Compte rendu du dîner-débat sur le thèmeEEnerd%E9bat3f%E9vrier2015Be… · marché cadre....

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1/20 sous l’égide de l’ & de 150836994254e71f50cf98a Compte-rendu du dîner-débat au Cercle Humania du mardi 3 février 2015 sous l’égide de l’ & de ***************************************************** Thème de la soirée : Compte rendu du dîner-débat sur le thème : Français, si vous réinventiez la France ? Intervenant : Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut C S A **************************************************** Mot d’accueil de Ghislain Missonnier, Président du cercle Humania : Bonsoir à toutes et à tous. Nous sommes Jean-Marie Marx, Directeur général de l’ Apec, Claude Bodeau, Associé en charge de la practice RH & management de Kurt Salmon et moi-même très heureux de vous compter parmi nous, ce soir, pour l’intervention de Bernard Sananès. Je voulais dire à nouveau combien je suis extrêmement heureux du partenariat de l’Apec, pour la cinquième année et de celui de Kurt Salmon avec Claude Bodeau pour cette sixième année. Le cercle Humania entre dans sa dixième année d’expérience et d’existence.

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Compte-rendu du dîner-débat au Cercle Humania du mardi 3 février 2015

sous l’égide de l’ & de

***************************************************** Thème de la soirée :

Compte rendu du dîner-débat sur le thème : Français, si vous réinventiez la France ?

Intervenant :

Bernard Sananès,

Président-directeur général de l’Institut C S A

****************************************************

Mot d’accueil de Ghislain Missonnier, Président du cercle Humania : Bonsoir à toutes et à tous. Nous sommes Jean-Marie Marx, Directeur général de l’Apec, Claude Bodeau, Associé en charge de la practice RH & management de Kurt Salmon et moi-même très heureux de vous compter parmi nous, ce soir, pour l’intervention de Bernard Sananès.

Je voulais dire à nouveau combien je suis extrêmement heureux du partenariat de l’Apec, pour la cinquième année et de celui de Kurt Salmon avec Claude Bodeau pour cette sixième année. Le cercle Humania entre dans sa dixième année d’expérience et d’existence.

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Je voulais les remercier chaleureusement de leur partenariat. Comme à son habitude, le cercle est un lieu d’échange et de débat ou un ensemble de questions/réponses est attendu après les interventions. Que cette soirée soit dynamique. Que les questions sur le sujet et/ou sur l’actualité sociale et sociétale puissent être posées ce soir sans retenue. Je compte sur vos questions pertinentes, questions non préparées, spontanées qui donnent tout son intérêt au cercle Humania.

Je passe la parole à Jean-Marie Marx, Directeur-général de l’Apec qui va nous parler de ses dernières actualités.

A vous, Jean-Marie Marx et ce, sous vos applaudissements. *****************************************************

Monsieur le Président, Madame, Monsieur, Bonsoir à toutes et à tous. Nous sommes très heureux au nom de l’APEC de vous accueillir ce soir avec notre partenaire Kurt Salmon et d’être pour la cinquième année consécutive partenaire du cercle Humania. Je voudrai dire quelques mots rapides sur l’APEC en introduction de cette soirée. Tout d’abord, retour en arrière, l’APEC a fait une très bonne année 2014 en confortant sa place de leader du marché cadre car d’une part nous avons consolidé notre activité envers les cadres actifs salariés qui représentent désormais 50 % de notre activité. 30 % des cadres à la recherche d’un emploi et 20 % pour les jeunes diplômés. C’est important pour nous d’être présent auprès des cadres actifs salariés. Un tiers des cadres salariés ont un contact avec l’APEC au moins une fois au cours d’une année. C’est un élément nouveau et fort. Nous avons progressé de 7 ou 8 points dans ce domaine-là en l’espace de deux ans. 80 % des jeunes diplômés qui vont vers la vie active dans l’année ont recours au service de l’APEC. Nous allons aussi développés plus d’actions auprès des cadres demandeurs d’emploi et notamment les chômeurs de longue durée. C’est important car près de 300 000 cadres sont au chômage dont 40 % sont chômeurs de longue durée, c’est un angle d’attaque important cette année avec les institutions de retraite

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complémentaire avec qui nous avons monté des partenariats. Sur la partie entreprise, 45 % de parts de marché, du recrutement externe, 45 % de vos recrutements externes ont fait l’objet d’une offre diffusée sur Apec.fr. Celui qui arrive derrière que je ne citerai pas arrive à 13 % puis celui d’après tombe en-dessous de 10 %. Cela veut dire que nous avons consolidé cette place dans le marché cadre. C’est une bonne année pour l’APEC. Pour 2015, l’APEC est un opérateur du conseil en évolution professionnelle, c’est le gros sujet de la mise en œuvre du compte personnel de formation, je pense que tous les DRH sont en train de mettre en œuvre ce compte. On est à près de plus d’un million de connexion à ce compte personnel qui a été développé par la caisse des dépôts. Près de 500 000 comptes ont été ouverts par des salariés, une partie d’entre eux ont d’ailleurs saisi leur compteur DIF. Depuis le mois de juin, l’APEC a développé beaucoup d’actions dans les entreprises, avec les DRH, il y a eu 6 000 entreprises concernées, 700 actions ou ateliers sur ces questions-là. Nous allons continuer et je vous incite à y participer. Enfin, pour terminer, l’année 2014 se termine plutôt dans la fourchette haute de nos prévisions concernant le recrutement cadre, c’est un début de rattrapage de situation car 2013 a été très noire et les perspectives pour 2015 se caractérisent par un coté attentiste des entreprises, 87 % des entreprises nous déclarent que leur effectif cadre ne va pas évoluer au cours de 2015, c’est un moral des entreprises qui reste très bas. J’espère que vous allez passer une bonne soirée avec des échanges très intéressants. Merci à vous.

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Ghislain Missonnier : Je passe la parole à Simon Brossard, Senior Consultant de Kurt Salmon qui va nous présenter l’étude complète sur le Digital, réalisée par le groupe de travail de DRH du cercle. Simon Brossard, Senior Consultant de Kurt Salmon Bonsoir à toutes et à tous.

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Merci Ghislain de me permettre d’introduire notre étude : « Une fonction RH digitale engagée à accompagner la transformation numérique de son entreprise ». L’objectif de mon intervention est de vous donner envie de parcourir et de lire cette étude. Il y a plusieurs raisons qui font que cette étude vous concerne et vous intéresse. Tout d’abord, le thème a été identifié par vous il y a quelques mois, nous nous sommes appuyés sur un groupe de travail composé de membres du cercle Humania. Ghislain les a cités. Vous avez été près de 100 à répondre à cette étude en ligne. Son objectif était d’identifier les impacts du digital sur la fonction RH elle-même et identifier la manière dont la fonction RH doit se positionner pour accompagner la transformation numérique sur l’entreprise. Concernant l’impact du digital sur les entreprises, 77 % d’entre vous identifient un fort impact du digital sur l’entreprise, le digital redessine complètement les modes de fonctionnement dans l’entreprise sur trois dimensions, le management. Vous êtes 2/3 à identifier une augmentation des échanges à distance, une évolution vers un modèle plus collaboratif, un meilleur partage des informations. La 2ème grande dimension est les conditions de travail avec une amélioration des conditions de travail et une flexibilité accrue du point de vue des salariés mais cela pose aussi question quant à la frontière vie professionnelle/vie privée et pose la question de la responsabilité sociale de l’entreprise et de la nécessaire adaptation du code du travail. La 3ème dimension est la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Le digital identifie de nouvelles compétences et de nouveaux emplois. Notre étude participe à la définition des actions de développement pour adapter vos métiers et vos compétences à ces évolutions. En terme d’impact du digital sur la fonction RH elle-même, le digital amène la fonction RH à repenser complètement ses processus. Vous identifiez tous que la fonction RH est impactée par le digital, on voit même que 70 % de vos feuilles de route RH intègrent la dimension digitale. Pour autant, on identifie assez peu de stratégie globale de digitalisation des processus mais plutôt une stratégie ciblée sur certains processus. En réalité, on a deux grands types de projet qui sont mis en place, des projets à forte visibilité pour l’organisation qui permettent d’améliorer l’efficacité de la fonction RH en véhiculant une image innovante. ¾ des projets concernant le recrutement, l’intégration, la formation, l’entretien annuel. Il y a une autre typologie de projet avec une dimension collaborative et visant davantage de communication et d’intégration avec les collaborateurs. La 3ème partie de l’étude pose la question du positionnement de la fonction RH par rapport à cette transformation digitale. Vous êtes 68 % à identifier une légitimité de cette fonction RH sur l’accompagnement de ces évolutions avec un enjeu principal : la transmission

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d’une culture digitale à l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. L’objectif étant de ne laisser personne sur le côté, que ce soit les digital natives ou les personnes plus en retrait sur ce type de problématiques. Il est important d’accompagner toutes les générations de l’entreprise afin de limiter ce clivage générationnel identifié comme un risque pour 2/3 d’entre vous. Le rôle de la fonction RH est bien de donner du sens aux changements digitaux en utilisant toute la palette des actions qui sont à votre disposition, la mise en place d’action de sensibilisation, de charte, d’accords notamment de télétravail… En conclusion de cette étude, on a une conviction forte que la fonction RH est légitime pour insuffler, conseiller, accompagner, réguler les initiatives tout en se portant garant de la bonne utilisation des outils. J’espère que cette introduction vous aura donné envie d’aller plus loin dans l’étude. N’hésitez pas à revenir vers nous pour plus de précisions. Je vous remercie et vous souhaite une bonne soirée. . *****************************************************

Ghislain Missonnier : Un grand merci pour cette présentation motivante de cette nouvelle étude RH et à nouveau nos félicitations pour les 100 DRH participants !!! *****************************************************

Ghislain Missonnier : Je passe la parole à Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA et ce, sous vos applaudissements.

*************************************************************** Intervention de Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

Bonsoir à toutes et à tous et merci pour l’invitation.

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Je suis très heureux d’être parmi vous ce soir, d’autant que je connais Jean-Marie Marx depuis quelques années maintenant. J’ai la chance aujourd’hui avec mon équipe d’accompagner l’APEC et on peut se rendre compte de la transformation réelle, chiffrée, mesurée de l’image de l’APEC, de cette marque qui longtemps on peut le dire sans être offensant pour personne était sérieuse, parfois un peu perçue comme vieillissante et qui aujourd’hui s’impose comme une vraie marque de service. Je veux remercier Ghislain Missonnier pour ses propos, j’ai aussi eu beaucoup de plaisir à le rencontrer, à échanger avec lui, à l’écouter et je me suis retrouvé dans le portrait bienveillant qu’il a fait de moi. Il y a beaucoup d’anecdotes vraies, j’ai retrouvé des témoignages, excepté ACDC, je n’ai fait qu’accompagner mes filles, moi c’est plutôt Charles Aznavour. Vous m’avez invité ce soir pour présenter cette étude que nous faisons tous les ans pour CSA, nous avons cette chance de faire cette étude pour nous ! Nous travaillons avec beaucoup de medias, de clients, qui nous imposent des questions ou qui ont des interrogations. Là, c’est nous qui choisissons la question, nous assumons la part de subjectivité. L’année dernière, nous avions fait : « Français, ce qui vous rassemble est-il plus fort que ce qui vous divise ! ». C’était très intéressant. Nous avons choisi cette année cet angle du changement. Vous l’avez rappelé, le changement est un mot galvaudé, toutes les campagnes politiques parlent de changement, au niveau national comme au niveau local. Le changement est devenu un objet politique. En France, aujourd’hui il y a incontestablement une injonction au changement. Cela se traduit par un chiffre simple : 84 % des français nous disent qu’il est important de transformer la France radicalement ou de la réformer en profondeur. C’est un chiffre très impressionnant. 84 %, cela veut dire que cela traverse toutes les couches de la société, toutes les catégories sociodémographiques et cela montre aussi que le discours politique a lui-même alimenté cette envie de changement. Quand on regarde les raisons, on voit d’abord que ce changement est motivé par un changement critique, sévère, sur l’ensemble des politiques publiques menées. Nous en avons testé plusieurs. Trois seules politiques publiques échappent aujourd’hui à la critique, le système de santé, les affaires étrangères et la protection sociale, à l’inverse trois politiques publiques concentrent l’intensité des critiques, la politique d‘immigration, la fiscalité, les impôts et le développement économique. C’est à partir de ce jugement d’échec qu’on attend le changement comme réponse politique. Ce sentiment bouscule aussi l’image que les Français ont de leur pays. Cette étude a eu lieu avant les événements de Charlie Hebdo. En décembre, quand nous avons interrogé les français, 6/10 seulement disaient que la France évoquait pour eux

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quelque chose de positif. C’est un chiffre très faible. Ces mêmes français disent que la Suède évoque quelque chose de positif. Les Etats-Unis aussi recueillaient plus de score positif. Cette image d’échec bouscule l’image du pays et a des conséquences directes. Aujourd’hui, 25 % des français nous disent que, s’ils le pouvaient, ils quitteraient la France. Je pense que ce point est très important pour vous. On voit dans cette étude que, ce sont bien sûr chez les jeunes mais aussi dans les milieux populaires, et pas seulement la génération Erasmus, que nous observons cette grande envie de quitter la France. Face à cela, il y a une autre réaction, soit on veut quitter la France, soit on veut éviter que d’autres ne la rejoignent. 6/10 Français nous déclarent, et c’est une nouveauté dans l’opinion française, qu’ils sont pour le droit du sang et non du sol. Il y a aussi une autre réaction, celle de la nostalgie, face à cette situation d’échec, il y a une majorité qui nous dit qu’ils préféraient la machine à remonter le temps plutôt que celle qui va vers le futur. Pour réinventer la France, il faudrait beaucoup de choses. Quand on leur pose la question, les Français ont plein d’idées. Ils sont près de 9 sur 10 à nous donner des réponses. La première de ces réponses est leur volonté de changer le personnel politique. Les partis politiques sont rejetés excepté le gaullisme. 60 % de jugements positifs sur le gaullisme. Un autre système de valeur qu’est la religion est aussi en désamour comme système de pensée. On a 53 % des français qui disent que le christianisme leur évoque quelque chose de positif. On a des jugements assez négatifs sur l’islam pour 75 % des français et pour 60 % vis-à-vis du judaïsme. On parlera tout à l’heure des événements de Charlie Hebdo. Dans cette étude, on veut garder l’essentiel, les fondamentaux du modèle français mais on veut l’adapter. On ne demande pas une autre France, il y a une envie que le modèle fonctionne. On considère ce modèle auquel on reste très attaché ne fonctionne pas et produit de l’inefficacité et de l’injustice. Les socles du modèle français sont l’Etat fort, décentralisé, interventionniste pour 7/10 français. Nous sommes attachés pour un modèle de proximité. Sur la Santé, on préfère des hôpitaux de proximité et des entreprises publiques présentes dans les secteurs clés de l’économie. Dans ce modèle, il y a aussi l’idée d’une Europe resserrée et d’une Europe qui protège. L’Euro fait désormais parti des acquis du modèle français. Depuis dix ans, il y a 30 % de français qui rejettent l’Euro, ce chiffre est stable. Après l’Etat fort, le modèle social est le deuxième socle du modèle français. Cela va vous parler. L’assurance maladie pour tous est un totem par rapport à l’assurance maladie optionnelle ou gérée par les mutuelles et assurances privées qui recueillent ¼ d’opinion favorable. L’attachement au système de retraite est plus nuancée, on a un rapport de 60 / 40. On est aussi très partagé quant à l’idée de revenir à l’âge légal de la retraite à 60 ans et l’idée de laisser l’âge de départ à 62 ans. C’est un point de fracture de la société française.

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Le troisième socle du modèle français est les valeurs de la république. La première d’entre elles est la liberté selon les français. On veut préserver l’essentiel mais on veut adapter le modèle. On veut l’adapter et libérer les énergies. Il y a une envie réelle, forte de créativité, d’innovation. Cela n’a pas toujours été le cas. La créativité arrive après la famille et la liberté. Cela se traduit de manière concrète. Il y a de vraies évolutions sur le marché de l’emploi et du travail. 50 % Français sont prêts à assouplir le marché de l’emploi. C’est un chiffre nouveau, une évolution depuis 2-3 ans. L’idée de remplacer le CDI et le CDD par un contrat de travail unique recueille les suffrages de 53 % des français, c’était un rapport inversé il y a quelques années. Mais dans le même temps, on a une demande de sécurité professionnelle, de flexisécurité, cette attente sur plus de souplesse et de liberté sur le marché du travail fait écho à une perception que l’entreprise est une réponse à la crise. On voit bien que le jugement par rapport à l’entreprise a considérablement évolué. L’entreprise est considérée comme un lieu de partage, de valorisation, d’échange et de lieu de réponse à la crise. L’entreprise doit pouvoir fait face à ces contraintes. Contraintes comprises et connues. Le besoin de protection est très fort, on est donc prêt à accepter de la souplesse si les moyens de protection ne sont pas limités. Le deuxième point important est le besoin de simplification. 7/10 français sont favorables au prélèvement des impôts à la source. Aujourd’hui, dès qu’on utilise le mot impôt, les français nous disent Non. On a donc été surpris par ce chiffre qui s’explique par ce besoin de simplification. Autre besoin de simplification, c’est la question de l’ouverture des magasins le dimanche, ce n’est plus un sujet de clivage de l’opinion, ¾ des français sont favorables à cette ouverture, c’est considéré comme quelque chose de pragmatique, pour faciliter la vie quotidienne. Autant le sujet des 35 heures reste un sujet important pour l’électorat de gauche, ce n’est plus le cas aujourd’hui pour cette question-là. On observe dans cette étude une réhabilitation de l’entreprise, 8 français sur 10 portent un jugement positif sur l’entreprise, 76 % chez les salariés, 86 % chez les cadres, juste derrière les régions et les associations, bien devant l’Etat, le Parlement, les administrations, les syndicats et les partis politiques. On veut adapter le modèle pour plus de libertés, pour plus de souplesse et plus d’équité. Le sentiment d’inégalité et le besoin de protection sont les deux sentiments majoritaires. Une partie des injustices perçues était évidemment liée à quelque chose de classique, qu’on connaît tous, les petits contre les gros et les petits revenus contre les gros revenus, mais cela se caractérise aussi par le rejet de l’assistanat, le sentiment que les débordements du modèle social sont à l’origine du sentiment

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d’inégalités et d’atteinte à l’équité du modèle. On a donc une demande d’équité et de responsabilisation. Je vais prendre deux exemples. On a une nette majorité des français favorable à la modulation des allocations en fonction du revenu et on a en même temps une majorité qui considère qu’il faudrait diminuer progressivement le montant des allocations chômage. Autre exemple, on est favorable à un impôt progressif de manière très large et en même temps, majoritairement, on pense que tout le monde devrait payer des impôts. D’ailleurs, parmi ceux qui n’en payent pas, 40 % nous disent qu’il serait juste que tout le monde en paye. On voit qu’il y a des évolutions dans la société française qui sont nettes. Pour conclure, il y a des constats qui rassemblent les français, il y a ce besoin de changement, cette volonté d’adapter le modèle mais avec des réponses très différentes. Il n’y a pas une seule réponse ou offre. Il y a plusieurs rêves de changement, 30 % des français se retrouvent dans ce qu’on a appelé le rêve scandinave. Pour les situer sur l’échiquier politique, cela va de Juppé à Valls, ce sont des gens qui sont pour une France pragmatique qui protège et qui favorise la souplesse et l’innovation. On a 27 % des français dans un groupe que nous avons appelé la France amère. Ce rêve de la France d’avant, une France qui protège, qui maintient l’ordre établi, attachée aux traditions, aux piliers du modèle social. Une France fermée sur les questions d’identité et d’immigration, ce groupe est surpondéré chez les salariés. On a deux groupes d’égale ampleur qui se valent entre 15 et 18 % qui rêvent d’un rêve anglo-saxon, libéral, du laisser-faire, laisser passer. Le deuxième groupe rêvant d’une France mondialisée, très ouverte, plutôt à la gauche de la gauche qui pèse le même poids dans l’opinion. Enfin pour l’anecdote, on a un petit groupe de moins de 10 % qu’on a appelé Paris Dubaï Shanghai, Vegas est une France très éloignée de ce désir de changement, on se retrouve plutôt dans le consumérisme, la télé-réalité. Vous voyez bien que derrière cette volonté de changement très global, derrière ce consensus sur l’idée que le modèle doit être adapté et réformé, on a des réponses et des directions très différentes. On a aujourd’hui des clivages profonds sur des critères sociodémographiques qui dépassent souvent les critères politiques, cela montre une France extrêmement partagée et diverse. Je voudrai terminer sur ce qu’on a mesuré juste après les événements de début Janvier. D’abord, sur l’image négative de la France que j’ai évoqué tout à l’heure, on a mesuré un sursaut de fierté qui rassemble ¾ des Français. On a après une attente de réponse politique à la hauteur. C’est un peu comme si les français qui détestent les politiques leur disaient que c’était leurs dernières chances de leur montrer qu’ils

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sont à la hauteur. Cela se traduit par une volonté de gouvernement d’union nationale pour 80 % des Français y compris chez pour 90 % des électeurs de l’UMP. Troisièmement, l’étude de l’année dernière nous avait appris que 57 % des français ressentaient que ce qui les divisait était plus important que ce qui les rassemblait. Le 15 janvier, 2 Français sur 3 considéraient que ce qui les rassemblait était plus fort que ce qui les divisait, soit une progression de 24 points. Espérons que l’année 2015 soit l’année de rassemblement autour de ces valeurs essentielles.

Voilà ce que je voulais vous dire.

Je vous remercie de m’avoir écouté et suis prêt maintenant à répondre à vos questions. Merci de votre attention. (applaudissements)

QUESTIONS / REPONSES Ghislain Missonnier, Président du cercle Humania Pour débuter les premières questions de ce soir, sachez que nous allons les prendre par série de trois si possible. Je vais commencer par une première question. Comment expliquiez-vous le résultat de votre étude de l’année ? Sous quel angle approchiez-vous le sujet ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA La réponse à cette question était une vraie surprise. Nous pensions, en déclaratif, que ce serait le contraire. Il y avait des points qui rassemblaient les Français dont le sentiment du déclin. Ce fut une étude un peu plombante. 2/3 des Français considéraient que le pays était en déclin et surtout, que cette crise appelait des réformes en profondeur, qu’il ne s’agissait pas d’une crisette. Sur le moral des français, nous avons une spécificité française, nous n’avions pas la culture du rebond ? D’autres pays ont connu des difficultés comme l’Angleterre, les Français ont le sentiment d’un déclin inexorable. Cela pèse beaucoup sur l’optimisme et sur le moral. Il y avait ce point commun. Ensuite, il y avait de vraies divisions sur un grand nombre de sujets de société, de principes, de valeurs, sur les sujets comme l’identité ou le rapport à la mondialisation. C’était un des plus grands points de clivage ou de division dans cette étude. Cela dépassait nettement le clivage politique, un clivage entre cadres et les gens de l’agglomération et ceux péri-urbains. Par exemple, les français qui ne parlaient pas anglais étaient les plus inquiets par la

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mondialisation comme si l’anglais était l’arme première dans le combat face à la mondialisation. Il y a beaucoup de point de divergence sur la question de la mondialisation. Yves Laqueille, Directeur général du GIM Merci pour votre présentation. J’ai le sentiment en vous écoutant qu’il faut changer beaucoup de choses mais qu’il ne faut en changer beaucoup d’autres. J’ai l’image d’un mikado. Dès qu’on souhaite bouger quelque chose, il y en a un qui dit « Aïe » j’ai mal et on ne bouge plus. Je vous ai trouvé un peu optimiste, qu’il y a encore du chemin à faire pour changer. A l’étranger, il y a de vrais changements. Le changement, c’est pour quand ? Et pour qui ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Je vous rejoins sur certains points. D’abord, sur les politiques, il faut voir qu’à force de parler du changement et de ne jamais le faire, il est maintenant perçu comme une menace et cela pèse aussi sur l’attitude et leur sentiment sur le changement. De la même manière, la réforme n’est pas perçue comme un progrès mais comme une menace de perdre quelque chose. C’est un point important. Vous avez raison, il y a une réticence forte au changement mais on ne peut pas dire aujourd’hui que la société française est conservatrice et qu’elle ne bouge pas. Dans nos études, il y a une vraie envie de changement. Il y a cette attente, au lieu de parler du changement, faites-le ! Enfin, je comprends ce que vous dites sur les changements dans les autres pays, mais quand vous avez aujourd’hui 2/3 des français qui pensent que leurs enfants vivront plus mal qu’eux, on ne peut pas faire comme si ce constat n’existait pas, c’est le sentiment des français, ils pensent que l’avenir de leurs enfants est menacé, ce qui n’a pas toujours été le cas. Je comprends ce que vous dites par rapport aux autres pays et à leurs rythmes mais il y a un sentiment de peur et d’angoisse lié à cette idée de déclin et de déclassement qui évidemment est un frein au changement. On ne peut pas dire que les français sont conservateurs et qu’ils ne veulent pas bouger. Nathalie Gateau, Group Human Resources Director d’Euromedia Group Ma question porte sur le thème : Français, si vous réinventiez la France ? Je m’interroge sur l’école, il n’y a aucune question sur ce thème. Si on doit réinventer la France, cela passe à mon sens par les jeunes et par l’école. Je m’inquiète quand même car l’ascenseur social ne fonctionne plus. On est tous conscient que c’est de plus en plus difficile de recruter des jeunes issus de milieux défavorisés et l’école est très archaïque et ne les aide pas à aborder la révolution digitale notamment.

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Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Je vais vous rassurer. On assume le côté subjectif de l’étude mais on ne pouvait pas poser 350 questions non plus. Il y a avait bien des questions sur l’école dans cette étude. Il y a une attente des français sur l’école, 90 % pensent que l’école prépare mieux au nouveau langage, c’est-à-dire à l’anglais et au digital. Ils pensent qu’il faut plus d’enseignement collectif, qu’il faut accorder plus de place aux travaux en groupe, à un système de notation différent, ils sont aussi majoritairement favorables au port de l’uniforme, ils sont 53 %. On a aussi retrouvé la tendance de la souplesse sur l’école avec 2/3 des français qui pensaient qu’il fallait recruter directement les professeurs par les chefs d’établissement et par les collectivités locales. Le constat que vous faites est assez partagé. Oui, sur l’école, il y a une volonté de changement. Nathalie Gateau Les résultats de l’enquête sont-ils transmis au gouvernement ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Les résultats sont présentés à tous ceux qui en font la demande dont le gouvernement. José Milano, Directeur des affaires sociales de la Fédération Française des Sociétés d'Assurance - FFSA Vous avez évoqué la réhabilitation en entreprise, si on creuse le sujet qu’est-ce que les Français attendent exactement de l’entreprise ? Philippe Héron, Animation filières de compétences à la DRH de PSA Peugeot-Citroën Votre étude montre clairement que les lignes bougent, mais de façon insuffisante. Votre étude interroge-t-elle les Français sur leur perception de ce que sont les résistances au changement ? Qu’est-ce qu’ils expriment là-dessus, ont-ils conscience de faire partie du sujet ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Je vais commencer par répondre à la deuxième question. Nous ne l’avons pas posé dans cette étude-là mais dans une étude antérieure. De mémoire, les français pensent que le principal obstacle au changement est la politique et les Français eux-mêmes. Sur l’entreprise et sa réhabilitation, il y a une donnée que je ne vous ai pas indiqué tout à l’heure. Quand on demande aux français quelles sont les qualités pour être

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président de la République, ils nous répondent que ni l’âge ni le sexe n’est important, ni les diplômes, en revanche avoir eu une expérience dans le privé est un critère important pour deux tiers des français. L’entreprise est aujourd’hui perçue comme un acteur de la sortie de crise, comme un acteur qui permet de mieux répondre aux difficultés du pays que la puissance publique, c’est le premier enseignement. L’entreprise est aussi perçue comme un lieu de partage et d’échange, de reconnaissance de son travail. La valeur travail aujourd’hui est une valeur consensuelle de la société française. Les gens de droite font une erreur en considérant que l’égalité est une valeur de gauche, c’est une valeur partagée à gauche comme à droite et le travail est une valeur partagée à droite comme à gauche. L’égalité et le travail sont des valeurs importantes dans la société française. La reconnaissance de ses efforts est importante. Enfin, il y a bien sur l’attente d’évolution, l’entreprise restant perçue comme un lieu où on peut progresser dans son niveau social et dans sa formation. Le point nouveau est qu’on n’attend plus de l’Etat ou des collectivités qu’ils viennent apporter une réponse économique à la situation, on attend d’abord une réponse de l’entreprise aujourd’hui. Anne Ringuenet, Directrice des ressources humaines de Brown-Forman France Bonsoir, vous avez parlé de l’Europe et également des 25 % de français qui quitteraient la France s’ils le pouvaient. Dans les questions posées, quelles étaient les réponses qui faisaient référence à l’international ? Dominique Bailly, Conseiller du directeur général, Directeur de la performance et de la prospective stratégique RH du Groupe La Poste Bonsoir et merci pour votre exposé très intéressant. Les organisations syndicales sont-elles assimilées personnel politique ? Y a-t-il un regard particulier sur les syndicats ? Et, concernant l’entreprise et son regain général, y a-t-il un commentaire à apporter sur cette situation ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Sur l’Europe, aujourd’hui, même s’il y a des critiques sur la manière dont l’Europe fonctionne, il n’y a pas de remise en cause du modèle européen si ce n’est l’idée que l’Europe fonctionne sur un cercle resserré. Les Français préféreraient une Europe resserrée à une Europe élargie. On a le sentiment que la promesse originelle de l’Europe sur sa protection notamment en matière économique n’est pas tenue. Les actifs sont notamment le plus sévère sur la question européenne. Cela me permet de faire la transition sur votre deuxième question. Vous l’avez vu, les chiffres ont été publiées, 47 % des ouvriers voteraient Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Il y a la peur de la précarisation qui est quelque chose de très fort chez les salariés dans le

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monde du travail. Le monde du travail, les salariés et non les chômeurs, nous disent qu’ils ont peur de tomber suite à une décision qu’ils ne maîtrisent pas. La peur du déclassement est quelque chose de très profond et qui pèse sur tous les milieux populaires. Cette peur commence à atteindre les cadres aussi, pas seulement les classes moyennes. Concernant les syndicats, ils sont au même niveau que les partis politiques, c’est-à-dire dans les profondeurs des classements. Il y a un jugement différent sur les syndicats au niveau de son entreprise. Autre élément, la réhabilitation de l’entreprise ne signifie pas qu’il y a une réhabilitation des patrons. Je pense que Monsieur Gattaz se trompe, il y a une différence entre chef d’entreprise et grand patron, mais le sentiment à leurs égards n’a pas beaucoup évolué. Christophe des Arcis, Directeur développement des ressources humaines Groupe - DRH diversification et directions supports du groupe TF1 Bonsoir, merci pour toutes ces informations sur la pensée des français. Je voudrai aussi vous interroger sur ce que vous pensez personnellement. Vous analysez les réponses de nos compatriotes depuis quelques années, pensez-vous que notre pays va s’en sortir, y a t-il une véritable rupture, êtes-vous personnellement optimiste ou pessimiste ? Christian Bottin, Directeur des ressources humaines de Mondial Assistance France Vos réponses sont passionnantes mais qu’en est-il des jeunes dans tout cela ? Autrement dit, dans les tendances que vous restituez, chez les jeunes, voyez-vous les prémices de tendance un peu différentes par rapport à la population générale ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Ce qui est frappant sur les jeunes est évidemment leur envie de créativité qui est plus forte que chez le reste de la société, là-dessus, c’est toujours le cas en revanche, la fragmentation sur l’Europe entre les jeunes diplômés et les jeunes non diplômés, cela se retrouve aussi. Concernant l’exil, ce sentiment n’est pas réservé aux jeunes diplômés. Il concerne tous les jeunes. J’ai beaucoup de respect sur l’action politique car c’est un métier exigeant, que les Français sont schizophrènes, que les Français veulent tout et leur contraire. Les Français et cela est nouveau font preuve d’un véritable consumérisme à l’égard de leur personnel politique. Ils considèrent leurs députés et ministres comme une télé. Vous me plaisez, je vous garde, vous ne me plaisez pas, je vous jette. Ce phénomène de consumérisme existe. Je pense aussi que la communication a entraîné la politique dans une spirale inquiétante dont elle a du mal à sortir. Mon âge

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me permet de dire qu’il y a vingt ans quand on préparait une émission de radio et de télé, cela prenait une semaine, la parole était réfléchie, j’allais dans les medias pour dire quelque chose, aujourd’hui, la multiplication des sources et canaux d’information change le rapport de la politique à la parole politique. Aujourd’hui, cette parole politique résonne vide de sens, elle privilégie l’annonce au bilan. La parole politique me déçoit beaucoup. Vous me demandez si je suis optimiste ou pessimiste, je pense qu’aujourd’hui, on ne peut pas exclure que Marine Le Pen soit présidente de la République. La dynamique électorale du Front Nationale ne connaît aucune limite. On est passé de 17 % aux présidentielles à 25 % aux élections européennes en ayant la soirée électorale la plus indigente avec l’absence de réponse politique. C’était affolant. Il y a un enracinement d’une part et une adhésion à ce qu’incarne le Front National, c’est-à-dire le changement. Aujourd’hui, le changement pour les français est le front National. L’alternative politique est représentée aujourd’hui par le FN. Bernard Delamotte, Directeur des ressources humaines Europe - marchés émergents de Sodexo Je ne peux m’empêcher de réagir aux 25 % du FN aux dernières élections européennes. Il y a un fort taux d’abstention, et en réalité, on est plus proche d’un taux de 10 % des personnes qui ont voté. Je pense que le premier parti n’est pas le FN mais plutôt le parti des abstentionnistes. Je tiens à rectifier cela et c’est quelque chose à prendre en compte. Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Vous avez raison dans les faits mais le premier parti dans les urnes est le Front National. La force du FN est qu’il est le parti qu’il mobilise le mieux son électorat. Cette mobilisation de l’électorat du front National est son premier succès. Le deuxième est l’agrégation d’électorat nouveau et différent. Il y a 10 % d’électeurs de gauche et 15 % d’électeurs de Nicolas Sarkozy. Enfin, dernier point, la fidélisation. Autant l’électorat de droite ou de gauche varie son vote, autant l’électeur du FN votera FN. Ces 3 composantes expliquent la progression du Front National. Yolaine von Barczy, Vice-President Human Resources Merci beaucoup pour tous ces commentaires. Ma question est la suivante : nous, DRH sommes confrontés à des changements, la problématique est de savoir à quel point nous pouvons changer sans créer de renoncements, des frustrations et de la douleur sans casser les organisations. Un institut comme le vôtre est-il capable de

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mesurer jusqu’à quel niveau de changement on peut aller sans casser la machine ? Jusqu’où peut-on bouger le curseur ? Olivier Cagnac, Directeur des ressources humaines d’ Exterion Media Je suis quelqu’un de très respectueux des chiffres. Mais en même temps, dans votre présentation, je pense qu’il y a plusieurs limites. La première est quelle est la force de ceux qui veulent et aspirent au changement. Est-ce un changement de désir et à ce moment-là la force peut être assez intéressante. Est-ce un changement motivé par le dépit et là ce serait différent. Ma question est quelle est la puissance du moteur ? Et quelle est la puissance de ceux qui résistent ? Ai-je de l’essence dans le moteur ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Sur la question du moteur, puisque vous faites confiance aux chiffres, le premier moteur du changement est le sentiment d’échec, il n’y a pas de doute là-dessus, c’est le sentiment que cela ne fonctionne plus. Le sentiment que le modèle ne marche pas et n’apporte plus de réponse. Je suis très clair sur le moteur, c’est le sentiment d’échec, il n’y a pas de changement dû au désir. Le second et vous avez raison, le changement n’est pas porté par 95 % des français. Il y a évidemment des réactions personnelles par rapport au changement. Pour 28 % des français, il faut radicalement changer la France. Pour 56 % il faut la réformer en profondeur. On a 25 % des français qui nous disent qu’il faut l’aménager seulement. L’intensité du changement proclamé, déclaré est très forte. Ensuite, une minorité peut-elle bloquer quelque chose qui a été voté ? Pour moi, ce n’est pas la même problématique que l’intensité mesurée de l’envie de changement. C’est vrai que nous avons aujourd’hui mis en place dans les entreprises des baromètres du changement ou des indicateurs de changement. Il est important de bien identifier les poches de résistance au changement. On voit bien qu’il est utile d’identifier les catégories ou les zones où il y a une opposition au changement. Et il faut pouvoir tester des points d’acceptation. Il faut être dans des études en dynamique plutôt dans des études de mesure de la réticence ou de la volonté de changement.

Jean-Pierre Poisson, Directeur des relations sociales de Bouygues Telecom Merci pour votre intervention très intéressante. Mon questionnement est sur certains chiffres. Je suis toujours perplexe quand on me dit que la majorité est à 53 ou 54 %. Pour moi, ce n’est pas grand-chose mais je ne suis pas un spécialiste des statistiques. A côté de cela, on ne sait pas quel poids représente ceux qui ne se sont pas exprimés. On sait très bien lors des élections politiques que ce sont les

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abstentionnistes qui font tourner la balance. Je ne connais pas le taux d’abstentionnistes dans votre enquête, mais de quel côté ce taux ferait-il pencher la balance ? Y a-t-il vraiment une volonté de changement de la part des Français ? Philippe Héron, Animation filières de compétences à la DRH de PSA Peugeot-Citroën Le changement mais pour quoi ? A travers cette étude, se dégage-t-il vraiment quelque chose de réellement nouveau ? S’agit-il d’un changement pour reconstruire le pays, pour retrouver des avantages, y a-t-il le commencement d’une prise de conscience, d’un déclic d’un déplacement de richesse à l’échelle planétaire et qu’il va peut-être falloir vivre de façon plus sobre et réorienter la vision qu’on porte sur l’essence de la vie ? Vice-Amiral d’Escadre Jean Casabianca, Adjoint du directeur des ressources humaines du Ministère de la Défense Merci, je ne pouvais pas m’empêcher de poser une question sur de Gaulle. Vous qui êtes communicant, qui avez côtoyé et conseillé des politiques, vous sentez-vous coupable avec les hommes politiques d’une inflexion de la temporalité de la perception du monde qu’ont nos citoyens qui vivent sous l’influence du dernier journal paru ou de la dernière communication télévisée sans voir plus loin que leur bout du nez, et du coup, les hommes politiques se plient à cette exigence. Comment expliquer que le premier de la cinquième République soit cité aussi souvent par les derniers trotskistes et par les nostalgiques de l’Algérie française ? Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA Je vais prendre les questions dans l’ordre. Tout d’abord il y avait très peu de réponses « Je ne sais pas » ou « ne se prononce pas » dans ce questionnaire. Cela veut dire qu’il y avait des sujets qui parlaient et qui intéressaient les gens. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas d’abstentionnistes. Ce qui m’intéresse, ce sont les évolutions. Je considère qu’il y a des évolutions et que l’évolution la plus forte est celle liée à l’entreprise et au travail. Maintenant vous avez raison, 53/47, 60/40, j’essaie de donner du sens aux chiffres, ce sens est l’évolution. C’est cela qui m’intéresse et non le 53/47. Aujourd’hui, l’idée du contrat unique à 53/47 est intéressante, cela veut dire qu’il se passe quelque chose dans la société française. La deuxième question sur les évolutions, sur ce besoin de sens, plus que le déclaratif, ce qui m’intéresse, ce sont les pratiques qu’on mesure dans les changements de comportement, de consommation. On voit qu’il y a un passage à l’acte avant la conceptualisation que vous évoquiez d’un transfert de richesse. La

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pratique précède le modèle et le discours. Le troisième sujet est très compliqué. Oui, je suis frustré. On ne peut pas tout reprocher aux politiques. D’abord il y a une réalité, un grand chef d’entreprise a plus d’impact et de pouvoir qu’un député. Aujourd’hui, un homme politique n’a pas beaucoup de moyens pour travailler. Un député a deux assistants parlementaires, là ou un chef d’entreprise a quatre à dix collaborateurs de premier plan. Après, vous avez raison et c’est là où je vous rejoins, l’exercice du pouvoir est souvent assez décevant. On a eu sans doute la plus belle campagne politique en 2007 depuis les vingt dernières années. C’était une campagne assez créative, avec de nouvelles idées et des candidats nouveaux. Dans cette campagne, il y a eu des choses qui ont été scellé par le pacte présidentiel, par la campagne électorale, or en France on attend tout du président de la République. Quand on met le bulletin dans l’urne, on sait que pendant cinq ans, il va pouvoir avoir un poids sur toutes les décisions. Ce qui était attendu en 2007 n’a pas été réalisé et il y a eu une forte déception dans les milieux populaires qui ont certainement voté pour la première fois à droite. La déception est sur l’action politique. On a plus aujourd’hui un marketing de la demande que de l’offre. Et de Gaulle avait certainement plus une conception du marketing de l’offre. Ghislain Missonnier La tradition et la spécificité du cercle Humania font que la dernière question posée, le soit par l’intervenant du soir à un DRH tiré au sort. Ce soir, le DRH choisi est le DRH d’un grand groupe français, très connu, mais aussi pas n’importe quel DRH puis que c’est Jean-Sébastien Blanc, Directeur adjoint des ressources humaines de Plastic Omnium. Alors, Bernard Sananès qu’elle est la question que vous n’avez jamais osé poser à un DRH, que vous aimeriez lui énoncer, que vous avez souvent eu envie de formuler. Merci de votre question que vous allez poser ce soir à Jean-Sébastien Blanc, Directeur adjoint des ressources humaines de Plastic Omnium. Bernard Sananès, Président-directeur général de l’Institut CSA J’essaie de la formuler au mieux, avez-vous le sentiment en tant que DRH que les salariés vont pouvoir continuer à faire toujours plus avec toujours moins ?

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Jean-Sébastien Blanc, Directeur adjoint des ressources humaines de Plastic Omnium La chance que j’ai est que mon avocat est dans la salle. Vous posez la question à un professionnel de l’industrie automobile. A la fois dans notre ADN, la productivité fait partie de ce qui nous constitue, c’est-à-dire la capacité à faire plus avec moins, c’est en même temps une condition de survie. Si plastic Omnium n’a pas fait faillite en 2008 alors qu’une bonne partie de nos concurrents en Europe voire même dans le monde a mis la clé sous la porte, c’est parce que nous avons toujours une vigilance sur la compétitivité et la productivité. Cela dépend de ce qu’on entend par faire plus avec moins. S’il s’agit de faire courir plus vite et faire suer le burnous comme diraient les Anciens, la réponse est forcément il y a une limite physiologique et une limite psychologique. S’il s’agit comme je l’ai vu dans une de nos usines au Brésil ou avec l’intelligence du management et des ouvriers, en réorganisant le flux, en travaillant sur la performance de la machine, ils ont réussi à absorber une charge de production de 30 % à effectif constant, la réponse est oui. Je pense que tout l’enjeu que les ressources humaines et le management ont est d’arriver à faire comprendre que cette logique de compétitivité est une condition indispensable à la survie de l’organisation, qu’elle est réaliste et enfin qu’une partie de ces fruits de la croissance va être rendue aux clients, cela servira accessoirement à payer les impôts, à nourrir les actionnaires et une partie au personnel. Maintenant, pour réussir cette équation-là, cela suppose qu’on soit compétitif et qu’il y ait un bon niveau de dialogue social. Un grand merci à notre grand témoin, Bernard Sananès, pour son intervention de ce soir autour du thème :

Français, si vous réinventiez la France ?

(Applaudissements) …….et à Jean-Sébastien Blanc qui mérite aussi vos chaleureux applaudissements pour avoir répondu au pied levé à la dernière question ! (Applaudissements) J’aimerai à nouveau remercier particulièrement nos deux partenaires que sont l’Apec avec Jean-Marie Marx qui nous a permis d’avoir cette personnalité (Applaudissements)

et Claude Bodeau pour Kurt Salmon grâce à qui le débat a eu lieu ce soir. J’aimerai vous y associer en les applaudissant. (Applaudissements)

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Dernières informations : Nous aurons notre prochain dîner-débat le 31 mars avec Bernard Ramanantsoa sur la confiance des DRH envers les grandes écoles. Vous avez pu remarquer le talent de pédagogue associé à ses convictions de Bernard Sananès. Je vais vous demander un dernier applaudissement chaleureux et nourri pour le remercier. (Applaudissements)

Merci à tous de votre participation active. Merci de votre soutien au Cercle Humania. Bon retour à toutes & à tous et au 31 mars 2015.

Compte rendu du débat - le plus précis possible :

Aymar Missonnier

Cercle Humania