questionnaire ayant pour objet de le situer dans le cadre de

l’islamisme. Il va soit refuser de répondre soit renvoyer la question aux interlocuteurs.

3ème audition : relation avec son frère. Il aura provoqué une rupture avec lui. Ne l’ayant vu pour

la dernière fois que le weekend du 17/18 mars. Une des causes étant notamment l’incident du

mariage de sa mère.

Description de toutes les auditions d’Abdelkader MERAH.

Sur l’existence de complicité :

- Participation physique : Repérage des cibles, exécution des actions, revendications ? Fait du 11 mars assassinat d’Imad IBN ZIATEN dans le cadre d’un guet-apens. Première

connexion à son annonce le 4 mars. Auteurs possibles de cette connexion ? 2 connexions

depuis le domicile de Zoulikha AZIRI. Connexion issue d’un matériel Apple. Notamment

Mohamed MERAH possédait un MacBook mais pas de smartphone de marque Apple retrouvé.

Achat également d’un MacBook par Yamina MESBAH suite à un crédit à la consommation.

Zoulikha AZIRI était à Montpellier à cette date et a reçu une voisine le soir pour le café. 1 appels

sur son fixe, l’un reçu vers 21h puis l’autre émis 22h56 vers Souad MERAH elle est donc dans

son logement.

29

Mohamed MERAH à 23h51 son téléphone borne un boitier proche du domicile de Zoulikha

AZIRI ce qui ne présume pas de sa présence.

Abdelkader MERAH manifestement rendait visite à sa mère ce soir là à 19h30 car Yamina

MESBAH envoie un message à 19h29. Pas d’élément affirmant qu’il ait quitté ses proches pour

se rendre au domicile de sa mère.

Zoulikha se souviendra du passage de son fils qui n’est pas restant longtemps. Yamina MESBAH

attendait dans la voiture.

Le 3 mars Abdelkader MERAH est seul dans l’appartement de sa mère qui se trouve à

Montpellier. Il disposait des clés de chez elle.

Interrogation toujours sur l’auteur de cette connexion.

Le 8 mars : connexion depuis un cyber café à Toulouse. Mise en lumière du fait qu’à une heure

proche de la connexion, Mohamed MERAH se trouve dans le centre ville de Toulouse.

LE 11 mars : Abdelkader ne serait ni l’auteur de la connexion du cybercafé, ni l’auteur de l’appel

du taxiphone. Il se trouvait dans les vestiaires du stade, excluant sa présence dans l’un ou

l’autre.

Sur le 15 mars, Mohamed MERAH a effectué des repérages la veille le 14 pour faire un

maximum de victimes mais ne multiplie pas ses repérages par discrétion.

S’agissant des différents faits, selon vous, le véhicule de Mohamed MERAH avait été vu à

Montauban la veille du 15 mars et il était seul à bord. Faits commis par Mohamed MERAH seul ?

La réalisation immédiate des faits, est exécutée par Mohamed MERAH.

S’agissant des connexions le 4 mars, Abdelkader MERAH était venu voir sa mère vers 17H30

mais pas d’éléments établissant que c’est lui qui s’est connecté aux heures de connexion ?

19h29 SMS de Yamina MESBAH suggérant qu’elle est en bas du domicile de Zoulikha AZIRI et

Abdelkader MERAH chez elle, et qu’ils sont ensuite partis chez la mère de Yamina MESBAH.

Sur le 8 mars : entre le 6 mars et le 8 mars il a voulu vérifier que l’adresse était toujours en ligne

mais aucune certitude quant à l’auteur de la connexion. GPS de son véhicule active une borne

au centre de Toulouse proche du cyber.

S’agissant de la revendication : pas d’élément laissant penser qu’Abdelkader ait pu envoyer

cette clé USB.

Sur le 15 mars : projet initial deux militaires et ensuite l’école Hozar Atova, pas d’élément

démontrant que c’était également prévu ? Il avait eu le projet d’assassiner deux militaires

habitant ensemble sauf que ce jour, l’un est absent et l’autre passe en voiture sans que

Mohamed ne puisse réagir et se rabat sur l’école sans que l’on puisse savoir si c’était une cible.

6 mars : il reconnaît le vol du scooter ou sa présence ?

30

Il reconnaît avoir été présent los du vol du scooter mais que le vol a été commis par surprise,

ne lui a pas expliqué avant ce qu’il comptait faire. Il a suivi les indications avec le 3ème homme

pour dissimuler le scooter donc reconnaît son concours postérieur.

Sur les perquisitions :

La peinture retrouvée n’avait rien à voir avec celle utilisée pour repeindre le scooter.

CD retrouvé, notes dans un IPod. Abdelkader a expliqué ce que cela signifiait, ce dont il

s’agissait.

- Questions des parties civiles

Visionnage de la GoPro lorsqu’il a filmé l’assassinat d’Imad IBN ZIATEN. Mohamed MERAH

arrive et demande « tu veux te mettre où ? » Imad IBN ZIATEN demande : « C’est un pote à

toi ? » et Mohamed MERAH répond « c’est mon frère ». Il est possible qu’il y ait eu la présence

d’un tiers pour le mettre en confiance. Deuxième hypothèse : présence du frère de Mohamed

MERAH. Des témoignages ont été recueillis, son oncle et sa tante, non clair. Sa tante pense

qu’ils ont joué ensemble vers 15h et son oncle également sans élément plus précis sur son

emploi du temps. Uniquement des témoignages et des aveux.

- Questions de l’Avocat général Sur ce que vient de dire la partie civile, il existe film de la Go pro sans montage de Mohamed

MERAH, et sur la clé USB un film avec des montages qu’il a effectués. Les dialogues ne sont pas

clairs en raison du bruit donc pas de certitude sur ce qu’il a pu dire.

Sur les notes : Abdelkader MERAH aurait donné des précisions qu’on n’aurait pas devinées,

c’est à dire ? Il fallait identifier le sens de ses notes. Certaines phrases peuvent être interprété

facilement pour les policiers. En revanche pour certains gestes à ne pas faire car cela signalerait

l’appartenance à la mouvance islamiste, c’est écrit tel qu’il n’était pas possible de les deviner.

Quelques fois c’est écrit en langage sms ou langue arabe.

Au moment de l’interpellation d’Abdelkader MERAH, vous l’avez placé en GAV ainsi que

Zoulikha AZIRI, Yamina MERAH et Souad pas tout de suite mais pas Aicha et Abdelghani MERAH.

- Zoulikha AZIRI : Lieu de la connexion. - Témoignage des concessionnaires Yam qui mettent en exergue la fratrie Mohamed

Abdelkader MERAH. - Yamina car c’est la concubine d’Abdelkader.

On recherche les appartenances à la mouvance islamiste.

Abdelghani et Aicha sont les deux à s’être présentés auprès des policiers lors de l’assaut au

domicile de Mohamed MERAH ?

31

Aicha habite à proximité et reçoit un appel de sa sœur. Elle appelle également Abdelghani qui

a un soupçon sur ce qu’il se passe et le lien avec son frère.

Sur les perquisitions a -t-on retrouvé un document testament ?

Retrouvé dans les affaires d’Abdelkader MERAH, également des reconnaissances de dettes

entre les deux frères et une paire de talkie walkie, achetés à l’occasion de la souscription des

crédits à la consommation. Abdelkader MERAH dira que c’était pour s’amuser avec sa

concubine puis voudra les prêter à ses neveux. Des malfaiteurs, terroristes peuvent s’en servir

pour éviter les fréquences du téléphone portable, mais c’est également vendu au grand public

et utilisé par les sportifs.

Lorsqu’Abdelkader MERAH est placé en GAV est il au courant pour le scooter de son frère ?

Il répond que oui il était avec lui.

Il n’a pas été retrouvé de cagoule dans les affaires de Mohamed MERAH ?

Si, il y en a une dans un casque blanc Alstom. Cote D 6955 box 28/6.

Sur le taxiphone : il a bien été établi qu’il est utilisé par les deux frères de manière générale ?

Abdelkader MERAH est connu du taxiphone car il s’y rend avec sa femme sans savoir s’ils s’y

rendent de façon assidue.

S’agissant de l’école Hozar Atova :

p.41 de la négociation avec le RAID M. MERAH indique que ce matin il avait prévu de se rendre

chez les militaires, il y est allé. Il va affirmer que c’est un décret d’Allah ça n’a pas marché pour

les militaires, j’ai repris le scooter ce n’était pas prémédité, enfin si.

- Questions de la défense A votre connaissance, Mohamed MERAH en est-il à son premier Tmax ?

Il a déjà été propriétaire en revanche ce modèle ci de Tmax est sorti début janvier.

En a-t-il volé d’autres ?

Je ne sais pas.

S’il ne vous avait pas dit qu’il était là quand son frère a volé le scooter, comment l’auriez vous

su ?

On ne l’aurait pas su.

Pour un type qui lit des trucs pour ne pas se faire attraper, c’est étonnant.

Pourquoi avoir saisi le détaupeur ?

32

Selon les déclarations d’autres témoins ou la survenance de nouveaux éléments, on essaye de

saisir le plus d’éléments possibles dans le cadre du terrorisme.

Le détaupeur est utilisé pour tuer les taupes mais peut également servir pour les explosifs.

Lors de la perquisition, on a trouvé un nouveau testament, la bible, il lit beaucoup de choses.

Avez vous assisté aux GAV d’Abdelkader MERAH ? Non.

Abdelkader n’a pas dit avoir été maltraité mais avoir été provoqué et avoir répondu par la

provocation. A supposer que ce ne soit pas de la provocation, et qu’il soit réellement islamiste

et fier de ce que son frère a fait, il ne s’agit que d’apologie au terrorisme et pas complicité.

Concernant la date du testament : 26 octobre 2007. Pas d’incitation à des tueries.

Sur le match de football, que se sont-ils dit ? On ne peut pas le savoir.

Pourtant il écrit partout qu’il l’a incité à commettre des tueries donc complicité par instigation.

6/10/2017

TÉMOIGNAGES DES EXPERTS EN BALISTIQUE

MM. Serge MARTIN et Philippe REYNIER

1er fait : saisine pour l’homicide d’Imad IBN ZIATEN.

Examen du seul projectile retrouvé. Calibre 45 correspondant à une arme automatique de type

colt.

2èmes faits : examen des éléments cartouches et chargeurs repérés, assister aux autopsies et

faire le lien avec la 1ère affaire.

Scène de crime : récupération des 1ers projectiles afin de les comparer avec celui retrouvé près

d’Imad IBN ZIATEN. Usage d’une seule même arme.

Ce chargeur était une production italienne récente commercialisée.

Autres projectiles reliés à l’homicide de Toulouse. Etuis percutés de calibre 45 compatible avec

les projectiles retrouvés. Exclusion d’armes de type pistolet mitrailleur ou revolver.

3èmes faits : étuis percutés, projectiles de 2 type : 45 ACT reliés aux deux affaires précédentes

de même que certains étuis, et autres éléments relevant d’un calibre différent. Il s’agissait donc

d’une nouvelle arme.

3 zones géographiques distantes : 2 sur Toulouse et 1 sur Montauban.

Analyse de certains scellés sur d’autres zones. Une première arme a été récupéré par le RAID

lors du siège de Mohamed MERAH : arme de calibre 45 ACT compatible avec les éléments des

autres faits. Mais c’est une fabrication espagnole, avec un chargeur à capacité d’une cartouche

33

et incompatible avec celles retrouvées. Cette arme n’avait pas tiré les éléments saisir sur

l’ensemble des homicides.

2ème arme de type colt 45 saisie : il s’est avéré qu’elle n’était pas non plus celle utilisée lors des

faits.

Saisies dans un véhicule Mégane et Twingo : Mégane : ensemble d’armes retrouvées dont :

- Un fusil de chasse utilisé en mode automatique ou manuel (fusil à pompe), calibre 12, capacité de 7 cartouches, production italienne. Elle fonctionne normalement.

- Pistolet mitrailleur de production anglaise 2nde GM, fonctionne normalement. - Un pistolet mitrailleur de production israélienne modèle micro Uzi. Utilisable soit en

coup par coup soit en rafale. Il pouvait y avoir des dysfonctionnements dans cette arme. Lors des tirs, phénomène d’enrayage possible. Certains projectiles ont bien été tirés dans le canon de ce pistolet mitrailleur et les étuis percutés par celui-ci.

Clio :

- Un pistolet semi automatique de type colt 1920 : arme fonctionnant normalement. Permet de relayer cette arme aux éléments de tirs de Toulouse et Montauban. Arme modifiée par l’adjonction d’un bouchon à l’extrémité du canon. Il permet d’ajouter un modérateur de son, mais aucun n’a été trouvé.

Ouverture des scellés :

- Fusil de chasse de calibre 12. S’agissement des armes correspondant à celles ayant tiré, quelles étaient leur catégorie ? A l’époque c’était catégorie 1, leur détention est normalement interdite. A priori ça se trouve

facilement.

Traçabilité de l’arme ? On possède une base de données pour savoir si cette arme a été utilisée

en France et à l’époque elle n’était pas ressortie de la base. Traçabilité impossible.

- Pistolet mitrailleur de marque Sten Traçabilité ?

Beaucoup d’armes ont été parachutées en France à une période dans les marchés parallèles,

mais cette arme beaucoup moins maintenant.

A l’époque de leur production sur le marché parallèle une kalachnikov coutait 15 euros et

désormais 150 euros. C’est très fluctuant.

- Pistolet mitrailleur micro Uzi

34

L’Uzi est un modèle de base produit dans les années 50 et ensuite il a été décliné, en modèles

plus long puis de plus en plus petit et plus combattants (mini Uzi, micro Uzi). C’est la seule arme

dont le numéro de série a été altéré donc traçabilité impossible.

Pourquoi cette arme est susceptible de s’enrayer ?

Elle est en moyen état, et au moindre accro, il y a un enrayage.

On aperçoit au niveau de la masse percutante des traces légèrement noirâtres.

- Revolver de type colt

- Pistolet semi automatique Gama Max Arme jetée en échange des talkies walkies contre le RAID.

Arme d’origine espagnole.

- Pistolet semi automatique colt Arme trouvée dans la Clio et utilisée lors des 3 faits. Modifiée par un bouchon.

Pour chaque tir il faut une action manuelle sur la queue de détente. Etat relativement moyen,

fonctionnelle. A l’époque des faits et depuis la loi de 2012 catégorie 2B.

- Questions des parties civiles :

Faut il maitriser le maniement des armes pour ajouter le bouchon et peut on dater cet ajout ?

Le maniement est extrêmement facile. Aucun élément objectif pour savoir à quelle date cela

s’est fait.

- Questions de l’Avocat général :

Sur l’ensemble des armes deux seulement ont été utilisées pour les derniers faits et l’une

pour les deux premiers.

en effet.

Un même type de cartouche a été retrouvé et que vous avez expertisé dans le cadre d’un vol

armé dans la région de Toulouse.

Cartouche de calibre 45 dans les chargeurs d’une affaire de vol. mais se vend en plusieurs

milliers d’exemplaires. On ne peut les relier directement.

Y avait-t-il un skorpion parmi ces armes ?

35

Non. Pistolet mitrailleur calibre 1665 mm, produite pour les forces armées, petite taille,

chargeur court. Aucun élément balistique de ce type n’a été retrouvé. Petite crosse squelette.

Susceptible de tirer en rafale ou coup par coup. Elle demande un peu plus d’habitudes.

Quel peut être l’intérêt de pratiquer le paintball (pratiqué par Mohamed et Abdelkader

MERAH) ?

Jouer à la guerre sans l’effet des balles. Aspect stratégique comme intérêt objectif d’atteinte

de cibles en mouvement.

- Questions de la défense Avez vous eu l’impression en ayant reçu le micro Uzi, qu’il avait été restauré (nettoyé pour

effacer une oxydation permanente) ?

Lors de l’examen, il n’y avait pas de trace évidente de restauration. Des traces normales d’usage

ont été relevées à l’extérieur d’armes.

Sur un PV j’ai noté D9361-2 qui met sous le même scellé, même numéro, le pistolet de marque

Uzi et le pistolet mitrailleur de marque Sten. Les aviez vous reçues ainsi ?

Les deux armes étaient dans des scellés distincts à leur réception.

Fettah MALKI va déclarer sur la reconnaissance de l’arme 29 MAI 10H : je reconnais le cliché

n°3 c’est Uzi que Mohamed m’a montré avec une trace de rouille, et on fait référence au scellé

CMEGMO7 correspond au bien au micro Uzi reçu par les experts.

Nous recevons deux scellés, le 7 contenant l’Uzi et le 10 contenant l’Uzi.

Ensuite à Fettah MALKI le Juge d’instruction va lui présenter l’Uzi et il dira non. Celle que j’ai

remise présentait des traces de rouilles plus importantes.

En réalité on lui aura présenté 2 Uzi.

L’huissier montre à M. MALKI le pistolet mitrailleur USI.

Reconnaissez-vous cette arme ?

J’ai un doute que c’est mon arme. Parce que quand je l’ai vu la photo il m’a semblé qu’il y avait

des traces de rouilles donc j’ai pensé que c’était la mienne et en la voyant, la mienne en avait

plus que cela. Là je ne vois pas de trace de rouille. Je ne conteste pas avoir donné ce type d’arme

mais je ne peux pas être formel sur la couleur. Sur la photo je voyais des traces de rouille mais

lorsqu’on me la présente physiquement, il n’y en a pas.

Quel type d’arme avez vous remis ?

L’Uzi. J’ai un doute sur le chargeur mais je ne peux pas être formel non plus.

L’huissier présente le pistolet Gama à M. MALKI

36

Qu’est ce que ça vous dit ? vous aviez indiqué qu’il correspondait au pistolet que vous avez

vous à la ceinture de Mohamed MERAH.

Rien du tout. C’est une invention de ma part pour que l’on puisse croire à ma première version.

- Questions des parties civiles

Demande de lecture de la cote D 9361.

- Question de l’Avocat général : Avez vous visionné le film de la GoPro ? (Experts)

Non je ne l’ai pas visionné.

Il y a une scène où on voit Mohamed MERAH en se filmant roulant à vive allure et arrive à

charger le chargeur de son colt tout en conduisant. Cette manipulation est elle à la portée de

n’importe qui ?

Il n’est pas difficile en situation normale de changer un chargeur de colt 45, mais dans celles

décrites, c’est plus problématique.

Question à Fettah MALKI : Sur la confusion, avant d’arriver à la cote D8144, nous en sommes à

la 8ème version sur les armes. Qu’est ce que vous reconnaissez aujourd’hui avoir donné à

Mohamed MERAH ?

J’ai passé une arme simplement pour qu’il la nettoie. C’était le seul objectif. L’Uzi. Pour moi

c’était un mini Uzi mais les experts pensent le contraire, je ne suis pas connaisseur. Je pense

avoir peut-être donné des chargeurs également, j’ai un doute. Par contre pas de munitions j’en

suis persuadé.

Je n’ai jamais dit avoir vendu une arme contre de l’or.

Vous prétendez que ce n’est donc pas l’arme car elle ne présente pas de traces de rouilles mais

c’est justement pour le nettoyer que vous l’avez donné donc illogique.

Je ne connais pas le procédé pour nettoyer.

- Experts : En fonction des traces d’usage ou d’état d’oxydation, si celle ci n’est pas profonde il suffit

d’utiliser un abrasif pour nettoyer pour avoir l’aspect quasiment initial.

Question des parties civiles :

37

L’avocat fait remarquer que pour n’importe qui, se sont exactement les mêmes traces sur

l’arme et sur la photo de celle ci.

Cote D1849 montrée à la cour : blouson trouvé dans la Mégane

PV D819 descriptif de ce qui a été trouvé dans la Mégane située dans le box 35.

TÉMOIGNAGES

M. Xavier COMBET (Militaire)

J’ai témoigné à l’époque. À l’époque il s’agissait de choses jamais vécues. C’était une surprise.

Le sergent chef IBN ZIATEN, le jour où il a été assassiné, il devait rejoindre des amis. J’ai reçu

un premier coup de téléphone m’annonçant les faits, un de ses amis avait vu sa moto et des

ambulances. J’ai donc cru à un accident de moto. Deux autres appels m’ont appris que c’était

un assassinat.

Eléments d’informations sur son parcours ?

C’était un sous-officier arrivé en 2006. J’ai d’abord été son chef lorsqu’il est arrivé au régiment.

Nous avons servi environ 2 ans. Il avait beaucoup de facilités intellectuellement et

physiquement. Il a passé tous les examens avec un grand succès à les différents stages qu’il a

effectué. J’ai servi en mission avec lui, pas à l’extérieur. Sous officier méticuleux, très calme,

très présent. Qualités également dans le cadre des relations humaines. Il était discret

Il a participé à la mission épervier au Tchad.

Il s’interrogeait sur le fait de rester dans ce métier ou changé et cette mission l’a passionné

alors il s’est décidé à faire un parcours purement militaire disant que c’était fait pour lui. Il avait

l’amour de son métier.

Grand sportif, très performant et également très intelligent.

- Questions des parties civiles

Quelle était votre réaction en découvrant que ce n’était pas un accident de moto ?

On a su le soir que ce n’était pas un accident de moto. On a su qu’il était mort par balles. Grande

crédulité, sidération puis indignation car on ne voyait pas de raison à cette injuste violence. On

a essayé de se serrer les coudes en donnant le plus d’informations. Il y avait autant d’hypothèse

dans la salle que de personnes présentes lorsqu’on s’est réunis dans l’escadron et que j’ai

annoncé le décès.

Sachant que les militaires étaient visées, comment avez vous réagi ?

On était sur le qui vive car les missions devaient continuer donc il a fallu garder la tête la plus

froide possible. On a eu beaucoup de monde à employer car on est passé au plan Vigipirate et

on a poursuivi les autres missions.

38

Lorsqu’il est sous vos ordres vous parlez des raisons pour lesquelles il donnait sa vie pour la

France ?

Il en parlait peu car en la matière les choses allaient de soi en raison de notre spécialité, nous

étions tous passionnés. Il en ressortait de nous tous. Il était donc pleinement dans l’esprit de

ce régiment, la fidélité à la patrie, son service inconditionnel et une technicité particulière. Nous

créons un esprit de corps basée sur une excellente technique remise en question sans arrêt.

Qualités humaines : en 2011 mission d’évacuation en Côte d’Ivoire, elle a été exemplaire pour

lui

Il y a eu des troubles importants en Afrique. Il n’est pas parti sur un déploiement planifié de

longue date mais un court préavis. Réactivité pour constituer encadrer et s’occuper sur place

de son équipe. Sur les missions qu’il a effectué le retour le concernant est l’endurance. Il a

diffusé une sérénité malgré les évènements et une fatigue extrême.

Certitudes sur les circonstances du décès. Plan Vigipirate mis en place. Vous a-t-on interdit de

porter l’uniforme en dehors de l’enceinte militaire ?

Oui alors que c’est contraire à notre habitude. Il y a eu diverses réactions, globalement plutôt

bien accepté car notre vocation est de combattre et si on doit circuler en tenue mais sans avoir

d’arme, il vaut mieux rester discret.

- Questions de l’Avocat général :

Imad IBN ZIATEN avait donc terminé sa mission au Tchad et était rentré en avril 2012. Assassiné

hors mission et tenue militaire mais logeait à la caserne. Votre régiment de parachutistes

étaient ils associés au moment des faits à des missions dans des régions du moyen orient ? Oui,

le régiment est engagé partout où se trouve des forces françaises : Pakistan mais I. IBN ZIATEN

n’y était pas. L’une des missions est le transit aérien. Donc partout où se trouve des avions on

nous y trouvait.

Pratiquait-il une religion ? Il était de culture musulmane mais s’il pratiquait la religion, pas à ma

connaissance.

M. Malik JOURDAN (militaire)

J’étais chef de section des victimes du 15 mars. Section d’aide au déploiement.

M. LIBER infrastructure opérationnelle

M. CHENNOUF maçonnerie, connaissances en électricité

M. LEGOUAD auxiliaire d’infrastructure.

39

Il y avait à l’époque la réalisation d’une infrastructure en zone technique pour accueillie le

personnel supplémentaire et le matériel également.

Ce local était à l’extérieur du régiment. C’est en y allant qu’ils ont été assassinés. Le seul trajet

était de passer devant le fameux guichet automatique. Tous les jours ils empruntaient ce trajet.

C’était normal pour les militaires. Vers 13H30 ils s’y rendaient.

Sur les personnalités :

D’un point de vue professionnel, ils étaient très performants. Abel CHENNOUF avait été en

mission au Sénégal avec lui pour réaliser des travaux importants et remarquables, il l’admirait

car il ne s’arrêtait pas de bosser. M. LEGOUAD, c’était un jeune qui le suivait partout, il adorait

voir les avions atterrir et j’ai cette qualification là. Loïc LIBER travaillait très bien. Ils y allaient

ensemble car tous les trois étaient sérieux.

L’épouse d’Abdel CHENNOUF attendait un enfant à ce moment. Aujourd’hui je connais la petite

amie de Loïc LIBER.

- Questions des parties civiles

Le régiment a été déployé en Afghanistan mais il l’a été un peu partout. Il a été déployé sur des

théâtres à risques plusieurs fois avant les faits.

Interdiction de porter des uniformes en dehors de l’enceinte du régiment, réaction ?

On n’a pas eu de soucis à ce sujet, il en va de notre sécurité et de celle de notre famille de façon

à être moins sujet aux attaques.

Devaient ils être armés pour se rendre au local technique ?

Les militaires n’étaient pas armés, il n’y avait pas d’utilité ou nécessité.

Sur les qualités et engagement militaire en tant qu’auxiliaire d’infrastructure ?

Il avait un savoir faire, il connaissait les 7 corps de métier du bâtiment (maçonnerie,

charpentier, métallier etc.).

M. CHENNOUF était assidu et toujours volontaire ?

Le grand souvenir que j’ai c’est au Sénégal, on devait construire un bâtiment imposant en 4

mois avec 15 personnel 300m2. Nous y sommes arrivés grâce à des personnels comme lui car

il ne s’arrêtait pas, il n’attendait pas les ordres il y allait de lui même. Il prenait des temps de

pause et un jour, une petite fille a perdu son ballon en direction de la mer, pour éviter qu’elle

se noie il a sauté dans l’eau, s’est fait mal pour le récupérer.

Il allait être père est ce qu’il en parlait ?

Non je n’étais pas au courant à ce moment là.

40

- Question de l’Avocat général

Sur la tenue de votre unité description ?

Plusieurs tenues : sport, travail, gros travaux.

- Sport : T-shirt/sport - Treillis militaire - Gros travaux : combinaison bleu habituelle

Le jour des faits ils portaient la tenue militaire et allaient se changer.

Mme Sabrina ZEMIRNI (militaire)

Meilleur ami Mohamed LEGOUAD. On a grandi ensemble dès notre plus jeune âge.

Inséparables comme frères et sœurs. En grandissant il a formé un groupe d’amis très soudé, il

était le pilier.

Il avait le cœur sur la main peu importe la situation. Grande maturité. La famille était

fondamentale. Après le décès de ma mère il est resté avec moi rompre le jeûne pour que je ne

sois pas seule.

Grande discrétion. Intègre charismatique humble respectueux sensible.

M. Amaury de HAUTECLOCQUE (directeur du RAID au moment des faits)

Sur l’intervention du 21 mars 2012.

Journée du 19 : pas d’actes d’enquête précis, si ce n’est d’essayer de rechercher si ce n’était

pas le statut plutôt que la religion/couleur de peu qui était visée. D’où les recherches de mots-

clés s’agissant des connexions. 9 adresses internet protocole retrouvées pour la moto. Lien

avec Zoulikha AZIRI.

Le 20 aux alentours de 19H : piste de Mohamed et Abdelkader MERAH suite à l’enquête de

voisinage et du magasin où le scooter Yamaha a été volé. Sur présentation photographique, le

concessionnaire va reconnaître les frères qui étaient venus se renseigner sur la géolocalisation

tracker.

Le 21 mars, ils se présentent à proximité du domicile de Mohamed MERAH et se rendent

immédiatement au domicile d’Abdelkader pour procéder à son arrestation.

Les équipes ne devaient pas prendre le risque d’être repérées lors de sa surveillance, car il y

avait trop de risques. Intervention domiciliaire donc reportée. A sa demande la DCPJ avait

renforcé le filage par un filage plus large. Domiciliation en rez-de-chaussée donc il pouvait

s’enfuir facilement. Sensibilité de l’objectif.

41

Ils entrent pensant la cible endormie et progressent, jusqu’à ouvrir les portes par un système.

À ce moment, une main tire à plusieurs reprises sur eux. Situation de surprise donc se mettent

en protection et s’assurent d’empêcher sa sortie.

La cible revendique immédiatement l’ensemble des actes commis : « vous avez vu ce que j’ai

fait aux militaires et à l’école juive ».

Plusieurs dizaines de coups de feu sont tirés en leur direction. Il tirait dans la direction de sa

porte alors qu’ils ont tous reçus des éclats de projectiles (un policier blessé) difficulté de

sécurisé la zone.

Il est dans la revendication, volonté de confrontation « je vous attends ».

Deuxième blessé qui ne peut pas les rejoindre car toujours sous le feu de Mohamed MERAH.

Donc avant de pouvoir s’installer face au changement de rythmes, deux policiers sont déjà

blessés. Le but étant d’interpelé Mohamed MERAH vivant, et donc de viser largement au dessus

de la cible en cas de riposte nécessaire.

6h du matin, réquisition de l’appartement n°1 au RDC.

Tentative de négociation afin d’instaurer une relation de confiance et l’interpeler vivant.

Mohamed MERAH demande un téléphone portable, ce qui lui est refusé de peur qu’il contacte

des membres du réseau. On lui transmet donc un talkie walkie. Il balance en échange une arme.

Il va discuter de ses voyages, ses techniques d’approches des membres d’Al Qaeda. Il discutera

de ses cibles avec les talibans. On lui proposera de rentrer en France avec sa formation pour

qu’il tue un maximum de cibles. Il montre une envie de laisser une image de personne

respectable, il emprunte des phrases construites montrant que c’est quelqu’un de réfléchi, de

religieux.

Renforcement du dispositif, du positionnement du siège.

A l’heure prévue où il devait se rendre, il répond qu’il ne souhaite pas se rendre, il veut mourir

en martyr et est fier de ce qu’il a fait. Il affirme avoir négocié afin de se reposer et mettre en

place un dispositif de combat. Il coupe sa radio. Nouveau point avec les autorités

administratives judiciaires qui autorise la seule intervention possible : l’assaut.

Le but était de pouvoir reprendre place devant sa porte d’entrée, le localiser à 10h30.

Dès l’ouverture de la porte, ils tombent sur des meubles mis en pace en vue de ralentir leur

avancer. Barricade. Mohamed MERAH n’est pas dans le champ visuel.

Il sort et prend à partie l’équipe devant la porte. Il se dirige alors vers la zone du balcon où il est

encore repoussé par l’équipe de protection. Va et viens ainsi pendant 1 à 2 minutes. A ce

moment, il se dirige de plus en plus vers les fenêtres. Il passe sa main au dessus de la fenêtre

du salon et tir au hasard sur les opérateurs qui se trouvent en bas.

Les snipers effectuent un tir létal en dernier recours.

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Président : S’agissant de l’intervention du RAID : vous avez face à vous une personne

extrêmement déterminée ce qui se manifeste par des tirs dans votre direction.

Lecture des auditions d’agents du RAID.

Durant les négociations, il donnera au fur et à mesure des éléments. On va comprendre qu’il a

une Renault Mégane garé dans le box où sera retrouvée une des armes et également la

fameuse Clio.

- Questions des parties civiles :

Zones d’ombres dans le dossier, regrets. Vous avez indiqué que lors de cette intervention

planifiée à l’inverse d’un assaut, Mohamed MERAH avait demandé un portable. Auriez vous le

souvenir de l’objet de cette demande, afin de prendre attache avec telle ou telle personne ?

Il n’a jamais indiqué l’usage qu’il souhaitait en faire. Le rayonnement de ses actions avait été

fait car il avait pu transmettre sa vidéo à la presse.

Les conditions de cette intervention ont été sujet à polémique. Certains ont avancé qu’il n’y

avait aucune urgence à intervenir ou que d’autres modes auraient pu ou dus être utilisés.

Existe-t-il dans votre arsenal aujourd’hui ces fameuses grenades paralysantes qui auraient pu

juste être projetées et créer sa paralysée, nonobstant qu’il y avait 20cm d’eau dans

l’appartement.

Elles n’existent pas. Mais on a donné pour instruction à ce que des grenades offensives soient

envoyées et par nature elles sont incapacitantes. Ça a sonné tout le monde, mais ça ne l’a pas

empêché de garder cette volonté d’assaut de sa part. c’est lui qui est monté à l’assaut. Il voulait

mourir face à la police. J’ai réfléchi pendant des heures à d’autres moyens de l’arrêter. On a

accumulé les contraintes. J’ai fait venir des techniciens de construction, on aurait fait effondrer

l’immeuble en perçant les murs pour entrer, ou passant pas le dessous.

Gaz neutralisant, je ne vois pas ce que c’est et je n’ai pas ce type de moyens à ma disposition.

Il m’a semblé que vous indiquez que vous saviez qu’il portant un gilet pare-balles.

Il nous l’a indiqué, comme des explosifs, etc. rien n’était certain ou vrai.

Le fait que le forcené ait pu être prétendument équipé d’un gilet pare balles, est ce que ça a

freiné vos opérations et empêché d’utiliser des balles de caoutchouc et donc l’interpeler

vivant ?

Pas du tout car dans les deux colonnes d’assauts il y avait des gaz lacrymogènes et des fusils à

pompes avec ce type de balles. On n’a pas eu le temps car de lui même il est sorti de la salle de

bain s’est échappé de la salle de confinement donc les gaz étaient inopérants. L’inertie même

de l’événement nous interdisait de retenir cette première disposition envisagée.

Puis je rassuré les familles sur e fait qu’il n’y a pas eu de pressions politiques sous forme

d’assistance en activant le processus dans le cadre d’un contexte électoral ?

43

Non la seule instruction étant de l’interpeler vivant. Le chef d’intervention reste maître de la

façon dont ça se fait. C’est moi qui était bloqué et n’avait pas d’autre solution.

Je n’ai pas été limogé. Pas de cause à effet.

Y avait-il finalement une urgence ou on n’aurait pas pu attendre le feu vert, le laisser se fatiguer

etc. ?

S’il avait continué à échanger avec nous, possibilité même infime d’aboutir à ce qu’il se rende,

j’aurai continué de chercher les moyens de faire descendre la pression et le faire se rendre.

Jusqu’au bout j’ai donné sa chance à une telle résolution. A un moment donné il a rompu le

contact de lui même donc on a dû se résoudre à cette intervention.

Sur le fait que Mohamed MERAH sorte librement de sa résidence malgré la surveillance pouvez

vous répondre là dessus ?

Je suis le premier navré de cela mais lorsque j’arrive à Toulouse le 19 en soirée jusqu’au 20

mars et que j’ai connaissance du témoignage du concessionnaire. Rien n’avait été mis en place

je n’ai pas eu d’information particulière. Donc fallait il continuer à travailler comme d’habitude

et réagir en urgence. Si j’avais su qu’il était rentré quelques minutes avant, je n’aurais pas mis

ce dispositif d’urgence.

Si vous aviez eu plus tôt des informations, les options n’auraient pas été les mêmes ? bien sûr.

Reprises des déclarations 19mars au soir : un fonctionnaire de police affirme avoir été sur une

piste d’un déséquilibré ou d’un terroriste extrême droite mais on n’a pas envisagé l’islamisme

radical ?

Si car on m’apprend qu’une recherche a été faite sur les mots clés liés à la moto d’Imad IBN

ZIATEN.

C’est donc une intuition géniale qui a permis de savoir que c’était MERAH, un bon enquêteur ?

C’est quelqu’un qui n’est pas toulousain qui a l’idée de croiser les pistes de connexions.

Or il y a un enquêteur régional qui a eu la même intuition que lui.

Pourquoi ne pas avoir indiqué qu’il y avait une autre entrée côté parking ?

Nous ne l’avions pas. Si les policiers l’avaient eu j’en aurai été informé.

Pourquoi ce dispositif n’a pas été renforcé ? Il y a eu un second bouclage plus large.

A quelle heure avez-vous fait l’enregistrement des échanges entre le RAID et M. MERAH ?

Aux alentours de 7h du matin.

Sur la crédibilité des parles de M. MERAH ? l’objectif n°1 était de l’interpeler vivant et vous avez

essayé de le raisonner, lui affirmer qu’il passerait en justice et pourrait expliquer ses actes.

Avez-vous cherché à comprendre les mécanismes d’intervention de M. MERAH dans la

recherche de ses cibles et les complicités éventuelles ? Non pas particulièrement si ce n’est que

44

la question du rôle de son frère a été posée, qu’il a évacué. Question de ses voyages pour avoir

les moyens de commettre ses actions. On était dans une négociation et non une audition.

Obsession permanente de savoir quelles informations nous avions à notre connaissance.

Curiosité le poussant à poser inlassablement la même question. Il a revendiqué tout ce qui le

mettait en cause personnellement mais s’agissant des éléments d’investigation, contacts etc.,

il rentrait dans des propos évasifs pour ne pas répondre. S’agissant de faire basculer la

responsabilité sur quelqu’un d’autre il ne répondait pas. Etait il en protection vis –à-vis de sa

famille ? je ne dirai pas cela. Il ne voulait pas reporter la responsabilité sur autrui.

- Questions de l’Avocat général Est ce que vous aviez l’habitude d’avoir à traiter des négociations aussi longues avec autant de

blessés et est-ce une habitude d’enregistrer ce type de négociation entre 2007 et 2013 ?

Non jamais, ni autant de décès. J’ai demandé la retenue jusqu’à la limite maximum ce que nous

n’aurions pas fait dans un autre cas.

Ce n’est pas une habitude d’enregistrer sauf exception.

Y-a-t-il un avant et après attentat de Toulouse dans la façon de mener ces opérations dans le

cadre du terrorisme ?

Oui. On a changé les dispositifs et les matériels pour ce type d’opérations.

- Questions de la défense Il était important de préserver l’intégralité physique de Mohamed MERAH et le présenter vivant

devant les autorités de police et de justice. Les témoins ont pu confirmer cela. Quoi que vous

ayez pu faire pour cela, cet homme avait décidé de mourir quoi qu’il arrive ?

Oui dès le début des échanges, même avant l’enregistrement et que rien n’est organisé, il dit

qu’il veut mourir les armes à la main. S’il n’avait pas été pris il serait allé crescendo dans ses

actes voir rentrer dans un commissariat de police avec une voiture et prier pour que quelqu’un

le tue.

Etonnant qu’il cherche à savoir comment vous êtes remontés jusque lui ? sentiment de

compétition avec les autorités ? croyait il être le plus fort et qu’on n’arriverait jamais à lui ?

Sentiment de toute puissance depuis le début. Sa foi l’incitait à se sentir protéger par dieu il

était curieux de l’erreur qui l’a confondu. Il cherchait à comprendre le moment où il avait

commis cette erreur. A force de raconter, et négocier, il a un doute sur le fait que l’identification

a pu se faire avec le concessionnaire.

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Vous avez indiqué que jusqu’au bout vous lui avez donner sa chance à sa reddition il fallait le

faire, vous ne regrettez rien ?

Je ne regrette rien bien sûr, j’ai passé 30 heures et j’en aurai passé 50 et plus si cela avait pu

changer la fin. Mais dès lors qu’il a décidé de mourir, et j’ai échangé avec beaucoup d’identité,

lorsque la personne a décidé de mourir il est impossible de la faire changer d’avis.

Quand Mohamed MERAH quitte son appartement, il revient quelques heures après. Avez vous

le sentiment qu’il se doutait qu’il était surveillé ? Pas du tout, Il était extrêmement surpris de

son identification si rapide.

C’est pourtant à ce moment qu’il discute avec ses amis aux Izards et se fait connaître par

l’envoie de la clé, il donne des signes, il sait que c’est fini. Ne s’est-il pas douté de quelque

chose.

Non il ne s’en doutait pas il était en cous de repérage d’une victime supplémentaire. Il avait mis

du temps a planifié son montage qui était prêt donc il l’a envoyé mais il cherchait encore des

cibles il était en action. Il revenait d’ailleurs pour changer d’adresse. Notre venue n’était

pas prévue de sa part.

Un témoin aurait évoqué la présence de 2 personnes lors de la question des trackers. Or aucun

témoin n’a parlé de 2 personnes. On parle toujours d’un seul homme. Qu’avait dit Mohamed

MERAH au sujet des tracker ? C’est lui qui nous l’évoque en disant s’être renseigné sur le moyen

de l’enlever, sans savoir à quel moment il le fait.

A-t-il parlé de son projet avec quelqu’un ? Il ne mentionne pas de complicité.

Il a donné des informations qui auraient pu mettre en danger d’éventuels complices ?

C’était une sorte de fierté chez lui de donner des informations sur ce qu’il a fait sans qu’il n’ait

été pris.

A la toute fin de l’opération, Mohamed MERAH exprime une dernière volonté, de parler à sa

famille. A qui souhaite-t-il parler ? D’abord à sa famille et il dit au moins à sa mère. Ce qui lui a

été refusé pour ne pas prendre de risque.

- Avocat général

On sait qu’il a déclaré des choses fausses, sur le vol du scooter notamment, le fait qu’il ait été

seul dans la voiture alors qu’il était avec Abdelkader MERAH. Donc lorsqu’il affirme avoir été

seul pour le tracker, cela peut être également faux.

09/10/2017

46

TÉMOIGNAGES

Témoin sous X : fonctionnaire de police.

Chef du groupe chargé de l’enquête sur les tueries

Investigations ayant pour but de préciser le parcours de Mohamed MERAH et étudier son

comportement.

Seul à établir sur la détente, au travers de son parcours perso, rôle de son frère Abdelkader

MERAH et sa présence au moment clé du vol du TMAX.

Parcours de Mohamed MERAH

Il s’était radicalisé suivant le parcours de son frère avant lui.

Rappel de l’enfance de Mohamed MERAH. Environnement familial violent notamment de la

part d’Abdelkader MERAH.

Au cours de sa détention il entretien des correspondances avec 2 proches de son frère : Fabien

CLAIN et Sabri ESSID. Pendant la phase de négociation, il a évoqué cette période, revendiquant

sa conversion à l’islam en février 2008. Il portait le kamis, barbe, cheveux longs. La religion

tenait de plus en plus de place dans vie, ce qui ressortait des courriers qu’il échangeait avec

Abdelkader MERAH. Perquisition du domicile d’Abdelkader MERAH : saisine de courriers

rédigés par Mohamed MERAH en 2009.

Chaque courrier commençait par des louanges à Allah, faisait référence à des propos religieux.

Intérêt particulier pour la vie de Youssouf, prenant plus tard son surnom. Abdelkader MERAH

reconnaissait pleinement visiter son frère et faire parvenir des livres et CD sur la religion.

Dans un courrier, Mohamed MERAH fait part de son sentiment d’injustice pour sa

condamnation, affirmant que cette injustice lui serait bénéfique. « Je sais très précisément ce

que je vais faire en sortant ». Libération le 12 septembre 2009.

Pendant la négociation, il évoquait ses voyages dans le but de trouver des moudjahidines, des

frères, se faisant passer pour un touriste par la ruse.

L’exploitation des infirmations permettait d’établir qu’Abdelkader MERAH s’était rendu en

2006 (peu après sa conversion et sa rencontre avec Sabri ESSID) en Egypte et Mohamed MERAH

y avait été présent quelques jours.

Après son incarcération, Mohamed MERAH repart en voyage au Moyen Orient à la recherche

de combattants d’Al Qaeda. Il termine son périple par l’Egypte, son frère Abdelkader MERAH

s’y trouvant.

Alors que Mohamed MERAH était très précis sur ses voyages, il ne parle pas de sa rencontre

avec Abdelkader MERAH.

Concernant le voyage en Afghanistan, Abdelkader MERAH affirmait en avoir été informé par

son frère.

47

Il était donc au courant de ce voyage même plus encore du fait qu’il cherchait des

Moudjahidines. Aucun doute pour Abdelkader MERAH sur ce point.

Alors que les frères lui proposaient une action au Pakistan, Mohamed MERAH a préféré rentrer

en France pour mettre en application son apprentissage.

Abdelkader MERAH prétendait n’avoir appris que quelques temps après son retour avoir su

cela, car il avait été fâché avec son frère pendant des mois.

Au cours de son voyage inconnu d’Abdelkader MERAH selon lui, Mohamed MERAH avait

entretenu des contacts avec sa mère qui s’inquiétait énormément. Elle connaissait

parfaitement sa réelle destination.

Tentative de contacter son frère Abdelkader MERAH également. Sur ce point, Abdelkader

MERAH expliquait qu’il n’avait jamais vraiment réussi à communiquer donc il ne savait pas ce

dont il s’agissait et n’avait pas cherché plus loin.

Une fois rentré en France, il entrait dans la phase de préparation des actes. Il se marie le 15

décembre 2011 par Olivier COREL. À ce moment les deux frères étaient en brouille suite à

l’organisation du mariage de leur mère. Pourtant, deux jours avant la célébration du mariage

Mohamed MERAH, Abdelkader MERAH l’avait retrouvé au domicile d’Olivier COREL pour

organiser la célébration du mariage. Utilisation de la ruse pour tromper les services de police

ou de renseignement en application des enseignements djihadistes. Adaptation de son

comportement et habillement. Notes retrouvées au domicile d’Abdelkader MERAH.

Une des notes précisant « de faire simulation », signifiait qu’il fallait présenter une image

convenable aux gens concernant notamment sa tenue vestimentaire. Ce qu’ils appliquaient.

Une seconde note indiquait qu’en certaines circonstances, le téléphone était interdit. Or

absence totale de communication entre les deux à une période. Mohamed MERAH possédait

cependant 2 lignes, chacune était destinée à un usage propre (location de box etc.). Pour

Abdelkader MERAH : utilisation faible de téléphone, il préférait se rendre directement chez les

gens s’il avait besoin de leur parler.

Il se montrait très prudent dans l’utilisation d’internet, ne disposant pas de connexion à leur

domicile. Ils se rendaient dans les cybers.

Mohamed MERAH ne possédait que des livres de religion à son domicile. Yamina MESBAH avait

acquis auprès de la Fnac des livres relatifs au renseignement américain, russe etc. compatibilité

avec les instructions données.

Le cheikh recommandait aussi de diversifier ses modes de déplacement (bus, métro, aller à

pied). Conformément à ces instructions, en décembre 2011, Mohamed MERAH avait loué 7

véhicules différents. Utilisation d’un scooter lors des 1ers faits. Non utilisé entre les meurtres

et redéposé dans un des boxes.

Sur le vol du scooter TMAX utilisé lors des assassinats :

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Lors des négociations il indiquait la présence du scooter dans un de ses boxes lequel a été

retrouvé lors de sa perquisition. Abdelkader MERAH a été questionné pour savoir si son frère

possédait un scooter TMAX, il a fini par admis avoir participé à son vol. il était au volant d’une

voiture et son frère à l’arrière. Achat également d’un blouson en son nom pour Mohamed

MERAH retrouvé lors de la perquisition.

Mohamed MERAH se rendait au magasin yam31 cherchant des informations sur le tracker du

scooter. À ce moment là Abdelkader MERAH effectuait un devis pour la réparation de son

propre scooter. Mohamed MERAH achetait en même temps une cagoule, qui sera retrouvée

dans le casque de scooter lors de la perquisition du box.

Renseignement sur le tracker antérieurement au vol et en la présence d’Abdelkader MERAH.

Au cours des négociations, Mohamed MERAH a raconté une histoire similaire à celle de son

frère, sauf sur le fait qu’il refusait de l’impliquer dans le cadre du vol, souhaitant le protéger.

(Président) Sur la première partie : comment se manifestaient ses relations avec Abdelkader

MERAH lors de son incarcération ?

Mohamed MERAH le sollicite pour lui fournir des livres et CD sur la religion, il est totalement

impliqué dans la religion. Il demande de lui procurer des ouvrages sur Youssouf le prophète

notamment.

Était-il le seul à lui transmettre ces documents ?

Ça ne ressort pas des courriers. Il a pu obtenir des éléments par le biais d’autres personnes car

dans un courrier il fait état d’un coffret de 51 CDs qu’il cherche à obtenir. Il demande à son

frère de les lui payer (chers) et on comprend qu’il ne peut pas et se les ferait parvenir par une

autre personne mais les courriers ne font pas état de cette personne.

Sur le déclenchement de sa conversion, il affirme s’être converti le 12 février 2008.

S’agissant des courriers, saisis lors de la perquisition au domicile d’Abdelkader MERAH (D2813).

Il y a de nombreuses formules liées à la religion, citation de sourates, versets.

Brouille entre les deux frères dans le cadre de l’organisation du mariage de leur mère avec M.

ESSID à la suite de laquelle il ne revoyait son frère que 3 semaines avant les faits de tueries.

Tentative de contact via Souad MERAH et son époux religieux. Difficulté d’échanges via internet

entre les deux frères.

Abdelkader MERAH aurait vu Mohamed MERAH par l’intermédiaire d’Olivier COREL ?

Il serait celui qui a célébré le mariage de Mohamed MERAH. Pour s’assurer de sa présence, les

deux frères se sont rendus chez lui. Consultation d’Olivier COREL uniquement sur l’organisation

du mariage. Il prétend ne pas se considérer comme une référence. Si Abdelkader MERAH avait

été au courant des projets de son frère, selon lui il l’en aurait empêché.

Sur le vol du 6 mars 2012 : Abdelkader MERAH a une moto Yamaha qu’il a prêté le 3 mars à

Mohamed MESKINE ? Oui, avec laquelle il a un accident.

Pourquoi un devis ?

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Au cours de la perquisition, découverte d’une facture du magasin Yam31 au nom d’Abdelkader

MERAH, qui parle de devis fait pour les réparations de sa moto.

Yamina MESBAH expliquait que le jeune à qui il l’avait prêté l’avait rayée et s’était rendu avec

Abdelkader MERAH pour le devis.

Pourquoi le 6 mars ?

La moto a été prêtée le 3 mars, accident du 4 au 5 mars et le lundi le magasin est fermé.

Où est Mohamed MERAH à ce moment ?

14H05 et 14H07, Mohamed MERAH est localisé à son domicile. Il passe un appel à la banque

postale. Puis en reçoit un de leur part jusqu’à 14H09. L’appel déclenche une borne à son

domicile. Il s’agirait de la borne couvrant la zone de son domicile.

Sur l’achat du blouson ?

Abdelkader MERAH dit l’avoir acheté sans comprendre pourquoi la facture est à son nom.

Vol à 16H40 environ ? achat du blouson à 18H04 sur la facture. Achat de la cagoule est effectué

avant l’achat du blouson mais pas d’heure précise sur la facture.

- Questions des parties civiles

Perquisition chez un certain Monsieur DJEBALI ? Peut-on en déduire qu’il est connu de la

mouvance radicale salafiste de Toulouse ? oui.

Est-il également un proche d’Abdelkader MERAH ? Oui.

Est ce bien cet individu dont on a craint la participation aux faits de Mohamed MERAH ? je

connais les liens mais n’ai pas effectué les recherches dont vous parler donc ne sais pas s’il

finance la GoPro de Mohamed MERAH.

Scellé concernant les données effacées : eu égard à vos fonctions, face à des données de ce

type, djihadiste, effacées concernant Abdelkader MERAH, quelle indication cela vous donne ?

comme beaucoup on pense à une volonté de dissimulation des éléments.

Ce n’est pas une documentation anodine et on peut en faire le lien avec le djihad au regard des

instructions.

Concernant le 6 mars, vol du scooter, pouvez vous confirmer que Mohamed, Abdelkader

MERAH et un 3ème individu se rendent effectuer un devis, et se renseigner sur le tracker ? oui.

Le trio repart vers les Izards et un trio vol ensuite le scooter ? oui.

Le scooter est localisé à Aucamville et vers 18H04, achat du blouson le même jour ? A cette

heure le ticket de caisse est édité.

50

Vous avez relaté des éléments de négociations, expliquant qu’il y avait une volonté nette de

dissimulation, et de ne pas se faire prendre. Lorsque dans la retranscription (p67) les agents

souhaitent savoir si d’autres personnes l’ont aidé, que répond-il et comment l’analysez-vous ?

« Je dirai tout ce qu’ils veulent savoir à condition que ça ne nuise à aucun musulman ». Je ne

me souvenais pas de ce passage. Dans la mesure où il a volontairement déclaré être seul dans

la journée du 6 mars et n’a pas évité ses voyages avec Abdelkader MERAH en 2006 et 2010, on

peut déduire qu’il cherche à l’épargner.

Notes de l’IPod d’Abdelkader MERAH, en particulier la 3ème : cote D1940 faire simulation,

combinaison, pas d’appel dans périmètre et hôtel. Donc interdiction du téléphone. Les

recommandations ont pu but de ne pas téléphoner pour ne pas se faire remarquer.

- Questions de l’Avocat général

Vous souvenez vous s’il y avait d’autres courriers adressés à d’autres personnes détenues de

ce type chez Abdelkader MERAH ? Ne s’en souvient plus.

18 février 2008 : date précise de sa radicalisation.

Découverte chez Abdelkader MERAH concernant les signes d’Allah ? ne s’en souvient pas. Cote

D5328/6 : vidéos créationnistes contredisant les preuves scientifiques pour convertir.

Sur les recommandations du Cheikh - identification ? je ne me souviens plus de son nom mais

il me semble que cela vient de la fabrique du terrorisme en 35 leçons, 17 fichiers téléchargés

par Abdelkader MERAH D6391. Ils ont été nommés comportement grand mère, ami etc. ne

portant pas le nom réel. Renommés lors du téléchargement.

Sur les vidéos montrant des séances d’exorcisme, retrouvées lors de la perquisition, elles ont

bien été effectuées par Abdelkader MERAH ? Oui.

D9287 Audition d’Olivier COREL : il a bien été contacté pour la préparation de Mohamed

MERAH ? Oui. Il indique avoir connu Mohamed MERAH par son frère, et connaît bien la famille

donc invité au mariage.

Sur le principe de la préparation du mariage par Olivier COREL via Abdelkader MERAH, c’est

certain ? sur le principe c’est reconnu, mais sur la date, pas certain (2 jours avant).

Sur la chronologie du 6 mars 2012 : établie par la téléphonie, les factures, le vol du TMAX et les

témoins. Etablissement avec certitude l’heure du vol 16H40/45. L’achat du blouson également

18H04. L’achat de la cagoule se fait au même moment que le renseignement sur le tracker et

le devis.

11 mars 2012 premier assassinat : utilisation du TMAX volé confirmé, et utilisation du tracker

neutralisé également ? oui.

- Questions de la défense

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Qu’avez vous fait personnellement dans ce dossier ?

Chef du groupe chargé de l’enquête en janvier 2013. J’ai participé aux GAV à partir de janvier

2013.

Vous avez participé à la reconstitution des policiers, vous en connaissant la teneure ? non je n’y

ai pas participé, oui je l’ai lu.

Il y a un certain nombre de contre-vérité.

Vous évoquez les lettres entre Mohamed MERAH et Abdelkader MERAH. Période de prévention

pour les faits de complicité ? or pour les courriers on est avant la prévention.

Sur les échanges de mails, Abdelkader MERAH n’a rien répondu si ce n’est « qu’est ce que tu

veux » selon ses déclarations.

S’agissant de COREL : il me semble qu’Abdelkader MERAH est venu avec lui chez moi en

décembre, 2 jours avant son mariage. Savez-vous si Abdelkader MERAH était invité au mariage

et y a participé ? il ressort qu’il ne souhaitait pas sa présence car il ne s’entendait pas avec lui.

Qui raccompagne COREL après le mariage ? Mohamed et Abdelghani MERAH.

Sur le scooter : vol le 6 mars. Mohamed MERAH avait il déjà volé des scooters avant ? oui. N-a-

t-il pas essayé d’en acheter un autre le 8 mars après le vol ? je l’ignore.

Il le fait. Et le 9 il retire le tracker. Sûrement vers le 9.

Qu’est ce que vous avez comme preuve qu’Abdelkader MERAH savait ce que son frère allait

faire ? nous avons établi qu’il connaissait parfaitement le projet de son frère, au regard de ses

auditions, à savoir qu’il se rendait en zone de combat et souhaitait lever l’étendard, qu’il lui

avait même proposé de le faire. Par la suite, il sera présent lors du vol du TMAX ayant été utilisé

pour le meurtre et il avait la certitude lors des faits que cela avait été fait par un musulman.

Quels éléments pour le choix conjoint des cibles ? j’appartiens à un service spécialisé, j’effectue

des actes soumis à un magistrat.

Vous souvenez vous des 4 détenus interrogés à la procédure ? pas de souvenirs précis de leurs

déclarations, mais n’indiquaient pas de référent religieux en parlant.

Sur l’OMA : préméditation dans le choix des cibles ?...

Chronologie du 6 mars : 1er déplacement d’Abdelkader MERAH et Mohamed MESKINE à Yam31

aux alentours de 15H où il faut établir un devis.

Ensuite Mohamed MERAH, Abdelkader MERAH aux abords du garage lors du vol et un 3ème

homme 16H40 à l’ouest de la ville ? oui sans confirmer que c’est à l’ouest de la ville.

Vous confirmez que l’achat d’une cagoule concomitamment aux questions sur le tracker entre

15H05 et 18H29 ? parce que vous présentez le fait que Mohamed MERAH s’est renseigné sur

le tracker avant le vol alors que rien ne le prouve objectivement.

52

Lorsque Mohamed MERAH pose des questions sur le tracker est il seul ou pas ? les personnes

du magasin ne sont pas en mesure de le dire mais ils sont surs qu’il n’est pas venu à deux

reprises. Mais il a posé seul les questions.

Peut on envisager qu’il se soit renseigné sur le tracker entre 16H40 et 18H29 ? rien n’indique

qu’il se soit rendu à deux reprises au magasin.

- Questions de l’Avocat général

L’existence du 3ème homme n’est pas établi dans la procédure seul Abdelkader MERAH en

parle ? oui.

Sur le chemin pour aller des Izard à Maxxes : c’est un des chemins pour y aller, le plus court

mais pas le seul.

Demande que l’ensemble des mails Abdelkader / Mohamed MERAH et l’époux de Souad

MERAH soient intégralement lus.

Témoin n°19 : fonctionnaire de police

Capitaine de police (cybercriminalité).

- Exploitation de l’annonce mise en ligne sur le bon coin. Recherche des connexions. Il s’agissait de faire ressortir les adresses IP correspondant à celles qui s’étaient connectées à l’annonce.

- Affinement du tri sur ces adresses IP correspondant à l’utilisation du mot clé « militaire » : 9 adresses.

- Saisine a posteriori dans le cadre de l’instruction : 5 avril déplacement sur Toulouse pour vérifier les points de connexions identifiés (20 dans un cybercafé à Toulouse). Problématique de changement qui empêche de retrouver des traces de consultation de l’annonce dans le cyber. Analyse également des ordinateurs administratifs, pas de consultation. Pas de trace de l’annonce dans ce cyber.

- Montauban : magasin photo plus ou Mohamed MERAH serait allé imprimer deux

fichiers photographiques. Effacement des sauvegardes.

- Recoupement d’adresses IP avec celles des connexions des box que Mohamed MERAH avait publié.

- Prises en compte numériques des vidéos enregistrées par Mohamed MERAH (montage

envoyé à Al Jazeera). Sollicitation de Google, Dailymotion, YouTube.

53

- Analyse des supports numériques remis par les enquêteurs de la SDAT : MacBook de

Mohamed MERAH (extraits des vidéos de la go pro) montage retrouvé sur l’ordinateur. Identification de plusieurs points d’accès wifi. Trace de connexion d’une clé USB où avait été copié les montages vidéo, susceptible de correspondre à celle envoyée aux chaînes.

- Ordinateur saisi chez Zoulikha AZIRI : pas d’analyse sur ce support car endommagé. Sur

ceux retrouvés chez Abdelkader MERAH : nombreux supports en lien avec l’islam retrouvés. Découverte de plusieurs connexions de fichiers. Traces de connexions de supports numériques, clé USB, IPhone, IPod etc. mais données insuffisantes pour effectuer des recoupements.

- Adresses mails retrouvées : utilisateurs et contacts des utilisateurs.

- Logiciel d’anonymisation : permet d’utiliser une autre adresse IP que la sienne pour

surfer sur internet.

- 2ème déplacement à Toulouse chez 2 magasins de moto où étaient passés les protagonistes pour analyse. Analyse du serveur de Yam31 ayant permis de récupérer toutes les factures (2005, 2006, 2008). Tickets de caisse pour la journée du 6 mars pour l’achat de la cagoule (de le dater, ni de préciser à quel client c’était vendu).

- Vérification de la connexion du 4 mars sur l’annonce d’Imad IBN ZIATEN. Adresse IP de

Zoulikha AZIRI : navigateur internet particulier qui n’est pas celui d’un ordinateur mais d’une Freebox.

(Président) Sur la connexion du 4 mars 2012, peut-on avec les coordonnées se connecter à

distance ou pas ? La Freebox permet un accès à internet, un ordinateur peut être relié à la

Freebox, mais la Freebox en elle même permet de consulter ses pages internet directement sur

l’écran télé. C’est nécessairement une personne qui avait la main sur cette Freebox et en vue

l’écran. Si cela avait été fait à distance les traces auraient été différentes.

S’agissant de l’examen des supports numériques saisis : l’examen du disque dur de Mme AZIRI

inexploitable, celui de Yamina MESBAH a permis de mettre en évidence des fichiers en langue

arabe, grand nombre de fichiers audio en langue étrangère, etc.

Logiciel d’anonymisation ? il a pour but de s’interfacer entre son adresse IP et le site internet.

Permet de ne pas remonter jusqu’à l’adresse IP d’origine.

- Questions des parties civiles

Les connexions du 4 mars 2012 ont été passées à 23H08 et 23H11 depuis l’appartement de

Zoulikha AZIRI (Freebox), et l’ordinateur MacBook de Mohamed MERAH n’a pas eu d’activité,

que ce n’est pas depuis son ordinateur qu’a eu lieu la connexion

On n’a pas retrouvé de trace de consultation de cette annonce depuis le MacBook.

54

L’adresse IP constitue un point d’entrée et de sortie géo localisable. La Freebox est une

passerelle entre internet et le réseau privé.

Sur l’hypothèse de se connecter à distance, il était impossible de se connecter à l’extérieur de

l’appartement de Zoulikha AZIRI car les traces auraient été différentes ?

Je confirme que la connexion est faite depuis le boitier Freebox. C’est difficilement envisageable

de ne pas être à côté du boitier Freebox.

Il est possible de se connecter par la boite Playstation 3 ?

Oui on peut se connecter sur internet via celle-ci.

Au moment où se connecte, on n’utilise pas le MacBook car il laisse des traces, alors est ce que

la Playstation 3 permet de dissimuler la connexion (via Call of Duty) ? est ce un moyen pour

éviter une traçabilité importante ?

Effectivement une Playstation 3 permet de jouer déconnecter ou connecté et même de

consulter des sites internet. En revanche si c’est le cas, on laisse des traces similaires à toute

autre machine avec une empreinte spécifique PS3 sur le site.

Saviez vous si Abdelkader MERAH a indiqué être chez sa mère jusqu’en fin de soirée au moment

de votre analyse ? Non car on s’est affranchi de certaines informations pour effectuer nos

analyses.

De même ce jour au moment où une personne se connecte Zoulikha AZIRI est dans sa cuisine,

quelqu’un est dans le salon et Yamina MESBAH attend en bas dans sa voiture alors que la

connexion est faite à 23H11 ? non de la même façon nous n’avions pas cette information.

Sur le disque dur externe retrouvé chez la mère de Yamina MESBAH appartenant à Abdelkader

MERAH, y-a-t-il des fichiers islamistes ?

Je ne suis pas un spécialiste mais certains fichiers étaient écrits en langue arabe et comportant

des noms comme Coran, relatifs à la religion.

- Questions de l’Avocat général : Confirmez vous avoir pu retrouver 2 logiciels d’anonymisation et un testeur d’anonymisation

également ? Oui. Il permet de vérifier si le logiciel d’anonymisation fonctionne bien.

Concernant le type de document, vous avez découvert des fichiers lisibles, des photos et des

fichiers effacés. Vous avez retrouvé 6 fichiers nommés Palestine ?

Quand on efface un fichier, il est seulement marqué comme effacé mais les données du disque

dur sont toujours présentes. A l’aide de logiciels de récupération de données il est possible de

les récupérer.

Egalement photos d’Egypte retrouvées dont certaines dataient de 2005 ?

55

Oui. Un fichier possède plusieurs bases. Lorsqu’on le crée, le fichier prend la date sur le disque

dur. Quand on le modifie, on a une deuxième date, et pour les photos il y a une date de prise

voir des coordonnées GPS. La date de 2005 était celle de la prise de photo. Mais date à prendre

avec précaution.

Concernant l’achat de la cagoule - expertise informatique sur le logiciel : vous avez établi que

l’achat d’a eu lieu le 6 mars, sans arriver à établir l’heure ? oui dans le journal du ticket de caisse,

on remonte à l’achat de la cagoule à cette date.

Ordinateur Packard appartenant à Karim MESBAH mais utilisé par Yamina MESBAH et

Abdelkader MERAH : vous avez relevé un certain nombre d’adresses dont celle

d’[email protected]. Oui.

- Questions de la défense Le logiciel d’anonymisation est téléchargeable par tout le monde ? Oui.

La connexion du 4 mars est-elle transparente ? cela a t il été fait depuis l’ordinateur

d’Abdelkader MERAH ? Non depuis la Freebox. Donc s’il l’avait fait depuis son ordinateur il avait

les moyens de l’effacer ? pas de l’effacer mais de la cacher.

L’ordinateur d’Abdelkader MERAH en possède-t-il ? non car incompatible avec MacBook.

Sur le fait qu’il ait pu être chez sa mère au moment de la connexion, c’est faux car il est prouvé

par le sms du téléphone de Yamina MESBAH à quel moment il est chez sa mère, à quel moment

il n’y est plus et où il est ensuite.

Exploitation du disque dur externe chez Yamina MESBAH : 10% des documents ont pour sujet

principal le djihad. Avez-vous trouvé des documents élaborés, rédigés, pensés etc. par

Abdelkader MERAH ?

Je ne suis là qu’en tant qu’expert technique, je vois rapidement les fichiers mais pour le contenu

je ne suis pas du tout spécialiste, je ne peux pas me prononcer et n’ai jamais croisé les

protagonistes.

Vous ne savez pas non plus si c’est documents sont consultés ? très difficile de remonter sur

une consultation sauf en wifi.

Avez vous établi que c’est Abdelkader MERAH qui s’est connecté ? je peux seulement établir

que la connexion a été établie depuis la Freebox.

L’acte d’accusation ne reproche pas à Abdelkader MERAH cette connexion.

Vous avez dit qu’à l’époque, c’est à dire en 2012 dans le cadre de l’analyse de la PS3, on ne

pouvait pas déterminer la traçabilité, mais qu’aujourd’hui on peut le faire ? oui avec la société

Sony. Partenariat avec celle-ci permettait de remonter à la connexion pour certains types de

matériaux. Toute connexion à internet laisse une trace. Si on se connecte avec une PS, on laisse

56

une trace sur un site internet, et une empreinte propre à cette utilisation là. Donc forcément

elle aurait été retracée.

Témoin n°45 (fonctionnaire de police)

Dans le véhicule Mégane plusieurs éléments ont été retrouvés : des armes (un fusil à pompe

des cartouches de calibre 12, un pistolet mitrailleur avec un chargeur, un second chargeur, une

mitraillette et son chargeur, etc.) recherche de traces, ADN de Mohamed MERAH retrouvés sur

de nombreux éléments.

Informations fournies par Mohamed MERAH permettant de retrouver la Clio dans un autre box.

Télécommande et clés du box retrouvées dans la Mégane.

Énumération des éléments retrouvés dans les boxes.

Concernant le scooter : le tracker avait été arraché et plusieurs effets étaient retrouvés dont

une cartouche et un tournevis. Pantalon de protection.

2ème partie sur l’implication de Fettah MALKI (rappelle du dossier). Fin février 2012 alors qu’il

rentrait chez lui, il s’est rendu au parking avec Mohamed MERAH. Ce dernier possédait un sac

et en a sorti un gilet pare-balles une arme rouillées, deux chargeurs et des cartouches. Il lui a

proposé de les lui vendre, ce qu’il déclinait car trop abîmées. Il a alors démonté et nettoyé

rapidement l’arme. Mohamed MERAH lui expliquait alors qu’il avait été à la légion étrangère.

Or il s’y était bien présentée mais avait renoncé à l’issue d’un entretien.

Il portant un pistolet noir à la ceinture mais Mohamed MERAH ne la lui aurait pas présentée à

la vente. Il la devait la garder.

Fettah MALKI reconnaissait par la suite les armes présentées par les policiers comme étant

celles proposées par Mohamed MERAH. Il reconnaitra également un skorpion qu’un jeune lui

aurait fourni, mais dont il se serait débarrassé après la mort de Mohamed MERAH.

Dans une autre version, c’est lui aurait fourni à Mohamed MERAH le gilet pare-balles contre

une somme d’argent.

MALKI aurait été intéressé par le colt mais MERAH refusait de lui vendre. Nombreux

revirements par la suite.

- Le Président : S’agissant des scellés : ADN de personnes liées à Mohamed MERAH et à un trafic de stupéfiant

sans lien avec les faits qui nous intéressent.

C’est exact, il n’est pas lié à Mohamed MERAH concernant les traces sur la Clio.

57

Sur l’ADN de Fettah MALKI sur une liasse de billets : MALKI avait indiqué qu’une partie de la

somme volée lors d’un braquage (17 mars 2012 auquel Mohamed MERAH avait participé)

pouvait correspondre à cette somme.

Sur les casques et chaines retrouvées dans le boxe, ils ne sont pas en lien avec Abdelkader

MERAH. Achetés par Mohamed MERAH sans l’intervention de son frère. Aucun élément acheté

par Abdelkader n’a été utilisé par Mohamed MERAH à l’exception du blouson acheté au nom

d’Abdelkader MERAH.

Le 6 mars le vol a été commis entre 16h43 et 16h47. La Clio est du coté du domicile de monsieur

Zakaria. Donc Mohamed MERAH arrive seul à son domicile. Abdelkader MERAH n’est pas venu

dans cette voiture.

Mohamed MERAH lui dit être en voiture avec un collègue et non deux après les faits.

D9329 : divers vêtements ont été volés de la société Imagins, et Mohamed MERAH aurait été

vu avec ceux-ci car besoin d’argent.

Tracker découvert sur les indications de Foued DRIOUCH. 9 mars. Il explique comment le

scooter était remisé dans une résidence d’Aucamville. Comment y accéder ? escalader la grille

pour y pénétrer. Cette résidence n’est pas très éloignée du domicile de Monsieur MESKINE.

Mohamed MERAH a voulu rester en retrait pensant qu’il pouvait être surveillé. Monsieur

DRIOUECH s’est donc chargé de récupérer le scooter et Mohamed MERAH le suit. Personne n’a

pu identifier l’individu qui a pris la Clio.

Armes de Fettah MALKI, acquise antérieurement à l’acquisition du gilet pare-balle. Dans la

version de sa compagne, c’est différent.

Mohamed MERAH avait vendu à MALKI l’ordinateur MacBook.

- Question des parties civiles C’est par les sms de Yamina MESBAH qu’on peut retracer schématiquement son emploi du

temps lors de la connexion ? oui.

Vous avez malgré tout rendu compte de rencontres entre les deux frères ? témoignage le 26

février ayant croisé les frères MERAH portant un blouson avec une inscription américaine,

laissant penser qu’ils étaient bien ensemble, jour également ou Mohamed MERAH faisait

l’acquisition d’un gilet pare-balles.

Le 4 mars ils se sont croisés au domicile de Zoulikha AZIRI mais aucun élément matériel ne le

prouve.

Chronologie journée du 6 mars : il se rendent à yam31 pour l’achat d’une cagoule et

informations tracker, ensuite vol du scooter, puis remise à Aucamville et enfin achat du

blouson. C’est cela malgré un flou sur les horaires exacts. Probable achat de la cagoule par

Mohamed MERAH pendant qu’Abdelkader MERAH et Mohamed MESKINE font le défi.

58

Le 11 mars il y aurait une rencontre entre les frères au stade de football ? oui : bornage du GPS

de la Clio sur une borne rendant possible la présence de Mohamed MERAH, et messages de

Yamina mentionnant qu’ils étaient ensemble.

Ils se seraient vus avant l’assassinat d’Imad IBN ZIATEN. Ils se voient ensuite le 14 au stade de

football ou Mohamed MERAH fait un rodéo. Le 15, assassinats de Montauban. Présence des

frères ensembles ? le 15 au soir ils sont ensemble à la pizzeria avec Aicha MERAH.

Les frères MERAH se voient donc le jour même ou la veille des attentats ? oui.

- Questions de l’Avocat général : Confirmation que l’interpellation de Fettah MALKI motivée par son ADN sur les billets dans la

Clio de Mohamed MERAH ? Oui avec également un chèque laissant penser une participation

financière. Il n’était pas question d’armes, c’est lui qui nous en parle spontanément. Personne

ne lui en avait jamais parlé.

Sur le chèque, il est encaissé par Fettah MALKI mais aucun retrait n’est fait. Chèque du 22 juillet

2011 ? oui. Mohamed MERAH fait un départ pour le Pakistan le 18 aout donc moins d’un mois

après.

Sur la question de l’UZI : pas de confusion entre les deux scellés, soulevée lors du témoignage

des experts balistiques.

Sur LARBI BEY prétendument 3ème homme pour Abdelkader MERAH et auteur du cambriolage

de bijoux pour Fettah MALKI. Assassiné le 14 aout 2014 et Abdelkader MERAH le met en cause

le 16 janvier 2015. Qu’avait raconté LARBI BEY en 2013 ?

Il refusait de répondre si ce n’est dire qu’il était monté dans la Clio. Il affirmera n’avoir jamais

vu Abdelkader et Mohamed MERAH ensemble dans le même véhicule.

Il y a des échanges téléphoniques entre LARBI BEY et Mohamed MERAH jusqu’au 13 janvier

2012.

Concernant la reconstitution, il apparaît que l’on peut voir les clés de contact sur le scooter,

d’autant plus que le propriétaire du TMAX volé avait laissé le casque. Donc le scooter était

disponible.

Le véhicule était à 30 mètres du garage. Le magistrat instructeur parle de masse métallique

pouvant correspondre à des clés. Oui, prolongée par un morceau de tissu.

- Questions de la défense : Parlez nous de Monsieur MESKINE et ce que vous avez écrit à l’époque ?

« Il résulte des investigations que MESKINE est donc l’individu dont il est question. On peut

envisager également qu’il a prêté son nom à Mohamed MERAH » cote D3582/12.

59

Il y aurait eu une rencontre à la salle de gym.

Téléphonie le jour de cette rencontre ? difficulté de corroborer les dires avec la téléphonie.

Seul passage de Mohamed MERAH à ce club est le 15 janvier et il ne l’avait jamais vu jusqu’à

l’avoir reconnu à la télé.

S’agissant de COREL, pour la préparation du mariage ? celui ci parle du 13 décembre. La

téléphonie ne permet pas d’affirmer qu’ils étaient ensemble car il y a un trou dans la

téléphonie. Appel à Souad le matin puis trou jusqu’à 17h.

Lecture d’un extrait du réquisitoire : s’agissant plus particulièrement du vol du scooter TMAX il

apparaissait peu probable qu’il s’agissait d’un vol quasiment intuitif de Mohamed MERAH, ne

correspondait en rien à la phase de préparation de son retour d’Afghanistan. Repérage autour

de Yam31. Zone que son frère et lui connaissent parfaitement. Le propriétaire, ne devant pas

être le seul à laisser son véhicule dans l’attente d’être servis.

Or c’est une personne qui récupère le véhicule de sa femme dans un garage automobile et

laisse par inadvertance ses clés sur le scooter.

Sur le 8 mars : cote D6674. Mohamed MERAH avait voulu se débarrasser du tracker du TMAX.

Le 9 il a voulu vendre le TMAX volé à Foued DRIOUECH. Il a voulu en acheter un autre le 8

également.

Sur la reconstitution : pendant la phase de discussion entre Mohamed MERAH et la police, il dit

avoir vu les clés sur le TMAX ce qu’Abdelkader MERAH confirme.

Les policiers se transportent sur les lieux du vol : constatent la présence d’une motocyclette à

l’endroit où se trouvait le TMAX.

Le 2 octobre 2013 le magistrat instructeur se rend sur les lieux : possibilité de voir le scooter,

le casque et la masse métallique.

Est ce qu’Abdelkader MERAH peut voir le vol d’où il se trouve ? reconstitution : constat que

depuis le parking où stationnait le véhicule, il n’est pas possible de voir l’endroit où était

stationné le scooter.

Sur le casque vendu par le magasin Maxxes à Yamina MESBAH. Vous souteniez qu’il pouvait

avoir été celui utilisé par Mohamed MERAH. Le casque graphite fait référence à la couleur grise

et non à la marque du casque noir. Aucun casque acquis par Abdelkader MERAH n’a été utilisé

par Mohamed MERAH.

Sur la téléphonie du 4 mars : ce que vous avez situé au sud du domicile de Mohamed MERAH

est en réalité au nord. Or cela rapprocherait les téléphones des bornes proches du domicile de

Zoulikha AZIRI ce qui n’est pas le cas.

Le portable de Mohamed MERAH borne à son domicile. Quelle est l’utilisation est faite de ce

téléphone ? il s’agit d’une activation passive. Il se peut que le téléphone soit là sans Mohamed

MERAH.

60

Dès lors que vous passez MALKI en GAV vous-a-t-il menti ? ses changements de version

établissent qu’il ment.

Il y a une interception téléphonique qui vous apprend qu’il se rend chez son avocat.

Pour deux armes on a le même numéro de scellé. Je suppose qu’il s’agit d’une erreur de frappe

car l’expertise elle même renseigne des numéros différents pour chaque scellé.

Reconnaissance de l’UZI par rapport à la rouille sur la photo ? il le reconnaît en disant qu’il y a

des marques de rouille sur la carcasse. Or lors des expertises, il explique avoir un doute. D’où

vos recherches sur la rouille.

10/10/2017

AUDITIONS DE TÉMOINS

M. Alexis RIMBAUD, expert en informatique.

Expertise de l’IPod : opérations d’extractions.

Un certain nombre de connexions ont été extraites. Des photographies ont donc été

sélectionnées.

- Le Président : IPod saisi au domicile d’Abdelkader MERAH. Que pouvez vous dire sur les notes retrouvées ?

Cette expertise a été traitée par une première extraction pure des données permettant de lire

plus ou moins les contenus, notes, traces, pour partie parcellaire. Elles ont été reconstruites

ensuite. Il s’agit parfois de traces de fichiers, ou fichiers morcelés en différentes places dans

l’appareil.

Une deuxième opération d’écriture récupère cette espace de données et découpe les fichiers

et traces. Il faut donc reconstituer l’intégralité.

Certaines notes sont effacées, d’autres ne le sont pas.

On ne peut pas savoir quand il a été mis en service. Mise à jour ou effacement rendant cette

information indécelable.

Effacement volontaire ou involontaire ?

Cela peut être volontaire dans le cas où les fichiers ont été fragmentés mais ça peut être

involontaire dans la mesure où le système peut se charger d’effacer les données.

Pour les notes qui restent cohérentes et ne sont plus parcellaires, il y a effacement volontaire

et on peut retrouver l’intégralité du fichier.

Cet IPod peut être connecté à internet, quel constat sur ce point ?

61

Liste de différents points de connexions sur différents réseaux, connexions wifi notamment.

Ces connexions sont identifiables auprès des opérateurs. On a la liste des adresses IP. Dans

cette liste il n’y avait pas l’adresse IP de Zoulikha AZIRI.

Images provenant d’un jeu vidéo.

Il a été découvert des vidéos (p31 du rapport), à quoi correspondent-elles ?

Je ne porte pas de jugement sur le contenu des vidéos. Ce qui apparaît c’est ce que j’ai copié

sur le CD Rom, représentant des scénettes que je ne saurai pas qualifier.

Rapport avec les « rokias » ? cela me semblait être de cet ordre. J’ai d’ailleurs demandé s’il

fallait que je poursuive ce type d’expertise. Il y a quelque chose de l’ordre de

l’exorcisme/envoûtement.

Il est parfois possible d’identifier le lieu de captation de vidéos ou photos, et de reconstituer le

lieu de cette captation. Évaluation par l’appareil à partir des modules techniques de celui-ci.

Par exemple p31 et p32, film tourné le 16 avril 2011 à 18h14 ? oui. Tourné à proximité de

TOULOUSE (adresse). De même pour les autres films.

P34, référence des textes reconstitués, que pouvez vous indiquer sur ce point ? il s’agit des

références sur l’appareil permettant de retrouver la trace des éléments sur l’appareil et

identifie l’emplacement exact sur celui-ci. La date correspond à la première fois où le fichier a

été créé.

Sur les notes parcellaires il est impossible de dater.

- Questions des parties civiles : Concernant l’effacement volontaire dont vous avez parlé, voulez vous expliquer si le recours à

ce procédé est courant, à la portée de tous ?

Il existe deux façons d’effacer un fichier, dont le reformatage de l’appareil. Donc remettre à

zéro en effaçant toutes les données. Ici on a la trace d’effacement successif de plusieurs

éléments. Il ne s’agissait pas de reformatage. Il ne s’agit pas de technique particulière mais

d’effacement simple. Cette façon est volontaire. Les effacements dus au système d’exploitation

lui même concerne les effacements involontaires, accidentels.

Vous avez eu recours à Google afin de traduire des éléments et non un traducteur

professionnel. Des notes ont été reconstitué : sur le mot « skot » pas de traduction de ce

terme ? non.

C’est un terme qui veut dire dans le cadre d’une pratique religieuse particulière, manière de se

comporter qui consiste à garder le silence sous la forme d’un ordre.

A partir de ces déplacements, l’IPod contenait peu de place ou cela a-t-il-été effacé en

opportunité ? l’IPod ne manquait pas de place.

62

Question à Abdelkader MERAH : Sur la datation des fichiers, Abdelkader MERAH a donné des

indications sur ces notes laissant comprendre qu’elles auraient été faites dans le courant août

2011. A cette période où était votre frère ?

Ça faisait 7 mois qu’on ne se parlait pas. Sa famille était au courant qu’il était en Algérie ainsi

que tout le quartier.

Il était au Pakistan. Les échanges de mail datent de septembre 2011, concernant le fait que

Mohamed MERAH voulait absolument contacter son frère.

Retracement des emplacements croisés de réseau de l’IPod ? il est possible d’avoir une

localisation sur la base des captations des réseaux wifi. Permet de croiser les lieux de connexion

et de déterminer la localisation de l’IPod.

Vous avez extrait pour la journée du 13 mars 2011 uniquement, pouvant correspondre à la date

de mise en service de l’IPod.

A ce moment on est à 800m de l’école juive.

S’agissant des mots de passes dédiés : chaque service peut avoir son propre mot de passe, de

même que l’IPod en lui même. Un accès à la boîte mail peut en nécessiter alors que l’appareil

n’en nécessite pas.

Un moment donné les mots de passes n’ont plus été actifs donc choix de ne plus accéder aux

données.

- Questions de l’Avocat général Vous avez trouvé des photos d’armes tirées de jeux vidéo, des extraits de carte Google Mapp ?

pas des extraits en tant que tel mais des traces de celles-ci telles qu’elles s’affichent dans la

consultation de ce site.

Vous avez parlé de traces de notes effacées sont déstructurées mais livrées brut et complètes

en l’état ? Dans le cadre de recherche informatique on peut extraire une quantité phénoménale

de données. On a donc un choix d’extraire les données avec une validité judiciaire y compris

lorsque la trace est difficile à décoder. Il les a extraites y compris au delà de leur compréhension

et leur lecture. Dans un second temps, il les a traduites pour une lecture plus claire et précise.

Vous indiquer que le langage est de type sms, ce qui rend la lecture difficile. Il est fort probable

qu’il s’agisse d’un document issu d’internet ? ça peut être un document téléchargé ou saisi sur

internet par l’utilisateur, ou créé sur l’ordinateur et déposé codé sur internet puis synchronisé

avec l’IPod. Sa présentation permet d’identifier des caractères actifs propres sur internet. On a

le contenu du texte et la façon dont il est saisi. Là il était en codage html.

L’effacement constaté peut-il venir d’une maladresse ou volontairement effectué ? ces

effacements ne peuvent être le résultat d’une maladresse. Soumis à une confirmation soumise

à l’utilisateur. Confirmation ? concernant les notes c’est effectivement soumis à une validation.

63

- Questions de la défense : Le style phonétique et texto ne sont pas propres à ces notes mais est retrouvé dans tout le

dossier, téléphone etc.

Sur le caractère déstructuré, est-ce dû à Abdelkader MERAH ? Non c’est dû à l’effacement. Ce

que j’appelle déstructuré ne concerne pas seulement l’encodage mais également le découpage

du fichier. Lorsqu’il est supprimé, l’espace est libre. S’il est gigantesque, un fichier plus petit qui

va y être placé déstructure le fichier principal en le coupant.

Sur l’effacement des fichiers, la procédure d’effacement est la même que le fait d’effacer un

email ou sms ? oui.

Est ce que l’IPod a un mot de passe ? l’appareil lui même n’en a pas.

Remise d’une copie de la Décision du Conseil constitutionnel de février 2017 qui sera soumise à

débat contradictoire concernant la censure d’une loi érigeant la consultation de sites djihadistes

en délit, au non de la liberté d’expression.

D8290 lecture donnée.

Dans ce que vous avez lu, y-a-t-il des choses qui sont le fruit de son travail intellectuel ou des

choses qu’il a consulté ? dans l’expertise on trouvera les deux. Par exemple concernant les sms

il en est l’auteur.

Y-a-t-il un appel au sang, au meurtre, au djihad ? Un certain nombre de documents provenant

d’internet dont on ne peut pas connaître la source.

Pour ce qui est des notes écrites en phonétiques, pour partie il en est l’auteur. Je ne peux pas

définir ce qu’elles disent.

Certains fichiers comportent des choses aussi banales, des chiens, des blagues etc. sans rapport

avec l’islam.

- Questions des parties civiles Ces éléments cités par la défense ont-ils été effacés ou non ? ils n’ont pas été effacés.

- Questions de l’Avocat général Quelle version sur la création des notes ?

La raison est simple, je travaillais, j’écoutais des fichiers audios pour m’informer, j’ai pris des

notes, certaines choses me semblaient intéressantes. Par la suite, j’ai essayé d’avoir une

méthodologie sur chaque audio. J’ai pu ne pas les trouver intéressantes ensuite et je les ai

64

effacées.je travaille 7h par jour, j’ai besoin d’audio pour travailler en même temps. J’ai

téléchargé ces fichiers audios et la biographie du prophète. (Répétition de la question où ?)

dans un cybercafé.

Donc il écoute des cours audios et les télécharge sur l’IPod. Il va dans un cybercafé écoute, et

prend des notes sur l’IPod.

- Expert : Deux façons d’écouter un audio sur internet. Soit on l’écoute seulement en ligne en temps réel,

soit on le télécharge sur un appareil informatique.

M. Yakov SOUSSAN (partie civile)

J’étais bénévole dans l’école, j’étais à côté de l’école vers 7H55 pour assister un animateur.

J’avais emprunté le camion de l’école pour faire un déménagement. Il s’approche donc de

l’école avec ce camion. Il voit Jonathan SANDLER avec ses enfants. Il le salue. I voit une personne

avec le casque, traverser la rue, s’approcher de M. SANDLER lequel s’agite, il ne comprenait

pas. La personne a fait un mouvement circulaire, et sort une arme et tiré à bout touchant sur

M. SANDLER. Il a tiré sur ses deux enfants. Des enfants sont rentrés en courant dans l’école. Il

est entré par le portail, tire sur un élève, sort, continue de tirer sur les corps au sol. Il se dirige

vers lui, prend son arme, tire alors que M. SOUSSAN était dans son camion. Il remonte dans son

scooter et part. M. SOUSSAN est ressorti en courant vers les victimes.

Le camion de l’école n’est pas identifiable comme lui appartenant, il est blanc.

La prière est à 8H. les élèves entrent, les externes arrivent, et la prière avance. Une grande

partie arrivait avant la prière. Au moment de la prière, il aurait pu y avoir beaucoup plus de

monde. Les plus petits sont dans une autre école et sont amenés jusqu’à l’école visée pour la

prière.

Il a tiré vers moi, j’ai eu le temps de faire marche arrière.

Quelle suite pour vous personnellement ?

C’est quelque chose qu’on n’oubliera jamais.

Changement de région un an après les faits ne supportant plus de rester.

Suivi par un psychiatre moins d’un mois après les faits car revoit sans arrêts les images de

l’attentat. Suivi toutes les deux semaines aujourd’hui.

- Questions des parties civiles

65

A partir de novembre 2012, vous avez repris des fonctions au sein de l’école. Pouvez vous parler

des élèves, enseignants, ce qu’est devenu cette école après les faits ?

L’école n’était pas la même. Beaucoup d’élèves tendus, l’école a perdu beaucoup d’élèves, des

personnes sont parties de TOULOUSE. Manque énorme au niveau de l’effectif. Beaucoup

d’élèves étaient énervés, angoissés, certains parlaient, d’autres cachaient leur peine. Avec le

temps la tension s’estompe mais l’école demeure marquée. Ça tenait à cœur aux élèves de

soutenir leur directeur.

Les murs d’enceinte ont été surélevés, et des fils barbelés ont été mis en place, quel ressenti ?

Je m’en suis occupée personnellement. Un an auparavant on avait fait un voyage avec une

autre école pour visiter les camps en Pologne donc grand choc. Chacun pensait au fond de soi-

même, ça recommence. Mais ils étaient obligés.

Vous avez dit que lorsque vous êtes arrivés au volant du camion, voyant la personne arriver

vers M. SANDLER vous avez pensé qu’il s’apprêtait à l’insulter, de façon habituelle ?

J’ai l’habitude que cela m’arrive. J’ai cru que c’était ce dont il s’agissait.

Lorsque vous avez relaté les faits du 19 mars vous avez parlé des victimes en disant « Rav

SANDLER ». Pourquoi l’appeliez vous ainsi ?

Dans la communauté juive, ce titre désigne une personne qui enseigne, apprend avec amour.

M. SANDLER est arrivé avec cette volonté de donner, transmettre, soutenir, pour les élèves.

C’est pourquoi il a ce titre.

A 8h, Mohamed MERAH aurait eu 220 personnes à sa portée.

Connaissiez vous M. SANDLER?

Il était d’un calme extraordinaire, posé, avec un cœur un dévouement pour les élèves. Il est

venu d’Israël pour enseigner dans cette école. Il a transmis cet amour à ses enfants et ses

élèves, l’amour du prochain.

Avez vous vu lorsque l’assassin à tiré sur Bryan BEJAOUI ?

Je l’ai vu tirer un coup en l’air et réalisé plus tard que c’était sur lui.

En se plaçant du côté de l’assassin, selon ce que vous avez perçu, faisait-il preuve d’une

excitation, improvisation, ou froideur comme s’il était programmé pour tuer ?

Je n’ai pas vu son visage mais ça m’a frappé, je ressentais cette haine. C’était des exécutions.

Des gestes précis, secs, pas d’hésitation. Détermination dans ses actes il savait ce qu’il voulait

faire.

À Abdelkader MERAH : est ce qu’en entendait la relation faite par M. SOUSSAN et l’exécution

des victimes, vous éprouvé de la honte pour ces actes perpétrés par votre frère ?

66

Je me sens lié par l’émotion, quelle que soit la religion. Pouvez-vous répéter la question s’il vous

plait ? (Répétition) ce que mon cœur ressent ce n’est pas une question de honte c’est de la

tristesse, comment on en est arrivé là, de la compassion, je m’adresse entre croyant, moi et M.

SOUSSA. On croit au même Dieu, même prophète, on est des frères de religion, je suis en état

d’émotion. Je ne le dis pas par rapport à la cour, avocats, journalistes, parties civiles, entre

croyants je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé.

La question était par rapport à la qualification de ce que vous ressentez au regard des actes de

votre frère, frère de sang et de religion, honte ou non.

J’ai déjà répondu à la question, tristesse, honte, regret, en tant que musulman j’ai l’image des

victimes devant moi c’est insoutenable. Je condamne les actes de mon petit frère, je suis triste.

Même un animal à des sentiments pour ds personnes tuées.

C’est la première fois que vous expliquez à la cour un sentiment de regret sur une certaine

forme par rapport aux actes commis par votre frère. Est-ce-à dire que vous avez évolués en

prison sur les actes commis ?

Il faut savoir que pendant les faits j’étais en GAV ensuite incarcération, isolement, je n’ai de

retour que des médias qui racontent ce qu’ils veulent. Au tribunal j’ai lu des ouvrages des

familles des victimes. Je vois à travers leur regard, tristesse. Le premier jour je me sentais isolé

et petit à petit je m’attache au regard des victimes. Devant mon créateur je n’ai pas de compte

à rendre mais je parle avec le cœur je vois leur tristesse à travers leur regard. Je ne les fixe pas

dans les yeux pas respect. Je suis sincèrement triste pour eux. Je les vois comme une grande

sœur, une mère qui a perdu son fils, je vois Madame LEGOUAD très fatiguée. J’espère que mon

créateur l’apaisera et elle ne devrait pas trop venir ça va la fatiguer.

- Questions de l’Avocat général C’est insupportable d’entendre que c’est une affaire entre croyants. Nous sommes ici dans le

cadre de liens juridiques entre Mohamed MERAH et ses complices.

Vous ne vous êtes pas constitués PC tout de suite ? c’est juste que je ne savais pas comment ça

se passait, on m’a mis au courant et j’ai contacté un avocat.

Le jour des faits vous portiez la kippa ? oui mais il a pu ne pas le voir dans le camion.

Votre arrivée avec le camion a distrait le tireur, et il s’est mis à tirer sur vous et a cessé sa

progression dans la cour de l’école.

M. Adrien LACROIX (ingénieur)

67

Il y a 5 ans, il se trouvait avec son père et a aperçu deux personnes casquées, l’une a fait un

mouvement brusque vers l’autre qui a chuté. Le 11 mars 2012. Il préparait le permis de

conduire avec son père. Ils sont arrivés à côté d’un complexe sportif. Ils se tenaient face à face.

Ils ont entendu une première détonation. J’ai compris que ce n’était pas une situation

habituelle. J’ai réalisé qu’une personne s’était faite tirée dessus, ça paraissait irréel. Le véhicule

était un deux roues sans pouvoir précisé quel type entre scooter et moto.

Avez-vous vu un 3ème individu ? Je n’en ai pas le souvenir.

Père Jacques LACROIX qui a été entendu.

- Questions des parties civiles Avez-vous bénéficié d’une cellule psychologique après les faits ? non.

Pas non plus après les dépositions ? non plus.

Pourquoi avoir sollicité la visioconférence ? j’ai eu des problèmes avec la presse, un journaliste

s’était rendu à mon domicile pour me poser des questions j’ai donc souhaité prendre des

distances.

- Questions de l’Avocat général En ce qui concerne le véhicule de gendarmerie qui passe au moment de la scène de crime, est-

il passé sans s’arrêter et vous avez dû le rattraper ? oui mais il n’était pas au niveau de l’incident.

M. Mathieu LADES (assistant technique)

Il s’est garé à côté du bureau tabac près du régiment. La personne est descendue du scooter, a

longé son véhicule, croisé le regard et il a constaté la caméra go pro sur le torse. Il est sorti de

son camion et a entendu une détonation forte, croyant que c’était un gros pétard.

Il a vu un individu avec une arme de poing et s’est alors caché derrière le camion. Le tireur avait

vidé son chargeur, M. LADES a couru vers le bureau tabac. Le tireur a essayé de recharger son

arme, le chargeur est tombé sous le camion et n’a pas pu le récupérer donc il s’est enfui.

(Président) Vous y alliez régulièrement dans ce tabac ? non. Mais je connais très bien la rue.

Les victimes étaient habillées en militaire et j’en vois très souvent.

Vous ne voyez pas son visage ? le casque ne devait pas être intégrale, j’ai l’impression de me

souvenir mais je ne l’ai pas vu. Je ne voyais pas d’arme.

Les coups de feu étaient très rapides. L’individu est calme.

68

- Questions des parties civiles Avez vous bénéficié de soins psychologiques ? on m’a dit qu’il y en avait une mais je n’y suis

pas allée.

Aujourd’hui quand vous passez par ce trajet quel est votre sentiment ? j’ai toujours une pensée

quand j’y passe. J’ai beaucoup parlé autour de moi, je reste touché surtout sur les détonations

(flash back).

Quel retour depuis cette tuerie ? je n’en ai pas vraiment. Beaucoup d’amour, roses déposées,

mots pour les familles, solidarités.

Vous utilisez le mot « détendu » pour le tireur était il dans le contrôle ? oui il était détaché

comme s’il savait ce qu’il allait faire.

Mme Mélissa BOUTEILLER (vendeuse)

J’étais sur mon lieu de travail lorsque j’ai vu les trois militaires se faire abattre par une personne

avant qu’elle reparte.

J’étais en emploi fixe et je les ai vus plusieurs fois en tant que client à la boulangerie.

Ils sortaient de l’argent pour revenir à la boulangerie. Ils se sont donc dirigés vers le distributeur

pour acheter à boire avant de faire les travaux. Elle a donc servi une cliente et à ce moment là

elle a entendu trois détonations, pensant d’abord qu’il s’agissait de pétards. 3 nouvelles

détonations par la suite. Elle s’est dirigée vers la baie de vitrée. Elle a vu deux militaires au sol

et le troisième essayer de s’enfuir dans la rue en se tenant le flanc droit.

Il s’est accroché à un poteau en la regardant pour lui montrer que quelque chose de grave se

passait avant que le tireur rattrape le militaire, le tienne par le bras et lui tire une balle dans la

tête.

Il l’a regardé mais il n’a pas tiré dans sa direction. Il part en courant vers le bureau de tabac et

le perd de vue.

Elle avait même cru à un jeu entre eux jusqu’à ce qu’elle comprenne. Elle a vu du sang et a

appelé les pompiers.

Il était tout en noir avec un casque noir.

Quelle conséquence pour vous ? je ne peux plus retourner devant cette boulangerie, je ne peux

pas voir de militaires en tenue, j’ai arrêté le paintball et peur des moteurs casqués.

- Questions des parties civiles Avis sur le comportement du tueur ? très froid, serein, déterminé.

69

Sur votre choc psychologique ? j’ai été suivie mais ça remontait plus de choses donc pour

l’instant je n’en ressens pas le besoin.

Vous avez dû en discuter avec vos amis collègues, il y a un deuil toujours présent aujourd’hui,

quels sont les retours aujourd’hui ? j’ai l’impression que les gens ont oublié malgré la douleur

car peur que ça recommence. Elle dépose des roses chaque année et personne d’autre ne le

fait et on la regarde même bizarrement. Peur que ça se reproduise.

Lecture de PV 5665

Exploitation des notes de l’IPod.

Consignes relevées dans un cours audio sur les méthodes du djihad (cellules dormantes).

Comment se dissimuler, éviter l’ennemi. Comment communiquer quand une cellule est

démantelée.

Vidéos de séances de désenvoutement. L’objet de la séance étant Karim MOKRAN, un contact

retrouvé dans le téléphone de Yamina MESBAH.

D4565/2 lecture faite par le Président.

Cote 5691.

Mme LAFONT Michèle (assistante maternelle)

Le 15 mars 2012, je me suis garée devant le distributeur automatique où étaient les militaires.

Elle les a croisés et au moment de rentrer dans le bureau de tabac, elle a vu du coin de l’œil le

tireur. Elle a entendu une avalanche de bruits pensant que c’était des pétards. Au moment de

sortir un jeune lui dit Madame ne sortez pas il y a quelqu’un qui tue tout le monde. Ils sont

rentrés dans le bureau de tabac. Ils se sont accroupis. Ils ont vu un des militaires tomber à

genoux ils l’ont vu mourir. La vendeuse du tabac s’est relevée, voyant qu’il partait ils se sont

tous précipités. Elle est sortie la première et s’est accroupie près de Monsieur LIBER voyant

qu’il était vivant elle est restée avec lui en attendant les secours.

Elle a vu le tireur lorsqu’il tirait sur la dernière personne. Il était déterminé, sans trembler.

Chaque fois qu’il y a un attentat je revis je pleure pendant une semaine.

- Questions des parties civiles Vous êtes une épouse d’un ancien militaire, quel est leur sentiment ? quand ça s’est passé, il y

a des collègues qui se sont tous précipités, le colonel a essayé d’apaiser les troupes.

Mais aujourd’hui ? je suis venue pour eux. Mais à Montauban en voyant un scooter, je ne

pouvais plus conduire. On reste sous la crainte de ce fait.

Sur le côté froid et déterminé ? il était comme une machine. C’était mécanique, calculé depuis

longtemps, il était venu là pour faire sa mission.

70

11/10/2017

AUDITIONS DE TÉMOINS

Audition de Mme Stéphanie PAVARD (psychologue)

Expertise psychologique de Monsieur Bryan BEJAOUI

Rencontre le 30 septembre 2014 à ses 18 ans. Il a été accompagné à ce rendez-vous par sa

mère. Implication très satisfaisante. Qualité d’élocution riche, la relation s’est engagée

facilement. Il s’est saisi de cette rencontre pour verbaliser des choses, qu’il n’avait jamais pu

faire jusqu’à présent.

Il n’a pas été teinté par un émotionnel très douloureux, s’est exprimé avec une distance de

façon générale. Mais émotion importante à plusieurs reprises, pleurs réprimés.

Il est le plus jeune d’une fratrie de 4 enfants issus des mêmes parents.

Séparation de ses parents lorsqu’il avait 5 ans, peu de souvenirs.

Il était très agité dans son enfance, turbulent, impulsif. A l’époque sa maman était en difficulté

psychologique et son grand frère a eu une place dans son éducation. Mais il aborde sa relation

maternelle avec beaucoup d’empathie.

Concernant son père, un manque apparaît. Impression qu’il s’est retiré au niveau éducatif. Il

n’y avait que l’affectif, sans ordre. Il recherchait de sa part une autorité et des repères que son

frère lui donnait. Son frère est son père moral.

Il parle de troubles du comportement dans son enfance, pas respectueux, se battait souvent.

Renvoyé du collège, donc difficultés pour se réinscrire dans un autre collège. Il est rentré

directement en 5ème à l‘école Ozar Hatorah. Cette école lui a été bénéfique. Il y a eu d’excellents

amis. Il a été apaisé et a noué des liens bénéfiques. Stabilité.

Suite aux faits, il a repris sa scolarité au lycée à NICE et venait de terminer sa terminale ES lors

de la rencontre. Il avait des résultats satisfaisants. Les anciens troubles comportementaux

avaient disparu.

Volonté de faire des études religieuses en Israël puis dans la communication aux Etats-Unis.

Au moment des faits, il était depuis trois ans dans cette école. Sa vie personnelle à ce moment

là, correspondant à une période tout à fait favorable. Son meilleur ami venait d’intégrer une

école, et il venait d’avoir une petite amie. Très satisfait.

Il a pris son petit déjeuner et n’a pas été à la prière car il accompagnait un ami, chargé

d’attendre la fille du directeur à l’entrée.

Quelques secondes plus tard, il arrive et tire partout. J’ai poussé la petite pour la faire entrer à

l’intérieur, tout le monde courant. Le père et ses enfants étaient déjà par terre.

Sur son ressenti à ce moment là, je n’avais plus le contrôle dans mon bras, j’ai couru jusqu’à

l’endroit où se trouvaient les cartables où il s’allonge. Dernière image : la petite fille qui se fait

tuer par le tireur.

71

Son ami l’a aidé à se soulever. J’ai eu une réaction de colère, j’ai jeté mon téléphone vers le

tireur qui n’était plus là, et je l’ai insulté.

Difficultés à respirer, sensation d’être bourré puissance 10 000, envie de dormir.

Sur sa blessure : « on a voulu enlever mon T-shirt et je me suis mis à beaucoup saigner ». Prise

de conscience quant à la gravité de sa blessure. Rassuré pour son propre compte mais pas pour

les autres. Opéré dès son arrivé à l’hôpital.

A son réveil, les émotions et questionnements l’ont envahi. Sa mère était présente, essayant

de le réconforter. Il a demandé comment allait la petite et on lui a répondu qu’elle allait bien.

Il évoque des phases d’éveil et de sommeil. Questionnement durant ces phases « pourquoi lui »

et volonté de rassurer son entourage malgré tout. Volonté d’insulter son agresseur. Colère

présente très rapidement.

3ème jour d’hospitalisation, la psychologue lui a annoncé le décès de la petite fille et le nom des

autres victimes. Sentiment d’irréalité face à cette annonce.

« Il n’y a pas de justice, je me disais que le mal a gagné » : sentiment pendant plusieurs mois,

ressenti dès le début. Perte de sens des valeurs, déstructuration. Pour lui c’était une punition

à son comportement. Il imaginait le commencement d’une nouvelle vie.

Durant l’année 2013 bien après sa sortie de l’hôpital, période d’hyperactivité. Il a profité de

tout, ne se retenait pas de vivre les choses. Il était très peu chez lui il fuyait car il pensait trop

lorsqu’il était chez lui.

Sur sa personnalité : trouble psychologique avant les faits ?

Pas de pathologie relevée.

Situation de victimisation auparavant ?

Aucun signe de traumatisme, pas de victimisation. Pas de vécu d’insécurité, brimades, violences

significatives dans son enfance.

Sur l’impact des faits :

Test visant à évoluer l’existence de stress post-traumatique. Sentiment d’avoir été dépossédé

de sa vie antérieure. Son physique son mental ne sont plus les mêmes. Perte des repères

antérieurs. Rupture significative. Tout ce qui était avant lui semble flou. Modification de sa

vision de la vie et de son vécu propre. Il relativise.

1ère étape : noirceur, croyance que le mal était gagnant

2ème étape : relativise quant aux difficultés

Donnée constante : il peut rester plusieurs jours sans avoir besoin de communiquer. Mais le

retrait social total des premiers mois a disparu.

72

Il évoque de grandes difficultés liées au soleil. Difficultés à s’endormir, réveils répétés durant la

nuit, cauchemars, absence de rêves positifs. Peur de s’endormir.

Il a dû renoncer à pratiquer certains sports car il est devenu cardiaque. Représentation

amoindrie de lui même. Difficulté à se regarder dans le miroir à cause de sa cicatrice, ça le

renvoie quotidiennement aux faits.

Il évoque un avenir personnel et professionnel « entravé ».

Par la suite, sentiment religieux comme source d’un mieux-être psychologique. Changement

de son alimentation et manière de voir les choses. « Tout est pour le bien ». La religion l’aide à

reconstruire des valeurs certitudes ayant éclatés ce jour là.

Le test démontre un test post-traumatique chronique d’intensité moyenne. « Chronique » car

es faits avaient eu lieu plus de 6 mois avant. Si le test avait été passé avant, sans doute

l’intensité aurait été forte. Amélioration depuis les faits.

Syndrome d’intrusion au quotidien, scènes qui réapparaissent lors d’éléments déclencheurs

par exemple à la vision d’un casque blanc. L’image de la petite fille apparaît également de

manière répétée, entraînant un « bug ». Pas de réaction neurophysiologique mais il ressent

alors de la colère, de la haine de la peine, et il ne peut plus parler, ce qu’il qualifie de « bug ».

Dans une moindre mesure, syndrome d’évitement et de contrôle. Il fait des efforts pour se

concentrer, éviter des pensées. Il n’essaye pas d’oublier mais s’approprier ces images.

Apprendre à vivre de cette manière là.

Symptômes d’hyper éveil, vécus intensément. Difficultés de concentration au moment de la

rencontre, difficultés liées au sommeil, il a peur de dormir. La journée pas de cauchemars donc

sieste mais la nuit, nombreux cauchemars. Sentiment d’insécurité quand il est à l’extérieur. Il

n’a pas confiance, localise toujours la sortie.

Sensibilité accrue à l’environnement, plus réactif.

Sur sa prise en charge thérapeutique, au jour de la rencontre, pas d’accompagnement réel sur

la durée. Il a eu une démarche qui n’a pas abouti à une réelle prise en charge.

Début de renoncement à un mieux-être. Volonté d’acceptation et appropriation des troubles

qu’il vivait. Il trouve une explication à ce qu’il veut dans l’acceptation. Le risque est que dans le

futur, il puisse continuer à vivre en s’identifier à ce qu’il a vécu, à cet événement et ses

conséquences psychologiques. Elément de fragilité.

(Président) Sur le fait qu’il n’est pas voulu s’exprimer devant la cour, cela peut-il réactiver son

traumatisme à votre avis. Je ne sais pas quel a été son parcours par la suite, si un travail

psychologique a été fait et aurait abouti à ce besoin de se préserver et mettre à distance le

procès. Certaines victimes sont dans un mécanisme de dissociation, ayant l’impression de

continuer à vivre normalement, ce qui pourrait expliquer cela, mais M. BEJAOUI n’était pas dans

cette optique là.

73

- Questions des parties civiles : C’était impossible pour lui de se retrouver face aux complices de son agresseur, il y a eu un

travail important effectué pour lui expliquer les bénéfices possibles de parler mais par

visioconférence. Mais c’était au dessus de ses forces. Communication d’un rapport médico-

psychologique sous couvert du FGTI.

M. BEJAOUI a été entendu dans la procédure en cote D1881.

M. Dovan MIMOUNI (ami de M. BEJAOUI qui accompagnait la fille du directeur avec lui)

Le 19 mars j’étais le premier comme à mon habitude. Le directeur l’a appelé, il était avec son

ami dans la cour, il lui a donné la petite en lui disant de l’amener devant pour qu’elle soit

récupérée. Ils ont donc attendu devant. Tout le monde entrait à l’école et j’ai entendu comme

des feux d’artifice. J’ai levé la tête et vu Brian au sol. Je ne savais pas quoi faire, je l’ai vu courir,

j’ai couru il s’est retourné et a dit à la petite de courir, elle l’a fait avant de voir qu’elle avait

oublié son cartable.

(…)

Pour tout le monde ça reste inscrit, marqué, peur d’un scooter, d’un casque etc.

Quand il est arrivé il avait une arme automatique puis en a pris une autre en la pointant sur la

famille SANDLER.

12/10/2017

AUDITIONS DE TÉMOINS

M. Florian DE COLOMBEL (retraité)

Propriétaire du scooter volé le 6 mars. Quelques jours auparavant la voiture de son épouse

était au garage et prête le lendemain. Il y est allé en scooter. Il s’est garé devant la porte

74

d’entrée du garage et sont rentrés. Son épouse est ensuite partie en voiture et lui s’apprêtait à

repartie en scooter. Il s’est rendu compte qu’il avait oublié sa facture donc il est retourné dans

le garage. Il a alors vu un individu bondir sur son scooter et partir avec. Il a essayé de le rattraper

sans succès. Il a contacté la société du tracker ainsi que la police pour signaler le vol de son

scooter. La MACIF lui a expliqué qu’il ne se ferait pas rembourser car ses clés étaient sur le

scooter. Puis il les a recontactés avec le nom du voleur, donné par la police, ils ont alors accepté

de le rembourser. À partir du 15 il a été auditionné par la police. Au moins de juin il a été

auditionné par le Juge d’instruction et en septembre une reconstitution du vol a eu lieu.

(Président) pourquoi avoir choisi ce modèle de scooter ?

C’était mon 8ème scooter. A l’époque je voyais mes clients à leur domicile notamment donc je

me déplaçais. Ça faisait plus 10 ans que je me déplaçais ainsi. C’est le 3ème scooter que l’on me

vole.

Qu’est ce qui est intéressant particulièrement dans ce scooter ?

C’est à mon avis le plus maniable, et rapide.

Quand je l’ai acheté ils m’ont dit que c’était le nouveau modèle équipé obligatoirement d’un

tracker. J’étais persuadé qu’on allait le retrouver.

Ce véhicule vous le gariez où ?

Devant chez moi. Au niveau des poteaux la journée, et le soir au parking public à côté. Acheté

au magasin Yam Service qui jouxte Maxxes.

Lorsque je paie, je dis à mon épouse de repartir. Je n’avais pas laissé les clés à ce moment. Je

paie, je mets les clés dans le scooter, met mon casque, et c’est lorsque je me suis rendu compte

de l’oubli de la facture que je les ai laissés. Comme la personne est au téléphone j’attends, il

me donne la facture, je me retourne et je vois cet individu bondir sur mon scooter.

Sweat-shirt beige, un pantalon dans le même ton, cheveux courts.

On lui a présenté une photo avec Mohamed MERAH les cheveux longs et Abdelkader MERAH

les cheveux courts. Il pense reconnaître d’abord Abdelkader MERAH à cause des cheveux

courts. C’est la forme globale de la tête qu’il reconnaît.

Particulièrement sportif et cheveux courts raides d’égale longueur sur tout le crâne.

Puis on lui montre un autre cliché et pense que c’est peut-être lui, mais il s’agit d’une personne

encore différente. Globalement c’est la coupe de cheveux qui l’a marqué.

D640/3 : facture. Peut être éditée entre 16H43 et 16H47 (heure à laquelle il appelle la société

du tracker).

La façon dont il est arrivé, sur le côté droit, laissant penser qu’il était caché.

Avez vous vu d’autres personnes présentes, une voiture ?

75

Non je n’ai rien vu de particulier. Pas de sentiment d’être suivi, je n’ai rien remarqué du tout.

Lorsque je l’ai vu, j’étais à 5 ou 6 mètres.

- Questions des parties civiles Je voulais savoir si d’après vous c’était un vol intuitif ou faisait-il le guet pour ensuite voler le

scooter ?

Il peut avoir préparé comme il peut voir un scooter, se cacher et se dire qu’il va le voler par une

manœuvre. Il a bien surgi de la droite et non dans la direction du scooter. Il longeait le mur du

bâtiment.

Cote D5692/12 : album photo montré au témoin pour un indiquer la position du voleur.

- Questions de l’Avocat général Vous exerciez la profession de gestion du patrimoine, essentiellement à domicile ? il y avait des

bureaux qu’on utilisait pour les réunions mais principalement je l’exerçais à domicile. Votre

scooter était donc garé devant chez vous ou dans un garage ? oui.

Le véhicule TMAX est sur le trottoir devant l’immeuble près de mon pavillon.

Vous indiquez quitter votre domicile à 16H15 avec votre épouse. C’est un garage

essentiellement automobile ? oui, il ne s’est jamais occupé de mes deux roues. Le véhicule est

automatique équipé d’un tracker. Indications sur sa position ? absolument pas.

C’est une porte vitrée donc on voit qui est à l’intérieur. Quand on rentre dans ce garage, la

porte d’entrée est à une distance de 5/6 mètres, on voit d’extérieur depuis le comptoir.

C’était quelqu’un qui était caché à droite du garage avant de bondir sur le scooter.

Le scooter repart à quelle allure ? il repart très vite, la circulation est faible à cet endroit. Ce

n’est pas un axe de circulation.

D4765/5 : reconstitution avec le juge d’instruction. A quelle distance le juge d’instruction a

établi la visibilité de la masse métallique sur votre scooter ? je ne l’ai pas relevé je ne sais pas.

- Questions de la défense Ce n’est pas un garage moto mais automobile. Aviez-vous pris RDV ? Non mais j’avais appelé et

on m’a dit que le véhicule était prêt et que donc je viendrais sans préciser d’heure.

On ne pouvait donc pas savoir quand vous viendriez.

76

Versement de pièces au débat (photo et plan du vol).

Comment peut on faire le guet dans l’espoir de voler une moto devant un garage automobile ?

je suis incapable de dire si j’étais suivi depuis mon domicile jusqu’au garage ou s’il a vu ma moto

sur place. Mais il n’a pas pu surgir en quelques secondes. Il s’est arrêté discrètement en

attendant.

Ce n’est pas une masse métallique que vous avez laissé mais simplement vos clés ? oui. Etaient

également posés mon casque et ma paire de gants.

Vous décrivez votre vol. vous avez dit à deux reprises (D570) pull manche longue de couleur

gris clair puis (D547) vêtu d’un sweat ou polo gris à manche longue. Puis pantalon en toile gris

clair. Oui il m’a semblé que c’était pratiquement la même couleur. Pour moi il n’était pas jean

mais en toile beige ou gris clair.

- Partie civile :

Position d’Abdelkader MERAH pendant le vol, de quoi s’agit-il ? téléphonie ou autre ? c’est la

position utilisée pendant la reconstitution.

M. Yohann CONGOSTE (ancien employé chez YAM 31)

Je connaissais Abdelkader MERAH avant les faits. Ils sont venus au magasin demander un devis

de pièce. Je ne me souviens pas vraiment.

Au moment des faits vous travaillez chez Yam 31 depuis quand ?

Le 6 mars 2001. Fonction de magasinier. Je réceptionne les pièces, fais des devis de pièces

détachées, factures, vente de pièces.

Question d’un devis réalisé le 6 mars 2012. Dans quelles circonstances ? Il s’agissait de pièces

pour tel machine. Je ne me souviens plus pourquoi.

Qui était présent ? logiquement Abdelkader, je ne me souviens pas mais le devis est réalisé à

son nom.

Vous connaissiez la famille MERAH ?

Oui ils venaient quand ils étaient plus jeunes, Mohamed MERAH pour son scooter, son frère

beaucoup moins. Connu de visuel. Il y avait deux personnes. Mohamed MERAH n’était pas au

comptoir lors de la réalisation du devis mais il se trouvait dans le magasin.

Le nom de Fettah MALKI ne lui dit absolument rien.

Mohamed MERAH parlait avec un collègue, Cédric NICODEME. Je n’entendais pas il était trop

loin. J’ai su ensuite qu’il demandait comment enlever le tracker du TMAX lorsque la police est

venue. Mon collègue lui a dit que ce n’était pas possible. Il n’a pas voulu lui dire comment faire.

Ils ont pu arriver ensemble.

Abdelkader MERAH : reconnaissez vous avoir demandé un devis le 6 mars 2012 ?

77

Oui je confirme, j’étais accompagné d’un copain, de mon petit frère et de Mohamed Mounir

MESKINE.

Pourquoi dites vous plutôt en début d’après midi et pas en fin d’après midi ? je ne me souviens

pas du tout. (Lecture faite : « car il faisait jour et au mois de mars quand on arrive vers 18H la

nuit tombe donc ce n’était pas en fin d’après midi »).

Il y a déjà eu des problèmes avec Mohamed MERAH dans le magasin ? pas du tout. J’ai même

été surpris de ce qu’il a commis. Pour moi, je le connaissais en tant que voleur mais pas en tant

que terroriste.

- Questions des parties civiles Le 6 mars 2012 vous vous rappelez n’avoir vu Mohamed MERAH qu’une seule fois dans le magasin ? oui. Vous en êtes certains ? oui.

- Questions de l’Avocat général À Abdelkader MERAH : pouvez vous préciser à quelle heure vous êtes allé faire le devis ?

Après que le magistrat instructeur m’ait aidé à me remémorer cela, c’était entre 14H et 14H30.

- Questions de la défense La première audition est le 8 novembre 2012. Vous dites que vous avez vu Mohamed MERAH

ce jour là, mais vous ne les avez pas vu ensemble. Non.

M. Cédric NICODEME (Mécanicien)

Il connaissait Abdelkader MERAH de vue en tant que client.

Je n’ai pas eu à faire directement avec un des deux accusés.

Employé à l’époque chez Yam 31 en tant que mécanicien, préparateur de véhicules neufs et

d’occasion. Spécialiste des motos/scooters. De juillet 2003 à septembre 2014.

Connaissiez vous Abdelkader MERAH comme un client ? personnellement non mais je sais qu’il

était client.

Connaissiez vous son frère ? depuis adolescent il venait chez Yam 31. On a vu grandir Mohamed

MERAH car il venait souvent faire des réparations sur les scooters.

Comment était-il ? normal, pas de problème particulier.

78

J’ai été interrogé plusieurs fois à Toulouse car Mohamed MERAH est venu me poser des

questions. J’étais à l’entrée du magasin en train de nettoyer un véhicule. Il m’a posé des

questions par rapport à un scooter pour savoir comment retirer le traceur car il voulait

repeindre le scooter. Il est venu tout seul. Je n’ai pas vu par quel moyen il est venu, je l’ai vu

entrer. Je n’avais pas le droit de donner ces informations sur la géolocalisation. Ça peut faciliter

les vols sinon.

Entendu le 20 mars 2012 D638 : on vous demande quand Mohamed MERAH est venu dans

votre magasin pour poser cette question. Vous rappelez vous ? je ne sais plus si c’est le matin

ou l’après midi.

Il est venu pour déshabiller le scooter, refaire une peinture et voir si on pouvait enlever la

géolocalisation. Derrière moi il y avait mon patron qui écoutait aussi. On ne peut pas répondre

à ces questions.

Dans ses anciennes déclarations, il lui semblait que Mohamed MERAH portait un jean et une

veste de couleur sombre et des tennis.

Si je me rappelle bien, il n’a pas insisté plus que ça lorsque je lui ai dit que c’était confidentiel.

Mohamed MERAH n’est venu qu’une seule fois pour me parler du problème du tracker.

Intérêt du véhicule ? c’est puissant. Je ne sais pas trop quel intérêt. C’est le scooter le plus

vendu.

- Questions de l’Avocat général Vous confirmer n’avoir eu qu’une seule visite de Mohamed MERAH. Vous avez parlé de

concertation pour préciser la date : 6 ou 7 mars 2012.

- Questions de la défense Quand il est rentré, Mohamed MERAH était seul ? oui

Peut-on à l’œil savoir où se trouve un tracker ? non. Il dit savoir que le tracker est à l’avant, or

c’est bien le cas.

Un tracker c’est gênant pour un voleur. Donc partant du principe que Mohamed MERAH s’est

renseigné sur le tracker avant le vol. vous avez décrit la façon dont Mohamed MERAH était

habillé. Vous souvenez ? je sais qu’il avait un pantalon et une veste. Vous avez dit une veste

foncée et un jean.

Mme Sylvie LAGER (secrétaire commerciale dans la concession de moto Yam 31)

Les frères MERAH étaient clients.

79

Mohamed MERAH a posé des questions gênantes concernant la position du traceur. Il a voulu

lui parler mais comme elle était occupée il est reparti.

Il lui semble qu’il a demandé où était le tracker, sa position et rien d’autre.

Elle le voit discuter avec Cédric et ensuite il part à la boutique accessoire pour acheter une

cagoule. Il lui semble qu’il a voulu acheter une « cagoule chouette » or l’une a été achetée le 6

mars. Elle a vu que Mohamed MERAH venait d’acheter une cagoule auprès de Benjamin, le

responsable accessoire.

Elle connaît Mohamed MERAH depuis ses 14 ans.

- Questions des parties civiles Lorsque quelqu’un vient dans votre magasin pour se renseigner sur le tracker avec insistance,

d’après vous, est-ce qu’il sait où il se trouve ? non il veut savoir où il se situe, sa position.

M. NICODEME a indiqué que Mohamed MERAH lui avait dit que quelqu’un l’avait renseigné et

qu’il savait que c’est positionné à l’avant. De toute façon les trackers ne sont jamais positionnés

au même endroit, nous même ne savons pas lorsque les scooters en sont déjà pourvus.

Sur le regard insistant pour mettre un terme à la discussion, est-ce parce qu’il n’arrivait pas à

s’en défaire ? il est jeune alors je lu ai fait comprendre qu’il fallait passer à autre chose pour

éviter les problèmes.

Sur les faits que tous les nouveaux modèles soient pourvus de tracker obligatoirement, trouve-

t-on ces informations sur internet ? on trouve tout sur internet, mais à savoir comment ça se

présente et où, pas forcément, les acheteurs savaient forcément qu’il y en avait en tout cas.

Tout le monde savait que le TMAX en question venait de sortir : les clients qui l’achetaient, on

leur précisait que des tracker étaient montés sur leur véhicule comme système de sécurité,

pour éviter les vols. C’est une information à la portée de n’importe qui.

- Questions de l’Avocat général Lorsque quelqu’un rentre dans votre magasin pour demander où se trouve un tracker, pensez-

vous que c’est pour quoi ? c’est pour le déconnecter.

Lorsqu’il rentre vous l’avez toujours vu seul ? lorsqu’il se renseigne et achète la cagoule ? oui.

Etait –t-il seul ce jour là ou à ce moment là ? moi je n’ai pas vu Abdelkader MERAH.

Question à Abdelkader MERAH : vous dites avoir accompagner votre frère pour demander des

renseignements sur le TMAX. Non je n’ai pas dit ça. La journée du 6 mars je suis venue avec

mon petit frère pour le devis.

Mais lors du renseignement sur le tracker ? Je n’étais pas présent à ce moment.

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L’avez vous accompagné pour qu’il se renseigne et l’avez-vous attendu devant ? je ne suis

venue que pour le devis et rien d’autre.

- Questions de la défense Vous avez indiqué que le tracker pouvait être positionné à différents endroits sur le TMAX.

Certains étaient montés par notre mécanicien mais d’autres scooters arrivaient déjà pourvus

du traqueur.

Avez vous vu entrer Mohamed MERAH dans la boutique générale ? de mon bureau, je peux

voir les personnes qui entrent mais si j’ai un client avec moi je ne le vois pas. Je ne l’avais pas

vu, mais il discutait du tracker devant les TMAX face à mon bureau et c’est là que j’ai entendu.

Sur la chronologie des achats ?

L’achat a eu lieu après le renseignement sur le traqueur. Monsieur NICODEME pouvait il voir

les personnes entrer ? tout à fait de part sa position, il a pu le voir entrer directement et il est

allé directement vers lui le saluer et lui poser la question.

M. MERAH vous avez indiqué venir chez YAM31 en compagnie de MESKINE et votre frère pour

le devis. Etes vous entrés en même temps ou de manière différée ? on est entré en même

temps.

Lorsque les policiers sont venus, vous saviez que c’était en lien avec l’affaire MERAH le 20

mars ? ce jour ils sont directement allés voir le directeur de la concession qui m’en a parlé. Est

ce que les policiers vous ont dit que le TMAX volé avait été retrouvé ? non pas du tout. Je n’ai

su les choses que par la direction.

M. Hamid BOUALEM (entraineur de football)

Je connais Kader et son frère c’était mes joueurs quand j’étais entraineur de football aux Izard.

Ça faisait 3 ans qu’il était entraineur.

Abdelkader MERAH jouait au foot avec moi. C’était ma dernière année.

Sur un match déroulé le 11 mars, Abdelkader MERAH jouait il ? oui il était remplaçant, il est

quand même rentré à la deuxième mi-temps si je ne me trompe pas.

Je connaissais bien Mohamed MERAH. Ila joué avec moi à un certain moment, pendant, deux

semaines, trois semaines et puis je l’ai pas vu.

S’étaient-ils vus lors de ce match ? le match était déjà commencé, j’étais sur la ligne de touche,

Mohamed est passé à côté de la bande de remplaçants. Mohamed MERAH était présent ce jour

là. L’avez-vous vu discuter avec son frère ? je n’ai pas vu parce que j’étais sur le match, je venais

d’arriver je parlais aux joueurs.

81

Avez vous discuté avec Mohamed MERAH ? Non. Quand il a tracé vers le corner, il a dit n’oublie

pas de faire jouer mon frère.

Sur le match du 14 mars ? je me souviens que Mohamed MERAH est venu avec sa voiture sur

le terrain et a abîmé la pelouse mais moi je n’étais pas là on me l’a dit.

Avez-vous discuté avec M. Mohamed CHALAFI ? le remplaçant oui. Je n’ai pas discuté avec lui.

Même après être entendu par la police.

Peut être qu’il m’a téléphoné pour me dire qu’on est convoqué mais c’est tout on n’en a jamais

parlé.

Il ne vous a pas dit avoir vu les frères discuter ? non non.

- Questions des parties civiles Question à Abdelkader MERAH : Vous avez entendu le témoin dire Mohamed MERAH était

présent le 11 mars. Oui puis que je suis présent j’entends. Moi j’étais préoccupé par le match,

je ne faisais pas attention au reste il y avait beaucoup de monde, beaucoup de préoccupation.

Je ne peux pas l’affirmer ni l’infirmer.

M. CHALAFI vous a vu parlé avec des personnes ? je ne me rappelle plus, il y avait beaucoup de

monde, je suis rentrée 20min avant la fin, j’étais irrité de ne pas rentrer avant, on parlait

organisation etc. je suis allé directement le voir pour savoir qui participait, il m’a donné les

horaires.

Ce dont on est certain c’est que Mohamed MERAH était là : oui j’en suis sur et certain.

Connaissez vous M. BELMEL ? c’est un joueur de foot des Izard, quelquefois il vient avec un pull

USA. Ça ne me dit rien beaucoup de joueurs passent et repartent.

Avez vous la tenue vestimentaire de M. Abdelkader MERAH en général ? Non il était en short,

cheveux normaux je pense. Habillé normal. Les cheveux je ne me rappelle pas bien.

C’était un championnat ? oui championnat district. Tous les joueurs sélectionnés ont déjà joué

avant ? certains ont déjà joué avant. C’était son premier match à Kader. Depuis combien de

temps ? je ne me souviens pas. Ça fait trois ans que j’était là. I est venu s’entrainer et il a fait la

licence avec le président. Je ne me rappelle pas quand exactement. Juste avant on m’a dit que

sa licence était prête et on n’était pas nombreux donc je l’ai fait jouer.

Lorsque Mohamed MERAH vous a demandé de faire entrer son frère, pourquoi ? il me l’a dit

comme ça. Mohamed était déjà passé après le banc des remplaçants, il m’a dit n’oublie pas de

faire jouer mon frère. Je ne sais pas pourquoi. Un remplaçant je ne le fais pas jouer en général.

- Questions de l’Avocat général

82

C’était un match important. Vous jouez à domicile ? oui. Contre une équipe extérieure.

Le dimanche les matchs sont à quelle heure ? à 13H. après il y a d’autres matchs donc jusqu’à

17H.

À Abdelkader MERAH : vous avez indiqué avoir participé à un match à 17H à Borderouge alors

que les stades ferment à 17 ? moi j’étais libre à 15H donc j’avais le temps de participer au match

à 17H. il faut comprendre qu’il y a deux équipes. Le match de 17H est un match informel avec

toutes les équipes sans organisation.

Témoin : il y a des terrains synthétiques et libres les gens viennent librement jouer jusqu’à 18H,

20H etc.

Sur la mort du militaire IBN ZIATEN : après cet accident on était choqué. (Ce n’est pas un

accident mais un assassinat) oui ça nous a choqué complètement surtout en apprenant que

c’était notre joueur. On essaye d’encourager les joueurs, il nous a donné une mauvaise image

alors on essaye de donner le contraire, la bonne image.

- Questions de la défense Sur le moment où il était impliqué dans son match sur le banc de touche, est ce compatible

avec la réalité ? Vous avez déclaré sur le match du 11 mars : il n’est pas parti c’est sur parce

qu’il n’a pas arrêté de me demander de rentrer. Oui c’était vrai.

Vous indiquez qu’il est plus respectueux, sérieux dans l’entrainement que Mohamed MERAH ?

Il était un joueur normal, n’a jamais posé de problème, il fait ce que je demande, il rentre chez

lui à la fin de l’entrainement, il n’a jamais posé de problème.

A quel moment vous informez les joueurs qu’ils seront titulaires ou remplaçants ? dans les

vestiaires, on se donne rendez-vous aux Izard. Mohamed MERAH ne pouvait pas savoir à

l’avance qu’Abdelkader MERAH allait jouer ? non non.

Vous arrive-t-il que des spectateurs vous disent depuis le bord du terrain, « fais rentrer untel » ?

oui ça arrive toujours.

Connaissez vous Fettah MALKI ? oui il a joué aussi c’était un bon joueur, calme et puis il a arrêté.

Savez-vous qu’un voyage a été organisé à Bruxelles par des joueurs des Izard ? oui ils voulaient

montrer qu’on est pas comme Mohamed MERAH mais moi je n’y étais pas.

Madame Frédérique FOURNIER (vendeuse)

Je connais Abdelkader MERAH.

Un jour trois individus sont entrés dans le magasin où je travaillais, je me suis occupée d’eux,

ils cherchaient un blouson. J’ai eu un appel au magasin pendant ce temps ils discutaient une

83

arabe. On a finalisé la vente. Ils m’ont donné le nom Mohamed MERAH et l’un a dit au grand,

« mais tu as une fiche client » donc il m’a donné son nom Abdelkader MERAH.

Je travaille depuis mars 2007 dans ce magasin. Abdelkader MERAH était déjà client au magasin,

pas souvent, 2 ou 3 fois. C’est un personnage qu’on remarque. La première fois je lui ai

demandé s’il avait besoin d’aide et il a détourné la tête en disant non, pas très sympathique. Il

portait une robe.

Le troisième individu, je ne saurais pas le reconnaître.

Le blouson était pour Mohamed MERAH, taille S. vous êtes sure ? oui. Fin de l’achat par un

coup de fil avec Mohamed MERAH, en arabe je pense. Mohamed MERAH a essayé le blouson.

Pourquoi Abdelkader MERAH paye alors que ce n’est pas lui qui a essayé ? je peux pas vous

dire. Mais ça n’a pas été l’objet d’une discussion ? non. Abdelkader MERAH a payé en espèces.

M. Abdelkader MERAH : étiez vous présenté le 6 mars 2012 lors e l’achat du blouson à 18H04 ?

oui j’étais présent. Et votre frère ? aussi. Et le troisième homme ? M. LARBI BEY. Dont on sait

qu’il a été assassiné.

Pourquoi ne pas l’avoir dit depuis le début ? la première raison c’est que je ne voulais pas qu’il

subisse des persécutions. Mais acheter un blouson n’a rien de contraire à une règle. La

présence à un vol de scooter n’est pas un crime en soi et je suis portant ici.

- Questions des parties civiles Qu’est ce que ça veut dire l’honnêteté avec la justice alors que la seule personne qui peut

affirmer ou infirmer était M. LARBI BEY ? elle est un peu farfelue sa question…

J’ai répondu aux enquêteurs sur ma présence lors du vol du scooter. Comment voulez vous que

je nomme une troisième personne qui risque l’isolement ?

Sur le caractère discret du blouson, c’était le critère principal ? oui. Mohamed MERAH essayait

des blousons et son frère lui disait c’est discret ou ça ne l’est pas ? oui.

Vous dites que la veste ne lui allait pas. Si c’est le cas, on ne prend pas un blouson de moto qui

doit être près du corps, à moins d’une urgence non ? non ça ne me choque pas. Il n’est pas rare

que ça arrive. Il ne me semble pas sous la précipitation.

Sur le look discret, pour vous, lorsqu’il demande cela, ses acolytes ont bien entendu cette

instruction, ils savaient que c’était sa démarche, même si ça n’allait pas ? oui, acheter un

produit discret.

- Questions de l’Avocat général

84

Vous êtes témoin de l’achat du blouson taille S. vous n’avez pas été témoin d’un vol de TMAX.

Oui.

À Abdelkader MERAH : dans la chronologie du 6 mars, concernant ce blouson il est

incontestable que vous y êtes allés à 18H04. De même le vol du scooter qui est à 16H45. L’heure

je ne sais pas, mais ma présence oui.

Confirmez-vous que l’achat du blouson est postérieur au vol du scooter ? l’achat a été fait après

ma présence au vol du scooter.

- Questions de la défense Demande de blouson passepartout souvent ? Pour des utilisateurs de scooters oui.

A l’inverse vendiez-vous des blousons non discrets ? oui. Donc distinction entre ces produits un

peu tape-à-l’œil et des produits discrets pour les conducteurs de scooters ? avant moins mais

de plus en plus aujourd’hui.

Avez vous le souvenir que Mohamed MERAH ait porté la veste à l’issu de l’achat ? je n’en ai pas

le souvenir.

M. Bodief BOUGHERA

Il connaissait les deux accusés avant les faits.

Pas de déclaration à faire.

Je travaillais pour mon frère à la carrosserie des Iris.

Vous vous rappelez avoir été en Tunisie ? oui. Date du 10 au 17 mars.

Que pouvez-vous dire sur Mohamed MERAH ? Je n’ai rien à dire.

Lecture de ses déclarations par le Président.

C’était un mec impulsif qui se vexait vite. Ça faisait 1 an qu’on le connaissait vraiment. Il était

de formation carrosserie. C’était un excellent pilote.

Quand l’avez vous vu la dernière fois ? c’était avant que je parte en Tunisie je pense.

Je ne l’ai jamais vu avec un téléphone. C’était les numéros de ses amis qu’on avait. Autrement

il était très difficile à joindre par téléphone.

Il se déplaçait en voiture, mais plus trop en moto. Je ne m’en rappelle plus.

Concernant les voyages, je crois que c’était pour lui, pour l’islam, je ne sais pas.

Sur la guerre en Afghanistan : « on pensait qu’il était capable de faire la guerre en Afghanistan

et aller se faire mourir là bas. Mais pas qu’il ferait quelque chose comme ça ici » ne s’en

souvient pas.

85

C’était quelqu’un de sanguin, de même que d’autres jeunes, à faire péter la baraque, à l’époque

c’était comme ça c’était des paroles pas des actes.

Il était intéressé par les armes ? oui comme tous les jeunes, les jeunes comme lui. Il m’a montré

une vidéo sur une arme impressionnante et l’effet que ça faisait. Il n’a jamais évoqué les armes

qu’il possédait ? non pas du tout.

Sur sa religion ? Il faisait la prière quand il était au garage. Pas tolérant c’est large, il y avait des

choses qui ne passaient pas. Quand on est venu chez moi, j’ai été obligé de parler sinon on m’a

dit qu’on m’envoyait au 36.

Profil solitaire ? je l’ai toujours vu seul.

J’avais plus d’affinité avec Mohamed MERAH qu’avec son frère Abdelkader, avec des gens ça

ne passe pas.

Mohamed MERAH parlait-il de son frère ? pas du tout. Et les autres membres de sa famille ?

non.

D’après ce qu’il me disait il jouait beaucoup.

Qu’est ce que vous saviez de son mariage ? je ne savais pas qu’il était marié. Je ne m’en souviens

plus. « Il a voulu divorcer car elle ne voulait pas faire le mariage » oui on a rigolé car c’était un

mariage éclair.

« Il était proche de son frère Théodore » : oui.

Il est venu chez vous Abdelkader ? je l’ai vu une fois, accompagné de son beau-frère, pour une

histoire une réparation de la voiture de Karim je pense.

- Questions de l’Avocat général Problèmes de mémoire sur à peu près tout. Sauf sur le fait qu’il se renseigne concernant un

TMAX avec un budget de 5000 euros le 8 mars.

Lecture de la cote D748.

Les policiers demandent si vous l’avez vu avec un TMAX si oui, où le stationnaient il ? non les

TMAX il ne voulait plus en entendre parler depuis son accident.

Le 20 novembre vous faites état d’une demande éventuelle d’achat de TMAX pour 5000 euros.

Vous lui avez dit de consulter leboncoin pour cela.

Vous avez acheté un TMAX du même type ? chez Yam service je ne sais plus quand, à mon nom.

Qu’est devenu ce TMAX ? La concession me l’a reprise. Pourquoi ? vous l’avez rendu ou vous

ne l’aviez pas payé ? non je voulais changer. Je ne voulais plus de TMAX. Je voulais un Quad.

Vous avez dit que le TMAX est de très bonne qualité et très maniable en ville.

86

- Questions de la défense A cette époque là, les jeunes sont dans l’excitation, voire la haine. Vous voyez Mohamed

MERAH et savez qu’il a fait des voyages à l’étranger ? était-il différent ? non. Beaucoup de

jeunes partaient ? exactement.

Sur la religion, était-il à l’égal des autres ? oui. Beaucoup de jeunes allaient à la mosquée ? oui.

Il n’y allait pas ? non.

Comme marque extérieur de cette « religiosité », en dehors du tapis de prière aviez vous des

choses pouvant vous alerter ? pas du tout.

Lorsque vous pensez à Mohamed MERAH à cette époque, vous le voyez comme un guerrier ?

pas du tout. Un fou de Dieu ? pas du tout.

Il avait quelques fois des boucles d’oreille, à un moment une crête rouge ? oui.

Vous le considériez comme quelqu’un de solitaire ? oui il a toujours été comme ça. Parce qu’il

était pas très aimé ou ne trouvait pas sa place ? non c’était son tempérament.

Vous avez évoqué les amitiés de Mohamed MERAH et vous n’avez jamais cité Fettah MALKI.

Non, jamais. Aviez vous entendu qu’il avait pu lui vendre ou détenir des armes ? non.

S’agissant de Fettah MALKI ? c’est quelqu’un de gentil.

Pas de lien d’affinité particulière avec Abdelkader MERAH ? non pas du tout.

Les deux étaient selon vous diamétralement opposés ? oui.

Abdelkader MERAH n’était pas votre ami ? Non.

Vous apportez une précision en disant que le 8 mars Mohamed MERAH est venu demander où

on pouvait trouver un TMAX pour 5000 euros. Sur le PV de l’époque, (D6674) vous lui aviez dit

de regarder sur leboncoin. Vous étiez pratiquement certain de cette date. Aucune raison de

revenir sur ces déclarations ? Non.

Lecture des dépositions de M. Éric SPIESS.

Lecture Cote 4278/4

13/11/2017

AUDITIONS DE TÉMOINS

Monsieur Mohamed MESKINE (propriétaire d’un salon de coiffure)

87

On m’a reproché que j’étais ce fameux troisième homme recherché, je me suis expliqué, j’ai

été éprouvé dans cette affaire parce que j’ai fait un devis et j’ai acheté un manteau.

La relation est calme, ce qui nous avait rapproché c’est la religion car j’ai été investi à un

moment donné. Après ce n’est pas quelqu’un de ma génération, on s’appréciait c’était

quelqu’un de sympathique.

On se connaissait depuis toujours, on habitait le même quartier.

J’étais plus assidu dans ma religion, je suis musulman.

Par son intermédiaire ?

Non j’ai commencé à pratiquer ma religion sur Toulon c’était pour avoir une certaine hygiène

de vie, vers 2006, 2007.

Est ce que vous fréquentiez les Takfir. Non pas du tout.

Vous connaissez Ali JAFAR ? oui. Il était considéré comme étant dans ce mouvement ? je ne sais

pas du tout.

Mohamed MERAH c’était un petit jeune de mon quartier, ce n’était pas quelqu’un de ma

génération mais ça m’arrivait de le voir dans le quartier.

Vous avez échangé des lettres avec Abdelkader MERAH ? oui. Vous vous en rappelez ? oui j’ai

une petite idée, mais ce que j’ai dit je ne sais pas exactement.

Quand j’étais incarcéré pour une affaire de stupéfiants, il m’écrivait et j’ai répondu. C’est

possible qu’il m’ait envoyé des livres mais je ne m’en souviens plus.

Lorsque vous lui dites « merci pour le petit rappel pour la musique » ? je n’en ai pas le souvenir.

Après, quand on essaye d’être pieux, la musique est déconseillée en Islam.

Sur les faits du 6 mars 2012, pouvez vous rappelez ce qu’il en est de cette moto et comment

vous en êtes venus à avoir entre vos mains la moto de M. Abdelkader MERAH ?

Si j’ai été mis en examen c’est à cause de cette moto. J’ai obtenu mon permis moto le 2 mars,

j’ai été me renseigner sur les motos pour moi avec Abdelkader MERAH chez Yam service.

Abdelkader était en moto à ce moment là. Je lui avais proposé de m’accompagner pour

regarder ce que j’allais choisir. Je m’étais renseigné, j’hésitais entre plusieurs types. Vous étiez

intéressés par les TMAX ? oui également, les nouveaux modèles sortis avaient l’air sympa. Je

voulais un TMAX, mais il n’y avait pas avec ABS, le confort n’est pas le même au niveau du

freinage c’est différent. Il y a aussi le traqueur ? non, on m’en a parlé mais ce n’est pas ce qui

m’intéressait. Je me suis déjà fait voler un scooter.

Je suis revenu dans mon quartier juste après avoir eu le permis, j’étais un peu content, donc

Abdelkader MERAH m’avait prêté sa moto. Il me l’avait prêté pour le week-end.

Qu’est ce que vous faites de la moto ? j’avais fait un petit tour avec, je lui ai rendu et il me l’a

prêté à nouveau. Qu’est ce qu’il s’est passé ? j’avais relevé un petit détail, j’étais tombé en

panne.

88

Et l’accident de moto ? je sortais en soirée, je suis sorti moto et tombé avec. J’avais accéléré

brusquement et j’ai été éjecté de la moto. Je me suis un petit peu blessé à la main gauche. C’est

un ami qui a récupéré la moto et la ramenée aux Izards.

Pourquoi vous ne la ramenez pas vous-même ? j’avais un peu mal.

Ensuite je suis sorti avec des amis en voiture et on a passé la soirée dans un autre endroit, la

boite de nuit Calypso.

La journée du 4 mars (lendemain) ? je me suis rendu à la clinique de l’Union, je ne voulais pas

aller à l’hôpital.

Comment il a été informé du choc de la moto ? je ne sais pas ce n’est pas moi qui lui ai dit mais

il l’a su par quelqu’un d’autre. On s’est revu ensuite. On avait convenu de se revoir, je comptais

réparer la moto et il m’a dit de ne pas me prendre la tête il l’avait amené à la carrosserie et il

n’y avait rien de grave.

J’ai voulu être correct, faire un devis avec lui. Je ne lui téléphone jamais, j’en ai pas le souvenir,

pas qu’avec lui. Je ne vois pas l’intérêt. On est dans un quartier où tout le monde se trouve.

On a convenu d’aller ensemble voir l’état de la moto. Vu que c’est fermé le lundi, j’ai voulu y

aller mardi. On a convenu qu’il allait me récupérer. A ce moment là j’habitais à Aucamville.

Le magasin ouvre vers 14H. il devait me récupérer vers là. On va chez Yam31. Qui a choisi le

magasin ? je n’en ai pas le souvenir. Il a acheté la moto à Yam service pourquoi pas là bas ? Je

n’en sais rien j’avais l’habitude d’aller là bas.

Il est venu vers 14H. entre 14H et 15H peut être qu’on arrive. Quand il vient il est tout seul ?

non je me suis rendu compte qu’il y avait Mohamed MERAH côté passager avant dans la Clio

noire.

Vous avez été surpris de le voir ? non pas surpris, je ne m’attendais pas à le voir. A cette période

là je ne parlais pas vraiment avec lui, les relations n’étaient pas très bonnes. C’était quelqu’un

qui avait du caractère il était un peu pénible je ne m’entendais pas avec lui.

On est arrivé, on s’est dirigé vers une moto du même modèle qu’Abdelkader MERAH. On est

rentrés tous les trois mais pour le devis il n’y avait qu’Abdelkader MERAH. Il discutait ailleurs ?

honnêtement je ne sais pas j’étais sur le devis.

J’ai payé en numéraire, j’avais du liquide sur moi, peut-être 1000 euros. J’ai travaillé. Il me

semble que je donne à Abdelkader MERAH la somme dans la voiture.

On est remonté dans le véhicule. Non il m’a redéposé et j’ai fait ce que j’avais à faire. « Ils »

m’ont déposé aux Izards.

Ils ont continué ensuite leur route, je ne sais pas où exactement.

Il n’a pas parlé du TMAX et du traqueur ? Non s’il devait parler c’est avec son frère pas avec

moi.

89

Abdelkader MERAH a dit avoir assister au vol. Le TMAX a été remisé à Aucamville dans une

résidence très proche de la votre. Vous la connaissez ? non honnêtement je ne sais pas du tout

de quelle résidence on parle. Je connais un petit peu le secteur mais sans plus.

Vous avez été reconnu par une vendeuse lors de l’achat du blouson avant de changer d’avis

lors d’une confrontation. Vous n’avez pas assisté au vol du TMAX ? Non je n’étais pas présent

à ce moment là. Je l’ai appris par les enquêteurs.

Vous avez été incarcéré ? oui pendant pratiquement 5 mois.

Abdelkader MERAH a dit ensuite qu’une personne présente avec lui lors du vol était M. LARBI

BEY. Que pensez vous de cela ? Je ne sais pas du tout, je ne suis pas concerné par cela, j’ai rien

à voir avec cela.

Lorsque vous avez été interpelé un bip pour ouvrir un portail a été retrouvé dans votre

véhicule ? je ne me souviens plus peut-être que ça ne m’appartient pas.

Peut être que c’était celui de la résidence de son frère. Ou habite-t-il ? prêt de chez moi. Ce ne

serait pas l’adresse où le scooter volé a été laissé ? je ne sais pas du tout, je ne connais pas son

adresse exactement.

Sur les relations entre Abdelkader MERAH et Mohamed MERAH ? ils ne s’entendaient plus trop

à cause du caractère de Mohamed MERAH, j’étais surpris de le voir, après c’est son frère c’est

normal de se disputer et se voir.

Que saviez vous de son engagement religieux ? à mon retour de Toulon, j’ai vu qu’il était un

peu dans la religion, je le voyais à la mosquée. Il portait le kamis ? Il a pu le porter oui. Il faisait

du prosélytisme ? non je ne l’ai jamais vu faire ça. Il était lui-même dans l’apprentissage de la

religion.

Dans quel état Abdelkader MERAH était-il à son retour d’incarcération ? je le voyais à peine, je

n’ai rien vu de bizarre, d’alarmant.

Aujourd’hui vous avez bénéficié d’un non lieu. Oui mais j’ai quand même subi des préjudices,

on m’a fait passer par le 3ème homme.

- Questions des parties civiles Vous habitez à Aucamville depuis combien de temps ? peut être un an.

LARBI BEY était-il à Aucamville ? il n’est jamais venu chez moi.

Le 1er fait de mise en examen : vol d’un scooter. Vous savez n’y avoir pas participé. Vous savez

qu’il y a un 3ème homme ? Je l’ai appris par la suite. Vous savez que dans le véhicule il y a

Abdelkader et Mohamed MERAH. Pour quelle raison, Abdelkader MERAH dont vous êtes

proche, ne donne-t-il pas immédiatement le nom du 3ème homme ? comme je l’ai dit, je ne sais

pas, chacun est responsable de ses choix.

90

Connaissiez vous LARBI BEY ? Oui il habitait près de chez moi. Il s’est fait assassiner. Son nom

est révélé après sa mort ? je ne sais pas du tout, je ne suis pas bien placé pour répondre à cette

question.

À Abdelkader MERAH : pour quelle raison ne pas dire le nom de LARBI BEY alors que Mounir

MESKINE est un ami ? Lorsque le juge d’instruction m’a dit que Mounir MESKINE affirmait avoir

été présent, j’ai dit aux enquêteurs que Mounir MESKINE était présent avec moi lors du devis.

Mohamed MESKINE : Moi je ne lui en voulais pas forcément à lui mais surtout aux enquêteurs

qui sont des professionnels.

Moi honnêtement à sa place, je n’aurai pas dit le nom de la personne, j’aurai attendu qu’il se

désigne seul, surtout dans une affaire comme ça.

Cote D3720/8 : vous expliquez « Kader c’est quelqu’un que j’apprécie c’est comme un grand

frère pour moi, c’est un grand du quartier ». C’est la génération au dessus, il fait parti des

anciens vis-à-vis des jeunes comme moi aujourd’hui.

Vous ajoutez, « mais on parlait également de religion puisque c’était notre point commun ».

C’est ce qui nous rapprochait, on était en apprentissage. C’est ce qui au départ avait tissé les

liens entre nous.

Cote D3726/4 : La nuit du 2 mars vous êtes au Calypso alors qu’au préalable et à la barre, selon

votre conception de l’islam, la musique était interdite. Est ce contradictoire ? non parce qu’à

ce moment là je n’étais pas assidu, pas vraiment dans la religion. C’était courant 2006, 2007

que je l’étais. Après je n’étais plus dedans.

Est ce que mentir est contradictoire avec votre perception de l’islam ? ce n’est pas bien de

mentir.

Sur l’emploi du temps précédant le 6 mars. Vous dites avoir votre permis le 2 mars, vous voyez

Abdelkader MERAH le 2 mars ou le lendemain ? Juste après mon permis le 2 mars. Vous faites

une chute le 3, et vous revoyez Abdelkader MERAH le lendemain ? avant ou après la clinique ?

sûrement après.

Vous ne savez plus quand vous le voyez également ? je ne sais pas.

Ça m’arrivait de le voir aux Izards, il y avait sa belle-famille.

Sur l’apparence d’Abdelkader MERAH à l’époque, changement ? non. La journée du 11 mars

vous dites l’avoir vu au match de foot, il y a eu un changement dans son apparence, sans savoir

quand ? non il y a des moments où il avait la barbe et à d’autres non.

- Questions de l’Avocat général Sur vos relations antérieures avec les frères MERAH. Dans les lettres vous écrivez à Abdelkader

MERAH pour faire passer à Mohamed MERAH des salutations religieuses notamment

concernant son mariage. Pourquoi passer par lui ? non pas de raison parce qu’Abdelkader m’a

91

écrit, je réponds dans ce cadre, mais Mohamed ne m’avais pas écrit et je n’avais pas son

adresse, c’est un message de gentillesse et son frère. Pour vous ils s’entendaient à ce moment ?

oui je ne peux pas vous dire.

Lorsque vous souhaitez acheter une moto et que vous vous renseignez avec Abdelkader MERAH

pouvez vous le situer ? non je ne sais plus c’était peut-être un petit peu avant de passer mon

permis.

Vous venez de confirmer que vous auriez pu achetez un scooter TMAX 530. Pourquoi y aller

avec Abdelkader MERAH ? Parce qu’il était en moto, et dans le contexte, puisque j’allais acheter

une moto j’y suis allé avec lui.

À Abdelkader MERAH : lorsque vous avez entendu par le JI vous avez confirmé être allé

accompagner MESKINE mais vous n’avez pas parlé du TMAX 530.

À la base Mounir MESKINE, voulait acheter une moto scooter de grosse cylindrée donc on y est

allé à Yam service pour le conseiller. On a regardé les motos, le scooter.

Dans ses déclarations, son premier choix était un TMAX 530. Or vous ne parlez pas de ce

modèle. Est ce que le GT 800 était bien le premier choix ? non ce n’était pas un GT 800. C’est

ce que vous aviez dit.

Pourquoi faire le devis à Yam 31 plutôt qu’à Yam service où vous avez acheté le scooter ? c’est

comme s’il y a deux boulangeries dans un même quartier, ici, les deux sont identiques, pourquoi

aller dans l’un ou pas dans l’autre, c’est pareil.

Ça serait logique si l’accident couvrait la garantie mais aucunement, les deux fournissent le

même matériel. Le devis ou la prestation est exactement les mêmes.

Au témoin : selon vous, combien de temps met-on de votre domicile à Yam 31 ? dans les 15

min je pense. 19 min selon les services de police.

Combien de temps entre les Izards et votre domicile ? je pense 10 min. les policiers ont compté

12 min.

LARBI BEY a été entendu à l’époque, ayant toujours dit n’avoir rien à voir dans ces faits, et

n’avoir jamais vu Abdelkader et Mohamed MERAH ensemble à cette époque.

Vous connaissez le secteur du garage où le vol a eu lieu car il y a un karting. Est-il beaucoup

fréquenté par les jeunes ? oui.

À Abdelkader MERAH : vous l’avez fréquenté ? je ne vois le rapport. Je répondrais cet après

midi car ça rentre dans le cadre des questions prévues pour cet après midi sur le vol du scooter.

C’est ma réponse.

À Mohamed MESKINE : vous confirmez être rentrés à trois chez Yam 31 puis être 2 au

comptoir ? oui. Comment était habillé Mohamed MERAH ? je n’en ai pas le souvenir.

- Questions de la défense

92

Vous avez été mis en examen le jour de la réalisation de la synthèse à raison du fait que vous

êtes un soldat salafiste, et auriez minimiser vos relations avec les frères MERAH. La presse et la

justice vont vous tomber dessus et vous considérer comme le coupable.

Ce qu’il y avait contre vous pour que vous fussiez mis en examen et placés en détention : la

communauté religieuse, le vol du scooter, la présence lors de l’achat du blouson. Or vous

n’aviez pas été mis en examen pour complicité d’assassinat. Vous aviez été mis en examen pour

association de malfaiteur en vue d’un acte terroriste.

Quelle relation entre Mohamed MERAH et vous ? je ne le détestais pas non plus mais on n’était

pas proches.

Le 6 il quitte son domicile à 14H07 (l’appelle cesse à cette heure). Il monte vers les Izards et

voit son frère. C’est le hasard mais Abdelkader MERAH et vous c’était prévu. Oui. Mohamed

MERAH, lui, n’était pas prévu au programme ? non.

Vous allez vous retrouver pour l’histoire du devis. Vous dites être rentrés à trois. Vous vous

souvenez que le témoin Cédric NICODEME avait déclaré que « Mohamed MERAH est rentré et

est directement venu vers moi ». Vous rentrez et vous vous séparez ? oui.

Que faites vous ensuite ? quand on termine on part tout simplement, on n’est pas resté très

longtemps. On repart aux Izards où on me dépose. Après je ne sais pas.

Vous avez vu qu’on gratte sur votre non lieu ? pas que ça même à ma sortie, on a fait appel de

mon lieu.

Ce non lieu c’est parce que la femme vendeuse, certifie que ce n’était pas vous. Vous êtes

miraculés dans ce sens.

- Questions de l’Avocat général

Vous aviez dit tout à l’heure être allé avec Abdelkader MERAH pour le devis et Mohamed

MERAH était là mais vous ne saviez absolument pas pourquoi ? non je ne savais pas.

- Questions de la défense Vous n’êtes pas dans la connaissance d’un rendez-vous préalable entre Mohamed et

Abdelkader MERAH, mais on peut aussi imaginer que si je vois un copain, je n’emmène pas mon

frère si je sais qu’ils ne sont pas en bon terme.

Que disait M. LARBI BEY de la religion ? ce que je peux vous dire sur lui c’est qu’il n’était pas

très religieux.

93

Lecture des déclarations de M. MERCADAL.

Lecture des déclarations de M. BELMEL.

16/10/2017

AUDITIONS DE TÉMOINS

M. Christian BALLE-ANDUI (renseignements Toulousains)

Organisation générale des services à l’époque des faits ? Répartition de la centrale en

départements : judiciaire, anti-terrorisme, logistique etc.

Qu’est ce que la fiche S et Abdelkader MERAH en avait-il ? Fiche S mise en 2006 sur Abdelkader

et Mohamed MERAH. Pour Mohamed MERAH elles ont été réactivées en 2011. La fiche S, c’est

la transmission à Paris et à l’ensemble des services de police, du signalement du passage de

l’individu en gare de contrôle, frontières, à celui qui a demandé la fiche.

Pourquoi qualifier un groupe de salafiste, djihadiste ? manifestement, à partir de nos moyens

techniques, on a les propos, conversations, échanges de ce milieu. On sait comment il se situe.

Ce sont des gens violents. C’est un ensemble d’informations qui nous permet de qualifier et

identifier la nature idéologique.

Takfirisme c’est une réalité plus grande que salafiste.

Peut-on se douter que des attaques armées vont être faite sur le territoire national, alors

qu’elles commencent à l’extérieur ? D’une part ils ont un objectif de violence, ils prônent

l’attaque, d’autre part les attaques à l’extérieur sont prônées. Donc ils vont commencer sur

place avec l’objectif du mécréant qui se trouve autour d’eux, et la logistique déjà là. Mais

chaque fois il faut un groupe, une structure. A un moment donné, cette structure va leur

donner les cibles à atteindre et la logistique. Toucher au plus près et par surprise.

Olivier COREL est la première matrice. Il donnera cette capacité d’endoctrinement à trois

hommes : les frères CLAIN et Sabri ESSID. Et Abdelkader MERAH espère atteindre cet ordre. Il

y a une admiration filiale vers ces hommes qui montrent le chemin, puissance, aura particulière.

Pourquoi on s’intéresse précisément à Abdelkader MERAH à un moment donné ? il participe à

des conférences idéologiques. Il y a une alliance objective entre le groupe salafiste des frères

CLAIN et l’imam. Dans ces conférences on peut assister à un partenariat entre cet imam et ce

groupe. Or cette alliance est importante. On constate qu’en 2011 elles rassemblent jusqu’à

1000 personnes. On voit la montée en puissance et l’influence de ce militantisme de terrain.

Emprise idéologique et politique. Les associations notamment sont importantes dans le

recrutement.

Quel message ressort de ces conférences ? impression d’un monde binaire entre bon et

mauvais musulman ? L’islam est une immense religion, civilisation brillante et manifestement

on a toujours la branche qui veut se faire la plus pure et orthodoxe. Elle tourne dans cette quête

de l’authenticité, pureté et construise autour d’eux une vision diabolique à détruire.

94

Voyages en Egypte à deux reprises, quels éléments sur ce point ? Le terrorisme aujourd’hui qui

couple dimension nationale et internationale. Il faut donc coupler ces deux renseignements,

traités par la DGSI à l’extérieur et par un service Toulousain.

D2025 : Abdelkader MERAH essaye de convertir des jeunes dealers. Comment le savez-vous,

comment cela se passe-t-il ? il roule à ce moment en moto appartenant à son épouse. Il est en

tenue traditionnelle à cette époque là. Nous disposons de sources humaines dans ces quartiers,

qui nous donnent un ensemble d’information sur les allées et venues.

En 2009 il repart au Caire. Sait-on s’il a fait des voyages ailleurs à ce moment ? je n’ai aucune

information sur d’autres voyages.

Désactivation à tord de sa fiche S en 2010 ? La direction centrale n’a jamais désactivé cette

fiche S.

Lecture de la cote D5414.

Mohamed MERAH est discret sur ses voyages et implications où il en parle ? je crois qu’à partir

du moment où on l’a en surveillance, il est devenu discret. Il n’y a qu’une fois où nous savons

qu’il parle d’un éventuel voyage en extrême orient.

Concernant sa mère. Les surveillances téléphoniques nous ont permis de remonter des

contacts dans la famille MERAH, des militants extrémistes. Notamment Souad MERAH.

Est ce que cette famille serait également animée par la haine des Juifs et Américains ? on n’est

pas rentré dans l’intimité, les échanges entre ses membres. Mais l’idéologie qui est la leur, en

est imprégnée.

Après avoir un passé un mois avec son frère au Caire, Mohamed MERAH se projette en

Afghanistan après être revenu à Toulouse. Il se peut que son frère l’ait hébergé au Caire.

1ère photo : individu non identifié et Mohamed MERAH

2ème photo de même : Mohamed MERAH porteur d’un couteau qui est le signe d’un salafisme.

18 janvier 2011 Audition de Mohamed MERAH suite à la plainte de Mme AMMAR.

23 février 2011 : retour d’Abdelkader MERAH

À ce moment, terrible colère de Mohamed MERAH contre sa mère pour le fait que quelqu’un

se soit introduit dans son domicile donc dissimulation.

Est ce que les frères MERAH se sont vus à Artigat ? ça s’est dit.

Mohamed MERAH a reçu Sabri ESSID chez lui durant un long moment.

Sur le mariage de Zoulikha AZIRI et du père de Sabri ESSID, quelle implication d’Abdelkader

MERAH ? Nous n’en savions rien. Nous soupçonnions plutôt Mohamed MERAH.

Karim MOKRANE : il a pu se rendre chez Mohamed MERAH. Il gère la librairie salafiste.

95

- Questions des parties civiles Vous aviez en tant que responsable régional toulousain, demandé la judiciarisation des

informations que vous considériez comme particulièrement sensible pour Mohamed MERAH à

partir de quelle date ? 15 juin 2011. Puis 29 juin 2011.

Il se trouve que vous avez insisté auprès de votre direction centrale pour que cette

judiciarisation soit faite ? tout à fait.

Une judiciarisation c’est la transmission d’informations portées à la connaissance du procureur

de la république, pour savoir si une qualification peut être trouvée ? Est-ce qu’il appartient à la

DCRI d’apprécier ou est-ce que cela revient au procureur de la république ? La demande doit

être transmise automatiquement au département judiciaire qui doit évoquer l’affaire devant le

parquet.

Cote D2200/7 : rapport effectué par le Ministère de l’intérieur et intitulé Affaire MERAH,

réflexions et proposition.

Qu’en pensez vous ? le principe d’efficacité qui domine toute lutte anti terroriste, c’est la

connexion étroite, permanente entre le renseignement et le judiciaire. Le renseignement n’est

pas un exercice en soit. Dès qu’il peut constituer des éléments constitutifs d’une infraction, il

faut les transmettre à la police judiciaire. Transmission rapide aux renseignements généraux du

fait de l’absence du secret défense comme charte.

Le problème qui se pose c’est la culture du contre-espionnage qui plane sur l’antiterrorisme.

Si on vous avait écouté, sur la dangerosité de Mohamed MERAH, on ne serait certainement pas

là aujourd’hui ? au delà de toutes les alertes que vous aviez faites, le 15 mars 2012, vous

transmettez une note, et dans ces informations, vous transmettez 13 noms ? or ça n’apparaît

pas dans le dossier. Pendant des années on a indiqué qu’on nous cachait des notes classifiées.

Le nom de Mohamed MERAH figure parmi les autres ? oui. Quand il y a les demandes de

déclassifications, elles sont faites par les magistrats instructeurs au ministre consulté avant

transmission à une commission qui émet un avis.

Parmi les premières notes : 28 avril 2008 sur le suivi de la mouvance islamiste toulousaine. Une

opinion est donnée dans ce cadre. L’opinion est noire. Comme si on n’avait pas voulu

transmettre à la justice un certain nombre d’informations. Certains de vos responsables ont

déclaré qu’il y avait eu un manque de coordination judiciaire, entre les 3 parquets.

Concernant la chronologie des faits : est ce qu’à partir du 15 mars vous avez proposé votre aide

et expérience aux services des enquêteurs ? oui. Vous semblez privilégier la piste djihadiste et

demandez aux CRPJ l’accès aux vidéos et votre participation. A cette époque, vous connaissiez

physiquement Mohamed MERAH ? à 80% la réponse est Mohamed MERAH sur les vidéos

visionnées le mardi. Mais je n’ai jamais eu la confirmation de mon supérieur. Il aurait été

reconnu dès le mardi. Si j’avais eu accès à cette vidéo, on aurait eu au moins 70%. Ça me

permettait de l’engager.

96

Ça revient à une perte de chance de l’arrêter ? en phase d’attentat, plus la connexion et

l’échange se fait proche de l’attaque et rapidement entre service, plus vous avez la chance de

détruire l’ennemi. Plus la coordination est lointaine, appartenant à des hiérarchies très

bureaucratisée, moins cela est possible. Sous le régime des renseignements généraux, je l’aurai

évoqué, et le procureur m’aurait écouté.

Abdelkader MERAH : propagandiste susceptible d’exercer un ascendant très important sur son

entourage. Quels éléments concrets ?

J’ai dit que des plus redoutables propagandistes que je détecte, Olivier COREL qui programme

et forme les frères CLAIN, j’y ajoute Sabri ESSID, et Abdelkader MERAH étant dans ce groupe à

leur contact, il vise lui aussi à se perfectionner à devenir un savant, une aura, il va à l’école, fait

de longs séjours au Caire et vit dans le cadre de ce groupe. Il est venu à cet islam pur et dur à

travers ses chefs.

Suite à la question posée par le magistrat instructeur, de quelle façon avez-vous été amené à

connaître de son cas, et vous répondez : nous arrivons à Mohamed MERAH par son frère

Abdelkader MERAH car c’est le premier que nous parvenons à identifier au contact de la filiale

d’Artigat D2154/4.

En 2006, je tiens ce renseignement de mes prédécesseurs. Il s’est dit (non vérifié) qu’une

Mercédès appartenant à des islamo délinquants des Izards, était utilisée par Abdelkader

MERAH et Sabri ESSID. Elle est vue un jour à la communauté d’Artigat.

Je ne peux pas affirmer qu’il ait été physiquement à Artigat.

Sur les méthodes de dissimulation : expression société secrète. Cela peut il nous permettre de

faire référence aux sectes ? je pense que j’ai utilisé cette expression car tout groupe à un

moment donné se ferme sur une idéologie, se vit comme une société clandestine, rebelle,

secrète et en respecte les codes. Pas uniquement dans l’islamisme radical.

Sur l’organisation : il y a à la base Artigat, et parmi ses disciples, les frères CLAIN et Sabri ESSID.

Dans cette émanation apparaît Abdelkader MERAH ? Il avait l’air important dans ces groupes

car en Egypte il réceptionnait les futurs étudiants dans la madrassa locale ? oui nous avons eu

une information pouvant être interprétée comme cela. C’est un homme de confiance. Ce n’est

pas qu’une question d’accueil, mais de logement, logistique derrière. Groupe de

propagandiste ? redoutable propagandiste car bien qu’internet soit important, ce type de

propagande se déploie d’abord sur le territoire français, doctrinaires, associations, dans nos

villes.

Ce rôle nécessite un certain niveau dans la hiérarchie du groupe ? comme dans toute

organisation terroriste, ce qui occupe des places centrales, sont les idéologues. Ce sont eux qui

endoctrinent, définissent la stratégie.

Vous avez indiqué qu’il y a deux phases dans le processus d’endoctrinement : la première étant

l’éducation sur la théorie du complot. Quelle était la stratégie pour ces cibles : école laïque,

Juifs, militaires ? tôt ou tard basculer dans la lutte armée. Les termes des doctrinaires : il fallait

riposter au parti du diable et par les armes : prendre des kalachnikovs. A un moment donné, un

97

imam extrêmement radicalisé d’un autre mouvement, contre les Juifs et les Américains il fallait

prendre les kalachnikovs pour venger les enfants palestiniens. Cependant, ces termes ne sont

pas parvenus dans ce contexte là.

La cible première n’est pas l’école juive mais un militaire. Suite à un échec, il se porte sur l’école

juive car c’est dans son endoctrinement, ça relève du reflex. On lui a dit que ceux qui conduisent

le parti du diable sont bien les Juifs.

Pourriez vous indiquer si la fréquentation de l’école CLAIN était assidue ? réponse à confirmer

avec son collaborateur. Mohamed MERAH les suivait régulièrement après sa sortie de prison

septembre à décembre 2009.

Vous avez indiqué que lorsque Mohamed MERAH se rend à l’étranger il va être balisé, avec des

contacts à rejoindre. En France, la balise était elle essentiellement l’école d’endoctrinement ou

il y avait un autre mode ? Sur Toulouse, la seule était l’école. Ensuite ces hommes se

rencontraient d’autres cadres.

Y-a-t-il une spécificité particulière à agir en frères, fratrie ? est ce important ? ça ce n’est pas

propre à l’islamisme radical. Sur d’autres fronts terroristes, on rencontre souvent des fratries.

Sur un point : la photo vue tout à l’heure, où on voyait Abdelkader MERAH le doigt levé avec

Mohamed MERAH tenant un couteau. Il s’agirait d’une allégeance. Je confirme.

Vous faites une différence entre le djihad de l’épée, et de l’esprit, Abdelkader MERAH en fait il

parti ? j’en ai la conviction.

Mohamed MERAH faisait parti des noms listés dans votre note du 15 mars 2012. Abdelkader

MERAH fait-il parti de la liste en question ? je n’ai décidé ni des notes, ni des noms. C’est ma

centrale qui l’a fait. J’ai signé une note auprès de ma centrale pour ne pas dévoiler ces notes.

Je l’ai fait devant le juge d’instruction pour la progression de l’enquête mais je ne peux pas aller

au delà en raison du secret défense.

Le rôle d’Abdelkader MERAH vis-à-vis de son frère, il se voulait comme un idéologue, un émir.

Peut on considérer qu’il a eu ce rôle à l’égard de son frère ? oui je l’affirme.

Lorsqu’ils se retrouvent en Egypte, suite au retour de Mohamed MERAH, il y a un enchainement

et une précipitation notamment dans le départ au Pakistan. Peut on considérer que ce voyage

à un rôle décisif ? c’est un sentiment, je n’ai pas de preuve, mais c’est mon intime conviction.

Les attentats de Toulouse sont le fruit d’un projet collectif dont Mohamed MERAH est le bras

armé.

Vous nous avez expliqué que ce qui caractérise ces groupes c’est qu’à un moment ces membres

voyagent. Un certain nombre de membres font le voyage tel que Souad MERAH, Abdelkader et

Mohamed MERAH. Cela caractérise tout le groupe des adeptes du groupe CLAIN. Tout le

groupe est passé par le CAIRE. Abdelkader MERAH y fait de très longs séjours et sa sœur l’y

rejoint.

98

Comment Mohamed MERAH apparaît sous les radars de votre surveillance ? il apparaît en 2006

car nous détectons Abdelkader au contact des CLAIN et lui évolue plutôt autour du groupe

ESSID. Ce n’est pas passé à ma connaissance par Artigat.

Il y avait des éléments qui ressortaient de votre intime conviction, n’ayant pas accès à la

procédure judiciaire. Nous avons retrouvé des scellés D5667. On retrouve un certain nombre

d’enregistrement sur disque dur externe à la disposition d’Abdelkader MERAH. Fichiers intitulés

« comportements ». Dans ces scellés, il est fait des recommandations, sur le fait de maintenir

les personnes isolées les unes des autres. Se méfier de la téléphonie notamment pour

contourner la surveillance de la police. C’est possible de le faire, de se couper des téléphonies

etc. mais cela implique de rester physiquement proche, privilégier les contacts physiques.

Pour confirmation, les relations marquantes d’Abdelkader MERAH c’est les frères CLAIN et Ali

JAFAR, on les retrouve pour Mohamed MERAH ? Oui.

Le 11 aout 2014, un surveillant pénitentiaire remarque qu’Abdelkader MERAH aurait un statut

d’orateur avec un geste comme s’il apportait la bonne parole, au centre d’autres détenus.

- Questions de l’Avocat général Vous avez parlé de l’arrestation de Sabri ESSID notamment à la frontière Syrienne, dans quelles

circonstances, je n’ai pu eu accès à cette procédure. Ce renseignement recueilli par la direction

régionale du renseignement a été transmis à la SDAT.

23 février 2011 : retour d’Abdelkader MERAH. Début des printemps arabes.

Sur la 1ère vague d’arrestation concernant Artigat, COREL avait-t-il été judiciarisé ? il a été

interpelé. Mis en examen et bénéficié d’un non lieu.

Entretien du 14 novembre 2011, vous savez indiqué avoir recentré la surveillance sur Jean

Michel CLAIN et Sabri ESSID. Ma source avait pour habitude de recevoir un certain nombre

d’informations. Ce que je constate est que le débriefing entraine un repli, une sécurité serrée.

Mohamed MERAH n’a pratiquement aucune fréquentation d’institut contrairement à son frère.

Il est investi de ressentiment, de haine, peu accessible à l’intégration et la compréhension d’un

certain nombre d’enseignement.

Les aumôniers auront le sentiment qu’Abdelkader MERAH fait du prosélytisme auprès de

personnes croyantes.

Sur l’Algérie concernant le plan de la géopolitique ? nous constatons à Toulouse qu’à partir des

années 92, on a la venue d’un certain nombre de cas qui joueront un rôle très important dans

le militantisme. Création de solidarité de type de religieuse là où elle fait défaut, plutôt des

intellectuels qui ont joué un rôle moteur dans l’islamisation avec les frères musulmans.

Influence sur les patrons des mosquées. Remplacement des plus anciens modérés, par des plus

jeunes. Dans des quartiers où règne la pauvreté notamment.

99

- Questions de la défense Dans la procédure d’Artigat, Abdelkader MERAH n’est pas cité, le saviez-vous ? non.

Pourriez-vous dire pour quelle raison il y a cette procédure dite Artigat ? on reproche à ces gens

le fait d’être parti, d’avoir essayé de structurer une filiale d’acheminement de combattants

volontaires en Irak. Olivier COREL va bénéficier d’un non lieu.

D8991. Avez-vous des réunions avec Abdelkader MERAH ? oui avec Jean Michel CLAIN et Sabri

ESSID.

Et avec Mohamed MERAH ? Deux avec Sabri ESSID et Ali JAFFAR. Pas avec son frère.

Or en France appartenir à un groupe islamiste n’est pas un délit. D4305 : renseignement sur

Mohamed MERAH rien sur Abdelkader MERAH.

Dans différentes notes, on évoque Mohamed MERAH mais jamais rien sur Abdelkader MERAH

ce qui montre qu’ils n’ont pas été liés selon les services de renseignement. Vous prenez ici les

éléments note par note, dans des documents déclassifiés, pour atomiser le travail global.

Cependant les éléments ont été traités dans un ensemble et dans une logique.

Concernant Fettah MALKI : comment Mohamed MERAH, délinquant de droit commun a-t-il été

perçu en ce sens ? il y a une duplicité, une personnalité double. C’est de cela dont jour les

djihadistes fanatisés.vu de l’extérieur, les délinquants de droit commun qui fréquentent et

trafiquent avec lui n’ont pas la caractéristique idéologique mais les mentors encouragent cette

duplicité car cela sert leur stratégie.

Quand Mohamed MERAH est parti au Pakistan, qui a financé son voyage et l’a aidé ? je ne sais

pas. Abdelghani l’aide à collecter et financer ce voyage le saviez vous ? j’en étais ignorant.

M. Abdelghani MERAH

Condoléances aux victimes, pensées aux blessés.

Depuis mars 2012 j’ai tenu à dire la vérité aussi difficile qu’elle soit. Je n’ai pas voulu rester dans

la loi du silence je dénonce, combats le radicalisme qui a détruit ma famille. Je dénonce la haine

aveugle contre les Juifs qui fait que mon propre frère m’a poignardé au cœur à 7 reprises car

j’aimais une femme française aux origines juives. J’ai grandi dans une famille qui cultivait la

haine des Juifs et de la France.

La France la république l’éducation nationale m’ont ouvert les yeux et appris qu’une grande

partie de ma famille était dans la haine et le rejet de la république.

Je tiens à redire mes convictions sur la dangerosité d’Abdelkader MERAH. Lui qui voulait se faire

appeler Ben Laden. Qu’il sorte ou qu’il reste en prison sera un danger.

100

Sur votre milieu familial qui selon vous expliquerait le comportement de Mohamed MERAH et

expliquerait celui d’Abdelkader MERAH. On a été élevé avec le traumatisme postcolonial, la

haine du Juif, de tout ce qui n’est pas musulman.

Manifestation ? dans ma famille la haine du Juif : ma mère m’a traitée plusieurs fois de raciste

parce que j’aimais ma femme. Ils appelaient mon fils le bâtard parce que je n’ai pas voulu qu’il

porte un prénom musulman. J’ai été poignardé par Abdelkader MERAH par haine du Juif.

Enorme climat de violence. Mon père me frappait énormément et j’ai aussi appliqué cela. Mais

ça n’a pas été aussi loin qu’Abdelkader MERAH. Il frappait Mohamed, lui donnait de la

nourriture avariée, frappait Aicha elle en a fait une tentative de suicide. Ma mère en avait peur.

J’ai aussi fait des bêtises mais je suis le bon chemin désormais. J’ai frappé aussi mes frères et

sœurs mais en tant que grand frère, jamais par sadisme.

Je n’ai pas toujours eu cette animosité. Lorsqu’il me frappait, je lui ai pardonné. Quand il est

allé en prison je lui ai tendu la main pour sortir de cette violence.

S’agissant des violences verbales : Abdelkader MERAH a tenu ces propos insultant envers les

Juifs mais je ne peux pas vous dire s’il l’a dit à Mohamed MERAH. En tout cas ils partageaient

cette idéologie. Avec Souad ils voulaient déjà commettre un attentat après ceux de 2001.

Abdelkader MERAH est venu une nuit casser le véhicule de ma compagne. J’ai cherché

vengeance. J’ai donc cassé son véhicule avec une batte. Emporté par la colère je suis sorti. Deux

de ses amis m’ont tenu pour éviter de m’en prendre à Kader. Il m’a alors asséné des coups de

couteau à 7 reprises au cœur.

Dans le feu de l’action je n’ai pas vu qui était présent.

Origine de cette bagarre ? le choix d’une femme française avec des origines juives. Il est venu

l’insulter, disant que c’est l’instrument du diable. Elle s’est défendue.

Après la naissance de mon fils, ils s’entendaient très bien. Ça a duré courant 1998, 1999. Je me

suis rangé, j’ai travaillé, j’ai dit à Kader, les bêtises c’est fini. Je me suis mis de côté.

Comment expliquer cette évolution ? ma mère voulait absolument que je quitte cette femme

et m’occupe d’elle. Cette haine de la mère de mon fils a été transmise à Abdelkader MERAH.

Vous avez porté plainte et retiré cette plainte ? je l’ai retiré car c’était mon frère et ma mère

était malheureuse de voir ses fils se déchirer. Je voulais reconstruire quelque chose avec ma

famille. J’ai aimé mon frère. J’attendais juste des excuses. Et il m’a toujours répondu « dieu m’a

donné raison ».

Un jour j’ai trouvé Mohamed MERAH attaché au lit, pleurant et hurlant « regarde ce qu’il a fait

ce salaud ». Abdelkader lui avait mis un casque pour ne pas laisser de trace. Je l’ai amené au

commissariat voir le médecin légiste pour constater les faits.

S’il a retiré sa plainte, c’est sur conseil de ma mère qui avait peur qu’il retourne en prison juste

après avoir porté les coups de couteau.

101

Pour vous il était responsable du comportement de Mohamed MERAH ? après le 11 septembre

2001, Abdelkader se ventait partout d’être un soldat d’Al Qaeda. Mohamed a fait la même

chose quelques années après, disant quasiment les mêmes phrases. Il l’a façonné

indirectement à devenir un terroriste à travers ses propos, sa haine, son apologie au fil des

années.

Dans votre famille engagement religieux fort ? la religion ne prenait pas grande place. Nos

parents priaient mais ils ne nous obligeaient pas à prier ou faire le ramadan etc.

Qu’est ce qui fait qu’Abdelkader MERAH soit dans cette engagement religieux ? lorsqu’on

voyait des images du conflit israélo-palestinien, mon père disait que ça ne le dérangerait pas

de faire exploser pour la Palestine. Après l’incarcération de son mari, Souad MERAH a été isolée,

elle s’est sentie seule. Abdelkader MERAH a connu cet isolement également. Puis Olivier COREL

le prédicateur, les a influencés.

Souad MERAH faisait ses éloges, paraient souvent de lui. Mohamed MERAH lorsqu’il avait un

doute sur la doctrine, il l’appelait devant moi pour lui demander. Par exemple, lorsqu’il a voulu

divorcer, il a téléphone devant moi Olivier COREL pour avoir son aval.

Avant 2009, après son premier voyage, Abdelkader MERAH sillonnait les rues, habillé comme

un taliban pour rejoindre son combat, il a essayé avec moi. Il dit « tu es né musulman, il faut

que tu meures en musulman ». J’ai entendu cette phrase d’Olivier COREL de sa propre bouche

au mariage de Mohamed MERAH.

Il ne reconnaît pas la république française, l’Etat français, la police, toutes les institutions

françaises. Ce qu’il souhaite c’est la guerre sainte, je l’ai entendu de Souad. Souad MERAH

aurait dit qu’elle serait capable de se faire exploser à une seule condition, qu’elle emporte ses

enfants avec elle.

Sur la loi du talion ? une fois Abdelkader MERAH m’avait appelé d’Egypte (pendant son 3ème

voyage). Au fur et à mesure de la discussion, il disait reconnaître la loi du talion, œil pour œil,

dent pour dent.

Sa mère aurait dit que les Arabes sont nés pour détester les Juifs.

Sur les vidéos de décapitation ? je n’ai pas le souvenir de la part d’Abdelkader. Mais Mohamed

MERAH m’en a montré, et montré à mon fils.

Souad MERAH avec son deuxième mari, en présence de mon fils, ont vu une vidéo de

propagande d’Al Qaeda, reconnaissant Kader. Ma mère serait partie dans la cuisine à genoux,

criant ce n’est pas possible, c’est pas mon fils. Je l’ai su de mon fils après les attentats, il devait

avoir 15/17 ans.

Lorsqu’il avait une connexion, un ordinateur, il ne pouvait pas s’en empêcher.

Apparemment il aurait montré à un jeune enfant une vidéo de décapitation. Sa mère aurait

porté plainte.

Votre frère ne parlait pas Fettah MALKI ? Pas vraiment. Après les 7 coups de couteau j’ai voulu

m’éloigner d’eux.

102

Celle que je voyais le plus c’était d’abord Souad, puis Mohamed MERAH. Abdelkader MERAH

est même venu me voir à l’hôpital après mon accident de moto en 2007 avec ses frères

musulmans.

Quelle relation entre 2003 et 2012 avec Aicha MERAH ? C’était une relation de frère et sœur,

sans plus. Je respectais, encourageais son choix de femme libérée. Elle a gardé mon fils, on est

parti en vacances etc.

Vous étiez au courant des voyages de votre frère dans différentes destinations ? lors de son 1er

voyage ma famille m’a menti. Ils m’ont fait croire qu’il était à la légion étrangère.

Je l’ai croisé dans le métro de Toulouse. Je l’ai regardé et j’ai su qu’il n’avait pas été à l’armée.

Deux jours après, Mohamed m’a rejoint, on a discuté énormément. Il nous a expliqué tout ses

voyages, ils avaient vu des cercueils. Je lui ai dit « ne te fous pas de moi, tu es allé chercher Al

Qaeda ». Il a souri.

Après son hépatite à l’hôpital, il m’a fait croire qu’il était en Algérie. Je lui ai demandé la vérité,

mais il a menti.

Lorsque votre mère a souhaité se remarier ? il a d’abord été arrangé entre Abdelkader et Sabri

ESSID. Abdelkader MERAH était contre la présence de Souad MERAH car il refusait son mariage.

Comme ils ont malgré tout été invités, en conséquence Kader n’est pas venu.

J’ai essayé d’instaurer un repas de temps en temps autour de ma mère mais Kader refusait du

fait de la présence de Souad MERAH.

Ma mère était un peu dérangée par cet homme qu’elle épousait. Après son premier divorce,

elle a eu une période de femme libérée.

En février 2012, Mohamed MERAH est venu me voir, et à un moment donné il me parle d’une

arme se vantant d’avoir un colt 45 soi-disant pour faire de l’argent.

J’étais persuadé que Mohamed MERAH ne pouvait pas avoir tué des enfants il les aimait trop.

Le 20, j’ai vu la photo du colt, je l’ai reconnu. J’ai su que c’était lui. J’ai appelé Aicha MERAH.

Elle me disait que le tueur habitait près de chez lui. Je lui alors dit que c’était Mohamed MERAH.

Elle m’a dit que c’était impossible puis il y a eu une explosion et elle a su que c’était lui en

entendant sa voix.

Le 15 au soir ils s’étaient vus, avaient mangé. Elle avait trouvé troublant que le GPS de sa voiture

était éteint.

Sur les rokias : il lui a dit qu’il désenvoutait les gens. Une fois un djinn avait étranglé sa femme

Yamina, un djinn juif. Il lui a montré une vidéo au cours de laquelle il désenvoutait une

personne.

Pour Mohamed et Abdelkader MERAH, le vol devient licite lorsqu’il poursuit la cause djihadiste.

Pour voler quelqu’un, il se conduit comme un prédateur, à suivre la victime jusqu’à trouver une

opportunité ou suivre la personne jusqu’à son domicile.

103

Sur la sœur aînée décrite dans leur livre. Je répète dans le livre ce que ma mère m’a dit à savoir

que ma grande sœur a été tuée par ma grand mère.

Lors du mariage de votre frère Mohamed MERAH, il a insisté pour que je l’accompagne, il devait

ramener Olivier COREL.

Qui était présent ? Olivier COREL, Mohamed et Souad MERAH, Karim MESBAH.

- Questions des parties civiles Vous nous avez affirmé que les valeurs de la république n’étaient pas du gout de Souad,

Abdelkader, votre mère ? oui mais ma mère a toujours été ambiguë. Lorsque Souad ne voulait

plus emmener ses enfants à l’école et elle l’a dénoncée à la CAF.

L’école de la république a joué un rôle très important pour vous, comment expliquer que ça n’a

pas eu le même rôle que vous ? ils ont été livrés à eux mêmes. Même si j’avais un peu

tyrannique, jusqu’à mes 17 ans je restais à la maison par peur de mon père. Je me suis mélangé

avec d’autres, je suis sorti des quartiers.

Lors de son interrogatoire de personnalité, votre frère vous a érigé en modèle, référence. C’est

un modèle piégeant, étant donné qu’il n’a pas manqué de rappeler que vous êtes un ancien

délinquant, toxicomane, victimes d’addictions comme l’alcool, tentatives de suicides. Mal être

épouvantable. Comment et pourquoi votre petit frère, aurait vu en votre frère un modèle ? si

j’ai été un modèle pour Abdelkader MERAH, je n’en ai pas été un bon et ça a été sur un court

laps de temps. Si j’étais son modèle, pourquoi est-il devenu aujourd’hui ce qu’il est devenu ?

peut être qu’il aurait aimé pour s’échapper de cette famille comme je l’ai fait. Mais il a été

rattrapé par les démons de cette famille. Il a pu se sentir rejeté et s’est construit en opposition.

Il a trouvé comme l’outil le salafisme et l’islam radical. Il a inspiré Mohamed MERAH sur cette

route.

Mohamed MERAH, lorsqu’il a vu Kader faire de la moto, il a voulu en faire et le dépasser, de

même avec les actes de délinquance, et le salafisme.

Vous parlez des origines juives que votre femme aurait. Oui elle en aurait du côté de sa mère.

Pensez vous que tout le monde se doutait que c’était inévitable dans votre famille sur les

actes ? déjà ce soir là, Souad m’a appelé et m’a dit « surtout ne dit pas que tes frères sont

radicalisés ». Avec leurs propos, sur les Juifs, la France, Al Qaeda, on le voit venir.

Vous avez déclaré que votre frère Abdelkader était pour vous l’instigateur de l’islamisation de

votre frère. Ce matin l’ancien responsable des renseignements de Toulouse nous a dit que selon

lui, Mohamed était finalement le bras armé de cet attentat. Est ce que pour vous, Abdelkader

était l’instigateur moral, le mentor, idéologue de ces assassinats ? c’est mon intime conviction.

Vous avez clairement exprimé, qu’il voulait toujours faire plus et prouver qu’il était meilleur

qu’Abdelkader. On sait qu’à la veille des attentats, il a rencontré Abdelkader MERAH. Est ce

104

qu’il a pu demander, démontrer à son frère ce qu’il comptait faire, dans l’attente de son avis

ou conseil ? à mon avis, oui ils en ont parlé, c’est obligé.

L’un des rêves d’Abdelkader MERAH serait de devenir un sage, un éminent savant salafiste.

Avez vous connaissance de cela ? après ses voyages en Egypte, il a vu un autre destin, chemin

pour cette doctrine, vu que Mohamed MERAH serait une bonne arme pour cette doctrine qu’il

aimait tant.

Egalement sur le vol de moto, avez vous pour technique habituelle de suivre ses proies ? oui.

Sur Olivier COREL, Abdelkader MERAH affirmait que c’était Mohamed MERAH qui le

connaissait. Olivier COREL connaissait très bien Mohamed MERAH, Souad, Abdelkader et

CLAIN. Mais je ne les ai jamais vu ensemble. Chaque fois que j’insultais Olivier COREL devant

Souad, elle le défendait comme s’il était un saint.

Sur le mariage de votre mère avec le père de Sabri ESSID, savez vous si celui-ci était marié

avant ? non. Il était marié avec la mère des frères CLAIN. Le mariage par la suite de votre mère

avec lui, peut-on l’interpréter comme une ascension de votre famille dans le groupe ? pour moi

c’est qu’ils ont fait une union de leur doctrine.

Vous marchez contre l’intégrisme ? la marche est finie. Je l’ai entamé du 8 février jusqu’au 19

mars. Votre père et votre frère, soutenaient-ils le GIA ? mon frère je ne sais pas. La seule

allégeance qu’il ait fait était à Al Qaeda. Mon père oui, il était un suiveur. Il était d’accord avec

leur idéologie.

Sur vos voyages en Algérie avec Abdelkader MERAH ? C’était pendant les années noires, on a

vu les corps des islamistes tués par l’armée, et exposés sur la place publique. J’ai été traumatisé

par cela, et lui aussi et il avait une réaction bizarre.

Ce n’est plus mes frères, plus ma famille depuis les faits.

Après mon accident, je suis allé voir la police en disant, vous vous rendez compte, vous laissez

libre un jeune qui se fait appeler Ben Laden. Une stagiaire a pris des notes. J’ai été convoqué

par la SDAT. Je leur ai dit, le jour où il y aura un attentat à Toulouse, ne cherchez pas plus loin

ça sera mes frères. Je pensais que ça serait Abdelkader car Mohamed était petit. Je l’ai vu venir

car je les ai vu se poser en victime, se nourrir du conflit Israélo-Palestinien.

Vous avez indiqué que « voler un mécréant ce n’est pas un vol ». Croyez vous, Abdelkader

MERAH quand il dit ne pas avoir été d’accord avec le vol ? dans sa doctrine le vol devient légal,

le mensonge devient légal lorsque c’est face à un mécréant. Je ne le crois pas.

- Questions de l’Avocat général

Vous avez fait des déclarations qui ne sont corroborées par rien voire sont contestées. Vous

dites qu’ils ont été violés par un de leurs oncles et c’est contesté.

Est ce que vous n’en rajoutez pas, n’accusez pas votre frère Abdelkader ?

105

Pour le viol, c’est le frère de mon père. Je l’ai surpris de mes propres yeux, prendre la tête

d’Abdelkader et la mettre sur son sexe. Il a également essayé de faire des attouchements sur

moi. Je l’ai même dit à ma mère. Kader était trop jeune pour se rappeler.

Bien sur que pour les violences c’était de l’antisémitisme. J’ai protégé mon frère. Il a toujours

dit « c’est à cause de ta juive, que je t’ai planté ».

Selon vous sur les relations d’Abdelkader avant les faits, ils étaient fâchés ou ils se voyaient ? je

les ai vu ensemble et les ai même filmés. On peut se disputer comme on peut se réconcilier.

Par moment je pouvais le détester et on se réconciliait aussitôt. C’était pareil pour Abdelkader

et Mohamed MERAH.

Dans une situation où Mohamed MERAH était hospitalisé, que pouvez vous dire sur le fait

qu’Abdelkader ne soit pas venu ? je ne l’ai pas vu je ne sais pas s’il est venu ou pas.

Après son voyage en Egypte, j’ai trouvé Abdelkader différent, plus dans la retenue notamment

quand quand je le blasphémais.

Pourquoi Abdelkader n’était-il pas d’accord avec le mariage de Souad ? il avait choisi un autre

époux pour Souad qui ne lui avait pas plu. Un chauffeur de bus parisien. Elle refusait cette

proposition de mariage. Souad était contre la polygamie et ce dernier l’aurait été.

Sur cette rencontre du 15 mars, vous souvenez vous de ce qu’elle a dit sur cette rencontre ?

elle avait bu du vin et dansé avec des amis, Abdelkader avait passé la soirée avec elle sans lui

faire de remarque.

Lorsque vous avez parlé d’escroquerie à l’assurance à propos de son véhicule. Abdelkader avait

fait une fausse déclaration et ça l’avait travaillé par rapport à sa foi. Cela me dit quelque chose

mais je ne vois plus trop pour être honnête.

Interceptions téléphoniques, vous parlez avec votre père et votre frère. Ils se sont faits

contrôlés et ils leur ont dit « on vous laisse vous habiller comme ça en France ? »

Sur les interceptions téléphoniques après les actes ? votre père dit de vous que vous êtes un

sioniste qui travaillez pour les sionistes et Aicha est une grosse perdue.

- Questions de la défense Sur vos conversations avec Olivier COREL ? Pourquoi avez vous téléphoné à Olivier COREL le 14

décembre 2011 ? je ne l’ai jamais appelé. Abdelkader MERAH et Mohamed MERAH ont utilisé

mon téléphone comme ils ont utilisé celui de ma mère.

Vous n’étiez plus fâchés alors ? On se fâche et se réconcilie c’est comme ça.

Et sur le viol ? vous aviez parlé d’un autre nom D4814. Viol contesté par Abdelkader MERAH,

nom du violeur différent aujourd’hui.

106

Vous dites qu’Abdelkader et Mohamed ne s’aimaient pas du tout car il avait été dur avec lui

sans son enfance. Vous dites n’avoir jamais pensé à Abdelkader au moment des faits mais à

Mohamed MERAH. Je n’ai rien à dire.

Sur les violences en 2003, vous dites avoir trouvé Mohamed MERAH pieds et poings liés sur le

lit. Or il dit lui s’être détaché seul puis que ce n’est pas vrai. Or vous persistez.

Mohamed s’est fait martyriser par Abdelkader MERAH je l’ai amené chez le médecin légiste. Sa

mère l’a manipulée.

Les histoires sur l’antisémitismes, à l’époque de votre agression, il n’a jamais été question des

origines juives de votre femme. C’est arrivé bien après. Vous avez ajouté ou rajouté que

pendant les coups reçus vous auriez été tenus par deux complices. Or pas de violences en

réunion dans la prévention.

Sur le 3ème homme que vous avez mis en cause, qu’avez vous dit à son propos ? …

Sur l’agression de BELMEL ? Lorsque Belmel est arrivé avec le drapeau américain sur son

blouson, il voulait le frapper. Il l’a dit plus subtilement.

Il n’y a jamais eu d’agression verbale. Moi je vous répète ce que M. MERCADEL m’a dit. Il affirme

que vous avez fait ça pour le fric. Si j’avais fait ça pour le fric, est ce que je serais interdit bancaire

et à la rue ?

Qu’est ce que vous avez su là dessus ?

Abdelkader et Mohamed MERAH ont croisé BELMEL, avec son blouson, fusillés du regard, et

pour que BELMEL ait eu peur c’est quelque chose. Il n’a pas voulu me donner le nom.

Or c’est démenti.

- Question de l’Avocat général Abdelkader MERAH ne réfute pas la scène, mais précise qu’il s’agissait d’un jeu entre eux.

- Question des parties civiles Je voudrais renvoyer vers la vote D4304/6 laissant apparaître que le numéro d’Abdelghani

MERAH lui est attribué mais utilisé par Abdelkader MERAH.

- Questions de la défense Vous êtes sûr que c’est Amou ? je ne suis pas sur.

107

M. Nasser BOUGUERARA

6 Gosses qui sont passés par la carrosserie, sont partis de rien et sont devenus patron. Il avait

la force de travail, il était doué travailleur intelligent.

Vous connaissiez Mohamed MERAH depuis de nombreuses années. Manifestait-il un

engagement particulier ? à ma connaissance non. Il était comme tous les enfants. Rien de

particulier.

Vous connaissiez son grand frère ? oui très peu. Il venait quelquefois récupérer son frère mais

rarement.

En ce qui concerne Mohamed MERAH, il avait une Clio noire, louée le 21 février 2012. Pare-

chocs accidenté. Le 15 ou 16 mars vous les auriez vus ? je les ai envoyés chier... Je me suis

engueulé avec eux, pas le temps de le réparer.

Sur les faits ? je pense que les quartiers ont été abandonnés. C’est comme un zoo sans cage.

J’ai récupéré ce gosse, juste en le réconfortant, lui montrant qu’il était capable, j’en ai fait un

bon carrossier.

Il dit avoir vu Mohamed MERAH avant de partir en vacances. Il vous en a parlé ? Non mais

Mohamed venait le voir.

Il aurait été informé d’un échange d’armes, il vous en a parlé ? Non moi, on me parle d’armes,

ils savent que je leur mets des claques. Il ne m’en a pas parlé.

- Questions des parties civiles Est ce que vous pouvez expliquer à la Cour ce que cette photographie cote D 1852 p28 fait dans

votre carrosserie ? on nous a expliqué ce matin, que l’extrémisme passe également par les

associations etc. j’ai formé plus de 6 gamins qui sont patrons maintenant, je suis athée, je ne

crois qu’en une chose, le travail. Je les forme pour devenir des patrons, pas pour devenir des

voyous. Le message de cette photo c’était le travail. Samedi, dimanche ils travaillaient. Je les ai

sortis de la merde.

Vous pensez quoi des faits de Mohamed MERAH ? Tout le monde dit loup solitaire, ou pas

solitaire, moi je pense que c’est un gamin qui a complètement dérapé, seul. Il était fragile et

jeune, il n’a pas eu la structure.

- Question de l’Avocat général

108

Abdelkader MERAH confirmait n’être pas descendu de voitures car vous êtes le contraire de la

religion. C’est possible.

- Questions de la défense Placement sur écoute dans cette procédure : échanges avec un journaliste qui lui donne ces

éléments – « il a participé au vol du scooter mais ce n’est pas lui qui a eu l’idée. Ils étaient

ensemble, et Mohamed est sorti prendre le scooter, ok ça ne fait pas de lui un terroriste. En

fait dans le dossier il n’y a aucune preuve, il n’y a pas de soupçons ». Vous souvenez vous de

votre analyse à cette époque ? les quartiers c’est un zoo sans cage, c’est la merde.

Vous racontez que certains jeunes sont délaissés dans les quartiers mais ce n’est pas une

excuse. C’est lui qui se l’est foutu sur la tronche, contacts avec la DCRI etc. cas isolé dans le sens

où il aurait agi seul : c’est une « brebis égarée ».

Est ce que vous pensez que les déclarations d’Abdelghani MERAH sont dignes de confiance ? je

ne suis pas là pour juger.

Mme Aïcha MERAH

Est ce que vous pouvez expliquer quelle était l’ambiance chez vous, les relations avec vos frères

plus jeune ? il y a eu une période avant le divorce des parents et après. Avant c’était une famille

normale. Après, la famille de ma mère l’a poussée à divorcer car ils n’aimaient pas mon père et

ont tout fait pour qu’il soit dégagé. A partir de là, ça a été une descente aux enfers. Les frères

de ma mère ont pris le pouvoir dans la famille. Il y a eu beaucoup de violence progressive, ça a

commencé avec mon frère Abdelghani qui me tapait, me volait, volait les bijoux de ma mère

pour les vendre. Il a montré tout ça à Abdelkader, à boire et fumer etc. je les ai vu un jour en

train de boire en cachette. Ils ont été très violents avec nous. Elle a d’abord défendu

Abdelghani. Puis il est parti. Abdelkader a pris sa place dans la violence. Moi je n’ai vécu dans

le climat antisémite. Le médecin de ma mère était juif. Chacun a vécu les choses différemment.

Je n’ai jamais entendu mes parents avoir ces propos violents avec moi sur la communauté juive.

Je suis restée jusqu’à 18, 19 ans. A partir du divorce de mes parents j’allais très souvent chez

mon père car il s’occupait de notre scolarité, il nous défendait. Ma mère défendait toujours

mes frères.

Sur les violences que votre frère Abdelkader MERAH a exercé sur votre frère Abdelghani, vous

étiez déjà parties ? je suis partie souvent du domicile car c’était chaotique.

Est ce que vos oncles avaient des propos antisémites ? peut être je ne restais pas avec eux.

Je ne parle plus depuis 7 ans avec ma mère parce qu’elle me demande toujours d’aider mes

frères, elle ne s’inquiète que d’eux. Elle me fatiguait, il n’y en avait que pour eux. Depuis début

2009, elle m’a demandé quelque chose par rapport à Abdelghani et ça m’a énervée, je ne lui ai

plus parlée jusqu’au jour où elle a fait sa GAV.

109

Vous voyez épisodiquement vos frères ? Mohamed je me suis beaucoup occupée de lui quand

il était enfant, j’aidais ma mère. Ensuite, il est sorti de foyer, c’était une grosse erreur car c’était

encore trop violent chez nous et ma mère n’arrivait pas à nous élever, et le quartier n’était pas

super. A partir de 12, 13 ans j’ai plus trop de souvenirs avec lui, j’ai quitté le foyer. Ça pouvait

être un ange puis un démon. Il était impulsif, imprévisible. J’ai rompu les ponts avec lui.

Fin 2009 j’avais acheté de l’alcool pour le nouvel an ou quelque chose comme ça et il a jeté la

bouteille d’alcool parce que j’amenais ça devant notre père. Je n’ai rien vu venir, il était pas

comme les autres jeunes à porter la barbe etc. je ne parlais pas trop avec lui, il m’insupportait.

Avec Abdelkader on était plus proches enfants. A cause de toutes ces violences, on a arrêté de

se côtoyer. Puis la famille était complètement éclatée. A partir de 2009 j’ai vu un psychologue.

Il était dans la religion et il revenait vers moi, voulant se faire pardonner mais j’avais du mal à

lui pardonner. On a commencé à discuter, mais on est complètement différents. On avait un

deal, tu ne m’embêtes pas avec la religion et je te critique pas sur ta façon de vivre. On

s’acceptait et on essayait de passer au dessus de notre vécu. On arrivait à le faire, il était plus

serein.

Vous n’avez jamais eu de reproche avec Abdelkader sur la façon dont vous viviez ? non pas du

tout au contraire, on se baladait en ville, on trouvait un équilibre pour se voir. On discutait

beaucoup de notre famille, de la violence qu’on avait vécue.

Vous savez si Abdelkader et Mohamed MERAH se sont vu au cours des mois avant les faits ? je

ne posais aucune question sur leur vie. Il voulait que je voie ma mère, je lui ai dit je ne lui parle

plus et je veux plus lui parler.

Un soir j’allais faire les courses. J’habitais en face de mon petit frère mais je ne lui parlais plus.

Je l’ai croisé ce soir là, j’ai eu une hésitation. Il ne m’avait pas vu. Je vais dans un rayon et je le

vois revenir vers moi et je l’ai snobé. Il commence à me suivre, me poser des questions. Alors

j’ai demandé des nouvelles. J’ai appris pour son mariage puis séparation. Sachant qu’il y avait

Abdelkader je l’ai rejoint et on a diné dans une pizzeria.

Ils avaient une voiture Clio noire sûrement. Elle était louée mais Mohamed MERAH avait

trafiqué le compteur. Comme je n’avais pas une super voiture, je lui ai demandé de la conduire.

Je suis rentrée chez moi me changer et je suis ressortie donc c’est moi qui ai conduit. Mais en

sortant de carrefour city c’est Abdelkader qui est au volant me proposant de diner.

Comment étaient-ils ? on a beaucoup discuté de Mohamed, la violence, son parcours

chaotique, notre famille complètement déstructurée. Il m’a parlé de ses voyages, qu’il avait été

au pied de l’Himalaya, et ayant voyagé aussi j’ai posé des questions, il a parlé du Sinaï, un pays

où il aurait été interrogé je ne sais plus quel pays, Jordanie etc.

Je ne sais pas s’ils se voient souvent, mais pour moi c’était des retrouvailles entre moi et

Mohamed, j’étais inquiète par rapport à ma sœur, ses enfants étaient déscolarisés, je ne

pouvais rien faire. J’ai contacté les services sociaux. J’étais vraiment très inquiète. Elle est allée

en Egypte et je ne savais ce qu’il se passait pour eux. A ce moment là, ma belle sœur côté

110

Abdelghani me disait qu’il s’inquiétait beaucoup pour les garçons. Je l’ai mise dans la

confidence. Il a alors dit à ma sœur que c’était moi qui l’avait dénoncée. On a parlé de ça donc.

Est ce que vous pensez qu’Abdelkader MERAH a eu une influence directe ou indirecte ? moi

j’étais loin de ma famille pendant cette période, je ne saurais pas.

Sur l’arrestation de Mohamed MERAH ? Mon colocataire me dit que le tueur habite dans notre

quartier, et il ne pouvait plus entrer chez nous. Un téléphone m’appelle, numéro que je ne

connais pas. Je n’ai pas répondu. Ensuite Abdelghani me dit que c’est là où j’habite. Je lui dis

que je sais. Il me dit qu’il y a « deux frères selon les médias, ils disent que c’est Mohamed, c’est

telle arme, je l’ai vu », je lui dis que c’est n’importe quoi. J’essaye de voir mais les policiers me

disent de fermer ma fenêtre. J’entends alors hurler et je reconnais sa voix. Je descends en

disant que je suis sa sœur et je reste avec les policiers, psys en bas.

Ma sœur est arrivée presqu’en même temps. Elle me fait signe « non » de la tête, au moment

où on réalise qu’il y avait des armes dans la voiture, celle que j’ai conduit. Mais je raconte tout

ça aux policiers ensuite.

Notre sœur c’est un peu comme notre mère elle a eu cette réaction comme si elle voulait

protéger.

Sur la méthode du vol de scooter par votre frère ? Abdelghani dit qu’il était du style à organiser,

suivre la personne. Je ne sais pas parce que je ne lui parlais pas.

Il était super impulsif. Il nous a raconté un soir toutes les conneries qu’il avait fait : une fois il y

avait une voiture, le gars en train de regarder je ne sais quoi, il a vu les clés sur le contact, il

chopé la voiture. Il sautait sur l’occasion. Il faisait pas mal de courses dangereuses, etc.

Il y a eu une écoute téléphonique vous concernant, vous discutiez avec votre frère Abdelghani

le 2 avril 2012. Qui est Hamid ? c’est le frère de ma mère. Je ne sais pas s’il avait des propos

antisémites.

Vous avez dit qu’il n’y avait pas de propos antisémites mais y-avait-t-il des propos anti français ?

Par rapport à mon oncle oui, il est très conservateur, fermé. Je ne comprends même pas

pourquoi il vit en France. Heureusement que mon père était là parce qu’elle avait peur de sa

famille. Abdelghani, le jour où ma mère est sortie du commissariat après ses 4 jours de GAV, il

m’a imposée ma mère et en descendant il a dit, « sois fier de ton fils il est mort en

moudjahidin ». Mon frère m’a rappelée en m’insultant, « tu as fait culpabiliser ta mère ». La

seule personne qui voulait assister à l’enterrement de Mohamed ça a été Abdelghani. Ça a été

difficile à gérer. Du jour au lendemain il a parlé aux médias en disant » mon frère est un

monstre » etc. j’ai commencé à le soutenir face à la gravité des faits. Mon père était super

ouvert avant, ma mère se baignait en maillot, il a toujours essayé de pousser tout le monde

comme ça, il s’est toujours occupé de nous. C’est la famille de ma mère qui l’a jetée. C’est mon

père qui m’a protégée.

- Questions des parties civiles

111

Vous avez déclaré que quand vous êtes montée dans la voiture de votre frère conduite par

Abdelkader MERAH la géolocalisation était débranchée ? non ce n’était pas la géolocalisation,

c’était le compteur pour savoir combien de km ont été roulés. Mohamed MERAH a répondu

avoir débranché pour qu’on ne sache pas combien de km il avait roulé. On ne voyait rien du

tout.

A votre avis, lorsqu’Abdelghani dit « maman sois fière votre fils est mort en moudjahidine » il

voulait dire quoi ? je ne sais pas du tout, je récupère ma mère comme ça. Il m’a fait peur le

lendemain en m’insultant.

Il vous dit ça pour qu’elle réalise la gravité des faits.

Avec le recul aujourd’hui, et le regard que vous portez sur les actes commis par votre frère ? je

les condamne et je les ai toujours condamnés fermement, il ne se passe pas un jour sans que

je pense aux familles des victimes. Je suis obligée de survivre aux actes de mon frère. Je suis

sincèrement désolée.

On a posé la même question à votre frère, il a répondu c’est un pêcheur.

Vous étiez extrêmement sévère envers votre frère Abdelghani et bienveillante avec

Abdelkader. Pourtant Abdelghani n’a pas fait l’objet d’une particulière radicalisation

contrairement à Abdelkader très religieux. Pensez vous qu’avec le recul il a pu avoir une

influence importante sur Mohamed MERAH ? je ne sais pas, je ne les voyais plus. Je ne voyais

plus les membres de ma famille à part ma sœur car je tiens à ses enfants, même si on est

totalement différente.

Le 15 mars 2012, il y avait déjà eu 4 crimes lorsque vous avez dinez ensemble. J’étais moi même

terrorisée, au courant qu’il y avait un tueur en moto je surveillais.

- Questions de l’Avocat général Je suis très étonnée de vos déclarations, vous dressez le portrait d’un père, d’un frère

Abdelghani et Abdelkader MERAH qui ne correspondent pas à ce que vous aviez dit et ce qui

ressort du dossier.

Rien ne fait état pour Mohamed MERAH du fait de voler une voiture avec une clé laissée dessus

dans le dossier.

Vous aviez déclaré qu’il y avait un père très carrent avant le divorce et après. Est ce que vous

maintenez cette version d’un père sécurisant, une mère faillible, et vous ne restez constantes

que sur la violence. Je vous donne ce que j’ai vécu moi. On a tous des vécus différents. Il était

différent avec mes frères. Il battait ma mère. Mais moi j’étais très proche de lui. Il était présent

après le divorce. Il a voulu nous construire une maison il avait les plans mais à cause de ma tant

il n’a pas pu.

112

D1835 : conversations entre Abdelghani et vous – vous considérer votre oncle Hamid comme

le 3ème complice. Leurs discours les poussaient à … « les Juifs…les Français etc. » Il s’est passé

tellement de choses que je ne peux pas me souvenir de tout. Abdelghani disait de votre oncle

était antisémite. Sincèrement c’est possible mais je ne m’en souviens plus.

Il ressort des différents rapports sociaux que vous avez fait des tentatives de suicide. Quel en

était le motif. Quel est le rapport ? non je ne crois pas. Je me souviens qu’une fois j’avais été

chez Abdel et Anne après une violence mais pas de tentative de suicide. J’ai eu des moments

où je me suis réfugiée chez mon père, Abdel, Kader, il y a eu tellement de violences depuis

toujours.

Je ne vois plus personne depuis 5 ans. Théodore est rentré en contact avec moi l’année dernière

mais j’ai refusé de peur d’un mauvais coup de son père puis une amie m’a dit qu’il en avait

besoin alors j’ai accepté par Skype.

Ça paraît étonnant qu’à quelques heures de la tuerie de Montauban, vous passez une bonne

partie de la soirée avec eux, et il n’y a rien qui vous alerte ? non. Sincèrement, non. Il y avait

tellement de violence depuis toujours et C’était Mohamed le plus violent. J’avais l’espoir d’une

reprise de contact avec lui, j’en ai parlé avec mon psy. Ça a été un choc quand j’ai entendu sa

voix lors des assauts

Vous avez indiqué être inquiète pour vos neveux. Vous êtes allée 3 fois en Egypte en voyage

touristique. Pourquoi êtes vous inquiète du devenir des enfants de Souad MERAH puisqu’après

tout il y a leur mère et leur père ? la première fois que je les ai rejoints, j’étais très inquiète. Je

ne savais pas ce qu’il se passait pour eux. Elle avait déjà déscolarisé ses enfants. En quoi

l’endoctrinement religieux est un danger ? parce qu’elle a retiré ses enfants de l’école. Est ce

que vous aviez remarqué une radicalisation ? oui elle était salafiste, elle n’écoutait pas de

musique etc. je suis l’opposé de tout cela.

Votre mère, vous souvenez vous de sa réaction, ou d’avoir refusé de voir votre frère Mohamed

MERAH ? on nous a dit qu’elle avait refusé de parler à mon frère point. Elle était en GAV. Ça ne

vous a pas étonné ? je ne sais pas, je ne peux pas la juger, je ne sais pas pourquoi. De toute

manière je ne lui parlais pas.

Yamina MESBAH, le soir des assauts vous souvenez vous de votre échange ? j’ai appelé tout de

suite Yamina, et elle n’avait pas l’air inquiète. Vous aviez dit qu’elle était sereine. Ma sœur

m’aidait beaucoup financièrement elle prenait des nouveaux forfais et donc me les passait.

Echanges téléphoniques avec Abdelkader MERAH depuis qu’il est en détention ? peut être je

ne sais pas. Sincèrement je ne me souviens pas. Interception du parloir entre Yamina MESBAH

et Aicha où il parle de vous, il dit « Aicha elle n’entre pas dans ce niveau là, c’est une mécréante

mais elle est dans le juste ». Son numéro a été retrouvé dans la poche d’Abdelkader MERAH.

- Questions de la défense

113

Vous dites que pour vous, vous ne baignez pas dans des propos antisémites ou anti-français. Le

confirmez vous ? oui c’est du grand n’importe quoi.

Sur votre tentative de suicide, je voudrais qu’on puisse dire qu’aucune mention directe de

causalité entre la violence avec Abdelkader et la tentative. Je crois que c’était par rapport à

mon père en fait.

Pas de lien téléphonique retrouvé entre Aicha et Abdelkader MERAH. Il y a juste un numéro de

téléphone retrouvé.

Sur la religion vous indiquez dans votre audition, que Mohamed était plus intransigeant

qu’Abdelkader. Envers moi, oui. Par rapport à l’alcool qu’il avait jeté pour le nouvel an. Je me

souviens de cet événement. Après ce n’était pas vraiment par rapport à la religion que je me

disputais avec lui.

Vous avez aussi précisé, ce n’est pas Abdelkader qui a entrainé Souad, elle s’est investie seule

dans la religion. Oui elle avait un copain qui était un voyou, ils ont eu un enfant mais c’était un

accident et elle était contre l’avortement. Elle a commencé à porter le voile. Elle avait toujours

dit que lorsqu’elle aura des enfants, elle pratiquerait la religion.

En parlant de votre rencontre du 15 mars, vous dites « il y avait encore un peu de haine entre

eux ». Je ne m’en souviens plus.

De même sur la fois où il vous a parlé de la voiture qu’il avait volée en ayant vu les clés sur le

contact. C’est un récit bien antérieur aux faits ? oui.

D1308-3 : écoute téléphonique entre vous et votre belle-sœur qui dit « non, non, ne t’inquiète

pas j’étais avec lui, c’est pas les délires de Kader ». Est ce que cela vous paraissait conforme ?

Abdelghani est violent, puis disparaît ? il part mais il était tout le temps là, ils ont vécu un

moment chez nous aussi avec Anne, elle a vécu quelques mois avec nous. Il a fait de

nombreuses tentatives de suicide, nos parents l’ont amené aux urgences. Un jour je vois Anne

le prendre par la main, et je cours derrière eux, je crois qu’il s’était passé quelque chose avec

la femme d’Hamid. Mais ils revenaient tous les deux tout le temps. Théodore quand il est né,

c’est ma sœur qui s’en occupait. Kader, Abdel et Anne trainaient ensemble. Du jour au

lendemain ils sont devenus frères ennemis.

Mohamed MERAH a été placé en foyer à de multiples reprises ? oui.

17/10/2017

M. Jérôme MORIN (militaire)

J’ai personnellement assisté aux faits du 15 mars car mon bureau donnait sur la scène. J’ai

entendu les coups de feu et je me suis rendu immédiatement sur les lieux. J’ai trouvé mes trois

camarades inconscients. J’ai fait le tour des commerces pour m’assurer qu’il n’y avait pas

114

d’individu armé. J’ai ensuite prodigué les premiers soins aux victimes. À partir du 2ème coup de

feu j’ai vu M. MERAH tiré sur mes camarades avec une grande assurance et un grand sang froid.

On a retrouvé sous un camion un deuxième chargeur garni de cartouches.

Cette action a certainement fait l’objet d’un repérage auparavant.

Vous étiez chef des opérations, c’est à dire ? je préparais l’entrainement du régiment.

Vous avez entendu deux détonations qui vous semblaient être des coups de feu, votre bureau

se trouvait au 1er étage. Vous n’avez pas vu véritablement la scène ? j’ai vu le haut de Mohamed

MERAH mais pas la partie basse. Ils allaient en zone technique et se sont arrêtés pour retirer

de l’argent pour acheter des pâtisseries.

Sur les personnalités des victimes ? De part ma fonction je n’avais pas de lien direct avec ces

trois militaires, je les croisais de temps en temps, ils étaient sans histoire, très investis pour les

couleurs de notre pays.

C’était compliqué de l’identifier car il portait un casque.

- Questions des parties civiles Colonel MORIN, le régiment est situé à Montauban, il a été déployé à plusieurs reprises sur des

théâtres à risque. Pensez vous que ce régiment est le plus accessible par la route, et que c’est

pour cette raison que le tireur l’a choisi comme cible ? c’est fort possible car Montauban se

situe à une quarantaine de km par rapport à Toulouse.

Lorsque ces tueries ont lieu vous avez reçu des ordres du ministère de la défense, notamment

de porter l’uniforme des soldats de France en dehors de l’enceinte. Comment l’avez vous reçu ?

C’est quelque chose, d’un point de vue personnel, que l’on a du mal à reconnaître, de ne pas

pouvoir se promener dans son propre pays avec les couleurs de la France.

Vous aviez évoqué lors de l’audition, qu’il s’agissait d’un scooter à dominante blanche ? c’est

ressorti effectivement les policiers insistaient mais je maintiens avoir vu un scooter à

dominante noire.

Témoin n°2 :

Je travaillais à l’époque dans une carrosserie et Mohamed MERAH également. Il m’avait

demandé de venir chez lui pour réparer sa console de jeu vidéo. Sur la route, il m’a montré une

vidéo, j’ai cru que c’était que du coran et puis j’ai entendu des appels à la haine. Il a dit vouloir

s’engager dans l’armée pour faire des attentats. Une fois chez lui je me suis rendu compte qu’il

n’avait pas internet. Je voulais partir mais il ne voulait, il m’a dit regarde ces vidéos, c’était Al

Qaeda ou Daesh ou je ne sais pas, il m’a montré des vidéos de décapitation. J’ai paniqué je lui

115

ai demandé de me ramener chez moi ce qu’il a fait, mes parents m’ont engueulé. Ma mère est

allée le voir le lendemain pour l’engueuler et il a frappé ma mère. J’entends des jeunes des

quartiers me dire, Mohamed a agressé ta mère. J’ai trouvé Mohamed pour avoir des

explications. Il descend de son véhicule, m’attrape par la gorge, m’a giflé je suis tombé au sol.

On s’est battus.

Je suis rentré chez moi j’ai raconté cela à ma mère. Devant chez moi mes sœurs sont sorties le

chercher et J’ai alors vu mes sœurs se faire taper, traumatisme crânien, neurologique et facial.

Ma mère descend en panique et tape ma mère au visage. Plusieurs jeunes les séparent et il

prend la fuite. Mon père l’a cherché partout et on a porté plainte.

Il vous a montré des vidéos que vous qualifié de choquante, de moudjahidines ? exactement

j’avais 15 ans. Il y avait un parking où se retrouvait des jeunes pour trainer, et il leur montrer

ce type de vidéos.

Je sais que la vidéo qui m’a le plus fait peur, c’était une femme enceinte et on lui ouvrait le

ventre. Ça m’a vraiment terrorisé.

Il y avait d’autres jeunes de mon âge qui regardaient ces vidéos là.

Dans le quartier des Izards c’était un lieu habituel de rencontre ? exactement.

Sur une rencontre possible entre les deux frères que vous auriez vue ? je ne m’en souviens pas

mais si je l’ai dit c’est que c’est arrivé.

Connaissez vous Abdelkader MERAH ? Je n’ai pas de souvenirs, j’étais très jeune.

Sur ce que j’ai entendu, ce qu’on disait oui c’est sûr « c’était un fou d’Allah, il influençait son

jeune frère » mais je n’en ai pas été témoin.

Connaissez vous Fettah MALKI ? Non. Jamais vu sur le parking de la bibliothèque ? non plus.

Il comparait la présence de la police aux Izards avec celle des Américains en Afghanistan,

comme des envahisseurs ? exactement.

Le 15 juin 2010 que s’est il passé ? il était vêtu d’une tunique avec un short, cagoulé. Il y avait

un parc pour les jeunes et il restait là à nous observer. J’appelle mon père, paniqué. C’était

après le dépôt de plainte.

Mais le 15 juin 2010, avant le dépôt de plainte, lecture de l’audition. Coups de feu en l’air après

être monté avec lui en voiture. Il écoutait des musiques pour motiver les troupes des

moudjahidines, et parlait en arabe.

Pourquoi voulait il s’inscrire à la légion étrangère ? il voulait tuer les militaires français au sein

même de l’armée.

Vous étiez un ami de Mohamed MERAH ? Non juste un jeune qui travaillait avec lui à ce moment

à la carrosserie et connaissance de quartier, mais je ne trainais pas avec lui.

116

Comment expliquer qu’il vous livre ce projet ? je sais qu’il le disait à d’autres sur le parking. Je

pense qu’il me le disait à moi parce que je travaillais avec lui, pour passer le temps.

Il parle de cela avec les personnes avec qui il passe du temps donc.

Vous rappelez vous de l’ordinateur MacBook pro ? de quelle couleur ? blanc.

Vous avez remarqué la présence d’un coran et de deux sabres. Il sort le sabre et me dit je les

égorge tout. Il avait une clé 3G. Il habitait au RDC, volets fermés. Il m’avait enfermé, je ne savais

pas où j’étais, j’avais quinze ans, j’avais peur qu’il me retrouve si je partais. Il est parti et m’a

enfermé chez lui. Avant de partir il me montrait des vidéos de moudjahidines comme il disait.

Ma mère s’est inquiétée, je lui ai dit que j’étais chez Mohamed. Elle a voulu trouver une solution

pour venir me chercher mais je n’ai pas pu lui indiquer où j’étais, je ne savais pas comment

rentrer chez moi. Il est revenu à 21H. il était très tard. Il m’a gardé jusqu’à minuit. Il m’a dit tenu

des propos anti américains, contre les Juifs, personnes de confession musulmane mais

travaillant pour l’armée ou les services français, il fallait les tuer tout simplement.

Il a évoqué des voyages ? je crois qu’il voulait partir en Algérie ou Afghanistan ? je ne sais plus,

un pays arabe. Etudier le Coran en Egypte ? oui je m’en souviens, il ne m’en disait pas plus. Il a

dit partir avec son frère. Oui, Abdelkader MERAH, c’était évident. Je ne voyais que lui comme

grand frère, je ne connais pas d’autres frères à lui.

Vous dites lors de vos auditions que c’était un islamiste, barbu, qui ne parlait à personne. Il ne

parlait à personne mais je ne le connaissais pas.

Que disaient vos parents ? de ne pas fréquenter ce genre de personnes.

Peur des représailles du fait de son témoignage.

- Questions des parties civiles Qui vous menace ? les jeunes qui étaient amis avec Mohamed MERAH et Abdelkader. Un

témoin anonyme dit que les jeunes aux Izards pensent que Mohamed MERAH est un héros.

Oui. Il a su porter des actes à ses paroles pendant tous ces mois. Le jour où son nom a été

médiatisé, certains jeunes ont approuvé de manière claire ce qu’il a fait.

Est ce que vous connaissez Mlle Dounia MOKADEM ? Peut être de visage mais son nom non.

Elle dit la même chose sur les jeunes de la cité, que finalement ça ne l’étonne pas Mohamed

MERAH ne se cachait pas de son djihad, prosélytisme et du fait de mourir en martyr. Oui,

exactement. Aujourd’hui Abdelkader MERAH est perçu comment ? après les faits j’ai déménagé

rapidement. Ma mère a fait les démarches nécessaires mais on est très près du quartier. Je n’ai

pas eu d’écho particulier. Vous avez peur ? oui.

- Questions de l’Avocat général

117

Je comprends aujourd’hui votre position. Vous aviez parlé de CD dans la voiture, chants de

moudjahidines ? oui.

Après les attentats vous confirmez avoir reçu la visite de gens cagoulés qui sont venus ? oui

pour me menacer. Je sais qu’ils étaient là par rapport à moi. La police m’avait escorté à mon

domicile. Or dans un quartier comme ça ce n’est pas bien vu.

Ils n’ont rien fait mais sont restés en bas de votre domicile ? oui.

Un peu avant les faits vous aviez croisé Mohamed MERAH il était normal ? oui il marchait,

parlait avec des jeunes, il était normal.

- Questions de la défense Vous connaissez Abdelkader MERAH ou non ? je le connaissais vaguement. Parce que vous

disiez à l’instant ne pas avoir eu de retour sur Abdelkader MERAH au quartier, vous confirmez ?

je n’ai pas eu de retour.

Vous l’avez vu combien de fois ? je ne sais plus. Plus de deux fois ? je pense. En 2011 ? je ne me

souviens plus. En 2012 ? je ne pense pas. Eclairage sur l’éventuelle complicité d’Abdelkader

MERAH avec les actes de son frère en 2011, 2012 ? vous ne les avez pas vu ensemble à cette

période ? je ne crois pas.

Votre mère a participé à une émission, vous également ? non.

Combien y-a-t-il de jeunes aux Izards ? je ne sais pas, je les compte pas.

Combien de personnes vous auraient dit des choses sur Mohamed MERAH ? Je ne saurais pas

répondre.

Lecture des dépositions du témoin n°3 : Cote D 6647 p.7 Audition du témoin n°3 (mère du témoin

n°2).

« Quelques semaines avant les faits les deux frères MERAH se sont rapprochés ».

- Questions des parties civiles

Question à Abdelkader MERAH : vous avez entendu les déclarations de cette dame sur votre

influence sur Mohamed MERAH. Sur les accusations qu’elle porte sur ma radicalisation, en

2007, début 2008 je m’habillais en civil, à l’occidentale, j’ai coupé ma barbe. Sur les accusations

pour ma femme elle se lavait. Ma mère portait le voile même pendant ma jeunesse. Il y a eu

des différends entre mon petit frère et sa famille, c’est par vengeance.

118

Sur le témoignage : il dit qu’à la fin de l’année 2009 « Mohamed MERAH montrait des vidéos

choquantes, et Abdelkader est venu rapidement le voir ».

On va à chaque fois utiliser mes relations avec mon petit frère. Je n’ai jamais vu mon petit frère

au quartier, il était avec des jeunes oui mais je ne l’ai jamais vu faire ça.

- Questions de l’Avocat général Le témoin ne date pas ce qu’elle pense de vous concernant vos habits.

Vous avez indiqué avoir été chez vous lorsque vous entendez parler de l’incident entre votre

frère et cette famille. C’est où, près du quartier ? ce n’est pas au quartier.

Anne CHENEVAT

Je suis l’ex compagne d’Abdelghani, et j’ai rencontré Kader quand j’avais 16 ans.

Avant tout je souhaite m’excuser auprès des victimes et des familles. Le 15, j’ai commis l’erreur

d’appeler Abdelghani plutôt que la police en pensant que c’était Mohamed le responsable.

J’ai connu Abdelghani quand j’avais tout juste 16 ans, j’ai connu ensuite Abdelkader puis tout

le reste de la famille. On était assez complices lorsqu’on était jeune, on s’entendait très bien,

je le trouvais plus intelligent que le reste de la fratrie. C’était mon préféré. Mohamed était le

préféré des autres. Il a été là pendant les premières années quand Abdelghani était violent avec

moi. J’étais enceinte de 7 mois. Il est resté avec moi ce soir là et il a continué à venir

régulièrement. Il me protégeait lorsqu’Abdelghani buvait et faisait en sorte que ça tombe sur

lui plutôt que sur moi.

Un jour il est venu lui faire comprendre que c’était terminé la violence sur lui. Abdel a encaissé

les coups et ça énervait Kader, et il s’en est pris à ma voiture. Abdel a réagi alors il a compris

qu’il fallait s’en prendre à moi pour le faire réagir lui. Il y a eu les coups de couteau. Il n’était

pas encore dans la religion vraiment, ce jour là il avait bu. Il se faisait appeler Ben Laden et étant

anti américain mais c’est vraiment à partir de là que c’est arrivé.

Abdelghani était très proche du grand frère de Yamina. Il savait qu’en sachant cela, il ne

laisserait pas sa sœur fréquenter Abdelkader.

Je ne vois plus Abdelkader mais je continue de m’entendre bien avec Souad, qui essayait de me

convaincre d’entrer dans la religion, je gardais ses enfants, je savais qu’elle rejoignait

Abdelkader.

Je venais souvent chez la maman pour le ramadan Abdelkader et Souad se disputaient et

venaient séparément. Je m’entendais très bien avec Aïcha. Mohamed je l’ai vu un bon moment

après un premier voyage. Il venait tous les vendredis pendant trois mois manger à la maison

avec Théodore et moi. Sa mère était surprise de savoir cela. On débattait énormément sur la

religion. Je posais plein de questions sur ses voyages, qui il avait vu etc. il commençait toujours

119

par les copains qui faisaient, puis c’était nous et à la fin c’était « je ». Je ne voulais pas que

Théodore entende ça. Sur Sabri, je lui demandais comme ça se faisait qu’il était ami avec lui, et

il expliquait que c’est grâce à Kader qu’il avait eu sa confiance. Il n’avait pas fait autant de choses

que Kader et Sabri ESSID mais qu’il était devenu un bon musulman. Il discutait avec COREL.

Quand je le contredisais il appelait COREL devant moi, il voulait m’expliquer ce que je ne

comprenais pas, que Souad jeûne alors que c’était pas ramadan, c’était n’importe quoi etc. il a

voulu me laisser le numéro de COREL. Il me disait que mentir c’était humain, des fois on est

obligé de mentir parce qu’il avait promis à quelqu’un de ne pas dire ou pour ne pas blesser une

personne. Il fallait jeuner 3 jours pour se faire pardonner le mensonge. J’arrivais à l’énerver des

fois.

Je les considérais comme mes frères et sœurs les MERAH. Ils me voyaient comme la française,

mais je pense qu’ils m’appréciaient.

Vous les avez connus en quelle année ? 1994.

Mohamed MERAH père était parti ? oui il ne vivait plus chez eux. Sur l’organisation ? c’était

n’importe quoi. Mohamed avait 7 ans. On me demandait à Abdel et moi de le chercher dans la

cité à minuit. Kader était en foyer.

Quand j’ai eu mon appart, Kader venait s’échapper chez nous.

La mère c’était Abdelghani son préféré et Mohamed ensuite. Le père c’était ses filles, Souad

d’abord puis Aicha. Quand Théodore est né, Mohamed demandait à sa mère s’il était plus beau

que lui et si elle le préférait et elle répondait bien sur que oui.

Violence ? oui, je n’ai pas vraiment assisté aux violences sur la mère, on me racontait mais je

voyais les griffures etc. c’était les garçons, tout était détruit. Quand on y passait, on constatait

le chaos. La violence est venue du père qui battait Abdel, sa maman me l’avait confirmée. Abdel

a reporté les coups sur Souad et Aicha. Puis Abdelkader a violenté Souad quand elle était

enceinte, j’en était surprise alors qu’il était le contraire pour moi. Il était violent avec ses sœurs

et Mohamed.

Il arrivait à la mère de partir en Algérie. Mohamed est venu pleurer chez moi : sa mère lui avait

dit d’aller chez son père, qui n’était pas là depuis 15 jours et il ne savait pas où aller.

Sur le racisme ? la première fois que je me suis fait traitée de sale juive et crachée dessus par

la mère d’Abdel. Il m’a tirée par le bras et on est sorti de chez lui. Je lui ai demandé

« pourquoi » ? il m’a répondu « à cause de ton grand père ». « Mais c’est le grand père

biologique, je ne le connais pas ». Il m’avait répondu « je sais bien je leur ai dit pour éviter ça ».

« Sale française » je l’ai entendu de tous les MERAH. Ça a été ensuite Souad, Kader, rarement.

Ils me disaient après, d’abord on sait que tu n’es pas juive.

Ça arrivait quand ils se fâchaient avec Abdel car ils savaient que ça le blessait. Sa mère se

justifiait en disait que pour une Française j’étais quand même mieux que certains Arabes.

120

Constat d’une évolution sur le plan de l’engagement religieux ? Souad a commencé à se voiler

quand son mari est entré en prison puis la burqa. Kader c’était juste après les coups de couteau.

Il a arrêté l’alcool etc. c’est le moment où il est entré dans le salafisme.

Lié à la prison ou à la rencontre avec sa compagne ? c’est un ensemble, il était considéré comme

un fou dans la cité pour ces coups. Il fallait qu’il justifie avoir fait une erreur. Je me suis dit que

ça pourrait être bien, qu’il arrêterait l’alcool. Suivre le bon chemin. Mais c’est devenu

crescendo. C’est devenu plus extrémiste, mécréants, kouffars etc. le voyage en Egypte a

amplifié les choses.

Il y avait les bons musulmans, ceux qui étaient à fond dans la prière, chez qui ça se voyait, barbe,

kamis, voile etc. jusqu’à ce qu’il ne me dise plus bonjour, ne me fasse plus la bise, ni serre la

main. C’est arrivé après les séjours en Egypte.

Après je ne m’y intéressais plus. Je venais diner pour continuer à garder le lien. Un jour il m’a

dit que Théodore aurait 18 ans et qu’il serait là pour venir le chercher.

Théodore a voulu arrêter de manger du porc et je lui ai dit oui mais il y en aura toujours dans

le frigo car moi j’en mange.

Quand Théodore venait me voir et me disait que quand il y aura la guerre en France que les

musulmans vont se battre de quel côté tu seras, tu vas te convertir ? je disais non. Mais s’ils

tuent tous les mécréants et pour me faire plaisir tu ne le ferais pas ? non.

Leur grand rêve à Mohamed et Abdelkader c’était l’Afghanistan, Ben Laden. Abdelkader voulait

se faire tatouer Ben Laden sur le front, on lui avait dit qu’il ne trouverait jamais du travail. C’était

avant les coups de couteau et après le 11 septembre.

Vous avez entendu parler d’un grand Ben Ben et petit Ben Ben ? non pas pour Mohamed.

Théodore a vu beaucoup de vidéos, il faisait des cauchemars. Je ne savais pas à quoi c’était dû

au début. Il avait une dizaine d’années. Petit à petit, il me parlait, me racontait avoir été à des

réunions, à la mosquée, il me posait des questions sur la religion, la guerre des musulmans, ce

genre de choses. J’ai compris ensuite qu’il a vu des vidéos terribles.

Est ce qu’ils vous ont proposé de voir des vidéos ? Souad voulait me montrer ce qui se passe

pour les enfants palestiniens, je refusais de voir ça.

Sur la religion, c’est Abdelkader et Souad qui étaient tous les deux réfléchis, plus intellectuels

et agissent ensuite. Mohamed c’était un sanguin, il agit et réfléchit plus tard. Olivier COREL était

comme un gourou pour eux. Je ne l’ai pas rencontré.

Vous avez indiqué que Mohamed MERAH a eu la confiance de Sabri ESSID grâce à Abdelkader ?

il m’a dit que ça signifiait qu’il était devenu un bon musulman, un pratiquant.

Il était content que son frère le considère comme un bon musulman ? oui !

Pour son deuxième séjour je ne lui parlais plus. J’attendais le feu vert de Théodore pour ne plus

le recevoir les vendredi soir.

121

Quelques mois après en discutant avec Théodore, il m’a dit que de toute façon il n’avait pas à

m’écouter, je n’étais qu’une mécréante et a claqué la porte. J’ai appelé son papa pour qu’il

m’aide à le retrouver. On a appelé la mère, la sœur et aucune ne l’avait chez elle. La maman a

rappelé pour savoir s’il était rentré, et ça m’a mis la puce à l’oreille. On est allé chez elle et elle

refusait d’ouvrir. On est allé chez Mohamed, alors qu’il affirmait que Théodore n’y était pas,

jurant sur Allah. J’ai insisté il a ouvert la porte de chez lui, en jurant encore. Jai monté les étages

et sur le pallier du 4ème mon fils était debout ses chaussures à la main. Abdel était furieux. C’était

terminé. Le lendemain Souad m’a appelée, disant que ce n’était pas bien ce que j’avais fait.

Mohamed m’a appelée, m’insultant en disant « bah garde le ton bâtard ». J’avais laissé le son

et Théodore a été très déçu de son oncle. Au début ils étaient chez sa grand mère avec Sabri

ESSID et Mohamed, et de là ils l’ont enlevé.

Ils voulaient faire du prosélytisme, ils insinuaient tout le temps qu’à 18 ans il ferait un bon

musulman comme lui.

Le 15 mars vous aviez un fort soupçon ? Quand mon fils m’a dit qu’à la télé ils parlaient des

douilles, j’ai appelé Abdel.

Mohamed MERAH a été hospitalisé, y êtes-vous allés ? Quand Abdel m’a dit qu’il allait mourir

d’une hépatite A je lui ai ri au nez, disant que ça se soignait très bien.

Pour moi Souad et Abdelkader ont appris leur religion fanatique à leur petit frère.

Lorsque Mohamed était à la morgue j’ai retrouvé Aicha et je lui ai dit que Kader devait être

avec lui le jour des assassinats et que Souad devait être au courant. C’est ce que je pensais.

Sur les violences de 2003 les coups de couteau c’était par rapport à vous votre qualité de

Française ? Pour moi non, il était venu en découdre avec son frère.

- Questions des parties civiles Tout au long de votre déposition j’ai eu le sentiment que dans ce que vous exposiez vous n’aviez

aucune animosité à l’encontre d’Abdelkader MERAH mais exposiez le plus simplement et

réellement possible. Oui c’est cela. J’ai eu de la peine, tristesse. Vous pensez qu’il n’était pas

seul mais a préparé ces faits avec Abdelkader MERAH ? Oui.

Savez vous qui étaient les membres qui participaient aux réunions à Agen ? Souad me disait

que son frère Abdelkader était présent, avec ses copines, mari de ses copines etc. je ne

m’intéressais pas à cela. Elle partait en weekend. Mais pour mon fils c’était à Toulouse.

Lorsque Mohamed mangeait chez vous, il faisait état de projets assassins ? pas clairement, il

n’était pas direct. Il disait sa haine pour ceux qui tuaient ses frères de religion mais je ne peux

pas dire qu’il l’ait fait.

Le mensonge état érigé en système dans la famille MERAH ? le mensonge a toujours été banal

dans la famille MERAH. Pour Abdel une femme mentait obligatoirement quand je l’ai rencontré.

122

Est ce qu’Abdelkader MERAH vous a traité de sale Française ou sale juive ? on m’a adressée

sale Française et sale juive c’était adressé à Abdel « ta sale juive ».

À Abdelkader MERAH : Pourquoi avez vous traité Madame de sale française ou sale juive ? je ne

l’ai jamais traité ainsi directement, c’était dans des moments de colère avec mon frère c’était

pour l’atteindre lui.

Vous pensez qu’elle ment ? non je confirme ne l’avoir traité sur sa personne ou mon frère mais

dans un moment de colère il se peut que je l’aie fait pour nuire à mon frère car c’était son point

faible.

Au témoin : vous avez dit qu’on vous a affirmé « les portes du paradis vous sont ouvertes » ?

qui l’a dit ? Souad et Mohamed.

Hier Abdelghani a dit que selon lui son frère Mohamed avait été le bras armé et Abdelkader la

tête pensante ? je le pense aussi.

Cote 2247/6 : vous indiquez que Mohamed vous faisait comprendre être du côté des talibans.

Ce n’était pas caché ? non. Si vous le saviez, Abdelkader le savait ? oui même plus.

Vous souvenez vous du retour d’Egypte d’Abdelkader MERAH ? il ne portait plus la barbe et

s’était rasé les cheveux ? oui. Abdelghani lui avait fait la réflexion. Kader avait répondu qu’il faut

savoir se fondre dans la foule.

- Questions à l’Avocat général Sur le contenu de vos écoutes téléphoniques : Vous parliez du choix des cibles, notamment

l’école juive ? pour moi ça a été transmis par leur parents, ça les a confortés.

Mohamed MERAH avait besoin de dire les choses, vous avez parlé de « pipelette » il ne pouvait

pas s’en empêcher ? oui.

Question à Fettah MALKI : est ce que sur ces conversations et ce caractère de pipelette de

Mohamed MERAH vous pouvez dire quelque chose ? non pas grand chose. On ne parlait pas

de religion, il ne me parlait pas de voyages. Ni religion, voyage, Daesh.

- Questions de la défense Lorsque vous avez indiqué votre sentiment que la cible de l’école juive aurait pu être choisie

par Abdelkader, c’est votre opinion que vous déduisez du climat antisémite dans la famille ?

oui. Pouvez vous confirmez que les militaires c’était cette fois une obsession personnelle de

Mohamed MERAH ? oui il en avait après les militaires et les policiers. Donc distinction de cibles

choisis par Mohamed MERAH et cibles soufflées par Abdelkader. Mais Mohamed aussi a grandi

dans cette famille antisémite ? c’est mon avis personnel, ça m’est venu comme ça, au fil des

discussions avec Mohamed.

123

Vous pensez que Souad a eu une influence, de même que Sabri ESSID, Olivier COREL, sa mère ?

oui aussi.

A partir des voyages en Afghanistan je ne le côtoyais plus.

Pour vous il est facile de déterminer dans la radicalisation de Mohamed MERAH, la part des

parents, des voyages etc. ? non c’est mon avis personnel. Il s’est construit avec la haine des

autres par rapport à ce qu’on lui a appris.

Est ce qu’il n’y a pas une part d’auto radicalisation avec des recherches qu’il aurait fait seul ? je

n’avais pas l’impression qu’il lisait, littérature etc. après sur internet, peut être mais il était plus

sur les jeux vidéos.

Mais il visionnait des vidéos, et Abdelkader MERAH n’était pas présent ? je pense

qu’Abdelkader MERAH en a vu aussi, Souad aussi en montrait.

Vous confirmez que les coups de couteau n’avaient rien à voir avec votre religion réelle ou

supposée ? je ne pense pas. Pourquoi pensez vous que votre ex compagnon clame avoir pris 7

coups de couteau parce que sa femme était juive ? j’étais présente seulement à la DST en 2003

à l’époque, et il n’a pas été question de ça mais on a parlé de l’antisémitisme de sa famille.

Finalement les insultes sont un moyen pour le toucher lui ? on en a parlé avec Abdelkader

MERAH et oui, mais je m’en doutais aussi. Il ne les pensait pas mais faisait ça pour rendre en

colère son frère.

A l’époque de ces insultes, du surnom Ben Laden, et du tatouage voulu sur le front, il n’est pas

du tout dans la religion. D’ailleurs en 2003, il continue de boire de la bière. Cette affaire aura

pu être déclencheur de son changement. En fait c’est l’expression d’un mal être ? oui. Quand

il disait ça j’ai pensé que c’était sa crise d’adolescence et que ça allait passer cette haine des

Américains.

Mohamed MERAH avait un lien direct avec Sabri ESSID ? À la base, c’était l’ami de Kader et

Souad. Mais une fois les présentations faites, ils étaient en lien direct. Oui. Vous ne l’avez jamais

vu avec Olivier COREL ? Non. Il appelle Olivier COREL à quelle époque ? après les voyages. Donc

en 2010 il a déjà un contact seul avec Olivier COREL et Sabri ESSID.

De qui votre fils était le plus proche ? au début je le confiais à Kader et puis après un

rapprochement avec Mohamed avec lui aussi.

A quelle époque vous perdez le contact avec Mohamed ? il me semble que c’était fin juin après

le voyage au Pakistan. Avant, il venait tous les vendredis puis par période chez moi. Et avec

Abdelkader ? quand il est venu à la maison pour aller déjeuner chez son frère, après son retour

d’Egypte.

Vous avez eu vent d’une brouille ? pour le mariage de leur mère. Combien de temps ? à cause

de Souad, Kader ne voulait pas qu’elle soit là.

124

Abdelghani et vous même faites parti de la famille pour Mohamed MERAH ? qu’est ce que vous

lui apprenez donc par rapport à ce qu’il dit ? je lui apprends des choses sur l’amour puisqu’il

me dit que j’ai les portes du paradis plus ouvertes que lui.

Vous étiez donc en alerte, vous et Abdelghani ? non pas Abdelghani. Il nous a pourtant parlé

du colt alors qu’est ce qui lui a appris Abdelghani ? je ne peux pas parler à sa place. Mais je sais

que je l’ai appelé en disant que je pense que c’est son frère, et il m’a dit que j’étais folle, que

plein de jeunes en avaient dans ce quartier.

Sarah BOUNADJA (aide ménagère)

C’est des jeunes avec qui j’ai grandi au quartier des Izards.

Je connais Abdelkader MERAH il était en primaire, maternel, collège avec moi. MALKI pareil.

A l’époque je les voyais ils sortaient, des jeunes comme tous les jeunes de quartier. Ils n’étaient

pas dans l’islam. Aucun des deux.

J’étais plutôt proche de Mohamed MERAH avant qu’il ne meure. J’ai fréquenté Abdelkader et

quand Mme AZIRI a emménagé dans mon quartier j’étais plus proche de Mohamed.

Je suis un peu surprise de tous ces évènements, il venait, écoutait de la musique, sortait en

boite, il faisait ses prières, mais ni plus ni moins. Ni Mohamed ni sa mère ne m’ont dit de faire

la prière ou quoi.

Sur les voyages que pouvait faire Mohamed MERAH ? Non je l’ai su par la suite, qu’il était en

Algérie. Pour les autres pays je l’ai sur par la télé. Sa mère me l’a avoué ensuite quand je l’ai

appelée.

Sur les vidéos violentes de scène de décapitation ? je ne suis pas au courant de ces vidéos, de

tout ça. Il gardait toujours le respect avec moi, même avec mon fils il n’a jamais fait ça. Mon fils

est né en 2003 et 2008. Il faisait des cadeaux à mon fils. Il jouait à la Play avec Mohamed chez

Mme AZIRI.

Est ce qu’il parlait de son frère ? jamais ils étaient en conflits tous les deux, c’était hors de

question, ils ne se sont pas parlé pendant des années, c’était la guerre entre eux. C’est ce que

Mme AZIRI disait d’ailleurs, elle pleurait elle voulait rassembler ses fils mais c’était impossible

ils ne voulaient plus entendre parler l’un de l’autre.

Sur le financement des divers voyages ? je n’en ai aucune idée. D 6489/3. L’argent peut venir

du trafic, je sais que Mohamed à l’époque il trafiquait.

Je ne suis jamais partie au domicile de Mohamed MERAH, seulement chez sa maman.

Comment vous le contactiez ? par téléphone. J’avais du mal à effacer son numéro même après

son décès et puis je l’ai ensuite effacé.

Le rôle d’Abdelkader dans tout ça ? non je sais juste qu’il s’était mis dans l’Islam, il avait

beaucoup changé mais ça fait des années que je ne l’avais pas vu. Ça fait 10, 11 ans je ne peux

125

pas vous dire sur son évolution. J’entendais ma famille au quartier des Izards me dire qu’il

changeait, remettait les jeunes sur le droit chemin quand ils faisaient des bêtises etc.

L’avez vous vu violent ? non, à l’époque quand on était jeune, 16 ans, on était adolescent.

Quand j’étais petite j’avais pris le vélo de Mohamed MERAH, et Abdelkader m’a mis un coup de

poing dans le nez. C’est le seul souvenir. Quand on n’a pas de père, il dirigeait la famille, se

prenait pour le grand frère. C’était un jeune qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, il voulait

le respect dans le quartier, que quand il sortait dans le quartier les gens aient peur de lui, il

voulait marquer son territoire.

Est ce que vous savez s’ils se sont revus ? non je ne sais pas. Une fois ma mère les avait vus

ensemble mais c’était trop tard, après que Mohamed ait fait la bêtise de tuer des enfants je

crois. Dans mes derniers souvenirs, Mohamed avait déjà tué les enfants, ils se sont réconciliés

après.

Ma mère les a plus vus s’excuser, se serrer la main comme deux frères qui se réconcilient.

Les deux frères, il ne fallait pas qu’ils se croisent dans le quartier.

Vous confirmez que Larbi Bey était son meilleur ami ? oui c’était des noms qu’ils m’ont

indiqués. Jean Michel CLAIN, Olivier COREL ? Non ça ne me dit rien. Je sais que lorsqu’il était en

prison, il a rencontré un jeune et son père a épousé la mère de Mohamed. Sabri ESSID.

Sur les actes commis par son fils ? elle avait des fois une double personnalité c’était mélangé,

rien n’était clair. Une fois elle était contente et l’autre pas. Comment ça contente ? pas

contente mais que son fils était mort et on ne pouvait rien faire de plus, ça ne sert à rien de

pleurer. Elle vous a dit avoir été fière de ce qu’il a fait ? oui, elle a dit ça dans son appartement,

son fils était déjà décédé, elle l’a peut-être dit par colère, il y a eu des évènements entre temps.

On a l’impression que c’était tout de suite après ça ? je pense qu’elle en a eu marre, il y a eu

une accumulation, elle l’a dit devant une centaine de personnes.

Elle dit être fière des actes commis. Ce n’est pas ce qu’elle a dit exactement, mais plutôt que

son fils « avait mis la France à genoux ».

Dans sa bouche vous avez déjà entendu des propos antisémites ? non, ça par contre non. Avant

tout ça, jamais. C’est une dame qui faisait la prière, lisait beaucoup le Coran. Elle n’a jamais

parlé des Juifs, Français.

Vous dites qu’elle cachait des choses ? moi je l’ai mal pris elle m’a avoué après qu’il était allé

en Afghanistan elle avait peur que je le dise mais je ne connais même pas ce pays, ce qu’il se

passe là bas.

Si elle me l’a caché c’est que c’était bien plus grave, je n’ai pas d’élément c’est mon

interprétation. Quand il a eu l’hépatite, elle me dit qu’il était en Algérie, il avait touché un chat.

Elle me dit que ce n’est pas vrai, les policiers ne lui ont pas proposé de parler avec son fils pour

qu’il se rende. Moi ils m’ont dit avoir fait toutes les démarches.

126

- Questions des parties civiles Madame, les Juifs ne sont pas des Français ? si comme les musulmans, on est tous des Français.

Mais c’est vrai que ce terme-là, juif, est souvent employé. Pourquoi cette distinction ? Les Juifs

c’est les Juifs, les Français c’est les Français. J’en ai aucune idée.

Vous dites à l’officier de police judiciaire, est ce qu’Abdelkader MERAH était un référent pour

les autres. » Quand il partait voir des jeunes aux Izards il ne leur parlait que de

l’Islam aujourd’hui encore il y a quelqu’un qui parle des moudjahidines car quand mon fils y va

avec ma mère il a le cerveau retourné » ? Je ne me rappelle pas, je n’ai pas dû comprendre le

mot. Certaines personnes gênaient dans le quartier.

Lors de votre audition vous avez dit que Mohamed est venu à la cité avec une Mégane et des

armes dans le coffre. C’est vrai ? oui. Il était tellement content d’avoir ses armes. Il a montré

tout ça aux gars de la cité c’était qui ? les jeunes je ne sais pas qui c’était. Ils étaient surpris

aussi. Il était dans son monde, il ne savait pas ce qu’il faisait.

Vous l’avez su de vous mêmes ? oui. Mais vous dites que c’est Zoulikha AZIRI qui l’a dit. Oui

j’allais chez elle, elle a dû me le dire.

Vous avez indiqué que le jour du décès de Mohamed MERAH, sa mère a reçu beaucoup de

monde. Vous avez parlé de bêtises tout à l’heure ? non excusez-moi je me suis peut-être mal

exprimée, c’est très grave.

Y-avait-il un sentiment partagé de satisfaction ? une glorification de ses actes ? Ça a été un choc

pour pas mal de monde. Il y a même eu une manifestation, ça taguait « Mohamed MERAH tu

es un héros », les gens ont été cassé par cet événement.

Est ce qu’il y a une loi du silence ? oui, celui qui parle c’est une balance, sinon il y a des

représailles, du coup il faut faire attention.

Sur les armes et cette Mégane, à l’époque vous aviez dit que c’est Zoulikha AZIRI qui vous en

parlait. Oui c’est elle, et elle m’a parlé aussi de l’implication de son fils dans le braquage de la

bijouterie. Elle m’explique des histoires et mon téléphone est sur écoute et après c’est à moi

de donner des explications.

D 6094/2 ? c’est Zoulikha AZIRI qui vous dit qu’Abdelkader est à fond sur la religion et qu’il part

en Egypte ainsi que Souad ? oui elle me dit qu’il y part pour apprendre l’arabe littéraire et la

religion.

Vous dites qu’Abdelkader détestait sa mère elle avait peur en 2013 qu’il refuse de la voir ? ils

étaient en conflit avec Mohamed et sa mère, et elle avait peur qu’il la rejette au parloir.

- Questions de la défense

127

Vous avez dit que votre téléphone était placé sur surveillance car vous l’aviez prêté à Mohamed

MERAH ? Oui. Or il a contacté Zoulikha AZIRI, Abdelghani MERAH, Souad MERAH, BENCHIFRA

Bouchra, Sabri ESSID etc. cote D6392.

Vous dites aussi ne pas avoir vu Abdelkader depuis une dizaine d’année ? oui j’ai quitté mes

parents en 2003. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Je n’ai revu que Mohamed et sa maman.

Vous avez dit la vérité, en dépit de la loi du silence ? oui. J’ai dit ce qu’il fallait, j’ai été claire

dans mes dépositions, même après mon accouchement.

Vous connaissez MALKI un peu ? oui. Vous le connaissiez avant 2003 ? je l’avais déjà revu

auparavant. On était au même foyer avec sa copine qui attendait un enfant aussi. Vous le

connaissiez dans la religion ? non jamais, c’était quelqu’un de très calme, il n’y a jamais eu de

problème il était estimé de tout le monde. Tout ce qui était dans la délinquance je n’ai pas vu.

Théodore CHENEVAT

Ce que je peux dire c’est que l’enseignement religieux que m’ont donné Kader, Mohamed et

Souad, salafiste de l’islam radical, Kader a été un des premiers à m’impliquer dans l’islam de

différentes manières. Il disait qu’il fallait en convertir un maximum. Pour moi, c’est lui qui a

impliqué son frère.

J’aimerais insister sur la préparation à la mort, Kader insistait sur cela, il m’a fait faire un tour

des morgues pour me préparer à la mort. Il me parlait de la mort, du paradis et de l’enfer, du

comportement à avoir envers les frères et envers les mécréants.

Mohamed a par la suite continué sur ce sujet plus spécifiquement, sur le fait de mourir pour

Dieu, m’expliquant pourquoi les personnes mourait dans le monde, que c’était une défense et

non une attaque par rapport à tous ceux qui étaient persécutés notamment dans le conflit

Israélo-Palestinien. Mohamed avec Souad parlait de ces conflits. Kader ne disait rien là dessus.

Souad a dit plusieurs fois qu’elle était prête à mourir en martyre avec ses propres enfants car

pour elle ce n’était pas des innocents mais des mécréants qu’elle tuerait.

Kader n’a jamais pu et ne commettra jamais d’attentat physique car il est dans un djihad

spirituel et non physique. Il ne reconnaît pas ce procès, car il ne reconnaît pas les lois de la

République et Kader est extrêmement fier de ce que Mohamed a fait car il est mort pour la

cause.

Quelle relation vous aviez avec Abdelkader MERAH ? de mes 11 à 13 ans, j’étais proche de lui.

Ma mère me permettait de le voir. A partir de ce moment là il a commencé mon

endoctrinement, à m’enseigner ses valeurs.

Mohamed j’ai toujours été assez proche de lui et Souad je voyais très souvent mes petits

cousins.

Aviez vous une préférence ? c’était toujours Mohamed car c’était le plus jeune, le plus foufou,

mon oncle était mon exemple. Vos parents étaient d’accord ? ça a toujours été un conflit à la

128

maison, mon père était totalement opposé. Il pensait que ça allait me détruire de les voir

surtout par rapport à Abdelkader.

L’un des sujets qui pouvaient fâcher votre oncle c’était l’Islam ? oui il ne fallait jamais dire du

mal de l’Islam.

Vous avez dit être allé à la mosquée ? entre mes 11 et 14 ans. Soit avec Mohamed soit avec

Souad. Le plus souvent c’était avec Souad.

A un moment donné, Abdelkader est parti en Egypte, je ne m’en rappelle pas.

On jouait souvent à Call of Duty avec Mohamed.

Sur votre oncle Abdelkader « Je le voyais plus avant le départ en Egypte » pourquoi ? après on

le voyait moins.

Avez-vous surpris des propos antisémites ? je n’en ai pas souvenir mais surtout par rapport aux

Américains qui s’en prenaient aux afghans, ils allaient le payer.

Et sur la possibilité de commettre des actes violents ? Souad et Mohamed, tous deux capables

de prendre les armes pour se venger de ce qui se passait. Mais Abdelkader jamais.

J’assistais à des cours à la mosquée, ils me donnaient des livres sur la religion et la mort, l’enfer,

ce qui se passait après la mort, le comportement à avoir, prier etc.

Mohamed était plus porté sur le djihad, les deux types, Souad était plus porté sur le respect

des préceptes.

Sur le Djihad armé il citait ce qui avait lieu dans l’actualité. Il évoquait sur le coup de la colère

des choses qu’il pourrait faire avec Souad.

Sur le fait de vous donner des livres, Souad dit que c’est du délire. Souad mentait. Abdelkader

MERAH était là ? non.

La dernière fois qu’on a parlé du djihad armé, il était en Egypte. Le mari de Souad les frappait

et leur disait qu’un moudjahidine ne pleure pas. Je lui ai raconté mais il n’a rien dit.

C’était le plus intelligent, le plus réfléchi.

Avez vous assisté à des conversations où Mohamed évoqué le djihad devant Abdelkader ? il ne

disait rien. Est-ce qu’il était d’accord à votre avis ? oui parce que si on n’intervient pas, on

cautionne. C’est comme s’il cautionnait les propos.

Difficulté que vous avez eu avec une élève juive ? on se chamaillait, elle avait des origines

algériennes. On se faisait des blagues racistes. Une blague est mal passée avec sa cousine et la

directrice l’a su et a dit les Juifs on n’y touche pas.

Souad était choquée. Elle disait « encore eux, on les protège toujours ». Kader n’a rien dit. Je

ne me rappelle plus de mes déclarations.

129

Kader appelait souvent Olivier COREL pour avoir des informations, il le voyait comme un

référent religieux, Souad MERAH aussi. Elle lui a demandé si elle pouvait se découvrir la tête

devant moi.

Aviez vous vu des vidéos ? J’en ai vu avec Abdelkader qui concernait plus ce qui se passait dans

le monde. Avec Mohamed j’ai vu des vidéos des décapitations et exécutions.

Vous avez dit à votre mère penser que Mohamed MERAH avait commis les actes de

Montauban ? oui. Et Abdelkader ? pour moi les trois étaient dans cette idéologie et pouvaient

être dedans.

Après que Souad se soit mariée avec Abdelwahid. Ils ont regardé une vidéo de propagation sur

des talibans. Souad a crié mets pause on dirait Kader. Souad était heureuse en voyant cette

vidéo.

Vous étiez au mariage de votre grand-mère avec Mohamed ESSID ? Oui, il y avait Mohamed

mais pour moi il n’y avait pas Abdelkader.

Lorsque vous êtes allés voir Mohamed MERAH à l’hôpital vous y avez vu Abdelkader ? non. Il

était heureux de nous revoir ça m’a étonné. Je ne sais pas où il a attrapé l’hépatite.

D2948/11. Vous avez dit que pour vous ce n’est pas un loup solitaire. J’en suis toujours sure.

Abdelkader n’était pas en opposition contre certains propos. On a discuté plusieurs fois et

Souad était aussi dans ça, il a parlé de ce qu’il allait faire et personne ne s’est opposé à lui.

Il n’a jamais parlé d’agir avec un TMAX ? Non il avait parlé de prendre les armes. C’était un as

du scooter donc ça ne m’avait pas étonné.

Qui lui a donné le feu vert pour avoir commis ces actes ? pour moi c’est COREL et Kader. Il y

avait une impression de hiérarchie.

- Questions des parties civiles On a entendu votre maman qui a expliqué tout le soin qu’elle avait apporté à ce que vous

puissiez éviter les contacts avec Abdelkader. Sentiment que l’action de votre maman a évité

votre possible radicalisation ? pour moi, elle m’a sauvée. En restant toujours dans la discussion,

critiquer, c’est comme ça qu’elle m’a sauvée.

Pour vous Abdelkader était le plus intelligent, qui décortiquait la religion ? oui.

Vous avez expliqué qu’Abdelkader vous avait enseigné sur le paradis et l’enfer. Est ce que pour

vous, ceux qui tuaient ou avaient l’intention de tuer des militaires ou des Juifs, étaient

considérés comme des martyrs et allaient au paradis ? tout dépend du but. Si c’était pour la

cause, il y avait cette possibilité. Dieu décidait au final. Il ne pouvait pas me dire qui allait au

paradis mais il pouvait expliquer quelle attitude avoir.

Sur la question de la contribution d’Abdelkader aux actes, on pourrait dire qu’il est le penseur,

ne voulait pas se salir les mains et Mohamed l’exécuteur ? c’est pas qu’il ne voulait pas se salir

130

les mains mais ce n’était pas son objectif. Il n’avait pas d’intérêt à prendre les armes, il fallait

qu’il recrute, enseigne. Transmette le message.

Au début de votre déposition vous avez développé la notion de l’islam et de la mort. Moi

j’entends que c’est un cheminement vers la mort ? c’est là qu’on voit que c’est secteur. C’est

l’idée d’aller vers la mort. Ils étaient tous les trois fascinés par la mort. Elle a toujours été très

présente.

Son djihad est spirituel, consistant à les convertir à cet islam, pour le cheminement vers la mort.

S’il a procédé comme avec moi alors oui ça implique d’aller toujours vers la mort.

Vous avez parlé des visites des morgues. Il m’a dit qu’il fallait faire le tour des morgues pour

voir la mort de mes propres yeux, voit comment le corps se décompose etc. et j’ai coupé net à

la discussion. J’avais 12 ans environ. Je ne sais plus.

On vous a posé la question sur la notion de paradis et enfer, notions apprises par Abdelkader

MERAH. À travers ce que nous savons, votre père nous répondu que selon lui, si Mohamed

MERAH tenait le pistolet, son frère aurait été la tête pensante. Ce matin votre mère nous a

répondu la même chose. Est ce que vous ne croyez pas que pour pouvoir commettre l’atrocité

des actes commis, il ne fallait finalement avoir à faire à un monstre à deux têtes : le djihadisme

intellectuel porté par Abdelkader et le djihadisme armé par Mohamed MERAH ? Oui ainsi que

Souad.

Pour revenir sur l’enseignement de vos oncles, vous ont ils parlé du statut, rôle de la femme ?

oui il m’a dit que c’est ma mère la plus importante. Après de la femme en général je n’en ai pas

le souvenir. Kader plaçait la mère très haut.

Vous avez laissé entendre qu’il y avait une hiérarchie entre Kader et son frère. Est ce que vous

connaissez d’autres jeunes à Toulouse qui auraient pu être leurs élèves et futurs mains

armées ? non.

Vous dites non, pouvez vous parler de Nicolas BONS ? lecture de la cote D6522. Djihadiste

français reconnu dans un reportage. J’ai dit à ma mère l’avoir reconnu, sans connaître son nom.

Rencontre avec lui à la mosquée, avec Mohamed MERAH et Abdelkader notamment. Ils

parlaient et se regardaient avec confiance. Mon oncle lui demandait de me ramener. En voyant

la vidéo de propagande, pour moi c’était lui j’étais surpris qu’il soit parti en Syrie. J’ai un doute

mais pour moi c’est lui.

Est ce que vous savez ou est Souad MERAH ? En Algérie. Et son son ex compagnon ? il se fait

juger après un retour en Syrie.

- Questions de l’Avocat général Vous aviez indiqué que votre oncle Kader voulait que vous le preniez en modèle ? il voulait que

je prenne exemple sur lui. Il préférait que je me colle sur son image que sur celle de mon père.

131

Vous ne comprenez pas l’arabe ? non. Dans une des auditions vous aviez indiqué qu’Abdelkader

avait vu des morts en Egypte ? oui. Vous voyez un psychologue ? oui sur initiative de ma mère

et ma grand-mère. Abdelkader MERAH me disait de faire attention qu’il allait m’éloigner du

vrai.

Il téléphonait à COREL devant vous pour des questions religieuses ? ça arrivait.

- Questions de la défense D781 quand on vous parle de l’homme au scooter, vous pensiez à Mohamed et non à

Abdelkader.

Abdelkader et Mohamed ne s’entendait pas ? ça dépendait.

Mohamed avait dit en rentrant d’Egypte que l’Islam qu’il enseigne n’est pas le vrai.

Témoin n°23

Au moment des faits, j’étais chef de la division judiciaire anti terroriste.

Sur l’état de la menace en France à ce moment là : la France était ciblée par Al Qaeda et toutes

les organisations terroristes liées.

Les intérêts français et le territoire national étaient visés. Soit c’était une menace projetée

depuis les zones de djihad soit émanant du territoire national.

La menace était surtout au départ sur des sites islamistes puis on a vu se créer des groupes de

traduction en langue occidentale pour diffuser la propagande sur des sites islamistes. Elle se

faisait aussi dans certaines mosquées, quartiers. La propagande était constituée de discours,

de revendications des actions terroristes et des formes de tutoriels pour apprendre à utiliser

des explosifs etc., des idéologues.

Le but est de convertir à l’idéologie djihadiste un maximum de jeunes, haine des Juifs

notamment.

En 2012 plusieurs filiales de djihadistes avaient été démantelées. Entre 2005 et 2007 deux

filières irakiennes avaient été démantelées notamment celle d’Artigat.

De nouvelles filières vers l’Afghanistan ont été démantelées. Une filière était dirigée par un

ingénieur indien, qui recrutait sur facebook des individus très jeunes. Elle était censée rejoindre

les talibans pakistanais avec une idée de retour en France et d’actions sur le territoire national

constituant une nouveauté. Filière franco-belge également.

Ces filières étaient structurées, elles avaient recours à des passeurs et des facilitateurs. Pour

accéder aux zones tribales il fallait avoir une recommandation. Méfiance à l’égard des

convoiteurs étrangers. Ils remplissaient des questionnaires, notamment savoir s’ils voulaient

être des kamikazes. On les mettait à l’épreuve, interdiction du téléphone par mesure de

sécurité. Forte méfiance à leur égard.

132

Sur l’enquête judiciaire :

Saisine le 19 mars 2012 en fin de matinée, après les assassinats de l’école Ozar Hatorah.

Enquête rapidement orientée vers la fratrie MERAH suite à la mise à jour de la connexion du 4

mars.

Un fonctionnaire de la DCRI avait été requis pour mettre en place un dialogue avec Mohamed

MERAH retranché dans son appart, il avait enquêté sur lui. La négociation a duré 32H, échanges

riches permettant de comprendre son parcours depuis sa conversion.

Lors de cet échange il a caché la participation de son frère lors du vol du scooter et cherchait à

savoir comment on l’avait retrouvé.

Avant son passage à l’acte, nous n’avions aucun moyen de savoir qu’il était passé en zone

tribale au Pakistan.

En étudiant les appels au Pakistan du téléphone de Zoulikha AZIRI, on a constaté des trous dans

les connexions. Mohamed est resté régulièrement en contact avec sa mère par mail ou

téléphone.

Les talibans pakistanais ont fait un communiqué confirmant que Mohamed MERAH s’était

entrainé auprès d’eux, mais il s n’avaient pas commandité les attentats.

Sur les photos de 2006, Coran ouvert à la page de la sunna du repentir, texte de référence du

djihad. BEN CHERIF qui figurait sur la photo expliquait qu’il s’agissait d’une mise en scène au

Caire avec Mohamed MERAH. Le Coran avait été acheté par Mohamed MERAH pour sa mère.

BEN CHERIF se disait favorable au djihad en Irak.

Il aurait cherché des frères motivés à passer à l’acte avec lui en France à son retour, mais ne

les a pas trouvés. Il est parti en Syrie, en Irak mais n’a rien trouvé. Il a été déçu.

A chacun de ses voyages il a été arrêté, contrôlé et a pu poursuivre sa route, le confortant dans

son idée qu’il était un élu. Il avait pu passer entre les mailles du filet de sorte que même

Abdelkader MERAH lui disait qu’il était un élu de Dieu.

Fettah MALKI n’était pas connu pour être un islamiste. Il prétend avoir jeté son ordinateur,

confié par Mohamed MERAH.

Concernant Abdelkader MERAH : il ment quand il prétend s’être converti en 2007. Les

renseignements avaient mis à jour des contacts avec Artigat dès 2006, de même que les photos

avec BENCHERIF. Il ment aussi en disant que son frère avait le même niveau que lui, et étudiait

beaucoup. Les témoins ne le décrivent pas comme un lecteur.

On sait qu’Abdelkader MERAH pratique la Rokias qui est un exorcisme nécessitant un très bon

niveau de connaissance religieuse, que Mohamed MERAH n’aurait pas pu exécuter.

Il ment également en prétendant ne pas avoir su que son frère était au Pakistan car il avait des

contacts avec sa famille.

133

Ils ont tous deux cessés d’utiliser leurs portables.

Il a accompagné son frère tout au long de son parcours djihadiste. D’abord en l’introduisant

dans la filière d’Artigat. En 2006, Mohamed MERAH n’était pas pratiquant il faisait la prière

« vite fait » pour faire plaisir à son frère.

Il l’a encouragé et très probablement aidé au djihad.

Yamina MESBAH s’étonne de ne pas avoir remarqué qu’Abdelkader MERAH avait changé au

regard de ses achats par le crédit à la consommation, talkies walkies, CD djihadistes etc.

On pense qu’il a pu chercher à joindre d’urgence Abdelkader MERAH parce qu’il avait trouvé le

filon mais qu’il lui manquait une recommandation. Abdelkader MERAH avait dans son

entourage djihadiste une confiance.

Les sites francophones diffusent de la propagande. On y trouve aussi des forums et des chats

privés, avec des échanges opérationnels possibles, des conseils techniques sur les explosifs etc.

On a retrouvé un multimédia d’Abdelkader MERAH avait des documents « comportements »

etc. cela correspond à ces tutoriels ? tout à fait.

Cote D2457. D5641.

Les djihadistes lorsqu’ils s’apprêtent à devenir djihadistes ou martyre, doivent se marier. Son

mariage hâtif peut être dû à cela. C’est une formalité.

- Questions des parties civiles Lorsque vous interrogez Yamina MESBAH, avez-vous déjà eu accès au matériel informatique

perquisitionné chez Abdelkader MERAH et la mère de Yamina MESBAH ? Je ne peux pas

répondre à cette question car cela a été géré par la police judiciaire.

Les islamistes n’ont pas pour habitude d’associer leur femme à leur projet.

Sur le filon que rechercher Mohamed MERAH ? Ça ressort des auditions, qu’Abdelkader MERAH

savait que son frère recherchait des filons.

Abdelkader MERAH, a-t-il eu connaissance du financement des voyages de Mohamed MERAH

par des coups, infractions de droit commun ? je n’en ai pas connaissance. Cela apparaît

également dans son audition de GAV.

Au regard de tout ce que vous savez de ce dossier et de ce que la France a connu depuis cet

attentat, peut-on considérer que ces assassinats ont été comme la matrice des différents

assassinats perpétrés par la suite ? c’est sûr que par la suite beaucoup de jeunes ont en fait une

forme de modèle, ça a marqué le pas, ça a été un changement. Même les organisations

terroristes ont incité à agir comme lui.

- Questions de l’Avocat général

134

Quel rôle de Farouk BENABES ? Il était en relation notamment avec l’ingénieur qui cherchait

des kamikazes pour faire des attentats en France.

Nicolas RIOLLET alias Kais ? il était arrêté il me semble.

Est ce que vous connaissez Farouk BENABES ? Non.

Et Kais ? je ne l’ai pas connu au Caire.

Vous avez parlé de recommandation avec un parcours balisé pour aller en zone tribale. La filière

d’Artigat est une filière irakienne qui n’a pas l’expérience de l’Afghanistan.

Les mails et le voyage au Pakistan ? l’échange concernant la chienne serait bien un code selon

vous ? c’est incohérent. Quand on veut s’assurer que la personne en face est bien son frère on

n’a pas besoin de parler de son chien.

- Questions de la défense Sur la prétendue recommandation pour pénétrer en zone tribale. Vous affirmez qu’Abdelkader

MERAH serait à l’origine de cette recommandation. Tous les gens qui sont allés sur cette zone

ont eu besoin de ce type de recommandation. En revanche Abdelkader MERAH ne s’est jamais

rendu en zone tribal de combat ? non. Le mail de Mohamed MERAH était adressé à son beau-

frère et pas à lui même. C’était une demande de contact. Mais on comprend qu’il a peu de

chance de joindre son frère, synonyme d’une brouille entre les frères. Oui je constate un

contact entre les frères. Sait-on ce qu’ils se sont dit ? non. Donc pas de preuve de

recommandation par Abdelkader MERAH.

Nous savons que lorsqu’il rentre du Pakistan, il contacte Souad MERAH, Sabri ESSID etc. N’a-t-

il pas pu avoir une recommandation de ces personnes ? je n’affirme pas ça. Le seul échange

que l’on a c’est qu’il cherche à joindre de manière pressante son frère.

Vous avez affirmé qu’Abdelkader MERAH savait que son frère était au Pakistan. Qu’est ce qui

vous permet de l’affirmer ? il ment quand il dit qu’il ne pouvait pas savoir qu’il y était parce

qu’il n’avait pas de contact avec sa famille. Mais son beau frère et sa mère le savait. Or il n’y a

pas de contact entre Abdelkader MERAH et sa mère à ce moment puisqu’ils ne se parlent pas.

Mais il a reçu le message de son père.

Nous n’avons pas la certitude qu’Abdelkader MERAH ait introduit Mohamed MERAH dans la

cellule d’Artigat. Le premier à être en contact avec la cellule c’est Abdelkader. Or des cours sont

tenus par Sabri ESSID notamment, auxquels participe Mohamed. Les deux frères étaient

membres de la cellule mais qu’est ce qui prouve que c’est Abdelkader qui l’y a mené ? on un

frère qui cherche à mettre Mohamed MERAH sur le droit chemin et la religion.

Que savez vous précisément de ce qu’a fabriqué Mohamed MERAH en Afghanistan ? rien de

plus que ce que nos services partenaires nous ont expliqué. Il a été arrêté par la police afghane,

135

remis aux Américains et envoyé à Kaboul pour repasser par la France. Il n’a pas trouvé ce qu’il

cherchait mais il le dit clairement lors de la négociation.

Témoin n° 29

Enquêteur à la DCRI. Nous avons exécuté une enquête sur les proches d’Abdelkader MERAH.

Ali JAFFAR était connu de nos services. Interpelé en janvier 2012. Il était parti en 2006 en

Egypte.

Abdelkader MERAH était décrit comme un référent religieux, grâce aux études qu’il avait

effectuées en Egypte.

Karim MOKRAN est un libraire connu, proche des frères MERAH. Il nous confiait qu’Abdelkader

MERAH pratiquait des rites mortuaires.

Larbi BENCHARIF était vu sur les deux photographies de 2006, om les deux frères tiennent un

Coran. Il se justifie en disant qu’il s’agissait d’une blague. Il décrivait Abdelkader MERAH comme

quelqu’un de dur et de froid.

Il indiquait aussi que la présence de Mohamed MERAH en Egypte s’était faite avec l’implication

d’Abdelkader MERAH.

Sur l’exploitation des scellés retrouvés chez Abdelkader MERAH : contenu djihadiste, salafiste,

islamiste. Dans un disque dur on a retrouvé des chants djihadistes incitant au combat, un

poème sur la mort, et plusieurs éléments traitant des différents types de djihad.

On découvre dans une tablette Archos 801 fichiers audio, des chants glorifiant les jeunes

martyres notamment, des fichiers audio nommés comportement cousin, cousine etc. le

contenu ne correspond pas à l’intitulé. Fichiers entrainant pour beaucoup à la dissimulation,

rasage etc. pour ne pas attirer les radars de la police des renseignements. Achat d’armes à

différents endroits par des intermédiaires. Notamment correspondant à la pratique de

Mohamed MERAH. Nécessité de préparer les attaques par une surveillance des cibles tout

comme Mohamed MERAH l’a fait. Travail sur le long terme.

On découvre parmi ses fichiers, un fichier audio qui dit qu’il faut se renseigner sur les services

de sécurité etc. or des livres relatifs à ce sujet ont été retrouvé chez lui.

Enfin ces fichiers ont été téléchargés sur ce support, le 11 février 2012.

Vous savez à quel mouvement Ali JAFFAR appartenait ? Takfir ? oui tout à fait, élément ayant

participé à son placement en GAV. Il était observé isolé dans sa voiture. Par essence le Takfir

c’est l’art de la dissimulation notamment.

Documents trouvés, des chants djihadistes appelant clairement au combat ? oui.

La surveillance prônée a pour objectif l’assassinat ? tout à fait. Ces cours on les retrouve sur

internet.

136

- Questions des parties civiles Pourcentage de documentation ayant attrait à la religion en général et l’islamisme en

particulier ? je ne sais pas. 98,7 % sont en lien direct avec la religion. Et 10% sur le djihad. On

avait été marqué par la masse de documents

- Questions de la défense Pouvez rappeler de quand date les deux photos ? 2006. Est ce que vous savez à quelle date

Mohamed MERAH s’est converti à l’islam ? non. 2008.

Sur la connaissance par les frères MERAH du doigt levé vers le ciel sur la photo. M. BENCHERIF

affirme qu’ils ne le savaient pas.

Sur la référence à la sourate du repentir, pour vous c’est djihadiste ? par expérience, c’est la

sourate de prédilection.

Cote D8291/3.

18/10/2017

Témoin n°1 (OPJ affecté à la DGSI)

Liens avec l’étranger

Travail sur les cabines téléphoniques aux alentours du domicile de Mohamed MERAH. 9 cabines

ont été listées. Entre le 4 avril 2011 et 2012 : recherches sur les appels entrant et sortants de

ces cabines. Recherches orientées vers les numéros étrangers ainsi que l’entourage de

Mohamed MERAH. Pas de numéros pakistanais retrouvés. Mais un numéro afghan, sénégalais

et monégasque ont été retrouvés.

Exploitation complémentaire d’une cabine téléphonique en particulier du numéro monégasque

retrouvée dans la téléphone d’Abdelkader MERAH. La carte Sim correspondant avait été

insérée dans un boitier notamment au moment de l’appel retrouvé chez lui.

Exploitation des données en langue arabe du MacBook utilisé par Mohamed MERAH. Sur la

partie navigation internet, aucun élément en arabe n’a été retrouvé. Mais sur la partie disque

dure des fichiers ont été retrouvés. Certains avaient été créés et modifiés avant le 3 mars 2012,

date d’achat du MacBook. Les autres fichiers avaient tous été créés et modifiés entre le 3 et 20

mars 2012. Certains parle du djihad, de la fermeté face à l’ONU, chants djihadiste faisant appel

au djihad pour la Palestine et contre le peuple juif.

137

Exploitation des données du scellé Izards 11 (disque dur retrouvé chez Abdelkader MERAH).

Exploitation des donnés en langue arabe sur ce support. Présence de fichiers audio citant le

Coran, chants appelant au djihad, récompenses faites au martyrs, poème sur la mort et fichier

sur les différentes sortes de djihad.

Zied AMARA est un proche des frères MERAH et de Jean Michel CLAIN. Liens possibles entre lui

et Mohamed MERAH par les adresses mails.

Autres éléments techniques pour M. Ali JAFFAR. Connaissance de Mohamed MERAH. Il s’est

rendu en Egypte et utilisait un numéro égyptien selon lui. Une exploitation révélait qu’il n’était

aucune cellule commune avec le lieu du vol. donc écarté de la piste du 3ème homme. Son

adresse mail est ouverte depuis l’Egypte (adresses IP retrouvées).

Environnement des frères MERAH

Auditions en GAV :

M. BOUCHEN : il déclare connaître Abdelkader MERAH, que ce dernier faisait des Rokias, qu’il

connaissait Olivier COREL. Il précise que Mohamed MERAH lui demandait de lui trouver une

épouse religieuse. Et qu’il arrivait que d’autres personnes le lui demandent. Il aurait fait une

collecte avant le départ pour le Pakistan de Mohamed MERAH, mais il déclare que cela n’a rien

à faire et qu’elle concerne une école coranique.

Il explique que pour lui Mohamed MERAH ne remplissait pas les conditions du djihad qui

nécessitent d’étudier et de voyager.

Mme Geneviève RABEJI : Charles et elle ont vécu ensemble aux Izards quand ils étaient jeunes

et connaissaient les frères MERAH enfants. Elle a été très choquée des actes commis par

Mohamed MERAH. Abdelkader MERAH convertissait les gens dans le quartier. Elle dit que la

conversion est un salut. Eléments sur les liens entre Charles MECARELLI.

Mohamed JOUHAD : il avait été hébergé au domicile de Zoulikha AZIRI pour qu’il puisse voir son

fils. Il précisait s’être tourné vers la religion en prison et la seule loi applicable est la charia.

Selon ses déclarations il n’a jamais vu ni Mohamed ni Abdelkader MERAH. Il est présent le jour

où Mohamed MERAH appelle sa mère du Pakistan et elle lui demande de rentrer prétextant

qu’il est convoqué par la police. Elle parlait souvent de son fils, pleurait beaucoup quand son

fils était en prison. Il avait appris que Mohamed MERAH était rentré du Pakistan. Il se réjouit

d’apprendre qu’il a tué des militaires musulmans car ce sont des apostats. Il est mort en

martyre. Pour lui le djihad est un devoir. Il était en région parisienne au moment où Mohamed

MERAH y était pour partie au Pakistan mais affirme ne pas l’avoir rencontré, puis exerce son

droit au silence.

Zied AMARA : il se dit musulman Takfir puis se dit du mouvement salafiste. Il connaît Mohamed

MERAH depuis 2008 par le biais du foot et Abdelkader depuis 2002. Abdelkader MERAH lui

donnera des cours de religion et lui demandera de faire des Rokias. Il dira que les frères

n’apprécient pas vraiment Mohamed MERAH, son comportement est très changeant. Pour Zied

Mohamed n’est pas religieux mais Abdelkader est beaucoup plus sérieux et assidu dans la

138

religion. Il est allé voir Olivier COREL pour lui poser des questions sur le mariage et le divorce. Il

connaît bien également le beau frère d’Abdelkader MERAH. Connaît bien l’entourage familial.

Audition hors GAV :

Théodore CHENEVAT : il aurait visionné une vidéo sur internet, précisant reconnaître l’individu

qui parle français parce qu’il l’a croisé plusieurs fois à Toulouse. On savait que c’était Abou Ad

Al Hamad, djihadiste. Nous savions que Nicolas BONS est un Français parti en Syrie et décédé

dans un attentat suicide. En 2009 il fréquente ses oncles en cachette de ses parents et les

accompagnait tous les vendredis à la mosquée de Belle fontaine où il a croisé à plusieurs

reprises Nicolas BONS. Il le reconnaît dans la vidéo. Il déclare bien le connaître, c’est son oncle

Abdelkader qui le lui présente. Il lui demandait de le raccompagnait plusieurs fois. Nicolas BONS

a essayé de l’influencer en lui disant de ne plus parler à ses parents car c’était des mécréants,

ne plus parler à ses amis, surtout aux Juifs. Il le dit croyant fanatique, posé et réfléchi. Il sait

qu’il est proche avec Abdelkader mais ne peut rien dire pour Mohamed MERAH. Pour

Abdelkader MERAH la conversion est un salut. Pour lui les convertis sont même mieux que les

musulmans de la cité et qu’il fallait prendre Nicolas BONS pour exemple.

S’agissant d’Al Jazeera, clé carte mémoire transmise, aucun élément mettant en cause les

accusés comme l’ayant posté ? non aucun élément ne les reliant à cet envoi.

S’agissant de la recommandation ? Mohamed MERAH lorsqu’il part au Pakistan il est à la

recherche de la recommandation d’un émir pour le légitimer. Il cherche quelqu’un qui va lui

dire « c’est bon tu es soutenu tu peux aller jusqu’au bout », il cherche un émir pour légitimer

ses actes.

La recommandation pour entrer en lien avec cet émir aurait pu provenir de son frère ? lors de

son précédent voyage en 2010 quand il va en Afghanistan, il n’a pas de contact avec sa famille.

A la fin il part voir son frère en Egypte, rentre en France, et repart au Pakistan. Ce qui nous a

interpelé c’est que Zoulikha explique que lorsqu’elle est en Algérie, Mohamed MERAH lui

demande de rentrer et lui montre son visa pour le Pakistan. Au cours de son voyage au Pakistan

il y a des échanges avec sa famille. A plusieurs reprises il est insistant pour entrer en contact

avec son frère. On a l’impression qu’il n’arrive pas à rencontrer la personne qu’il recherche, un

émir qui va légitimer ses actes. Sa mère est très inquiète. C’est peut-être en ça qu’on peu dire

qu’il est coincé au Pakistan et est obligé de se tourner vers les personnes qu’il connaît en

France. Mais c’est une interprétation ça ne résulte pas de mails ? oui. Nous n’avons pas le

contenu des mails entre son frère et lui.

De votre expérience, il faut une accréditation d’un émir et une personne pour faire le lien

comme un laissé passer vers l’émir ? est ce que cela se passe toujours comme ça ? c’est

compliqué de rejoindre les talibans. Il faut passer par un filon comme dit Abdelkader MERAH,

c’est à dire des contacts. MULATOF lui, décrit avoir eu des gens qui l’ont fait passer pour

rencontrer la personne qu’il cherchait.

D3101/3. De votre expérience, tout le monde peut faire des Rokias ? je ne peux pas me

prononcer là dessus. Je constate qu’on va quand même demander des conseils en matière de

139

religion à Abdelkader MERAH, des cours même. Il a donc un certain niveau et ça se sait au sein

de la cité.

- Questions des parties civiles Vous avez évoqué dans l’entourage de la fratrie, le témoignage de M. DJOUHAD hébergé par a

mère. Pour lui la seule règle devant être appliqué est la charia et considérait Mohamed MERAH

comme un martyre. Ces propos constituent une apologie du terrorisme. Avez-vous poussé les

recherches sur les relations de cet individu avec la mère et la fratrie ? M. DJOUHAD était en

prison lorsqu’on l’a interrogé. C’est sa maman qui est très proche de Zoulikha AZIRI. C’est à ce

titre qu’elle accepte de l’héberger avec une attestation à la CAF. On n’a pas été plus loin que

les auditions et on ne peut pas dire qu’il y ait de traces matérielles confortant ses déclarations.

D7424.

Relation avec Abdelkader MERAH ? Il explique avoir rencontré Mme AZIRI, avoir connu son

époux M. ESSID et rencontré Aicha MERAH. Il dit n’avoir jamais vu ses frères, pas de contact

avec eux.

Sur M. BOUCHEN c’est un contact d’Abdelkader MERAH avant de l’être pour Mohamed

MERAH ? Tout à fait. Il est également en contact avec les frères CLAIN et Sabri ESSID et il est de

la mouvance islamiste ? c’est par Artigat que Mohamed MERAH apparaît sur les radars ? pour

résumer oui. Abdelkader fait connaissance avec COREL en 2006. Ensuite avec les frères CLAIN.

M.BOUCHEN fait parti du cercle de confiance il connaît bien Abdelkader et il a des contacts

avec les frères CLAIN. C’est à ce titre qu’il lui demande des services.

Parmi les personnes présentes aux obsèques il y a Imad DJIBALI, dont le frère Foued DJIBALI est

en contact avec Mohamed MERAH. Il y a concomitance entre un retrait d’argent par Foued

DJEBALI et l’achat par Mohamed MERAH d’un billet d’avion le lendemain pour le Pakistan. Il

pourrait avoir financer la Go pro de Mohamed MERAH.

Pour revenir sur la notion de cercle de confiance, cruciale dans les réseaux salafistes. Peut on

considérer que Mohamed MERAH a pénétré le cercle de confiance des réseaux salafistes

(COREL, frères CLAIN) par l’intermédiaire d’Abdelkader MERAH ? Chronologiquement on arrive

à dire que c’est d’abord Abdelkader MERAH qui fait la connaissance de ces gens. C’est d’abord

Abdelkader qui fait leur connaissance. Une fois que son frère sort de prison en 2009, il

commence à faire connaissance par l’intermédiaire de son frère avec ces gens.

- Questions de l’Avocat général Sur la question de la recommandation nécessaire en zone sensible, confirmez-vous que même

sans preuve dans le dossier, c’est d’expérience que vous savez qu’il est nécessaire de l’avoir ?

Oui je le confirme. Les gens qui entrent en zone de combat sont à la recherche de passeurs,

facilitateurs.

140

Sur les CD, a-t-on une interconnexion entre les CD retrouvés dans la Clio sur le djihad et les CD

reconnus comme étant la propriété d’Abdelkader MERAH (CD Mohamed) D1900/2 ? je ne m’en

rappelle pas.

Cote D801/4. Vous souvenez vous que Mohamed MERAH avait indiqué « nous n’étions pas

suffisamment organisés, nous n’avions ni armes ni argent… il y aurait plusieurs attaques

prochainement » ? je n’en ai pas le souvenir.

- Questions de la défense Pourquoi, si Abdelkader MERAH est le personnage que vous dites qu’il est, Mohamed va

s’ennuyer à aller au Pakistan ? pourquoi ne pas considérer qu’il est autonome de son frère car

il va au Pakistan cherchez des ordres ou bénédictions qu’il n’a pas eu de son frère ? Abdelkader

MERAH n’est pas au niveau que l’émir. Son frère n’est pas à ce niveau là.

On a évoqué le financement du voyage ou Go pro, Abdelghani a fait la quête dans la cité sans

le savoir.

Combien avez vous de mails ? un mail. Qu’est ce que vous en tirez objectivement ? comme

nous n’avons pas son contenu on ne peut rien constater. Abdelkader MERAH et notamment

Mohamed MERAH ont pratiqué la Taqyia, la dissimulation. Ils n’ont pas nécessairement laissé

de traces matérielles, il faisait attention à cela. Il le dira « mon frère est un dissimulateur ».

Comment expliquer que celui qui est suspecté d’avoir financer le voyage et la Go pro n’est pas

en examen ? ce n’est pas à moi de le dire.

Al Jazeera a refusé la diffusion de la Go pro. C’est un peu le testament de Mohamed MERAH

qui ces crimes abominables fassent l’objet d’une diffusion non ? il a filmé ça pour que ce soit

diffusé mais surtout pour terroriser.

Comment savez vous ce qui s’est raconté lundi et ce qui va être dit ? il suffit de suivre les

comptes twitter sur internet. Vous n’avez pas eu de réunion ? non.

- Questions de l’Avocat général Sur le mail entre Abdelkader MERAH et Mohamed MERAH, ce n’est que la parole d’Abdelkader

MERAH.

Mme BOUNESSIEM

Je ne connais pas Abdelkader personnellement je connais sa maman.

Je connais la maman quand elle a divorcé, on a fait connaissance. J’ai vu cette femme dans un

mauvais état, ma porte était toujours ouverte. Mais quand j’ai déménagé je ne la voyais pas

141

souvent. Cette maman a tout fait pour ses enfants, elle a tout donné mais elle n’arrive pas toute

seule. Elle fait tout pour que ses enfants soient heureux surtout Mohamed et Aïcha.

Je les connais depuis les années 2000. J’habite à Belle fontaine et à l’époque je ne vois que de

temps en temps Abdelkader passer.

Je connais bien Mohamed et Souad, Aïcha. Mohamed MERAH à ses 8/12 ans, il étant en

souffrance, il ne demande qu’à voir son père. Sa mère fait tout son possible.

Sur les violences par Abdelkader sur Mohamed ? ce n’est pas question de violences. Mohamed

faisait beaucoup de bêtises. Sa mère demande à Kader et Souad de le corriger pour ne pas faire

de bêtise mais moi je ne l’ai jamais vu taper son frère.

La policière m’a obligé à parler de choses que je n’ai pas vu.

Vous avez dit l’avoir vu au marché avec une barbe et avoir été choquée. Je l’ai vu au marché je

n’étais pas choquée du tout c’était pas vrai, j’ai demandé à sa mère comment il allait etc.

Mohamed avait tellement il a souffert, ainsi que sa mère, son père était absent. C’est sa mère

qui appelle Kader pour calmer Mohamed mais je n’ai pas vu qu’il a frappé son frère.

Elle n’était pas bien quand elle est venue chez moi. Je lui ai dit de déménager vivre sa vie, et

ses enfants vivre leur vie. Elle a dit oui. En attendant mon fils avait des problèmes, je lui ai

proposé de l’héberger elle pour l’aider avec ces démarches et qu’elle héberge le mien. Elle a

dit d’accord. Moi je lui ai fait un dossier comme quoi elle était hébergée chez moi et mon fils

chez elle.

Et finalement je la voyais pas sincère, elle m’a dit pour le moment je ne peux pas partir

Mohamed n’est pas bien alors j’ai arrêté de lui demander.

En octobre 2011 vous avez vu un courrier disant que Mohamed était au Pakistan ? lui de temps

en temps il l’appelle, elle m’a dit qu’il était au Pakistan, qu’est ce qu’il fait là bas ? elle m’a dit

qu’il voyage, il a l’autorisation de la France pour aller à la mosquée etc. Ensuite la police a fait

une convocation, sa mère l’a appelée pour qu’il rentre. Il ne la croyait pas, je lui ai confirmé au

téléphone que c’était vrai.

Mon fils n’était pas bien avec son divorce, son enfant qu’il ne voyait pas. Il était pratiquant il

fait la prière et tout. Il ne sort pas, reste à la maison avec internet jour et nuit et j’étais inquiète,

mais je le vois tranquille. Un jour je cherche dans sa poche de la monnaie et je trouve un billet

d’avion et des billets d’argent. J’étais choquée. Je sais qu’il ne trafique pas. Il m’a dit non je vais

apprendre le coran et l’arabe à Jakarta. Il pleure, il me dit qu’il veut partir il n’en peut plus. Il

veut apprendre l’arabe, lire le coran etc. je suis allée au commissariat avec son passeport pour

demander de l’aide et ils ne voulaient rien savoir. J’ai rappelé la police en suppliant pour qu’ils

gardent mon fils. Ils ont pris l’ordinateur, ils l’ont surveillé etc. il a été en prison, condamné etc.

Mon fils ne connaît pas Abdelkader MERAH, ni Mohamed MERAH. Il ne connaît personne,

même avec l’enquête ils n’ont rien trouvé.

Mohamed MERAH vous a dit qu’il était au Pakistan ? Oui. Et dans sa famille ils le savaient ? sa

maman oui, les autres je ne le sais pas. Même la police était au courant.

142

Etes vous allés voir Mohamed MERAH à l’hôpital quand il était malade ? je travaillais je n’y suis

pas allée, j’ai demandé les nouvelles à sa mère.

Vous avez entendu des conversations ? moi je ne vois pas trop les voisines, je ne sais pas ce

qu’elle dit aux autres, à moi elle me dit qu’il voyage il profite, mais elle n’avait pas de mauvaise

idée. Si elle avait été au courant elle aurait fait comme moi, appeler la police.

Mohamed MERAH vous le voyez quand la dernière fois ? 16, 17 ans et après je ne l’ai plus vu

personnellement.

Vous avez évoqué avec sa mère l’engagement religieux ? non elle m’a dit qu’il ne fait plus de

bêtise, ça va mieux dans sa peau à la sortie de prison, j’ai dit tant mieux. En prison il voulait se

suicider, il a appris la prière et ça allait mieux.

Au début elle était pas inquiète. Et en janvier quand je l’ai vue, c’est une maman qui souffre,

qui pleure mais je n’ai pas compris pourquoi.

En octobre novembre 2011, est ce qu’elle vous parle d’Abdelkader ? non elle ne parle pas trop

car elle a toujours des problèmes avec lui. Elle m’a dit qu’il va bien, il a acheté une maison mais

elle a peu de contact avec lui. Pendant deux mois je n’ai pas de nouvelles. En octobre/novembre

elle me l’a dit.

Elle s’est mariée avec Mohamed ESSID. Vous étiez invitée ? elle m’a parlé de lui. Je pense que

c’est son fils Mohamed qui l’a présenté à elle. C’est le papa de son copain qui était divorcé. Ils

font la prière alors ils préféraient. Elle me parle souvent de Sabri.

- Questions des parties civiles Votre déposition est différente de ce que vous avez dit lors de votre audition. Pour le Pakistan,

vous dites que lorsque Zoulikha vous a confié que son fils était parti au Pakistan, je l’ai mise en

garde. Contre quoi ? moi j’ai aimé cette enfant parce qu’il a trop souffert. Je lui ai dit ton fils il

est fragile, ce n’est pas normal qu’il voyage comme ça. Qu’il fasse attention.

Par rapport à son radicalisme, D7490/4 : vous confirmez que sa mère vous a raconté son

radicalisme ? elle m’a dit qu’il fait la prière, il ne fait plus de bêtise. Je lui ai dit c’est bien mais

attention.

Concernant Abdelkader MERAH D7490/6 : quels liens unissent Mohamed et Abdelkader

MERAH ? la policière m’a ajouté des choses, j’ai discuté avec elle. Je l’ai vu au marché c’est vrai

mais je n’étais pas choquée qu’il soit musulman.

Vous expliquez que votre fils était logé chez la maman de Mohamed et Abdelkader MERAH ? Il

n’était pas logé, on a mangé ensemble chez elle mais il n’a jamais contacté ses enfants.

Vous avez évoqué le caractère de Mme AZIRI comme quelqu’un ayant souvent recours au

mensonge ? non, la police ajoute un peu. Je dis la vérité. On était d’accord pour l’hébergement,

et pendant deux mois elle tourne autour du pot donc là je sais qu’elle a menti elle ne voulait

pas partir. C’est juste pour cette histoire.

143

D7490/3 vous avez déclaré, elle est une menteuse de caractère ? la policière a voulu me faire

dire des choses que je n’ai pas dites.

Vous avez dit que Mme AZIRI a beaucoup parlé de Sabri ESSID ? Elle parle de Sabri. Mohamed

écoute pas des fois elle habite Sabri pour lui en parler parce que c’était son copain, il n’est pas

question d’autre chose.

Vous avez dit que votre fils fréquentait la mosquée de Belle fontaine ? oui quelques temps et

ensuite il est rentré chez moi à Montpellier car il n’était pas bien. Elle est aussi fréquentée par

Mohamed et Abdelkader. Oui tout le monde la fréquente, il m’a dit qu’il parlait à des gens de

Nice pas de Toulouse.

Avez vous su la réaction de votre fils quand il a appris les faits ? au début il était triste même

moi j’étais choquée. Il aurait dit qu’il est mort en héros. Non pas du tout ce n’est pas vrai.

Est ce que Zoulikha AZIRI connaît votre démarche auprès du commissariat pour votre fils ? non

je n’avais plus de contact. Quand elle vous parle de vos fils, vous lui donnez des conseils ? oui

je lui dis que les voyages ce n’est pas normal. Quand vous lui donnez ces conseils, qu’est ce

qu’elle vous dit ? des fois elle pleure, elle me dit « Il ne m’écoute pas, il me traite de menteuse

». Il ne fait plus confiance à personne de sa famille, ni sa mère ni son frère, ni personne,

tellement il a souffert.

- Questions de la défense Vous avez connu Mohamed MERAH petit, à quel âge ? 11, 12 ans.

Est ce que sa mère vous a dit qu’il fuguait à 4 ans quand tout le monde dormait ? je ne sais pas

tout ça.

Ancienne psychologue de Mohamed MERAH

J’ai rencontré Mohamed MERAH il avait 12, 13 ans à la demande du juge pour enfant car en

sortant d’une audience il avait donné un coup de poing à l’assistante sociale.

A l’époque, il était surtout en mal d’identification, il était en foyer depuis 9 ans. Arrivé au

collège, il agressait verbalement, n’allait pas en cours jusqu’à être déscolarisé. Il faisait des

fugues, les deux parents étaient impuissants. Ils étaient séparés. La mère était dépassée, il

l’agressait physiquement, verbalement. Depuis tout petit il n’acceptait pas les limites.

Quand je l’ai vu il se plaignait surtout des adultes. Il avait l’impression de toujours devoir se

défendre d’un préjudice vis à vis des adultes. Il était en recherche d’un modèle d’identification.

Celui qui constituait un modèle c’était son frère Kader qui avait une grande influence. La

maman se plaignait de cela, il poussait Mohamed à être violent, à faire du mal aux femmes etc.

il terrorisait tout le monde. La maman avait du mal à empêchait cela. Mohamed s’identifiait

presque aussi au pitbull qu’Abdelkader avait imposé.

144

- Défense A quatre ans, Mohamed fuguait la nuit pour faire comme les grands ? oui c’est ce que rapporte

la maman. C’était un enfant livré à lui même. Dès qu’elle essayait de poser des limites, elle n’y

arrivait pas. Il était d’humeur souvent dépressive, triste. On peut dire qu’il y avait une

souffrance réelle par la défaillance des parents, le manque de structure alors il sent qu’il doit

se défendre des autres. A la fois il y a une sorte de fantasme parfois. Il se plaignait d’injustices,

qui ne recouvrait pas une réalité.

Est ce que cette mère vous a dit que son fils lui disait qu’un monsieur lui parlait dans sa tête ?

non je n’en ai pas eu connaissance.

Zoulikha AZIRI

Je parle pour mon fils Abdelkader, il est innocent, il n’a rien à voir avec l’histoire qui est passé.

Je le connais il n’a rien à voir. Mohamed ce qu’il a fait est très très grave, il est mort. Je ne savais

pas ce qu’il a fait, je ne savais rien du tout. Il vient chez moi, il n’y a rien, c’était normal. Mes

excuses auprès des victimes. Je demande pardon aux victimes.

Vous êtes arrivés en France à quelle époque ? 1981. Vous avez rejoint Mohamed MERAH votre

époux, que vous aviez épousé en Algérie. Vous aviez eu un autre enfant avant ? oui une fille.

Elle est décédée de quoi ? je ne sais pas. De maladie. Elle est décédée d’une maladie ou

quelqu’un a mis du poison dans le biberon je ne sais pas.

Vous vous êtes installés dans la région toulousaine. Vos relations avec votre mari ? après on

s’est séparés. Je ne sais pas, j’ai demandé le divorce. Mais il ne voulait pas. Violences

conjugales ? non. Vous avez été dans un foyer pour femme battue ? oui mais il ne me battait

pas non non. C’est la famille qui me montait la tête.

Après le divorce il y a eu beaucoup d’adresses différentes.

Quelles étaient les relations avec vos enfants ? c’était difficile je n’y arrivais pas. Mon grand fils

a commencé à boire, fumer, la violence, il se coupe je ne dormais pas on allait à l’hôpital.

Abdelkader il était normal. Avec son frère Mohamed on l’a placé comme dans un foyer, il a eu

son diplôme. Il n’a jamais causé de problème. C’est parce qu’il a été viré de l’école alors on l’a

placé dans un centre. Ça se passait bien, il n’y avait pas de problème.

Description des rapports de foyers concernant Abdelkader. En foyer je ne sais pas mais à la

maison il n’y a rien eu. À la maison il est bien. C’est Abdelghani qui lui a appris à boire de l’alcool,

à la maison Abdelkader ne l’a jamais fait. Au contraire c’est lui qui travaille. Aïcha elle sortait

beaucoup alors je lui ai dit de la reprendre. Je dis la vérité. Il a travaillé pour nous aider

financièrement.

Votre fils n’a pas contesté avoir exercé des violences. Pour moi ce n’était pas de la violence il

était normal.

145

Le 6 novembre 2003, vous dites que Mohamed est infernal, violent. Il avait des problèmes il

était malade. Abdelkader a tenté plusieurs fois de l’aider, l’encadré mais ça ne fonctionne pas

alors il a lâché. Sur les violences où Mohamed a été retrouvé sur son lit attaché ? oui j’étais là

c’était un jeu.

Il a donné des coups de couteau à Abdelghani ? c’est vrai mais il est venu un soir avec sa copine

avec une corde, il voulait casser la porte, à 6h du matin. Je lui ai dit « qu’est ce que tu veux » ?

ils ont voulu attacher Abdelkader avec sa copine, et le tuer. Abdelkader était avec ses copains.

Abdelghani a voulu se bagarrer et alors je ne sais pas ce qui s’est passé, Anne m’a appelée pour

me dire Abdelghani est à l’hôpital. C’est Abdelghani qui a commencé lui a cassé la voiture. ça

fait trois jours qu’il le cherchait.

Rôle d’Abdelkader dans la famille ? il jouait le rôle de chef de famille ? il travaille, me donne de

l’argent il nous aidait.

Un jour vous avez amené un copain à la maison, et il vous a dit non c’est moi l’homme de la

maison ? oui c’est vrai mais il avait raison là dessus.

Il ne voulait pas d’homme étranger à la maison.

Abdelkader était violent ? il ne l’était pas. La police vous montre un couteau qu’il avait après

les coups de couteau ? je ne me souviens pas de ça. Je n’ai rien vu de tout ça, je suis étonné.

Quand Abdelghani a été frappé, Abdelkader était chez moi.

Changement religieux ? c’est normal il a passé quatre mois en détention. En sortant il fumait et

buvait. Changement de son engagement religieux ? il n’était pas comme ça il n’avait pas un

langage religieux. A compter de 2006 c’est moi qui lui ai appris à faire la prière. Donc vous êtes

à l’origine de son engagement religieux ? Non c’est moi qui lui au appris normal.

Et Souad serait la première à être intéressée par un engagement religieux ? oui elle a été un

peu trop sur la religion mais après elle a lâché. Abdelkader a subi l’influence de Souad ? non.

C’est moi qui lui ai emmené un professeur pour apprendre à Souad la langue arabe à domicile.

C’est moi qui lui ai appris la religion et la prière.

Il s’est marié religieusement avec Yamina MESBAH en 2006, vous étiez d’accord avec ce

mariage ? Oui. Et la famille MESBAH ? Non juste sa mère. Elle l’avait déjà vu boire et fumer dans

le quartier. Après elle a accepté.

A cette époque il part en Egypte ? J’ai déjà voulu voyager en Egypte avec elle mais ma mère

était malade alors j’ai changé d’avis je suis allée en Algérie et lui en Egypte. Il y est allé 2 fois.

C’est moi qui lui ai dit par en Egypte passer des vacances. La deuxième fois il y est allé avec

Yamina. Sa mère ne voulait pas y aller et lui a gardé ses papiers alors je les ai faits avec elle et

j’ai dit à Kader prend là et partez en Egypte. La 3ème fois il y est allé seul.

Pourquoi vous choisissez l’Egypte ? c’est comme ça. Les cours d’arabe littéraire et coranique ?

oui je suis au courant. C’est moi qui l’envoie pour cela. En Egypte c’est mieux, c’est bien là bas.

Il travaillait à ce moment là comme peintre. Moi même je voulais y aller.

146

Sur ses rencontres là bas ? il a passé le temps qu’il a passé et il est rentré. Personnes liées à

Artigat dont Olivier COREL ? C’est nos voisins. C’est un vendeur de moutons. La voisine nous

accompagnait pour faire nos achats. Sabri ESSID venait chez moi. Jean Michel CLAIN ? Non je

ne le connais pas.

En 2008 est-ce qu’il parle souvent de religion ? non. Il est vu en train de faire du prosélytisme

auprès de jeunes en pleine nuit ? je ne l’ai pas vu. Il allait à la mosquée ? dans un temple, puis

il a arrêté.

Dans ces années là, on sait que votre fils est parti en Egypte en 2009 jusqu’à 2011, pourquoi ?

il n’y a pas été en 2011. Il rentré en 2011. 3 ou 4 mois. Il parti plus que ça.

Vous aviez des contacts avec lui ? c’est Yamina qui me donnait des nouvelles.

Pourquoi ? juste apprendre l’arabe.

Il est resté en Egypte, je le sais. Comment le savez-vous ? il m’a raconté et m’a dit ne pas être

sorti d’Egypte.

Votre fils Mohamed, changement dans son attitude ? il était malade. Il a été en détention

pendant 2 ans et il est sorti en priant beaucoup.

Vous l’avez vous en détention ? oui. Vous lui transmettiez des livres, ou via Abdelkader ? on ne

lui a pas apporté des livres là bas. Je lui en ai envoyé par l’intermédiaire d’un Imam.

Quand il est sorti de la prison, il est sorti plein. Il était déjà dans l’extrême de la religion. Il ne

ratait pas une prière. Il lisait le Coran et cherchait. Il portait des habits religieux.

Bonne évolution selon vous ? oui quand il a commencé la prière. Les jeunes quand ils

commencent à s’intéresser à la religion ils finissent par prendre du recul.

Novembre 2009 Afghanistan ? je ne suis au courant que de son voyage au Pakistan. Au début il

a été en Syrie mais je ne sais pas pour les autres pays.

Entre 2009, 2010, Abdelkader est au Caire. Il n’a pas été en Egypte Mohamed. À ce moment là

ils ne se parlaient pas.

Entre avril et mai 2010 ? il a été en Algérie. Il m’a dit vouloir s’y installer, y vivre et travailler. Il

a été voir son père et lui a dit je veux rester ici faire un commerce. Son père n’a pas voulu lui

donner la maison, c’était pour ses enfants d’une autre épouse. Mohamed est donc rentré

fâché. Il cherchait des combattants ? il ne m’a pas parlé de ça.

Relations téléphoniques avec Abdelkader ? non.

Votre fils est parti en juillet 2010 à Damas en Syrie, à l’université de Abou Nour. J’étais en Algérie

à ce moment là. Il m’a contacté pour me demander de rentrer. J’ai passé une nuit et il m’a dit

au revoir maman, il m’a dit partir au Pakistan. Je ne suis pas au courant pour 2010.

Abdelkader vous téléphonait lorsqu’en septembre ou juillet 2010 ? il était en Egypte n’est pas

sorti du territoire.

147

Votre fils Abdelkader vous informé de l’arrivée de Mohamed en Egypte ? Mohamed m’a

contactée, il m’a dit « je suis chez Abdelkader et il m’a énervé il ne m’a pas laissé aller chez lui

j’ai loué seul ». Je ne suis pas au courant des autres pays.

Septembre 2010 Mohamed MERAH va occuper un appartement. C’est moi qui est financé et

fait les travaux il n’avait même pas d’ouvriers c’est moi et un ami qui les avons faits.

Le 23 février 2011 au retour du Caire, les deux frères se voient ? ils ne se parlaient pas. Au début

ils ne se parlaient pas, et Mohamed a demandé si Abdelkader venait à la maison et a demandé

pourquoi il ne venait pas. Ils se sont revus régulièrement ? non chacun travaille.

Ils s’entendaient bien à cette époque, sujets communs ? aucun sujet commun c’était comme

des frères, rien de spécial.

Sur les vidéos de décapitation montrées par Mohamed sur son ordinateur ? j’ai entendu parler

de ça après son décès. Vous avez un petit appartement. Oui, F1. Avez vous vu à un moment

Mohamed regardant et montrant des vidéos ? non pas chez moi, chez lui. J’allais chez lui. Moi

je n’ai jamais vu ça et si je l’avais vu je n’accepterais pas.

Lorsque votre fils est mort une centaine de personnes sont venus c’était qui ? il n’y avait pas

beaucoup de monde. Personne ne vous a dit qu’il avait un comportement étrange ? une dame

des Izards m’a dit que mon fils avait montré des vidéos de guerre, pas de décapitation, à son

enfant. J’ai demandé à Mohamed, il m’a dit que c’était lui qui lui avait demandé de les voir.

Sur les événements du 11 septembre, il aurait crié Ben Laden ? ils faisaient ça entre eux, on ne

parlait pas de ça. Moi je ne sais pas.

EN 2011 il y a des relations entre les frères mais vous ne savez pas ce qu’ils se disent puis arrive

votre mariage avec M. ESSID. Qui en a l’idée ? Mohamed mon fils. Il a parlé avec Sabri ESSID.

Abdelkader ne parlait pas avec Mohamed à ce moment là il n’est pas venu chez moi.

Il n’était pas content que Mohamed fasse cela. Donc c’est le mariage qui est à l’origine de la

coupure ? oui. Pourquoi il ne voulait plus vous voir ? il m’a dit pourquoi tu ne m’écoutes pas ?

« Ne fais pas ça, ne te marie pas. Tu fais ce que tu veux, tu es libre ». Il m’a dit « débrouille toi ».

Chacun voulait gérer.

Comment vous avez su qu’il allait au Pakistan ? je lui ai demandé pourquoi je pleurais et il est

parti. Pourquoi vous ne vouliez pas ? c’est un pays de guerre. Vous n’avez pas pensé au djihad ?

je n’ai pas pensé à ça.

On a vu ce matin votre amie qui a eu la même situation avec son fils et en a informé la police.

Pourquoi ne l’avez vous pas fait ? moi je n’ai rien fait. J’avais peur pour lui mais c’est tout. Quel

but ? il ne m’a rien dit. Pas d’autres raisons de ce voyage ? il ne me dit rien.

On voit qu’il veut se marier au Pakistan. Moi j’ai appelé ma voisine pakistanaise. Elle m’a dit que

c’est un lieu dangereux. Elle lui a dit d’aller chez elle et d’y rester, j’ai des filles là bas, si tu veux

te marier. Quand je l’ai eu au téléphone je lui ai dit de rentrer car la police le cherchait. Je savais

qu’il était au Pakistan. Vous saviez où exactement ? c’est difficile de retenir. Contacts hors

téléphones ? à un moment je n’avais plus de nouvelles de lui j’avais peur, j’envoyais des mails

148

par Souad. Abdelkader MERAH était au courant ? non, il ne savait pas. Je suis au courant que

mon fils ne savait pas que Mohamed était au Pakistan. Il m’a dit qu’il n’informerait personne.

Souad c’est moi qui lui ai dit parce que je m’inquiétais. J’étais la seule à savoir. Après le mari de

Souad l’a su. On ne l’a pas dit à Abdelkader. Je suis sure, il ne parle pas avec Souad ni avec son

mari.

Dans certains mails on voit que vous êtes à côté lorsqu’elle écrit. Pourtant elle ne vous dit pas

qu’il voulait absolument avoir Kader ? je vous jure que je ne suis pas au courant.

Un mail du mari de Souad dit qu’Abdelkader essaye d’envoyer des messages mais faute

d’internet, ça ne passe pas. Je ne suis pas au courant.

Des gens qui sont au courant du Pakistan il y a vous, votre fille, son époux et votre ex mari ? je

ne communique pas avec mon ex. je ne suis pas au courant.

À l’hôpital, il a été traité pour une hépatite A. Il l’a eu où ? au Pakistan. Qui le sait ? moi je n’étais

pas présente je ne sais pas ce qu’il a raconté. Il avait dit qu’il était en Algérie mais moi j’avais

dit non au Pakistan. Vous avez informé Abdelkader ? j’ai appelé Yamina et je lui ai demandé

pourquoi Abdelkader n’est pas allé le voir ? il n’y est pas allé.

Abdelkader MERAH a discuté du mariage de Mohamed avec vous ? non. La brouille a donc duré

longtemps ? c’était tout le temps comme ça.

Quand revoyez vous Abdelkader ? je le voyais à la maison, il vient me voir. Il vient voir sa mère.

Ça vous faisait de la peine de ne pas voir votre fils ? bien sûre j’ai même accusé Yamina pour

cela. Ma relation avec elle n’était pas bien à cause des circonstances du mariage et de sa mère.

Dans quelles circonstances vous l’avez revu ? en fin de journée. J’étais chez moi. Vous étiez à

Montpellier. Oui j’y allais. Vous avez parlé du 4 mars ? il n’est pas venu Mohamed le lendemain.

Ce jour là, j’avais déjà communiqué avec Abdelkader plusieurs fois. Il était déjà venu auparavant

il y a eu une erreur sur le fait qu’on ne serait pas vu pendant 8 mois.

Le 4 mars, vous étiez chez votre amie à Montpellier Karima. Vous l’appelez quand vous rentrez.

Pourquoi arrêtez vous votre conversation avec elle ? je l’ai appelée pour lui dire que je suis

rentrée chez moi. Je ne me rappelle pas de tous les détails. A 21H07 vous l’appelez durant

1H22. Je ne l’ai pas rappelée je parlais à Souad. Non c’était dirigé vers Karima. On discute

souvent comme ça. Est ce que quelqu’un est venu entre temps. Non non.

Or on sait que Yamina attendait Abdelkader en bas de chez vous. Abdelkader venait vous voir.

A 22H56 vous appelez Souad pendant 52 secondes. Qu’est ce que vous dites ? on a parlé c’est

tout. Je ne vais pas vous dire ce que j’ai dit à ce moment.

A 23H08 et 23H11 il y a une consultation de votre Freebox nécessairement de l’appartement,

sur l’annonce du militaire IBN ZIATEN. Qui était derrière ? il n’y avait personne, j’étais seule.

Mohamed n’est pas venu. Abdelkader n’est pas venu.

Mon fils m’a rendu visite à 19H30 qu’est ce qu’il y a de spécial dedans ? ma voisine m’a ramené

le café, mon fils Abdelkader était là.

149

Vous aviez dit ne pas savoir s’il y avait du monde chez vous et avoir montré votre code de

connexion à beaucoup de monde. Mohamed ne dinait pas chez vous ce soir là. J’ai parlé, j’avais

dit la vérité depuis le début. Or en 2012 vous ne dites pas qu’Abdelkader est venu à 19H30.

Vous n’en parlez qu’en 2014.

Le 4 mars 2012 vous avez entendu lors de votre GAV et à cette occasion on vous a parlé de

l’importance de cette date car c’est celle des connexions avec l’annonce. On m’a demandé qui

était là bas et s’est connecté et j’ai dit personne. Or celui qui a contacté cette annonce a utilisé

le mot militaire. Ce qui a été dit par les techniciens c’est faux, j’étais seule. Mohamed avait mon

code.

Je l’ai dit, ma voisine a apporté le café et mon fils était présent. Ensuite il est reparti et n’est

pas revenu. Je vous jure que personne d’autre n’est venu. Mohamed avait mon code, j’ai un

doute qu’il l’ait utilisé chez lui. Personne n’est venu. Ce n’est pas moi non plus qui me suis

connectée. Je n’ai pas d’ordinateur, Mohamed en a un chez lui. Ça va faire 6 ans je peux pas

retenir tout. Il a tout fait de chez lui.

Que pensez vous des actes commis par votre fils Mohamed ? ce qui a été fait lui était très dur,

ce n’est pas bien, si j’avais su auparavant j’aurais tout fait pour l’empêcher. S’il était encore en

vie, il aurait payé pour ce qu’il a fait.

Votre fils Abdelghani a dit que dans votre famille des réflexions antisémites étaient exprimées.

Tous les saints sont des Juifs. Il ment. Il y a eu des propos contre l’état français, les militaires ?

non il n’y a rien eu. Famille tolérante ? on n’a rien à voir avec ni les Français, les Arabes, les

Juifs, on n’a rien contre les gens. J’ai éduqué et élevé mes enfants ici, je n’ai aucune haine.

Comment expliquer que votre fils commet ces actes de manière déterminée ? Il a perdu la tête

pour moi c’est un fou, moi même j’aurai eu peur de lui. Depuis tout petit il disait qu’il y avait

deux personnes dans la tête. Or ça n’apparaît pas dans le dossier.

Des conversations que vous avez eu au parloir avec votre fils Abdelkader, « je pense à toi,

Mohamed est parti pour la bonne cause, … Mohamed n’a pas pensé à toi … il t’aime beaucoup,

…on pense à toi aussi ». Que vouliez-vous dire par la bonne cause ? comment ça la bonne

cause ? quelle bonne cause ? je n’ai pas dit ça.

18 septembre 2012, discussions entre vous et Abdelkader : vous discutez de livres que vous

aviez achetés « ne t’inquiète pas par Allah, le cadeau que m’a fait Mohamed, personne ne me

l’a fait ». Abdelkader ne me l’a pas dit. Il me disait être accusé à tord.

- Questions des parties civiles D5779/16 : vous dites « je prie Allah pour qu’il t’aide à supporter. MERAH c’est l’héritage. Et

comment on dit cadeau en arabe ? vous répondez en arabe. Par Allah c’est le meilleur cadeau

que m’a fait Mohamed. Et c’est sérieux ».

150

Ramenez moi l’enregistrement. « Si tu allais avoir un enfant et qu’il allait devenir comme lui, je

l’appellerai direct Mohamed. Et s’il devenait comme son oncle ? Mohamed. Abdelkader :

Inchallah. Quelle réussite s’il devenait comme lui ».

Je n’ai jamais dit cela, seulement qu’il ait un enfant mais pas comme Mohamed. Ce n’est pas

une fierté il a connu des meurtres. On a parlé d’autres choses. Ce n’est pas vrai. On n’est pas

des fous pour parler comme ça. Amenez moi l’enregistrement.

Le 4 mars, vous avez dit tout à l’heure que peut être, celui qui s’est connecté chez vous ce soir

là, a pu le faire de l’extérieur. Pour la vérité, dans le dossier, il y a eu des expertises par des

ingénieurs. Ils ont constaté que chez vous il y avait 2 Freebox. Une reliée à la TV et une autre

avec le wifi. Ils ont constaté que l’annonce a été consulté ne pouvait pas l’être de l’extérieur,

ça vient de la Freebox connectée à la TV.

Ceux qui ont dit que c’était passé par chez moi, moi aussi j’ai ma tête, je connais tout et

comprends tout, si ça a été fait par chez moi je ne peux pas le nier. Je n’ai rien à gagner.

Mohamed a utilisé le wifi dehors chez lui.

Ce n’est pas possible de le faire de l’extérieur ça vient de chez vous. Mohamed n’était pas là.

Ensuite vous avez dit qu’Abdelkader n’était pas là à ce moment. Il est resté 20 min et est reparti

avant cette heure. Je n’ai pas dit que c’était pas Mohamed, c’est lui de l’extérieur. Je sais mieux

que les ingénieurs. Il n’y a personne chez moi. Qui est parti voir la personne en moto ? c’est

Mohamed.

Vous avez dit que votre famille était normale. Mais ce n’est pas dans toutes les familles qu’un

enfant devient affilié d’Al Qaeda et tue des personnes parce qu’ils sont Français, militaires, Juifs.

Vous ne croyez pas qu’il y a eu un problème sérieux dans votre famille ? il n’y a pas eu de

problème, on est pas des animaux. Mon fils il est malade je ne sais pas.

Votre petit fils, hier il nous a dit qu’Abdelkader avait essayé de l’endoctriner et que sa mère l’a

sauvé. Il ment comme son père. Sa mère elle est malade, folle. Abdelghani voulait tuer son père

heureusement que j’étais là.

- Questions de l’Avocat général

Lorsque vous êtes entendu en 2012, quelques heures après la mort de votre fils, à propos de

votre mariage avec Mohamed ESSID, vous aviez dit qu’Abdelkader pensait que vous voyez trop

d’amis et que mariée vous ne sortiriez plus et resteriez à la maison. Il vous a présentée

quelqu’un, un nommé Mohamed ESSID, père d’un ami d’Abdelkader. Il avait appris qu’il avait

divorcé d’une française convertie. Abdelkader voulait inviter sa femme mais pas la famille de

Souad. « Je l’avais épousé suite aux pressions de mon fils et après un bon contact j’avais accepté

cette idée ». Vous avez donné une autre version aujourd’hui, où est la vérité ? Abdelkader n’a

rien à voir avec son frère, pourquoi on parle de ma vie.

Vous avez indiqué que c’est Abdelkader qui choisi votre mari et vous l’impose. C’est à la suite

de cela que vous ne vous parlez plus.

Qui a choisi Mohamed ESSID ? C’est moi qui voulais me marier.

151

- Questions de la défense Elle a menti sur un certain nombre de choses, entre la justice et son fils, elle a choisi son fils.

Nous savons quel est son engagement religieux.

Savez vous qu’un policier qui se revendique d’extrême droite a donné votre adresse et les

photographies de l’appartement où vous habitez ?

Quand Mohamed est décédé, on a ramassé les photos et ses affaires. Les choses de valeur on

les a ramenés chez la maman de la femme de Mohamed. Abdelghani est parti avec Anne et a

demandé le sac. Il a fouillé et a donné toutes les photos aux journalistes.

Yamina MESBAH

Je voudrais partager ma tristesse avec la famille des victimes on en a parlé et on en parle

encore. Cette affaire a détruit des familles y compris la mienne. Ça fait 5 ans qu’il est en prison

pour moi il est innocent c’est quelqu’un de bon, il n’a jamais été agressif ou mauvais avec moi.

Il ne peut pas payer pour les faits de son frère.

Ce mariage religieux vous en êtes l’initiative ? on était d’accord tous les deux pour cette

alliance, c’était un peu compliqué pour ma famille.

Vous avez vu une évolution ? quand je l’ai connu c’était un jeune de quartier. Quand il rentré

dans l’islam il était un peu plus posé mais sinon pas un grand changement.

Sur la question religieuse, on a trouvé des audios religieux. Ce qu’il y a dans l’IPod je n’en savais

rien.

Il parle de « religion normale », il aime aller au restaurant, cinéma, marche, vélo, bowling. Il

travaille beaucoup. La priorité c’est que les factures soient payées et le frigo rempli. Sur la

religion c’est assez ouvert, on ne parle pas que de ça.

Ma famille n’était pas d’accord pour le mariage et comme ils me cherchaient ils ont porté

plainte pour enlèvement mais ce n’était pas d’accord. Il n’était pas stable sur le plan matériel

c’est pour cela.

C’est mon mari qui s’est occupé de prendre un témoin. Il y avait un imam mais je ne le connais

pas.

En 2006 il y a eu des voyages en Egypte. Pourquoi il y va ? on est partis en Egypte quand ma

famille me cherchait après la fugue. On n’est pas restés longtemps car j’ai appris que mon père

était malade. Je me souviens plus pour le financement.

152

Lui il avait fait un voyage juste avant. Il avait été inscrit dans un institut pour des cours d’arabe

littéraire. Je l’ai appris après ? quand j’étais avec lui je ne savais pas, c’était compliqué avec mes

parents pour qu’on se voit.

En 2006 vous vivez de quoi ? mon mari avait un peu d’argent, mais je ne sais pas comment. La

vie est moins chère là bas.

Vous connaissiez Sabri ESSID ? Je l’ai connu la 2ème fois quand j’ai fugué de chez mes parents. Il

nous avait accompagné un jour. Je n’ai pas du tout parlé avec lui.

Il travaillait en 2007/2008 ? ll a trouvé du travail très facilement et moi je travaillais dans un

magasin. On habitait chez Zoulikha AZIRI pendant 3 mois à peu près. Zoulikha n’était pas trop

présente mais je voulais qu’on prenne un appartement.

Est ce qu’il y a eu des propos antisémites ou contre les militaires ? non. J’ai connu Mohamed

MERAH. Je n’ai jamais vu de vidéos violentes mais je ne m’entendais jamais avec lui, ça a été

rapide. Je ne voulais pas me prendre la tête avec lui.

On voit des achats qui sont faits en 2008 ? on achète ensemble. Je facturai à mon nom pour

éviter les saisies.

J’ai travaillé peu de temps et j’ai fait des petits boulots à côté.

Je suis déjà allé voir Mohamed MERAH deux fois à Saint Sulpice dans les moments difficiles, j’ai

accompagné mon mari pour la route mais il y avait quelque chose de froid entre nous.

Pourquoi repartir en Egypte ? mon mari a voulu apprendre l’arabe littéraire, pour lire le coran

et j’avais envie de voyager en tête à tête avec lui.

Comment vous viviez ? au début on vivait de ce qu’on percevait, le RSA, allocation handicapée

suite à mon accident.

Là bas que se passait-il ? personnellement je n’ai rencontré personne, j’ai fait des allers retours

pour m’occuper de ma mère. Je vais à l’école je fais mes cours et je sors mon mari m’attend. Je

suis dans ma bulle, j’aime être toute seule. On était tout le temps tous les deux. On faisait du

quad, du bowling, visite des pyramides etc. on ne voyait personne.

La seule personne qui nous a accompagnée la première fois c’était Souad mais je n’étais pas

d’accord, et une année, Aicha.

On s’est connus très jeune et mon mari je l’ai toujours voulu pour moi, je n’aime pas trop

recevoir alors on reste seuls.

Vous avez rencontré Mohamed MERAH en Egypte ? on se promenait et on l’a vu boire un jus.

Mon mari ne m’avait pas dit qu’il était là car on ne s’entendait pas. Un jour je suis allée au

taxiphone parler à ma famille, et mon mari m’a dit qu’ils s’étaient disputés et je ne l’ai plus

revu.

On est rentrés définitivement car il avait un bon niveau et on n’avait plus de prestation on ne

pouvait plus vivre là bas.

153

On n’avait aucun objectif c’était pour lui même, apprendre l’arabe littéraire.

Abdelkader c’est quelqu’un qui essayait toujours d’arranger les choses dans sa famille mais on

ne lui laissait pas trop le choix.

Zoulikha devait de marier avec le père de Sabri. Je ne sais pas qui a organisé ça. il était un peu

en froid avec Souad et son mari et se sont disputés Mohamed Zoulikha et lui. A partir de là il ne

parlait plus avec Mohamed pendant 10 mois environ et sa mère aussi.

Quand ils ne se disputaient pas ils se voyaient.

Pour Artigat ? je ne sais pas du tout.

Que savez vous des voyages de Mohamed MERAH ? je n’en sais rien je sais qu’il prenait des

vidéos en Egypte de voyage, tourisme.

Avec Mohamed et Souad on ne s’entendait pas du tout.

Sur les talkies walkies ? oui il les a achetés, c’était un délire pour lui. On les a essayés mais c’était

pour lui, un coup de folie.

Entre juillet et décembre 2011, il y a eu une frénésie d’achats ? oui. Comment l’expliquer ? on

voulait déménager et tout réaménager. Comme il travaillait on a pris le crédit mais après on n’a

pas pu paye c’était trop pour nous. Aujourd’hui je n’ai pas pu les payer.

Quand on a vécu ensemble je lui posais beaucoup de questions et après il en a eu marre, il m’a

dit « tu poses trop de questions, je fais ce que je fais ».

Vous n’étiez pas au mariage de Mohamed MERAH avec Abdelkader ? non je l’ai su bien après.

Sur la réconciliation avec sa mère ? il m’a dit qu’il était très content de la voir mais elle avait été

dure avec lui.

Communications par sms avec la femme de Karim MESBAH, Jihane. Elle vous dit que ça serait

bien de rétablir des liens avec votre belle mère ? oui c’est possible.

Un jour vous êtes en bas de votre belle-mère que pouvez vous en dire ? je ne me rappelle pas

de la date. Je suis restée dans la voiture et j’ai envoyé des textos mais je ne m’en souviens pas.

19H29 vous envoyez un sms à Jihane votre belle sœur « je suis en bas de la mère à Ad il est

monté la voir » il a essayé de voir sa mère la veille mais elle était à Montpellier donc il y allait

aujourd’hui. Je ne m’en souviens vraiment pas. 19H33 vous dites « ça fait 30min pour l’instant

ça va ».

Il allait à la salle de sport, au foot, ou voir les jeunes aux Izards.

Vous alliez souvent chez votre mère ? elle est âgée et très malade je m’occupais d’elle.

Je n’en sais pas qui il rencontre, il ne me rend pas de comptes on n’en parle pas.

Dans votre portable on a retrouvé des vidéos avec des chants djihadiste. Je ne pense pas que

c’est moi les ai mis, on l’utilisait tous les deux.

154

Sur l’achat des livres ? c’est lui qui les achetait mais les mettait à mon nom pour les cartes

culturelles.

Mohamed MERAH était au Pakistan et il voulait joindre Abdelkader. Il n’a pas voulu car ils

étaient disputés. Il s’est connecté finalement mais n’a pas eu de retour.

Dans les échanges de mails on voit qu’on fait appel au père d’Abdelkader MERAH. Oui.

Je ne savais pas du tout qu’il était au Pakistan. Vous vous entendez avec le mari de Souad ? je

ne l’ai jamais vu. Je ne m’entends pas du tout avec Souad depuis le début.

Ça vous a surpris que Mohamed MERAH cherche à joindre Abdelkader ? non pas du tout il se

disputent et se réconcilient toujours.

Sur l’engagement religieux de Mohamed MERAH ? je ne savais pas.

Sur les photos de 2006 avec Mohamed, Abdelkader MERAH et M. BENCHERIF ? Je ne suis pas

au courant de ça, je ne connais pas cette personne.

Il n’y avait personne dans l’appartement où j’étais en Egypte.

Sur le vol de scooter ? il ne savait pas du tout qu’il allait voler le scooter. A mes yeux il est

parfait, il ne m’a jamais maltraité, mal parlé il est très ouvert, sociable, généreux.

Il est honnête ? bien sur par rapport à tout. Au niveau de la religion c’est pas bien de mentir

donc il est comme ça, il ne ment pas.

Je ne l’ai jamais vu conduire la voiture de Mohamed MERAH. Ça vous étonne ? non ils ont

l’habitude de se disputer.

Il m’a raconté il était énervé de ce qui s’est passé. Il l’a réprimandé. Ils devaient aller acheter

un blouson pour Mohamed. Comment expliquer qu’il voit son frère voler un scooter et ensuite

ils achètent un blouson ? il l’a engueulé. Je pense que ça suffit pour lui.

Il a suivi Mohamed MERAH jusqu’au lieu où le scooter a été déposé. Ça vous semble cohérant ?

je ne sais pas expliquez vous avec lui, c’est pas mon problème.

Après les premiers faits, il m’a dit le soir de ne pas aller chez ta mère car on pensait que c’était

l’extrême droite alors il a eu peur pour moi. J’y suis allé mais plus tard. Quelle réaction suite

aux tueries à l’école ? on a regardé ça aux infos on était tous choqués et très triste. Il était

attristé aussi, il était triste comme tout le monde, comme moi. Il a été très surpris et très triste.

Sur le fait qu’il ait vu Mohamed et Aicha à la pizzeria le 15 ? Il sait que je ne m’entends pas bien

avec Mohamed, il ne m’a pas dit avoir vu avec Aïcha.

- Questions des parties civiles Je ne sais rien de sa vie, je n’ai aucune connaissance sur Mohamed MERAH même en Egypte

D1076/8. Je n’ai jamais dit cela. « Je sais qu’il voulait parler en Afghanistan et Pakistan, je

pensais que c’était pour faire le djihad ». Non je ne savais pas qu’il y allait. Impossible je n’ai

155

pas dit ça. Par rapport à la GAV ça se passait mal, j’ai passé 95H sans manger. Arrivé à un

moment je n’ai plus relu mes PV je signais sans relire.

Combien vous avez de frères et sœurs ? 5 frères et 2 sœurs.

Je ne me souviens pas de la soirée de fiançailles du 4 mars, où il a dormi.

1099/4 : on vous informe lors de votre GAV que l’on retrouve dans le matériel informatique de

votre frère, un discours sur l’islam. Vous répondez que « seul Abdelkader MERAH a pu les

mettre ». C’est possible il faudra lui demander.

- Questions de l’Avocat général Sur la soirée de fiançailles du 4 mars, vous parlez un coup de « Kader » et un coup de « Abd »

dans les sms.

Votre téléphone vous l’utilisez vous ? oui c’est moi. Votre mari quand il part de chez lui il prend

le sien ? oui mais là je ne pense pas qu’il le prenait.

Vous dites être en bas de l’appart d’Abd (Abdelkader MERAH). Vous dites ensuite je suis avec

Kader à Bellefontaine. A 23H15 vous parlez de Kader donc pas Abdelkader MERAH. Il y a un RDV

avec Kader à Bellefontaine. Le téléphone c’est moi qui l’utilise mais je ne me rappelle pas de

ces messages. Bellefontaine c’est chez sa mère.

Ce n’est pas une soirée, c’est une « mokabela » on parle seulement c’est pour ça qu’il a dit ne

pas y être allé. Vous dites ensuite il ne voulait pas venir les mains vides, à 22H. Qui est ce ? ça

doit être un jeune homme venu pour la mokabela.

Vous dites dans un sms « Abd a fini le foot il va rejoindre son frère ». (Le 11 mars ?) Je ne pense

pas qu’il allait le voir.

Rupture de relations avec Souad MERAH ? Depuis tout le temps ils sont comme ça, depuis qu’il

est rentré ils ne se parlent pas. Et sur le voyage de Souad MERAH en 2010 avec son mari ? je ne

le connais pas du tout. Je faisais des allers retours pour voir ma mère sur trois mois.

On a retrouvé votre ADN et empreintes sur les 13 CD. J’ai pu avoir les CD par Abdelkader MERAH

mais je ne suis jamais montée dans la voiture de Mohamed MERAH. Peut être que mon mari a

emprunté les CD dans notre voiture. C’était des chants djihadistes. La voiture on l’utilise tous

les deux, je la touche donc c’est logique qu’il y ait mes empreintes.

Vous avez daté le changement de comportement sur les questions que vous posez, à un an

avant les faits. Je l’ai expliqué tout à l’heure mais je n’ai pas parlé de date.

J’avais fait le calcul de combien les achats coutaient, les crédits, je lui faisais confiance il avait

des documents. Comment il peut avoir des revenus aussi importants permettant les crédits

alors qu’il ne travaille pas ? je n’ai pas fait attention, vérifié les fiches de paie.

Lors d’un parloir avec votre concubin, à propos d’Aissa. Il avait dit qu’Abdelkader MERAH était

un fou de religion. Abdelkader demande à Karim MESBAH de changer ses déclarations car il

156

apparaît comme un extrémiste. En aucun cas il ne lui a dit de mettre une pression. Il voulait

que vous demandiez à Karim MESBAH de voir Aissa pour révoquer sa déposition. Il a dû vouloir

qu’il dise la vérité. Avec la colère il a dû avoir peur mais il ne le pensait pas.

Le soir de l’assaut du domicile de Mohamed MERAH vous avez eu un échange téléphonique

avec Aïcha. Elle m’a téléphonée en pleure, disant qu’elle a entendu Mohamed crier. Abdelghani

me dit peut-être que c’est mon frère qui a fait ça. Abdelghani l’avait appelée, disant que c’était

peut-être ses deux frères. Car elle les avait rencontrés tous les deux le 15 mars. Non je ne le

savais pas.

Sur écoute, « oui ils se sont reparlés vite fait, il y a encore un peu de haine vite fait ». Elle vous

dit « J’ai mangé avec eux » et vous répondez « je sais ouai ». Je ne m’en souviens pas de ça.

Sur le mariage de Mme AZIRI avec Sabri, « mon mari cherchait quelqu’un et il a pensé tout de

suite au père de Sabri ESSID ». Je ne sais pas qui à organisé le mariage de Zoulikha, je ne m’en

souviens pas.

- Questions de la défense Parfois vous vous référez à Abd ou à Kader dans les sms le 4 mars. Lorsque vous dites « on va

aller chez ma mère, c’est pour vous et Abd ? » oui. Ensuite le 7 mars : « après Kader il aime bien

que je sois avec lui il n’aime pas faire la route tout seul » : Abdelkader MERAH. « Il dort Kader ? »

Abdelkader MERAH. « La mère à Kader lui a dit, et il me l’a dit » : Abdelkader MERAH.

(Parlait du divorce de Mohamed MERAH) donc il ne l’apprend que par sa mère, et est bien

brouillé avec son frère ? oui il l’était.

Sur les sonorisations du parloir : vol du scooter et achat du blouson – maman d’Abdelkader

MERAH, Abdelkader MERAH et vous. « Sa première intention, il voulait acheter une veste.

Quand on y était, il a volé le scooter et il l’a caché mais l’intention première était l’achat de la

veste ». Oui c’est bien ça.

La personnalité de Mohamed MERAH. Pouvions-nous lui refuser des choses ? on ne peut pas

lui dire non. Est ce que ce n’est pas pour ne pas créer une nouvelle brouille ? oui c’est ça.

Il a été question du fait que vous aviez entamé un processus de procréation médicalement

assistée ? oui je le confirme. J’ai commencé à faire les piqures, il y avait une date prévue au

moment des faits et on est venu me chercher pour la GAV.

19/10/2017

Témoin X se disant « Hassan »

157

Au moment des faits j’étais analyste opérationnel. Surveillance d’un groupe salafiste toulousain

dans le cadre administratif.

Abdelkader était membre du noyau dur du groupe.

Il avait été vu à 3H du matin en train d’essayer de convertir de jeunes dealers. Il avait donc un

certain charisme pour approcher ces jeunes. Mohamed à cette époque était mineur. Sa

radicalisation n’allait pas tarder à être évidence. Il montrait une ferveur religieuse tout en se

comportant en caïd de cité. Photos de 2006 avec Mohamed, Abdelkader MERAH et une 3ème

personne avec un Coran ouvert. La sourate en question présente de nombreux versets relatifs

au combat car elle a été faite à l’époque de l’hégire. Référence au djihad face à la mécréance.

Ça peut être interprété comme une allégeance. Le Coran étant sacré, il ne saurait être utilisé

pour une pseudo-mise en scène.

En 2011, le service central la DCRI nous a avisé de la présence de Mohamed MERAH en

Afghanistan. Saisine en tant que direction régionale pour évaluer la radicalité de Mohamed

MERAH pour voir s’il était en lien avec des groupes djihadistes internationaux.

On a retracé son itinéraire avec précisions en découvrant qu’il appelait le numéro de sa mère.

Certaines dissimulation, méfiances vis à vis d’autres membres de la famille AZIRI. Différents

boîtiers retrouvés dont un appartenant à la mouvance radicale. Mais on ne sait pas ce qui a été

dit.

Mensonges de la famille sur ses voyages, prétendant qu’il était en Algérie etc. alors qu’ils

savaient qu’il n’en était rien.

Localisation de Mohamed MERAH à son retour, vivant reclus dans son appartement pendant 2

semaines. Rares sorties. D’abord à sa fenêtre, puis à l’extérieur. Il a commencé à réintégrer la

mouvance islamiste. Il conduisait avec prudence, comportement de méfiance et particulier.

Absence de communication à titre régulier. Il n’utilisait que le téléphone de sa mère ou des

cabines téléphoniques.

Retour en avril 2011, on l’a localisé car il suivait des cours de religion à l’association créée par

les frères CLAIN. Le soir, la fratrie MERAH se retrouvait avec Sabri ESSID pour assister à des

cours de religion.

Départ au mois d’août 2011 pour le Pakistan : par la boîte mail de sa sœur, on est remonté

jusqu’à son carnet d’adresse. J’ai donc pu retrouver les IP de connexion. On lui lance alors une

convocation, et il nous contacte pour savoir pourquoi on voulait le rencontrer. Il a accepté mais

sans retour.

Quand il est rentré, il a été malade. Il y a eu ensuite un entretien permettant de retracer son

itinéraire.

Fort ressentiment religieux, haine au fond de lui.

Poursuite de l’enquête sur le dossier MERAH jusqu’au jour de la rédaction de la note

déclassifiée rédigée en janvier. Au mois de mars il y a eu les tueries.

158

Vous avez surveillé la famille MERAH. Il apparaît qu’il y aurait eu en mars 2011 la présence des

frères MERAH sur Artigat ? je ne saurais pas vous le dire. Artigat était devenu un point de chute

de toute la mouvance, ça doit être vrai.

Vous les voyez souvent l’un et l’autre ensemble ? on voit souvent la fratrie ensemble.

Cette mouvance prône un retour aux sources de l’Islam. Elle considère que les meilleurs

musulmans sont ceux qui ont accompagné le prophète. Vision orthodoxe de l’Islam. Aucune

innovation possible. Ils font une lecture stricto sensu des écritures saintes, de l’époque. Elles

ont été écrites à l’époque de l’hégire, qui n’est pas l’époque actuelle et ils veulent vivre comme

à l’époque du prophète.

Cette radicalisation, possibilité de faire usage d’actions violentes vous la manifestez comment

dans ce groupe là en particulier ? quels sont les répertoires d’actions imaginées ? on distingue

trois salafismes (politique notamment) dont révolutionnaire qui passe par la lecture orthodoxe

des textes et la voie d’une action armée.

Précisément les accusés s’inscrivent dans le courant d’un salafisme révolutionnaire ?

concernant Abdelkader MERAH, il fréquente cette mouvance là. Pour intégrer ce groupe il faut

embrasser cette idéologie. Il était déjà dans un processus théologique par ses voyages en

Egypte.

Quelle différence entre le Takfirisme et le salafisme révolutionnaire ? être Takfir c’est jeter un

jugement sur une personne considérée comme un mauvais musulman. Ce sont des salafistes

révolutionnaires qui jugent.

En réalité, dans l’idéologie du salafisme révolutionnaire, il y aurait une vision un peu binaire du

monde ? tout à fait, ils considèrent que les meilleurs musulmans ont été le prophète et ses

compagnons. Le reste des musulmans n’en sont pas en réalité à leurs yeux.

Trouve-t-on dans ce mouvement des références à des idéologues, auteurs, retrouvés dans ce

groupe de Toulouse et d’autres ? oui déjà le salafisme dès sa conception, on trouve des savants

qui s’en revendiquent. Ils construisent une interprétation du Coran et des références à l’époque

du prophète.

Notamment Asam, Saïd KORT ? lui il a été issu de la confrérie des frères musulmans en Egypte

et face à la corruption du pays il a basculé vers un mouvement armé. Ce sont des

contemporains du djihadisme armé actuel. Il y a un lien entre eux et le successeur de Ben

Laden ? oui i a été positionné par Ben Laden Al Qaeda. Ils se connaissent et se sont servis l’un

de l’autre pour faire face à la mécréance, l’un idéologue, l’autre armé.

La DCRI n’a pas de négociateur, on est des forces de l’ordre. Je n’ai jamais été proposé à la

négociation. Donc pourquoi cela a été moi ? J’ai eu deux contacts physiques avec Mohamed

MERAH. Le premier a été en novembre 2010 pour préparer l’entretien. Il ne voulait pas venir

étant malade. Je suis venu à son domicile pour lui dire de venir à sa convocation, arrondir les

angles. J’ai vu Mme AZIRI et j’ai pu visualiser son appartement.

La seconde fois c’était lors de l’entretien administratif.

159

J’avais pu dessiner le plan de son appartement de mémoire. Le négociateur m’a demandé si je

le connaissais bien, les éléments à ma disposition, je lui ai dit que oui. Notamment sa méfiance

etc.

La négociation n’accrochait pas entre eux et lui alors ils ont pensé à moi dans la mesure où ils

me connaissaient.

Son idéologie a-t-elle pu être transmise par quelqu’un ? on lui a insufflé son idéologie,

environnement proche, donc familial. La photo de 2006 le montre, il n’a que 18 ans alors que

Kader est un peu plus âgé. Il a déjà cet endoctrinement qui est là, ils aimaient se mettre en

scène.

Son frère à partir de là lui remet de la documentation. Après sa sortie de prison, il s’y met, il

sent qu’il a été élu. Il cautionnait avant même sa conversion le message des djihadistes car ils

sont dans le vrai. Ça montre qu’il grandit dans cette haine entre l’occident et l’orient, la

mécréance. Ça grandi dès sa sortie de prison.

Serait-ce par Abdelkader MERAH ? C’est mon impression en tant qu’analyste. On connaît la

relation forte entre les deux. Mohamed le vénérait. Abdelkader fréquentait déjà ce noyau dur

de la pensée de même que sa sœur qui fréquentait cette mouvance. Mohamed MERAH a été

éduqué là-dessus.

Lors de la négociation vous pensez qu’il s’est totalement livré ? il me disait qu’il mesurait ses

propos, faisait attention à tout ce qu’il disait. Il a dissimulé des choses, n’a pas tout dit. Ma

stratégie a été de maintenir le lien avec lui, c’est quelqu’un de narcissique. Toujours lui poser

des questions pour le fatiguer et il a donc donner des indications.

S’agissait des faits du 19 mars, il était apparu qu’il avait à l’origine pour cible, deux militaires et

ça ne s’est pas fait. Les faits qui se sont déroulés à l’école Ozar Hatorah sont « opportuniste »

dans le sens où il passe devant où il y avait déjà pensé ? on comprend de ses déclarations que

c’était objectif qu’i avait mais pas prévu pour ce matin-là ? tout à fait. Pour moi ça faisait partie

d’un plan préétabli. Malheureusement l’école visée était déjà dans cet objectif. A cette époque-

là je vivais parmi eux, je les croisais tous les jours sans qu’ils ne me voient. Tous ces endroits-là,

il les connaissait parfaitement. C’est près de chez lui, il a sectorisé en fonction de cela. L’école

n’était pas prévue ce jour là, mais elle était prévue quand même.

Au début quand je lui parle de sa famille pour qu’il leur parle, il prend de la distance. « Moi je

suis un soldat d’Allah et ce sont de simples musulmans, chacun vit sa destinée ». Mais il a pour

obsession de savoir comment on est remonté jusqu’à lui, si on a interpelé son frère et sa sœur.

Il demande si des arrestations ont conduit jusqu’à lui. Il suppose qu’au préalable il y a eu des

arrestations, des gens qui l’ont balancé, il ne pense pas du tout avoir commis des erreurs.

Je comprends deux choses : il se réclame de son appartenance à Al Qaeda entrainé par des

talibans. Il dit que « si j’ai fait ça, c’est que je veux que d’autres frères m’imitent ». Donc il parlait

nécessairement des jeunes d’ici car en zones tribales ils sont déjà prêts pour ça.

Il dit ne s’être confié qu’à une seule personne, Allah, personne n’est au courant de sa famille.

Je pense qu’il cherche à protéger son environnement. Il me dit également « moi je suis prêt à

160

endosser l’entière responsable de mes actes, tant que ça ne nuit pas à mes frères musulmans »

« c’est pas aujourd’hui que je vais balancer les mécréants qui m’ont vendu les armes ou mes

frères musulmans » donc beaucoup de contradictions dans ses propos.

S’agissant du frère qui lui aurait donné des avis, dit de tuer certaines cibles, avez vous des

éléments sur ce point ? non on n’en a pas.

Il avait un inculture religieuse frappante. Il axe son argumentaire sur deux sourates seulement.

Dans la sourate 16, sous la contrainte, un musulman peut parler et faire des actes mécréants

mais si son cœur est pur, il est pardonné. C’est ce qui est utilisé par les djihadistes pour

commettre leurs crimes.

Il va dire n’avoir vu que des émirs subalternes. Et non le successeur de Ben Laden. Il ne l’a pas

vu physiquement mais il dit avoir prêté allégeance.

On voit qu’il veut absolument contacter son frère lorsqu’il est en zone tribale. Le fait qu’il

demande avec insistance à entrer en contact avec son frère alors que tout contact est prohibé,

c’est qu’il avait une raison très importante. La seule façon de rentrer en zone tribale c’est par

une recommandation importante.

Est ce qu’Abdelkader serait en mesure d’être celui qui donnerait un nom ? il a fréquenté 2 ans

la cité coranique du Caire, il a tissé des liens qui devait lui ouvrir des portes. On sait que certains

toulousains ont eu des liens avec des militants de la bande de Gaza.

Sur le vol du scooter qu’il dit avoir effectué tout seul ? je n’avais pas les éléments de la police

judiciaire. A ce moment là il était déjà dans la préparation, enterrait les armes, repérage de vol

de scooter. C’était programmé dans tous les cas, même si le vol effectif a pu être de

« circonstances ».

La signification du doigt levé ? cela s’inscrit dans la chehada, l’attestation comme quoi il n’a de

dieu que Dieu et Mohamed est son prophète. Le seul moment où on lève le doigt avec la

chehada, c’est sur le lit de mort. C’est une constance chez les musulmans. Or chez les

djihadistes ça signifie qu’on est prêt à mourir dans l’instant.

- Questions des parties civiles Vous aviez en 2012 exposé le fait que Mohamed MERAH présentait un profil très dangereux,

mais pas suivi par la suite. Si vous avez demandé en juin 2011 la judiciarisation du dossier c’est

que vous considériez qu’il avait un profil dangereux ? oui, tout à fait.

S’il part au Pakistan c’est pas pour un voyage touristique ? ce sont des pays assez sensibles, on

n’y va pas forcément pour du tourisme.

Vous aviez bien déterminé quel était le profil de Mohamed MERAH et n’avez pas été entendu ?

nous avions lancé des signaux entre l’Afghanistan et le Pakistan parce que cet individu était

assez trouble, par la suite nous avons travaillé pour la direction centrale qui nous avait suivi et

a repris cela.

161

Après le rendez-vous où vous n’avez été que spectateur, la surveillance est cessée ? j’ai toujours

continué à travailler sur le dossier MERAH même si on était dans l’attente du rapport. Surtout

environnement familial et amical. Mais on est dans l’attente de la synthèse de la centrale.

Sur Abdelkader MERAH il est aussi dans la dissimulation ? au regard de ce qui est apparu dans

son comportement, on peut considérer qu’il l’est.

Vous avez parlé du salafisme Takfir. Pouvez-parler du Takfir ? mouvement djihadiste né en Inde,

apolitique. Il reste fondamentaliste dans sa conception de l’Islam. Il est rigoriste. Il s’agit de

transmettre la bonne parole, porte-à-porte, etc. un peu comme les Témoins de Jéhovah. Mais

ils sont souvent dénigrés par les autres djihadistes. Les frontières sont malgré tout poreuses.

Certains basculent du Tabdir vers le djihadisme révolutionnaire etc. la porosité est toujours

montante graduellement et rarement l’inverse.

Sur l’école El Fajr, elle a été également fréquentée par de nombreuses autres personnes de la

mouvance, notamment Fabien CLAIN. Pouvez-vous dire un mot sur cette école. On y

apprendrait la littérature et la poésie. Expliquez-nous ? le Caire est un centre rayonnant des

études islamiques. Pour intégrer ces instituts il faut déjà maitriser l’arabe. Les cours de

théologie sont uniquement en arabe pour apprécier au mieux le sens du Coran. Les traductions

ne peuvent pas révéler la transcendance du Coran. Pour y entrer, il faut connaître par cœur

2/30ème du Coran par cœur. Ensuite il y a d’autres épreuves poussées. Ils demandent d’abord

d‘épuiser toutes les ressources locales auprès des Imams etc. le niveau est très très élevé.

Vous avez parlé d’idéologie salafiste ? tout à fait. Dans idéologie, il y a une pente religieuse et

un versant dans l’action. Oui. L’action suppose une méthodologie. Page 54 des négociations.

Sur le bouche à oreille à la place des téléphones : comportement tendant à échapper aux

surveillances et laisser des traces ? Oui. Avez vous eu connaissance de la documentations

retrouvée ou transmise par Abdelkader MERAH ? non, car au niveau renseignement nous

n’avons pas eu le temps de trouver cela, nous n’avons pas eu la documentation qu’il avait en

sa possession. Vous avez dit que Mohamed MERAH précisait qu’avant sa conversion il

approuvait les actes djihadistes ? oui il me l’a dit il cautionnait déjà les discours des

moudjahidines.

Le terme Abu apparaît à de nombreuses reprises dans les milieux djihadistes, notamment parmi

certains dirigeants. Que signifie ce terme pour le djihad. Abu signifie père. C’est un terme très

utilisé au Moyen Orient. Mais dans la pratique djihadiste, ils ont toujours cette Kounia d’utiliser

ce mot avec le prénom de leur distance ou en son absence, le nom d’une personne admirée,

donc là Abu Youssef.

La sourate devant laquelle pose Abdelkader est elle la même que celle devant laquelle pose

Mohamed ? pour l’une on a identifié, pour l’autre c’est de très mauvaise qualité. Etant donné

la pagination, ça peut l’être.

D2127 p60 : vous souvenez vous, des propos sur la question de savoir s’il avait préparé son

action à Montauban ? il nous dit avoir préparé. Il voulait gagner en rapidité et efficacité donc

est venu la veille faire des repérages en voiture. Il connaissait cette caserne. Ce qu’il voulait

162

c’est faire un maximum de victimes en un laps de temps très court. Il attendait un groupe

constitué avant de passer à l’acte.

Sur ce qu’a indiqué votre directeur qui avait transmis des notes avec une liste de noms,

mentionnant le nom de Mohamed MERAH. Il me l’a dit a posteriori. Nous ne sommes pas dans

le même registre, je suis analyste dans un groupe. C’est donc sa propre initiative.

Concernant les relations entre les deux frères en 2011, vous dites avoir su que les des frères

avaient renoué contact et se fréquentaient. Est ce que les conflits entre les frères pouvaient

être de façade ? On sait qu’Abdelkader a eu un ascendant sur son frère et des relations

conflictuelles, mais qu’après le retour de Kader en Egypte leurs relations sont revenues. Ils ont

agi dans la dissimulation de façon général mais nous n’entrons pas dans leur intimité à ce point

pour pouvoir le savoir.

Dans le processus idéologique il y a eu d’abord Artigat avec les frères CLAIN et Sabri ESSID qui

ont ensuite fondés des groupes à Toulouse où est entré Abdelkader MERAH ? oui, absolument.

Abdelkader MERAH a été aperçu à leur contact dans les surveillances.

Au niveau de ses formations en Egypte, il montait en grade ? il avait une volonté de parfaire ses

connaissances pour avoir une certaine aura. Avoir plus d’emprise sur les jeunes délinquants qui

veulent se convertir.

Sur les modalités d’action de Mohamed MERAH, lorsqu’il est revenu d’Afghanistan il s’est

enfermé chez lui pendant 15 jours. Tout à fait. Il s’attendait à ce qu’on vienne le voir à son

retour.

Savez vous que dans le matériel informatique Archos retrouvé chez Abdelkader MERAH, on

retrouve un fichier comportement copine enregistré le 18 décembre 2010, contenant cette

prescription : les frères qui quittent le camp d’entrainement ou le djihad et reviennent chez

eux doivent s’attendre à une surveillance. Cela pourrait correspondre sachant que les dates

concordent parfaitement puisque Mohamed MERAH revient à ce moment là ? on s’inscrit

parfaitement dans cette démarche là. Abdelkader MERAH était toujours en Egypte là. Il y a deux

sortes de dissimulation. La Taqyia : dissimulation de sa religion dans une démarche d’auto

défense notamment lorsqu’on fait parti d’une unité. La Taqyia c’est la ruse, le mensonge,

cacher des choses dans un cadre de guerre. Quand une personne s’inscrit dans une logique de

guerre, elle peut en faire usage selon la pensée djihadiste.

Est ce que pour le salafiste révolutionnaire, le djihad fait parti des piliers de l’Islam ? en tant

que musulman par rapport à ce que je sais, l’Islam a été construite sur 5 piliers. Si les salafistes

djihadistes ont instauré un nouveau pilier, cela n’apparaît nullement. Il est intégré parfois en

raison des circonstances de l’époque mais ce n’est pas un pilier. C’est propre à leur idéologie

uniquement.

Comment devient-on un islamiste radical et un passage à l’acte aussi meurtrier ? il faut

rencontrer des personnes qui amènent vers un parcours initiatique ? tout à fait, on épouse leur

idéologie et ils ouvrent des chemins pour acquérir plus de savoir. C’est cet endoctrinement qui

163

va justifier le passage à l’acte. Chaque personne qui croise le terroriste et l’endoctrine va être

important pour expliquer le passage à l’acte ? on est quasiment dans une structure sectaire ils

finissent par croire que c’est vrai on justifier en pensant que c’est la vérité.

Est ce que le fait que M. Abdelkader MERAH ait partagé le même parcours ait une influence et

contribué à son passage à l’acte ? il va déclarer lors de la négociation, que ça ne sert à rien

d’apprendre l’arabe. Quand l’islam est attaqué il faut répondre présent. Il a grandi dans un

environnement particulier mais a fait ses choix en fonction de son caractère. Pour lui la prison

a été une injustice, c’était un signe qu’il était un élu. Il a lu des textes et a voulu partir vite

retrouver ses frères moudjahidines. Il a brûlé les étapes.

- Questions de l’Avocat général C’est un terme péjoratif sur les pseudos salafistes, de secondes zones.

Que sont les annulatifs de l’islam ? c’est ce qui annule la qualité d’Islam. Les plaisanteries sur le

Coran et l’Islam en constitue un.

S’agissant du testament d’Abdelkader MERAH : nécessité d’acquitter ses dettes, et

recommander d’être assisté de gens vertueux et non par des mécréants ou des associateurs,

quand la mort approche. C’est une constante quand on est sur le lit de mort, il faut régler toutes

les dettes, demander pardon aux proches qu’on a offensé pour partir serein. Quel rapport entre

l’associateur et le désaveu ? on est dans l’idéologie djihadiste, il faut se séparer des

associateurs, et ne pas les fréquenter, ainsi que les polythéistes.

S’agissant des Juifs, comment expliquer que cette question apparaisse de manière importante

dans la documentation de cette mouvance alors que ce sont eux mêmes des gens du Livre ? si

on se réfère à certains versets qui relatent ce qu’il se passait à l’époque, il y avait des tribus

juives en Arabie, sous la protection du prophète et certains l’ont trahi. Donc dans certains

versets on en fait état de cette trahison à cette époque. Mais les salafistes djihadistes prennent

ces textes stricto sensu.

Document sur les Innocents retrouvés, concernant la justification du sang coulé des innocents

(femmes et enfants) que l’on peut tuer si c’est au nom de la cause. Certains passages en font

état parce qu’on y est contraint dans le cadre de la guerre, parce qu’on ne peut pas faire

autrement. Ça fait partie de certaines paroles prophétiques.

Sur la justification, licéité de prendre l’argent des kouffars ? Le koufar c’est le mécréant qui ne

croit pas en l’Islam. Quand on est contraint d’agir, se comporter comme un mécréant, Dieu

nous pardonne si on a le cœur pur, pieux.

Qu’est ce que les apostats ? des gens qui ont renié l’Islam, n’y croient plus. C’est condamné par

la mort. Ils sont pires que les mécréants.

Concept de Rokias ? c’est le traitement des maladies notamment occultes. Il faut être très pieux

et avoir une très bonne connaissance de l’Islam est un grand érudit pour faire face au

« démon ». Ils sont considérés comme des sachant.

164

Sur les voyages, il y a l’Algérie, Egypte et pour Mohamed MERAH Afghanistan, Pakistan. Pour

aller en Egypte il vaut mieux utiliser un passeport algérien ou français ? Français je pense. Il a

alterné ses passeports selon les pays pour ne pas se faire embêter.

À Jérusalem il se prend en selfie en pleine manif sur un lieu saint de l’Islam. Or il a revendiqué

ses actes pour ce que la Palestine.

Sur la photo du couché de soleil au Sinaï ? Un groupe d’Al Qaeda est basé au Sinaï.

Il avait voulu partir en Somalie. C’est un pays en pleine désolation, instable, contrôlé par une

mouvance djihadiste.

L’Algérie ? c’était son premier pays. Il a voulu rejoindre les régions montagneuses où était

installé Al Qaeda mais il a été stoppé par des militaires et n’a pas pu les trouver car c’est trop

compliqué de les approcher.

Vous avez passé quasiment 32h avec Mohamed MERAH lors des négociations. Je vous demande

un ressenti, à un moment donné Mohamed MERAH parle de la légitimation de ses actes. Et il

vous demande votre acquiescement, sentiment. Ce n’était pas dans ma stratégie, j’évite

toujours de me positionner dans ce cadre.

- Questions de la défense S’agissant des contacts noués en Egypte, vous dites qu’il a forcément tissé des liens. Pendant

son séjour il a pris contact avec Jean Michel CLAIN notamment. Pour entrer en région tribale, il

faut un garant. Ensuite, on voit que Mohamed MERAH cherche à joindre avec insistance son

frère avant d’entrer en région tribale.

L’environnement familial a fait qu’il a grandi dans cette idéologie.

Précisions sur les textes qui constitueraient des conseils pour Mohamed MERAH. Ils ont été

téléchargés pour la majorité d’entre eux en 2010. Je n’ai pas eu accès aux éléments de police

judiciaire.

Le bouche à oreille ne concernait que les armes.

On arrive maintenant à la notion de groupe et de groupement qui n’était pas privilégiée par la

police. On est reparti sur Artigat. Où se trouve COREL en ce moment ? chez lui à Artigat. Or le

Parquet général n’a pas fait citer COREL. On bascule des deux frères à un élargissement sur

Artigat. Est ce que vous avez assisté sur la constitution de groupe constituant une entente au

sens pénal ou pas ? la fratrie MERAH a évolué autour d’un groupe dont la matrice était Artigat

et COREL. Cette affaire a été instruite mais pas par nous.

Il a contacté tous les membres d’Artigat par téléphone et non son frère. La fratrie MERAH a

évolué dans ce groupe de la pensée salafiste, les faits sont là.

Peut on envisager que Mohamed MERAH soit à ce point haineux qu’il ait trouvé dans la religion

l’expression de ses turpitudes, serait-ce possible ? tout à fait.

165

Un expert judiciaire raconte que les gens qui veulent passer dans l’acte terroriste et savent

qu’ils vont mourir en « martyr », ils deviennent très gentils avec leur entourage avant de passer

à l’acte. Qu’en pensez vous au regard de votre expérience ? parmi toutes les personnes

francophones djihadistes, la plupart étaient des délinquants avec cette haine et violence en

eux, et quelque part la religion djihadiste a été désinhibiteur pour eux car ils avaient une

légitimité. Le djihadiste sait qu’il peut mourir dans l’instant. Ils sont inscrits dans une dynamique

de mort annoncée donc avant que cela arrive ils doivent pardonner et être bienveillants avec

leur environnement familial et amical. Or on sait qu’ils se sont revus et côtoyés avant les

assassinats.

Connaissiez M. Fettah MALKI ? Non on s’occupait de la mouvance radicale. Son nom n’est

apparu que lors de la vente de la Clio, où l’acheteur à souhaité remettre à Fettah MALKI du

liquide. Vous ne l’avez donc pas repéré dans une quelconque idéologie salafiste ? Non. Ou

repéré dans une fréquentation djihadiste ? non c’est deux mondes différents.

Il y a plusieurs théories qui s’affrontent : celle de groupe et celle de l’association de malfaiteur

criminelle. Est-il exact que Mohamed MERAH revendique n’apparaitre que lui en qualité

d’auteur principal, ayant fait tout, tout seul ? il nous dit qu’il veut prendre la responsabilité dès

lors que ça ne met pas en cause des musulmans, et qu’il ne balancera pas même les mécréants

qui lui ont vendu les armes. Donc il y a des mécréants ? oui.

Vous lui demandez quand avez vous prie cette décision d’agir sur le territoire français ?

« Quand je suis revenu du Pakistan j’ai fait les courses pour avoir toutes sortes d’armes, la

décision était déjà prise ». Plusieurs armes, plusieurs sources d’approvisionnement à l’instant

où il a pris sa décision, date qu’il ne peut pas préciser. Il nous dit avoir acheté l’Uzi pas cher,

pour combattre les Juifs.

La crédibilité de Mohamed MERAH a été renforcée sous l’action que vous avez menée ? il parle

d’un scooter, box, vous l’avez vérifié en même temps que la négociation. Oui. Mais vous rejetez

l’idée qu’il ait été seul ? au regard de son intonation, on peut percevoir qu’il n’est pas dans le

vrai.

Il y a combien de musulmans de par le monde ? 1 milliard. Combien de terroristes par rapport

au nombre de gens qui s’intéressent à la doctrine en France ? 5000 départs avérés.

Quand vous dites que vous musulmans, il vous répond je suis cosmonaute lorsque vous avez

évoqué sa relation avec Allah ? dans la prière c’est un lien direct avec le seigneur, ça je peux le

comprendre que ça reste personnel. Mais le fait qu’il ne me considère pas musulman c’est

parce que je suis policier, contre le terrorisme, je deviens un ennemi je ne suis plus musulman

à ses yeux, si je changeais de métier il me considèrerait peut-être comme musulman.

Il dit la vie dans ce bas monde, c’est la prison des musulmans. Qu’est ce que ça révèle de sa

personnalité ? c’est une constante, on considère que tout est écrit, la vie, la mort. Le musulman

est préparé à la mort en soi. Vivre dans un monde de mécréants est une prison pour lui donc il

ne peut s’en détacher que par le djihad. Les martyres rentrent dans le paradis ultime pour être

à la droite du seigneur et pas le paradis « normal ».

166

Il dit vouloir réveiller la communauté musulmane car il est différent des autres, qui n’agissent

pas. Tout à fait.

20/10/2017

Sur les conclusions déposées par la défense en vue de cantonner strictement les questions sur

la religion concernant Abdelkader MERAH aux faits de la procédure : incompétence de la Cour.

INTERROGATOIRE D’ABDELKADER MERAH

Vous avez indiqué être pratiquant religieux depuis 5 années lors de votre arrestation. Elément

déclencheur ? au quartier j’ai commis les 400 coups et à travers tout ce que je faisais je n’avais

pas trouvé la paix intérieure alors je cherchais quelque chose pour la trouver. Ma famille est

musulmane alors je me suis tourné automatiquement vers cela.

Votre sœur Souad indique au téléphone à une personne appelée Meryem : Abdelkader quand

il a commencé c’est par rapport à Sabri ESSID qui venait dans le quartier. Ce n’est pas moi qui

ai montré Sabri ESSID à mon petit frère. Je trainais au quartier des Izards. Nous jeunes de

quartier, on considère que c’est à la retraite plus tard qu’on se tourne vers la religion. Pas avant.

En arrivant Sabri ESSID a mis une gifle au quartier parce qu’il nous a montré une image qui

montre que l’Islam n’est pas cantonné à la maison, on peu vivre dans la société comme ça, pas

besoin d’être en marge. Il est arrivé avec les cheveux longs, la barbe, l’habit religieux, une belle

voiture. Pendant 2 mois toutes les mosquées étaient bondées. A partir de là je me suis vraiment

investi.

Sur les livres découverts, est ce que c’est le principal centre d’intérêt ? musulman ça veut dire

soumis au créateur, je me réveille musulman, je mange musulman, je dors musulman.

Il n’y a pas de structure, de programme pour avoir des connaissances religieuses bien cadrées.

Je n’ai pas de mosquée que je fréquente précisément, je vais à la plus proche au moment de la

prière où que je sois.

Sur les notes retrouvées dans votre IPod qui est le cheikh pakistanais ? je ne le connais pas

spécialement.

Comment vous-êtes-vous inscrit dans l’école en Egypte ? la première fois j’étais fraichement

converti à l’Islam et je m’ennuyais à Toulouse, les frères m’ont dit qu’à cette école je pourrais

apprendre. Je voulais changer de Toulouse prendre l’air donc je suis parti je me suis inscrit là

bas.

Ma première intention était de prendre l’air et puis j’ai suivi le mouvement de la majorité qui

étudiaient j’ai commencé à suivre les cours. Vous allez là bas, à l’accueil, vous passez un test

pour évaluer le niveau de langue arabe pour savoir dans quelle classe aller.

Sur les photos en 2006 ? c’était lors du 1er séjour. Je souhaite rappeler que je n’ai pas demandé

à mon petit frère en Egypte, c’est lui qui savait que j’y étais il a voulu venir en voyage.

167

Jean Michel CLAIN vous aurait conseillé d’aller au Caire ? J’ai rencontré plusieurs frères de

plusieurs courants religieux. JM CLAIN était posé là bas il était plus apte à me conseiller là bas,

trouver un appartement etc.

Abdelghani ça me dit quelque chose c’est un professeur de langue arabe je le connais.

Quand ma femme venait en Egypte, je restais avec elle. Quand un frère ou un homme rentre il

ne peut pas le voir donc on se sépare.

J’ai côtoyé des parisiens mais je ne les connais pas spécialement.

Vous avez noué des liens particuliers au dernier voyage ? j’ai croisé des frères musulmans

parisiens mais à ce moment là j’étais focalisé que sur les études, je participais à tous les cours

possibles en langue arabe je ne trainais pas avec des frères qui s’amusaient etc. on se rencontre

à la prière etc. on discute 5min.

Votre objectif était lequel ? je faisais 9h d’études par jour ? en fait je suis axé sur la langue

arabe. On ne peut pas comprendre le Coran sans la langue arabe, c’est pas en français qu’on

comprend le vrai sens, les préceptes demandés au serviteur.

Comment vous financiez ? juste le voyage c’est 200€ aller retour, et un appartement meublé

c’est 70 €, les cours 50 €. Moi je ne sors pas en boite etc. je reste chez moi. On peut rester deux

ans en Egypte avec 5000 euros. Je travaillais.

Avez vous été aidé logistiquement ? appartement à votre disposition etc. ? pour le premier

voyage ce n’est pas lui qui a donné la logistique simplement c’était le plus ancien qui vivait là

bas il avait son appartement là bas. Il m’a donné un numéro de téléphone pour être accueilli

par un frère religieux au Caire et puis ils m’ont expliqué pour les agences de location.

Note de la DGSE : l’institut Al Fajr est considérée comme salafiste : pour pouvoir étudier le

Coran il faut avoir la maîtrise de la langue arabe. Or c’est une école seulement axée sur l’arabe

littéraire. Il y a une autre école qui permet d’étudier la doctrine, jurisprudence etc. mais pas

celle-ci. Mes livres liés à cette école peuvent démontrer cela.

Vous vous revendiquez du mouvement salafiste ? je me revendique musulman orthodoxe,

l’islam n’est pas juste un costume, il me suit partout. Muslim signifie soumis au créateur.

Youssef El Bouroumi dit que les salafistes actuels n’ont pas compris que le coran a évolué avec

le temps ? lorsque la révélation est descendue via le prophète, l’Islam a bâti une assise. On vit

comme tout le monde, on utilise internet etc., on ne vit pas dans des grottes, ni en marge de la

société.

Il ne faut pas s’arrêter à l’aspect littéral du texte ? non on réactualise les textes selon l’époque

où on vit.

Les documents retrouvés dans votre support Archos ? vers 2008 je me suis plus investi dans

l’islam. On téléchargeait des fichiers avec les frères pour éviter d’acheter des ouvrages très

chers. Dans mon disque dur c’est un cocktail, il n’y a pas d’idéologie précise. Il y avait des sujets

que j’essaye de comprendre et qui sont traduits en français. Quand je présente les arguments

de certains textes, ils ne les comprenaient pas. Donc en présentant les documents, ils me

168

disaient que la traduction est mauvaise. Ce sont des frères qui traduisent de manière

maladroite et qui sert à conforter leur idéologie. A partir de là je n’ai plus donné d’intérêt à ces

textes et je me suis consacré à l’acquisition de l’arabe littéraire.

Peut-on témoigner de la haine envers les mécréants ? la haine ce n’est pas de la violence, c’est

de la répulsion envers son idéologie. La haine est envers l’idéologie mais pas contre la personne,

elle doit être respectée. Aucune violence contre la personne.

Le testament vient de ma personne je l’ai rédigé. C’est quoi le tabut ? une personne qui prend

les caractéristiques, attributs appartenant à Allah. Mécroire au tabut ? il faut le rejeter par le

cœur, la lame et les actes. Je ne prosterne pas devant les tombes etc. et sur les actes ? l’islam

considère la démocratie comme une religion. Mon idéologie est claire, ferme : je ne reconnais

aucunement les lois légiférées par l’homme, exclusivement celle légiférée par Allah. Ça ne veut

pas dire que vous seriez violent ? aucunement. Dans mon cœur j’essaye d’instaurer l’Etat

musulman dans mon cœur. Dans l’islam, s’il y a un différend entre deux musulmans, on revient

sur les textes du Coran, on rejette totalement les lois humaines. On ne vit pas en marge de la

société, on est là. Sur le mariage religieux par exemple. Notre créateur nous a transmis

comment se marier, les règles du mariage. Or on est soumis à Allah donc on se marie selon ses

règles. De même pour le divorce, on suit notre texte. Ma pratique religieuse ne nuit en rien à

l’Etat français.

Etre associateur, c’est associer une marque d’adoration, obéissance à un autre qu’Allah.

Le testament je l’ai fait car notre bon prophète a dit qu’aucun musulman ne peut rester une

nuit sans avoir son testament. J’ai acheté un livre sur le testament et j’essayais de suivre ces

conseils.

On retrouve dans d’autres textes cette même typographie sur le prophète, c’est donc vous qui

les rajoutez ? oui bien sûr c’est de mon idéologie, c’est moi qui les rajoute.

Pensez vous que si un Etat pouvait imposer la charia, ce serait bien ? chaque savant amène son

interprétation. Certains pensent que l’Etat musulman dans le cœur suffit, d’autres considèrent

les Etats non musulmans comme apostats etc. il y a plusieurs avis sur le sujet. Aucun musulman

sincère, ne souhaite pas vivre dans un Etat musulman, c’est son souhait de vivre sous les lois

de l’Islam comme un chrétien sous les lois de l’Evangile.

Devant le juge d’instruction vous aviez dit que cela était de la provocation. Dans d’autres

réponses ça l’était, mais ça en particulier ça ne l’était pas.

Je suis musulman, je suis né en France et l’Islam ne nous appelle pas à renier son origine, je suis

né dans la culture française, je suis musulman français.

Sur les documents retrouvés chez vous, « la foi et l’obéissance à Allah » classe les individus en

4 catégories, ceux qui ont une foi inébranlable, ceux qui ont la foi mais pas assez et méritent

d’être punis mais sont musulmans, ceux qui n’ont pas du tout la foi et sont comme hors la loi,

et ceux qui n’ont pas la foi et commettent en plus de mauvaises actions, sont criminels » ? Je

ne me souviens pas de ce texte.

169

Je téléchargeais certains textes religieux. A chaque fois que je croisais un frère musulman je

fixais un RDV pour qu’il me donne ce qu’il avait lui sur son disque dur. Quand je suis parti en

Egypte avec ma sœur Souad, j’ai effacé tous les textes mal traduits. Chez ma sœur, j’avais deux

disques durs et j’ai téléchargé des vidéos et laissé mes disques durs chez elle. En revenant ils

ont disparu. Comme par enchantement quand mon père revient, le disque dur apparaît sans

fil. Je suis allé chez un spécialiste pour pouvoir le réutiliser.

Là je me focalisais que sur les textes anciens, les ouvrages que j’ai achetés en Egypte ou en

France.

Sur les 2 clés USB, on a retrouvé le texte précité. Vous y adhérez ? l’interprétation la plus juste

est que ceux qui n’obéissent pas à Allah sont dans la désobéissance. Mais ils ne sont pas

abominables ils restent la créature d’Allah peu importe son idéologie. Abominable c’est un

terme très fort. Tous les non musulmans ne rentrent pas dans cette appellation.

C’est quoi le mécréant ? Les chrétiens nous considèrent comme mécréants, les Juifs nous

considèrent comme mécréants car on n’adhère pas à leur idéologie, c’est tout ce que ça

signifie. Ça veut dire mécroire.

Votre mère aurait dit que les Arabes sont nés pour détester les Juifs. Qu’en dites vous ? dans

mon enfance et ma jeunesse, ma famille n’a jamais appelé à la haine des Juifs, dans mon

quartier il y a des Juifs. Sémites ça veut aussi dire arabe. Les plus grands prophètes étaient

hébreux. Comment voulez vous que l’on soit antisémites alors qu’on croit en ces prophètes,

c’est irrationnel.

« Les Juifs sont maudits dans l’Islam, ils seront jugés par Dieu » ? Le Coran est sacré, les versets

sont là. Quand on parle de Juifs maudits, c’est les enfants d’Israël, après qu’ils aient blasphémé,

renié, le prophète. Mais les Juifs et musulmans vivaient en cohabitation, on le voit dans

l’histoire.

En 2006 vous vous affichez avec la mouvance salafiste radicale toulousaine ? Je ne me

considère pas comme un musulman salafiste, terroriste etc. mais comme musulman

orthodoxe.

Mon petit frère a connu Sabri au quartier. Il venait en habits traditionnels avec une Mercedes

cabriolet. Mon petit frère comme tous, a vu ça. Je l’ai accompagné, Sabri ESSID, j’ai mangé chez

lui donc forcément je les ai côtoyés. Ce groupe n’était aucunement fermé, on mangeait

ensemble. Il y avait plusieurs courants religieux quand on mangeait ensemble. Ce n’était pas

fermé du tout. Je n’ai pas côtoyé que ces frères là, il y a plusieurs courants et on se côtoie tous.

Mais est ce que vous n’adhérez pas leurs idées et leurs actes ayant entrainé leur

condamnation ? il n’y a pas de formatage, lavage de cerveau. Chacun a ses idées, chacun purge.

Vous condamnez la création de filière vers l’Irak ? bien sur je condamne.

Sur les Rokias, vous pratiquez cela ? c’est du désenvoutement ? c’est bien cela. Il faut avoir une

connaissance particulière ? on essaye de m’accuser de sachant, je ne suis pas un savant, autour

de moi il y avait des personnes avec bien plus de connaissances que moi. Ça m’a demandé 2/ 3

mois pour me spécialiser dans ce domaine.

170

Il y a un film avec Karim MOKRAN ? ce n’est pas une Rokias, j’ai réussi à faire réagir le démon

en lui.

Abdelghani votre frère dit que l’individu en question gère une libraire et vous fournissait des

livres sur le djihad ? c’est un commerçant qui vend toutes sortes de choses liées avec la religion,

habits, libres, jurisprudence etc. il n’y a rien sur le djihad, les renseignements l’auraient déjà

déclaré.

Sur le fait que vous ayez dit que votre frère « a eu une belle mort, tué par l’ennemi la France ».

Le juge avait accepté que je puisse sortir avec un bracelet. Mais les policiers ont menacé la

personne qui avait accepté de m’hébergé, en disant que s’il y a un soucis sa fille irait à la DAS.

Donc j’étais en colère d’être accusé injustement, je n’acceptais pas, j’ai dit ça sous l’effet de la

colère. On use de machiavélisme dans ce dossier c’est une certitude.

Sur le djihad armé ? aucun musulman peut nier que le djihad existe. A l’époque du prophète

toutes les dynasties ont eu un ministère de la guerre. Dans n’importe quel ouvrage de

jurisprudence il y a chapitre prière, jeûne, pèlerinage, djihad. Personne ne peut le nier. La

question c’est comment l’appliquer, il y a plusieurs interprétations qui amènent à justifier les

tueries d’innocents.

Mais vous n’y adhérez pas ? s’il y a un Etat musulman qui est conforme, ne cherche pas la

violence, terrorisme, c’est comme en France, il y a un ministère de la défense mais c’est dans

un contexte bien précis, c’est quelque chose de noble le djihad, pas dans la barbarie.

Vous pensez que la guerre sainte est un devoir ? c’est une appellation chrétienne ça n’existe

pas chez nous. Dans ma position, la lecture c’est une magie, je suis loin de tout ça. Le djihad

c’est dans le Coran on peut pas le nier. Moi je suis dans l’acquisition de la science, la

connaissance envers mon seigneur.

Quel djihad et quelles règles à respecter ? le djihad est un sujet très profond. Je n’ai fait

allégeance à personne, je ne peux pas me prononcer sur tel ou tel groupe, je ne suis pas sur

place. Nos références c’est le Coran et les traditions prophétiques et on prend les avis de nos

contemporains.

Sur les actes de votre frère, vous dites avoir besoin d’un avis de sachant, vous ne condamnez

pas ? j’ai pas de connaissance sur le sujet, c’est ce que j’avais dit. Dès qu’on m’a annoncé que

mon frère était l’auteur des faits, on m’a demandé si j’approuvais ses actes. Comme un grand

frère qui protège son petit frère, je n’ai pas voulu le déshonorer, le rabaisser. Mais au fond de

moi je savais que c’était des actes condamnables, abominables et interdits par l’Islam. C’est

pour le prophète. C’est vrai que j’avais menti en disant qu’il avait un grand niveau c’était pour

le relever.

Etiez dans la cellule d’Ali JAFFAR ? Je connaissais sa famille. Quel que soit le courant, on traîne

tous ensemble, chacun prône son idéologie.

Vous avez été sympathisant d’Al Qaeda ? Je n’ai jamais vu Al Qaeda à Toulouse, jamais fait

allégeance à telle ou telle personne je ne partage pas cette idéologie.

171

Vous condamnez ce type d’organisation ? j’ai une observation sur tous les groupes, c’est

normal en tant que musulman de survoler, étudier tous les groupes mais pour l’Occident c’est

sûr que c’est considéré comme terroriste, la vie d’un musulman est importante. Vous la

condamnez ? oui bien sûr. Après, Al Qaeda c’est l’Islam pyramidale. Mais chacun fait ce qu’il

veut, les émirs ne ramènent pas les informations au-dessus, ils interprètent comme il veut et

c’est là la dérive.

Vous parliez de djihad avec votre frère ? On parle de tous les courants, toutes les idéologies,

on traite de Djihad on en a parlé. Sur mon petit frère c’est qu’il était très très affecté par la

situation des palestiniens et la coalition des Américains en Irak. Il en a pleuré. Après j’essayais

de le recadrer. S’il m’avait écouté, moi je rêvais qu’il étudie. Qu’on apprenne ensemble

l’acquisition de la science, qu’on soit marié avec des enfants etc.

L’avez vous rencontré peu de temps avant les faits ? ça faisait 3 semaines un mois qu’on était

réconciliés.

Ses actes à ce moment démontraient-ils qu’il était extrêmement préoccupé par la Palestine. A

ce moment là c’était la première fois qu’il revenait vers moi après une brouille. Dès qu’on a une

question on va vers la personne qui a le plus de science. Je ne suis pas un ignorant mais je n’ai

pas un grand niveau, les policiers ont été malhonnête de dire le contraire. J’ai un niveau CP.

Qu’est ce que ça veut dire bouger pour la cause musulmane, question posée 3 semaines avant

les faits ? je me suis demandé, comment mon petit frère a pu ne pas m’en parler, lorsque j’ai

su que c’était lui. Il me disait il faut bouger pour la communauté musulmane, ils se font

massacrés. Or personne ne peut le nier c’est vrai. Mais on ne peut pas aller au Moyen Orient

comme ça, frappé comme ça. Lui il était déterminé, pour bouger. Le lendemain on parle d’autre

chose, c’est juste des sujets d’actualités.

Mais juste après il commet le vol ? Je ne le prenais pas pour un musulman sérieux, il avait un

comportement qui n’est pas compatible avec un comportement pieux.

Si vous aviez été prêt, vous auriez bougé pour la cause musulmane ? Les enquêteurs ne parlent

que de ressenti. Si je partageais cette idéologie, j’irais moi. Je ne peux pas nier que les

musulmans se font massacrés.

On a découvert la biographie d’Oussama Ben Laden. Je n’ai pas étudié que sa biographie, j’ai

étudié plusieurs biographies même de non musulmans, Nelson Mandela etc. Ce n’est pas parce

que je lis que j’adhère.

Anne CHENEVAT confirme que vous vouliez vous faire tatouer son nom sur le front. Elle peut

mentir. Maintenant les tatouages c’est normal. A l’époque c’était impensable pour nos familles

et si je me tatoue Ben Laden je ne fais pas un pas sans me faire arrêter. Ce n’était pas le cas.

Sur les documents que l’on a retrouvés chez vous ? c’était des photos de copier-coller, ce n’était

pas des photos de moi, en 2005 je n’y étais pas.

Dans les documents retrouvés chez vous il y avait une biographie sur Abu Mohamed MAGDISSI,

il soutenait le djihad afghan ? j’ai beaucoup étudié ses ouvrages car il a un niveau très élevé sur

172

l’unicité, c’est ce qui m’intéressait. J’ai lu ses avis sur le djihad mais si j’y adhère ou pas c’est

autre chose.

D1099/5 : préconisait des attentats ciblés ? il y avait un ordinateur chez ma belle mère. Jamais

je ne consulte des sites de ce genre, terroristes, sur l’ordinateur de quelqu’un d’autre. En aucun

cas.

Abdallah ASAM qui est ce ? il est vraiment spécialisé, de ce que j’ai vu et pu comprendre, il ne

parle que de djihad. Je ne partage pas mais par curiosité je voulais voir ses témoignages.

Sur le logiciel d’anonymisation ? moi je ne connais pas tout ça, je vais juste sur internet,

consulte des sites normaux et télécharge des fichiers audios c’est tout.

J’étais tout seul en Egypte en train de prier. Mon téléphone sonne sans cesse. Quand je fini je

vois 15 appels. Je décroche, et il me demande où je suis, je réponds je suis à la maison. En

France ? en Egypte. Il me dit qu’il est en Egypte aussi, qu’il a voyagé en Syrie, Palestine etc.

Quand je vois qu’il est allé en Irak j’étais étonné, je lui ai demandé ce qu’il faisait réellement là

bas et il m’a dit qu’il y a des zones touristiques, internationales etc., il a trouvé un site de

voyageur pour y aller. Ça a balayé mes doutes. Quand j’ai su pour les autres voyages plus tard

alors que je le pensais en Algérie j’ai eu encore des doutes à cause de la destination.

Sur les vidéos qu’il montrait ? moi je ne peux pas nier en avoir vu en 2006, 2007, ça trainait

dans le quartier mais je ne l’ai pas vu en montrer.

Abdelghani dit que vous parliez beaucoup de la loi du talion, pour les enfants palestiniens

notamment ? lorsque je me suis converti, mon frère n’a pas aimé cela. Je lui ai parlé deux fois

de religion. Il se lamentait à l’hôpital, je lui ai dit patiente, Allah te donnera la richesse. Mais je

ne parlais pas de la loi du talion, on parlait de la croyance au créateur.

Elle s’applique dans un état musulman avec un juge, avocats etc. comme ici. Si quelqu’un a

cassé un bras commis quelque chose, soit la famille pardonne, soit on demande réparation,

notamment en cassant le bras de celui qui l’a commis. Ça n’a pas de rapport ou d’application

pour les enfants en Palestine.

Quand vous avez organisé le mariage de votre mère avec le père de Sabri ESSID, saviez vous à

ce moment là que son ex épouse avait été la mère des frères CLAIN ?

Non.

- Questions des parties civiles Livre intitulé le Coran Made in USA mentionnant la thèse complotiste. Y adhérez-vous ? non.

Les astuces de Satan pour corrompre les cœurs. Est ce qu’une guerre violente peut être justifiée

par une idéologie extrémiste ?

173

C’est malhonnête de prendre une phrase d’un livre pour parler de mon idéologie.

D5405 : signature de l’interrogatoire en ayant recours à des phrases en arabe : « Dieu est

unique et vous êtes des mécréants » ? en réalité ça signifie « pourquoi vous détournez vous du

créateur » ? c’est le seul interrogatif et non « vous êtes des mécréants ».

Les premiers jours de GAV je considérais qu’il y avait du sang sur les dépositions. J’ai écrit cela

pour dire que je ne me soumettais pas au Code pénal, aux lois des hommes, je ne reconnais

que la loi du Coran.

Vous n’êtes pas né musulman ? pourquoi il estime s’être converti en 2006 ? j’ai commencé à

faire la prière sérieusement à cette date.

Les djihadistes vont passez à l’action sont calmes et se réconcilient avec sa famille. Voyant votre

frère ainsi, vous n’avez pas su que c’était le cas ? comment voulez vous que je sois certain ?

Vous dites n’avoir pas voulu accabler votre frère en condamnant ? n’est ce pas que vous vous

sentiez responsable ? aucunement, c’est votre sentiment.

Vous avez indiqué tout au long des débats que vous condamniez la mort d’enfant. Je condamne

les sept assassinats. Comment vous estimez que c’est un cadeau qu’on vous fait si vous les

condamnez ces faits ? D. 5779/19 « le cadeau que vous a fait Mohamed » quelle est la

contradiction ? il faut se mettre dans la peau du musulman pour comprendre. Dans l’Islam,

quand le créateur nous éprouve par une épreuve c’est pour purifier des péchés précédents.

Mon frère par son acte m’a mis indirectement dans son affaire, c’est juste une position

personnelle, c’est une épreuve pour moi.

Chaque épreuve subie par le musulman est une purification des péchés. Indirectement j’ai

interprété ça comme son cadeau. Ce n’est aucunement les actes de mon petit frère, c’est le

fait d’être incarcéré, qui est une purification de mes péchés.

D 5779/16 : si vous deviez avoir un enfant, vous le nommeriez Mohamed Abu Youssouf. Vous

condamnez toujours ? Mon petit frère reste mon petit frère, même si les actes sont graves, ce

n’est pas mon grand frère mais le petit c’est mon sang, en souvenir de mon frère oui je

l’appellerai Mohamed.

D5780/8 et D5780/4 : lorsqu’on vous a refusé l’accès aux photos de votre frère à la morgue.

Pourquoi tenez vous à avoir des photos d’autopsie du corps de votre frère nu et mort ? quand

il a été tué, j’ai demandé à pouvoir me présenter à l’hôpital et on me l’a refusé. J’ai été

incarcéré. Pour faire mon deuil, j’ai voulu voir les photos de mon petit frère, je n’ai pu participer

à rien.

Lorsque Théodore CHENEVAT disait que vous lui aviez recommandé de faire le tour des

morgues, c’est vrai ? c’est un autre sujet. Nul ne peut nier que la mort est une réalité et pas

une chimère. Dans le Coran la mort a été décrite de manière précise, personne n’y échappe.

Ça permet d’être plus assidu, sérieux dans notre religieux.

C’est quoi un martyre ? vous avez dit « toute personne qui part au combat en espérant qu’il

part en martyre » il y en a plusieurs sortes, selon les juristes une personne qui meurt noyée est

174

considéré comme un martyre, une femme enceinte qui meurt, est considérée comme un

martyre ? et Mohamed MERAH ? Je ne sais pas.

D5780/15 : qu’est ce que « la voie indienne, la voie préférée du salafi » ? c’est médian. Dans

votre vision orthodoxe e l’islam vous souhaiteriez mourir en martyre ? je souhaiterais partir en

musulman.

Incident du 11 juillet 2014 : objet comportement du détenu au quartier disciplinaire. Si je meurs

ici, ce sera en martyre et je serai content. Je souhaiterais mourir en musulman avec mon

seigneur.

D5780/16 et D5779/20, D5779/21 : vous dites que votre frère vient vous visiter en rêve.

Observations sur la glorification de Mohamed MERAH ? j’ai fait ce rêve, bien sûr j’espère que

mon frère soit au paradis.

Je m’interroge sur la notion du respect des pactes : ça ne me parle pas du tout. C’est le fait de

respecter sa religion, mais respecter en même temps les pactes de vie que l’on a avec l’Etat

notamment du pays où on habite. Or les salafistes sont dans le respect des pactes.

Lorsqu’un Etat, groupe au sens musulman du terme se trouve agressé, attaqué par des

puissances étrangères et se défend. C’est là qu’il utilise la doctrine du djihad ? Comme tout

Etat, chrétien, Juif ou autre, c’est légitime qu’il se défende contre l’envahisseur.

Lorsqu’en Afghanistan est attaqué par des puissances et se défend, est ce que c’est un djihad

de défense ? je ne connais pas suffisamment la situation, il y a des doctrines divergentes. Le

djihad de défense est une justification autour d’une cause commune qui est l’islam et justifie

de tuer au nom d’Allah ? pour protéger ses Etats il faut bien un ministère de défense, et se

défendre contre l’agresseur.

Existe-t-il une seule règle qui interdise à la pratique du djihad de défense à l’extérieur du lieu

de l’agression ? djihad défensif c’est se défendre chez soi, pas à l’extérieur.

Vous avez présenté les frères CLAIN comme des gens ouverts d’esprits. Quelle était leur

spécialité jusqu’à aujourd’hui dans le cadre de ce qu’ils appellent le djihad en Syrie ? je ne sais

pas j’étais incarcéré.

Vous avez dit « personne ne peut nier qu’au moyen orient les musulmans se font massacrer,

c’est un fait ». Est ce que vous expliquez le massacre des militaires, des enfants et de M.

Jonathan SANDLER par le massacre des musulmans ? c’est une chose différente, j’expliquais ce

qu’il se passait là bas, il ne faut pas faire d’amalgame. Ces massacres n’ont rien à voir avec ceux

commis en France.

Sur les corrections effectuées par votre frère, remplaçant « je » par « nous » dans ses

documents. C’est juste un ressenti mais peut être pensait-il à Al Qaeda. C’est mon avis à moi,

ça peut être lui et Al Qaeda.

Vous avez expliqué, ne pas savoir très bien quelles sont ses intentions lorsque vous vous

revoyez un peu avant les faits. Il vous paraissait perdu ? Non c’était un musulman il continuait

à préserver sa religion.

175

Lors de ses premiers voyages j’avais un petit doute mais après le retour au Pakistan, je n’ai pas

voulu poser de questions mais mes doutes augmentaient. Pour moi il cherchait des groupes

armés à 80% mais à d’autres moments je n’étais pas certain.

D1141/4 : vous pensiez qu’il vous avait devancé au niveau du djihad ? C’est vrai que la situation

des musulmans était très critique mais je lui expliquais qu’il y avait plusieurs règles, on ne se

jetait pas comme ça, je pas dans cette optique là mais plus acquisition de la science.

Celui qui meurt en commettant le djihad est ce qu’il meurt en martyre ? on ne peut pas le savoir

on l’espère simplement, ça ne nous appartient pas.

Vous avez demandé quels étaient les 6 piliers de l’Islam. Or il n’y en a que 5 ? Il y a 5 piliers de

l’Islam et 6 piliers de la foi.

Sur la ville qui se caractérise par la débauche et la turpitude ? Il y a des tentations sur la femme

par exemple.

Ces deux régiments touchés ont été déployés en Afghanistan. Que pensez vous des soldats

français qui partent rejoindre la coalition ? je n’ai pas de connaissances en géopolitique je ne

sais pas ce qui se passe là bas.

Je vous ai entendu condamner les actes de votre frère et j’ai l’impression qu’il y a une

contradiction entre condamner et souhaiter qu’il aille au paradis. Je ne partage pas les actes de

mon petit frère mais quel musulman souhaite du mal à un autre musulman ? Il tue 7 personnes

et vous souhaitez qu’il aille au paradis ? comment voulez vous que je souhaite que mon petit

frère soit en enfer, c’est inimaginable.

Tous les orthodoxes, que vous qualifiez de savant, disent qu’un musulman ne doit pas prendre

comme allié les Juifs et les croisés ? il y a plusieurs réponses. Une des alliances interdites est de

s’allier avec un Etat juif ou chrétien pour combattre les musulmans.

Je vous cite des savants qui sont l’ADN de la théorie salafiste, qui théorisent ces alliances avec

les Juifs ou croisés. Quelles sont vos référents intellectuels, religieux ? le Coran, les paroles

prophétiques, et les savants qui permettent d’avoir des éléments nouveaux.

Qu’est ce qui justifie le djihad armé ? je n’ai pas de savants particuliers.

Pourquoi vous considérez Sabri ESSID, les frères CLAIN ou votre frère Mohamed, comme des

frères en Islam, et non pas des terroristes ? ce sont des musulmans terroristes. Mon frère est

un musulman terroriste.

Un confrère vous a demandé si vous aviez honte, vous avez dit oui. Et vous avez répondu à la

question, « lorsqu’il y a des enfants qui sont exécutés, nous sommes du même livre et nous ne

devrions pas nous entretués ». De quelles armes les enfants disposaient-ils ? ce qui m’attriste

c’est que l’on s’entretue entre nous, je souhaiterais un pacte de paix, qui ne souhaiterait pas

ça ? on s’entretue de tous les côtés.

A la question de votre connaissance du mariage entre M. ESSID père et Mme CLAIN mère, vous

dites l’avoir toujours connu célibataire. A quelle période ce mariage est intervenu ? je ne sais

pas. Il apparaissait que c’était avant l’été 2011. Or il apparaît que le 26 mai 2011, M. ESSID père

176

est marié à Mme CLAIN mère donc il n’y a quasiment pas eu de période de célibat. S’il était

polygame je n’en savais rien moi.

- Questions de l’Avocat général Tout au long de l’interrogatoire vous n’avez à aucun moment parlé d’Etat islamique mais d’Etat

musulman contrairement au dossier. Pourquoi et quelle différence ?

Je voulais qu’il n’y ait pas d’amalgame entre les deux et les différencier.

Selon vous y-a-t-il des Etats islamiques dans le monde ? certains courants considèrent que l’Etat

musulman suffit dans la pratique du cœur et d’autres considèrent que l’Arabie Saoudite et

autres sont des Etats islamiques et d’autres les considèrent apostats et d’autres considèrent

qu’un Etat islamique arrivera par le djihad.

Franchement je respecte l’Algérie car ils ne persécutent pas les musulmans, mais je peux me

tromper c’est mon avis personnel je suis aussi proche de la politique turque.

La démocratie est une religion ? tout Etat qui promulgue des lois, autorise et interdit, ça devient

une religion, donc la démocratie est une religion.

Chez votre belle-famille on a retrouvé un document qui compare tout ce qui est liberté. La

liberté de conscience et de culte, dans la colonne démocratie, c’est aucune contrainte dans la

croyance. Dans la version islamique : tuer quiconque renie son Islam. Mettez vous ces deux

systèmes sur un même point d’égalité ? je ne vis pas en marge de l’Etat français. Les savants

ont un regard sur nous qui vivons en occident, ils essayent de faire en sorte en interprétant le

Coran, que l’on puisse vivre dans un Etat démocratique sans nous empêcher de vivre dans cet

Etat.

Sur votre testament, sur la question des associateurs (gens qui votent etc.) vous n’en voulez

pas le jour de votre mort. Comment mettez vous sur un même pied d’égalité la démocratie

alors que vous la mettez également à un niveau inférieur dans votre testament ? j’applique

personnellement les préceptes de l’Islam. Je n’ai pas ce niveau intellectuel.

Que pensez vous de l’image de votre frère comme déséquilibré, présentée par certains ? je ne

veux pas jouer avec les mots mais ça veut dire quoi ce mot ? absolument pas.

Fabien CLAIN lorsqu’il a été entendu sur vos relations avec lui, vous a qualifié de repenti. Ça

implique de nombreuses réponses. C’est quelqu’un qui commet un péché, il se repent.

Le repenti ce n’est pas quelqu’un qui rompt avec son ancien mouvement islamiste ? je ne

connais pas cela.

Vous avez dit qu’il pratiquait la Taqyia ? je n’ai jamais dit ça.

Des textes également concernant les égarés, les Juifs de l’Islam. Est ce important pour vous ?

moi personnellement, non.

177

On retrouve de nombreux documents sur et écrits par Ben Laden. Je dois avoir 500 documents

sur ce disque dur. Pourquoi Ben Laden ? j’ai téléchargé, c’est des documents parmi tant

d’autres. Vous avez les résolutions qui classent Al Qaeda comme terroriste notamment. Vous

êtes très documentés sur Ben Laden. Or tout va dans le même sens. Aucun document ne

condamne les attentats du 11 septembre. On trouve une fatwa qui condamne les attentats en

Algérie et à Casablanca, car ce n’est pas conforme au djihad car le sang des musulmans a coulé.

Mais juste après, il y a un argumentaire qui explique que c’est bien conforme. Vous n’avez pas

cité les savants qui sont en oppositions avec cette idéologie. Je ne trouve cela dans la

documentation que vous possédez.

Pourquoi vos documentations s’arrêtent à la légitimation des attentats dans le monde ? il faut

poser la question aux auteurs de ces textes, moi j’ai consulté ces documents en 2006-2008

seulement.

Sur les militaires partis en Afghanistan, vous dites ne pas être spécialiste de la question mais on

retrouve une allégeance de deux émirs présentant un argumentaire sur l’Etat islamique, une

fatwa sur les talibans en Afghanistan, et le soutien des talibans en Afghanistan. Vous avez donc

des éléments et arguments politiques en lien direct avec les cibles.

Sur le djihad armé, les documents trouvés justifient le djihad. Mais on trouve aussi des textes

de justification du djihad aujourd’hui, d’actualité, signés. J’ai répondu comme je pouvais. Vous

vous intéressez aux textes et avez appris la langue arabe pour avoir votre propre traduction.

Mais sur cette problématique du djihad, nous avons trouvé des justifications du djihad à

l’époque contemporaine concernant les Juifs, les Américains etc. c’est un cocktail.

Votre 1er voyage en Egypte date de quand ? la date exacte, c’est impossible de m’en souvenir.

Vers 2006. Au parloir vous parlez d’un voyage en 2005. Ce n’est pas en 2005 j’ai dû me tromper.

Vous rentrez du Caire lors de votre dernier voyage et vous demandez vite un passeport

algérien. Je pense que je voulais aller en Algérie et ça permet de ne pas avoir besoin de visa

comme pour le passeport français. Je voulais visiter mon père ou mon pays natal, où est le

problème ?

Sur cette notion de cadeau. Peut on comprendre que vous auriez fait référence à la notion

d’intersession ? non pas du tout. Est ce que le cadeau de votre frère c’est l’intersession, c’est à

dire faire entrer au paradis par le sacrifice ? non.

- Questions de la défense Sur ce que vous dites de votre frère. Dans les cités en France, il y a des gens qui considèrent

malheureusement que Mohamed MERAH est un héros. Au Maghreb, plein de gamins portaient

des T-shirts de Ben Laden. Vous avez eu une enfance atypique ? oui.

Dans ces documents retrouvés, en avez-vous écrits ? aucun. Est ce que ça démontre votre

intérêt ou votre adhésion ? j’ai un regard intellectuel, critique dessus.

178

Il y a eu une tentative de suicide ? j’en ai entendu parler. Il était pourtant déjà converti, est-ce

compatible ? non c’est interdit.

Vous avait-il dit ce qu’il envisageait ? il ne m’a jamais fait part de cela.

La religion était elle un prétexte à une volonté sanguinaire, un déséquilibre ? je pense qu’il a

utilisé l’Islam comme prétexte pour ses actes.

Lorsqu’on est parti on avait un point commun qui était l’Islam, moi j’étais axé sur les textes, je

reviens tout le temps aux textes originels. Mon frère, sur chaque chose qu’il faisait il fallait qu’il

ait des avis allant dans son sens. Quand je répondais par le contraire, ça l’irritait. Il trouvait des

contradictions. Il picorait. Si ça n’allait pas dans son sens il allait voir d’autres personnes. Voilà

sa personnalité du côté religieux.

23/10/2017

Christelle CLAUZEL

Elle connaissait les deux accusés.

Dans quelles circonstances avez-vous connu Fettah MALKI ? J’étais sa voisine du dessous aux

Izards. Il était mineur. On a eu une relation plus tard. Ma fille est née en 1998. Et notre fille en

2002. Elle va avoir 15 ans. J’ai six enfants.

Il y a eu des hauts et des bas, il a un caractère colérique. On s’entend mais sans s’entendre, je

ne le voyais pas souvent il était avec ses copains. On n’a jamais vécu ensemble.

Il était jeune dans sa tête, pas mûr, il y avait de la jalousie on se disputait souvent.

Il habitait chez sa mère. Quand il venait c’était souvent la nuit. Ça pouvait être 4 ou 5 jours. Il

ne me prévenait pas, ma porte était ouverte. C’était chaotique.

Il venait avec quel type de véhicule ? ça dépend, ses copains lui prêtaient des véhicules. L’Audi

appartenant à Karim MESBAH vous l’avez conduite ? oui.

Il n’est pas très paternel, il a dû mal à exprimer son amour.

Il a une autre fille ? Oui je le sais.

Vous avez peur de lui ? oui car il est colérique, on s’est disputé plusieurs fois. Ses problèmes

judiciaires étaient liés soit à l’alcool, soit à vous.

Que saviez vous de ses activités quand vous viviez avec lui ? il vendait des choses pas très

légales ? oui. Par exemple ? de la drogue. Des choses volées ? Non ce n’est pas son truc.

Il vous aidait financièrement ? un petit peu, les factures, toujours en espèce, quand j’en ai

besoin.

Sur sa mise en cause ? les armes je ne sais pas si c’est celle-là. Vous le voyez ? non c’est trop

loin, il a écrit à sa fille. Est ce que vous lui téléphonez ? non. Pourquoi ? je ne sais pas. Aucun

179

contact ? non qu’une lettre. Vous avez reçu un coup de fil ? oui je ne sais pas les dates, il voulait

des nouvelles de sa fille et de sa mère, sa tante.

Sur les armes ? Il est venu un soir et m’a demandée de les cacher, je l’ai fait dans mon jardin. Il

y a un puits. Je les ai cachées dans la terre. Il en amenait souvent ? non c’était la première fois.

Vous avez eu peur de voir ces armes ? non. Ce n’était pas mes affaires.

Il était tout seul ? je ne sais plus. Combien d’armes ? je ne sais plus. Il y en avait 2. De quelle

sorte ? je ne connais pas les armes. Mais c’est vous qui aviez cité les noms. Je sais qu’elles

étaient rouillées. Quand elles sont arrivées elles étaient normales. Un Uzi je pense, mais les

noms je ne sais pas. Comment vous avez sur les noms ? Je lis beaucoup la dépêche. Je ne m’y

connais pas en armes.

Vous avez pensé que c’était l’arme des assassinats ? les gens en parlaient. Fettah MALKI ne

vous a pas dit que c’était peut-être son arme ? si.

Vous dormiez ? je ne sais plus. Je sais qu’il les avait achetées pas chères. Je ne sais plus quand.

Je les ai enterrées toute seule. Pourquoi avez vous dit que vous les aviez enterrées à deux ?

j’avais peur. Il vous a menacé ? non. Comment ? avec une cuillère, il pleuvait beaucoup à cette

période. En pleine nuit ? oui. Je ne sais pas s’il pleuvait mais c’était humide.

Vous n’avez pas eu peur en les essuyant ? non, sur le coup je n’ai pas réfléchi.

Il ne vous avait pas téléphoné avant ? non.

Vous n’aviez pas peur pour les enfants, ils vont dans le jardin ? pas derrière le puits.

Ensuite ? Fettah MALKI vient ainsi que Mohamed, il me demande les armes alors je vais les

chercher. Il savait où c’était mais pas l’endroit précis. Je les déterre. Elles étaient toutes

humides. La serviette s’est désintégrée, le sac, le plastique tout était mouillé.

Qu’est ce qu’à dit Fettah MALKI ? Il y avait de la rouille, on les a essuyées. Mettre de l’antirouille.

Je n’en avais pas. Je ne sais plus. On les a nettoyées mais le produit je ne me souviens plus.

« Avec un produit exprès au bazar de la ville ». Si je l’ai dit c’est que c’est ça. Il m’a aidée je

crois, j’ai essuyé. Vous saviez le faire ? non. Il y avait encore de la rouille.

Et Mohamed MERAH ? Il est venu prendre les armes, la nuit. Est ce le 26 février 2012 ? je pense.

Petit, je l’avais déjà vu comme son frère Abdelkader, il était connu au quartier, c’est des jeunes

de quartier, ils se connaissent plus. Etait-il plus connu que d’autre ? quand on dit MERAH, on

sait que c’est lui. Qui était plus ami avec Fettah MALKI ? C’était plus Kader.

Le coup de couteau à Abdelghani MERAH, vous étiez au courant ? non.

Vous étiez surprise de voir Mohamed MERAH chez vous ? non, c’est une connaissance à lui. Je

l’ai vu une fois.

Il a examiné les armes ? je ne sais pas, il en a démonté une, je ne sais pas laquelle. Il l’a prise

quand même.

A la base il les avait achetées pour les vendre plus chères, on a dû la lui proposer peu chère.

180

Il y a un gilet pare-balles ? oui je l’avais dans la chambre il me l’a ramené. Avant ou après les

armes ? à peu près pareil, je ne sais plus. Je l’ai essayé par curiosité. Il y avait écrit police. Je ne

sais pas comment il l’a eu. Je l’ai caché sous le canapé de ma chambre. Vous l’avez sorti quand

Mohamed MERAH était présent ? je ne sais plus.

Est ce qu’il amenait de la drogue chez vous ? non c’était un fumeur c’est tout. Une fois.

Des bijoux ? il y avait des bagues, boucles d’oreilles, dans une poche en plastique. Elles étaient

étiquetées. Ça vous a surprise ? oui. Vous lui avez dit quoi ? rien. Je les ai gardés dans la cuisine.

Ordinateur ? il l’avait acheté à sa fille pour lui faire plaisir, MacBook blanc. Avant les bijoux et

les armes. Les avants avaient jeté du café dessus alors il ne marchait plus. Il l’a acheté à Kader,

à Mohamed.

Il m’avait dit que Mohamed MERAH les lui avait vendus.

Comment vous avez appris les faits ? je crois qu’il était au café du village, il a vu les infos et il a

eu un doute, pensant que c’était les siennes. Pourquoi ? je ne sais pas.

Je ne suis pas de ce milieu là, des quartiers, c’est pas mon monde. Fettah, Ce n’est pas

quelqu’un qui fait son ramadan en entier, qui est dans la religion. Pas comme l’ensemble des

jeunes du quartier. Abdelkader et Mohamed MERAH l’était un peu plus je pense, ça se voit avec

la tenue. Ils vous ont parlé ? non, je n’ai jamais discuté avec Abdelkader. Je lis beaucoup la

dépêche, c’est mon ressenti personnel.

- Questions des parties civiles Concernant la destination des armes : D4253 vous avez dit penser qu’il les avait achetées pour

les revendre. Savez vous que le trafic d’arme est interdit ? beaucoup de choses dans la vie sont

interdites, mais après c’est quelqu’un qui venait d’un quartier il voulait se faire des sous.

Vous dites ensuite, ce n’est pas un terroriste. Ce qu’on lui reproche pour moi ça ne l’est pas.

C’est quoi pour vous un terroriste ? quelqu’un qui tue les armes, le mien il essaye de se faire

des sous c’est tout.

Sur Abdelkader MERAH vous dites que vous ne l’aimiez pas beaucoup ? on juge les gens à leur

apparence après je ne le connais pas.

Vous aillez de temps en temps aux Izards ? oui je faisais mes courses, j’accompagnais sa mère.

- Questions de l’Avocat général Devant le Juge d’instruction vous expliquez que sur cette histoire de clé, vous avez parlé avec

Fettah MALKI, il contredit la dépêche en disant qu’il avait pu la poster car ile se trouvait au

quartier. Donc Fettah MALKI l’avait-il vu avant l’intervention du RAID ? Je ne sais pas.

181

Depuis quand vous n’êtes plus en contact avec lui ? 2 ans. Récemment contact téléphonique

depuis sa cellule ? non.

Vous dites avoir peur de Fettah MALKI. Cela fait 15 ans que je me tais. Vous avez reçu des

armes, de la drogue, des bijoux volés donc vous avez fait un certain nombre de choses. Aviez-

vous donc une relation de peur ? oui.

Vous avez appris qu’il avait une relation et un autre enfant ? oui je l’ai appris quand il était en

prison, elle m’a appelée.

Il achetait des armes pour les revendre ? je le savais oui. Il m’a dit qu’il les avait achetées pour

les revendre plus tard.

Qu’avez-vous perçu des relations entre lui, sa mère et sa tante ? il les aime. Ce n’est pas pareil

mère et fils. Il na pas eu l’amour paternel.

Vous avez indiqué sur sa façon de s’habiller ? il portait la barbe, il sortait de la mosquée en

tenue, pour moi c’est qu’il est dans la religion.

- Questions de la défense Vous avez 6 enfants de 6 papas différents : je les élève seule. C’est une relation secrète au

début entre Fettah et moi, il vient quand il veut, vous vous disputez, il vous bat, et il va être

jugé pour cela ? oui. Il aime blesser, pour montrer qu’il existe, attirer l’attention.

Sur l’ordinateur, il n’y avait rien dessus ? Non.

Vous ressortez les armes de leur cachette et elles sont en très mauvais état, mouillées ? oui il y

avait même de la peinture partie. Il vous demande de les nettoyer et vous accepter. Etaient-

elles revenues en très bon état ? non, la peinture était partie. Sur la suite, vous l’apprenez par

les journaux, les rumeurs, mais de M. MALKI ? quand ça s’est passé, il est au café et il comprend

que peut être l’arme avait été utilisée. Oui.

Les bijoux, il les tient de Mohamed MERAH et vous le dit ou vous l’apprenez par la suite ? je l’ai

appris par la suite. Il y avait un article sur ça.

Pour vous il n’a jamais été un terroriste, un tueur mais un délinquant du quartier des Izards ?

oui c’est ça. C’est un quartier difficile ? oui très difficile.

Vous dites qu’il y avait deux armes, l’une très mouillée et l’autre un peu moins. Quelle était la

plus rouillée ? pour moi c’était la plus petite. L’Uzi.

Parmi les affaires que vous avez rendues, se trouvait une arme. J’ai tout mis moi-même dans le

coffre, des amis devaient les récupérer.

INTERROGATOIRE DE FETTAH MALKI

182

Vous êtes de confession musulmane mais ne pratiquez pas ? oui c’est ça.

Formations religieuses ? non pas du tout.

Fréquentation de mosquées ? non pas du tout.

Condamnation pour une violation de domicile, soustraction d’enfants et port d’arme illégale,

pour fêter l’Aïd. C’est plus culturel que religieux, ma mère m’a demandé d’aller chercher la

petite et c’est ce que j’ai essayé de faire.

Vous avez été élevé par votre mère seule, et votre tante.

Sur les actes quelle est votre position ? naturellement en tant qu’humain je les condamne.

Partagez vous l’idéologie véhiculée par les mouvements extrémistes ? je ne fais pas partie de

cette idéologie là, je n’ai rien à voir. Je suis plutôt à des années lumières de tout ça.

Vous n’êtes peut-être pas tout à fait indifférent à la religion ? c’est une question de tradition,

en Algérie les femmes et les hommes ne se mélangent, pas c’est culturel. Rien à voir avec la

religion.

Depuis quand connaissez vous Abdelkader MERAH ? 1997 à peu près.

Comment l’avez vous connu ? je l’ai connu au quartier, dans la cité des Izards, on a fini par

sympathiser. A partir de 2006 on s’est perdu de vue. C’était un bon ami à moi. Je suis un peu

solitaire mais avec lui on s’entendait bien par rapport aux autres. J’ai trouvé que c’était un bon

ami, sincère et tout ce qui va avec.

Vous avez commis des faits ensemble ? oui quelques-uns, des vols, on buvait de l’alcool, on

draguait des filles.

Sur les coups de couteau ? Je vois Abdelghani avec un club de golf, je suis parti trouver

Abdelkader pour le prévenir que son frère lui faisait un guet-apens il a pris sa voiture et l’a

détérioré. C’est Abdelghani qui a commencé. Je n’ai rien vu spécialement, j’ai simplement vu

du sang et apparemment il y a eu des coups de couteau. On a essayé ensuite de les séparer. Je

n’ai aucun intérêt à le couvrir je dis simplement la vérité.

Pourquoi la coupure en 2006 ? j’ai appris qu’il est parti en Egypte et par la suite il est devenu

un peu religieux tandis que moi non. Je ne pense pas qu’il aurait voulu côtoyer un délinquant

ou une personne moins religieuse. On n’avait plus rien en commun. On se croisait, on se disait

bonjour, comment ça va, la famille.

Vous avez vu ce changement ? bien sûr puisqu’il ne trainait plus dans la cité.

Il a essayé de faire du prosélytisme ? non jamais.

Vous avez indiqué être un peu le commercial de la cité ? j’achète tout et je revends tout, pas

nécessairement de choses venant du vol. Stupéfiants ? ça m’est arrivé. Le plus souvent des

choses légales comme les voitures. Tout le monde le savait dans la cité ? il y en a plein.

Abdelkader MERAH le savait ? non je ne pense pas, à partir de 2006 il ne trainait pas beaucoup

dans la cité.

183

Sabri ESSID, Olivier COREL, CLAIN ? J’ai seulement aperçu Sabri ESSID aux Izards mais je ne l’ai

plus jamais revu. Artigat ? je n’en ai jamais entendu parler, seulement au cours de ces trois

semaines.

Que saviez vous des relations d’Abdelkader MERAH ? Je ne m’intéressais plus à sa vie. Je n’étais

pas plus proche de Mohamed MERAH. Je le voyais un peu plus souvent en 2011 et 2012. Il

passait dans le quartier, c’est juste comme ça.

Je connais Mohamed depuis les années 2000, il était tout jeune. J’étais un grand de la cité, il

avait du respect pour moi donc j’en avais aussi pour lui.

Chaque fois que Mohamed MERAH me voyait il venait me voir quand je fréquentais son frère,

me posait plein de confiance et c’est une question de confiance, le sentiment qu’il me donnait

quand il venait me parler.

Fin juillet 2011 Mohamed MERAH vend son véhicule pour financer son voyage au Pakistan et il

demande à l’acheteur un chèque de banque qui se retrouve sur votre compte. Il m’a proposé

un véhicule je n’ai fait qu’acheter. Je pense qu’il avait besoin d’argent et il savait qu’il ne pouvait

pas la vendre à ce prix alors je l’ai acheté.

Vous avez été dans la négociation, vous avez eu une femme au téléphone ? oui mais je ne sais

plus qui c’est. Vous étiez présent avec M. PRADEL ? Oui. Mohamed MERAH voulait d’abord des

espèces ? oui mais M. PRADEL préférait un chèque de banque donc je n’allais pas refuser.

Vous acheté la voiture de Mohamed MERAH 3000 et vous la revendez 4400. Et Mohamed

MERAH est au courant de ça ? ce n’est pas son problème c’est normal que je récupère cette

somme c’est moi qui l’ai acheté. Je lui ai donné 3000 en espèces quelques jours après.

Vous savez que par la suite il a fait des voyages notamment au Pakistan ? oui je l’ai su ensuite

dans la presse.

Les armes enterrées auraient été acquises en janvier 2011. Oui.

Dans quelle circonstance cette vente se fait ? au tabac des Izards il me dit qu’il a une voiture à

vendre. Je n’ai pas changé la carte grise.

Quelles étaient les relations de Mohamed MERAH à cette époque ? Il était dans le quartier. Je

ne suis qu’une seule fois chez Mohamed MERAH quand il était malade et je n’ai jamais vu Sabri

ESSID. Après l’hospitalisation. On était trois-quatre personnes et on a su qu’il était

pratiquement mourant et on voulait lui rendre visite, parce que c’est quelqu’un que je connais

et que j’ai apprécié par le temps. C’est une bonne connaissance de quartier.

Il vous a dit qu’il rentrait du Pakistan ? Non jamais il nous a dit qu’il était en Algérie.

Jamel SLIMANI ? C’est une bonne connaissance de quartier. Il dit que Mohamed MERAH voulait

absolument se marier. Oui je savais qu’il allait se marier. Il lui a dit vouloir une fille portant le

voile ? Mohamed ne se confie pas à moi, je ne parle pas beaucoup, si je n’ai rien à dire je ne

parle pas, parfois je n’écoute même pas les gens ils parlent dans le vent. Je ne parle jamais des

gens, j’ai tout le temps la tête en l’air en me rongeant les ongles.

184

Quand j’ai fait le lien c’est lorsque la police fouillait le quartier et parlait un Uzi qui s’enraille j’ai

pensé à lui.

En 2012 vous étiez souvent avec Mohamed MERAH ? Non pas du tout. Je le croisais dans le

quartier mais il n’était pas souvent avec moi.

Après son mariage, vous l’auriez raccompagné à Blagnac et joué au foot avec lui ? c’est plutôt

lui qui m’a accompagné. Il me devait de l’argent car je lui avais vendu une voiture.

Le 26 février 22H43, Mohamed MERAH retire 400 euros, ça ne vous dit rien ? non.

Mohamed ne m’a appelé qu’une seule fois au téléphone on n’était pas vraiment des amis et si

quelqu’un a besoin de moi il me trouve dans le quartier. Je n’utilise pas de téléphone car je n’ai

pas envie qu’on me dérange. Moi je n’aime pas ça, ni facebook ni rien.

Comme je n’ai pas de téléphone j’en ai acheté un à 20 euros pour joindre ma mère donc quand

il m’a appelé j’ai halluciné qu’il ait ce numéro.

Vous l’avez jeté ensuite ? oui je lui avais confié quelque chose donc automatiquement j’ai eu

peur. L’appel concernait le gilet pare-balles ? oui c’est ça, il m’a demandé juste de se voir.

Vous n’avez jamais entendu dans sa voiture des chants glorifiant l’extermination des mécréants

ou ce genre de choses ? jamais.

Si tout se dit dans le quartier comment avez-vous pu ne pas savoir pour sa radicalisation ? moi

je ne m’intéresse pas à la religion, je suis un délinquant, je ne parle pas aux gens, et même avec

eux mon esprit par loin, je n’écoute pas. Je suis d’origine musulmane donc quand quelqu’un

rentre dans la religion ça ne me choque pas, ça peut faire du bien quelle que soit la religion.

Il a déjà essayé de me dire de prier etc., mais quand il me parle de religion ça ne m’intéresse

pas alors il a lâché l’affaire. Il a évoqué le djihad devant vous ? jamais. Il tenait des propos

virulents, parlait ouvertement du djihad, impulsif, vous n’avez jamais entendu ça ? je n’ai jamais

entendu ça.

Sur des vidéos de décapitation ? pourquoi il m’aurait montré ça ? je ne suis pas de sa

génération, il me respecte. Je n’ai jamais vu de vidéos comme ça. Ça ne m’intéresse pas.

S’agissant de la fourniture du gilet pare-balles, il apparaît qu’en 2011 il vous a vendu un

ordinateur MacBook. Oui c’est ça, 500 euros. Blanc. Plutôt en novembre. A son retour du

Pakistan ? oui c’est ça. Il est où ? ma fille m’a dit qu’elle a cassé l’écran et l’a jeté. Je n’ai pas

cherché à comprendre. Je pense qu’il a été jeté fin 2012, début 2013.

Sur l’origine de la panne, les avis ne concordent pas, café versés ou écran cassé ? l’alimentation

ne marchait pas très bien il fallait changer le fil ce qui était assez couteux. Après le jour ou il a

été cassé je n’étais pas là.

Circonstances concernant le gilet pare-balles ?

Février 2012 il était insistant sur le gilet pare-balles que je voulais garder. Il m’a proposé de l’or

alors j’ai décidé de le lui vendre. Je lui ai donné le gilet mais je n’ai pas eu ni d’or ni d’argent. Je

lui ai fait confiance je sais qu’il m’aurait payé par la suite. Pour les armes j’ai montré l’Uzi en lui

185

demandant s’il savait enlever la rouille. Je lui ai dit que je préférais enlever la rouille. Il a pris

son gilet et il est reparti. Mme CLAUZEL m’a rendu mes affaires avec l’arme dedans. Elle voulait

me balancer à la police car j’avais une arme j’ai eu peur. Et je ne voulais pas laisser ça chez ma

mère malade. Au tabac j’ai croisé Mohamed et je lui en ai parlé. Je lui ai alors donné pour qu’il

me la répare, nettoie et on ne s’est plus reparlé.

Mais vous avez pensé que l’arme utilisée était la votre ? j’ai pensé qu’il l’avait nettoyée et

remise à neuf.

Vous avez récupéré de l’argent ? je lui ai confié seulement pour qu’il me la nettoie.

Cette version est différente des anciennes qui varient, vous aviez dit qu’il voulait vous vendre

les armes et le gilet pare-balles, et cette version est différente de celle de Mme CLAUZEL. Elle

affirme que Mohamed MERAH est reparti avec l’arme. Moi j’ai eu peur d’un traquenard. Vous

avez obtenu le gilet comment ? je l’ai acheté à deux jeunes aux Izards. Vous aviez compris qu’il

était volé ? oui naturellement. Comment ? Il y avait écrit police et le nom d’une femme.

Vous lui aviez dit qu’il était fou et il vous a répondu qu’il ne s’arrêterait pas. J’ai cru qu’il allait

faire une course poursuite avec la police. Il était fou d’avoir des armes dans la voiture.

Pourquoi vous pensez qu’il achète ça ? pour faire un cambriolage ou des choses comme ça. Il

est connu dans la cité pour faire des courses-poursuites avec la police, qu’est ce qui est

étonnant ? dire qu’il est fou c’est une façon de parler. Mais quand il dit qu’il ne s’arrêterait

pas ? c’est face à la police, moi je me serais arrêté. Il était fou de foncer quand la police le

poursuit.

Les armes vous les avez eues comment ? un petit jeune que je ne connais pas. Comment

Mohamed MERAH est au courant que vous avez des armes ? Le bouche à oreille, il y avait des

gens à côté quand je les achète. C’est un type qui est venu en survêtement et nous demande

si quelqu’un est intéressé par des armes. Comme j’avais l’argent à disposition j’en ai pris.

Pourquoi lui avoir demandé d’enterrer les armes ? parce que c’était sa maison, alors que chez

moi les voisins m’auraient dénoncé. Tout le monde fait comme ça.

Je les ai achetées 2000 euros chacune et j’aurai pu les vendre 6000 environ.

Vous aviez promis ces armes pour quelqu’un ? non sinon je ne les aurai pas enterrées je les

aurais gardées à Toulouse.

- Questions des parties civiles Les intentions de Mohamed MERAH étaient notoires ? vous croyez que le terrorisme se chante

dans les rues ? Je ne pense pas que Mohamed MERAH venait voir une personne pour lui parler

de ça. C’est possible qu’il l’ait dit à certains mais pas à moi. S’il m’en avait parlé je l’aurai dit

mais il ne l’a jamais fait. Il ne trainait pas avec moi, il a pu m’accompagner mais sans plus et moi

je ne suis pas tout le temps en quartier non plus.

186

Beaucoup de gens étaient au courant de la radicalisation de Mohamed MERAH mais vous n’en

savez rien ? pourquoi je serais obligé de savoir ? parce que je me retrouve dans le box ? non

parce que vous y habitez. Je ne sais pas. Je ne m’intéresse pas à la vie des gens. Vous avez

indiqué au Président que quand vous donnez cette arme : tout était possible avec lui. Je ne

peux pas être dans la tête des gens. Je ne sais pas s’il compte vendre ou faire un braquage.

Vous faites monter les enchères sur votre trafic alors qu’en général le box essaye de minimiser.

Parce que la justice me reproche 120 000 euros, tout est saisi je ne peux pas mentir.

Vous avez indiqué que c’est après la tuerie de l’école Ozar Hatorah que vous avez eu un

soupçon sur le fait que ce soit Mohamed MERAH qui ait commis ces faits. Vous avez dit qu’il

détenait un arsenal et que vous avez vendu le gilet pare-balles. S’il voyait les policiers de toute

façon il irait jusqu’au bout. Non pas du tout : Je ne m’arrêterais pas. Est ce que vous saviez que

Mohamed MERAH maniait le scooter extrêmement bien. Après ces tueries, on sait que c’est le

tueur au scooter qui a commis ces actes. Dans ce contexte, vous n’avez jamais eu un soupçon

après le 15 mars ? je ne comprends rien il mélange tout, le gilet a été vendu en février. Pourquoi

je le saurais ? Je ne peux pas m’en douter car je ne savais pas qu’i avait un TMAX et je ne savais

pas quand ça avait été vendu, je ne regarde pas la télé.

- Questions de l’Avocat général Est ce que vous confirmez que vous avez vu Mohamed MERAH avec une arme à la ceinture ?

Je n’ai jamais dit ça. Je ne l’ai pas vu avec une arme à la ceinture.

D3842 vous affirmez plusieurs fois avoir vu Mohamed MERAH avec un pistolet avec chargeur.

Vous avez souvent invoqué la rumeur de la rue. Comment vous faites des affaires si vous êtes

solitaires ? c’est des connaissances du quartier les clients, de l’école etc. mais je ne raconte pas

ma vie. Parfois ils sont dans d’autres quartiers. Ça ne m’empêche pas d’être solitaire.

Abdelkader MERAH qui lui voyage et a déménagé est au courant de la radicalisation de

Mohamed MERAH. Moi j’ai tout le temps la tête en l’air, la vie des gens ne m’intéresse pas.

Vous avez vu Sabri ESSID une fois et ce n’est pas quelqu’un que vous croisez ? il était en prison.

Je ne l’ai vu qu’une fois.

Vous avez déclaré ne pas avoir été invité au mariage de Mohamed car c’est un mariage

religieux. Religieux ou pas j’étais en Tunisie. Ça veut dire pas à la mairie tout simplement.

Sur les armes, Mohamed MERAH a dit avoir payé cher les armes. Or vous dites qu’il n’a rien

payé et que les armes vous les lui avez passées pour les nettoyer. J’ai l’impression d’être un

gros bandit. Mohamed peut dire ce qu’il veut. Je ne lui ai pas vendu toutes les armes, pourquoi

il parlerait spécialement de moi ? vous avez soutenu que vous ne faites pas de cadeaux, vous

vendez. Donc je ne comprends pas que vous ayez donné une arme à nettoyer, alors que vous

avez aussi dit avoir vendu les armes à crédit. Je n’ai jamais dit avoir vendu à crédit les armes,

seulement le gilet.

187

D3861 : Vous aviez décrit Mohamed MERAH comme un petit voleur. Donc si vous lui fournissez

une arme, vous pensez qu’il fera un braquage ? pourquoi voulez vous que je pense. Avant qu’il

commette ça ce n’était pas un terroriste.

Abdelkader MERAH et vous mêmes accusez tous les deux LARBI BEY. Vous pour le braquage de

la bijouterie. Je n’ai jamais fait d’affaire avec Mohamed MERAH sur la bijouterie c’est LARBI BEY

qui a fait ça avec lui. Or il indique ne vous connaître que de vue. Moi j’ai acheté les bijoux à

LARBI BEY je n’ai jamais eu de contact avec Mohamed MERAH ni monté dans sa Clio.

Vous avez dit à l’expert psychiatre : si vous aviez su qu’il allait commettre ces faits, vous auriez

effacé vos empreintes. J’ai voulu dire que si j’avais participé cela on ne m’aurait pas eu aussi

facilement.

- Questions de la défense Parlez vous de religion avec Mohamed MERAH ? Non pas du tout.

Avant le 11 mars, que savez vous de Mohamed MERAH sur son engagement terroriste, sa

radicalisation, et saviez vous ce que ça voulait dire ? non pas du tout. Taqyia ? je ne l’ai su qu’au

cours du procès, je n’en savais rien avant.

Vous visitez votre copain Mohamed MERAH parce qu’il est hospitalisé, vous le revoyez en

février et lui vendez le gilet pare-balles ? oui c’est ça. Vous lui confiez votre arme ? oui c’est ça.

Donc vous le voyez 3 fois, et peut être une fois pour jouer au football ? oui c’est vrai je viens de

m’en souvenir on est parti jouer au foot.

Avant le 11 mars, vous ne savez rien de la radicalisation susceptible de commettre les actes

qu’il commet ? ça ne m’a jamais traversé l’esprit, c’est impossible. S’il m’avait parlé de ça je ne

l’aurai jamais connu.

Il allait en boite de nuit ? novembre ? jusqu’au mois de mars il y allait. Ça ne le dérangeait pas

car il était avec des copains à moi en voiture et il y avait de la musique. Toute sorte ? oui.

Vous connaissez SLIMANI ? C’est l’un des meilleurs copains de Mohamed MERAH avec LARBI

BEY. On demande à SLIMANI, qui logeait chez MERAH en janvier 2012, et l’emmène faire du

ski, concernant Fettah MALKI « que pouvez vous dire à son sujet » ? il répond, « c’est un

solitaire. Il allait beaucoup à la campagne. Il m’avait présenté deux copines à lui là bas. Et je suis

allé plusieurs fois avec lui voir ces filles ». Oui c’est vrai.

D4517. Mohamed je ne le voyais pas très souvent, il était respectueux avec moi et c’est tout.

Concernant le Pakistan, question posée à SLIMANI : pouvez nous apporter des éléments de

précision entre son retour du Pakistan et la commission des faits ? je ne savais pas qu’il y était.

25/10/2017

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DÉCLARATIONS DES PARTIES CIVILES

M. Samuel SANDLER

Je suis là depuis le début, je souhaite marquer une reconnaissance envers la justice pour tout

le travail réalisé jusqu’à ce jour.

Je pensais qu’en France plus jamais on ne tuerait des petits enfants parce qu’ils sont Juifs,

jusqu’au 19 mars 2012.

Les nazis cachaient leurs crimes. L’assassin était fier de ses actes, a filmé, fait un montage,

identifié les victimes, un véritable enfer. Je refuse de prononcer son nom, cela lui donnerait

une étincelle d’humanité que je refuse.

Certains mots m’ont frappé : que c’était une exécution, comme s’il obéissait à des ordres. De

nombreux témoins ont dit que le maître à penser pouvait être son frère.

Jonathan a passé une partie de sa scolarité à Toulouse. Quand il est revenu d’Israël, il a voulu

restituer à l’école ce que l’école lui avait apportée.

Il écrivait dans un journal français en Israël. Son dernier écrit a été : « un célèbre philosophe

français, Sartre, disait que l’enfer c’est les autres »

La dernière fois que je les ai vus, je sortais du métro, ils ont sauté dans mes bras et nous étions

heureux.

Arieh était plein de gentillesse et de sensibilité pour ses grands parents. Gabriel le jour des faits

avait encore une tétine dans sa bouche. Je lui faisais toujours une blague sur coca cola et il

répondait papi café.

Eva SANDLER s’est installée à Sarcelle au lendemain du drame, a travaillé pendant 3 ans puis

est retournée à Israël pour se rapprocher de Jonathan et des enfants, étant enterrés à

Jérusalem. Ma fille, la sœur de Jonathan avait entendu les coups de feu ayant tué la policière

lors des attentats de Charlie Hebdo, ce jour là, elle a voulu partir. Elle habite près d’Eva en Israël.

M. Nicolas RANCON

Je suis venu apporter mon soutien à la famille SANDLER et MONTSONEGO. J’ai quitté la France

après les attentats.

Ce jour là, le matin nous sommes passés devant Jonathan avec mes enfants. Je l’ai connu

enfant. J’étais à la synagogue avec mon fils et nous nous préparions pour prier. On a crié dans

la salle « ça tire dehors » il y a eu un mouvement de panique. Je suis resté dans la synagogue,

j’ai attendu. Je suis sorti avec mon fils ensuite, et j’ai vu les corps, tenté de réanimer Myriam

MONSTONEGO. Je l’ai vue mourir et mon fils de 17 ans a vu Arié. Il a fini son BAC S et est parti

étudier en Israël. Je suis également suivi encore aujourd’hui.

Attentat de la rue des Rosiers décès de mon oncle. Même cause, l’antisémitisme.

189

M. Albert CHENNOUF

Je tiens à souligner cette barbarie financée par le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Le 15 mars 2015 j’étais dans mon atelier quand mon fils m’appelle pour me dire de regarder ce

qu’il se passait à Montauban à la télé. J’appelle mon autre fils, je prends le téléphone de sa

mère à qui il répondait toujours. Il ne répond pas. Je dis à ma femme « ton fils est mort ».

La première question que le colonel me pose, c’est est ce que votre fils touchait aux stupéfiants,

c’est terrible.

J’ai sur par des services des renseignements que le 13 mars le sort était scellé pour mon fils, il

n’y avait pas de loup solitaire. M. SQUARCINI nous vend du vent.

J’ai quelques griefs, j’en veux à la justice. Mohamed MERAH père, alertant qu’il avait des vidéos

de quoi faire trembler la France. En mai 2015, je reçois un coup de fil des renseignements

généraux indiquant qu’il est à Toulouse. Je viens. Il a été expulsé. J’aurai voulu que la justice

fasse un mandat d’arrêt contre lui et qu’il dise quelles sont ces vidéos.

Les politiques sont complices par leur légèreté. Il y a eu beaucoup de laisser aller.

Je respecterai le verdict. Les MERAH ont tué mon fils, mais ils ne tueront pas l’amour.

M. Hatim IBN ZIATEN.

Ruptures dans nos vies, solidarité avec les victimes.

Lorsque mon frère s’est confronté à son bourreau. Mohamed MERAH lui dit, « tu tues mes

frères en Afghanistan, moi je te tue ». Qu’est ce que ça veut dire ? pour moi citoyen français,

être frère c’est dans le respect de chacun quelle que soit sa religion. Nous sommes tous frères.

Je suis révolté car ouvertement il n’adhère pas aux lois de la République, il fait la distinction. Et

cette distinction est dangereuse, ça ouvre la porte à beaucoup de haine, de terreur. Il dit ne

pas faire partie de cette société mais il est défendu par des hommes, avocats, il bénéficie de

cette égalité alors qu’il respecte sa propre loi.

Il parle de fécondation in vitro, mais c’est aussi grâce à l’avancée des hommes qu’il peut le faire,

alors qu’il ne respecte pas la loi des hommes.

Pour moi l’Islam ça veut dire la paix, pour soi et on la transmet aux autres, vivre avec les autres

et non convertir les autres. Il y a trop d’amalgame. Il y a une communauté musulmane qui vit

en France, citoyens français vivant en paix et aimant la France. Cette haine, terreur essaye de

nous diviser, c’est leur stratégie, leur idéologie. Tuer des enfants de sang froid ça me fait penser

au nazisme. Ils ont pris en otage notre religion et l’ont interprété à leur manière, et disent c’est

ça l’Islam. Pas du tout. Ils sont dans l’erreur.

Espérer que son petit frère soit au paradis, c’est révoltant, il a tué des enfants.

L’affaire MERAH c’est l’acte I. l’acte II, vous les connaissez ces événement tragiques, Charlie

Hebdo, le Bataclan.

190

Mon frère n’a pas voulu s’agenouiller face à son bureau. C’était un militaire et il a résisté face

à son bourreau. Il est resté debout. C’est ce message que je garde. Il faut résister face à cette

terreur.

Je veux qu’on nous protège contre cette idéologie qui est dangereuse pour notre société.

M. Naoufel IBN ZIATEN

Lecture d’un hommage à son frère Imad IBN ZIATEN.

Le 11 mars 2012 résonne dans ma tête chaque jour. Le 11 mars 2012 restera gravé jusqu'au dernier de mon souffle. Mon frère Imad, maréchal des logis-chef, mort pour la nation, mort pour la France, toi qui t'es interdit de te mettre à genoux, je veux rendre honneur à l'homme que tu étais face à ceux qui allaient t'assassiner. (…)

Mme Ikram IBN ZIATEN

Une phrase me dévaste « je suis fier de la façon dont…est mort, il est mort en combattant pour

l’Islam ». Ce frère a participé moralement a éduqué dans l’ignorance. Et elle traduit un Coran

falsifié.

Deux formes d’armes, redoutables. Des armes de feu et de sang, des armes de haine lentement

distillées comme un poison.

Aucune idée n’est faite pour donner la mort et pourtant ce sont des idées qui est ont tué.

Mme Latifa IBN ZIATEN

Je suis entrée en France en 1977, éduquée dans ma famille remplie d’amour et de partage. Je

suis arrivée à Rouan et j’avais la barrière de la langue.

Je souriais et les gens venaient vers moi, m’apprendre. En 6 mois je me suis intégrée. Grâce au

centre social j’ai appris à écrire, lire, lire l’heure etc. je suis fière d’être française, j’ai travaillé et

fondé une famille. C’était mon rêve d’avoir une famille. J’ai travaillé très dur, à 4h du matin, le

ménage, travail dans l’usine etc. je suis fière de mes enfants ils ont réussi.

C’était la maison, l’école, le sport, je n’ai jamais laissé mes enfants dans le quartier.

Imad était quelqu’un de droit, fier, il pratiquait sa religion, fier d’être français. Je n’ai jamais

forcé mes enfants à pratiquer la religion.

Il nous avait offert le voyage en Turquie. Dès le samedi je ne me sentais pas bien sans savoir

pourquoi. Puis mon quatrième fils m’a dit qu’il avait été assassiné, ce n’était pas possible il était

en France, pas en mission.

Au commissariat on était comme des suspects.

191

Il parle de son petit frère mais il ne l’a pas éduqué pour ne pas être une bombe à retardement

pour la société, dans toutes les religions, quelqu’un qui tue gratuitement ne va pas au paradis.

Ils n’avaient ni éducation, ni respect, ni règle de l’islam pour qu’il protège son frère.

Mère de Caroline CHENNOUF

Souffrance qui ne s’est jamais tarie. Plus de 5 ans que ma famille souffre. Caroline m’a

téléphonée pour me dire qu’Abel a été tué. Ma fille enceinte de 7 mois est seule à Montauban.

Elle est venue à pied de l’autoécole jusqu’à chez elle, où les militaires l’attendaient pour lui

annoncer la nouvelle.

Après la naissance de son fils, ma fille a fait une tentative de suicide avec des cachets.

On mène un autre combat car mon petit fils a développé suite à la grossesse une maladie au

niveau des yeux.

Pendant que ces jeunes dealaient Abel était fier d’être militaire. Pourtant il venait d’une famille

pauvre. C’est une idéologie de lâche pour tirer dans le dos.

Mme Alem LEGOUAD

Tous ces gens qui se disent musulmans nous causent du tord. C’est des convictions religieuses

personnelles ça n’intéresse personne. Mon fils voulait s’engager dans l’armée pour venger son

oncle. Ils ont décimé des familles entières. Ce n’est pas l’Islam ce n’est pas vrai.

Mme Radia LEGOUAD

Le djihad signifie combat. Le seul combat qu’on m’a appris est le combat intérieur.

Infarctus, maladies en tout genre, c’est notre vie actuelle.

Moi je suis fière de mon petit frère parce qu’il représentait la France, il ne tuait pas des gens

innocents.

Je n’ai pas entendu parler d’aumône, d’amour de paix.

Un gars de 23 ans ne peut pas faire ça tout seul.

M. Jonathan CHETRIT

J’ai aperçu de ma fenêtre des personnes courir, hurler après avoir entendu des coups de feu.

J’ai vu une personne marcher, en noir avec un casque blanc. Puis 5 coups de feu. Je cours

prévenir le directeur le prévenir. J’ai prévenu les plus petits, m’occupant d’eux.

192

Mme Linda CHARON

J’étais logée chez les MONTSONEGO pendant l’année 2012. J’allais tous les matins à la prière.

Je monte là-haut et j’entends comme des pétards. Jonathan me dit qu’il y a des tireurs. J’appelle

ma mère…

M. Loïc LIBER

Au moment des faits j’avais 27 ans. Je ne respire plus seul, je ne peux pas être présent pour

témoigner en raison de mon handicap. Je n’ai que très peu de souvenirs, les faits sont passés

très rapidement. Avec mes deux compagnons d’armes, mes amis, nous sommes sortis du

régiment et avons retiré de l’argent au distributeur. A partir de ce moment je ne me souviens

plus de rien. Cela fait 5 ans que j’ai perdu mon indépendance, je vis caché, éloigné de ma

famille, mes amis mon île.

Ma vie est devenue un combat.

Chaque matin je souffre au niveau de la moelle épinière et d’atroces douleurs dans le corps,

des difficultés à respirer.

Vous dites vivre caché ? Dans mon état physique d’abord et par rapport à mes connaissances,

un handicap ça change le corps humain. Le corps physique change, j’avais la joie de vivre étant

debout et en l’espace d’un éclat je suis sous assistance respiratoire chaque jour et me voir dans

un lit ou un fauteuil électrique pour moi c’est terrible, je souffre beaucoup.

Vous n’avez pas vu du tout votre agresseur ? non. La seule chose dont je me rappelle c’est tout

ce qui s’est passé la journée et le fait qu’il m’ait tiré dans le dos lâchement.

Je me rappelle de tout ce qui s’est passé le matin, à midi, et en sortant.

- Questions des parties civiles Que représentent les couleurs pour un soldat de France ? c’est servir son pays, c’est quelque

chose que j’admire. Qu’est ce qu’il se passe quand un soldat va aux couleurs à 7h le matin ?

c’est l’hommage au drapeau tous les matins.

M. Victor HAYOUN, père d’Eva SANDLER.

Nous souffrons le martyre, on n’arrive pas à s’en remettre.

193

Cette affaire doit être prise en considération correctement, ce sont des assassins. S’il n’y a pas

un jugement sévère et qui doit trancher et dire que ce sont des assassins, alors chacun peut

faire ce qu’il veut, ça laisse la porte ouverte à Toulouse.

Si on veut que la France se calme dans les assassinats, il faut être sévère avec les assassinats.

J’aurais bien voulu qu’ils soient bien jugés et bien inculpés pour donner l’exemple aux autres.

Grande sœur d’Eva SANDLER

Elle raconte l’enfance et les souvenirs des enfants SANDLER.

M. TEISSIER, juge d’instruction

J’ai commencé à instruire ce dossier au mois de mai 2012, en co saisine.

Pour la première fois depuis 1995 il s’agissait d’un attentat réussi sur le sol français, et l’auteur

principal était décédé.

S’agissant du parcours de Mohamed MERAH nous avions à faire à une personne, à travers de

multiples voyages, ayant essayé de trouver des membres d’une organisation pour s’entrainer

ou obtenir un appui. Ces éléments apparaissaient dès le début de l’instruction car Mohamed

MERAH n’essayait pas de cacher cela. Dans les documents retrouvés se trouvait une allégeance

à Al Qaïda rédigée après les faits.

Une revendication également a attiré notre attention, car faite au nom d’Abu Youssef El

Faranci. Or ce surnom ressortait déjà des mails échangés avec Abdelkader MERAH. S’agissant

de ses voyages en Egypte, à deux reprises il avait rencontré son frère Abdelkader MERAH.

Un axe sur les relations générales entre Abdelkader et Mohamed MERAH

Un axe sur la journée du 6 mars 2012 et les exploitations des supports informatiques.

Rapports très conflictuels entre les deux frères, mais la religion réunissait les deux frères. Les

deux frères avaient eu des rencontres à des dates précises après la commission des faits : le 11

mars, après l’assassinat d’Imad IBN ZIATEN lors d’un match de football, discussion assez

importante entre eux. Le 15 mars, deux rencontres, l’une relatée par les frères B… travaillant

à la carrosserie et l’autre avec Aïcha MERAH. Une dernière rencontre, le 17 ou 18 mars,

annoncée par Abdelkader MERAH lors de sa GAV mais il finissait par dire qu’il s’était trompé

sur les dates et que celle-ci avait eu lieu plus tôt.

Que s’est-il passé entre le supplétif et la nouvelle mise en examen ? le parquet a souhaité que

je notifie à Abdelkader MERAH une qualification criminelle de l’association de malfaiteur en

raison d’une ambiguïté. L’article le prévoyant n’avait pas été visé.

Concernant M. Fettah MALKI il a été renvoyé pour des faits correctionnels or nous sommes

saisis de faits criminels. La Chambre d’instruction, Cour d’appel et Cour de cassation ont bien

confirmés cette incrimination criminelle.

194

- Question des parties civiles Lorsque vous intégrez l’article visé, il ne s’agit pas d’une nouvelle qualification mais d’un ajout

du texte ? la qualification initiale est la même, il y avait simplement omission du texte, qui a été

ajouté.

Vous étiez au moment de l’instruction, juge d’instruction à la galerie antiterroriste. Vous avez

une formation spécifique et connaissance de tous les mouvements islamistes ? en effet. Dans

les cadres des débats devant cette cour, s’est élevé un paradoxe. Il ne pouvait être en aucun

fait le grief d’une croyance. Mais comment, alors que notre socle de constitutionnalité

revendique, préserve les croyances religieuses, est-il possible d’intégrer cette revendication

religieuse comme étant une fin politique, stratégique ? il m’est impossible de répondre à cette

question qui sort de mon domaine de compétence, lequel est de savoir s’il y a lieu de renvoyer

devant une cour ou pas. Je ne suis pas expert en ce domaine.

En quoi le djihadisme s’intègre dans un concept terroriste ? même réponse. C’est une notion

qui revêt des qualifications, sens totalement différents, sociologiques, politiques ou encore

judiciaires. Il est intéressant s’il permet d’attribuer une qualification.

Sur des propos entre Zoulikha AZIRI et Abdelkader MERAH au parloir, concernant les 3000

euros dus à Mohamed MERAH, attribué par Walid LARBI BEY. Abdelkader MERAH aurait dit « tu

n’étais pas au courant ? ils ont volé ensemble » concernant le braquage d’une bijouterie ?

quand j’interroge Abdelkader MERAH, nous n’avons pas encore connaissance du braquage.

- Questions de la défense

Le 10 juillet 2015, je vous transmets un mémoire de 19 pages et vous ne répondez pas.

Pourquoi ? c’est un mémoire envoyé dans le cadre de l’art 75, il était indiqué en tête de notre

ordonnance, que nous y répondrions dans le corps du dossier.

Le 6 octobre, réquisitoire du Ministère public et il n’y a pas d’erreur matérielle. Vous avisez

Abdelkader MERAH que le Procureur de la république estime en réalité que les faits

d’association de malfaiteur constituent des faits criminels. C’est au regard de l’implication

réelle d’Abdelkader MERAH qu’il est poursuivi pour cela. Dans les observations j’ai noté qu’il

avait indiqué que cette mise en examen n’avait rien d’intéressant en ce qu’il s’agissait d’une

erreur de texte.

D7438 : Abdelkader MERAH vous raconte des choses que vous n’auriez pas su sans lui.

Le scooter, s’il n’en parle pas, vous le saviez ? c’est le premier qui parle de vol de scooter.

Je vous ai demandé la retranscription intégrale des audios et vous avez refusé faute d’intérêt

particulier car de manière très claire, Abdelkader MERAH les avait interprétés et les policiers

les ont résumés, « ils n’ont aucun rapport avec les actes commis par Mohamed MERAH ». C’est

la motivation que je vous ai donné. Elle est faite à ce moment donné.

195

Pourquoi la police fait cette reconstitution concernant la masse métallique sur le scooter ? c’est

un transport. Je ne me souviens pas de celui-ci, j’en ai organisé un. Nous étions 3 Juges

d’instruction pour nous rendre compte de ce qu’il en était.

N’étiez-vous pas surpris que je ne fasse pas de demande de liberté immédiatement ? vous

faites référence à une discussion que nous avions eu dans mon bureau, je la considère comme

étant sous la foi du palais.

Sur la possibilité d’un bracelet, savez-vous ce qu’a fait la police pour que cela ne se fasse pas ?

Non.

Sur l’association de malfaiteur, Mohamed MESKINE est désigné par les services de police

comme le 3ème homme. La dame à la caisse lors de l’achat du blouson l’exclut. Pourtant il a été

interrogé sur sa religiosité, ses contacts avec les frères musulmans. Pourquoi ne pas avoir

envisagé de le mettre en examen pour complicité d’assassinat comme Abdelkader MERAH ? les

éléments du dossier à ce moment-là ne permettaient pas de retenir cela, M. MESKINE ne se

retrouvait pas dans la situation d’Abdelkader MERAH.

Que savez-vous de ce qu’Abdelkader MERAH a dit à Mohamed MERAH ? c’est un élément

devant être pris en considération, bien qu’on ne sache pas exactement ce qu’ils se sont dit.

Abdelkader MERAH avait assuré qu’il n’y avait pas eu d’autres questions alors qu’il y en avait

eu à des moments clés. Il y a des éléments différents entre Mohamed MESKINE et Abdelkader

MERAH.

Le 11 mars vous pouvez affirmer qu’ils se sont parlé au football ? les témoignages sont

différents, certains affirment qu’ils les ont vu parler, d’autres n’ont pas vu l’un ou l’autre.

Sur son appartenance à Al Qaïda ? ce sont les éléments figurant dans l’ordonnance de renvoi,

que la Cour les lise. Qui sont les membres de ce groupe affilié à Al Qaïda ?

Qu’est ce qu’Abdelkader MERAH a transmis à son frère et s’est appliqué à lui-même, en termes

de préconisation ? D’abord ce n’est pas ma plume et je ne vais pas m’amuser à interpréter ce

que trois magistrats d’une chambre d’instruction ont inscrit.

Sur le blouson acheté par Mohamed MERAH avec l’aide d’Abdelkader MERAH, vous n’avez pas

remarqué que ce n’était pas celui utilisé par Mohamed MERAH lors des infractions de la

prévention et des crimes de l’école juive.

L’association de malfaiteur, c’est 2011, 2012 ? vous soutenez qu’en 2011 cette association de

malfaiteur est déjà en marge ? pourquoi ne mettez vous pas Abdelkader MERAH dans le

braquage ? la notion de braquage arrive très tard, je n’en ai pas été saisi. Le président : Il est

poursuivi pour « autres actes de terrorisme »

C’est bien en raison d’un non lieu sur la complicité que vous retenez l’association de malfaiteur

criminelle ? même réponse. Je ne vais pas commenter l’ordonnance de renvoi.

Vous confirmez que dans le véhicule Clio on a retrouvé des traces d’ADN de LARBI BEY ? Sur

des éléments non mobiles nous avons en effet retrouvé des traces.

196

- Questions de l’Avocat général Il n’a jamais été indiqué dans l’ordonnance de mise en accusation que le blouson acheté avait

été utilisé pour la commission des crimes. Le blouson ne sert pas aux tirs mais il y a des

repérages pour les cibles.

Karim MESBAH

Il ne s’est pas présenté malgré les 2 messages laissés.

Lecture de ses auditions.

- Questions des parties civiles Questions à Abdelkader MERAH : Karim MESBAH a souvent minimisé ses relations avec votre

frère or il est l’une des dernières personnes à l’avoir vu avant son départ au Pakistan, et il était

présent à son enterrement. Et avec vous également. Sur un courrier D2328/ ? quelle était la

teneur de ces courriers que vous lui adressiez ? je ne m’en rappelle plus.

Quand il vous décrit comme un travailleur sérieux, respectueux, « pour nous c’est quelqu’un

de bien ». Qu’englobe-le « nous » ? Il faut lui poser la question à lui.

Pourquoi vouliez vous que son fils s’appelle Mohamed ? 5778/34 : Abdelkader parle de l’enfant

de Karim, c’est dans un esprit de fierté ? j’ai déjà répondu.

- Questions de l’Avocat général Est ce que Karim MESBAH vous a informé de la visite des policiers et du contrôle de son scooter

le 19 ? oui j’étais chez moi et sa famille était au courant.

- Questions de la défense Vous en étiez informé comme tout le monde dans le quartier ? oui tout le monde savait. Et

vous ne vous êtes pas débarrassé de votre ordinateur ? non j’étais chez moi j’ai continué ma

vie.

Lecture cote 7931/17 : écoute de Karim MESBAH résumé par la police. Il se demandait

comment Abdelkader MERAH avait pu monter la tête de Mohamed MERAH en seulement 10

jours, ce qui démontre la brouille entre les frères et la bonne foi de Karim MESBAH, qui ne se

sait pas écouté.

197

L’avocat général précise que l’ordinateur n’a cependant pas été retrouvé. Ce à quoi répond la

défense, qu’ils entendaient « le matériel informatique » en général.

Partie civile : Diverses écoutes démontrent que Souad MERAH, Sabri ESSID etc. se savent

écoutés.

Ouverture des scellés contenant la veste noire portée par Mohamed MERAH lors des actes

d’une part et la veste noire achetée par lui même et Abdelkader MERAH le 6 mars.

Cote Dom Mer salle 4 blouson montagnard et témoin l’ayant vu cote D 5261/23ET /25

D7680/5.

Défense : On trouve chez lui d’autres blousons discrets donc il n’y avait pas besoin d’Abdelkader

MERAH pour en trouver un.

Lecture des questions qui seront posées au jury.

Lecture de la cote D 1068 Aissa MESBAH

26/10/2017

- PLAIDOIRIES DES AVOCATS DES PARTIES CIVILES

- RÉQUISITIONS DE L’AVOCAT GÉNÉRAL

« De toutes les parties présentes ici, personne n’a les mots pour parler du chaos ».

Il y a les images insoutenables.

19 mars : « lundi pluvieux ». Moins de 21 secondes pour tuer les personnes de l’école. 2

survivants.

15 mars : jeudi noir ; « il distribue les balles jusqu’à qu’il n’y ait plus de signes de vie ».

11 mars : « dimanche après-midi de chien, Imad ne se couchera pas, soldat jusqu’au bout ».

« Tous aimaient la vie ».

C’est un symbole visible qui est visé.

Ce que nous dit A.M c’est que la cible c’est la démocratie, contre les citoyens soumis aux lois

de la République.

Le but c’est répandre l’Islam par l’intimidation et la terreur. Projet politique d’Etat musulman.

« Le terrorisme a, aujourd’hui, un nouveau visage et c’est à la justice de la démasquer ».

198

« Votre décision sera une leçon de démocratie ».

« C’est l’intelligence et la raison qui doivent être mobilisées ».

« Vous ne jugez pas un tueur en série ou un psychopathe, vous ne jugez pas non plus des crimes

mafieux ; vous jugez des crimes revendiqués par une organisation terroriste : Al Qaïda ».

« Vous jugez des crimes qui deviennent terroristes en raison des moyens utilisés : intimidation,

terreur ».

« Entre les frères Merah et les victimes, il n’y a rien de personnel. L’identité des victimes

n’intéresse pas les frères Merah mais la cible est l’Etat français. Les victimes sont prises en

considération du symbole ».

« Les frères Merah avaient un catalogue de victimes en magasin ».

« Les crimes des frères Merah n’ont aucun sens ».

« Il faut remettre le dossier à l’endroit. Vous n’avez pas un vol de scooter par ci, un meurtre par

là. Il faut partir du résultat obtenu pour pouvoir comprendre la logistique qui a été nécessaire

et des responsabilités de chacun ».

Degrés de responsabilités différentes entre A.M et Fettah Malki.

L’objectif est le chaos : déstabiliser l’Etat français.

M.MERAH ne revendique pas à titre personnel, il a essayé d’échapper à sa responsabilité. Ex de

l’appel où il se présente comme membre d’Al Qaïda et non comme Mohammed Merah.

Avec 2012, on découvre le terrorisme et la dissimulation. Avec la dissimulation, on est dans la

société. Le prophète rend le mensonge licite. La dissimulation est « on se fond dans la masse,

on donne le change » dixit A.M. L’objectif est toujours de semer la terreur. Se fondre dans la

société.

Hospitalisation M. Merah le 23 novembre 2011. Abdelghani va venir au chevet de Mohammed

Merah. Abdelkader Merah ne se présentera pas à l’hôpital. « C’est incompréhensible. La seule

explication, c’est que cela s’inscrit dans un contexte djihadiste. C’est risqué. N’oublions pas que

Mohammed Merah a ensuite été entendu par les services de renseignements ».

Décembre 2011 : mariage de son frère.

199

Réconciliation entre ces deux dates. Surprenant…Il faut re contextualiser ces actes dans une

finalité djihadiste.

Le déménagement d’A.M à plusieurs km de Toulouse. Or, A.M n’a jamais été aussi présent à la

Cité des Izards qu’à ce moment-là. Même ambivalence entre Mohammed Merah (qui

fréquente les boîtes de nuit et fait toutes ses prières) et A.M qui déménage mais est encore

plus présent. Tout cela n’a du sens que si cela est contextualisé au vu d’une finalité djihadiste.

« Un homme ne peut tuer que s’il est parfaitement convaincu. Il a dû obtenir une parfaite

justification et cette justification vient de quelque part ». Mohammed a eu besoin d’une

légitimation. Fait un parallèle avec les commandos du 13 novembre où le doute s’est immiscé :

Abdeslam.

Il faut connaître le contexte terroriste pour comprendre les actes des frères Merah.

Ce n’est pas la filière d’Artigat, ce n’est pas Sabri ESSID, ce n’est pas le Bataclan que nous

jugeons. Nous sommes en 2012, il faut re contextualiser.

Les liens entre Mohammed et Abdelkader : auteur principal et complice.

La lutte contre le terrorisme ne déroge pas à l’application du droit.

Vous avez à connaitre l’AMT, c.à.d. des actes préparatoires pour des actions projetées. Ces

actions projetées ont été consommées.

La Cour de cassation a réaffirmé sa conception de l’AMT : « l’AMT est une infraction

autonome » : cela signifie que l’AMT n’est pas une spécificité pour le terrorisme. L’AMT de droit

commun existe. « L’AMT c’est moins que le commencement d’exécution mais c’est plus que

l’intention ». La Cour d’assises n’a pas besoin de donner une définition du ou des actes

matériels. C’est une infraction obstacle : on doit intervenir avant la réalisation de l’infraction,

avant le passage à l’acte.

2ème constante : celui qui participe n’a pas besoin de connaître avec précision le but de l’AMT :

il faut un « acte volontaire de soutien » et « savoir que l’organisation est potentiellement

terroriste ». Ce qui importe c’est que l’acte soit volontaire.

200

L’entente est caractérisée par les liens entre les frères Merah. Malki a fourni des armes et un

gilet par balles. Le MP n’a jamais soutenu que Malki connaissait les cibles des frères Merah mais

savait que leur organisation était potentiellement terroriste.

La complicité : la facilitation des actions consommées. Le complice est celui sans lequel les actes

n’auraient pas pu être accomplis. Complicité par aide et assistance et complicité par

instructions sont reprochées à A.M. C’est lui qui a connaissance des textes, c’est celui qui a

choisi les cibles. Ex : le 19 mars ce n’était pas l’école qui était visée mais un autre militaire. Il se

rabat sur l’école car il avait déjà fait des repérages. C’est le symbole que les victimes

représentent. Toutes les instructions sont également contenues dans un document « la

fabrique du terroriste ». C’est quelque chose d’opérationnel. Et il y a un accompagnement

physique entre Abdelkader et Mohammed : sur le terrain de foot, chez Corel, au Kebab, ils sont

partout ensemble sauf lorsque Mohammed Merah « appuie sur la gâchette ».

A propos de l’antisémitisme : « marque de fabrique de la famille Merah ».

« Abdelkader Merah a fabriqué Mohammed Merah ».

Vol du scooter n’est pas nécessaire pour l’AMT. Le vol du scooter est un acte matériel

participant de la complicité. Que nous dit la Cour de cassation, dans deux arrêts récents (17

juin 2015 et juillet 2016 : un acte matériel peut revêtir plusieurs qualifications en même temps

si atteintes à plusieurs ordres).

Petite parenthèse sur la consultation de sites djihadistes : A.M a téléchargé, stocké, créé une

base de données. Ce n’est pas la même chose.

Rappelle sur le recel : On reproche à Malki des remises de sommes. Il a financé Mohammed

Merah. Empreinte de Malki sur un des billets.

La période de prévention est 2011-2012 car le MP a visé la période préparatoire : période

d’incubation des frères Merah puis phase opérationnelle : l’idéologie devient actions armées.

Affiliation Al Qaïda : on la retrouve dans la documentation d’A.M mais aussi dans son

comportement et son choix de vie. La hijra : idée que le musulman, là où il est, est persécuté

et doit partir. Idée que la France persécute les musulmans. La hijra c’est l’idée de persécution.

La Hijra c’est la première phase du djihad armé. 2006 : départ d’A.M pour l’Egypte suivi par

Mohammed Merah, terre d’Islam.

201

Obligation de solidarité entre musulmans et rupture avec les autres personnes, mécréantes.

Affiliation Al Qaïda retrouvée dans le testament d’A.M qui date de 2007.

Pourquoi le choix de l’Egypte ? Sabri ESSID part en Irak faire le djihad armé. A.M ne le suivra

pas. A cette époque-là, en 2006, condamnation de l’Arabie Saoudite car gouvernement apostat

et répression des cellules djihadistes.

Que cherche A.M à cette époque-là ? Mohammed va suivre le même parcours que son frère :

Egypte Toulouse Algérie Egypte. Il faut comprendre ce qu’il se passe dans ces pays-là. Si

on veut apprendre l’arabe, nous aurions compris que les frères aillent d’abord en Algérie. Or,

ce n’est pas le chemin qui a été choisi. Ils ont choisi l’excellence des écoles en Egypte. Il faut

reprendre les auditions de Mohammed Merah qui a beaucoup parlé lors de la négociation avec

le RAID : il a été cherché des contacts à l’étranger.

Concernant A.M, on trouve dans sa documentation un contrat de location pour 1 an en Algérie.

Région investie par un groupe salafiste. Pourquoi A.M va toujours dans des religions sensibles…

4 voyages en Egypte mais 3 périodes : 26 octobre 2006 24 décembre 2006 alors que Sabri

ESSID a été arrêté le 12 décembre 2006 : coïncidence ? « Non je ne crois pas ». Opération

Pharaon en Egypte : 16 arrestations en Egypte. 2ème voyage : il va en Algérie lors de la vague

d’arrestations des membres d’Artigat. 25 mars 2009 : il rentre de son deuxième voyage en

Egypte. Date également intéressante car cela intervient après l’attentat au Caire et l’arrestation

de Farouk Ben Abbes. Nébuleuse au Caire.

On a A.M radicalisé par les frères CLAIN et/ou Sabri ESSID.

Le Caire, ce n’est pas seulement le lieu pour apprendre l’arabe littéral au vu de la nébuleuse

présente en Egypte…

Mohammed MERAH ne part pas faire le djihad armé au Pakistan, en Afghanistan, en Irak. Il va

chercher des contacts.

Il est évident que A.M est devenu de plus en plus radicalisé après ses voyages en Egypte.

A propos de la documentation djihadiste, l’avocate générale explique que ce n’est pas à

décharge comme avait pu le dire la défense car A.M les a jetés avec 800 documents et il a fallu

2 ans pour extraire cette documentation et les expertiser.

202

La perquisition démontre que tous les textes justifient et légitiment les actes terroristes.

Documents de la fabrique du parfait terroriste…il y a des éléments et des enseignements

opérationnels. Ce « n’est pas un pense bête » comme le soutenait A.M.

L’émir fait le lien entre les 2 frères. M.M va jusqu’au Pakistan pour avoir l’accréditation d’un

émir : un émir est un sachant et un stratège.

La radicalisation des frères est confirmée par les écoutes.

Volonté d’A.M d’être le chef de famille intransigeant.

Interceptions avec la mère : 3 octobre 2012 : comparaison avec ce que la France a fait à

l’Algérie.

A.M est connu dans la Cité pour la haine des Juifs.

La fabrique du terroriste a pour but de « préserver les frères ». C’est ce rôle que va jouer A.M

juste après les faits.

Un frère a le statut de sachant et un frère a le statut de combattant.

Phase opérationnelle des 11, 15 et 19 mars : les frères n’ont jamais été aussi ensemble l’un et

l’autre. Plus on s’approche des faits, plus les liens s’intensifient. La période du Pakistan est

importante. Ce qui est important c’est ce que les investigations établissent et n’établissent pas.

Quoi de plus normal que des frères qui se retrouvent, mais quid du téléphone ? Mohammed

Merah appelle Souad, appelle Abdelghani. A.M appelle Abdelghani, appelle sa mère alors qu’il

est en froid. Aucune communication entre A.M et M.M : faire profil bas.

Egalement, ils utilisent des cybers. Pourquoi les deux frères utilisent le même cyber alors qu’ils

habitent à 37 kms. Elément intéressant à souligner.

Hassan, enquêteur de la DCRI, n’a pas constaté que les frères étaient fâchés mais beaucoup de

liens.

Crédits frauduleux : élément à souligner. Abdelghani indique qu’en 2006, A.M a fait une

escroquerie à l’assurance. Cette escroquerie a suivi A.M. Crédits à la consommation en 2011

par A.M alors que M.M part au Pakistan. Mimétismes des frères : achat d’une GoPro par M .M

alors que A.M en avait acheté une puis les talkies walkies.

203

Voyage au Pakistan : M.M va essayer de joindre A.M avant de pénétrer dans les zones tribales

(au minimum 7 mails !). C’est le mari de Souad qui va apporter ces 7 mails que la famille Merah

a bien voulu donner à la justice. (Parenthèse sur la condamnation du mari de Souad pour AMT).

29 septembre 2011, M.M est localisé dans les zones tribales. Ce qui est important c’est cette

volonté de M.M de vouloir joindre A.M alors qu’il est censé être fâché avec lui juste avant de

pénétrer dans les zones tribales. On sait que A.M est méfiant et se méfie des connexions

internet ce qui peut expliquer qu’il ne répondra pas à M.M.

2ème élément sur le Pakistan : le 11 septembre 2011, A.M fait des recherches sur Loiseau qui

est un des premiers à vouloir entrer dans les zones tribales.

M.M a eu l’accréditation d’un émir dans les zones tribales.

4 février 2012 : réparation de la moto.

Présence constante de A.M dans la Cité des Izards pendant cette période. 4 mars : connexion

Imad IBN ZIATEN. 6 mars : A.M dort aux Izards. 14 mars : foot avec M.M.

Connexion du 4 mars, c’est la première erreur des frères Merah. Connexion borne au domicile

de Zoulikha. La connexion se fait à partir de la télévision de la mère. Ce n’est pas cette

connexion qui va aboutir à un rdv mais celle du 11 mars. La connexion du 4 mars trahit les frères

Merah mais pas de contact pris avec la victime. Pas de preuves que ce soit Abdelkader mais des

doutes que ce soit Mohammed Merah.

La connexion du 11 mars est certainement de Mohamed Merah pour l’avocat général. Il prend

soin d’utiliser un cyber puis un autre, trahissant des précautions excessives. En revanche, elle

souligne à nouveau que la connexion du 4 mars trahit les frères Merah.

Mohamed a laissé des traces ADN au cyber. A 12h33 connexion pour voir si quelqu’un avait

répondu à l’annonce. On y reconnait la Clio de Mohamed.

Arrivée à 16h00 sur les lieux du premier attentat. S’ensuit un dialogue entre Mohamed et la

victime, Mohamed fait expressément référence à son frère : « c’est pour ton pote ? Non c’est

pour mon frère ».

204

Fettah Malki : les policiers viennent l’arrêter car il y a ses traces ADN sur les billets. Or, il croit

qu’il est arrêté car il y aurait ses traces sur les armes. Il l’avoue de lui-même alors que ce n’était

pas l’objet initial de son arrestation.

Les Merah sont venus se renseigner sur un tracker. Par ailleurs, parmi les éléments à charge,

les fonctionnaires de police trouvent une connexion au nom de Zoulikha Aziri sur le Bon Coin

avec le mot clé « militaire ».

Le 19 mars, la police contrôle le Tmax de Karim Mesbah (c’est un Tmax 500 et non Tmax 530).

Il est entendu comme témoin car son Tmax ne correspond pas au signalement. Karim Mesbah

sort du commissariat. Kader Merah sait qu’il a été entendu par la police et se prépare à être

arrêté à son tour et se prépare, par conséquent, aux questions que la police pourrait lui poser :

« c’est une caractéristique d’Abdelkader Merah… il anticipe tout ».

Le 4 mars, la victime a été choisie mais pas encore contactée [Imad].

Le 6 mars, a lieu le vol. Pour l’avocat général, tout ceci est la trace de la préméditation et montre

l’entente des deux frères.

L’avocat général souligne que le vol du scooter est un vol d’opportunité car il était impossible

de connaitre l’itinéraire du propriétaire. « Il est évident que le vol n’était pas prémédité. Mais

il est aussi évident que pour profiter de ce moment fugace pour voler le scooter, il fallait que le

vol d’un scooter soit recherché. C’est mathématique, comme la règle de trois ». Il y aurait une

circonstance exceptionnelle de temps : l’avocat général démontre que le temps que le

propriétaire du scooter retourne au comptoir, temps extrêmement bref, il fallait que Mohamed

Merah soit à la recherche d’un scooter et surtout que les deux, Mohamed et Abdelkader, aient

été derrière le scooter. Il fallait qu’ils aient été derrière le scooter contrairement à ce que dit

Abdelkader, à savoir qu’ils sont passés à côté du scooter.

Par ailleurs, comment expliquer que pendant 20 minutes, Abdelkader ait suivi son frère à près

de 100km/h sans s’arrêter ? Comment l’expliquer sinon par une entente préalable.

On a un frère ultraorthodoxe, qui est intransigeant face au vol. Pourtant, immédiatement après

le vol d’un scooter par son petit frère, il va acheter un blouson à son frère qui vient de voler.

L’avocat général relève le non-sens de cela. Cette action ne prend sens que si on prend en

205

compte l’entente préalable. En effet, préméditation car achat de la cagoule et questions sur le

tracker avant même le vol du scooter.

Abdelkader dit qu’on ne vole pas un Tmax sur lequel il y a un tracker. « Ce n’est rien comprendre

à la délinquance de rue. Car le Tmax est le scooter et le modèle le plus volé, l’objectif des voleurs

est de voler ces scooters recherchés et d’enlever le tracker le plus vite possible ».

L’avocat général relève que le 22 mars, sur un film brut de la GoPro, on voit le blouson qu’a

acheté Abdelkader à Mohamed. Cela permet de répondre à l’argument soulevé par la défense,

à savoir que le tueur ne porte un blouson que sur un attentat sur trois.

La défense dit que Mohamed a voulu vendre le Tmax à un jeune de la cité. Pour l’avocat général,

cette tentative de vente est un subterfuge de la part de Mohamed. Il aurait vendu le Tmax

croyant que celui-ci était repéré par la police à cause du tracker. Voyant que la police

n’intervient pas lorsque le jeune récupère le scooter, il annule la vente et conserve le scooter.

C’est avec ce scooter que Mohamed commettra les assassinats.

L’avocat général met en avant tous les éléments démontrant la présence de Mohamed au stade

où jouait son frère Abdelkader le jour de l’assassinat de Imad, notamment le bornage du

téléphone de Mohamed. L’avocat général décrédibilise le témoignage de l’oncle de Mohamed

et Abdelkader en soulignant que le témoignage d’un tel homme, « monument

d’antisémitisme », n’est pas digne de foi.

Le 15 mars, les deux frères sont ensemble l’après-midi après l’attentat contre M. Legouad, M.

Chennouf et Loïc Liber.

Les deux frères vont passer l’après-midi et la soirée avec leur sœur, Aïcha.

La première victime « a été choisie pour ce qu’elle représente, c’est-à-dire musulman apostat

car pas le même islam et militaire, incarnant l’Etat français ». Pour les autres, la cible était plus

large au point de douter du choix arrêté de Mohamed. L’auteur ne savait pas qui il allait frapper,

donc le complice ne le savait plus mais ceci n’est pas un élément d’irresponsabilité.

Mohamed a filmé le commissariat de Toulouse. Le commissariat était une cible. Mohamed était

sûr que le scooter était « grillé » et voulait achevait son acte en tuant des policiers.

206

Fettah Malki, si on peut le résumer : « sans loi, sans foi et sans morale ». Il est opportuniste car

sa défense a versé un mémoire pour que Fettah Malki soit jugé en correctionnel où il risquait

12 ans d’emprisonnement. La chambre de l’instruction casse l’argumentaire et renvoie Fettah

Malki aux Assises.

Fettah Malki ne partage peut-être pas l’idéologie d’Al Qaeda. Mais l’infraction d’association de

malfaiteurs dans le cadre d’une entreprise terroriste ne nécessite pas qu’on partage l’idéologie

d’une organisation terroriste. Mais simplement que l’on ait connaissance d’un projet d’action

en lien avec une entreprise terroriste et qu’on aide à la commission de ladite infraction, en

connaissance de cause.

Devant les juges d’instruction, il avoue que c’est son Uzi qui a servi puis finalement se rétracte

en disant qu’il ne s’agit pas de l’arme qu’il a vendu à Mohamed Merah.

Fettah Malki a cru que la police avait retrouvé son ADN sur un gilet pare-balle, or ce n’était pas

le cas. Croyant cela, il dit que c’est Mohamed qui avait apporté le gilet pare-balle et que Fettah

Malki l’a essayé et c’est pour cette raison que la police aurait retrouvé son ADN. Cela démontre

qu’il invente, qu’il adapte ses versions en fonction de ce que la police sait ou, en tout cas, de ce

qu’il présume que la police sait.

Fettah Malki a fourni arme et argent à Mohamed Merah. Maintenant, il faut démontrer que

Fettah Malki connaissait la radicalité des Merah. Fettah Malki avait bien dit que, dans la cité,

tout se sait. Fettah Malki était un vieil ami d’Abdelkader mais s’en est éloigné du fait de la

religiosité de Kader. Certes. Néanmoins, ils restent tout de même en contact. Il y a une relation

de confiance entre les deux hommes : le gilet pare-balle n’a pas été payé, c’est un crédit.

Malki a donné une arme létale à un individu [Mohamed] dont il sait qu’il est radical ; dont il

s’aperçoit qu’il sait manipuler une arme avec dextérité au point que Malki pensait que

Mohamed avait fait le service militaire ; il lui vend un gilet pare-balle alors qu’on sait qu’on ne

fait pas un cambriolage avec un gilet pare-balle, donc Malki savait qu’il participait à une

entreprise criminelle. Donc les Assises sont légitimes.

L’avocat général demande la réclusion à perpétuité pour Abdelkader. Et 20 ans pour Fettah

Malki.

- PLAIDOIRIES DES AVOCATS DE LA DÉFENSE

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- DERNIÈRE PAROLE AUX ACCUSÉS

Fettah Malki : « je voudrais dire aux familles des victimes que j’ai entendu leur désolation et je

voudrais dire que je compatis à leur douleur. Durant ces 5 semaines j’ai entendu leurs

témoignages qui m’ont ému et m’ont touché au plus profond de mon âme. Je suis navré de ce

qu’il leur est arrivé et je suis désolé de ce que j’ai fait. A aucun moment je n’ai pu penser ou

imaginer que Mohammed allait commettre de telles atrocités. Je voulais leur dire que je n’ai

jamais voulu participer à un tel acte et pour tout l’or du monde je n’aurai pas pu le faire. C’est

quelque chose qui m’a horrifié. Quand je pense aux victimes, ça fait 5 ans que j’ai un souffle au

plus profond de moi. On a pu dire que je n’ai pas d’émotions mais mon cœur pleure les victimes,

les familles. J’ai été traité comme un terroriste et tueur d’enfants mais Monsieur le président

je ne peux pas l’accepter. Mon pardon est sincère, [il pleure] »

Abdelkader MERAH : « je dis et redis que je n’ai rien à voir avec les assassinats de mon frère ».

SUSPENSION – DÉLIBÉRÉ

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