Comprendre les risques psychosociaux, les dépister, savoir intervenir Dr Julien Cohen Service de...
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Comprendre les risques psychosociaux, les dépister, savoir intervenir
Dr Julien CohenService de Psychiatrie et d’Addictologie
CHU SAINTE MARGUERITE
Burnout, dépression, suicide et conduites
addictives
Les risques psychosociaux recouvrent des risques professionnels qui portent atteinte à l'intégrité physique et à la santé mentale des salariés : stress, harcèlement, épuisement professionnel, violence au travail...
Ils peuvent entraîner des pathologies professionnelles telles que des dépressions, des maladies psychosomatiques, des problèmes de sommeil, des conduites addictives, mais aussi générer des troubles musculo-squelettiques, des maladies cardio-vasculaires
Définition des risques psychosociaux
Les étudiants, surtout faisant des études d’élites, font partie d’une population particulièrement à risque en terme de:
Addictions: Alcool (Binge Drinking), Cannabis, Cocaine Troubles du comportement alimentaire (Boulimie)1% dans la population générale…20% chez les étudiantes!! Troubles anxieux, Dépressions Suicide
Pourquoi une telle sur-répresentation de ces troubles parmi les étudiants?
Pourquoi s’intéresser aux risques psychosociaux?
Pouvons nous tous être concerné?
Comme dirigeant d’entreprise: La gestion des risques psychosociaux est aujourd’hui importante dans le plan de fonctionnement d’une entreprise. Des actions sont possibles: dépister ces risques, avoir des actions de prévention, proposer des solutions et des orientations. Savoir gérer une crise grave (suicide sur le lieu de travail, alcoolisme d’un salarié)
Au contact des étudiants, population qui sur-répresente ces troubles
Les troubles psychiatriques et addictifs sont fréquents dans la population, et encore plus fréquent chez les actifs. Nous pouvons tous être confronté à un moment à un problème de stress, de dépression, d’addictions.
A l’heure ou je vous parle…
8 millions de français souffrent d’une dépression
2.5 millions souffrent d’alcoolisme25% de la population présentera au moins un
trouble psychiatrique au cours de sa vie45% des actifs se disent concernés par le
stress professionnelUne tentative de suicide toutes les 4 minutes,
un à deux suicides de salariés sur son lieu de travail par jour
• Nous aborderons la problématique des conduites addictives, en milieu étudiant et sur le milieu du travail
• Le stress pathologique et répété, grevant la qualité de vie, pouvant induire:
• Un épuisement professionnel ou Burnout, lui-même pouvant conduire…
• A la dépression, véritable pathologie psychiatrique, qui peut se compliquer, au stade ultime
• D’une tentative de suicide
Nous aborderons aujourd’hui
Plan
1. Conduites addictives
1. Stress et Burnout
2. Dépression
3. Suicide
Deux petites histoire pour commencer…hélas vraie
Mr R, 48 ans, chef d’une grande entreprise. Aucun antécédents médicaux ni psychiatriques. Investissement professionnel intense depuis 10 ans, a la limite du
Workalcoholism Stress de plus en plus important « je vais gérer seul » « je n’ai
pas le droit d’aller moins bien » Augmentation des consommation d’alcool le soir en rentrant, pour
« décompresser » et gérer le stress de plus en plus important Décompensation brutale lors d’un trajet professionnel: Crise de
pleurs, crise d’angoisse à répétition, douleur thoracique nécessitant un passage aux urgences. Diagnostic: Burnout professionnel.
Evolution rapide en dépression sévère: Sentiment de culpabilité, dévalorisation, tristesse, reste dans son lit, ne fait plus rien de la journée, idées suicidaires de plus en plus intense.
Y aurait-il eu des actions de préventions? Aurait-on pu éviter d’en arriver là? Comment aider Monsieur R
Mlle T, 25 ans étudiante en 3eme cycle dans une formation d’élite rejoint pour un stage une entreprise de pointe.
Elle présente des antécédents d’anorexie à l’adolescence, va actuellement très bien
Il s’agit de quelqu’un d’extrêmement perfectionniste, méticuleuse, apprécié dans son travail. Elle a toujours eu d’excellents résultats scolaires.
Le degré d’exigence est très élevé dans son entreprise, tout le monde s’investit à 200% et évoluent dans un contexte de stress important, ce qui entretient la réputation d’élite de l’entreprise.
Après 4 mois de stage, Mlle T est retrouvé pendue sur son lieu de travail.
Aurait-on pu prévoir ce geste? L’en empêcher? Quelle est la responsabilité de l’entreprise? Quelles en sont les conséquences sur l’entreprise?
CONDUITE ADDICTIVES ET TRAVAIL
L’histoire des drogues se confond avec celle de l’humanité…
11erer trace écrite relative à l’opium: 4000 av JC, dans les plaines trace écrite relative à l’opium: 4000 av JC, dans les plaines sumériennessumériennes
« la plante qui apporte la joie »« la plante qui apporte la joie »
La consommation de toxiques est une constante quelque soit la civilisation, la société, l’époque.
Ce n’est pas l’expérimentation qui pose un problème!
En France on trouve
• 12 millions de français consomment de l’ alcool quotidiennement (2,5 millions d’alcoolique)• 13 millions de fumeurs• 2.4 millions de consommateurs de psychotropes,• 280.000 consommateurs quotidien de cannabis
ESPAD ; CAN - GPFigure 51a. Proportion of all students who have used marijuana or hashish during the last 30 days -
1999
Pourcentage d’étudiants ayant fumé Pourcentage d’étudiants ayant fumé du cannabis durant le dernier moisdu cannabis durant le dernier mois
Définition de l'addiction
L'addiction se caractérise par :
l'impossibilité répétée de contrôler un comportement
la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance
de ses conséquences négatives
Il existe :
des addictions comportementales,
des addictions aux produits.
L’addiction aux produits se traduit par ;
l’usage nocif ou
la dépendance à ce produit.
USAGE NOCIF ET DEPENDANCE
P = Facteurs de risque liés au Produit Dépendance Complications sanitaires psychologiques et sociales Statut social du produit
E = Facteurs d ’Environnement familiaux :
fonctionnement familial, consommation familiale
sociauxexposition :consommation nationale, par âge, sexe, groupe social marginalité
copains
I = Facteurs Individuels (de vulnérabilité et de résistance)
n génétiques n biologiquesn psychologiquesn psychiatriques
Interactions : Produit (P)x Individu (I) x Environnement (E)
Sévérité de la dépendance selon les critères du DSMIV
G. WOODY (Addiction 1993, 88 : 1573 - 1579)
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Absente Faible Moyenne Forte
Dépendancefréquente
Dépendancerare
Sources : Woody 1993
L’addiction est une maladie du cerveau
Alcool
L’Alcool
Toxique humain le plus répandu Peu de représentations négatives de l’abus,
beaucoup de représentations positives de la consommation
Poids du lobbying très important, peu de prévention, « bien culturel »: consommation moyenne: 16L/an
Evolution des consommations: • Binge Drinking• Alcoolisme féminin• Age de consommation de + en + jeune
50000 morts/an
8% des buveurs consomment 50% de l’alcool vendu en France…
Cinétique
Absorption digestive ralentie par la consommation concomitante de nourriture, accélérée par le jeûne et les boissons gazeuses
Alcoolémie maximale en 30 à 60 minutes à jeun, en ~ 2 heures avec un repas
Décroissance de l’alcoolémie 0.10-0.15 g/l par heure la vitesse d’élimination augmente chez le consommateur chronique et le fumeur
Les risques liés à la consommation
Intoxication alcoolique=ivresse alcoolique:
vertiges, troubles de la coordination, excitation psychomotrice, troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma.
Intoxication chronique:
Atteintes organiques hépatiques, nerveuses et cardiovasculaires
Tolérance et dépendance;
Sevrage alcoolique:
Sevrage végétatif, pré-délirium, délirium tremens
Cannabis
Evolution des consommations
La consommation a explosé entre la fin des années 80 et le début des années 2000
Elle diminue actuellement, les modes de consommation évoluent
Risques liésà la consommation aiguë
• Toxicité globale faible •Dépendance faible : 10% des usagers
• Syndrome amotivationnel
• Trouble anxieux: fréquent
• Troubles psychotiques: rare (adolescence++)
• Troubles somatiques si intoxication chronique: rare
Les opiacés
• Héroïne: produit dérivé de la morphine se présentant sous forme de poudre
Souvent coupée à la caféine, au talc
• Médicaments dérivés de la codéine (dérivé morphinique): néocodion, sirop pour la toux.
• Traitements substitutifs: méthadone, subutex (buprénorphine)
Syndrome de sevrage
Apparition très rapide après l’arrêt ou la réduction
12 à 14h après la dernière prise: bâillements, larmoiement, rhinorrhée, mydriase, sueurs, anxiété.
24h: contractions musculaires, irritabilité, insomnie, anorexie, nausée,douleurs, frissons.
3ème jour: diarrhées, vomissements, déshydratation, tachycardie, HTA, angoisse majeure.
8ème jour: régression des signes avec persistance possible de fatigue et trouble du sommeil
La dépendance psychique dure des années
Complications de l'addiction aux opiacés
• Overdose (trouble de la conscience, myosis bilatéral,dépression respiratoire, coma, mort)
• 15% d'héroïnomanes contaminés par le VIH, 70% par le VHC
• Diminution du nombre de décès par overdose et des contaminations depuis l'apparition des produits de substitution.
Cocaïne
• Poudre blanche floconneuse et cristalline • Souvent coupée (sucre, fécule de maïs, talc,
laxatif, etc…. )• Voie de consommation: sniffée, ingérée,
injectée • Peut être mélangée à l’héroïne (SpeedBall:
consommation par voie IV)
• Problème de la disponibilité importante et l’accessibilité facile: Prix en baisse!
Cocaïne
• Le crack ou free-base (= cocaïne base)• Obtenu par la transformation de la cocaïne
mélangée avec du bicarbonate de sodium (crack) ou de l'éther ou de l'ammoniaque (free-base).
• Sous forme de bloc de cristaux ou de poudre• Consommation par inhalation de la fumée
Cocaïne
• Dépendance à la cocaïne: Importante, fréquente
• Syndrome de sevrage• hypersomnie, fatigue, anhédonie, anergie,
ralentissement psychomoteur, tristesse, difficultés de concentration, appétit augmenté, envie d’euphorie cocaïnique importante
• Craving (besoin irrepressible de consommer) : dépendance psychique intense
• Complications médicales, psychiatriques, sociales, légales
Exemple de nouveau consommateur• Le Businessman trip
• Produit DMT (diméthyltryptamine )• Consommation: inhalation ou fumée• Effet: perte immédiate de contrôle,
hallucinations, euphorie, impression « d’être éjecté du fut d’un canon atomique », Death Near Experiences, (trips psychotiques)
• Rapidité d’action: 10 secondes à 1 minute• Durée: 15 minutes• Retour à la normale: 45 minutes
Les psychostimulants et autres drogues de synthèses
• 70 à 90 % des adultes jouent quelques fois dans leur vie • Prévalence du jeu pathologique est d’environ 0,5 à 2 % dans les
pays occidentaux
comportement du joueur proche de celles des addictions avec substance
Syndrome de sevrage obsession du jeu Tolérance : besoin croissant de jouer pour se refaire et surtout
pour retrouver la sensation forte, similaire à celle d’une drogue. Dépendance : si pas de jeu =angoisse, irritabilité quête du
« produit » (argent) par vols, escroqueries...
Les addictions comportementales: Le jeux pathologiques
Travail: workalcoholic (ou workaholic)Achats compulsifsAddictions sexuellesNourritureSportJeux vidéosCrackberryEtc…
Les autres addictions comportementales
Liens entre toxicomanie et entreprise
Effets de la toxicomanie en entreprise:
accidents du travail et erreurs professionnelles
baisse de la productivité et
absentéisme durée des effets
Effets de l ’entreprise sur la toxicomanie:
les professions à risque
le « dopage » en entreprise: performance, peur...
Le dépistage
Les stupéfiants
16 septembre 1916: apparition du décret sur les stupéfiants
Code pénal
loi du 31 décembre 1970
interdit l’usage de substances illicites en entreprise,
objectifs:
• réprimer le trafic,
• sanctionner pénalement l ’usage de stupéfiants tout en proposant une alternative thérapeutique,
• assurer la gratuité des soins et l ’anonymat pour les usagers qui le souhaitent
Aspects juridique du dépistage
Dispositions particulières pour l ’alcool
Éviter l’alcool sur le lieu de travail
interdiction d ’introduire, de distribuer, de laisser introduire ou distribuer des boissons alcoolisées ou de laisser entrer ou séjourner des personnes en état d ’ivresse sur le lieu de travail (art. L.232 du Cdt);
aucun avantage en nature ou salaire en boisson alcoolisée (art.L.232-3 et R.143-1).
Éviter l’ingestion d’alcool sur le lieu de travail
mise à disposition d ’eau potable et fraîche;
mise à disposition de boisson non alcoolisée pour les salariés travaillant dans des conditions les amenant à se désaltérer fréquemment.
Aspects juridique du dépistage
Le stress professionnel..
40
Sondage TNS Sofres de juillet 2008Thème : « les Français et leur travail »2 100 personnes interrogées« Quel est le premier mot auquel vous pensez quand
vous pensez à votre travail ? »
stress (78% des répondants)
La qualité de vie … selon les employésSondage TNS Sofres de juillet 2008 :
« Selon vous, parmi ces mots, quels sont ceux qui décrivent le mieux la façon dont la plupart des gens vivent leur travail ? »
Stress : 78%
Intérêt : 43%
Corvée : 30%
Ennui : 19%
Plaisir : 20%
Souffrance : 16%
Dynamisme : 19%
41
42
Etat des lieux
50% à 60% des arrêts de travail seraient liés au stress !
En France, le coût du stress au travail (données 2000) : Équivaut à 10% à 20% des dépenses de la
branche Accidents du travail / Maladies professionnelles de la Sécurité sociale
Le stress « coûterait » 1 milliard d’euro annuel
La qualité de vie … selon les employésSondage TNS Sofres de juillet 2008 :
« Par rapport à il y a quelques années, diriez-vous qu'en France, les conditions de travail se sont nettement améliorées, plutôt améliorées, plutôt dégradées ou nettement dégradées ? »
Nettement améliorées : 4%
Plutôt améliorées : 30%
Plutôt dégradées : 40%
Nettement dégradées : 14%
43
34%
54%
Le « stress » : une formulation commode
Moins chargée que « souffrance », moins connoté « psy » Permet au personnel de poser un problème sans
s’avancer sur son contenu. Peu déstabilisant pour la direction puisque l’on dit tout
et rien. Évoque des contenus scientifiques dont aucun des
acteurs n’a la maîtrise. Oriente donc du côté de l’élucidation savante.
Au final, elle permet de souligner l’existence d’un problème sans avoir à soutenir le débat social qu’il impliquerait.
les réactions de l’organisme au stress
Principales modifications physiologiques
Eprouver du stress est normal, bénéfique souvent.
C’est une réaction immédiate, brutale, de courte durée. Elle met l’organisme en état de combattre ou fuir: décharge d’adrénalineElle mobilise les réserves énergétiques Augmentation de la productivité, de la capacité de travail?Management par le stress viable?
Au-delà de l’urgence
Le Stress chronique est profondément toxique pour l’organisme
La réaction d’urgence s’épuise rapidement (jours, semaines, mois?)
Le stress chronique est à l’origine des effets négatifs sur la santé.
Effets à long terme
Perturbations favorisant l’athérosclérose.
Pathologies coronariennes.
Troubles gastro-intestinaux (ulcères, constipation, diarrhée).
Impact sur la vie familiale
Problèmes psychiatriques: Burnout, Dépression, Suicide, conduites Addictives
Un nouvel aspect de la gestion du stress
Nous ne sommes pas tous égaux devant le stress
les stratégies d'adaptation (au stress), le coping,
sont prépondérantes.
Ces stratégies sont les cibles psychothérapeutiques privilégiés pour améliorer la gestion du stress
Les schémas de pensée
Un schéma de pensée est une « grande règle de vie », qui me définit
Le paradoxe de certains schémas: ils favorisent la productivité et l’excellence, mais expose fortement à des troubles psychiatriques
Le grand classique: le schéma de perfectionnisme: « si ce que je fait n’est pas parfait alors c’est nul »
les facteurs de risque au stress
Le modèle à trois composantes de Karasek.
Exigences psychologiques (quantité et complexité du travail, contrainte de temps);
Autonomie (autorité décisionnelle, autonomie professionnelle);
Soutien social (soutien social, collègue, direction)
53
Modèle KARASEK
Les situations à risques pour la santé sont celles où la demande est forte et les marges de manœuvre disponibles insuffisantes.
Le risque est aggravé si la personne bénéficie d’un faible soutien social, et d’une faible latitude de décision
54
Modèle KARASEK
Situer les salariés sur 2 axes selon: la quantité de travail, les exigences la latitude décisionnelle, l’autonomie en abscisse
Quatre cadrans : « détendus » (faible quantité, forte latitude); « passifs » (faible quantité, faible latitude); « actifs » (forte quantité, forte latitude); « tendus » (forte quantité, faible latitude)
Répercussions négatives pour la santé chez les « tendus » Répercussions psychologiques chez les « actifs »
L’autonomie dans le modèle de KARASEK …ou comment éviter le stress
apprendre des choses nouvellesne pas effectuer des tâches répétitivesêtre créatifmobiliser un haut niveau de compétencedécider comment je fais mon travailassurer des activités variéespouvoir influencer le déroulement mon travaildévelopper mes compétences professionnelles
Burn out
« épuisement du carburant d’une fusée avec pour
conséquence la surchauffe et le bris de la machine »
Herbert J. Freudenberger (1974)
Psychiatre (Agence de soin de santé alternative).
Observations sur les volontaires qui travaillaient dans un centre pour toxicomanes: baisse des capacités émotionnelles, perte de motivation et d'engagement.
Processus se développant sur environ un an et s'accompagnant de symptômes mentaux et physiques.
Freudenberger
« les gens, comme les immeubles, sont parfois victimes d’incendie; sous l’effet de
la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes se consument comme sous
l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur même si
l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte »
Freudenberger
• Profil type:– Compétent, dynamique, inspirant confiance– Refusant tout compromis, s’investissant sans compter– Veux concrétiser un idéal
– S’épuise à vouloir atteindre un but irréalisable– N’accepte pas les limites dans la recherche d’un idéal– Frustration liée à l’absence de récompense, de
reconnaissance
individu convaincu que l’énergie ne lui fera jamais défaut
Christina Maslach (1976)
Psychologue sociale.
Comment les gens font-ils face à l'activation émotionnelle entraînée par le travail ?
Intérêt particulier pour les stratégies telles que le « detached concern » (l'idée de mêler la compassion et la distance émotionnelle).
Découverte : les stratégies de défense personnelle ont un effet important sur l'identité professionnelle et sur le comportement au travail.
Maslach (1975)
Le burnout est une triade:Épuisement physique et/ou psychiqueDéshumanisation: perte d’empathie,
détachement excessif, cynismeManque d’accomplissement
personnel: situations difficiles répétées, démotivantes, perte d’estime de soi, sentiment d’inutilité
Diagnostic
L’échelle de Maslach (MBI) Echelle d’auto évaluation 22 questions
Indiquez la fréquence à laquelle vous ressentez ce qui est décrit à chaque item. Entourer le chiffre correspondant à votre réponse
Jam
ais
Plus
ieur
s fo
is d
ans
l’ann
ée
Une
fois
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Que
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mai
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Chaq
ue jo
ur
1. Je me sens émotionnellement vidé(e) par mon travail 0 1 2 3 4 5 6
2. Je me sens « à bout » à la fin de ma journée de travail 0 1 2 3 4 5 6
3. Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j ai à affronter une autre journée de travail
0 1 2 3 4 5 6
4. Je peux comprendre facilement ce que mes malades ressentent
0 1 2 3 4 5 6
5. Je sens que je m’occupe de certains malades de façon impersonnelle comme s ils étaient des objets
0 1 2 3 4 5 6
6. Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d’effort
0 1 2 3 4 5 6
7. Je m’occupe très efficacement des problèmes de mes malades 0 1 2 3 4 5 6
8. Je sens que je craque à cause de mon travail 0 1 2 3 4 5 6
9. J’ai l’impression à travers mon travail d’avoir une influence positive sur les gens
0 1 2 3 4 5 6
10. Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que j’ai ce travail
0 1 2 3 4 5 6
11. Je crains que ce travail ne m’endurcisse émotionnellement 0 1 2 3 4 5 6
12. Je me sens plein(e) d’énergie 0 1 2 3 4 5 6
13. Je me sens frustré(e) par mon travail 0 1 2 3 4 5 6
14. Je sens que je travaille trop dur dans mon travail 0 1 2 3 4 5 6
15. Je ne me soucis pas vraiment de ce qui arrive à certains de mes malades
0 1 2 3 4 5 6
16. Travailler au contact direct avec les gens me stresse trop 0 1 2 3 4 5 6
17. J’arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes malades
0 1 2 3 4 5 6
18. Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail j’ai été proche de mes malades
0 1 2 3 4 5 6
19. J’ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans ce travail
0 1 2 3 4 5 6
20. Je me sens au bout du rouleau 0 1 2 3 4 5 6
21. Dans mon travail je traite les problèmes émotionnels très calmement
0 1 2 3 4 5 6
22. J’ai l’impression que mes malades me rendent responsable de certains de leurs problèmes
0 1 2 3 4 5 6
Epuisement Professionnel
Questions
1.2.3.6.8.13.14.16.20
Dépersonnalisation
Questions
5.10.11.15.22
Inaccomplissement Personnel
Questions
4.7.9.12.17.18.19.21
Bas Inferieur à 17 Inferieur à 5 Supérieur à 40
Modéré Entre 18 et 29 Entre 6 et 11 Entre 34 et 39
Elevé Supérieur à 30 Supérieur à 12 Inferieur à 33
Un modèle à trois composants
Epuisement émotionnel : dimension voisine de ce que l'on entend par stress.
Dépersonnalisation : réponse négative, insensible, ou excessivement détachée à ceux qui sont les destinataires du service ou du soin.
Déficit d'accomplissement : perte des sentiments de compétence, de réalisation personnelle et d’estime de soi.
Critères diagnostiques
État affectif négatifConditions de travail difficiles Aspirations idéalistesDiminution marquée des performancesBon fonctionnement professionnel antérieurPas de problème psy antérieurIrréversible sans aide extérieureS’améliore+++ après l’arrêt du travail
Professions à risque
Relation d’aide / de responsabilité envers l’autre: Professions de santé Travailleurs sociaux Enseignants Avocats
Postes de nuit / nuisanceTâches répétitives / monotonesConflit réalité / idéal recherchéTravail contraignant / stressant
Prévention
• Auto évaluation• Psychologue dans le service?• S’écouter, écouter ses proches• Améliorer relations / communication• Changer l’environnement• Changer l’individu….. Demander de l’aide• Freudenberger:
– « se centrer sur soi même et prendre contact avec ses aspirations profondes »
– « redevenir intime avec soi même et les autres »
« Savoir reconnaître une dépression »
Épidémiologie Trouble fréquent
Prévalence vie entière: 13 à 21%
Prévalence à 1 an: 5 à 8%
Nette prédominance féminine Sexe ratio: 2 femmes/1
homme
Problème de santé publique Répercussions
fonctionnelles et sociales Source d’invalidité
Evolution chronique Importance des taux de
rechute et de récidive
Risque de récurrences
Handicaps lies aux maladies (DALY)
Infections respiratoires bassesInfections respiratoires basses
DiarrhéesDiarrhées
Troubles périnatauxTroubles périnataux
Dépression Majeure UnipolaireDépression Majeure Unipolaire
CoronaropathiesCoronaropathies
Maladies cérébrovasculairesMaladies cérébrovasculaires
TuberculoseTuberculose
RougeoleRougeole
Accidents de la Voie PubliqueAccidents de la Voie Publique
Anomalies congénitalesAnomalies congénitales
PaludismePaludisme
Bronchopneumopathie Chronique Bronchopneumopathie Chronique
ObstructiveObstructive
ChutesChutes
CoronaropathiesCoronaropathies
Dépression Majeure UnipolaireDépression Majeure Unipolaire
Accidents de la Voie PubliqueAccidents de la Voie Publique
Maladies cérébrovasculairesMaladies cérébrovasculaires
Bronchopneumopathie Chronique Bronchopneumopathie Chronique
ObstructiveObstructive
Infections respiratoires bassesInfections respiratoires basses
TuberculoseTuberculose
GuerreGuerre
DiarrhéesDiarrhées
VIHVIH
Troubles périnatauxTroubles périnataux
ViolenceViolence
Anomalies congénitalesAnomalies congénitales
11
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11
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66
77
88
99
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1111
1212
1313
D’après JF Greden, 2001
19901990 20202020
Rupture avec l’état (psycho-socio-professionnel) antérieur
Sémiologie : Triade Symptomatique
Complication : Suicide 12000 DC/an (INSERM, 1995) 140 000 TS/an 2/3 des personnes DCD par suicide étaient
dépressives
SEMIOLOGIE
La dépression est un état pathologique de l’humeur qui associe plusieurs éléments appartenant à trois registres de troubles:
Tristesse pathologique de l’humeur, perte des interets
Ralentissement psychomoteurSymptômes somatiques
THYMIE DEPRESSIVE
Douleur morale (Conscience douloureuse du trouble)
Culpabilité intense : (« c’est de ma faute, je m ’en veux énormément »)
THYMIE DEPRESSIVE
Auto-dévalorisation : fait de se dévaloriser, de diminuer sa valeur
(« je ne vaux rien, j’ai échoué, je n’en suis pas capable »)
Pessimisme : tendance à n'envisager que les
aspects négatifs des événements (« je n’y arriverai jamais, le monde est pourri»)
THYMIE DEPRESSIVE
Émoussement affectif :
Anesthésie affective : incapacité à ressentir des affects (joie, ennui, dégoût...)
Symptômes SOMATIQUES
Touchent les fonctions instinctuelles :
Insomnie d’endormissement ou matinale, réveils nocturnes;
Somnolence diurne, hypersomnie non réparatrice.
Traitement
Antidépresseur Ex : Inhibiteur de la recapture de sérotonine (IRS) Durée minimale = 6 mois
Psychothérapies De soutien Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) D ’inspiration analytique ou psychanalyse Thérapie familiale ou systémique
Evolution
Guérison le plus souvent après quelques moisRechutes et récidives dépressivesDépression chronique ou récurrente (> 2 ans) :
20 % casSymptomatologie résiduelle : 50% casDépression résistante :
persistance de symptômes après 2 trts AD bien conduits de familles différentes, à posologies efficaces et pendant
une durée suffisante (4 à 6 semaines chacun)
Conclusion
Maladies fréquentesTraitements adaptésRisque = le suicide +++
« Savoir reconnaitre et évaluer des idées
suicidaires »
SUICIDE
12 000 Décès/an 2ème Cause Mortalité chez 15-25 ans
(1ère = AVP)
21 Décès /100 000 hab 1ère Cause Mortalité chez 25-30 ans
120 000 TS/an 1 Suicide/40 min 1 TS / 4 min
95% des patients qui se sont suicidés en parlent à un proche avant
70% consultent un médecin dans la semaine précédente
MODELISATION DE LA CRISE
Passage à l’acte
?
solution
suicide
suicide
suicide
suicide
solution
solution
solution
solution
solution solution
? ?
Recherche active de solutions
FlashMessages indirects
Idées fréquentes,
baissed’estime
de soi
RuminationMessage verbaux
CristallisationPlan suicidaire
Recherche de moyens
•L'urgence suicidaire est une mesure de la probabilité que la personne suicidaire passe à l'acte durant les prochaines 48 heures.
•L'urgence réfère donc à une probabilité à court terme.
•Cette mesure est d'autant plus importante qu'elle va servir dès le départ à orienter l'intervention.
•Importance de bien évaluer et de clarifier la situation en posant les questions : Où, Quand, Comment, Avec quoi?
Premières idées suicidairesElles sont soit plus diffuses (ex. : idée de mort, idée d'être poussée accidentellement devant le métro, etc.) ou plus précises, mais très brèves et non ruminées.
Après investigation, la personne dit :-ne jamais avoir pensé au suicide, -ne jamais avoir fait de tentative de suicide, -ne pas être suicidaire.
1 - “ Flashs ou idéations suicidaires ”
Pense au suicide quelques fois par semaine. Se pose des questions, Envisage cette possibilité de plus en plus sérieusement, Mais n'est pas encore obsédée quotidiennement par ce choix.
2 - Pensées suicidaires occasionnelles
Pense au suicide régulièrement, chaque jour. “ Je me réveille tous les matins en me demandant si ça vaut la peine de continuer à vivre ; si je suis pas mieux de mourir, etc... ”
3 - Pensées suicidaires fréquentes
Le suicide est la seule solution, ou bien semble être l'option principale. Elle ne sait pas ni comment ni quand.
Il manque un ou des éléments de la planification. (Où, Quand, Comment, Avec quoi).
4 - La planification du suicide est en cours
Menace de passer à l'acte au-delà de 48 heures. A le moyen ou a accès à ce moyen (ex. : le métro, pilules, etc.)
5 - La planification est complète au delà de 48h
La personne menace de passer à l'acte dans les 48 heures. La personne a en main le moyen qu'elle a choisi ou a accès à ce moyen (ex. : le métro, pilules, etc.)
6 - La planification est complète dans les 48h
Menace de passer à l'acte immédiatement. Le moyen retenu est disponible (pilules, arme à feu chargée, etc.) et la personne menace de l'utiliser durant l'appel ou immédiatement après avoir raccroché.
7 - La planification du suicide est complète
La personne a mis en œuvre son plan d'action (ex. : a absorbé des médicaments, a commencé à s'auto mutiler, etc.) L'intervenant n'a pas à évaluer ou à juger lui-même de la létalité du moyen utilisé.
8 - Tentative effectuée
9 - Décès
Comment reconnaître et évaluer la crise suicidaire
Évaluer les facteurs de risque (OMS) Les facteurs individuels Les facteurs familiaux Les facteurs psychosociaux
Évaluer la dangerosité et l’urgence
Les facteurs individuels
Antécédents suicidaires de l'individuPrésence de problèmes de santé mentale
(troubles affectifs, abus et dépendance à l'alcool et aux
drogues, troubles de la personnalité, etc.)Présence de troubles de santé physique
(maladie, handicap, etc.)
Les facteurs psychosociaux
Présence de difficultés économiques persistantesIsolement social et affectif de l'individuSéparation et perte récente de liens importants,
deuilDifficultés scolaires ou professionnelles
Évaluation de la dangerosité et de l’urgence
Il est souhaitable d’explorer six éléments: 1. Le niveau de souffrance 2. Le degré d’intentionnalité 3. Les éléments d’impulsivité 4. Un éventuel élément précipitant 5. La présence de moyens létaux à disposition 6. La qualité du soutien de l’entourage proche
Évaluation de la dangerosité et de l’urgence
Evaluation: Endroit calme Laisser libre cours à l’expression des affects Aborder le sujets des idées suicidaires Où, Quand, Comment, Avec quoi?
Évaluation de la dangerosité et de l’urgence (HAS)
Urgence Faible Urgence Moyenne Urgence Elevée
Intentionnalité suicidaire floue
Intentionnalité établie Résolution suicidaire forte
Relation de confiance avec un médecin,
recherche de communication
Importante souffrance psychique avec demande d’aide
Souffrance patente, ou au contraire
complètement tue.
Recherche de solution alternative au suicide
Suicide perçu comme seule issue possible à la crise
Entourage de bonne qualité
Isolement social
Absence de scénario Scénario élaboré mais sans date arrêtée
Scénario élaboré et planifié à brève
échéance
Pas d’accès direct à un moyen suicidaire Accès direct à un moyen suicidaire létal
Absence de pathologie psychiatrique prémorbide
Pathologie prémorbide
(dépression…)
Évaluation de la dangerosité et de l’urgence
Urgence faible = suivi ambulatoire
Urgence moyenne = suivi ambulatoire
Urgence élevée = hospitalisation
Conclusion : Suicide en milieu de travail
Etat des connaissances :
Etudes de la prévalence du suicide en milieu de travail restent rares.
300 à 400 salariés suicidés / an en France (enquête Inspection médicale du Travail de basse Normandie en 2003 )
Suicide en milieu de travail : état des connaissances
Professions à risque : Militaires, Policiers, Médecins, Infirmières, Agriculteurs, Finances …
Traits communs à ces professions : Stress +++++++ Exposition à des incidents critiques Pression émotionnelle Anxiété liée au risque d’erreur Confrontation à la mort… Accès facile à des méthodes létales
Suicide en milieu de travail : spécificité de la prévention
Situation d’urgence ET problème global plus répandu dans l’entreprise (Combalbert, 2008)
Intérêt d’un prise en charge psychologique individuelle ET collective
Accroitre la résistance individuelle (Stage de gestion du stress…) (Combalbert & Lançon, 2004)
Impact du suicide d’un travailleur
Au niveau de la direction: Culpabilité (facteur déclenchant) Désorganisation, difficulté de communiquer si
l’éventualité n’a pas été soulevée
Au niveau des collègues: Culpabilité de ne pas avoir « vu les indices » Tristesse, colère, confusion, sentiment de trahison Effet de contagion Etat de stress post traumatique, deuil compliqué