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COMPRENDREMEXIQUELE

Françoise Roy

Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. À l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations.

Octavio Paz, poète et essayiste mexicain (1914-1998)

À mon mari, Juan Antonio Toledo Manzur, et à nos enfants, Juan Claudio, Micaël Alexi, Leïlani et Samira

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CréditsAuteure : Françoise RoyÉditeurs : Julie Brodeur, Daniel DesjardinsCorrecteur : Pierre DaveluyInfographistes : Judy Tan, Philippe ThomasCartographe : Philippe ThomasDirecteur des éditions : Claude MorneauPhotographies : Première de couverture, Chapeau mexicain : © Dreamstime.com/Lunamarina; Quatrième de couverture, Kiosque de cuisine de rue : © iStockphoto.com/rramirez125; Oaxaca, Mexique : © iStockphoto.com/jmorse2000; Drapeau mexicain : © iStockphoto.com/4774344sean; Photo de l’auteur : © Juan A. Toledo

Remerciements

Merci au peuple mexicain, qui m’a si généreusement reçue en son sein.

– Françoise Roy

Guides de voyage Ulysse reconnaît l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour ses activités d’édition.

Guides de voyage Ulysse tient également à remercier le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Guides de voyage Ulysse est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres.

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Tous les moyens possibles ont été pris pour que les renseignements contenus dans ce guide soient exacts au moment de mettre sous presse. Toutefois, des erreurs peuvent toujours se glisser, des omissions sont toujours possibles, des adresses peuvent disparaître, etc.; la responsabilité de l’éditeur ou des auteurs ne pourrait s’engager en cas de perte ou de dommage qui serait causé par une erreur ou une omission.

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Guides de voyage Ulysse 4176, rue Saint-Denis, Montréal (Québec), Canada H2W 2M5, www.guidesulysse.com, [email protected]

Les Guides de voyage Ulysse, sarl 127, rue Amelot, 75011 Paris, France, [email protected]

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Roy, Françoise, 1959- Comprendre le Mexique (Comprendre) Comprend un index. ISBN 978-2-89464-896-4 1. Mexique - Mœurs et coutumes - 21e siècle. 2. Mexique - Guides. I. Titre. II. Collection : Comprendre (Éditions Ulysse). F1210.R69 2014 390.0972’0905 C2014-942207-5

Toute photocopie, même partielle, ainsi que toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, sont formellement interdites sous peine de poursuite judiciaire.© Guides de voyage Ulysse inc.Tous droits réservésBibliothèque et Archives nationales du QuébecDépôt légal – Deuxième trimestre 2015ISBN 978-2-89464-896-4 (version imprimée)ISBN 978-2-89665-010-1 (version numérique PDF)ISBN 978-2-76580-391-1 (version numérique ePub)Imprimé au Canada

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Avant-propos 6

Histoire et civilisation mexicaine 9Histoire du Mexique 9L’époque précolombienne 9La Conquête : la chute de Tenochtitlán 12

La Nouvelle-Espagne (1531-1821) 13L’indépendance 15Guerre américano-mexicaine 15La guerre des Castes 16L’intervention française 16Le Porfiriato 16La Révolution mexicaine 17

Politique 18L’organisation politique 18Le Mexique moderne : la construction d’une démocratie 18

Du miracle économique aux dévaluations du peso 22

Géographie 23La biodiversité, sceau du Mexique 23Un pays maritime 25Le Mexique urbain et sa mégalopole 25Le nord 26

Le plateau central 26La péninsule du Yucatán 26Les différents climats 26Le Mexique sur la ceinture de feu 27

Les autochtones, les immigrants et la route vers les États-Unis 28Les langues autochtones 28La problématique de l’intégration 28

Les immigrants 32Le Mexique, pays de transit pour les émigrés latino-américains 33

La diaspora mexicaine aux États-Unis et ailleurs 33

Arts et culture 35L’architecture 35La littérature 37La peinture 38La sculpture 39La musique 40La danse 41Le cinéma 43Le théâtre 44

La vie quotidienne au Mexique 45

La langue mexicaine et les mexicanismes 45Le verbe chingar 47Le vocabulaire alimentaire 48Les particularités linguistiques 50

Les transports 52Les routes 52L’autocar et les transports collectifs 53Le train 53L’avion 54

Les télécommunications 54La télévision 55L’Internet 55

La radio 56La liberté d’expression et le journalisme 56

Système de santé 58Le système public : IMSS et ISSTE 58Le système privé 59Le tourisme médical 59L’obésité et le diabète 60

Les sports 61Le football 61La tauromachie 62La charrería 62La boxe 63La lutte 63

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Vivre en société 67

La hiérarchie et les relations multiculturelles 67Les teintes nuancées du nationalisme 67

L’importance folklorique des peuples autochtones 68

Les classes sociales 68Relations avec les étrangers 68

La liberté d’expression et les droits de l’homme 70L’homosexualité 70La loi et l’ordre 71

Relations hommes-femmes 72Le machisme 72La place des femmes 72L’étiquette entre les genres 73La drague et ses bruits curieux 74

L’étiquette sociale et les particularités culturelles 74Les rencontres et les relations sociales 74La perception du temps 75

La fierté et la notion de face 75Le fatalisme 76La conscience sociale 76

La religion 77Le catholicisme 77Le syncrétisme religieux 78La pénétration du protestantisme de type évangélique et d’autres religions 78

Les fêtes religieuses 79La culture de la mort 80

Les plaisirs de la vie 81Gastronomie et culture culinaire 81Régime alimentaire au Mexique 81La cuisine de rue 82L’étiquette à table et au bar 83L’histoire de la tequila 83La tequila, partie intégrante de la vie des Mexicains 84

La sécurité et la délinquance 85La délinquance commune 85La guerre contre le trafic de stupéfiants 86

L’économie, les affaires et le travail 89Portrait économique du Mexique actuel 89Économie informelle 90Les écarts socioéconomiques 91Les bas salaires 91Le manque de productivité 92Recherche et développement 92Le blanchiment d’argent et les narcodollars 93

Le secteur primaire : l’agriculture 94Le secteur secondaire : de l’industrie pétrolière aux maquiladoras 95Secteur tertiaire : le commerce et les services 97Le tourisme : une mine d’or pour le Mexique 97Les stations balnéaires et leurs complexes hôteliers 98

L’écotourisme 99Les sites archéologiques et les villes coloniales 99

Le tourisme national 100Le réseau des Pueblos mágicos 100

Le monde des affaires 101Le travail au quotidien 101Les relations sociales au travail 102La hiérarchie et l’étiquette dans le milieu de travail 102

Côtoyer les entreprises mexicaines 103Le réseau 104Les noms mexicains 104Repas d’affaires 104Le système bancaire mexicain 105

Étudier au Mexique 105

Épilogue 108Bibliographie 110

Index 111

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Quelques données

GénéralesNom officiel du pays : Estados Unidos Mexicanos (États-Unis du Mexique)

Statut politique : république fédérale

Système électoral : démocratie présidentielle à suffrage universel avec mandat de six ans (non renouvelable)

Superficie : 1 964 375 km²

Monnaie : peso mexicain (symbole : $ ou MXN)

États fédérés : 31 États dirigés par un gouverneur ainsi qu’un district fédéral dirigé par un chef de gouvernement (Jefe de Gobierno), souvent appelé « maire de México » en dehors du Mexique.

DémographiquesPopulation (2014) : 119 426 000 habitants

Densité (2010) : 57 hab./km2 (France 112 hab./km2, Canada 3,3 hab./km2)

Population urbaine : 78% (France 86%, Canada 81%)

Les plus grandes villes : District fédéral (México) (23 millions d’habitants), Guadalajara (5 millions), Monterrey (3 millions), Puebla (2 millions)

Langue officielle : castillan (castellano) ou espagnol

Langues co-officielles : nahuatl, maya, otomí, mixtèque, zapotèque, purépecha, wixárica, tzotzil, tzeltal, tojolabal, raramuri, totonaque, chol, zoque, mazateco et autres

Religions : catholicisme (souvent mélangé aux croyances animistes), protestantisme

Espérance de vie à la naissance : 77 ans (France et Canada 82 ans)

Taux d’alphabétisation : 94% (France et Canada 99%)

Indice de développement humain (IDH, 2013) : 0,756 (71e au monde, mieux que le Brésil mais moins bien que l’Argentine)

ÉconomiquesPIB/hab. (en parité de pouvoir d’achat 2013) : 16 463 $US (France 37 872 $US, Canada 43 247 $US)

PIB (en parité de pouvoir d’achat 2013) : 2 014G $US, 12e au monde (France 2 500G $US, 8e au monde, Canada 1 520G $US, 16e au monde)

Composition du PIB par secteur (2011) : agriculture 3,76%; industrie 36,39%; services 59,85%

Population active par secteur (2012) : agriculture 14%; industrie 24%; services 62%

Taux de chômage (2013) : 5,3%

Inflation (2014) : 3,44%

Dette publique (2013) : 37,7% du PIB

Exportations (2013) : 371G $US

Importations (2013) : 350G $US

Indications de consommationTéléphones portables pour 1 000 hab. (2014) : 273 (France 980, Canada 760)

Voitures particulières pour 1 000 hab. (2014) : 273 (France 481, Canada 420)

Utilisateurs d’Internet (2013, selon INEGI) : 30,7% des foyers (France 83%, Canada 86,8%)

Croissance (2014) : 3,6% (selon le FMI)

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Je dis toujours aux gens que s’ils ne pouvaient, dans leur vie, ne visi-ter qu’un seul pays, de choisir le Mexique. Peu d’endroits offrent un tel banquet pour les yeux, l’esprit et le cœur : villes modernes, joyaux d’ar-chitecture coloniale, sites archéologiques témoignant de grandes civili-sations, volcans, jungles, déserts, grottes, paysages de montagnes, sans oublier les cenotes du Yucatán, ce à quoi il faudrait ajouter d’innombrables plages paradisiaques.

Culturellement parlant, le Mexique est un chef de file incontestable en Amérique latine. De surcroît, le pays possède 24 sites – liés à sa riche histoire remontant aussi loin que l’Antiquité – déclarés patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Classé 11e pays le plus peuplé au monde, il est de loin la nation hispanophone la plus importante, ne fût-ce que par son poids démographique. Ce qui n’est pas peu dire, l’espagnol étant la deuxième langue la plus parlée au monde en tant que langue maternelle, devançant de peu l’anglais (mais loin derrière le chinois).

Tout au Mexique est extrême : le foisonnement de la vie animale et végé-tale, le volcanisme, les mouvements tectoniques, la violence des pluies estivales marquées par la présence périodique d’ouragans, le problème du crime organisé lié au trafic de drogue qui a défiguré récemment certaines parties du pays. Tout y pousse : c’est cette variété inouïe de milieux natu-

Avant-propos

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rels qui frappa les conquistadors du XVIe siècle. Car au cœur des observa-tions des premiers Blancs à admirer cette luxuriance, au cœur du zèle de Linné à classifier les espèces – tâche monumentale qui ne s’éteignit pas à sa mort, mais donna lieu à la biologie moderne –, est niché le concept de biodiversité, que les explorateurs, bien qu’ils eussent été incapables d’y apposer un nom, associèrent tous à la richesse.

Déjà, les termes « précolombien » ou « préhispanique » en disent long sur le drame ayant donné naissance au Mexique moderne. Comme si l’arri-vée d’un étranger nommé Christophe Colomb servait de ligne de partage des eaux culturelles au point où les civilisations ancestrales qui avaient fleuri avant lui sur ce territoire lui étaient insignifiantes. Reprenant l’image de ce pays des merveilles – avec son arche de Noé multipliée et ses civilisations anciennes très développées –, on peut aisément imaginer ce que fut la traversée à cheval de la Sierra Madre par les conquistadors, l’éblouissement des nouveaux venus face à la cour impériale des Aztèques. Voilà pourquoi on mit tant d’effort à coloniser ces territoires, les piller, les dominer politiquement. Pourtant, de cette domination, de ce violent contact entre cultures presque incompatibles, naquit un pays fascinant, le Mexique. Voisin retardataire de la nation la plus puissante au monde, marqué par un destin plein de soubresauts, il devra un jour répondre à cette vocation de pays choyé par la nature. C’est le défi qu’il cherche main-tenant à relever.

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L’élément graphique dont on voit l’image tout au long de ce livre représente la pyra-mide de Kukulcán à Chichén Itzá, dans l’État du Yucatán. Chichén Itzá fut l’un des plus importants centres religieux mayas des Amériques. Cette pyramide fut appelée El Castillo par les conquistadors espagnols.

Ce qu’on appelle en français « sombrero » se dénomme au Mexique sombrero de charro, car le mot sombrero veut simple-ment dire « chapeau » en espagnol. Ce chapeau, lorsqu’il est fabriqué tradition-nellement, s’avère très solide et protège du soleil grâce à ses larges bords.

En couverture

La pyramide de Kukulcán à Chichén Itzá

Diplômée en géographie latino-américaine, traduc-tion et photographie, auteure de 16 livres, Françoise Roy (Québec, 1959) a gagné les prix suivants : Prix national de traduction littéraire (Mexique), Concours Alonso Vidal (Mexique), Prix Jacqueline Déry-Mochon (Québec), Prix internationaux Ditët e Naimit (Macédoine) et Poetry Nights of Curtea de Arges (Roumanie). Établie au Mexique depuis 1992, elle a traduit 56 livres.

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1Histoire et civilisation mexicaine

Histoire du Mexique

L’époque précolombienne Le territoire du Mexique actuel a été découvert et habité par des groupes de chasseurs-cueilleurs nomades ayant traversé le détroit de Béring il y a plus de 30 000 ans. La bonté du climat et le sol volcanique en firent une terre fertile, apte à l’agriculture. C’est ainsi que s’y développèrent des sociétés très avan-cées, complexes et sédentaires, qui s’éta-blirent tour à tour, parlant des langues différentes. Elles ont entre autres laissé des vestiges importants comme la ville

de Teotihuacán, les têtes olmèques, les gigantesques statues de Tula, sans comp-ter les spectaculaires pyramides mayas. Le préclassique ancien (2500 à 1500 av. J.-C.) marque le début de la civilisation mésoaméricaine : on assiste à l’appa-rition de la poterie et des premiers villages agricoles. C’est à cette époque que commence à rayonner la civili-sation maya, une des plus anciennes du continent. Durant le préclassique moyen (XIVe siècle au IVe siècle av. J.-C.), la culture olmèque s’étendra pour sa w

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Histoire du Mexique

Principales civilisations de l’époque précolombienne

Civilisation Chronologie Quelques sites archéologiques

Maya Établissement : 2000 av. J.-C.

Apogée : entre 300 et 900 de notre ère.

Déclin : à partir de 1000 de notre ère, jusqu’à la chute de Mayapán, en 1450 de notre ère.

Yucatán : Mayapán, Chichén Itzá, Uxmal

Quintana Roo : Coba, Tulum, Muyil

Campeche : Calakmul

Chiapas : Palenque, Yaxchilán

Olmèque Établissement : 2000 av. J.-C.

Apogée : entre 1200 av. J.-C. et 600 av. J.-C.

Déclin : à partir de 600 av. J.C. jusqu’à 200 av. J.-C.

Tabasco : La Venta

Veracruz : Tres Zapotes, Laguna de los Cerros, San Lorenzo

Mixtèque Établissement : 1500 av. J-C.

Apogée : 950 à 1500 de notre ère.

Déclin : après la Conquête, certains Mixtèques se sont soumis aux Espagnols, d’autres ont lutté et, récemment, plusieurs ont émigré aux États-Unis.

Oaxaca : Zaachila, Monte Negro

Zapotèque Établissement : 1500 av. J.-C.

Apogée : 200 av. J.-C. à 250 de notre ère.

Déclin : dès l’an 1000 de notre ère, jusqu’à la mort du dernier roi zapotèque, en 1563.

Oaxaca : Monte Albán, Mitla, San José Mogote

Teotihuacán Établissement : 300 av. J.-C.

Apogée : entre 150 et 450 de notre ère.

Déclin : dès 500 de notre ère.

México : Teotihuacán

Toltèque Établissement : 750 de notre ère.

Apogée : 900 de notre ère.

Déclin : destruction de Tula en 1168.

México : Tula

Aztèque

(Mexica)

Établissement : 1200 de notre ère, fondation de Tenochtitlán en 1325.

Apogée : 1440 à 1520.

Déclin : dès la colonisation espa-gnole, en 1520.

México : Tlatelolco, Templo Mayor, Malinalco

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Histoire du Mexique

part à travers toute la Mésoamérique. Les anthropologues avancent que les Olmèques seraient à l’origine du calen-drier mésoaméricain et de l’écriture en hiéroglyphes, qui plus tard sera perfec-tionnée par les Mayas.

Bien que les origines de la civilisation maya remontent à la préhistoire, les premières constructions mayas impor-tantes datent du préclassique (1500 av. J.-C. à 250 de notre ère). Les civilisations des basses terres (sud du Mexique et Guatemala actuels) érigèrent des cités-États telles que Copán, Tikal et Palenque. Elles connurent leur plus grand essor à la période classique, surtout entre les VIIe et IXe siècles de notre ère, mais furent soudainement abandonnées entre la fin du IXe siècle et le début du XIe siècle, pour des raisons qui demeurent nébuleuses. Parmi les hypothèses expliquant le déclin de cette grande civilisation, notons l’épui-sement des sols fragiles dû à une densité de population trop forte, ou encore les troubles sociaux liés aux guerres entre cités et aux incursions de guerriers mexi-

cas (aztèques) venus du Tabasco, porte d’entrée de la péninsule du Yucatán. Au début de la période postclassique, qui s’étend du Xe au XVIe siècle, le centre du Mexique est dominé par Tula, capitale des Toltèques. À Oaxaca, au XIIIe siècle, les Mixtèques, ayant des visées expan-sionnistes, se mettent à coloniser les vallées où habitaient les Zapotèques. En 1325, les Mexicas, mieux connus sous le nom d’Aztèques, fondèrent Tenochtitlán, qui deviendra la capitale de l’État le plus vaste que n’eût jamais connu la Mésoamérique. L’actuelle México fut littéralement construite sur les ruines de cette cité fastueuse et rondement admi-nistrée qui a ébloui les Espagnols. Bijou d’urbanisme de l’Empire aztèque, Tenochtitlán fut construite sur une île du lac Texcoco, asséché par la suite. À l’arri-vée des Européens, cette ville au décou-page symétrique possédait un système d’égouts et était sillonnée de canaux sur lesquels était pratiquée la culture du maïs sur des chinampas (radeaux d’osier couverts de limon). Reliée aux rives du lac par des chaussées, la ville traversée

Quetzalcóatl : du mythe au symbole collectif

La figure de Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est au cœur de l’histoire du Mexique. Le nom de cette déité vient de quetzal (un oiseau très coloré à longue queue de la région maya) et coatl (serpent). Le mythe raconte qu’à l’époque de la création du monde, ce dieu s’est incarné pour montrer aux hommes à bien gouverner et leur a fait don, entre autres, du maïs, du calendrier et des livres. Dieu des sciences et de la sagesse, patron de l’aube, des marchands et des métiers, il est présent, toujours sous des traits similaires, dans toutes les grandes cultures mésoaméricaines. Il était vénéré tant des Toltèques, dont la civilisation date d’un millénaire avant Jésus-Christ, que des Aztèques, qui ont jeté les bases de leur domination quelque 2 200 ans plus tard. La légende parle d’une descente aux enfers par laquelle Quetzalcóatl aurait assuré le salut de l’humanité détruite. Les experts ne s’entendent pas sur la véracité historique de cette croyance, mais l’idée a longtemps circulé que Moctezuma croyait que Cortés était une manifestation de Quetzalcóatl. C’est pour-quoi son empire aurait été détruit si facilement par les conquistadors. L’écrivain mexicain Carlos Fuentes a comparé cette divinité essentielle, à cause de son rôle civilisateur, à Prométhée, Moïse et Ulysse de l’Odyssée.

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Histoire du Mexique

de larges artères était divisée en quatre quartiers (campan).

Au centre était érigé le Templo Mayor, dont les ruines spectaculaires ont été excavées à côté de l’actuelle cathédrale métropolitaine. La religion polythéiste, empreinte d’animisme et de chama-nisme, était au cœur de la civilisation aztèque. Dans cette société, fortement hiérarchisée, chacun avait son rôle, incluant plus ou moins de pouvoir et de noblesse (dignitaires, prêtres, guerriers, marchands, paysans). Perçus comme un honneur, les sacrifices humains dédiés aux dieux étaient fréquents et ne se limitaient pas aux prisonniers ou aux ennemis, mais aussi à la population de Tenochtitlán (dignitaires, guerriers, femmes et enfants). En plus de mourir dans la gloire, les individus qui s’offraient en sacrifice ennoblissaient leur famille.

Au moment de la Conquête, on trouvait à Tenochtitlán des marchés spécialisés, des latrines publiques, des aqueducs et de nombreux temazcallis (aussi nommés temaccallis ou temazcales), un bain de vapeur traditionnel.

Prélevant de nombreux tributs et impôts (en denrées de toutes sortes ainsi qu’en vies humaines, destinées aux sacrifices) à travers leur empire, les Aztèques se firent de nombreux ennemis. Ces peuples, lassés de la domination aztèque, ont joué un rôle essentiel dans la Conquête qui donna lieu à la Nouvelle-Espagne.

La Conquête : la chute de Tenochtitlán En 1519, l’Espagnol Ferdinand (Hernán) Cortés part de Cuba pour débarquer d’abord à Cozumel, une île au large de la péninsule du Yucatán. Ensuite, il pénètre dans la baie de Campeche, où il débarque à Tabasco puis à Veracruz. Les indigènes qui virent le long de la côte son contin-gent, formé notamment de chevaux et de centaines de soldats, se demandaient

quelle était cette créature étrange, au corps humain, mais dotée d’une tête et de pattes ressemblant à celles des cervidés, et si les deux parties ne faisaient qu’une. Les conquistadors, profitant de  l’épou-vante des autochtones et des griefs des tribus soumises aux Aztèques qui habi-taient le Mexique central, conclurent vite des alliances. Les Tlaxcaltèques, ennemis jurés de Tenochtitlán, chef-lieu de l’Em-pire aztèque, furent de fidèles alliés.

Cortés rencontra aussi une esclave autochtone qui facilitera son entrée à Tenochtitlán. Il doit en grande partie sa victoire au Nouveau Monde à Malintzin, alias La Malinche, qui sera son interprète (tant pour la langue que pour les mœurs autochtones) et sa maîtresse. Elle lui donna un fils, Don Martín Cortés, reconnu comme le premier Métis du Mexique.

L’empereur qui régnait à l’arrivée de Cortés, Moctezuma (aussi nommé Montezuma), était un homme raffiné, respecté de son peuple. Il essaya, par l’intermédiaire de ses émissaires, de décourager les Espagnols, qui avan-çaient vers la capitale de l’Empire comme une marée de métal depuis la côte, de prendre la cité. Pour les convaincre, il envoya en gage de paix de somptueux objets en or et en argent, des manteaux de plumes multicolores, qui, au lieu de flatter les intrus, ne firent qu’exacerber leur convoitise. Toutefois, il les laissa entrer à Tenochtitlán, le moment venu, car il croyait sans doute à la prophétie de Quetzalcóatl (voir p. 11), selon laquelle des hommes barbus à la peau blanche, incarnant le dieu revenu d’exil, viendraient un jour de l’Est.

Cortés fut donc reçu en dignitaire à la cour de Moctezuma. Toutefois, après avoir joui de cinq jours d’hospitalité princière, il trahit son hôte, le faisant prisonnier. L’assurant que son empire garderait sa souveraineté, il quitta la ville pour rega-gner la côte et combattre les troupes de Pánfilo Narváez. Ces troupes étaient

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envoyées pour freiner Cortés dont la conquête du Nouveau Monde s’effectuait sans l’aval de ses supérieurs. Durant son absence, ses officiers massacrèrent une partie de la noblesse autochtone. La popu-lation aztèque se souleva alors contre eux et assiégea les Espagnols au palais.

Le 24 juin 1520, Cortés entre à nouveau à Tenochtitlán, au milieu de révoltes indi-gènes. Commence alors un siège terrible : encerclés, les Espagnols ne peuvent plus tenir. Cortés ordonne à Moctezuma de persuader son peuple de les laisser partir. Moctezuma obtempère, mais il est ensuite lapidé par la foule en colère et meurt de ses blessures. Cuauhtémoc devient alors empereur.

Les Espagnols, à bout de victuailles, déci-dèrent de tenter une sortie, pendant la nuit pluvieuse du 30 juin 1520, laquelle passera à l’histoire sous le nom de Noche triste. Aux côtés de leurs alliés autoch-tones, ils s’enfuient, chargés de l’or dérobé au palais. Des 1 000 combattants tlaxcal-tèques participant à la bataille, seule une centaine survécut au massacre. Bernal Díaz del Castillo, soldat et principal histo-rien de la Conquête, affirme que plus de la moitié des Espagnols furent massacrés ou périrent noyés dans les canaux de cette Venise précolombienne, construite au milieu d’un lac. On raconte que Cortés éclata en sanglots à l’ombre d’un cyprès de marais (ahuehuete, arbre national du Mexique).

L’ayant échappé de justesse, Cortés, voyant ses troupes décimées et l’or perdu, décide de rallier tous les ennemis des Aztèques pour se constituer une armée, qui attaque alors Tenochtitlán. Le siège durera près de trois mois. Les hostilités détruisent une partie de la cité et font entre 120 000 et 240 000 morts chez les Aztèques, ce qui entraîne la reddition de Cuauhtémoc, le 13 août 1521. Le dernier tlatoani (empe-reur) aurait d’ailleurs demandé à Cortés de le tuer avec son propre poignard. Cortés préféra le torturer (la légende veut qu’on

lui brûlât les pieds) dans l’espoir qu’on lui révélât l’emplacement des trésors impé-riaux. Soupçonné de trahison par Cortés, Cuauhtémoc mourut par pendaison en 1525.

Après avoir été impliqué dans une série d’intrigues et de trahisons, Cortés retournera en Castille réclamer le poste de gouverneur de Nouvelle-Espagne, mais il n’obtint qu’un titre de marquis, se voyant céder des terres lointaines à Oaxaca. Il mourut le 2 décembre 1547 dans sa contrée natale.

La Nouvelle-Espagne (1531-1821)Une fois Tenochtitlán conquise, s’établit pendant le règne du roi d’Espagne, Charles Ier (Charles Quint), un vaste empire colo-nial dénommé la Nouvelle-Espagne. Cet empire s’étendra jusque dans le sud-ouest des États-Unis actuels (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas). On y fonde celles qui seront ses principales villes : México (dont le cimetière souter-rain est la somptueuse Tenochtitlán), Guadalajara, Puebla et Monterrey. Dès l’an 1535, on confie l’administration du terri-toire à un vice-roi, Antonio de Mendoza, nommé par Charles Quint.

La colonisation espagnole va bon train. Les missionnaires, dont le plus remar-quable fut Bartolomé de las Casas, ardent défenseur des autochtones, viennent au pays afin d’évangéliser la population. L’Espagne s’enrichit considérablement grâce à l’exploitation des mines d’argent, alors les plus riches au monde. On intro-duit la culture de la canne à sucre et du café, tandis qu’un intense et très complexe processus de métissage prend place.

La population autochtone succombe néanmoins aux épidémies (particuliè-rement celles de petite vérole) et aux travaux forcés auxquels elle est soumise. On estime qu’avant l’arrivée des Blancs, le Mexique central comptait 25 millions

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d’habitants, dont il n’en restera qu’un million vers 1650.

Durant les trois siècles de vice-royauté, les indigènes ne furent pas entièrement soumis. De très nombreuses révoltes marquèrent la période coloniale (de 1550 à 1590, les Chichimèques se soulèvent; en 1761, le Maya Jacinto Canek prend la tête d’un mouvement armé). Bien qu’on eût promulgué en 1542 les Lois Nouvelles visant à améliorer la condition des indi-gènes, une ère convulsée s’ensuivit,

marquée par l’exploitation des richesses et la conversion des autochtones au chris-tianisme. L’établissement d’haciendas et d’encomiendas (régimes fonciers apparen-tés aux seigneuries), qui furent abolies en 1720, réglementa la soumission des autochtones, sans pour autant que ne soit institué un régime d’esclavage.

Selon un recensement de 1793, la colo-nie espagnole compte près de 4 500 000 habitants. Toutefois, ses fondations commencent à se fissurer. En 1799,

Les autochtones : une main-d’œuvre inféodée

Dès la Conquête, et jusqu’au XVIIIe siècle, de grandes propriétés agricoles (incluant leur population) furent concédées en guise de récompense aux colons espagnols par les vice-rois. Semblables aux seigneuries européennes, ces encomiendas regrou-paient des paysans autochtones travaillant la terre (légumineuses, canne à sucre, maïs) et offrant des tributs en tout genre en échange de la protection du proprié-taire. Les grands propriétaires d’encomiendas se voyaient également chargés d’une mission de civilisation et d’évangélisation de leur main-d’œuvre. Au fil du temps, le labeur exigé aux autochtones passa de la production agricole et de l’élevage à l’exploitation minière. Leurs conditions de travail se dégradèrent alors, et leur situa-tion se rapprocha de l’esclavagisme.

Le système des encomiendas céda graduellement sa place à celui des haciendas. Ce système de production, tout aussi inégal, domina la structure socioéconomique du pays jusqu’à la Révolution (1910). Comme les encomiendas, les haciendas étaient de grandes propriétés agricoles (aux mains des colons espagnols et de certains Créoles) organisées comme de petites villes. Victimes de péonage, un cercle vicieux de servage pour dette qui se transmettait souvent de génération en génération, les autochtones se voyaient aliénés à l’hacienda où ils vivaient et travaillaient. Devant obligatoirement effectuer leurs achats de base au magasin de l’hacienda et souvent rembourser la dette contractée par leurs parents, ils se trouvaient complètement inféodés au domaine. Ils vivaient ainsi dans de piètres conditions, installés autour des bâtiments luxueux où logeaient les propriétaires terriens. Certaines haciendas se sont spécialisées dans l’élevage, la production de tequila ou de café, par exemple.

À la veille de la Révolution, le Mexique comptait environ trois millions de familles de peones (autochtones en servage de dette dans une hacienda). Le soulèvement de ces paysans qui exigeaient la restitution des terres et de leur liberté fut l’élément déclencheur de la Révolution mexicaine et des réformes agraires qui s’ensuivirent. Il leur faudra pourtant attendre la refonte du Code agraire de 1934 pour que les terres des haciendas soient complètement démantelées et distribuées aux paysans.

Aujourd’hui, les vestiges des quelque 8 000 haciendas que comptait le pays, d’une richesse architecturale indiscutable, représentent une importante valeur patrimo-niale et touristique.

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des colons séditieux ourdissent la Conspiration des Machettes visant à expulser les Espagnols, et en 1800, on découvre une conspiration indépendan-tiste dont les instigateurs aboutissent devant les tribunaux. La rivalité s’avive entre Espagnols et Créoles (Blancs nés en Amérique, jouissant de moins de privilèges que ceux nés en Espagne). Les mouvements d’indépendance qui, déjà, secouaient les Amériques sont la toile de fond sur laquelle se jouera la révolte finale contre la mère patrie.

L’indépendance Le 16  septembre  1810, dans la ville de Dolores Hidalgo, un curé créole du nom de Miguel Hidalgo y Costilla invite les citoyens de sa paroisse à l’insurrection contre les Espagnols en proclamant, du haut de la chaire : « Vive le Mexique, vive la Vierge de Guadalupe, vive Ferdinand VII, à bas le mauvais gouvernement! » La date de cet événement historique, connu sous le nom de Grito de Dolores (le cri de Dolores), correspond aujourd’hui à la Fête de l’indé-pendance au Mexique. Après avoir tenté de s’emparer de México, Miguel Hidalgo y Costilla sera exécuté en 1811. Toutefois, le mouvement qu’il avait amorcé prend de l’ampleur sous la coupe de José María Morelos y Pavón, qui mènera la guerre d’indépendance (1811-1815) aux côtés d’autres révolutionnaires.

Morelos organisera en 1813 le congrès de Chilpancingo (aussi dénommé Congrès d’Anáhuac), premier organe législatif du Mexique, où il présentera un document fondamental de l’histoire politique du pays : Sentimientos de la Nación. Morelos, capturé par les monarchistes, sera jugé par l’Inquisition, puis exécuté le 22 décembre 1815. Signé en août 1821, le traité de Córdoba, qui établit l’existence d’une nation souveraine du Mexique, entre en vigueur le 28 septembre suivant. L’Espagne ne reconnaîtra toutefois la

perte du joyau de sa couronne que le 28 décembre 1836.

Les Créoles, auparavant exclus du pouvoir politique et économique (les fonctions lucratives étant réservées aux Espagnols), deviennent dès lors maîtres du pays. Le Mexique gagne officielle-ment son indépendance face à l’Espagne, et à toute autre nation, gouvernement ou monarchie. La religion catholique y est déclarée comme la seule valable. Le gouvernement est divisé en trois branches : législatif, exécutif et judiciaire. Il sera composé de représentants de chaque province. La monarchie est abolie et le gouvernement libéral, nouvelle-ment établi, tente d’améliorer le sort des ouvriers. Les distinctions de castes sont déclarées hors-la-loi. Enfin, les points de contrôle et les tributs imposés aux autochtones disparaissent.

Guerre américano-mexicaineEn 1836, le Texas proclame son indépen-dance : la guerre éclate entre le Mexique et son voisin du nord. Elle durera de 1846 à 1848, se terminant par la signature du traité de Guadalupe Hidalgo, par lequel le Mexique reconnaît comme sa frontière nord le Río Grande (que lui-même appelle le « Río Bravo »). Les Mexicains doivent donc céder plus de 40% de leur territoire aux États-Unis, soit le Texas, la Californie, l’Arizona et le Nouveau-Mexique.

Les troupes américaines envahissent le pays de 1847 à 1848. Après la bataille de Chapultepec, le 14 septembre 1847, les forces d’occupation hissent le drapeau américain sur le Palais national. Après la guerre, deux factions politiques, libéraux et conservateurs, continuent à s’affron-ter, et le dictateur Antonio López de Santa Anna monte au pouvoir. En 1854, les libéraux prennent les armes sous la direction de Juan Álvarez. En 1855, ils renversent Santa Anna et s’installent à la tête du gouvernement.

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On assiste à la promulgation des Lois de Réforme, qui affectent les intérêts de différents groupes, particulièrement l’Église, et à l’entrée en vigueur, en 1857, de la nouvelle Constitution mexicaine. Benito Juárez, un indigène zapotèque né le 21 mars 1806, qui présidait alors la Cour suprême sous le règne d’Ignacio Comonfort, devient président en 1858 (il le sera jusqu’à sa mort en 1872). Presque un accident de la nature, Juárez représente un cas unique, symbolisant à lui seul l’âme mexicaine et les défis que devrait affronter la nation. Peu de héros ont la stature, dans l’imaginaire collectif d’une nation, de celui que ses concitoyens actuels surnomment le Benemérito de las Américas (le très digne d’honneur des Amériques), ou le père du Mexique moderne.

Le Mexique d’alors était écartelé entre deux forces contraires : les centralistes et les fédéralistes. Alors qu’il était encore ministre de la Justice et de l’Éducation, Benito Juárez commença à s’attaquer aux privilèges du clergé (l’un des principaux propriétaires terriens) et de l’armée. Il promulgua ensuite sa célèbre « Loi sur la nationalisation des biens de l’Église », qui jetait les bases de la laïcité au Mexique, ayant réussi à surmonter l’opposition féroce des forces conservatrices détermi-nées à miner son gouvernement.

La guerre des CastesLa guerre des Castes, qui éclata en 1847 et dura jusqu’à la fin du XIXe siècle, était un conflit armé pendant lequel les Mayas du sud et de l’est du Yucatán se soule-vèrent contre la population blanche et métisse au pouvoir dans l’ouest de la péninsule. Le Yucatán avait à  l’époque des visées indépendantistes et son gouvernement était miné par les conflits internes. Il y eut même un projet d’an-nexion aux États-Unis qui échoua, mais les piètres conditions de vie des autoch-tones menèrent à leur soulèvement, qui commença par le massacre des Blancs et

des Métis et se poursuivit avec l’assassi-nat successif des chefs rebelles. La révolte fit 250 000 morts et ne prit fin qu’avec l’arrivée des troupes fédérales qui occu-pèrent la capitale maya de Chan Santa Cruz en 1901.

L’intervention françaiseEn 1862, les Français envahissent le Mexique. Ils imposent comme chef suprême l’empereur autrichien Maximilien de Habsbourg. Benito Juárez, anti-monarchique jusqu’à la moelle (on aurait peiné à lui trouver une seule goutte de sang bleu), mena le mouvement de résistance, dont le coup de théâtre fut la suspension du paiement de la dette extérieure (la France étant l’un des créanciers du Mexique). Secondé par l’Espagne et l’Angleterre (la guerre de Sécession battait son plein, appauvris-sant le grand voisin du Nord), Napoléon III, jouissant de la bénédiction papale, se mit en frais d’établir au Mexique un empire « latin » catholique qui contre-balancerait le pouvoir grandissant des Américains protestants. La France dut continuer sa bravade sans ses alliés, à la suite de leur retrait. C’est Benito Juárez, pourtant, qui eut le dessus : Maximilien mourut fusillé à Querétaro. Cet épisode presque surréa-liste de l’histoire nationale (la noblesse européenne s’éventant à l’ombre des fromagers et des avocatiers) est dépeint avec brio par Fernando del Paso dans son roman-fleuve Des nouvelles de l’empire (1987).

Le PorfiriatoHéros de la guerre menée contre les Français, francophile malgré le fait qu’il ait chassé de son pays ceux qui parlaient la langue de Molière, le général Porfirio Díaz devient président du Mexique. Il gouvernera de 1876 à 1911. L’ordre et le progrès deviennent ses chevaux de bataille. Il se propose de moderniser le

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pays, établissant une dictature dégui-sée. Les voleurs de grands chemins disparaissent, le pays s’industrialise et, pour la haute bourgeoisie, c’est la Belle Époque. Ce long règne tenu de main de fer apporte une période ininterrompue de tranquillité et d’ouverture aux inves-tisseurs étrangers.

En contrepartie, les politiques du Porfiriato (mandats présidentiels de Porfirio Díaz, de 1876 à 1911) creusent un fossé encore plus profond entre les très riches et une classe moyenne arri-viste qui ambitionne sa part du gâteau. Si les pauvres sont laissés pour compte, le mécontentement gronde aussi chez les moins démunis. Une source vive d’eaux empoisonnées que personne n’a remarquée bouillonne sous l’apparente stabilité. Bien qu’alors le Mexique se targuât de tenir des élections libres, les pratiques antidémocratiques étaient de mise. Ainsi, Díaz (utilisant un système de subterfuges) est systématiquement réélu. Le suffrage truqué, la grogne des Métis et de la classe moyenne instruite (qui lorgnaient la position des riches), la baisse du prix de l’argent et du pouvoir d’achat, tout cela préparait le terrain pour une révolution.

La Révolution mexicaine La Révolution mexicaine (1910-1920), la première du XXe siècle, a fait un million de morts sur une population de 10 millions. Porfirio Díaz, qui avait d’ailleurs plaint son pays en déclarant « Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si proche des États-Unis! », voulait se présenter à la présiden-tielle de 1910 après 30 ans au pouvoir. Son adversaire, Francisco Madero, ne recueillit que quelques centaines de voix à travers le pays. Les citoyens crièrent à la fraude : c’est le début de la Révolution mexicaine. Alors que Francisco (Pancho) Villa prenait les armes à Chihuahua, les troupes d’Emiliano Zapata avançaient au sud, revendiquant des terres pour

les paysans autochtones affamés. En 1911, sous l’assaut des révolutionnaires, Ciudad Juárez (aujourd’hui une des villes les plus violentes au monde) capitule. Porfirio Díaz, tenant à éviter une guerre civile, préfère s’exiler en France.

La Révolution, allumée par une contesta-tion électorale doublée de demandes des paysans autochtones et du méconten-tement de la classe moyenne, dégénéra vite en une lutte de pouvoir acharnée. Tous les acteurs principaux y périrent : Francisco Madero, déclaré président, fut assassiné en 1913 sous les ordres de Victoriano de la Huerta, qui prend alors le pouvoir. Dès 1914, ce dernier fut à son tour chassé et forcé à l’exil par les troupes de Pancho Villa et d’Emiliano Zapata, menées par Venustiano Carranza. À la suite de conflits internes, Villa et Zapata se tournèrent contre Carranza, mais leurs troupes sont défaites par Álvaro Obregón. Zapata fut assassiné sous les ordres de Carranza en 1919.

En 1917, Venustiano Carranza accède à la présidence du pays et promulgue la nouvelle Constitution mexicaine. Cette constitution ne fait pas l’unanimité et Carranza se voit renversé puis assassiné en 1920. Élu président (1920-1924) à la suite de Carranza, Álvaro Obregón arrive à rassembler, pour quelques années, les différentes forces révolutionnaires et à appliquer des réformes agraires. Il sera à son tour assassiné en 1928, après avoir été réélu à la présidence.

Entre 1924 et 1928, Plutarco Elías Calles dirige la République et instaure les mesures drastiques de laïcisation de l’État stipulées par la Constitution de 1917. S’ensuit la guerre des Cristeros, un important conflit qui enflammera le centre et l’ouest du pays, surtout l’État de Jalisco. La population paysanne catholique se soulève alors contre ces mesures jusqu’en 1929, date à laquelle un arrangement entre le gouvernement et l’Église est adopté. Malgré cette entente

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Politique

leur garantissant l’amnistie, les insurgés seront sévèrement châtiés.

Sous Calles, qui fonda en 1929 le Parti national révolutionnaire, prédécesseur du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), les politiques de réforme agraire et

de défense des travailleurs s’intensi-fièrent. Il dut s’exiler en 1936 sur ordre du nouveau président Cárdenas. Cárdenas avait réussi à étouffer les querelles religieuses et voyait d’un mauvais œil la présence intrusive de Calles dans la politique nationale.

Politique

L’organisation politiqueBien que le PRI conserve le pouvoir pratiquement sans interruption depuis des décennies, la République fédérale du Mexique exerce bel et bien un régime politique démocratique et multipartiste. Le président est élu au suffrage univer-sel à un tour pour un seul mandat de six ans. Les citoyens acquièrent le droit de vote à 18 ans. Au niveau étatique, le pouvoir exécutif est assuré par un gouver-neur, lui aussi élu par suffrage universel pour six ans. Dans les municipalités, les citoyens votent pour élire leur maire et leur conseiller, tous deux élus pour trois ans. Les États (et le District fédéral) promulguent leurs propres lois et consti-tution. Contrairement à de nombreux pays membres de l’OCDE, le taux de participation électorale au Mexique est en hausse, et représentait, lors des élections de 2012, un peu plus de 60%.

Divisé en deux chambres, le Congrès représente le pouvoir législatif du pays. Les membres du Sénat (chambre haute, 128 sièges) sont élus pour six ans et les députés (chambre basse, 500 sièges) pour trois ans, sans possibilité de solliciter un deuxième mandat. Ainsi, le Congrès mexi-cain est entièrement renouvelé à chaque élection.

Plus haute instance de l’appareil judiciaire mexicain, la Cour suprême de justice de la nation se compose de 11 juges élus pour 15 ans (sans renouvellement) et un président nommé pour 4 ans. Ce sont les membres du Sénat qui élisent les juges de la Cour suprême à partir d’une liste de candidats proposés par le président de la République.

Mis sur pied pour résoudre les litiges liés aux élections, le Tribunal électoral du pouvoir judiciaire de la Fédération vise à protéger les droits politiques. Il annonce officiellement les résultats des élections.

Le système judiciaire local est constitué de tribunaux collégiaux et unitaires de circonscription ainsi que de tribunaux étatiques et de district. Malheureusement, selon les observateurs de l’ONU, il est fréquent que les gouverneurs locaux s’oc-troient le droit de nommer eux-mêmes les juges de leur cour, ce qui génère une collu-sion des pouvoirs et aggrave la corruption.

Le Mexique moderne : la construction d’une démocratieLe Parti national révolutionnaire (PNR), précurseur du Parti révolutionnaire insti-tutionnel (PRI), fut fondé en 1929, lorsque

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prirent fin les luttes et les discordes liées à la Révolution. Ce parti nationaliste et autoritaire régnera en roi incontesté jusqu’en 2000, grâce à des pratiques élec-torales frauduleuses ou coercitives. Dans cette démocratie, marquée par un pseudo-multipartisme, que le Prix Nobel de litté-rature Mario Vargas Llosa baptise « la dictature parfaite », le pays avance.

Le président Lázaro Cárdenas (1934-1940) agglutinait dans son parti post-révolutionnaire un large éventail de réfor-mateurs, progressistes, communistes, socialistes et libéraux radicaux. En 1938, il renomma d’ailleurs son parti le parti de la Révolution mexicaine (PRM). Sous le slogan « le Mexique pour les Mexicains », il instigua une politique de nationalisa-tion touchant particulièrement le pétrole. Il œuvra pour la protection des autoch-tones, combattit les grands propriétaires

terriens, nationalisa les chemins de fer et mit sur pied un système d’éducation publique laïque, gratuite et obligatoire.

Cárdenas encouragea aussi le syndica-lisme, bien que par la suite les syndicats soient devenus des outils de contrôle des ouvriers. Dans ces institutions corrom-pues, la loi patronale avait paradoxale-ment plus de poids que les demandes ouvrières. Une partie du vote y était parfois systématiquement promise au PRI, comme dans le cas du plus important syndicat national, la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM).

C’est sous le mandat de Cárdenas que fut créé en 1939 le PAN (parti de l’Action nationale), un parti de droite d’inspira-tion catholique qui formait l’opposition officielle. Le successeur de Cárdenas au PRI, Manuel Ávila Camacho (1940-1946), freine alors la répartition des

Le massacre de Tlatelolco

Dans la foulée du mouvement de contestation de Mai 1968 en France et des mani-festations contre la guerre du Vietnam aux États-Unis, les étudiants de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM, une des universités ayant le plus grand nombre d’étudiants au monde) et de l’École polytechnique réclament une société plus démocratique, le respect du scrutin, des dirigeants plus à l’écoute de leur peuple, moins corrompus et moins autocratiques. La contestation prend rapide-ment de l’ampleur. Des manifestations massives, pourtant pacifiques, paralysent la capitale juste avant la tenue des Jeux olympiques, qui mettraient le pays sous le feu des projecteurs, face au monde entier.

Le 2 octobre 1968, une manifestation est violemment dispersée par un groupe para-militaire et l’armée fédérale. Un massacre s’ensuit, faisant officiellement une ving-taine de morts, quoique le nombre réel de victimes eût oscillé plutôt entre 200 et 300, en plus des milliers de blessés graves. Des témoins oculaires rapportent que les cadavres étaient entassés dans des camions à ordures.

Le samedi 12 octobre 1968, le président Gustavo Díaz Ordaz inaugurait celle que son gouvernement baptisa L’Olympiade de la Paix, tandis que les manifestants lançaient vers le balcon du palais du gouvernement un cerf-volant noir. Étouffée sur le plan international, la nouvelle du massacre de Tlatelolco, perpétré au même endroit (aujourd’hui la place des Trois Cultures) où furent tués des milliers d’Az-tèques sur ordre de Cortés en 1521, fut éclipsée par la splendeur des Jeux olym-piques. Ces événements demeurent cependant le point de départ du lent processus de démocratisation de la société mexicaine.

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terres, se réconciliant avec la bourgeoi-sie industrielle montante. Le Mexique ne participera que marginalement à la Seconde Guerre mondiale. En 1946, le PRM devient le PRI actuel, qui commence à s’épuiser et à chasser de son sein quiconque souhaite des réformes profondes. Faisant office de parti ramasse-poussière sans projet idéologique défini, il attire ceux qui lorgnent le pouvoir, et se déplace lentement vers la droite libérale.

Durant les années 1950, le pays connaît un essor économique remarquable que l’on baptisera « le miracle mexicain ». L’infrastructure nationale se développe, de grands travaux publics sont lancés et des avantages sociaux, dont un système de santé publique (soins médicaux univer-sels pour tous les salariés) et de pensions, sont institués. En 1960, le gouverne-ment nationalise l’électricité. Malgré la tenue d’élections, l’État autocratique se consolide. Le parti au pouvoir a toujours la mainmise sur la marche des choses, et

ce, dans tous les domaines. Mais la société civile commence à exiger plus de liberté. Ces revendications se soldent par la grève des chemins de fer en 1959, des soulève-ments ouvriers, des foyers de guérilla qui éclatent dans les années 1970 et le mouve-ment étudiant de 1968, violemment réprimé par l’armée.

À la fin des années 1970, l’économie mexicaine montre des signes d’épuise-ment : c’est le début de crises périodiques marquées par de fortes dévaluations du peso. L’État légalise les partis d’opposition de gauche, mais il privatise de nombreuses entreprises parapubliques. Durant le gouvernement de Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), le pays jouit d’une certaine reprise économique instrumen-talisée sur les privatisations et l’ouverture aux investissements étrangers. Le point culminant de cet essor est la signature de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), qui fait du Mexique un parte-naire commercial des États-Unis et du

La gauche mexicaine

Au Mexique, la gauche a évolué à partir de ses multiples partis d’allégeance socia-liste, qui témoignent de son atomisation, dont le PPS (Parti populaire socialiste) fondé en 1948. Aujourd’hui, le PRD (parti de la Révolution démocratique) regroupe avec le PT (parti du Travail) la plupart des gauchistes. Le parti a vu le jour offi-ciellement en 1989, après la scission de l’aile plus libérale du PRI. Au sein de leur nouvelle formation politique, les partisans aspiraient à une véritable démocratie et à un combat direct contre la pauvreté, considérée à juste titre comme le cancer de la nation. Ce schisme s’est produit comme un émondage idéologique naturel, vu le glissement du centre vers la droite qui dénaturait les valeurs historiques du PRI.

Cuauhtémoc Cárdenas (fils de l’ex-président), considérant qu’on avait trahi les idéaux de la Révolution, fonda avec Porfirio Muñoz Ledo, en 1986, le Front démo-cratique national, une coalition qui attira les partisans d’une gauche progressiste, modérée. Date importante, car c’est alors que le prix du pétrole chuta de façon désastreuse, entraînant le Mexique dans une crise économique sans précédent caractérisée par un taux d’inflation record. La coalition obtint 30% des voix au scru-tin de 1988, au cours duquel le PRI fut soupçonné de fraude électorale.

D’autres petits partis tels que la Nueva Alianza (PNA) et le Mouvement citoyen s’al-lièrent également aux plus grands partis au moment du suffrage. Étonnamment, le Parti vert écologiste du Mexique (PVEM) est un parti de droite.

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Politique

Canada. De cette entente trilatérale signée avec des pays beaucoup plus riches que lui, émerge l’image d’un David donnant la main à deux Goliath. Un peso suréva-lué, une dette fiscale énorme et un grave endettement extérieur plongèrent le pays dans une crise internationale surnommée « Effet Tequila ».

L’année 1994 marque le soulèvement, au Chiapas, d’un groupe insurgé, l’Armée zapatiste de  libération nationale (EZLN). Des effectifs à forte présence autochtone prennent les armes et exigent l’instau-ration d’une démocratie participative. Cette année-là, le meurtre du candidat officiel à la présidence de la République, Luis Donaldo Colosio, et du sénateur José Francisco Ruiz Massieu, secoue la scène

politique. L’économie entre en récession en décembre, tandis que la poussée de la mondialisation et la consolidation d’un modèle néolibéral impriment leur marque sur le pays.

Le PRI, dont l’hégémonie a commencé à se fissurer avec la crise économique des années 1980, perdit d’abord son gouver-neur dans l’État de Basse-Californie Nord (1989), où fut élu un candidat du PAN. Il faut attendre en 2000 pour que se produise l’événement historique : le PRI perd le pouvoir après 71 ans de règne incon-testé, lorsque Vicente Fox, du PAN (voir l’encadré ci-dessus), remporte la prési-dentielle. Durant son mandat, il misa sur la continuité des politiques économiques néolibérales de ses prédécesseurs, et les

La droite mexicaine

Le PAN, étroitement lié à l’Église catholique, fondé en 1939 par un groupe de mécon-tents opposés aux politiques présumées marxistes de Cárdenas, prêchait une doctrine sociale de l’Église qui allait main dans la main avec un grand libéralisme poli-tique et économique. La privatisation était portée aux nues, et le parti promettait de rectifier l’orientation socialiste d’alors. Il commença à attirer les hommes d’affaires.

Toutefois, le PAN demeura longtemps une force marginale parce qu’il soutenait une vision totalisante des grands problèmes nationaux qui éloignait les électeurs ayant des intérêts plus spécifiques qu’une « réforme morale ». Après 1960, il se mit à miser sur un électorat plus hétérogène, toujours soucieux des bonnes mœurs, mais criti-quant ouvertement l’intervention de l’État au sein de l’économie. Dans les années 1980, une forte dévaluation du peso (qui n’a cessé de dégringoler lentement depuis) et la quasi-banqueroute de l’industrie pétrolière jetaient les bases d’une prise de pouvoir du PAN, qui promettait d’enrayer la corruption, tout en réfutant le discours de gauche que les médias se chargeaient bien de pourfendre.

Après avoir été porté au pouvoir pendant 12 ans (2000-2012), le PAN, aujourd’hui dans l’opposition, regroupe des conservateurs de tout acabit en une espèce de melting pot s’inspirant de ses principes initiaux, mais sans le discours catholique enflammé des années 1940. Son projet de nation ne diffère guère de celui du PRI : il s’appuie sur le néolibéralisme et la libre entreprise, limitant l’ingérence de la part de l’État. Il bénéficie, comme le PRI, du soutien des grands consortiums du pouvoir économique (aide cruciale durant les campagnes électorales). Le PAN cherche la continuité, la stabilité et le retour aux valeurs traditionnelles. Durant ses années au pouvoir, il a peu fait pour réduire la brèche grandissante entre les plus pauvres – qui sont légion – et les plus riches. Son aile la plus conservatrice s’accommoderait volontiers d’un recul de la laïcité et d’une plus grande censure des médias.

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Politique

taux d’intérêt et d’inflation connurent une baisse. On assista à la mise sur pied de certains programmes sociaux. Il arriva aussi à un accord (officieux toutefois) avec les rebelles zapatistes du Chiapas.

Le PAN l’emporte encore aux présiden-tielles de 2006, mais le vote comptabi-lisé entre le candidat de gauche, Andrés Manuel López Obrador (à la tête d’une coalition PRD-PT), et son adversaire du PAN, Felipe Calderón, est assez mince pour laisser planer le doute quant au vainqueur. Avec 35,89% des voix contre 35,33% des voix pour López, Calderón dut faire face à des accusations de fraude électorale. Des manifestations et des sit-in paralysèrent en partie la capitale durant les semaines suivant les élections. Les contestataires, qui exigeaient le recomptage complet du vote, ont obtenu un recomptage de seulement 9% des bureaux de vote, avec un résultat prati-quement inchangé.

Le mandat présidentiel de Felipe Calderón, d’allégeance conservatrice, fut surtout marqué par le début de la lutte officielle, impliquant l’armée mexicaine, contre les narcotrafiquants. Cette véri-table guerre contre le trafic de drogue a fait jusqu’à présent une centaine de milliers de morts.

Les Mexicains démocrates, souhaitant éradiquer la corruption qui est devenue l’image de marque du pays, formaient l’opposition officielle, mais n’ont pas réussi à élire un candidat de gauche. Ainsi, aux élections de 2012, ils ont exprimé leur rejet de la violence affli-geant le pays et leur déception face au PAN en portant au pouvoir le PRI, avec son candidat Enrique Peña Nieto, et non le PRD d’Andrés Manuel López Obrador. Le PAN, dont le gouvernement fut inca-pable d’instaurer un changement réel dans la situation sociale et économique du pays au cours de ses deux derniers mandats, arriva loin derrière le PRD.

Durant les deux dernières décennies, les élections, à un seul tour de scrutin, se sont déroulées sur fond d’accusations de fraude électorale. Quoi qu’il en soit, certaines pratiques antidémocratiques comme l’achat du vote moyennant un cadeau ou l’intimidation – même si les lois électorales mexicaines stipulent que le vote est libre et secret – ont encore largement cours au pays.

Du miracle économique aux dévaluations du peso Après le triomphe de la Révolution, le Mexique connut une deuxième période d’expansion industrielle qui succéda à celle du Porfiriato (cette dernière était axée sur l’industrie textile). Cet essor soudain se produisit grâce à l’indus-trie pétrolière, nationalisée en 1938, et à la conjoncture de la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, l’économie natio-nale prit un caractère mixte où l’investis-sement provenait du secteur privé autant que de l’État. Les secteurs stratégiques comme l’acier, l’électricité, l’exploitation minière, les hydrocarbures et l’infrastruc-ture routière devinrent des industries d’État. Pour encourager le transfert de technologie, on permit à de nombreuses entreprises internationales d’établir des filiales au pays, mais toujours en collaboration avec le capital national. L’agriculture était fortement subven-tionnée par l’État, qui devint d’ailleurs le principal intermédiaire de produits agricoles. Entre 1940 et 1970, l’économie du Mexique croissait à un taux annuel de plus de 6%, phénomène qui reçut le nom de « miracle mexicain ».

Toutefois, le protectionnisme qui entra-vait le commerce international et l’endet-tement du pays durant les années 1970 ont débouché sur une crise de la dette au début des années 1980. La croissance économique connut une halte, de telle sorte qu’en 1983 le pays était officielle-ment en faillite. Incapable de rembourser

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Géographie

sa dette extérieure, à l’instar de ses voisins latino-américains, il connut des flambées d’hyperinflation à la fin des années 1980 et des dévaluations successives de sa monnaie depuis un demi-siècle. Une telle débâcle poussa le gouverne-ment à instituer des politiques stabilisa-trices préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque intera-méricaine de développement (BID) et à changer de cap, laissant les technocrates prendre les rennes de l’économie. Leur politique se résumait ainsi : grande austé-rité dans les dépenses sociales, privatisa-tion des grandes entreprises d’État (seul le pétrole et l’électricité ont échappé à ce que certains critiques considèrent une véritable vente aux enchères) et dépen-dance des exportations de produits manu-facturés (principalement aux États-Unis, qui accaparent presque tout le commerce extérieur du pays). Depuis lors, ce modèle néolibéral laissant peu de marge d’inter-vention à l’État et cédant le passage aux multinationales est en vigueur.

Il existe une dizaine de multinationales mexicaines (domaines de la boulangerie, des télécommunications, de la construc-tion, des boissons gazeuses, etc.), mais toutes les banques importantes, brasse-ries et distilleries jadis nationales, appar-tiennent maintenant à des étrangers. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entre le Mexique, les États-Unis et le Canada, signé en 1992, est entré en vigueur en 1994. Beaucoup de critiques prétendent que le Mexique, dont les entreprises jouissent d’une technolo-gique moins avancée que celle de ses voisins du Nord, n’a pas bénéficié de cet accord. Ses importations ont augmenté davantage que ses exportations, la brèche entre les riches et les pauvres s’est élargie et, jusqu’en 2000, le produit intérieur brut (PIB) per capita avait augmenté à peine de 1,7% annuellement, en moyenne. Les défenseurs du traité misent pour leur part sur une augmenta-tion, dans le futur, des exportations de pétrole mexicain vers les États-Unis.

GéographieC’est en raison de sa situation géogra-phique privilégiée (à cheval sur les tropiques, mais jouissant d’une altitude qui rend son climat très doux sur une grande partie de son territoire) que le Mexique a vu se développer des civilisa-tions précolombiennes socialement et techniquement très avancées.

La biodiversité, sceau du Mexique Le Mexique, de plus en plus conscient de la richesse que représente la grande variété de ses écosystèmes, met présen-

tement sur pied une stratégie globale de conservation. Il a signé en 1992 l’Accord international sur la diversité biologique et, à travers certains organes comme la Commission nationale de la biodiversité (CONABIO), il a établi un programme de protection comprenant plusieurs volets allant de l’éducation du public à l’établissement de zones protégées en passant par les campagnes spécifiques à une espèce comme celle visant à sauver la tortue marine par la surveillance des lieux de ponte. Le commerce d’espèces animales exotiques est contrôlé. Le pays

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Géographie

compte 176 aires protégées (parcs natio-naux, réserves, sanctuaires) adminis-trées par la Commission nationale des zones naturelles protégées (CONANP). Ensemble, elles couvrent une superficie de plus de 256 000 km2.

Parmi les espèces animales endémiques, citons le jaguar (qui a une place impor-tante dans les légendes et les mythes du pays), le tatou à queue nue, le lamantin, le singe hurleur, le quetzal, le cacomixtle

(un genre de raton laveur), le pejela-garto (une sorte de brochet crocodile), le marsouin du golfe de Californie et le xoloitzcuintle (aussi appelé « chien nu du Mexique »), une race de chien sans pelage très ancienne et rare. Bien sûr, la protec-tion de l’environnement, comme partout ailleurs, fait face aux graves défis posés par les intérêts du capital et l’appât du gain à court terme.

Le Centre de surveillance de la conser-vation de la nature (UNEP-WCMC), une agence du programme des Nations unies pour l’environnement, a inventé le concept de mégadiversité et accordé ce statut à 17 pays dans le monde, dont le Mexique. On parle de mégadiver-sité quand un pays contient au moins 3 000 espèces (soit 1%) parmi les plantes vasculaires endémiques du globe. Bien que les pays mégadivers, mis ensemble, occupent moins de 10% de la surface terrestre, ils abritent pourtant 70% des espèces trouvées sur Terre.

Avec ses 200 000 espèces végétales et animales, le Mexique est non seulement classifié comme pays mégadivers, mais il affiche aussi une des plus grandes richesses biologiques par mètre carré, préservant à lui seul de 10% à 12% de

Une richesse naturelle inouïe

Avec plus de 700 espèces connues, le Mexique contient le plus grand nombre d’espèces de reptiles au monde. Il arrive deuxième pour ce qui est du nombre d’espèces de mammi-fères, quatrième pour les espèces d’amphibiens et la variété de plantes. Il compte également plus de 1 000 espèces d’oiseaux dont une centaine sont endémiques. Deuxième pays au monde en termes de variété d’éco-systèmes, il se classe au quatrième rang pour le nombre total d’espèces vivantes qu’il abrite.

Animaux emblématiques du Mexique

Le Caracara du Nord (aigle mexicain), l’oiseau emblématique du pays, fait partie de la famille des falconidés et apparaît sur le blason ornant le centre du drapeau national qui représente un mythe très ancien. Une légende aztèque veut que les Mexicas aient erré des centaines d’années en quête d’un endroit, signalé par les dieux, pour y fonder leur capitale Tenochtitlán. Le signe divin tant attendu, annoncé par le dieu Huitzilopochtli (à savoir un aigle dévorant un serpent, perché sur un figuier de Barbarie), leur apparut au terme d’un très long pèlerinage, sur une île lacustre. C’est pourquoi le chef-lieu de l’Empire aztèque était situé au milieu du lac Texcoco.

Le papillon monarque, le jaguar et le quetzal figurent au palmarès des animaux forte-ment symboliques au Mexique. L’extraordinaire papillon monarque met un terme à sa longue migration pour venir se reproduire dans les forêts du Michoacán. En hiver, l’écorce des arbres dans les forêts des hautes terres de cet État situé au nord-ouest de México est couverte d’un frémissant tapis orange et noir. w

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Géographie

la biodiversité mondiale. L’historien américain Daniel Boorstin, dans son bijou d’érudition intitulé Les découvreurs, parle du choc idéologique que causa la découverte de cette véritable pléthore d’animaux inconnus rapportée par les conquistadors, navigateurs et explora-teurs du XVIe siècle.

Malgré cette abondance peu commune de ressources naturelles, le Mexique, comme de nombreux pays tropicaux, accuse un grand retard économique. Le fait que la moitié de sa population vit dans des conditions matérielles précaires prouve que le développement est une question de gestion et de politique, et qu’il a peu à voir avec les dons de la nature. C’est ce manque d’opportunité qui fait du Mexique un pays de diaspora. Pourtant les premiers Européens à fouler son sol y avaient vu un Eldorado.

Un pays maritimeLes côtes du Mexique, qui s’étendent sur plus de 20 000 km, sont uniques au monde, l’une baignée par l’océan Pacifique et le golfe de Californie, à l’ouest, et l’autre, par la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique, à l’est. Elles béné-ficient d’écosystèmes différents (couleur de l’eau et du sable, température, etc.). Le récif corallien qui s’étend du nord de la péninsule du Yucatán jusqu’au Honduras est le deuxième au monde par sa longueur, après la Grande Barrière d’Australie.

L’océanographe Jacques Cousteau en est même venu à qualifier le golfe de Californie d’aquarium du monde, en raison de l’éven-tail de vie marine qui s’y trouve. Le golfe de Californie, qui sépare la péninsule de Basse-Californie du Mexique continental, est surnommé « mer de Cortés » par les Mexicains, à la mémoire du conquista-dor qu’ils considèrent encore comme leur ancêtre maudit.

La côte du Pacifique, traditionnellement tournée vers l’Orient grâce à ses ports importants, est la première au pays qui a vu naître d’importantes stations balnéaires. Montagneuse et au climat tropical semi-aride, elle recèle des plages de sable doré, souvent bordées de falaises. La côte des Caraïbes, plus ouverte à l’in-fluence afro-antillaise et imprégnée de la culture maya, est baignée par une mer aux eaux turquoise, délimitée de plages au sable blanc.

Le Mexique urbain et sa mégalopoleLe Mexique est un pays de grandes villes. Les régions métropolitaines de Tijuana, León, Toluca, Ciudad Juárez, Torreón, Querétaro, Aguascalientes, La Laguna, Cuernavaca, Acapulco, Tampico, San Luis Potosí, Morelia, Mexicali, Chihuahua et Mérida comptent au moins un million d’habitants chacune. Puebla, Monterrey et Guadalajara comptent pour leur part plusieurs millions d’habitants.

Au début du XXe siècle, près de 90% des Mexicains vivaient en zone rurale. En 1960, les citadins deviennent majori-taires. Aujourd’hui, environ 78% des Mexicains vivent en milieu urbain. Bien que la population autochtone habite encore surtout en zones rurales, elle devient elle aussi de plus en plus urbaine. Ainsi, selon l’Institut national de statis-tique et de géographie (INEGI), en 2000 environ 12% des Mexicains parlant une langue autochtone avaient émigré de leur communauté d’origine, généralement pour travailler dans les villes. Ces chiffres témoignent du développement indus-triel, de la croissance des grandes agglo-mérations et de l’exode rural qui y est lié.

L’agglomération de México compte à elle seule plus de 23 millions d’habitants, se classant deuxième au monde après Tokyo. Capitale vibrante, México regorge de musées et dévoile de grandes avenues. Elle subit néanmoins les fléaux typiques

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des mégalopoles tels que la pollution, le trafic intense et l’étalement urbain.

Le nordLe nord du Mexique se caractérise par un climat désertique, sauf du côté du golfe du Mexique. Plus encore qu’une région climatique, le nord est marqué, sociologiquement et physiquement, par la présence d’une interminable fron-tière avec les États-Unis. Au nord-ouest, l’étroite Basse-Californie, plus longue péninsule au monde, s’étire sur une distance de plus de 1 000 km. L’ossature montagneuse qui la traverse est le prolongement de la Sierra Nevada améri-caine.

Le plateau central Le Mexique est traversé du nord au sud par deux chaînes de montagnes baptisées Sierra Madre occidentale et Sierra Madre orientale. Entre ces deux échines se dresse un haut plateau qu’on nomme l’Al-tiplano, berceau de la civilisation aztèque, dont l’altitude oscille entre 1 000 m et 3 000 m. La plupart des grandes villes sont situées sur ces hauteurs, jouissant d’un climat sec et plus tempéré que sur le littoral. Au Mexique, l’altitude déter-mine essentiellement la température. Le pays présente d’autres systèmes topogra-phiques mineurs comme la chaîne cali-fornienne (Basse-Californie) et la Sierra Madre du Sud (Oaxaca et Chiapas), où se rejoignent la Sierra Madre occidentale et la Sierra Madre orientale.

La péninsule du YucatánLe Mexique, essentiellement monta-gneux, présente pourtant une portion de territoire complètement plate, prati-quement au niveau de l’océan : la pénin-sule du Yucatán. Contrairement à la côte ouest, la péninsule du Yucatán, terre des Mayas, abrite une vaste plaine côtière. Divisée en trois États (Yucatán,

Campeche et Quintana Roo), cette pénin-sule se caractérise par son sol calcaire percé de cenotes. Partout sur la péninsule, l’eau de surface s’écoule rapidement dans un véritable réseau souterrain de rivières et d’étangs aux eaux fraîches et transpa-rentes. Les Mayas considèrent encore les cenotes, ces rivières et puits d’accès qui parsèment l’hydrographie occulte du territoire, comme sacrés. La péninsule est baignée d’un côté par les eaux du golfe du Mexique (et la baie de Campeche) et de l’autre par la mer des Caraïbes.

C’est également au Yucatán que se trouve le cratère de Chicxulub (180 km de diamètre), qui marque l’endroit de l’impact de l’astéroïde dont la chute, à l’époque du crétacé, aurait causé la dispa-rition des dinosaures.

Les différents climatsLa Cordillère orientale sert de paravent aux vents humides venant du golfe du Mexique, ce qui rend le climat beaucoup plus aride à l’ouest qu’à l’est du pays. Jouissant d’un des plus hauts taux d’en-soleillement au monde, si l’on exclut les grands déserts, le Mexique possède une saison sèche de neuf mois, allégée par des étés aux pluies torrentielles mais sporadiques. Si la lumière était cotée à la Bourse, le berceau de la tequila serait un des pays les plus riches de la planète.

Les dépressions tropicales, qui deviennent souvent des cyclones, sont fréquentes le long des côtes (surtout le long du golfe du Mexique et de la péninsule du Yucatán), de juin à octobre, s’intensifiant à partir du mois d’août. Classés au cinquième rang (la plus haute intensité) de l’échelle Saffir Simpson, les ouragans Hilda et Janet en 1955, Gilbert en 1988, Wilma en 2005 et Dean en 2007, dévastèrent une partie de la Riviera Maya sur la péninsule du Yucatán, tandis que Paulina, en 1997, ravageait la côte sud du Pacifique mexicain.

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Le tropique du Cancer, parallèle de 23° 26’ 15” de latitude nord, traverse la partie septentrionale du pays et la Basse-Californie méridionale. Il sert également de division en deux autres zones climatiques, l’une  subtropicale et l’autre tropicale (humides ou arides selon leur longitude par rapport à la Sierra Madre orientale). Au nord du tropique du Cancer, les températures sont plus froides l’hiver, tandis qu’au sud, elles demeurent presque constantes à longueur d’année. Elles varient consi-dérablement en fonction de l’altitude. Les terres chaudes comprennent les plaines côtières jusqu’aux versants situés à moins de 900 m au-dessus du niveau de la mer. Ce sont celles du golfe du Mexique qui sont irriguées par deux fleuves importants du pays, le Pánuco et le Grijalva. Fleuve au plus grand débit du pays, l’Usumacinta trace la frontière avec le Guatemala.

Le Mexique sur la ceinture de feuLe Mexique, situé en bordure de la cein-ture de feu du Pacifique, qui comprend 75% des volcans émergés de la planète (actifs ou éteints), enregistre un haut degré d’activité sismique. Les tremble-ments de terre, qui frappent surtout l’ouest, s’expliquent par la subduction de trois plaques océaniques (dont la princi-pale est celle de Cocos, qui longe la côte Pacifique). Le pays compte plusieurs volcans actifs, dont le Popocatépetl et

le Volcan de Feu (volcan de Colima). Le Citlaltépetl (pic d’Orizaba), présente-ment inactif, est le plus haut sommet du pays. Il culmine à 5 700 m et est couronné de neiges éternelles.

Les tremblements de terre, bien que fréquents, font généralement peu de ravages, en raison de la solidité des bâtiments, dont les codes de construc-tion obéissent à de rigoureuses normes antisismiques. Néanmoins, le 19 septembre 1985 au matin, México fut secouée par un puissant tremblement de terre de magnitude 8,2 sur l’échelle de Richter. On établit le bilan officiel du séisme à 10 000 décès, chiffre très conservateur, car les bâtiments complè-tement détruits étaient au nombre de 30 000 (quelque 68 000 édifices ayant subi, en outre, des dommages partiels).

Plusieurs analystes considèrent que ce désastre naturel a servi de catalyseur de la conscience sociale du pays. Face à l’am-pleur du désastre, la société civile s’est organisée, faisant preuve d’une grande solidarité, et le groupe surnommé les Topos (Taupes) est maintenant présent à travers le monde lors des travaux de sauvetage à la suite d’un tremblement de terre. La plupart des édifices qui se sont écroulés avaient été bâtis par le secteur public. Les autorités gouvernementales furent soupçonnées de ne pas avoir respecté les normes antisismiques qui régissent l’industrie mexicaine du bâti-ment dans le but de détourner des fonds.

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ÉpilogueDans son livre Visión de Anáhuac (1519), dont la version originale fut publiée en 1917, l’essayiste, prosateur, poète et diplomate mexicain Alfonso Reyes cite des propos attri-bués à l’explorateur Alexander von Humboldt, lorsque ce dernier, au tout début du XIXe siècle, découvrit la splendide vallée de México : « Voyageur, te voici parvenu à la région la plus transparente de l’air. » C’est encore ce commentaire qui nous vient à l’esprit quand on essaie d’imaginer une capitale sans pollution, un pays aussi prospère que la beauté de ses paysages et la richesse de ses ressources ne l’auguraient. Le grand surréaliste français Antonin Artaud avait capté la magie du Mexique lorsqu’il écrivit ceci, à la suite de son voyage chez les autochtones du Chihuahua : « Le pays des Tarahumaras est plein de signes, de formes, d’effigies naturelles qui ne semblent point nés du hasard, comme si les dieux, qu’on sent partout ici, avaient voulu signifier leurs pouvoirs dans ces étranges signatures où c’est la figure de l’homme qui est de toutes parts pourchassée. Certes, les endroits de la terre ne manquent pas où la Nature, mue par une sorte de caprice intelligent, a sculpté des formes humaines. Mais ici le cas est différent : car c’est sur toute l’étendue géographique d’une race que la Nature a voulu parler. »

Essayer de décrire en quelque 100 pages l’histoire et la culture d’un peuple dont les origines remontent à des milliers d’années avant le Christ, et qui possédait déjà, au moment où l’Europe baignait encore dans la Grande Noirceur, des tables astronomiques impression-nantes, est presque un tour de force. Condenser le rayonnement culturel et le potentiel d’une nation qui est le fruit d’un métissage relevant du fabuleux me semblait d’ailleurs parfois indécent. Nonobstant, ce survol à grands battements d’ailes du contexte socio-politique, artistique, culturel et économique du Mexique permettra au lecteur, je l’espère, de mieux comprendre la démocratie naissante, pseudo-démocratie, dictature parfaite ou nuancée (selon les opinions) et l’idiosyncrasie de ce pays féerique qui traverse en ce moment une page très sombre de son histoire. Au cœur de cette idiosyncrasie se trouve le paradoxe d’un pays foudroyé par la criminalité alors que la plupart de ses habitants sont d’une hospitalité, d’une affabilité, d’une douceur (souvent proche de la servilité) et d’une gentillesse légendaires. C’est aussi le paradoxe d’une corruption frisant le surréalisme, véritable cancer de la nation, diront certains, qui a certainement entravé l’essor de ce pays magnifique, incroyablement varié à tous les points de vue.

S’il y a un livre fondamental sur la mexicanité, c’est la collection d’essais du poète Octavio Paz, intitulée Le labyrinthe de la solitude. Labyrinthe, sans aucun doute, parce qu’il nous conduit à travers le dédale extrêmement complexe d’un pays formé à partir du choc de deux cultures, deux visions du monde largement incompatibles. Cette disconvenance de la doxa européenne, au moment d’être confrontée à celle de cultures autochtones très avan-cées pour l’époque, donna lieu à un grand déchirement. Bref, la cosmogonie espagnole fit l’effet d’un rouleau compresseur et les nouveaux venus établirent leur hégémonie sur cette w

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nouvelle corne d’abondance qui déployait devant eux des trésors inouïs. Les Espagnols réussirent à imposer leur langue et leur religion, mais échouèrent dans leur tentative d’éra-diquer toute trace de croyances et de coutumes autochtones.

La culture nationale est faconnée par les traits identitaires distincts de plusieurs peuples autochtones, ce qui la différencie des valeurs européennes. Parmi ces éléments culturels, le fatalisme, l’esprit communautaire, la courtoisie, l’attachement à la famille, la retenue en public, l’apolitisation, le respect des traditions et de l’autorité, la religiosité, le machisme et l’acceptation parfois bienveillante des scandales de corruption qui éclatent presque quoti-diennement relèvent non seulement de la terrible histoire de colonisation qui hante leur conscience collective, mais aussi des valeurs précolombiennes qui ont survécu à des siècles de marginalisation. La résilience des premières nations ayant peuplé le Mexique, leur survie dans un calme relatif, est sans aucun doute un exploit sans pareil, et elle explique dans une grande mesure le caractère national.

Le crime, le narcotrafic et l’insécurité, aussi cruels, inacceptables et réels soient-ils, qui balafrent de nos jours le visage du pays ne devraient pas dissuader les visiteurs. Les actions de ces malfaiteurs sont ciblées et très inégalement réparties sur le territoire, de telle sorte qu’on peut très bien vivre ou être reçu parmi les Mexicains sans jamais être témoin de violence. Il faut savoir où aller et ne pas aller, faire preuve de gros bon sens, et consulter les recommandations des différents ministères des Affaires étrangères, qui classent certaines régions du Mexique comme « dangereuses » et « déconseillées ».

Quels esprits tutélaires sauveront le pays des mariachis et de la tequila de cette bête d’une férocité sans conteste, la Gorgone aux mille tentacules qu’est le crime organisé? Seul le futur le dira. Et ce même futur dira aussi comment une nation avec un tel potentiel pourra faire face aux immenses défis que posent son émigration de masse, la relocalisation de ses entreprises, ses inégalités sociales et la pauvreté qui afflige la moitié de ses habitants. Car malgré le fait que le pays soit classé 10e économie au monde en termes d’importance (Forbes, 2014), l’injustice que sous-tendent ces facteurs de retard sur les objectifs de déve-loppement du XXIe siècle est certainement sa plaie la plus béante.

Le Mexique mérite de faire honneur à sa vocation d’arche de Noé, de terre fertile et géné-reuse, que Hernán Cortès, bien que de façon perverse, avait vue en lui. Espérons que ses gouvernants l’aimeront assez pour le protéger et le faire s’épanouir.

Françoise Roy Zapopan, État de Jalisco, juillet 2014 w

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Page 33: Comprendre le Mexique · Le monde des affaires 101 Le travail au quotidien 101 ... México» en dehors du Mexique. Démographiques Population (2014) : ... Culturellement parlant,

IndexAAffaires 89Agriculture 94Architecture 35Arts 35Autocar 53Autochtones 28Avion 54

BBestia, La 86Biodiversité 23Boxe 63

CCacao 94Café 95Carnavals 42Cartels 87Catholicisme 77Charrería 62Cinéma 43Civilisation 9Classes sociales 68Climats 26Colectivo 53Commerce 97Conquête 12Conscience sociale 76Cuisine de rue 82Culture 35Culture de la mort 80

DDanse 41Délinquance 85

Développement 92Diaspora 33Drague 74Drogues 86Droits de l’homme 70

EÉcarts socioéconomiques 91Économie 89Économie informelle 90Écotourisme 99Encomiendas 14Entreprises mexicaines 103Époque précolombienne 9Étiquette à table 83Étiquette dans le milieu de travail 102Étiquette sociale 74Étrangers 68Étudier au Mexique 105Événements 64Extorsion 71

FFatalisme 76Femmes 72Festivals 64Fêtes 64Fierté 75Football 61

GGastronomie 49, 81Géographie 23Guerre américano-mexicaine 15Guerre contre le trafic de stupéfiants 86Guerre des Castes 16Guerre des Cristeros 17

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HHaciendas 14Hiérarchie 67Histoire 9Homosexualité 70

IImmigrants 28Indépendance 15Industrie pétrolière 95Intégration 28Internet 55Intervention française 16

JJournalisme 56

KKahlo, Frida 38

LLangue mexicaine 45Langues autochtones 28Liberté d’expression 56Littérature 36Loi 71Lucha libre 63Lutte 63

MMachisme 72Malinche, La 12, 35Maquiladoras 95Mariachi 40Massacre de Tlatelolco 19Mexicanismes 45Moctezuma 12Mort 80Musique 40

NNarcodollars 93Narcotrafic 86Nationalisme 67Nouvelle-Espagne 13

OObésité 60Organisation politique 18

PPeinture 38Perception du temps 75Plaisirs de la vie 81

Politique 18Porfiriato 16Productivité 92Protestantisme 78Pueblos mágicos 100

QQuetzalcóatl 11

RRadio 55Recherche 92Régime alimentaire 81Relations hommes-femmes 72Relations multiculturelles 67Relations sociales 74Relations sociales au travail 102Religion 77Rencontres 74Repas d’affaires 104Réseau 104Révolution mexicaine 17Routes 52

SSalaires 91Sculpture 39Sécurité 85Sites archéologiques 99Société 67Spécialités gastronomiques régionales 49Sports 61Stations balnéaires 98Syncrétisme religieux 78Système bancaire 105Système de santé 58

TTauromachie 62Télécommunications 54Télévision 55Tenochtitlán 11Teotihuacán 10Tequila 83Théâtre 44Tourisme 97Tourisme médical 59Train 53Transports 52Travail 89

VVilles coloniales 99Vocabulaire alimentaire 48

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Françoise Roy vit à Guadalajara, au Mexique, depuis 1992. Elle détient une maîtrise en géographie avec un certificat en études latino-américaines (University of Florida), ainsi que des certificats en traduction (O.M.S., Guadalajara) et en photographie (C.F.O., Guadalajara). Auteure de 16 livres (poésie, nouvelles, roman, essais), elle écrit en français et en espagnol, et de nombreux prix ont récompensé son travail.

Le Mexique, fort de ses multiples visages, a tout pour éblouir. Ce pays à l’économie émergente est membre de l’OCDE et pilote des accords de libre-échange avec de nombreux pays dont les États-Unis, le Canada et l’Union européenne. Le Mexique est également riche d’une culture nationale aussi fascinante que complexe, façonnée par les traits identitaires distincts de plusieurs peuples autochtones, des Espagnols qui l’ont colonisé et des Métis qui en sont nés.

Ce livre vous donne les clés essentielles pour comprendre le Mexique, par delà ses villes modernes, ses joyaux d’architecture coloniale et ses sites archéologiques qui témoignent de grandes civilisations du passé.

• Comment cerner les réalités sociales et économiques?• Comment se débrouiller dans la vie quotidienne?• Comment se régaler de la gastronomie mexicaine?• Comment faire des affaires avec ses interlocuteurs mexicains?

Que votre voyage ait un but commercial, culturel ou touristique, Comprendre le Mexique vous permettra de nouer des relations avec les Mexicains et de mieux profiter de votre séjour. Il vous apportera l’essentiel à savoir sur l’histoire et la culture mexicaine. Il vous renseignera sur les us, coutumes et croyances dont il faut tenir compte, ce qui vous permettra d’éviter les faux pas.

COMPRENDREMEXIQUElE

ISBN : 978-2-89665-010-1 (version numérique)