Comprendre ce qu’est le temps pour mieux le · PDF filene nous quitte guère. Quoi...

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Comprendre ce qu’est le temps pour mieux le vivre http://www.bruno-jarrosson.com/comprendre-ce-quest-temps-mieux-vivre-2/ www.bruno-jarrosson.com

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Comprendre ce qu’est le temps pour

mieux le vivre

http://www.bruno-jarrosson.com/comprendre-ce-quest-temps-mieux-vivre-2/ www.bruno-jarrosson.com

Je serai bref.

« Saisis-toi de chaque heure »

« Car notre erreur, c'est de voir la mort devant nous. Pour l'essentiel, elle est déjà passée. La partie de notre vie qui est derrière nous appartient à la mort. Fais donc, mon cher Lucilius, ce que tu me dis dans ta lettre : saisis-toi de chaque heure. Ainsi, tu seras moins dépendant du lendemain puisque tu te seras emparé du jour présent. On remet la vie à plus tard. Pendant ce temps, elle s'en va. » Sénèque

4 av. JC – 65

«  Certes, ma vie est déjà pleine de morts. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus. Et pourtant, à l'heure venue, c'est lui qui reprendra sa place à la tête de ma vie, rassemblera mes pauvres années jusqu'à la dernière, et comme un jeune chef ses vétérans, ralliant la troupe en désordre, entrera le premier dans la Maison du Père. » Georges Bernanos

Un sujet douloureux

✓ Penser au temps nous rappelle ce (ceux) que nous aimons et que nous a v o n s p e r d u irrémédiablement.

✓ Penser au temps nous rappelle nos erreurs que nous ne pouvons pas rattraper.

✓ Penser au temps actualise la peur de l’incertitude.

✓ Penser au temps rend plus présente l’idée de la mort.

«  Souviens-toi que le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. » Charles Baudelaire

«  Voilà  : nous naissons dans l’angoisse, nous mourons dans l’angoisse. Entre les deux, la peur ne nous quitte guère. Quoi de plus angoissant que de vivre ? C’est que la mort est toujours possible, que la souffrance est toujours possible, et c’est ce qu’on appelle un vivant : un peu de chair offerte à la morsure du réel. Un peu de chair ou d’âme exposée là, en attente d’on ne sait quoi. Sans défenses. Sans secours. Sans recours. Qu’est-ce que l’angoisse, sinon ce sentiment en nous, à tort ou à raison, de la possibilité immédiate du pire ? » André Comte-Sponville

«  L’homme qui est né de la femme n’a que peu de temps à vivre et il est rassasié de misère. » Livre de Job !« Le plus clair de mon temps, je le passe à l’obscurcir. » Boris Vian !« Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser.  » Blaise Pascal

Une question de courageCelu i qu i ne f a i t pas l a différence entre ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas n’est pas lucide. Agir sur ce qui ne dépend pas de moi n’est pas du courage mais de l’inconscience. Être lucide sans agir sur ce qui dépend de moi n’est que lâcheté. Le courage consiste dans l’association à bon escient de la lucidité (sur ce qui ne dépend pas de moi) et de la volonté (sur ce qui dépend de moi).

Chronos

Le courage selon Sénèque«  Tout se trouve, Lucilius, hors de notre portée. Seul le temps est à nous. Ce bien fuyant, glissant, c’est la seule chose dont la nature nous ait rendu possesseur  : le premier venu nous l’enlève. Et la folie des mortels est sans limite  : les plus petits cadeaux, ceux qui ne valent presque rien et qu’on peut facilement remplacer, chacun en reconnaît la dette, alors que personne ne s’estime en rien redevable du temps qu’on lui accorde, c’est-à-dire de la seule chose qu’il ne peut pas nous rendre, fût-il le plus reconnaissant des hommes. »

Le temps mon meilleur amiLe temps est une ressource non substituable. C’est donc la ressource suprême de tout projet et de toute réalisation. Le temps enrobe ce qui fait la trame de la vie  : son intimité, sa lenteur, sa nostalgie. Le bonheur ne peut prendre consistance que dans une «  redécouverte  » du temps présent.

- Top ! Ça y est, je s u i s r e s t é d e u x minutes sans rien faire du tout. Et maintenant, on fait quoi ?

Le temps mon pire ennemiEn tant que ressource non substituable, le temps nous piège. Si la ressource temps vient à manquer, il n’y a pas de solution alternative. Le temps est une des deux formes a priori de la sensibilité. Toute souffrance s’éprouve dans le temps. L’homme n’est qu’un peu de chair offerte à la souffrance. Il n’y a donc aucune raison que l’angoisse l e l â c h e d a n s u n m o n d e imprévisible.

Le manque de temps : une banalité

L a q u a n t i t é d e c h o s e s intéressantes à faire est a priori infinie alors que le temps dont nous disposons est par définition fini. En parlant du manque de temps, on n’exprime rien d’essentiel puisqu’on ne fait que constater une banalité. La vie que l’on vit est seule importante, la vie que l’on ne vit pas n’importe pas.

- Cependant, je dois vous prévenir, H e n d e r s o n . S i vous ne venez pas samedi, ça ne sera pas la peine de revenir dimanche.

Le paradoxe de l’ennuiLes expériences montrent que le réel ennui, celui dans lequel nous entrons, fait paraître le temps court. Si nous définissons l’ennui comme u n f l u x d ’ i n f o r m a t i o n s anormalement faible, nous ne savons pas grand chose de l’ennui dans la mesure où nous le fuyons aussitôt qu’il se présente. L’information donne au temps son contenu. Nos stratégies par rapport au contenu du temps sont toujours des stratégies par rapport aux flux d’informations.

Temps ressenti et temps mesuréIl existe deux définitions du temps : le temps mesuré (racine grecque chronos) et le temps ressenti (racine latine tempus). Ces deux définitions divergent dans notre perception, ce qui explique que nous portions une montre : instrument de réduction de la divergence. Le temps mesuré est extérieur à nous, seul le temps perçu rend compte de notre expérience réelle du temps. Nous pensons généralement que le temps mesuré donc extérieur à nous est plus réel que le temps perçu qui est pourtant seul réel.

Qu’est-ce que le temps ?

L’expérience immédiate du temps prend trois formes  : le passé, le présent et l’avenir. !La question  : « Qu’est-ce que le temps ? » peut donc s e s é p a r e r e n t r o i s questions  : «  Qu’est ce que le passé ? », « Qu’est-ce que l’avenir  ?  » et «  Q u ’ e s t - c e q u e l e présent ? ».Saint Augustin

354 – 430

Le passé est juste rien

Ce qui n’est plus n’est pas. Le passé n’est plus. !L’évocation du passé se fait dans le présent. !Le fait que nous évoquions le passé prouve qu’il existe un « présent du passé ». Ce présent du passé s’appelle le récit.

Le passé selon Marcel Proust« Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. » Marcel Proust

Le temps passe-t-il ?

Le temps n’existe qu’au présent, or le présent est toujours là. Il y a donc toujours du temps. !Tout passe avec le temps, tout passe dans le temps. Seul le présent reste présent. !Ce n’est pas le temps qui passe, c’est nous qui passons dans le temps.

- Personne ne sortira de cette pièce avant que nous ayons pu répondre à ces deux questions : a) Qui a organisé cette réunion ? b) Dans quel but ?

Le passé se repose-t-il ?

Le degré de réalité ou d’irréalité que nous accordons au passé est une croyance culturelle. !I l y a des cu l tures pour lesquelles le passé ne se repose jamais. !L ’ i r r é a l i t é d u p a s s é e s t nécessaire à la coopération pour construire l’avenir.

L’avenir n’est rienCe qui n’est pas encore n’est pas. L’avenir n’est pas encore. l’évocation de l’avenir se fait dans le présent. L e f a i t q u e n o u s é v o q u i o n s l ’ a v e n i r prouve qu’il existe un «  présent de l’avenir  ». Ce présent de l’avenir s’appelle l’anticipation.

L’anticipation est un produit du présent et occupe une grande part de notre présent.

Qu’est-ce que le présent ?

Seul le présent existe. Mais comme il est une limite entre rien et rien, il n’existe qu’en fuyant dans sa limite. Nous ne pouvons vivre le temps que sur le mode de la trahison : trahison dans le présent du passé (récit) ou trahison dans le p r é s e n t d e l ’ a v e n i r (anticipation). Être dans le temps, c’est souvent trahir le temps.

- C’est l’heure de votre histoire drôle, M. le Président-Directeur Général.

«  La seule manière d’être qu’a l’être est de devenir. Sa seule manière d’être est de n’être pas. » Vladimir Jankélévitch

 

Vladimir Jankélévitch 1903 – 1985

L’avenir ne se repose jamais

Le présent ne sert qu’à préparer l’avenir. L’espérance est une vertu qui trahit la vie car l’espérance nous sépare du présent. L’homme occidental vit sa vie sur le mode de la trahison. La société occidentale s’est construite sur cette trahison ( é p a r g n e , i nve s t i s s e m e n t , prévoyance, anticipation), la rendant nécessaire à tous.Edward Hall

1914 - 2009

   

«  Quand tu auras désappris d’espérer, je t’apprendrai à vivre. » Sénèque     « Ainsi nous ne vivons jamais, nous espérons de vivre. » Blaise Pascal  

Le passé est imprévisibleLa volonté d’avenir structure le présent. La vision d’avenir est donc constitutive de l’être dans le présent. Le récit doit rendre cohérent le passé et le présent. Il faut donc reconstruire le récit chaque fois que l’on change de volonté d’avenir. Si l’avenir est imprévisible, le récit du passé l’est aussi. L’histoire est sans cesse réécrite. L’écriture du passé est un enjeu du présent.

Logique chronologique et existentielle

Récit du passé

Présent Avenir

Volonté d’avenir

Passé

Être présent

Logique chronologique

Logique existentielle

Savoir fermé et savoir ouvertIl existe une conception fermée du savoir (plus je sais, moins j’ignore) et une conception ouverte du savoir (plus je sais, plus j’ignore). L’information donne du contenu au temps dans la zone de l’ignorance consciente. Dans la conception du savoir fermé, l’information réduit le contenu du temps, dans la conception du savoir ouvert, l ’ in f or mat ion augmente l e contenu du temps.

Fermé, ouvert ?

Ignorance !!!

Savoir

!!

Savoir Ignorance

Fermé Ouvert

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Newton et le savoir ouvert« Je ne sais ce que j’ai pu paraître aux yeux du monde, mais selon moi il semble n’avoir été qu’un enfant jouant sur la grève, heureux d’avoir trouvé, par chance, un plus beau coquillage ou un galet plus lisse, alors que le grand océan de la vérité demeure encore inconnu devant moi. » Isaac Newton !« Si j'ai vu si loin, c'est que j’étais un nain monté sur des épaules de géants. »

Sens médiat et sens immédiat

Il n’est nul besoin de savoir quelque chose sur l’amour pour éprouver de l’amour. Lorsque l’amour donne du sens au temps, on ne se plaint plus de manquer de temps. Une personne qui prétend manquer de temps affirme implicitement qu’elle consacre son temps à des choses qui n’ont pas de sens pour elle.

Le philosophe roi«  La vie de la plupart des hommes est un chemin mort et ne mène à rien. Mais d'autres savent, dès l'enfance, qu'ils vont vers une mer inconnue. Déjà l'amertume du vent les étonne, déjà le goût du sel est sur leurs lèvres - jusqu'à ce que, la dernière dune franchie, cette passion inf inie les soufflette de sable et d'écume. Il leur reste de s'y abîmer ou de revenir sur leurs pas. » François Mauriac

« Le verbe aimer est difficile à conjuguer. S o n p a s s é n ’ e s t jamais simple, son p r é s e n t n ’ e s t qu’indicatif et son f u t u r t o u j o u r s conditionnel. » Jean Cocteau !« J’ai lu Guerre et Paix en vingt minutes. Ça parle de la Russie. » Woody Allen

- Est-ce que ce serait au-dessus de tes forces, Norbert, d’avoir l’air heureux pendant 1/50ème de seconde ?

Sept idées pour rater son temps1. Plaignez-vous de manquer de temps. 2. Considérez que votre temps ne dépend pas de vous. 3. Faites tout vite, surtout ce qui doit être fait posément. 4. Soyez pressé et stressé avec les autres.

5. Cherchez toujours à gagner du temps.

6. Considérez que vous n’avez pas de leçon à recevoir (non mais).

7. Ne pensez jamais au présent.

Les trois secrets du temps

Courage  : Notre volonté n’est pas sans pouvoir sur notre temps ressenti. !Humilité  : Il faut cultiver l ’ i g n o r a n c e q u i e s t sensation du temps. !Générosité  : Il faut donner du temps pour en avoir.